N° 2 - 24 janvier 2011 - Diocèse d'Evreux
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CATÉCHUMÉNAT<br />
Préparer à un sacrement,<br />
c'est déjà en vivre !<br />
Catéchistes, accompagnateurs catéchuménat jeunes et adultes, des équipes<br />
de préparation au baptême, des prêtres, venus de 20 paroisses de notre<br />
diocèse, avec notre évêque et son vicaire général, nous étions 80 personnes<br />
en soirée et 35 en journée, à avoir la joie de nous rencontrer pour la formation<br />
« Préparer un sacrement, c’est déjà en vivre » avec M. Philippe Barras,<br />
professeur à l’Institut Catholique de Paris et directeur adjoint de l’Institut<br />
Supérieur de Liturgie, responsable du Centre Interdiocésain de Formation<br />
Pastorale et Catéchétique des trois diocèses du Nord à Lille.<br />
Bien que rapide, l’évolution des sacrements<br />
à travers l’histoire tracée au début de son intervention,<br />
Philippe Barras nous a permis de<br />
comprendre certaines réactions des gens qui viennent<br />
demander le baptême ou recevoir la confirmation.<br />
Par exemple, le mot « efficace » dans la définition<br />
médiévale du sacrement comme « un signe<br />
efficace de la grâce de Dieu », peut revêtir un côté<br />
« magique » auquel nous devons être attentifs. Le<br />
lendemain de sa confirmation, un jeune se demandait<br />
: « qu’est-ce qui a changé pour moi, ou en moi ?<br />
Rien ». Alors quand on invite les personnes à faire la<br />
relecture de ce qu’ils ont vécu, nous pouvons formuler<br />
notre question « Comment as-tu vécu la célébration<br />
? » sans que la question évoque nécessairement<br />
le changement tel que : « qu’est-ce qui a changé en<br />
toi après ta confirmation ?».<br />
La redécouverte de la nature et de la finalité des<br />
sacrements avec le Concile Vatican II qui définit le<br />
sacrement comme :« signe et moyen de l’union<br />
intime avec Dieu et de l’unité du genre humain »<br />
(LG n°1), nous ouvre aux sacrements comme médiation,<br />
car ils nous établissent en relation avec Dieu par<br />
le Christ présent dans l’Esprit. C’est le Christ qui a<br />
l’initiative. En effet, les sacrements et toute la liturgie,<br />
sont les lieux où le Christ Lui-même s’associe à<br />
son Église pour continuer son œuvre de salut de tous<br />
les hommes par le mystère de sa mort résurrection.<br />
Pour une pastorale sacramentelle<br />
La pastorale sacramentelle n’a pas pour but de<br />
préparer un événement (la célébration du sacrement)<br />
bien qu’il faille le faire, et convenablement.<br />
Elle n’a pas pour objectif de faire passer un message,<br />
fut-il celui de la Bonne Nouvelle.<br />
Elle vise à ouvrir/inscrire un chemin, celui d’une<br />
existence en relation avec Dieu et avec nos frères, et<br />
pour y arriver cela passe par l’annonce de la Bonne<br />
Nouvelle.<br />
Autrement dit, elle a comme mission d’entraîner<br />
à accueillir le don de Dieu et à recevoir de lui notre<br />
propre vie pour nos frères, favoriser une expérience<br />
de relation avec le Christ plus qu’à apprendre quelque<br />
chose sur Lui.<br />
Elle n’est plus la recherche d’une validité du sacrement,<br />
et n’est pas seulement la recherche d’une<br />
intelligence des rites et symboles, bien que leur<br />
compréhension puisse aider les personnes à entrer<br />
dans le mystère. Elle est au service de la construction<br />
d’une existence pascale en Christ, en référence à sa<br />
mort et sa résurrection. À permettre aux personnes<br />
d’aller au cœur du mystère de la foi, la Pâque du<br />
Christ, tel que le sacrement le révèle.<br />
Ainsi, sa mission consiste à déployer un itinéraire<br />
dans lequel le Christ a l’initiative, c’est pourquoi<br />
il y a un avant et un après sacrement.<br />
Le mystère pascal<br />
La célébration des sacrements de l’initiation à<br />
la veillée pascale pour les adultes nous permet de<br />
prendre conscience de cette « plongée » dans le<br />
mystère pascal du Christ.<br />
En effet, nous lisons dans les préliminaires généraux<br />
du rituel de l’initiation chrétienne:<br />
« Par les sacrements de l’initiation chrétienne,<br />
les hommes, « délivrés de la puissance des ténèbres,<br />
morts avec le Christ, ensevelis avec lui et ressuscités<br />
avec lui, reçoivent l’Esprit d’adoption des fils et célèbrent<br />
avec tout le peuple de Dieu le mémorial de la<br />
résurrection du Seigneur ... Car les baptisés, devenus<br />
un seul être avec le Christ par une mort semblable<br />
à la sienne, et ensevelis avec lui dans la mort Rm<br />
