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Le développement et les besoins humains ... - Socioeco.org

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Thierry Groussin<br />

<strong>Le</strong> développement<br />

<strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>besoins</strong> <strong>humains</strong> fondamentaux selon Manfred Max-Neef<br />

Toute évolution est d’abord changement. Or, pour qu’il y ait pulsion, désir ou volonté de<br />

changement, il faut qu’en quelque manière l’état expérimenté par une personne ou un<br />

système vivant soit porteur d’insatisfactions. On voit donc immédiatement le rôle<br />

fondamental des <strong>besoins</strong> dans la dynamique d’évolution : au vrai, celle-ci résulte de la<br />

façon dont l’individu ou le système recherchent <strong>et</strong> parviennent à – ou choisissent de -<br />

satisfaire <strong>les</strong> <strong>besoins</strong> qui se manifestent en eux.<br />

Lorsqu’un système vivant va à la rencontre d’autres systèmes vivants en vue de satisfaire ses<br />

<strong>besoins</strong>, deux cas se présentent : ou bien nous avons affaire à une relation prédateur / proie <strong>et</strong><br />

l’un des systèmes va disparaître absorbé par l’autre ; ou bien <strong>les</strong> deux systèmes vont esquisser<br />

des échanges, s’engager dans une relation non-destructrice <strong>et</strong>, s’ils en sont mutuellement<br />

satisfaits, leur relation pourra évoluer vers un état durable, une forme d’alliance qui pourra<br />

être le pas vers une <strong>org</strong>anisation pérenne qui <strong>les</strong> englobera sans <strong>les</strong> diluer. On comprend que,<br />

dans notre vision, c’est ce dernier cas qui nous intéresse. La meilleure illustration en est la<br />

relation de l’homme avec la planète : trouver la façon d’articuler l’activité humaine avec <strong>les</strong><br />

singularités de l’écosystème, autrement dit faire émerger entre eux un niveau supérieur<br />

d’<strong>org</strong>anisation, est la seule voie possible si on vise le long terme.<br />

Dans son acception issue de la biologie, le terme d’évolution signifie aussi que <strong>les</strong> résultats du<br />

changement ne sont pas aléatoires mais dessinent un certain axe. Celui de la complexité est<br />

généralement admis, avec par exemple, dans le domaine anatomique, le phénomène de la<br />

cérébralisation. L’évolution a donc pour point de départ <strong>et</strong> pour matière de son « travail »<br />

l’existence d’une diversité d’éléments épars, pour outil un processus combinatoire, <strong>et</strong> pour<br />

production, issue de ces « brassages », l’émergence d’une synthèse. Elle est comme un<br />

tisserand qui dispose de fils d’une multitude de couleurs <strong>et</strong> qui, en fonction de son travail, fera<br />

apparaître sur son métier tel ou tel type de tissu, orné de tel ou tel motif. Un tissu qui, au<br />

surplus, pourra se révéler plus ou moins résistant…<br />

Or, là aussi, on peut voir, au delà de leur rôle de « starter », une dynamique produite par <strong>les</strong><br />

<strong>besoins</strong>. Dans la mesure où ceux-ci sont de nature multiple <strong>et</strong> où ils stimulent à entrer en<br />

relation des systèmes qui ne sont pas identiques, ils vont inciter ces systèmes à expérimenter<br />

entre eux des « transactions » de niveaux variés, <strong>et</strong> ainsi à tisser un réseau d’échanges<br />

complexes qui seront comme autant de liens préparant l’émergence d’une <strong>org</strong>anisation de<br />

niveau supérieur aux systèmes concernés. Toute une dynamique à laquelle nous avons donné<br />

le nom, en ce qui nous concerne, de « coévolution »…


La dynamique de coévolution résulte donc bien, tout au moins en partie, de l’interaction que<br />

suscite la recherche, par des systèmes en présence, de la satisfaction de leurs <strong>besoins</strong>. Ces<br />

