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Rapport EP ICPE Gérad Bertrand La Clape 2011 - AUDE

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Département de l'<strong>AUDE</strong><br />

Communes de NARBONNE et d'ARMISSAN<br />

Installation classée pour la protection de<br />

l'environnement<br />

Enquête publique en vue d'autoriser la SPH Gérard<br />

BERTRAND Château L'Hospitalet à Narbonne à<br />

exploiter une nouvelle unité de préparation et de<br />

conditionnement de vins.<br />

<strong>Rapport</strong> du commissaire enquêteur<br />

Monsieur Éric <strong>La</strong>velaine de Maubeuge, commissaire enquêteur, le 1 er juin <strong>2011</strong><br />

__________________________________________________________________________<br />

Destinataires :<br />

Madame le Préfet de l'Aude<br />

Madame le Président du tribunal administratif de Montpellier<br />

1


Le présent rapport a pour objet de présenter le projet de nouvelle unité de<br />

préparation et de conditionnement de vins présenté par la SPH Gérard<br />

BERTRAND Château L'Hospitalet à Narbonne dont l'autorisation est soumise à<br />

enquête, de relater les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’enquête<br />

publique, d’exposer les observations et éléments recueillis ainsi que le fruit de<br />

leur analyse et enfin de prononcer les conclusions et l’avis motivé du<br />

commissaire enquêteur.<br />

I – GENERALITES CONCERNANT LE PROJET SOUMIS A<br />

ENQUETE :<br />

Présentation générale :<br />

Le projet consiste à construire un nouveau centre de vinification et<br />

d'embouteillage. Les activités prévues sont : la réception de vins finis ; la<br />

vinification de 5000 hl par an ; le traitement des vins par le froid, filtration ; le<br />

stockage, élevage, assemblage des vins ; le conditionnement de 15 millions de<br />

cols par an, soit 105000 hl. Trente à quarante pour cent du volume vinifié et<br />

élevé sur le site proviendra de la région narbonnaise. A cet effet seront réalisés :<br />

Un bâtiment de 5450 m² de surface hors d’œuvre nette comprendrait :<br />

− cuvier et bureau de contrôle<br />

− espace production (lignes d’embouteillage et bouteiller)<br />

− stockage des produits finis<br />

− bureaux, vestiaires, sanitaires<br />

Une zone technique<br />

Une zone de chargement – déchargement<br />

7992 m² d'aménagements extérieurs, parkings, voiries<br />

Des aménagements paysagers.<br />

Le projet est situé au lieu-dit Les Joncasses, au carrefour vers Narbonne Plage<br />

entre la D168 et la D31en zone agricole du Plan Local d'Urbanisme et soumis à<br />

la loi littoral.<br />

L'impact sur l'environnement des travaux d'aménagement, du traitement des<br />

effluents industriels et des eaux usées sanitaires est détaillé dans le dossier<br />

d'enquête avec les mesures compensatoires ad hoc. L'évaluation des risques<br />

conduit à une caractérisation du risque (probabilité x gravité) de catégorie<br />

« risque moindre » sur une échelle théorique qui comprend deux autres niveaux<br />

de risque, tous supérieurs.<br />

Le dossier présente une construction qui « émerge au cœur du vignoble de la<br />

plaine bocagère... Jeu de volumes élancés et complémentaires qui respectent<br />

l'échelle traditionnelle des caves vinicoles et qui minimise la masse perçue.<br />

2


L'élégante insertion du projet de cave vinicole est aussi assurée par l'utilisation<br />

respectueuse de matériaux massifs, traditionnels et pérennes ».<br />

Le site se trouve dans le parc naturel régional de la Narbonnaise en<br />

Méditerranée et en bordure immédiate de zones d'intérêt environnemental :<br />

-une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de<br />

type II<br />

-une zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO)<br />

-un site d'intérêt communautaire<br />

-une zone de protection spéciale ZPS.<br />

Le site du projet présente en outre un risque d'impact d'autres zones :<br />

-une ZPS<br />

-une zone spéciale de conservation ZSC<br />

-deux ZNIEFF de type I<br />

Selon l'étude menée en janvier 2010 par les Écologistes de l'Euzière, « la zone<br />

du projet apparaît comme extrêmement pauvre sur la thématique du patrimoine<br />

naturel. Les sites d'intérêt sont éloignés et non directement concernés par<br />

l'aménagement ».<br />

Objet de l'enquête publique :<br />

Il s’agit d'une enquête publique en vue d'autoriser la SPH Gérard <strong>Bertrand</strong><br />

Château L'Hospitalet à Narbonne à exploiter une nouvelle unité de préparation<br />

et de conditionnement de vins sur le territoire de la commune de Narbonne.<br />

Cadre juridique<br />

Le code de l’environnement notamment dans ses articles L123-1 et suivants et<br />

R123-1 et suivants ainsi que les articles L512-1 et suivants et l'article R512-20,<br />

la rubrique n°2251-1 de la nomenclature <strong>ICPE</strong> forment le cadre juridique de<br />

cette enquête.<br />

Situation réglementaire actuelle :<br />

Le projet est positionné en zone A1 du Plan local d'urbanisme (PLU) de la<br />

commune de Narbonne qui admet dans son article A1 2 « les constructions, y<br />

compris habitations ou installations liées aux activités agricoles (silos, caves de<br />

vinification, élevages, etc.)... les affouillements et les exhaussements du sol<br />

rendus nécessaires par tout projet d'infrastructure ».<br />

<strong>La</strong> commune de Narbonne est soumise à la loi littoral qui précise que « par<br />

dérogation, les constructions ou installations liées aux activités agricoles ou<br />

forestières qui sont incompatibles avec le voisinage des zones habitées peuvent<br />

être autorisées … avec l'accord du Préfet après avis de la commission<br />

départementale compétente en matière de nature, de paysages et de sites ».<br />

Cette commission a rendu un avis favorable par douze voix pour et zéro contre<br />

et abstention. <strong>La</strong> dérogation à la loi littoral a été accordée le 18 février <strong>2011</strong> par<br />

le Préfet de l'Aude.<br />

3


Un permis de construire PC n°11 262 10N0100 a été accordé par l'adjoint<br />

délégué de la mairie de Narbonne pour ce projet par arrêté du 18 février <strong>2011</strong>.<br />

Le contrôle de légalité a été effectué.<br />

L'article 512-2 du code de l'environnement dispose que « Si un permis de<br />

construire a été demandé, il peut être accordé mais ne peut être exécuté avant la<br />

clôture de l' enquête publique ».<br />

Justification du projet :<br />

Les raisons avancées par le maître d'ouvrage justifiant le projet sont les<br />

suivantes :<br />

-<strong>La</strong> SPH (Société de Production de L'Hospitalet) Gérard <strong>Bertrand</strong> enregistre une<br />

croissance qui l'amène à modifier ses installations.<br />

-Le domaine de L'Hospitalet dans le site classé de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> se recentre sur<br />

l'oenotourisme, et déplace une partie de ses activités vinicoles sur le site du<br />

projet, cela permet aussi de limiter le nombre d'intrants propres aux activités<br />

vinicoles de la société GBH sur ce site protégé.<br />

-Le site actuel GBEL (Gérard <strong>Bertrand</strong> Embouteillage et Logistique) sur la zone<br />

industrielle de Malvezy ne se prête ni à une réorganisation des installations ni à<br />

l'image que la société veut diffuser en matière d'installation liée aux activités<br />

vinicoles. En effet, la zone industrielle de Malvézy ne permet pas une extension<br />

et par ailleurs accueille une installation, la COMHUREX, soumise à la directive<br />

SEVESO 2.<br />

II-ORGANISATION ET DEROULEMENT DE L’ENQUETE :<br />

Désignation du commissaire enquêteur :<br />

Par décision n° E11000041/34 du 15 février <strong>2011</strong>, Madame le Président du<br />

Tribunal Administratif de Montpellier a désigné Monsieur Éric LAVELAINE<br />

de MAUBEUGE en qualité de commissaire enquêteur chargé de conduire<br />

l’enquête publique relative à cette autorisation d'exploiter une nouvelle unité de<br />

préparation et de conditionnement de vins à Narbonne .<br />

Par arrêté N°<strong>2011</strong>-059-0006 du 03 mars <strong>2011</strong>, Madame le Préfet de l'Aude a<br />

prescrit l’ouverture de l’enquête publique à compter du 04 avril <strong>2011</strong> pour une<br />

durée de 30 jours.<br />

Information<br />

De manière à faciliter l’accès du public à une information adaptée sur ces<br />

projets, j’ai proposé aux mairies de programmer en début d'enquête publique la<br />

délibération sur le projet prévue par l'article R512-20 du code de<br />

l'environnement.<br />

4


Le conseil municipal de Narbonne s'est prononcé le 1 avril en faveur du projet<br />

par 32 voix pour et 8 abstentions. Le conseil municipal d'Armissan s'est<br />

prononcé le 16 mai en faveur du projet.<br />

Conditions du déroulement de l’enquête :<br />

Je me suis rendu pour un premier contact à la Préfecture de l'Aude le 28 février<br />

