Etat des lieux de la distribution indépendante en Allemagne

Etat des lieux de la distribution indépendante en Allemagne
par Fabien Arseguel, Alamode Films
Alamode Films existe depuis 2001. La société distribue, entre autres, des films de François
Ozon, de Nanni Moretti. Ella a récemment acquis à Cannes La tourneuse de pages de Denis
Dercourt.
En Allemagne, il y a environ 60 distributeurs, dont 55 sont indépendants.
Les 5 principaux distributeurs sont les représentants des studios américains (UIP, Warner,
20th Century Fox, Buena Vista, Sony), qui ont une part de marché de 71% (29% pour les
indépendants).
Après les 5 distributeurs indépendants américains, viennent les distributeurs indépendants
suivants : Constantine, Kinowelt, XVerleih, Concord, Prokino. Il y a beaucoup de tous
petits distributeurs. Au vingtième rang, on trouve des distributeurs tels qu’Alamode et
Arsenal.
L’intégration verticale et/ou horizontale n’est pas très développée (Universum appartient
à Bertelsmann pas exemple). En tout cas cela n’affecte pas le travail des indépendants.
Il n’y a pas de mélange entre distributeurs et exploitants, pas de joint-venture entre
distributeurs allemands et studios américains. Les majors assurent parfois la distribution
physique des films : Buena Vista pour Universum, Warner pour X Verleih, la Fox pour
Prokino.
Il y a 1854 cinémas, qui sont pour la plupart indépendants.
En 2005, 388 films sont sortis sur les écrans (contre 229 en 1995), soit 7,5 films/semaine en
moyenne (contre 4,5 films en 1995). Evidemment ce nombre important de films affecte
leur durée de vie sur les écrans. Le nombre de copies a également augmenté : chaque
semaine, entre 7800 et 8200 copies sont mises en circulation contre 4500 copies en 1995
(et ce alors qu’il y a 100 écrans de moins qu’en 1995).
La part de marché du cinéma américain est de 74%, contre 20% pour le cinéma national
et 6% pour le cinéma européen.
Les frais promotionnels sont très élevés pour les majors américaines, qui peuvent
dépenser 900 000 € pour une sortie sur 200 copies, et jusqu’à 5 millions d’euros pour une
sortie sur 1000 copies, avec beaucoup d’argent dépensé pour faire de la publicité à la
télévision.
Les petits distributeurs, eux, dépensent en moyenne 100 000 € pour une sortie sur 30
copies.
L’augmentation des frais de sortie est en partie liée au fait qu’on ne peut plus vraiment
compter sur les critiques de films, il est de plus en plus difficile d’avoir de l’espace
(éditorial) dans les médias. D’où le fait que les « gros » dépensent de plus en plus.
Il faut également rappeler quelques éléments de contexte spécifiques à l’Allemagne qui
peuvent expliquer cette situation :
- Mauvais contexte économique, le cinéma est un loisir trop cher ;
- La décentralisation de l’Allemagne rend les sorties nationales complexes, le
transport difficile, il est donc difficile de créer des événements autour de « petits »
films.

- Il y a un manque de volonté du pouvoir politique allemand de considérer le
cinéma autrement que comme une distraction pour adolescents et comme un
loisir commercial.
- Les chaînes de télévision sont très nombreuses et ont, il faut le reconnaître, des
programmes de très bonne qualité qui font donc concurrence directe à la sortie
au cinéma. Par ailleurs, les chaînes de télévision en Allemagne achètent
directement les films aux agents de vente internationaux.
- Augmentation du temps de loisir, certes, mais il faut souligner l’importance qu’a
pris le DVD et également l’importance du… piratage.
- De manière générale, en Allemagne, le cinéma n’est pas considéré comme un
loisir exigeant, mais comme une activité d’adolescents, avec donc une mauvaise
image.