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La revue des Secrétaires généraux (N°9) - ASG - Amue

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D’ÉTABLISSEMENTS PUBLICS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE RECHERCHE<br />

JUILLET 2002 • N°9


SOMMAIRE<br />

Edito ............................................................................................... p.5<br />

Gestion <strong>des</strong> Ressources Humaines<br />

Deux analyses statistiques<br />

comparées sur les changements de corps..........................................p. 6<br />

Gouvernance<br />

Les Mues de l’Agence.......................................................................p.12<br />

Comment rendre l’université plus “pédagogique” .............................p.20<br />

Quelques pistes d’action à extraire du rapport sur les<br />

“jeunes et les étu<strong>des</strong> scientifiques” ...................................................p.23<br />

Vie étudiante<br />

L’accueil <strong>des</strong> étudiants étrangers .......................................................p.24<br />

Santé et offre de logement ...............................................................p.28<br />

L’avis du Conseil d’Etat .....................................................................p.29<br />

International<br />

Concertation <strong>des</strong> Conférences<br />

<strong>des</strong> Présidents Recteurs d’Europe <strong>La</strong>tine ...........................................p.30<br />

SOMMAIRE<br />

Dossier : Relations avec les collectivités territoriales<br />

Bordeaux :<br />

du développement local à l’ouverture européenne ..........................p.34<br />

Errata ..............................................................................................p.41<br />

Intervention de M.CYTERMANN .....................................................p.42<br />

Séminaire annuel <strong>des</strong> chanceliers (Kanzler)<br />

<strong>des</strong> universités alleman<strong>des</strong>, et de ses paradoxes ...............................p.46<br />

Pour une dévolution<br />

de leur patrimoine aux universités ...................................................p.50<br />

Le SAIC et les partenaires externes<br />

de l’établissement ...........................................................................p.52<br />

L’expérience de PARIS XIII ...............................................................p.56<br />

TVA : Ce qui va changer en 2003 ....................................................p.57<br />

Relations avec les collectivités territoriales :<br />

la solidarité communale ..................................................................p.58<br />

Débat<br />

Autour de la neutralité ....................................................................p.60<br />

Rubriques<br />

Miroir du forum ...............................................................................p.68<br />

De la Territoriale à l’Université, un aller avec retour ..........................p.74<br />

Le Secrétaire Général ........................................................................p.76<br />

Le magasin pittoresque.....................................................................p.77<br />

Hommage à Jean-Luc Gaboreau........................................................p.78<br />

3


“ ”<br />

Le Conseil<br />

d’Administration<br />

Président :<br />

Vice-Présidents :<br />

Secrétaire :<br />

Trésorier :<br />

BUREAU<br />

Pascal AIMÉ<br />

Jean-Pascal BONHOTAL<br />

Monique RONZEAU<br />

Jacques TALBOT<br />

Luc ZIEGLER<br />

Monique RONZEAU<br />

AUTRES MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION<br />

Gérard BARBERAN<br />

Yves CHAIMBAULT<br />

Michel CLEMENS<br />

Françoise GRANGER<br />

Christian HORGUES<br />

Annie JULIEN<br />

Odile MARCOUYOUX<br />

François PAQUIS<br />

Jean-Jacques PELLEGRIN<br />

Didier RAMOND<br />

Georges ROQUEPLAN<br />

4


EDITO<br />

EDITO<br />

Chers collègues,<br />

Pascal Aimé<br />

Président de l’Association<br />

<strong>des</strong> Secrétaires Généraux<br />

Vous constaterez en vous plongeant dans la lecture du n°9 de<br />

notre <strong>revue</strong>, qu’une attention toute particulière a été portée à sa<br />

présentation et à son rubriquage.<br />

Nous espérons que cette nouvelle mise en page vous en facilitera<br />

la lecture et in fine vous séduira. N’hésitez pas à nous faire part de<br />

vos réactions.<br />

Fin mai – début juin, nos journées annuelles nous ont permis de faire<br />

le point sur <strong>des</strong> sujets aussi importants que le développement local ou<br />

l’ouverture européenne. <strong>La</strong> grande qualité <strong>des</strong> interventions et <strong>des</strong><br />

débats qui les ont suivis d’une part, la convivialité et la gentillesse qui<br />

ont présidé à l’organisation de ces journées d’autre part, font de cette<br />

rencontre une totale réussite. Tout le mérite en revient à nos collègues<br />

<strong>des</strong> universités aquitaines : qu’ils en soient ici publiquement remerciés.<br />

Notre association vient de revoir ses statuts afin de s’ouvrir à <strong>des</strong><br />

collègues qui exercent <strong>des</strong> fonctions comparables aux nôtres dans <strong>des</strong><br />

établissements qui ne dépendent pas <strong>des</strong> Ministères de l’éducation<br />

nationale ou de la recherche. C’est une évolution nécessaire qui va<br />

nous permettre de nous interroger sur nos fonctions et leur contenu.<br />

Cette question est d’actualité à l’heure où nous finalisons notre<br />

référentiel de compétences avec la CPU et la DPATE.<br />

Nous souhaitons engager, dans les meilleurs délais et avec les mêmes<br />

partenaires, le chantier de la formation de l’encadrement supérieur<br />

administratif et technique à travers la définition de référentiels de<br />

compétences sur les principales fonctions de l’encadrement.<br />

Enfin une nouvelle équipe ministérielle s’est installée récemment avec<br />

laquelle nous souhaitons revoir certains thèmes tels que le régime<br />

indemnitaire <strong>des</strong> personnels IATOS de l’enseignement supérieur et<br />

le classement indiciaire <strong>des</strong> emplois <strong>des</strong> SGEPES. Ces sujets ne sont<br />

pas nouveaux ; leur permanence illustre la difficulté à les traiter de<br />

manière satisfaisante et définitive.<br />

Puisque vous lirez ces quelques lignes à une date à laquelle vous<br />

prendrez un repos réparateur bien mérité, je me permets de<br />

conclure en vous souhaitant de très bonnes vacances.<br />

Pascal Aimé<br />

5


THÉMATIQUES<br />

Gestion <strong>des</strong> Ressources Humaines<br />

Deux analyses statistiques comparées sur les changements de corps<br />

6<br />

“<br />

Il est communément<br />

admis que les<br />

commissions paritaires<br />

(CAP) fonctionnent<br />

comme <strong>des</strong> boîtes<br />

”<br />

noires.<br />

Il est communément admis que<br />

les commissions administratives<br />

paritaires (CAP) fonctionnent<br />

comme <strong>des</strong> boîtes noires. Le caractère<br />

jurisprudentiel de leurs<br />

critères, en dépit <strong>des</strong> informations<br />

qui peuvent être données<br />

sur les éléments de barème, entretient<br />

cette idée. Il est d’ailleurs<br />

difficile de prétendre transposer<br />

d’une CAP à une autre les règles<br />

de fonctionnement qu’on croit<br />

pouvoir établir. Or, l’acceptation<br />

par les personnels de cette gestion,<br />

leur adhésion à un système<br />

participatif, dépend de cette<br />

compréhension.<br />

Il est apparu intéressant,<br />

puisque le hasard nous permettait<br />

de comparer deux séries statistiques,<br />

de mettre en regard<br />

les données de deux pratiques<br />

d’établissement de listes d’aptitude<br />

au corps supérieur, l’une<br />

dans une CAP académique de<br />

l’administration scolaire et universitaire<br />

(ASU), l’autre dans<br />

une CAP nationale de personnels<br />

Ingénieurs et Techniciens<br />

de Recherche et Formation<br />

(ITRF).<br />

Evidemment, les données,<br />

comme l’auteur, resteront anonymes,<br />

par nécessité et par commodité.<br />

Naturellement, ce travail gagne<br />

en pertinence du fait de la mise<br />

en place actuelle de CAP déconcentrées<br />

pour la catégorie C <strong>des</strong><br />

ITRF.<br />

Les séries statistiques ne sont pas<br />

de même nature : dans un cas, il<br />

s’agit du contrôle d’un Commissaire<br />

Paritaire représentant l’administration<br />

par rapport à ses<br />

propres travaux, avant péréquation<br />

interne à la parité administrative,<br />

et avant le déroulement<br />

de la CAPN ; dans l’autre cas, il<br />

s’agit de l’exploitation <strong>des</strong> résultats<br />

<strong>des</strong> travaux de la CAPA.<br />

Cela renvoie néanmoins à un vrai<br />

débat dans lequel on oppose "les<br />

mo<strong>des</strong> de promotion" retenus<br />

dans l’un comme dans l’autre<br />

cas, et que schématiquement, on<br />

ramène à l’opposition “mérite<br />

contre ancienneté“.<br />

Cette opposition est fausse bien<br />

sûr : autant les commissaires (<strong>des</strong><br />

deux parités) de l’ASU, que ceux<br />

<strong>des</strong> ITRF (également <strong>des</strong> 2 côtés)<br />

aboutissent à ce que les uns et les<br />

autres appellent " la meilleure<br />

liste possible " après avoir tenu<br />

compte dans leur travail aussi<br />

bien de critères de mérite que de<br />

critères d’ancienneté.<br />

Rappelons aussi que le barème,<br />

lorsqu’il existe, n’est jamais<br />

qu’indicatif, en principe.<br />

Mais il est vrai que pour l’une<br />

comme pour l’autre famille, la<br />

liste ou le tableau <strong>des</strong> avancements<br />

résulte d’une recherche<br />

de consensus. <strong>La</strong> décision de<br />

l’autorité investie du pouvoir<br />

d’arrêter vient d’abord consacrer<br />

cet accord, parfois trancher<br />

lorsqu’il y a équilibre <strong>des</strong> voix,<br />

plus rarement inverser un avis,<br />

le risque étant au delà du renvoi<br />

devant le juge, l’affaiblissement<br />

du climat de coopération nécessaire<br />

pour mener la gestion du<br />

corps considéré.


1ère analyse : une CAPA ASU<br />

Précisions en préambule que les<br />

académies ont de gran<strong>des</strong> divergences<br />

de pratiques. Celle qui est<br />

présentée ci-<strong>des</strong>sous n’est qu’un<br />

exemple en rien généralisable au<br />

reste du pays.<br />

Les membres de la commission<br />

paritaire disposent de deux listings,<br />

sur lesquels sont portés les<br />

noms de l’ensemble <strong>des</strong> personnels<br />

promouvables ayant fait acte<br />

de candidature ; l’un est classé<br />

par ordre alphabétique : il ne sert<br />

jamais ; l’autre est classé par ordre<br />

décroissant du barème : il<br />

sera déterminant pour l’établissement<br />

de la liste.<br />

Le barème comprend <strong>des</strong> éléments<br />

d’ancienneté (ancienneté<br />

de corps, de services, éducation<br />

nationale….), et <strong>des</strong> éléments<br />

plus qualitatifs (note et admissibilités)<br />

supposés mieux traduire<br />

la valeur de l’agent.<br />

Cette année là, la CAPA disposait,<br />

par rapport à 6750 agents <strong>des</strong><br />

corps considérés de 23 possibilités<br />

pour 839 personnels remplissant<br />

les conditions d’inscription<br />

sur liste d’aptitude et ayant fait<br />

acte de candidature (le rapport<br />

promotions/promouvables est de<br />

2,75%).<br />

<strong>La</strong> CAPA examine les candidatures<br />

dans l’ordre décroissant du barème<br />

: les 23 premières personnes<br />

qui apparaissent dans cet ordre<br />

devraient donc occuper les 23<br />

premières places. En fait, la CAPA<br />

va <strong>des</strong>cendre très avant dans la<br />

liste, d'abord pour ne retenir en<br />

liste principale que les candidats<br />

qui, n'ayant pas d'avis défavorable,<br />

ne refusent pas la mobilité,<br />

ensuite pour dresser une liste<br />

complémentaire substantielle,<br />

pour faire face aux nombreux refus<br />

de postes qui sont liés à cette<br />

obligation de mobilité.<br />

Des personnes " à barème suffisant<br />

"seront donc écartées de la<br />

possibilité de promotion. En revanche,<br />

aucune personne à " barème<br />

insuffisant " (insuffisant<br />

pour rattraper le dernier de la<br />

liste principale ou complémentaire)<br />

ne sera repêchée pour entrer<br />

dans la liste, hors le cas <strong>des</strong><br />

promotions réservées par le Ministère<br />

pour <strong>des</strong> promotions en<br />

ZEP (2 pour 23 promotions).<br />

Les critères employés sont donc<br />

les suivants :<br />

> 1° Exclusion <strong>des</strong> personnels<br />

dont la demande est assortie<br />

d’un avis défavorable.<br />

Discussion quand l’avis est<br />

plus nuancé (réservé ou<br />

sans opposition), mais peu<br />

de “repêchages“.<br />

> 2° Exclusion <strong>des</strong> personnels<br />

dont la demande ne fait<br />

pas apparaître une acceptation<br />

de mobilité géographique.<br />

> 3° Prise en compte de la proximité<br />

de la retraite (exclusion<br />

quand la personne ne bénéficierait<br />

d’aucun gain pour sa<br />

retraite ; il y a deux dates<br />

d’effet, choix de la date la<br />

plus favorable pour les personnels<br />

proches du départ<br />

pour qui cela représenterait<br />

un gain)<br />

> 4° Personnels en ZEP<br />

THÉMATIQUES<br />

Les résultats finaux sont les suivants :<br />

1°) Inscrits<br />

EPLE Services Etablissements<br />

Académiques d’enseignement supérieur<br />

H F Total H F Total H F Total<br />

Liste principale 1 14 15 0 5 5 0 3 3<br />

Liste complémentaire 2 16 18 0 11 11 1 9 10<br />

7


THÉMATIQUES<br />

Deux analyses statistiques comparées sur les changements de corps<br />

2°) Refusés<br />

EPLE Services Etablissements<br />

Académiques d’enseignement supérieur<br />

H F Total H F Total H F Total<br />

Jusqu'à la fin de la LP 1 15 16 1 4 5 0 4 4<br />

Du début LC à fin LC 0 6 6 0 1 1 0 0 0<br />

Total 1+2<br />

EPLE Services Etablissements<br />

Académiques d’enseignement supérieur<br />

H F Total H F Total H F Total<br />

Liste principale 2 29 31 1 9 10 0 7 7<br />

Liste complémentaire 2 22 24 0 12 12 1 9 10<br />

Conclusions<br />

> 1° Parité hommes femmes<br />

Le % de femmes retenues<br />

(95,6%) est supérieur au % de<br />

femmes dans la population<br />

" utile ", celle qui occupe les 48<br />

premières places au barème<br />

(93,75%). Il apparaît inutile de<br />

pousser l’analyse sur la totalité<br />

de la population <strong>des</strong> promouvables,<br />

mêmes si cela pourrait<br />

permettre de juger du sort réservé<br />

aux anciens militaires.<br />

En revanche, il convient de<br />

souligner que dans cette CAPA,<br />

administrative, un sort défavorable<br />

est réservé aux candidats<br />

homme, originaires de corps<br />

ouvriers ou de service.<br />

> 2° L’effet " service d’affectation<br />

" joue peu. Néanmoins,<br />

en ce qui concerne<br />

les services académiques,<br />

l’appartenance à un “petit“<br />

service (IEN, CIO,<br />

DDIS) n’entraîne pas les<br />

mêmes conséquences que<br />

l’appartenance à un “gros“<br />

service (Inspection Académique<br />

ou Rectorat), la<br />

CAPA acceptant l’idée de<br />

mobilité fonctionnelle au<br />

sein <strong>des</strong> grosses structures.<br />

> 3° Cette idée et cette obligation<br />

de mobilité, tout<br />

comme l’exclusion <strong>des</strong><br />

personnels à compétence<br />

différentes, renvoie à la<br />

notion de complète permutabilité<br />

<strong>des</strong> personnes<br />

du fait de l’indifférenciation<br />

<strong>des</strong> compétences ou<br />

<strong>des</strong> qualifications requises<br />

par les fonctions.<br />

On verra que c’est une notion inverse<br />

qui prévaut pour les ITRF<br />

> 4° Est-il besoin de préciser<br />

que l’avis de la CPE<br />

compte peu ou pas du<br />

tout, sinon dans le caractère<br />

réservé donné à un<br />

avis, au moins sur un classement<br />

<strong>des</strong> deman<strong>des</strong> ?<br />

8


2ème analyse : une CAPN ITRF<br />

Le mode de travail est fondamentalement<br />

différent : alors<br />

que les seules données relatives<br />

aux individus sont les données<br />

quantitatives relatives à la carrière,<br />

et l’avis du chef de service,<br />

ici le classement établi d’abord<br />

en CPE, puis en CAPN résulte<br />

d’une lecture approfondie faite<br />

par les commissaires paritaires<br />

du dossier de candidature de<br />

l’intéressé, lui même constitué<br />

d’un rapport d’activité qu’il rédige,<br />

et d’un rapport d’aptitude<br />

qu’établit son chef de service.<br />

<strong>La</strong> CAPN ne remet jamais en<br />

cause le classement établi au niveau<br />

de l’établissement, soit<br />

pour en modifier l’ordre, soit<br />

pour “repêcher“ <strong>des</strong> candidats<br />

qui figureraient sur la liste finale<br />

de la CPE. Un mauvais dossier<br />

bloquera donc les suivants.<br />

Les critères retenus aux 2 niveaux<br />

CPE et CAPN ne diffèrent guère,<br />

et font intervenir en proportion<br />

variable <strong>des</strong> éléments de formation<br />

initiale, de formation continue,<br />

de technicité, d’autonomie,<br />

de responsabilité (encadrement),<br />

de rayonnement…..<br />

En tout état de cause, ces éléments<br />

ne sont jamais quantifiés<br />

pour entrer dans un barème mathématique.<br />

L’administration propose donc<br />

aux commissaires paritaires, de<br />

travailler sur ces dossiers de candidatures<br />

présentés par les personnes<br />

elles-mêmes et classées<br />

par les établissements. Elle présente<br />

ces dossiers classés par académie<br />

et par établissement, en y<br />

joignant l’avis <strong>des</strong> CPE.<br />

Les représentants de l’administration<br />

travaillent sur ces dossiers,<br />

en fonction d’une répartition<br />

initiale individuelle par<br />

académie, avec concertation<br />

bien sûr, et en interdisant que<br />

chacun voit les dossiers de son<br />

établissement.<br />

Un listing <strong>des</strong> propositions faites<br />

par établissement est joint au document.<br />

Ce listing reprend l’ensemble<br />

<strong>des</strong> établissements où figurent<br />

<strong>des</strong> ITRF, quelles que<br />

soient leur nature et leur taille. Le<br />

nombre de candidatures retenues<br />

par établissement était autrefois<br />

limité à 5.<br />

De la sorte, une question souvent<br />

posée portait sur l’effet de taille :<br />

les “petits“ établissements suspectant<br />

les “gros“ de truster les promotions<br />

et de faire passer <strong>des</strong> candidats<br />

de moins grand mérite.<br />

C’est précisément sur cet objet<br />

qu’un collègue commissaire paritaire<br />

a établi une statistique sur<br />

le travail qu’il a effectué, avant<br />

péréquation avec ses propres<br />

collègues et avant la plénière.<br />

Tels quels les résultats sont significatifs.<br />

9<br />

THÉMATIQUES


THÉMATIQUES<br />

Deux analyses statistiques comparées sur les changements de corps<br />

Qu’on en juge :<br />

10<br />

1°) Analyse effectuée<br />

QUOTA ANALYSE<br />

Sur 6456 promouvables au plan national, 722 personnes ont été proposées par les établissements, et<br />

210 promotions étaient possibles. Le rapport entre le nombre de promotions et le nombre de promouvables<br />

s'établit donc à 3,25%. Il est supérieur à celui de l'avancement précédent, mais les deux chiffres<br />

ne sont pas comparables : celui-ci est (provisoirement) majoré <strong>des</strong> "droits" générés par l'intégration <strong>des</strong><br />

anciens personnels de l'Administration de Recherche et Formation. Celui-là ne retenait que les demandeurs<br />

d'une inscription sur LA, et non la totalité <strong>des</strong> promouvables.<br />

A B C D E Type<br />

Type Nombre Nombre Taux de Droits “théoriques Propositions<br />

d’établissement Promouvables Proposées “sélectivité” de l’établissement après lecture<br />

(B* 3,25%) <strong>des</strong> dossiers<br />

Université 104 4 3,85% 3,38 2<br />

Université 98 3 3,06% 3,19 3<br />

Université 95 4 4,21% 3,09 4<br />

Gd organisme 89 9 10,11% 2,89 3<br />

Université 67 4 5,97% 2,18 2<br />

Université 60 3 5,00% 1,95 3<br />

Université 59 4 6,78% 1,92 2<br />

Université 55 7 12,73% 1,79 3<br />

Université 50 2 4,00% 1,63 2<br />

Université 38 7 18,42% 1,24 2<br />

Université 35 7 20,00% 1,14 2<br />

Gd organisme 28 4 14,29% 0,91 1<br />

Université 28 4 14,29% 0,91 1<br />

Université 23 3 13,04% 0,75 1<br />

Gd organisme 23 8 34,78% 0,75 3<br />

Université 20 2 10,00% 0,65 1<br />

Université 20 4 20,00% 0,65 1<br />

Université 18 4 22,00% 0,59 1<br />

Gd organisme 18 3 16,67% 0,59 0<br />

Université 14 2 14,29% 0,46 2<br />

Ecole 9 3 33,33% 0,29 0<br />

Rectorat 8 2 25,00% 0,26<br />

Gd organisme 6 3 50,00% 0,20 1<br />

IUFM 5 2 40,00% 0,16 0<br />

Rectorat 4 3 75,00% 0,13<br />

Ecole 4 1 25,00% 0,13 1<br />

Ecole 3 1 33,33% 0,10 1<br />

Rectorat 2 2 100,00% 0,07<br />

IUFM 2 0 0,07 0<br />

Ecole 2 1 50,00% 0,07 0<br />

Ecole 2 0 0,07<br />

IUFM 2 0 0,07<br />

Rectorat 1 0 0,03<br />

Totaux = 33 992 106 42


2°) Classification <strong>des</strong> résultats par groupes<br />

Répartition Somme <strong>des</strong> Somme <strong>des</strong> Somme <strong>des</strong> Proportion Proportion Proportion<br />

<strong>des</strong> établissements Promouvables Proposées Retenus par Proposées/ Retenus/ Retenus<br />

par ordre de taille par groupe par groupe mes soins promouvables proposés promouvables<br />

(nbre de promouvables)<br />

1 er groupe > 80 386 20 12 5,18 60,00 3,11<br />

4<br />

2 ème groupe<br />

50 à 80 291 20 12 6,87 60,00 4,12<br />

5<br />

3 ème groupe<br />

30 à 89 73 14 4 19,18 28,57 5,48<br />

2<br />

4 ème groupe<br />

20 à 29 142 25 8 17,61 32,00 5,63<br />

6<br />

5 ème groupe<br />

10 à 19 50 9 3 18,00 33,33 6,00<br />

3<br />

6 ème groupe<br />


THÉMATIQUES<br />

Gouvernance<br />

Les Mues de l’Agence<br />

12<br />

Le GIP AMUE a été renouvelé au<br />

printemps 2002. Les statuts du<br />

GIP sont accessibles sur le site de<br />

l’agence. Sous le même sigle se<br />

cache une substitution de mots<br />

("Mutualisation" remplace<br />

"Modernisation") et se révèle<br />

une intention de mutation aussi<br />

grande que celle qui avait<br />

permis de passer du GIGUE<br />

(qui a "construit les murs")<br />

à la première AMUE<br />

(qui a réalisé le "second œuvre").<br />

<strong>La</strong> seconde AMUE s’oriente vers<br />

un autre type de relations à<br />

l’établissement, vers un 3 ème stade<br />

de l’architecture (la domotique).<br />

Autour de cette idée,<br />

<strong>La</strong> Revue présente ci-après<br />

quelques textes à titre d’illustration,<br />

sans prétention d’exhaustivité.<br />

Elle en remercie les auteurs,<br />

et en premier lieu notre ancien<br />

collègue, Michel GUILLON,<br />

nouveau directeur de l’agence…<br />

Yves CHAIMBAULT<br />

Secrétaire Général de Lille 1<br />

Représentant de l’association<br />

au CA de l’agence<br />

1. Un nouveau directeur à l’Agence<br />

En me portant<br />

candidat<br />

à la direction<br />

de l’AMUE,<br />

j’avais en<br />

tête trois séries<br />

de considérations.<br />

D’une part, je mesure les enjeux<br />

qui pèsent aujourd’hui sur les<br />

établissements d’enseignement<br />

supérieur et la recherche : la matière<br />

grise est, sans doute depuis<br />

fort longtemps, une matière première<br />

déterminante. Les avancées<br />

scientifiques et technologiques,<br />

la mobilité croissante <strong>des</strong><br />

populations la rendront de plus<br />

en plus déterminante. <strong>La</strong> force<br />

<strong>des</strong> universités est un enjeu d’aménagement<br />

du territoire. Je ne<br />

surprendrai aucun d’entre vous<br />

en avançant que je vois un lien<br />

substantiel entre la maîtrise de la<br />

gestion, l’aptitude au pilotage, le<br />

management stratégique et l’excellence<br />

<strong>des</strong> établissements, ce<br />

qui veut dire, de manière significative,<br />

la réussite de leur public.<br />

D’autre part, à considérer les aptitu<strong>des</strong><br />

à la gestion et au pilotage,<br />

ainsi que les outils qui s’y<br />

rapportent, j’ai vite acquis la<br />

conviction qu’aucun établissement<br />

ne pouvait prétendre à les<br />

développer isolément, sinon à<br />

en payer un prix exorbitant, et<br />

sans faire œuvre de solidarité<br />

publique. A tout bien peser, l’Agence<br />

qui a réalisé un énorme<br />

travail de redéfinition et de projection<br />

sous la conduite de Suzanne<br />

MAURY-SILLAND, est bien<br />

l’instrument nécessaire pour atteindre<br />

mieux, plus vite, plus<br />

loin, et moins cher, cet objectif<br />

de développement <strong>des</strong> capacités<br />

de gestion et de management.<br />

Enfin, et c’est une autre histoire,<br />

j’avais, et j’ai encore, l’immo<strong>des</strong>tie<br />

de penser que je peux m’y<br />

rendre utile… Et m’y voici.<br />

J’y suis encore, en écrivant ces lignes,<br />

en phase de reconnaissance<br />

accélérée et approfondie<br />

(vous savez ce que c’est). Je ne<br />

puis vous livrer que quelques réflexions<br />

et quelques orientations.<br />

Beaucoup de choses ont été dites<br />

au sujet du positionnement<br />

de l’Agence. En fait, elle se situe<br />

au centre de la problématique<br />

autonomie/service public. L’autonomie<br />

est un gage de qualité<br />

qui suppose une capacité de différentiation<br />

<strong>des</strong> établissements<br />

entre eux. Les principes du service<br />

public, en particulier le principe<br />

d’égalité, tendent de leur<br />

côté à l’édiction de normes, et<br />

donc à une certaine uniformité.<br />

Je n’ai jamais rencontré que <strong>des</strong><br />

gens qui affirment leur attachement<br />

au service public tout en<br />

appelant de leurs vœux plus de<br />

décentralisation, de déconcentration<br />

et d’autonomie, et qui<br />

ajoutent : " l’autonomie, c’est la<br />

responsabilisation, donc, il faut<br />

de l’évaluation ". Qu’est-ce que<br />

l’évaluation sans une référence ?<br />

Cela dit, je n’ai aussi jamais rencontré<br />

deux personnes qui placent<br />

le curseur exactement au


même endroit entre autonomie<br />

et principes du service public. <strong>La</strong><br />

question <strong>des</strong> produits de l’Agence,<br />

dont le champ correspond<br />

à <strong>des</strong> domaines de forte<br />

réglementation, est évidemment<br />

totalement liée à cette problématique.<br />

Les produits reflètent ce qu’est<br />

notre administration : procédurale.<br />

Ne parle-t-on pas de traitement<br />

automatisé, de chaînes de<br />

traitement ? On a informatisé <strong>des</strong><br />

processus et <strong>des</strong> enchaînements<br />

réglementaires. Or, de plus en<br />

plus, on entend substituer à l’administration<br />

procédurale une administration<br />

d’adaptation, flexible,<br />

répondant aux spécificités et<br />

réactive. Qu’importe! en s’appuyant<br />

sur la puissance croissante<br />

de l’informatique, on informatise<br />

aussi les exceptions :<br />

pour HARPEGE, il a fallu une<br />

analyse et <strong>des</strong> développements<br />

inouïs pour traiter la correspondance<br />

entre la durée réelle <strong>des</strong><br />

congés de maladie et leur impact<br />

financier dans <strong>des</strong> mois à trente<br />

jours, sans omettre le cas de l’agent<br />

dont le congé aura débuté<br />

un 29 février. Pendant ce temps<br />

nos cadres C, voire B, voient leurs<br />

postes de travail complètement<br />

égalisés vers le bas. Je crois qu’il<br />

faut reconsidérer la place de<br />

l’humain dans nos administrations,<br />

sans quoi le discours sur<br />

l’autonomie, l’initiative, la<br />

responsabilité de l’agent public<br />

prendra du plomb dans l’aile.<br />

Cela dit, les produits sont le socle<br />

de l’agence et une nécessité vitale<br />

pour les établissements. J’en<br />

“…j’avais, et j’ai encore,<br />

l’immo<strong>des</strong>tie de<br />

penser que je peux<br />

m’y rendre utile…<br />

Et m’y voici.<br />

”<br />

tiendrai le plus grand compte.<br />

C’est ce que je nomme notre industrie<br />

lourde, ce qui appelle un<br />

management approprié : quand<br />

un produit paraît, son successeur<br />

doit se trouver sur les planches à<br />

<strong>des</strong>sin, tandis qu’on élabore déjà<br />

par ailleurs les concepts du futur…<br />

Mais il faut également gagner<br />

en réactivité pour adapter<br />

les produits par exemple, aux<br />

évolutions réglementaires.<br />

Le secteur <strong>des</strong> services offre un<br />

énorme potentiel de développement<br />

et j’entends bien le faire<br />

progresser hardiment… à la rencontre<br />

<strong>des</strong> établissements. Non<br />

pas qu’il n’y soit déjà, mais parce<br />

que j’estime que l’activité du département<br />

peut s’élargir à <strong>des</strong><br />

champs nouveaux, s’ils correspondent<br />

à <strong>des</strong> attentes. Elle<br />

peut s’ouvrir à <strong>des</strong> publics plus<br />

vastes, à l’image d’un récent séminaire<br />

consacré à l’évaluation<br />

<strong>des</strong> enseignements dans l’assistance<br />

duquel j’ai identifié une<br />

quinzaine de fonctions différentes,<br />

et ceci afin que <strong>des</strong> idées<br />

nouvelles ou originales, <strong>des</strong> acquis<br />

de l’expérience irriguent et<br />

circulent dans tous les canaux<br />

<strong>des</strong> établissements. Elle peut<br />

aussi s’en rapprocher physiquement,<br />

et j’espère <strong>des</strong> formes<br />

d’action qui pourraient se dérouler<br />

dans les établissements<br />

eux-mêmes, là où la modernisation,<br />

le changement, sont palpables.<br />

L’AMUE est aujourd’hui prorogée<br />

jusqu’au 31 décembre 2006.<br />

Elle compte 145 membres. Elle a<br />

souscrit un contrat avec l’Etat,<br />

dense, ambitieux, nécessaire.<br />

Elle n’est pas sans moyens. En<br />

d’autres termes, elle est à la fois<br />

légitimée et dispose d’un programme<br />

et de quelques leviers.<br />

Le temps est venu d’agir.<br />

L’AMUE n’a aucune raison d’être,<br />

en dehors de sa mission. J’ai la<br />

responsabilité d’un outil, et d’un<br />

bel outil, composé d’hommes et<br />

de femmes compétents, engagés<br />

dans leur action. J’en suis honoré<br />

et fier. Cet outil est <strong>des</strong>tiné à vous<br />

apporter les prestations que vous<br />

en attendez avec un niveau de<br />

qualité à la hauteur de vos enjeux.<br />

Les établissements en tireront<br />

d’autant plus de bénéfice<br />

qu’il sera efficace, et cette efficacité<br />

découle en grande partie de<br />

leurs concours. Il s’agit de leurs<br />

contributions financières, sans<br />

doute, mais ce que je sollicite<br />

prioritairement c’est l’apport de<br />

leurs compétences, savoir-faire,<br />

critiques et suggestions.<br />

J’espère avoir très bientôt de vos<br />

nouvelles.<br />

Michel GUILLON<br />

Directeur de l’AMUE<br />

30 juin 2002<br />

THÉMATIQUES<br />

13


THÉMATIQUES<br />

Les Mues de l’Agence<br />

2. L’infrastructure " Produits " : à propos de NABUCO (Hélène BROCHET-TOUTIRI)<br />

14<br />

Et si l’on parlait de NABUCO ?<br />

<strong>La</strong> communication étant un art<br />

difficile, il vaut mieux se contenter<br />

d’énoncer quelques faits intangibles,<br />

vérifiables, et éviter <strong>des</strong> discours<br />

interprétables, sur un sujet<br />

qui depuis <strong>des</strong> années nourrit la<br />

polémique.<br />

NABuCo est un produit de gestion<br />

financière et comptable qui répond<br />

pour l’essentiel aux besoins et aux<br />

contraintes de cette gestion. Les<br />

fonctionnalités offertes aux établissements<br />

sont satisfaisantes, et permettent<br />

d’assurer aux gestionnaires<br />

<strong>des</strong> établissements <strong>des</strong> réponses fiables<br />

à la plupart <strong>des</strong> exigences de<br />

cette gestion.<br />

Sa très grande ouverture permet à<br />

<strong>des</strong> établissements structurés très<br />

différemment de l’utiliser, et un bon<br />

paramétrage initial assure un choix<br />

d’organisation totalement libre. Il<br />

en résulte une certaine complexité,<br />

qui lors <strong>des</strong> phases d’évolution, nécessite<br />

un important travail de<br />

maintenance informatique.<br />

Aujourd’hui, le défi lancé à l’Agence<br />

est d’arriver à conserver les<br />

qualités de ce produit : complétude<br />

fonctionnelle, fiabilité réglementaire,<br />

liberté d’organisation<br />

et sécurité <strong>des</strong> données tout en<br />

améliorant la réactivité lors <strong>des</strong><br />

évolutions réglementaires, et en<br />

assurant l’évolution d’une technologie<br />

maintenant obsolète.<br />

Il nous faut donc assurer une<br />

maintenance efficace, tout en envisageant<br />

une stratégie de renouvellement,<br />

que l’Agence s’est engagée<br />

à réaliser avant le 1er<br />

janvier 2005 : ce sont les engagements<br />

pris lors de la signature du<br />

contrat avec le ministère (relire la<br />

fiche action correspondante) et<br />

approuvés unanimement par<br />

l’Assemblée Générale <strong>des</strong> membres<br />

adhérents.<br />

Pour cela, les travaux de l’Agence<br />

durant l’année 2002 consistent<br />

d’une part à assurer la maintenance<br />

du produit NABuCo en<br />

exécutant le marché de Tierce<br />

Maintenance Applicative (TMA)<br />

notifié à la Société Bull le 10 octobre<br />

2001, et d’autre part à mener<br />

<strong>des</strong> étu<strong>des</strong> visant à définir le<br />

périmètre fonctionnel d’un produit<br />

renouvelé et à examiner le<br />

marché concurrentiel pouvant répondre<br />

aux besoins ainsi précisés.<br />

“<br />

Nabuco répond pour<br />

l’essentiel aux besoins<br />

et aux contraintes de<br />

la gestion financière<br />

et comptable.<br />

”<br />

<strong>La</strong> maintenance est aujourd’hui<br />

très difficile :<br />

• la procédure d’appel d’offre ouvert<br />

lancée en 2001 a conduit au<br />

choix de la société Bull en remplacement<br />

de la société GFI Progiciels<br />

qui assurait initialement les travaux<br />

de TMA et qui a fait une offre non<br />

recevable au sens du Code <strong>des</strong><br />

Marchés Publics. <strong>La</strong> société Bull<br />

doit reprendre la maintenance<br />

d’un produit complexe et mal documenté<br />

en terme de code informatique.<br />

L’équipe mise en place<br />

par le prestataire, peu expérimentée,<br />

maîtrisant peu les concepts<br />

fonctionnels, a du mal à répondre<br />

aux exigences de l’Agence en terme<br />

de qualité de développement et de<br />

délai. Le suivi de ce marché s’avère<br />

extrêmement lourd, il nécessite un<br />

suivi rapproché de toutes les actions<br />

du prestataire.<br />

• L’équipe interne de l’Agence<br />

n’est guère mieux armée, alors<br />

qu’elle doit assurer ce suivi permanent<br />

et détaillé : complètement<br />

désorganisée au printemps<br />

2001, elle a été reconstituée grâce<br />

au dévouement de trois personnes<br />

de l’Agence qui ont accepté<br />

une mobilité interne, sans toutefois<br />

être véritablement préparées<br />

à la complexité <strong>des</strong> tâches à accomplir.<br />

Aujourd’hui cette équipe<br />

doit être complétée fortement, et<br />

<strong>des</strong> recrutements sont en cours<br />

(voir les appels à candidatures sur<br />

le portail internet de l’Agence).<br />

• Plusieurs interventions en Assemblée<br />

Générale nous ont conduit<br />

à développer les raisons de ces difficultés.<br />

Il est inutile d’allonger ce<br />

développement ici (les documents<br />

présentés à l’AG sont disponibles<br />

sur le portail internet de l’Agences).<br />

Parallèlement, et dans le cadre de<br />

l’élaboration du futur système d’information<br />

qui constitue l’objectif cible<br />

de l’Agence pour la période<br />

d’existence du GIP récemment prolongé<br />

et du contrat qui coïncide


avec la durée de vie du GIP, il faut<br />

préparer une solution de renouvellement<br />

du produit NABuCo actuel.<br />

Aujourd’hui, cette solution n’est<br />

pas connue : elle résultera <strong>des</strong> étu<strong>des</strong><br />

engagées qui visent :<br />

• à définir, avec les établissements,<br />

le périmètre fonctionnel<br />

de cette application, en anticipant,<br />

autant que faire se peut,<br />

sur les évolutions à venir (en<br />

particulier liées au contrôle de<br />

gestion et à la réforme de la loi<br />

organique)<br />

• à bâtir une architecture fonctionnelle<br />

et technique modulaire,<br />

en précisant ce que doivent<br />

être les fonctionnalités de<br />

base et les fonctionnalités périphériques,<br />

permettant de donner<br />

une meilleure adaptabilité<br />

et une plus grande ouverture au<br />

produit<br />

• à examiner l’ensemble <strong>des</strong> solutions<br />

du marché (privé ou<br />

non) qui pourraient répondre à<br />

ces exigences<br />

• à définir les préconisations<br />

fonctionnelles et techniques visant<br />

à l’intégration du produit<br />

dans un système d’information<br />

global et cohérent.<br />

Ainsi la solution, qui peut, ou<br />

non, inclure tout ou partie de NA-<br />

BuCo actuel sous une forme renouvelée<br />

technologiquement,<br />

n’est aujourd’hui pas connue.<br />

Le défi quotidien de l’Agence<br />

consiste donc à travailler simultanément<br />

sur deux plans :<br />

permettre aux établissements de<br />

mener une gestion sûre et de<br />

qualité au moyen de l’outil approprié<br />

le plus complet qui soit<br />

actuellement, tout en préparant<br />

la succession de ce produit dans<br />

une optique de renouvellement<br />

profond. Nous y réussirons d’autant<br />

mieux, et d’autant plus vite,<br />

en asociant toutes les forces de<br />

l’Agence aux compétences nombreuses<br />

<strong>des</strong> établissements.<br />

THÉMATIQUES<br />

3. Le Pilotage : une forme de réorientation <strong>des</strong> actions de l’agence<br />

<strong>La</strong> Revue avait annoncé la tenue<br />

du séminaire du 27 Mars. Les<br />

actes complets sont accessibles sur<br />

le site de l’agence. Il s’agissait à la<br />

fois, comme l’a exprimé Hélène<br />

Brochet, de questions théoriques<br />

touchant aux démarches de gouvernance,<br />

de pilotage et d’aide à<br />

la décision, et techniques se préoccupant<br />

<strong>des</strong> outils de recueil et<br />

de traitement <strong>des</strong> informations à<br />

élaborer dans cette perspective.<br />

<strong>La</strong> Revue reprend ici trois extraits<br />

d’interventions prononcées lors de<br />

cette journée consacrée au pilotage<br />

<strong>des</strong> établissements : l'introduction<br />

d'Hélène BROCHET, la<br />

présentation de P. Personne et le<br />

distingo fait par Strasbourg 1 <strong>des</strong><br />

indicateurs de gestion et <strong>des</strong> indicateurs<br />

politiques.<br />

Introduction de la journée (Hélène BROCHET-TOUTIRI)<br />

<strong>La</strong> démarche pilotage entend<br />

aborder directement <strong>des</strong> problématiques<br />

au cœur de la réflexion<br />

actuelle au sein <strong>des</strong> Universités et<br />

établissements.<br />

Du point de vue technique, c’est<br />

l’occasion de présenter une démarche<br />

nouvelle de l’Agence de<br />

Modernisation <strong>des</strong> Universités et<br />

<strong>des</strong> établissements. Plutôt que<br />

proposer un produit fini et<br />

unique, l’Agence veut, avec l’aide<br />

de différents établissements,<br />

conduire une expérimentation<br />

collective autour de l’entrepôt de<br />

données, permettant ensuite à<br />

chacun de construire son propre<br />

système d’information.<br />

Il est déjà possible d’identifier<br />

trois facteurs de réussite de ces<br />

projets dans les établissements :<br />

• un portage politique fort <strong>des</strong><br />

équipes dirigeantes est indispensable,<br />

• les acteurs <strong>des</strong> différents niveaux<br />

(enseignants, personnels,<br />

gestionnaires, etc.) doivent tous<br />

être convaincus de l’intérêt <strong>des</strong><br />

informations à entrer dans les<br />

bases de données pour en garantir<br />

la fiabilité et la complétude,<br />

• et, enfin, un binôme fonctionnel/informaticien<br />

travaillant en<br />

étroite collaboration doit assurer<br />

la mise en place et le suivi du<br />

système.<br />

15


THÉMATIQUES<br />

<strong>La</strong> problématique et les enjeux<br />

(Paul PERSONNE, ancien Président d’Université, est Président du comité plénier pilotage.)<br />