<strong>2011</strong>. <strong>La</strong> visite a permis de recueillir les premières informations nécessaires à<br />

l’organisation de l’enquête auprès de Madame BONNEFON. J'y suis retourné le<br />

3 mars pour parapher les documents constitutifs du dossier.<br />

Le 10 mars, j'ai rencontré Monsieur Cédric LECAREUX, représentant du maître<br />

d'ouvrage et me suis fait présenter le projet sur le terrain. Le maître d'ouvrage a<br />

répondu à la totalité des questions que je lui ai alors posées. J'ai enfin établi<br />

avec la mairie de Narbonne et celle d'Armissan les détails des permanences et<br />

de la mise à disposition du public du dossier d'enquête. <strong>La</strong> question de<br />

l'affichage sur le site et sur le périmètre fixé par la réglementation a été vue avec<br />

le maître d'ouvrage et la mairie de Narbonne.<br />

Conscient de la sensibilité d’un tel dossier, j’ai rencontré plusieurs personnes<br />

compétentes :<br />

− J'ai pris contact avec la commission départementale de la nature, des<br />

paysages et des sites pour bien comprendre le sens de l'accord favorable<br />

qu'elle a donné à ce projet.<br />

− Le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée a répondu à<br />

mes questions sur l'établissement de la charte de bonne conduite<br />

signalétique sur le site classé de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> et sur le territoire du PNR.<br />

− Madame DUHAIL de la sous-Préfecture de Narbonne m'a informé le 9<br />

mai des réglementations liées à l'affichage et aux enseignes susceptibles<br />

de s'appliquer pour le projet.<br />

− Madame Isabelle AYMARD, inspectrice <strong>ICPE</strong> a répondu aux différentes<br />

questions que je lui ai posées.<br />

− Le directeur départemental des Territoires et de la mer a répondu en<br />

personne le 9 mai au courrier que je lui avais adressé.<br />

− Le service de l'urbanisme de la ville de Narbonne a tenu à ma disposition<br />

les documents que je leur ai demandé, notamment le PPR Inondation et le<br />

permis de construire concernant le présent dossier. Ils ont aussi répondu à<br />

mes questions au cours d'une entretien avec Monsieur LAPENA<br />

responsable du service de l'urbanisme et par courrier signé de Michel<br />

FARNOLE, adjoint délégué, en réponse à ma lettre du 3 mai.<br />

− Monsieur Gérard KERFYSER, maire de Armissan et vice président de la<br />

communauté d'agglomération de Narbonne m'a reçu a deux reprises.<br />

− Le 29 avril, Monsieur DHELIN de la communauté d'agglomération de<br />

Narbonne m'a reçu pour m'éclairer sur certains aspects des zones<br />

d'activités.<br />

5


− <strong>La</strong> Direction du Développement des Entreprises de la Région <strong>La</strong>nguedoc<br />

Roussillon a répondu à mes questions sur le Parc régional d'activités<br />

économiques de Salles d'Aude.<br />

− Le 4 mai je me suis rendu au site de Malvezy et sur la ZAC Plaine sud de<br />

Montredon des Corbières<br />

− Monsieur VIDAL du service du comptage routier du conseil général de<br />

l'Aude m'a donné les informations nécessaires en matière de comptage<br />

routier sur le carrefour de Moujan.<br />

− Monsieur Gérard <strong>Bertrand</strong> m'a apporté au cours d'une entretien des<br />

réponses aux questions posées dans le cadre du procès-verbal remis le 11<br />

mai.<br />

Dossier mis à disposition du public :<br />

Le dossier mis à la disposition du public comprenait :<br />

CONTENU<br />

Avis PD/NL 674/10 du 16 décembre 2010 de<br />

l'autorité environnementale sur le projet de la cave<br />

viticole<br />

<strong>Rapport</strong> au Préfet du 24 décembre 2010 relatif au<br />

caractère complet et régulier du dossier du<br />

demandeur<br />

Extrait du procès verbal de la réunion tenue le 02<br />

février <strong>2011</strong> par la commission départementale de<br />

la nature, des paysages et des sites.<br />

Accord en date du 18 février <strong>2011</strong> pour la demande<br />

de dérogation sollicitée en vue de la construction<br />

d'une cave de vinification.<br />

Dossier de demande d'autorisation, août 2010<br />

Documents annexes<br />

Dossier de demande de dérogation à la loi littoral<br />

Copie des publicités légales<br />

Total<br />

Autorité<br />

rédactrice<br />

Préfet de<br />

région LR<br />

Inspecteur<br />

des<br />

installations<br />

classées<br />

Président de<br />

la<br />

commission<br />

Préfet de<br />

l'Aude<br />

Rédigé par<br />

Alain<br />

Bonhoure<br />

Conseil<br />

Rédigées et<br />

regroupées<br />

par Alain<br />

Bonhoure<br />

Conseil<br />

VOLUME<br />

03 pages<br />

02 pages<br />

02 pages<br />

01 page<br />

65 pages<br />

184 pages<br />

82 pages<br />

2 pages<br />

341 pages<br />

6


Chaque page du dossier d'enquête a été paraphée à l’occasion de ma visite en<br />

préfecture le 03 mars. Un registre d’enquête publique par commune, coté et lui<br />

aussi paraphé par le commissaire enquêteur, complétait ces documents.<br />

Publicité légale :<br />

Un avis au public a été inséré et publié par la presse locale dans les quotidiens :<br />

« L’INDÉPENDANT » le 12 mars <strong>2011</strong><br />

« LE MIDI LIBRE » le 12 mars <strong>2011</strong><br />

L’arrêté préfectoral concernant l’ouverture et le déroulement de l’enquête<br />

publique a été affiché, conformément aux certificats d’affichage joints, établis<br />

par le Maire de Narbonne à la date du 5 mai et par le Maire d'Armissan à la date<br />

du 4 mai.<br />

Ces formalités ont été contrôlées et attestées par moi à l’occasion de ma<br />

présence dans la commune de Narbonne au moment de chacune de mes<br />

permanences. Il en a été de même à Armissan pour la permanence menée dans<br />

cette commune le 29 avril. L’intégrité du registre d’enquête publique et du<br />

dossier d’enquête a aussi été vérifiée à ces mêmes occasions.<br />

L'affichage sur le site et sur chacun des axes routiers conduisant au site du<br />

projet a été contrôlé par moi quinze jours avant le début de l'enquête et à<br />

chacune des cinq permanences. Le 29 avril, constatant la disparition d'une<br />

affiche normalement placée sur la route de Narbonne Plage au delà du carrefour<br />

de Moujan, j'ai demandé à la mairie de Narbonne son remplacement. Ce qui a<br />

été fait l'après midi même. Par ailleurs, l'affichage sur le site a été déplacé le<br />

même jour, suite à une remarque que m'a faite Monsieur de Vuillod le 29 avril,<br />

lors de ma permanence à Armissan. Selon ce Monsieur qui se déclare<br />

propriétaire du transformateur EDF placé le long de la route à deux fois deux<br />

voies côté projet, l'affichage sur le site ne serait pas réglementaire car le<br />

panneau de permis de construire sur lequel il était fixé était appuyé contre le<br />

mur du transformateur EDF qui n'appartiendrait donc pas au projet. J'ai prévenu<br />

les services municipaux qui ont préféré aussitôt déplacer cet affichage.<br />

Publicité complémentaire :<br />

L’avis a aussi figuré sur le site Internet de la mairie de Narbonne pendant toute<br />

la durée de l’enquête.<br />

Le "résumé non technique" au titre des <strong>ICPE</strong> pour une demande d’autorisation<br />

de la SPH Gérard <strong>Bertrand</strong> et l'Arrêté préfectoral n°<strong>2011</strong>-059-0006 ouverture<br />

d’enquête publique ont figuré sur le site de la Préfecture de l'Aude.<br />

7


Autres informations du public<br />

<strong>La</strong> presse locale s'était déjà faite l'écho du projet (article du Midi Libre paru le<br />

