La revue des Secrétaires généraux (N°9) - ASG - Amue
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D’ÉTABLISSEMENTS PUBLICS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE RECHERCHE<br />
JUILLET 2002 • N°9
SOMMAIRE<br />
Edito ............................................................................................... p.5<br />
Gestion <strong>des</strong> Ressources Humaines<br />
Deux analyses statistiques<br />
comparées sur les changements de corps..........................................p. 6<br />
Gouvernance<br />
Les Mues de l’Agence.......................................................................p.12<br />
Comment rendre l’université plus “pédagogique” .............................p.20<br />
Quelques pistes d’action à extraire du rapport sur les<br />
“jeunes et les étu<strong>des</strong> scientifiques” ...................................................p.23<br />
Vie étudiante<br />
L’accueil <strong>des</strong> étudiants étrangers .......................................................p.24<br />
Santé et offre de logement ...............................................................p.28<br />
L’avis du Conseil d’Etat .....................................................................p.29<br />
International<br />
Concertation <strong>des</strong> Conférences<br />
<strong>des</strong> Présidents Recteurs d’Europe <strong>La</strong>tine ...........................................p.30<br />
SOMMAIRE<br />
Dossier : Relations avec les collectivités territoriales<br />
Bordeaux :<br />
du développement local à l’ouverture européenne ..........................p.34<br />
Errata ..............................................................................................p.41<br />
Intervention de M.CYTERMANN .....................................................p.42<br />
Séminaire annuel <strong>des</strong> chanceliers (Kanzler)<br />
<strong>des</strong> universités alleman<strong>des</strong>, et de ses paradoxes ...............................p.46<br />
Pour une dévolution<br />
de leur patrimoine aux universités ...................................................p.50<br />
Le SAIC et les partenaires externes<br />
de l’établissement ...........................................................................p.52<br />
L’expérience de PARIS XIII ...............................................................p.56<br />
TVA : Ce qui va changer en 2003 ....................................................p.57<br />
Relations avec les collectivités territoriales :<br />
la solidarité communale ..................................................................p.58<br />
Débat<br />
Autour de la neutralité ....................................................................p.60<br />
Rubriques<br />
Miroir du forum ...............................................................................p.68<br />
De la Territoriale à l’Université, un aller avec retour ..........................p.74<br />
Le Secrétaire Général ........................................................................p.76<br />
Le magasin pittoresque.....................................................................p.77<br />
Hommage à Jean-Luc Gaboreau........................................................p.78<br />
3
“ ”<br />
Le Conseil<br />
d’Administration<br />
Président :<br />
Vice-Présidents :<br />
Secrétaire :<br />
Trésorier :<br />
BUREAU<br />
Pascal AIMÉ<br />
Jean-Pascal BONHOTAL<br />
Monique RONZEAU<br />
Jacques TALBOT<br />
Luc ZIEGLER<br />
Monique RONZEAU<br />
AUTRES MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION<br />
Gérard BARBERAN<br />
Yves CHAIMBAULT<br />
Michel CLEMENS<br />
Françoise GRANGER<br />
Christian HORGUES<br />
Annie JULIEN<br />
Odile MARCOUYOUX<br />
François PAQUIS<br />
Jean-Jacques PELLEGRIN<br />
Didier RAMOND<br />
Georges ROQUEPLAN<br />
4
EDITO<br />
EDITO<br />
Chers collègues,<br />
Pascal Aimé<br />
Président de l’Association<br />
<strong>des</strong> Secrétaires Généraux<br />
Vous constaterez en vous plongeant dans la lecture du n°9 de<br />
notre <strong>revue</strong>, qu’une attention toute particulière a été portée à sa<br />
présentation et à son rubriquage.<br />
Nous espérons que cette nouvelle mise en page vous en facilitera<br />
la lecture et in fine vous séduira. N’hésitez pas à nous faire part de<br />
vos réactions.<br />
Fin mai – début juin, nos journées annuelles nous ont permis de faire<br />
le point sur <strong>des</strong> sujets aussi importants que le développement local ou<br />
l’ouverture européenne. <strong>La</strong> grande qualité <strong>des</strong> interventions et <strong>des</strong><br />
débats qui les ont suivis d’une part, la convivialité et la gentillesse qui<br />
ont présidé à l’organisation de ces journées d’autre part, font de cette<br />
rencontre une totale réussite. Tout le mérite en revient à nos collègues<br />
<strong>des</strong> universités aquitaines : qu’ils en soient ici publiquement remerciés.<br />
Notre association vient de revoir ses statuts afin de s’ouvrir à <strong>des</strong><br />
collègues qui exercent <strong>des</strong> fonctions comparables aux nôtres dans <strong>des</strong><br />
établissements qui ne dépendent pas <strong>des</strong> Ministères de l’éducation<br />
nationale ou de la recherche. C’est une évolution nécessaire qui va<br />
nous permettre de nous interroger sur nos fonctions et leur contenu.<br />
Cette question est d’actualité à l’heure où nous finalisons notre<br />
référentiel de compétences avec la CPU et la DPATE.<br />
Nous souhaitons engager, dans les meilleurs délais et avec les mêmes<br />
partenaires, le chantier de la formation de l’encadrement supérieur<br />
administratif et technique à travers la définition de référentiels de<br />
compétences sur les principales fonctions de l’encadrement.<br />
Enfin une nouvelle équipe ministérielle s’est installée récemment avec<br />
laquelle nous souhaitons revoir certains thèmes tels que le régime<br />
indemnitaire <strong>des</strong> personnels IATOS de l’enseignement supérieur et<br />
le classement indiciaire <strong>des</strong> emplois <strong>des</strong> SGEPES. Ces sujets ne sont<br />
pas nouveaux ; leur permanence illustre la difficulté à les traiter de<br />
manière satisfaisante et définitive.<br />
Puisque vous lirez ces quelques lignes à une date à laquelle vous<br />
prendrez un repos réparateur bien mérité, je me permets de<br />
conclure en vous souhaitant de très bonnes vacances.<br />
Pascal Aimé<br />
5
THÉMATIQUES<br />
Gestion <strong>des</strong> Ressources Humaines<br />
Deux analyses statistiques comparées sur les changements de corps<br />
6<br />
“<br />
Il est communément<br />
admis que les<br />
commissions paritaires<br />
(CAP) fonctionnent<br />
comme <strong>des</strong> boîtes<br />
”<br />
noires.<br />
Il est communément admis que<br />
les commissions administratives<br />
paritaires (CAP) fonctionnent<br />
comme <strong>des</strong> boîtes noires. Le caractère<br />
jurisprudentiel de leurs<br />
critères, en dépit <strong>des</strong> informations<br />
qui peuvent être données<br />
sur les éléments de barème, entretient<br />
cette idée. Il est d’ailleurs<br />
difficile de prétendre transposer<br />
d’une CAP à une autre les règles<br />
de fonctionnement qu’on croit<br />
pouvoir établir. Or, l’acceptation<br />
par les personnels de cette gestion,<br />
leur adhésion à un système<br />
participatif, dépend de cette<br />
compréhension.<br />
Il est apparu intéressant,<br />
puisque le hasard nous permettait<br />
de comparer deux séries statistiques,<br />
de mettre en regard<br />
les données de deux pratiques<br />
d’établissement de listes d’aptitude<br />
au corps supérieur, l’une<br />
dans une CAP académique de<br />
l’administration scolaire et universitaire<br />
(ASU), l’autre dans<br />
une CAP nationale de personnels<br />
Ingénieurs et Techniciens<br />
de Recherche et Formation<br />
(ITRF).<br />
Evidemment, les données,<br />
comme l’auteur, resteront anonymes,<br />
par nécessité et par commodité.<br />
Naturellement, ce travail gagne<br />
en pertinence du fait de la mise<br />
en place actuelle de CAP déconcentrées<br />
pour la catégorie C <strong>des</strong><br />
ITRF.<br />
Les séries statistiques ne sont pas<br />
de même nature : dans un cas, il<br />
s’agit du contrôle d’un Commissaire<br />
Paritaire représentant l’administration<br />
par rapport à ses<br />
propres travaux, avant péréquation<br />
interne à la parité administrative,<br />
et avant le déroulement<br />
de la CAPN ; dans l’autre cas, il<br />
s’agit de l’exploitation <strong>des</strong> résultats<br />
<strong>des</strong> travaux de la CAPA.<br />
Cela renvoie néanmoins à un vrai<br />
débat dans lequel on oppose "les<br />
mo<strong>des</strong> de promotion" retenus<br />
dans l’un comme dans l’autre<br />
cas, et que schématiquement, on<br />
ramène à l’opposition “mérite<br />
contre ancienneté“.<br />
Cette opposition est fausse bien<br />
sûr : autant les commissaires (<strong>des</strong><br />
deux parités) de l’ASU, que ceux<br />
<strong>des</strong> ITRF (également <strong>des</strong> 2 côtés)<br />
aboutissent à ce que les uns et les<br />
autres appellent " la meilleure<br />
liste possible " après avoir tenu<br />
compte dans leur travail aussi<br />
bien de critères de mérite que de<br />
critères d’ancienneté.<br />
Rappelons aussi que le barème,<br />
lorsqu’il existe, n’est jamais<br />
qu’indicatif, en principe.<br />
Mais il est vrai que pour l’une<br />
comme pour l’autre famille, la<br />
liste ou le tableau <strong>des</strong> avancements<br />
résulte d’une recherche<br />
de consensus. <strong>La</strong> décision de<br />
l’autorité investie du pouvoir<br />
d’arrêter vient d’abord consacrer<br />
cet accord, parfois trancher<br />
lorsqu’il y a équilibre <strong>des</strong> voix,<br />
plus rarement inverser un avis,<br />
le risque étant au delà du renvoi<br />
devant le juge, l’affaiblissement<br />
du climat de coopération nécessaire<br />
pour mener la gestion du<br />
corps considéré.
1ère analyse : une CAPA ASU<br />
Précisions en préambule que les<br />
académies ont de gran<strong>des</strong> divergences<br />
de pratiques. Celle qui est<br />
présentée ci-<strong>des</strong>sous n’est qu’un<br />
exemple en rien généralisable au<br />
reste du pays.<br />
Les membres de la commission<br />
paritaire disposent de deux listings,<br />
sur lesquels sont portés les<br />
noms de l’ensemble <strong>des</strong> personnels<br />
promouvables ayant fait acte<br />
de candidature ; l’un est classé<br />
par ordre alphabétique : il ne sert<br />
jamais ; l’autre est classé par ordre<br />
décroissant du barème : il<br />
sera déterminant pour l’établissement<br />
de la liste.<br />
Le barème comprend <strong>des</strong> éléments<br />
d’ancienneté (ancienneté<br />
de corps, de services, éducation<br />
nationale….), et <strong>des</strong> éléments<br />
plus qualitatifs (note et admissibilités)<br />
supposés mieux traduire<br />
la valeur de l’agent.<br />
Cette année là, la CAPA disposait,<br />
par rapport à 6750 agents <strong>des</strong><br />
corps considérés de 23 possibilités<br />
pour 839 personnels remplissant<br />
les conditions d’inscription<br />
sur liste d’aptitude et ayant fait<br />
acte de candidature (le rapport<br />
promotions/promouvables est de<br />
2,75%).<br />
<strong>La</strong> CAPA examine les candidatures<br />
dans l’ordre décroissant du barème<br />
: les 23 premières personnes<br />
qui apparaissent dans cet ordre<br />
devraient donc occuper les 23<br />
premières places. En fait, la CAPA<br />
va <strong>des</strong>cendre très avant dans la<br />
liste, d'abord pour ne retenir en<br />
liste principale que les candidats<br />
qui, n'ayant pas d'avis défavorable,<br />
ne refusent pas la mobilité,<br />
ensuite pour dresser une liste<br />
complémentaire substantielle,<br />
pour faire face aux nombreux refus<br />
de postes qui sont liés à cette<br />
obligation de mobilité.<br />
Des personnes " à barème suffisant<br />
"seront donc écartées de la<br />
possibilité de promotion. En revanche,<br />
aucune personne à " barème<br />
insuffisant " (insuffisant<br />
pour rattraper le dernier de la<br />
liste principale ou complémentaire)<br />
ne sera repêchée pour entrer<br />
dans la liste, hors le cas <strong>des</strong><br />
promotions réservées par le Ministère<br />
pour <strong>des</strong> promotions en<br />
ZEP (2 pour 23 promotions).<br />
Les critères employés sont donc<br />
les suivants :<br />
> 1° Exclusion <strong>des</strong> personnels<br />
dont la demande est assortie<br />
d’un avis défavorable.<br />
Discussion quand l’avis est<br />
plus nuancé (réservé ou<br />
sans opposition), mais peu<br />
de “repêchages“.<br />
> 2° Exclusion <strong>des</strong> personnels<br />
dont la demande ne fait<br />
pas apparaître une acceptation<br />
de mobilité géographique.<br />
> 3° Prise en compte de la proximité<br />
de la retraite (exclusion<br />
quand la personne ne bénéficierait<br />
d’aucun gain pour sa<br />
retraite ; il y a deux dates<br />
d’effet, choix de la date la<br />
plus favorable pour les personnels<br />
proches du départ<br />
pour qui cela représenterait<br />
un gain)<br />
> 4° Personnels en ZEP<br />
THÉMATIQUES<br />
Les résultats finaux sont les suivants :<br />
1°) Inscrits<br />
EPLE Services Etablissements<br />
Académiques d’enseignement supérieur<br />
H F Total H F Total H F Total<br />
Liste principale 1 14 15 0 5 5 0 3 3<br />
Liste complémentaire 2 16 18 0 11 11 1 9 10<br />
7
THÉMATIQUES<br />
Deux analyses statistiques comparées sur les changements de corps<br />
2°) Refusés<br />
EPLE Services Etablissements<br />
Académiques d’enseignement supérieur<br />
H F Total H F Total H F Total<br />
Jusqu'à la fin de la LP 1 15 16 1 4 5 0 4 4<br />
Du début LC à fin LC 0 6 6 0 1 1 0 0 0<br />
Total 1+2<br />
EPLE Services Etablissements<br />
Académiques d’enseignement supérieur<br />
H F Total H F Total H F Total<br />
Liste principale 2 29 31 1 9 10 0 7 7<br />
Liste complémentaire 2 22 24 0 12 12 1 9 10<br />
Conclusions<br />
> 1° Parité hommes femmes<br />
Le % de femmes retenues<br />
(95,6%) est supérieur au % de<br />
femmes dans la population<br />
" utile ", celle qui occupe les 48<br />
premières places au barème<br />
(93,75%). Il apparaît inutile de<br />
pousser l’analyse sur la totalité<br />
de la population <strong>des</strong> promouvables,<br />
mêmes si cela pourrait<br />
permettre de juger du sort réservé<br />
aux anciens militaires.<br />
En revanche, il convient de<br />
souligner que dans cette CAPA,<br />
administrative, un sort défavorable<br />
est réservé aux candidats<br />
homme, originaires de corps<br />
ouvriers ou de service.<br />
> 2° L’effet " service d’affectation<br />
" joue peu. Néanmoins,<br />
en ce qui concerne<br />
les services académiques,<br />
l’appartenance à un “petit“<br />
service (IEN, CIO,<br />
DDIS) n’entraîne pas les<br />
mêmes conséquences que<br />
l’appartenance à un “gros“<br />
service (Inspection Académique<br />
ou Rectorat), la<br />
CAPA acceptant l’idée de<br />
mobilité fonctionnelle au<br />
sein <strong>des</strong> grosses structures.<br />
> 3° Cette idée et cette obligation<br />
de mobilité, tout<br />
comme l’exclusion <strong>des</strong><br />
personnels à compétence<br />
différentes, renvoie à la<br />
notion de complète permutabilité<br />
<strong>des</strong> personnes<br />
du fait de l’indifférenciation<br />
<strong>des</strong> compétences ou<br />
<strong>des</strong> qualifications requises<br />
par les fonctions.<br />
On verra que c’est une notion inverse<br />
qui prévaut pour les ITRF<br />
> 4° Est-il besoin de préciser<br />
que l’avis de la CPE<br />
compte peu ou pas du<br />
tout, sinon dans le caractère<br />
réservé donné à un<br />
avis, au moins sur un classement<br />
<strong>des</strong> deman<strong>des</strong> ?<br />
8
2ème analyse : une CAPN ITRF<br />
Le mode de travail est fondamentalement<br />
différent : alors<br />
que les seules données relatives<br />
aux individus sont les données<br />
quantitatives relatives à la carrière,<br />
et l’avis du chef de service,<br />
ici le classement établi d’abord<br />
en CPE, puis en CAPN résulte<br />
d’une lecture approfondie faite<br />
par les commissaires paritaires<br />
du dossier de candidature de<br />
l’intéressé, lui même constitué<br />
d’un rapport d’activité qu’il rédige,<br />
et d’un rapport d’aptitude<br />
qu’établit son chef de service.<br />
<strong>La</strong> CAPN ne remet jamais en<br />
cause le classement établi au niveau<br />
de l’établissement, soit<br />
pour en modifier l’ordre, soit<br />
pour “repêcher“ <strong>des</strong> candidats<br />
qui figureraient sur la liste finale<br />
de la CPE. Un mauvais dossier<br />
bloquera donc les suivants.<br />
Les critères retenus aux 2 niveaux<br />
CPE et CAPN ne diffèrent guère,<br />
et font intervenir en proportion<br />
variable <strong>des</strong> éléments de formation<br />
initiale, de formation continue,<br />
de technicité, d’autonomie,<br />
de responsabilité (encadrement),<br />
de rayonnement…..<br />
En tout état de cause, ces éléments<br />
ne sont jamais quantifiés<br />
pour entrer dans un barème mathématique.<br />
L’administration propose donc<br />
aux commissaires paritaires, de<br />
travailler sur ces dossiers de candidatures<br />
présentés par les personnes<br />
elles-mêmes et classées<br />
par les établissements. Elle présente<br />
ces dossiers classés par académie<br />
et par établissement, en y<br />
joignant l’avis <strong>des</strong> CPE.<br />
Les représentants de l’administration<br />
travaillent sur ces dossiers,<br />
en fonction d’une répartition<br />
initiale individuelle par<br />
académie, avec concertation<br />
bien sûr, et en interdisant que<br />
chacun voit les dossiers de son<br />
établissement.<br />
Un listing <strong>des</strong> propositions faites<br />
par établissement est joint au document.<br />
Ce listing reprend l’ensemble<br />
<strong>des</strong> établissements où figurent<br />
<strong>des</strong> ITRF, quelles que<br />
soient leur nature et leur taille. Le<br />
nombre de candidatures retenues<br />
par établissement était autrefois<br />
limité à 5.<br />
De la sorte, une question souvent<br />
posée portait sur l’effet de taille :<br />
les “petits“ établissements suspectant<br />
les “gros“ de truster les promotions<br />
et de faire passer <strong>des</strong> candidats<br />
de moins grand mérite.<br />
C’est précisément sur cet objet<br />
qu’un collègue commissaire paritaire<br />
a établi une statistique sur<br />
le travail qu’il a effectué, avant<br />
péréquation avec ses propres<br />
collègues et avant la plénière.<br />
Tels quels les résultats sont significatifs.<br />
9<br />
THÉMATIQUES
THÉMATIQUES<br />
Deux analyses statistiques comparées sur les changements de corps<br />
Qu’on en juge :<br />
10<br />
1°) Analyse effectuée<br />
QUOTA ANALYSE<br />
Sur 6456 promouvables au plan national, 722 personnes ont été proposées par les établissements, et<br />
210 promotions étaient possibles. Le rapport entre le nombre de promotions et le nombre de promouvables<br />
s'établit donc à 3,25%. Il est supérieur à celui de l'avancement précédent, mais les deux chiffres<br />
ne sont pas comparables : celui-ci est (provisoirement) majoré <strong>des</strong> "droits" générés par l'intégration <strong>des</strong><br />
anciens personnels de l'Administration de Recherche et Formation. Celui-là ne retenait que les demandeurs<br />
d'une inscription sur LA, et non la totalité <strong>des</strong> promouvables.<br />
A B C D E Type<br />
Type Nombre Nombre Taux de Droits “théoriques Propositions<br />
d’établissement Promouvables Proposées “sélectivité” de l’établissement après lecture<br />
(B* 3,25%) <strong>des</strong> dossiers<br />
Université 104 4 3,85% 3,38 2<br />
Université 98 3 3,06% 3,19 3<br />
Université 95 4 4,21% 3,09 4<br />
Gd organisme 89 9 10,11% 2,89 3<br />
Université 67 4 5,97% 2,18 2<br />
Université 60 3 5,00% 1,95 3<br />
Université 59 4 6,78% 1,92 2<br />
Université 55 7 12,73% 1,79 3<br />
Université 50 2 4,00% 1,63 2<br />
Université 38 7 18,42% 1,24 2<br />
Université 35 7 20,00% 1,14 2<br />
Gd organisme 28 4 14,29% 0,91 1<br />
Université 28 4 14,29% 0,91 1<br />
Université 23 3 13,04% 0,75 1<br />
Gd organisme 23 8 34,78% 0,75 3<br />
Université 20 2 10,00% 0,65 1<br />
Université 20 4 20,00% 0,65 1<br />
Université 18 4 22,00% 0,59 1<br />
Gd organisme 18 3 16,67% 0,59 0<br />
Université 14 2 14,29% 0,46 2<br />
Ecole 9 3 33,33% 0,29 0<br />
Rectorat 8 2 25,00% 0,26<br />
Gd organisme 6 3 50,00% 0,20 1<br />
IUFM 5 2 40,00% 0,16 0<br />
Rectorat 4 3 75,00% 0,13<br />
Ecole 4 1 25,00% 0,13 1<br />
Ecole 3 1 33,33% 0,10 1<br />
Rectorat 2 2 100,00% 0,07<br />
IUFM 2 0 0,07 0<br />
Ecole 2 1 50,00% 0,07 0<br />
Ecole 2 0 0,07<br />
IUFM 2 0 0,07<br />
Rectorat 1 0 0,03<br />
Totaux = 33 992 106 42
2°) Classification <strong>des</strong> résultats par groupes<br />
Répartition Somme <strong>des</strong> Somme <strong>des</strong> Somme <strong>des</strong> Proportion Proportion Proportion<br />
<strong>des</strong> établissements Promouvables Proposées Retenus par Proposées/ Retenus/ Retenus<br />
par ordre de taille par groupe par groupe mes soins promouvables proposés promouvables<br />
(nbre de promouvables)<br />
1 er groupe > 80 386 20 12 5,18 60,00 3,11<br />
4<br />
2 ème groupe<br />
50 à 80 291 20 12 6,87 60,00 4,12<br />
5<br />
3 ème groupe<br />
30 à 89 73 14 4 19,18 28,57 5,48<br />
2<br />
4 ème groupe<br />
20 à 29 142 25 8 17,61 32,00 5,63<br />
6<br />
5 ème groupe<br />
10 à 19 50 9 3 18,00 33,33 6,00<br />
3<br />
6 ème groupe<br />
THÉMATIQUES<br />
Gouvernance<br />
Les Mues de l’Agence<br />
12<br />
Le GIP AMUE a été renouvelé au<br />
printemps 2002. Les statuts du<br />
GIP sont accessibles sur le site de<br />
l’agence. Sous le même sigle se<br />
cache une substitution de mots<br />
("Mutualisation" remplace<br />
"Modernisation") et se révèle<br />
une intention de mutation aussi<br />
grande que celle qui avait<br />
permis de passer du GIGUE<br />
(qui a "construit les murs")<br />
à la première AMUE<br />
(qui a réalisé le "second œuvre").<br />
<strong>La</strong> seconde AMUE s’oriente vers<br />
un autre type de relations à<br />
l’établissement, vers un 3 ème stade<br />
de l’architecture (la domotique).<br />
Autour de cette idée,<br />
<strong>La</strong> Revue présente ci-après<br />
quelques textes à titre d’illustration,<br />
sans prétention d’exhaustivité.<br />
Elle en remercie les auteurs,<br />
et en premier lieu notre ancien<br />
collègue, Michel GUILLON,<br />
nouveau directeur de l’agence…<br />
Yves CHAIMBAULT<br />
Secrétaire Général de Lille 1<br />
Représentant de l’association<br />
au CA de l’agence<br />
1. Un nouveau directeur à l’Agence<br />
En me portant<br />
candidat<br />
à la direction<br />
de l’AMUE,<br />
j’avais en<br />
tête trois séries<br />
de considérations.<br />
D’une part, je mesure les enjeux<br />
qui pèsent aujourd’hui sur les<br />
établissements d’enseignement<br />
supérieur et la recherche : la matière<br />
grise est, sans doute depuis<br />
fort longtemps, une matière première<br />
déterminante. Les avancées<br />
scientifiques et technologiques,<br />
la mobilité croissante <strong>des</strong><br />
populations la rendront de plus<br />
en plus déterminante. <strong>La</strong> force<br />
<strong>des</strong> universités est un enjeu d’aménagement<br />
du territoire. Je ne<br />
surprendrai aucun d’entre vous<br />
en avançant que je vois un lien<br />
substantiel entre la maîtrise de la<br />
gestion, l’aptitude au pilotage, le<br />
management stratégique et l’excellence<br />
<strong>des</strong> établissements, ce<br />
qui veut dire, de manière significative,<br />
la réussite de leur public.<br />
D’autre part, à considérer les aptitu<strong>des</strong><br />
à la gestion et au pilotage,<br />
ainsi que les outils qui s’y<br />
rapportent, j’ai vite acquis la<br />
conviction qu’aucun établissement<br />
ne pouvait prétendre à les<br />
développer isolément, sinon à<br />
en payer un prix exorbitant, et<br />
sans faire œuvre de solidarité<br />
publique. A tout bien peser, l’Agence<br />
qui a réalisé un énorme<br />
travail de redéfinition et de projection<br />
sous la conduite de Suzanne<br />
MAURY-SILLAND, est bien<br />
l’instrument nécessaire pour atteindre<br />
mieux, plus vite, plus<br />
loin, et moins cher, cet objectif<br />
de développement <strong>des</strong> capacités<br />
de gestion et de management.<br />
Enfin, et c’est une autre histoire,<br />
j’avais, et j’ai encore, l’immo<strong>des</strong>tie<br />
de penser que je peux m’y<br />
rendre utile… Et m’y voici.<br />
J’y suis encore, en écrivant ces lignes,<br />
en phase de reconnaissance<br />
accélérée et approfondie<br />
(vous savez ce que c’est). Je ne<br />
puis vous livrer que quelques réflexions<br />
et quelques orientations.<br />
Beaucoup de choses ont été dites<br />
au sujet du positionnement<br />
de l’Agence. En fait, elle se situe<br />
au centre de la problématique<br />
autonomie/service public. L’autonomie<br />
est un gage de qualité<br />
qui suppose une capacité de différentiation<br />
<strong>des</strong> établissements<br />
entre eux. Les principes du service<br />
public, en particulier le principe<br />
d’égalité, tendent de leur<br />
côté à l’édiction de normes, et<br />
donc à une certaine uniformité.<br />
Je n’ai jamais rencontré que <strong>des</strong><br />
gens qui affirment leur attachement<br />
au service public tout en<br />
appelant de leurs vœux plus de<br />
décentralisation, de déconcentration<br />
et d’autonomie, et qui<br />
ajoutent : " l’autonomie, c’est la<br />
responsabilisation, donc, il faut<br />
de l’évaluation ". Qu’est-ce que<br />
l’évaluation sans une référence ?<br />
Cela dit, je n’ai aussi jamais rencontré<br />
deux personnes qui placent<br />
le curseur exactement au
même endroit entre autonomie<br />
et principes du service public. <strong>La</strong><br />
question <strong>des</strong> produits de l’Agence,<br />
dont le champ correspond<br />
à <strong>des</strong> domaines de forte<br />
réglementation, est évidemment<br />
totalement liée à cette problématique.<br />
Les produits reflètent ce qu’est<br />
notre administration : procédurale.<br />
Ne parle-t-on pas de traitement<br />
automatisé, de chaînes de<br />
traitement ? On a informatisé <strong>des</strong><br />
processus et <strong>des</strong> enchaînements<br />
réglementaires. Or, de plus en<br />
plus, on entend substituer à l’administration<br />
procédurale une administration<br />
d’adaptation, flexible,<br />
répondant aux spécificités et<br />
réactive. Qu’importe! en s’appuyant<br />
sur la puissance croissante<br />
de l’informatique, on informatise<br />
aussi les exceptions :<br />
pour HARPEGE, il a fallu une<br />
analyse et <strong>des</strong> développements<br />
inouïs pour traiter la correspondance<br />
entre la durée réelle <strong>des</strong><br />
congés de maladie et leur impact<br />
financier dans <strong>des</strong> mois à trente<br />
jours, sans omettre le cas de l’agent<br />
dont le congé aura débuté<br />
un 29 février. Pendant ce temps<br />
nos cadres C, voire B, voient leurs<br />
postes de travail complètement<br />
égalisés vers le bas. Je crois qu’il<br />
faut reconsidérer la place de<br />
l’humain dans nos administrations,<br />
sans quoi le discours sur<br />
l’autonomie, l’initiative, la<br />
responsabilité de l’agent public<br />
prendra du plomb dans l’aile.<br />
Cela dit, les produits sont le socle<br />
de l’agence et une nécessité vitale<br />
pour les établissements. J’en<br />
“…j’avais, et j’ai encore,<br />
l’immo<strong>des</strong>tie de<br />
penser que je peux<br />
m’y rendre utile…<br />
Et m’y voici.<br />
”<br />
tiendrai le plus grand compte.<br />
C’est ce que je nomme notre industrie<br />
lourde, ce qui appelle un<br />
management approprié : quand<br />
un produit paraît, son successeur<br />
doit se trouver sur les planches à<br />
<strong>des</strong>sin, tandis qu’on élabore déjà<br />
par ailleurs les concepts du futur…<br />
Mais il faut également gagner<br />
en réactivité pour adapter<br />
les produits par exemple, aux<br />
évolutions réglementaires.<br />
Le secteur <strong>des</strong> services offre un<br />
énorme potentiel de développement<br />
et j’entends bien le faire<br />
progresser hardiment… à la rencontre<br />
<strong>des</strong> établissements. Non<br />
pas qu’il n’y soit déjà, mais parce<br />
que j’estime que l’activité du département<br />
peut s’élargir à <strong>des</strong><br />
champs nouveaux, s’ils correspondent<br />
à <strong>des</strong> attentes. Elle<br />
peut s’ouvrir à <strong>des</strong> publics plus<br />
vastes, à l’image d’un récent séminaire<br />
consacré à l’évaluation<br />
<strong>des</strong> enseignements dans l’assistance<br />
duquel j’ai identifié une<br />
quinzaine de fonctions différentes,<br />
et ceci afin que <strong>des</strong> idées<br />
nouvelles ou originales, <strong>des</strong> acquis<br />
de l’expérience irriguent et<br />
circulent dans tous les canaux<br />
<strong>des</strong> établissements. Elle peut<br />
aussi s’en rapprocher physiquement,<br />
et j’espère <strong>des</strong> formes<br />
d’action qui pourraient se dérouler<br />
dans les établissements<br />
eux-mêmes, là où la modernisation,<br />
le changement, sont palpables.<br />
L’AMUE est aujourd’hui prorogée<br />
jusqu’au 31 décembre 2006.<br />
Elle compte 145 membres. Elle a<br />
souscrit un contrat avec l’Etat,<br />
dense, ambitieux, nécessaire.<br />
Elle n’est pas sans moyens. En<br />
d’autres termes, elle est à la fois<br />
légitimée et dispose d’un programme<br />
et de quelques leviers.<br />
Le temps est venu d’agir.<br />
L’AMUE n’a aucune raison d’être,<br />
en dehors de sa mission. J’ai la<br />
responsabilité d’un outil, et d’un<br />
bel outil, composé d’hommes et<br />
de femmes compétents, engagés<br />
dans leur action. J’en suis honoré<br />
et fier. Cet outil est <strong>des</strong>tiné à vous<br />
apporter les prestations que vous<br />
en attendez avec un niveau de<br />
qualité à la hauteur de vos enjeux.<br />
Les établissements en tireront<br />
d’autant plus de bénéfice<br />
qu’il sera efficace, et cette efficacité<br />
découle en grande partie de<br />
leurs concours. Il s’agit de leurs<br />
contributions financières, sans<br />
doute, mais ce que je sollicite<br />
prioritairement c’est l’apport de<br />
leurs compétences, savoir-faire,<br />
critiques et suggestions.<br />
J’espère avoir très bientôt de vos<br />
nouvelles.<br />
Michel GUILLON<br />
Directeur de l’AMUE<br />
30 juin 2002<br />
THÉMATIQUES<br />
13
THÉMATIQUES<br />
Les Mues de l’Agence<br />
2. L’infrastructure " Produits " : à propos de NABUCO (Hélène BROCHET-TOUTIRI)<br />
14<br />
Et si l’on parlait de NABUCO ?<br />
<strong>La</strong> communication étant un art<br />
difficile, il vaut mieux se contenter<br />
d’énoncer quelques faits intangibles,<br />
vérifiables, et éviter <strong>des</strong> discours<br />
interprétables, sur un sujet<br />
qui depuis <strong>des</strong> années nourrit la<br />
polémique.<br />
NABuCo est un produit de gestion<br />
financière et comptable qui répond<br />
pour l’essentiel aux besoins et aux<br />
contraintes de cette gestion. Les<br />
fonctionnalités offertes aux établissements<br />
sont satisfaisantes, et permettent<br />
d’assurer aux gestionnaires<br />
<strong>des</strong> établissements <strong>des</strong> réponses fiables<br />
à la plupart <strong>des</strong> exigences de<br />
cette gestion.<br />
Sa très grande ouverture permet à<br />
<strong>des</strong> établissements structurés très<br />
différemment de l’utiliser, et un bon<br />
paramétrage initial assure un choix<br />
d’organisation totalement libre. Il<br />
en résulte une certaine complexité,<br />
qui lors <strong>des</strong> phases d’évolution, nécessite<br />
un important travail de<br />
maintenance informatique.<br />
Aujourd’hui, le défi lancé à l’Agence<br />
est d’arriver à conserver les<br />
qualités de ce produit : complétude<br />
fonctionnelle, fiabilité réglementaire,<br />
liberté d’organisation<br />
et sécurité <strong>des</strong> données tout en<br />
améliorant la réactivité lors <strong>des</strong><br />
évolutions réglementaires, et en<br />
assurant l’évolution d’une technologie<br />
maintenant obsolète.<br />
Il nous faut donc assurer une<br />
maintenance efficace, tout en envisageant<br />
une stratégie de renouvellement,<br />
que l’Agence s’est engagée<br />
à réaliser avant le 1er<br />
janvier 2005 : ce sont les engagements<br />
pris lors de la signature du<br />
contrat avec le ministère (relire la<br />
fiche action correspondante) et<br />
approuvés unanimement par<br />
l’Assemblée Générale <strong>des</strong> membres<br />
adhérents.<br />
Pour cela, les travaux de l’Agence<br />
durant l’année 2002 consistent<br />
d’une part à assurer la maintenance<br />
du produit NABuCo en<br />
exécutant le marché de Tierce<br />
Maintenance Applicative (TMA)<br />
notifié à la Société Bull le 10 octobre<br />
2001, et d’autre part à mener<br />
<strong>des</strong> étu<strong>des</strong> visant à définir le<br />
périmètre fonctionnel d’un produit<br />
renouvelé et à examiner le<br />
marché concurrentiel pouvant répondre<br />
aux besoins ainsi précisés.<br />
“<br />
Nabuco répond pour<br />
l’essentiel aux besoins<br />
et aux contraintes de<br />
la gestion financière<br />
et comptable.<br />
”<br />
<strong>La</strong> maintenance est aujourd’hui<br />
très difficile :<br />
• la procédure d’appel d’offre ouvert<br />
lancée en 2001 a conduit au<br />
choix de la société Bull en remplacement<br />
de la société GFI Progiciels<br />
qui assurait initialement les travaux<br />
de TMA et qui a fait une offre non<br />
recevable au sens du Code <strong>des</strong><br />