<strong>besoins</strong> servent à la fois de stimuli <strong>et</strong> de carburant au démarrage <strong>et</strong> au développement du<br />

processus.<br />

La question du discernement des <strong>besoins</strong><br />

En pratique, la mise en œuvre d’une dynamique de coévolution est quelque chose de subtil <strong>et</strong><br />

de délicat. S’agissant des êtres <strong>humains</strong>, après avoir tâtonné, il nous est apparu qu’une maille<br />

d’analyse comme la pyramide de Maslow, était bien trop large. En outre, l’idée qui structure<br />

la pyramide - idée selon laquelle il y a une hiérarchie entre <strong>les</strong> <strong>besoins</strong> - est, en première<br />

approximation, séduisante mais, finalement, elle ne résiste pas à l’observation. Un n<strong>et</strong> progrès<br />

a été apporté par la matrice 2L de Meyer Ifrah qui, d’une part, s’appuie sur une segmentation<br />

des <strong>besoins</strong> qui nous semble proposer des strates intrinsèquement plus cohérentes <strong>et</strong>, d’autre<br />

part, qui évacue la notion de hiérarchie entre <strong>les</strong> <strong>besoins</strong> au profit d’une mise en système de<br />

ceux-ci. En outre, Meyer Ifrah, s’agissant des stratégies de satisfaction, propose le concept<br />

qualitatif de réponse adéquate / inadéquate <strong>et</strong> celui de survie / croissance, qui perm<strong>et</strong>tent une<br />

analyse plus fine.<br />

Cependant, la représentation que Manfred Max-Neef donne du besoin <strong>et</strong> <strong>les</strong> matrices qu’il a<br />

créées constituent sans doute aujourd’hui l’outil le plus opérationnel, dans le sens où il évite<br />

deux écueils : l’un qui serait celui d’une belle construction théorique mais d’une abstraction<br />

excessive, l’autre qui, pour viser à l’exhaustivité, serait celui d’une trop grande lourdeur.<br />

Voici <strong>les</strong> apports selon nous <strong>les</strong> plus intéressants de ce modèle.<br />

Un spectre nuancé<br />

En premier lieu, Max-Neef part de neuf <strong>besoins</strong> fondamentaux, c’est dire que, déjà, il propose<br />

un spectre plus nuancé que ceux d’Abraham Maslow <strong>et</strong> Meyer Ifrah..<br />

<strong>Le</strong>s neuf <strong>besoins</strong> <strong>humains</strong> fondamentaux selon Manfred Max-Neef<br />

Subsistence<br />

Protection<br />

Affection<br />

Understanding<br />

Participation<br />

<strong>Le</strong>isure<br />

Creation<br />

Identity<br />

Freedom<br />

Mis à part le besoin de subsistance qui, à l’extrême de son insatisfaction, conditionne<br />

l’existence même du suj<strong>et</strong>, <strong>les</strong> autres <strong>besoins</strong> ne sont pas en relation hiérarchique <strong>les</strong> uns<br />

envers <strong>les</strong> autres <strong>et</strong> tous se trouvent, selon Max-Neef, en interaction systémique. « Cela<br />

signifie, d’une part, qu’aucun besoin n’est intrinsèquement plus important qu’un autre <strong>et</strong>,<br />

d’autre part, qu’il n’existe aucun ordre imposé d’apparition des <strong>besoins</strong>. <strong>Le</strong>s <strong>besoins</strong> <strong>humains</strong><br />

se caractérisent par la simultanéité <strong>et</strong> la complémentarité ainsi que par <strong>les</strong> transactions qui


peuvent se faire au sein du système qu’ils forment » (Real life economics – Understanding<br />

Wealth Creation, Routledge, 1992).<br />

Selon Max-Neef, <strong>les</strong> neuf <strong>besoins</strong> recensés ci-dessus sont fondamentaux <strong>et</strong> communs à tous<br />

<strong>les</strong> êtres <strong>humains</strong> même si, selon <strong>les</strong> lieux ou <strong>les</strong> époques, dans la recherche de satisfaction, on<br />

en verra privilégier certains au détriment des autres.<br />

Satisfaction <br />

En second lieu, selon notre auteur, la réponse aux <strong>besoins</strong> n’est pas un processus binaire au<br />

terme duquel un besoin est simplement satisfait ou non satisfait. Doivent être examinés<br />

l’adéquation de la réponse <strong>et</strong> ses eff<strong>et</strong>s secondaires sur le système tout entier. Max-Neef<br />

distingue ainsi cinq types de réponse aux <strong>besoins</strong> fondamentaux :<br />

