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Une Voie sans issue ?<br />
Quelle utopie nous reste-t-il alors...<br />
Parce qu’elle a cessé de croire à l’utilité de poser des petits cailloux, <strong>Ulrike</strong><br />
Meinhof passe <strong>du</strong> journalisme à la lutte armée qui à mon sens ne pouvait être autre<br />
chose que désespérée et sans issue. Elle empreinte une voie que je ne<br />
prendrais jamais, la clandestinité armée, mais je comprends son<br />
scandale, ses revendications, ses dénonciations et son rêve. Cette<br />
position radicale ne va pas sans poser de questions auxquelles il est juste de se<br />
confronter aujourd’hui :<br />
Quand un système est vécu de façon inégalitaire et sans espoir d’en sortir,<br />
comment s’étonner qu’il y ait un recours à la violence comme mode de résistance ?<br />
A quoi correspond ce choix radical ? N’est-ce que <strong>du</strong> romantisme ?<br />
Pour notre génération, les trentenaires, comment se fait-il que cet idéal politique<br />
d’une société plus juste semble à ce point utopique voire d’un autre temps ?<br />
Mais quelle utopie nous porte alors ? Quels modes d’action nous reste-il ?<br />
Dans les cahiers libres n°337 de Maspéro, on peut lire :<br />
«<strong>Ulrike</strong> Meinhof aimait trop la vie pour accepter le système qui l’a finalement<br />
écrasée ».<br />
S’armer en pensée et en sensibilité ?<br />
J’aime trop la vie pour ne pas me poser les questions qu’<strong>Ulrike</strong> Meinhof soulève<br />
mais je sais aussi qu’aucune réponse si tant est qu’il y en ait une ne justifie d’ôter<br />
une seule vie, je l’aime trop pour cela aussi. Reste le théâtre pour poser ces<br />
contradictions. Reste l’espoir qu’il peut faire bouger peut-être un peu le<br />
monde. C’est un travail de fourmi mais c’est le seul auquel je crois profondément.<br />
C’est le seul pour lequel je consacrerai ma vie.