25 mars 2010), puis dans le même journal le 22 août 2010 en donnant la parole<br />

à Gérard <strong>Bertrand</strong> pour répondre « aux critiques qui dénonçaient l'implantation<br />

d'un bâtiment industriel qui défigurerait le paysage ».<br />

L'ordre du jour du conseil municipal de Narbonne du 1 avril a suscité la veille<br />

un article dans le blog « l'écho côtier » hébergé par le Midi Libre, on y annonce<br />

l'ouverture de l'enquête publique ; et Gérard <strong>Bertrand</strong> s'est vu ouvrir les<br />

colonnes du Midi Libre où l'enquête publique est annoncée et de la Dépêche<br />

pour apporter le surlendemain les précisions qu'il souhaitait.<br />

L'annonce de l'enquête figure comme il est d'usage sur le site de la compagnie<br />

des commissaire enquêteurs du <strong>La</strong>nguedoc Roussillon – Vaucluse, site auquel<br />

renvoie un onglet du site de l'association agréée ECCLA.<br />

Incidents relevés au cours de l’enquête :<br />

Le climat de l’enquête a été serein.<br />

Clôture de l’enquête :<br />

J'ai clos les registres d’enquête le 3 mai à 18 heures.<br />

Notification du procès-verbal des observations et mémoire en réponse aux<br />

questions du commissaire enquêteur:<br />

Les observations que j'ai recueillies pendant l'enquête ont été présentées au<br />

maître d'ouvrage le 11 mai.<br />

Le mémoire m'est parvenu le 23 mai.<br />

<strong>La</strong> notification de cette présentation et le mémoire en réponse figurent en<br />

annexe de ce rapport.<br />

Analyse comptable des observations ou remarques :<br />

- formulées par écrit sur le registre d’enquête : 2<br />

- formulées par lettre : 8<br />

8


III- ANALYSE DES OBSERVATIONS ET REMARQUES FORMULEES<br />

SUR LE PROJET :<br />

Synthèse des observations :<br />

Relativement peu de personnes se sont déplacées pour s’exprimer. L’enquête<br />

publique n’a donné lieu à une relative mobilisation contre l'emplacement du<br />

projet que lors de la dernière semaine.<br />

<strong>La</strong> quasi totalité des observations émane de professionnels viti-vinicoles<br />

voisins. Une personne s'est adressée à moi par courrier après la date de clôture.<br />

Elle est voisine du site du projet. L'opposition municipale m'a communiqué une<br />

copie de sa lettre au Préfet dans laquelle elle manifeste son opposition au site<br />

choisi pour ce projet.<br />

Toutes les observations ont été reçues à la mairie de Narbonne sauf un courrier<br />

et une observation reçus à la mairie d'Armissan.<br />

<strong>La</strong> totalité des personnes entendues a reconnu la légitimité d’un tel projet et,<br />

souvent, l'intérêt qu'il présente pour la viticulture locale.<br />

Mais la totalité des observations souligne une opposition catégorique au choix<br />

de l'emplacement.<br />

Nombreuses ont été les demandes d'implantation dans une zone économique<br />

dédiée et non pas en zone agricole en bordure de site classé.<br />

Par ailleurs, j'ai eu communication pendant l'enquête d'un avis défavorable du<br />

directeur de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) adressé au<br />

Préfet en date du 23 mars <strong>2011</strong>. Cet avis n'est pas destiné à l'enquête mais il vise<br />

à permettre au Préfet la prise d'une décision éclairée. L'INAO argumente son<br />

avis défavorable en raison :<br />

-du risque que fait peser la disparition de 6,7 ha de vignes sur le potentiel de<br />

hiérarchisation AOC de l'ensemble des vins de cette zone.<br />

-d'un début de mitage préjudiciable à l'image de l'appellation,<br />

-de la dénaturation de la vue sur la massif par la présence d'une architecture<br />

contemporaine avec une façade de plus de 100 mètres de long,<br />

-des désagréments liés à l'augmentation de la circulation et aux rejets.<br />

L'analyse (qui figure ci-après) des observations formulées sur le registre permet<br />

aussi d'étudier les arguments avancés par l'INAO.<br />

Analyse des observations (O.) formulées sur le registre ou reçues par<br />

courrier :<br />

O.1 : Le groupe d'opposition municipale – Les élus Nouveau Narbonne 2008,<br />

m'ont adressé une copie d'une lettre destinée à Madame le Préfet de l'Aude en<br />

date du 14 avril. Cette lettre signée de David GRANEL, conseiller municipal,<br />

avait aussi pour destinataires en copie :<br />

9


− Madame le Ministre de l’Écologie, du Développement durable, des<br />

Transports et du Logement,<br />

− et Monsieur le Maire de Narbonne.<br />

Le groupe écrit être « perplexe sur le choix environnemental et paysager qui a<br />

présidé à l'accord sur ce projet dans un site si remarquable ». <strong>La</strong> lettre<br />

reproduit l'intervention de Madame Florence VITASSE, conseillère municipale<br />

Nouveau Narbonne qui déclare au conseil municipal du 1 er avril à propos du<br />

projet : « nous nous en réjouissons et nous ferons tout ce qui est possible pour<br />

que ce projet se fasse dans les meilleurs délais … mais ailleurs ! Comment<br />

peut-on laisser construire une usine aux portes du Massif classé de <strong>La</strong><br />

<strong>Clape</strong> ? ».<br />

Elle propose que le projet s'implante avec l'aide des services de l’État « non loin<br />

de là sur la future zone d'activité de Céleyran à Salles d'Aude ».<br />

Analyse :<br />

Cette lettre n'est adressée au commissaire enquêteur qu'en copie. Il me parait<br />

toutefois utile à la formulation d'un avis du commissaire enquêteur d'analyser<br />

les observations qu'elle formule.<br />

Je note que cette lettre d'interrogations demande que les services de l’État<br />

prennent leurs responsabilités et annonce que le groupe s'est abstenu sans<br />

« voter contre » lors du vote de la délibération.<br />

<strong>La</strong> critique principale porte sur l'atteinte environnementale et paysagère.<br />

Puisque aucune association agréée (alors que la lettre annonce leur action),<br />

aucune expertise environnementale ou paysagère ne s'est manifestée pendant<br />

l'enquête, la position de la commission départementale de la nature, des sites et<br />

paysages et l'appréciation personnelle sur le terrain prennent un relief<br />

particulier. Or, la commission a rendu un avis unanime sur le projet ; le<br />

qualifiant de beau. Sur le terrain, l'observateur placé sur la D168 de Narbonne<br />

vers <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> (à hauteur du lieu dit Sainte Marthe par exemple) constate que les<br />

hauteurs au nord de Moujan continueront à apparaître au dessus de l'édifice<br />

(hauteur approximative donnée par le poteau béton EDF du bord de la D31).<br />

Cette impression dure jusqu'à ce qu'en se rapprochant l'observateur se situe à<br />

quelques centaines de mètres des futurs bâtiments qui à cet endroit là<br />

occuperont alors plus de place dans le paysage perçu.<br />

Par ailleurs, la jurisprudence rappelle que le classement d’un site n’a ni pour<br />

objet ni pour effet d’instituer l’inconstructibilité ni d’interdire toute activité<br />

économique dans le périmètre de classement mais seulement de soumettre à<br />

autorisation tout aménagement susceptible de modifier l’état des lieux (CE du 6<br />

septembre 1999).<br />

Les aménagements réalisés en périphérie immédiate d’un site classé doivent<br />

respecter les caractéristiques de celui-ci. (CE., 21 octobre 1994, commune de<br />

Bennwihr).<br />

Une usine : Le Directeur départemental des territoires et de la mer, affirme en<br />

réponse à la question que je lui posais à ce sujet : « le dossier de permis de<br />

10


construire démontre le caractère agricole du bâtiment. Ce document expose<br />

également en quoi ce bâtiment est nécessaire à l'exercice d'une activité<br />

agricole ».<br />

Pour évaluer la proposition qui est faite d'implanter ailleurs cette installation, j'ai<br />

interrogé les services de la Région <strong>La</strong>nguedoc Roussillon en charge des parcs<br />

d'activités. Ils m'ont annoncé que le parc à Salles d'Aude ne serait pas<br />

opérationnel avant un horizon de deux à quatre ans, ce qui ne semble pas<br />

compatible avec le vœu du groupe d'opposition de voir le projet se faire « dans<br />

les meilleurs délais ».<br />

Les services du Grand Narbonne n'ont pas souhaité se prononcer sur la<br />

faisabilité de l'installation de ce projet sur le site de la zone de Montredon des<br />

