livre 3 – schema de mise en valeur de la mer - Région Guyane

LIVRE 3 – SCHEMA DE MISE EN VALEUR
DE LA MER
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Projet de Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane I Arrêté par le Conseil Régional le 23 octobre 2007
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Chapitre 1 – Périmètre du SMVM
1| L’OBJET DU SMVM
Les Schémas de Mise en Valeur de la Mer (SMVM) ont été institués par l’article 57 de la Loi n°83-8 du 7 janvier
1983 relative à la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l’État
modifiée par la Loi Littoral du 3 janvier 1986 fondant le principe d’équilibre entre aménagement, protection et
mise en valeur du littoral. Ils constituent un instrument de planification de l’espace littoral et de l’espace
marin.
Dans les DOM, le SAR vaut SMVM. Les dispositions correspondantes à ce dernier sont regroupées dans un
chapitre individualisé au sein du SAR. Le SMVM suit donc la même procédure d’élaboration que celle relative à
ce dernier. Le contenu du SMVM est déterminé par la loi du 7 janvier 1983 et par le décret n°86-1252 du 5
décembre 1986 relatif au contenu et à l’élaboration des SMVM.
Le SMVM a pour vocation de définir et de justifier les orientations retenues en matière de développement, de
protection et d’équipement à l’intérieur du périmètre qu’il définit. Sur le fond, il détermine les grandes
orientations des zones littorales présentant une unité géographique et maritime au sein desquelles il convient
d’organiser une pluralité d’activités concurrentes ou complémentaires.
Le SMVM porte ainsi sur une partie du territoire constituant une unité géographique et maritime et présentant
des intérêts liés, concurrents ou complémentaires, au regard de la protection, de l’exploitation et de
l’aménagement du littoral. Il réalise donc une interface entre la terre et la mer.
Quelques soient les espaces considérés, le SMVM est articulé autour de deux enjeux principaux :
- mieux protéger l’espace littoral et maritime, c’est-à-dire conserver l’existant et le revaloriser,
exploiter les ressources offertes par cet espace dans le cadre d’un développement durable. Les
atteintes au milieu sont dues soit aux phénomènes naturels, soit aux activités humaines et parfois à la
combinaison des deux. La cause de ces préjudices doit souvent être recherchée dans des espaces
éloignées du rivage mais liées à ce dernier ;
- mieux gérer le domaine public maritime ; ce dernier fait l’objet, dans les régions d’outre-mer, de
règles particulières avec le régime juridique de la « zone dite des 50 pas géométriques », notamment
défini par la Loi n°96-1241 du 31 décembre 1996 relative à l’aménagement, la protection et la mise
en valeur de la zone dite des cinquante pas géométriques.
Matériellement, le SMVM est composé d’un rapport, concrétisé dans les régions d’Outre-mer par un livre
individualisé du SAR, dont le contenu est déterminé par le décret du 5 décembre 1986 précité, et de
documents graphiques :
- le rapport, ou chapitre individualisé, après avoir décrit la situation de l’existant, détermine
notamment la vocation générale des différentes zones et précise les vocations des différents secteurs
de l’espace maritime et les conséquences qui en résultent pour l’utilisation des diverses parties du
littoral qui lui sont liées ;
- les documents graphiques décrivent dans le périmètre intéressé les caractéristiques du milieu marin,
l’utilisation des espaces maritimes et terrestres, la vocation des différents secteurs, les espaces
bénéficiant d’une protection particulière, l’emplacement des équipements existants et prévus.
Les orientations arrêtées par le SMVM et les projets d’aménagement et d’équipement qu’il mentionne, doivent
l’être dans le respect de la Loi du 3 janvier 1986 précitée relative à l’aménagement, la protection, la mise en
valeur du littoral, dont il assure la mise en œuvre.
Les orientations du SMVM sont opposables aux tiers, personnes publiques et privées, et les SCoT, PLU et cartes
communales doivent être compatibles avec ce chapitre particulier. Les documents d’urbanisme locaux devront
donc, au besoin, être rendus compatibles avec les prescriptions définies par le SMVM (respect des orientations
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et non contradiction du contenu). Il convient de préciser que le SMVM étant un document de planification et
d’orientation, il reste à une échelle générale.
Par ailleurs, l’administration gestionnaire du domaine public maritime doit tenir compte des orientations du
SMVM aussi bien pour l’utilisation par l’Etat de son propre domaine que pour la délivrance à des tiers de titres
d’occupation domaniale : autorisations d’occupation temporaire, autorisations d’extraction de matériaux,
autorisations de zones de mouillage ou d’équipements légers…
Enfin, le rôle du SMVM en matière portuaire est primordial dans la mesure où la prévision de ces équipements
par ce document détermine l’autorité compétente pour réaliser les créations et les extensions de ports : le
département étant compétent pour les ports de commerce et de pêche, les communes pour les ports de
plaisance.
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2| LA DELIMITATION DU PERIMETRE DU SMVM
Le SMVM porte sur une partie du territoire qui constitue une unité géographique et maritime présentant des
intérêts liés et concurrents ou complémentaires, au regard de la protection, de l’exploitation et de
l’aménagement du littoral. Ce périmètre couvre les enjeux maritimes et littoraux de la Guyane, mais limite
l’examen de leurs incidences terrestres au littoral proprement dit. Le SMVM n’édicte de prescriptions qu’à
l’intérieur de son périmètre. Au-delà, ce sont les orientations du SAR qui s’appliquent.