Marchés Publics. <strong>La</strong> société Bull<br />
doit reprendre la maintenance<br />
d’un produit complexe et mal documenté<br />
en terme de code informatique.<br />
L’équipe mise en place<br />
par le prestataire, peu expérimentée,<br />
maîtrisant peu les concepts<br />
fonctionnels, a du mal à répondre<br />
aux exigences de l’Agence en terme<br />
de qualité de développement et de<br />
délai. Le suivi de ce marché s’avère<br />
extrêmement lourd, il nécessite un<br />
suivi rapproché de toutes les actions<br />
du prestataire.<br />
• L’équipe interne de l’Agence<br />
n’est guère mieux armée, alors<br />
qu’elle doit assurer ce suivi permanent<br />
et détaillé : complètement<br />
désorganisée au printemps<br />
2001, elle a été reconstituée grâce<br />
au dévouement de trois personnes<br />
de l’Agence qui ont accepté<br />
une mobilité interne, sans toutefois<br />
être véritablement préparées<br />
à la complexité <strong>des</strong> tâches à accomplir.<br />
Aujourd’hui cette équipe<br />
doit être complétée fortement, et<br />
<strong>des</strong> recrutements sont en cours<br />
(voir les appels à candidatures sur<br />
le portail internet de l’Agence).<br />
• Plusieurs interventions en Assemblée<br />
Générale nous ont conduit<br />
à développer les raisons de ces difficultés.<br />
Il est inutile d’allonger ce<br />
développement ici (les documents<br />
présentés à l’AG sont disponibles<br />
sur le portail internet de l’Agences).<br />
Parallèlement, et dans le cadre de<br />
l’élaboration du futur système d’information<br />
qui constitue l’objectif cible<br />
de l’Agence pour la période<br />
d’existence du GIP récemment prolongé<br />
et du contrat qui coïncide
avec la durée de vie du GIP, il faut<br />
préparer une solution de renouvellement<br />
du produit NABuCo actuel.<br />
Aujourd’hui, cette solution n’est<br />
pas connue : elle résultera <strong>des</strong> étu<strong>des</strong><br />
engagées qui visent :<br />
• à définir, avec les établissements,<br />
le périmètre fonctionnel<br />
de cette application, en anticipant,<br />
autant que faire se peut,<br />
sur les évolutions à venir (en<br />
particulier liées au contrôle de<br />
gestion et à la réforme de la loi<br />
organique)<br />
• à bâtir une architecture fonctionnelle<br />
et technique modulaire,<br />
en précisant ce que doivent<br />
être les fonctionnalités de<br />
base et les fonctionnalités périphériques,<br />
permettant de donner<br />
une meilleure adaptabilité<br />
et une plus grande ouverture au<br />
produit<br />
• à examiner l’ensemble <strong>des</strong> solutions<br />
du marché (privé ou<br />
non) qui pourraient répondre à<br />
ces exigences<br />
• à définir les préconisations<br />
fonctionnelles et techniques visant<br />
à l’intégration du produit<br />
dans un système d’information<br />
global et cohérent.<br />
Ainsi la solution, qui peut, ou<br />
non, inclure tout ou partie de NA-<br />
BuCo actuel sous une forme renouvelée<br />
technologiquement,<br />
n’est aujourd’hui pas connue.<br />
Le défi quotidien de l’Agence<br />
consiste donc à travailler simultanément<br />
sur deux plans :<br />
permettre aux établissements de<br />
mener une gestion sûre et de<br />
qualité au moyen de l’outil approprié<br />
le plus complet qui soit<br />
actuellement, tout en préparant<br />
la succession de ce produit dans<br />
une optique de renouvellement<br />
profond. Nous y réussirons d’autant<br />
mieux, et d’autant plus vite,<br />
en asociant toutes les forces de<br />
l’Agence aux compétences nombreuses<br />
<strong>des</strong> établissements.<br />
THÉMATIQUES<br />
3. Le Pilotage : une forme de réorientation <strong>des</strong> actions de l’agence<br />
<strong>La</strong> Revue avait annoncé la tenue<br />
du séminaire du 27 Mars. Les<br />
actes complets sont accessibles sur<br />
le site de l’agence. Il s’agissait à la<br />
fois, comme l’a exprimé Hélène<br />
Brochet, de questions théoriques<br />
touchant aux démarches de gouvernance,<br />
de pilotage et d’aide à<br />
la décision, et techniques se préoccupant<br />
<strong>des</strong> outils de recueil et<br />
de traitement <strong>des</strong> informations à<br />
élaborer dans cette perspective.<br />
<strong>La</strong> Revue reprend ici trois extraits<br />
d’interventions prononcées lors de<br />
cette journée consacrée au pilotage<br />
<strong>des</strong> établissements : l'introduction<br />
d'Hélène BROCHET, la<br />
présentation de P. Personne et le<br />
distingo fait par Strasbourg 1 <strong>des</strong><br />
indicateurs de gestion et <strong>des</strong> indicateurs<br />
politiques.<br />
Introduction de la journée (Hélène BROCHET-TOUTIRI)<br />
<strong>La</strong> démarche pilotage entend<br />
aborder directement <strong>des</strong> problématiques<br />
au cœur de la réflexion<br />
actuelle au sein <strong>des</strong> Universités et<br />
établissements.<br />
Du point de vue technique, c’est<br />
l’occasion de présenter une démarche<br />
nouvelle de l’Agence de<br />
Modernisation <strong>des</strong> Universités et<br />
<strong>des</strong> établissements. Plutôt que<br />
proposer un produit fini et<br />
unique, l’Agence veut, avec l’aide<br />
de différents établissements,<br />
conduire une expérimentation<br />
collective autour de l’entrepôt de<br />
données, permettant ensuite à<br />
chacun de construire son propre<br />
système d’information.<br />
Il est déjà possible d’identifier<br />
trois facteurs de réussite de ces<br />
projets dans les établissements :<br />
• un portage politique fort <strong>des</strong><br />
équipes dirigeantes est indispensable,<br />
• les acteurs <strong>des</strong> différents niveaux<br />
(enseignants, personnels,<br />
gestionnaires, etc.) doivent tous<br />
être convaincus de l’intérêt <strong>des</strong><br />
informations à entrer dans les<br />
bases de données pour en garantir<br />
la fiabilité et la complétude,<br />
• et, enfin, un binôme fonctionnel/informaticien<br />
travaillant en<br />
étroite collaboration doit assurer<br />
la mise en place et le suivi du<br />
système.<br />
15
THÉMATIQUES<br />
<strong>La</strong> problématique et les enjeux<br />
(Paul PERSONNE, ancien Président d’Université, est Président du comité plénier pilotage.)<br />
Cette journée répond aux préoccupations<br />
exprimées il y a deux<br />
ans par Jean-Pierre FINANCE (ancien<br />
Président d’université), lorsqu’il<br />
témoignait du besoin d’éléments<br />
objectifs et partagés pour<br />
la prise de décision.<br />
Le pilotage :<br />
une démarche de l’établissement<br />
pour l’établissement<br />
Le pilotage participe d’un changement<br />
culturel, délaissant une culture<br />
administrative statique pour<br />
une culture de gestion réactive par<br />
projets, notamment dans le cadre<br />
du projet d’établissement et du<br />
contrat quadriennal. Dans ce<br />
contexte qui implique une stratégie<br />
et l’adéquation <strong>des</strong> moyens aux<br />
objectifs, il est indispensable de<br />
disposer d’indicateurs efficaces<br />
(pertinents et partagés) qui permettent<br />
de surveiller régulièrement<br />
les écarts aux objectifs et choix stratégiques<br />
fixés et rendent ainsi possible<br />
une réactivité permanente.<br />
Tel qu’il est formalisé par le consultant<br />
sollicité par l’Agence, le pilotage<br />
se présente comme une méthodologie<br />
d’optimisation <strong>des</strong><br />
performances de l’établissement<br />
et, en particulier, de l’élaboration<br />
et de la mise en œuvre du contrat.<br />
Il implique <strong>des</strong> éléments de paramétrage<br />
(un cap, une trajectoire),<br />
les moyens d’une observation permanente<br />
de l’état du système piloté<br />
et, surtout, un système d’alerte<br />
susceptible de ne pas mettre le pilote<br />
devant le fait accompli.<br />
Surtout, le pilotage est une démarche<br />
de l’établissement dans<br />
son ensemble. L’unique manière<br />
de le faire réussir est de la porter<br />
au plus haut niveau ; c’est pourquoi<br />
il est souhaitable de l’inscrire<br />
dans le contrat d’établissement.<br />
En même temps, il faut le faire<br />
partager et légitimer par tous. Ceci<br />
est lourd de conséquences : <strong>des</strong><br />
moyens adaptés et un énorme effort<br />
de formation <strong>des</strong> personnels<br />
s’avèrent indispensables.<br />
Le pilotage est également une démarche<br />
pour l’établissement. Il<br />
permet d’avoir une information<br />
rapide, efficace pour la planification<br />
par la direction et, simultanément<br />
une information utile<br />
pour les autres acteurs.<br />
Les étudiants et l’environnement<br />
demandent aux universités de<br />
rendre <strong>des</strong> comptes en termes<br />
d’efficacité ; c’est la condition et<br />
la contrepartie de leur autonomie<br />
et <strong>des</strong> politiques contractuelles.<br />
C’est l’ensemble <strong>des</strong> thèmes de<br />
cette démarche que les différents<br />
témoignages d’établissements<br />
vont nous permettre d’approfondir<br />
en nous faisant partager leurs<br />
expériences.<br />
Modalités d’utilisation de l’entrepôt de données de l’ULP :<br />
mise en œuvre d’un suivi du contrat quadriennal 2001-2004 (Pascal AIME et Anne-Fabienne MALET)<br />
16<br />
Notre expérience repose sur un acquis<br />
: l’utilisation d’outils de gestion<br />
au quotidien (Bilan social, outils pour<br />
le redéploiement <strong>des</strong> emplois ou<br />
pour le suivi <strong>des</strong> contrats de plan,<br />
etc.). Pour moi, ce sont <strong>des</strong> indicateurs<br />
de gestion, qu’il faut distinguer<br />
<strong>des</strong> indicateurs pour le pilotage stratégique<br />
de l’établissement. Ce sont<br />
ces derniers qui nous intéressent ici.<br />
Nous envisagerons le pilotage à travers<br />
son outil le plus important : le<br />
projet d’établissement. C’est par rapport<br />
à lui qu’est menée l’évaluation.<br />
Principes méthodologiques<br />
Le partage de l’information<br />
Non seulement l’information doit<br />
circuler en interne, mais il également<br />
nécessaire de la mettre à<br />
disposition de l’extérieur. Notre<br />
choix a été de considérer que l’université<br />
est un établissements<br />
public et a <strong>des</strong> comptes à rendre :<br />
nous souhaitons afficher les résultats<br />
<strong>des</strong> évaluations sur le site intranet<br />
et, à terme, une part d’entre<br />
eux sur le site web de<br />
l’Université.<br />
Eviter les sources déclaratives<br />
Notre objectif est d’automatiser la<br />
production <strong>des</strong> indicateurs sur les<br />
bases les plus fiables possible. En<br />
privilégiant la collecte d’information<br />
auprès <strong>des</strong> logiciels de gestion<br />
plutôt qu’auprès <strong>des</strong> acteurs, nous<br />
souhaitons économiser du temps et<br />
de l’énergie tout en évitant <strong>des</strong> critiques<br />
sur la qualité de nos sources.<br />
Ne pas fixer trop strictement<br />
<strong>des</strong> indicateurs<br />
Il n’existe pas d’indicateur type :<br />
un indicateur doit être articulé à la
politique de l’établissement, qui<br />
est le véritable guide dans l’élaboration<br />
du système d’information.<br />
Ne pas négliger l’appropriation<br />
<strong>des</strong> indicateurs :<br />
Nous nous rendons compte que<br />
la construction <strong>des</strong> indicateurs<br />
est difficile : elle n’est jamais<br />
achevée avant son appropriation<br />
par le terrain. Il faut anticiper au<br />
mieux les problèmes que cette<br />
appropriation pose.<br />
Maintenir les données à jour :<br />
Nous sommes tous capables de<br />
produire <strong>des</strong> informations à un<br />
moment donné. <strong>La</strong> vraie difficulté<br />
réside dans le maintien<br />
dans le temps de la validité <strong>des</strong><br />
données.<br />
Veiller à la cohérence du système<br />
d’information :<br />
Comme Rennes 1, nous réfléchissons<br />
à la fonction de responsable<br />
du système d’information<br />
à l’Université. Nous avons créé<br />
un comité de pilotage chargé de<br />
valider les sources d’information<br />
utilisées. Sans briser les initiatives,<br />
nous essaierons de construire<br />
un système relativement<br />
contraint, au sens où la source<br />
<strong>des</strong> données sera imposée.<br />
Nous avons adopté une approche<br />
globale du projet, centrée aujourd’hui<br />
sur un outil de suivi du projet<br />
d’établissement, que nous souhaitons<br />
mettre en ligne sur intranet.<br />
Pour rendre accessible les informations<br />
au plus grand nombre, les indicateurs<br />
seront présentés pour l’établissement<br />
mais aussi, grâce à un<br />
moteur de recherche, pour une<br />
composante ou par nature (indicateurs<br />
financiers, pédagogiques ou<br />
données sur le personnel). Nous<br />
travaillerons sur ces questions à<br />
partir de l’été prochain.<br />
THÉMATIQUES<br />
4. Correspondances entre problématiques et services de l’agence :<br />
l’exemple de la déconcentration interne<br />
<strong>La</strong> Revue a interviewé, pour son<br />
numéro 6, Christine MUSSELIN.<br />
Entre autres idées figurait celle<br />
d’une forte française quant à la<br />
place <strong>des</strong> Directeurs de composantes<br />
dans la fonction exécutive (partagés<br />
entre un rôle de représentation<br />
de la base et un rôle de relais<br />
de l’exécutif de l’établissement). <strong>La</strong><br />
position exprimée en mars dernier<br />
par certains directeurs de Lille 1<br />
illustre en quelque sorte cette difficulté<br />
de positionnement. Lors de<br />
son élection, le nouveau Président<br />
de Strasbourg 2, François-Xavier<br />
CUCHE n'a-t-il pas parlé de "risque<br />
d'éclatement du métier d'enseignant-chercheur-administrateur",<br />
en estimant que l'université devait<br />
lutter pour maintenir l'unité de<br />
cette vocation" ?(cité par l'AEF)<br />
Échanges de réflexions entre quelques<br />
directeurs de composantes<br />
Résumé par un Directeur d’UFR IEEA,<br />
Jean-Pierre STEEN<br />
Un positionnement devenu plus complexe :<br />
les directeurs de composantes<br />
"Nous constatons que les Composantes<br />
de l’Université sont progressivement<br />
vidées de leurs<br />
responsabilités en matière de formation<br />
et de recherche, et ne<br />
subsistent plus que comme centre<br />
de gestion administrative et financière.<br />
Ce constat appelle une<br />
réflexion de fond sur leur rôle.<br />
Les Directeurs de Composantes<br />
sont élus par un conseil élu. Nous<br />
avons la responsabilité de la gestion<br />
de ces composantes.<br />
A ce titre, nous sommes en<br />
contact direct avec la " base ", là<br />
où les intérêts de la recherche et<br />
de l’enseignement se rencontrent.<br />
Aussi, nous demandons à être associé<br />
au fonctionnement de l’Université.<br />
Notre rôle peut être double :<br />
• Apporter notre éclairage dans<br />
la préparation <strong>des</strong> choix politiques<br />
ou techniques.<br />
• Etre le relais, pour l’explication<br />
aux collègues et l’application,<br />
<strong>des</strong> décisions <strong>des</strong> Conseils de<br />
l’Université.<br />
Ceci nécessite de nous donner les<br />
moyens de remplir nos missions :<br />
• Etre prévenus <strong>des</strong> décisions à<br />
prendre et pouvoir obtenir l’avis<br />
de nos conseils.<br />
• Avoir <strong>des</strong> réunions de Directeurs<br />
de Composantes, éventuellement<br />
élargies aux<br />
Responsables <strong>des</strong> Services<br />
Communs, assez fréquentes<br />
(1 par mois, au moins) et qui<br />
soient un lieu d’échanges et de<br />
discussion, si pas de décision.<br />
17
THÉMATIQUES<br />
Les Mues de l’Agence<br />
18<br />
• Recevoir une formation, autant<br />
politique que technique, associée<br />
à la fonction.<br />
• Avoir les moyens, d’abord en<br />
personnel (en particulier, à la<br />
tête du secrétariat de la Composante,<br />
avoir un personnel de<br />
haut niveau technique qui<br />
puisse être une aide efficace à la<br />
décision), puis en équipement,<br />
de gestion au niveau local.<br />
Etre le relais entre la "base" et<br />
l’équipe de direction est notre<br />
première priorité. Ceci devrait<br />
permettre d’instaurer un fonctionnement<br />
plus démocratique<br />
et plus "participatif" de l’ensemble<br />
de notre université. Au<br />
fil de ces réunions de Directeurs<br />
de Composantes, devrait s’instaurer,<br />
entre nous, bien sûr, mais,<br />
surtout, entre petits et grands<br />
élus, <strong>des</strong> relations plus confiantes,<br />
davantage interactives et, du<br />
coup, plus constructives.<br />
<strong>La</strong> charge de Directeur de Composante<br />
est très lourde. Bientôt,<br />
nous serons remplacés par <strong>des</strong><br />
plus jeunes. Il ne faut pas que,<br />
pour eux, cette fonction implique<br />
la mise en sommeil de leur activité<br />
de recherche. Il est donc fondamental<br />
que chaque directeur<br />
de Composante puisse profiter de<br />
la décharge maximum de service.<br />
Pour certains de nos collègues, les<br />
UFR permettent une identification<br />
nette <strong>des</strong> disciplines, qui<br />
n’empêchent pas la coopération<br />
interdisciplinaire. Cette identité<br />
est un facteur de clarté pour la coopération<br />
internationale, tant au<br />
niveau <strong>des</strong> chercheurs qu’au<br />
niveau <strong>des</strong> étudiants."<br />
• Un exemple de réponse :<br />
le partage d’expérience de<br />
Nantes<br />
L'Agence avait identifié, dans le<br />
cadre <strong>des</strong> Journées sur les<br />
démarches qualitatives en<br />
Ressources humaines <strong>des</strong> 18 et<br />
19 juin, une journée intitulée<br />
"Culture RH et culture du supérieur"<br />
au cours de laquelle notre<br />
collègue Jean Narvaez,<br />
Secrétaire général de l'université<br />
de Nantes, a présenté, sous l'intitulé<br />
"Délégations de signatures<br />
et déconcentration administrative",<br />
l'expérience menée à<br />
Nantes sur le changement organisationnel.<br />
Au delà du cas particulier<br />
de Nantes, c'est la<br />
démarche qui intéresse.<br />
Partant d'un rapport d'audit<br />
remis en 1998 par le cabinet<br />
BRUNHES, l'université a entrepris<br />
sur deux ans (1999 à 2001)<br />
de procéder à une réorganisation<br />
interne profonde. Partant<br />
d'un constat de dysfonctionnements<br />
ou de "méfonctionnements",<br />
et notamment d'une<br />
problématique de relations<br />
Centre-composantes difficiles<br />
(tradition d'irredentisme facultaire,<br />
souhait fort d'autonomie,<br />
ressenti de très forte centralisation<br />
sans réelle efficience, sans<br />
lisibilité <strong>des</strong> responsabilités, sans<br />
qualité du service rendu), l'université<br />
a remis à plat ces relations<br />
et ses procédures notamment<br />
au travers de deux outils<br />
fondamentaux :<br />
<strong>La</strong> délégation donnée aux directeurs<br />
d'UFR. L'accompagnement<br />
logistique et humain par la mise<br />
en place de Responsables administratifs<br />
et <strong>des</strong> transferts de services<br />
(notion d'"UFR d'appui")<br />
Elle a bien sûr, et cela paraît fondamental,<br />
défini <strong>des</strong> dispositifs<br />
d'accompagnement (en direction<br />
<strong>des</strong> doyens : séminaires<br />
réguliers, conférences ; en direction<br />
<strong>des</strong> responsables administratifs<br />
: fiches de poste, action de<br />
formation-action, gui<strong>des</strong> pratiques).<br />
Jean NARVAEZ a conclu son<br />
intervention en procédant à un<br />
premier bilan (une première<br />
évaluation) sans complaisance,<br />
et en dégageant <strong>des</strong> facteurs de<br />
succès. Chacun pourra voir dans<br />
quelle mesure il peut s'en inspirer.
Un outil : le Réseau d'Aide au<br />
Piloge<br />
Dans le cadre de la démarche<br />
pilotage, l'AMUE a choisi de<br />
constituer et d'animer un réseau<br />
d'aide au pilotage, le "RAP".<br />
Sibylle ROCHAS, chargée de mission<br />
aide au pilotage au sein du<br />
département services de<br />
l'Agence, nous le présente ci<strong>des</strong>sous<br />
:<br />
Le RAP se présente sous la forme<br />
de pages web ainsi que d'une<br />
liste de diffusion, puis de réunions.<br />
Les pages web ont vocation à<br />
capitaliser <strong>des</strong> enseignements,<br />
<strong>des</strong> documents, <strong>des</strong> outils, <strong>des</strong><br />
contacts utiles dans la perspective<br />
de l'aide au pilotage <strong>des</strong> établissements.<br />
A chaque lecteur<br />
intéressé de prendre ensuite les<br />
contacts nécessaires pour aller<br />
plus loin et approfondir le ou les<br />
points qui l'intéressent. <strong>La</strong> liste<br />
de diffusion permet d'obtenir<br />
une réponse rapide en interrogeant<br />
l'ensemble <strong>des</strong> abonnés.<br />
Les réunions permettront <strong>des</strong><br />
contacts et <strong>des</strong> échanges approfondis<br />
sur un thème donné entre<br />
membres du RAP.<br />
L'objectif est de permettre et<br />
faciliter les échanges entre établissements.<br />
Il s'adresse notamment<br />
aux personnes en charge<br />
<strong>des</strong> "statistiques, pilotage,<br />
contrôle de gestion" dans le but<br />
de faciliter les échanges sur les<br />
métho<strong>des</strong> et pratiques en matière<br />
d'aide à la décision et de pilotage<br />
<strong>des</strong> établissements, de<br />
mutualiser les expériences et de<br />
permettre une meilleure transmission<br />
<strong>des</strong> acquis et métho<strong>des</strong><br />
entre établissements.<br />
Ces pages ont vocation à capitaliser<br />
<strong>des</strong> enseignements, <strong>des</strong><br />
documents, <strong>des</strong> outils, <strong>des</strong><br />
contacts utiles dans la perspective<br />
de l'aide au pilotage <strong>des</strong> établissements.<br />
Ce site, pour vivre,<br />
doit s'enrichir <strong>des</strong> contributions,<br />
de tous, telles que :<br />
• la présentation de la structure,<br />
cellule, personne... en charge de<br />
l'aide au pilotage (rôle, mission,<br />
activités), lorsqu' elle existe,<br />
• une synthèse <strong>des</strong> travaux réalisés,<br />
• <strong>des</strong> documents classés par domaines<br />
d'activité, etc. (cf. modèles<br />
à télécharger sur le site),<br />
• les questions que vous souhaitez<br />
poser à la liste d'abonnés.<br />
Il ne s'agit pas d'être exhaustif,<br />
mais de permettre au visiteur<br />
d'avoir une vision synthétique<br />
afin qu'il puisse prendre les<br />
contacts nécessaires pour aller<br />
plus loin et approfondir le ou les<br />
points qui l'intéressent. L'accès à<br />
cet espace est restreint aux établissements<br />
d'enseignement<br />
supérieur adhérents de l'Agence.<br />
Les documents présentés sont<br />
<strong>des</strong> documents de travail : ils<br />
n'ont aucun caractère "officiel".<br />
Chaque contributeur est responsable<br />
du contenu <strong>des</strong> documents<br />
présentés.<br />
Les établissements qui se sont dotés<br />
de l'outil "Entrepôt de données" :<br />
1ère vague : AMIENS, BESANCON,<br />
LILLE 1, LILLE 2, PARIS 6, RENNES 1,<br />
STRASBOURG 1, VERSAILLES-ST QUENTIN<br />
2ème vague : DIJON, CLERMONT 2,<br />
INPG, MONTPELLIER 2, MONTPELLIER 3<br />
THÉMATIQUES<br />
19
THÉMATIQUES<br />
Comment rendre<br />
l’université plus “pédagogique” ?<br />
20<br />
Maurice Porchet<br />
juin 2002<br />
Depuis 1985, l’université française<br />
a dû surmonter de nombreuses<br />
difficultés et notamment deux<br />
problèmes structurels majeurs :<br />
• l’augmentation considérable<br />
de ses effectifs étudiants<br />
(de 1985 à 1995) ; c’est ce que<br />
l’on a appelé d’une manière peu<br />
élégante l’université de "masse"<br />
• l’amélioration de sa<br />
pratique de la recherche grâce à<br />
un meilleur partenariat avec le<br />
CNRS, en particulier.<br />
Des résultats significatifs ont été<br />
obtenus dans ces deux domaines<br />
(bonne formation, en général, de<br />
nos étudiants et véritable évaluation<br />
de l’activité de recherche <strong>des</strong><br />
enseignants-chercheurs) et l’on<br />
peut regretter que la situation soit<br />
totalement différente au niveau<br />
de la formation, seul domaine<br />
que j’aborderai dans cet article.<br />
Une désaffection nette de la<br />
part <strong>des</strong> étudiants<br />
Le Ministre de l’Education Nationale<br />
m’a confié, en novembre<br />
2001, une mission d’information<br />
sur la " désaffection <strong>des</strong> filières<br />
scientifiques " (*)<br />
Le constat est sans appel. Depuis<br />
1995, les jeunes bacheliers S délaissent,<br />
chaque année un peu<br />
plus, les filières scientifiques universitaires<br />
longues (1er et 2ème<br />
cycles). <strong>La</strong> situation est dramatique<br />
en Sciences de la Matière<br />
(Physique, Chimie), préoccupante<br />
en Sciences de la Vie (1er<br />
cycle) et en Mathématiques (second<br />
cycle).<br />
En revanche, l’ensemble <strong>des</strong> filières<br />
professionnalisantes (IUT,<br />
BTS et surtout les sciences de l’ingénieur)<br />
ne rencontre aucune<br />
désaffection. <strong>La</strong> tendance est<br />
identique en 3ème cycle où les<br />
DESS connaissent un succès mérité<br />
alors que les DEA n’arrivent<br />
plus à recruter nos meilleurs étudiants.<br />
Au cours de mes investigations,<br />
j’ai découvert également que<br />
d’autres disciplines étaient touchées,<br />
notamment les lettres<br />
classiques qui sont en passe de<br />
disparaître dans de nombreux<br />
établissements mais encore, le<br />
Droit où la chute <strong>des</strong> effectifs<br />
commence à inquiéter les universitaires<br />
…<br />
En résumé, la baisse <strong>des</strong> effectifs<br />
étudiants s’accroît au profit de<br />
structures plus accueillantes et<br />
répondant davantage aux souhaits<br />
<strong>des</strong> jeunes et de leurs parents.<br />
Les conséquences sont facilement<br />
imaginables à court<br />
terme :<br />
• moins de recrutement de nouveaux<br />
Maîtres de<br />
conférences dans les disciplines<br />
touchées<br />
• redéploiement en interne <strong>des</strong><br />
emplois d’enseignants chercheurs<br />
• fermeture de certaines filières<br />
d’enseignement (dont <strong>des</strong> premiers<br />
cycles)<br />
• fermeture de sites universitaires<br />
d’ici dix ans<br />
Ce scénario catastrophe est tout à<br />
fait probable, et l’on peut d’ores<br />
et déjà l’observer chez plusieurs<br />
de nos voisins européens.<br />
Quelle réponse<br />
faut-il apporter ?<br />
Mon analyse de la situation, m’a<br />
conduit à remettre en cause les<br />
pratiques enseignantes en vigueur<br />
non seulement à l’université<br />
mais également au lycée. Je<br />
suis totalement convaincu<br />
(même si beaucoup de Présidents<br />
d’Université ne sont pas de<br />
mon avis) que nous devons réinventer<br />
une université enfin "<br />
pédagogique " qui porterait une<br />
plus grande attention au suivi de<br />
la scolarité de ses étudiants et qui<br />
démontrerait une véritable<br />
connaissance <strong>des</strong> débouchés<br />
professionnels <strong>des</strong> disciplines<br />
concernées.<br />
(*) Le rapport est en ligne sur le site du Ministère " Les jeunes et les étu<strong>des</strong> scientifiques. Les causes de la<br />
désaffection. Un plan d’action ".
L’exemple à suivre me paraît être<br />
celui <strong>des</strong> écoles d’ingénieurs où<br />
sont mis en place :<br />
• un Directeur <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> ou de<br />
la pédagogie avec un pouvoir<br />
réel<br />
• <strong>des</strong> équipes pédagogiques<br />
consistantes<br />
• une véritable évaluation <strong>des</strong><br />
enseignements<br />
• une identification assez précise<br />
<strong>des</strong> débouchés professionnels<br />
Le rayonnement de ces établissements<br />
est très positif auprès<br />
<strong>des</strong> étudiants mais soulignons<br />
également la qualité de leur recherche.<br />
L’étudiant de 2002 a changé<br />
Ses attentes ne sont plus les mêmes<br />
face au système éducatif.<br />
81% <strong>des</strong> étudiants (d’après la<br />
DPD) poursuivent <strong>des</strong> étu<strong>des</strong><br />
universitaires en vue d’exercer<br />
un emploi.<br />
Les bacheliers recherchent donc<br />
en priorité <strong>des</strong> filières :<br />
• à vocation professionnelle<br />
• à effectifs réduits<br />
• bien encadrées (proches de la<br />
structure du lycée)<br />
Cette offre de formation est<br />
abondante et diversifiée dans le<br />
secteur sciences et technologies<br />
(IUT, STS, CPGE, écoles) alors que<br />
dans le secteur juridique, l’université<br />
est incontournable. Il en<br />
résulte donc une situation de<br />
forte concurrence dans le domaine<br />
<strong>des</strong> sciences et technologies,<br />
pénalisant davantage les<br />
DEUG dont l’image négative relayée<br />
dans le public et les médias<br />
évoque :<br />
• l’anonymat<br />
• les amphis surchargés<br />
• l’absence de lisibilité professionnelle<br />
Les universités face à ce constat<br />
ont une obligation morale de<br />
s’investir dans le "pédagogique".<br />
Et pourtant…<br />
Les blocages permanents<br />
Ils sont connus de tous mais les<br />
solutions tardent :<br />
• carrières <strong>des</strong> enseignants chercheurs<br />
gérées presque exclusivement<br />
sur <strong>des</strong> critères de recherche<br />
• très peu de structures pédagogiques<br />
dans nos universités<br />
(équipes pédagogiques, service<br />
universitaire de pédagogie)<br />
• refus du système d’intégrer l’idée<br />
d’une formation <strong>des</strong> jeunes<br />
enseignants chercheurs à la<br />
pédagogie (les CIES restent très<br />
marginalisés dans certaines<br />
académies).<br />
A noter que ces blocages ne sont<br />
pas seulement institutionnels,<br />
mais parfaitement intégrés par les<br />
universitaires. A ce sujet, je peux<br />
citer trois anecdotes récentes :<br />
• un Président d’université m’avait<br />
demandé un rapport sur la<br />
réorganisation pédagogique<br />
de son établissement. L’idée de<br />
la création d’un service de pédagogie,<br />
regroupant <strong>des</strong> structures<br />
totalement inefficaces et<br />
donc à supprimer, lui a semblé<br />
impossible à concrétiser.<br />
• Un conseiller d’établissement<br />
dissuadant il y a quelques mois<br />
une université, de créer un SUP<br />
(service universitaire de pédagogie).<br />
• Un Président d’université me<br />
disant " nous devons rester <strong>des</strong><br />
universitaires !! " (ce qui signifie<br />
que nous n’avons pas à nous<br />
préoccuper de pédagogie ;<br />
c’est aux étudiants à " travailler<br />
plus ")<br />
Or, la réalité n’est plus celle-là.<br />
Les sondages de la DPD (non publiés<br />
au colloque de Lille car jugés<br />
trop négatifs) montrent que<br />
60 à 80 % <strong>des</strong> étudiants sont déçus<br />
de leur première année de<br />
DEUG. <strong>La</strong> désaffection s’explique<br />
donc simplement.<br />
Quelques repères<br />
Il serait très intéressant d’analyser<br />
l’ensemble <strong>des</strong> contrats d’établissement<br />
signés tous les quatre<br />
ans et de s’interroger sur le<br />
fait que les universités n’aient<br />
pas su anticiper le problème de<br />
la désaffection de leurs étudiants<br />
ni chercher à y remédier (à de rares<br />
exceptions près).<br />
Il est stupéfiant d’observer avec<br />
quelle rapidité, les universitaires<br />
s’adaptent à tous les appels d’offre<br />
de la DES : celui concernant<br />
les équipes pédagogiques est un<br />
THÉMATIQUES<br />
21
THÉMATIQUES<br />
Comment rendre l’université plus “pédagogique” ?<br />
véritable cas d’école. J’ai vu foisonner<br />
<strong>des</strong> listes impressionnantes<br />
d’équipes pédagogiques sans que<br />
cela recouvre la moindre réalité.<br />
Les universitaires en restent trop<br />
souvent au stade <strong>des</strong> intentions<br />
et imaginent à tort qu’il leur suffit<br />
d’exprimer <strong>des</strong> idées pour<br />
qu’elles deviennent réalité.<br />
<strong>La</strong> pratique <strong>des</strong> contrats d’établissement<br />
est excellente mais il<br />
manque le volet essentiel : l’évaluation<br />
finale. Il faut la mettre<br />
d’urgence en place et décerner <strong>des</strong><br />
labels aux universités efficaces, sachant<br />
que les résultats seraient<br />
bien entendu rendus publics.<br />
Une organisation plus<br />
pédagogique de l’université<br />
Elle repose sur quelques idées<br />
simples :<br />
• L’université ne doit pas seulement<br />
transmettre <strong>des</strong> connaissances,<br />
elle doit aider l’étudiant<br />
à se bâtir un projet personnel<br />
(professionnel ?). C’est<br />
peut-être contraire à beaucoup<br />
de traditions universitaires<br />
mais c’est une demande forte<br />
de notre société.<br />
• L’enseignant universitaire doit<br />
coordonner son enseignement<br />
avec la formation dispensée au<br />
lycée. Cette adaptation au public<br />
<strong>des</strong> nouveaux bacheliers relève<br />
d’une démarche pédagogique.<br />
• Il n’est pas utile de se lamenter<br />
constamment sur le " niveau "<br />
<strong>des</strong> étudiants, leur " incapacité "<br />
à travailler, à rédiger… L’alternative<br />
est simple : ou les étu<strong>des</strong><br />
universitaires longues supposent<br />
une sélection <strong>des</strong> postulants (et<br />
nos DEUG seront remplacés par<br />
quelques classes préparatoires)<br />
ou nous restons dans le cadre légal<br />
actuel et nous nous adaptons<br />
aux bacheliers.<br />
• <strong>La</strong> pratique enseignante en début<br />
de DEUG doit être profondément<br />
remaniée (cf. rapport<br />
remis au Ministre)<br />
• Les maîtres de conférences doivent<br />
être formés à leur métier<br />
d’enseignant. C’est devenu indispensable<br />