Corbières.<br />

Je me suis rendu à Malvezy et sur la zone d'activité de Montredon pour<br />

apprécier le cadre et les difficultés de déplacement. Cette zone se situe dans le<br />

rayon actuel des distances entre les deux sites narbonnais de la société (Malvezy<br />

et L'Hospitalet) : elle est placée à 9km de L'Hospitalet et à 8 km de la plate<br />

forme logistique de la SPH Gérard <strong>Bertrand</strong> à Malvezy. En outre, placée à 8km<br />

de la sortie Narbonne sud de l'autoroute, elle est bien desservie. Le cadre<br />

paysager de la nouvelle extension n'est pas dénué de valeur.<br />

A ces propositions critiques, la société Gérard <strong>Bertrand</strong> répond dans son<br />

mémoire : « Comme toutes les grandes caves des acteurs majeurs du monde du<br />

vin ce type de projet doit être implanté au cœur du vignoble. Les sites que vous<br />

proposez sont dédiés à des bâtiments industriels, pas à une cave qui doit être un<br />

phare pour l'appellation <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> ».<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

<strong>La</strong> qualité du projet architectural issue du travail de l'architecte et du dialogue<br />

avec les spécialistes du paysage et ceux de l'environnement m'amènent à penser<br />

qu'il n'y a pas atteinte au paysage.<br />

L’installation au cœur du vignoble me semble pertinente à partir du moment où<br />

le lien avec l'activité agricole et la conformité au PLU sont établis.<br />

O.2 : Un courrier (lettre recommandée avec accusé de réception) signé le 20<br />

avril par Messieurs Jean-Benoît CAVALIER, Président du syndicat ODG de<br />

l'AOC <strong>La</strong>nguedoc et Christophe BOUSQUET, Président du syndicat « <strong>La</strong><br />

<strong>Clape</strong> » s'oppose « à la localisation de ce projet à l'entrée du vignoble de <strong>La</strong><br />

<strong>Clape</strong> au sein de l'aire AOC ». Les signataires jugent qu'"il est inadmissible que<br />

le dossier soumis à enquête publique ne présente à aucun moment - ni dans le<br />

texte ni sur les cartes - l'aire délimitée de l’Appellation d'Origine Contrôlé<br />

<strong>La</strong>nguedoc "la <strong>Clape</strong>" alors que l'ensemble des parcelles impactées<br />

appartiennent à l'aire délimitée. De plus, l'impact sur l'appellation d'origine<br />

contrôlée n'a pas été étudié.<br />

Cette dissimulation exige qu'une nouvelle enquête soit réalisée afin de donner<br />

une information objective qui mentionne l'existence et l'importance de<br />

11


l'appellation d'Origine Contrôlé <strong>La</strong>nguedoc "la <strong>Clape</strong>" et évalue les incidences<br />

de ce projet sur la production, l'image et l'économie de l'appellation d'Origine<br />

Contrôlée.<br />

Nous contestons donc formellement le contenu du dossier présenté à l'enquête<br />

publique."<br />

Ils regrettent « que le projet entraine la disparition de 6 ha de vignes ».<br />

Ils affirment que les parcelles AOC environnantes qui recevront les effluents<br />

seront dans l'impossibilité de déclarer l'appellation d'origine contrôlée.<br />

Ils qualifient la réalisation du projet sur la « porte d'entrée du Massif de <strong>La</strong><br />

<strong>Clape</strong> » de « mitage...dans cette zone jusqu'alors préservée ».<br />

Ils estiment essentiel « le respect de l'intégrité du terroir et du paysage » dans le<br />

cadre de la hiérarchisation de l'AOC <strong>La</strong>nguedoc.<br />

Enfin, les « nuisances (circulation d'engins, livraison, rejet d'effluents...) sont<br />

incompatibles avec l'image qu'a construit l'AOC <strong>La</strong>nguedoc « <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> ».<br />

Le courrier est enrichi de deux cartes en annexe montrant pour l'une la<br />

délimitation totale de l'AOC, pour l'autre les parcelles concernées par le projet et<br />

l'AOC.<br />

Analyse :<br />

Contenu du dossier : <strong>La</strong> responsabilité du rapport au Préfet quant au caractère<br />

complet et régulier du dossier du demandeur appartient à l'inspecteur des<br />

installations classées. En réponse à l'interrogation sur le contenu du dossier<br />

présenté à l'enquête, cet inspecteur et le directeur départemental des territoires et<br />

de la mer m'ont répondu : « D'autres cartes peuvent figurer dans l'étude<br />

d'impact pour préserver l'état initial du site et de son environnement … et<br />

l'analyse des effets sur l'environnement au titre des sites et paysages, faune et<br />

flore, les milieux naturels et les équilibres écologiques, sur la commodité du<br />

voisinage … ou sur l'agriculture... Toutefois, la réglementation n'impose<br />

aucune forme graphique à ces études... Dans le cas du dossier d'autorisation de<br />

l'installation SPH Château L'Hospitalet, la description du contexte agricole est<br />

traitée à plusieurs reprises dans le dossier... Cette description paraît<br />

suffisante».<br />

Disparition de 6ha de vignes : Dans son mémoire, la société Gérard <strong>Bertrand</strong><br />

précise : « L'arrachage ne portera que sur 5,97ha, dont 4 ha seront replantés<br />

dès la fin de la construction. Par ailleurs 4ha vont être replantés sur le haut du<br />

massif de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> en tant que coupe-feu, augmentant globalement le potentiel<br />

de l'appellation ». Il y aura donc moins de 2 ha de vignes au total qui seront<br />

enlevés des surfaces déclarées pour l'appellation. <strong>La</strong> carte fournie en annexe de<br />

la lettre d'observation des Présidents des syndicats montre que cette superficie<br />

représente bien moins de 1% de la surface totale concernée par cette<br />

hiérarchisation.<br />

Nuisances : Il serait incohérent de nier l'existence de nuisances puisque c'est cet<br />

argument qui fonde, avec l'accord de la commission départementale de la<br />

12


nature, des paysages et des sites, la dérogation accordée par le Préfet à la loi<br />

littoral du 3 janvier 1986, notamment l'article L146-4.<br />

Ce sont les nuisances liées à la circulation et le bruit qui selon le dossier de<br />

demande d'autorisation pages 9 et 10 justifient une construction sans continuité<br />

avec le bâti.<br />

En moyenne sur les 250 jours travaillés de l'année 5,07 rotations de poids lourds<br />

auront lieu chaque jour, avec des pics théoriques à 57 que la société Gérard<br />

<strong>Bertrand</strong> considère n'être « pas possible physiquement ». Ces 57 rotations<br />

quotidiennes représenteraient environ 1% du trafic moyen quotidien selon le<br />

service du comptage routier du conseil général que j'ai consulté.<br />

Effluents : Le dossier de demande d'autorisation page 42 prévoit un système<br />

« sans rejet ». <strong>La</strong> conclusion de l'annexe 4 du même dossier stipule : « la<br />

gestion des eaux usées de l'unité de vinification sera tout à fait satisfaisante ».<br />

Aucune expertise contraire ne m'a été présentée.<br />

A la question de l'impossibilité pour les parcelles AOC environnantes de<br />

déclarer l'appellation d'origine contrôlée, la société Gérard <strong>Bertrand</strong> répond dans<br />

son mémoire : « Il n'y a aucun risque, les effluents sont épandus au pied des<br />

souches... Ce type de traitement est exemplaire … car il permet de supprimer<br />

toute fertilisation chimique au vignoble. Il est déjà pratiqué aujourd'hui sur la<br />

cave de L'Hospitalet ».<br />

En outre, les cartes fournies par les présidents de syndicats montrent que les<br />

parcelles plus basses donc susceptibles d'être concernées par des effluents ne<br />

figurent pas dans le périmètre AOC.<br />

Porte d'entrée : Une porte d'entrée se situe stricto sensu dans un site et non pas<br />

aux abords. Sur cet axe, c'est le Château Moujan (ensemble de bâtiment à la<br />

surface bâtie comparable à celle du projet) qui est porte d'entrée car situé à<br />

l'intérieur du site classé et non les parcelles intéressant le projet situées<br />

immédiatement plus à l'ouest. En outre la carte de l'AOC coteaux du <strong>La</strong>nguedoc<br />