La définition d’une unité géographique et maritime n'est pas aisée en Guyane. En effet, la côte n'est pas
stable : le rivage maritime connaît des avancées et des reculs qui peuvent aller jusqu'à plusieurs centaines de
mètres en seulement quelques années. De plus, l'amplitude des marées conduit à des mouvements alternatifs
dans les divers estuaires des fleuves et rivières sur des profondeurs importantes.
Ainsi, le littoral guyanais, en perpétuelle évolution par le jeu des périodes d'envasement ou d'érosion marine et
par l’importance des marées, ne ressemble à rien de connu en France hexagonale ou dans les autres régions
d’outre-mer.
En conséquence, le périmètre du SMVM a été délimité par la prise en compte d'unités de sites naturels littoraux
et sub-littoraux pouvant s’étendre parfois à plus de 30 km à vol d'oiseau de la côte. Ce choix répond à une
logique de préservation de milieux écologiquement fragiles et souvent solidaires les uns des autres. Il concerne
des espaces composés de mangroves, de sables humides, de vasières ou de vastes zones marécageuses de la
plaine littorale subissant les influences maritimes. Puis, dans les parties urbanisées, notamment dans l’île de
Cayenne, les limites du SMVM se calent sur des infrastructures routières qui constituent des coupures
physiques.
D’Est en Ouest, le périmètre du SMVM a été délimité comme suit :
- Dans la partie Nord-Est de la Guyane, le périmètre du SMVM comprend les grandes étendues basses
et humides de la rivière de Ouanary pour rejoindre ensuite le Nord de la Montagne des Trois Pitons.
Puis, il intègre les zones basses et humides de la rivière Kourouaï pour atteindre le Nord de la Montagne
des Rochers. Après sa traversée du fleuve Approuague au niveau de l’îlet Catalin, il englobe la zone
basse de la rive gauche du dit-fleuve. Il emprunte enfin le CD 6 jusqu’au Nord du bourg de Roura et
traverse le fleuve Mahury le long du pont.
- Pour l’île de Cayenne, le périmètre du SMVM se cale tout d’abord sur le CD 6 et se déporte au Nord
de Mogès puis à l’Ouest du Mont Paramana. Il rejoint ensuite la RN 4 (la Matourienne) du carrefour de la
Levée jusqu’à celui de Vidal. Puis, il emprunte successivement le CD 2 et le CD 1 (communes de Rémire
Montjoly et Cayenne) jusqu’à la anse Châton. Dans les parties densément bâties de Cayenne, le
périmètre du SMVM correspond à l’usage citadin de proximité du rivage de la mer et se cale sur les
avenues et rues les plus proches du rivage. Et, dans la partie Ouest de l’île de Cayenne, le périmètre
englobe des unités de site écologiquement fragiles : les zones humides du Marais Leblond et la zone
Ouest du Canal de la crique Fouillée. Enfin, il traverse la rivière de Cayenne le long du pont.
- Dans la partie Nord-Ouest de la Guyane, le périmètre du SMVM longe la RN 1 jusqu’au carrefour de
Guatemala pour emprunter successivement le CD 13 et le CD 15. Après sa remontée de l’embouchure du
fleuve Kourou, il passe à l’Ouest du Mont Pariacabo et rejoint la Route de l’Espace jusqu’au carrefour
Changement. Il réemprunte la RN 1, traverse le bourg de Sinnamary pour reprendre la RN 1 jusqu’à la
crique Gargoulette (commune de Mana). Puis, il longe successivement la crique Gargoulette, la crique
Petit Laussat, la crique Laussat et le fleuve Mana jusqu’au pont. Et, il emprunte le CD 9 jusqu’à Saint
Antoine pour englober ensuite la zone basse et humide de la crique Coswine. Enfin, il emprunte la
crique Canard pour aboutir au fleuve Maroni.
Enfin, dans sa partie maritime, le SMVM inclut des espaces faisant déjà l’objet de protection en tant que
réserves naturelles (Marais de Kaw - Roura, Grand Connétable et Amana) et un certain nombre d’îles et îlets,
telles que les îlots situés à l’embouchure de l’Oyapock, les îles du Grand et du Petit Connétable, les îlots situés
à l’embouchure de l’Approuague, les îlets de Rémire, les battures de Malmanoury et les îles du Salut en face de
Kourou.
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Chapitre 2 – Etat initial
1| L’ESPACE LITTORAL
Le littoral de la Guyane s'étend sur 320 kilomètres entre les fleuves frontières : l’Oyapock et le Maroni. Il
intègre un des plus vastes ensembles mondiaux des côtes basses et argileuses du monde tropical, celui des
Guyanes (1 600 kilomètres entre les embouchures de l'Amazone et de l'Orénoque). Situées au centre des grands
systèmes de circulation atmosphérique et océanographique de l'Atlantique tropical, ces côtes sont soumises à
l'énorme sédimentation fine amazonienne.
a| La typologie du littoral
Le littoral comprend trois entités côtières et trois unités morphologiques de la plaine côtière.
Les trois entités côtières
Les côtes vaseuses
Une grande part du littoral guyanais (environ 80 %) est occupée par de vastes étendues de vasières recouvertes
en partie par de la forêt de mangrove, qui remonte le long des estuaires jusqu’à la limite d’influence des
marées.
Soumise à des contraintes écologiques fortes — cycle des marées, salinité, sols gorgés d’eau — les côtes
vaseuses subissent une perturbation chronique majeure liée au contexte sédimentaire influencé par le fleuve
Amazone. Le débit considérable de ce fleuve, associé aux importants courants côtiers régionaux, induit un fort
drainage sédimentaire. Il en résulte, en Guyane, une grande instabilité du trait de côte caractérisée par une
succession de périodes de formation de bancs de vase et d’érosion spectaculaire.