1. La « réponse destructive » qui, tout en satisfaisant un besoin, fait obstacle à la satisfaction<br />

d’autres <strong>besoins</strong>. Il cite par exemple la course aux armements en tant que réponse au besoin<br />

de sécurité mais simultanément en concurrence avec <strong>les</strong> <strong>besoins</strong> de subsistance, d’affection,<br />

de liberté.<br />

2. La « pseudo-réponse » qui soulage l’homme du besoin sans réellement le satisfaire. Ainsi<br />

de l’exploitation forcenée des ressources naturel<strong>les</strong>, censée assurer notre besoin de<br />

subsistance, ou de la pilule contre le taedium vitae.<br />

3. La « réponse inhibitrice » qui satisfait un besoin en inhibant d’autres exigences. Par<br />

exemple, le paternalisme répond au besoin de protection mais, en même temps, inhibe <strong>les</strong><br />

<strong>besoins</strong> de compréhension, de participation, de liberté <strong>et</strong> d’identité.<br />

4. La « réponse univoque » ne satisfait qu’un seul besoin, comme <strong>les</strong> programmes<br />

alimentaires classiques qui ne répondent qu’au besoin de subsistance.<br />

5. La « réponse synergique », quant à elle, intervient simultanément sur plusieurs éléments<br />

du système. Manfred Max-Neef cite l’allaitement maternel qui, en répondant au besoin de<br />

subsistance de l’enfant, stimule aussi la satisfaction de ses <strong>besoins</strong> de protection, d’affection<br />

<strong>et</strong> d’identité.<br />

Au même titre que le choix des <strong>besoins</strong> dont la satisfaction sera privilégiée, le choix des<br />

réponses « signe » un culture.<br />

<strong>Le</strong> mode de satisfaction des <strong>besoins</strong><br />

Enfin, dans le processus de satisfaction des <strong>besoins</strong>, Manfred Max-Neef distingue aussi ce<br />

qu’il appelle quatre « catégories existentiel<strong>les</strong> » : l’être, l’avoir, le faire <strong>et</strong> « l’interagir ».<br />

Exemple :<br />

Besoin<br />

Subsistance


Mode : Etre<br />

Santé physique <strong>et</strong> mentale, équilibre, <strong>et</strong>c.<br />

Mode : Avoir<br />

Nourriture, abri, travail<br />

Mode : Faire<br />

Se nourrir, procréer, se reposer, travailler<br />

Mode : Interagir<br />

Environnement naturel <strong>et</strong> social<br />

Caractéristiques d’une société sont également <strong>les</strong> modes que celle-ci privilégie.<br />

Satisfaction des <strong>besoins</strong>, biens de consommation <strong>et</strong> société<br />

Ce que le modèle de Manfred Max-Neef rend évident, c’est que la satisfaction des <strong>besoins</strong><br />

<strong>humains</strong> fondamentaux ne peut être réellement assurée de manière simple en fournissant des<br />

biens <strong>et</strong> des services à ceux qui sont dans le manque.<br />

Vouloir résoudre <strong>les</strong> pénuries d’une manière mécaniste, spécialisée <strong>et</strong> extérieure –<br />

médicaments contre <strong>les</strong> épidémies, boîtes de conserve contre la famine, argent contre la<br />

pauvr<strong>et</strong>é, gendarmes contre l’insécurité… - ne perm<strong>et</strong> pas d’enclencher de véritab<strong>les</strong><br />

dynamiques de développement. Vouloir pallier l’insatisfaction des <strong>besoins</strong> fondamentaux par<br />

une course à la productivité non seulement est illusoire mais peut même se révéler<br />

destructeur. Et vouloir parachuter <strong>les</strong> solutions comme on parachute des vivres ou des<br />

médicaments, sans ouvrir un espace à la parole de l’autre, sans lui donner la possibilité<br />

d’élaborer à travers c<strong>et</strong>te parole sa propre conscience de sa situation, revient à nier la nature<br />

humaine, une partie de son système de <strong>besoins</strong> <strong>et</strong> de ses ressorts.<br />

<strong>Le</strong>s formes d’<strong>org</strong>anisation, <strong>les</strong> structures politiques, <strong>les</strong> valeurs, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong>, <strong>les</strong> espaces, <strong>les</strong><br />

contextes, <strong>les</strong> pratiques socia<strong>les</strong>, font aussi partie des réponses aux <strong>besoins</strong> fondamentaux de<br />

l’être humain. De ce point de vue, Manfred Max-Neef pense que <strong>les</strong> structures socia<strong>les</strong><br />