« <strong>La</strong> clape », remise en annexe de la lettre des Présidents des syndicats, montre<br />

qu'il existe d'autres portes ou vitrines pour l'AOC, notamment les accès aux<br />

villages de Vinassan, Salles d'Aude, Fleury et les vingt kilomètres pendant<br />

lesquels l'autoroute <strong>La</strong> <strong>La</strong>nguedocienne traverse les vignobles de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong>.<br />

Pour autant, le carrefour de Moujan est effectivement très fréquenté et il serait<br />

irresponsable d'y édifier un bâtiment architecturalement pauvre.<br />

Mitage : Si le mot ne se trouve pas dans le code de l'environnement ou celui de<br />

l'urbanisme, le phénomène est souvent décrit. Le <strong>La</strong>rousse définit le mitage<br />

comme une « multiplication de résidences dans le paysage rural ». Pour<br />

wikipedia, il s'agit de « l'implantation d'édifices dispersés dans un paysage<br />

naturel ». L'interdiction de construire en zone agricole correspond notamment à<br />

la volonté de lutter contre le mitage. <strong>La</strong> loi prévoit des exceptions, notamment<br />

l'article L146-4 du code de l'urbanisme déjà cité. Dans sa réponse à ma question,<br />

le directeur départemental des territoires et de la mer écrit : « le Préfet s'est<br />

13


exprimé sur ce point de conformité au PLU en autorisant la dérogation à la loi<br />

littoral suite à l'avis favorable de la commission des sites ».<br />

Par ailleurs, il convient de noter une dispersion traditionnelle du bâti dans cette<br />

zone attestée par la présence dans la plaine d'une demi douzaine de bâtiments<br />

importants ou hameaux à moins de deux kilomètres de Moujan et qui pour les<br />

plus anciens remontent au XIV° siècle. D'autres ont obtenu plus récemment<br />

l'autorisation de déroger à la règle d'urbanisme pour construire des hangars<br />

agricoles. Ils sont nettement visibles depuis les axes ouest-est (D168, D32) mais<br />

aussi depuis la table d'orientation placée un kilomètre au nord est du hameau<br />

« Les Monges ».<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

Le dossier est donc complet. Les nuisances sont avérées, justifient l'éloignement<br />

du bâti mais sont compensées conformément à la réglementation. Le trafic<br />

routier ne sera pas significativement dégradé par les transports générés par cette<br />

installation.<br />

L'atteinte au potentiel du cru créé par la disparition de moins de 1% de la<br />

surface déclarée ne me paraît pas de nature à menacer la hiérarchisation en<br />

cours.<br />

Les éléments sont suffisants pour justifier la dérogation à la loi littoral et la<br />

construction en zone agricole.<br />

Toutefois, une prolifération à venir de constructions obtenant des dérogations<br />

reviendrait dans les faits à un mitage.<br />

O.3 : Monsieur de VULLIOD, propriétaire du bâtiment « la bergerie », située<br />

dans le hameau de Château Moujan, mais au nord de la D 168 et à environ 400<br />

mètres du projet déclare :<br />

« s'opposer à la construction du bâtiment mais pas pour ce projet s'il se fait<br />

ailleurs.<br />

Ce bâtiment va me gâcher la vue sur Narbonne,<br />

augmenter les nuisances existantes, bruits, voitures, camions, odeurs,<br />

et l'activité qui y sera faite sera industrielle et non agricole,<br />

dans un site qui a été protégé...<br />

et je crains un agrandissement par la suite ».<br />

En outre, il estime que le panneau d'affichage sur le site (affichage du permis de<br />

construire et de l'arrêté d'enquête publique) n'est pas réglementaire car le<br />

panneau était appuyé contre le mur du transformateur EDF qui n'appartient pas<br />

à la société Gérard <strong>Bertrand</strong> mais au Château Moujan qui l'utilise toujours.<br />

Analyse :<br />

<strong>La</strong> question d'une installation « ailleurs » a été analysée en O.1.<br />

<strong>La</strong> vue sur Narbonne a fait l'objet à ma demande d'une étude. Elle a été menée<br />

par le cabinet de Géomètre Chessary. Il en ressort que « le bâtiment ne<br />

bouchera pas la vue sur la cathédrale de Narbonne pour les personnes situées<br />

aux fenêtres du rez de chaussée de la Bergerie ».<br />

14


Monsieur de Vulliod est un des principaux concernés par les nuisances de cette<br />

<strong>ICPE</strong> en raison de l'implantation de sa demeure à quelques centaines de mètres<br />

de l'installation.<br />

L'analyse de l'observation O.2 pour les nuisances liées à la circulation et aux<br />

effluents vaut pour la présente observation.<br />

Aucune expertise n'a été opposée aux conclusions de l'annexe 28 sur le bruit<br />

(« les valeurs limites réglementaires des émergences sont respectées »). Il en est<br />

de même pour la nuisance en matière de pollution de l'air dont le dossier en<br />

page 44 déclare les impacts nuls en fonctionnement normal. En cas d'accident,<br />

les mauvaises odeurs n'auraient qu'un effet de gêne sans effet sur la santé, les<br />

gaz étant très volatiles.<br />

Le caractère industriel et non pas agricole du projet. Voir l'analyse de<br />

l'observation O.1.<br />

<strong>La</strong> crainte d'une extension fait l'objet d'une affirmation par la société Gérard<br />

<strong>Bertrand</strong> dans son mémoire : « aucune extension n'est prévue sur ce site ».<br />

L'emplacement du panneau : Le panneau était parfaitement visible de la route et<br />

lisible pour une personne placée sur le goudron. J'ai toutefois demandé à la<br />

mairie de Narbonne de déplacer ce panneau dans l'instant où Monsieur de<br />

VullIod m'a fait part de sa remarque. Le panneau d'avis d'enquête a été déplacé<br />

le jour même.<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

Les conclusions du service de l’État en charge du contrôle de légalité<br />

m'amènent à penser qu'on ne peut classer ce projet dans le registre des bâtiments<br />

industriels.<br />

Les nuisances se situent dans les limites réglementaires.<br />

O.4 : Monsieur Thomas NEGRE vigneron depuis dix ans au Château Ricardelle<br />

a rencontré le commissaire enquêteur le 29 avril et lui a remis un courrier.<br />

Il constate que <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> est un « écrin de nature façonné par l'homme » et<br />

déclare ne pas être « contre le projet de Monsieur Gérard <strong>Bertrand</strong> mais<br />

totalement contre son emplacement... dans une entrée de massif comme tête de<br />

proue de notre terroir, dans des parcelles AOC <strong>La</strong>nguedoc protégées par<br />

l'INAO, dans une zone semi-inondable impliquant des risques de pollution<br />

importants ».<br />

Il rappelle qu'une « ZAC équipée en bord d'autoroute existe et doit être le lieu<br />

d'accueil pour ce projet ».<br />

Il s'inquiète aussi des conséquences du trafic supplémentaire généré par cette<br />

installation sur la circulation déjà difficile à ce « goulot d'étranglement ».<br />

Par ailleurs, il s'interroge sur la façon dont pourrait vieillir cette architecture<br />

moderne.<br />

Analyse :<br />

Paysage<br />

Voir l'analyse de l'observation O.1.<br />

15


Protection des parcelles par l'INAO : voir mon analyse en regard de<br />

l'observation O.2.<br />

Les problématiques d'une installation à un autre emplacement et de l'impact sur<br />

la circulation ont été analysées respectivement en regard de l'observation O.1 et<br />

O.2.<br />

Risques d'inondation :<br />

L'analyse des risques et des mesures à prendre fait l'objet par Arrêté préfectoral<br />

2008-11-4988 du Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI) Basses<br />

Plaines de l'Aude. <strong>La</strong> page 16 du rapport de présentation du PPRI précise que la<br />

limite de zone inondable détermine les terrains qui relèvent « de l'interdiction<br />

ou du contrôle strict de l'extension de l'urbanisation avec pour objectif la<br />

préservation du rôle déterminant de ces champs d'expansion des crues. Ces<br />

principes s'expriment donc au travers d'une limitation stricte des occupations<br />

ou utilisations du sol susceptibles de faire obstacle à l'écoulement des eaux ou<br />

de restreindre les volumes de stockage offerts aux crues ». Cette limite se fixe<br />

en fonction d'une crue de référence qui dans cette zone est celle de mars 1930.<br />

Elle correspond à cet endroit à deux aléas à la fois, les crues de l'Aude et les<br />

montées de la mer.<br />

Sur la carte des aléas, la zone du projet est située entre les niveaux de référence<br />