Les côtes rocheuses
Les côtes rocheuses guyanaises, issues de formations géologiques très anciennes, constituent les uniques points
rocheux présents sur les côtes s’étendant du delta de l’Orénoque à celui de l’Amazone, distants de 1 600
kilomètres. Elles représentent moins de 8 % du littoral et se limitent donc à quelques sites singuliers ayant été
les points d’accroche aux installations humaines passées et/ou présentes : les Monts de Montabo, Bourda et
Montravel de l’île de Cayenne, la pointe des Roches de Kourou et la Montagne d’Argent de Ouanary.
Ces formations se retrouvent également dans des affleurements insulaires au large de l'île de Cayenne (îlets de
Rémire) ou à Kourou (îles du Salut, les battures de Malmanoury). Les îles du Grand et du Petit Connétable, très
éloignées des côtes, sont des éléments de la chaîne de la Montagne d'Argent (Ouanary) aujourd'hui isolée de la
côte par la mangrove.
Les côtes sableuses
Les côtes sableuses guyanaises présentent les seules plages d'importance significative entre les deltas de
l’Orénoque et de l’Amazone. Elles se répartissent entre trois grands secteurs géographiques : l'île de Cayenne
(12 km), la région de Kourou - Sinnamary (3 à 5 km selon les périodes), la région de Mana – Awala Yalimapo au
nord (12 à 17 km). Les côtes sableuses représentent 10 % du littoral. La profondeur des zones sableuses
correspond à un cordon littoral variant de 50 à 300 m de largeur.
Les côtes sableuses ont la particularité d’être relativement instables car soumises aux déplacements des bancs
de vase créant ainsi une alternance de phases d’érosion et d’engraissement des plages.
Les trois unités morphologiques de la plaine côtière
La plaine côtière guyanaise présente une largeur variant en moyenne de 1 à 16 kilomètres. Elle atteint dans sa
plus grande dimension 50 kilomètres à la Pointe Béhague, à l’extrême Est de la région. Elle s'élargit aussi vers
l'Ouest de la Guyane dans la région de Mana/Saint Laurent/Awala Yalimapo.
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La plaine côtière est composée de trois grandes unités morphologiques :
- la plaine côtière récente ;
- la plaine côtière ancienne ;
- les pointements rocheux.
La plaine côtière récente
La plaine côtière récente (de moins de 3 000 ans), ou terres basses, est constituée d’argiles marines du
quaternaire récent localement recouvertes de cordons littoraux sableux. Isolées aujourd'hui par une série de
cordons littoraux anciens, ces argiles constituent des marécages en eau douce ou saumâtre, où le balancement
entre influences continentales et marines donne au paysage des allures caractéristiques : marécages côtiers ou
subcôtiers, plaines marécageuses, savanes mouillées, pinotières, forêts marécageuses.
La plaine côtière est extrêmement réduite sur le littoral guyanais, sauf à l’Est de Cayenne (plaine de Kaw,
Pointe Béhague, Ouanary) et à l’Ouest (région de Mana et Awala Yalimapo - Coswine).
La plaine côtière ancienne
La plaine côtière ancienne, légèrement plus élevée que la précédente, est constituée également d'argiles,
partiellement recouvertes de barres pré-littorales formées de sédiments sableux, déposées au cours de la
transgression marine quaternaire. C'est en particulier, le domaine des savanes, de forêts des anciens cordons
littoraux, de forêts sur sables blancs.
Les pointements rocheux
Les pointements rocheux du socle précambrien, également présents sur la côte, jalonnent la plaine côtière,
affleurant sous forme de reliefs (les monts de l'Observatoire, la montagne Bruyère, les montagnes des Trois
Pitons, la montagne de Kaw, les monts de l’île de Cayenne, les montagnes de la plaine de Kourou, les
affleurements d'Organabo). On note la présence de quelques inselbergs dans les régions de Macouria et
Ouanary.
b| La dynamique littorale 1
Le paysage côtier de la Guyane est en évolution constante largement dominée par les interactions entre les
houles, les courants côtiers et les sédiments provenant de l’embouchure du fleuve Amazone. 1,2 millions de
tonnes de sédiments sont transportées chaque année par ce fleuve, dont 40 % (soit 480 millions de tonnes)
migrent vers le Nord-Ouest, le long des côtes des Guyanes. La moitié de ces sédiments migrent en suspension
dans les eaux côtières, l'autre moitié migrent sous la forme de vastes bancs de vase accolés à la côte. Ces
bancs de vase, d’une dimension moyenne de 10 à 60 km de long, de 20 à 30 km de large et de 5 mètres
d'épaisseur, se forment le long de la côte nord ouest de l'Etat d'Amapa au Brésil puis migrent le long des côtes
de la Guyane française, du Surinam, du Guyana jusqu'au delta de l'Orénoque au Venezuela sous l'action des
courants et de la houle avec des vitesses moyennes de déplacement de moins de 0,5 km par an à plus de 5 km
par an. Les phases d'envasement sont caractérisées par l'installation de vastes bancs de vase sur lesquels se
développent, lorsqu'ils se stabilisent, une mangrove pionnière. Il en résulte un incessant changement avec
alternance spatio-temporelle du tracé des côtes soit par accrétion soit par érosion de bancs de vase.
Ainsi, de profondes modifications morphologiques se font ressentir sur les côtes guyanaises et représentent de
réelles contraintes aux activités humaines. Des enjeux très forts liés à la connaissance de ce littoral évolutif
apparaissent : accès portuaires, urbanisation, agriculture et projets touristiques littoraux, conditions de
maintien d’un équilibre écologique nécessaire au renouvellement de la ressource halieutique.
c| Le réseau hydrographique côtier
La forte pluviométrie de la Guyane alimente un réseau hydrographique très important qui peut être classé en
deux catégories : les fleuves et rivières, et les criques.