(gestion d’un<br />
groupe, gestion du stress, communication…).<br />
Les CIES oeuvrent<br />
en ce sens malgré <strong>des</strong><br />
moyens dérisoires. Au lieu de<br />
critiquer ces initiatives, les universités<br />
devraient s’investir davantage<br />
dans ce domaine et<br />
leur apporter une aide efficace.<br />
• Donner enfin une réelle consistance<br />
aux équipes pédagogiques,<br />
aux structures d’animation<br />
(type service<br />
universitaire de pédagogie) et<br />
à la formation <strong>des</strong> universitaires<br />
aux multiples facettes de<br />
leur métier.<br />
Etat <strong>des</strong> lieux<br />
Evaluation<br />
Rapport<br />
Mission<br />
…<br />
Réalisations<br />
Pistes<br />
ponctuelles<br />
q d'action q q Généralisation<br />
Mise<br />
propositions<br />
Expérimentation Evaluation<br />
en œuvre<br />
Par<br />
observateur<br />
intérieur<br />
Par<br />
observateur<br />
extérieur<br />
22
Quelques pistes d’action à extraire du rapport<br />
sur les “jeunes et les étu<strong>des</strong> scientifiques”<br />
Pour l’ensemble du système éducatif<br />
1 - Quelles " métho<strong>des</strong> actives " peut-on introduire dans l’enseignement <strong>des</strong> sciences<br />
pour y développer une véritable démarche scientifique ?<br />
2 - Comment accorder au maître et à l’élève un espace de liberté afin de favoriser l’expérimentation<br />
scientifique ?<br />
3 - Comment mutualiser la pratique enseignante avec celle de la culture scientifique ?<br />
4 - Comment développer la pluridisciplinarité du collège à l’université ?<br />
5 - Comment assurer une formation à la pluridisciplinarité pour les enseignants ?<br />
THÉMATIQUES<br />
Pour l’université<br />
6 - Comment concevoir de véritables travaux pratiques reposant sur une pédagogie de<br />
projets (plateaux techniques performants et ateliers technologiques encadrés) ?<br />
7 - Comment refonder les travaux dirigés pour en faire de véritables lieux d’échange et<br />
de dialogue entre les enseignants et les étudiants, l’université et le monde extérieur ?<br />
8 - Comment mieux intégrer les TICE dans les enseignements fondamentaux ?<br />
9 - Comment repenser profondément l’information sur l’université ?<br />
10 - Comment assurer une vraie information <strong>des</strong> étudiants sur les débouchés professionnels<br />
<strong>des</strong> filières scientifiques ?<br />
11 - Comment mutualiser les multiples expérimentations et innovations pédagogiques<br />
menées dans les différentes universités ?<br />
12 - Comment mieux évaluer les étudiants ainsi que les enseignements ?<br />
A l’interface lycée – université<br />
13 - Comment mutualiser les pratiques pédagogiques entre le lycée et la première année<br />
d’université ?<br />
14 - Comment assurer un suivi <strong>des</strong> néo-bacheliers pendant la première année d’université ?<br />
23
THÉMATIQUES<br />
Vie étudiante<br />
L’accueil <strong>des</strong> étudiants étrangers<br />
24<br />
“<br />
Si un individu<br />
demande et obtient<br />
un visa d'étudiant,<br />
nous allons désormais<br />
vérifier qu'il est<br />
véritablement assidu<br />
”<br />
aux cours.<br />
Georges Bush<br />
29 octobre 2001<br />
Ancien secrétaire général de<br />
l'Université de Bretagne-Sud et<br />
de l'IUFM de Bretagne avant<br />
d'être adjoint à la sous-direction<br />
<strong>des</strong> personnels administratifs et<br />
techniques à la DPATE, Jean<br />
Marc FROHARD est aujourd'-<br />
hui administrateur civil au Ministère<br />
<strong>des</strong> affaires sociales, du<br />
travail et de la solidarité. Au sein<br />
de la Direction de la Population<br />
et <strong>des</strong> Migrations, il a en charge<br />
la réglementation <strong>des</strong> autorisations<br />
de travail et le regroupement<br />
familial <strong>des</strong> migrants.<br />
Les informations de cet article ont été<br />
recueillies au cours d'un voyage d'étude<br />
de la 23eme session nationale de<br />
l'Institut National du Travail, de l'Emploi<br />
et de la Formation Professionnelle<br />
dont il est auditeur.<br />
De fait, deux <strong>des</strong> dix-neuf terroristes<br />
du 11 septembre disposaient<br />
d'un visa d'étudiant et n'avaient jamais<br />
rejoint les cours qu'ils suivaient.<br />
Dans le cadre du "USA Patriot Act",<br />
la loi exceptionnelle (sinon d'exception)<br />
issue <strong>des</strong> tragiques événements,<br />
<strong>des</strong> moyens importants ont<br />
été dégagés pour construire le système<br />
d'information devant assurer<br />
le suivi <strong>des</strong> étudiants étrangers résidant<br />
aux Etats-Unis.<br />
Ce système gèrera le flux de plus de<br />
600.000 étrangers qui obtiennent<br />
un visa d'étudiant, flux qui est en<br />
croissance de près de 60% depuis<br />
quelques années (334.402 en<br />
1989).<br />
Le système, développé sur Intranet,<br />
porte le nom de "SEVIS" ("Student<br />
and Exchange Visitor Information<br />
System"). Il a l'ambition de gérer<br />
l'ensemble du processus d'entrée<br />
et de séjour de l'étudiant, de sa demande<br />
d'inscription à l'université<br />
jusqu'aux résultats pédagogiques<br />
obtenus, sans oublier l'adresse ou<br />
le numéro de téléphone de l'intéressé.<br />
Lors de sa demande d'inscription,<br />
l'étudiant saisit toutes les<br />
informations le concernant ; si l'établissement<br />
l'accepte, ce dernier<br />
précise le parcours pédagogique<br />
suivi y compris les dates de début<br />
et de fin de cours. Dès lors, ces informations<br />
seront visibles pour le<br />
service du consulat en charge d'instruire<br />
la demande de visa comme<br />
de l'ensemble <strong>des</strong> services gouvernementaux<br />
connectés (Education,<br />
intérieur, …). Ce système étant global<br />
et régulièrement mis à jour, le<br />
Département d'Etat et celui de la<br />
Justice espèrent disposer ainsi d'un<br />
système de suivi fiable puisque les<br />
universités sont obligées par la loi<br />
d'alimenter SEVIS en donnant les<br />
résultats universitaires de chaque<br />
étudiant étranger ainsi que de déclarer<br />
les incidents de carrière de<br />
celui-ci (absences injustifiées, abandon,<br />
retour précipité au pays…).<br />
Aujourd’hui , un étudiant peut passer<br />
l’été à faire du tourisme en Californie<br />
ou à chercher un établissement<br />
puis s’inscrire. Demain, il<br />
devra rentrer au pays et obtenir un<br />
visa d’étudiant avant de débuter<br />
son séjour.<br />
"SEVIS" est développé pour le service<br />
d'immigration du Département<br />
de la Justice (à la fois service<br />
administratif et police <strong>des</strong> frontières)<br />
appelé INS. Sa naissance est<br />
ancienne et déjà liée à un événement<br />
dramatique, l'attentat contre<br />
le World trade Center de 1993, qui<br />
avait été perpétré par un détenteur<br />
de visa d'étudiant. <strong>La</strong> loi fondatrice<br />
d'un dispositif amélioré de suivi<br />
électronique <strong>des</strong> étudiants est la loi<br />
104-208 de septembre 1996. De<br />
1997 à Septembre 2001, cette ambition<br />
a été mal financée et assez<br />
mal comprise par les établissements<br />
universitaires, et les développements<br />
ont connu beaucoup<br />
de retard. Au lendemain du 11 septembre,<br />
l'INS et la communauté<br />
universitaire se sont renvoyé la<br />
responsabilité de cet échec, les universitaires<br />
rappelant un point de<br />
conflit avec l'INS sur leur refus de<br />
collecter auprès <strong>des</strong> étudiants<br />
étrangers la redevance qui devait<br />
être instituée pour autofinancer ce
dispositif et l'INS soulignant la<br />
mauvaise volonté de la communauté<br />
universitaire pour participer à<br />
un projet visant à la sûreté de l'Etat.<br />
Depuis, les coûts de développement<br />
ont bien été pris en compte<br />
par le Gouvernement : 41 millions<br />
d'Euros - soit 266 millions de Francs<br />
– y ont été affectés, et le système<br />
entre désormais dans la période de<br />
déploiement. Les interfaces avec les<br />
logiciels privés ou universitaires<br />
sont actuellement livrées sous le<br />
nouveau format XML. Les coûts de<br />
fonctionnement devaient être pris<br />
en charge par les étudiants étrangers,<br />
les sommes étant récupérées<br />
par les établissements. En février, la<br />
conférence <strong>des</strong> institutions universitaires<br />
rappelait ses réticences à ce<br />
financement, car, sans compter le<br />
temps de travail nécessaire à une<br />
collecte fiable <strong>des</strong> informations au<br />
sein <strong>des</strong> campus, il pourrait augmenter<br />
les droits à la charge <strong>des</strong><br />
étudiants, et donc rendre les Etats-<br />
Unis moins attractifs. Par ailleurs, la<br />
première version prévoyait un<br />
paiement sur Internet avec une<br />
Carte bancaire, mais la communauté<br />
universitaire a fait remarquer<br />
que les NTIC n'avaient pas au plan<br />
de la planète un développement<br />
En savoir plus :<br />
• visiter le site de l'I.N.S. :<br />
http://www.ins.usdoj.gov/<br />
• celui du Département de la justice :<br />
www.usdoj.gov<br />
• ou ceux <strong>des</strong> institutions<br />
universitaires<br />
www.acenet.edu<br />
ou www.nafsa.org<br />
tel qu'en Afrique, Asie ou en Europe<br />
de l'Est, cette contrainte ne<br />
nuise aux inscriptions <strong>des</strong> étudiants.<br />
Depuis l'I.N.S essaie de<br />
trouver une procédure de paiement<br />
plus simple comme le renvoi<br />
d'une part d'un formulaire vers ses<br />
services régionaux et d'autre part<br />
d'un chèque par l'étudiant à son arrivée<br />
sur le territoire américain, et<br />
surtout un tarif acceptable qui ne<br />
dépasserait pas 96 USD voire<br />
35 USD pour les programmes<br />
d’échanges.<br />
Les premiers tests ont révélé la difficulté<br />
de gérer les "incidents" détectés<br />
par "SEVIS". En effet, le<br />
nombre d'étudiants absents de<br />
l'université à laquelle ils sont normalement<br />
inscrits ou absents <strong>des</strong><br />
cours qu'ils devraient suivre pour<br />
tout ou partie, suppose de créer<br />
dans les services de l'INS <strong>des</strong><br />
équipes de dépouillement et de<br />
suivi …au-delà, à San Diego, l'INS<br />
a recherché 50 étudiants dont les<br />
visas avaient expiré mais qui<br />
étaient toujours présents dans les<br />
fichiers universitaires. Sur ces ressortissants<br />
de pays "peu sûrs", finalement<br />
10 ont été localisés,<br />
dont un s'est avéré être en règle.<br />
Pour les neuf en situation irrégulière,<br />
la procédure d'expulsion est<br />
longue et suppose <strong>des</strong> moyens<br />
qui n'existent pas encore dans les<br />
juridictions. Sans compter que<br />
dans un pays sans carte d'identité,<br />
les contrôles réalisés sur <strong>des</strong> populations<br />
ciblées tombent facilement<br />
sous le coup <strong>des</strong> lois sur les<br />
discriminations 1 . Actuellement, le<br />
déploiement technique commence<br />
dans quelques établissements<br />
et consulats pour une mise<br />
en service à la rentrée 2003. De<br />
leur côté les associations de défense<br />
<strong>des</strong> droits de la personne<br />
humaine commencent à se mobiliser<br />
ce qui devrait donner lieu à<br />
quelques beaux procès …<br />
<strong>La</strong> modification de cette procédure<br />
ne devrait pas comporter de<br />
désagréments particuliers pour<br />
les étudiants français. <strong>La</strong> notion<br />
de pays "peu sûrs" était jusqu'à<br />
présent réservée à l'Iran, l'Irak, la<br />
Libye, le Soudan et la Syrie ;<br />
désormais le Département d'État<br />
pourra ajouter un pays à cette<br />
liste au regard de la situation<br />
internationale mais les agents de<br />
l'I.N.S. pourront aussi ajouter un<br />
étranger qui leur paraîtra mériter<br />
un suivi particulier. Dès son arrivée<br />
aux Etats-Unis, il verra numériser<br />
ses empreintes digitales et<br />
photographier son portrait pour<br />
vérifier qu'il n'est pas connu<br />
comme criminel ou terroriste 2 ; un<br />
changement d'adresse non signalé<br />
dans les dix jours lui coûtera<br />
une amende de 1.000 USD et le<br />
dépassement de la date de son<br />
visa le verra inscrit dans le fichier<br />
<strong>des</strong> recherchés consulté par le<br />
premier shérif au moindre accident<br />
de la circulation 3 .<br />
Les seuls définitivement satisfaits<br />
sont les professeurs de sciences<br />
politiques qui demandaient depuis<br />
plusieurs années les moyens<br />
de mener <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> sociologiques<br />
sur le parcours universitaire<br />
<strong>des</strong> étudiants étrangers.<br />
L'INS leur offre l'outil dont ils<br />
avaient rêvé.<br />
1<br />
Pour ce motif les employeurs ne contrôlent plus les titres de séjour à l’embauche, il y aurait ainsi 8,6 Millions d’illégaux (undocumented people)<br />
2<br />
base de donnée: IAFS et INS Ident soit près de 100.000 étrangers<br />
3<br />
5 juin 2002, national security entry-exit registration system.<br />
25<br />
THÉMATIQUES
THÉMATIQUES<br />
L’accueil <strong>des</strong> étudiants étrangers :<br />
l’aide au dépôt <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de titres de séjour<br />
26<br />
Yves CHAIMBAULT<br />
Secrétaire général<br />
de l’université de LILLE 1<br />
On voit bien dans l’article de<br />
Jean-Marc FROHARD, qu’au<br />
nom de la Revue, je remercie<br />
chaleureusement, quelle ambiguïté<br />
peut s’instaurer dans les relations<br />
entre l’Université, dans sa<br />
fonction académique, et l’État,<br />
dans sa dimension régalienne de<br />
contrôle et de régulation <strong>des</strong> flux<br />
migratoires.<br />
C’est cette ambiguïté qui a<br />
conduit en France certaines<br />
universités à refuser les<br />
conventions qu’en 2000 et<br />
2001, les Préfectures avaient<br />
tenté de faire signer un peu<br />
partout pour faciliter le dépôt<br />
<strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de titres de séjour<br />
et en accélérer la délivrance.<br />
Comme aux Etats-Unis, l’étudiant<br />
étranger représente un enjeu<br />
fort. À Bordeaux, Guy Haug<br />
a expliqué devant l’Association<br />
<strong>des</strong> Secrétaires Généraux comment<br />
l’Europe avait perdu son<br />
statut de 1ère <strong>des</strong>tination <strong>des</strong><br />
étudiants en mobilité dans le<br />
monde, qu’elle gardait encore<br />
au début <strong>des</strong> années 1980, au<br />
profit <strong>des</strong> Etats-Unis (les chiffres<br />
de Jean-Marc en attestent). Il a<br />
montré comment l’ambition affirmée<br />
de l’UE était d’inverser<br />
cette tendance et de rétablir la<br />
primauté de l’Europe sur les<br />
Etats-Unis en la matière ; un objectif<br />
ambitieux au sein d’un projet<br />
colossal : la construction de<br />
l’Espace européen de l’enseignement<br />
supérieur.<br />
En France, à la fin <strong>des</strong> années<br />
90, le constat prévalait d’une<br />
stagnation, sinon d’une baisse<br />
du nombre <strong>des</strong> étudiants étrangers<br />
accueillis dans le pays.<br />
Comment ne pas établir une<br />
corrélation entre cette baisse et<br />
le recul de l’influence de la<br />
France dans le monde ? Comment<br />
ne pas s’interroger sur la<br />
dimension linguistique du problème<br />
? Comment aussi ne pas<br />
rencontrer les préoccupations "<br />
alimentaires " de certaines universités<br />
confrontées à une<br />
baisse tout court de leurs effectifs<br />
?<br />
L’objectif étant fixé en France<br />
d’accroître le nombre d’étudiants<br />
étrangers, l’un <strong>des</strong><br />
moyens était d’améliorer l’accueil<br />
et notamment d’entrer<br />
dans <strong>des</strong> logiques de " guichet<br />
unique ", de manière à regrouper,<br />
faciliter et accélérer les démarches<br />
de l’étudiant. Ainsi seraient<br />
évités notamment <strong>des</strong><br />
délais de délivrance de titres de<br />
séjour pouvant aller de 6 à 8<br />
mois, <strong>des</strong> procédures fastidieuses<br />
et <strong>des</strong> attentes interminables,<br />
et les inconvénients liés à ces<br />
trops longs délais (retours au<br />
pays aux 1ère vacances, stages à<br />
l’étranger…)<br />
Une circulaire co-signée Enseignement<br />
Supérieur et Intérieur a<br />
ainsi permis aux Préfectures de<br />
passer <strong>des</strong> conventions avec les<br />
établissements pour permettre la<br />
délivrance <strong>des</strong> titres dans le<br />
meilleur délai (objectif un mois)<br />
après que les services <strong>des</strong> universités<br />
se soient substitués aux<br />
services <strong>des</strong> Préfectures pour informer<br />
l’étudiant, lui remettre le<br />
dossier, recueillir et rassembler<br />
les pièces constitutives de la demande<br />
de titre de séjour et les<br />
transmettre à la Préfecture pour<br />
instruction et délivrance du titre.<br />
Les Universités, et les écoles,<br />
avaient parfois monté de tels services<br />
de facilitation <strong>des</strong> démarches<br />
pour les étudiants (et pour<br />
les chercheurs) étrangers. L’enjeu<br />
consistait à étendre le dispositif<br />
au plus grand nombre possible<br />
<strong>des</strong> étudiants accueillis, et donc<br />
à changer d’échelle.<br />
L’exemple du Nord Pas-de-Calais<br />
Rappelons que le pouvoir réglementaire,<br />
en l’espèce, s’exerce<br />
au niveau départemental et non<br />
régional, ce qui au passage peut<br />
créer une curieuse différence de<br />
traitement entre les étudiants<br />
d’une même université installée<br />
sur deux ou plusieurs départements.<br />
Dans le Nord Pas-de-Calais,<br />
seul le Nord a pris l’initiative<br />
d’un rapprochement <strong>des</strong> procédures.<br />
Or, les deux universités<br />
nouvelles sont " transdépartementales<br />
" (ainsi que Lille 1,<br />
pour sa station marine) : à l’université<br />
du Littoral, il y aura donc<br />
deux régimes différents selon<br />
que les étudiants seront à Dunkerque<br />
ou à Calais, ou Boulogne.<br />
<strong>La</strong> mise en place du dispositif<br />
s’est faite progressivement. En<br />
2000, à l’issue d’une réunion de<br />
l’ensemble <strong>des</strong> partenaires, le
paysage est clair : la Préfecture<br />
propose une convention d’aide<br />
au dépôt <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de titres<br />
de séjour ; les trois universités<br />
lilloises, qui représentent les 3/4<br />
de la population cible refusent la<br />
proposition ; les écoles, la FUPL<br />
(la catho), et les universités " excentrées<br />
" (Valenciennes et Dunkerque)<br />
l’acceptent.<br />
Le sondage rapide auquel j’ai procédé<br />
auprès <strong>des</strong> collègues confirme<br />
cette tendance : un service particulier<br />
est proposé par les établissements,<br />
quand le public est sélectionné<br />
(écoles) et/ou quand les<br />
effectifs concernés ne représentent<br />
pas plus d’une cinquantaine de dossiers.<br />
Notons quelques exceptions.<br />
Pour les autres, le problème est<br />
d’une autre ampleur. Certaines<br />
universités craignent que cette<br />
procédure conduise à identifier<br />
<strong>des</strong> étudiants en situation irrégulière.<br />
Les universitaires qui s’étaient<br />
insurgés contre le principe<br />
de la circulaire Marchand (la Préfecture<br />
s’arrogeant le droit de juger<br />
de la validité du cursus universitaire<br />
pour autoriser le<br />
renouvellement de titres) ne se<br />
voient pas engagés dans une<br />
procédure inverse d’intervention<br />
<strong>des</strong> universitaires dans une procédure<br />
de type policier. Dans le<br />
Nord, la Préfecture rassure : la<br />
procédure de dépôt <strong>des</strong> dossiers<br />
ne <strong>des</strong>saisit en rien le Préfet, et<br />
ne donne aucun pouvoir d’instruction<br />
aux universités ; elle minimise<br />
: les dossiers rejetés se<br />
comptent sur les doigts d’une<br />
main ; elle pratique un chantage<br />
discret : s’il n’y a pas accord, la situation<br />
ne sera pas meilleure<br />
qu’avant, et même…<br />
En 2001, Lille 2 (les juristes) reste<br />
sur ses convictions et refuse toute<br />
convention, mais Lille 1 et Lille 3<br />
changent de position en raison<br />
du besoin reconnu et de la forte<br />
demande étudiante, acceptent<br />
de conventionner. Elles le font à<br />
titre expérimental, uniquement<br />
pour les primo-entrants. 375<br />
dossiers seront ainsi instruits à<br />
Lille 1 et 300 à Lille 3 à l’automne<br />
2001.<br />
L’annulation par le Conseil d’Etat,<br />
sur recours d’un syndicat étudiant,<br />
de la circulaire, n’entraînera<br />
pas de conséquences : selon<br />
le sondage précité, seule une Préfecture<br />
cessera toute mesure de<br />
facilitation. Les autres, et le Nord<br />
en particulier, continuent de<br />
pousser à l’élargissement de la<br />
procédure, ce que Lille 1 fera à la<br />
rentrée 2002 en traitant non seulement<br />
les premières deman<strong>des</strong>,<br />
mais aussi les renouvellements.<br />
Quelques données<br />
du problème :<br />
A l’actif de ce qui a été fait l’an<br />
passé figure la satisfaction très<br />
large <strong>des</strong> étudiants pour qui cette<br />
mesure-là constitue un progrès indéniable<br />
; au passif, l’acceptation<br />
d’une charge lourde pour le budget<br />
<strong>des</strong> établissements (environ<br />
30 kilos euros/an) sans aucune<br />
contrepartie à la clef ; au rapport<br />
moral, on subodore qu’un certain<br />
nombre de démarches ne sont<br />
pas allées à terme, et que <strong>des</strong> étudiants<br />
sont restés inscrits sur la foi<br />
d’un récépissé de demande de titre<br />
de séjour auquel ne sera jamais<br />
substitué le titre effectif.<br />
L’idée enfin que, dans les procédures,<br />
on n’a pas suffisamment<br />
utilisé la possibilité de faire intervenir,<br />
là où ils existent, les Pôles<br />
européens. Enfin, il convient de<br />
traiter deux conséquences du problème<br />
qui touchent à la vie étudiante<br />
et qui ont trait aux problèmes<br />
de santé et de logement.<br />
27<br />
THÉMATIQUES
THÉMATIQUES<br />
Les titres de séjour<br />
Une conséquence inattendue en matière de suivi médical<br />
<strong>La</strong> procédure ci-<strong>des</strong>sus a posé de façon inattendue la question du suivi médical de cette population d’étudiants<br />
étrangers.<br />
En effet, la délivrance du titre de séjour est subordonnée à un contrôle médical préalable qui incombe à l’Office<br />
<strong>des</strong> Migrations Internationales (OMI). Depuis 1992, une convention lie l’OMI au Centre Universitaire de<br />
Promotion de la Santé (CUPS), une structure (interuniversitaire). <strong>La</strong> partie radiologique est assurée par le biais<br />
du Conseil général.<br />
Le CUPS propose plus qu’une visite de routine. Il s’agit d’un véritable bilan qui dure de 30 à 45 minutes. Il insiste<br />
pour faire comprendre que la procédure actuelle est primordiale à propos de populations fragiles, déracinées,<br />
aux conditions de vie parfois précaires. Les visites sont donc étalées sur une longue période. Par ailleurs<br />
le Conseil général ne peut mettre à disposition qu’un ou deux jours par mois un car de contrôle radiologique<br />
permettant de faire passer 80 étudiants par jour.<br />
D’un côté, le souhait d’accélérer la procédure pour faire visiter 2000 étudiants dans un délai de 6 à 8 semaines<br />
au plus. De l’autre, <strong>des</strong> visites à 12 ou 16 étudiants par jour, soit au maximum 720 sur 9 semaines, et 160<br />
en visite radiologique (avec lecture par un pneumologue). On cherche une solution.<br />
28<br />
<strong>La</strong> saturation mécanique et conjoncturelle <strong>des</strong> possibilités de logement ?<br />
<strong>La</strong> politique d'accroissement de l'accueil <strong>des</strong> étudiants étrangers est un succès. Les services scolarité <strong>des</strong> facs<br />
ont même commencé à tirer la sonnette d'alarme : la demande de renseignements croît de +50% à +75%<br />
chaque année depuis trois ans. Mécaniquement, l'accueil augmente : retour <strong>des</strong> dossiers 25 à 50% <strong>des</strong> envois,<br />
acceptation par les commissions de validation : 50% <strong>des</strong> dossiers en 1er ou 2nd cycle, 20% en 3ème cycle<br />
; 96% d'inscrits effectifs en 1er ou 2nd cycle, 50% en 3ème cycle, hors bac français à l'étranger (chiffres<br />
LILLE 1). Services et commissions de validation continueront-ils à faire face ?<br />
Autre difficulté, sociale celle-là :les CROUS sont confrontés à une insuffisance globale de l'offre de logement,<br />
et au problème de solvabilité <strong>des</strong> demandeurs. En 2001, quelques manifs ont révélé le problème à Bordeaux,<br />
Lille ou Amiens. Quelles sont les données du problème ?<br />
Le nombre d'étudiants étrangers accueillis croît de façon importante mais inégale selon l'origine géographique.<br />
Davantage d'étudiants viennent du Maghreb ou de l'Afrique noire. Le phénomène couvre en partie une réalité<br />
économique. Comment se prémunir de dérives ? L'octroi <strong>des</strong> visas dans les consulats devrait tenir compte<br />
de l'offre locale (et prévenir l'exode <strong>des</strong> élites), mais ce contrôle semble peu exercé. À l'arrivée, l'examen <strong>des</strong><br />
dossiers se fait dans les universités sur <strong>des</strong> critères académiques. <strong>La</strong> délivrance du titre de séjour est du ressort<br />
de la Préfecture. Pour son séjour, l'étudiant doit justifier d'un niveau de ressources minimum (environ 430 euros/mois)<br />
toujours très difficile à apprécier. <strong>La</strong> réalité est donc celle de l'arrivée d'étudiants à faibles ressources,<br />
qui sollicitent le CROUS pour un logement.<br />
Sur 15000 logements à vocation étudiante en Nord-Pas-de-Calais, le CROUS offre 9000 chambres en résidence<br />
(à <strong>des</strong> normes bien dépassées). Il doit maintenir le logement aux bénéficiaires <strong>des</strong> années précédentes, et garantir<br />
les échanges institutionnels : en ce qui concerne les étudiants étrangers, la première mesure représente<br />
87% de la ressource, la seconde consomme le reste. <strong>La</strong> marge de manœuvre semble donc bien réduite.<br />
Il y a trois étapes dans la recherche de solution : à long terme, la réalisation <strong>des</strong> programmations U3M ; à plus<br />
court terme, une meilleure gestion <strong>des</strong> procédures administratives du côté du MAE, comme du MEN. Pour la<br />
rentrée prochaine, les partenaires réfléchissent aux solutions pour limiter les entrées (par l'information préalable),<br />
élargir l'offre de logement (par exemple, en levant le verrou du cautionnement), ou préparer un renforcement<br />
<strong>des</strong> ai<strong>des</strong> de tous ordres, sans forcément laisser faire n'importe quoi.
L’arrêt du Conseil d’Etat<br />
Conseil d'Etat, 14 décembre 2001, n° 229229, Groupement d'information et de soutien <strong>des</strong> immigrés<br />
(GISTI) et Syndicat Sud Etudiant<br />
Le GROUPE D'INFORMATION ET DE SOUTIEN DES IMMIGRES et le SYNDICAT SUD ETUDIANTS demandent<br />
au Conseil d'Etat l'annulation pour excès de pouvoir de la circulaire du 12 mai 2000 du ministre de<br />
l'Education nationale et du ministre de l'intérieur relative à l'amélioration <strong>des</strong> conditions d'accueil <strong>des</strong> Etudiants<br />
Etrangers par la mise en place de conventions relatives à la simplification <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> administratives<br />
conduisant à la délivrance d'un titre de séjour portant la mention "Etudiant" ;<br />
Considérant que, par la circulaire attaquée, les ministres de l'Education nationale et de l'intérieur ont entendu<br />
améliorer les conditions d'accueil <strong>des</strong> Etudiants Etrangers en France, et simplifier les démarches administratives<br />
conduisant à la délivrance d'un titre de séjour "Etudiant" ; que toutefois les modalités selon<br />
lesquelles une telle simplification peut être réalisée sont soumises au respect <strong>des</strong> prescriptions législatives<br />
ou réglementaires en vigueur à la date de la circulaire, qui régissent l'octroi de titres de séjour à <strong>des</strong> ressortissants<br />
Etrangers ;<br />
Considérant que la circulaire attaquée prévoit que le dépôt <strong>des</strong> dossiers de demande de carte de séjour se<br />
fait au sein <strong>des</strong> Etablissements d'enseignement universitaire, pour les Etudiants inscrits dans ces Etablissements,<br />
soit auprès d'agents de préfecture accueillis dans l'Etablissement, soit auprès de personnels de l'université,<br />
qui sont chargés de vérifier que les dossiers ainsi déposés sont complets et, dans ce cas, de les transmettre<br />
à la préfecture en vue de leur examen ; que ces dispositions méconnaissent les dispositions de l'article<br />
3 du décret du 30 juin 1946 précitées, qui exigent que les Etrangers se présentent personnellement à la préfecture,<br />
à la sous-préfecture ou, le cas échéant, au commissariat ou à la mairie de leur lieu de résidence,<br />
afin d'y présenter leur demande de carte de séjour ;<br />
Considérant qu'aux termes de l'article 4 du décret du 30 juin 1946 susmentionné : "Il est délivré à tout Etranger<br />
admis à souscrire une demande de première délivrance ou de renouvellement de carte de séjour un<br />
récépissé valant autorisation de séjour, pour la durée qu'il précise, et revêtu de la signature de l'agent compétent,<br />
ainsi que du timbre du service administratif chargé, en vertu de l'article 3 du présent décret, de l'instruction<br />
de la demande" ;<br />
Considérant que la circulaire attaquée prévoit que les agents chargés, au sein <strong>des</strong> établissements universitaires,<br />
de recevoir les dossiers de demande de carte de séjour délivrent aux intéressés une attestation de<br />
dépôt de leur dossier, qui n'a pas la valeur d'une autorisation de séjour ; qu'elle prévoit, en outre, que le<br />
dossier ayant été transmis à la préfecture, celle-ci adresse aux intéressés dans les plus brefs délais, dans le<br />
cas où leur demande est satisfaite, une convocation afin que leur soit remis leur titre de séjour ; que ces dispositions<br />
méconnaissent les dispositions de l'article 4 du décret du 30 juin 1946 précitées, qui exigent qu'un<br />
récépissé valant autorisation provisoire de séjour soit remis à l'étranger au moment où celui-ci dépose sa<br />
demande de titre de séjour ;<br />
Considérant que ces dispositions ne sont pas séparables <strong>des</strong> autres dispositions de la circulaire attaquée ;<br />
qu'ainsi, le GROUPE D'INFORMATION ET DE SOUTIEN DES IMMIGRES et le SYNDICAT SUD ETUDIANTS<br />
sont fondés à demander l'annulation de l'ensemble <strong>des</strong> dispositions de cette circulaire ;<br />
D E C I D E :<br />
Article 1er : <strong>La</strong> circulaire du 12 mai 2000 du ministre de l'intérieur et du ministre de l'Education nationale<br />
est annulée.<br />
THÉMATIQUES<br />
29
THÉMATIQUES<br />
International<br />
Concertation <strong>des</strong> Conférences <strong>des</strong> Présidents Recteurs d’Europe <strong>La</strong>tine<br />
la CPU et Pierre de Maret, Président<br />
du CIUF (Conseil Interuniversitaire<br />
de la Communauté<br />
française de Belgique) ont lancé<br />
l’idée d’une concertation sur le<br />
thème de l’évaluation de la qualité<br />
auprès de leurs collègues <strong>des</strong><br />
pays latins.<br />
30<br />
Pierre de Maret<br />
Recteur de l’Université Libre<br />
de Bruxelles<br />
Président du CIUF<br />
Le processus d’harmonisation de<br />
l’enseignement supérieur dans<br />
l’espace européen, amorcé à la<br />
Sorbonne, prolongé par la déclaration<br />
de Bologne et la conférence<br />
de Prague, induit de Nicosie<br />
à Reykjavik une dynamique<br />
qui dépasse de loin les espérances<br />
de ses initiateurs.<br />
Si l’on a déjà beaucoup parlé du<br />
découpage en deux cycles, la généralisation<br />
du supplément au<br />
diplôme et du système ECTS en<br />
vue de faciliter la mobilité en<br />
sont aussi <strong>des</strong> composantes.<br />
Jusqu’à présent l’évaluation de<br />
la qualité, autre point important<br />
de la déclaration de Bologne, a<br />
moins retenu l’attention. Certains<br />
pays ne sont cependant pas<br />
restés inactifs. Les germanophones,<br />
néerlandophones et scandinaves<br />
étudient la possibilité de<br />
développer <strong>des</strong> systèmes d’évaluation<br />
de la qualité communs.<br />
A l’occasion du sommet de Prague,<br />
Bernard Belloc, Président de<br />
Une première réunion <strong>des</strong><br />
Conférences <strong>des</strong> Présidents et<br />
<strong>des</strong> Recteurs d’Europe <strong>La</strong>tine fut<br />
organisée à Bruxelles, fin février.<br />
Elle réunissait les Présidents et<br />
Secrétaires généraux <strong>des</strong> Conférences<br />
de Belgique (CIUF), de<br />
France (CPU), d’Italie (CRUI), du<br />
Portugal (CRUP) et de Suisse<br />
(CRUS). Les représentants de<br />
l’Espagne et du Luxembourg<br />
avaient également été conviés,<br />
mais n’avaient pu se libérer.<br />
<strong>La</strong> réunion commença par une<br />
brève présentation par chacun<br />
de la situation quant à l’évaluation<br />
de la qualité dans son pays<br />
(existence d’une agence nationale<br />
? si oui, composition et missions,<br />
mécanismes et métho<strong>des</strong><br />
de l’évaluation ; évaluation de<br />
quoi ? <strong>des</strong> institutions, <strong>des</strong> programmes,<br />
de la recherche, de<br />
l’internationalisation, du management<br />
institutionnel ? lien avec<br />
l’accréditation ?)<br />
Du débat qui suivi émergea le<br />
sentiment qu’il serait effectivement<br />
utile d’envisager non seulement<br />
la mise en commun, à un<br />
niveau supranational, d’une réflexion<br />
en matière d’évaluation<br />
de la qualité, mais aussi d’aborder<br />
d’autres problématiques universitaires.