4 mètres et 4,60 mètres. Les plans d'architecte fournis par le maître d'ouvrage<br />

montrent que la totalité du bâti, et du bassin de rétention se situe à plus de 8<br />

mètres. En conséquence, le directeur départemental de la DDEA atteste le 2<br />

septembre 2009 que le projet n'est pas soumis au risque inondation retenu dans<br />

le PPRi.<br />

Architecture<br />

Les architectes du projet présentent (en page 21 du dossier de demande de<br />

dérogation) la Dominus Winery à Napa Valley comme leur référence. Ce chai<br />

est présenté dans le livre de Hans Hartje « les plus beaux chais du Monde »,<br />

paru en 2005 aux éditions Artemis comme « le plus spectaculaire des<br />

exemples ». Ce chai a été conçu en 1996. Le fait qu'il ait été retenu dans un livre<br />

paru une dizaine d'années plus tard semble répondre à l'inquiétude sur son<br />

aptitude à vieillir sur le plan esthétique.<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

<strong>La</strong> dégradation des composantes de l'esthétique et de l'authenticité des paysages<br />

peut en effet nuire au patrimoine collectif comme à l'image du produit. Mais si<br />

le paysage se préserve, il est tout aussi vrai comme l'a écrit Monsieur NEGRE<br />

qu'il s'est façonné par la main de l'homme. Il convient de le préserver ce qui ne<br />

correspond pas toujours à le figer, ce que d'ailleurs le changement climatique ou<br />

la déprise agricole rendent parfois presque impossible.<br />

J'estime que le risque de pollution par inondation est particulièrement faible et<br />

qu'une inondation cataclysmique de l'envergure de celle qui atteindrait à cet<br />

endroit les 9 mètres aurait d'autres conséquences sur l'agglomération qui a<br />

accepté ce risque.<br />

16


O.5 : Monsieur Bruno PELLEGRINI dans une lettre dénonce « une dégradation<br />

future et certaine du paysage... il faut défendre et protéger notre île de toutes<br />

interventions externes … cette hypothèque aux générations qui nous suivent», il<br />

ne comprend pas pourquoi ce site a été choisi pour « une installation<br />

industrielle » et se montre convaincu que « l'installation déclarée cave viticole<br />

n'a aucun rapport avec la production des vins de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> pour laquelle existe<br />

le chai du Château Hospitalet … un faible volume de l'ordre de 3-5% ».<br />

Il demande un changement d'emplacement regrette que « le permis de<br />

construire a été accordée sans consulter, ni le syndicat viticulteurs de la <strong>Clape</strong>,<br />

ni les viticulteurs voisinant le site ».<br />

Monsieur PELLEGRINI m'a aussi fait part oralement de son interrogation sur ce<br />

qu'il adviendrait du trafic au cas où la route de Narbonne serait interdite<br />

plusieurs jours en raison des inondations.<br />

Analyse :<br />

<strong>La</strong> protection du paysage a été analysée en regard des observations O.1 et O.4.<br />

L'installation du projet sur une zone d'activités a été analysée en regard de<br />

l'observation O.1.<br />

Le lien entre les productions traitées par le projet et la production du groupe<br />

Gérard <strong>Bertrand</strong> dans <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> : Si Monsieur Pellegrini évalue entre 3 et 5%, la<br />

SPH Gérard <strong>Bertrand</strong> dans son mémoire déclare qu' « il est d'environ 10% pour<br />

les volumes actuellement traités à L'Hospitalet ».<br />

<strong>La</strong> question de l'absence de concertation avec les viticulteurs et le syndicat par<br />

la mairie, trouve des éléments de réponse dans l'article L. 300-2 du code de<br />

l'urbanisme, qui ne prévoit pas cette concertation au motif que l'opération<br />

d'aménagement n'est pas réalisée par la commune ou pour son compte. En<br />

revanche comme le prévoit la loi, le conseil municipal de Narbonne a délibéré<br />

dans le cadre du dossier d'autorisation <strong>ICPE</strong> et approuvé le projet. <strong>La</strong> lettre du<br />

groupe d'opposition municipale analysée en O.1, expose pour l'essentiel les<br />

mêmes arguments que les viticulteurs qui se sont exprimés lors de l'enquête<br />

publique. Les arguments soutenus entre autres par Monsieur Pellegrini ont donc<br />

été discutés par les élus de la commune.<br />

Par ailleurs, le fait que le permis ait déjà été accordé ne signifie pas que les<br />

diverses procédures autorisent le début des travaux. En effet, l'article 512-2 du<br />

code de l'environnement précise que « Si un permis de construire a été<br />

demandé, il peut être accordé mais ne peut être exécuté avant la clôture de<br />

l'enquête publique réalisée conformément au chapitre III du titre II du livre Ier<br />

du présent code ».<br />

Enfin, le Maire de Narbonne a proposé une réunion à chacun des requérants<br />

mobilisés dans l'affaire du permis de construire. <strong>La</strong> réunion entre la mairie et les<br />

requérants aurait été suivie d'un échange avec Monsieur Gérard <strong>Bertrand</strong>. <strong>La</strong><br />

réunion proposée pour la date du 19 mai n'a pu avoir lieu.<br />

17


Avis du commissaire enquêteur<br />

Le projet respecte les procédures.<br />

O.6 Madame Isabelle ROUGERIE, disposant d'un emploi administratif dans un<br />

domaine viticole de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong>, fait part de son indignation « concernant la<br />

construction d'une usine d'embouteillage... à l'entrée du massif de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> »,<br />

ce projet représente « un gros gâchis visuel et écologique ». Elle s'interroge sur<br />

l'itinéraire des « camions pour accéder à l'usine d'embouteillage » en cas<br />

d'inondation, et sur l'engorgement du réseau routier aux heures du retour des<br />

plages.<br />

Analyse<br />

<strong>La</strong> protection du paysage a été analysée en regard des observations O.1 et O.4.<br />

Le gâchis écologique : Cette menace est écartée selon l'étude des Écologistes de<br />

l'Euzière d'une part, et d'autre part l'avis PD/NL 674/10 du 16 décembre 2010 de<br />

l'autorité environnementale sur le projet de la cave viticole qui précise : « la<br />

protection de l'environnement est bien prise en compte... et les mesures prévues<br />

sont adaptées aux enjeux ».<br />

Les conséquences d'une fermeture de la D168 en cas d'inondation : Le maître<br />

d'ouvrage dans son mémoire annonce qu'« il n'y aura pas de rotations de poids<br />

lourds en cas d'inondations. Le site pourra vivre en autonomie pendant 6 à 8<br />

jours. Ce n'est pas un site logistique ».<br />

L'engorgement du réseau routier a été analysé en regard des observations O.2.<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

Ces interrogations légitimes trouvent réponse dans l'avis du commissaire<br />

enquêteur aux points précédents et dans l'avis de l'autorité environnementale.<br />

O.7 : Monsieur Peter WILDBOLZ vigneron au Mas du Soleilla à <strong>La</strong> <strong>Clape</strong>,<br />

constate par courrier que « la plaine et les marécages qui l'entourent (le massif<br />

de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> qu'il qualifie de « réserve naturelle ») ont été épargnés d'une<br />

urbanisation ». Il ne conteste pas qu'une « entreprise qui réussit doit avoir les<br />

moyens de se développer. Elle contribue ainsi à la création de richesses pour<br />

toute une région ». Il propose que l'installation se fasse dans une zone<br />

aménagée.<br />

Il demande que l'exception à l'échelle nationale de l'existence d'une route reliant<br />

les plages sans zone d'activité commerciale ou industrielle soit préservée.<br />

Il s'inquiète du précédent de cette dérogation et demande « avec quel argument<br />

empêchera-t-on un autre vigneron de construire son chai sur des parcelles<br />

voisines » et comment se gardera-t-on d'une prolifération d'autres constructions.<br />

