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Avoir 20 ans à Verdun en 1964… - SITE Patrick ROBO - Free

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Je me suis retrouvé très vite, à vingt quatre <strong>ans</strong>, surveillant général d’un lycée mixte avec des adolesc<strong>en</strong>ts<br />

<strong>en</strong>tre 15 <strong>ans</strong> et 22 <strong>ans</strong> ; cette expéri<strong>en</strong>ce « militaire » m’a été très profitable pour animer la vie d’internat.<br />

J’étais dev<strong>en</strong>u, par mes pratiques et quelques lectures, s<strong>ans</strong> tout compr<strong>en</strong>dre à l’époque, un adepte de<br />

l’Éducation Populaire prônant la liberté individuelle, le respect de tous et surtout la promotion<br />

individuelle par l’action collective.<br />

J’ai participé très activem<strong>en</strong>t aux événem<strong>en</strong>ts de mai 68. Le Directeur de l’époque avait apprécié mon<br />

comportem<strong>en</strong>t responsable <strong>en</strong> qualité de simple surveillant même s'il ne partageait pas mes <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts. Il<br />

n’hésita pas à me proposer ce poste de surveillant général alors que des collègues plus âgés aurai<strong>en</strong>t pu<br />

prét<strong>en</strong>dre à cette fonction. Une expéri<strong>en</strong>ce éducative innovante qui a fait l’objet d’autres travaux connus et<br />

reconnus par l’Université (cf. bibliographie).<br />

Toujours respecter la forme des choses, bi<strong>en</strong> les utiliser, pour faciliter l’expression du fond, de la<br />

créativité. « Une main de fer d<strong>ans</strong> un gant de velours » a écrit ce premier directeur à l’issu de ma<br />

première année professionnelle et pas n’importe quelle année 1968-1969 !<br />

Les apports de ce récit de vie<br />

En 1993 j’écrivais d<strong>ans</strong> un opuscule: « la vie personnelle rejoint la vie professionnelle » ; aujourd’hui la<br />

vie de retraité. En retrouvant mon copain Latapie après cinquante <strong>ans</strong> de sommeil, le réveil de ce service<br />

militaire original me conduit à apprécier cette période d’appr<strong>en</strong>tissages <strong>en</strong>fouis. Après ce retour <strong>en</strong> arrière, je<br />

reste convaincu que la vie militante, la vie sociale, la vie éducative, la vie civique et aujourd’hui la vie<br />

militaire a rejoint les cont<strong>en</strong>us de cette Éducation populaire qui m’est chère, l’appr<strong>en</strong>tissage tout au long de<br />

la vie intègre parfaitem<strong>en</strong>t cette phase de seize mois à <strong>Verdun</strong>.<br />

Ne ri<strong>en</strong> r<strong>en</strong>ier d<strong>ans</strong> la mesure où nous restons fidèles à nos idéaux : l’Éducation populaire est un cim<strong>en</strong>t<br />

qui permet la cohésion, la cohér<strong>en</strong>ce de chacun d’<strong>en</strong>tre nous. La vie collective nécessite que chaque membre<br />

du groupe social considéré sache de temps à autres, partager ses joies et ses difficultés, ses <strong>en</strong>thousiasmes et<br />

ses désillusions, ses réussites et ses échecs… Il n’est pas question de remettre <strong>en</strong> cause l’acquisition des<br />

bases utiles à toute exist<strong>en</strong>ce : appr<strong>en</strong>dre à lire, écrire, compter… Tout au long de la vie il est tout aussi<br />

important de mettre <strong>en</strong> œuvre de façon formelle et de manière informelle des systèmes qui permett<strong>en</strong>t<br />

l’accumulation des savoirs.<br />

Avec le recul du temps je me r<strong>en</strong>ds compte que ce récit montre que j’ai toujours été un braconnier du<br />

savoir y compris d<strong>ans</strong> l’institution militaire. Ce qui ne manque pas de saveurs… Peut-être parce que l’on m’a<br />

appris à être un excell<strong>en</strong>t Gr<strong>en</strong>adier Voltigeur, je suis dev<strong>en</strong>u un excell<strong>en</strong>t braconnier. Toujours à l’affût,<br />

soucieux de respecter l’homme de loi, reconnu par ses pairs et « ses cli<strong>en</strong>ts » tout au long de l’exist<strong>en</strong>ce.<br />

Ayant l’intellig<strong>en</strong>ce de la connaissance de la nature, de son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t socioculturel, la connaissance<br />

« du gibier » des individus, des institutions, des techniques pour faire progresser les projets, des stratégies de<br />

contournem<strong>en</strong>t… user de tous les moy<strong>en</strong>s possibles s<strong>ans</strong> <strong>en</strong> abuser, le braconnier reste sympathique au<br />

public d<strong>ans</strong> la mesure où sa marginalité reste supportable pour les institutions.<br />

La culture rurale et peut-être, paradoxalem<strong>en</strong>t, la culture militaire sont traversées par tous ces<br />

braconniers qui ont su jouer aux g<strong>en</strong>darmes et aux voleurs tout au long d’une vie… Sous les c<strong>en</strong>dres<br />

des cultures vaincues, comme la culture rurale et la culture militaire après la fin du service militaire<br />

obligatoire, subsist<strong>en</strong>t des étincelles que de tels propos devrai<strong>en</strong>t contribuer à réanimer. Sait-on jamais<br />

d<strong>ans</strong> notre monde <strong>en</strong> complet désarroi notamm<strong>en</strong>t pour ce qui concerne l’éducation des adolesc<strong>en</strong>ts et<br />

jeunes adultes, il y aurait s<strong>ans</strong> doute des idées à repr<strong>en</strong>dre afin de reconnaître à l’homme ordinaire des<br />

capacités de consci<strong>en</strong>ce critique et d’initiative, voire d’imagination pour peu que nous disposions<br />

d’institutions fortes et intellig<strong>en</strong>tes.<br />

Une fermeté bi<strong>en</strong> comprise permet l’épanouissem<strong>en</strong>t du plus grand nombre et laisse la place aux<br />

braconniers, à une pratique du jeu <strong>en</strong>fantin du g<strong>en</strong>darme et du voleur… Aujourd’hui, nous <strong>en</strong> sommes loin<br />

au mom<strong>en</strong>t où les g<strong>en</strong>darmes doiv<strong>en</strong>t protéger les g<strong>en</strong>darmes et les voleurs s’<strong>en</strong>tretu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre eux !<br />

Pour cela validons la curiosité <strong>en</strong> repr<strong>en</strong>ant à notre compte et <strong>en</strong> adaptant les propos de Montaigne. La<br />

curiosité est une grande qualité car elle permet tout à la fois :

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