«moléculaires », à taille humaine, sont <strong>les</strong> plus propres à créer le contexte du processus de<br />

développement. La possibilité y est plus faible que la tentation de l’avoir se substitue à l’être,<br />

au faire <strong>et</strong> à l’interagir <strong>et</strong> que <strong>les</strong> leurres <strong>et</strong> <strong>les</strong> réponses univoques prennent le pas sur <strong>les</strong><br />

réponses justes <strong>et</strong> synergiques, notamment parce que, paradoxalement, ces micro-sociétés<br />

peuvent être plus riches, du point de vue expérientiel, que <strong>les</strong> sociétés dites « évoluées ».<br />

Une fois de plus la démonstration est faite, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te fois par un modèle de développement, que<br />

la logique du « tout marchand », qui a déjà fait bien des dégâts, reste la solution d’aujourd’hui<br />

qui prépare <strong>les</strong> problèmes de demain.


Approche de Manfred Max-Neef<br />

<strong>et</strong><br />

théorie de la coévolution<br />

Notre vision de la coévolution explicite cinq éléments qui sont :<br />

- l’existence de potentialités au sein des systèmes concernés par le processus ;<br />

- l’établissement d’une relation coopérative entre <strong>les</strong> systèmes concernés ;<br />

- une phase d’exploration <strong>et</strong> de stimulation réciproques ;<br />

- l’émergence d’un ordre supérieur d’<strong>org</strong>anisation ;<br />

- le caractère fractal du processus.<br />

1. Potentialités<br />

Selon Manfred Max-Neef le besoin n’est pas un phénomène purement négatif de privation<br />

mais doit surtout être envisagé comme le ressort d’une dynamique possible, d’une énergie<br />

pour se m<strong>et</strong>tre en route, donc comme une potentialité.<br />

Pour ceux qui interviennent dans <strong>les</strong> processus de développement, c’est une invitation à<br />

changer de regard <strong>et</strong> même à renoncer à ce que nous voyons – qui n’est que limites : le<br />

manque dont souffre l’autre - au profit de ce que nous ne voyons pas <strong>et</strong> que nous avons au<br />

moins la responsabilité de ne pas empêcher d’advenir.<br />

C’est, comme pourrait le dire Andreu Solé, accepter de rem<strong>et</strong>tre en cause notre filtre des<br />

possib<strong>les</strong> <strong>et</strong> des impossib<strong>les</strong>, pour accepter notamment que ceux qui souffrent de <strong>besoins</strong><br />

insatisfaits puissent investir pertinemment dans la recherche <strong>et</strong> la construction d’une solution.<br />

2. Etablissement d’une relation coopérative<br />

La dynamique coopérative traverse le modèle de Max-Neef.<br />

L’établissement d’une relation coopérative, dans son modèle, peut s’entendre à la fois au sein<br />

du système que <strong>les</strong> <strong>besoins</strong> forment <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> relations de ce système avec l’environnement<br />

naturel <strong>et</strong> social avec lequel ils interagissent.<br />

Au niveau intrinsèque, <strong>les</strong> <strong>besoins</strong> ne sont pas hiérarchisés mais <strong>org</strong>anisés en un système que<br />

des réponses inappropriées – destructives, illusoires ou inhibitrices - peuvent appauvrir. Si<br />

l’on conserve l’idée de Max-Neef selon laquelle tout besoin recèle un potentiel, on peut tirer<br />

<strong>les</strong> conséquences des réponses inappropriées.<br />

Par ailleurs, l’un des traits de génie de Max-Neef est d’avoir ajouté à l’être, à l’avoir <strong>et</strong> au<br />

faire, le mode de l’interagir : en articulant ainsi le système des <strong>besoins</strong> <strong>humains</strong> à son<br />

environnement social <strong>et</strong> naturel, il fonde le concept de « développement soutenable ».