Il juge accessoire le lien entre le Domaine de L'Hospitalet et l'importance des<br />

capacités de production de l'installation projetée.<br />

Il dénonce l'effet trompe l’œil de la présentation du dossier qui présente des pins<br />

plus hauts que les bâtiments alors que ceux-ci ont 11 mètres de haut.<br />

Il s'interroge sur le trafic routier en cas d'inondation.<br />

18


Il doute de la capacité de traitement et de stockage du site pour les eaux de pluie<br />

et les effluents.<br />

Analyse<br />

<strong>La</strong> <strong>Clape</strong>, réserve naturelle : Le massif de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> n'est pas à proprement<br />

parler une réserve naturelle, c'est un site classé. <strong>La</strong> réserve naturelle la plus<br />

proche est l'île de sainte Lucie près de Port <strong>La</strong> Nouvelle. Les aménagements<br />

réalisés en périphérie immédiate d’un site classé doivent respecter les<br />

caractéristiques de celui-ci. Sur le plan des paysages, la commission<br />

départementale des paysages a considéré que c'était le cas.<br />

L'implantation de cette installation ailleurs a été analysée en regard de<br />

l'observation O.1<br />

Précédent créé par cette dérogation (voir analyse et avis de l'observation 8, ci<br />

dessous)<br />

Effet trompe l’œil dans le dossier de la hauteur des bâtiments par rapport aux<br />

arbres : Les cyprès sont des arbres ou des arbustes buissonnants, sempervirents,<br />

pouvant atteindre une hauteur de 5 à 40 mètres. Le cyprès commun mesure une<br />

quinzaine de mètres. Le pin parasol mesure de 15 à 25 mètres. Ces hauteurs<br />

correspondent bien sûr à des arbres adultes, il faudra attendre des années avant<br />

qu'ils déploient leur volume maximal. Ce n'est donc qu'à terme que les images<br />

présentées dans le dossier d'enquête pourront correspondre à la réalité en ce qui<br />

concerne la végétalisation du site.<br />

L'impact sur le trafic routier a été analysé en regard de l'observation O.2.<br />

Capacité de traitement des eaux : L'annexe 8 du dossier détaille le calcul<br />

effectué pour le dimensionnement des mesures compensatoires à<br />

l'imperméabilisation des sols. Aucune expertise contraire infirmant ces calculs<br />

ne m'a été adressée. <strong>La</strong> question des effluents a été analysée en regard de<br />

l'observation O.2.<br />

En outre, le mémoire de la société précise qu'au cas où les terrains réservés à<br />

l'arrosage seraient sous les eaux d'une inondation, « nous proposons de<br />

raisonner par priorité de risque : délester le bassin d'une faible partie de ses<br />

eaux pluviales, et y stocker les effluents en attente d'épandage ».<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

Les images de la végétalisation du projet présentées dans le dossier peuvent<br />

correspondre à terme à la réalité.<br />

Le maître d'ouvrage a pris en compte les conséquences d'une inondation sur le<br />

processus du traitement des effluents.<br />

O.8. : Monsieur et Madame de CHEFDEBIEN ont remis un courrier dans lequel<br />

ils approuvent le projet mais déclarent le site « particulièrement mal choisi » en<br />

raison de la « pollution visuelle » qu'il génère, de l'aggravation des conditions de<br />

circulation routière, et du risque de pollution par les eaux rejetées notamment en<br />

période d'inondation.<br />

19


Madame de CHEFDEBIEN m'a aussi fait part de son interrogation sur la raison<br />

qui avait amené les services de la Préfecture à invalider il y a quelques années<br />

un projet de construction de cave vinicole présenté par Monsieur RIBOUREL<br />

non loin de leur domaine des Monges, et à accorder aujourd'hui à la société<br />

Gérard <strong>Bertrand</strong> une dérogation pour un projet en partie comparable.<br />

Analyse :<br />

Ces observations ont fait l'objet d'une analyse en regard des observations<br />

précédentes.<br />

Le risque de saturation pour le traitement des eaux en période d'inondation est<br />

analysé en regard de l'observation O.7.<br />

<strong>La</strong> comparaison entre le cas du projet de Monsieur RIBOUREL et celui de la<br />

SPH Château L'Hospitalet. En réponse à cette interrogation, le directeur<br />

départemental des territoires et de la mer m'a écrit le 9 mai que « les contraintes<br />

imputables aux parcelles situées au sud de la parcelle retenue par la SPH<br />

Château L'Hospitalet, et notamment au niveau du domaine des Monges, sont<br />

beaucoup plus importantes qu'au lieu dit « Moujan », tant en termes de paysage<br />

que de biodiversité. Les deux sites ne sont donc pas du tout comparables pour<br />

ce qui est des contraintes environnementales. Les avis remis au titre des<br />

différentes procédures réglementaires ne sont donc pas transposables ».<br />

Pour sa part la mairie rappelle que la commission des sites avait émis un avis<br />

défavorable et qu'en outre le projet rejeté se déployait à l'intérieur du site classé<br />

et non en bordure comme c'est le cas pour le projet de la SPH Gérard <strong>Bertrand</strong>.<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

L'explication de la mairie et celle du directeur départemental écarte cette<br />

inquiétude sur l'incohérence des décisions des services compétents.<br />

Par ailleurs, la présentation des contraintes environnementales plus lourdes au<br />

sud du lieu dit « Moujan » permet d'espérer qu'il n'y aura pas « mitage » de cette<br />

zone dans les années à venir.<br />

O.9. : Monsieur de BRAQUILANGES, propriétaire de Château Moujan et<br />

ancien Président du cru <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> s'est entretenu avec moi et a écrit une<br />

observation dans le registre. Il juge incongru « ce projet de construction de<br />

cave, d'usine, de local industriel » qu'il souhaite voir s'installer dans une zone<br />

industrielle, ou à Celeyran.<br />

Il craint « une pollution oculaire même si le projet est beau, une pollution<br />

visuelle et auditive, un énorme problème de circulation surtout l'été ».<br />

Il juge que le projet nie « l'aspect artisanal des vignerons de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> ».<br />

Il imagine comme très probable une extension de l'installation une fois<br />

construite.<br />

Il demande des éclaircissements sur la question de l'alimentation électrique.<br />

Analyse<br />

Installation de ce projet dans un autre lieu ; nuisances : voir les analyses de ces<br />

points à l'occasion des observations précédentes.<br />

20


Aspect artisanal des vignerons de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> : Château L'Hospitalet est déjà un<br />

des plus gros producteur de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong>, son fonctionnement actuel ne relève pas à<br />

proprement parler de l'artisanat.<br />

Alimentation électrique : Le mémoire du maître d'ouvrage annonce : « Le site<br />

aura une alimentation électrique autonome, différente du transformateur<br />

existant. Nous comptons sur ERDF pour remplacer le transformateur existant<br />

… par une unité de distribution moderne et plus discrète, mieux insérée dans<br />

l'environnement. ERDF sollicitée pour le permis de construire a émis un avis<br />

positif ».<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

En faisant le choix d'être « une société de référence de la Région <strong>La</strong>nguedoc<br />

Roussillon » la société Gérard <strong>Bertrand</strong> s'éloigne en effet un peu plus du modèle<br />

au « caractère artisanal des autres vignerons » que regrette Monsieur de<br />

Braquilanges. Mais l'existence dans cette société de partenariats avec des caves<br />

coopératives ou particulières semble montrer que le caractère artisanal n'est pas<br />

en soi menacé par le projet. Par ailleurs, on peut espérer que des retombées<br />

positives du projet bénéficieront aux autres vignerons de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong>.<br />

O.10. : Madame Hélène de BRAQUILANGES a adressé un courrier daté du 1<br />

avril bien que reçu à la mairie le 5 mai, c'est à dire après la clôture de l'enquête.<br />

Cette dame âgée habite au Château Moujan et redoute l'aggravation des<br />

conditions de circulation. Elle rappelle que le transformateur appartient au<br />

Château Moujan et ne comprend ni la présence d'enseignes bénéficiant à<br />

L'Hospitalet ni la mise en peinture du transformateur. Elle affirme enfin que la<br />

création de cette installation ne créera pas d'emploi, et même qu'elle pourrait<br />

conduire la société à diminuer ses effectifs.<br />

Analyse :<br />

<strong>La</strong> question du trafic routier a déjà été analysée.<br />

Monsieur de Braquilanges m'a dit oralement que c'est dans le cadre d'un accord<br />

verbal que la société Gérard <strong>Bertrand</strong> a mis en place des enseignes ; et que EDF<br />

a entrepris la peinture du transformateur, là aussi avec son accord.<br />

Enfin, la question de l'impact sur l'emploi fait l'objet dans le mémoire remis par<br />

la société d'une prévision d'embauche d'une centaine de personnes dans les cinq<br />

prochaines années.<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

Le transformateur est aujourd'hui une verrue chargée de tags et de panneaux<br />

d'affichages non réglementaires. Une curieuse peinture bleue ciel apposée sur le<br />

haut du bâtiment jure dans le paysage aux abords du site classé. Un accord entre<br />

