Guadeloupe - Le Mois du Film Documentaire

Mois du Film Documentaire • Novembre 2008 • 9 ème Edition • www.moisdudoc.com
Edito
LE DOUKOU DU BAMBOU
Mémoire, Mémoires, Paroles, Récit, Transmission
Georges s’est éteint avant de répondre à la question de son neveu, Max :
«à quelle lune doit-on couper le bambou ?». La transmission n’a pas eu lieu.
Rempli de colère et de douleur, il s’en va jurant contre ce proche qui est parti
avec un savoir-faire qu’il ne lui transmettra jamais…
La mémoire c’est la conservation d’événements qui deviennent des impressions qui
influent sur toute notre vie, nos comportements, nos habitudes. Nous gardons la
mémoire des gestes, des savoirs faire, des émotions, celle transmise par nos parents,
celle apprise sur les bancs de l’école…
Mais qu’en est-il de l’autre, celle non transmise, celle qui donne un autre point de vue,
celle qu’on a lue, caché sous les couvertures, celle susurrée par une voisine…
Parce que celle-là elle dérange : l’ordre, le quotidien, les habitudes.
Cette édition du Mois du Film Documentaire 2008, fait donc acte de mémoire en donnant
à voir des récits de mémoire au travers des images de réalisateurs du monde entier :
> histoires familiales intimes
(«Le pays à l’envers» - Guadeloupe), «Secretos de lucha» - France)
> histoires politiques
(«Rue Santa Fe» - Chili), «Ecrivains des frontières, un voyage en Palestine» - Israël)
> histoires sociales
(«No, the rape Documentary» USA, «Les 16 de Basse-Pointe» Martinique),
> en montrant des événements inconnus, effacés, voire occultés
(«Les enfants du blanc» France).
Rester dans l’ignorance ou faire semblant d’oublier, ne pas dire, peut empêcher d’appréhender
le présent, de vivre pleinement.
Plusieurs temps rythmeront ce mois de novembre :
• temps de regard avec les films proposés en différents lieux et lors de la soirée consacrée
aux documentaires de la Région Caraïbe.
• temps de réflexion pour tenter d’appréhender les difficultés de la transmission des
savoirs, savoir-faire et savoir-être.
• temps de rencontres avec les réalisateurs qui transmettent leur point de vue par le
biais des images et qui se doivent de respecter une certaine éthique pour recueillir et
filmer la parole qui leur est confiée.
• temps de formation, d’éducation à l’image pour les scolaires, les professionnels et
médiateurs (livre et image), le grand public.
Ces moments singuliers s’inscriront, nous l’espérons, dans une page de la mémoire
collective de la Guadeloupe.
«La mémoire est très importante parce qu’il faut
une base solide pour s’asseoir quelque part. Mais l’appel de l’avenir
est d’une importance capitale dans le monde d’aujourd’hui».
Tierno Monénembo, écrivain guinéen.
Bibliothèques & médiathèques de Guadeloupe - Du 04 au 29 novembre 2008 9