(6, 4-5), sont aussi revivifiés en lui et ressuscités avec<br />
lui (Ép 2, 5-6).». Autrement notre foi est vaine selon<br />
l’affirmation de St Paul dans sa première lettre aux<br />
Corinthiens (15, 1-4).<br />
Cependant, il ne suffit pas de croire à la mort et<br />
à la résurrection du Christ, car le Christ nous associe<br />
à lui pour continuer son œuvre de salut, et cela dans<br />
toute la liturgie de l’Église.<br />
Il importe alors de prendre le temps d’exprimer,<br />
avec les personnes que nous accompagnons, ce que<br />
veut dire Le mystère pascal dans notre vie.<br />
L’unité des trois sacrements<br />
Les trois sacrements confèrent la même grâce<br />
totale de Dieu, mais selon des facettes différentes :<br />
« C’est ainsi que les trois sacrements de l’initiation<br />
chrétienne conduisent ensemble à leur parfaite stature<br />
les fidèles qui exercent, dans l’Église et dans<br />
le monde, la mission de tout le peuple chrétien »<br />
(préliminaires généraux du rituel de l’initiation chrétienne)<br />
Les trois sacrements ont la même visée : faire<br />
corps avec le Christ. Ils ne sont pas des étapes successives<br />
d’un engagement plus ou moins important,<br />
ni trois parties complémentaires d’un tout : d’abord<br />
le baptême, puis la communion et ensuite la confirmation.<br />
La grâce de Dieu est totale et entière à<br />
chaque sacrement dont la célébration et la pastorale<br />
permettent de le vivre selon une facette spécifique.<br />
La séparation des trois sacrements de l’initiation<br />
chrétienne est d’ordre pédagogique et non théologique.<br />
Du baptême du bébé à sa première communion<br />
vers 8 ans, puis sa confirmation vers 14 ans, un<br />
itinéraire est proposé pour que cet enfant, ce jeune<br />
puisse, au fur et à mesure de sa croissance, vivre une<br />
relation avec Dieu et avec ses frères.<br />
Séparer les trois sacrements en définissant la<br />
finalité de chacun d’eux nous conduit dans une impasse.<br />
Si on parle du baptême comme le sacrement<br />
par lequel on reçoit le pardon des péchés, l’Eucharistie<br />
ne le fait-il pas autant ? Et si on parle de l’Esprit<br />
Saint que Dieu nous donne à la confirmation, alors<br />
notre baptême était seulement dans l’eau ?<br />
L’itinéraire est<br />
d’abord liturgique<br />
En termes de pédagogie d’initiation, nous pouvons<br />
définir l’itinéraire en 4 termes :<br />
• Accueillir de manière désintéressée<br />
• Favoriser une progression.<br />
• Célébrer le sacrement.<br />
• Veiller à la suite (mystagogie pendant le temps<br />
pascal).<br />
Nous avons l’habitude de parler de préparation<br />
au baptême en terme de parcours avec quelques étapes<br />
liturgiques considérées comme des temps forts<br />
qui rassemblent le vécu et le célèbrent.<br />
Or, c’est l’inverse qui est à considérer : les étapes<br />
liturgiques (l’entrée en catéchuménat/l’appel<br />
décisif/ la célébration des sacrements) sont structurantes.<br />
Elles sont des étapes rituelles, sacramentelles,<br />
autour desquelles on a constitué un avant et un<br />
après. Elles sont des seuils abordés de telle manière<br />
que le processus constitue un itinéraire qui permet<br />
une transformation progressive par des transformations<br />
successives. Cela conduit à distinguer les<br />
sacrements comme événements, du processus sacramentel<br />
(itinéraire) qui permet d’ouvrir à une vie<br />
sacramentelles.<br />
Mais les événements demandent à se faire<br />
« expérience » ; ce que permettent les temps de catéchèse<br />
qui précèdent et qui suivent les différentes<br />
étapes. Quand nous célébrons l’appel décisif et nous<br />
demandons aux appelés de sortir après ce rite, nous<br />
permettons de redécouvrir, et pour nous d’abord, la<br />
sacramentalité de la Parole de Dieu, puisque « quand<br />
on lit les Écritures, c’est le Christ qui parle et annonce<br />
la Bonne Nouvelle ». Ou encore, après les scrutins, le<br />
temps de relecture permet de vivre du pardon déjà<br />
offert bien avant la célébration du baptême.<br />
Ce qui est vécu dans le processus sacramentel<br />
est « principe et projet » de vie chrétienne. En effet,<br />
les personnes vivent « symboliquement », pendant<br />
cet itinéraire, ce qu’ils vont vivre toute leur vie chrétienne.<br />
Sœur Nicole CHAHHOUD.<br />
22 — Église d’Évreux n° 02 - <strong>24</strong> <strong>janvier</strong> <strong>2011</strong> – — Église d’Évreux n° 02 - <strong>24</strong> <strong>janvier</strong> <strong>2011</strong> – 23