Les fleuves - les rivières
Les fleuves de Guyane - Maroni, Mana, Organabo, Iracoubo, Sinnamary, Kourou, Mahury, Approuague et
Oyapock - ont des débits relativement importants variant de 243 m³/s (Sinnamary) à 1 681 m³/s (Maroni). Leurs
1 Phénomène également développé dans l’annexe du SMVM sur l’érosion marine : Livre 3 - Chapitre 5 – Section 3
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estuaires sont soumis à l’influence des marées et relèvent ainsi des indices de salinité 2
dizaines de kilomètres à l’intérieur des terres (à 45 km pour le fleuve Oyapock).
remontant à des
De plus, les fleuves ont des eaux chargées de sédiments amazoniens : l'eau est en permanence brune. Le
débouché de l’estuaire de la Mana connaît des transformations courantes liées aux phénomènes d’envasement.
Les estuaires d’autres fleuves de moindre importance par leur débit : la Rivière de Cayenne (1,5 km de large),
le Kourou connaissent peu d’évolution. Les estuaires du Sinnamary ou de l’Iracoubo connaissent des évolutions
dans leur partie inférieure avec l’évolution des cycles d’envasement. La présence de dépôt d'alluvions rend
parfois leur accès difficile pour les navires à fort tirant d'eau. D’importants dragages quotidiens des chenaux du
Kourou et du Mahury permettent ainsi l’accès aux infrastructures portuaires.
Les principaux fleuves et rivières demeurent les seules voies de pénétration pour certaines parties du
territoire. Témoins des occupations et parcours humains, ils conservent de nombreux vestiges amérindiens et
coloniaux, notamment dans l'île de Cayenne.
Les criques
Ces petits cours d’eau qui prennent naissance dans la plaine littorale ont des débits plus modestes. Leur
écoulement vers la mer n’est pas toujours permanent. En saison sèche des barres alluviales freinent leur
écoulement. Ces criques alimentent les marais subcôtiers qui jouent un rôle important dans la conservation de
la ressource, notamment pour les crevettes qui s’y reproduisent à l’état post larvaire.
d| La flore et la faune littorales
La flore littorale
Le fait le plus remarquable est le groupement de formations végétales en associations caractéristiques des
unités morphologiques littorales. On distingue ainsi :
- la végétation de la plaine côtière récente ;
- la végétation de la plaine côtière ancienne ;
- la végétation des sables ;
- la végétation des inselbergs.
La végétation de la plaine côtière récente
La mangrove, composée de Palétuviers, est une forêt mobile inondée qui caractérise les vasières soumises à
l'action de la marée et subissant l'alternance d'envasement et dévasement. Les Palétuviers blancs colonisent les
vasières de front de mer tandis que les Palétuviers rouges se trouvent surtout sur les rives d'estuaires.
Reconnaissables à leurs racines échasses caractéristiques, les Palétuviers rouges sont généralement associés à
d'autres espèces, parmi lesquelles le Moucou-moucou, le Moutouchi, le Palmier Pinot.
Les marais sublittoraux se situent en retrait de la mangrove et forment de grandes étendues à l’Est du littoral
guyanais : la Plaine de Kaw et la Pointe Béhague. Ils sont constitués d’une végétation herbacée flottante d’où le
nom de savanes tremblantes.
Par endroits, on retrouve la forêt marécageuse ou palmeraie marécageuse, désignée plus généralement sous le
nom de pinotière du nom du Palmier Pinot qui s'y trouve. Cohabitent avec ce palmier d'autres espèces telles
que le Moutouchi, le Yayamadou utilisé comme bois de déroulage, le Manil.
La végétation de la plaine côtière ancienne
La plaine côtière ancienne présente des forêts sur flats à caractère marécageux et riches en palmiers
(notamment des Maripas) se développant sur des sols argileux ou sableux, et des savanes côtières sèches
couvertes de petites touffes d’herbes et parsemées d'arbrisseaux appelés localement zoreilles d’âne. Ces
savanes sèches situées entre Cayenne et Iracoubo, le long de la RN 1, sont le lieu de passages annuels du feu
en saison sèche permettant de les maintenir dans cette forme actuelle d'étendues d'herbes plus ou moins rases.
Les points humides ou cours des ruisseaux sont les domaines des palmiers bâches.
2 La limite amont des zones de salinité des fleuves est déterminée par deux critères écologiques : la limite amont de la mangrove et la
répartition des poissons d’eaux douces et d’eaux salées.
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La végétation des plages sableuses
Les plages sableuses sont essentiellement composées de végétation rampante capable de coloniser rapidement
et fixer temporairement les bancs de sable. Les espèces les plus communes sont le haricot plage et les
ipomées.
La végétation des inselbergs
Les végétations des affleurements rocheux et inselbergs sont appelée savanes roches. Elles sont discontinues
généralement basses et broussailleuses, adaptées à des conditions écologiques rigoureuses : quasi absence de
sols, sécheresse périodique intense, ruissellement important en saison des pluies, température élevée de la
roche en période d'ensoleillement.
La faune littorale
Les différents milieux littoraux sont d'une richesse faunistique inégale :
- Les vasières et mangroves sont des milieux riches en nutriments minéraux et organiques issus d’une
matière organique en décomposition particulièrement abondante. Les micro-organismes qui s'y
développent, sont le point de départ d’une importante chaîne alimentaire tant terrestre
qu'aquatique : larves de crevette, crabes, poissons, oiseaux. Les vasières et mangroves abritent des
dortoirs et des colonies reproductrices d’ibis rouges, de limicoles et plusieurs espèces d’échassiers : la
grande aigrette, l’aigrette tricolore et le héron cocoï. De plus, elles constituent un site naturel
d’écloserie des crevettes pénéïdes.