Le groupe a cependant le souci de<br />
conserver un caractère informel et<br />
d’aborder <strong>des</strong> problématiques spécifiques<br />
afin d’éviter de concurrencer<br />
les activités de l’European<br />
Network for Quality Assurance in<br />
Higher Education (ENQA) et de<br />
la nouvelle Association Européenne<br />
<strong>des</strong> Universités (EUA).<br />
L’EUA a d’ailleurs été tenue au<br />
courant d’une démarche qui vise<br />
à la renforcer et non à s’en distancer.<br />
Les participants se sont ensuite<br />
réparti les tâches.<br />
Il a été décidé de réfléchir à la façon<br />
de constituer une base de<br />
données " experts " commune,<br />
de travailler sur les indicateurs de<br />
qualité et de voir comment faire<br />
pour que les universités conservent<br />
le contrôle du processus et<br />
<strong>des</strong> critères d’appréciation de la<br />
qualité. Le danger est en effet réel<br />
de voir une immixtion croissante<br />
<strong>des</strong> sphères " politique ", " professionnelle<br />
" et " commerciale "<br />
en matière de définition de la<br />
qualité. Favoriser une culture de<br />
l’évaluation à l’intérieur <strong>des</strong> Universités<br />
constitue un axe important.<br />
Le groupe envisage aussi de<br />
promouvoir le développement<br />
de la circulation d’enseignants<br />
entre pays d’Europe latine.<br />
Au delà de ces aspects pratiques,<br />
il est apparu au sein du groupe un<br />
souci commun de préserver la<br />
qualité du service public que représente<br />
l’enseignement supérieur<br />
dans nos contrées et de réfléchir<br />
aussi à la spécificité de<br />
l’enseignement supérieur européen<br />
par rapport aux autres régions<br />
du monde.<br />
Le groupe s’est revu, avec cette<br />
fois <strong>des</strong> représentants de l’Espagne<br />
et du Luxembourg, lors d’un<br />
dîner organisé pour l’assemblée<br />
générale de l’EUA à Roskilde en<br />
avril, puis à Rome à la mi-juin,<br />
dans les superbes locaux de la<br />
CRUI, face au Panthéon.<br />
Ce fut l’occasion de choisir un<br />
nom pour le groupe : ELU (pour<br />
" Europe <strong>La</strong>tine Universitaire ") et<br />
d’étudier, sur base de rapports<br />
circonstanciés, les différentes problématiques<br />
identifiées lors de la<br />
réunion initiale.<br />
ELU répond manifestement<br />
à un<br />
“<br />
besoin et nous<br />
avons l’intention ELU répond<br />
de continuer la manifestement à un<br />
démarche ainsi besoin et nous avons<br />
initiée. Cela l’intention de<br />
nous permettra continuer la démarche<br />
de mieux relayer,<br />
dans le<br />
”<br />
ainsi initiée.<br />
nouvel espace<br />
européen de l’enseignement<br />
supérieur, nos sensibilités<br />
et nos préoccupations<br />
communes. Nous pourrons également<br />
nous épauler dans la recherche<br />
de la qualité pour nos institutions.<br />
En plus, le fait que <strong>des</strong> réunions<br />
à ce niveau se passent en français,<br />
ne gâche rien…<br />
31<br />
THÉMATIQUES
THÉMATIQUES<br />
32
DOSSIER<br />
DOSSIER<br />
q<br />
“ ”<br />
Relations<br />
avec les collectivités<br />
territoriales<br />
33
DOSSIER<br />
Bordeaux : du développement local<br />
à l’ouverture européenne<br />
34<br />
Le thème même du colloque<br />
de Bordeaux croisait la<br />
préoccupation de ce dossier.<br />
En attendant les Actes,<br />
<strong>La</strong> Revue propose ci-après un<br />
rapide survol <strong>des</strong> interventions,<br />
collage fait <strong>des</strong> notes<br />
de Philippe WISLER,<br />
d’Yves CHAIMBAULT et<br />
d’extraits <strong>des</strong> dépêches<br />
de l’AEF. Rappelons que déjà<br />
le colloque du GISGUF,<br />
à Bruxelles, en 1997,<br />
portait sur la problématique<br />
dimension locale – dimension<br />
mondiale. L’université est<br />
un lieu particulier dans la ville :<br />
elle ne peut plus<br />
en récuser les conséquences<br />
en termes de regards<br />
ou d’échanges.<br />
L’ouverture du Colloque<br />
Josy Reiffers, conseiller pour l'enseignement<br />
supérieur du ministre<br />
de la Jeunesse, de l'Education<br />
nationale et de la Recherche et<br />
président de l'université d’accueil,<br />
Victor Segalen Bordeaux-II,<br />
a précisé en ouvrant les Journées,<br />
que, même si Luc Ferry s'était encore<br />
peu exprimé sur l'enseignement<br />
supérieur, deux thèmes lui<br />
étaient chers: "l'enseignement<br />
d'une culture générale dans les<br />
différentes filières scientifiques"<br />
et "la lutte contre la désaffection<br />
pour les étu<strong>des</strong> scientifiques". Il<br />
a évoqué l'idée d'un enseignement<br />
sur les gran<strong>des</strong> découvertes<br />
scientifiques afin de susciter <strong>des</strong><br />
vocations. Les grands chantiers<br />
ouverts (harmonisation européenne<br />
<strong>des</strong> diplômes, contractualisation,<br />
action en faveur de la<br />
vie étudiante) seront maintenus,<br />
a-t-il indiqué."Dans les mois à venir",<br />
sera également ouvert le<br />
grand chantier de l'évaluation.<br />
Une perspective qui s'inscrit en<br />
droite ligne <strong>des</strong> priorités développées<br />
par Bernard Belloc, premier<br />
vice-président de la CPU,<br />
également présent à cette rencontre.<br />
Pour lui, une contractualisation<br />
renforcée et tripartite<br />
doit se doubler d'une évaluation<br />
externe <strong>des</strong> politiques publiques<br />
régionales d'enseignement supérieur,<br />
c'est-à-dire à la fois "<strong>des</strong><br />
actions et projets <strong>des</strong> universités<br />
mais aussi <strong>des</strong> actions et projets<br />
<strong>des</strong> régions pour les universités".<br />
Josy Reiffers nous a indiqué qu'il<br />
nous recevrait prochainement, à la<br />
demande du ministre, pour débattre<br />
d'un certain nombre de<br />
points -"les statuts, la mobilité"- et<br />
"reprendre ce qui concerne le fameux<br />
référentiel [<strong>des</strong> fonctions de<br />
secrétaire général], objet d'un certain<br />
nombre de malentendus".<br />
Josy Reiffers estime qu'il faut prendre<br />
ce texte comme "un document<br />
de travail" mais qu'il "peut servir à<br />
la formation <strong>des</strong> personnels d'encadrement<br />
de l'enseignement supérieur".<br />
<strong>La</strong> relance du débat sur<br />
l'autonomie <strong>des</strong> établissements<br />
n'est possible, selon lui, que s'il
existe un personnel encadrant suffisant,<br />
qualifié et avec <strong>des</strong> fonctions<br />
bien listées. Bernard Belloc<br />
précise, pour sa part, que le bureau<br />
de la CPU et la CP2U "veulent<br />
aboutir sur ce dossier" tout en<br />
"prenant le temps de la discussion".<br />
Pascal Aimé, s’est dit quant<br />
à lui "satisfait de l'intérêt porté par<br />
le ministre à la formation <strong>des</strong> cadres<br />
de l'enseignement supérieur".<br />
M. Belloc, après avoir évoqué ces<br />
deux questions, suggère d’inverser<br />
le titre du colloque, le local<br />
découlant de l’européen : la décentralisation<br />
accrue <strong>des</strong> collectivités<br />
peut parfaitement se conjuguer<br />
avec celle également accrue<br />
<strong>des</strong> universités. L’absence de métho<strong>des</strong><br />
pour U 2000 et U 3 M ,<br />
quel que soit le succès au final ne<br />
doit pas se renouveler, les régions<br />
ayant dû pallier les défaillances<br />
de l’Etat. L’avenir appartient selon<br />
lui à un multi partenariat Etatcollectivités<br />
locales- universités<br />
en dehors de toute polémique<br />
autour de la notion d’université<br />
régionale. Dans ce cadre, les universités<br />
sont <strong>des</strong> aménageurs du<br />
territoire comme les autre, les<br />
choix pédagogiques et de recherche<br />
appartenant contrairement<br />
aux lycées et collèges : bref <strong>des</strong><br />
contrats type CPER mais signés<br />
par les universités. Des conférences<br />
régionales devraient suffire à<br />
la réalisation de cet objectif : elles<br />
pourraient ne pas recouper exactement<br />
les frontières actuelles <strong>des</strong><br />
uns et <strong>des</strong> autres et être doublées<br />
par <strong>des</strong> conseils stratégiques<br />
internes aux établissements.<br />
“<br />
Une contractualisation<br />
renforcée et tripartite<br />
doit se doubler d’une<br />
évaluation externe<br />
”<br />
Le développement local<br />
Cette question a été ouverte par<br />
J.-R. CYTERMANN dont l’intervention<br />
est reprise dans son intégralité<br />
en second article de ce<br />
dossier. Ont suivi <strong>des</strong> déclinaisons<br />
de ces relations.<br />
Concernant le poids relatif du<br />
système d’enseignement par<br />
rapport à l’offre d’emploi, Mme<br />
Figuière-<strong>La</strong>mourane prenant appui<br />
sur l’exemple de l’IUFM de<br />
Versailles, et ses propres conclusions<br />
de chargée de mission auprès<br />
du ministre, nous a brossé<br />
un tableau assez pessimiste. Un<br />
fort décalage apparaît entre les<br />
besoins de recrutement à venir,<br />
qui devraient représenter une<br />
fraction majeure de l’offre d’emploi<br />
et <strong>des</strong> débouchés professionnels<br />
pour les jeunes et les<br />
perspectives actuelles de recrutement,<br />
du fait de l’insuffisance<br />
globale du vivier, de la désaffection<br />
<strong>des</strong> jeunes diplômés, ce qui<br />
conduit à de forts déséquilibres<br />
disciplinaires et régionaux probables.<br />
Quelles solutions pour le<br />
recrutement, puisque le<br />
concours traditionnel ne suffit<br />
plus et ne suffira pas ?<br />
En matière d’échanges avec les milieux<br />
économiques, le partenariat<br />
avec les entreprises conduit à une<br />
plus grande imbrication : en Aquitaine<br />
plusieurs dispositifs et <strong>des</strong> pôles<br />
sectoriels ont été créés entre le<br />
monde universitaire et celui <strong>des</strong><br />
PME –PMI : centres techniques, plates-formes,<br />
incubateurs, Polytechnicum<br />
(tous les établissements bordelais<br />
regroupés de façon non<br />
formelle pour éviter la "touille " administrative<br />
impossible avec les articles<br />
33 et 43) et un CNRT multimatériaux.<br />
DOSSIER<br />
35
DOSSIER<br />
Bordeaux :<br />
du développement local à l’ouverture européenne<br />
<strong>La</strong> détection <strong>des</strong> projets se fait directement<br />
dans les laboratoires<br />
et <strong>des</strong> structures de recherche et<br />
de valorisation comme le bureau<br />
BREVE à Bordeaux 1 s’appuyant<br />
sur <strong>des</strong> cellules de transfert assurent<br />
le lien avec les entreprises.<br />
L’incubateur régional d’Aquitaine<br />
(IRA) ne se distingue pas de ses<br />
homologues nationaux : il regroupe<br />
12 établissements supérieurs<br />
et est multi-sites (Bordeaux<br />
et en Adour) : l’objectif de 60 projets<br />
envisagés en 3 ans semble à<br />
portée. Il complète utilement le<br />
dispositif régional d’ai<strong>des</strong> à la création<br />
d’entreprises et prépare le<br />
long terme en sensibilisant les milieux<br />
scientifiques à la question. Il<br />
s’achemine vers un statut de SA, à<br />
la demande pressante du MEN…<br />
D’incubateur à pépinière, il n’y a<br />
qu’un pas non universitaire à<br />
25% de ses ressources à la recherche<br />
: pure pour 20% et développée<br />
pour 80%, ses technologies devant<br />
être prêtes 10 ans en avance. Thalès<br />
cherchant à diversifier ses activités,<br />
tient à développer <strong>des</strong> accords cadres<br />
avec les universités dans une logique<br />
d’obligation de moyens et<br />
non de résultats. Des laboratoires<br />
communs sont possibles et souhaités<br />
comme <strong>des</strong> coopérations plus<br />
classiques, les Cifre étant fort prisées.<br />
Thalès a entamé une forte action<br />
dans l’Optic’s Valley d’Orsay en<br />
s’appuyant sur l’incubateur d’Ile<br />
de France. "Il serait intéressant<br />
que les universités associent <strong>des</strong><br />
actions de formation à l'étranger<br />
aux contrats de recherche qu'elles<br />
négocient avec les entreprises, car<br />
la moitié <strong>des</strong> effectifs <strong>des</strong> grands<br />
groupes sont en poste à l'étranger"<br />
a-t-il conclu en forme de conseil.<br />
36<br />
franchir, l’entrepreneuriat devant<br />
échapper au rôle d’une université,<br />
les droits moraux sur une<br />
invention même collective relevant<br />
toujours d’une personne<br />
physique.<br />
Thalès (M. Jean Chazelas) est venu<br />
porter témoignage de ses liens avec<br />
les universités. L’entreprise consacre<br />
Mais quel est le poids réel dans<br />
l’économie locale d’une implantation<br />
universitaire ? L'impact<br />
économique local <strong>des</strong> universités<br />
tient d'abord à leur rôle d'employeur<br />
et de "localisateur de<br />
dépenses" par fixation d'une population<br />
étudiante. Les activités<br />
de recherche, de valorisation et
de création d'activités nouvelles<br />
et innovantes <strong>des</strong> universités,<br />
auxquelles les collectivités locales<br />
sont traditionnellement assez<br />
sensibles jouent un rôle économique<br />
peu important à court<br />
terme, notamment en termes<br />
d'emplois créés.<br />
C'est la principale conclusion de<br />
l'étude sur l'impact économique<br />
du site universitaire strasbourgeois<br />
menée par <strong>La</strong>urent Cagnol et Jean-<br />
Alain Héraud du bureau d'économie<br />
théorique et appliquée de<br />
l'ULP (université Louis Pasteur) que<br />
le second nommé a présentée.<br />
Cette étude, cofinancée par la<br />
Caisse <strong>des</strong> dépôts et consignations<br />
et le pôle universitaire européen<br />
de Strasbourg, mesure les<br />
retombées pour le Bas-Rhin <strong>des</strong><br />
trois universités strasbourgeoises,<br />
de l'INSERM, du CNRS et<br />
<strong>des</strong> écoles universitaires du site.<br />
Ancienne puisqu'elle prend<br />
1996 pour année de référence,<br />
elle est une <strong>des</strong> rares de ce type<br />
en France et en Europe. Publiée<br />
en avril 2001 dans la "Revue d'économie<br />
régionale et urbaine",<br />
elle est également disponible sur<br />
le site de l'université.<br />
Cette enquête évalue à 3<br />
milliards de francs (plus de 457<br />
millions d'euros) "l'impact monétaire<br />
<strong>des</strong> universités strasbourgeoises<br />
sur l'économie du Bas-<br />
Rhin", soit 2,2% du PIB local.<br />
Cette somme se subdivise en 1,7<br />
milliard de francs de dépenses<br />
réalisées par les 39 000 étudiants<br />
du site (58% du total); plus d'un<br />
milliard de salaires versés aux<br />
5000 personnels (33%), qui<br />
vont à leur tour dépenser<br />
quelque 990 MF sur le territoire;<br />
<strong>des</strong> dépenses de fonctionnement<br />
s'élevant à 219 MF et <strong>des</strong> frais<br />
d'équipement d'une valeur de<br />
46 MF. S'y ajoutent <strong>des</strong> dépenses<br />
de construction -financées hors<br />
budgets <strong>des</strong> universités, notamment<br />
dans le cadre du contrat de<br />
plan- d'une valeur de 100 MF en<br />
moyenne chaque année.<br />
Les activités <strong>des</strong> universités, la<br />
consommation de leurs personnel<br />
et étudiants, l'attraction<br />
qu'elles exercent sur certaines<br />
entreprises font que le site universitaire<br />
strasbourgeois génère<br />
de manière directe et indirecte<br />
entre 26 500 et 31 500 emplois<br />
dans le Bas-Rhin, soit 7 à 8% de<br />
l'emploi total du département.<br />
Dans ces emplois figurent les<br />
4 744 postes statutaires et 884<br />
postes financés sur fonds propres<br />
de ces établissements. Le volume<br />
de consommation induit par ces<br />
salariés <strong>des</strong> universités et organismes<br />
de recherche permet la<br />
création ou le maintien de 2 700<br />
emplois, la consommation de la<br />
population étudiante génère,<br />
elle, 3 000 emplois. Les dépenses<br />
de fonctionnement et d'investissement<br />
<strong>des</strong> universités induisent<br />
environ 300 emplois. Les<br />
auteurs estiment, enfin, entre<br />
15 000 et 20 000 le nombre<br />
d'emplois créés par les 6 à 8 %<br />
d'entreprises du département,<br />
qui affirment que la présence <strong>des</strong><br />
universités a été un facteur important<br />
de leur localisation dans<br />
le Bas-Rhin.<br />
Globalement, en 1996, les universités<br />
jouissaient d'une image<br />
plutôt favorable auprès <strong>des</strong> entreprises<br />
du Bas-Rhin. 94% d'entre<br />
elles jugeaient la qualité de<br />
l'enseignement bonne ou<br />
moyenne, 59% avaient une opinion<br />
favorable de la recherche<br />
universitaire et 71% appréciaient<br />
l'adaptation de ces établissements<br />
au monde professionnel.<br />
Des chiffres à nuancer<br />
toutefois par le fait qu'un peu<br />
moins de la moitié <strong>des</strong> entreprises<br />
connaît bien ou moyennement<br />
bien l'offre de formation<br />
universitaire. L'essentiel <strong>des</strong> rapports<br />
<strong>des</strong> entreprises avec les universités<br />
passe en fait par le recours<br />
aux étudiants pour les<br />
stages et le recrutement de diplômés.<br />
Viennent ensuite les relations<br />
commerciales avec ces organismes<br />
et les contrats de<br />
recherche, qui ne concernent<br />
respectivement que 27% et 12%<br />
<strong>des</strong> firmes du Bas-Rhin.<br />
Le maillage (ou saupoudrage ?)<br />
territorial instrumenté par les<br />
CPER vu par Pierre Delfaud s’apparente<br />
à un monstre chronophage.<br />
Animé de la louable intention<br />
de planification préalable<br />
fondée sur la rationalité cartésienne,<br />
l’Etat y concevrait sur 20<br />
ans le développement universitaire.<br />
Or pour <strong>des</strong> raisons de calendrier<br />
(gestionnaire et politique)<br />
les CPER ont précédé les<br />
SRESR qui ont repris leur contenu<br />
; resterait l’opportunité du miparcours<br />
CPER mais qui n’interviendra<br />
qu’à la marge.<br />
DOSSIER<br />
37
DOSSIER<br />
Bordeaux :<br />
du développement local à l’ouverture européenne<br />
38<br />
Maillage ou ravaudage du système<br />
administratif français à 6<br />
niveaux en incluant l’européen)<br />
depuis les 3 niveaux historiques<br />
de 1789, l’organisation entremêle<br />
<strong>des</strong> collectivités locales indépendantes<br />
l’une de l’autre aux<br />
préoccupations divergentes.<br />
Alors que l’Etat n’a plus de fait de<br />
Plan et que peu de régions en<br />
sont dotées, les deux concluent<br />
un CPER duquel sont exclues les<br />
grosses opérations (Autoroutes ,<br />
TGV…!). Depuis le 3° CPER d’autres<br />
partenaires s’y sont joints :<br />
Notamment l’Europe, d’où la<br />
durée de 7 ans actuelle et l’arrivée<br />
du FEDER et du FSE.<br />
L’orateur observe finement que<br />
l’Etat se gardant le fonctionnement<br />
universitaire, dont les salaires,<br />
s’est ainsi défaussé d’une<br />
bonne partie de l’investissement<br />
lui permettant de dissimuler le<br />
déficit public.<br />
Si la répartition <strong>des</strong> enveloppes<br />
s’est faite globalement, celle <strong>des</strong><br />
maîtrises d’ouvrage a tenu<br />
compte <strong>des</strong> impacts d’aménagement<br />
et de la récupération de la<br />
TVA. M. Delfaud estime l’association<br />
<strong>des</strong> élus pas toujours heureuse<br />
:<br />
Quantitativement, la base financière<br />
fiscale restant la même, les<br />
CPER ont été financièrement plus<br />
avantageux pour les universités<br />
que le financement par l'Etat<br />
seul, car "en se forçant la main<br />
l'un, l'autre", les partenaires ont<br />
créé un effet de levier et la reprise<br />
<strong>des</strong> constructions a été réelle.<br />
"Si l'Etat était resté seul décideur,<br />
il aurait été plus malthusien<br />
ou Bercy aurait freiné ce<br />
mouvement, lors <strong>des</strong> arbitrages<br />
entre ministères". Il l'illustre par<br />
l'exemple aquitain où entre les<br />
CPER 1994-1998 et 2000-2006,<br />
l'effort pour l'enseignement supérieur<br />
s'est maintenu (800<br />
millions de francs, près de 122<br />
millions d'euros) et a connu une<br />
croissance significative pour la<br />
recherche (de 200 à 600 millions<br />
de francs) et exponentielle pour<br />
le transfert de technologies (de<br />
50 à plus de 250 millions de<br />
francs).<br />
Qualitativement, les délocalisations<br />
universitaires auraient sans<br />
doute été moins nombreuses<br />
sans les CPER. "On a augmenté<br />
ainsi l'offre territoriale et maintenu<br />
une vie post-bac dans un<br />
certain nombre de cités", ce qui<br />
a eu <strong>des</strong> impacts économiques et<br />
sociaux. les préfectures sont<br />
quasi toutes pourvues et les sous<br />
préfectures commencent à l’être<br />
y voyant une dynamisation de<br />
leurs cités …<br />
“<br />
En se forçant la<br />
main l’un l’autre,<br />
les partenaires ont<br />
créé un effet de<br />
levier.<br />
”<br />
Pédagogiquement, ce maillage<br />
territorial est-il positif? A-t-on atteint<br />
partout une masse critique?<br />
se demande-t-il. "Au début", raconte-t-il,<br />
"Bordeaux-I et Bordeaux-IV<br />
avaient décidé qu'il n'y<br />
aurait pas de formations au-delà<br />
<strong>des</strong> premiers cycles dans les antennes<br />
universitaires. Puis, sous<br />
la pression <strong>des</strong> élus locaux, la 'ligne<br />
Maginot' a sauté en Aquitaine.<br />
Une université 'expérimentale'<br />
s'est installée à Agen.<br />
Aujourd'hui, le nouvel accord est<br />
: pas de formations généralistes<br />
pour les deuxième et troisième<br />
cycles <strong>des</strong> antennes mais <strong>des</strong> formations<br />
professionnalisées", ce<br />
qui permet aux villes d'afficher<br />
une spécialisation.<br />
Au plan urbanistique, ces délocalisations<br />
ont également suscité<br />
un "urbanisme universitaire".<br />
"Les collectivités ont voulu profiter<br />
<strong>des</strong> opérations d'investissements<br />
<strong>des</strong> CPER pour réaliser <strong>des</strong><br />
opérations immobilières et réhabiliter<br />
certains quartiers. Les étudiants<br />
constituent une armée<br />
d'éclaireurs parfaite pour cette<br />
reconquête urbaine ".<br />
Pour la recherche même fondamentale<br />
nécessitant <strong>des</strong> opérations<br />
immobilières, <strong>des</strong> priorités dites régionales<br />
ont été imposées ou retournées<br />
ou simplement réorientées<br />
vers <strong>des</strong> secteurs relevant <strong>des</strong> spécificités<br />
industrielles locales. Ainsi,<br />
"dans l'actuel contrat de plan, la vigne<br />
et le vin n'était pas la priorité au<br />
départ, ça l'est devenu". Ces choix<br />
permettent une meilleure osmose<br />
entre la recherche et le tissu local.
L’ouverture Européenne<br />
L’éducation et la formation tout<br />
au long de la vie intègrent le<br />
nouveau concept d’éducation<br />
englobant en le dépassant le clivage<br />
formation initiale et continue<br />
mais aussi les connaissances<br />
acquises en dehors d’organismes<br />
traditionnellement dispensateurs<br />
de formation.<br />
Les programmes communautaires<br />
existants (Leonardo et Socrates)<br />
seront renforcés, une vision<br />
plus transversale étant envisagée<br />
pour la 3° génération de ces programmes.<br />
Une université du<br />
Temps libre aujourd’hui considérée<br />
comme une activité annexe<br />
d’un établissement universitaire<br />
prendra de plus en plus d’importance<br />
comme les écoles de la<br />
seconde chance type Marseille.<br />
Le DAEU qui en tient un peu lieu<br />
en université reste très traditionnel<br />
dans sa conception ( la même<br />
formation mais quelques années<br />
plus tard sans tenir compte <strong>des</strong><br />
acquis professionnels).<br />
Compléments de formation et<br />
réorientations déjà pratiquées<br />
sont à revoir dans le même esprit<br />
sans négliger le simple souhait<br />
d’épanouissement personnel.<br />
Les nouveaux programmes à<br />
concevoir doivent rester diplômants<br />
ou intégrer <strong>des</strong> parcours validés ;<br />
l’apprenant conservera son libre<br />
choix, l ‘enseignement supérieur<br />
privé dispensant toujours l’immense<br />
majorité <strong>des</strong> formations.<br />
<strong>La</strong> formation <strong>des</strong> formateurs en<br />
IUFM doit englober ces nouvelles<br />
approches d’un public nouveau.<br />
Les services universitaires de formation<br />
continue (SUFC) doivent<br />
être plus au contact <strong>des</strong> services<br />
de scolarité pour leur apporter<br />
les conseils nécessaires et favoriser<br />
le retour en formation de publics<br />
en reprise d’étu<strong>des</strong>.<br />
Globalement une évaluation <strong>des</strong><br />
actions menées au regard d’objectifs<br />
affichés sera incontournable.<br />
De plus de 40 systèmes nationaux<br />
cloisonnés bâtis sur plusieurs<br />
modèles ( anglo saxon ,<br />
humboldtien, napoléonien, soviétique<br />
) alors qu’elle représentait<br />
la première <strong>des</strong>tination <strong>des</strong><br />
étudiants, l’Europe est entrée<br />
dans une phase d’aide à la mobilité<br />
grâce à une coopération<br />
réussie à base de réseaux multipartenariaux,<br />
d’expertise et <strong>des</strong><br />
crédits ECTS. <strong>La</strong> phase actuelle<br />
tend vers la convergence en s’attaquant<br />
aux structures, aux<br />
calendriers, aux notations , aux<br />
reconnaissances de diplômes… :<br />
le travail n’est pas achevé, les systèmes<br />
étant trop confus et les<br />
mots n’y ont pas le même sens :<br />
exemple du mot licence allant<br />
de Bac + 3 à + 8.<br />
Les politiques nationales demeurent<br />
mais poursuivent <strong>des</strong> objectifs européens<br />
communs sur la base <strong>des</strong> défis<br />
extérieurs de la mondialisation,<br />
de la perte de la première place dans<br />
les <strong>des</strong>tinations <strong>des</strong> étudiants au profit<br />
<strong>des</strong> USA, de la non reconnaissance<br />
<strong>des</strong> diplômes européens et de<br />
leur non homogénéisation.<br />
Selon Guy Haug, expert à la<br />
Commission européenne, la coopération<br />
politique dans le domaine<br />
de l'éducation en Europe<br />
évolue vers un modèle de<br />
"systèmes éducatifs divers avec<br />
<strong>des</strong> objectifs partagés", comme<br />
en témoigne le programme de<br />
travail sur les objectifs d'éducation<br />
et de formation adopté<br />
par les ministres de l'Union européenne<br />
le 14 février dernier.<br />
Ce modèle convergent obéit à<br />
une "méthode ouverte de coordination",<br />
qu'il définit ainsi:<br />
"on définit <strong>des</strong> objectifs communs,<br />
on examine les expériences<br />
dont on peut apprendre<br />
et on mesure les progrès accomplis".<br />
Pour lui, l'étape suivante<br />
consiste à comparer ce<br />
que l'on fait en Europe en termes<br />
éducatifs avec ce qui se fait<br />
ailleurs ! Il reconnaît que le processus<br />
de convergence sera long<br />
mais sans doute stimulé et accéléré<br />
par l'émulation, la<br />
concurrence entre établissements.<br />
Il note avec satisfaction<br />
que l'élargissement de l'UE<br />
(Union européenne) a été "largement<br />
anticipé" en matière<br />
d'enseignement supérieur et de<br />
recherche, où les décisions se<br />
prennent désormais à 30 et<br />
non à 15 pays. Guy Haug estime<br />
toutefois qu'il manque actuellement<br />
au niveau européen<br />
"un programme générique<br />
pour coopérer avec les autres<br />
régions du monde".<br />
Les ECTS dont M. Korolitski chef<br />
du service contrats et formations<br />
avait fait le titre de son interven-<br />
DOSSIER<br />
39
DOSSIER<br />
Bordeaux :<br />
du développement local à l’ouverture européenne<br />
40<br />
tion n’ont jamais été abordées :<br />
façon de dire que le politique<br />
prime le technique et que l’important,<br />
c’est l'esprit du "3-5-8"<br />
tel qu'il prévaut en France. L'adaptation<br />
au processus de Bologne<br />
a été pensée de façon que<br />
l'offre de formation universitaire<br />
soit la plus souple possible et réponde<br />
à tous les besoins, que ce<br />
soit en formation initiale, en formation<br />
continue, en formation<br />
générale, en formation professionnelle,<br />
en présentiel ou à distance.<br />
Il admet toutefois que ce<br />
système semestrialisé soulève de<br />
nouvelles questions (sans fournir<br />
de réponses) : comment gérer le<br />
système de bourses? Le logiciel<br />
Apogée est-il adapté? Les normes<br />
San Remo doivent-elles évoluer?<br />
Selon lui, les textes publiés en février<br />
sur la licence et le master, en<br />
ne fixant pas de volume horaire<br />
notamment, laissent une plus<br />
grande liberté pédagogique. Mais<br />
"ceci n'est acceptable que si le<br />
dispositif d'évaluation se renforce.<br />
Actuellement, ce dispositif<br />
est médiocre dans ses métho<strong>des</strong><br />
et ses résultats", constate-t-il. Sous<br />
forme de boutade, il poursuit:<br />
"on vous demande de faire <strong>des</strong><br />
dossiers [de demande d'habilitation]<br />
que nous n'avons pas envie<br />
de lire". Jean-Pierre Korolitski<br />
note également qu'en ce moment<br />
"les universités professionnalisent<br />
à tour de bras. On peut se demander<br />
si elles ne le font pas<br />
trop".<br />
<strong>La</strong> question de J. Narvaez sur les<br />
risques induits <strong>des</strong> montages de<br />
formations diplôme par diplôme,<br />
université par université, facteurs<br />
d’inégalités évidentes, a été longuement<br />
éludée par l’orateur.<br />
Quant au financement, la vague<br />
contractuelle 2003 devrait être<br />
l'occasion de tester la volonté<br />
<strong>des</strong> universités de s'engouffrer<br />
dans les nouvelles dispositions<br />
en matière de rémunération de<br />
services de formation proposés<br />
dans le cadre de leur mission de<br />
coopération internationale définies<br />
par le décret n°2002-654<br />
du 30 avril 2002. Ce texte précise<br />
que les établissements publics<br />
d'enseignement supérieur<br />
peuvent, dans le cadre de leur<br />
mission de coopération internationale,<br />
"offrir <strong>des</strong> formations<br />
spécifiquement adaptées, dans<br />
leurs contenus comme dans leurs<br />
modalités", aux publics visés par<br />
cette mission - étudiants étrangers<br />
accueillis en France ou étudiants<br />
étrangers demeurant dans<br />
d'autres pays, sous la forme de<br />
prestations sur place ou à distance-<br />
ainsi que <strong>des</strong> "services associés".<br />
Cette offre de formations<br />
et de services peut être proposée<br />
"à titre collectif, dans le cadre de<br />
conventions ou à titre individuel".<br />
C'est le conseil d'administration<br />
qui fixe les conditions de<br />
rémunération de ces services.<br />
M Munda représentant le gouvernement<br />
basque espagnol a<br />
décrit la coopération universitaire<br />
entre les universités d’Aquitaine<br />
et celles du Pays basque<br />
espagnol créant le plus important<br />
pôle universitaire européen<br />
entre Paris et Madrid. Malgré les<br />
embûches linguistiques, le français<br />
n’étant plus guère pratiqué<br />
en pays basque espagnol, les reconnaissances<br />
de diplômes et les<br />
difficultés de transport, cette coopération<br />
progresse mais souffre<br />
encore de l’absence de véritables<br />
structures communes et d’un réel<br />
état d’esprit politique transfrontalier<br />
au-delà <strong>des</strong> seuls traités qui<br />
ne restent que <strong>des</strong> outils.<br />
Apparemment les choses sont<br />
plus faciles à construire pour un<br />
dossier Intereg côté Pays Basque,<br />
seul interlocuteur, que côté francais<br />
précise M. Munda à JJ Pellegrin<br />
tenté de faire <strong>des</strong> comparaisons<br />
avec son université<br />
savoyarde confrontée à la pléthore<br />
<strong>des</strong> interlocuteurs français<br />
et italiens.<br />
En conclusion :<br />
M Ritz a souligné que la frustration engendrée par la fin <strong>des</strong> débats<br />
conduirait les participants à revenir en Aquitaine<br />
Le VP du Conseil Régional a conclu lui sur les mutations importantes<br />
du système universitaire que l’intendance symbolisée par les SGE-<br />
PES devra assumer.
Errata sur l’article de Pellegrin<br />
Jean-Jacques PELLEGRIN a signé<br />
un article remarqué (parce<br />
que remarquable) sur la<br />
contractualisation dans le numéro<br />
précédent. Il demande à<br />
<strong>La</strong> <strong>revue</strong> de prévoir un erratum<br />
dans ce numéro 9, afin " d’éviter<br />
de voir maltraiter la langue<br />
française ". Maltraitance de la<br />
langue, quelle horreur ! <strong>La</strong> Revue<br />
s’exécute bien sûr, et signale<br />
qu’il convient de corriger<br />
comme suit l’article de notre<br />
collègue :<br />
DOSSIER<br />
“• Page 14, paragraphe 10 :<br />
lire "constance" au lieu de constante ;<br />
• Page 16, paragraphe 6 :<br />
un point d’interrogation après (41) ;<br />
• Page 17, paragraphe 1 :<br />
lire "a conduit à ce que l’ensemble" au lieu de "a conduit que<br />
l’ensemble" ;<br />
• Page 10, paragraphe 5 :<br />
lire "… performance dans le monde de la recherche que dans<br />
celui de l’enseignement …" au lieu de "… la recherche aussi<br />
bien que celui de l’enseignement …"<br />
• Page 14, paragraphe 2 :<br />
”<br />
supprimer "que " avant " l’État , par ses contrats …"<br />
41
DOSSIER<br />
Intervention de M.CYTERMANN<br />
Bordeaux le 30 mai 2002<br />
42<br />
Je suis heureux de participer une<br />
nouvelle fois à un de vos colloques<br />
et de plus sur un thème<br />
qui me tient à cœur, celui de l’aménagement<br />
du territoire universitaire<br />
et du développement local.<br />
L’intervention, que je vais vous<br />
faire aujourd’hui, n’est en aucune<br />
façon la position officielle du ministère,<br />
dont vous comprendrez<br />
aisément qu’elle ne peut être définie<br />
aujourd’hui. Elle reflète,<br />
pour l’essentiel mes convictions<br />
personnelles telles qu’elles ont<br />
pu se forger, à travers les différentes<br />
fonctions que j’ai occupées<br />
depuis maintenant une<br />
vingtaine d’années. J’ai en effet<br />
vu naître la première génération<br />
de contrats de plan Etat Région,<br />
et j’ai participé aux deux plans<br />
Université 2000 et U3M . J’ai été<br />
en outre le principal rédacteur<br />
du schéma de services collectifs<br />
de l’enseignement supérieur et<br />
de la recherche ;<br />
Comme vous le savez, la répartition<br />
<strong>des</strong> sites d’enseignement supérieur<br />
et de la recherche ne s’est<br />
pas faite suivant un processus ordonné<br />
. <strong>La</strong> carte universitaire, évoquée<br />
à l’article 19 de la loi de<br />
1984, m’a paru toujours tenir de "<br />
l’arlésienne " et le schéma de service<br />
collectifs n’est resté qu’une<br />
première ébauche de ce que devrait<br />
être une véritable réflexion<br />
prospective sur cette question.<br />
<strong>La</strong> carte universitaire, telle qu’elle<br />
existe aujourd’hui, est la somme<br />
d’une myriade de décisions individuelles,<br />
en matière d’habilitations<br />
de formations, de créations de<br />
nouveaux départements d’IUT ou<br />
de sections de techniciens supérieurs<br />
prises, pour faire un mauvais<br />
jeu de mots, " sous l’empire de la<br />
nécessité et du hasard ". <strong>La</strong> nécessité,<br />
est avant tout celle de l’accueil<br />
d’un nombre croissant d’étudiants ;<br />
Il est significatif que la création de<br />
nouveaux sites et même de nouvelles<br />
universités, se soit faite dans les<br />
pério<strong>des</strong> de gran<strong>des</strong> croissances, à<br />
partir du milieu <strong>des</strong> années 60 ou<br />
pendant la période 1988-1993.<br />
Ce développement d’une université<br />
de proximité a en même temps<br />
été un <strong>des</strong> facteurs de la démocra-<br />
“<br />
le principe<br />
de contractualisation<br />
devrait pouvoir<br />
s’étendre à<br />
d’autres partenaires.<br />
”<br />
tisation de l’enseignement supérieur<br />
; pour prendre un exemple<br />
bien connu, la création de l’université<br />
de Valenciennes, puis <strong>des</strong><br />
deux universités nouvelles du Littoral<br />
et de l’Artois ont permis l’accès<br />
à l’enseignement supérieur de<br />
couches de la population qui, autrement<br />
n’y auraient pas accédé.<br />
L’Etat cherchait en outre <strong>des</strong> partenaires,<br />
notamment pour <strong>des</strong> raisons<br />
financières mais aussi pour<br />
<strong>des</strong> raisons liées à la décentralisation<br />
: financement partiel <strong>des</strong> STS<br />
et <strong>des</strong> CPGE par les régions, compétences<br />
de ces dernières en matière<br />
de développement économique.<br />
Un article récent, publié dans la<br />
<strong>revue</strong> de la direction : "Education<br />
et Formations N°62" fait le point<br />
sur l'implication croissante <strong>des</strong> collectivités<br />
territoriales dans l'enseignement<br />
supérieur .Leur contribution<br />
a été multipliée par 4 en 20<br />
ans. Elles ont vu, dans le soutien à<br />
l'enseignement supérieur et dans<br />
la recherche qui lui est liée, un facteur<br />
de développement économique,<br />
pouvant favoriser l'implantation<br />
d'entreprises.<br />
L'implantation de filières d'enseignement<br />
technologique ou<br />
professionnalisé a souvent fait<br />
partie <strong>des</strong> mesures prises en faveur<br />
<strong>des</strong> pôles de conversion victimes<br />
de difficultés économiques<br />
(textile et sidérurgie dans le Nord<br />
ou en Lorraine ; de l'armement<br />
à Tulle, Bourges ou Roanne, ou<br />
dernièrement de Moulinex à<br />
Caen) les villes accueillant <strong>des</strong><br />
formations universitaires, villes<br />
moyennes ou même gran<strong>des</strong><br />
villes y ont vu un moyen de redynamiser<br />
les centres villes ou de<br />
revivifier le commerce local. Il ne<br />
faut pas oublier que certaines<br />
villes (Aix, Poitiers, Besançon,<br />
Rennes, Montpellier…)ont une<br />
population étudiante avoisinant,<br />
voire dépassant 20% de la population<br />
totale de l'agglomération.<br />
Ce partenariat a concerné<br />
progressivement l'ensemble <strong>des</strong><br />
collectives territoriales. Région et<br />
ville de Paris ont accepté de s'engager<br />
fortement dans le dernier<br />
contrat de plan 2000-2006. Elles<br />
ont également touché peu à<br />
peu tous les secteurs de la vie<br />
universitaire. Si la recherche en<br />
sciences dures, les écoles d'ingé-
nieurs et les IUT ont été privilégiés<br />
par la première vague de<br />
contrats de plan, l'intérêt <strong>des</strong><br />
collectivités s'est peu à peu<br />
étendu aux bibliothèques, à la<br />
vie étudiante, à l'enseignement<br />
et à la recherche en sciences humaines<br />
et sociales. Globalement<br />
ce partenariat s'est révélé plutôt<br />
positif, non seulement par l'importance<br />
<strong>des</strong> montants apportés<br />
mais aussi parce qu'il a favorisé<br />
une qualité <strong>des</strong> constructions<br />
universitaires et le retour de<br />
l'université dans la ville. Il y a<br />
bien évidemment quelques inconvénients<br />
: risque de dispersion,<br />
risque d'interférence entre<br />
querelles locales et querelles universitaires<br />
et peut être au bout<br />
du compte répartition pas tout à<br />
fait optimale <strong>des</strong> financements.<br />
Un certain déséquilibre a été sans<br />
doute induit, au détriment de Paris<br />
par rapport à la Province, <strong>des</strong><br />
réhabilitations par rapport aux<br />
constructions neuves et <strong>des</strong> lettres<br />
et sciences humaines.<br />
J'ai évoqué la "nécessité" ; au titre<br />
du hasard ou plutôt de décisions<br />
hasardeuses, je citerai plutôt<br />
la création de départements<br />
d'IUT purement politiques, l'empilement<br />
<strong>des</strong> habilitations, ou la<br />
création de départements d'IUT<br />
sans aucune coordination avec<br />
les sections de STS .<br />
<strong>La</strong> première partie du schéma de services<br />
collectifs s'est attachée à faire<br />
un bilan de cette carte <strong>des</strong> implantations<br />
d'enseignement supérieur et à<br />
montrer le caractère extrêmement<br />
fin du maillage ainsi réalisé.<br />
On dénombre ainsi 575 sites<br />
d'enseignement supérieur, hors<br />
Ile de France se répartissant en :<br />
• 40 sites sièges d'une université<br />
en métropole et 6<br />
sites correspondant aux<br />
universités <strong>des</strong> DOM-<br />
TOM .<br />
• 10 sites correspondant<br />
aux 10 universités multipolaires<br />
(Artois, Bretagne-Sud<br />
, Littoral )<br />
• 15 sites accueillant uniquement<br />
une antenne<br />
universitaire<br />
• 55 sites "accueillant "<br />
une antenne et une ou<br />
plusieurs départements<br />
d'IUT.<br />
• 27 sites accueillant uniquement<br />
<strong>des</strong> départements<br />
d'IUT .<br />
• 8 implantations d'IUFM<br />
isolées.<br />
A ces 161 implantations universitaires,<br />
il faut ajouter 414 autres<br />
implantations, accueillant essentiellement<br />
<strong>des</strong> sections de technicien<br />
supérieur. Il s'agit donc<br />
d'un maillage extrêmement fin,<br />
qui montre clairement qu'il ne<br />
faut pas créer de nouveaux sites.<br />
Il faut cependant relativiser cette<br />
dispersion, dans la mesure où<br />
seulement 10% de la population<br />
post-baccalauréat est inscrite<br />
dans <strong>des</strong> villes qui ne sont pas<br />
sièges d'universités ;<br />
Si les universités et les CPGE sont<br />
concentrées dans les gran<strong>des</strong><br />
villes, ce n'est pas le cas <strong>des</strong> IUT<br />
et encore moins <strong>des</strong> STS. Plus<br />
d'un quart <strong>des</strong> étudiants d'IUT<br />
sont dans les villes non sièges d'universités<br />
; et près de 40% <strong>des</strong><br />
élèves de STS étudient dans <strong>des</strong><br />
villes de moins de 100000 habitants.<br />
Il y a bien évidemment une<br />
orthogonalité forte entre cette<br />
carte <strong>des</strong> formations supérieures<br />
et celle de la recherche beaucoup<br />
plus concentrée. Une quinzaine<br />
d'universités concentre la moitié<br />
<strong>des</strong> chercheurs temps pleins <strong>des</strong><br />
organismes de recherche. Et dans<br />
plus de la moitié <strong>des</strong> régions, les<br />
chercheurs sont très majoritairement,<br />
voire exclusivement <strong>des</strong><br />
enseignants chercheurs. Un dernier<br />
élément caractéristique du<br />
paysage universitaire français, est<br />
celui de l'absence de lisibilité du<br />
découpage universitaire dans les<br />
gran<strong>des</strong> villes et de l'émiettement<br />
du tissu <strong>des</strong> écoles d'ingénieurs.<br />
Est -il et bon pour la recherche par<br />
exemple d'avoir, sur plusieurs sites<br />
(Bordeaux, Lille, Clermont,<br />
Montpellier ) la médecine coupée<br />
<strong>des</strong> sciences et même <strong>des</strong> sciences<br />
de la vie ? Est -ce rationnel,<br />
d'avoir, dans une même ville,<br />
trois universités offrant <strong>des</strong> sciences<br />
ou de la gestion ? Notre tissu<br />
de formations et d'écoles d'ingénieurs<br />
est également faiblement<br />
structuré :<br />
43<br />
DOSSIER
DOSSIER<br />
Intervention de M.CYTERMANN<br />
Bordeaux le 30 mai 2002<br />
44<br />
70% <strong>des</strong> formations ont un flux<br />
annuel inférieur à 100 étudiants<br />
et un stock inférieur à 300. On<br />
est loin de ce que l'on peut trouver<br />
en Allemagne ou en Suisse.<br />
Il reste maintenant à se pencher<br />
sur les facteurs propres à agir sur<br />
cette structuration du système<br />
d'enseignement supérieur. J'en<br />
distinguerai quatre : l'évolution<br />
de la démographie étudiante,<br />
celle de la démographie enseignante,<br />
l'internationalisation de<br />
l'enseignement supérieur et de<br />
la recherche et les nouvelles<br />
technologies.<br />