Cette journée répond aux préoccupations<br />

exprimées il y a deux<br />

ans par Jean-Pierre FINANCE (ancien<br />

Président d’université), lorsqu’il<br />

témoignait du besoin d’éléments<br />

objectifs et partagés pour<br />

la prise de décision.<br />

Le pilotage :<br />

une démarche de l’établissement<br />

pour l’établissement<br />

Le pilotage participe d’un changement<br />

culturel, délaissant une culture<br />

administrative statique pour<br />

une culture de gestion réactive par<br />

projets, notamment dans le cadre<br />

du projet d’établissement et du<br />

contrat quadriennal. Dans ce<br />

contexte qui implique une stratégie<br />

et l’adéquation <strong>des</strong> moyens aux<br />

objectifs, il est indispensable de<br />

disposer d’indicateurs efficaces<br />

(pertinents et partagés) qui permettent<br />

de surveiller régulièrement<br />

les écarts aux objectifs et choix stratégiques<br />

fixés et rendent ainsi possible<br />

une réactivité permanente.<br />

Tel qu’il est formalisé par le consultant<br />

sollicité par l’Agence, le pilotage<br />

se présente comme une méthodologie<br />

d’optimisation <strong>des</strong><br />

performances de l’établissement<br />

et, en particulier, de l’élaboration<br />

et de la mise en œuvre du contrat.<br />

Il implique <strong>des</strong> éléments de paramétrage<br />

(un cap, une trajectoire),<br />

les moyens d’une observation permanente<br />

de l’état du système piloté<br />

et, surtout, un système d’alerte<br />

susceptible de ne pas mettre le pilote<br />

devant le fait accompli.<br />

Surtout, le pilotage est une démarche<br />

de l’établissement dans<br />

son ensemble. L’unique manière<br />

de le faire réussir est de la porter<br />

au plus haut niveau ; c’est pourquoi<br />

il est souhaitable de l’inscrire<br />

dans le contrat d’établissement.<br />

En même temps, il faut le faire<br />

partager et légitimer par tous. Ceci<br />

est lourd de conséquences : <strong>des</strong><br />

moyens adaptés et un énorme effort<br />

de formation <strong>des</strong> personnels<br />

s’avèrent indispensables.<br />

Le pilotage est également une démarche<br />

pour l’établissement. Il<br />

permet d’avoir une information<br />

rapide, efficace pour la planification<br />

par la direction et, simultanément<br />

une information utile<br />

pour les autres acteurs.<br />

Les étudiants et l’environnement<br />

demandent aux universités de<br />

rendre <strong>des</strong> comptes en termes<br />

d’efficacité ; c’est la condition et<br />

la contrepartie de leur autonomie<br />

et <strong>des</strong> politiques contractuelles.<br />

C’est l’ensemble <strong>des</strong> thèmes de<br />

cette démarche que les différents<br />

témoignages d’établissements<br />

vont nous permettre d’approfondir<br />

en nous faisant partager leurs<br />

expériences.<br />

Modalités d’utilisation de l’entrepôt de données de l’ULP :<br />

mise en œuvre d’un suivi du contrat quadriennal 2001-2004 (Pascal AIME et Anne-Fabienne MALET)<br />

16<br />

Notre expérience repose sur un acquis<br />

: l’utilisation d’outils de gestion<br />

au quotidien (Bilan social, outils pour<br />

le redéploiement <strong>des</strong> emplois ou<br />

pour le suivi <strong>des</strong> contrats de plan,<br />

etc.). Pour moi, ce sont <strong>des</strong> indicateurs<br />

de gestion, qu’il faut distinguer<br />

<strong>des</strong> indicateurs pour le pilotage stratégique<br />

de l’établissement. Ce sont<br />

ces derniers qui nous intéressent ici.<br />

Nous envisagerons le pilotage à travers<br />

son outil le plus important : le<br />

projet d’établissement. C’est par rapport<br />

à lui qu’est menée l’évaluation.<br />

Principes méthodologiques<br />

Le partage de l’information<br />

Non seulement l’information doit<br />

circuler en interne, mais il également<br />

nécessaire de la mettre à<br />

disposition de l’extérieur. Notre<br />

choix a été de considérer que l’université<br />

est un établissements<br />

public et a <strong>des</strong> comptes à rendre :<br />

nous souhaitons afficher les résultats<br />

<strong>des</strong> évaluations sur le site intranet<br />

et, à terme, une part d’entre<br />

eux sur le site web de<br />

l’Université.<br />

Eviter les sources déclaratives<br />

Notre objectif est d’automatiser la<br />

production <strong>des</strong> indicateurs sur les<br />

bases les plus fiables possible. En<br />

privilégiant la collecte d’information<br />

auprès <strong>des</strong> logiciels de gestion<br />

plutôt qu’auprès <strong>des</strong> acteurs, nous<br />

souhaitons économiser du temps et<br />

de l’énergie tout en évitant <strong>des</strong> critiques<br />

sur la qualité de nos sources.<br />

Ne pas fixer trop strictement<br />

<strong>des</strong> indicateurs<br />

Il n’existe pas d’indicateur type :<br />

un indicateur doit être articulé à la


politique de l’établissement, qui<br />

est le véritable guide dans l’élaboration<br />

du système d’information.<br />

Ne pas négliger l’appropriation<br />

<strong>des</strong> indicateurs :<br />

Nous nous rendons compte que<br />

la construction <strong>des</strong> indicateurs<br />

est difficile : elle n’est jamais<br />

achevée avant son appropriation<br />

par le terrain. Il faut anticiper au<br />

mieux les problèmes que cette<br />

appropriation pose.<br />

Maintenir les données à jour :<br />

Nous sommes tous capables de<br />

produire <strong>des</strong> informations à un<br />

moment donné. <strong>La</strong> vraie difficulté<br />

réside dans le maintien<br />

dans le temps de la validité <strong>des</strong><br />

données.<br />

Veiller à la cohérence du système<br />

d’information :<br />

Comme Rennes 1, nous réfléchissons<br />

à la fonction de responsable<br />

du système d’information<br />

à l’Université. Nous avons créé<br />

un comité de pilotage chargé de<br />

valider les sources d’information<br />

utilisées. Sans briser les initiatives,<br />

nous essaierons de construire<br />

un système relativement<br />

contraint, au sens où la source<br />

<strong>des</strong> données sera imposée.<br />

Nous avons adopté une approche<br />

globale du projet, centrée aujourd’hui<br />

sur un outil de suivi du projet<br />

d’établissement, que nous souhaitons<br />

mettre en ligne sur intranet.<br />

Pour rendre accessible les informations<br />

au plus grand nombre, les indicateurs<br />

seront présentés pour l’établissement<br />

mais aussi, grâce à un<br />

moteur de recherche, pour une<br />

composante ou par nature (indicateurs<br />

financiers, pédagogiques ou<br />

données sur le personnel). Nous<br />

travaillerons sur ces questions à<br />

partir de l’été prochain.<br />

THÉMATIQUES<br />

4. Correspondances entre problématiques et services de l’agence :<br />

l’exemple de la déconcentration interne<br />

<strong>La</strong> Revue a interviewé, pour son<br />

numéro 6, Christine MUSSELIN.<br />

Entre autres idées figurait celle<br />

d’une forte française quant à la<br />

place <strong>des</strong> Directeurs de composantes<br />

dans la fonction exécutive (partagés<br />

entre un rôle de représentation<br />

de la base et un rôle de relais<br />

de l’exécutif de l’établissement). <strong>La</strong><br />

position exprimée en mars dernier<br />

par certains directeurs de Lille 1<br />

illustre en quelque sorte cette difficulté<br />

de positionnement. Lors de<br />

son élection, le nouveau Président<br />

de Strasbourg 2, François-Xavier<br />

CUCHE n'a-t-il pas parlé de "risque<br />

d'éclatement du métier d'enseignant-chercheur-administrateur",<br />

en estimant que l'université devait<br />

lutter pour maintenir l'unité de<br />

cette vocation" ?(cité par l'AEF)<br />

Échanges de réflexions entre quelques<br />

directeurs de composantes<br />

Résumé par un Directeur d’UFR IEEA,<br />

Jean-Pierre STEEN<br />

Un positionnement devenu plus complexe :<br />

les directeurs de composantes<br />

"Nous constatons que les Composantes<br />

de l’Université sont progressivement<br />

vidées de leurs<br />

responsabilités en matière de formation<br />

et de recherche, et ne<br />

subsistent plus que comme centre<br />

de gestion administrative et financière.<br />

Ce constat appelle une<br />

réflexion de fond sur leur rôle.<br />

Les Directeurs de Composantes<br />

sont élus par un conseil élu. Nous<br />

avons la responsabilité de la gestion<br />

de ces composantes.<br />

A ce titre, nous sommes en<br />

contact direct avec la " base ", là<br />

où les intérêts de la recherche et<br />

de l’enseignement se rencontrent.<br />

Aussi, nous demandons à être associé<br />

au fonctionnement de l’Université.<br />

Notre rôle peut être double :<br />

• Apporter notre éclairage dans<br />

la préparation <strong>des</strong> choix politiques<br />

ou techniques.<br />

• Etre le relais, pour l’explication<br />

aux collègues et l’application,<br />

<strong>des</strong> décisions <strong>des</strong> Conseils de<br />

l’Université.<br />

Ceci nécessite de nous donner les<br />

moyens de remplir nos missions :<br />

• Etre prévenus <strong>des</strong> décisions à<br />

prendre et pouvoir obtenir l’avis<br />

de nos conseils.<br />

• Avoir <strong>des</strong> réunions de Directeurs<br />

de Composantes, éventuellement<br />

élargies aux<br />

Responsables <strong>des</strong> Services<br />

Communs, assez fréquentes<br />

(1 par mois, au moins) et qui<br />

soient un lieu d’échanges et de<br />

discussion, si pas de décision.<br />

17


THÉMATIQUES<br />

Les Mues de l’Agence<br />

18<br />

• Recevoir une formation, autant<br />

politique que technique, associée<br />

à la fonction.<br />

• Avoir les moyens, d’abord en<br />

personnel (en particulier, à la<br />

tête du secrétariat de la Composante,<br />

avoir un personnel de<br />

haut niveau technique qui<br />

puisse être une aide efficace à la<br />

décision), puis en équipement,<br />

de gestion au niveau local.<br />

Etre le relais entre la "base" et<br />

l’équipe de direction est notre<br />

première priorité. Ceci devrait<br />

permettre d’instaurer un fonctionnement<br />

plus démocratique<br />

et plus "participatif" de l’ensemble<br />

de notre université. Au<br />

fil de ces réunions de Directeurs<br />

de Composantes, devrait s’instaurer,<br />

entre nous, bien sûr, mais,<br />

surtout, entre petits et grands<br />

élus, <strong>des</strong> relations plus confiantes,<br />

davantage interactives et, du<br />

coup, plus constructives.<br />

<strong>La</strong> charge de Directeur de Composante<br />

est très lourde. Bientôt,<br />

nous serons remplacés par <strong>des</strong><br />

plus jeunes. Il ne faut pas que,<br />

pour eux, cette fonction implique<br />

la mise en sommeil de leur activité<br />

de recherche. Il est donc fondamental<br />

que chaque directeur<br />

de Composante puisse profiter de<br />

la décharge maximum de service.<br />

Pour certains de nos collègues, les<br />

UFR permettent une identification<br />

nette <strong>des</strong> disciplines, qui<br />

n’empêchent pas la coopération<br />

interdisciplinaire. Cette identité<br />

est un facteur de clarté pour la coopération<br />

internationale, tant au<br />

niveau <strong>des</strong> chercheurs qu’au<br />

niveau <strong>des</strong> étudiants."<br />

• Un exemple de réponse :<br />

le partage d’expérience de<br />

Nantes<br />

L'Agence avait identifié, dans le<br />

cadre <strong>des</strong> Journées sur les<br />

démarches qualitatives en<br />

Ressources humaines <strong>des</strong> 18 et<br />

19 juin, une journée intitulée<br />

"Culture RH et culture du supérieur"<br />

au cours de laquelle notre<br />

collègue Jean Narvaez,<br />

Secrétaire général de l'université<br />

de Nantes, a présenté, sous l'intitulé<br />

"Délégations de signatures<br />

et déconcentration administrative",<br />

l'expérience menée à<br />

Nantes sur le changement organisationnel.<br />

Au delà du cas particulier<br />

de Nantes, c'est la<br />

démarche qui intéresse.<br />

Partant d'un rapport d'audit<br />

remis en 1998 par le cabinet<br />

BRUNHES, l'université a entrepris<br />

sur deux ans (1999 à 2001)<br />

de procéder à une réorganisation<br />

interne profonde. Partant<br />

d'un constat de dysfonctionnements<br />

ou de "méfonctionnements",<br />

et notamment d'une<br />

problématique de relations<br />

Centre-composantes difficiles<br />

(tradition d'irredentisme facultaire,<br />

souhait fort d'autonomie,<br />

ressenti de très forte centralisation<br />

sans réelle efficience, sans<br />

lisibilité <strong>des</strong> responsabilités, sans<br />

qualité du service rendu), l'université<br />

a remis à plat ces relations<br />

et ses procédures notamment<br />

au travers de deux outils<br />

fondamentaux :<br />

<strong>La</strong> délégation donnée aux directeurs<br />

d'UFR. L'accompagnement<br />

logistique et humain par la mise<br />

en place de Responsables administratifs<br />

et <strong>des</strong> transferts de services<br />

(notion d'"UFR d'appui")<br />

Elle a bien sûr, et cela paraît fondamental,<br />

défini <strong>des</strong> dispositifs<br />

d'accompagnement (en direction<br />

<strong>des</strong> doyens : séminaires<br />

réguliers, conférences ; en direction<br />

<strong>des</strong> responsables administratifs<br />

: fiches de poste, action de<br />

formation-action, gui<strong>des</strong> pratiques).<br />

Jean NARVAEZ a conclu son<br />

intervention en procédant à un<br />

premier bilan (une première<br />

évaluation) sans complaisance,<br />

et en dégageant <strong>des</strong> facteurs de<br />

succès. Chacun pourra voir dans<br />

quelle mesure il peut s'en inspirer.


Un outil : le Réseau d'Aide au<br />

Piloge<br />

Dans le cadre de la démarche<br />

pilotage, l'AMUE a choisi de<br />

constituer et d'animer un réseau<br />

d'aide au pilotage, le "RAP".<br />

Sibylle ROCHAS, chargée de mission<br />

aide au pilotage au sein du<br />

département services de<br />

l'Agence, nous le présente ci<strong>des</strong>sous<br />

:<br />

Le RAP se présente sous la forme<br />

de pages web ainsi que d'une<br />

liste de diffusion, puis de réunions.<br />

Les pages web ont vocation à<br />

capitaliser <strong>des</strong> enseignements,<br />

<strong>des</strong> documents, <strong>des</strong> outils, <strong>des</strong><br />

contacts utiles dans la perspective<br />

de l'aide au pilotage <strong>des</strong> établissements.<br />

A chaque lecteur<br />

intéressé de prendre ensuite les<br />

contacts nécessaires pour aller<br />

plus loin et approfondir le ou les<br />

points qui l'intéressent. <strong>La</strong> liste<br />

de diffusion permet d'obtenir<br />

une réponse rapide en interrogeant<br />

l'ensemble <strong>des</strong> abonnés.<br />

Les réunions permettront <strong>des</strong><br />

contacts et <strong>des</strong> échanges approfondis<br />

sur un thème donné entre<br />

membres du RAP.<br />

L'objectif est de permettre et<br />

faciliter les échanges entre établissements.<br />

Il s'adresse notamment<br />

aux personnes en charge<br />

<strong>des</strong> "statistiques, pilotage,<br />

contrôle de gestion" dans le but<br />

de faciliter les échanges sur les<br />

métho<strong>des</strong> et pratiques en matière<br />

d'aide à la décision et de pilotage<br />

<strong>des</strong> établissements, de<br />

mutualiser les expériences et de<br />

permettre une meilleure transmission<br />

<strong>des</strong> acquis et métho<strong>des</strong><br />

entre établissements.<br />

Ces pages ont vocation à capitaliser<br />

<strong>des</strong> enseignements, <strong>des</strong><br />

documents, <strong>des</strong> outils, <strong>des</strong><br />

contacts utiles dans la perspective<br />

de l'aide au pilotage <strong>des</strong> établissements.<br />

Ce site, pour vivre,<br />

doit s'enrichir <strong>des</strong> contributions,<br />

de tous, telles que :<br />

• la présentation de la structure,<br />

cellule, personne... en charge de<br />

l'aide au pilotage (rôle, mission,<br />

activités), lorsqu' elle existe,<br />

• une synthèse <strong>des</strong> travaux réalisés,<br />

• <strong>des</strong> documents classés par domaines<br />

d'activité, etc. (cf. modèles<br />

à télécharger sur le site),<br />

• les questions que vous souhaitez<br />

poser à la liste d'abonnés.<br />

Il ne s'agit pas d'être exhaustif,<br />

mais de permettre au visiteur<br />

d'avoir une vision synthétique<br />

afin qu'il puisse prendre les<br />

contacts nécessaires pour aller<br />

plus loin et approfondir le ou les<br />

points qui l'intéressent. L'accès à<br />

cet espace est restreint aux établissements<br />

d'enseignement<br />

supérieur adhérents de l'Agence.<br />

Les documents présentés sont<br />

<strong>des</strong> documents de travail : ils<br />

n'ont aucun caractère "officiel".<br />

Chaque contributeur est responsable<br />

du contenu <strong>des</strong> documents<br />

présentés.<br />

Les établissements qui se sont dotés<br />

de l'outil "Entrepôt de données" :<br />

1ère vague : AMIENS, BESANCON,<br />

LILLE 1, LILLE 2, PARIS 6, RENNES 1,<br />

STRASBOURG 1, VERSAILLES-ST QUENTIN<br />

2ème vague : DIJON, CLERMONT 2,<br />

INPG, MONTPELLIER 2, MONTPELLIER 3<br />

THÉMATIQUES<br />

19


THÉMATIQUES<br />

Comment rendre<br />

l’université plus “pédagogique” ?<br />

20<br />

Maurice Porchet<br />

juin 2002<br />

Depuis 1985, l’université française<br />

a dû surmonter de nombreuses<br />

difficultés et notamment deux<br />

problèmes structurels majeurs :<br />

• l’augmentation considérable<br />

de ses effectifs étudiants<br />

(de 1985 à 1995) ; c’est ce que<br />

l’on a appelé d’une manière peu<br />

élégante l’université de "masse"<br />

• l’amélioration de sa<br />

pratique de la recherche grâce à<br />

un meilleur partenariat avec le<br />

CNRS, en particulier.<br />

Des résultats significatifs ont été<br />

obtenus dans ces deux domaines<br />

(bonne formation, en général, de<br />

nos étudiants et véritable évaluation<br />

de l’activité de recherche <strong>des</strong><br />

enseignants-chercheurs) et l’on<br />

peut regretter que la situation soit<br />

totalement différente au niveau<br />

de la formation, seul domaine<br />

que j’aborderai dans cet article.<br />

Une désaffection nette de la<br />

part <strong>des</strong> étudiants<br />

Le Ministre de l’Education Nationale<br />

m’a confié, en novembre<br />

2001, une mission d’information<br />

sur la " désaffection <strong>des</strong> filières<br />

scientifiques " (*)<br />

Le constat est sans appel. Depuis<br />

1995, les jeunes bacheliers S délaissent,<br />

chaque année un peu<br />

plus, les filières scientifiques universitaires<br />

longues (1er et 2ème<br />

cycles). <strong>La</strong> situation est dramatique<br />

en Sciences de la Matière<br />

(Physique, Chimie), préoccupante<br />

en Sciences de la Vie (1er<br />

cycle) et en Mathématiques (second<br />

cycle).<br />

En revanche, l’ensemble <strong>des</strong> filières<br />

professionnalisantes (IUT,<br />

BTS et surtout les sciences de l’ingénieur)<br />

ne rencontre aucune<br />

désaffection. <strong>La</strong> tendance est<br />

identique en 3ème cycle où les<br />

DESS connaissent un succès mérité<br />

alors que les DEA n’arrivent<br />

plus à recruter nos meilleurs étudiants.<br />

Au cours de mes investigations,<br />

j’ai découvert également que<br />

d’autres disciplines étaient touchées,<br />

notamment les lettres<br />

classiques qui sont en passe de<br />

disparaître dans de nombreux<br />

établissements mais encore, le<br />

Droit où la chute <strong>des</strong> effectifs<br />

commence à inquiéter les universitaires<br />

…<br />

En résumé, la baisse <strong>des</strong> effectifs<br />

étudiants s’accroît au profit de<br />

structures plus accueillantes et<br />

répondant davantage aux souhaits<br />

<strong>des</strong> jeunes et de leurs parents.<br />

Les conséquences sont facilement<br />

imaginables à court<br />

terme :<br />

• moins de recrutement de nouveaux<br />

Maîtres de<br />

conférences dans les disciplines<br />

touchées<br />

• redéploiement en interne <strong>des</strong><br />

emplois d’enseignants chercheurs<br />

• fermeture de certaines filières<br />

d’enseignement (dont <strong>des</strong> premiers<br />

cycles)<br />

• fermeture de sites universitaires<br />

d’ici dix ans<br />

Ce scénario catastrophe est tout à<br />

fait probable, et l’on peut d’ores<br />

et déjà l’observer chez plusieurs<br />

de nos voisins européens.<br />

Quelle réponse<br />

faut-il apporter ?<br />

Mon analyse de la situation, m’a<br />

conduit à remettre en cause les<br />

pratiques enseignantes en vigueur<br />

non seulement à l’université<br />

mais également au lycée. Je<br />

suis totalement convaincu<br />

(même si beaucoup de Présidents<br />

d’Université ne sont pas de<br />

mon avis) que nous devons réinventer<br />

une université enfin "<br />

pédagogique " qui porterait une<br />

plus grande attention au suivi de<br />

la scolarité de ses étudiants et qui<br />

démontrerait une véritable<br />

connaissance <strong>des</strong> débouchés<br />

professionnels <strong>des</strong> disciplines<br />

concernées.<br />

(*) Le rapport est en ligne sur le site du Ministère " Les jeunes et les étu<strong>des</strong> scientifiques. Les causes de la<br />

désaffection. Un plan d’action ".


L’exemple à suivre me paraît être<br />

celui <strong>des</strong> écoles d’ingénieurs où<br />

sont mis en place :<br />

• un Directeur <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> ou de<br />

la pédagogie avec un pouvoir<br />

réel<br />

• <strong>des</strong> équipes pédagogiques<br />

consistantes<br />

• une véritable évaluation <strong>des</strong><br />

enseignements<br />

• une identification assez précise<br />

<strong>des</strong> débouchés professionnels<br />

Le rayonnement de ces établissements<br />

est très positif auprès<br />

<strong>des</strong> étudiants mais soulignons<br />

également la qualité de leur recherche.<br />

L’étudiant de 2002 a changé<br />

Ses attentes ne sont plus les mêmes<br />

face au système éducatif.<br />

81% <strong>des</strong> étudiants (d’après la<br />

DPD) poursuivent <strong>des</strong> étu<strong>des</strong><br />

universitaires en vue d’exercer<br />

un emploi.<br />

Les bacheliers recherchent donc<br />

en priorité <strong>des</strong> filières :<br />

• à vocation professionnelle<br />

• à effectifs réduits<br />

• bien encadrées (proches de la<br />

structure du lycée)<br />

Cette offre de formation est<br />

abondante et diversifiée dans le<br />

secteur sciences et technologies<br />

(IUT, STS, CPGE, écoles) alors que<br />

dans le secteur juridique, l’université<br />

est incontournable. Il en<br />

résulte donc une situation de<br />

forte concurrence dans le domaine<br />

<strong>des</strong> sciences et technologies,<br />

pénalisant davantage les<br />

DEUG dont l’image négative relayée<br />

dans le public et les médias<br />

évoque :<br />

• l’anonymat<br />

• les amphis surchargés<br />

• l’absence de lisibilité professionnelle<br />

Les universités face à ce constat<br />

ont une obligation morale de<br />

s’investir dans le "pédagogique".<br />

Et pourtant…<br />

Les blocages permanents<br />

Ils sont connus de tous mais les<br />

solutions tardent :<br />

• carrières <strong>des</strong> enseignants chercheurs<br />

gérées presque exclusivement<br />

sur <strong>des</strong> critères de recherche<br />

• très peu de structures pédagogiques<br />

dans nos universités<br />

(équipes pédagogiques, service<br />

universitaire de pédagogie)<br />

• refus du système d’intégrer l’idée<br />

d’une formation <strong>des</strong> jeunes<br />

enseignants chercheurs à la<br />

pédagogie (les CIES restent très<br />

marginalisés dans certaines<br />

académies).<br />

A noter que ces blocages ne sont<br />

pas seulement institutionnels,<br />

mais parfaitement intégrés par les<br />

universitaires. A ce sujet, je peux<br />

citer trois anecdotes récentes :<br />

• un Président d’université m’avait<br />

demandé un rapport sur la<br />

réorganisation pédagogique<br />

de son établissement. L’idée de<br />

la création d’un service de pédagogie,<br />

regroupant <strong>des</strong> structures<br />

totalement inefficaces et<br />

donc à supprimer, lui a semblé<br />

impossible à concrétiser.<br />

• Un conseiller d’établissement<br />

dissuadant il y a quelques mois<br />

une université, de créer un SUP<br />

(service universitaire de pédagogie).<br />

• Un Président d’université me<br />

disant " nous devons rester <strong>des</strong><br />

universitaires !! " (ce qui signifie<br />

que nous n’avons pas à nous<br />

préoccuper de pédagogie ;<br />

c’est aux étudiants à " travailler<br />

plus ")<br />

Or, la réalité n’est plus celle-là.<br />

Les sondages de la DPD (non publiés<br />

au colloque de Lille car jugés<br />

trop négatifs) montrent que<br />

60 à 80 % <strong>des</strong> étudiants sont déçus<br />

de leur première année de<br />

DEUG. <strong>La</strong> désaffection s’explique<br />

donc simplement.<br />

Quelques repères<br />

Il serait très intéressant d’analyser<br />

l’ensemble <strong>des</strong> contrats d’établissement<br />

signés tous les quatre<br />

ans et de s’interroger sur le<br />

fait que les universités n’aient<br />

pas su anticiper le problème de<br />

la désaffection de leurs étudiants<br />

ni chercher à y remédier (à de rares<br />

exceptions près).<br />

Il est stupéfiant d’observer avec<br />

quelle rapidité, les universitaires<br />

s’adaptent à tous les appels d’offre<br />

de la DES : celui concernant<br />

les équipes pédagogiques est un<br />

THÉMATIQUES<br />

21


THÉMATIQUES<br />

Comment rendre l’université plus “pédagogique” ?<br />

véritable cas d’école. J’ai vu foisonner<br />

<strong>des</strong> listes impressionnantes<br />

d’équipes pédagogiques sans que<br />

cela recouvre la moindre réalité.<br />

Les universitaires en restent trop<br />

souvent au stade <strong>des</strong> intentions<br />

et imaginent à tort qu’il leur suffit<br />

d’exprimer <strong>des</strong> idées pour<br />

qu’elles deviennent réalité.<br />

<strong>La</strong> pratique <strong>des</strong> contrats d’établissement<br />

est excellente mais il<br />

manque le volet essentiel : l’évaluation<br />

finale. Il faut la mettre<br />

d’urgence en place et décerner <strong>des</strong><br />

labels aux universités efficaces, sachant<br />

que les résultats seraient<br />

bien entendu rendus publics.<br />

Une organisation plus<br />

pédagogique de l’université<br />

Elle repose sur quelques idées<br />

simples :<br />

• L’université ne doit pas seulement<br />

transmettre <strong>des</strong> connaissances,<br />

elle doit aider l’étudiant<br />

à se bâtir un projet personnel<br />

(professionnel ?). C’est<br />

peut-être contraire à beaucoup<br />

de traditions universitaires<br />

mais c’est une demande forte<br />

de notre société.<br />

• L’enseignant universitaire doit<br />

coordonner son enseignement<br />

avec la formation dispensée au<br />

lycée. Cette adaptation au public<br />

<strong>des</strong> nouveaux bacheliers relève<br />

d’une démarche pédagogique.<br />

• Il n’est pas utile de se lamenter<br />

constamment sur le " niveau "<br />

<strong>des</strong> étudiants, leur " incapacité "<br />

à travailler, à rédiger… L’alternative<br />

est simple : ou les étu<strong>des</strong><br />

universitaires longues supposent<br />

une sélection <strong>des</strong> postulants (et<br />

nos DEUG seront remplacés par<br />

quelques classes préparatoires)<br />

ou nous restons dans le cadre légal<br />

actuel et nous nous adaptons<br />

aux bacheliers.<br />

• <strong>La</strong> pratique enseignante en début<br />

de DEUG doit être profondément<br />

remaniée (cf. rapport<br />

remis au Ministre)<br />

• Les maîtres de conférences doivent<br />

être formés à leur métier<br />

d’enseignant. C’est devenu indispensable<br />

(gestion d’un<br />

groupe, gestion du stress, communication…).<br />

Les CIES oeuvrent<br />

en ce sens malgré <strong>des</strong><br />

moyens dérisoires. Au lieu de<br />

critiquer ces initiatives, les universités<br />

devraient s’investir davantage<br />

dans ce domaine et<br />

leur apporter une aide efficace.<br />

• Donner enfin une réelle consistance<br />

aux équipes pédagogiques,<br />

aux structures d’animation<br />

(type service<br />

universitaire de pédagogie) et<br />

à la formation <strong>des</strong> universitaires<br />

aux multiples facettes de<br />

leur métier.<br />

Etat <strong>des</strong> lieux<br />

Evaluation<br />

Rapport<br />

Mission<br />

…<br />

Réalisations<br />

Pistes<br />

ponctuelles<br />

q d'action q q Généralisation<br />

Mise<br />

propositions<br />

Expérimentation Evaluation<br />

en œuvre<br />

Par<br />

observateur<br />

intérieur<br />

Par<br />

observateur<br />

extérieur<br />

22


Quelques pistes d’action à extraire du rapport<br />

sur les “jeunes et les étu<strong>des</strong> scientifiques”<br />

Pour l’ensemble du système éducatif<br />

1 - Quelles " métho<strong>des</strong> actives " peut-on introduire dans l’enseignement <strong>des</strong> sciences<br />

pour y développer une véritable démarche scientifique ?<br />

2 - Comment accorder au maître et à l’élève un espace de liberté afin de favoriser l’expérimentation<br />

scientifique ?<br />

3 - Comment mutualiser la pratique enseignante avec celle de la culture scientifique ?<br />

4 - Comment développer la pluridisciplinarité du collège à l’université ?<br />

5 - Comment assurer une formation à la pluridisciplinarité pour les enseignants ?<br />

THÉMATIQUES<br />

Pour l’université<br />

6 - Comment concevoir de véritables travaux pratiques reposant sur une pédagogie de<br />

projets (plateaux techniques performants et ateliers technologiques encadrés) ?<br />

7 - Comment refonder les travaux dirigés pour en faire de véritables lieux d’échange et<br />

de dialogue entre les enseignants et les étudiants, l’université et le monde extérieur ?<br />

8 - Comment mieux intégrer les TICE dans les enseignements fondamentaux ?<br />

9 - Comment repenser profondément l’information sur l’université ?<br />

10 - Comment assurer une vraie information <strong>des</strong> étudiants sur les débouchés professionnels<br />

<strong>des</strong> filières scientifiques ?<br />

11 - Comment mutualiser les multiples expérimentations et innovations pédagogiques<br />

menées dans les différentes universités ?<br />

12 - Comment mieux évaluer les étudiants ainsi que les enseignements ?<br />

A l’interface lycée – université<br />

13 - Comment mutualiser les pratiques pédagogiques entre le lycée et la première année<br />

d’université ?<br />

14 - Comment assurer un suivi <strong>des</strong> néo-bacheliers pendant la première année d’université ?<br />