- Les marais et savanes inondées renferment quelques uns des animaux les plus précieux de Guyane
(caïmans, tortues d'eau douce, serpents aquatiques, cabiai, loutres géantes, hoazins....). Dans ces
milieux – qui représentent environ 100 000 hectares dans la région de Kaw, 150 000 hectares dans le
bas Oyapock, entre 35 000 et 40 000 hectares vers le nord-ouest de la Guyane (savane Sarcelle, pripris
Yiyi) –, la pénétration humaine plus difficile a permis à ces espèces de mieux subsister. Certaines sont
aujourd'hui protégées : caïman noir, tortue matamata…
- Les côtes sableuses constituent les lieux de ponte de tortues marines 3 : la tortue luth, la tortue verte,
la tortue olivâtre et la tortue imbriquée.
A noter que dans les espaces littoraux non protégés et de fait soumis à une pression anthropique importante,
les espèces liées à un biotope spécifique sont très menacées en raison du peu de possibilité de fluctuation dans
leur espace vital.
3 Il existe huit espèces de tortues marines dans le monde : quatre d’entre elles viennent pondre en Guyane. Les tortues marines, notamment la
tortue luth, sont en voie de disparition malgré l’arrêté de juillet 1991 qui stipule que toutes les tortues marines de Guyane et leurs oeufs sont
entièrement protégés. Elles sont essentiellement victimes de la pêche industrielle, du braconnage des oeufs, et de la pollution par les sacs
plastiques qu’elles ingèrent.
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2| LE MILIEU MARIN
a| Le plateau continental
Le fait essentiel est l’importance du plateau continental doté d’une pente très faible : de l’ordre de 0,1 %. De
ce fait, l’accore, c'est-à-dire la limite du plateau, est à une grande distance du littoral : environ 150 km à
l’Ouest, au droit de la pointe Isère – à l’embouchure du Maroni – et environ 90 km à l’Est au droit du cap
Orange (Brésil) à l’embouchure de l’Oyapock. D’ou l’importance des hauts-fonds qui sont un handicap pour la
navigabilité et l’accessibilité des ports guyanais.
b| Le peuplement des eaux maritimes
Depuis 1977, la Guyane dispose d'une Zone Economique Exclusive (ZEE) de 200 milles de large qui représente
une superficie d'environ 130 000 km 2 de plateau continental. La France a entamé une démarche auprès de
l’Organisation Internationale pour obtenir l’extension de la ZEE au large de la Guyane (projet EXTRAPLAC).
Les eaux sont riches tant en crevettes qu'en poissons dont 200 espèces différentes sont répertoriées, parmi
lesquelles le vivaneau au large, la raie, l'acoupa, le machoiran et le requin dans la zone côtière. En outre,
d'importants stocks de poissons pélagiques (thon, carangue, thazar) et de crevettes de grande taille vivant dans
les profondeurs de 500 à 1000 mètres sont encore des ressources peu exploitées.
Les estuaires présentent des populations quantitativement inconnues de mammifères aquatiques : lamantins et
dauphins.
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3| L’UTILISATION DES ESPACES LITTORAUX ET DU MILIEU MARIN
Environ 90 % de la population et des activités se déploient sur une bande littorale d’une largeur de 20 à 25 km.
Ainsi, la densité résidentielle de cette bande littorale, représentant une surface d’environ 7 500 km 2 (soit celle
d’un département de France hexagonale), est proche de 20 habitants/km 2 , ce qui rapproche la Guyane
littorale de départements comme les deux « Corse » ou les Landes et ce qui l’éloigne de l’image de territoire
vide où la pression humaine serait faible et donc n’appelant aucune limite.
a| L’urbanisation littorale
Actuellement, sur l’ensemble du littoral, seuls trois pôles urbanisés sont en contact direct avec la mer :
l’agglomération cayennaise, avec les communes de Cayenne et Rémire Montjoly, la ville de Kourou et le bourg
d’Awala Yalimapo à l’extrême Ouest. Les autres ensembles agglomérés sont situés en retrait de la côte : les
multiples bourgs de la commune de Macouria longeant la RN 1, la partie Est de la commune de Matoury et les
bourgs de Roura, Sinnamary, Iracoubo, Organabo et Mana.
Pendant longtemps, l’occupation du littoral par l’urbanisation n'aura pas connu d'évolution sensible quant à la
consommation d'espace au détriment des sites naturels. Cependant, le fort développement de l’urbanisation,
notamment dans l’agglomération cayennaise et la commune de Macouria 4 , augmente la possibilité de conflits
d’usage sur l’espace littoral :
- Les travaux d’hydraulique et les remblaiements d’espaces humides supprimant autant de zones
tampons pour la régulation des eaux pluviales se multiplient.
- La multiplication des nouvelles infrastructures (routes, électrification) tendent à accroître les effets
de coupure des espaces naturels.
- L’urbanisation génère une multiplication des décharges sauvages et l'augmentation des volumes de
rejets en mer d’eaux usées non traitées.
A noter que pour répondre aux besoins en matériaux sableux nécessaires à la construction, des carrières de
sable avaient été ouvertes sur les cordons littoraux aux abords de l’agglomération cayennaise et de Kourou. En
raison des risques de perforation des cordons littoraux susceptibles de modifier l'écologie des sites, ces
extractions ont été interdites.
b| Les activités industrielles et les extractions de matériaux
Les activités industrielles
Les activités industrielles, peu nombreuses sur le littoral guyanais, demeurent concentrées sur l’agglomération
de Cayenne et à Kourou.
