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Sam<br />
d’être toujours aussi difficiles à cataloguer. Ils assoient ainsi plus<br />
que jamais leur marque de fabrique : une foultitude de genres<br />
abordés, en se gardant bien de tomber dans la caricature. Selon<br />
Fred : “Nous aimons bien jouer avec les clichés, mais en nous<br />
méfiant aussi de l’exercice de style un peu trop sérieux. Nous ne<br />
sommes plus là-dedans. Parmi nous, il y en a toujours un pour dire<br />
si l’on part trop vers quelque chose d’évident et de convenu. Nous<br />
contre-balançons tout le temps les premières impressions tout en<br />
essayant de rester simples, car nous ne faisons pas non plus une<br />
musique complexe.” Pat rajoute : “Etre toujours à cinq sur la<br />
composition, c’est un peu un garde-fou. Nous nous orientions tous<br />
vers un truc que l’on trouve de bon goût. L’astuce, c’est de mettre<br />
toutes les références sans que cela s’entende, en les cassant. Ce<br />
qui va faire “classe” pour nous, c’est d’introduire des références<br />
sixties. Par exemple, le morceau électro punk Submission contient<br />
un passage avec une mélodie à la Beach Boys. Je ne sais pas si<br />
beaucoup de groupes se permettent ça !”<br />
CATALOGUE MACHINAL<br />
Examinons maintenant les rouages de cette machinerie redoutable<br />
qu’est The full album. Avec un certain sens de l’accueil, Good<br />
morning se place en entame de l’album, en bon tube indie rock en<br />
puissance que n’aurait pas renié The Hives. Ce premier single<br />
transmet toute l’énergie du Bikini, qui sied si bien aux femmes et<br />
plait tant aux hommes. Il affiche un esprit<br />
résolument actuel, moins nourri de garage surf, la<br />
vague originelle qui porte le groupe depuis ses<br />
débuts. Changement de cap, le titre Où vont les<br />
cons , avec en featuring Mickey Tout Seul,<br />
déboule par une intro sixties tourbillonnante et<br />
une mélodie tendance Gainsbourg irrésistible.<br />
Une bande-annonce vidéo l’avait accompagné au<br />
début de l’été, réalisée par Armel Gourvennec - le<br />
frère de Jocelyn, ex-footballeur professionnel et<br />
fan de rock - à la façon du Grand détournement de<br />
Michel Hazanavicius qui, par ailleurs, participa à<br />
l’ouvrage. Retour ensuite à notre époque avec<br />
Scherzo, au rythme frénétique impulsé par une<br />
voix en écho, façon The Rapture première fournée.<br />
The old school donne, lui, le mode d’emploi de la<br />
Bikini Machine, à en croire Fred : “C’est old school à tous les<br />
niveaux, mais un riff techno vient se greffer sur un orgue garage.”<br />
Pour rigoler dans les surprises-parties, Mister Syncope donne une<br />
leçon de jerk débridé à travers le portrait d’un danseur cocasse à<br />
la technique incertaine. Submission marie l’esprit BO si prégnant<br />
27<br />
Fred<br />
chez les Bikini, à Cure et Bloc Party. Boxful of Pranks revisite Sugar,<br />
le groupe de Bob Mould post Husker Dü, et convoque le solo 10:15<br />
saturday night des Cure. Enfin, The race ramène tout le monde sur<br />
la plage, en bon instru surf indissociable du son Bikini. Le grand<br />
détournement musical de la Machine passe par quarante chemins<br />
sans jamais se résoudre à la sédentarité.<br />
JON SPENCER, UN ARTISTE<br />
Vous l’avez compris, un exploit et non des moindres de The full<br />
album est de garder une certaine unité et d’éviter de prendre un<br />
bouillon dans le brouillon. Fred confirme : “Ce disque est plus<br />
disparate, mais a plus d’unité sonore que le précédent.” Festif, Full<br />
volume fait feu de tout artifice. Sa production<br />
“L’astuce,<br />
c’est de<br />
mettre<br />
toutes les<br />
références<br />
sans que<br />
cela<br />
s’entende.”<br />
truculente rajoute à l’explosivité, toute à la fois<br />
claire et bordélique, dansante et rock’n’roll.<br />
Comme au bon vieux temps du big beat ! Du bel<br />
ouvrage peaufiné à plusieurs mains : Ian Caple,<br />
expert du spleen de Brixton, Mister Five électro<br />
man et Jesper Reginal producteur danois de<br />
Power Solo et membre du backing band de Jon<br />
Spencer. Lequel a lui aussi mis la main à la<br />
galette. Pléthore d’intervenants pour ajouter à la<br />
diversité “Ca participe un peu, mais cela n’a<br />
pas été vraiment calculé, admet Fred, car on<br />
aurait pu tout faire avec Jon Spencer. Lui aurait<br />
aimé, mais ça n’a pas été possible pour des<br />
raisons de timing car il était très pris. Le côté<br />
décalé de notre musique, lui, il appelle ça “postmoderne”.<br />
Il a pigé qu’on n’était pas qu’un groupe de rock’n’roll<br />
et un garage-band, qu’il y avait de l’électronique notamment,<br />
comme sur Damage du Blues Explosion. Nous avons d’abord tout<br />
enregistré dans notre home studio rennais qui s’est enrichi au fil<br />
de ses vingt années d’existence. Jon Spencer a ensuite mixé sept