23


THÉMATIQUES<br />

Vie étudiante<br />

L’accueil <strong>des</strong> étudiants étrangers<br />

24<br />

“<br />

Si un individu<br />

demande et obtient<br />

un visa d'étudiant,<br />

nous allons désormais<br />

vérifier qu'il est<br />

véritablement assidu<br />

”<br />

aux cours.<br />

Georges Bush<br />

29 octobre 2001<br />

Ancien secrétaire général de<br />

l'Université de Bretagne-Sud et<br />

de l'IUFM de Bretagne avant<br />

d'être adjoint à la sous-direction<br />

<strong>des</strong> personnels administratifs et<br />

techniques à la DPATE, Jean<br />

Marc FROHARD est aujourd'-<br />

hui administrateur civil au Ministère<br />

<strong>des</strong> affaires sociales, du<br />

travail et de la solidarité. Au sein<br />

de la Direction de la Population<br />

et <strong>des</strong> Migrations, il a en charge<br />

la réglementation <strong>des</strong> autorisations<br />

de travail et le regroupement<br />

familial <strong>des</strong> migrants.<br />

Les informations de cet article ont été<br />

recueillies au cours d'un voyage d'étude<br />

de la 23eme session nationale de<br />

l'Institut National du Travail, de l'Emploi<br />

et de la Formation Professionnelle<br />

dont il est auditeur.<br />

De fait, deux <strong>des</strong> dix-neuf terroristes<br />

du 11 septembre disposaient<br />

d'un visa d'étudiant et n'avaient jamais<br />

rejoint les cours qu'ils suivaient.<br />

Dans le cadre du "USA Patriot Act",<br />

la loi exceptionnelle (sinon d'exception)<br />

issue <strong>des</strong> tragiques événements,<br />

<strong>des</strong> moyens importants ont<br />

été dégagés pour construire le système<br />

d'information devant assurer<br />

le suivi <strong>des</strong> étudiants étrangers résidant<br />

aux Etats-Unis.<br />

Ce système gèrera le flux de plus de<br />

600.000 étrangers qui obtiennent<br />

un visa d'étudiant, flux qui est en<br />

croissance de près de 60% depuis<br />

quelques années (334.402 en<br />

1989).<br />

Le système, développé sur Intranet,<br />

porte le nom de "SEVIS" ("Student<br />

and Exchange Visitor Information<br />

System"). Il a l'ambition de gérer<br />

l'ensemble du processus d'entrée<br />

et de séjour de l'étudiant, de sa demande<br />

d'inscription à l'université<br />

jusqu'aux résultats pédagogiques<br />

obtenus, sans oublier l'adresse ou<br />

le numéro de téléphone de l'intéressé.<br />

Lors de sa demande d'inscription,<br />

l'étudiant saisit toutes les<br />

informations le concernant ; si l'établissement<br />

l'accepte, ce dernier<br />

précise le parcours pédagogique<br />

suivi y compris les dates de début<br />

et de fin de cours. Dès lors, ces informations<br />

seront visibles pour le<br />

service du consulat en charge d'instruire<br />

la demande de visa comme<br />

de l'ensemble <strong>des</strong> services gouvernementaux<br />

connectés (Education,<br />

intérieur, …). Ce système étant global<br />

et régulièrement mis à jour, le<br />

Département d'Etat et celui de la<br />

Justice espèrent disposer ainsi d'un<br />

système de suivi fiable puisque les<br />

universités sont obligées par la loi<br />

d'alimenter SEVIS en donnant les<br />

résultats universitaires de chaque<br />

étudiant étranger ainsi que de déclarer<br />

les incidents de carrière de<br />

celui-ci (absences injustifiées, abandon,<br />

retour précipité au pays…).<br />

Aujourd’hui , un étudiant peut passer<br />

l’été à faire du tourisme en Californie<br />

ou à chercher un établissement<br />

puis s’inscrire. Demain, il<br />

devra rentrer au pays et obtenir un<br />

visa d’étudiant avant de débuter<br />

son séjour.<br />

"SEVIS" est développé pour le service<br />

d'immigration du Département<br />

de la Justice (à la fois service<br />

administratif et police <strong>des</strong> frontières)<br />

appelé INS. Sa naissance est<br />

ancienne et déjà liée à un événement<br />

dramatique, l'attentat contre<br />

le World trade Center de 1993, qui<br />

avait été perpétré par un détenteur<br />

de visa d'étudiant. <strong>La</strong> loi fondatrice<br />

d'un dispositif amélioré de suivi<br />

électronique <strong>des</strong> étudiants est la loi<br />

104-208 de septembre 1996. De<br />

1997 à Septembre 2001, cette ambition<br />

a été mal financée et assez<br />

mal comprise par les établissements<br />

universitaires, et les développements<br />

ont connu beaucoup<br />

de retard. Au lendemain du 11 septembre,<br />

l'INS et la communauté<br />

universitaire se sont renvoyé la<br />

responsabilité de cet échec, les universitaires<br />

rappelant un point de<br />

conflit avec l'INS sur leur refus de<br />

collecter auprès <strong>des</strong> étudiants<br />

étrangers la redevance qui devait<br />

être instituée pour autofinancer ce


dispositif et l'INS soulignant la<br />

mauvaise volonté de la communauté<br />

universitaire pour participer à<br />

un projet visant à la sûreté de l'Etat.<br />

Depuis, les coûts de développement<br />

ont bien été pris en compte<br />

par le Gouvernement : 41 millions<br />

d'Euros - soit 266 millions de Francs<br />

– y ont été affectés, et le système<br />

entre désormais dans la période de<br />

déploiement. Les interfaces avec les<br />

logiciels privés ou universitaires<br />

sont actuellement livrées sous le<br />

nouveau format XML. Les coûts de<br />

fonctionnement devaient être pris<br />

en charge par les étudiants étrangers,<br />

les sommes étant récupérées<br />

par les établissements. En février, la<br />

conférence <strong>des</strong> institutions universitaires<br />

rappelait ses réticences à ce<br />

financement, car, sans compter le<br />

temps de travail nécessaire à une<br />

collecte fiable <strong>des</strong> informations au<br />

sein <strong>des</strong> campus, il pourrait augmenter<br />

les droits à la charge <strong>des</strong><br />

étudiants, et donc rendre les Etats-<br />

Unis moins attractifs. Par ailleurs, la<br />

première version prévoyait un<br />

paiement sur Internet avec une<br />

Carte bancaire, mais la communauté<br />

universitaire a fait remarquer<br />

que les NTIC n'avaient pas au plan<br />

de la planète un développement<br />

En savoir plus :<br />

• visiter le site de l'I.N.S. :<br />

http://www.ins.usdoj.gov/<br />

• celui du Département de la justice :<br />

www.usdoj.gov<br />

• ou ceux <strong>des</strong> institutions<br />

universitaires<br />

www.acenet.edu<br />

ou www.nafsa.org<br />

tel qu'en Afrique, Asie ou en Europe<br />

de l'Est, cette contrainte ne<br />

nuise aux inscriptions <strong>des</strong> étudiants.<br />

Depuis l'I.N.S essaie de<br />

trouver une procédure de paiement<br />

plus simple comme le renvoi<br />

d'une part d'un formulaire vers ses<br />

services régionaux et d'autre part<br />

d'un chèque par l'étudiant à son arrivée<br />

sur le territoire américain, et<br />

surtout un tarif acceptable qui ne<br />

dépasserait pas 96 USD voire<br />

35 USD pour les programmes<br />

d’échanges.<br />

Les premiers tests ont révélé la difficulté<br />

de gérer les "incidents" détectés<br />

par "SEVIS". En effet, le<br />

nombre d'étudiants absents de<br />

l'université à laquelle ils sont normalement<br />

inscrits ou absents <strong>des</strong><br />

cours qu'ils devraient suivre pour<br />

tout ou partie, suppose de créer<br />

dans les services de l'INS <strong>des</strong><br />

équipes de dépouillement et de<br />

suivi …au-delà, à San Diego, l'INS<br />

a recherché 50 étudiants dont les<br />

visas avaient expiré mais qui<br />

étaient toujours présents dans les<br />

fichiers universitaires. Sur ces ressortissants<br />

de pays "peu sûrs", finalement<br />

10 ont été localisés,<br />

dont un s'est avéré être en règle.<br />

Pour les neuf en situation irrégulière,<br />

la procédure d'expulsion est<br />

longue et suppose <strong>des</strong> moyens<br />

qui n'existent pas encore dans les<br />

juridictions. Sans compter que<br />

dans un pays sans carte d'identité,<br />

les contrôles réalisés sur <strong>des</strong> populations<br />

ciblées tombent facilement<br />

sous le coup <strong>des</strong> lois sur les<br />

discriminations 1 . Actuellement, le<br />

déploiement technique commence<br />

dans quelques établissements<br />

et consulats pour une mise<br />

en service à la rentrée 2003. De<br />

leur côté les associations de défense<br />

<strong>des</strong> droits de la personne<br />

humaine commencent à se mobiliser<br />

ce qui devrait donner lieu à<br />

quelques beaux procès …<br />

<strong>La</strong> modification de cette procédure<br />

ne devrait pas comporter de<br />

désagréments particuliers pour<br />

les étudiants français. <strong>La</strong> notion<br />

de pays "peu sûrs" était jusqu'à<br />

présent réservée à l'Iran, l'Irak, la<br />

Libye, le Soudan et la Syrie ;<br />

désormais le Département d'État<br />

pourra ajouter un pays à cette<br />

liste au regard de la situation<br />

internationale mais les agents de<br />

l'I.N.S. pourront aussi ajouter un<br />

étranger qui leur paraîtra mériter<br />

un suivi particulier. Dès son arrivée<br />

aux Etats-Unis, il verra numériser<br />

ses empreintes digitales et<br />

photographier son portrait pour<br />

vérifier qu'il n'est pas connu<br />

comme criminel ou terroriste 2 ; un<br />

changement d'adresse non signalé<br />

dans les dix jours lui coûtera<br />

une amende de 1.000 USD et le<br />

dépassement de la date de son<br />

visa le verra inscrit dans le fichier<br />

<strong>des</strong> recherchés consulté par le<br />

premier shérif au moindre accident<br />

de la circulation 3 .<br />

Les seuls définitivement satisfaits<br />

sont les professeurs de sciences<br />

politiques qui demandaient depuis<br />

plusieurs années les moyens<br />

de mener <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> sociologiques<br />

sur le parcours universitaire<br />

<strong>des</strong> étudiants étrangers.<br />

L'INS leur offre l'outil dont ils<br />

avaient rêvé.<br />

1<br />

Pour ce motif les employeurs ne contrôlent plus les titres de séjour à l’embauche, il y aurait ainsi 8,6 Millions d’illégaux (undocumented people)<br />

2<br />

base de donnée: IAFS et INS Ident soit près de 100.000 étrangers<br />

3<br />

5 juin 2002, national security entry-exit registration system.<br />

25<br />

THÉMATIQUES


THÉMATIQUES<br />

L’accueil <strong>des</strong> étudiants étrangers :<br />

l’aide au dépôt <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de titres de séjour<br />

26<br />

Yves CHAIMBAULT<br />

Secrétaire général<br />

de l’université de LILLE 1<br />

On voit bien dans l’article de<br />

Jean-Marc FROHARD, qu’au<br />

nom de la Revue, je remercie<br />

chaleureusement, quelle ambiguïté<br />

peut s’instaurer dans les relations<br />

entre l’Université, dans sa<br />

fonction académique, et l’État,<br />

dans sa dimension régalienne de<br />

contrôle et de régulation <strong>des</strong> flux<br />

migratoires.<br />

C’est cette ambiguïté qui a<br />

conduit en France certaines<br />

universités à refuser les<br />

conventions qu’en 2000 et<br />

2001, les Préfectures avaient<br />

tenté de faire signer un peu<br />

partout pour faciliter le dépôt<br />

<strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de titres de séjour<br />

et en accélérer la délivrance.<br />

Comme aux Etats-Unis, l’étudiant<br />

étranger représente un enjeu<br />

fort. À Bordeaux, Guy Haug<br />

a expliqué devant l’Association<br />

<strong>des</strong> Secrétaires Généraux comment<br />

l’Europe avait perdu son<br />

statut de 1ère <strong>des</strong>tination <strong>des</strong><br />

étudiants en mobilité dans le<br />

monde, qu’elle gardait encore<br />

au début <strong>des</strong> années 1980, au<br />

profit <strong>des</strong> Etats-Unis (les chiffres<br />

de Jean-Marc en attestent). Il a<br />

montré comment l’ambition affirmée<br />

de l’UE était d’inverser<br />

cette tendance et de rétablir la<br />

primauté de l’Europe sur les<br />

Etats-Unis en la matière ; un objectif<br />

ambitieux au sein d’un projet<br />

colossal : la construction de<br />

l’Espace européen de l’enseignement<br />

supérieur.<br />

En France, à la fin <strong>des</strong> années<br />

90, le constat prévalait d’une<br />

stagnation, sinon d’une baisse<br />

du nombre <strong>des</strong> étudiants étrangers<br />

accueillis dans le pays.<br />

Comment ne pas établir une<br />

corrélation entre cette baisse et<br />

le recul de l’influence de la<br />

France dans le monde ? Comment<br />

ne pas s’interroger sur la<br />

dimension linguistique du problème<br />

? Comment aussi ne pas<br />

rencontrer les préoccupations "<br />

alimentaires " de certaines universités<br />

confrontées à une<br />

baisse tout court de leurs effectifs<br />

?<br />

L’objectif étant fixé en France<br />

d’accroître le nombre d’étudiants<br />

étrangers, l’un <strong>des</strong><br />

moyens était d’améliorer l’accueil<br />

et notamment d’entrer<br />

dans <strong>des</strong> logiques de " guichet<br />

unique ", de manière à regrouper,<br />

faciliter et accélérer les démarches<br />

de l’étudiant. Ainsi seraient<br />

évités notamment <strong>des</strong><br />

délais de délivrance de titres de<br />

séjour pouvant aller de 6 à 8<br />

mois, <strong>des</strong> procédures fastidieuses<br />

et <strong>des</strong> attentes interminables,<br />

et les inconvénients liés à ces<br />

trops longs délais (retours au<br />

pays aux 1ère vacances, stages à<br />

l’étranger…)<br />

Une circulaire co-signée Enseignement<br />

Supérieur et Intérieur a<br />

ainsi permis aux Préfectures de<br />

passer <strong>des</strong> conventions avec les<br />

établissements pour permettre la<br />

délivrance <strong>des</strong> titres dans le<br />

meilleur délai (objectif un mois)<br />

après que les services <strong>des</strong> universités<br />

se soient substitués aux<br />

services <strong>des</strong> Préfectures pour informer<br />

l’étudiant, lui remettre le<br />

dossier, recueillir et rassembler<br />

les pièces constitutives de la demande<br />

de titre de séjour et les<br />

transmettre à la Préfecture pour<br />

instruction et délivrance du titre.<br />

Les Universités, et les écoles,<br />

avaient parfois monté de tels services<br />

de facilitation <strong>des</strong> démarches<br />

pour les étudiants (et pour<br />

les chercheurs) étrangers. L’enjeu<br />

consistait à étendre le dispositif<br />

au plus grand nombre possible<br />

<strong>des</strong> étudiants accueillis, et donc<br />

à changer d’échelle.<br />

L’exemple du Nord Pas-de-Calais<br />

Rappelons que le pouvoir réglementaire,<br />

en l’espèce, s’exerce<br />

au niveau départemental et non<br />

régional, ce qui au passage peut<br />

créer une curieuse différence de<br />

traitement entre les étudiants<br />

d’une même université installée<br />

sur deux ou plusieurs départements.<br />

Dans le Nord Pas-de-Calais,<br />

seul le Nord a pris l’initiative<br />

d’un rapprochement <strong>des</strong> procédures.<br />

Or, les deux universités<br />

nouvelles sont " transdépartementales<br />

" (ainsi que Lille 1,<br />

pour sa station marine) : à l’université<br />

du Littoral, il y aura donc<br />

deux régimes différents selon<br />

que les étudiants seront à Dunkerque<br />

ou à Calais, ou Boulogne.<br />

<strong>La</strong> mise en place du dispositif<br />

s’est faite progressivement. En<br />

2000, à l’issue d’une réunion de<br />

l’ensemble <strong>des</strong> partenaires, le


paysage est clair : la Préfecture<br />

propose une convention d’aide<br />

au dépôt <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de titres<br />

de séjour ; les trois universités<br />

lilloises, qui représentent les 3/4<br />

de la population cible refusent la<br />

proposition ; les écoles, la FUPL<br />

(la catho), et les universités " excentrées<br />

" (Valenciennes et Dunkerque)<br />

l’acceptent.<br />

Le sondage rapide auquel j’ai procédé<br />

auprès <strong>des</strong> collègues confirme<br />

cette tendance : un service particulier<br />

est proposé par les établissements,<br />

quand le public est sélectionné<br />

(écoles) et/ou quand les<br />

effectifs concernés ne représentent<br />

pas plus d’une cinquantaine de dossiers.<br />

Notons quelques exceptions.<br />

Pour les autres, le problème est<br />

d’une autre ampleur. Certaines<br />

universités craignent que cette<br />

procédure conduise à identifier<br />

<strong>des</strong> étudiants en situation irrégulière.<br />

Les universitaires qui s’étaient<br />

insurgés contre le principe<br />

de la circulaire Marchand (la Préfecture<br />

s’arrogeant le droit de juger<br />

de la validité du cursus universitaire<br />

pour autoriser le<br />

renouvellement de titres) ne se<br />

voient pas engagés dans une<br />

procédure inverse d’intervention<br />

<strong>des</strong> universitaires dans une procédure<br />

de type policier. Dans le<br />

Nord, la Préfecture rassure : la<br />

procédure de dépôt <strong>des</strong> dossiers<br />

ne <strong>des</strong>saisit en rien le Préfet, et<br />

ne donne aucun pouvoir d’instruction<br />

aux universités ; elle minimise<br />

: les dossiers rejetés se<br />

comptent sur les doigts d’une<br />

main ; elle pratique un chantage<br />

discret : s’il n’y a pas accord, la situation<br />

ne sera pas meilleure<br />

qu’avant, et même…<br />

En 2001, Lille 2 (les juristes) reste<br />

sur ses convictions et refuse toute<br />

convention, mais Lille 1 et Lille 3<br />

changent de position en raison<br />

du besoin reconnu et de la forte<br />

demande étudiante, acceptent<br />

de conventionner. Elles le font à<br />

titre expérimental, uniquement<br />

pour les primo-entrants. 375<br />

dossiers seront ainsi instruits à<br />

Lille 1 et 300 à Lille 3 à l’automne<br />

2001.<br />

L’annulation par le Conseil d’Etat,<br />

sur recours d’un syndicat étudiant,<br />

de la circulaire, n’entraînera<br />

pas de conséquences : selon<br />

le sondage précité, seule une Préfecture<br />

cessera toute mesure de<br />

facilitation. Les autres, et le Nord<br />

en particulier, continuent de<br />

pousser à l’élargissement de la<br />

procédure, ce que Lille 1 fera à la<br />

rentrée 2002 en traitant non seulement<br />

les premières deman<strong>des</strong>,<br />

mais aussi les renouvellements.<br />

Quelques données<br />

du problème :<br />

A l’actif de ce qui a été fait l’an<br />

passé figure la satisfaction très<br />

large <strong>des</strong> étudiants pour qui cette<br />

mesure-là constitue un progrès indéniable<br />

; au passif, l’acceptation<br />

d’une charge lourde pour le budget<br />

<strong>des</strong> établissements (environ<br />

30 kilos euros/an) sans aucune<br />

contrepartie à la clef ; au rapport<br />

moral, on subodore qu’un certain<br />

nombre de démarches ne sont<br />

pas allées à terme, et que <strong>des</strong> étudiants<br />

sont restés inscrits sur la foi<br />

d’un récépissé de demande de titre<br />

de séjour auquel ne sera jamais<br />

substitué le titre effectif.<br />

L’idée enfin que, dans les procédures,<br />

on n’a pas suffisamment<br />

utilisé la possibilité de faire intervenir,<br />

là où ils existent, les Pôles<br />

européens. Enfin, il convient de<br />

traiter deux conséquences du problème<br />

qui touchent à la vie étudiante<br />

et qui ont trait aux problèmes<br />

de santé et de logement.<br />

27<br />

THÉMATIQUES


THÉMATIQUES<br />

Les titres de séjour<br />

Une conséquence inattendue en matière de suivi médical<br />

<strong>La</strong> procédure ci-<strong>des</strong>sus a posé de façon inattendue la question du suivi médical de cette population d’étudiants<br />

étrangers.<br />

En effet, la délivrance du titre de séjour est subordonnée à un contrôle médical préalable qui incombe à l’Office<br />

<strong>des</strong> Migrations Internationales (OMI). Depuis 1992, une convention lie l’OMI au Centre Universitaire de<br />

Promotion de la Santé (CUPS), une structure (interuniversitaire). <strong>La</strong> partie radiologique est assurée par le biais<br />

du Conseil général.<br />

Le CUPS propose plus qu’une visite de routine. Il s’agit d’un véritable bilan qui dure de 30 à 45 minutes. Il insiste<br />

pour faire comprendre que la procédure actuelle est primordiale à propos de populations fragiles, déracinées,<br />

aux conditions de vie parfois précaires. Les visites sont donc étalées sur une longue période. Par ailleurs<br />

le Conseil général ne peut mettre à disposition qu’un ou deux jours par mois un car de contrôle radiologique<br />

permettant de faire passer 80 étudiants par jour.<br />

D’un côté, le souhait d’accélérer la procédure pour faire visiter 2000 étudiants dans un délai de 6 à 8 semaines<br />

au plus. De l’autre, <strong>des</strong> visites à 12 ou 16 étudiants par jour, soit au maximum 720 sur 9 semaines, et 160<br />

en visite radiologique (avec lecture par un pneumologue). On cherche une solution.<br />

28<br />

<strong>La</strong> saturation mécanique et conjoncturelle <strong>des</strong> possibilités de logement ?<br />

<strong>La</strong> politique d'accroissement de l'accueil <strong>des</strong> étudiants étrangers est un succès. Les services scolarité <strong>des</strong> facs<br />

ont même commencé à tirer la sonnette d'alarme : la demande de renseignements croît de +50% à +75%<br />

chaque année depuis trois ans. Mécaniquement, l'accueil augmente : retour <strong>des</strong> dossiers 25 à 50% <strong>des</strong> envois,<br />

acceptation par les commissions de validation : 50% <strong>des</strong> dossiers en 1er ou 2nd cycle, 20% en 3ème cycle<br />

; 96% d'inscrits effectifs en 1er ou 2nd cycle, 50% en 3ème cycle, hors bac français à l'étranger (chiffres<br />

LILLE 1). Services et commissions de validation continueront-ils à faire face ?<br />

Autre difficulté, sociale celle-là :les CROUS sont confrontés à une insuffisance globale de l'offre de logement,<br />

et au problème de solvabilité <strong>des</strong> demandeurs. En 2001, quelques manifs ont révélé le problème à Bordeaux,<br />

Lille ou Amiens. Quelles sont les données du problème ?<br />

Le nombre d'étudiants étrangers accueillis croît de façon importante mais inégale selon l'origine géographique.<br />

Davantage d'étudiants viennent du Maghreb ou de l'Afrique noire. Le phénomène couvre en partie une réalité<br />

économique. Comment se prémunir de dérives ? L'octroi <strong>des</strong> visas dans les consulats devrait tenir compte<br />

de l'offre locale (et prévenir l'exode <strong>des</strong> élites), mais ce contrôle semble peu exercé. À l'arrivée, l'examen <strong>des</strong><br />

dossiers se fait dans les universités sur <strong>des</strong> critères académiques. <strong>La</strong> délivrance du titre de séjour est du ressort<br />

de la Préfecture. Pour son séjour, l'étudiant doit justifier d'un niveau de ressources minimum (environ 430 euros/mois)<br />

toujours très difficile à apprécier. <strong>La</strong> réalité est donc celle de l'arrivée d'étudiants à faibles ressources,<br />

qui sollicitent le CROUS pour un logement.<br />

Sur 15000 logements à vocation étudiante en Nord-Pas-de-Calais, le CROUS offre 9000 chambres en résidence<br />

(à <strong>des</strong> normes bien dépassées). Il doit maintenir le logement aux bénéficiaires <strong>des</strong> années précédentes, et garantir<br />

les échanges institutionnels : en ce qui concerne les étudiants étrangers, la première mesure représente<br />

87% de la ressource, la seconde consomme le reste. <strong>La</strong> marge de manœuvre semble donc bien réduite.<br />

Il y a trois étapes dans la recherche de solution : à long terme, la réalisation <strong>des</strong> programmations U3M ; à plus<br />

court terme, une meilleure gestion <strong>des</strong> procédures administratives du côté du MAE, comme du MEN. Pour la<br />

rentrée prochaine, les partenaires réfléchissent aux solutions pour limiter les entrées (par l'information préalable),<br />

élargir l'offre de logement (par exemple, en levant le verrou du cautionnement), ou préparer un renforcement<br />

<strong>des</strong> ai<strong>des</strong> de tous ordres, sans forcément laisser faire n'importe quoi.


L’arrêt du Conseil d’Etat<br />

Conseil d'Etat, 14 décembre 2001, n° 229229, Groupement d'information et de soutien <strong>des</strong> immigrés<br />

(GISTI) et Syndicat Sud Etudiant<br />

Le GROUPE D'INFORMATION ET DE SOUTIEN DES IMMIGRES et le SYNDICAT SUD ETUDIANTS demandent<br />

au Conseil d'Etat l'annulation pour excès de pouvoir de la circulaire du 12 mai 2000 du ministre de<br />

l'Education nationale et du ministre de l'intérieur relative à l'amélioration <strong>des</strong> conditions d'accueil <strong>des</strong> Etudiants<br />

Etrangers par la mise en place de conventions relatives à la simplification <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> administratives<br />

conduisant à la délivrance d'un titre de séjour portant la mention "Etudiant" ;<br />

Considérant que, par la circulaire attaquée, les ministres de l'Education nationale et de l'intérieur ont entendu<br />

améliorer les conditions d'accueil <strong>des</strong> Etudiants Etrangers en France, et simplifier les démarches administratives<br />

conduisant à la délivrance d'un titre de séjour "Etudiant" ; que toutefois les modalités selon<br />

lesquelles une telle simplification peut être réalisée sont soumises au respect <strong>des</strong> prescriptions législatives<br />

ou réglementaires en vigueur à la date de la circulaire, qui régissent l'octroi de titres de séjour à <strong>des</strong> ressortissants<br />

Etrangers ;<br />

Considérant que la circulaire attaquée prévoit que le dépôt <strong>des</strong> dossiers de demande de carte de séjour se<br />

fait au sein <strong>des</strong> Etablissements d'enseignement universitaire, pour les Etudiants inscrits dans ces Etablissements,<br />

soit auprès d'agents de préfecture accueillis dans l'Etablissement, soit auprès de personnels de l'université,<br />

qui sont chargés de vérifier que les dossiers ainsi déposés sont complets et, dans ce cas, de les transmettre<br />

à la préfecture en vue de leur examen ; que ces dispositions méconnaissent les dispositions de l'article<br />

3 du décret du 30 juin 1946 précitées, qui exigent que les Etrangers se présentent personnellement à la préfecture,<br />

à la sous-préfecture ou, le cas échéant, au commissariat ou à la mairie de leur lieu de résidence,<br />

afin d'y présenter leur demande de carte de séjour ;<br />

Considérant qu'aux termes de l'article 4 du décret du 30 juin 1946 susmentionné : "Il est délivré à tout Etranger<br />

admis à souscrire une demande de première délivrance ou de renouvellement de carte de séjour un<br />

récépissé valant autorisation de séjour, pour la durée qu'il précise, et revêtu de la signature de l'agent compétent,<br />

ainsi que du timbre du service administratif chargé, en vertu de l'article 3 du présent décret, de l'instruction<br />

de la demande" ;<br />

Considérant que la circulaire attaquée prévoit que les agents chargés, au sein <strong>des</strong> établissements universitaires,<br />

de recevoir les dossiers de demande de carte de séjour délivrent aux intéressés une attestation de<br />

dépôt de leur dossier, qui n'a pas la valeur d'une autorisation de séjour ; qu'elle prévoit, en outre, que le<br />

dossier ayant été transmis à la préfecture, celle-ci adresse aux intéressés dans les plus brefs délais, dans le<br />

cas où leur demande est satisfaite, une convocation afin que leur soit remis leur titre de séjour ; que ces dispositions<br />

méconnaissent les dispositions de l'article 4 du décret du 30 juin 1946 précitées, qui exigent qu'un<br />

récépissé valant autorisation provisoire de séjour soit remis à l'étranger au moment où celui-ci dépose sa<br />

demande de titre de séjour ;<br />

Considérant que ces dispositions ne sont pas séparables <strong>des</strong> autres dispositions de la circulaire attaquée ;<br />

qu'ainsi, le GROUPE D'INFORMATION ET DE SOUTIEN DES IMMIGRES et le SYNDICAT SUD ETUDIANTS<br />

sont fondés à demander l'annulation de l'ensemble <strong>des</strong> dispositions de cette circulaire ;<br />

D E C I D E :<br />

Article 1er : <strong>La</strong> circulaire du 12 mai 2000 du ministre de l'intérieur et du ministre de l'Education nationale<br />

est annulée.<br />

THÉMATIQUES<br />

29


THÉMATIQUES<br />

International<br />

Concertation <strong>des</strong> Conférences <strong>des</strong> Présidents Recteurs d’Europe <strong>La</strong>tine<br />

la CPU et Pierre de Maret, Président<br />

du CIUF (Conseil Interuniversitaire<br />

de la Communauté<br />

française de Belgique) ont lancé<br />

l’idée d’une concertation sur le<br />

thème de l’évaluation de la qualité<br />

auprès de leurs collègues <strong>des</strong><br />

pays latins.<br />

30<br />

Pierre de Maret<br />

Recteur de l’Université Libre<br />

de Bruxelles<br />

Président du CIUF<br />

Le processus d’harmonisation de<br />

l’enseignement supérieur dans<br />

l’espace européen, amorcé à la<br />

Sorbonne, prolongé par la déclaration<br />

de Bologne et la conférence<br />

de Prague, induit de Nicosie<br />

à Reykjavik une dynamique<br />

qui dépasse de loin les espérances<br />

de ses initiateurs.<br />

Si l’on a déjà beaucoup parlé du<br />

découpage en deux cycles, la généralisation<br />

du supplément au<br />

diplôme et du système ECTS en<br />

vue de faciliter la mobilité en<br />

sont aussi <strong>des</strong> composantes.<br />

Jusqu’à présent l’évaluation de<br />

la qualité, autre point important<br />

de la déclaration de Bologne, a<br />

moins retenu l’attention. Certains<br />

pays ne sont cependant pas<br />

restés inactifs. Les germanophones,<br />

néerlandophones et scandinaves<br />

étudient la possibilité de<br />

développer <strong>des</strong> systèmes d’évaluation<br />

de la qualité communs.<br />

A l’occasion du sommet de Prague,<br />

Bernard Belloc, Président de<br />

Une première réunion <strong>des</strong><br />

Conférences <strong>des</strong> Présidents et<br />

<strong>des</strong> Recteurs d’Europe <strong>La</strong>tine fut<br />

organisée à Bruxelles, fin février.<br />

Elle réunissait les Présidents et<br />

Secrétaires généraux <strong>des</strong> Conférences<br />

de Belgique (CIUF), de<br />

France (CPU), d’Italie (CRUI), du<br />

Portugal (CRUP) et de Suisse<br />

(CRUS). Les représentants de<br />

l’Espagne et du Luxembourg<br />

avaient également été conviés,<br />

mais n’avaient pu se libérer.<br />

<strong>La</strong> réunion commença par une<br />

brève présentation par chacun<br />

de la situation quant à l’évaluation<br />

de la qualité dans son pays<br />

(existence d’une agence nationale<br />

? si oui, composition et missions,<br />

mécanismes et métho<strong>des</strong><br />

de l’évaluation ; évaluation de<br />

quoi ? <strong>des</strong> institutions, <strong>des</strong> programmes,<br />

de la recherche, de<br />

l’internationalisation, du management<br />

institutionnel ? lien avec<br />

l’accréditation ?)<br />

Du débat qui suivi émergea le<br />

sentiment qu’il serait effectivement<br />

utile d’envisager non seulement<br />

la mise en commun, à un<br />

niveau supranational, d’une réflexion<br />

en matière d’évaluation<br />

de la qualité, mais aussi d’aborder<br />

d’autres problématiques universitaires.


Le groupe a cependant le souci de<br />

conserver un caractère informel et<br />

d’aborder <strong>des</strong> problématiques spécifiques<br />

afin d’éviter de concurrencer<br />

les activités de l’European<br />

Network for Quality Assurance in<br />

Higher Education (ENQA) et de<br />

la nouvelle Association Européenne<br />

<strong>des</strong> Universités (EUA).<br />

L’EUA a d’ailleurs été tenue au<br />

courant d’une démarche qui vise<br />

à la renforcer et non à s’en distancer.<br />

Les participants se sont ensuite<br />

réparti les tâches.<br />

Il a été décidé de réfléchir à la façon<br />

de constituer une base de<br />

données " experts " commune,<br />

de travailler sur les indicateurs de<br />

qualité et de voir comment faire<br />

pour que les universités conservent<br />

le contrôle du processus et<br />

<strong>des</strong> critères d’appréciation de la<br />

qualité. Le danger est en effet réel<br />

de voir une immixtion croissante<br />

<strong>des</strong> sphères " politique ", " professionnelle<br />

" et " commerciale "<br />

en matière de définition de la<br />

qualité. Favoriser une culture de<br />

l’évaluation à l’intérieur <strong>des</strong> Universités<br />

constitue un axe important.<br />

Le groupe envisage aussi de<br />

promouvoir le développement<br />

de la circulation d’enseignants<br />

entre pays d’Europe latine.<br />

Au delà de ces aspects pratiques,<br />

il est apparu au sein du groupe un<br />

souci commun de préserver la<br />

qualité du service public que représente<br />

l’enseignement supérieur<br />

dans nos contrées et de réfléchir<br />

aussi à la spécificité de<br />

l’enseignement supérieur européen<br />

par rapport aux autres régions<br />

du monde.<br />

Le groupe s’est revu, avec cette<br />

fois <strong>des</strong> représentants de l’Espagne<br />

et du Luxembourg, lors d’un<br />

dîner organisé pour l’assemblée<br />

générale de l’EUA à Roskilde en<br />

avril, puis à Rome à la mi-juin,<br />

dans les superbes locaux de la<br />

CRUI, face au Panthéon.<br />

Ce fut l’occasion de choisir un<br />

nom pour le groupe : ELU (pour<br />

" Europe <strong>La</strong>tine Universitaire ") et<br />

d’étudier, sur base de rapports<br />

circonstanciés, les différentes problématiques<br />

identifiées lors de la<br />

réunion initiale.<br />

ELU répond manifestement<br />

à un<br />

“<br />

besoin et nous<br />

avons l’intention ELU répond<br />

de continuer la manifestement à un<br />

démarche ainsi besoin et nous avons<br />

initiée. Cela l’intention de<br />

nous permettra continuer la démarche<br />

de mieux relayer,<br />

dans le<br />

”<br />

ainsi initiée.<br />

nouvel espace<br />

européen de l’enseignement<br />

supérieur, nos sensibilités<br />

et nos préoccupations<br />

communes. Nous pourrons également<br />

nous épauler dans la recherche<br />

de la qualité pour nos institutions.<br />

En plus, le fait que <strong>des</strong> réunions<br />

à ce niveau se passent en français,<br />

ne gâche rien…<br />

31<br />

THÉMATIQUES


THÉMATIQUES<br />

32


DOSSIER<br />

DOSSIER<br />

q<br />

“ ”<br />

Relations<br />

avec les collectivités<br />

territoriales<br />

33


DOSSIER<br />

Bordeaux : du développement local<br />

à l’ouverture européenne<br />

34<br />

Le thème même du colloque<br />

de Bordeaux croisait la<br />

préoccupation de ce dossier.<br />

En attendant les Actes,<br />

<strong>La</strong> Revue propose ci-après un<br />

rapide survol <strong>des</strong> interventions,<br />

collage fait <strong>des</strong> notes<br />

de Philippe WISLER,<br />

d’Yves CHAIMBAULT et<br />

d’extraits <strong>des</strong> dépêches<br />

de l’AEF. Rappelons que déjà<br />

le colloque du GISGUF,<br />

à Bruxelles, en 1997,<br />

portait sur la problématique<br />

dimension locale – dimension<br />

mondiale. L’université est<br />

un lieu particulier dans la ville :<br />

elle ne peut plus<br />

en récuser les conséquences<br />

en termes de regards<br />

ou d’échanges.<br />

L’ouverture du Colloque<br />

Josy Reiffers, conseiller pour l'enseignement<br />

supérieur du ministre<br />

de la Jeunesse, de l'Education<br />

nationale et de la Recherche et<br />

président de l'université d’accueil,<br />

Victor Segalen Bordeaux-II,<br />

a précisé en ouvrant les Journées,<br />

que, même si Luc Ferry s'était encore<br />

peu exprimé sur l'enseignement<br />

supérieur, deux thèmes lui<br />

étaient chers: "l'enseignement<br />

d'une culture générale dans les<br />

différentes filières scientifiques"<br />

et "la lutte contre la désaffection<br />

pour les étu<strong>des</strong> scientifiques". Il<br />

a évoqué l'idée d'un enseignement<br />

sur les gran<strong>des</strong> découvertes<br />

scientifiques afin de susciter <strong>des</strong><br />

vocations. Les grands chantiers<br />

ouverts (harmonisation européenne<br />

<strong>des</strong> diplômes, contractualisation,<br />

action en faveur de la<br />

vie étudiante) seront maintenus,<br />

a-t-il indiqué."Dans les mois à venir",<br />

sera également ouvert le<br />

grand chantier de l'évaluation.<br />

Une perspective qui s'inscrit en<br />

droite ligne <strong>des</strong> priorités développées<br />

par Bernard Belloc, premier<br />

vice-président de la CPU,<br />

également présent à cette rencontre.<br />

Pour lui, une contractualisation<br />

renforcée et tripartite<br />

doit se doubler d'une évaluation<br />

externe <strong>des</strong> politiques publiques<br />

régionales d'enseignement supérieur,<br />

c'est-à-dire à la fois "<strong>des</strong><br />

actions et projets <strong>des</strong> universités<br />

mais aussi <strong>des</strong> actions et projets<br />

<strong>des</strong> régions pour les universités".<br />

Josy Reiffers nous a indiqué qu'il<br />

nous recevrait prochainement, à la<br />

demande du ministre, pour débattre<br />

d'un certain nombre de<br />

points -"les statuts, la mobilité"- et<br />

"reprendre ce qui concerne le fameux<br />

référentiel [<strong>des</strong> fonctions de<br />

secrétaire général], objet d'un certain<br />

nombre de malentendus".<br />

Josy Reiffers estime qu'il faut prendre<br />

ce texte comme "un document<br />

de travail" mais qu'il "peut servir à<br />

la formation <strong>des</strong> personnels d'encadrement<br />

de l'enseignement supérieur".<br />

<strong>La</strong> relance du débat sur<br />

l'autonomie <strong>des</strong> établissements<br />

n'est possible, selon lui, que s'il


existe un personnel encadrant suffisant,<br />

qualifié et avec <strong>des</strong> fonctions<br />

bien listées. Bernard Belloc<br />

précise, pour sa part, que le bureau<br />

de la CPU et la CP2U "veulent<br />

aboutir sur ce dossier" tout en<br />

"prenant le temps de la discussion".<br />

Pascal Aimé, s’est dit quant<br />

à lui "satisfait de l'intérêt porté par<br />

le ministre à la formation <strong>des</strong> cadres<br />

de l'enseignement supérieur".<br />

M. Belloc, après avoir évoqué ces<br />

deux questions, suggère d’inverser<br />

le titre du colloque, le local<br />

découlant de l’européen : la décentralisation<br />

accrue <strong>des</strong> collectivités<br />

peut parfaitement se conjuguer<br />

avec celle également accrue<br />

<strong>des</strong> universités. L’absence de métho<strong>des</strong><br />

pour U 2000 et U 3 M ,<br />

quel que soit le succès au final ne<br />

doit pas se renouveler, les régions<br />

ayant dû pallier les défaillances<br />

de l’Etat. L’avenir appartient selon<br />

lui à un multi partenariat Etatcollectivités<br />

locales- universités<br />

en dehors de toute polémique<br />

autour de la notion d’université<br />

régionale. Dans ce cadre, les universités<br />

sont <strong>des</strong> aménageurs du<br />

territoire comme les autre, les<br />

choix pédagogiques et de recherche<br />

appartenant contrairement<br />

aux lycées et collèges : bref <strong>des</strong><br />

contrats type CPER mais signés<br />

par les universités. Des conférences<br />

régionales devraient suffire à<br />

la réalisation de cet objectif : elles<br />

pourraient ne pas recouper exactement<br />

les frontières actuelles <strong>des</strong><br />

uns et <strong>des</strong> autres et être doublées<br />

par <strong>des</strong> conseils stratégiques<br />

internes aux établissements.<br />

“<br />

Une contractualisation<br />

renforcée et tripartite<br />

doit se doubler d’une<br />

évaluation externe<br />

”<br />

Le développement local<br />

Cette question a été ouverte par<br />

J.-R. CYTERMANN dont l’intervention<br />

est reprise dans son intégralité<br />

en second article de ce<br />

dossier. Ont suivi <strong>des</strong> déclinaisons<br />

de ces relations.<br />

Concernant le poids relatif du<br />

système d’enseignement par<br />

rapport à l’offre d’emploi, Mme<br />

Figuière-<strong>La</strong>mourane prenant appui<br />

sur l’exemple de l’IUFM de<br />

Versailles, et ses propres conclusions<br />

de chargée de mission auprès<br />

du ministre, nous a brossé<br />

un tableau assez pessimiste. Un<br />

fort décalage apparaît entre les<br />

besoins de recrutement à venir,<br />

qui devraient représenter une<br />

fraction majeure de l’offre d’emploi<br />

et <strong>des</strong> débouchés professionnels<br />

pour les jeunes et les<br />

perspectives actuelles de recrutement,<br />

du fait de l’insuffisance<br />

globale du vivier, de la désaffection<br />

<strong>des</strong> jeunes diplômés, ce qui<br />

conduit à de forts déséquilibres<br />

disciplinaires et régionaux probables.<br />

Quelles solutions pour le<br />

recrutement, puisque le<br />

concours traditionnel ne suffit<br />

plus et ne suffira pas ?<br />

En matière d’échanges avec les milieux<br />

économiques, le partenariat<br />

avec les entreprises conduit à une<br />

plus grande imbrication : en Aquitaine<br />

plusieurs dispositifs et <strong>des</strong> pôles<br />

sectoriels ont été créés entre le<br />

monde universitaire et celui <strong>des</strong><br />

PME –PMI : centres techniques, plates-formes,<br />

incubateurs, Polytechnicum<br />

(tous les établissements bordelais<br />

regroupés de façon non<br />

formelle pour éviter la "touille " administrative<br />

impossible avec les articles<br />

33 et 43) et un CNRT multimatériaux.<br />

DOSSIER<br />

35


DOSSIER<br />

Bordeaux :<br />

du développement local à l’ouverture européenne<br />

<strong>La</strong> détection <strong>des</strong> projets se fait directement<br />