Le Centre Spatial Guyanais
Les ensembles de lancement du Centre Spatial Guyanais sont proches du littoral, mais les installations de
fabrication des composants très en retrait. La zone industrielle de Kourou abrite surtout des activités de
service non polluantes, sans rejets.
Les centrales thermiques
Implantées sur le littoral pour bénéficier au mieux des importations d’hydrocarbures, les centrales thermiques
de Dégrad des Cannes (commune de Rémire Montjoly) et de Kourou sont complémentaires de la production
d’électricité de l’installation du barrage de Petit Saut. L’apport thermique est d’autant nécessaire que les
aléas climatiques, et notamment durant les saisons sèches, peuvent significativement réduire les performances
de l’énergie hydraulique.
4 La situation est quelque peu différente à Kourou où, en raison des servitudes liées au Centre Spatial Guyanais, le développement urbain
n'engendre pas d'augmentation significative de l'occupation du littoral.
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Les zones industrielles
Les zones industrielles de Kourou et de Cayenne n'abritent que très peu d'industries de transformation. Aucune
n'est de nature à provoquer des rejets dans le milieu naturel.
Les extractions de matériaux : mines et carrières
Les extractions de sable sont interdites pour les embouchures de fleuve, les plages ainsi que les cordons
littoraux, notamment entre Cayenne et Kourou. Il existe toutefois des dragages dans les fleuves Mahury et
Kourou pour le maintien d'un chenal d'accès, mais les matériaux sont rejetés sur place. La réactivation du port
de Saint Laurent pourrait conduire à des dragages dans le chenal d’accès tracé dans l’estuaire.
Il existe un permis de recherche minière situé en partie au Nord du CD 6 sur la Montagne de Kaw.
c| L’agriculture littorale
Sans redire ce qui a été dit de manière plus générale au Livre 1 – Chapitre 3 – Partie 3 – Section a, il convient
d’analyser plus spécifiquement les impacts des activités agricoles sur les espaces littoraux. À ce titre, il
importe de distinguer l’agriculture traditionnelle et vivrière de l’agriculture intensive (en intrants et en densité
d’occupation des sols).
L’agriculture traditionnelle et vivrière, itinérante sur abattis ou plus ou moins fixée, est pratiquée
principalement (mais pas exclusivement) par les Bushinengués et les Amérindiens. Elle concerne d’abord les
espaces proches de la RN 1, entre Cayenne et Kourou, puis entre Sinnamary et Iracoubo - Organabo. Aussi, en
bordure du CD 8 reliant la RN 1 à Mana, se multiplient les abattis dans une zone de forêt de sable blanc faisant
l’objet d’un arrêté de protection de biotope. A Rémire Montjoly, ce type d’agriculture a donné lieu à de
nombreuses déforestations incontrôlées sur le Mont Mahury.
L’agriculture intensive concerne essentiellement l'ouest guyanais avec d’une part la riziculture à Mana et
d’autre part la région de Kourou - Sinnamary où se pratique l'élevage sur des savanes herbeuses plus ou moins
humides. La riziculture, organisée sur le modèle agro-industriel, s'est implantée dans des savanes remodelées
avec création de digues entre des canaux d'irrigation. La riziculture se pratique sous la forme de polders avec
casiers entourés de canaux. La localisation de cette activité est problématique compte tenu de sa proximité
directe avec un littoral soumis à d’importants phénomènes d’érosion côtière.
Deux enjeux apparaissent comme essentiels :
- La délimitation d’espaces destinés à accueillir des développements relatifs à des spéculations
d’agriculture moderne : riziculture, élevage, cultures énergétiques…
- La gestion de l’agriculture traditionnelle en forte expansion dans la zone littorale en relation avec
l’augmentation démographique. Sont particulièrement à considérer les zones concernées par la
culture itinérante sur abattis entre Mana et Sinnamary, les déforestations sur les pentes du Mont
Mahury de Rémire Montjoly.
d| La pêche
Les eaux de l’espace maritime guyanais sont le lieu d’une importante activité de conjonction d’une pêche
industrielle et d’une pêche artisanale.
La pêche industrielle des crevettes
La pêche industrielle des crevettes concerne principalement deux espèces exploitées en raison de leur
abondance sur le plateau continental dans une zone située entre 10 et 50 milles nautiques de la côte : la
crevette brune dite « subtilis » et la crevette royale rose dite « brasiliensis ». Depuis 1983, la francisation de la
flotte crevettière a été menée à son terme, les licences américaines et japonaises prenant fin. En 1990, un
régime de licences a été établi plafonnant de ce fait le prélèvement sur la ressource dans la Zone Economique
Exclusive (ZEE) de la Guyane. Afin de garantir le renouvellement des espèces, un total admissible de capture
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Projet de Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane I Arrêté par le Conseil Régional le 23 octobre 2007 164

de crevettes est fixé annuellement depuis 1985 pour les seules espèces du plateau continental. Depuis 1991, il
a été fixé à 4 000 tonnes et est passé en 2007 à 4 108 tonnes.