Il est clair que nous sommes depuis<br />
maintenant 5 ans et l'on ne<br />
peut que le déplorer dans une<br />
phase de stabilisation, voire de<br />
stagnation <strong>des</strong> effectifs étudiants ,<br />
et de l'accès à l'enseignement supérieur<br />
qui semble s'être accentuée<br />
à cette rentrée en manifestant<br />
une certaine désaffection<br />
pour le premier cycle universitaire<br />
.<br />
Près d'un quart <strong>des</strong> universités a<br />
perdu au moins 10% de ses effectifs<br />
en 5 ans et pour cinq d'entre<br />
elle cette décroissance atteint<br />
les 15%. Les plus touchées semblent<br />
être les universités du grand<br />
bassin parisien (Amiens, Reims, le<br />
Mans, Orléans, Caen, Tours) et<br />
certaines universités situées dans<br />
<strong>des</strong> villes autres que la capitale régionale<br />
(Pau, Saint- Etienne ). Ces<br />
perspectives de stabilisation de la<br />
population étudiante ne tiennent<br />
pas compte <strong>des</strong> perspectives induites<br />
par la validation <strong>des</strong> acquis<br />
de l'expérience. <strong>La</strong> situation de la<br />
démographie étudiantes conduit<br />
de fait à une concurrence entre<br />
les universités pour attirer les<br />
étudiants. Le cas de la région parisienne<br />
avec ses dix-sept universités<br />
méritera d'être analysé.<br />
Comment se repartissent les étudiants<br />
lorsqu'il n'y a pas de problèmes<br />
de capacité d'accueil ?<br />
Le renouvellement <strong>des</strong> enseignants<br />
chercheurs, près de 40%<br />
sur 10 ans risque ainsi d'induire<br />
une concurrence entre universités<br />
pour attirer les meilleurs enseignants<br />
chercheurs en particulier<br />
lorsque le vivier se révélera insuffisant<br />
. On sait en outre que les universités<br />
de Paris centre et de<br />
quelques universités attractives du<br />
sud de la France connaîtront en<br />
premier les départ importants<br />
d'enseignants chercheurs ce qui<br />
créera un appel d'air pouvant déstabiliser,<br />
sur le plan de la recherche<br />
notamment , beaucoup d'universités<br />
de la petite et de la grande<br />
couronne parisienne …et d'une<br />
manière générale les universités les<br />
plus fragiles et les plus récentes.<br />
Il est clair aussi que nos universités<br />
devront être attractives face à<br />
l'internationalisation croissante<br />
de la recherche et de l'enseignement<br />
supérieur. C'est vrai pour la<br />
recherche ou la commission<br />
prône la constitution de réseaux<br />
d'excellence ; c'est vrai aussi<br />
pour la formation où nos universités<br />
devront être en mesure<br />
d'accueillir les meilleurs étudiants<br />
d'autres pays, qu'ils soit<br />
européens ou pas.<br />
Enfin il est encore difficile de mesurer<br />
l'impact <strong>des</strong> nouvelles<br />
technologies et de l'enseignement<br />
à distance sur la localisation<br />
<strong>des</strong> implantations même si<br />
on peut espérer qu'elle favorisera<br />
plutôt le travail en réseau,<br />
qui est un <strong>des</strong> concepts clés du<br />
schéma de services collectifs.<br />
Je souhaiterais développer pour<br />
finir quelques réflexions personnelles<br />
allant au delà de ce qui est<br />
parfois écrit en filigrane dans le<br />
schéma de services collectifs.<br />
Il ne sert à rien de s'indigner ou<br />
de se voiler la face au nom de présupposés<br />
de nature idéologique :<br />
il y a partiellement une concurrence<br />
entre établissements pour<br />
attirer étudiants et enseignants ou<br />
pour prétendre aux crédits européens.<br />
Le rôle du ministère est<br />
d'introduire <strong>des</strong> éléments de "régulation"<br />
suffisamment forts pour<br />
pallier les effets fâcheux induits<br />
par cette concurrence.<br />
Plus que jamais l'élément de régulation<br />
doit être le contrat d'établissement.<br />
Pour que celui ci<br />
retrouve du sens, il faut qu'il y ait<br />
une discussion stratégique et au<br />
sein de l'établissement et entre<br />
l'établissement et le ministère<br />
abordant les points suivants : offre<br />
de formation, structuration de la<br />
recherche et politique de recrutement.<br />
Ce n'est cependant pas<br />
chose facile : Quelle stratégie de<br />
développement proposer pour<br />
<strong>des</strong> universités qui sont relativement<br />
faibles en recherche et qui<br />
de surcroît perdent <strong>des</strong> effectifs ?<br />
<strong>La</strong> recherche d'une cohérence de<br />
l'offre de formation implique de<br />
mettre fin à l'empilement déraisonnable<br />
parfois <strong>des</strong> habilita-
tions, à examiner<br />
“<br />
ces habilitations<br />
dans une logique<br />
régionale ou<br />
interrégionale.<br />
Elle peut amener<br />
à se poser la<br />
question d'une<br />
relative spécialisation<br />
<strong>des</strong> universités. Je suis persuadé<br />
que l'identité d'une université<br />
tient beaucoup à ses<br />
filières professionnelles ou à sa<br />
recherche. Je crois aussi que les<br />
universités moyennes ou petites<br />
qui ont réussi sont celles qui ont<br />
su choisir <strong>des</strong> créneaux d'excellence<br />
ou de spécialisation au lieu<br />
de vouloir avoir la même gamme<br />
de formations que la métropole<br />
régionale distante de 50 km. Les<br />
notions de réseau et de spécialisation<br />
partielle peuvent très bien<br />
s'articuler de manière cohérente.<br />
<strong>La</strong> nécessaire programmation de<br />
l'emploi scientifique doit pouvoir<br />
se décliner géographiquement.<br />
<strong>La</strong> détermination de créneaux<br />
de spécialisation doit<br />
pouvoir s'accompagner de politiques<br />
d'attribution de moyens<br />
non fondées uniquement sur l'évolution<br />
<strong>des</strong> effectifs d'étudiants.<br />
Des dispositifs spécifiques pourraient<br />
permettre aux universités<br />
les plus faibles en recherche d'avoir<br />
une politique de recrutement<br />
et de ne pas pénaliser les<br />
jeunes enseignants chercheurs<br />
nouvellement recrutés.<br />
Enfin on est inévitablement<br />
amené à se poser <strong>des</strong> questions<br />
sur la taille optimale <strong>des</strong> universités,<br />
leur structuration et les<br />
Plus que jamais l’élément<br />
de régulation<br />
doit être le contrat<br />
d’établissement.<br />
possibilités de<br />
regroupements .<br />
Je ne crois pas<br />
qu'il y ait vraiment<br />
<strong>des</strong> tailles<br />
optimales : une<br />
”<br />
université de<br />
6000 étudiants<br />
orientée vers les<br />
filières professionnalisées et les<br />
sciences de l'ingénieur peut être<br />
parfaitement viable comme une<br />
grande université généraliste de<br />
40000 étudiants.<br />
S'agissant <strong>des</strong> rapprochements<br />
ou regroupements d'établissement<br />
, le schéma de services a<br />
délibérément et raisonnablement<br />
suggéré une démarche incitative<br />
et l'amélioration <strong>des</strong><br />
mo<strong>des</strong> de coopération ; je pense<br />
néanmoins qu'un jour ou l'autre<br />
se posera la question du regroupement<br />
<strong>des</strong> universités dans nos<br />
grands centres pluriuniversitaires.<br />
Il est clair que cette question<br />
n'est plus taboue et que l'on en<br />
parle de plus en plus dans certains<br />
sites ou dans certaines régions<br />
(Clermont, Nancy, Strasbourg<br />
). Le départ en retraite <strong>des</strong><br />
acteurs <strong>des</strong> scissions sera peut<br />
être une bonne chose.<br />
45<br />
DOSSIER
DOSSIER<br />
Séminaire annuel <strong>des</strong> chanceliers (Kanzler) <strong>des</strong><br />
à MÜNSTER (Westphalie) du 26 au 29 septembre 2001<br />
46<br />
<strong>La</strong> seconde université allemande,<br />
de par le poids de ses étudiants,<br />
accueillait la 44ème édition <strong>des</strong><br />
journées nationales <strong>des</strong> chanceliers<br />
<strong>des</strong> universités de RFA.<br />
Cumulant la fonction de Secrétaire<br />
Général et les responsabilités, face<br />
au Juge <strong>des</strong> Comptes, de l’Agent<br />
Comptable, le chancelier allemand<br />
se trouve confronté aux même<br />
problématiques que celles de ses<br />
collègues français mais, tel un<br />
Janus à double tête, doit les<br />
mener de front aux plans administratif<br />
et financier.<br />
Le cadre de cette rencontre à<br />
laquelle nos deux associations<br />
étaient pour la première fois<br />
représentées de conserve, occurrence<br />
apparemment fort prisée<br />
par nos invitants, ressemble de<br />
fort loin à nos établissements<br />
hexagonaux. Faut-il résumer<br />
Munster, ce superbe cadre de<br />
rencontre, par l’université-château<br />
dans la ville ou l’inverse ?<br />
<strong>La</strong> symbiose parut en effet parfaite<br />
aux deux Hurons français se<br />
retrouvant dans <strong>des</strong> palais royaux<br />
à peine débarqués de leurs campus<br />
souvent excentrés et moins en<br />
phase avec leur environnement.<br />
Les étudiants de<br />
Munster représentent<br />
la moitié<br />
de la population<br />
locale intra-muros<br />
mais n’y séjournent<br />
que la<br />
moitié de l’année<br />
sur la base de leur<br />
“<br />
totale liberté de suivi <strong>des</strong> formations<br />
qui les conduisent souvent<br />
au-delà de l’âge de trente ans<br />
avant que de rencontrer leurs premiers<br />
examens ! Comment faire vivre<br />
harmonieusement autant de<br />
personnes sur un espace restreint<br />
et classé patrimoine historique ? <strong>La</strong><br />
réponse tient largement au mode<br />
de locomotion majoritairement<br />
I - Des questionnements similaires<br />
Comment connaître<br />
ses possibilités financières<br />
quand on ne<br />
mesure pas sa<br />
richesse ?<br />
utilisé par les uns<br />
et les autres : la<br />
bicyclette omniprésente<br />
au point<br />
que les parkings<br />
qui lui sont dédiés<br />
n’y suffisent<br />
”<br />
plus ; elle véhicule<br />
une sorte<br />
d’atmosphère angevine faite de<br />
calme et de sérénité.<br />
Ces deux termes peuvent parfaitement<br />
s’appliquer aux débats riches<br />
menés pendant ces journées et<br />
que l’on résumera de façon caricaturale<br />
en quelques questionnements<br />
similaires (I) et points de divergence<br />
(II) avant d’aborder le<br />
thème même de ce colloque (III).<br />
• comment résoudre la conciliation<br />
entre la liberté académique<br />
consacrée par l’Université<br />
d’Humboldt avec une organisation<br />
administrative minimale ?<br />
• comment détricoter la pelote<br />
<strong>des</strong> financements croisés nationaux<br />
et locaux en l’absence d’une<br />
politique contractualisée digne de<br />
ce nom et inscrite dans la durée et<br />
donc la pluri-annualité ? A l’image<br />
de la répartition inachevée<br />
<strong>des</strong> compétences entre l’Etat français<br />
et ses collectivités locales, la<br />
loi fondamentale de 1949 (équivalente<br />
de notre Constitution) a<br />
prévu <strong>des</strong> champs de compétences<br />
partagées parmi lesquels les<br />
constructions universitaires,<br />
thème central de ce colloque.<br />
• comment connaître ses possibilités<br />
financières quand on ne mesure<br />
pas sa richesse : pas d’inventaire<br />
ni d’amortissement réel d’un<br />
patrimoine immobilier dont la propriété<br />
sauf exception (Sarre) appartient<br />
et est gérée par d’autres.<br />
• comment évaluer la qualité <strong>des</strong><br />
enseignements, si tant est que la<br />
démarche soit admise par les enseignants,<br />
en l’absence d’indicateurs<br />
reconnus comme le taux<br />
d’insertion professionnelle, l’emploi,<br />
parfois mo<strong>des</strong>te, obtenu au<br />
terme d’une durée anormalement<br />
longue <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> ?<br />
• comment mesurer l’impact de<br />
la recherche, dont la rentabilité<br />
se doit d’être mesurée par le<br />
nombre de contrats, les sommes<br />
engagées, le nombre de doctorants,<br />
de brevets… en lieu et<br />
place de l’empirisme actuel ?<br />
• comment assumer efficacement<br />
sa mission universitaire<br />
quand elle doit être partagée en
universités alleman<strong>des</strong>, et de ses paradoxes<br />
RFA comme en France avec un<br />
CHU, un CROUS… ?<br />
• comment assurer la sécurité<br />
<strong>des</strong> bâtiments quand la priorité<br />
financière va à la recherche ? Le<br />
recours aux assurances suffira-t-il<br />
à résoudre ce choix qui n’est vraiment<br />
cornélien que pour les administrateurs,<br />
les chercheurs<br />
ayant fait le leur ? <strong>La</strong> globalisation<br />
<strong>des</strong> dotations financières sous<br />
couvert d’assurer l’autonomie ne<br />
la réduit-elle pas compte tenu de<br />
la suprématie de la recherche ?<br />
DOSSIER<br />
II - Des points de moindre convergence<br />
• le rôle même du chancelier<br />
(entendu au sens de sa double<br />
fonction française correspondante)<br />
n’est pas perçu de la<br />
même manière <strong>des</strong> deux côtés<br />
du Rhin :<br />
• sa rive droite abriterait un<br />
Chancelier véritable Directeur<br />
Général, fonctionnaire du <strong>La</strong>nd,<br />
facteur d’innovation et porteur<br />
de changement au point de perturber<br />
les équipes politiques qui<br />
concevrait son rôle d’administrateur<br />
comme celui d’un intermédiaire<br />
en s’abritant derrière<br />
l’historique liberté universitaire<br />
tandis que sur sa rive gauche les<br />
deux détenteurs de la fonction<br />
de chancelier s’arc-bouteraient<br />
sur le respect <strong>des</strong> textes réglementaires<br />
fondement ou prétexte<br />
à leur résistance à tout<br />
changement. Les choses ne sont<br />
évidemment pas aussi caricaturales,<br />
la double fonction du<br />
Kanzler en sa dominante financière<br />
est d’ailleurs confirmée par<br />
l’invitation, à chacun de leurs<br />
colloques, d’un représentant de<br />
la Cour <strong>des</strong> Comptes (Rechnungshof).<br />
• plus proche de la source du<br />
fleuve européen par essence, les<br />
collègues suisses, également représentés,<br />
s’inquiètent eux de<br />
l’arrivée d’équipes d’enseignants<br />
estimant maîtriser toutes les<br />
techniques administratives jusqu’à<br />
en évincer les titulaires traditionnels<br />
<strong>des</strong> fonctions d’administrateurs.<br />
• dépendant pour l’essentiel de<br />
leur quotidien <strong>des</strong> Länder (<strong>des</strong>quels<br />
les chanceliers tiennent<br />
leur nomination), les universités<br />
alleman<strong>des</strong> ne connaissent certes<br />
pas les affres <strong>des</strong> contraintes<br />
parisiennes et encore fortement<br />
centralisées mais elles y perdent<br />
une certaine marge de manœuvre<br />
parfois utile aux établissements<br />
français rompus à cet exercice<br />
singulier du dialogue avec la<br />
centrale toute à la fois tutélaire<br />
et parfaite bouc émissaire.<br />
• encore éloignée de l’ambitieux<br />
objectif <strong>des</strong> cursus d’étu<strong>des</strong> à 3-<br />
5-8, l’Allemagne ne sait ni comment<br />
l’atteindre tant est encore<br />
prégnante la pratique de l’examen<br />
final ni comment introduire<br />
<strong>des</strong> diplômes intermédiaires. Elle<br />
attend donc beaucoup du dispositif<br />
européen d’ECTS susceptible<br />
de résoudre en douceur cette<br />
question.<br />
47
DOSSIER<br />
Séminaire annuel <strong>des</strong> chanceliers (Kanzler)<br />
<strong>des</strong> universités alleman<strong>des</strong>, et de ses paradoxes<br />
III - Le thème de ce séminaire portait en effet sur " l'avenir <strong>des</strong> compétences partagées,<br />
à partir de l'exemple <strong>des</strong> constructions universitaires "<br />
Interventions de :<br />
Jürgen SCHLEGEL,<br />
Secrétaire Général de la<br />
Commission Mixte du Bund et<br />
<strong>des</strong> Länder, pour la planification<br />
dans l'enseignement et le soutien<br />
à la recherche,<br />
Dr Winfried BENZ,<br />
Secrétaire Général du<br />
"Wissenschaftsrat"<br />
(conseil scientifique<br />
auprès du Bund).<br />
Dans la loi fondamentale allemande<br />
(Constitution), les articles<br />
91a et 91b règlent la répartition<br />
<strong>des</strong> compétences entre les Länder<br />
(les Etats) et le Bund (la Fédération),<br />
certaines compétences<br />
revenant au Bund, d'autres<br />
clairement à chaque <strong>La</strong>nd, d'autres<br />
enfin étant partagées : c'est<br />
le cas <strong>des</strong> constructions universitaires.<br />
Pour ces dernières, le Bund cofinance<br />
les projets, mais ne veut<br />
pas être que le bailleur de fonds :<br />
il s'implique dans les choix et arbitrages.<br />
L'instance qui instruit<br />
les deman<strong>des</strong> de constructions,<br />
extensions et restructurations est<br />
le " Wissenchaftsrat " (conseil<br />
scientifique auprès du Bund), qui<br />
propose le classement <strong>des</strong> projets<br />
au niveau fédéral.<br />
48<br />
Interventions de :<br />
Wedig von HEYDEN,<br />
Directeur au Ministère Fédéral<br />
de l'enseignement et<br />
de la recherche,<br />
Hans-Otto P. von GAERTNER,<br />
Fonctionnaire du Ministère de<br />
l'enseignement, de la recherche<br />
et de la culture du <strong>La</strong>nd<br />
de Rhénanie-Palatinat,<br />
Pr. Dr Hanns H. SEIDLER,<br />
Chancelier de<br />
l'Université technologique de<br />
DARMSTADT.<br />
<strong>La</strong> répartition <strong>des</strong> compétences entre<br />
Bund et Länder est souvent discutée,<br />
tous les Länder n'appréciant<br />
pas " l'ingérence " du Bund, jugé<br />
trop loin du terrain ; une réforme<br />
en profondeur a pourtant peu de<br />
chances d'aboutir, les Länder ne<br />
trouvant pas d'accord entre eux…<br />
Les Länder ne trouvent même pas,<br />
aujourd'hui, d'accord sur le projet<br />
du Bund d'aller vers une forme de<br />
négociation globale, sur la base d'indicateurs<br />
et paramètres, au lieu de<br />
discuter projet par projet. Le plan du<br />
Bund serait en effet de passer de<br />
l'arbitrage, dont on considère qu'il<br />
n'est pas réalisé de manière satisfaisante<br />
(car la régulation, trop attachée<br />
aux projets précis, débouche<br />
sur une sorte de nivellement<br />
égalitaire, à quoi s'ajoute que l'instruction<br />
<strong>des</strong> projets est trop longue),<br />
vers un traitement global <strong>des</strong> subventions<br />
aux Länder, en laissant une<br />
grande part <strong>des</strong> choix et arbitrages<br />
aux Länder. <strong>La</strong> liberté ne serait toutefois<br />
pas totale, le Bund voulant<br />
quand même garantir une cohérence<br />
de la carte universitaire.<br />
Se pose évidemment la question<br />
de la pertinence <strong>des</strong> paramètres et<br />
indicateurs à utiliser :<br />
• état du patrimoine,<br />
• âge <strong>des</strong> constructions,<br />
• investissements propres <strong>des</strong><br />
Länder dans le patrimoine,<br />
• critères de résultats/réussite<br />
<strong>des</strong> établissements,<br />
• place et dynamisme de la<br />
recherche,<br />
• quelle place à l'innovation ?<br />
Et la question de la pondération, du<br />
poids respectif de ces paramètres,<br />
pour ne pas générer <strong>des</strong> variations<br />
en dents de scies d'une année sur<br />
l'autre.<br />
<strong>La</strong> technique <strong>des</strong> paramètres ou<br />
indicateurs n'étant pas toujours assez<br />
réactive, la création d'un " fonds<br />
pour l'innovation " pourrait être<br />
envisagée, qui compenserait l'écrasement,<br />
le lissage opéré par les paramètres<br />
et indicateurs.<br />
Pour permettre d'affiner encore le<br />
système, les universités, qui souhaitent<br />
être <strong>des</strong> partenaires écoutés<br />
dans la réforme en cours, proposent
de désigner au moins un établissement<br />
" site pilote " par <strong>La</strong>nd.<br />
Mais la demande <strong>des</strong> universités<br />
va plus loin.<br />
Compte-rendu <strong>des</strong> travaux en<br />
commissions. Discussion en assemblée<br />
plénière.<br />
Deux sujets importants avaient<br />
fait l'objet de discussions en trois<br />
ateliers.<br />
Réflexions et projets innovants<br />
pour la gestion du patrimoine<br />
immobilier.<br />
Aujourd'hui, les universités ne sont,<br />
sauf exception, ni propriétaires, ni<br />
affectataires de leurs bâtiments.<br />
Pour toute construction nouvelle,<br />
mais aussi pour les travaux de restructuration<br />
et de maintenance<br />
lourde, elles sont obligées de s'adresser<br />
au <strong>La</strong>n<strong>des</strong>bauamt (service<br />
<strong>des</strong> constructions de leur <strong>La</strong>nd), qui<br />
assure automatiquement la maîtrise<br />
d'ouvrage <strong>des</strong> opérations, avec<br />
toutes ses prérogatives.<br />
Peu leur importent les origines de<br />
financement (Bund ou <strong>La</strong>nd), les<br />
universités souhaitent fortement que<br />
les procédures soient débrouillées<br />
et simplifiées. Elles formulent une<br />
demande claire de " propriété<br />
économique " <strong>des</strong> bâtiments, emportant<br />
les droits et obligations du<br />
propriétaire, quel qu'en soit le statut<br />
juridique (dotation ou affectation…<br />
avec une préférence pour<br />
l'affectation semble-t-il) ; elles insistent<br />
sur la liberté locale de classement<br />
<strong>des</strong> priorités et sur la liberté<br />
du choix <strong>des</strong> formules : construction,<br />
crédit-bail ou location simple.<br />
Il semble clair pour elles que le choix<br />
<strong>des</strong> implantations nouvelles doive<br />
rester auprès <strong>des</strong> gouvernements<br />
<strong>des</strong> Länder (de leurs Parlements et<br />
<strong>des</strong> Exécutifs respectifs), mais elles<br />
revendiquent la maîtrise d'ouvrage<br />
<strong>des</strong> opérations retenues et la liberté<br />
de choix du maître d'œuvre. Elles<br />
souhaitent être partenaires dans la<br />
planification à long terme (intégrant<br />
dans les choix les coûts prévisibles de<br />
fonctionnement et de maintenance<br />
<strong>des</strong> constructions, pas toujours pris<br />
en considération).<br />
Elles demandent que le budget<br />
" immobilier " soit intégré au budget<br />
<strong>des</strong> universités, mais elles sont<br />
d'accord pour gérer cette responsabilité<br />
dans une enveloppe budgétaire<br />
à part, distincte du budget de<br />
fonctionnement, dans le respect de<br />
l'affectation <strong>des</strong> ressources.<br />
Il est évident pour elles qu'elles doivent<br />
cheminer d'une part vers l'autonomie<br />
budgétaire et l'application<br />
du plan comptable européen (ce<br />
qui n'est pas le cas de la plupart<br />
d'entre elles, puisqu'elles " émargent<br />
" encore sur <strong>des</strong> lignes de budget<br />
de leur <strong>La</strong>nd) et d'autre part vers<br />
une pratique de l'amortissement (et<br />
qui dit amortissement, dit constitution<br />
de réserves propres, d'où la volonté<br />
d'autonomie budgétaire).<br />
Les relations avec les cliniques<br />
(CHU) et les Œuvres Universitaires.<br />
• Les cliniques :<br />
L'autonomie <strong>des</strong> cliniques par rapport<br />
aux universités est un fait récent,<br />
encore mal " digéré " et un<br />
peu douloureux semble-t-il. On<br />
regrette surtout un partage inégal<br />
<strong>des</strong> moyens, cette autonomie récente<br />
<strong>des</strong> cliniques étant fortement<br />
soutenue par <strong>des</strong> moyens<br />
financiers importants… au détriment<br />
<strong>des</strong> universités.<br />
• Les Studentenwerke (StW)<br />
(œuvres universitaires) :<br />
<strong>La</strong> séparation <strong>des</strong> StW d'avec les<br />
universités est plus ancienne ; les<br />
chanceliers constatent que les étudiants<br />
et grand public ne comprennent<br />
pas qu'il y ait là deux<br />
entités pour s'occuper <strong>des</strong> même<br />
étudiants et le regrettent. Ils souhaitent<br />
un renforcement de la présence<br />
et de la participation <strong>des</strong> universités<br />
(de leurs instances de<br />
direction) dans les instances <strong>des</strong><br />
StW. On voudrait en particulier pouvoir<br />
avoir une influence sur la planification<br />
<strong>des</strong> constructions et les<br />
réhabilitations d'installations <strong>des</strong><br />
Studentenwerke. On sent dans le<br />
compte rendu de discussions un<br />
peu d'inquiétude sur l'évolution<br />
actuelle <strong>des</strong> StW, dans les instances<br />
<strong>des</strong>quels on constate de plus en<br />
plus une mainmise <strong>des</strong> syndicats<br />
étudiants, ce qui semble plutôt <strong>des</strong>servir<br />
une saine gestion <strong>des</strong> StW.<br />
Cette situation vient du statut <strong>des</strong><br />
Studentenwerke, pas toujours identique<br />
d'un <strong>La</strong>nd à l'autre, en particulier<br />
dans la composition et le fonctionnement<br />
de leurs instances.<br />
En conclusion une assemblée riche<br />
et dense ponctuée de nombreux<br />
échanges informels, les similitu<strong>des</strong><br />
<strong>des</strong> vécus quotidiens de part et d’autre<br />
du Rhin se révélant bien plus<br />
fréquentes que les dissemblances.<br />
Vos représentants à ce colloque :<br />
Association <strong>des</strong> Secrétaires Généraux<br />
D’Etablissements d'Enseignement Supérieur<br />
Philippe WISLER<br />
SGEPES de l'Université de Saint-Etienne<br />
Association <strong>des</strong> Agents Comptables<br />
d’Universités<br />
François MEYER<br />
Agent Comptable de l'Université de Nantes<br />
49<br />
DOSSIER
DOSSIER<br />
Pour une dévolution<br />
de leur patrimoine aux universités<br />
50<br />
Pascal AIME<br />
Secrétaire général<br />
de l’université Louis Pasteur<br />
<strong>La</strong> gestion du patrimoine immobilier<br />
<strong>des</strong> universités a connu de profon<strong>des</strong><br />
évolutions depuis la fin <strong>des</strong> années<br />
80. C’est en effet à cette époque que<br />
les universités se sont vu déléguer une<br />
enveloppe globale de crédits de fonctionnement<br />
incluant <strong>des</strong> crédits de<br />
maintenance et que leur implication<br />
dans la maîtrise d’ouvrage de la maintenance<br />
de leur patrimoine immobilier<br />
a progressé alors que celle <strong>des</strong> ingénieurs<br />
régionaux de l’équipement<br />
placés auprès <strong>des</strong> recteurs se recentrait<br />
sur le pilotage <strong>des</strong> opérations<br />
liées au plan université 2000.<br />
Confrontés au défi majeur que représentait<br />
l’arrivée massive de nouveaux<br />
étudiants dans l’enseignement supérieur<br />
public et à la difficulté de les accueillir<br />
dans <strong>des</strong> locaux insuffisants et<br />
largement vieillissants, le ministre de<br />
l’éducation nationale de l’époque L.<br />
Jospin et son conseiller spécial C. Allègre<br />
ont engagé avec l’aide <strong>des</strong> collectivités<br />
territoriales, qui agissaient là<br />
s’agissant <strong>des</strong> universités hors compétence,<br />
un immense chantier d’aménagement<br />
du territoire, de construction<br />
et de réhabilitation de locaux<br />
universitaires. Cet effort s’est poursuivi<br />
sous les gouvernements successifs<br />
qui ont, à travers les contrats de<br />
plan Etat-région, continué à financer<br />
l’augmentation <strong>des</strong> surfaces mises à<br />
la disposition <strong>des</strong> établissements.<br />
Parallèlement la promulgation en<br />
1989 de la loi MOP portant sur la maîtrise<br />
d’ouvrage publique a permis aux<br />
universités de réaliser en tant que maîtres<br />
d’ouvrage leurs premières extensions.<br />
Si cette possibilité n’a été que<br />
peu utilisée au départ, elle est aujourd’hui<br />
devenue plus courante grâce à<br />
<strong>des</strong> équipes qui ont appris dans les<br />
établissements à mener de tels chantiers<br />
aussi bien sous leur angle technique<br />
que budgétaire. Cette évolution<br />
a pu être freinée par les dispositions<br />
de la loi qui permettent aux collectivités<br />
territoriales assumant ces maîtrises<br />
d’ouvrage de récupérer, via le fonds<br />
de compensation de la TVA, la TVA acquittée<br />
sur les coûts de construction,<br />
les universités ne pouvant quant à elles<br />
bénéficier que d’une récupération<br />
de TVA réduite (en application <strong>des</strong> règles<br />
de prorata général de déductibilité<br />
ou de secteurs distincts de TVA).<br />
Si la stabilisation actuelle <strong>des</strong> effectifs<br />
étudiants a quelque peu allégé les<br />
contraintes en matière de surface, le<br />
développement de nouveaux projets,<br />
de l’enseignement professionnalisé ou<br />
en petits groupes, de l’utilisation <strong>des</strong><br />
technologies de l’information et de la<br />
communication, les besoins <strong>des</strong> activités<br />
de recherche, de valorisation<br />
voire d’incubation rendent néanmoins<br />
indispensable l’adaptation permanente<br />
de ces locaux et la création<br />
de nouveaux espaces.<br />
Concrètement les universités ont aujourd’hui<br />
la responsabilité de locaux datant<br />
globalement de trois pério<strong>des</strong> : <strong>des</strong><br />
locaux historiques qui datent <strong>des</strong> dixhuitième<br />
et dix-neuvième siècles, qui<br />
sont souvent prestigieux mais mal adaptés<br />
aux besoins actuels, <strong>des</strong> locaux <strong>des</strong><br />
années cinquante et soixante qui correspondent<br />
à la vague précédente de<br />
construction et les locaux récents construits<br />
dans le cadre d’université 2000 et<br />
<strong>des</strong> deux derniers contrats de plan. Si la<br />
question qui se pose aux universités s’agissant<br />
de la dernière catégorie est celle<br />
de la maintenance préventive, les difficultés<br />
majeures que rencontrent les universités<br />
concernent les bâtiments plus<br />
anciens qui ont été globalement mal entretenus<br />
faute de moyens suffisants, qui<br />
sont souvent inadaptés aux besoins actuels<br />
et non conformes à la réglementation<br />
en matière de sécurité incendie notamment.<br />
Ainsi l’université Louis Pasteur qui<br />
dispose d’une centaine de bâtiments<br />
pour une surface utile d’environ<br />
350 000 m2, voit-elle 30% de ce patrimoine<br />
frappé d’un avis défavorable à<br />
la poursuite de l’exploitation de la part<br />
<strong>des</strong> commissions compétentes en matière<br />
de sécurité incendie. Il faut dire que<br />
depuis l’accident du stade Furiani à Bastia<br />
et surtout l’incendie <strong>des</strong> thermes de<br />
Barbotan chacun a pris conscience de la<br />
réalité <strong>des</strong> risques encourus et de leurs<br />
conséquences pénales.<br />
Le ministère chargé <strong>des</strong> universités a<br />
pris la mesure de ce problème majeur.<br />
Il a engagé en 2000 un deuxième<br />
plan pluriannuel de mise en sécurité<br />
<strong>des</strong> locaux universitaires (le premier<br />
date <strong>des</strong> années 1995-96).Il a même<br />
obtenu du ministère de l’économie et<br />
<strong>des</strong> finances la possibilité de déléguer<br />
en 2001 la totalité <strong>des</strong> autorisations<br />
de programme relatives à ce plan.<br />
Il n’en demeure pas moins que les<br />
moyens consacrés par l’Etat à la mise<br />
en sécurité du patrimoine immobilier<br />
universitaire sont encore largement<br />
insuffisants par rapport aux besoins.<br />
L’université Louis Pasteur a ainsi obtenu<br />
dans ce cadre et sur la période<br />
2000-2006 une aide de 12,19<br />
millions d’euros de la part de l’Etat<br />
alors que le plan de mise en sécurité<br />
qu’elle a établi a été chiffré à plus de<br />
30 millions d’euros pour la seule sécurité<br />
incendie. L’université va co-financer<br />
cet effort à hauteur de 7,6<br />
millions d’euros sur la même période.<br />
Je ne suis pas certain que toutes les<br />
universités aient la possibilité d’aller<br />
aussi loin en matière de cofinancement.<br />
Il ne faut toutefois pas sous estimer<br />
les difficultés et les arbitrages<br />
qu’il faut rendre à l’ULP pour parvenir<br />
à dégager sur fonds propres une<br />
telle somme.<br />
<strong>La</strong> situation reste cependant extrêmement<br />
grave car on voit bien qu’au<br />
rythme actuel qui est un rythme soutenu<br />
pour nos équipes lorsqu’il s’agit de préparer<br />
les marchés publics et de mener les<br />
chantiers correspondants, il faudra encore<br />
<strong>des</strong> années d’efforts et un inévitable<br />
troisième plan de mise en sécurité<br />
pour sortir de ce problème. <strong>La</strong> situation
est d’autant plus difficile que nombre de<br />
commissions de sécurité font encore trop<br />
souvent le choix de maintenir, pour <strong>des</strong><br />
raisons que chacun pourra comprendre<br />
aisément, <strong>des</strong> avis défavorables tant que<br />
la totalité <strong>des</strong> travaux ne sont pas réalisés<br />
et que toutes les prescriptions ne sont pas<br />
levées, mêmes lorsqu’elles sont en présence<br />
de plans pluriannuels financés et<br />
en cours d’exécution. Cette attitude est<br />
regrettable car elle pourrait démobiliser<br />
les équipes dirigeantes <strong>des</strong> universités<br />
qui ont pris le dossier sécurité à bras le<br />
corps depuis quelques années. Elle continue<br />
surtout à faire peser sur <strong>des</strong> universitaires<br />
élus et sur leurs équipes <strong>des</strong><br />
risques pénaux alors même que ces derniers<br />
ne disposent pas de tous les<br />
moyens financiers et juridiques pour<br />
faire face à cette situation. Il est indispensable<br />
de poursuivre en l’accélérant,<br />
parallèlement à la remise en l’état<br />
de nos bâtiments, la mutation <strong>des</strong> modalités<br />
de gestion de notre patrimoine.<br />
Beaucoup a déjà été fait depuis dix ans,<br />
en particulier <strong>des</strong> mécanismes politiques<br />
et financiers ont été mis en place<br />
pour bâtir de nouveaux locaux et faire<br />
face au développement de l’accueil <strong>des</strong><br />
étudiants. Des moyens supplémentaires<br />
doivent cependant être débloqués<br />
d’urgence par l’Etat pour avancer plus<br />
rapidement encore dans la mise en sécurité<br />
du patrimoine universitaire.<br />
On le voit bien, et la comparaison avec<br />
les universités européennes le<br />
confirme, il est temps d’engager une<br />
nouvelle phase dans l’évolution de la<br />
gestion du patrimoine universitaire. Aujourd’hui<br />
les universités doivent faire<br />
face à une diversification de leurs missions<br />
: enseignement, recherche, valorisation,<br />
incubation et doivent être plus<br />
réactives pour utiliser au mieux leurs locaux,<br />
mieux les entretenir et les valoriser.<br />
<strong>La</strong> loi confère aux universités en matière<br />
immobilière, toutes les obligations<br />
du propriétaire. Dans le même temps,<br />
l’Etat ne délègue pas les moyens suffisants<br />
à l’entretien de ce patrimoine et<br />
empêche les universités par <strong>des</strong> textes<br />
inadaptés de valoriser facilement ce patrimoine.<br />
Il est nécessaire, en complément<br />
<strong>des</strong> moyens apportés par l’Etat<br />
que les universités puissent conclure directement<br />
sans intervention <strong>des</strong> services<br />
<strong>des</strong> domaines <strong>des</strong> conventions<br />
d’autorisation d’occupation de leur domaine<br />
afin de dégager <strong>des</strong> ressources<br />
pour entretenir ce patrimoine.<br />
Il est cependant nécessaire d’aller plus<br />
loin en acceptant que le patrimoine<br />
<strong>des</strong> universités leur soit non plus affecté<br />
comme c’est le cas actuellement<br />
mais dévolu de manière à ce que ces<br />
dernières puissent assumer la plénitude<br />
<strong>des</strong> possibilités qu’offre l’existence<br />
de ce patrimoine : <strong>des</strong> universités<br />
propriétaires de leur patrimoine<br />
immobilier, disposant de par la loi<br />
d’une garantie de moyens de l’Etat<br />
pour assurer la maintenance et l’entretien<br />
de ce patrimoine (de la même<br />
manière que ce que les lois de décentralisation<br />
ont prévu pour les lycées et<br />
collèges vis à vis <strong>des</strong> collectivités territoriales),<br />
pouvant arbitrer librement<br />
entre différentes utilisations internes<br />
à l’établissement ou onéreuses vis à<br />
vis de tiers (location, incubation, etc.),<br />
voire aliénation dans <strong>des</strong> conditions à<br />
définir, pour financer une construction<br />
neuve.<br />
C’est au prix d’une telle adaptation<br />
réglementaire et budgétaire que les<br />
universités pourront s’adapter au<br />
mieux à leurs besoins et dégager, en<br />
complément <strong>des</strong> moyens que l’Etat<br />
doit non seulement maintenir mais<br />
augmenter, <strong>des</strong> ressources propres qui<br />
pourront être consacrées à l’entretien<br />
du patrimoine.<br />
L’évolution est sensible, sa mise en<br />
œuvre est délicate. Elle peut inquiéter<br />
les établissements qui n’y verraient<br />
qu’un éventuel transfert de charges.<br />
Dans les pays européens où les universités<br />
sont propriétaires de leur patrimoine<br />
(Espagne, Italie, Belgique,<br />
Allemagne…), ces dernières ont<br />
consacré <strong>des</strong> moyens très importants<br />
à la rénovation de leurs bâtiments au<br />
prix d’arbitrages difficiles. En France,<br />
la situation <strong>des</strong> établissements publics<br />
hospitaliers montre que les hôpitaux<br />
qui sont propriétaires de leur patrimoine<br />
savent valoriser leurs actifs,<br />
vendre <strong>des</strong> terrains pour financer <strong>des</strong><br />
constructions tout en bénéficiant de<br />
subventions de l’Etat.<br />
<strong>La</strong> dévolution de leur patrimoine aux<br />
universités devrait pouvoir être expérimentée<br />
dans quelques établissements<br />
pilotes rapidement. Elle nécessitera<br />
de prendre <strong>des</strong> dispositions en<br />
matière d’assurance, ce qui pourra représenter<br />
une charge financière non<br />
négligeable au financement de laquelle<br />
il faut réfléchir dès maintenant.<br />
Une telle couverture s’avère cependant<br />
indispensable, plusieurs universités<br />
ont d’ores et déjà entrepris de la<br />
mettre en œuvre progressivement.<br />
Des logiciels performants de gestion<br />
du patrimoine devront être implantés<br />
(de tels logiciels sont déjà utilisés par<br />
certains conseils régionaux pour suivre<br />
le patrimoine <strong>des</strong> EPLE). Enfin, la<br />
conception et la mise en œuvre de<br />
mécanismes d’amortissement du patrimoine<br />
immobilier seraient extrêmement<br />
utiles pour financer la rénovation<br />
et la construction de nouveaux<br />
bâtiments. On peut néanmoins penser<br />
que les universités préféreront d’abord<br />
régler les questions d’amortissement<br />
<strong>des</strong> biens mobiliers avant<br />
d’explorer celles qui portent sur leur<br />
patrimoine immobilier.<br />
Depuis 10 ans une grande évolution<br />
de la gestion du patrimoine est engagée.<br />
Des équipes techniques ont<br />
émergé et se sont professionnalisées.<br />
Confrontées à <strong>des</strong> problèmes de rénovation,<br />
de mise en sécurité et d’adaptation<br />
de leur patrimoine à leurs<br />
besoins, les universités doivent bénéficier<br />
d’une évolution du cadre réglementaire<br />
et budgétaire de la gestion<br />
de leur patrimoine. Le contexte européen<br />
indique clairement le sens que<br />
doit prendre une telle évolution.<br />
51<br />
DOSSIER
DOSSIER<br />
Le SAIC et les partenaires externes<br />
de l'établissement<br />
52<br />
Pascal AIME<br />
Secrétaire général de<br />
l'Université de Strasbourg 1<br />
Le dispositif <strong>des</strong> SAIC est<br />
à replacer dans l'histoire récente<br />
de l'université. Il s'inscrit en effet<br />
dans une dynamique de développement<br />
de la politique de valorisation<br />
de la recherche en France.<br />
Depuis quelques années, au<br />
même titre que l'enseignement, la<br />
recherche, les relations internationales<br />
ou la communication scientifique<br />
et technique, la valorisation<br />
est reconnue comme une <strong>des</strong> missions<br />
de l'université. À l'Université<br />
Louis Pasteur de Strasbourg, la<br />
création en 1998 d'une vice-présidence<br />
chargée <strong>des</strong> relations avec<br />
les entreprises a été un acte politique<br />
montrant l'importance de<br />
cette mission de valorisation.<br />
Poursuivant cette dynamique, le<br />
projet de création d'un SAIC a<br />
conduit à une redéfinition <strong>des</strong> relations<br />
de l'université avec ses partenaires<br />
extérieurs. Permettez-moi de<br />
vous dire quelques mots à propos<br />
de chacun de ces partenaires.<br />
I. Les associations<br />
Le plus gros volet concerne sans<br />
aucun doute les associations. A<br />
Strasbourg 1, nous avons une association<br />
importante, l’ADER.<br />
Comme beaucoup d'associations,<br />
elle avait pour mission originelle<br />
de faciliter les relations entre l'université<br />
et les entreprises. Au fil du<br />
temps, elle s'est transformée en<br />
gestionnaire de contrats de travail.<br />
A l'Université Louis Pasteur, nous<br />
avons tenu à clarifier notre position<br />
vis-à-vis <strong>des</strong> associations dès<br />
1998-1999, du fait de pressions<br />
extérieures.<br />
En 1999, l'ADER a été condamnée<br />
pour licenciement abusif en<br />
raison de l'inadaptation de ses<br />
contrats de travail.<br />
<strong>La</strong> même année, la direction départementale<br />
du travail, de l'emploi<br />
et de la formation professionnelle<br />
a saisi la délégation<br />
interministérielle à la lutte contre<br />
le travail illégal pour prêt illicite<br />
de main d'œuvre de l'ADER au<br />
profit de l'université.<br />
<strong>La</strong> loi du 12 juillet 1999 relative à<br />
la recherche et à l'innovation modifie<br />
certaines dispositions de la loi<br />
de 1984 et la loi Sapin en matière<br />
de recrutement de contractuels.<br />
Elle prévoit que, pour le fonctionnement<br />
du SAIC et la réalisation<br />
de leurs activités de valorisation,<br />
les universités pourront recruter<br />
<strong>des</strong> agents non titulaires avec <strong>des</strong><br />
contrats de droit public à durée<br />
déterminée ou indéterminée.<br />
En 1999, le rapport public de la<br />
Cour <strong>des</strong> Comptes énonce que<br />
"l'alignement <strong>des</strong> EPCSCP sur le<br />
droit commun enlèvera ainsi<br />
toute justification au recours à<br />
<strong>des</strong> structures écran de type association<br />
ou filiale dont le développement<br />
anarchique faisait<br />
courir <strong>des</strong> risques financiers aux<br />
universités et exposait leurs<br />
initiateurs à se voir déclarés<br />
" gestionnaires de fait. ".<br />
Dès lors, cesser de recourir aux<br />
associations a été pour l'Université<br />
Louis Pasteur un impératif.<br />
L'université a donc décidé de<br />
conclure elle-même les contrats<br />
de travail la concernant, tout en<br />
maintenant jusqu'à leur terme<br />
les conventions de gestion précédemment<br />
signées avec l'ADER<br />
à compter du 1er janvier 2000.<br />
Trois actions importantes ont ensuite<br />
été engagées.<br />
Premièrement, tous les contrats de<br />
travail type ont été révisés avec :<br />
• le renforcement <strong>des</strong> dispositions<br />
protectrices en matière<br />
de propriété intellectuelle et<br />
industrielle, notamment par la<br />
rédaction d’une clause de<br />
confidentialité présente dans<br />
tous les contrats,<br />
• la mise en place de grilles de recrutement<br />
type avec <strong>des</strong> fourchettes<br />
de rémunération selon<br />
cinq catégories : doctorants, postdoctorants,<br />
chercheurs, personnels<br />
administratifs et techniques,<br />
hors cadres. Un dépassement de<br />
la fourchette salariale est envisageable<br />
après accord de la direction<br />
de la valorisation.