dans les laboratoires<br />

et <strong>des</strong> structures de recherche et<br />

de valorisation comme le bureau<br />

BREVE à Bordeaux 1 s’appuyant<br />

sur <strong>des</strong> cellules de transfert assurent<br />

le lien avec les entreprises.<br />

L’incubateur régional d’Aquitaine<br />

(IRA) ne se distingue pas de ses<br />

homologues nationaux : il regroupe<br />

12 établissements supérieurs<br />

et est multi-sites (Bordeaux<br />

et en Adour) : l’objectif de 60 projets<br />

envisagés en 3 ans semble à<br />

portée. Il complète utilement le<br />

dispositif régional d’ai<strong>des</strong> à la création<br />

d’entreprises et prépare le<br />

long terme en sensibilisant les milieux<br />

scientifiques à la question. Il<br />

s’achemine vers un statut de SA, à<br />

la demande pressante du MEN…<br />

D’incubateur à pépinière, il n’y a<br />

qu’un pas non universitaire à<br />

25% de ses ressources à la recherche<br />

: pure pour 20% et développée<br />

pour 80%, ses technologies devant<br />

être prêtes 10 ans en avance. Thalès<br />

cherchant à diversifier ses activités,<br />

tient à développer <strong>des</strong> accords cadres<br />

avec les universités dans une logique<br />

d’obligation de moyens et<br />

non de résultats. Des laboratoires<br />

communs sont possibles et souhaités<br />

comme <strong>des</strong> coopérations plus<br />

classiques, les Cifre étant fort prisées.<br />

Thalès a entamé une forte action<br />

dans l’Optic’s Valley d’Orsay en<br />

s’appuyant sur l’incubateur d’Ile<br />

de France. "Il serait intéressant<br />

que les universités associent <strong>des</strong><br />

actions de formation à l'étranger<br />

aux contrats de recherche qu'elles<br />

négocient avec les entreprises, car<br />

la moitié <strong>des</strong> effectifs <strong>des</strong> grands<br />

groupes sont en poste à l'étranger"<br />

a-t-il conclu en forme de conseil.<br />

36<br />

franchir, l’entrepreneuriat devant<br />

échapper au rôle d’une université,<br />

les droits moraux sur une<br />

invention même collective relevant<br />

toujours d’une personne<br />

physique.<br />

Thalès (M. Jean Chazelas) est venu<br />

porter témoignage de ses liens avec<br />

les universités. L’entreprise consacre<br />

Mais quel est le poids réel dans<br />

l’économie locale d’une implantation<br />

universitaire ? L'impact<br />

économique local <strong>des</strong> universités<br />

tient d'abord à leur rôle d'employeur<br />

et de "localisateur de<br />

dépenses" par fixation d'une population<br />

étudiante. Les activités<br />

de recherche, de valorisation et


de création d'activités nouvelles<br />

et innovantes <strong>des</strong> universités,<br />

auxquelles les collectivités locales<br />

sont traditionnellement assez<br />

sensibles jouent un rôle économique<br />

peu important à court<br />

terme, notamment en termes<br />

d'emplois créés.<br />

C'est la principale conclusion de<br />

l'étude sur l'impact économique<br />

du site universitaire strasbourgeois<br />

menée par <strong>La</strong>urent Cagnol et Jean-<br />

Alain Héraud du bureau d'économie<br />

théorique et appliquée de<br />

l'ULP (université Louis Pasteur) que<br />

le second nommé a présentée.<br />

Cette étude, cofinancée par la<br />

Caisse <strong>des</strong> dépôts et consignations<br />

et le pôle universitaire européen<br />

de Strasbourg, mesure les<br />

retombées pour le Bas-Rhin <strong>des</strong><br />

trois universités strasbourgeoises,<br />

de l'INSERM, du CNRS et<br />

<strong>des</strong> écoles universitaires du site.<br />

Ancienne puisqu'elle prend<br />

1996 pour année de référence,<br />

elle est une <strong>des</strong> rares de ce type<br />

en France et en Europe. Publiée<br />

en avril 2001 dans la "Revue d'économie<br />

régionale et urbaine",<br />

elle est également disponible sur<br />

le site de l'université.<br />

Cette enquête évalue à 3<br />

milliards de francs (plus de 457<br />

millions d'euros) "l'impact monétaire<br />

<strong>des</strong> universités strasbourgeoises<br />

sur l'économie du Bas-<br />

Rhin", soit 2,2% du PIB local.<br />

Cette somme se subdivise en 1,7<br />

milliard de francs de dépenses<br />

réalisées par les 39 000 étudiants<br />

du site (58% du total); plus d'un<br />

milliard de salaires versés aux<br />

5000 personnels (33%), qui<br />

vont à leur tour dépenser<br />

quelque 990 MF sur le territoire;<br />

<strong>des</strong> dépenses de fonctionnement<br />

s'élevant à 219 MF et <strong>des</strong> frais<br />

d'équipement d'une valeur de<br />

46 MF. S'y ajoutent <strong>des</strong> dépenses<br />

de construction -financées hors<br />

budgets <strong>des</strong> universités, notamment<br />

dans le cadre du contrat de<br />

plan- d'une valeur de 100 MF en<br />

moyenne chaque année.<br />

Les activités <strong>des</strong> universités, la<br />

consommation de leurs personnel<br />

et étudiants, l'attraction<br />

qu'elles exercent sur certaines<br />

entreprises font que le site universitaire<br />

strasbourgeois génère<br />

de manière directe et indirecte<br />

entre 26 500 et 31 500 emplois<br />

dans le Bas-Rhin, soit 7 à 8% de<br />

l'emploi total du département.<br />

Dans ces emplois figurent les<br />

4 744 postes statutaires et 884<br />

postes financés sur fonds propres<br />

de ces établissements. Le volume<br />

de consommation induit par ces<br />

salariés <strong>des</strong> universités et organismes<br />

de recherche permet la<br />

création ou le maintien de 2 700<br />

emplois, la consommation de la<br />

population étudiante génère,<br />

elle, 3 000 emplois. Les dépenses<br />

de fonctionnement et d'investissement<br />

<strong>des</strong> universités induisent<br />

environ 300 emplois. Les<br />

auteurs estiment, enfin, entre<br />

15 000 et 20 000 le nombre<br />

d'emplois créés par les 6 à 8 %<br />

d'entreprises du département,<br />

qui affirment que la présence <strong>des</strong><br />

universités a été un facteur important<br />

de leur localisation dans<br />

le Bas-Rhin.<br />

Globalement, en 1996, les universités<br />

jouissaient d'une image<br />

plutôt favorable auprès <strong>des</strong> entreprises<br />

du Bas-Rhin. 94% d'entre<br />

elles jugeaient la qualité de<br />

l'enseignement bonne ou<br />

moyenne, 59% avaient une opinion<br />

favorable de la recherche<br />

universitaire et 71% appréciaient<br />

l'adaptation de ces établissements<br />

au monde professionnel.<br />

Des chiffres à nuancer<br />

toutefois par le fait qu'un peu<br />

moins de la moitié <strong>des</strong> entreprises<br />

connaît bien ou moyennement<br />

bien l'offre de formation<br />

universitaire. L'essentiel <strong>des</strong> rapports<br />

<strong>des</strong> entreprises avec les universités<br />

passe en fait par le recours<br />

aux étudiants pour les<br />

stages et le recrutement de diplômés.<br />

Viennent ensuite les relations<br />

commerciales avec ces organismes<br />

et les contrats de<br />

recherche, qui ne concernent<br />

respectivement que 27% et 12%<br />

<strong>des</strong> firmes du Bas-Rhin.<br />

Le maillage (ou saupoudrage ?)<br />

territorial instrumenté par les<br />

CPER vu par Pierre Delfaud s’apparente<br />

à un monstre chronophage.<br />

Animé de la louable intention<br />

de planification préalable<br />

fondée sur la rationalité cartésienne,<br />

l’Etat y concevrait sur 20<br />

ans le développement universitaire.<br />

Or pour <strong>des</strong> raisons de calendrier<br />

(gestionnaire et politique)<br />

les CPER ont précédé les<br />

SRESR qui ont repris leur contenu<br />

; resterait l’opportunité du miparcours<br />

CPER mais qui n’interviendra<br />

qu’à la marge.<br />

DOSSIER<br />

37


DOSSIER<br />

Bordeaux :<br />

du développement local à l’ouverture européenne<br />

38<br />

Maillage ou ravaudage du système<br />

administratif français à 6<br />

niveaux en incluant l’européen)<br />

depuis les 3 niveaux historiques<br />

de 1789, l’organisation entremêle<br />

<strong>des</strong> collectivités locales indépendantes<br />

l’une de l’autre aux<br />

préoccupations divergentes.<br />

Alors que l’Etat n’a plus de fait de<br />

Plan et que peu de régions en<br />

sont dotées, les deux concluent<br />

un CPER duquel sont exclues les<br />

grosses opérations (Autoroutes ,<br />

TGV…!). Depuis le 3° CPER d’autres<br />

partenaires s’y sont joints :<br />

Notamment l’Europe, d’où la<br />

durée de 7 ans actuelle et l’arrivée<br />

du FEDER et du FSE.<br />

L’orateur observe finement que<br />

l’Etat se gardant le fonctionnement<br />

universitaire, dont les salaires,<br />

s’est ainsi défaussé d’une<br />

bonne partie de l’investissement<br />

lui permettant de dissimuler le<br />

déficit public.<br />

Si la répartition <strong>des</strong> enveloppes<br />

s’est faite globalement, celle <strong>des</strong><br />

maîtrises d’ouvrage a tenu<br />

compte <strong>des</strong> impacts d’aménagement<br />

et de la récupération de la<br />

TVA. M. Delfaud estime l’association<br />

<strong>des</strong> élus pas toujours heureuse<br />

:<br />

Quantitativement, la base financière<br />

fiscale restant la même, les<br />

CPER ont été financièrement plus<br />

avantageux pour les universités<br />

que le financement par l'Etat<br />

seul, car "en se forçant la main<br />

l'un, l'autre", les partenaires ont<br />

créé un effet de levier et la reprise<br />

<strong>des</strong> constructions a été réelle.<br />

"Si l'Etat était resté seul décideur,<br />

il aurait été plus malthusien<br />

ou Bercy aurait freiné ce<br />

mouvement, lors <strong>des</strong> arbitrages<br />

entre ministères". Il l'illustre par<br />

l'exemple aquitain où entre les<br />

CPER 1994-1998 et 2000-2006,<br />

l'effort pour l'enseignement supérieur<br />

s'est maintenu (800<br />

millions de francs, près de 122<br />

millions d'euros) et a connu une<br />

croissance significative pour la<br />

recherche (de 200 à 600 millions<br />

de francs) et exponentielle pour<br />

le transfert de technologies (de<br />

50 à plus de 250 millions de<br />

francs).<br />

Qualitativement, les délocalisations<br />

universitaires auraient sans<br />

doute été moins nombreuses<br />

sans les CPER. "On a augmenté<br />

ainsi l'offre territoriale et maintenu<br />

une vie post-bac dans un<br />

certain nombre de cités", ce qui<br />

a eu <strong>des</strong> impacts économiques et<br />

sociaux. les préfectures sont<br />

quasi toutes pourvues et les sous<br />

préfectures commencent à l’être<br />

y voyant une dynamisation de<br />

leurs cités …<br />

“<br />

En se forçant la<br />

main l’un l’autre,<br />

les partenaires ont<br />

créé un effet de<br />

levier.<br />

”<br />

Pédagogiquement, ce maillage<br />

territorial est-il positif? A-t-on atteint<br />

partout une masse critique?<br />

se demande-t-il. "Au début", raconte-t-il,<br />

"Bordeaux-I et Bordeaux-IV<br />

avaient décidé qu'il n'y<br />

aurait pas de formations au-delà<br />

<strong>des</strong> premiers cycles dans les antennes<br />

universitaires. Puis, sous<br />

la pression <strong>des</strong> élus locaux, la 'ligne<br />

Maginot' a sauté en Aquitaine.<br />

Une université 'expérimentale'<br />

s'est installée à Agen.<br />

Aujourd'hui, le nouvel accord est<br />

: pas de formations généralistes<br />

pour les deuxième et troisième<br />

cycles <strong>des</strong> antennes mais <strong>des</strong> formations<br />

professionnalisées", ce<br />

qui permet aux villes d'afficher<br />

une spécialisation.<br />

Au plan urbanistique, ces délocalisations<br />

ont également suscité<br />

un "urbanisme universitaire".<br />

"Les collectivités ont voulu profiter<br />

<strong>des</strong> opérations d'investissements<br />

<strong>des</strong> CPER pour réaliser <strong>des</strong><br />

opérations immobilières et réhabiliter<br />

certains quartiers. Les étudiants<br />

constituent une armée<br />

d'éclaireurs parfaite pour cette<br />

reconquête urbaine ".<br />

Pour la recherche même fondamentale<br />

nécessitant <strong>des</strong> opérations<br />

immobilières, <strong>des</strong> priorités dites régionales<br />

ont été imposées ou retournées<br />

ou simplement réorientées<br />

vers <strong>des</strong> secteurs relevant <strong>des</strong> spécificités<br />

industrielles locales. Ainsi,<br />

"dans l'actuel contrat de plan, la vigne<br />

et le vin n'était pas la priorité au<br />

départ, ça l'est devenu". Ces choix<br />

permettent une meilleure osmose<br />

entre la recherche et le tissu local.


L’ouverture Européenne<br />

L’éducation et la formation tout<br />

au long de la vie intègrent le<br />

nouveau concept d’éducation<br />

englobant en le dépassant le clivage<br />

formation initiale et continue<br />

mais aussi les connaissances<br />

acquises en dehors d’organismes<br />

traditionnellement dispensateurs<br />

de formation.<br />

Les programmes communautaires<br />

existants (Leonardo et Socrates)<br />

seront renforcés, une vision<br />

plus transversale étant envisagée<br />

pour la 3° génération de ces programmes.<br />

Une université du<br />

Temps libre aujourd’hui considérée<br />

comme une activité annexe<br />

d’un établissement universitaire<br />

prendra de plus en plus d’importance<br />

comme les écoles de la<br />

seconde chance type Marseille.<br />

Le DAEU qui en tient un peu lieu<br />

en université reste très traditionnel<br />

dans sa conception ( la même<br />

formation mais quelques années<br />

plus tard sans tenir compte <strong>des</strong><br />

acquis professionnels).<br />

Compléments de formation et<br />

réorientations déjà pratiquées<br />

sont à revoir dans le même esprit<br />

sans négliger le simple souhait<br />

d’épanouissement personnel.<br />

Les nouveaux programmes à<br />

concevoir doivent rester diplômants<br />

ou intégrer <strong>des</strong> parcours validés ;<br />

l’apprenant conservera son libre<br />

choix, l ‘enseignement supérieur<br />

privé dispensant toujours l’immense<br />

majorité <strong>des</strong> formations.<br />

<strong>La</strong> formation <strong>des</strong> formateurs en<br />

IUFM doit englober ces nouvelles<br />

approches d’un public nouveau.<br />

Les services universitaires de formation<br />

continue (SUFC) doivent<br />

être plus au contact <strong>des</strong> services<br />

de scolarité pour leur apporter<br />

les conseils nécessaires et favoriser<br />

le retour en formation de publics<br />

en reprise d’étu<strong>des</strong>.<br />

Globalement une évaluation <strong>des</strong><br />

actions menées au regard d’objectifs<br />

affichés sera incontournable.<br />

De plus de 40 systèmes nationaux<br />

cloisonnés bâtis sur plusieurs<br />

modèles ( anglo saxon ,<br />

humboldtien, napoléonien, soviétique<br />

) alors qu’elle représentait<br />

la première <strong>des</strong>tination <strong>des</strong><br />

étudiants, l’Europe est entrée<br />

dans une phase d’aide à la mobilité<br />

grâce à une coopération<br />

réussie à base de réseaux multipartenariaux,<br />

d’expertise et <strong>des</strong><br />

crédits ECTS. <strong>La</strong> phase actuelle<br />

tend vers la convergence en s’attaquant<br />

aux structures, aux<br />

calendriers, aux notations , aux<br />

reconnaissances de diplômes… :<br />

le travail n’est pas achevé, les systèmes<br />

étant trop confus et les<br />

mots n’y ont pas le même sens :<br />

exemple du mot licence allant<br />

de Bac + 3 à + 8.<br />

Les politiques nationales demeurent<br />

mais poursuivent <strong>des</strong> objectifs européens<br />

communs sur la base <strong>des</strong> défis<br />

extérieurs de la mondialisation,<br />

de la perte de la première place dans<br />

les <strong>des</strong>tinations <strong>des</strong> étudiants au profit<br />

<strong>des</strong> USA, de la non reconnaissance<br />

<strong>des</strong> diplômes européens et de<br />

leur non homogénéisation.<br />

Selon Guy Haug, expert à la<br />

Commission européenne, la coopération<br />

politique dans le domaine<br />

de l'éducation en Europe<br />

évolue vers un modèle de<br />

"systèmes éducatifs divers avec<br />

<strong>des</strong> objectifs partagés", comme<br />

en témoigne le programme de<br />

travail sur les objectifs d'éducation<br />

et de formation adopté<br />

par les ministres de l'Union européenne<br />

le 14 février dernier.<br />

Ce modèle convergent obéit à<br />

une "méthode ouverte de coordination",<br />

qu'il définit ainsi:<br />

"on définit <strong>des</strong> objectifs communs,<br />

on examine les expériences<br />

dont on peut apprendre<br />

et on mesure les progrès accomplis".<br />

Pour lui, l'étape suivante<br />

consiste à comparer ce<br />

que l'on fait en Europe en termes<br />

éducatifs avec ce qui se fait<br />

ailleurs ! Il reconnaît que le processus<br />

de convergence sera long<br />

mais sans doute stimulé et accéléré<br />

par l'émulation, la<br />

concurrence entre établissements.<br />

Il note avec satisfaction<br />

que l'élargissement de l'UE<br />

(Union européenne) a été "largement<br />

anticipé" en matière<br />

d'enseignement supérieur et de<br />

recherche, où les décisions se<br />

prennent désormais à 30 et<br />

non à 15 pays. Guy Haug estime<br />

toutefois qu'il manque actuellement<br />

au niveau européen<br />

"un programme générique<br />

pour coopérer avec les autres<br />

régions du monde".<br />

Les ECTS dont M. Korolitski chef<br />

du service contrats et formations<br />

avait fait le titre de son interven-<br />

DOSSIER<br />

39


DOSSIER<br />

Bordeaux :<br />

du développement local à l’ouverture européenne<br />

40<br />

tion n’ont jamais été abordées :<br />

façon de dire que le politique<br />

prime le technique et que l’important,<br />

c’est l'esprit du "3-5-8"<br />

tel qu'il prévaut en France. L'adaptation<br />

au processus de Bologne<br />

a été pensée de façon que<br />

l'offre de formation universitaire<br />

soit la plus souple possible et réponde<br />

à tous les besoins, que ce<br />

soit en formation initiale, en formation<br />

continue, en formation<br />

générale, en formation professionnelle,<br />

en présentiel ou à distance.<br />

Il admet toutefois que ce<br />

système semestrialisé soulève de<br />

nouvelles questions (sans fournir<br />

de réponses) : comment gérer le<br />

système de bourses? Le logiciel<br />

Apogée est-il adapté? Les normes<br />

San Remo doivent-elles évoluer?<br />

Selon lui, les textes publiés en février<br />

sur la licence et le master, en<br />

ne fixant pas de volume horaire<br />

notamment, laissent une plus<br />

grande liberté pédagogique. Mais<br />

"ceci n'est acceptable que si le<br />

dispositif d'évaluation se renforce.<br />

Actuellement, ce dispositif<br />

est médiocre dans ses métho<strong>des</strong><br />

et ses résultats", constate-t-il. Sous<br />

forme de boutade, il poursuit:<br />

"on vous demande de faire <strong>des</strong><br />

dossiers [de demande d'habilitation]<br />

que nous n'avons pas envie<br />

de lire". Jean-Pierre Korolitski<br />

note également qu'en ce moment<br />

"les universités professionnalisent<br />

à tour de bras. On peut se demander<br />

si elles ne le font pas<br />

trop".<br />

<strong>La</strong> question de J. Narvaez sur les<br />

risques induits <strong>des</strong> montages de<br />

formations diplôme par diplôme,<br />

université par université, facteurs<br />

d’inégalités évidentes, a été longuement<br />

éludée par l’orateur.<br />

Quant au financement, la vague<br />

contractuelle 2003 devrait être<br />

l'occasion de tester la volonté<br />

<strong>des</strong> universités de s'engouffrer<br />

dans les nouvelles dispositions<br />

en matière de rémunération de<br />

services de formation proposés<br />

dans le cadre de leur mission de<br />

coopération internationale définies<br />

par le décret n°2002-654<br />

du 30 avril 2002. Ce texte précise<br />

que les établissements publics<br />

d'enseignement supérieur<br />

peuvent, dans le cadre de leur<br />

mission de coopération internationale,<br />

"offrir <strong>des</strong> formations<br />

spécifiquement adaptées, dans<br />

leurs contenus comme dans leurs<br />

modalités", aux publics visés par<br />

cette mission - étudiants étrangers<br />

accueillis en France ou étudiants<br />

étrangers demeurant dans<br />

d'autres pays, sous la forme de<br />

prestations sur place ou à distance-<br />

ainsi que <strong>des</strong> "services associés".<br />

Cette offre de formations<br />

et de services peut être proposée<br />

"à titre collectif, dans le cadre de<br />

conventions ou à titre individuel".<br />

C'est le conseil d'administration<br />

qui fixe les conditions de<br />

rémunération de ces services.<br />

M Munda représentant le gouvernement<br />

basque espagnol a<br />

décrit la coopération universitaire<br />

entre les universités d’Aquitaine<br />

et celles du Pays basque<br />

espagnol créant le plus important<br />

pôle universitaire européen<br />

entre Paris et Madrid. Malgré les<br />

embûches linguistiques, le français<br />

n’étant plus guère pratiqué<br />

en pays basque espagnol, les reconnaissances<br />

de diplômes et les<br />

difficultés de transport, cette coopération<br />

progresse mais souffre<br />

encore de l’absence de véritables<br />

structures communes et d’un réel<br />

état d’esprit politique transfrontalier<br />

au-delà <strong>des</strong> seuls traités qui<br />

ne restent que <strong>des</strong> outils.<br />

Apparemment les choses sont<br />

plus faciles à construire pour un<br />

dossier Intereg côté Pays Basque,<br />

seul interlocuteur, que côté francais<br />

précise M. Munda à JJ Pellegrin<br />

tenté de faire <strong>des</strong> comparaisons<br />

avec son université<br />

savoyarde confrontée à la pléthore<br />

<strong>des</strong> interlocuteurs français<br />

et italiens.<br />

En conclusion :<br />

M Ritz a souligné que la frustration engendrée par la fin <strong>des</strong> débats<br />

conduirait les participants à revenir en Aquitaine<br />

Le VP du Conseil Régional a conclu lui sur les mutations importantes<br />

du système universitaire que l’intendance symbolisée par les SGE-<br />

PES devra assumer.