Les débarquements annuels ont oscillé entre 2 000 et 3 000 tonnes de 1968 à 1978 ; ils ont fortement augmenté
entre 1979 et 1984 (maximum : 5 100 tonnes en 1981), puis ils ont représenté 3 000 à 4 300 tonnes entre 1985
et 1996. Depuis 1997, la baisse des quantités débarquées est constante jusqu’en 2001 (2 699 tonnes), connaît
une nouvelle croissance mesurée en 2002 : 3 082 tonnes, en 2003 : 3 565 tonnes et baisse à nouveau de façon
significative à partir de 2004 : 3 364 tonnes pour atteindre en 2005 : 2 964 tonnes et enfin, 2 230 tonnes en
2006. L’évolution à la baisse du volume des prises de crevettes est imputable à la cessation des activités d’une
société de pêche et à des grèves importantes en 2006 stoppant ainsi l’activité de la quasi-totalité des navires.
La flottille comptait 36 chalutiers pour la pêche de crevettes en 2005, contre 53 en 2004 et 61 en 2001.
L’essentiel de la production est exporté mais le marché de la crevette sauvage, surtout pour les petits calibres,
souffre d’une forte concurrence des produits d’aquaculture dont les coûts de production sont bien moindres.
En 2006, les exportations de crevettes ont chuté de 20,5 % en volume sur un an (contre + 6,9 % en 2005) et de
3,6 % en valeur. La France hexagonale demeure le principal débouché de la crevette guyanaise avec 81 % du
volume expédié. Les expéditions vers le marché antillais représentent 7 % du total, en baisse de 6 points par
rapport à l’année 2005.
Deux enjeux apparaissent comme essentiels :
- S’orienter vers la capture de crevettes de bonne taille avec pour condition l’application stricte du
maillage réglementaire et un retrait des crevettiers des zones côtières où s’abritent les juvéniles.
- Valoriser la capture accessoire qui représente environ 30 000 tonnes de poissons rejetées à la mer.
La pêche industrielle des vivaneaux
Le tonnage des vivaneaux débarqués a diminué régulièrement de 1998 à 2002 (de 1 400 tonnes à 720 tonnes)
puis, un redressement régulier et très significatif a été observé depuis avec un débarquement de 1 310 tonnes
en 2005.
La pêche des vivaneaux est le fait de navires ligneurs du Venezuela (41 licences). L’essentiel de la production
est exporté vers les Antilles.
Les mesures effectuées depuis dix ans ont montré que le poids individuel moyen d’un vivaneau a diminué de
moitié et que sa taille moyenne a perdu 10 centimètres. L’IFREMER indique que le stock de vivaneaux rouge est
en danger de surexploitation. Le milieu professionnel guyanais dénonce, à ce titre, l’importance de la pêche
illégale tant en provenance du Surinam que du Brésil. En 2003, 37 navires en situation illégale ont été saisis par
la Marine Nationale. Mais les principales missions de cette dernière sont d’abord la protection du CSG, le
sauvetage en mer ensuite, puis la police des pêches et enfin la lutte contre le narcotrafic. D’aucuns dénoncent
ici la notoire insuffisance de moyens de surveillance durant les périodes de forte activité du CSG, et ce plus
particulièrement pour la partie ouest du littoral guyanais.
La pêche aux requins
La pêche aux requins fait l’objet de 4 licences européennes à des bateaux vénézuéliens. Cette ressource
faiblement consommée localement est essentiellement destinée à l’exportation vers les Antilles. En 2006, un
seul débarquement a été enregistré au port pour 1,2 tonne contre 7,6 tonnes débarquées en 2005. Cette chute
significative des débarquements est due au refus des transformateurs locaux à la réception de cette espèce
compte tenu de la grande difficulté à écouler ce produit sur le marché local.
La pêche artisanale de poissons
La pêche artisanale côtière est constituée de pêcheurs artisanaux peu organisés sur un marché étroit et faisant
l’objet d’une économie illégale très développée. En effet, des intrusions régulières de navires de pêche
étrangers en infraction gênent leur activité. Les eaux guyanaises témoignent d’une ressource de poissons
blancs abondante et de qualité ne souffrant pas de surexploitation, tandis que les eaux communautaires
souffrent d’une importante diminution de leur ressource.
Projet de Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane I Arrêté par le Conseil Régional le 23 octobre 2007 165
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En 2006, l’IFREMER a recensé 2 9 83 débarquements représentant un total de captures d’environ 1 438 tonnes.
L’acoupa a représenté 58 % des captures, le machoiran 17 % et le requin 7 %. La pêche artisanale est
concentrée à Cayenne (42 % des débarquements), Kourou (16 %), Sinnamary (9 %) et enfin Iracoubo.
En 2006, environ 120 navires de pêche artisanale actifs ont été recensés pour 207 marins inscrits. Ces
embarcations emploient principalement des filets droits maillants qui ne peuvent excéder 4 kilomètres de long
et 10 mètres de chute.
e| Les installations portuaires
Compte tenu de la dynamique littorale, les équipements portuaires sont en général situés en retrait de celuici,
dans les estuaires des fleuves.
Le port de commerce de Dégrad des Cannes
Le port de Dégrad des Cannes mis en service en 1974 est le principal port de commerce de la Guyane où
transite la quasi-totalité des importations et des exportations. Situé sur la commune de Rémire Montjoly, il est
sous concession de la chambre de commerce et d’industrie de la Guyane.
C’est le seul port autorisant un accès aux navires d’une longueur maximale de 165 m et d’un tirant d’eau
maximal de 6 m. Son accès se fait par un chenal de 15 kilomètres qui nécessite un dragage permanent et
coûteux (1,3 millions d’euros en 2003).
C’est malgré tout le seul site qui cumule :
- la proximité du pôle de forte concentration de population et de consommation de l’agglomération de
Cayenne ;
- des infrastructures adaptées au trafic actuel et à moyen terme (jusqu’à + 30 %) ;
- la proximité des zones d’activité et d’une zone franche.