ERDF, la famille de Braquilanges, actuelle bénéficiaire de ce transformateur, et<br />

la société Château L'Hospitalet paraît très souhaitable pour améliorer l'aspect de<br />

ce carrefour.<br />

Les enseignes du Château L'Hospitalet mériteraient aussi d'être démontées de<br />

cette friche.<br />

21


Analyse des questions formulées directement par le commissaire enquêteur :<br />

J'ai demandé à la société Gérard <strong>Bertrand</strong> de fournir des précisions sur deux<br />

points particuliers :<br />

L'affichage et les enseignes qu'il compte mettre en place sur ces parcelles et sur<br />

le bâtiment lui même.<br />

<strong>La</strong> question de l'affichage est sensible pour les paysages mais aussi pour le<br />

bénéfice économique qu'il peut apporter.<br />

Analyse<br />

Des infractions à la réglementation et à la charte signalétique élaborée sous le<br />

pilotage du parc naturel régional commises par plusieurs intervenants incitent à<br />

l'inquiétude, elles sont visibles en de nombreux points du site classé et de la<br />

plaine entre Narbonne et le site classé.<br />

Dans son mémoire, la SPH Gérard <strong>Bertrand</strong> annonce que « il n'y aura aucune<br />

enseigne lumineuse sur le site...il est évident qu'aucun des sites ne cherche à se<br />

mettre en valeur par des enseignes démesurées. <strong>La</strong> qualité architecturale du<br />

bâtiment est suffisante ».<br />

Compatibilité de l'arrosage avec le statut AOC<br />

Le traitement des effluents se fait notamment par arrosage de la vigne. Or la<br />

réglementation AOC limite l'arrosage. <strong>La</strong> question se pose de la compatibilité<br />

entre arrosage et statut AOC.<br />

Analyse<br />

L’irrigation de la vigne est régie par le décret n° 2006-1527 du 4 décembre 2006<br />

qui stipule ses conditions de mise en œuvre :« Art. D. 641-89-2. - I. -<br />

L'irrigation des vignes aptes à la production de vins à appellation d'origine est<br />

interdite du 1er mai à la récolte. « Des règles plus restrictives peuvent être<br />

fixées dans le décret ou l'arrêté de définition de l'appellation d'origine. « II. -<br />

Dans la mesure où le décret ou l'arrêté de définition de l'appellation d'origine le<br />

prévoit, pour une récolte déterminée et si les conditions écologiques le justifient,<br />

l'irrigation des vignes peut être autorisée, à titre exceptionnel, entre les stades<br />

phénologiques correspondant à la fermeture de la grappe et à la véraison, à<br />

partir du 15 juin au plus tôt et jusqu'au 15 août au plus tard.<br />

En réponse à ma question sur la compatibilité entre ce traitement des effluents et<br />

les limitations imposées par le statut AOC, la société Gérard <strong>Bertrand</strong> déclare<br />

dans son mémoire : « Le traitement sera réalisé sur la prairie dimensionnée à<br />

cet effet. En cas de problème, les effluents pourront être pompés et traités en<br />

distillerie ».<br />

Avis du commissaire enquêteur<br />

Je considère donc que ces deux points ont été pris en compte.<br />

22


CONCLUSIONS MOTIVÉES ET AVIS DU COMMISSAIRE<br />

ENQUETEUR :<br />

L’enquête publique en vue d'autoriser la SPH Gérard BERTRAND Château<br />

L'Hospitalet à Narbonne à exploiter une nouvelle unité de préparation et de<br />

conditionnement de vins s’est déroulée dans les communes de Narbonne et<br />

d'Armissan du 4 avril au 3 mai <strong>2011</strong> dans le respect de la réglementation et n’a<br />

donné lieu à aucun incident.<br />

-Considérant que le projet représente une extension du bâti dans une zone<br />

agricole en limite de site classé dans une commune concernée par la Loi Littoral<br />

et, qu’à ce titre, les craintes qui ont été exprimées au cours de l’enquête sont<br />

parfaitement compréhensibles ;<br />

-Considérant comme un pré-requis que tous les engagements actés dans le<br />

dossier et le mémoire en réponse seront tenus et que toutes les prescriptions<br />

(§14 page 40 du dossier de demande d'autorisation) et mesures compensatoires<br />

annoncées par la SPH Gérard <strong>Bertrand</strong> (§ D, pages 43 à 46 du dossier de<br />

demande d'autorisation) seront mises en œuvre ;<br />

-Considérant que les procédés, moyens techniques et pratiques qui sont énoncés<br />

dans le dossier et décrits dans le mémoire en réponse à mes questions sont bien<br />

de nature à réduire les risques induits par le projet ;<br />

-Considérant que le dossier soumis à enquête publique est bien complet et<br />

régulier ;<br />

-Considérant que les bâtiments ne seront pas en zone inondable ;<br />

-Considérant l'avis du 9 mai <strong>2011</strong> du directeur départemental des Territoires et<br />

de la mer pour qui « le dossier de permis de construire démontre le caractère<br />

agricole du bâtiment. Ce document expose également en quoi ce bâtiment est<br />

nécessaire à l'exercice d'une activité agricole » ;<br />

-Considérant donc que le projet est conforme au Plan Local d'Urbanisme ;<br />

-Considérant en matière de bio diversité que « la zone du projet apparaît<br />

comme extrêmement pauvre sur la thématique du patrimoine naturel » et que<br />

les sites d'intérêt sont éloignés et non directement concernés par<br />

l'aménagement ;<br />

-Considérant que le trafic supplémentaire généré par ce projet n'atteindra jamais<br />

un pour cent du trafic moyen journalier et ne sera donc pas de nature à<br />

transformer les conditions habituelles de circulation ;<br />

-Considérant l'avis favorable unanime de la commission départementale de la<br />

nature, des paysages et des sites ;<br />

-Considérant les délibérations favorables des conseils municipaux de Narbonne<br />

et d'Armissan ;<br />

-Considérant la qualité architecturale du projet qui véhicule une image rajeunie<br />

des installations dédiées à la production du vin insérées dans le vignoble et qui<br />

participent à l'élaboration du paysage sans pour autant le dénaturer ;<br />

23


-Considérant que l'image d'une installation moderne de vinification à<br />

l'architecture de qualité implantée au milieu des vignes peut être<br />

complémentaire et non antagoniste de l'image de vignerons au caractère<br />

artisanal travaillant sur leurs domaines ;<br />

-Considérant que ce projet est porteur de dynamisme économique dont les<br />

retombées ne se limiteront pas aux emplois créés par l'essor attendu de la SPH<br />

Gérard <strong>Bertrand</strong> et bénéficieront très probablement à l'image des vins de la<br />

région de Narbonne et particulièrement à ceux produits dans l'aire de <strong>La</strong> <strong>Clape</strong> ;<br />

Le commissaire enquêteur émet à l’égard de cette demande d'autorisation de<br />

la SPH Gérard BERTRAND Château L'Hospitalet à Narbonne en vue<br />

d'exploiter une nouvelle unité de préparation et de conditionnement de vins un :<br />

AVIS FAVORABLE<br />

avec les recommandations suivantes :<br />

-démontage sans délai des enseignes Château L'Hospitalet apposées sur le<br />

transformateur<br />

-entente entre les propriétaires du transformateur, du bâtiment de pompage et<br />

ERDF pour faire disparaître ou remplacer ces bâtiments vétustes.<br />

Fait et clos le 1 er juin <strong>2011</strong><br />

Éric <strong>La</strong>velaine de Maubeuge, commissaire enquêteur<br />

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ANNEXES<br />

A 1 : Arrêté préfectoral N°<strong>2011</strong>-059-0006 du 03 mars <strong>2011</strong> relatif à l’ouverture<br />

d’une enquête publique<br />

A 2 : Désignation du commissaire enquêteur par décision n° E11000041/34 du<br />

15 février <strong>2011</strong> du Président du Tribunal Administratif de Montpellier<br />

A 3 : Publicités légales du 12 mars dans L'IND<strong>EP</strong>ENDANT et dans le MIDI<br />

LIBRE<br />

A 4 : Délibération du conseil Municipal de Narbonne du 1 er avril<br />

A 5 : Délibération du conseil Municipal d'Armissan du 16 mai<br />

A 6 : Procès verbal des observations du public et mémoire en réponse du maître<br />

d'ouvrage<br />

A 7 : Certificat d’affichage de l’avis au public de la mairie de Narbonne, et<br />

réponses aux questions du commissaire enquêteur.<br />

A 8 : Certificat d’affichage de l’avis au public de la mairie d'Armissan<br />

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