“<br />
Deuxièmement,<br />
un fonds d’indemnisation<br />
pour<br />
perte d’emploi<br />
interne à l’université<br />
a été<br />
créé. Il est alimenté<br />
par une cotisation de 6 %<br />
acquittée par l’université sur les<br />
contrats de travail qu’elle conclut<br />
au titre de ses activités de valorisation.<br />
Ce système a été préféré<br />
à l’adhésion au régime de l’U-<br />
NEDIC jugé trop complexe et<br />
trop coûteux. Ce fonds est actuellement<br />
largement excédentaire.<br />
L’excédent va sans doute<br />
permettre de financer un nouvel<br />
emploi de gestionnaire, une<br />
baisse du taux de cotisation étant<br />
aussi envisagée. Quant au statut<br />
fiscal de la provision ainsi constituée,<br />
tout reste à régler avec le<br />
ministère de l'Economie et <strong>des</strong><br />
Finances afin que l’université ne<br />
soit pas pénalisée pour sa bonne<br />
gestion.<br />
<strong>La</strong> valorisation est<br />
reconnue comme une<br />
<strong>des</strong> missions de l’université.<br />
Enfin, la réintégration<br />
de certains<br />
<strong>des</strong> personnels<br />
de l’ADER<br />
”<br />
au sein de l’université<br />
a été lancée<br />
par une procédure<br />
amiable. Une rupture<br />
conjointe du contrat de travail association-intéressé<br />
est cosignée<br />
par l’ADER, l’université et l’intéressé,<br />
chacun s’engageant pour<br />
un nouveau contrat de travail selon<br />
les mêmes termes que l’ancien<br />
avec maintien de la rémunération<br />
et reprise de l’ancienneté.<br />
Ce dispositif étant fragile juridiquement,<br />
les signataires s’engagent<br />
à ne pas le contester devant<br />
la justice. A l’heure actuelle, l’université<br />
emploie 210 personnes<br />
au titre de la valorisation tandis<br />
qu’il reste moins de 30 personnels<br />
sous contrat avec l’ADER (au<br />
lieu de 230 en 1998). Le basculement<br />
complet sera achevé fin<br />
juin 2002.<br />
DOSSIER<br />
II. Les collectivités territoriales<br />
<strong>La</strong> création du SAIC n’a eu que<br />
peu d’impact sur nos relations<br />
avec les collectivités locales<br />
puisque celles-ci financent surtout<br />
la " recherche non effectuée<br />
au profit d’un tiers " (ou recherche<br />
fondamentale).<br />
L’implication du conseil régional<br />
d’Alsace est plus forte dans la politique<br />
d’incubation d’entreprises<br />
mais, en ce domaine, la collaboration<br />
avec l’université<br />
devrait s’inscrire dans le cadre<br />
d’un GIP.<br />
53
DOSSIER<br />
Le SAIC et les partenaires externes de l'établissement<br />
III. Les instances européennes<br />
<strong>La</strong> création du SAIC de l’Université<br />
Louis Pasteur coïncidera avec<br />
la mise en œuvre du 6ème<br />
PCRD. Or la plupart <strong>des</strong> contrats<br />
gérés dans ce cadre seront gérés<br />
dans le secteur non lucratif du<br />
SAIC. Les critères de lucrativité à<br />
travers les notions de contrepartie<br />
pour les éventuelles entreprises<br />
co-contractantes et les clauses<br />
de propriétés intellectuelles<br />
devraient pouvoir s’appliquer.<br />
Trois points peuvent néanmoins<br />
être soulignés brièvement :<br />
• la difficulté, au regard de<br />
Bruxelles, pour le traitement <strong>des</strong><br />
contrats exécutés par les Unités<br />
Mixtes de Recherche qui sont rattachées<br />
à la fois à l’université au<br />
CNRS ;<br />
• l’absence de compte courant<br />
spécifique pour les unités de recherche<br />
;<br />
“<br />
C’est dans les relations<br />
avec les partenaires<br />
industriels que la création<br />
du SAIC a le plus<br />
de conséquences.<br />
”<br />
• l’expérience acquise au sein de<br />
l’université en matière de facturation<br />
du coût complet grâce au<br />
5ème PCRD.<br />
IV. Les partenaires industriels<br />
54<br />
C’est évidemment dans nos relations<br />
avec les partenaires industriels<br />
que la création du SAIC a le<br />
plus de conséquences à travers le<br />
choix <strong>des</strong> structures de valorisation,<br />
le renforcement de nos exigences<br />
en matière de propriété<br />
intellectuelle et la prise en<br />
compte du coût complet <strong>des</strong><br />
prestations.<br />
1. Choix <strong>des</strong> structures<br />
de valorisation<br />
L’université a défini une stratégie<br />
claire en la matière.<br />
Le SAIC est utilisé pour les activités<br />
diversifiées de valorisation<br />
(contrats de recherche et de prestations,<br />
brevets et licences d’exploitation).<br />
Lorsqu’il s’agit d’une activité<br />
homogène, fortement concurrentielle,<br />
dont le chiffre d’affaires<br />
atteint un seuil critique et<br />
pour laquelle le besoin d’alliances<br />
économiques et de partage<br />
du risque avec un partenaire industriel<br />
est élevé, une filiale spécialisée<br />
est alors créée.<br />
2. Renforcement <strong>des</strong> exigences<br />
en matière de propriété<br />
intellectuelle<br />
Pour mieux protéger les intérêts<br />
de l’université et respecter les critères<br />
de lucrativité définis par le<br />
ministère de l'Economie et <strong>des</strong><br />
Finances, nous sommes conduits<br />
à revoir les clauses de propriété<br />
intellectuelle <strong>des</strong> résultats négociées<br />
avec les entreprises partenaires.<br />
Ainsi, en cas de prix de<br />
vente <strong>des</strong> prestations inférieur au<br />
coût de revient, nous considérons<br />
qu’il y a apport de l’université<br />
et co-propriété <strong>des</strong> résultats.<br />
Progressivement, après un audit<br />
de la Direction Générale <strong>des</strong> Impôts<br />
(DGI) sur nos contrats, le<br />
nombre de nos " clauses type "<br />
va être réduit : il y aura soit propriété<br />
de l’université avec licence<br />
d’exploitation exclusive ou non,<br />
soit propriété partagée à hauteur<br />
<strong>des</strong> apports. Lorsque la propriété<br />
<strong>des</strong> résultats échoit à l’industriel,<br />
les prestations doivent lui être<br />
facturées en conséquence.<br />
3. Prise en compte du coût<br />
complet<br />
L’Université Louis Pasteur travaille<br />
à la préparation de grilles<br />
analytiques de calcul <strong>des</strong> coûts<br />
de réalisation <strong>des</strong> contrats et<br />
prestations par grands secteurs<br />
d’activité.<br />
Contrairement à la situation actuelle,<br />
où 9 chercheurs sur 10<br />
viennent nous voir une fois le<br />
contrat négocié, le calcul prévisionnel<br />
du coût devra être effectué<br />
par le SAIC avant la négociation<br />
avec le futur partenaire. Il<br />
permettra de déterminer le prix<br />
de vente de la prestation et les<br />
règles de propriété intellectuelle.<br />
Cela va donc demander un effort<br />
important " d’éducation " <strong>des</strong><br />
personnels pour que les problèmes<br />
se règlent en amont.
V. L’Etat<br />
Les conséquences de la création<br />
du SAIC dans les relations de l’université<br />
avec l’Etat sont avant tout<br />
de nature fiscale. Voici quelques<br />
éléments d’évolution concernant<br />
les prélèvements obligatoires.<br />
1. L’impôt sur les sociétés (IS)<br />
Il n’y a rien de particulier à dire<br />
dans la mesure où les fiches relatives<br />
aux critères de lucrativité<br />
permettent à chacun d’examiner<br />
son activité et d’anticiper son impact<br />
en termes d’IS.<br />
2. <strong>La</strong> taxe professionnelle (TP)<br />
<strong>La</strong> situation est relativement claire<br />
puisqu’il revient à chaque université<br />
de demander à ses collectivités<br />
locales l’exonération de la taxe<br />
professionnelle. L’affaire se complique<br />
tout de même pour les universités<br />
réparties sur plusieurs collectivités<br />
locales différentes puisqu’elles<br />
devront gérer plusieurs<br />
deman<strong>des</strong> d’exonération.<br />
Il faut noter que le principe de la<br />
déclaration de TP est assoupli par<br />
Bercy au profit d’une information<br />
dont le contenu n’est pas<br />
encore précisé.<br />
3. <strong>La</strong> taxe sur la valeur ajoutée<br />
(TVA)<br />
<strong>La</strong> TVA est le sujet le plus préoccupant,<br />
qu’il s’agisse de la recherche<br />
fondamentale ou du secteur mixte.<br />
Jusqu’à aujourd’hui, concernant<br />
la recherche non effectuée au<br />
profit d’un tiers, l’université profitait<br />
de la déduction de la TVA<br />
<strong>des</strong> subventions alors même<br />
qu’elle ne la collectait pas. A<br />
compter du 1er janvier 2003, on<br />
ne pourra plus recourir à cette<br />
méthode.<br />
Pour les secteurs mixtes vont se<br />
poser <strong>des</strong> problèmes de répartition.<br />
En effet, il est possible de<br />
maintenir un secteur mixte avec<br />
le remplacement du prorata de<br />
déductibilité financier par <strong>des</strong><br />
prorata de déductibilité adaptés<br />
à chaque activité et justifiables<br />
aux services <strong>des</strong> impôts. Ce système<br />
ne sera pas évident à gérer<br />
tant il est complexe.<br />
Cette modification va poser un<br />
problème budgétaire de taille et<br />
il est nécessaire de trouver une<br />
compensation financière de la<br />
part de l’Etat.<br />
DOSSIER<br />
VI. Les Unités Mixtes de Recherche<br />
<strong>La</strong> complexité <strong>des</strong> relations entre<br />
l’université et le CNRS dans la gestion<br />
<strong>des</strong> UPR et <strong>des</strong> UMR ne disparaît<br />
pas avec la création du SAIC.<br />
Pour ma part, hormis le poids de<br />
l’histoire, je vous avoue ne pas<br />
trop comprendre ce qui différencie<br />
dans mon établissement fondamentalement<br />
une UPR d’une<br />
UMR et pourquoi leurs gestionnaires<br />
sont différents. Le reversement<br />
<strong>des</strong> frais de personnels est<br />
particulièrement difficile à gérer.<br />
<strong>La</strong> création <strong>des</strong> SAIC devrait être<br />
l’occasion d’une clarification.<br />
Un autre problème pourrait apparaître<br />
; celui d’une concurrence inégale<br />
entre SAIC universitaire et<br />
UMR, gérées par un EPST, qui ne<br />
sont pas soumis aux mêmes procédures<br />
en matière de marchés publics,<br />
en raison <strong>des</strong> récentes dispositions<br />
prises en faveur <strong>des</strong> EPST.<br />
55
DOSSIER<br />
L’exemple de PARIS XIII<br />
56<br />
Paris 13 est une université hautement<br />
pluridisciplinaire - du<br />
droit à la chimie en passant par<br />
la médecine, 3 IUT, un IUP, une<br />
école d’ingénieur - et regroupe<br />
1100 enseignants-chercheurs,<br />
800 chercheurs et plus de 20<br />
000 étudiants.<br />
Dès sa création, dans les années<br />
70 l’université a dû répondre à<br />
<strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de transferts vers<br />
l’industrie. C’est ainsi qu’avait été<br />
créé un Groupement d’Intérêt<br />
Public (GIP) afin de valoriser les<br />
travaux de recherche de l’université<br />
et de faciliter les transferts de<br />
ces travaux vers l’industrie.<br />
Malgré son excédent, le GIP a été<br />
fermé l’année dernière d’un<br />
commun accord avec ses partenaires.<br />
Ses activités ont été transférées<br />
à une société anonyme<br />
fondée par les partenaires privés<br />
du GIP qui ont racheté les actifs<br />
(fonds de commerce et brevets).<br />
C’est une opération exemplaire<br />
car, pour la première fois en<br />
France, la liquidation d’un GIP<br />
recherche a fait apparaître un excédent<br />
qui a été partagé entre les<br />
partenaires publics.<br />
<strong>La</strong> fermeture du GIP a conduit à<br />
une nouvelle réflexion sur la valorisation<br />
au sein de l’université.<br />
Un conseil de l’innovation et de<br />
la valorisation de la recherche a<br />
été mis en place et la création de<br />
structures externes de valorisation<br />
sous forme de sociétés anonymes<br />
a été envisagée.<br />
Parallèlement, la Caisse <strong>des</strong> Dépôts<br />
et Consignations a mené un<br />
audit sur les transferts de technologie<br />
à Paris 13. S’il saluait la<br />
“<br />
L’appel d’offres sur les<br />
SAIC a été saisi comme<br />
une opportunité de<br />
réappropriation de la<br />
mission de valorisation.<br />
”<br />
capacité de l’université à produire<br />
<strong>des</strong> technologies valorisables<br />
cet audit a mis en exergue<br />
son incapacité à répondre de façon<br />
appropriée à cette mission<br />
de valorisation.<br />
L’audit montrait notamment<br />
qu’un grand nombre de brevets<br />
pris par les enseignants et chercheurs<br />
ne faisaient pas référence<br />
à l’université en tant qu’employeur.<br />
En outre, il montrait que<br />
la valorisation était surtout prise<br />
en charge par une myriade d’associations<br />
plus ou moins légitimes.<br />
En conclusion, il proposait<br />
diverses pistes dont la création<br />
d’un SAIC.<br />
Les étu<strong>des</strong> préliminaires à la<br />
création de filiales par l’université<br />
ayant fait apparaître <strong>des</strong> difficultés<br />
tant au niveau financier<br />
qu’institutionnel, l’appel d’offres<br />
sur les SAIC a été saisi comme<br />
une opportunité de réappropriation<br />
par l’université de sa mission<br />
de valorisation.<br />
Simultanément, l’Université Paris<br />
Nord menait depuis 2000 un<br />
inventaire, puis a lancé la<br />
confrontation de l’inventaire<br />
physique et comptable qui a permis<br />
de créer les bases d’une<br />
comptabilité analytique indispensable<br />
au futur SAIC.<br />
Tous ces éléments ont motivé un<br />
engagement massif pour le SAIC<br />
dont la création a été votée par le<br />
Conseil d’Administration à la majorité<br />
<strong>des</strong> deux tiers. Un comité<br />
de pilotage comprenant le Président<br />
de l’Université Paris Nord, le<br />
secrétaire général, l’Agent Comptable<br />
et la direction du SAOC a<br />
été mis en place. Après une première<br />
tentative infructueuse, une<br />
nouvelle proposition de statuts<br />
devrait être bientôt votée au<br />
conseil d’administration. <strong>La</strong><br />
question de la durée de mandat<br />
du président du SAIC s’est notamment<br />
posée. Le caractère expérimental<br />
du dispositif a jusqu’à<br />
maintenant permis d’éluder le<br />
problème. Mais à terme, il s’agira<br />
de faire coïncider ce mandat avec<br />
celui du Président de l’université.<br />
Le SAIC a repris les activités du<br />
service de valorisation de l’université<br />
et le champ du SAIC a englobé<br />
toutes les activités contractuelles<br />
de l’université (hors plan<br />
quadriennal). Pour l’instant, il<br />
n’emploie que 3 personnes ; il se<br />
concentre donc sur ses missions<br />
de base. Il ne prend notamment<br />
pas en charge l’incubation. Son<br />
objectif est de faciliter la vie <strong>des</strong><br />
chercheurs et de responsabiliser<br />
tous les acteurs y compris les personnels<br />
administratifs. Une structure<br />
comptable flexible permettant<br />
de créer <strong>des</strong> comptes par<br />
laboratoires contribue à cette<br />
responsabilisation, tout comme<br />
l’implication forte <strong>des</strong> chercheurs<br />
dans le processus de recrutement.
TVA : Ce qui va changer en 2003<br />
Les arbitrages ministériels rendus<br />
à l’occasion de la parution <strong>des</strong> décrets<br />
d’application de la loi du 12<br />
juillet 1999 relative à l’innovation<br />
et à la recherche vont entraîner <strong>des</strong><br />
modifications sensibles en matière<br />
de TVA dans nos établissements.<br />
Pour en mesurer les effets il faut<br />
partir d’une analyse de l’instruction<br />
TVA de 1994 et de son application<br />
par les universités.<br />
Le régime TVA applicable dans les<br />
universités est précisé dans l’instruction<br />
commune Service de la législation<br />
/ Direction de la comptabilité<br />
publique du ministère de<br />
l’Economie et <strong>des</strong> Finances n°<br />
1314 du 7 janvier 1994.<br />
Cette instruction comporte dans sa<br />
rédaction <strong>des</strong> imprécisions qui ont<br />
engendré <strong>des</strong> différences d’appréciation<br />
entre les établissements et<br />
les services de Bercy.<br />
Certaines dispositions de l’instruction<br />
doivent être ici commentées<br />
brièvement:<br />
• le paragraphe 211 précise que<br />
"les travaux d’étude et de recherche<br />
sont imposables à la TVA quel<br />
que soit leur objet, lorsqu’ils sont<br />
effectués au profit de tiers, y compris<br />
d’autres universités ". Les universités<br />
ont considéré que leurs activités<br />
de recherche en général, et<br />
notamment lorsqu’elles sont financées<br />
par le ministère de la recherche,<br />
sont réalisées au profit de<br />
la collectivité publique et non au<br />
seul profit <strong>des</strong> universités et <strong>des</strong><br />
enseignants-chercheurs qui mènent<br />
ces activités.<br />
C’est sur cette base que les universités<br />
ont introduit une différenciation<br />
de régime de TVA entre les activités<br />
d’enseignement et toutes leurs activités<br />
de recherche ( ces modalités<br />
sont contestées par Bercy).<br />
• Les universités ont été confortées<br />
dans leurs pratiques dans la mesure<br />
où l’instruction développe la<br />
notion de secteurs distincts au regard<br />
de la TVA en distinguant un<br />
secteur enseignement non imposé<br />
(paragraphe 311 " l’enseignement<br />
étant une activité non imposable,<br />
les recettes qui financent<br />
l’enseignement ne donnent pas<br />
lieu à collecte de TVA, quelle que<br />
soit la nature de ces recettes, subvention<br />
ou autre.3 ") , un secteur<br />
mixte et un secteur <strong>des</strong> activités<br />
imposables.<br />
• Le paragraphe 322-3 relatif au<br />
régime <strong>des</strong> subventions d’équipement<br />
précise que " en d’autres termes,<br />
les subventions d’équipement<br />
ne donnent pas lieu à collecte de<br />
TVA mais ouvrent droit à déduction<br />
de TVA sur les achats d’immobilisations<br />
qu’elles financent (sous réserve<br />
du respect <strong>des</strong> conditions relatives<br />
à l’amortissement).<br />
Il résulte de la combinaison <strong>des</strong> ces<br />
dispositions et <strong>des</strong> ces interprétations<br />
que les universités n’ont pas<br />
collecté de TVA sur les subventions<br />
d’équipement recherche alors<br />
qu’elles ont récupéré la TVA sur les<br />
acquisitions financées par ces subventions.<br />
Elles ont donc bénéficié<br />
d’un " bonus " en terme de pouvoir<br />
d’achat de 19,6%.<br />
A compter du 1er janvier 2003, les<br />
récents arbitrages ministériels prévoient<br />
que la recherche fondamentale<br />
devra être considérée au même<br />
titre que l’enseignement comme<br />
non imposable. Cette décision a<br />
trois effets directs et indirects :<br />
• Elle ne modifie pas directement<br />
le pouvoir d’achat <strong>des</strong> universités<br />
sur les crédits de fonctionnement<br />
puisque là où il y avait collecte de<br />
TVA sur les recettes et récupération<br />
sur les dépenses, il n’y aura plus de<br />
collecte ni de récupération. L’opération<br />
est donc neutre sur les crédits<br />
de fonctionnement.<br />
• Elle réduit le pouvoir d’achat <strong>des</strong><br />
universités de 19,6% sur les subventions<br />
d’équipement recherche<br />
puisque si les universités continueront<br />
à ne pas collecter de TVA sur<br />
les recettes, elles ne pourront plus<br />
récupérer la TVA sur les dépenses.<br />
Ce manque à gagner concerne :<br />
• les crédits d’équipement recherche<br />
<strong>des</strong> contrats quadriennaux de l’Etat,<br />
• les subventions d’équipement<br />
recherche versées par les autres<br />
ministères,<br />
• les subventions de fonctionnement<br />
et d’équipement " recherche "<br />
dans le cadre <strong>des</strong> contrats de plan<br />
Etat-Région,<br />
• les subventions d’investissement reçues<br />
par les universités dans le cadre<br />
<strong>des</strong> opérations CPER pour lesquelles<br />
elles assurent les maîtrises d’ouvrage.<br />
• Elle modifie les règles de calcul du<br />
pourcentage de déductibilité de la<br />
TVA sur les dépenses de TVA du secteur<br />
mixte, lequel regroupe <strong>des</strong> dépenses<br />
qui concernent à la fois le<br />
secteur imposable et le secteur non<br />
imposable. Ce rapport était calculé<br />
jusqu’à présent en comparant le<br />
volume <strong>des</strong> recettes donnant lieu à<br />
collecte de TVA (la recherche et la<br />
valorisation) au volume <strong>des</strong> recettes<br />
globales <strong>des</strong> établissements.<br />
Puisque la recherche ne sera plus<br />
imposable à la TVA à compter du<br />
1er janvier 2003, le ratio de déductibilité<br />
va diminuer et amputer<br />
d’autant le pouvoir d’achat <strong>des</strong> universités<br />
sur le secteur mixte.<br />
Les pertes de pouvoirs d’achat constatées<br />
au titre <strong>des</strong> subvention d’équipement<br />
recherche et crédits de<br />
fonctionnement du secteur mixte<br />
doivent faire l’objet d’une compensation<br />
budgétaire de l’Etat sous<br />
peine d’une dégradation du potentiel<br />
budgétaire important <strong>des</strong> universités.<br />
Cette compensation devra<br />
être opérée sous forme de crédits de<br />
fonctionnement sur lesquels il n’y<br />
aura ni collecte, ni récupération de<br />
TVA. <strong>La</strong> somme ainsi allouée en crédits<br />
de fonctionnement sera intégralement<br />
utilisable par les établissements<br />
puisque non imposable.<br />
57<br />
DOSSIER
DOSSIER<br />
Relations avec les collectivités territoriales :<br />
la solidarité communale<br />
58<br />
Le 11 juin 2002,<br />
la ville de Villeneuve d’Ascq,<br />
l’IUFM Nord-Pas-de-Calais,<br />
l’université Charles de Gaulle<br />
(Lille 3) et l’université <strong>des</strong> Sciences<br />
et Technologies de Lille (Lille 1)<br />
ont signé une<br />
" charte de coopération ".<br />
<strong>La</strong> Revue avait présenté dans son<br />
numéro 8 le travail réalisé à<br />
Valenciennes sur la mise en place<br />
d’une commission de site, ainsi<br />
que le Contrat local de sécurité de<br />
Villeneuve d’Ascq.<br />
À quoi correspond cette<br />
multiplication de textes ?<br />
Qu’est-ce qui fait l’originalité<br />
d’une charte de coopération<br />
ville-établissements<br />
d’enseignement supérieur ?<br />
Des éléments de réponse sont<br />
tirés ci-<strong>des</strong>sous de la<br />
"Tribune de Villeneuve d’Ascq",<br />
et de la Charte elle-même.<br />
<strong>La</strong> charte de coopération communale de Villeneuve d’Ascq<br />
Qu’est-ce que Villeneuve d’Ascq<br />
? Les publicistes connaissent l’arrêt<br />
célèbre " Ville nouvelle Est "<br />
(CE 28 MAI 1971) qui a posé le<br />
principe du bilan coûts avantages<br />
en matière d'utilité publique.<br />
<strong>La</strong> Ville Nouvelle créée à<br />
l’Est de l’agglomération lilloise<br />
s’est adjoint le nom d’une de ses<br />
communes constitutives (Ascq,<br />
Annapes et Flers) en mémoire<br />
d’un massacre perpétré par les<br />
troupes alleman<strong>des</strong> en 1945.<br />
Elle se veut technopole verte, et<br />
présente cette particularité d’accueillir<br />
sur son territoire deux <strong>des</strong><br />
trois universités lilloises (depuis<br />
1968) et le siège du plus gros<br />
IUFM de France. C’est dire que la<br />
ville est fortement marquée par<br />
le fait universitaire, et que le développement<br />
<strong>des</strong> uns et <strong>des</strong> autres<br />
s’est fait en pleine concordance<br />
de temps.<br />
Par ailleurs, la commission de<br />
site lilloise tarde à naître, son<br />
champ probable est nécessairement<br />
circonscrit par la grande<br />
multiplicité <strong>des</strong> acteurs et la limitation<br />
de l’objet. Pour ce qui<br />
est du contrat local, il est conclu<br />
avec d’autres acteurs dans d’autres<br />
perspectives. On voit donc<br />
qu’il existait toute une place<br />
pour une action autrement<br />
concertée, une coopération plus<br />
ouverte et plus libre, et d’autres<br />
types de rapports, plus directs et<br />
plus conviviaux.<br />
Intégrer les campus et les étudiants<br />
à la ville et à ses quartiers,<br />
renforcer les liens entre le monde<br />
économique et les universités,<br />
mener ensemble <strong>des</strong> projets<br />
d’action, c’est sur la base de ces<br />
réflexions qu’a été préparée la<br />
Charte.<br />
Quatre groupes de travail réunissant<br />
universitaires, étudiants, représentants<br />
de la ville (élus et administratifs)<br />
avaient entrepris de<br />
mener <strong>des</strong> réflexions sur les thèmes<br />
<strong>des</strong> relations internationales, de l’économie,<br />
de la culture et de la vie<br />
de l’étudiant, avec pour objectifs<br />
de bâtir <strong>des</strong> projets d’action dans<br />
<strong>des</strong> domaines variés : logement et<br />
transport de l’étudiant, utilisation<br />
<strong>des</strong> équipements, mise en place<br />
d’un prix littéraire ouvert aux étudiants<br />
et villeneuvois, avec validation<br />
par un comité ad hoc. <strong>La</strong><br />
Charte était l’aboutissement d’un<br />
travail préparatoire de plusieurs<br />
mois et s’est voulue à la fois souple<br />
dans la méthode et pratique ou<br />
pragmatique dans l’exécution (une<br />
durée limitée, <strong>des</strong> objectifs précis).<br />
“<br />
Intégrer les campus<br />
et les étudiants à<br />
la ville et à ses<br />
quartiers.<br />
”<br />
L’économie du texte le traduit<br />
bien, qui après le préambule repris<br />
ci-<strong>des</strong>sous décline les objectifs<br />
généraux de chacun <strong>des</strong> 4<br />
grands domaines précédents
avant d’apporter une attention<br />
toute particulière à la mise en<br />
oeuvre articulée autour de la<br />
création d’un Comité mixte villeuniversités,<br />
d’un comité de pilotage,<br />
de groupes de travail et de<br />
relais identifiés. On y lit un vrai<br />
partenariat fondé sur les apports<br />
et le respect réciproques, intelligemment<br />
orienté vers <strong>des</strong> problématiques<br />
à venir, déjà présentes<br />
(l’accueil de quelques<br />
centaines de personnels de haut<br />
niveau appelés à venir vivre et<br />
travailler dans le Nord et sur la<br />
commune), et sur l’enrichissement<br />
mutuel. C’est ce qu’ont<br />
souligné dans leurs discours les<br />
quatre signataires.<br />
Citons le Préambule : "<strong>La</strong> ville et<br />
les établissements universitaires<br />
signataires de la présente charte<br />
expriment leur volonté commune<br />
de mettre en place une véritable<br />
coopération afin de construire<br />
une ville plus attractive :<br />
par le rayonnement à l'international,<br />
l'ouverture, de façon réciproque,<br />
de la ville aux universitaires<br />
et aux étudiants, et <strong>des</strong><br />
universités aux habitants, par un<br />
meilleur accueil <strong>des</strong> nouveaux<br />
arrivants et l'amélioration de<br />
leur vie quotidienne, et par le<br />
renforcement <strong>des</strong> liens entre enseignement<br />
supérieur / recherche<br />
et monde économique.<br />
Ils souhaitent également mutualiser<br />
la richesse <strong>des</strong> potentiels intellectuels<br />
<strong>des</strong> universités et de la<br />
ville par une réflexion sur les<br />
grands problèmes de société et<br />
favoriser la traduction de cette<br />
réflexion sur la ville."<br />
<strong>La</strong> coopération Transfrontalière<br />
J’aime à passer par association<br />
d’idées de la question <strong>des</strong> relations<br />
internationales dans le cadre<br />
d’une charte de coopération<br />
communale à celle de la question<br />
<strong>des</strong> relations transfrontalières.<br />
De Villeneuve d’Ascq à la<br />
frontière belge, il n’y a qu’une dizaine<br />
de kilomètres. Lorsque l’on<br />
parle de relations internationales,<br />
on évoque rarement le voisin<br />
proche, et pourtant les procédures<br />
ne distinguent guère ou pas<br />
du tout celui-là de l'étudiant <strong>des</strong><br />
antipo<strong>des</strong>.<br />
<strong>La</strong> dernière intervention lors de<br />
notre colloque de Bordeaux,<br />
hors les conclusions, fut celle de<br />
M. MUNOA, ministre du gouvernement<br />
basque, qui appelait<br />
de ses vœux une véritable offre<br />
de formation transfrontalière<br />
concertée pour l’ensemble <strong>des</strong><br />
étudiants d’un territoire donné,<br />
et qui constatait, sans s’en décourager,<br />
combien les résultats<br />
étaient maigrelets.<br />
Je suis frappé pour ma part de juger<br />
de la minceur de ces échanges<br />
d’immédiate proximité.<br />
Même là où <strong>des</strong> conventions allègent<br />
les procédures, comme<br />
dans le périmètre mulhousien,<br />
entre universités suisses, alleman<strong>des</strong><br />
et françaises, il est souvent<br />
fait le constat d’une faible<br />
densité <strong>des</strong> résultats.<br />
En même temps, nos collègues<br />
belges, à titre d’exemple, de<br />
l’Université Libre de Bruxelles<br />
plaident pour <strong>des</strong> liens étroits avec<br />
les communes, et la constitution<br />
d’une forte relation de proximité<br />
qui associerait Lille, Valenciennes,<br />
Mons, Charleroi et Bruxelles :<br />
l’emboîtement de ces solidarités<br />
successives apparaît comme une<br />
contrainte : c’est aussi semble-t-il<br />
un gisement essentiel pour le développement<br />
futur <strong>des</strong> uns et <strong>des</strong><br />
autres, que cette solidarité se décline<br />
sous le thème de l’identité<br />
(universités du pays basque ou du<br />
Hainaut français et wallon ou de la<br />
différence culturelle).<br />
59<br />
DOSSIER
DÉBAT<br />
Autour de la neutralité :<br />
Quelle neutralité pour l’université ?<br />
Xavier Furon, Chargé <strong>des</strong> affaires juridiques - Université de Lille 1<br />
60<br />
Le second tour de la présidentielle<br />
ici, la question israëlo-palestinienne<br />
là, la communauté universitaire française<br />
a été interpellée ces derniers<br />
temps, et les medias se sont fait l’écho<br />
de prises de position, de débats,<br />
voire de déchirements internes. <strong>La</strong><br />
Revue a demandé à Xavier FURON<br />
comment le bouillonnement propre<br />
à l’agrégation <strong>des</strong> collectifs universitaires<br />
pouvait croiser et s’accommoder<br />
du circuit refroidissant <strong>des</strong> principes<br />
de neutralité ou de laïcité. En<br />
accompagnement de cet article figure<br />
l’intervention anonymée d’un collègue<br />
devant son conseil d’administration<br />
: preuve que " l’intendance ",<br />
qui se doit de disposer aussi d’un<br />
rayon idéologique, peut être amenée<br />
à s’aventurer hors de la sécurité<br />
rassurante <strong>des</strong> discours policés.<br />
Je ne peux pas ici ne pas faire référence<br />
au témoignage d’autres collègues<br />
dans les pays <strong>des</strong>quels n’existe<br />
pas ce carcan ou ce cocon de protection<br />
d’un principe de " neutralité<br />
". J’ai en exemple les discours<br />
annuels d’Abou SÉLIM, de l’université<br />
Saint-Joseph de BEYROUTH, mais<br />
aussi tellement d’autres et dans tant<br />
de sens ! Devoir de s’exprimer, obligation<br />
morale d’élever le débat, et<br />
de renvoyer aux enjeux ou aux<br />
"valeurs" fondamentales : c’est de<br />
cette façon que le débat dépassera<br />
le premier stade de la prise de position<br />
partisane. Comment ne pas<br />
revenir au communiqué <strong>des</strong> présidents<br />
<strong>des</strong> universités strasbourgeoises<br />
de l’entre deux tours ?<br />
Yves CHAIMBAULT<br />
Neutralité du service public de<br />
l’enseignement supérieur et liberté<br />
<strong>des</strong> universitaires<br />
Bien que concernant l'ensemble<br />
<strong>des</strong> services publics, c'est dans<br />
l'enseignement que le principe<br />
de neutralité trouve son terrain<br />
de prédilection. Le principe de<br />
neutralité découle de la laïcité de<br />
l'Etat dont il constitue le corollaire.<br />
Il ne se confond cependant<br />
pas totalement avec cette notion.<br />
En effet, le principe de laïcité<br />
est inscrit dans le texte<br />
même de la constitution du 4 octobre<br />
1958 dont l'article premier<br />
proclame : “ <strong>La</strong> France est une république<br />
indivisible, laïque, démocratique<br />
et sociale. Elle assure<br />
l'égalité devant la loi de tous les<br />
citoyens sans distinction d'origine,<br />
de race ou de religion. Elle<br />
respecte toutes les croyances ”.<br />
De son côté, le préambule de la<br />
constitution de 1946, intégré à<br />
la constitution de 1958, consacre<br />
le principe de la laïcité de<br />
l'enseignement, et notamment<br />
de l’enseignement supérieur : “<br />
L'organisation de l'enseignement<br />
public gratuit et laïque à<br />
tous les degrés est un devoir de<br />
l'Etat ”. Le principe de laïcité a<br />
donc valeur constitutionnelle. Il<br />
trouve son origine dans la séparation<br />
de l'Eglise et de l'Etat et signifie<br />
que ce dernier est indépendant<br />
de toute doctrine<br />
religieuse. Le principe de neutralité<br />
prolonge, quant à lui, la notion<br />
de laïcité et l'élargit à d'autres<br />
domaines que le domaine<br />
confessionnel. Il signifie que le<br />
service public ne peut être soumis<br />
à aucune emprise philosophique,<br />
politique ou religieuse.<br />
Le principe de neutralité de l'enseignement<br />
supérieur trouve<br />
quant à lui son expression dans<br />
l'article L.141-6 du code de l’éducation<br />
: “ Le service public de<br />
l'enseignement supérieur est laïc<br />
et indépendant de toute emprise<br />
politique, économique, religieuse<br />
ou idéologique ; il tend à<br />
l'objectivité du savoir ; il respecte<br />
la diversité <strong>des</strong> opinions. Il doit<br />
garantir à l'enseignement et à la<br />
recherche leurs possibilités de libre<br />
développement scientifique,<br />
créateur et critique ”.<br />
Le principe de neutralité de l'éducation,<br />
en tant qu'il vise à assurer<br />
aux usagers la liberté d'opinion,<br />
s'impose en premier lieu<br />