Errata sur l’article de Pellegrin<br />

Jean-Jacques PELLEGRIN a signé<br />

un article remarqué (parce<br />

que remarquable) sur la<br />

contractualisation dans le numéro<br />

précédent. Il demande à<br />

<strong>La</strong> <strong>revue</strong> de prévoir un erratum<br />

dans ce numéro 9, afin " d’éviter<br />

de voir maltraiter la langue<br />

française ". Maltraitance de la<br />

langue, quelle horreur ! <strong>La</strong> Revue<br />

s’exécute bien sûr, et signale<br />

qu’il convient de corriger<br />

comme suit l’article de notre<br />

collègue :<br />

DOSSIER<br />

“• Page 14, paragraphe 10 :<br />

lire "constance" au lieu de constante ;<br />

• Page 16, paragraphe 6 :<br />

un point d’interrogation après (41) ;<br />

• Page 17, paragraphe 1 :<br />

lire "a conduit à ce que l’ensemble" au lieu de "a conduit que<br />

l’ensemble" ;<br />

• Page 10, paragraphe 5 :<br />

lire "… performance dans le monde de la recherche que dans<br />

celui de l’enseignement …" au lieu de "… la recherche aussi<br />

bien que celui de l’enseignement …"<br />

• Page 14, paragraphe 2 :<br />

”<br />

supprimer "que " avant " l’État , par ses contrats …"<br />

41


DOSSIER<br />

Intervention de M.CYTERMANN<br />

Bordeaux le 30 mai 2002<br />

42<br />

Je suis heureux de participer une<br />

nouvelle fois à un de vos colloques<br />

et de plus sur un thème<br />

qui me tient à cœur, celui de l’aménagement<br />

du territoire universitaire<br />

et du développement local.<br />

L’intervention, que je vais vous<br />

faire aujourd’hui, n’est en aucune<br />

façon la position officielle du ministère,<br />

dont vous comprendrez<br />

aisément qu’elle ne peut être définie<br />

aujourd’hui. Elle reflète,<br />

pour l’essentiel mes convictions<br />

personnelles telles qu’elles ont<br />

pu se forger, à travers les différentes<br />

fonctions que j’ai occupées<br />

depuis maintenant une<br />

vingtaine d’années. J’ai en effet<br />

vu naître la première génération<br />

de contrats de plan Etat Région,<br />

et j’ai participé aux deux plans<br />

Université 2000 et U3M . J’ai été<br />

en outre le principal rédacteur<br />

du schéma de services collectifs<br />

de l’enseignement supérieur et<br />

de la recherche ;<br />

Comme vous le savez, la répartition<br />

<strong>des</strong> sites d’enseignement supérieur<br />

et de la recherche ne s’est<br />

pas faite suivant un processus ordonné<br />

. <strong>La</strong> carte universitaire, évoquée<br />

à l’article 19 de la loi de<br />

1984, m’a paru toujours tenir de "<br />

l’arlésienne " et le schéma de service<br />

collectifs n’est resté qu’une<br />

première ébauche de ce que devrait<br />

être une véritable réflexion<br />

prospective sur cette question.<br />

<strong>La</strong> carte universitaire, telle qu’elle<br />

existe aujourd’hui, est la somme<br />

d’une myriade de décisions individuelles,<br />

en matière d’habilitations<br />

de formations, de créations de<br />

nouveaux départements d’IUT ou<br />

de sections de techniciens supérieurs<br />

prises, pour faire un mauvais<br />

jeu de mots, " sous l’empire de la<br />

nécessité et du hasard ". <strong>La</strong> nécessité,<br />

est avant tout celle de l’accueil<br />

d’un nombre croissant d’étudiants ;<br />

Il est significatif que la création de<br />

nouveaux sites et même de nouvelles<br />

universités, se soit faite dans les<br />

pério<strong>des</strong> de gran<strong>des</strong> croissances, à<br />

partir du milieu <strong>des</strong> années 60 ou<br />

pendant la période 1988-1993.<br />

Ce développement d’une université<br />

de proximité a en même temps<br />

été un <strong>des</strong> facteurs de la démocra-<br />

“<br />

le principe<br />

de contractualisation<br />

devrait pouvoir<br />

s’étendre à<br />

d’autres partenaires.<br />

”<br />

tisation de l’enseignement supérieur<br />

; pour prendre un exemple<br />

bien connu, la création de l’université<br />

de Valenciennes, puis <strong>des</strong><br />

deux universités nouvelles du Littoral<br />

et de l’Artois ont permis l’accès<br />

à l’enseignement supérieur de<br />

couches de la population qui, autrement<br />

n’y auraient pas accédé.<br />

L’Etat cherchait en outre <strong>des</strong> partenaires,<br />

notamment pour <strong>des</strong> raisons<br />

financières mais aussi pour<br />

<strong>des</strong> raisons liées à la décentralisation<br />

: financement partiel <strong>des</strong> STS<br />

et <strong>des</strong> CPGE par les régions, compétences<br />

de ces dernières en matière<br />

de développement économique.<br />

Un article récent, publié dans la<br />

<strong>revue</strong> de la direction : "Education<br />

et Formations N°62" fait le point<br />

sur l'implication croissante <strong>des</strong> collectivités<br />

territoriales dans l'enseignement<br />

supérieur .Leur contribution<br />

a été multipliée par 4 en 20<br />

ans. Elles ont vu, dans le soutien à<br />

l'enseignement supérieur et dans<br />

la recherche qui lui est liée, un facteur<br />

de développement économique,<br />

pouvant favoriser l'implantation<br />

d'entreprises.<br />

L'implantation de filières d'enseignement<br />

technologique ou<br />

professionnalisé a souvent fait<br />

partie <strong>des</strong> mesures prises en faveur<br />

<strong>des</strong> pôles de conversion victimes<br />

de difficultés économiques<br />

(textile et sidérurgie dans le Nord<br />

ou en Lorraine ; de l'armement<br />

à Tulle, Bourges ou Roanne, ou<br />

dernièrement de Moulinex à<br />

Caen) les villes accueillant <strong>des</strong><br />

formations universitaires, villes<br />

moyennes ou même gran<strong>des</strong><br />

villes y ont vu un moyen de redynamiser<br />

les centres villes ou de<br />

revivifier le commerce local. Il ne<br />

faut pas oublier que certaines<br />

villes (Aix, Poitiers, Besançon,<br />

Rennes, Montpellier…)ont une<br />

population étudiante avoisinant,<br />

voire dépassant 20% de la population<br />

totale de l'agglomération.<br />

Ce partenariat a concerné<br />

progressivement l'ensemble <strong>des</strong><br />

collectives territoriales. Région et<br />

ville de Paris ont accepté de s'engager<br />

fortement dans le dernier<br />

contrat de plan 2000-2006. Elles<br />

ont également touché peu à<br />

peu tous les secteurs de la vie<br />

universitaire. Si la recherche en<br />

sciences dures, les écoles d'ingé-


nieurs et les IUT ont été privilégiés<br />

par la première vague de<br />

contrats de plan, l'intérêt <strong>des</strong><br />

collectivités s'est peu à peu<br />

étendu aux bibliothèques, à la<br />

vie étudiante, à l'enseignement<br />

et à la recherche en sciences humaines<br />

et sociales. Globalement<br />

ce partenariat s'est révélé plutôt<br />

positif, non seulement par l'importance<br />

<strong>des</strong> montants apportés<br />

mais aussi parce qu'il a favorisé<br />

une qualité <strong>des</strong> constructions<br />

universitaires et le retour de<br />

l'université dans la ville. Il y a<br />

bien évidemment quelques inconvénients<br />

: risque de dispersion,<br />

risque d'interférence entre<br />

querelles locales et querelles universitaires<br />

et peut être au bout<br />

du compte répartition pas tout à<br />

fait optimale <strong>des</strong> financements.<br />

Un certain déséquilibre a été sans<br />

doute induit, au détriment de Paris<br />

par rapport à la Province, <strong>des</strong><br />

réhabilitations par rapport aux<br />

constructions neuves et <strong>des</strong> lettres<br />

et sciences humaines.<br />

J'ai évoqué la "nécessité" ; au titre<br />

du hasard ou plutôt de décisions<br />

hasardeuses, je citerai plutôt<br />

la création de départements<br />

d'IUT purement politiques, l'empilement<br />

<strong>des</strong> habilitations, ou la<br />

création de départements d'IUT<br />

sans aucune coordination avec<br />

les sections de STS .<br />

<strong>La</strong> première partie du schéma de services<br />

collectifs s'est attachée à faire<br />

un bilan de cette carte <strong>des</strong> implantations<br />

d'enseignement supérieur et à<br />

montrer le caractère extrêmement<br />

fin du maillage ainsi réalisé.<br />

On dénombre ainsi 575 sites<br />

d'enseignement supérieur, hors<br />

Ile de France se répartissant en :<br />

• 40 sites sièges d'une université<br />

en métropole et 6<br />

sites correspondant aux<br />

universités <strong>des</strong> DOM-<br />

TOM .<br />

• 10 sites correspondant<br />

aux 10 universités multipolaires<br />

(Artois, Bretagne-Sud<br />

, Littoral )<br />

• 15 sites accueillant uniquement<br />

une antenne<br />

universitaire<br />

• 55 sites "accueillant "<br />

une antenne et une ou<br />

plusieurs départements<br />

d'IUT.<br />

• 27 sites accueillant uniquement<br />

<strong>des</strong> départements<br />

d'IUT .<br />

• 8 implantations d'IUFM<br />

isolées.<br />

A ces 161 implantations universitaires,<br />

il faut ajouter 414 autres<br />

implantations, accueillant essentiellement<br />

<strong>des</strong> sections de technicien<br />

supérieur. Il s'agit donc<br />

d'un maillage extrêmement fin,<br />

qui montre clairement qu'il ne<br />

faut pas créer de nouveaux sites.<br />

Il faut cependant relativiser cette<br />

dispersion, dans la mesure où<br />

seulement 10% de la population<br />

post-baccalauréat est inscrite<br />

dans <strong>des</strong> villes qui ne sont pas<br />

sièges d'universités ;<br />

Si les universités et les CPGE sont<br />

concentrées dans les gran<strong>des</strong><br />

villes, ce n'est pas le cas <strong>des</strong> IUT<br />

et encore moins <strong>des</strong> STS. Plus<br />

d'un quart <strong>des</strong> étudiants d'IUT<br />

sont dans les villes non sièges d'universités<br />

; et près de 40% <strong>des</strong><br />

élèves de STS étudient dans <strong>des</strong><br />

villes de moins de 100000 habitants.<br />

Il y a bien évidemment une<br />

orthogonalité forte entre cette<br />

carte <strong>des</strong> formations supérieures<br />

et celle de la recherche beaucoup<br />

plus concentrée. Une quinzaine<br />

d'universités concentre la moitié<br />

<strong>des</strong> chercheurs temps pleins <strong>des</strong><br />

organismes de recherche. Et dans<br />

plus de la moitié <strong>des</strong> régions, les<br />

chercheurs sont très majoritairement,<br />

voire exclusivement <strong>des</strong><br />

enseignants chercheurs. Un dernier<br />

élément caractéristique du<br />

paysage universitaire français, est<br />

celui de l'absence de lisibilité du<br />

découpage universitaire dans les<br />

gran<strong>des</strong> villes et de l'émiettement<br />

du tissu <strong>des</strong> écoles d'ingénieurs.<br />

Est -il et bon pour la recherche par<br />

exemple d'avoir, sur plusieurs sites<br />

(Bordeaux, Lille, Clermont,<br />

Montpellier ) la médecine coupée<br />

<strong>des</strong> sciences et même <strong>des</strong> sciences<br />

de la vie ? Est -ce rationnel,<br />

d'avoir, dans une même ville,<br />

trois universités offrant <strong>des</strong> sciences<br />

ou de la gestion ? Notre tissu<br />

de formations et d'écoles d'ingénieurs<br />

est également faiblement<br />

structuré :<br />

43<br />

DOSSIER


DOSSIER<br />

Intervention de M.CYTERMANN<br />

Bordeaux le 30 mai 2002<br />

44<br />

70% <strong>des</strong> formations ont un flux<br />

annuel inférieur à 100 étudiants<br />

et un stock inférieur à 300. On<br />

est loin de ce que l'on peut trouver<br />

en Allemagne ou en Suisse.<br />

Il reste maintenant à se pencher<br />

sur les facteurs propres à agir sur<br />

cette structuration du système<br />

d'enseignement supérieur. J'en<br />

distinguerai quatre : l'évolution<br />

de la démographie étudiante,<br />

celle de la démographie enseignante,<br />

l'internationalisation de<br />

l'enseignement supérieur et de<br />

la recherche et les nouvelles<br />

technologies.<br />

Il est clair que nous sommes depuis<br />

maintenant 5 ans et l'on ne<br />

peut que le déplorer dans une<br />

phase de stabilisation, voire de<br />

stagnation <strong>des</strong> effectifs étudiants ,<br />

et de l'accès à l'enseignement supérieur<br />

qui semble s'être accentuée<br />

à cette rentrée en manifestant<br />

une certaine désaffection<br />

pour le premier cycle universitaire<br />

.<br />

Près d'un quart <strong>des</strong> universités a<br />

perdu au moins 10% de ses effectifs<br />

en 5 ans et pour cinq d'entre<br />

elle cette décroissance atteint<br />

les 15%. Les plus touchées semblent<br />

être les universités du grand<br />

bassin parisien (Amiens, Reims, le<br />

Mans, Orléans, Caen, Tours) et<br />

certaines universités situées dans<br />

<strong>des</strong> villes autres que la capitale régionale<br />

(Pau, Saint- Etienne ). Ces<br />

perspectives de stabilisation de la<br />

population étudiante ne tiennent<br />

pas compte <strong>des</strong> perspectives induites<br />

par la validation <strong>des</strong> acquis<br />

de l'expérience. <strong>La</strong> situation de la<br />

démographie étudiantes conduit<br />

de fait à une concurrence entre<br />

les universités pour attirer les<br />

étudiants. Le cas de la région parisienne<br />

avec ses dix-sept universités<br />

méritera d'être analysé.<br />

Comment se repartissent les étudiants<br />

lorsqu'il n'y a pas de problèmes<br />

de capacité d'accueil ?<br />

Le renouvellement <strong>des</strong> enseignants<br />

chercheurs, près de 40%<br />

sur 10 ans risque ainsi d'induire<br />

une concurrence entre universités<br />

pour attirer les meilleurs enseignants<br />

chercheurs en particulier<br />

lorsque le vivier se révélera insuffisant<br />

. On sait en outre que les universités<br />

de Paris centre et de<br />

quelques universités attractives du<br />

sud de la France connaîtront en<br />

premier les départ importants<br />

d'enseignants chercheurs ce qui<br />

créera un appel d'air pouvant déstabiliser,<br />

sur le plan de la recherche<br />

notamment , beaucoup d'universités<br />

de la petite et de la grande<br />

couronne parisienne …et d'une<br />

manière générale les universités les<br />

plus fragiles et les plus récentes.<br />

Il est clair aussi que nos universités<br />

devront être attractives face à<br />

l'internationalisation croissante<br />

de la recherche et de l'enseignement<br />

supérieur. C'est vrai pour la<br />

recherche ou la commission<br />

prône la constitution de réseaux<br />

d'excellence ; c'est vrai aussi<br />

pour la formation où nos universités<br />

devront être en mesure<br />

d'accueillir les meilleurs étudiants<br />

d'autres pays, qu'ils soit<br />

européens ou pas.<br />

Enfin il est encore difficile de mesurer<br />

l'impact <strong>des</strong> nouvelles<br />

technologies et de l'enseignement<br />

à distance sur la localisation<br />

<strong>des</strong> implantations même si<br />

on peut espérer qu'elle favorisera<br />

plutôt le travail en réseau,<br />

qui est un <strong>des</strong> concepts clés du<br />

schéma de services collectifs.<br />

Je souhaiterais développer pour<br />

finir quelques réflexions personnelles<br />

allant au delà de ce qui est<br />

parfois écrit en filigrane dans le<br />

schéma de services collectifs.<br />

Il ne sert à rien de s'indigner ou<br />

de se voiler la face au nom de présupposés<br />

de nature idéologique :<br />

il y a partiellement une concurrence<br />

entre établissements pour<br />

attirer étudiants et enseignants ou<br />

pour prétendre aux crédits européens.<br />

Le rôle du ministère est<br />

d'introduire <strong>des</strong> éléments de "régulation"<br />

suffisamment forts pour<br />

pallier les effets fâcheux induits<br />

par cette concurrence.<br />

Plus que jamais l'élément de régulation<br />

doit être le contrat d'établissement.<br />

Pour que celui ci<br />

retrouve du sens, il faut qu'il y ait<br />

une discussion stratégique et au<br />

sein de l'établissement et entre<br />

l'établissement et le ministère<br />

abordant les points suivants : offre<br />

de formation, structuration de la<br />

recherche et politique de recrutement.<br />

Ce n'est cependant pas<br />

chose facile : Quelle stratégie de<br />

développement proposer pour<br />

<strong>des</strong> universités qui sont relativement<br />

faibles en recherche et qui<br />

de surcroît perdent <strong>des</strong> effectifs ?<br />

<strong>La</strong> recherche d'une cohérence de<br />

l'offre de formation implique de<br />

mettre fin à l'empilement déraisonnable<br />

parfois <strong>des</strong> habilita-


tions, à examiner<br />

“<br />

ces habilitations<br />

dans une logique<br />

régionale ou<br />

interrégionale.<br />

Elle peut amener<br />

à se poser la<br />

question d'une<br />

relative spécialisation<br />

<strong>des</strong> universités. Je suis persuadé<br />

que l'identité d'une université<br />

tient beaucoup à ses<br />

filières professionnelles ou à sa<br />

recherche. Je crois aussi que les<br />

universités moyennes ou petites<br />

qui ont réussi sont celles qui ont<br />

su choisir <strong>des</strong> créneaux d'excellence<br />

ou de spécialisation au lieu<br />

de vouloir avoir la même gamme<br />

de formations que la métropole<br />

régionale distante de 50 km. Les<br />

notions de réseau et de spécialisation<br />

partielle peuvent très bien<br />

s'articuler de manière cohérente.<br />

<strong>La</strong> nécessaire programmation de<br />

l'emploi scientifique doit pouvoir<br />

se décliner géographiquement.<br />

<strong>La</strong> détermination de créneaux<br />

de spécialisation doit<br />

pouvoir s'accompagner de politiques<br />

d'attribution de moyens<br />

non fondées uniquement sur l'évolution<br />

<strong>des</strong> effectifs d'étudiants.<br />

Des dispositifs spécifiques pourraient<br />

permettre aux universités<br />

les plus faibles en recherche d'avoir<br />

une politique de recrutement<br />

et de ne pas pénaliser les<br />

jeunes enseignants chercheurs<br />

nouvellement recrutés.<br />

Enfin on est inévitablement<br />

amené à se poser <strong>des</strong> questions<br />

sur la taille optimale <strong>des</strong> universités,<br />

leur structuration et les<br />

Plus que jamais l’élément<br />

de régulation<br />

doit être le contrat<br />

d’établissement.<br />

possibilités de<br />

regroupements .<br />

Je ne crois pas<br />

qu'il y ait vraiment<br />

<strong>des</strong> tailles<br />

optimales : une<br />

”<br />

université de<br />

6000 étudiants<br />

orientée vers les<br />

filières professionnalisées et les<br />

sciences de l'ingénieur peut être<br />

parfaitement viable comme une<br />

grande université généraliste de<br />

40000 étudiants.<br />

S'agissant <strong>des</strong> rapprochements<br />

ou regroupements d'établissement<br />

, le schéma de services a<br />

délibérément et raisonnablement<br />

suggéré une démarche incitative<br />

et l'amélioration <strong>des</strong><br />

mo<strong>des</strong> de coopération ; je pense<br />

néanmoins qu'un jour ou l'autre<br />

se posera la question du regroupement<br />

<strong>des</strong> universités dans nos<br />

grands centres pluriuniversitaires.<br />

Il est clair que cette question<br />

n'est plus taboue et que l'on en<br />

parle de plus en plus dans certains<br />

sites ou dans certaines régions<br />

(Clermont, Nancy, Strasbourg<br />

). Le départ en retraite <strong>des</strong><br />

acteurs <strong>des</strong> scissions sera peut<br />

être une bonne chose.<br />

45<br />

DOSSIER


DOSSIER<br />

Séminaire annuel <strong>des</strong> chanceliers (Kanzler) <strong>des</strong><br />

à MÜNSTER (Westphalie) du 26 au 29 septembre 2001<br />

46<br />

<strong>La</strong> seconde université allemande,<br />

de par le poids de ses étudiants,<br />

accueillait la 44ème édition <strong>des</strong><br />

journées nationales <strong>des</strong> chanceliers<br />

<strong>des</strong> universités de RFA.<br />

Cumulant la fonction de Secrétaire<br />

Général et les responsabilités, face<br />

au Juge <strong>des</strong> Comptes, de l’Agent<br />

Comptable, le chancelier allemand<br />

se trouve confronté aux même<br />

problématiques que celles de ses<br />

collègues français mais, tel un<br />

Janus à double tête, doit les<br />

mener de front aux plans administratif<br />

et financier.<br />

Le cadre de cette rencontre à<br />

laquelle nos deux associations<br />

étaient pour la première fois<br />

représentées de conserve, occurrence<br />

apparemment fort prisée<br />

par nos invitants, ressemble de<br />

fort loin à nos établissements<br />

hexagonaux. Faut-il résumer<br />

Munster, ce superbe cadre de<br />

rencontre, par l’université-château<br />

dans la ville ou l’inverse ?<br />

<strong>La</strong> symbiose parut en effet parfaite<br />

aux deux Hurons français se<br />

retrouvant dans <strong>des</strong> palais royaux<br />

à peine débarqués de leurs campus<br />

souvent excentrés et moins en<br />

phase avec leur environnement.<br />

Les étudiants de<br />

Munster représentent<br />

la moitié<br />

de la population<br />

locale intra-muros<br />

mais n’y séjournent<br />

que la<br />

moitié de l’année<br />

sur la base de leur<br />

“<br />

totale liberté de suivi <strong>des</strong> formations<br />

qui les conduisent souvent<br />

au-delà de l’âge de trente ans<br />

avant que de rencontrer leurs premiers<br />

examens ! Comment faire vivre<br />

harmonieusement autant de<br />

personnes sur un espace restreint<br />

et classé patrimoine historique ? <strong>La</strong><br />

réponse tient largement au mode<br />

de locomotion majoritairement<br />

I - Des questionnements similaires<br />

Comment connaître<br />

ses possibilités financières<br />

quand on ne<br />

mesure pas sa<br />

richesse ?<br />

utilisé par les uns<br />

et les autres : la<br />

bicyclette omniprésente<br />

au point<br />

que les parkings<br />

qui lui sont dédiés<br />

n’y suffisent<br />

”<br />

plus ; elle véhicule<br />

une sorte<br />

d’atmosphère angevine faite de<br />

calme et de sérénité.<br />

Ces deux termes peuvent parfaitement<br />

s’appliquer aux débats riches<br />

menés pendant ces journées et<br />

que l’on résumera de façon caricaturale<br />

en quelques questionnements<br />

similaires (I) et points de divergence<br />

(II) avant d’aborder le<br />

thème même de ce colloque (III).<br />

• comment résoudre la conciliation<br />

entre la liberté académique<br />

consacrée par l’Université<br />

d’Humboldt avec une organisation<br />

administrative minimale ?<br />

• comment détricoter la pelote<br />

<strong>des</strong> financements croisés nationaux<br />

et locaux en l’absence d’une<br />

politique contractualisée digne de<br />

ce nom et inscrite dans la durée et<br />

donc la pluri-annualité ? A l’image<br />

de la répartition inachevée<br />

<strong>des</strong> compétences entre l’Etat français<br />

et ses collectivités locales, la<br />

loi fondamentale de 1949 (équivalente<br />

de notre Constitution) a<br />

prévu <strong>des</strong> champs de compétences<br />

partagées parmi lesquels les<br />

constructions universitaires,<br />

thème central de ce colloque.<br />

• comment connaître ses possibilités<br />

financières quand on ne mesure<br />

pas sa richesse : pas d’inventaire<br />

ni d’amortissement réel d’un<br />

patrimoine immobilier dont la propriété<br />

sauf exception (Sarre) appartient<br />

et est gérée par d’autres.<br />

• comment évaluer la qualité <strong>des</strong><br />

enseignements, si tant est que la<br />

démarche soit admise par les enseignants,<br />

en l’absence d’indicateurs<br />

reconnus comme le taux<br />

d’insertion professionnelle, l’emploi,<br />

parfois mo<strong>des</strong>te, obtenu au<br />

terme d’une durée anormalement<br />

longue <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> ?<br />

• comment mesurer l’impact de<br />

la recherche, dont la rentabilité<br />

se doit d’être mesurée par le<br />

nombre de contrats, les sommes<br />

engagées, le nombre de doctorants,<br />

de brevets… en lieu et<br />

place de l’empirisme actuel ?<br />

• comment assumer efficacement<br />

sa mission universitaire<br />

quand elle doit être partagée en


universités alleman<strong>des</strong>, et de ses paradoxes<br />

RFA comme en France avec un<br />

CHU, un CROUS… ?<br />

• comment assurer la sécurité<br />

<strong>des</strong> bâtiments quand la priorité<br />

financière va à la recherche ? Le<br />

recours aux assurances suffira-t-il<br />

à résoudre ce choix qui n’est vraiment<br />

cornélien que pour les administrateurs,<br />

les chercheurs<br />

ayant fait le leur ? <strong>La</strong> globalisation<br />

<strong>des</strong> dotations financières sous<br />

couvert d’assurer l’autonomie ne<br />

la réduit-elle pas compte tenu de<br />

la suprématie de la recherche ?<br />

DOSSIER<br />

II - Des points de moindre convergence<br />

• le rôle même du chancelier<br />

(entendu au sens de sa double<br />

fonction française correspondante)<br />

n’est pas perçu de la<br />

même manière <strong>des</strong> deux côtés<br />

du Rhin :<br />

• sa rive droite abriterait un<br />

Chancelier véritable Directeur<br />

Général, fonctionnaire du <strong>La</strong>nd,<br />

facteur d’innovation et porteur<br />

de changement au point de perturber<br />

les équipes politiques qui<br />

concevrait son rôle d’administrateur<br />

comme celui d’un intermédiaire<br />

en s’abritant derrière<br />

l’historique liberté universitaire<br />

tandis que sur sa rive gauche les<br />

deux détenteurs de la fonction<br />

de chancelier s’arc-bouteraient<br />

sur le respect <strong>des</strong> textes réglementaires<br />

fondement ou prétexte<br />

à leur résistance à tout<br />

changement. Les choses ne sont<br />

évidemment pas aussi caricaturales,<br />

la double fonction du<br />

Kanzler en sa dominante financière<br />

est d’ailleurs confirmée par<br />

l’invitation, à chacun de leurs<br />

colloques, d’un représentant de<br />

la Cour <strong>des</strong> Comptes (Rechnungshof).<br />

• plus proche de la source du<br />

fleuve européen par essence, les<br />

collègues suisses, également représentés,<br />

s’inquiètent eux de<br />

l’arrivée d’équipes d’enseignants<br />

estimant maîtriser toutes les<br />

techniques administratives jusqu’à<br />

en évincer les titulaires traditionnels<br />

<strong>des</strong> fonctions d’administrateurs.<br />

• dépendant pour l’essentiel de<br />

leur quotidien <strong>des</strong> Länder (<strong>des</strong>quels<br />

les chanceliers tiennent<br />

leur nomination), les universités<br />

alleman<strong>des</strong> ne connaissent certes<br />

pas les affres <strong>des</strong> contraintes<br />

parisiennes et encore fortement<br />

centralisées mais elles y perdent<br />

une certaine marge de manœuvre<br />

parfois utile aux établissements<br />

français rompus à cet exercice<br />

singulier du dialogue avec la<br />

centrale toute à la fois tutélaire<br />

et parfaite bouc émissaire.<br />

• encore éloignée de l’ambitieux<br />

objectif <strong>des</strong> cursus d’étu<strong>des</strong> à 3-<br />

5-8, l’Allemagne ne sait ni comment<br />

l’atteindre tant est encore<br />

prégnante la pratique de l’examen<br />

final ni comment introduire<br />

<strong>des</strong> diplômes intermédiaires. Elle<br />

attend donc beaucoup du dispositif<br />

européen d’ECTS susceptible<br />

de résoudre en douceur cette<br />

question.<br />

47


DOSSIER<br />

Séminaire annuel <strong>des</strong> chanceliers (Kanzler)<br />

<strong>des</strong> universités alleman<strong>des</strong>, et de ses paradoxes<br />

III - Le thème de ce séminaire portait en effet sur " l'avenir <strong>des</strong> compétences partagées,<br />