3. Exploration <strong>et</strong> stimulation réciproques<br />

« <strong>Le</strong> développement, dit Vérène Nicolas, consiste à créer des espaces où le potentiel humain<br />

pourra se déployer ».<br />

Dans la pratique du développement, c<strong>et</strong> espace à créer est souvent <strong>et</strong> d’abord un espace<br />

d’écoute des <strong>besoins</strong> où la parole de l’autre pourra s’exprimer, se déployer, être reconnue,<br />

écoutée <strong>et</strong> entendue. La notion importante, ici, est celle de réciprocité. Il convient de sortir de<br />

la relation à sens unique au sein de laquelle l’un – toujours le même – a quelque chose à<br />

donner (idées, leçons, solutions, biens matériels) <strong>et</strong> l’autre – toujours le même – quelque<br />

chose à recevoir <strong>et</strong>, finalement, à accepter ou exécuter. Ouvrir un espace de parole à l’autre en<br />

vue de construire quelque chose avec lui engage d’entrée de jeu dans une logique de donner /<br />

recevoir, donc dans l’acceptation d’être soi-même exploré <strong>et</strong> stimulé.<br />

En outre, quand c<strong>et</strong>te phase est le préalable à une entrée possible en coopération, la matrice de<br />

Manfred Max-Neef, du fait du nombre de fac<strong>et</strong>tes qu’y génère le croisement des neufs <strong>besoins</strong><br />

fondamentaux tant avec <strong>les</strong> « catégories existentiel<strong>les</strong> » qu’avec la qualité des réponses<br />

possib<strong>les</strong>, provoque en quelque sorte le déploiement d’une « surface de contact » plus large<br />

entre <strong>les</strong> systèmes qui s’explorent <strong>et</strong> se stimulent réciproquement.<br />

4. Ordre supérieur d’<strong>org</strong>anisation<br />

De même, la richesse des fac<strong>et</strong>tes ainsi dégagées, à l’instar des valences qui perm<strong>et</strong>tent aux<br />

atomes de s’associer en molécu<strong>les</strong> diverses, procure à la créativité une base combinatoire plus<br />

riche.<br />

La recherche de réponses justes <strong>et</strong> synergiques, de la « catégorie existentielle » la plus<br />

appropriée, <strong>et</strong> l’exclusion des réponses destructrices <strong>et</strong> illusoires, m<strong>et</strong>tent en place <strong>les</strong><br />

conditions d’une alliance équilibrée, autonome <strong>et</strong> durable.<br />

5. Structure fractale<br />

Avec le lien qu’établit Manfred Max-Neef, par la catégorie existentielle de l’interagir, entre<br />

<strong>les</strong> Terriens <strong>et</strong> leur environnement, <strong>les</strong> <strong>besoins</strong> <strong>humains</strong> <strong>et</strong> ceux de l’écosystème prennent la<br />

forme d’une double hélice régie par une même logique de coopération que ne vient rompre<br />

aucune solution de continuité.<br />

Des rebondissements possib<strong>les</strong>…<br />

<strong>Le</strong> modèle de Manfred Max-Neef se révèle efficace à plusieurs niveaux <strong>et</strong> dans des contextes<br />

différents. Conçu à l’origine pour répondre aux problèmes singuliers du développement en<br />

Amérique latine, il montre comment une communauté f<strong>org</strong>e sa culture par le choix qu’elle fait<br />

tant des <strong>besoins</strong> à privilégier que des façons de <strong>les</strong> satisfaire. Grâce à la grille de lecture qu’il<br />

propose, il perm<strong>et</strong> aussi de conduire des investigations efficaces pour repérer <strong>les</strong><br />

dysfonctionnements qui grèvent la vie <strong>et</strong> l’épanouissement d’une population.


Mais, du fait de son universalité, il peut tout aussi bien aider à initier une dynamique de<br />

développement avec une communauté du tiers-monde qu’à mieux comprendre <strong>les</strong> heurts des<br />

générations dans le creus<strong>et</strong> que constitue une entreprise occidentale. Grâce à une meilleure<br />

compréhension des populations concernées, il peut enrichir <strong>les</strong> stratégies managéria<strong>les</strong> ou<br />

commercia<strong>les</strong>. Associé à une pratique exigeante du dialogue, il a la capacité de favoriser des<br />

rapprochements de qualité entre <strong>les</strong> acteurs : il peut ainsi contribuer, par exemple, à la mise en<br />

place de politiques concrètes de développement soutenable nécessitant de relier des enjeux<br />

divers voire opposés. Enfin, dans le cadre d’un « point de vie », nous l’avons même vu jouer<br />

un rôle de révélateur redoutable quant aux options <strong>et</strong> aux déséquilibres de la vie personnelle…<br />

Tant il est vrai, comme l’a écrit Schopenhauer, que : « la question n’est pas tant de voir ce que<br />

personne ne voit, que de voir différemment ce que tout le monde voit ».<br />

Thierry Groussin.

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