aux enseignants (Tribunal <strong>des</strong><br />
conflits 2 juin 1908, Morizet –<br />
Conseil d’Etat 28 avril 1938,<br />
Delle Weiss, Rec. p. 379). Cependant,<br />
en raison du niveau <strong>des</strong><br />
usagers, les enseignants du supérieur<br />
y sont soumis de façon<br />
moindre que ceux de l'enseignement<br />
secondaire. Ce principe a<br />
été posé à l'occasion du célèbre<br />
arrêt “Abbé Bouteyre“, éclairé<br />
par les conclusions du commissaire<br />
du Gouvernement Helbronner.<br />
Le Conseil d'Etat avait<br />
en effet jugé que les fonctions<br />
d'ecclésiastique étaient incompatibles<br />
avec celles de professeur<br />
de l'enseignement secondaire<br />
public, en raison de l'atteinte<br />
que la nomination de l'abbé<br />
Bouteyre en qualité de professeur<br />
aurait porté au principe de<br />
laïcité. Dans ses conclusions, le
commissaire du Gouvernement<br />
en profitait pour préciser<br />
qu'une telle incompatibilité ne<br />
pouvait concerner l'enseignement<br />
supérieur, “ la nature de<br />
l'enseignement donné, le caractère<br />
<strong>des</strong> personnes auxquelles<br />
il s'adresse, dispense en<br />
principe l'Etat de prendre (...)<br />
la responsabilité <strong>des</strong> doctrines<br />
qui sont enseignées. Les auditeurs,<br />
les élèves sont ici en âge<br />
de juger (...). L'incompatibilité<br />
entre cet enseignement, ou tout<br />
au moins certaines parties de<br />
cet enseignement, et l'état ecclésiastique<br />
n'a donc plus les<br />
mêmes raisons d'être ” (Concl.<br />
Helbronner sous Conseil d’Etat<br />
10 mai 1912, Abbé Bouteyre,<br />
Rec. p. 553, RDP 1912, p. 453,<br />
note Jèze).<br />
Le principe de neutralité n'en<br />
constitue pas moins l'une <strong>des</strong><br />
seules limites aux principes de<br />
liberté d'expression et d’indépendance<br />
de l'enseignant-chercheur<br />
rappelés à l'article L.952-2<br />
CE : “ Les enseignants-chercheurs,<br />
les enseignants et les chercheurs<br />
jouissent d'une pleine<br />
indépendance et d'une entière<br />
liberté d'expression dans l'exercice<br />
de leurs fonctions d'enseignement<br />
et de leurs activités de<br />
recherche, sous les réserves que<br />
leur imposent, conformément<br />
aux traditions universitaires et<br />
aux dispositions du présent<br />
code, les principes de tolérance<br />
et d'objectivité ” et réaffirmés<br />
par plusieurs jurisprudences du<br />
Conseil constitutionnel et du<br />
Conseil d’Etat.<br />
“<br />
Le service public de<br />
l’enseignement supérieur<br />
est laïc et indépendant<br />
de toute<br />
emprise.<br />
”<br />
Encore faut-il relever, comme le<br />
fait un auteur, en s’appuyant sur<br />
l’une <strong>des</strong> rares jurisprudences en<br />
la matière (Affaire dite <strong>des</strong> négationnistes<br />
– Conseil d’Etat 28<br />
septembre 1998, M. Notin, req.<br />
n°159236), que la liberté d’expression<br />
de l’enseignant-chercheur<br />
ne s’arrête que là où les<br />
propos constituent <strong>des</strong> infractions<br />
pénales graves (Carole Moniolle,<br />
Indépendance et liberté<br />
d’expression <strong>des</strong> enseignantschercheurs,<br />
AJDA 20 mars 2001,<br />
p. 226). Ce même auteur allant<br />
même jusqu’à estimer que “ la liberté<br />
d’expression semble devoir<br />
prévaloir sur le principe de laïcité<br />
du service public de l’enseignement<br />
supérieur et permettre aux<br />
enseignants-chercheurs de faire<br />
état de leurs convictions religieuses<br />
” (voir cependant l’avis du<br />
Conseil d’Etat du 3 mai 2000,<br />
Mlle Marteaux, avis n° 217017).<br />
L’encadrement de la liberté et de<br />
l’indépendance <strong>des</strong> universitaires<br />
par les traditions universitaires,<br />
les dispositions législatives et<br />
les principes de tolérance et<br />
d'objectivité (article L.952-2 CE)<br />
apparaîtrait finalement comme<br />
étant plus théorique que réel.<br />
Cette liberté de l’enseignantchercheur<br />
est profondément ancrée<br />
non seulement dans la tradition<br />
universitaire mais<br />
également dans la tradition républicaine.<br />
Le principe d’indépendance<br />
<strong>des</strong> professeurs d’université<br />
érigé en principe<br />
fondamental <strong>des</strong> lois de la République<br />
par le Conseil constitutionnel<br />
trouve ainsi son fondement<br />
dans la loi organique<br />
relative aux incompatibilités parlementaires<br />
(article L.142 du<br />
code électoral) qui prévoit que,<br />
par dérogation au droit électoral,<br />
la fonction de professeur (mais<br />
non celle de maître de conférences)<br />
n’est pas incompatible avec<br />
l’exercice d’un mandat parlementaire.<br />
Il n’en demeure pas moins qu’aux<br />
termes de l’article L.952-2 du<br />
code, liberté et indépendance de<br />
l’enseignant-chercheur sont matériellement<br />
circonscrites aux<br />
fonctions d’enseignement et de<br />
recherche (c’est parce qu’il avait<br />
signé son article litigieux en sa<br />
qualité de maître de conférences,<br />
que M. Notin a pu être sanctionné<br />
sur le fondement du non respect<br />
du principe de neutralité).<br />
61<br />
DÉBAT
DÉBAT<br />
Autour de la neutralité :<br />
Quelle neutralité pour l’université ?<br />
62<br />
Neutralité, communauté et institution<br />
universitaires<br />
L’Université occupe une place à<br />
part dans le service public, y<br />
compris dans celui de l’éducation.<br />
Elle est un lieu de libre expression<br />
<strong>des</strong> opinions, voire<br />
d’indépendance pour ce qui<br />
concerne les enseignants-chercheurs.<br />
L’institution universitaire<br />
elle-même bénéficie d’un statut<br />
particulier fait d’autonomie et de<br />
démocratie propre à assurer aux<br />
universitaires les conditions de<br />
leur liberté d’opinion et de leur<br />
indépendance. Faut-il pour autant<br />
considérer que cette liberté<br />
s’étend à l’institution universitaire<br />
en tant que telle ?<br />
L’Université n’est plus, depuis la<br />
loi d’orientation du 12 novembre<br />
1968, la “ chasse gardée ”<br />
<strong>des</strong> seuls universitaires. En effet,<br />
aux termes de l’article L.111-5<br />
alinéa 1 du code de l’éducation,<br />
“ le service public de l’enseignement<br />
supérieur rassemble les<br />
usagers et les personnels qui assurent<br />
le fonctionnement <strong>des</strong><br />
établissements et participent à<br />
l’accomplissement <strong>des</strong> missions<br />
de ceux-ci dans une communauté<br />
universitaire ”. En application<br />
de ce principe dit de participation,<br />
la communauté<br />
universitaire comprend donc,<br />
outre les enseignants-chercheurs,<br />
enseignants et chercheurs,<br />
les étudiants mais aussi le<br />
personnel administratif et technique.<br />
Ces différentes composantes<br />
de la communauté universitaire<br />
ne sont pas égales au<br />
regard du principe de neutralité.<br />
“<br />
L’institution universitaire<br />
elle-même bénéficie d’un<br />
statut particulier fait d’autonomie<br />
et de démocratie propre<br />
à assurer aux universitaires<br />
les conditions de leur<br />
liberté d’opinion et<br />
”<br />
de leur<br />
indépendance.<br />
Si les étudiants, à titre individuel<br />
ou collectif, “ disposent de la liberté<br />
d’information et d’expression<br />
à l’égard <strong>des</strong> problèmes économiques,<br />
sociaux et culturels ”<br />
(article L.811-1 CE), ils n’en demeurent<br />
pas moins soumis à une<br />
certaine neutralité. Comme il l’avait<br />
fait en matière d’enseignement<br />
secondaire, le Conseil d’Etat<br />
a été amené à se prononcer sur<br />
l’application du principe de laïcité<br />
aux usagers de l’enseignement supérieur.<br />
Ce faisant, la haute juridiction<br />
a confirmé et étendu à<br />
l’enseignement supérieur les principes<br />
dégagés à l’occasion de la<br />
jurisprudence Kherouaa du 2 novembre<br />
1992 en définissant les<br />
conditions de compatibilité du<br />
principe de laïcité avec le port de<br />
signes distinctifs d’appartenance<br />
religieuse (Conseil d’Etat 26 juillet<br />
1996, Université de Lille II, Req.<br />
n° 170106).<br />
De leur côté, les personnels IA-<br />
TOS n’ont de liberté que celle<br />
de conscience, le principe de<br />
neutralité rejoignant, pour ce<br />
qui les concerne, leur devoir<br />
de réserve (voir l’avis du<br />
Conseil d’Etat du 3 mai 2000,<br />
Mlle Marteaux, déjà cité).<br />
Les enseignants-chercheurs ne<br />
peuvent donc, à eux seuls, être<br />
identifiés à la communauté universitaire.<br />
Qui plus est, l’institution<br />
universitaire n’est pas gérée<br />
par cette seule communauté universitaire,<br />
puisque sont associés<br />
à la gestion du service public de<br />
l’enseignement supérieur, outre<br />
ses usagers et son personnel, <strong>des</strong><br />
représentants <strong>des</strong> intérêts publics<br />
et <strong>des</strong> activités économiques,<br />
culturelles et sociales (article<br />
L.111-5 alinéa 2 CE).<br />
Dans ce cadre, les enseignantschercheurs<br />
et les personnels assimilés<br />
n’ont qu’une représentation<br />
minoritaire au sein <strong>des</strong><br />
organes de gestion de l’Université.<br />
Le conseil d’administration<br />
ne comprend ainsi que de 40 à<br />
45 % de représentants <strong>des</strong> enseignants-chercheurs,<br />
<strong>des</strong> enseignants<br />
et <strong>des</strong> chercheurs (article<br />
L.712-3 CE). Le Conseil constitutionnel<br />
n’a pas analysé dans le<br />
cadre de son contrôle de constitutionnalité<br />
de la loi du 26 janvier<br />
1984 cette représentation<br />
minoritaire <strong>des</strong> enseignantschercheurs<br />
comme étant attentatoire<br />
à leur indépendance,<br />
puisque le conseil d’administration,<br />
quand il a à se prononcer<br />
sur <strong>des</strong> éléments de carrière <strong>des</strong><br />
enseignants-chercheurs, se réunit<br />
en formation restreinte aux<br />
seuls intéressés.<br />
L’institution universitaire doit<br />
donc également être distinguée<br />
<strong>des</strong> universitaires ; elle n’a ni leur<br />
indépendance, ni leur liberté<br />
d’expression.
Au sein de l’institution, l’enseignant-chercheur,<br />
dans sa mission<br />
d’administration et de gestion de<br />
l’établissement (article L.952-3<br />
CE), ne dispose pas de la même<br />
indépendance que dans ses missions<br />
d’enseignement et de recherche<br />
(voir supra), il est à ce titre<br />
dans une position normalisée au<br />
regard <strong>des</strong> principes du service<br />
public. Le président d’université,<br />
élu parmi les enseignants-chercheurs<br />
par l’assemblée <strong>des</strong> trois<br />
conseils de l’université, ne s’exprime<br />
qu’au nom de l’institution<br />
universitaire, en sa qualité de représentant<br />
de l’établissement telle<br />
qu’elle est définie à l’article L.712-<br />
2 du code de l’éducation. Comme<br />
l’ensemble <strong>des</strong> organes de gestion<br />
de l’université, il ne s’exprime<br />
qu’au nom du service public<br />
de l’enseignement supérieur<br />
qui demeure laïc et indépendant<br />
de toute emprise politique, économique,<br />
religieuse ou idéologique,<br />
au nom d’un service public<br />
qui doit tendre à l'objectivité<br />
du savoir et doit respecter la diversité<br />
<strong>des</strong> opinions.<br />
“<br />
L’institution universitaire doit être distinguée<br />
<strong>des</strong> universitaires : elle n’a ni leur indépendance,<br />
ni leur liberté d’expression.<br />
”<br />
DÉBAT<br />
Xavier FURON<br />
Chargé <strong>des</strong> affaires juridiques<br />
Université de LILLE 1<br />
63
DÉBAT<br />
Autour de la neutralité :<br />
Intervention à un Conseil d’Administration en mai 2002<br />
64<br />
J'interviens ici à titre consultatif,<br />
sans avoir voix délibérative, et<br />
donc sans la responsabilité de<br />
prendre part au vote, parce que je<br />
pense qu'il m'incombe de le faire<br />
et d'exprimer le débat qui a eu<br />
lieu au sein de nos services.<br />
Mon intervention comprendra<br />
trois points :<br />
1°) Nous nous sommes, le<br />
responsable <strong>des</strong> affaires juridiques<br />
et moi, avec un certain<br />
nombre d'autres responsables<br />
administratifs, posé la question<br />
de la légitimité de la prise de position<br />
qui était faite, dans la rédaction<br />
choisie par le Président<br />
pour son communiqué. Il a rédigé<br />
une note juridique sur le sujet<br />
portant notamment sur les<br />
deux questions de la spécialité<br />
de l'établissement, et du principe<br />
de neutralité .<br />
Qu'est-ce qu'une université en<br />
droit français ? C'est un établissement<br />
public. Qu'est-ce qu'un<br />
établissement public ? C'est un<br />
organe créé pour la gestion d'un<br />
service public, et doté pour cela<br />
de la personnalité morale, donc<br />
juridiquement distinct de l'État .<br />
Partant, il est soumis à ce qu'on<br />
appelle un "principe de spécialité",<br />
c'est-à-dire qu'il ne peut<br />
intervenir que dans le domaine<br />
qui lui est dévolu (au contraire<br />
d'une collectivité territoriale, qui<br />
a une compétence générale).<br />
Le Président , lorsqu'il s'exprime,<br />
s'exprime au nom de l'établissement<br />
en tant que tel, et non au<br />
nom de l'assemblée ou du sentiment<br />
de ses pairs (ce que serait<br />
le collectif <strong>des</strong> enseignants chercheurs<br />
par exemple). Or, on n'imagine<br />
pas le PDG d'Air France<br />
prenant la parole au nom d'Air<br />
France pour affirmer une position<br />
similaire du type de celle qui<br />
est dans la motion. C'est une application<br />
du principe de spécialité.<br />
Ce principe s'applique-t-il aux<br />
universités ? <strong>La</strong> jurisprudence a<br />
répondu par l'affirmative. Mais<br />
la notion de spécialité n'est-elle<br />
pas antagonique de la notion<br />
d'universalité qui sous tend la<br />
définition même de l'université,<br />
voire antagonique aux missions<br />
qui lui sont dévolues en matière<br />
de culture et d'intervention dans<br />
le débat citoyen ?<br />
C'est une première question.<br />
Comme le PDG d'Air France, un<br />
proviseur de lycée, pour d'autres<br />
raisons, ne prendra pas non plus<br />
la même position similaire du<br />
type de celle qui est dans la motion:<br />
il s'agit ici du principe de<br />
neutralité.<br />
C'est une seconde question.<br />
2°) Je suis personnellement<br />
convaincu qu'il y a certains moments<br />
où les principes de spécialité<br />
et de neutralité ne peuvent<br />
plus avoir cours : de même que la<br />
constitution a prévu un article 16<br />
qui donne <strong>des</strong> pouvoirs exceptionnels<br />
dans <strong>des</strong> circonstances<br />
exceptionnelles, de même que la<br />
réglementation en matière d'hygiène<br />
et sécurité prévoit un droit<br />
de retrait pour les personnels placés<br />
en situation de danger grave<br />
et imminent, il y a <strong>des</strong> circonstances<br />
où la prise de position,<br />
l'engagement, sont <strong>des</strong> devoirs.<br />
Sommes nous devant de telles<br />
circonstances exceptionnelles qui
justifient la rédaction <strong>des</strong> premiers<br />
paragraphes ? Pour ma<br />
part, j'ai mes convictions, mais je<br />
n'ai pas voix délibérative : C'est<br />
votre responsabilité politique.<br />
3°) Je suis frappé par le ton passionné<br />
<strong>des</strong> discussions qui ont eu<br />
lieu ces jours-ci. Je vous adjure<br />
de ne pas cataloguer les positions<br />
<strong>des</strong> personnes et de ne pas<br />
déduire d'emblée que, parce<br />
qu'on n'approuve pas les termes<br />
de la motion proposée qu’ on est<br />
automatiquement lobby d’un<br />
par opposition à un autre. C'est<br />
par rapport à la question de neutralité<br />
du service public que s'expriment<br />
les interrogations et que<br />
nous nous sommes efforcés de<br />
réfléchir . C'est ce que je vous demande<br />
de comprendre et d'accepter.<br />
“<br />
<strong>La</strong> notion de spécialité n’est elle pas<br />
antagonique de la notion d’universalité ?<br />
”<br />
DÉBAT<br />
65
DÉBAT<br />
Autour de la neutralité :<br />
Une prolongation sur l’utilisation de la messagerie électronique<br />
66<br />
M.L.Pesneaud<br />
Responsable<br />
du service contentieux<br />
de l’Université<br />
Louis Pasteur- Strasbourg 1<br />
Par une décision en date du<br />
24 janvier 2002 la Cour administrative<br />
d’appel de Paris a sanctionné<br />
pour la première fois une<br />
utilisation privative, par un<br />
agent public, de l’adresse<br />
électronique mise à sa disposition<br />
par son service.<br />
M. O. demandait à la Cour d’annuler<br />
la sanction disciplinaire<br />
prononcée contre lui (exclusion<br />
temporaire de fonctions pour<br />
une durée de six mois assortis<br />
d’un sursis partiel de trois mois)<br />
notamment aux motifs que :<br />
• les faits pour lesquels il avait<br />
fait l’objet d’une sanction disciplinaire<br />
étaient couverts par<br />
le secret de la correspondance,<br />
• les mêmes faits auraient été recueillis<br />
et détenus par <strong>des</strong><br />
moyens de preuve illicites<br />
passibles <strong>des</strong> poursuites pénales<br />
prévues à l’article 226-15<br />
du nouveau Code pénal.<br />
"Le fait, commis de mauvaise foi,<br />
d’ouvrir, de supprimer, de retarder<br />
ou de détourner <strong>des</strong> correspondances<br />
arrivées ou non à <strong>des</strong>tination et<br />
adressés à <strong>des</strong> tiers, ou d’en prendre<br />
frauduleusement connaissance, est<br />
puni d’un an d’emprisonnement et<br />
de 45000 euros d'amende.<br />
Est puni <strong>des</strong> mêmes peines le fait,<br />
commis de mauvaise foi, d'intercepter,<br />
de détourner, d'utiliser ou<br />
de divulguer <strong>des</strong> correspondances<br />
émises, transmises ou reçues par la<br />
voie <strong>des</strong> télécommunications ou de<br />
procéder à l'installation d'appareils<br />
conçus pour réaliser de telles interceptions."<br />
Les faits reprochés au requérant<br />
étaient les suivants :<br />
• utilisation de l’adresse<br />
électronique d’un directeur<br />
de laboratoire à l’insu de ce<br />
dernier,<br />
• utilisation abusive de l’adresse<br />
de l’établissement<br />
public dans lequel il exerce ses<br />
fonctions sur internet à <strong>des</strong> fins<br />
personnelles d’échanges en sa<br />
qualité de membre d’une association<br />
cultuelle,<br />
Il ressort en effet <strong>des</strong> pièces du<br />
dossier qu’il a mentionné sur le<br />
site de l’Eglise de l’unification sa<br />
qualité de membre d’une association<br />
cultuelle, accompagnée<br />
de l’adresse électronique dont il<br />
dispose au sein de son établissement<br />
public.<br />
<strong>La</strong> Cour a considéré :<br />
• que nonobstant le fait que la<br />
manière de servir de l’intéressé<br />
n’avait encouru aucun grief<br />
jusque là, les faits reprochés au<br />
requérant avaient porté préjudice<br />
à l’établissement public<br />
dans lequel il exerce ses fonctions<br />
ainsi qu’au directeur de<br />
laboratoire concerné,<br />
• que la sanction dont a fait l’objet<br />
M. O. n’était pas motivée par ses<br />
opinions philosophiques ou religieuses<br />
mais par un usage abusif<br />
fait de l’adresse électronique de<br />
l’établissement public à <strong>des</strong> fins<br />
constituant un manquement au<br />
principe de laïcité et à l’obligation<br />
de neutralité auxquels les<br />
fonctionnaires sont soumis, de nature<br />
à justifier légalement l’application<br />
d’une sanction disciplinaire,
• sur la question du secret <strong>des</strong><br />
correspondances : que l’autorité<br />
investie du pouvoir disciplinaire<br />
s’est exclusivement<br />
fondée sur <strong>des</strong> informations<br />
publiques mentionnant l’Eglise<br />
de l’unification diffusées par<br />
l’intéressé avec les moyens du<br />
service et portées à la connaissance<br />
de l’établissement public<br />
par un tiers, et sur l’utilisation<br />
par M. O. de l’adresse électronique<br />
d’un directeur de laboratoire<br />
portée à la connaissance<br />
de la direction par le<br />
directeur de laboratoire<br />
concerné.<br />
<strong>La</strong> Cour a rejeté la demande<br />
de M. O.<br />
Cette décision de la Cour administrative<br />
d’appel constitue une<br />
première dans la fonction publique<br />
puisque la Cour a considéré<br />
que c’est à bon droit que<br />
l’établissement public a sanctionné<br />
l’utilisation personnelle<br />
abusive <strong>des</strong> moyens du service<br />
par le requérant.<br />
Elle a souligné la régularité de la<br />
procédure par laquelle l’établissement<br />
public a recueilli les<br />
preuves de l’usage abusif <strong>des</strong><br />
moyens mis à disposition de M.<br />
O. par le service.<br />
Un parallèle avec l’arrêt du<br />
Tribunal de grande instance<br />
de Paris du 2 novembre 2000<br />
concernant une atteinte au secret<br />
ou suppression de correspondance<br />
par personne dépositaire<br />
de l’autorité publique ou chargée<br />
de mission de service public<br />
peut être fait : le tribunal avait<br />
alors considéré que, bien qu’étant<br />
intervenue dans un contexte<br />
perturbé par <strong>des</strong> conflits de personnes,<br />
qui a valu le sursis aux<br />
défendeurs, la violation de correspondances<br />
effectuées par<br />
voie de télécommunications<br />
par personne chargée d’une<br />
mission de service public ne<br />
pouvait être niée.<br />
Un rapport de la Commission nationale<br />
de l’informatique et <strong>des</strong><br />
libertés relatif à la cybersurveillance<br />
sur les lieux de travail<br />
en date du 5 février 2002<br />
(http://www.cnil.fr) rappelle les<br />
trois principes législatifs, applicables<br />
à la fonction publiques,<br />
auxquels sont soumis les employeurs<br />
en matière de cybersurveillance<br />
:<br />
• l’information préalable de<br />
l’employé comme condition<br />
de transparence,<br />
• la discussion collective préalable,<br />
• le principe de proportionnalité<br />
entre les restrictions apportées<br />
et le but poursuivi.<br />
“<br />
Un manquement au<br />
principe de laïcité<br />
et à l’obligation de<br />
neutralité.<br />
”<br />
DÉBAT<br />
67
RUBRIQUES<br />
Miroir du forum<br />
68<br />
<strong>La</strong> Revue reprend ici<br />
quelques échanges de notre<br />
messagerie, pour leur intérêt,<br />
pour leur conservation,<br />
pour leur curiosité ou<br />
leur cocasserie parfois -<br />
sans être un bêtisier pour autant.<br />
Quelques points de droit<br />
ou quelques pratiques à se mettre<br />
en tête …<br />
1) Question de cumul<br />
Un MCF de l'IUFM est en délégation<br />
à temps complet au<br />
CNRS. Il continue néanmoins à<br />
faire quelques heures de formation<br />
à l'IUFM. Ces heures doivent-elles<br />
lui être payées en heures<br />
complémentaires ? Sans<br />
doute, mais il faut vraisemblablement<br />
s'assurer auprès du<br />
CNRS qu'il effectue bien l'intégralité<br />
de son service au CNRS,<br />
autrement dit qu'il n'est pas en<br />
sous service, sans se faire d'illusion<br />
sur le caractère formel de<br />
cette vérification.<br />
Pouvez-vous me confirmer cette<br />
interprétation. Merci. JLF<br />
réponse : à mon avis, aucune rémunération<br />
possible ; étant en délégation<br />
il est dispensé de son service<br />
d'enseignement mais cela ne<br />
l'autorise pas à percevoir une rémunération<br />
complémentaire. Dans<br />
de tels cas, je rappelle que la modification<br />
du décret du 6 juin 1984<br />
autorise désormais la délégation à<br />
temps partiel et c'est cette possibilité<br />
qu'il aurait dû solliciter s'il estimait<br />
pouvoir accomplir encore une<br />
partie de son enseignement.<br />
Je précise en outre que pour permettre<br />
la rémunération en heures<br />
complémentaires <strong>des</strong> enseignants<br />
chercheurs délégués auprès d'une<br />
entreprise dans le cadre de la loi innovation<br />
recherche, il a fallu un décret<br />
spécial ; cette intervention réglementaire<br />
spéciale aurait été<br />
superflue si la situation que tu<br />
évoques était possible dans le droit<br />
commun. JPB<br />
2) Réinscription <strong>des</strong> emprunteurs<br />
indélicats<br />
Je vous prie de trouver ci-après<br />
les préconisations de la Directrice<br />
du SCD de G., en vue de récupérer<br />
les ouvrages non restitués<br />
par les emprunteurs.. Bien<br />
sûr, selon moi, de telles mesures<br />
ne sont à prendre que si les problèmes<br />
qu'elles doivent résoudre<br />
sont de dimension conséquente.<br />
Si c'est le cas, pourquoi<br />
ne pas envisager une démarche<br />
coordonnée ? MW<br />
"Plusieurs procédures possibles :<br />
• listes d'étudiants qui ne sont pas<br />
en règle avec la bibliothèque transmises<br />
au service scolarité : quand<br />
celui-ci se présente pour une réinscription,<br />
il lui est demandé de se<br />
mettre d'abord en règle avec la bibliothèque<br />
• accord entre les Universités en<br />
France avec deman<strong>des</strong> de quitus :<br />
en cas de changement d'université,<br />
l'étudiant devrait avoir le quitus de<br />
la bibliothèque de son université antérieure<br />
pour pouvoir se réinscrire<br />
(Je ne sais pas si cette procédure est<br />
toujours en vigueur, mais elle est<br />
fort utile et marquait une solidarité<br />
entre les universités)<br />
• le fait de ne pas délivrer de diplôme<br />
aux étudiants avant qu'ils<br />
ne se soient mis en règle avec la<br />
bibliothèque, est, pour ceux qui<br />
utilisent cette procédure, assez<br />
efficace."<br />
Réponse : Les textes réglementaires<br />
régissant les inscriptions et les<br />
délivrance de diplômes ne prévoient<br />
aucune disposition limitative pour le<br />
motif évoqué; et dès lors <strong>des</strong> refus
d'inscription ou de diplôme fondés<br />
sur ce seul motif pourraient être annulés<br />
pour erreur de droit (on a déjà<br />
vu un tribunal annuler le refus de<br />
délivrance d'un diplôme d'un stagiaire<br />
de formation continue qui<br />
n'avait pas payé sa formation, au<br />
motif que la réglementation ne prévoit<br />
pas une telle sanction en cas de<br />
non paiement...) ; il faut donc être<br />
prudent dans l'affichage de ces règles<br />
; la méthode du "quitus", qui<br />
apparaît comme une étape pratique<br />
de la procédure d'inscription est<br />
plus discrète pour un effet équivalent.<br />
JPB<br />
3) Temps de travail<br />
Les fonctionnaires ont droit à <strong>des</strong><br />
congés annuels et à <strong>des</strong> congés<br />
maladie (circulaire du 21/1 (JO<br />
7/2) : lorsqu'un congé de maladie<br />
est intervenu pendant une période<br />
de congé annuel, le congé<br />
annuel non pris est récupérable<br />
dans le cadre de l'année civile.<br />
<strong>La</strong> circulaire précise par ailleurs que,<br />
dans tous les cas, la récupération ou<br />
le report ne peut avoir pour effet<br />
l'octroi d'un nombre de jours de<br />
congés supérieur aux droits à<br />
congés annuels de l'agent pour la<br />
période considérée. Lorsque l'établissement<br />
est fermé, les personnels<br />
sont en congés annuels.<br />
Un agent malade pendant cette période<br />
de fermeture peut-il récupérer<br />
le congé annuel, sachant qu'on<br />
peut considérer que cela conduirait<br />
à octroyer <strong>des</strong> jours de congés supplémentaires<br />
(en somme le congé<br />
annuel "obligatoire", non mobile,<br />
prime-t-il sur tout autre congé ?)<br />
SG<br />
Réponse : malheureusement pour<br />
l'équité les textes sont maintenant<br />
très clairs!! le congé de maladie est<br />
considéré comme une partie d'activité,<br />
idem d'ailleurs pour les<br />
congés pour formations syndicales,<br />
les congés de maternité et bien entendu<br />
pour les congés dus aux accidents<br />
de travail, y compris les rechutes.<br />
Je crois donc qu'il n'est pas<br />
question de jouer avec les textes, la<br />
seule consolation que nous pouvons<br />
avoir c'est que les journées<br />
sont alors considérées comme<br />
ayant strictement 7 heures donc pas<br />
de possibilité de récupération dues<br />
à l'aménagement du travail JPB<br />
4) Imposition <strong>des</strong> logements<br />
de fonction à la taxe foncière<br />
Nous venons de recevoir sur Paris<br />
pour la 1ère fois un avis d'imposition<br />
de taxes foncières<br />
concernant un logement de fonction<br />
( agent comptable) concédé<br />
par utilité de service. Ces taxes<br />
sont communales, régionales<br />
plus la taxe d'enlèvement <strong>des</strong> ordures<br />
ménagères. Les années<br />
précédentes, l'Agent comptable<br />
recevait directement , à son nom,<br />
la taxe d'enlèvement <strong>des</strong> ordures<br />
ménagères (et uniquement celleci).<br />
Le centre <strong>des</strong> impôts, interrogé,<br />
nous indique que nous<br />
sommes bien assujettis à ces<br />
taxes car le logement produit <strong>des</strong><br />
revenus! ( si peu)<br />
Il a bien été dit qu'il s'agissait<br />
non d'un loyer mais d'une indemnité<br />
d'occupation : le fisc<br />
maintient sa position (du moins<br />
oralement pour le moment).<br />
Certes il nous appartient de récupérer<br />
la taxe d'enlèvement <strong>des</strong><br />
ordures ménagères auprès de l'agent<br />
comptable mais la situation<br />
pour les autres taxes est inédite.<br />
Pouvez-vous me dire si certains<br />
d'entre-vous rencontrent cette situation?<br />
et si de forts arguments<br />
juridiques peuvent nous faire<br />
éviter ces taxes communales et<br />
régionales? MC<br />
A l'IUFM d'Aix-Marseille nous<br />
avons eu le même " problème" .<br />
Le responsable du centre <strong>des</strong> impôts<br />
a argumenté sa position en<br />
nous écrivant : "l'imposition<br />
(taxe foncière ) correspond aux<br />
logements concédés par utilité<br />
de service . Les locaux productifs<br />
de revenus pour leur propriétaire<br />
ne peuvent bénéficier de l'exonération<br />
permanente prévue<br />
pour les logements concédés par<br />
nécessité absolue de service" SG<br />
Réponse : <strong>La</strong> question concerne<br />
la qualité du propriétaire ; si le bâtiment<br />
est propriété de l'établissement,<br />
les taxes foncières sont normalement<br />
dues ; si c'est un bien de<br />
l'Etat il y a normalement exonération<br />
; il faut alors demander dans le<br />
délai prescrit un dégrèvement<br />
,avec le soutien du service <strong>des</strong> domaines,<br />
en tant que représentant<br />
du propriétaire. JPB<br />
Réponse 2 : Voir code <strong>des</strong> impôts,<br />
art.1382 (j'ai écrémé le texte<br />
source ...)<br />
Sont exonérés de la taxe foncière<br />
sur les propriétés bâties :<br />
1° Les immeubles nationaux, les<br />
immeubles départementaux pour<br />
les taxes perçues par les communes<br />
et par le département auquel ils ap-<br />
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Miroir du forum<br />
70<br />
partiennent et les immeubles communaux<br />
pour les taxes perçues par les<br />
départements et par la commune à<br />
laquelle ils appartiennent, lorsqu'ils<br />
sont affectés à un service public ou<br />
d'utilité générale et non productifs de<br />
revenus, notamment : ....<br />
Sous réserve <strong>des</strong> dispositions du 9°,<br />
cette exonération n'est pas applicable<br />
aux immeubles qui appartiennent<br />
à <strong>des</strong> établissements publics autres<br />
que... les établissements<br />
scientifiques, d'enseignement ....., ni<br />
aux organismes de l'Etat ... ayant un<br />
caractère industriel ou commercial.<br />
Mis à part la syntaxe tarabiscotée<br />
du 2e §, il me semble que ce texte<br />
couvre l'ensemble <strong>des</strong> cas de figure<br />
concernant les EPA du MEN -><br />
exonération <strong>des</strong> immeubles nationaux<br />
et <strong>des</strong> immeubles appartenant<br />
en propre aux établissements scientifiques<br />
et d'enseignement. MF<br />
Suite et fin, en complément à mon<br />
message précédent, incomplètement<br />
rédigé (Merci Jean Paul) : exonération<br />
<strong>des</strong> immeubles nationaux et <strong>des</strong><br />
immeubles appartenant en propre<br />
aux établissements scientifiques et<br />
d'enseignement lorsqu'ils sont affectés<br />
à un service public et non productifs<br />
de revenus (CUS et CNAS). MF<br />
5) Régimes indemnitaires<br />
Il existe une difficulté ( parmi<br />
sans doute beaucoup d'autres )<br />
à la mise en oeuvre <strong>des</strong> nouvelles<br />
dispositions concernant l'IAT et<br />
l'IFTS mais elle ne doit concerner<br />
qu'un très petit nombre d'établissements<br />
du supérieur ( et davantage<br />
du secondaire ).<br />
L'article 4 du décret relatif à<br />
l'IFTS précise que cette indemnité<br />
ne peut être servie à <strong>des</strong> personnels<br />
logés par NAS. Or le décret<br />
relatif à l'IAT ( contrairement<br />
à l'ancien concernant l'IHTS ) ne<br />
prévoit pas cette exclusion.<br />
Nous disposons de quelques emplois<br />
de SASU logés bénéficiant<br />
d'une rémunération inférieure à<br />
l'indice 380..Que devons nous<br />
faire ? JPB 2<br />
Réponse : ce n'était pas seulement<br />
le texte sur les IHTS ou les<br />
IFTS qui excluait le cumul entre un<br />
logement gratuit pour NAS et ces<br />
indemnités pour travaux supplémentaires<br />
mais également le code<br />
du domaine de l'Etat .<br />
Or ces différents textes visent bien<br />
les indemnités "pour travaux supplémentaires"<br />
donc correspondant<br />
à une quantité de travail excédant<br />
la norme. Or l'IAT est attribuée en<br />
fonction de la manière de servir et<br />
non de la quantité de travail. Attribuée<br />
sur un critère qualitatif, elle<br />
ne constitue pas une indemnité<br />
pour travaux supplémentaires :<br />
rien ne s'oppose donc en droit à ce<br />
qu'elle soit attribuée à un agent<br />
logé gratuitement pour NAS.<br />
Pour mémoire ,à l'inverse je rappelle<br />
que la modification intervenue<br />
dans le décret PPRS en décembre<br />
2000 a transformé cette<br />