à partir de l'exemple <strong>des</strong> constructions universitaires "<br />

Interventions de :<br />

Jürgen SCHLEGEL,<br />

Secrétaire Général de la<br />

Commission Mixte du Bund et<br />

<strong>des</strong> Länder, pour la planification<br />

dans l'enseignement et le soutien<br />

à la recherche,<br />

Dr Winfried BENZ,<br />

Secrétaire Général du<br />

"Wissenschaftsrat"<br />

(conseil scientifique<br />

auprès du Bund).<br />

Dans la loi fondamentale allemande<br />

(Constitution), les articles<br />

91a et 91b règlent la répartition<br />

<strong>des</strong> compétences entre les Länder<br />

(les Etats) et le Bund (la Fédération),<br />

certaines compétences<br />

revenant au Bund, d'autres<br />

clairement à chaque <strong>La</strong>nd, d'autres<br />

enfin étant partagées : c'est<br />

le cas <strong>des</strong> constructions universitaires.<br />

Pour ces dernières, le Bund cofinance<br />

les projets, mais ne veut<br />

pas être que le bailleur de fonds :<br />

il s'implique dans les choix et arbitrages.<br />

L'instance qui instruit<br />

les deman<strong>des</strong> de constructions,<br />

extensions et restructurations est<br />

le " Wissenchaftsrat " (conseil<br />

scientifique auprès du Bund), qui<br />

propose le classement <strong>des</strong> projets<br />

au niveau fédéral.<br />

48<br />

Interventions de :<br />

Wedig von HEYDEN,<br />

Directeur au Ministère Fédéral<br />

de l'enseignement et<br />

de la recherche,<br />

Hans-Otto P. von GAERTNER,<br />

Fonctionnaire du Ministère de<br />

l'enseignement, de la recherche<br />

et de la culture du <strong>La</strong>nd<br />

de Rhénanie-Palatinat,<br />

Pr. Dr Hanns H. SEIDLER,<br />

Chancelier de<br />

l'Université technologique de<br />

DARMSTADT.<br />

<strong>La</strong> répartition <strong>des</strong> compétences entre<br />

Bund et Länder est souvent discutée,<br />

tous les Länder n'appréciant<br />

pas " l'ingérence " du Bund, jugé<br />

trop loin du terrain ; une réforme<br />

en profondeur a pourtant peu de<br />

chances d'aboutir, les Länder ne<br />

trouvant pas d'accord entre eux…<br />

Les Länder ne trouvent même pas,<br />

aujourd'hui, d'accord sur le projet<br />

du Bund d'aller vers une forme de<br />

négociation globale, sur la base d'indicateurs<br />

et paramètres, au lieu de<br />

discuter projet par projet. Le plan du<br />

Bund serait en effet de passer de<br />

l'arbitrage, dont on considère qu'il<br />

n'est pas réalisé de manière satisfaisante<br />

(car la régulation, trop attachée<br />

aux projets précis, débouche<br />

sur une sorte de nivellement<br />

égalitaire, à quoi s'ajoute que l'instruction<br />

<strong>des</strong> projets est trop longue),<br />

vers un traitement global <strong>des</strong> subventions<br />

aux Länder, en laissant une<br />

grande part <strong>des</strong> choix et arbitrages<br />

aux Länder. <strong>La</strong> liberté ne serait toutefois<br />

pas totale, le Bund voulant<br />

quand même garantir une cohérence<br />

de la carte universitaire.<br />

Se pose évidemment la question<br />

de la pertinence <strong>des</strong> paramètres et<br />

indicateurs à utiliser :<br />

• état du patrimoine,<br />

• âge <strong>des</strong> constructions,<br />

• investissements propres <strong>des</strong><br />

Länder dans le patrimoine,<br />

• critères de résultats/réussite<br />

<strong>des</strong> établissements,<br />

• place et dynamisme de la<br />

recherche,<br />

• quelle place à l'innovation ?<br />

Et la question de la pondération, du<br />

poids respectif de ces paramètres,<br />

pour ne pas générer <strong>des</strong> variations<br />

en dents de scies d'une année sur<br />

l'autre.<br />

<strong>La</strong> technique <strong>des</strong> paramètres ou<br />

indicateurs n'étant pas toujours assez<br />

réactive, la création d'un " fonds<br />

pour l'innovation " pourrait être<br />

envisagée, qui compenserait l'écrasement,<br />

le lissage opéré par les paramètres<br />

et indicateurs.<br />

Pour permettre d'affiner encore le<br />

système, les universités, qui souhaitent<br />

être <strong>des</strong> partenaires écoutés<br />

dans la réforme en cours, proposent


de désigner au moins un établissement<br />

" site pilote " par <strong>La</strong>nd.<br />

Mais la demande <strong>des</strong> universités<br />

va plus loin.<br />

Compte-rendu <strong>des</strong> travaux en<br />

commissions. Discussion en assemblée<br />

plénière.<br />

Deux sujets importants avaient<br />

fait l'objet de discussions en trois<br />

ateliers.<br />

Réflexions et projets innovants<br />

pour la gestion du patrimoine<br />

immobilier.<br />

Aujourd'hui, les universités ne sont,<br />

sauf exception, ni propriétaires, ni<br />

affectataires de leurs bâtiments.<br />

Pour toute construction nouvelle,<br />

mais aussi pour les travaux de restructuration<br />

et de maintenance<br />

lourde, elles sont obligées de s'adresser<br />

au <strong>La</strong>n<strong>des</strong>bauamt (service<br />

<strong>des</strong> constructions de leur <strong>La</strong>nd), qui<br />

assure automatiquement la maîtrise<br />

d'ouvrage <strong>des</strong> opérations, avec<br />

toutes ses prérogatives.<br />

Peu leur importent les origines de<br />

financement (Bund ou <strong>La</strong>nd), les<br />

universités souhaitent fortement que<br />

les procédures soient débrouillées<br />

et simplifiées. Elles formulent une<br />

demande claire de " propriété<br />

économique " <strong>des</strong> bâtiments, emportant<br />

les droits et obligations du<br />

propriétaire, quel qu'en soit le statut<br />

juridique (dotation ou affectation…<br />

avec une préférence pour<br />

l'affectation semble-t-il) ; elles insistent<br />

sur la liberté locale de classement<br />

<strong>des</strong> priorités et sur la liberté<br />

du choix <strong>des</strong> formules : construction,<br />

crédit-bail ou location simple.<br />

Il semble clair pour elles que le choix<br />

<strong>des</strong> implantations nouvelles doive<br />

rester auprès <strong>des</strong> gouvernements<br />

<strong>des</strong> Länder (de leurs Parlements et<br />

<strong>des</strong> Exécutifs respectifs), mais elles<br />

revendiquent la maîtrise d'ouvrage<br />

<strong>des</strong> opérations retenues et la liberté<br />

de choix du maître d'œuvre. Elles<br />

souhaitent être partenaires dans la<br />

planification à long terme (intégrant<br />

dans les choix les coûts prévisibles de<br />

fonctionnement et de maintenance<br />

<strong>des</strong> constructions, pas toujours pris<br />

en considération).<br />

Elles demandent que le budget<br />

" immobilier " soit intégré au budget<br />

<strong>des</strong> universités, mais elles sont<br />

d'accord pour gérer cette responsabilité<br />

dans une enveloppe budgétaire<br />

à part, distincte du budget de<br />

fonctionnement, dans le respect de<br />

l'affectation <strong>des</strong> ressources.<br />

Il est évident pour elles qu'elles doivent<br />

cheminer d'une part vers l'autonomie<br />

budgétaire et l'application<br />

du plan comptable européen (ce<br />

qui n'est pas le cas de la plupart<br />

d'entre elles, puisqu'elles " émargent<br />

" encore sur <strong>des</strong> lignes de budget<br />

de leur <strong>La</strong>nd) et d'autre part vers<br />

une pratique de l'amortissement (et<br />

qui dit amortissement, dit constitution<br />

de réserves propres, d'où la volonté<br />

d'autonomie budgétaire).<br />

Les relations avec les cliniques<br />

(CHU) et les Œuvres Universitaires.<br />

• Les cliniques :<br />

L'autonomie <strong>des</strong> cliniques par rapport<br />

aux universités est un fait récent,<br />

encore mal " digéré " et un<br />

peu douloureux semble-t-il. On<br />

regrette surtout un partage inégal<br />

<strong>des</strong> moyens, cette autonomie récente<br />

<strong>des</strong> cliniques étant fortement<br />

soutenue par <strong>des</strong> moyens<br />

financiers importants… au détriment<br />

<strong>des</strong> universités.<br />

• Les Studentenwerke (StW)<br />

(œuvres universitaires) :<br />

<strong>La</strong> séparation <strong>des</strong> StW d'avec les<br />

universités est plus ancienne ; les<br />

chanceliers constatent que les étudiants<br />

et grand public ne comprennent<br />

pas qu'il y ait là deux<br />

entités pour s'occuper <strong>des</strong> même<br />

étudiants et le regrettent. Ils souhaitent<br />

un renforcement de la présence<br />

et de la participation <strong>des</strong> universités<br />

(de leurs instances de<br />

direction) dans les instances <strong>des</strong><br />

StW. On voudrait en particulier pouvoir<br />

avoir une influence sur la planification<br />

<strong>des</strong> constructions et les<br />

réhabilitations d'installations <strong>des</strong><br />

Studentenwerke. On sent dans le<br />

compte rendu de discussions un<br />

peu d'inquiétude sur l'évolution<br />

actuelle <strong>des</strong> StW, dans les instances<br />

<strong>des</strong>quels on constate de plus en<br />

plus une mainmise <strong>des</strong> syndicats<br />

étudiants, ce qui semble plutôt <strong>des</strong>servir<br />

une saine gestion <strong>des</strong> StW.<br />

Cette situation vient du statut <strong>des</strong><br />

Studentenwerke, pas toujours identique<br />

d'un <strong>La</strong>nd à l'autre, en particulier<br />

dans la composition et le fonctionnement<br />

de leurs instances.<br />

En conclusion une assemblée riche<br />

et dense ponctuée de nombreux<br />

échanges informels, les similitu<strong>des</strong><br />

<strong>des</strong> vécus quotidiens de part et d’autre<br />

du Rhin se révélant bien plus<br />

fréquentes que les dissemblances.<br />

Vos représentants à ce colloque :<br />

Association <strong>des</strong> Secrétaires Généraux<br />

D’Etablissements d'Enseignement Supérieur<br />

Philippe WISLER<br />

SGEPES de l'Université de Saint-Etienne<br />

Association <strong>des</strong> Agents Comptables<br />

d’Universités<br />

François MEYER<br />

Agent Comptable de l'Université de Nantes<br />

49<br />

DOSSIER


DOSSIER<br />

Pour une dévolution<br />

de leur patrimoine aux universités<br />

50<br />

Pascal AIME<br />

Secrétaire général<br />

de l’université Louis Pasteur<br />

<strong>La</strong> gestion du patrimoine immobilier<br />

<strong>des</strong> universités a connu de profon<strong>des</strong><br />

évolutions depuis la fin <strong>des</strong> années<br />

80. C’est en effet à cette époque que<br />

les universités se sont vu déléguer une<br />

enveloppe globale de crédits de fonctionnement<br />

incluant <strong>des</strong> crédits de<br />

maintenance et que leur implication<br />

dans la maîtrise d’ouvrage de la maintenance<br />

de leur patrimoine immobilier<br />

a progressé alors que celle <strong>des</strong> ingénieurs<br />

régionaux de l’équipement<br />

placés auprès <strong>des</strong> recteurs se recentrait<br />

sur le pilotage <strong>des</strong> opérations<br />

liées au plan université 2000.<br />

Confrontés au défi majeur que représentait<br />

l’arrivée massive de nouveaux<br />

étudiants dans l’enseignement supérieur<br />

public et à la difficulté de les accueillir<br />

dans <strong>des</strong> locaux insuffisants et<br />

largement vieillissants, le ministre de<br />

l’éducation nationale de l’époque L.<br />

Jospin et son conseiller spécial C. Allègre<br />

ont engagé avec l’aide <strong>des</strong> collectivités<br />

territoriales, qui agissaient là<br />

s’agissant <strong>des</strong> universités hors compétence,<br />

un immense chantier d’aménagement<br />

du territoire, de construction<br />

et de réhabilitation de locaux<br />

universitaires. Cet effort s’est poursuivi<br />

sous les gouvernements successifs<br />

qui ont, à travers les contrats de<br />

plan Etat-région, continué à financer<br />

l’augmentation <strong>des</strong> surfaces mises à<br />

la disposition <strong>des</strong> établissements.<br />

Parallèlement la promulgation en<br />

1989 de la loi MOP portant sur la maîtrise<br />

d’ouvrage publique a permis aux<br />

universités de réaliser en tant que maîtres<br />

d’ouvrage leurs premières extensions.<br />

Si cette possibilité n’a été que<br />

peu utilisée au départ, elle est aujourd’hui<br />

devenue plus courante grâce à<br />

<strong>des</strong> équipes qui ont appris dans les<br />

établissements à mener de tels chantiers<br />

aussi bien sous leur angle technique<br />

que budgétaire. Cette évolution<br />

a pu être freinée par les dispositions<br />

de la loi qui permettent aux collectivités<br />

territoriales assumant ces maîtrises<br />

d’ouvrage de récupérer, via le fonds<br />

de compensation de la TVA, la TVA acquittée<br />

sur les coûts de construction,<br />

les universités ne pouvant quant à elles<br />

bénéficier que d’une récupération<br />

de TVA réduite (en application <strong>des</strong> règles<br />

de prorata général de déductibilité<br />

ou de secteurs distincts de TVA).<br />

Si la stabilisation actuelle <strong>des</strong> effectifs<br />

étudiants a quelque peu allégé les<br />

contraintes en matière de surface, le<br />

développement de nouveaux projets,<br />

de l’enseignement professionnalisé ou<br />

en petits groupes, de l’utilisation <strong>des</strong><br />

technologies de l’information et de la<br />

communication, les besoins <strong>des</strong> activités<br />

de recherche, de valorisation<br />

voire d’incubation rendent néanmoins<br />

indispensable l’adaptation permanente<br />

de ces locaux et la création<br />

de nouveaux espaces.<br />

Concrètement les universités ont aujourd’hui<br />

la responsabilité de locaux datant<br />

globalement de trois pério<strong>des</strong> : <strong>des</strong><br />

locaux historiques qui datent <strong>des</strong> dixhuitième<br />

et dix-neuvième siècles, qui<br />

sont souvent prestigieux mais mal adaptés<br />

aux besoins actuels, <strong>des</strong> locaux <strong>des</strong><br />

années cinquante et soixante qui correspondent<br />

à la vague précédente de<br />

construction et les locaux récents construits<br />

dans le cadre d’université 2000 et<br />

<strong>des</strong> deux derniers contrats de plan. Si la<br />

question qui se pose aux universités s’agissant<br />

de la dernière catégorie est celle<br />

de la maintenance préventive, les difficultés<br />

majeures que rencontrent les universités<br />

concernent les bâtiments plus<br />

anciens qui ont été globalement mal entretenus<br />

faute de moyens suffisants, qui<br />

sont souvent inadaptés aux besoins actuels<br />

et non conformes à la réglementation<br />

en matière de sécurité incendie notamment.<br />

Ainsi l’université Louis Pasteur qui<br />

dispose d’une centaine de bâtiments<br />

pour une surface utile d’environ<br />

350 000 m2, voit-elle 30% de ce patrimoine<br />

frappé d’un avis défavorable à<br />

la poursuite de l’exploitation de la part<br />

<strong>des</strong> commissions compétentes en matière<br />

de sécurité incendie. Il faut dire que<br />

depuis l’accident du stade Furiani à Bastia<br />

et surtout l’incendie <strong>des</strong> thermes de<br />

Barbotan chacun a pris conscience de la<br />

réalité <strong>des</strong> risques encourus et de leurs<br />

conséquences pénales.<br />

Le ministère chargé <strong>des</strong> universités a<br />

pris la mesure de ce problème majeur.<br />

Il a engagé en 2000 un deuxième<br />

plan pluriannuel de mise en sécurité<br />

<strong>des</strong> locaux universitaires (le premier<br />

date <strong>des</strong> années 1995-96).Il a même<br />

obtenu du ministère de l’économie et<br />

<strong>des</strong> finances la possibilité de déléguer<br />

en 2001 la totalité <strong>des</strong> autorisations<br />

de programme relatives à ce plan.<br />

Il n’en demeure pas moins que les<br />

moyens consacrés par l’Etat à la mise<br />

en sécurité du patrimoine immobilier<br />

universitaire sont encore largement<br />

insuffisants par rapport aux besoins.<br />

L’université Louis Pasteur a ainsi obtenu<br />

dans ce cadre et sur la période<br />

2000-2006 une aide de 12,19<br />

millions d’euros de la part de l’Etat<br />

alors que le plan de mise en sécurité<br />

qu’elle a établi a été chiffré à plus de<br />

30 millions d’euros pour la seule sécurité<br />

incendie. L’université va co-financer<br />

cet effort à hauteur de 7,6<br />

millions d’euros sur la même période.<br />

Je ne suis pas certain que toutes les<br />

universités aient la possibilité d’aller<br />

aussi loin en matière de cofinancement.<br />

Il ne faut toutefois pas sous estimer<br />

les difficultés et les arbitrages<br />

qu’il faut rendre à l’ULP pour parvenir<br />

à dégager sur fonds propres une<br />

telle somme.<br />

<strong>La</strong> situation reste cependant extrêmement<br />

grave car on voit bien qu’au<br />

rythme actuel qui est un rythme soutenu<br />

pour nos équipes lorsqu’il s’agit de préparer<br />

les marchés publics et de mener les<br />

chantiers correspondants, il faudra encore<br />

<strong>des</strong> années d’efforts et un inévitable<br />

troisième plan de mise en sécurité<br />

pour sortir de ce problème. <strong>La</strong> situation


est d’autant plus difficile que nombre de<br />

commissions de sécurité font encore trop<br />

souvent le choix de maintenir, pour <strong>des</strong><br />

raisons que chacun pourra comprendre<br />

aisément, <strong>des</strong> avis défavorables tant que<br />

la totalité <strong>des</strong> travaux ne sont pas réalisés<br />

et que toutes les prescriptions ne sont pas<br />

levées, mêmes lorsqu’elles sont en présence<br />

de plans pluriannuels financés et<br />

en cours d’exécution. Cette attitude est<br />

regrettable car elle pourrait démobiliser<br />

les équipes dirigeantes <strong>des</strong> universités<br />

qui ont pris le dossier sécurité à bras le<br />

corps depuis quelques années. Elle continue<br />

surtout à faire peser sur <strong>des</strong> universitaires<br />

élus et sur leurs équipes <strong>des</strong><br />

risques pénaux alors même que ces derniers<br />

ne disposent pas de tous les<br />

moyens financiers et juridiques pour<br />

faire face à cette situation. Il est indispensable<br />

de poursuivre en l’accélérant,<br />

parallèlement à la remise en l’état<br />

de nos bâtiments, la mutation <strong>des</strong> modalités<br />

de gestion de notre patrimoine.<br />

Beaucoup a déjà été fait depuis dix ans,<br />

en particulier <strong>des</strong> mécanismes politiques<br />

et financiers ont été mis en place<br />

pour bâtir de nouveaux locaux et faire<br />

face au développement de l’accueil <strong>des</strong><br />

étudiants. Des moyens supplémentaires<br />

doivent cependant être débloqués<br />

d’urgence par l’Etat pour avancer plus<br />

rapidement encore dans la mise en sécurité<br />

du patrimoine universitaire.<br />

On le voit bien, et la comparaison avec<br />

les universités européennes le<br />

confirme, il est temps d’engager une<br />

nouvelle phase dans l’évolution de la<br />

gestion du patrimoine universitaire. Aujourd’hui<br />

les universités doivent faire<br />

face à une diversification de leurs missions<br />

: enseignement, recherche, valorisation,<br />

incubation et doivent être plus<br />

réactives pour utiliser au mieux leurs locaux,<br />

mieux les entretenir et les valoriser.<br />

<strong>La</strong> loi confère aux universités en matière<br />

immobilière, toutes les obligations<br />

du propriétaire. Dans le même temps,<br />

l’Etat ne délègue pas les moyens suffisants<br />

à l’entretien de ce patrimoine et<br />

empêche les universités par <strong>des</strong> textes<br />

inadaptés de valoriser facilement ce patrimoine.<br />

Il est nécessaire, en complément<br />

<strong>des</strong> moyens apportés par l’Etat<br />

que les universités puissent conclure directement<br />

sans intervention <strong>des</strong> services<br />

<strong>des</strong> domaines <strong>des</strong> conventions<br />

d’autorisation d’occupation de leur domaine<br />

afin de dégager <strong>des</strong> ressources<br />

pour entretenir ce patrimoine.<br />

Il est cependant nécessaire d’aller plus<br />

loin en acceptant que le patrimoine<br />

<strong>des</strong> universités leur soit non plus affecté<br />

comme c’est le cas actuellement<br />

mais dévolu de manière à ce que ces<br />

dernières puissent assumer la plénitude<br />

<strong>des</strong> possibilités qu’offre l’existence<br />

de ce patrimoine : <strong>des</strong> universités<br />

propriétaires de leur patrimoine<br />

immobilier, disposant de par la loi<br />

d’une garantie de moyens de l’Etat<br />

pour assurer la maintenance et l’entretien<br />

de ce patrimoine (de la même<br />

manière que ce que les lois de décentralisation<br />

ont prévu pour les lycées et<br />

collèges vis à vis <strong>des</strong> collectivités territoriales),<br />

pouvant arbitrer librement<br />

entre différentes utilisations internes<br />

à l’établissement ou onéreuses vis à<br />

vis de tiers (location, incubation, etc.),<br />

voire aliénation dans <strong>des</strong> conditions à<br />

définir, pour financer une construction<br />

neuve.<br />

C’est au prix d’une telle adaptation<br />

réglementaire et budgétaire que les<br />

universités pourront s’adapter au<br />

mieux à leurs besoins et dégager, en<br />

complément <strong>des</strong> moyens que l’Etat<br />

doit non seulement maintenir mais<br />

augmenter, <strong>des</strong> ressources propres qui<br />

pourront être consacrées à l’entretien<br />

du patrimoine.<br />

L’évolution est sensible, sa mise en<br />

œuvre est délicate. Elle peut inquiéter<br />

les établissements qui n’y verraient<br />

qu’un éventuel transfert de charges.<br />

Dans les pays européens où les universités<br />

sont propriétaires de leur patrimoine<br />

(Espagne, Italie, Belgique,<br />

Allemagne…), ces dernières ont<br />

consacré <strong>des</strong> moyens très importants<br />

à la rénovation de leurs bâtiments au<br />

prix d’arbitrages difficiles. En France,<br />

la situation <strong>des</strong> établissements publics<br />

hospitaliers montre que les hôpitaux<br />

qui sont propriétaires de leur patrimoine<br />

savent valoriser leurs actifs,<br />

vendre <strong>des</strong> terrains pour financer <strong>des</strong><br />

constructions tout en bénéficiant de<br />

subventions de l’Etat.<br />

<strong>La</strong> dévolution de leur patrimoine aux<br />

universités devrait pouvoir être expérimentée<br />

dans quelques établissements<br />

pilotes rapidement. Elle nécessitera<br />

de prendre <strong>des</strong> dispositions en<br />

matière d’assurance, ce qui pourra représenter<br />

une charge financière non<br />

négligeable au financement de laquelle<br />

il faut réfléchir dès maintenant.<br />

Une telle couverture s’avère cependant<br />

indispensable, plusieurs universités<br />

ont d’ores et déjà entrepris de la<br />

mettre en œuvre progressivement.<br />

Des logiciels performants de gestion<br />

du patrimoine devront être implantés<br />

(de tels logiciels sont déjà utilisés par<br />

certains conseils régionaux pour suivre<br />

le patrimoine <strong>des</strong> EPLE). Enfin, la<br />

conception et la mise en œuvre de<br />

mécanismes d’amortissement du patrimoine<br />

immobilier seraient extrêmement<br />

utiles pour financer la rénovation<br />

et la construction de nouveaux<br />

bâtiments. On peut néanmoins penser<br />

que les universités préféreront d’abord<br />

régler les questions d’amortissement<br />

<strong>des</strong> biens mobiliers avant<br />

d’explorer celles qui portent sur leur<br />

patrimoine immobilier.<br />

Depuis 10 ans une grande évolution<br />

de la gestion du patrimoine est engagée.<br />

Des équipes techniques ont<br />

émergé et se sont professionnalisées.<br />

Confrontées à <strong>des</strong> problèmes de rénovation,<br />

de mise en sécurité et d’adaptation<br />

de leur patrimoine à leurs<br />

besoins, les universités doivent bénéficier<br />

d’une évolution du cadre réglementaire<br />

et budgétaire de la gestion<br />

de leur patrimoine. Le contexte européen<br />

indique clairement le sens que<br />

doit prendre une telle évolution.<br />

51<br />

DOSSIER


DOSSIER<br />

Le SAIC et les partenaires externes<br />

de l'établissement<br />

52<br />

Pascal AIME<br />

Secrétaire général de<br />

l'Université de Strasbourg 1<br />

Le dispositif <strong>des</strong> SAIC est<br />

à replacer dans l'histoire récente<br />

de l'université. Il s'inscrit en effet<br />

dans une dynamique de développement<br />

de la politique de valorisation<br />

de la recherche en France.<br />

Depuis quelques années, au<br />

même titre que l'enseignement, la<br />

recherche, les relations internationales<br />

ou la communication scientifique<br />

et technique, la valorisation<br />

est reconnue comme une <strong>des</strong> missions<br />

de l'université. À l'Université<br />

Louis Pasteur de Strasbourg, la<br />

création en 1998 d'une vice-présidence<br />

chargée <strong>des</strong> relations avec<br />

les entreprises a été un acte politique<br />

montrant l'importance de<br />

cette mission de valorisation.<br />

Poursuivant cette dynamique, le<br />

projet de création d'un SAIC a<br />

conduit à une redéfinition <strong>des</strong> relations<br />

de l'université avec ses partenaires<br />

extérieurs. Permettez-moi de<br />

vous dire quelques mots à propos<br />

de chacun de ces partenaires.<br />

I. Les associations<br />

Le plus gros volet concerne sans<br />

aucun doute les associations. A<br />

Strasbourg 1, nous avons une association<br />

importante, l’ADER.<br />

Comme beaucoup d'associations,<br />

elle avait pour mission originelle<br />

de faciliter les relations entre l'université<br />

et les entreprises. Au fil du<br />

temps, elle s'est transformée en<br />

gestionnaire de contrats de travail.<br />

A l'Université Louis Pasteur, nous<br />

avons tenu à clarifier notre position<br />

vis-à-vis <strong>des</strong> associations dès<br />

1998-1999, du fait de pressions<br />

extérieures.<br />

En 1999, l'ADER a été condamnée<br />

pour licenciement abusif en<br />

raison de l'inadaptation de ses<br />

contrats de travail.<br />

<strong>La</strong> même année, la direction départementale<br />

du travail, de l'emploi<br />

et de la formation professionnelle<br />

a saisi la délégation<br />

interministérielle à la lutte contre<br />

le travail illégal pour prêt illicite<br />

de main d'œuvre de l'ADER au<br />

profit de l'université.<br />

<strong>La</strong> loi du 12 juillet 1999 relative à<br />

la recherche et à l'innovation modifie<br />

certaines dispositions de la loi<br />

de 1984 et la loi Sapin en matière<br />

de recrutement de contractuels.<br />

Elle prévoit que, pour le fonctionnement<br />

du SAIC et la réalisation<br />

de leurs activités de valorisation,<br />

les universités pourront recruter<br />

<strong>des</strong> agents non titulaires avec <strong>des</strong><br />

contrats de droit public à durée<br />

déterminée ou indéterminée.<br />

En 1999, le rapport public de la<br />

Cour <strong>des</strong> Comptes énonce que<br />

"l'alignement <strong>des</strong> EPCSCP sur le<br />

droit commun enlèvera ainsi<br />

toute justification au recours à<br />

<strong>des</strong> structures écran de type association<br />

ou filiale dont le développement<br />

anarchique faisait<br />

courir <strong>des</strong> risques financiers aux<br />

universités et exposait leurs<br />

initiateurs à se voir déclarés<br />

" gestionnaires de fait. ".<br />

Dès lors, cesser de recourir aux<br />

associations a été pour l'Université<br />

Louis Pasteur un impératif.<br />

L'université a donc décidé de<br />

conclure elle-même les contrats<br />

de travail la concernant, tout en<br />

maintenant jusqu'à leur terme<br />

les conventions de gestion précédemment<br />

signées avec l'ADER<br />

à compter du 1er janvier 2000.<br />

Trois actions importantes ont ensuite<br />

été engagées.<br />

Premièrement, tous les contrats de<br />

travail type ont été révisés avec :<br />

• le renforcement <strong>des</strong> dispositions<br />

protectrices en matière<br />

de propriété intellectuelle et<br />

industrielle, notamment par la<br />

rédaction d’une clause de<br />

confidentialité présente dans<br />

tous les contrats,<br />

• la mise en place de grilles de recrutement<br />

type avec <strong>des</strong> fourchettes<br />

de rémunération selon<br />

cinq catégories : doctorants, postdoctorants,<br />

chercheurs, personnels<br />

administratifs et techniques,<br />

hors cadres. Un dépassement de<br />

la fourchette salariale est envisageable<br />

après accord de la direction<br />

de la valorisation.


“<br />

Deuxièmement,<br />

un fonds d’indemnisation<br />

pour<br />

perte d’emploi<br />

interne à l’université<br />

a été<br />

créé. Il est alimenté<br />

par une cotisation de 6 %<br />

acquittée par l’université sur les<br />

contrats de travail qu’elle conclut<br />

au titre de ses activités de valorisation.<br />

Ce système a été préféré<br />

à l’adhésion au régime de l’U-<br />

NEDIC jugé trop complexe et<br />

trop coûteux. Ce fonds est actuellement<br />

largement excédentaire.<br />

L’excédent va sans doute<br />

permettre de financer un nouvel<br />

emploi de gestionnaire, une<br />

baisse du taux de cotisation étant<br />

aussi envisagée. Quant au statut<br />

fiscal de la provision ainsi constituée,<br />

tout reste à régler avec le<br />

ministère de l'Economie et <strong>des</strong><br />

Finances afin que l’université ne<br />

soit pas pénalisée pour sa bonne<br />

gestion.<br />

<strong>La</strong> valorisation est<br />

reconnue comme une<br />

<strong>des</strong> missions de l’université.<br />

Enfin, la réintégration<br />

de certains<br />

<strong>des</strong> personnels<br />

de l’ADER<br />

”<br />

au sein de l’université<br />

a été lancée<br />

par une procédure<br />

amiable. Une rupture<br />

conjointe du contrat de travail association-intéressé<br />

est cosignée<br />

par l’ADER, l’université et l’intéressé,<br />

chacun s’engageant pour<br />

un nouveau contrat de travail selon<br />

les mêmes termes que l’ancien<br />

avec maintien de la rémunération<br />

et reprise de l’ancienneté.<br />

Ce dispositif étant fragile juridiquement,<br />

les signataires s’engagent<br />

à ne pas le contester devant<br />

la justice. A l’heure actuelle, l’université<br />

emploie 210 personnes<br />

au titre de la valorisation tandis<br />

qu’il reste moins de 30 personnels<br />

sous contrat avec l’ADER (au<br />

lieu de 230 en 1998). Le basculement<br />

complet sera achevé fin<br />

juin 2002.<br />

DOSSIER<br />

II. Les collectivités territoriales<br />

<strong>La</strong> création du SAIC n’a eu que<br />

peu d’impact sur nos relations<br />

avec les collectivités locales<br />

puisque celles-ci financent surtout<br />

la " recherche non effectuée<br />

au profit d’un tiers " (ou recherche<br />

fondamentale).<br />

L’implication du conseil régional<br />

d’Alsace est plus forte dans la politique<br />

d’incubation d’entreprises<br />

mais, en ce domaine, la collaboration<br />

avec l’université<br />

devrait s’inscrire dans le cadre<br />

d’un GIP.<br />

53


DOSSIER<br />

Le SAIC et les partenaires externes de l'établissement<br />

III. Les instances européennes<br />

<strong>La</strong> création du SAIC de l’Université<br />

Louis Pasteur coïncidera avec<br />

la mise en œuvre du 6ème<br />

PCRD. Or la plupart <strong>des</strong> contrats<br />

gérés dans ce cadre seront gérés<br />

dans le secteur non lucratif du<br />

SAIC. Les critères de lucrativité à<br />

travers les notions de contrepartie<br />

pour les éventuelles entreprises<br />

co-contractantes et les clauses<br />

de propriétés intellectuelles<br />

devraient pouvoir s’appliquer.<br />

Trois points peuvent néanmoins<br />

être soulignés brièvement :<br />

• la difficulté, au regard de<br />

Bruxelles, pour le traitement <strong>des</strong><br />

contrats exécutés par les Unités<br />

Mixtes de Recherche qui sont rattachées<br />

à la fois à l’université au<br />

CNRS ;<br />

• l’absence de compte courant<br />

spécifique pour les unités de recherche<br />

;<br />

“<br />

C’est dans les relations<br />

avec les partenaires<br />

industriels que la création<br />

du SAIC a le plus<br />

de conséquences.<br />

”<br />

• l’expérience acquise au sein de<br />

l’université en matière de facturation<br />

du coût complet grâce au<br />

5ème PCRD.<br />

IV. Les partenaires industriels<br />

54<br />

C’est évidemment dans nos relations<br />

avec les partenaires industriels<br />

que la création du SAIC a le<br />

plus de conséquences à travers le<br />

choix <strong>des</strong> structures de valorisation,<br />

le renforcement de nos exigences<br />

en matière de propriété<br />

intellectuelle et la prise en<br />

compte du coût complet <strong>des</strong><br />

prestations.<br />

1. Choix <strong>des</strong> structures<br />

de valorisation<br />

L’université a défini une stratégie<br />

claire en la matière.<br />

Le SAIC est utilisé pour les activités<br />

diversifiées de valorisation<br />

(contrats de recherche et de prestations,<br />

brevets et licences d’exploitation).<br />

Lorsqu’il s’agit d’une activité<br />

homogène, fortement concurrentielle,<br />

dont le chiffre d’affaires<br />

atteint un seuil critique et<br />

pour laquelle le besoin d’alliances<br />

économiques et de partage<br />

du risque avec un partenaire industriel<br />

est élevé, une filiale spécialisée<br />

est alors créée.<br />

2. Renforcement <strong>des</strong> exigences<br />

en matière de propriété<br />

intellectuelle<br />

Pour mieux protéger les intérêts<br />

de l’université et respecter les critères<br />

de lucrativité définis par le<br />

ministère de l'Economie et <strong>des</strong><br />

Finances, nous sommes conduits<br />

à revoir les clauses de propriété<br />

intellectuelle <strong>des</strong> résultats négociées<br />

avec les entreprises partenaires.<br />

Ainsi, en cas de prix de<br />

vente <strong>des</strong> prestations inférieur au<br />

coût de revient, nous considérons<br />

qu’il y a apport de l’université<br />

et co-propriété <strong>des</strong> résultats.<br />

Progressivement, après un audit<br />

de la Direction Générale <strong>des</strong> Impôts<br />

(DGI) sur nos contrats, le<br />

nombre de nos " clauses type "<br />

va être réduit : il y aura soit propriété<br />

de l’université avec licence<br />

d’exploitation exclusive ou non,<br />

soit propriété partagée à hauteur<br />

<strong>des</strong> apports. Lorsque la propriété<br />

<strong>des</strong> résultats échoit à l’industriel,<br />

les prestations doivent lui être<br />

facturées en conséquence.<br />

3. Prise en compte du coût<br />

complet<br />

L’Université Louis Pasteur travaille<br />

à la préparation de grilles<br />

analytiques de calcul <strong>des</strong> coûts<br />

de réalisation <strong>des</strong> contrats et<br />

prestations par grands secteurs<br />

d’activité.<br />

Contrairement à la situation actuelle,<br />

où 9 chercheurs sur 10<br />

viennent nous voir une fois le<br />

contrat négocié, le calcul prévisionnel<br />

du coût devra être effectué<br />

par le SAIC avant la négociation<br />

avec le futur partenaire. Il<br />

permettra de déterminer le prix<br />

de vente de la prestation et les<br />

règles de propriété intellectuelle.<br />

Cela va donc demander un effort<br />

important " d’éducation " <strong>des</strong><br />

personnels pour que les problèmes<br />

se règlent en amont.


V. L’Etat<br />

Les conséquences de la création<br />

du SAIC dans les relations de l’université<br />

avec l’Etat sont avant tout<br />

de nature fiscale. Voici quelques<br />

éléments d’évolution concernant<br />

les prélèvements obligatoires.<br />

1. L’impôt sur les sociétés (IS)<br />

Il n’y a rien de particulier à dire<br />

dans la mesure où les fiches relatives<br />

aux critères de lucrativité<br />

permettent à chacun d’examiner<br />

son activité et d’anticiper son impact<br />

en termes d’IS.<br />

2. <strong>La</strong> taxe professionnelle (TP)<br />

<strong>La</strong> situation est relativement claire<br />

puisqu’il revient à chaque université<br />

de demander à ses collectivités<br />

locales l’exonération de la taxe<br />

professionnelle. L’affaire se complique<br />

tout de même pour les universités<br />

réparties sur plusieurs collectivités<br />

locales différentes puisqu’elles<br />

devront gérer plusieurs<br />

deman<strong>des</strong> d’exonération.<br />

Il faut noter que le principe de la<br />

déclaration de TP est assoupli par<br />

Bercy au profit d’une information<br />

dont le contenu n’est pas<br />

encore précisé.<br />

3. <strong>La</strong> taxe sur la valeur ajoutée<br />

(TVA)<br />

<strong>La</strong> TVA est le sujet le plus préoccupant,<br />

qu’il s’agisse de la recherche<br />

fondamentale ou du secteur mixte.<br />

Jusqu’à aujourd’hui, concernant<br />

la recherche non effectuée au<br />

profit d’un tiers, l’université profitait<br />

de la déduction de la TVA<br />

<strong>des</strong> subventions alors même<br />

qu’elle ne la collectait pas. A<br />

compter du 1er janvier 2003, on<br />

ne pourra plus recourir à cette<br />

méthode.<br />

Pour les secteurs mixtes vont se<br />

poser <strong>des</strong> problèmes de répartition.<br />

En effet, il est possible de<br />

maintenir un secteur mixte avec<br />

le remplacement du prorata de<br />

déductibilité financier par <strong>des</strong><br />

prorata de déductibilité adaptés<br />

à chaque activité et justifiables<br />

aux services <strong>des</strong> impôts. Ce système<br />

ne sera pas évident à gérer<br />

tant il est complexe.<br />

Cette modification va poser un<br />

problème budgétaire de taille et<br />

il est nécessaire de trouver une<br />

compensation financière de la<br />

part de l’Etat.<br />

DOSSIER<br />

VI. Les Unités Mixtes de Recherche<br />

<strong>La</strong> complexité <strong>des</strong> relations entre<br />

l’université et le CNRS dans la gestion<br />

<strong>des</strong> UPR et <strong>des</strong> UMR ne disparaît<br />

pas avec la création du SAIC.<br />

Pour ma part, hormis le poids de<br />

l’histoire, je vous avoue ne pas<br />

trop comprendre ce qui différencie<br />

dans mon établissement fondamentalement<br />

une UPR d’une<br />

UMR et pourquoi leurs gestionnaires<br />

sont différents. Le reversement<br />

<strong>des</strong> frais de personnels est<br />

particulièrement difficile à gérer.<br />

<strong>La</strong> création <strong>des</strong> SAIC devrait être<br />

l’occasion d’une clarification.<br />

Un autre problème pourrait apparaître<br />

; celui d’une concurrence inégale<br />

entre SAIC universitaire et<br />

UMR, gérées par un EPST, qui ne<br />

sont pas soumis aux mêmes procédures<br />

en matière de marchés publics,<br />

en raison <strong>des</strong> récentes dispositions<br />

prises en faveur <strong>des</strong> EPST.<br />

55


DOSSIER<br />

L’exemple de PARIS XIII<br />

56<br />

Paris 13 est une université hautement<br />

pluridisciplinaire - du<br />

droit à la chimie en passant par<br />

la médecine, 3 IUT, un IUP, une<br />

école d’ingénieur - et regroupe<br />

1100 enseignants-chercheurs,<br />

800 chercheurs et plus de 20<br />

000 étudiants.<br />

Dès sa création, dans les années<br />

70 l’université a dû répondre à<br />

<strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de transferts vers<br />

l’industrie. C’est ainsi qu’avait été<br />

créé un Groupement d’Intérêt<br />

Public (GIP) afin de valoriser les<br />

travaux de recherche de l’université<br />

et de faciliter les transferts de<br />

ces travaux vers l’industrie.<br />

Malgré son excédent, le GIP a été<br />

fermé l’année dernière d’un<br />

commun accord avec ses partenaires.<br />

Ses activités ont été transférées<br />

à une société anonyme<br />

fondée par les partenaires privés<br />

du GIP qui ont racheté les actifs<br />

(fonds de commerce et brevets).<br />

C’est une opération exemplaire<br />

car, pour la première fois en<br />

France, la liquidation d’un GIP<br />

recherche a fait apparaître un excédent<br />

qui a été partagé entre les<br />

partenaires publics.<br />

<strong>La</strong> fermeture du GIP a conduit à<br />

une nouvelle réflexion sur la valorisation<br />

au sein de l’université.<br />

Un conseil de l’innovation et de<br />

la valorisation de la recherche a<br />

été mis en place et la création de<br />

structures externes de valorisation<br />

sous forme de sociétés anonymes<br />

a été envisagée.<br />

Parallèlement, la Caisse <strong>des</strong> Dépôts<br />

et Consignations a mené un<br />

audit sur les transferts de technologie<br />

à Paris 13. S’il saluait la<br />

“<br />

L’appel d’offres sur les<br />

SAIC a été saisi comme<br />

une opportunité de<br />

réappropriation de la<br />

mission de valorisation.<br />

”<br />

capacité de l’université à produire<br />

<strong>des</strong> technologies valorisables<br />

cet audit a mis en exergue<br />

son incapacité à répondre de façon<br />

appropriée à cette mission<br />

de valorisation.<br />

L’audit montrait notamment<br />

qu’un grand nombre de brevets<br />

pris par les enseignants et chercheurs<br />

ne faisaient pas référence<br />

à l’université en tant qu’employeur.<br />

En outre, il montrait que<br />

la valorisation était surtout prise<br />

en charge par une myriade d’associations<br />

plus ou moins légitimes.<br />

En conclusion, il proposait<br />

diverses pistes dont la création<br />

d’un SAIC.<br />

Les étu<strong>des</strong> préliminaires à la<br />

création de filiales par l’université<br />

ayant fait apparaître <strong>des</strong> difficultés<br />

tant au niveau financier<br />

qu’institutionnel, l’appel d’offres<br />

sur les SAIC a été saisi comme<br />

une opportunité de réappropriation<br />

par l’université de sa mission<br />

de valorisation.<br />

Simultanément, l’Université Paris<br />

Nord menait depuis 2000 un<br />

inventaire, puis a lancé la<br />

confrontation de l’inventaire<br />

physique et comptable qui a permis<br />

de créer les bases d’une<br />

comptabilité analytique indispensable<br />

au futur SAIC.<br />

Tous ces éléments ont motivé un<br />

engagement massif pour le SAIC<br />

dont la création a été votée par le<br />

Conseil d’Administration à la majorité<br />

<strong>des</strong> deux tiers. Un comité<br />

de pilotage comprenant le Président<br />

de l’Université Paris Nord, le<br />

secrétaire général, l’Agent Comptable<br />

et la direction du SAOC a<br />

été mis en place. Après une première<br />

tentative infructueuse, une<br />

nouvelle proposition de statuts<br />

devrait être bientôt votée au<br />

conseil d’administration. <strong>La</strong><br />

question de la durée de mandat<br />

du président du SAIC s’est notamment<br />

posée. Le caractère expérimental<br />

du dispositif a jusqu’à<br />

maintenant permis d’éluder le<br />

problème. Mais à terme, il s’agira<br />

de faire coïncider ce mandat avec<br />

celui du Président de l’université.<br />

Le SAIC a repris les activités du<br />

service de valorisation de l’université<br />

et le champ du SAIC a englobé<br />

toutes les activités contractuelles<br />

de l’université (hors plan<br />

quadriennal). Pour l’instant, il<br />

n’emploie que 3 personnes ; il se<br />

concentre donc sur ses missions<br />

de base. Il ne prend notamment<br />

pas en charge l’incubation. Son<br />

objectif est de faciliter la vie <strong>des</strong><br />

chercheurs et de responsabiliser<br />

tous les acteurs y compris les personnels<br />

administratifs. Une structure<br />

comptable flexible permettant<br />

de créer <strong>des</strong> comptes par<br />

laboratoires contribue à cette<br />

responsabilisation, tout comme<br />

l’implication forte <strong>des</strong> chercheurs<br />

dans le processus de recrutement.


TVA : Ce qui va changer en 2003<br />

Les arbitrages ministériels rendus<br />

à l’occasion de la parution <strong>des</strong> décrets<br />

d’application de la loi du 12<br />

juillet 1999 relative à l’innovation<br />

et à la recherche vont entraîner <strong>des</strong><br />

modifications sensibles en matière<br />

de TVA dans nos établissements.<br />

Pour en mesurer les effets il faut<br />

partir d’une analyse de l’instruction<br />

TVA de 1994 et de son application<br />

par les universités.<br />

Le régime TVA applicable dans les<br />

universités est précisé dans l’instruction<br />

commune Service de la législation<br />

/ Direction de la comptabilité<br />

publique du ministère de<br />

l’Economie et <strong>des</strong> Finances n°<br />

1314 du 7 janvier 1994.<br />

Cette instruction comporte dans sa<br />

rédaction <strong>des</strong> imprécisions qui ont<br />

engendré <strong>des</strong> différences d’appréciation<br />

entre les établissements et<br />

les services de Bercy.<br />

Certaines dispositions de l’instruction<br />

doivent être ici commentées<br />

brièvement:<br />

• le paragraphe 211 précise que<br />

"les travaux d’étude et de recherche<br />

sont imposables à la TVA quel<br />

que soit leur objet, lorsqu’ils sont<br />

effectués au profit de tiers, y compris<br />

d’autres universités ". Les universités<br />

ont considéré que leurs activités<br />

de recherche en général, et<br />

notamment lorsqu’elles sont financées<br />

par le ministère de la recherche,<br />

sont réalisées au profit de<br />

la collectivité publique et non au<br />

seul profit <strong>des</strong> universités et <strong>des</strong><br />

enseignants-chercheurs qui mènent<br />

ces activités.<br />

C’est sur cette base que les universités<br />

ont introduit une différenciation<br />

de régime de TVA entre les activités<br />

d’enseignement et toutes leurs activités<br />

de recherche ( ces modalités<br />

sont contestées par Bercy).<br />

• Les universités ont été confortées<br />

dans leurs pratiques dans la mesure<br />

où l’instruction développe la<br />

notion de secteurs distincts au regard<br />

de la TVA en distinguant un<br />

secteur enseignement non imposé<br />

(paragraphe 311 " l’enseignement<br />

étant une activité non imposable,<br />

les recettes qui financent<br />

l’enseignement ne donnent pas<br />

lieu à collecte de TVA, quelle que<br />

soit la nature de ces recettes, subvention<br />

ou autre.3 ") , un secteur<br />

mixte et un secteur <strong>des</strong> activités<br />

imposables.<br />

• Le paragraphe 322-3 relatif au<br />

régime <strong>des</strong> subventions d’équipement<br />

précise que " en d’autres termes,<br />

les subventions d’équipement<br />

ne donnent pas lieu à collecte de<br />

TVA mais ouvrent droit à déduction<br />

de TVA sur les achats d’immobilisations<br />

qu’elles financent (sous réserve<br />

du respect <strong>des</strong> conditions relatives<br />

à l’amortissement).<br />

Il résulte de la combinaison <strong>des</strong> ces<br />

dispositions et <strong>des</strong> ces interprétations<br />

que les universités n’ont pas<br />

collecté de TVA sur les subventions<br />

d’équipement recherche alors<br />

qu’elles ont récupéré la TVA sur les<br />

acquisitions financées par ces subventions.<br />

Elles ont donc bénéficié<br />

d’un " bonus " en terme de pouvoir<br />

d’achat de 19,6%.<br />

A compter du 1er janvier 2003, les<br />

récents arbitrages ministériels prévoient<br />

que la recherche fondamentale<br />

devra être considérée au même<br />

titre que l’enseignement comme<br />

non imposable. Cette décision a<br />

trois effets directs et indirects :<br />

• Elle ne modifie pas directement<br />

le pouvoir d’achat <strong>des</strong> universités<br />

sur les crédits de fonctionnement<br />

puisque là où il y avait collecte de<br />

TVA sur les recettes et récupération<br />

sur les dépenses, il n’y aura plus de<br />

collecte ni de récupération. L’opération<br />

est donc neutre sur les crédits<br />

de fonctionnement.<br />

• Elle réduit le pouvoir d’achat <strong>des</strong><br />

universités de 19,6% sur les subventions<br />

d’équipement recherche<br />

puisque si les universités continueront<br />

à ne pas collecter de TVA sur<br />

les recettes, elles ne pourront plus<br />

récupérer la TVA sur les dépenses.<br />

Ce manque à gagner concerne :<br />

• les crédits d’équipement recherche<br />

<strong>des</strong> contrats quadriennaux de l’Etat,<br />

• les subventions d’équipement<br />

recherche versées par les autres<br />

ministères,<br />

• les subventions de fonctionnement<br />

et d’équipement " recherche "<br />

dans le cadre <strong>des</strong> contrats de plan<br />

Etat-Région,<br />

• les subventions d’investissement reçues<br />

par les universités dans le cadre<br />

<strong>des</strong> opérations CPER pour lesquelles<br />

elles assurent les maîtrises d’ouvrage.<br />

• Elle modifie les règles de calcul du<br />

pourcentage de déductibilité de la<br />

TVA sur les dépenses de TVA du secteur<br />

mixte, lequel regroupe <strong>des</strong> dépenses<br />

qui concernent à la fois le<br />

secteur imposable et le secteur non<br />

imposable. Ce rapport était calculé<br />

jusqu’à présent en comparant le<br />

volume <strong>des</strong> recettes donnant lieu à<br />

collecte de TVA (la recherche et la<br />

valorisation) au volume <strong>des</strong> recettes<br />

globales <strong>des</strong> établissements.<br />

Puisque la recherche ne sera plus<br />

imposable à la TVA à compter du<br />

1er janvier 2003, le ratio de déductibilité<br />

va diminuer et amputer<br />

d’autant le pouvoir d’achat <strong>des</strong> universités<br />

sur le secteur mixte.<br />

Les pertes de pouvoirs d’achat constatées<br />

au titre <strong>des</strong> subvention d’équipement<br />

recherche et crédits de<br />

fonctionnement du secteur mixte<br />

doivent faire l’objet d’une compensation<br />

budgétaire de l’Etat sous<br />

peine d’une dégradation du potentiel<br />

budgétaire important <strong>des</strong> universités.<br />

Cette compensation devra<br />

être opérée sous forme de crédits de<br />

fonctionnement sur lesquels il n’y<br />

aura ni collecte, ni récupération de<br />

TVA. <strong>La</strong> somme ainsi allouée en crédits<br />

de fonctionnement sera intégralement<br />

utilisable par les établissements<br />

puisque non imposable.<br />

57<br />

DOSSIER


DOSSIER<br />

Relations avec les collectivités territoriales :<br />

la solidarité communale<br />

58<br />

Le 11 juin 2002,<br />

la ville de Villeneuve d’Ascq,<br />

l’IUFM Nord-Pas-de-Calais,<br />

l’université Charles de Gaulle<br />

(Lille 3) et l’université <strong>des</strong> Sciences<br />

et Technologies de Lille (Lille 1)<br />

ont signé une<br />

" charte de coopération ".<br />

<strong>La</strong> Revue avait présenté dans son<br />

numéro 8 le travail réalisé à<br />

Valenciennes sur la mise en place<br />

d’une commission de site, ainsi<br />

que le Contrat local de sécurité de<br />

Villeneuve d’Ascq.<br />

À quoi correspond cette<br />

multiplication de textes ?<br />

Qu’est-ce qui fait l’originalité<br />

d’une charte de coopération<br />

ville-établissements<br />

d’enseignement supérieur ?<br />

Des éléments de réponse sont<br />

tirés ci-<strong>des</strong>sous de la<br />

"Tribune de Villeneuve d’Ascq",<br />

et de la Charte elle-même.<br />

<strong>La</strong> charte de coopération communale de Villeneuve d’Ascq<br />

Qu’est-ce que Villeneuve d’Ascq<br />

? Les publicistes connaissent l’arrêt<br />

célèbre " Ville nouvelle Est "<br />

(CE 28 MAI 1971) qui a posé le<br />

principe du bilan coûts avantages<br />

en matière d'utilité publique.<br />

<strong>La</strong> Ville Nouvelle créée à<br />

l’Est de l’agglomération lilloise<br />

s’est adjoint le nom d’une de ses<br />

communes constitutives (Ascq,<br />

Annapes et Flers) en mémoire<br />

d’un massacre perpétré par les<br />

troupes alleman<strong>des</strong> en 1945.<br />

Elle se veut technopole verte, et<br />

présente cette particularité d’accueillir<br />

sur son territoire deux <strong>des</strong><br />

trois universités lilloises (depuis<br />

1968) et le siège du plus gros<br />

IUFM de France. C’est dire que la<br />

ville est fortement marquée par<br />

le fait universitaire, et que le développement<br />

<strong>des</strong> uns et <strong>des</strong> autres<br />

s’est fait en pleine concordance<br />

de temps.<br />

Par ailleurs, la commission de<br />

site lilloise tarde à naître, son<br />

champ probable est nécessairement<br />

circonscrit par la grande<br />

multiplicité <strong>des</strong> acteurs et la limitation<br />

de l’objet. Pour ce qui<br />

est du contrat local, il est conclu<br />

avec d’autres acteurs dans d’autres<br />

perspectives. On voit donc<br />

qu’il existait toute une place<br />

pour une action autrement<br />

concertée, une coopération plus<br />

ouverte et plus libre, et d’autres<br />

types de rapports, plus directs et<br />

plus conviviaux.<br />

Intégrer les campus et les étudiants<br />

à la ville et à ses quartiers,<br />

renforcer les liens entre le monde<br />

économique et les universités,<br />

mener ensemble <strong>des</strong> projets<br />

d’action, c’est sur la base de ces<br />

réflexions qu’a été préparée la<br />

Charte.<br />

Quatre groupes de travail réunissant<br />

universitaires, étudiants, représentants<br />

de la ville (élus et administratifs)<br />

avaient entrepris de<br />

mener <strong>des</strong> réflexions sur les thèmes<br />

<strong>des</strong> relations internationales, de l’économie,<br />

de la culture et de la vie<br />

de l’étudiant, avec pour objectifs<br />

de bâtir <strong>des</strong> projets d’action dans<br />

<strong>des</strong> domaines variés : logement et<br />

transport de l’étudiant, utilisation<br />

<strong>des</strong> équipements, mise en place<br />

d’un prix littéraire ouvert aux étudiants<br />

et villeneuvois, avec validation<br />

par un comité ad hoc. <strong>La</strong><br />

Charte était l’aboutissement d’un<br />

travail préparatoire de plusieurs<br />

mois et s’est voulue à la fois souple<br />

dans la méthode et pratique ou<br />

pragmatique dans l’exécution (une<br />

durée limitée, <strong>des</strong> objectifs précis).<br />

“<br />

Intégrer les campus<br />

et les étudiants à<br />

la ville et à ses<br />

quartiers.<br />

”<br />

L’économie du texte le traduit<br />

bien, qui après le préambule repris<br />

ci-<strong>des</strong>sous décline les objectifs<br />

généraux de chacun <strong>des</strong> 4<br />

grands domaines précédents


avant d’apporter une attention<br />

toute particulière à la mise en<br />

oeuvre articulée autour de la<br />

création d’un Comité mixte villeuniversités,<br />

d’un comité de pilotage,<br />

de groupes de travail et de<br />

relais identifiés. On y lit un vrai<br />

partenariat fondé sur les apports<br />

et le respect réciproques, intelligemment<br />

orienté vers <strong>des</strong> problématiques<br />

à venir, déjà présentes<br />

(l’accueil de quelques<br />

centaines de personnels de haut<br />

niveau appelés à venir vivre et<br />

travailler dans le Nord et sur la<br />

commune), et sur l’enrichissement<br />

mutuel. C’est ce qu’ont<br />

souligné dans leurs discours les<br />

quatre signataires.<br />

Citons le Préambule : "<strong>La</strong> ville et<br />

les établissements universitaires<br />

signataires de la présente charte<br />

expriment leur volonté commune<br />

de mettre en place une véritable<br />

coopération afin de construire<br />

une ville plus attractive :<br />

par le rayonnement à l'international,<br />

l'ouverture, de façon réciproque,<br />

de la ville aux universitaires<br />

et aux étudiants, et <strong>des</strong><br />

universités aux habitants, par un<br />

meilleur accueil <strong>des</strong> nouveaux<br />

arrivants et l'amélioration de<br />

leur vie quotidienne, et par le<br />

renforcement <strong>des</strong> liens entre enseignement<br />

supérieur / recherche<br />

et monde économique.<br />

Ils souhaitent également mutualiser<br />

la richesse <strong>des</strong> potentiels intellectuels<br />

<strong>des</strong> universités et de la<br />

ville par une réflexion sur les<br />

grands problèmes de société et<br />

favoriser la traduction de cette<br />

réflexion sur la ville."<br />

<strong>La</strong> coopération Transfrontalière<br />

J’aime à passer par association<br />

d’idées de la question <strong>des</strong> relations<br />

internationales dans le cadre<br />

d’une charte de coopération<br />

communale à celle de la question<br />

<strong>des</strong> relations transfrontalières.<br />

De Villeneuve d’Ascq à la<br />

frontière belge, il n’y a qu’une dizaine<br />

de kilomètres. Lorsque l’on<br />

parle de relations internationales,<br />

on évoque rarement le voisin<br />

proche, et pourtant les procédures<br />

ne distinguent guère ou pas<br />

du tout celui-là de l'étudiant <strong>des</strong><br />

antipo<strong>des</strong>.<br />

<strong>La</strong> dernière intervention lors de<br />

notre colloque de Bordeaux,<br />

hors les conclusions, fut celle de<br />

M. MUNOA, ministre du gouvernement<br />

basque, qui appelait<br />

de ses vœux une véritable offre<br />

de formation transfrontalière<br />

concertée pour l’ensemble <strong>des</strong><br />

étudiants d’un territoire donné,<br />

et qui constatait, sans s’en décourager,<br />

combien les résultats<br />

étaient maigrelets.<br />

Je suis frappé pour ma part de juger<br />

de la minceur de ces échanges<br />

d’immédiate proximité.<br />

Même là où <strong>des</strong> conventions allègent<br />

les procédures, comme<br />

dans le périmètre mulhousien,<br />

entre universités suisses, alleman<strong>des</strong><br />

et françaises, il est souvent<br />

fait le constat d’une faible<br />

densité <strong>des</strong> résultats.<br />

En même temps, nos collègues<br />

belges, à titre d’exemple, de<br />

l’Université Libre de Bruxelles<br />

plaident pour <strong>des</strong> liens étroits avec<br />

les communes, et la constitution<br />

d’une forte relation de proximité<br />

qui associerait Lille, Valenciennes,<br />

Mons, Charleroi et Bruxelles :<br />

l’emboîtement de ces solidarités<br />

successives apparaît comme une<br />

contrainte : c’est aussi semble-t-il<br />

un gisement essentiel pour le développement<br />

futur <strong>des</strong> uns et <strong>des</strong><br />

autres, que cette solidarité se décline<br />

sous le thème de l’identité<br />

(universités du pays basque ou du<br />

Hainaut français et wallon ou de la<br />

différence culturelle).<br />

59<br />

DOSSIER


DÉBAT<br />

Autour de la neutralité :<br />

Quelle neutralité pour l’université ?<br />

Xavier Furon, Chargé <strong>des</strong> affaires juridiques - Université de Lille 1<br />