prime jusque là attribuée exclusivement<br />
sur un critère qualitatif en<br />
nouvelle indemnité pour travaux<br />
supplémentaires. JPB 1<br />
6) Délégation de signature<br />
a) Mon président récemment élu<br />
souhaite déléguer sa signature<br />
aux directeurs d'UFR et Instituts<br />
pour la signature <strong>des</strong> diplômes.<br />
En a t-il la possibilité? Merci<br />
Réponse : Je ne sais pas si je suis à<br />
jour, j'aurais tendance à dire non ce<br />
n'est pas possible en lisant la circulaire<br />
en fichier attaché, car c'est la circulaire<br />
n°96-048 du 13 février 1996<br />
qui précise les signataires <strong>des</strong> diplômes<br />
: recteur et président avec possibilité<br />
pour ce dernier de déléguer<br />
sa signature en application de l'article<br />
27 de la loi de 1984 (délégation<br />
possible aux vice-présidents <strong>des</strong> 3<br />
conseils, au secrétaire général...) ce<br />
ne sont pas les UFR qui délivrent les<br />
diplômes mais l'établissement.<br />
Pour les articles 33, la signature du<br />
directeur est requise.<br />
Il existe <strong>des</strong> machines à signer en<br />
original, c'est comme cela que procèdent<br />
les rectorats et la maison <strong>des</strong><br />
examens d'Arcueil. JPG<br />
Réponse : attention, il me semble<br />
que JPG fait une confusion : la loi<br />
ne permet pas les délégations de<br />
pouvoirs, mais simplement les délégations<br />
de signatures ; donc un<br />
directeur d'UFR bénéficiaire d'une<br />
délégation de signature pour signer<br />
les diplômes les signerait bien<br />
"pour le président de l'université et<br />
par délégation", donc bien au titre<br />
de l'établissement et non au titre<br />
<strong>des</strong> pouvoirs propres du directeur<br />
d'UFR : sa délégation ne serait<br />
donc pas d'une nature différente<br />
de celle du SG si ce n'est qu'elle ne<br />
peut concerner que les étudiants<br />
extérieurs à son UFR. JPB<br />
b) Comment lisez vous le paragraphe<br />
de l'article 27 de la loi de<br />
1984 qui précise : Art. 27. -<br />
Le président peut déléguer sa signature<br />
aux vice-présidents <strong>des</strong>
trois conseils, au secrétaire général<br />
et, pour les affaires concernant<br />
les unités de formation et<br />
de recherche, les instituts, les<br />
écoles et les services communs, à<br />
leurs directeurs respectifs.<br />
J'avais tendance à faire une lecture<br />
restrictive en disant que la<br />
délégation est mal venue car la<br />
délivrance de diplôme n'est pas<br />
une "affaire concernant les unités<br />
de recherche" mais relève bien<br />
de l'établissement et que le président<br />
ne peut déléguer sa signature<br />
que dans le champ de compétence<br />
d'un directeur d'UFR.<br />
Merci d'éclairer ma lanterne. JPG<br />
Réponse : Le problème ne me semble<br />
pas juridique mais politique. Tout<br />
dépend en effet de l'organisation<br />
plus ou moins déconcentrée de<br />
chaque université puisque c'est cette<br />
organisation, et non la loi, qui est<br />
muette à ce propos, qui détermine<br />
ce qui est "affaire <strong>des</strong> UFR" ou affaire<br />
du centre. A L. (4ème ou 5 ème<br />
université par sa taille ) aucun domaine<br />
de gestion ne peut être géré<br />
de manière centrale et toute la scolarité<br />
est déconcentrée . Si nous n'avions<br />
pas une machine à signer performante,<br />
les diplômes seraient<br />
effectivement signés par les directeurs<br />
d'UFR. En revanche, si dans<br />
telle université les "affaires de l'UFR"<br />
se limitent à l'approvisionnement en<br />
craie <strong>des</strong> salles de cours et autres actes<br />
d'intendance quotidienne il n'y<br />
évidemment pas de raison que les diplômes<br />
soient signés par les directeurs…<br />
JPB<br />
Un procès-verbal n'est évidemment<br />
pas un compte rendu analytique et<br />
encore moins un compte rendu détaillé<br />
(comme lors <strong>des</strong> séances du<br />
Conseil supérieur de l'Education, par<br />
ex, où officie une sténotypiste). Il ne<br />
doit contenir que le résultats <strong>des</strong> débats<br />
assortis <strong>des</strong> votes éventuels ainsi<br />
que le résumé <strong>des</strong> débats. Telle est<br />
du moins mon opinion, mais l'ego<br />
<strong>des</strong> membres de la CPE conduit souvent<br />
à <strong>des</strong> rédactions du type : x a dit<br />
ceci, y a dit cela, ajoutées par le secrétaire<br />
adjoint de séance ou lors de<br />
l'approbation du PV.<br />
7) Enregistrement <strong>des</strong> débats<br />
Est-ce que le secrétaire de séance<br />
de la CPE enregistre les débats<br />
(pour faciliter son travail de rédaction<br />
du PV de la réunion) ? Une<br />
autorisation est-elle sollicitée en ce<br />
sens auprès <strong>des</strong> membres de la<br />
CPE ? Les enregistrements éventuels<br />
sont-ils détruits après signature<br />
du PV ou son approbation ?<br />
Peuvent-ils être consultés par le secrétaire<br />
adjoint de séance ? BG<br />
Réponse : rappelons que les règles<br />
de fonctionnement <strong>des</strong> CPE s'inspirent<br />
de celles <strong>des</strong> CAP dont les procès<br />
verbaux sont généralement très succincts<br />
; ce qu'il est important de rapporter<br />
,ce sont les votes ainsi que le<br />
mouvement général de la discussion.<br />
Il serait très dangereux d'enregistrer<br />
car cela entraînerait ipso facto la revendication<br />
d'établissement de minutes<br />
<strong>des</strong> débats .<br />
A L. nous avons un compte rendu<br />
succinct mais bien entendu nous acceptons<br />
volontiers que tout intervenant<br />
qui le souhaite demande l'intégration<br />
au moment de l'approbation<br />
du PV <strong>des</strong> ajouts qui concernent ses<br />
propres interventions. JPB<br />
2ème réponse (à une autre prise<br />
de position) : sans éterniser le débat<br />
,je ne vois pas vraiment à quoi peut<br />
mener une telle logique ; "disposer<br />
d'une preuve matérielle", mais pour<br />
quoi faire ? Il me semble que toute<br />
garantie est apportée aux membres<br />
d'une instance sur l'objectivité du PV<br />
dès lors que :<br />
1) il y a un secrétaire adjoint représentant<br />
les personnels qui doit être actif<br />
dans la rédaction du projet de PV ;<br />
2) liberté est offerte d'apporter sur<br />
simple demande les ajouts demandés<br />
dans toute les instances que j'anime ;<br />
j'ai imposé s'agissant <strong>des</strong> rectifications<br />
du PV le principe selon lequel chacun<br />
est responsable et propriétaire <strong>des</strong><br />
propos tenu : donc aucune intervention<br />
ne peut figurer au PV contre l'avis<br />
de celui qui l'a faite et à l'inverse, nul<br />
ne peut faire modifier une intervention<br />
dont il est rendu compte sans l'accord<br />
de celui qui en est l'auteur.De là le fait<br />
que les représentants du personnel ne<br />
peuvent faire modifier <strong>des</strong> interventions<br />
<strong>des</strong> représentants de l'administration<br />
(et réciproquement).Je n'ai jamais<br />
vu ce principe simple contesté.<br />
Conclusion : L'enregistrement <strong>des</strong><br />
débats pourrait être utile au rédacteur.<br />
Or, il semble, d'après vos réponses,<br />
que ce ne soit pas le cas et que cela soit<br />
plus consommateur de temps que la<br />
rédaction au fil de la plume, sur la base<br />
de notes manuscrites.<br />
Je me demande par ailleurs si le protocole<br />
d'enregistrement (qui est celui<br />
que j'ai tracé et qui est mis en oeuvre<br />
dans un ou deux établissements je<br />
crois) ne devrait pas figurer dans le<br />
règlement intérieur.<br />
Tout bien examiné, la solution est qu'il<br />
est plus sage de ne pas enregistrer ...<br />
RUBRIQUES<br />
71
THÉMATIQUES<br />
Miroir du forum<br />
8) Détermination du régime<br />
applicable aux contractuels<br />
(et propriété <strong>des</strong> textes)<br />
Qui peut me faxer l'avis du CE<br />
(de 1997 ?) sur les contractuels<br />
<strong>des</strong> établissements publics ? MC<br />
(Suit un échange de promesses<br />
et de politesses)<br />
Plutôt que de procéder à <strong>des</strong> envois<br />
ponctuels de documents de<br />
référence qui peuvent effectivement<br />
intéresser l'ensemble <strong>des</strong><br />
collègues (cf par exemple une<br />
précédente demande sur l'enquête<br />
SILLAND), ne peut on prévoir<br />
de les mettre à disposition<br />
sur le site web de l'association<br />
???<br />
C'est une excellente idée. Il suffit<br />
de scanner les documents et<br />
de les transmettre à F. BF<br />
Réponse :<br />
Je ne suis pas opposé sur le principe,<br />
mais il peut se poser <strong>des</strong> problèmes<br />
de propriété littéraire : par<br />
exemple le document demandé a<br />
été publié par la <strong>revue</strong> Etu<strong>des</strong> et<br />
documents du Conseil d'État publiée<br />
à la documentation française<br />
et je ne pense donc pas qu'il soit<br />
dans le domaine public (il ne s'agit<br />
pas d'une décision juridictionnelle).<br />
Je n'ai pas la version électronique<br />
complète du texte, mais je vous en<br />
adresse en doc joint l'extrait le plus<br />
pertinent. JPB<br />
Annexe 11<br />
Quelle est l’étendue <strong>des</strong> pouvoirs propres du directeur d’un établissement<br />
public en matière de détermination du régime applicable<br />
aux agents contractuels propres à cet établissement public?<br />
Avis du conseil d’Etat n° 359 964(Assemblée générale – section <strong>des</strong> finances – du<br />
30 janvier 1997 (extrait):<br />
S’agissant <strong>des</strong> établissements publics, le Premier ministre, à qui l’article<br />
21 dela Constitution a conféré l’exercice du pouvoir réglementaire,<br />
dispose de la faculté d’user de ce pouvoir pour fixer leurs<br />
règles d’organisation et de fonctionnement, parmi lesquelles peut<br />
figurer la détermination du régime applicable aux personnels non<br />
titulaires, mais il ne peut user de ce pouvoir qu’en respectant les règles<br />
du contreseing posées par l’article 22 de la Constitution. En l’absence<br />
d’un règlement émanant du Premier ministre et sauf texte législatif<br />
ou réglementaire en décidant autrement, l’autonomie qui<br />
découle de la personnalité juridique conférée aux établissements<br />
publics fait obstacle à ce que les ministres de tutelle réglementent<br />
la situation <strong>des</strong> personnels non titulaires de ces établissements . Dans<br />
ce cas, en effet ,il appartient aux organes compétents <strong>des</strong> établissements<br />
de définir le régime de ces personnels et de préciser, en tant<br />
que de besoin, dans les contrats, leur situation.<br />
Lorsqu’aucun texte ne confie cette compétence à l’organe délibérant,<br />
il incombe à l’organe exécutif de l’établissement public, en<br />
vertu de ses pouvoirs généraux d’organisation <strong>des</strong> services placés<br />
sous son autorité, de fixer les règles applicables aux personnels non<br />
titulaires de l’établissement public.<br />
72
9) Mise à disposition de locaux<br />
L'École vient de faire l'objet<br />
d'une importante opération de<br />
réhabilitation de son patrimoine<br />
(locaux du 19ème inscrits à l'inventaire<br />
<strong>des</strong> monuments historiques)<br />
et souhaiterait le "valoriser"<br />
en mettant ponctuellement<br />
<strong>des</strong> locaux à disposition de partenaires<br />
extérieurs ( associations,<br />
partenaires industriels, collectivités<br />
locales, autres ...).<br />
Pouvez-vous m'indiquer ce qu'il<br />
est possible de faire en la matière :<br />
• le cadre et les limites réglementaires<br />
(activités exclusivement<br />
liées à la mission d' enseignement<br />
supérieur ou<br />
autres types d'activités ?)<br />
• les modalités financières ( simple<br />
participation aux frais de<br />
fonctionnement par le partenaire<br />
ou possibilité de facturer<br />
une véritable prestation de service<br />
?)<br />
• obligation de créer un SAIC?<br />
• convention à établir ? Dans<br />
cette hypothèse, certains d'entre<br />
vous ont-ils déjà établi ce<br />
type de document? MCP<br />
Réponse :<br />
il faut distinguer deux situations :<br />
• soit <strong>des</strong> mises à disposition ponctuelles<br />
de locaux pour <strong>des</strong> activités<br />
ayant un lien indirect avec le<br />
service public ; dans ce cas il faut<br />
délivrer une autorisation d'occupation<br />
temporaire du domaine<br />
public (souvent sous la forme<br />
d'une convention, mais s'agissant<br />
d'une AOT un acte unilatéral)<br />
avec versement par l'occupant<br />
d'une redevance administrative<br />
pour laquelle il peut être prudent<br />
(mais le caractère obligatoire de<br />
cet avis est discutable juridiquement)<br />
de solliciter un avis du service<br />
<strong>des</strong> domaines pour évaluer<br />
le montant de la redevance :<br />
cette redevance n'est pas alors<br />
assujettie à la TVA et n'entre donc<br />
pas dans l'assiette de l'impôt sur<br />
les sociétés ;<br />
• soit il s'agit d'une véritable location<br />
à caractère exclusivement<br />
commercial, en raison de son caractère<br />
régulier, concurrentiel et<br />
à but lucratif et dans ce cas il faut<br />
une facturation avec TVA, et si<br />
cette activité dégage un bénéfice,<br />
celui ci est soumis à l'IS.<br />
Pour le moment les établissements<br />
ne sont pas tenus de constituer un<br />
SAIC, mais si celui ci existe cette activité<br />
locative est obligatoirement<br />
intégrée dans le champ du SAIC.<br />
JPB<br />
73<br />
RUBRIQUES
RUBRIQUES<br />
De la Territoriale à l’Université<br />
Un aller avec retour<br />
74<br />
Secrétaire Général Adjoint<br />
en charge de l’économie d’une<br />
grande ville, j’effectue en septembre<br />
1997, selon le terme consacré, une<br />
mobilité vers l’Université pour y<br />
exercer les fonctions de Secrétaire<br />
Général.<br />
Daniel POUMÉROULY<br />
Administrateur territorial<br />
hors classe<br />
Secrétaire Général Université<br />
de Limoges<br />
Pourquoi, comment ?<br />
Par choix personnel essentiellement<br />
axé sur la nature <strong>des</strong> fonctions<br />
de Secrétaire Général d’organismes<br />
présentant beaucoup<br />
de points communs. Une ville et<br />
une université sont deux collectivités<br />
décentralisées, autonomes<br />
sur un territoire donné.<br />
Les structures qui les gèrent<br />
sont fort semblables :<br />
• conseil municipal, conseil d’administration,<br />
deux assemblées<br />
délibérantes élues (pour aller vite)<br />
pour un corps électoral composé,<br />
comme c’est la règle en la matière,<br />
par les ayants droits et usagers<br />
: population d’une part, enseignants,<br />
étudiants et IATOSS<br />
d’autre part. Corps électoral et<br />
fonction politique de la collectivité<br />
se retrouvent donc,<br />
• commissions thématiques municipales,<br />
conseils universitaires<br />
spécialisés (CEVU, CS) lieux d’échanges<br />
émettant <strong>des</strong> avis préalablement<br />
au vote <strong>des</strong> conseils délibérants.<br />
• bureau <strong>des</strong> adjoints au Maire,<br />
bureau de l’Université : deux<br />
structures de pilotage,<br />
• enfin, Maire et Président, exécutifs<br />
aux pouvoirs très étendus<br />
préparant et exécutant les délibérations<br />
votées par l'organe délibérant<br />
ainsi que les décisions de<br />
leurs domaines réservés.<br />
Le Secrétaire Général en ce qui le<br />
concerne est placé sous l’autorité<br />
directe du chef de l’exécutif,<br />
nommé par lui, chargé de la gestion<br />
de la ville ou de l’Université.<br />
Le Secrétaire Général (directeur<br />
général <strong>des</strong> services dans la fonction<br />
publique territoriale) occupe<br />
un emploi fonctionnel par voie de<br />
détachement, ce qui lui vaut " l’avantage<br />
" d’être déchargé de<br />
fonctions sans délais. <strong>La</strong> notion<br />
d’emploi fonctionnel lie naturellement<br />
le secrétaire général, le directeur<br />
général à l’exécutif dont il<br />
procède (au sens fort du terme).<br />
Dans nos établissements le dispositif<br />
stipule une clause de mobilité<br />
dans le temps explicite tous les 10<br />
ans, implicite tous les 5 ans, le<br />
Président de l’Etablissement n’estil<br />
pas élu pour 5 ans… Dans la<br />
fonction publique territoriale, les<br />
textes n’ont pas prévu de façon<br />
formelle une mobilité dans le<br />
temps. De plus il a été prévu pour<br />
les déchargés de fonction la possibilité<br />
d’un hébergement par le<br />
Comité National de la Fonction<br />
Publique Territoriale (CNFPT)<br />
pour ceux ne parvenant pas à<br />
retrouver un secrétariat général.<br />
Les similitu<strong>des</strong> observées dans<br />
les universités et les communes<br />
concernent également leur environnement<br />
administratif et<br />
financier :<br />
• gestion <strong>des</strong> personnels administratifs<br />
et techniques faisant<br />
intervenir <strong>des</strong> CAP et CTP, intitulés<br />
CPE en Universités fonctionnant<br />
en pré-CAP (visant les CAPA)<br />
enregistrant pour là l’autonomie<br />
partielle <strong>des</strong> universités en matière<br />
de GRH. Cas de figure non<br />
rencontré en collectivité territoriale<br />
où l’employeur, l’exécutif,<br />
maîtrise son tableau <strong>des</strong> effectifs<br />
et dès lors la carrière de ses<br />
agents. L’on reconnaît ici le privilège<br />
de celui qui lève l’impôt…
• sur le plan budgétaire et financier<br />
les dispositifs mis en œuvre<br />
sont forts comparables. Budgets<br />
et comptes de gestion annuels<br />
présentés en équilibre en fonctionnement<br />
et investissement<br />
pour <strong>des</strong> circulaires comptables<br />
quasi identiques. L’on note également<br />
une séparation entre l’ordonnateur<br />
et le comptable : maire<br />
– trésorier municipal, président<br />
d’université – agent comptable.<br />
• S’agissant du choix <strong>des</strong> fournisseurs,<br />
<strong>des</strong> prestataires de services<br />
et <strong>des</strong> entreprises chargées d’effectuer<br />
<strong>des</strong> travaux, universités et<br />
communes sont soumises au<br />
même code <strong>des</strong> marchés publics.<br />
Cela depuis peu car auparavant il<br />
était structuré en deux parties Etat<br />
et collectivités territoriales.<br />
Ayant ciblé ce qui est essentiel, l’on<br />
conviendra que les similitu<strong>des</strong> entre<br />
les universités et les communes<br />
sont fortes, cela suffit à expliquer<br />
la mobilité effectuée. Il va de soi<br />
que l’inverse est concevable. L’expérience<br />
montre que le secrétaire<br />
général en université ou en commune,<br />
exerce le même métier. Il<br />
gère <strong>des</strong> personnels, organise les<br />
travaux d’assemblées délibérantes<br />
en consultation, traite d’affaires à<br />
caractère économique, construit et<br />
entretient <strong>des</strong> bâtiments, évolue<br />
au sein d’élus dont les rationalités<br />
sont dans la réalité proches. Le propre<br />
de l’élu n’est-il pas de choisir "<br />
entre <strong>des</strong> solutions alternatives "<br />
pour reprendre un terme cher aux<br />
économistes.<br />
Le secrétaire – directeur général<br />
est naturellement associé au processus<br />
de prise de décision et la<br />
proximité avec " son patron ",<br />
maire ou président, fait de lui,<br />
peut-être un sherpa, certainement<br />
une personne d’influence. En cela<br />
la fonction est valorisante d’autant<br />
plus qu’elle s’exerce dans <strong>des</strong> collectivités<br />
autonomes et présentant<br />
un bon niveau de lisibilité.<br />
Quid de la mise en œuvre de la<br />
mobilité, de la " territoriale " vers<br />
l’université ? Il existe trois fonctions<br />
publiques : Etat, Université<br />
et hospitalière. <strong>La</strong> loi du 13 juillet<br />
1984 a posé le principe d’égalité<br />
entre ces fonctions publiques et<br />
dès lors la possibilité de passer de<br />
l’une à l’autre au moyen de la procédure<br />
de détachement. Si le principe<br />
est clair et tout à l’honneur du<br />
législateur, les modalités de mise<br />
en œuvre ont pu relever du " rituel<br />
de passage ". Actuellement le<br />
dispositif a gagné en efficacité<br />
grâce au nouveau statut <strong>des</strong> SGE-<br />
PES qui prévoit explicitement "<br />
l’arrivée " de fonctionnaires territoriaux<br />
et la DPATE sait gérer les cas<br />
particuliers lorsqu’ils se présentent.<br />
En matière de détachement, les difficultés<br />
techniques sont de plusieurs<br />
ordres. Les statuts de l’emploi<br />
" de détachement " doivent prévoir<br />
l’accueil du candidat au détachement<br />
; ce ne fut pas toujours le<br />
cas… Le détachement repose sur<br />
<strong>des</strong> emplois comparables et caractérisés<br />
par <strong>des</strong> indices terminaux de<br />
rémunérations identiques, en sorte<br />
de permettre un positionnement à<br />
indice égal (ou immédiatement supérieur).<br />
L’architecture <strong>des</strong> emplois<br />
est telle que d’une fonction publique<br />
à l’autre ces conditions sont<br />
en général vérifiées. L’on n’est par<br />
contre pas certain, parfois, de<br />
retrouver dans l’emploi d’accueil<br />
un régime indemnitaire au moins<br />
identique à celui de l’emploi d’origine.<br />
En cela <strong>des</strong> évolutions restent<br />
à opérer pour gérer au mieux les<br />
détachements.<br />
Par ailleurs, la reconnaissance<br />
dans le statut <strong>des</strong> SGEPES de deux<br />
groupes d’universités et l’impossibilité<br />
pour un administrateur<br />
territorial d’accéder directement<br />
au premier groupe constitue un<br />
frein à la mobilité. Inversement,<br />
la fonction publique territoriale<br />
est plus ouverte, en cela elle est<br />
conforme à l’esprit <strong>des</strong> textes ; le<br />
législateur n’a-t-il pas créé un statut<br />
général <strong>des</strong> fonctionnaires de<br />
l’Etat et <strong>des</strong> collectivités territoriales<br />
?<br />
Une conclusion serait de poser le<br />
principe de la spécialité du métier<br />
de secrétaire général (ou de directeur<br />
général) pour peu que la<br />
fonction soit exercée dans <strong>des</strong> organismes<br />
à rationalités voisines,<br />
décentralisées et autonomes.<br />
L’exemple <strong>des</strong> universités et <strong>des</strong><br />
communes est un bon exemple<br />
(notant que la référence faite à la<br />
commune au titre de la fonction<br />
publique territoriale est quelque<br />
peu réductrice du champ de cette<br />
fonction publique). Dès lors la<br />
mobilité entre ces organismes "<br />
comparables " irait de soi, à la<br />
gloire <strong>des</strong> secrétaires généraux<br />
concernés et de leurs employeurs<br />
… En l’espèce il reste à chemin à<br />
parcourir pour faire évoluer les<br />
cultures dominantes. Les Universités<br />
à mon sens ont entamé une<br />
bonne évolution à telle enseigne<br />
que certains évoquent la notion de<br />
fonction publique universitaire …<br />
75<br />
RUBRIQUES
RUBRIQUES<br />
Le Secrétaire général :<br />
acteur du management universitaire dans l’enseignement supérieur<br />
76<br />
Monique RONZEAU<br />
Secrétaire générale<br />
de l’Université Paris 5<br />
René Descartes<br />
Vice-Présidente<br />
de l’Association<br />
<strong>des</strong> Secrétaires généraux<br />
d’établissements publics<br />
d’enseignement supérieur<br />
Tenter de rendre compte par une<br />
<strong>des</strong>cription précise et structurée de<br />
la diversité et de la richesse <strong>des</strong> fonctions<br />
de Secrétaire général dans l’Université<br />
d’aujourd’hui relève de la<br />
gageure : rien n’est aussi peu propice<br />
en effet à l’ordonnancement<br />
que cette activité multiforme, dévoreuse<br />
d’énergie et de temps, dont<br />
la principale caractéristique pourrait<br />
bien être la polyvalence.<br />
A la question simple du rôle d’un<br />
Secrétaire général dans un établissement<br />
d’enseignement supérieur,<br />
il serait facile de répondre par sa<br />
mission première prévue par l’article<br />
5 de la loi de 1984 : " le Secrétaire<br />
général, nommé par le Ministre<br />
de l’Education Nationale sur<br />
proposition du Président ou du Directeur<br />
de l’établissement, est<br />
chargé sous l’autorité du Président<br />
ou du Directeur de la gestion de cet<br />
établissement ".<br />
Cette définition quelque peu réductrice<br />
laisserait supposer que le<br />
Secrétaire général est avant tout<br />
" le gardien du temple ", chargé de<br />
veiller à la régularité juridique, financière,<br />
administrative, technique<br />
de l’ensemble <strong>des</strong> actes de gestion<br />
qui concourent au bon fonctionnement<br />
d’un établissement.<br />
En réalité, de quel métier parle-t-on ?<br />
Quel est son fondement ? <strong>La</strong> diversité<br />
<strong>des</strong> statuts de tous ceux qui sont<br />
nommés aujourd’hui dans l’emploi<br />
de Secrétaire général n’a jamais été<br />
aussi forte : conseiller d’administration<br />
scolaire et universitaire, secrétaire<br />
général d’administration scolaire<br />
et universitaire, administrateur<br />
civil etc… Sous un même vocable<br />
centré sur le métier exercé, se cache<br />
une diversité fonctionnelle fort complexe,<br />
même si la réalité d’un métier<br />
unique est plus forte que le caractère<br />
artificiel de ces découpages statutaires<br />
et recouvre beaucoup plus de<br />
points communs qu’on ne pourrait<br />
l’imaginer à priori.<br />
Véritable " Directeur administratif<br />
<strong>des</strong> services " le Secrétaire général<br />
est le plus souvent membre à part<br />
entière de l’équipe de direction dans<br />
laquelle il joue un rôle spécifique.<br />
Il est tout d’abord associé à l’élaboration<br />
et à la mise en œuvre de la<br />
politique de l’établissement, par<br />
exemple à la préparation du projet<br />
quadriennal ou bien encore à la politique<br />
de gestion <strong>des</strong> ressources humaines.<br />
Il lui appartient de veiller à<br />
l’application opérationnelle de<br />
cette politique en assurant la gestion<br />
<strong>des</strong> instances délibérantes, notamment<br />
le Conseil d’administration.<br />
C’est surtout lui qui, sous l’autorité<br />
du Président, est responsable de<br />
l’ensemble <strong>des</strong> services administratifs<br />
et techniques qu’il coordonne,<br />
modernise et organise : il<br />
anime les équipes et encadre les<br />
personnels IATOS. Ainsi, la responsabilité<br />
d’une gestion prévisionnelle<br />
<strong>des</strong> ressources humaines dans<br />
un établissement qui, souvent, en<br />
est culturellement fort éloigné, lui<br />
revient de droit.<br />
Mais un Secrétaire général, c’est<br />
aussi et peut-être, surtout, l’un <strong>des</strong><br />
conseillers privilégiés du Président<br />
dont il met en œuvre la politique.<br />
Sans cette confiance absolue, qui<br />
ne se décrète pas, rien ne saurait<br />
fonctionner dans ce tandem étroitement<br />
associé.<br />
Cette mission de conseil touche<br />
tous les aspects de la gestion universitaire<br />
mais bien au-delà, elle<br />
doit permettre en permanence à<br />
l’élu, au politique, de s’appuyer sur<br />
un "professionnel de la gestion "<br />
pour mener à bien ses projets.<br />
Le Secrétaire général doit constamment<br />
faire preuve d’autant de<br />
pragmatisme que de sens de la prospective.<br />
Le monde de l’enseignement<br />
supérieur est en pleine mutation<br />
: les évolutions profon<strong>des</strong> tant<br />
du mode de fonctionnement <strong>des</strong><br />
établissements que de leur environnement<br />
national et international<br />
appellent de sa part un professionnalisme<br />
accru, que son<br />
expérience personnelle et sa formation<br />
lui auront en principe procuré.<br />
Harmonisation européenne,<br />
autonomie renforcée : afin de prendre<br />
en charge ces évolutions, le Secrétaire<br />
général doit sans cesse renforcer<br />
ses compétences.<br />
Dans ce contexte, jamais en effet la<br />
nécessité du renforcement de la<br />
formation du Secrétaire général et<br />
bien au-delà, de l’encadrement supérieur<br />
dans nos établissements,<br />
ne s’est posée avec autant d’acuité.<br />
<strong>La</strong> richesse de la fonction tient enfin<br />
à son positionnement, au cœurmême<br />
de l’établissement, souvent<br />
associée à la prise de décision, toujours<br />
partie prenante dans la vie et<br />
le pilotage de l’organisation. A ce<br />
titre, ses compétences managériales<br />
sont de plus en plus perçues<br />
comme prioritaires.<br />
Certes, les ambiguïtés d’un métier<br />
parfois difficile à appréhender et<br />
dont le contenu peut varier considérablement<br />
selon la personnalité<br />
de celui qui l’exerce comme de celui<br />
auprès de qui il l’exerce, peuvent<br />
parfois surprendre un observateur<br />
extérieur au monde de<br />
l’administration universitaire.<br />
In fine, c’est bien au Secrétaire général<br />
et à lui seul, au sein d’une équipe de<br />
direction cohérente, qu’il appartient<br />
de faire reconnaître par ses compétences,<br />
la spécificité de ses fonctions.
Le magasin pittoresque<br />
Pour votre curiosité : comment Louis PASTEUR réalisait la liaison entre les difficultés de recrutement <strong>des</strong> enseignants<br />
de lycée, et la vocation <strong>des</strong> enseignants-chercheurs. (Louis Pasteur fut le 1 er doyen de la faculté <strong>des</strong><br />
sciences de Lille).<br />
Au Recteur de l’Académie de Douai<br />
Monsieur le Recteur,<br />
Frappé <strong>des</strong> difficultés que l‘autorité rencontre dans le recrutement du<br />
personnel <strong>des</strong> collèges et même <strong>des</strong> lycées vous désirez proposer au<br />
conseil d’émettre un vœu tendant à provoquer la création auprès <strong>des</strong><br />
facultés de conférences réglementées qui auraient pour but la préparation<br />
à la licence, et de créer en quelque sorte une école normale de<br />
régents pour les collèges et les classes de rang inférieur dans les lycées.<br />
Aucune proposition n’est plus digne <strong>des</strong> délibérations du conseil et la<br />
réalisation de votre pensée serait un bienfait pour l’instruction publique.<br />
Mais elle est à mon avis entourée de réels périls.<br />
Je ne crois pas en effet que l’on puisse réclamer <strong>des</strong> professeurs <strong>des</strong> facultés<br />
(et bien entendu je ne parle ici que <strong>des</strong> facultés de sciences dont je connais mieux le but et l’organisation),<br />
je ne crois pas que l’on puisse réclamer d’eux <strong>des</strong> conférences en dehors de leurs occupations actuelles sans compromettre<br />
gravement les intérêts <strong>des</strong> hautes étu<strong>des</strong> en France, les intérêts de la science, et ceux de l’instruction<br />
supérieure elle-même. <strong>La</strong> mission du professeur de faculté est double. Il se doit tout entier d’une part à son enseignement,<br />
d’autre part aux progrès de la Science. J’ai toujours regardé le professeur de faculté qui ne consacrait<br />
pas tous ses loisirs à l’avancement de la Science comme étant au-<strong>des</strong>sous de ses devoirs. <strong>La</strong> nécessité de cette<br />
double mission étant admise, il ne faut pas que l’un <strong>des</strong> devoirs nuise à l’autre. Or à mon avis la seule addition<br />
d’une conférence au travail actuel du professeur de faculté <strong>des</strong> sciences suffirait pour compromettre singulièrement<br />
les travaux personnels et particuliers du professeur. Il y a un autre inconvénient très grave attaché à l’institution<br />
<strong>des</strong> conférences. Le professeur de faculté se trouve transformé en un répétiteur et préparateur à un examen<br />
dans <strong>des</strong> conférences suivies par un très petit nombre de jeunes gens. J’accepte avec plaisir le surcroît de<br />
travail imposé à l’enseignement supérieur par l’innovation <strong>des</strong> exercices pratiques dans les facultés. Cette innovation<br />
est un grand bienfait. On l’appréciera mieux quand il aura porté <strong>des</strong> fruits et je ne négligerai rien pour développer<br />
cet enseignement auprès de la faculté <strong>des</strong> sciences de Lille.<br />
RUBRIQUES<br />
Tiré de Pasteur<br />
Correspondance 1840-1895<br />
Tome 1 lettres de jeunesse<br />
Grasset 1940<br />
77
RUBRIQUES<br />
Hommage à Jean-Luc Gaboreau<br />
Jean-Luc GABOREAU<br />
Jean-Louis FOURCAUD nous a<br />
appris en février dernier le décès<br />
de notre ancien collègue<br />
Jean-Luc GABOREAU, qui fut son<br />
prédécesseur à l'IUFM de<br />
Poitou-Charentes.<br />
Jean-Louis BOUZINAC a repris<br />
cette nouvelle avec émotion et<br />
pudeur, en évoquant souvenirs<br />
savoureux (le mémoire de stage<br />
CASU sur les fermetures d'écoles<br />
ou de classes en milieu viticole)<br />
et passages difficiles (un rectorat<br />
sous micro climat!)<br />
Adjoint au maire de Poitiers,<br />
conseiller général de la Vienne,<br />
Jean-Luc avait souhaité il y a trois<br />
ans ne se consacrer qu'à <strong>des</strong><br />
tâches d'enseignement (à l'IUFM,<br />
au CAFA, à l'IPAG et dans d'autres<br />
lieux : école de police de Nîmes,<br />
université de Nanterre...)<br />
Cela lui permettait d'organiser<br />
son emploi du temps avec<br />
beaucoup plus de souplesse et<br />
de concilier au mieux son<br />
engagement politique et son<br />
engagement professionnel, qui<br />
tous deux ont été exceptionnels<br />
jusqu'au bout.<br />
Jusqu'au dernier jour Jean-Luc a<br />
lutté. À l'hôpital, il demandait ses<br />
dossiers de la mairie et il voulait<br />
se lever pour aller à l'IUFM faire<br />
le cours qu'il avait prévu l'après<br />
midi.<br />
Jean-Luc avait 52 ans. Le 8 février<br />
dernier, Claude BARTOLONE,<br />
Ministre de la Ville , lui avait remis<br />
la croix de chevalier de la Légion<br />
d'Honneur.<br />
L'association se joint à cet<br />
hommage<br />
78
Rencontre<br />
avec la nouvelle identité graphique<br />
de l’<strong>ASG</strong><br />
Site : www.cpu.fr/Asgu/