60<br />

Le second tour de la présidentielle<br />

ici, la question israëlo-palestinienne<br />

là, la communauté universitaire française<br />

a été interpellée ces derniers<br />

temps, et les medias se sont fait l’écho<br />

de prises de position, de débats,<br />

voire de déchirements internes. <strong>La</strong><br />

Revue a demandé à Xavier FURON<br />

comment le bouillonnement propre<br />

à l’agrégation <strong>des</strong> collectifs universitaires<br />

pouvait croiser et s’accommoder<br />

du circuit refroidissant <strong>des</strong> principes<br />

de neutralité ou de laïcité. En<br />

accompagnement de cet article figure<br />

l’intervention anonymée d’un collègue<br />

devant son conseil d’administration<br />

: preuve que " l’intendance ",<br />

qui se doit de disposer aussi d’un<br />

rayon idéologique, peut être amenée<br />

à s’aventurer hors de la sécurité<br />

rassurante <strong>des</strong> discours policés.<br />

Je ne peux pas ici ne pas faire référence<br />

au témoignage d’autres collègues<br />

dans les pays <strong>des</strong>quels n’existe<br />

pas ce carcan ou ce cocon de protection<br />

d’un principe de " neutralité<br />

". J’ai en exemple les discours<br />

annuels d’Abou SÉLIM, de l’université<br />

Saint-Joseph de BEYROUTH, mais<br />

aussi tellement d’autres et dans tant<br />

de sens ! Devoir de s’exprimer, obligation<br />

morale d’élever le débat, et<br />

de renvoyer aux enjeux ou aux<br />

"valeurs" fondamentales : c’est de<br />

cette façon que le débat dépassera<br />

le premier stade de la prise de position<br />

partisane. Comment ne pas<br />

revenir au communiqué <strong>des</strong> présidents<br />

<strong>des</strong> universités strasbourgeoises<br />

de l’entre deux tours ?<br />

Yves CHAIMBAULT<br />

Neutralité du service public de<br />

l’enseignement supérieur et liberté<br />

<strong>des</strong> universitaires<br />

Bien que concernant l'ensemble<br />

<strong>des</strong> services publics, c'est dans<br />

l'enseignement que le principe<br />

de neutralité trouve son terrain<br />

de prédilection. Le principe de<br />

neutralité découle de la laïcité de<br />

l'Etat dont il constitue le corollaire.<br />

Il ne se confond cependant<br />

pas totalement avec cette notion.<br />

En effet, le principe de laïcité<br />

est inscrit dans le texte<br />

même de la constitution du 4 octobre<br />

1958 dont l'article premier<br />

proclame : “ <strong>La</strong> France est une république<br />

indivisible, laïque, démocratique<br />

et sociale. Elle assure<br />

l'égalité devant la loi de tous les<br />

citoyens sans distinction d'origine,<br />

de race ou de religion. Elle<br />

respecte toutes les croyances ”.<br />

De son côté, le préambule de la<br />

constitution de 1946, intégré à<br />

la constitution de 1958, consacre<br />

le principe de la laïcité de<br />

l'enseignement, et notamment<br />

de l’enseignement supérieur : “<br />

L'organisation de l'enseignement<br />

public gratuit et laïque à<br />

tous les degrés est un devoir de<br />

l'Etat ”. Le principe de laïcité a<br />

donc valeur constitutionnelle. Il<br />

trouve son origine dans la séparation<br />

de l'Eglise et de l'Etat et signifie<br />

que ce dernier est indépendant<br />

de toute doctrine<br />

religieuse. Le principe de neutralité<br />

prolonge, quant à lui, la notion<br />

de laïcité et l'élargit à d'autres<br />

domaines que le domaine<br />

confessionnel. Il signifie que le<br />

service public ne peut être soumis<br />

à aucune emprise philosophique,<br />

politique ou religieuse.<br />

Le principe de neutralité de l'enseignement<br />

supérieur trouve<br />

quant à lui son expression dans<br />

l'article L.141-6 du code de l’éducation<br />

: “ Le service public de<br />

l'enseignement supérieur est laïc<br />

et indépendant de toute emprise<br />

politique, économique, religieuse<br />

ou idéologique ; il tend à<br />

l'objectivité du savoir ; il respecte<br />

la diversité <strong>des</strong> opinions. Il doit<br />

garantir à l'enseignement et à la<br />

recherche leurs possibilités de libre<br />

développement scientifique,<br />

créateur et critique ”.<br />

Le principe de neutralité de l'éducation,<br />

en tant qu'il vise à assurer<br />

aux usagers la liberté d'opinion,<br />

s'impose en premier lieu<br />

aux enseignants (Tribunal <strong>des</strong><br />

conflits 2 juin 1908, Morizet –<br />

Conseil d’Etat 28 avril 1938,<br />

Delle Weiss, Rec. p. 379). Cependant,<br />

en raison du niveau <strong>des</strong><br />

usagers, les enseignants du supérieur<br />

y sont soumis de façon<br />

moindre que ceux de l'enseignement<br />

secondaire. Ce principe a<br />

été posé à l'occasion du célèbre<br />

arrêt “Abbé Bouteyre“, éclairé<br />

par les conclusions du commissaire<br />

du Gouvernement Helbronner.<br />

Le Conseil d'Etat avait<br />

en effet jugé que les fonctions<br />

d'ecclésiastique étaient incompatibles<br />

avec celles de professeur<br />

de l'enseignement secondaire<br />

public, en raison de l'atteinte<br />

que la nomination de l'abbé<br />

Bouteyre en qualité de professeur<br />

aurait porté au principe de<br />

laïcité. Dans ses conclusions, le


commissaire du Gouvernement<br />

en profitait pour préciser<br />

qu'une telle incompatibilité ne<br />

pouvait concerner l'enseignement<br />

supérieur, “ la nature de<br />

l'enseignement donné, le caractère<br />

<strong>des</strong> personnes auxquelles<br />

il s'adresse, dispense en<br />

principe l'Etat de prendre (...)<br />

la responsabilité <strong>des</strong> doctrines<br />

qui sont enseignées. Les auditeurs,<br />

les élèves sont ici en âge<br />

de juger (...). L'incompatibilité<br />

entre cet enseignement, ou tout<br />

au moins certaines parties de<br />

cet enseignement, et l'état ecclésiastique<br />

n'a donc plus les<br />

mêmes raisons d'être ” (Concl.<br />

Helbronner sous Conseil d’Etat<br />

10 mai 1912, Abbé Bouteyre,<br />

Rec. p. 553, RDP 1912, p. 453,<br />

note Jèze).<br />

Le principe de neutralité n'en<br />

constitue pas moins l'une <strong>des</strong><br />

seules limites aux principes de<br />

liberté d'expression et d’indépendance<br />

de l'enseignant-chercheur<br />

rappelés à l'article L.952-2<br />

CE : “ Les enseignants-chercheurs,<br />

les enseignants et les chercheurs<br />

jouissent d'une pleine<br />

indépendance et d'une entière<br />

liberté d'expression dans l'exercice<br />

de leurs fonctions d'enseignement<br />

et de leurs activités de<br />

recherche, sous les réserves que<br />

leur imposent, conformément<br />

aux traditions universitaires et<br />

aux dispositions du présent<br />

code, les principes de tolérance<br />

et d'objectivité ” et réaffirmés<br />

par plusieurs jurisprudences du<br />

Conseil constitutionnel et du<br />

Conseil d’Etat.<br />

“<br />

Le service public de<br />

l’enseignement supérieur<br />

est laïc et indépendant<br />

de toute<br />

emprise.<br />

”<br />

Encore faut-il relever, comme le<br />

fait un auteur, en s’appuyant sur<br />

l’une <strong>des</strong> rares jurisprudences en<br />

la matière (Affaire dite <strong>des</strong> négationnistes<br />

– Conseil d’Etat 28<br />

septembre 1998, M. Notin, req.<br />

n°159236), que la liberté d’expression<br />

de l’enseignant-chercheur<br />

ne s’arrête que là où les<br />

propos constituent <strong>des</strong> infractions<br />

pénales graves (Carole Moniolle,<br />

Indépendance et liberté<br />

d’expression <strong>des</strong> enseignantschercheurs,<br />

AJDA 20 mars 2001,<br />

p. 226). Ce même auteur allant<br />

même jusqu’à estimer que “ la liberté<br />

d’expression semble devoir<br />

prévaloir sur le principe de laïcité<br />

du service public de l’enseignement<br />

supérieur et permettre aux<br />

enseignants-chercheurs de faire<br />

état de leurs convictions religieuses<br />

” (voir cependant l’avis du<br />

Conseil d’Etat du 3 mai 2000,<br />

Mlle Marteaux, avis n° 217017).<br />

L’encadrement de la liberté et de<br />

l’indépendance <strong>des</strong> universitaires<br />

par les traditions universitaires,<br />

les dispositions législatives et<br />

les principes de tolérance et<br />

d'objectivité (article L.952-2 CE)<br />

apparaîtrait finalement comme<br />

étant plus théorique que réel.<br />

Cette liberté de l’enseignantchercheur<br />

est profondément ancrée<br />

non seulement dans la tradition<br />

universitaire mais<br />

également dans la tradition républicaine.<br />

Le principe d’indépendance<br />

<strong>des</strong> professeurs d’université<br />

érigé en principe<br />

fondamental <strong>des</strong> lois de la République<br />

par le Conseil constitutionnel<br />

trouve ainsi son fondement<br />

dans la loi organique<br />

relative aux incompatibilités parlementaires<br />

(article L.142 du<br />

code électoral) qui prévoit que,<br />

par dérogation au droit électoral,<br />

la fonction de professeur (mais<br />

non celle de maître de conférences)<br />

n’est pas incompatible avec<br />

l’exercice d’un mandat parlementaire.<br />

Il n’en demeure pas moins qu’aux<br />

termes de l’article L.952-2 du<br />

code, liberté et indépendance de<br />

l’enseignant-chercheur sont matériellement<br />

circonscrites aux<br />

fonctions d’enseignement et de<br />

recherche (c’est parce qu’il avait<br />

signé son article litigieux en sa<br />

qualité de maître de conférences,<br />

que M. Notin a pu être sanctionné<br />

sur le fondement du non respect<br />

du principe de neutralité).<br />

61<br />

DÉBAT


DÉBAT<br />

Autour de la neutralité :<br />

Quelle neutralité pour l’université ?<br />

62<br />

Neutralité, communauté et institution<br />

universitaires<br />

L’Université occupe une place à<br />

part dans le service public, y<br />

compris dans celui de l’éducation.<br />

Elle est un lieu de libre expression<br />

<strong>des</strong> opinions, voire<br />

d’indépendance pour ce qui<br />

concerne les enseignants-chercheurs.<br />

L’institution universitaire<br />

elle-même bénéficie d’un statut<br />

particulier fait d’autonomie et de<br />

démocratie propre à assurer aux<br />

universitaires les conditions de<br />

leur liberté d’opinion et de leur<br />

indépendance. Faut-il pour autant<br />

considérer que cette liberté<br />

s’étend à l’institution universitaire<br />

en tant que telle ?<br />

L’Université n’est plus, depuis la<br />

loi d’orientation du 12 novembre<br />

1968, la “ chasse gardée ”<br />

<strong>des</strong> seuls universitaires. En effet,<br />

aux termes de l’article L.111-5<br />

alinéa 1 du code de l’éducation,<br />

“ le service public de l’enseignement<br />

supérieur rassemble les<br />

usagers et les personnels qui assurent<br />

le fonctionnement <strong>des</strong><br />

établissements et participent à<br />

l’accomplissement <strong>des</strong> missions<br />

de ceux-ci dans une communauté<br />

universitaire ”. En application<br />

de ce principe dit de participation,<br />

la communauté<br />

universitaire comprend donc,<br />

outre les enseignants-chercheurs,<br />

enseignants et chercheurs,<br />

les étudiants mais aussi le<br />

personnel administratif et technique.<br />

Ces différentes composantes<br />

de la communauté universitaire<br />

ne sont pas égales au<br />

regard du principe de neutralité.<br />

“<br />

L’institution universitaire<br />

elle-même bénéficie d’un<br />

statut particulier fait d’autonomie<br />

et de démocratie propre<br />

à assurer aux universitaires<br />

les conditions de leur<br />

liberté d’opinion et<br />

”<br />

de leur<br />

indépendance.<br />

Si les étudiants, à titre individuel<br />

ou collectif, “ disposent de la liberté<br />

d’information et d’expression<br />

à l’égard <strong>des</strong> problèmes économiques,<br />

sociaux et culturels ”<br />

(article L.811-1 CE), ils n’en demeurent<br />

pas moins soumis à une<br />

certaine neutralité. Comme il l’avait<br />

fait en matière d’enseignement<br />

secondaire, le Conseil d’Etat<br />

a été amené à se prononcer sur<br />

l’application du principe de laïcité<br />

aux usagers de l’enseignement supérieur.<br />

Ce faisant, la haute juridiction<br />

a confirmé et étendu à<br />

l’enseignement supérieur les principes<br />

dégagés à l’occasion de la<br />

jurisprudence Kherouaa du 2 novembre<br />

1992 en définissant les<br />

conditions de compatibilité du<br />

principe de laïcité avec le port de<br />

signes distinctifs d’appartenance<br />

religieuse (Conseil d’Etat 26 juillet<br />

1996, Université de Lille II, Req.<br />

n° 170106).<br />

De leur côté, les personnels IA-<br />

TOS n’ont de liberté que celle<br />

de conscience, le principe de<br />

neutralité rejoignant, pour ce<br />

qui les concerne, leur devoir<br />

de réserve (voir l’avis du<br />

Conseil d’Etat du 3 mai 2000,<br />

Mlle Marteaux, déjà cité).<br />

Les enseignants-chercheurs ne<br />

peuvent donc, à eux seuls, être<br />

identifiés à la communauté universitaire.<br />

Qui plus est, l’institution<br />

universitaire n’est pas gérée<br />

par cette seule communauté universitaire,<br />

puisque sont associés<br />

à la gestion du service public de<br />

l’enseignement supérieur, outre<br />

ses usagers et son personnel, <strong>des</strong><br />

représentants <strong>des</strong> intérêts publics<br />

et <strong>des</strong> activités économiques,<br />

culturelles et sociales (article<br />

L.111-5 alinéa 2 CE).<br />

Dans ce cadre, les enseignantschercheurs<br />

et les personnels assimilés<br />

n’ont qu’une représentation<br />

minoritaire au sein <strong>des</strong><br />

organes de gestion de l’Université.<br />

Le conseil d’administration<br />

ne comprend ainsi que de 40 à<br />

45 % de représentants <strong>des</strong> enseignants-chercheurs,<br />

<strong>des</strong> enseignants<br />

et <strong>des</strong> chercheurs (article<br />

L.712-3 CE). Le Conseil constitutionnel<br />

n’a pas analysé dans le<br />

cadre de son contrôle de constitutionnalité<br />

de la loi du 26 janvier<br />

1984 cette représentation<br />

minoritaire <strong>des</strong> enseignantschercheurs<br />

comme étant attentatoire<br />

à leur indépendance,<br />

puisque le conseil d’administration,<br />

quand il a à se prononcer<br />

sur <strong>des</strong> éléments de carrière <strong>des</strong><br />

enseignants-chercheurs, se réunit<br />

en formation restreinte aux<br />

seuls intéressés.<br />

L’institution universitaire doit<br />

donc également être distinguée<br />

<strong>des</strong> universitaires ; elle n’a ni leur<br />

indépendance, ni leur liberté<br />

d’expression.


Au sein de l’institution, l’enseignant-chercheur,<br />

dans sa mission<br />

d’administration et de gestion de<br />

l’établissement (article L.952-3<br />

CE), ne dispose pas de la même<br />

indépendance que dans ses missions<br />

d’enseignement et de recherche<br />

(voir supra), il est à ce titre<br />

dans une position normalisée au<br />

regard <strong>des</strong> principes du service<br />

public. Le président d’université,<br />

élu parmi les enseignants-chercheurs<br />

par l’assemblée <strong>des</strong> trois<br />

conseils de l’université, ne s’exprime<br />

qu’au nom de l’institution<br />

universitaire, en sa qualité de représentant<br />

de l’établissement telle<br />

qu’elle est définie à l’article L.712-<br />

2 du code de l’éducation. Comme<br />

l’ensemble <strong>des</strong> organes de gestion<br />

de l’université, il ne s’exprime<br />

qu’au nom du service public<br />

de l’enseignement supérieur<br />

qui demeure laïc et indépendant<br />

de toute emprise politique, économique,<br />

religieuse ou idéologique,<br />

au nom d’un service public<br />

qui doit tendre à l'objectivité<br />

du savoir et doit respecter la diversité<br />

<strong>des</strong> opinions.<br />

“<br />

L’institution universitaire doit être distinguée<br />

<strong>des</strong> universitaires : elle n’a ni leur indépendance,<br />

ni leur liberté d’expression.<br />

”<br />

DÉBAT<br />

Xavier FURON<br />

Chargé <strong>des</strong> affaires juridiques<br />

Université de LILLE 1<br />

63


DÉBAT<br />

Autour de la neutralité :<br />

Intervention à un Conseil d’Administration en mai 2002<br />

64<br />

J'interviens ici à titre consultatif,<br />

sans avoir voix délibérative, et<br />

donc sans la responsabilité de<br />

prendre part au vote, parce que je<br />

pense qu'il m'incombe de le faire<br />

et d'exprimer le débat qui a eu<br />

lieu au sein de nos services.<br />

Mon intervention comprendra<br />

trois points :<br />

1°) Nous nous sommes, le<br />

responsable <strong>des</strong> affaires juridiques<br />

et moi, avec un certain<br />

nombre d'autres responsables<br />

administratifs, posé la question<br />

de la légitimité de la prise de position<br />

qui était faite, dans la rédaction<br />

choisie par le Président<br />

pour son communiqué. Il a rédigé<br />

une note juridique sur le sujet<br />

portant notamment sur les<br />

deux questions de la spécialité<br />

de l'établissement, et du principe<br />

de neutralité .<br />

Qu'est-ce qu'une université en<br />

droit français ? C'est un établissement<br />

public. Qu'est-ce qu'un<br />

établissement public ? C'est un<br />

organe créé pour la gestion d'un<br />

service public, et doté pour cela<br />

de la personnalité morale, donc<br />

juridiquement distinct de l'État .<br />

Partant, il est soumis à ce qu'on<br />

appelle un "principe de spécialité",<br />

c'est-à-dire qu'il ne peut<br />

intervenir que dans le domaine<br />

qui lui est dévolu (au contraire<br />

d'une collectivité territoriale, qui<br />

a une compétence générale).<br />

Le Président , lorsqu'il s'exprime,<br />

s'exprime au nom de l'établissement<br />

en tant que tel, et non au<br />

nom de l'assemblée ou du sentiment<br />

de ses pairs (ce que serait<br />

le collectif <strong>des</strong> enseignants chercheurs<br />

par exemple). Or, on n'imagine<br />

pas le PDG d'Air France<br />

prenant la parole au nom d'Air<br />

France pour affirmer une position<br />

similaire du type de celle qui<br />

est dans la motion. C'est une application<br />

du principe de spécialité.<br />

Ce principe s'applique-t-il aux<br />

universités ? <strong>La</strong> jurisprudence a<br />

répondu par l'affirmative. Mais<br />

la notion de spécialité n'est-elle<br />

pas antagonique de la notion<br />

d'universalité qui sous tend la<br />

définition même de l'université,<br />

voire antagonique aux missions<br />

qui lui sont dévolues en matière<br />

de culture et d'intervention dans<br />

le débat citoyen ?<br />

C'est une première question.<br />

Comme le PDG d'Air France, un<br />

proviseur de lycée, pour d'autres<br />

raisons, ne prendra pas non plus<br />

la même position similaire du<br />

type de celle qui est dans la motion:<br />

il s'agit ici du principe de<br />

neutralité.<br />

C'est une seconde question.<br />

2°) Je suis personnellement<br />

convaincu qu'il y a certains moments<br />

où les principes de spécialité<br />

et de neutralité ne peuvent<br />

plus avoir cours : de même que la<br />

constitution a prévu un article 16<br />

qui donne <strong>des</strong> pouvoirs exceptionnels<br />

dans <strong>des</strong> circonstances<br />

exceptionnelles, de même que la<br />

réglementation en matière d'hygiène<br />

et sécurité prévoit un droit<br />

de retrait pour les personnels placés<br />

en situation de danger grave<br />

et imminent, il y a <strong>des</strong> circonstances<br />

où la prise de position,<br />

l'engagement, sont <strong>des</strong> devoirs.<br />

Sommes nous devant de telles<br />

circonstances exceptionnelles qui


justifient la rédaction <strong>des</strong> premiers<br />

paragraphes ? Pour ma<br />

part, j'ai mes convictions, mais je<br />

n'ai pas voix délibérative : C'est<br />

votre responsabilité politique.<br />

3°) Je suis frappé par le ton passionné<br />

<strong>des</strong> discussions qui ont eu<br />

lieu ces jours-ci. Je vous adjure<br />

de ne pas cataloguer les positions<br />

<strong>des</strong> personnes et de ne pas<br />

déduire d'emblée que, parce<br />

qu'on n'approuve pas les termes<br />

de la motion proposée qu’ on est<br />

automatiquement lobby d’un<br />

par opposition à un autre. C'est<br />

par rapport à la question de neutralité<br />

du service public que s'expriment<br />

les interrogations et que<br />

nous nous sommes efforcés de<br />

réfléchir . C'est ce que je vous demande<br />

de comprendre et d'accepter.<br />

“<br />

<strong>La</strong> notion de spécialité n’est elle pas<br />

antagonique de la notion d’universalité ?<br />

”<br />

DÉBAT<br />

65


DÉBAT<br />

Autour de la neutralité :<br />

Une prolongation sur l’utilisation de la messagerie électronique<br />

66<br />

M.L.Pesneaud<br />

Responsable<br />

du service contentieux<br />

de l’Université<br />

Louis Pasteur- Strasbourg 1<br />

Par une décision en date du<br />

24 janvier 2002 la Cour administrative<br />

d’appel de Paris a sanctionné<br />

pour la première fois une<br />

utilisation privative, par un<br />

agent public, de l’adresse<br />

électronique mise à sa disposition<br />

par son service.<br />

M. O. demandait à la Cour d’annuler<br />

la sanction disciplinaire<br />

prononcée contre lui (exclusion<br />

temporaire de fonctions pour<br />

une durée de six mois assortis<br />

d’un sursis partiel de trois mois)<br />

notamment aux motifs que :<br />

• les faits pour lesquels il avait<br />

fait l’objet d’une sanction disciplinaire<br />

étaient couverts par<br />

le secret de la correspondance,<br />

• les mêmes faits auraient été recueillis<br />

et détenus par <strong>des</strong><br />

moyens de preuve illicites<br />

passibles <strong>des</strong> poursuites pénales<br />

prévues à l’article 226-15<br />

du nouveau Code pénal.<br />

"Le fait, commis de mauvaise foi,<br />

d’ouvrir, de supprimer, de retarder<br />

ou de détourner <strong>des</strong> correspondances<br />

arrivées ou non à <strong>des</strong>tination et<br />

adressés à <strong>des</strong> tiers, ou d’en prendre<br />

frauduleusement connaissance, est<br />

puni d’un an d’emprisonnement et<br />

de 45000 euros d'amende.<br />

Est puni <strong>des</strong> mêmes peines le fait,<br />

commis de mauvaise foi, d'intercepter,<br />

de détourner, d'utiliser ou<br />

de divulguer <strong>des</strong> correspondances<br />

émises, transmises ou reçues par la<br />

voie <strong>des</strong> télécommunications ou de<br />

procéder à l'installation d'appareils<br />

conçus pour réaliser de telles interceptions."<br />

Les faits reprochés au requérant<br />

étaient les suivants :<br />

• utilisation de l’adresse<br />

électronique d’un directeur<br />

de laboratoire à l’insu de ce<br />

dernier,<br />

• utilisation abusive de l’adresse<br />

de l’établissement<br />

public dans lequel il exerce ses<br />

fonctions sur internet à <strong>des</strong> fins<br />

personnelles d’échanges en sa<br />

qualité de membre d’une association<br />

cultuelle,<br />

Il ressort en effet <strong>des</strong> pièces du<br />

dossier qu’il a mentionné sur le<br />

site de l’Eglise de l’unification sa<br />

qualité de membre d’une association<br />

cultuelle, accompagnée<br />

de l’adresse électronique dont il<br />

dispose au sein de son établissement<br />

public.<br />

<strong>La</strong> Cour a considéré :<br />

• que nonobstant le fait que la<br />

manière de servir de l’intéressé<br />

n’avait encouru aucun grief<br />

jusque là, les faits reprochés au<br />

requérant avaient porté préjudice<br />

à l’établissement public<br />

dans lequel il exerce ses fonctions<br />

ainsi qu’au directeur de<br />

laboratoire concerné,<br />

• que la sanction dont a fait l’objet<br />

M. O. n’était pas motivée par ses<br />

opinions philosophiques ou religieuses<br />

mais par un usage abusif<br />

fait de l’adresse électronique de<br />

l’établissement public à <strong>des</strong> fins<br />

constituant un manquement au<br />

principe de laïcité et à l’obligation<br />

de neutralité auxquels les<br />

fonctionnaires sont soumis, de nature<br />

à justifier légalement l’application<br />

d’une sanction disciplinaire,


• sur la question du secret <strong>des</strong><br />

correspondances : que l’autorité<br />

investie du pouvoir disciplinaire<br />

s’est exclusivement<br />

fondée sur <strong>des</strong> informations<br />

publiques mentionnant l’Eglise<br />

de l’unification diffusées par<br />

l’intéressé avec les moyens du<br />

service et portées à la connaissance<br />

de l’établissement public<br />

par un tiers, et sur l’utilisation<br />

par M. O. de l’adresse électronique<br />

d’un directeur de laboratoire<br />

portée à la connaissance<br />

de la direction par le<br />

directeur de laboratoire<br />

concerné.<br />

<strong>La</strong> Cour a rejeté la demande<br />

de M. O.<br />

Cette décision de la Cour administrative<br />

d’appel constitue une<br />

première dans la fonction publique<br />

puisque la Cour a considéré<br />

que c’est à bon droit que<br />

l’établissement public a sanctionné<br />

l’utilisation personnelle<br />

abusive <strong>des</strong> moyens du service<br />

par le requérant.<br />

Elle a souligné la régularité de la<br />

procédure par laquelle l’établissement<br />

public a recueilli les<br />

preuves de l’usage abusif <strong>des</strong><br />

moyens mis à disposition de M.<br />

O. par le service.<br />

Un parallèle avec l’arrêt du<br />

Tribunal de grande instance<br />

de Paris du 2 novembre 2000<br />

concernant une atteinte au secret<br />

ou suppression de correspondance<br />

par personne dépositaire<br />

de l’autorité publique ou chargée<br />

de mission de service public<br />

peut être fait : le tribunal avait<br />

alors considéré que, bien qu’étant<br />

intervenue dans un contexte<br />

perturbé par <strong>des</strong> conflits de personnes,<br />

qui a valu le sursis aux<br />

défendeurs, la violation de correspondances<br />

effectuées par<br />

voie de télécommunications<br />

par personne chargée d’une<br />

mission de service public ne<br />

pouvait être niée.<br />

Un rapport de la Commission nationale<br />

de l’informatique et <strong>des</strong><br />

libertés relatif à la cybersurveillance<br />

sur les lieux de travail<br />

en date du 5 février 2002<br />

(http://www.cnil.fr) rappelle les<br />

trois principes législatifs, applicables<br />

à la fonction publiques,<br />

auxquels sont soumis les employeurs<br />

en matière de cybersurveillance<br />

:<br />

• l’information préalable de<br />

l’employé comme condition<br />

de transparence,<br />

• la discussion collective préalable,<br />

• le principe de proportionnalité<br />

entre les restrictions apportées<br />

et le but poursuivi.<br />

“<br />

Un manquement au<br />

principe de laïcité<br />

et à l’obligation de<br />

neutralité.<br />

”<br />

DÉBAT<br />

67


RUBRIQUES<br />

Miroir du forum<br />

68<br />

<strong>La</strong> Revue reprend ici<br />

quelques échanges de notre<br />

messagerie, pour leur intérêt,<br />

pour leur conservation,<br />

pour leur curiosité ou<br />

leur cocasserie parfois -<br />

sans être un bêtisier pour autant.<br />

Quelques points de droit<br />

ou quelques pratiques à se mettre<br />

en tête …<br />

1) Question de cumul<br />

Un MCF de l'IUFM est en délégation<br />

à temps complet au<br />

CNRS. Il continue néanmoins à<br />

faire quelques heures de formation<br />

à l'IUFM. Ces heures doivent-elles<br />

lui être payées en heures<br />

complémentaires ? Sans<br />

doute, mais il faut vraisemblablement<br />

s'assurer auprès du<br />

CNRS qu'il effectue bien l'intégralité<br />

de son service au CNRS,<br />

autrement dit qu'il n'est pas en<br />

sous service, sans se faire d'illusion<br />

sur le caractère formel de<br />

cette vérification.<br />

Pouvez-vous me confirmer cette<br />

interprétation. Merci. JLF<br />

réponse : à mon avis, aucune rémunération<br />

possible ; étant en délégation<br />

il est dispensé de son service<br />

d'enseignement mais cela ne<br />

l'autorise pas à percevoir une rémunération<br />

complémentaire. Dans<br />

de tels cas, je rappelle que la modification<br />

du décret du 6 juin 1984<br />

autorise désormais la délégation à<br />

temps partiel et c'est cette possibilité<br />

qu'il aurait dû solliciter s'il estimait<br />

pouvoir accomplir encore une<br />

partie de son enseignement.<br />

Je précise en outre que pour permettre<br />

la rémunération en heures<br />

complémentaires <strong>des</strong> enseignants<br />

chercheurs délégués auprès d'une<br />

entreprise dans le cadre de la loi innovation<br />

recherche, il a fallu un décret<br />

spécial ; cette intervention réglementaire<br />

spéciale aurait été<br />

superflue si la situation que tu<br />

évoques était possible dans le droit<br />

commun. JPB<br />

2) Réinscription <strong>des</strong> emprunteurs<br />

indélicats<br />

Je vous prie de trouver ci-après<br />

les préconisations de la Directrice<br />

du SCD de G., en vue de récupérer<br />

les ouvrages non restitués<br />

par les emprunteurs.. Bien<br />

sûr, selon moi, de telles mesures<br />

ne sont à prendre que si les problèmes<br />

qu'elles doivent résoudre<br />

sont de dimension conséquente.<br />

Si c'est le cas, pourquoi<br />

ne pas envisager une démarche<br />

coordonnée ? MW<br />

"Plusieurs procédures possibles :<br />

• listes d'étudiants qui ne sont pas<br />

en règle avec la bibliothèque transmises<br />

au service scolarité : quand<br />

celui-ci se présente pour une réinscription,<br />

il lui est demandé de se<br />

mettre d'abord en règle avec la bibliothèque<br />

• accord entre les Universités en<br />

France avec deman<strong>des</strong> de quitus :<br />

en cas de changement d'université,<br />

l'étudiant devrait avoir le quitus de<br />

la bibliothèque de son université antérieure<br />

pour pouvoir se réinscrire<br />

(Je ne sais pas si cette procédure est<br />

toujours en vigueur, mais elle est<br />

fort utile et marquait une solidarité<br />

entre les universités)<br />

• le fait de ne pas délivrer de diplôme<br />

aux étudiants avant qu'ils<br />

ne se soient mis en règle avec la<br />

bibliothèque, est, pour ceux qui<br />

utilisent cette procédure, assez<br />

efficace."<br />

Réponse : Les textes réglementaires<br />

régissant les inscriptions et les<br />

délivrance de diplômes ne prévoient<br />

aucune disposition limitative pour le<br />

motif évoqué; et dès lors <strong>des</strong> refus


d'inscription ou de diplôme fondés<br />

sur ce seul motif pourraient être annulés<br />

pour erreur de droit (on a déjà<br />

vu un tribunal annuler le refus de<br />

délivrance d'un diplôme d'un stagiaire<br />

de formation continue qui<br />

n'avait pas payé sa formation, au<br />

motif que la réglementation ne prévoit<br />

pas une telle sanction en cas de<br />

non paiement...) ; il faut donc être<br />

prudent dans l'affichage de ces règles<br />

; la méthode du "quitus", qui<br />

apparaît comme une étape pratique<br />

de la procédure d'inscription est<br />

plus discrète pour un effet équivalent.<br />

JPB<br />

3) Temps de travail<br />

Les fonctionnaires ont droit à <strong>des</strong><br />

congés annuels et à <strong>des</strong> congés<br />

maladie (circulaire du 21/1 (JO<br />

7/2) : lorsqu'un congé de maladie<br />

est intervenu pendant une période<br />

de congé annuel, le congé<br />

annuel non pris est récupérable<br />

dans le cadre de l'année civile.<br />

<strong>La</strong> circulaire précise par ailleurs que,<br />

dans tous les cas, la récupération ou<br />

le report ne peut avoir pour effet<br />

l'octroi d'un nombre de jours de<br />

congés supérieur aux droits à<br />

congés annuels de l'agent pour la<br />

période considérée. Lorsque l'établissement<br />

est fermé, les personnels<br />

sont en congés annuels.<br />

Un agent malade pendant cette période<br />

de fermeture peut-il récupérer<br />

le congé annuel, sachant qu'on<br />

peut considérer que cela conduirait<br />

à octroyer <strong>des</strong> jours de congés supplémentaires<br />

(en somme le congé<br />

annuel "obligatoire", non mobile,<br />

prime-t-il sur tout autre congé ?)<br />

SG<br />

Réponse : malheureusement pour<br />

l'équité les textes sont maintenant<br />

très clairs!! le congé de maladie est<br />

considéré comme une partie d'activité,<br />

idem d'ailleurs pour les<br />

congés pour formations syndicales,<br />

les congés de maternité et bien entendu<br />

pour les congés dus aux accidents<br />

de travail, y compris les rechutes.<br />

Je crois donc qu'il n'est pas<br />

question de jouer avec les textes, la<br />

seule consolation que nous pouvons<br />

avoir c'est que les journées<br />

sont alors considérées comme<br />

ayant strictement 7 heures donc pas<br />

de possibilité de récupération dues<br />

à l'aménagement du travail JPB<br />

4) Imposition <strong>des</strong> logements<br />

de fonction à la taxe foncière<br />

Nous venons de recevoir sur Paris<br />

pour la 1ère fois un avis d'imposition<br />

de taxes foncières<br />

concernant un logement de fonction<br />

( agent comptable) concédé<br />

par utilité de service. Ces taxes<br />

sont communales, régionales<br />

plus la taxe d'enlèvement <strong>des</strong> ordures<br />

ménagères. Les années<br />

précédentes, l'Agent comptable<br />

recevait directement , à son nom,<br />

la taxe d'enlèvement <strong>des</strong> ordures<br />

ménagères (et uniquement celleci).<br />

Le centre <strong>des</strong> impôts, interrogé,<br />

nous indique que nous<br />

sommes bien assujettis à ces<br />

taxes car le logement produit <strong>des</strong><br />

revenus! ( si peu)<br />

Il a bien été dit qu'il s'agissait<br />

non d'un loyer mais d'une indemnité<br />

d'occupation : le fisc<br />

maintient sa position (du moins<br />

oralement pour le moment).<br />

Certes il nous appartient de récupérer<br />

la taxe d'enlèvement <strong>des</strong><br />

ordures ménagères auprès de l'agent<br />

comptable mais la situation<br />

pour les autres taxes est inédite.<br />

Pouvez-vous me dire si certains<br />

d'entre-vous rencontrent cette situation?<br />

et si de forts arguments<br />

juridiques peuvent nous faire<br />

éviter ces taxes communales et<br />

régionales? MC<br />

A l'IUFM d'Aix-Marseille nous<br />

avons eu le même " problème" .<br />

Le responsable du centre <strong>des</strong> impôts<br />

a argumenté sa position en<br />

nous écrivant : "l'imposition<br />

(taxe foncière ) correspond aux<br />

logements concédés par utilité<br />

de service . Les locaux productifs<br />

de revenus pour leur propriétaire<br />

ne peuvent bénéficier de l'exonération<br />

permanente prévue<br />

pour les logements concédés par<br />

nécessité absolue de service" SG<br />

Réponse : <strong>La</strong> question concerne<br />

la qualité du propriétaire ; si le bâtiment<br />

est propriété de l'établissement,<br />

les taxes foncières sont normalement<br />

dues ; si c'est un bien de<br />

l'Etat il y a normalement exonération<br />

; il faut alors demander dans le<br />

délai prescrit un dégrèvement<br />

,avec le soutien du service <strong>des</strong> domaines,<br />

en tant que représentant<br />

du propriétaire. JPB<br />

Réponse 2 : Voir code <strong>des</strong> impôts,<br />

art.1382 (j'ai écrémé le texte<br />

source ...)<br />

Sont exonérés de la taxe foncière<br />

sur les propriétés bâties :<br />

1° Les immeubles nationaux, les<br />

immeubles départementaux pour<br />

les taxes perçues par les communes<br />

et par le département auquel ils ap-<br />

RUBRIQUES<br />

69


RUBRIQUES<br />

Miroir du forum<br />

70<br />

partiennent et les immeubles communaux<br />

pour les taxes perçues par les<br />

départements et par la commune à<br />

laquelle ils appartiennent, lorsqu'ils<br />

sont affectés à un service public ou<br />

d'utilité générale et non productifs de<br />

revenus, notamment : ....<br />

Sous réserve <strong>des</strong> dispositions du 9°,<br />

cette exonération n'est pas applicable<br />

aux immeubles qui appartiennent<br />

à <strong>des</strong> établissements publics autres<br />

que... les établissements<br />

scientifiques, d'enseignement ....., ni<br />

aux organismes de l'Etat ... ayant un<br />

caractère industriel ou commercial.<br />

Mis à part la syntaxe tarabiscotée<br />

du 2e §, il me semble que ce texte<br />

couvre l'ensemble <strong>des</strong> cas de figure<br />

concernant les EPA du MEN -><br />

exonération <strong>des</strong> immeubles nationaux<br />

et <strong>des</strong> immeubles appartenant<br />

en propre aux établissements scientifiques<br />

et d'enseignement. MF<br />

Suite et fin, en complément à mon<br />

message précédent, incomplètement<br />

rédigé (Merci Jean Paul) : exonération<br />

<strong>des</strong> immeubles nationaux et <strong>des</strong><br />

immeubles appartenant en propre<br />

aux établissements scientifiques et<br />

d'enseignement lorsqu'ils sont affectés<br />

à un service public et non productifs<br />

de revenus (CUS et CNAS). MF<br />

5) Régimes indemnitaires<br />

Il existe une difficulté ( parmi<br />

sans doute beaucoup d'autres )<br />

à la mise en oeuvre <strong>des</strong> nouvelles<br />

dispositions concernant l'IAT et<br />

l'IFTS mais elle ne doit concerner<br />

qu'un très petit nombre d'établissements<br />

du supérieur ( et davantage<br />

du secondaire ).<br />

L'article 4 du décret relatif à<br />

l'IFTS précise que cette indemnité<br />

ne peut être servie à <strong>des</strong> personnels<br />

logés par NAS. Or le décret<br />

relatif à l'IAT ( contrairement<br />

à l'ancien concernant l'IHTS ) ne<br />

prévoit pas cette exclusion.<br />

Nous disposons de quelques emplois<br />

de SASU logés bénéficiant<br />

d'une rémunération inférieure à<br />

l'indice 380..Que devons nous<br />

faire ? JPB 2<br />

Réponse : ce n'était pas seulement<br />

le texte sur les IHTS ou les<br />

IFTS qui excluait le cumul entre un<br />

logement gratuit pour NAS et ces<br />

indemnités pour travaux supplémentaires<br />

mais également le code<br />

du domaine de l'Etat .<br />

Or ces différents textes visent bien<br />

les indemnités "pour travaux supplémentaires"<br />

donc correspondant<br />

à une quantité de travail excédant<br />

la norme. Or l'IAT est attribuée en<br />

fonction de la manière de servir et<br />

non de la quantité de travail. Attribuée<br />

sur un critère qualitatif, elle<br />

ne constitue pas une indemnité<br />

pour travaux supplémentaires :<br />

rien ne s'oppose donc en droit à ce<br />

qu'elle soit attribuée à un agent<br />

logé gratuitement pour NAS.<br />

Pour mémoire ,à l'inverse je rappelle<br />

que la modification intervenue<br />

dans le décret PPRS en décembre<br />

2000 a transformé cette<br />

prime jusque là attribuée exclusivement<br />

sur un critère qualitatif en<br />

nouvelle indemnité pour travaux<br />

supplémentaires. JPB 1<br />

6) Délégation de signature<br />

a) Mon président récemment élu<br />

souhaite déléguer sa signature<br />

aux directeurs d'UFR et Instituts<br />

pour la signature <strong>des</strong> diplômes.<br />

En a t-il la possibilité? Merci<br />

Réponse : Je ne sais pas si je suis à<br />

jour, j'aurais tendance à dire non ce<br />

n'est pas possible en lisant la circulaire<br />

en fichier attaché, car c'est la circulaire<br />

n°96-048 du 13 février 1996<br />

qui précise les signataires <strong>des</strong> diplômes<br />

: recteur et président avec possibilité<br />

pour ce dernier de déléguer<br />

sa signature en application de l'article<br />

27 de la loi de 1984 (délégation<br />

possible aux vice-présidents <strong>des</strong> 3<br />

conseils, au secrétaire général...) ce<br />

ne sont pas les UFR qui délivrent les<br />

diplômes mais l'établissement.<br />

Pour les articles 33, la signature du<br />

directeur est requise.<br />

Il existe <strong>des</strong> machines à signer en<br />

original, c'est comme cela que procèdent<br />

les rectorats et la maison <strong>des</strong><br />

examens d'Arcueil. JPG<br />

Réponse : attention, il me semble<br />

que JPG fait une confusion : la loi<br />

ne permet pas les délégations de<br />

pouvoirs, mais simplement les délégations<br />

de signatures ; donc un<br />

directeur d'UFR bénéficiaire d'une<br />

délégation de signature pour signer<br />

les diplômes les signerait bien<br />

"pour le président de l'université et<br />

par délégation", donc bien au titre<br />

de l'établissement et non au titre<br />

<strong>des</strong> pouvoirs propres du directeur<br />

d'UFR : sa délégation ne serait<br />

donc pas d'une nature différente<br />

de celle du SG si ce n'est qu'elle ne<br />

peut concerner que les étudiants<br />

extérieurs à son UFR. JPB<br />

b) Comment lisez vous le paragraphe<br />

de l'article 27 de la loi de<br />

1984 qui précise : Art. 27. -<br />

Le président peut déléguer sa signature<br />

aux vice-présidents <strong>des</strong>


trois conseils, au secrétaire général<br />

et, pour les affaires concernant<br />

les unités de formation et<br />

de recherche, les instituts, les<br />

écoles et les services communs, à<br />

leurs directeurs respectifs.<br />

J'avais tendance à faire une lecture<br />

restrictive en disant que la<br />

délégation est mal venue car la<br />

délivrance de diplôme n'est pas<br />

une "affaire concernant les unités<br />

de recherche" mais relève bien<br />

de l'établissement et que le président<br />

ne peut déléguer sa signature<br />

que dans le champ de compétence<br />

d'un directeur d'UFR.<br />

Merci d'éclairer ma lanterne. JPG<br />

Réponse : Le problème ne me semble<br />

pas juridique mais politique. Tout<br />

dépend en effet de l'organisation<br />

plus ou moins déconcentrée de<br />

chaque université puisque c'est cette<br />

organisation, et non la loi, qui est<br />

muette à ce propos, qui détermine<br />

ce qui est "affaire <strong>des</strong> UFR" ou affaire<br />

du centre. A L. (4ème ou 5 ème<br />

université par sa taille ) aucun domaine<br />

de gestion ne peut être géré<br />

de manière centrale et toute la scolarité<br />

est déconcentrée . Si nous n'avions<br />

pas une machine à signer performante,<br />

les diplômes seraient<br />

effectivement signés par les directeurs<br />

d'UFR. En revanche, si dans<br />

telle université les "affaires de l'UFR"<br />

se limitent à l'approvisionnement en<br />

craie <strong>des</strong> salles de cours et autres actes<br />

d'intendance quotidienne il n'y<br />

évidemment pas de raison que les diplômes<br />

soient signés par les directeurs…<br />

JPB<br />

Un procès-verbal n'est évidemment<br />

pas un compte rendu analytique et<br />

encore moins un compte rendu détaillé<br />

(comme lors <strong>des</strong> séances du<br />

Conseil supérieur de l'Education, par<br />

ex, où officie une sténotypiste). Il ne<br />

doit contenir que le résultats <strong>des</strong> débats<br />

assortis <strong>des</strong> votes éventuels ainsi<br />

que le résumé <strong>des</strong> débats. Telle est<br />

du moins mon opinion, mais l'ego<br />

<strong>des</strong> membres de la CPE conduit souvent<br />

à <strong>des</strong> rédactions du type : x a dit<br />

ceci, y a dit cela, ajoutées par le secrétaire<br />

adjoint de séance ou lors de<br />

l'approbation du PV.<br />

7) Enregistrement <strong>des</strong> débats<br />

Est-ce que le secrétaire de séance<br />

de la CPE enregistre les débats<br />

(pour faciliter son travail de rédaction<br />

du PV de la réunion) ? Une<br />

autorisation est-elle sollicitée en ce<br />

sens auprès <strong>des</strong> membres de la<br />

CPE ? Les enregistrements éventuels<br />

sont-ils détruits après signature<br />

du PV ou son approbation ?<br />

Peuvent-ils être consultés par le secrétaire<br />

adjoint de séance ? BG<br />

Réponse : rappelons que les règles<br />

de fonctionnement <strong>des</strong> CPE s'inspirent<br />

de celles <strong>des</strong> CAP dont les procès<br />

verbaux sont généralement très succincts<br />

; ce qu'il est important de rapporter<br />

,ce sont les votes ainsi que le<br />

mouvement général de la discussion.<br />

Il serait très dangereux d'enregistrer<br />

car cela entraînerait ipso facto la revendication<br />

d'établissement de minutes<br />

<strong>des</strong> débats .<br />

A L. nous avons un compte rendu<br />

succinct mais bien entendu nous acceptons<br />

volontiers que tout intervenant<br />

qui le souhaite demande l'intégration<br />

au moment de l'approbation<br />

du PV <strong>des</strong> ajouts qui concernent ses<br />

propres interventions. JPB<br />

2ème réponse (à une autre prise<br />

de position) : sans éterniser le débat<br />

,je ne vois pas vraiment à quoi peut<br />

mener une telle logique ; "disposer<br />

d'une preuve matérielle", mais pour<br />

quoi faire ? Il me semble que toute<br />

garantie est apportée aux membres<br />

d'une instance sur l'objectivité du PV<br />

dès lors que :<br />

1) il y a un secrétaire adjoint représentant<br />

les personnels qui doit être actif<br />

dans la rédaction du projet de PV ;<br />

2) liberté est offerte d'apporter sur<br />

simple demande les ajouts demandés<br />

dans toute les instances que j'anime ;<br />

j'ai imposé s'agissant <strong>des</strong> rectifications<br />

du PV le principe selon lequel chacun<br />

est responsable et propriétaire <strong>des</strong><br />

propos tenu : donc aucune intervention<br />

ne peut figurer au PV contre l'avis<br />

de celui qui l'a faite et à l'inverse, nul<br />

ne peut faire modifier une intervention<br />

dont il est rendu compte sans l'accord<br />

de celui qui en est l'auteur.De là le fait<br />

que les représentants du personnel ne<br />

peuvent faire modifier <strong>des</strong> interventions<br />

<strong>des</strong> représentants de l'administration<br />

(et réciproquement).Je n'ai jamais<br />

vu ce principe simple contesté.<br />

Conclusion : L'enregistrement <strong>des</strong><br />

débats pourrait être utile au rédacteur.<br />

Or, il semble, d'après vos réponses,<br />

que ce ne soit pas le cas et que cela soit<br />

plus consommateur de temps que la<br />

rédaction au fil de la plume, sur la base<br />

de notes manuscrites.<br />

Je me demande par ailleurs si le protocole<br />

d'enregistrement (qui est celui<br />

que j'ai tracé et qui est mis en oeuvre<br />

dans un ou deux établissements je<br />

crois) ne devrait pas figurer dans le<br />

règlement intérieur.<br />

Tout bien examiné, la solution est qu'il<br />

est plus sage de ne pas enregistrer ...<br />

RUBRIQUES<br />

71


THÉMATIQUES<br />

Miroir du forum<br />

8) Détermination du régime<br />

applicable aux contractuels<br />

(et propriété <strong>des</strong> textes)<br />

Qui peut me faxer l'avis du CE<br />

(de 1997 ?) sur les contractuels<br />

<strong>des</strong> établissements publics ? MC<br />

(Suit un échange de promesses<br />

et de politesses)<br />

Plutôt que de procéder à <strong>des</strong> envois<br />

ponctuels de documents de<br />

référence qui peuvent effectivement<br />

intéresser l'ensemble <strong>des</strong><br />

collègues (cf par exemple une<br />

précédente demande sur l'enquête<br />

SILLAND), ne peut on prévoir<br />

de les mettre à disposition<br />

sur le site web de l'association<br />

???<br />

C'est une excellente idée. Il suffit<br />

de scanner les documents et<br />

de les transmettre à F. BF<br />

Réponse :<br />

Je ne suis pas opposé sur le principe,<br />

mais il peut se poser <strong>des</strong> problèmes<br />

de propriété littéraire : par<br />

exemple le document demandé a<br />

été publié par la <strong>revue</strong> Etu<strong>des</strong> et<br />

documents du Conseil d'État publiée<br />

à la documentation française<br />

et je ne pense donc pas qu'il soit<br />

dans le domaine public (il ne s'agit<br />

pas d'une décision juridictionnelle).<br />

Je n'ai pas la version électronique<br />

complète du texte, mais je vous en<br />

adresse en doc joint l'extrait le plus<br />

pertinent. JPB<br />

Annexe 11<br />

Quelle est l’étendue <strong>des</strong> pouvoirs propres du directeur d’un établissement<br />

public en matière de détermination du régime applicable<br />

aux agents contractuels propres à cet établissement public?<br />

Avis du conseil d’Etat n° 359 964(Assemblée générale – section <strong>des</strong> finances – du<br />

30 janvier 1997 (extrait):<br />

S’agissant <strong>des</strong> établissements publics, le Premier ministre, à qui l’article<br />

21 dela Constitution a conféré l’exercice du pouvoir réglementaire,<br />

dispose de la faculté d’user de ce pouvoir pour fixer leurs<br />

règles d’organisation et de fonctionnement, parmi lesquelles peut<br />

figurer la détermination du régime applicable aux personnels non<br />

titulaires, mais il ne peut user de ce pouvoir qu’en respectant les règles<br />

du contreseing posées par l’article 22 de la Constitution. En l’absence<br />

d’un règlement émanant du Premier ministre et sauf texte législatif<br />

ou réglementaire en décidant autrement, l’autonomie qui<br />

découle de la personnalité juridique conférée aux établissements<br />

publics fait obstacle à ce que les ministres de tutelle réglementent<br />

la situation <strong>des</strong> personnels non titulaires de ces établissements . Dans<br />

ce cas, en effet ,il appartient aux organes compétents <strong>des</strong> établissements<br />

de définir le régime de ces personnels et de préciser, en tant<br />

que de besoin, dans les contrats, leur situation.<br />

Lorsqu’aucun texte ne confie cette compétence à l’organe délibérant,<br />

il incombe à l’organe exécutif de l’établissement public, en<br />

vertu de ses pouvoirs généraux d’organisation <strong>des</strong> services placés<br />

sous son autorité, de fixer les règles applicables aux personnels non<br />

titulaires de l’établissement public.<br />

72


9) Mise à disposition de locaux<br />

L'École vient de faire l'objet<br />

d'une importante opération de<br />

réhabilitation de son patrimoine<br />

(locaux du 19ème inscrits à l'inventaire<br />

<strong>des</strong> monuments historiques)<br />

et souhaiterait le "valoriser"<br />

en mettant ponctuellement<br />

<strong>des</strong> locaux à disposition de partenaires<br />

extérieurs ( associations,<br />

partenaires industriels, collectivités<br />

locales, autres ...).<br />

Pouvez-vous m'indiquer ce qu'il<br />

est possible de faire en la matière :<br />

• le cadre et les limites réglementaires<br />

(activités exclusivement<br />

liées à la mission d' enseignement<br />

supérieur ou<br />

autres types d'activités ?)<br />

• les modalités financières ( simple<br />

participation aux frais de<br />

fonctionnement par le partenaire<br />

ou possibilité de facturer<br />

une véritable prestation de service<br />

?)<br />

• obligation de créer un SAIC?<br />

• convention à établir ? Dans<br />

cette hypothèse, certains d'entre<br />

vous ont-ils déjà établi ce<br />

type de document? MCP<br />

Réponse :<br />

il faut distinguer deux situations :<br />

• soit <strong>des</strong> mises à disposition ponctuelles<br />

de locaux pour <strong>des</strong> activités<br />

ayant un lien indirect avec le<br />

service public ; dans ce cas il faut<br />

délivrer une autorisation d'occupation<br />

temporaire du domaine<br />

public (souvent sous la forme<br />

d'une convention, mais s'agissant<br />

d'une AOT un acte unilatéral)<br />

avec versement par l'occupant<br />

d'une redevance administrative<br />

pour laquelle il peut être prudent<br />

(mais le caractère obligatoire de<br />

cet avis est discutable juridiquement)<br />

de solliciter un avis du service<br />

<strong>des</strong> domaines pour évaluer<br />

le montant de la redevance :<br />

cette redevance n'est pas alors<br />

assujettie à la TVA et n'entre donc<br />

pas dans l'assiette de l'impôt sur<br />

les sociétés ;<br />

• soit il s'agit d'une véritable location<br />

à caractère exclusivement<br />

commercial, en raison de son caractère<br />

régulier, concurrentiel et<br />

à but lucratif et dans ce cas il faut<br />

une facturation avec TVA, et si<br />

cette activité dégage un bénéfice,<br />

celui ci est soumis à l'IS.<br />

Pour le moment les établissements<br />

ne sont pas tenus de constituer un<br />

SAIC, mais si celui ci existe cette activité<br />

locative est obligatoirement<br />

intégrée dans le champ du SAIC.<br />

JPB<br />

73<br />

RUBRIQUES


RUBRIQUES<br />

De la Territoriale à l’Université<br />

Un aller avec retour<br />

74<br />

Secrétaire Général Adjoint<br />

en charge de l’économie d’une<br />

grande ville, j’effectue en septembre<br />

1997, selon le terme consacré, une<br />

mobilité vers l’Université pour y<br />

exercer les fonctions de Secrétaire<br />

Général.<br />

Daniel POUMÉROULY<br />

Administrateur territorial<br />

hors classe<br />

Secrétaire Général Université<br />

de Limoges<br />

Pourquoi, comment ?<br />

Par choix personnel essentiellement<br />

axé sur la nature <strong>des</strong> fonctions<br />

de Secrétaire Général d’organismes<br />

présentant beaucoup<br />

de points communs. Une ville et<br />

une université sont deux collectivités<br />

décentralisées, autonomes<br />

sur un territoire donné.<br />

Les structures qui les gèrent<br />

sont fort semblables :<br />

• conseil municipal, conseil d’administration,<br />

deux assemblées<br />

délibérantes élues (pour aller vite)<br />

pour un corps électoral composé,<br />

comme c’est la règle en la matière,<br />

par les ayants droits et usagers<br />

: population d’une part, enseignants,<br />

étudiants et IATOSS<br />

d’autre part. Corps électoral et<br />

fonction politique de la collectivité<br />

se retrouvent donc,<br />

• commissions thématiques municipales,<br />

conseils universitaires<br />

spécialisés (CEVU, CS) lieux d’échanges<br />

émettant <strong>des</strong> avis préalablement<br />

au vote <strong>des</strong> conseils délibérants.<br />

• bureau <strong>des</strong> adjoints au Maire,<br />

bureau de l’Université : deux<br />

structures de pilotage,<br />

• enfin, Maire et Président, exécutifs<br />

aux pouvoirs très étendus<br />

préparant et exécutant les délibérations<br />

votées par l'organe délibérant<br />

ainsi que les décisions de<br />

leurs domaines réservés.<br />

Le Secrétaire Général en ce qui le<br />

concerne est placé sous l’autorité<br />

directe du chef de l’exécutif,<br />

nommé par lui, chargé de la gestion<br />

de la ville ou de l’Université.<br />

Le Secrétaire Général (directeur<br />

général <strong>des</strong> services dans la fonction<br />

publique territoriale) occupe<br />

un emploi fonctionnel par voie de<br />

détachement, ce qui lui vaut " l’avantage<br />

" d’être déchargé de<br />

fonctions sans délais. <strong>La</strong> notion<br />

d’emploi fonctionnel lie naturellement<br />

le secrétaire général, le directeur<br />

général à l’exécutif dont il<br />

procède (au sens fort du terme).<br />

Dans nos établissements le dispositif<br />

stipule une clause de mobilité<br />

dans le temps explicite tous les 10<br />

ans, implicite tous les 5 ans, le<br />

Président de l’Etablissement n’estil<br />

pas élu pour 5 ans… Dans la<br />

fonction publique territoriale, les<br />

textes n’ont pas prévu de façon<br />

formelle une mobilité dans le<br />

temps. De plus il a été prévu pour<br />

les déchargés de fonction la possibilité<br />

d’un hébergement par le<br />

Comité National de la Fonction<br />

Publique Territoriale (CNFPT)<br />

pour ceux ne parvenant pas à<br />

retrouver un secrétariat général.<br />

Les similitu<strong>des</strong> observées dans<br />

les universités et les communes<br />

concernent également leur environnement<br />

administratif et<br />

financier :<br />

• gestion <strong>des</strong> personnels administratifs<br />

et techniques faisant<br />

intervenir <strong>des</strong> CAP et CTP, intitulés<br />

CPE en Universités fonctionnant<br />

en pré-CAP (visant les CAPA)<br />

enregistrant pour là l’autonomie<br />

partielle <strong>des</strong> universités en matière<br />

de GRH. Cas de figure non<br />

rencontré en collectivité territoriale<br />

où l’employeur, l’exécutif,<br />

maîtrise son tableau <strong>des</strong> effectifs<br />

et dès lors la carrière de ses<br />

agents. L’on reconnaît ici le privilège<br />

de celui qui lève l’impôt…


• sur le plan budgétaire et financier<br />

les dispositifs mis en œuvre<br />

sont forts comparables. Budgets<br />

et comptes de gestion annuels<br />

présentés en équilibre en fonctionnement<br />

et investissement<br />

pour <strong>des</strong> circulaires comptables<br />

quasi identiques. L’on note également<br />

une séparation entre l’ordonnateur<br />

et le comptable : maire<br />

– trésorier municipal, président<br />

d’université – agent comptable.<br />

• S’agissant du choix <strong>des</strong> fournisseurs,<br />

<strong>des</strong> prestataires de services<br />

et <strong>des</strong> entreprises chargées d’effectuer<br />

<strong>des</strong> travaux, universités et<br />

communes sont soumises au<br />

même code <strong>des</strong> marchés publics.<br />

Cela depuis peu car auparavant il<br />

était structuré en deux parties Etat<br />

et collectivités territoriales.<br />

Ayant ciblé ce qui est essentiel, l’on<br />

conviendra que les similitu<strong>des</strong> entre<br />

les universités et les communes<br />

sont fortes, cela suffit à expliquer<br />

la mobilité effectuée. Il va de soi<br />

que l’inverse est concevable. L’expérience<br />

montre que le secrétaire<br />

général en université ou en commune,<br />

exerce le même métier. Il<br />

gère <strong>des</strong> personnels, organise les<br />

travaux d’assemblées délibérantes<br />

en consultation, traite d’affaires à<br />

caractère économique, construit et<br />

entretient <strong>des</strong> bâtiments, évolue<br />

au sein d’élus dont les rationalités<br />

sont dans la réalité proches. Le propre<br />

de l’élu n’est-il pas de choisir "<br />

entre <strong>des</strong> solutions alternatives "<br />

pour reprendre un terme cher aux<br />

économistes.<br />

Le secrétaire – directeur général<br />

est naturellement associé au processus<br />

de prise de décision et la<br />

proximité avec " son patron ",<br />

maire ou président, fait de lui,<br />

peut-être un sherpa, certainement<br />

une personne d’influence. En cela<br />

la fonction est valorisante d’autant<br />

plus qu’elle s’exerce dans <strong>des</strong> collectivités<br />

autonomes et présentant<br />

un bon niveau de lisibilité.<br />

Quid de la mise en œuvre de la<br />

mobilité, de la " territoriale " vers<br />

l’université ? Il existe trois fonctions<br />

publiques : Etat, Université<br />

et hospitalière. <strong>La</strong> loi du 13 juillet<br />

1984 a posé le principe d’égalité<br />

entre ces fonctions publiques et<br />

dès lors la possibilité de passer de<br />

l’une à l’autre au moyen de la procédure<br />

de détachement. Si le principe<br />

est clair et tout à l’honneur du<br />

législateur, les modalités de mise<br />

en œuvre ont pu relever du " rituel<br />

de passage ". Actuellement le<br />

dispositif a gagné en efficacité<br />

grâce au nouveau statut <strong>des</strong> SGE-<br />

PES qui prévoit explicitement "<br />

l’arrivée " de fonctionnaires territoriaux<br />

et la DPATE sait gérer les cas<br />

particuliers lorsqu’ils se présentent.<br />

En matière de détachement, les difficultés<br />

techniques sont de plusieurs<br />

ordres. Les statuts de l’emploi<br />

" de détachement " doivent prévoir<br />

l’accueil du candidat au détachement<br />

; ce ne fut pas toujours le<br />

cas… Le détachement repose sur<br />

<strong>des</strong> emplois comparables et caractérisés<br />

par <strong>des</strong> indices terminaux de<br />

rémunérations identiques, en sorte<br />

de permettre un positionnement à<br />

indice égal (ou immédiatement supérieur).<br />

L’architecture <strong>des</strong> emplois<br />

est telle que d’une fonction publique<br />

à l’autre ces conditions sont<br />

en général vérifiées. L’on n’est par<br />

contre pas certain, parfois, de<br />

retrouver dans l’emploi d’accueil<br />

un régime indemnitaire au moins<br />

identique à celui de l’emploi d’origine.<br />

En cela <strong>des</strong> évolutions restent<br />

à opérer pour gérer au mieux les<br />

détachements.<br />

Par ailleurs, la reconnaissance<br />

dans le statut <strong>des</strong> SGEPES de deux<br />

groupes d’universités et l’impossibilité<br />

pour un administrateur<br />

territorial d’accéder directement<br />

au premier groupe constitue un<br />

frein à la mobilité. Inversement,<br />

la fonction publique territoriale<br />

est plus ouverte, en cela elle est<br />

conforme à l’esprit <strong>des</strong> textes ; le<br />

législateur n’a-t-il pas créé un statut<br />

général <strong>des</strong> fonctionnaires de<br />

l’Etat et <strong>des</strong> collectivités territoriales<br />

?<br />

Une conclusion serait de poser le<br />

principe de la spécialité du métier<br />

de secrétaire général (ou de directeur<br />

général) pour peu que la<br />

fonction soit exercée dans <strong>des</strong> organismes<br />

à rationalités voisines,<br />

décentralisées et autonomes.<br />

L’exemple <strong>des</strong> universités et <strong>des</strong><br />

communes est un bon exemple<br />

(notant que la référence faite à la<br />

commune au titre de la fonction<br />

publique territoriale est quelque<br />

peu réductrice du champ de cette<br />

fonction publique). Dès lors la<br />

mobilité entre ces organismes "<br />

comparables " irait de soi, à la<br />

gloire <strong>des</strong> secrétaires généraux<br />

concernés et de leurs employeurs<br />

… En l’espèce il reste à chemin à<br />

parcourir pour faire évoluer les<br />

cultures dominantes. Les Universités<br />

à mon sens ont entamé une<br />

bonne évolution à telle enseigne<br />

que certains évoquent la notion de<br />

fonction publique universitaire …<br />

75<br />

RUBRIQUES


RUBRIQUES<br />

Le Secrétaire général :<br />

acteur du management universitaire dans l’enseignement supérieur<br />

76<br />

Monique RONZEAU<br />

Secrétaire générale<br />

de l’Université Paris 5<br />

René Descartes<br />

Vice-Présidente<br />

de l’Association<br />

<strong>des</strong> Secrétaires généraux<br />

d’établissements publics<br />

d’enseignement supérieur<br />

Tenter de rendre compte par une<br />

<strong>des</strong>cription précise et structurée de<br />

la diversité et de la richesse <strong>des</strong> fonctions<br />

de Secrétaire général dans l’Université<br />

d’aujourd’hui relève de la<br />

gageure : rien n’est aussi peu propice<br />

en effet à l’ordonnancement<br />

que cette activité multiforme, dévoreuse<br />

d’énergie et de temps, dont<br />

la principale caractéristique pourrait<br />

bien être la polyvalence.<br />

A la question simple du rôle d’un<br />

Secrétaire général dans un établissement<br />

d’enseignement supérieur,<br />

il serait facile de répondre par sa<br />

mission première prévue par l’article<br />

5 de la loi de 1984 : " le Secrétaire<br />

général, nommé par le Ministre<br />

de l’Education Nationale sur<br />

proposition du Président ou du Directeur<br />

de l’établissement, est<br />

chargé sous l’autorité du Président<br />

ou du Directeur de la gestion de cet<br />

établissement ".<br />

Cette définition quelque peu réductrice<br />

laisserait supposer que le<br />

Secrétaire général est avant tout<br />

" le gardien du temple ", chargé de<br />

veiller à la régularité juridique, financière,<br />

administrative, technique<br />

de l’ensemble <strong>des</strong> actes de gestion<br />

qui concourent au bon fonctionnement<br />

d’un établissement.<br />

En réalité, de quel métier parle-t-on ?<br />

Quel est son fondement ? <strong>La</strong> diversité<br />

<strong>des</strong> statuts de tous ceux qui sont<br />

nommés aujourd’hui dans l’emploi<br />

de Secrétaire général n’a jamais été<br />

aussi forte : conseiller d’administration<br />

scolaire et universitaire, secrétaire<br />

général d’administration scolaire<br />

et universitaire, administrateur<br />

civil etc… Sous un même vocable<br />

centré sur le métier exercé, se cache<br />

une diversité fonctionnelle fort complexe,<br />

même si la réalité d’un métier<br />

unique est plus forte que le caractère<br />

artificiel de ces découpages statutaires<br />

et recouvre beaucoup plus de<br />

points communs qu’on ne pourrait<br />

l’imaginer à priori.<br />

Véritable " Directeur administratif<br />

<strong>des</strong> services " le Secrétaire général<br />

est le plus souvent membre à part<br />

entière de l’équipe de direction dans<br />

laquelle il joue un rôle spécifique.<br />

Il est tout d’abord associé à l’élaboration<br />

et à la mise en œuvre de la<br />

politique de l’établissement, par<br />

exemple à la préparation du projet<br />

quadriennal ou bien encore à la politique<br />

de gestion <strong>des</strong> ressources humaines.<br />

Il lui appartient de veiller à<br />

l’application opérationnelle de<br />

cette politique en assurant la gestion<br />

<strong>des</strong> instances délibérantes, notamment<br />

le Conseil d’administration.<br />

C’est surtout lui qui, sous l’autorité<br />

du Président, est responsable de<br />

l’ensemble <strong>des</strong> services administratifs<br />

et techniques qu’il coordonne,<br />

modernise et organise : il<br />

anime les équipes et encadre les<br />

personnels IATOS. Ainsi, la responsabilité<br />

d’une gestion prévisionnelle<br />

<strong>des</strong> ressources humaines dans<br />

un établissement qui, souvent, en<br />

est culturellement fort éloigné, lui<br />

revient de droit.<br />

Mais un Secrétaire général, c’est<br />

aussi et peut-être, surtout, l’un <strong>des</strong><br />

conseillers privilégiés du Président<br />

dont il met en œuvre la politique.<br />

Sans cette confiance absolue, qui<br />

ne se décrète pas, rien ne saurait<br />

fonctionner dans ce tandem étroitement<br />

associé.<br />

Cette mission de conseil touche<br />

tous les aspects de la gestion universitaire<br />

mais bien au-delà, elle<br />

doit permettre en permanence à<br />

l’élu, au politique, de s’appuyer sur<br />

un "professionnel de la gestion "<br />

pour mener à bien ses projets.<br />

Le Secrétaire général doit constamment<br />

faire preuve d’autant de<br />

pragmatisme que de sens de la prospective.<br />

Le monde de l’enseignement<br />

supérieur est en pleine mutation<br />

: les évolutions profon<strong>des</strong> tant<br />

du mode de fonctionnement <strong>des</strong><br />

établissements que de leur environnement<br />

national et international<br />

appellent de sa part un professionnalisme<br />

accru, que son<br />

expérience personnelle et sa formation<br />

lui auront en principe procuré.<br />

Harmonisation européenne,<br />

autonomie renforcée : afin de prendre<br />

en charge ces évolutions, le Secrétaire<br />

général doit sans cesse renforcer<br />

ses compétences.<br />

Dans ce contexte, jamais en effet la<br />

nécessité du renforcement de la<br />

formation du Secrétaire général et<br />

bien au-delà, de l’encadrement supérieur<br />

dans nos établissements,<br />

ne s’est posée avec autant d’acuité.<br />

<strong>La</strong> richesse de la fonction tient enfin<br />

à son positionnement, au cœurmême<br />

de l’établissement, souvent<br />

associée à la prise de décision, toujours<br />

partie prenante dans la vie et<br />

le pilotage de l’organisation. A ce<br />

titre, ses compétences managériales<br />

sont de plus en plus perçues<br />

comme prioritaires.<br />

Certes, les ambiguïtés d’un métier<br />

parfois difficile à appréhender et<br />

dont le contenu peut varier considérablement<br />

selon la personnalité<br />

de celui qui l’exerce comme de celui<br />

auprès de qui il l’exerce, peuvent<br />

parfois surprendre un observateur<br />

extérieur au monde de<br />

l’administration universitaire.<br />

In fine, c’est bien au Secrétaire général<br />

et à lui seul, au sein d’une équipe de<br />

direction cohérente, qu’il appartient<br />

de faire reconnaître par ses compétences,<br />

la spécificité de ses fonctions.


Le magasin pittoresque<br />

Pour votre curiosité : comment Louis PASTEUR réalisait la liaison entre les difficultés de recrutement <strong>des</strong> enseignants<br />

de lycée, et la vocation <strong>des</strong> enseignants-chercheurs. (Louis Pasteur fut le 1 er doyen de la faculté <strong>des</strong><br />

sciences de Lille).<br />

Au Recteur de l’Académie de Douai<br />

Monsieur le Recteur,<br />

Frappé <strong>des</strong> difficultés que l‘autorité rencontre dans le recrutement du<br />

personnel <strong>des</strong> collèges et même <strong>des</strong> lycées vous désirez proposer au<br />

conseil d’émettre un vœu tendant à provoquer la création auprès <strong>des</strong><br />

facultés de conférences réglementées qui auraient pour but la préparation<br />

à la licence, et de créer en quelque sorte une école normale de<br />

régents pour les collèges et les classes de rang inférieur dans les lycées.<br />

Aucune proposition n’est plus digne <strong>des</strong> délibérations du conseil et la<br />

réalisation de votre pensée serait un bienfait pour l’instruction publique.<br />

Mais elle est à mon avis entourée de réels périls.<br />

Je ne crois pas en effet que l’on puisse réclamer <strong>des</strong> professeurs <strong>des</strong> facultés<br />

(et bien entendu je ne parle ici que <strong>des</strong> facultés de sciences dont je connais mieux le but et l’organisation),<br />

je ne crois pas que l’on puisse réclamer d’eux <strong>des</strong> conférences en dehors de leurs occupations actuelles sans compromettre<br />

gravement les intérêts <strong>des</strong> hautes étu<strong>des</strong> en France, les intérêts de la science, et ceux de l’instruction<br />

supérieure elle-même. <strong>La</strong> mission du professeur de faculté est double. Il se doit tout entier d’une part à son enseignement,<br />

d’autre part aux progrès de la Science. J’ai toujours regardé le professeur de faculté qui ne consacrait<br />

pas tous ses loisirs à l’avancement de la Science comme étant au-<strong>des</strong>sous de ses devoirs. <strong>La</strong> nécessité de cette<br />

double mission étant admise, il ne faut pas que l’un <strong>des</strong> devoirs nuise à l’autre. Or à mon avis la seule addition<br />

d’une conférence au travail actuel du professeur de faculté <strong>des</strong> sciences suffirait pour compromettre singulièrement<br />

les travaux personnels et particuliers du professeur. Il y a un autre inconvénient très grave attaché à l’institution<br />

<strong>des</strong> conférences. Le professeur de faculté se trouve transformé en un répétiteur et préparateur à un examen<br />

dans <strong>des</strong> conférences suivies par un très petit nombre de jeunes gens. J’accepte avec plaisir le surcroît de<br />

travail imposé à l’enseignement supérieur par l’innovation <strong>des</strong> exercices pratiques dans les facultés. Cette innovation<br />

est un grand bienfait. On l’appréciera mieux quand il aura porté <strong>des</strong> fruits et je ne négligerai rien pour développer<br />

cet enseignement auprès de la faculté <strong>des</strong> sciences de Lille.<br />

RUBRIQUES<br />

Tiré de Pasteur<br />

Correspondance 1840-1895<br />

Tome 1 lettres de jeunesse<br />

Grasset 1940<br />

77


RUBRIQUES<br />

Hommage à Jean-Luc Gaboreau<br />

Jean-Luc GABOREAU<br />

Jean-Louis FOURCAUD nous a<br />

appris en février dernier le décès<br />

de notre ancien collègue<br />

Jean-Luc GABOREAU, qui fut son<br />

prédécesseur à l'IUFM de<br />

Poitou-Charentes.<br />

Jean-Louis BOUZINAC a repris<br />

cette nouvelle avec émotion et<br />

pudeur, en évoquant souvenirs<br />

savoureux (le mémoire de stage<br />

CASU sur les fermetures d'écoles<br />

ou de classes en milieu viticole)<br />

et passages difficiles (un rectorat<br />

sous micro climat!)<br />

Adjoint au maire de Poitiers,<br />

conseiller général de la Vienne,<br />

Jean-Luc avait souhaité il y a trois<br />

ans ne se consacrer qu'à <strong>des</strong><br />

tâches d'enseignement (à l'IUFM,<br />

au CAFA, à l'IPAG et dans d'autres<br />

lieux : école de police de Nîmes,<br />

université de Nanterre...)<br />

Cela lui permettait d'organiser<br />

son emploi du temps avec<br />

beaucoup plus de souplesse et<br />

de concilier au mieux son<br />

engagement politique et son<br />

engagement professionnel, qui<br />

tous deux ont été exceptionnels<br />

jusqu'au bout.<br />

Jusqu'au dernier jour Jean-Luc a<br />

lutté. À l'hôpital, il demandait ses<br />

dossiers de la mairie et il voulait<br />

se lever pour aller à l'IUFM faire<br />

le cours qu'il avait prévu l'après<br />

midi.<br />

Jean-Luc avait 52 ans. Le 8 février<br />

dernier, Claude BARTOLONE,<br />

Ministre de la Ville , lui avait remis<br />

la croix de chevalier de la Légion<br />

d'Honneur.<br />

L'association se joint à cet<br />

hommage<br />

78


Rencontre<br />

avec la nouvelle identité graphique<br />

de l’<strong>ASG</strong><br />

Site : www.cpu.fr/Asgu/

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