Le port de Dégrad des Cannes subit néanmoins une limitation de capacité structurelle du fait du tirant d’eau
maximal, de l’impossibilité pour les navires de se croiser dans le chenal et des temps d’attente provoqués par
l’obligation d’accoster à marée haute.
Dans un contexte de forte concurrence (ports de Santana, Belém au Brésil et Paramaribo au Surinam) et de
relative dépendance à l’égard des ports antillais, la question d’un nouveau port en eau profonde peut se poser
pour le moyen et le long termes.
À ce titre, des études devraient pouvoir être engagées sur les sites des Îles du Salut, de Coswine, en aval de
Saint Laurent (ou encore le port actuel de Cayenne, mentionné au Schéma régional de transport).
Le port de pêche du Larivot
Le port du Larivot constitue, en valeur des pêches, l’un des principaux ports de pêche français. Sa part du
trafic commercial en Guyane est par contre modeste (5 % des entrées et 2 % des sorties de navires de
commerce), sauf pour les hydrocarbures dont il assure 11 % des importations (consommation des chalutiers
essentiellement). Il a été classé « port de pêche d’Intérêt National » en 1983.
Situé sur la commune de Matoury, le port du Larivot couvre une surface d’environ 87 hectares, sur laquelle sont
rassemblées l’ensemble des compagnies de pêche à la crevette. Ce port dispose aussi d’un complexe de
stockage d’essence et d’huile pour le ravitaillement des bateaux de pêche. Les bateaux actuellement accueillis au
port sont des crevettiers ou bateaux de pêche poissons de 100 à 160 tonnes, d’un tirant d’eau maximum de 3
mètres, ainsi qu'un pétrolier assurant l'avitaillement du port en carburant.
Les travaux réalisés et prévus viendront rationaliser et sécuriser les quais et accroître la capacité du port.
Restera posée la question d’un véritable chantier naval permettant de garder sur place l’ensemble des
spécialités liées à cette activité.
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Le port privé de Kourou – Pariacabo
Les installations de ce port font l’objet d’un rattachement administratif au port de Dégrad des Cannes. Ces
installations sont dédiées en priorité au Centre Spatial Guyanais pour l’importation et l’exportation des
matériels relatifs aux programmes de lancement de ce dernier : éléments du lanceur Ariane, ergols et
outillages nécessaires à l’activité spatiale.
Le chenal d’accès de 12 kilomètres est étroit et nécessite des dragages réguliers. La zone d’évitage devant les
appontements est limitée à des navires de 130 mètres de longueur maximum.
Par ailleurs, en face du bourg existent un appontement de pêche et un appontement de plaisance d’où partent
les vedettes qui desservent les îles du Salut.
Le vieux port de Cayenne
Le vieux port de Cayenne a été le principal port de commerce de la Guyane jusqu’en 1974. L’activité a depuis
été transférée au port de Dégrad des Cannes afin de permettre l’accostage de bateaux d’un tonnage plus
important. Depuis cette date, son activité se limite à l’accostage de bateaux de pêche de poissons. En effet,
l’accès à ce port est de plus en plus difficile du fait de l’envasement ; seuls y accostent les navires de pêche
artisanale, certains ligneurs vénézuéliens, quelques petits navires de commerce et des bateaux de plaisance.
Le port de Saint Laurent
Port fluvial et non maritime, le port de Saint Laurent est encore peu impliqué dans le trafic portuaire de la
Guyane. Son activité se limite à l’exportation de riz, d’engrais et de matériaux de construction. Il pourrait
devenir, après aménagement, une deuxième structure portuaire d’importance pour les exportations et les
importations.
f| Le transport maritime
Le trafic de marchandises
En 2006, le nombre d’escales de navires marchands s’est accru de 5,1 %, soit 225 navires. En revanche, le trafic
maritime est resté stable sur un an, cette évolution est imputable aux marchandises débarquées qui se sont
inscrites en baisse de 1,1 % par rapport à l’année 2005, tandis les marchandises embarquées ont progressé de
23,2 %. Ce sont donc 576 771 tonnes de fret qui ont été enregistrées en 2006 dont 540 362 tonnes de
marchandises débarquées et 36 409 embarquées.
Évolution du trafic portuaire 5
2004 2005 2006
Variation
2005/
2006
Nombre de navires entrés 221 222 225 + 5,1 %
Marchandises débarquées 561 093 549 286 540 362 - 1,1 %
Vrac liquide 6 199 355 214 544 179 626 - 16,3 %
Vrac solide 7 73 806 34 001 66 514 + 95,6 %
Marchandises diverses 287 932 300 741 294 222 - 1,2 %
Marchandises embarquées 37 965 29 255 36 409 + 23,2 %
Vrac liquide 255 - 0 -
Marchandises diverses 37 740 29 555 36 409 + 23,2 %
Total trafic de marchandises 599 058 578 841 576 771 + 0,1 %
Source : DDE et CCIG - 2006
5 Les données prennent en compte les tares des conteneurs vides ou pleins.
6 Constitué de produits pétroliers, de butane, de bitume et de produits chimiques.
7 Constitué de sable et de clinkers.
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Projet de Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane I Arrêté par le Conseil Régional le 23 octobre 2007 167

Le trafic de passagers
Au cours de la saison 2006-2007 (de novembre à mars), 14 escales de paquebots de croisières ont été
enregistrées aux Iles du Salut. Le nombre de touristes recensés s’est établi à 9 932 passagers contre 12 187 au
cours de la saison précédente.
Trafic des escales de paquebots aux Iles du Salut
Saison
2002-2003
Saison
2003-2004
Saison
2004-2005
Saison
2005-2006
Saison
2005-2006
Variation
06-07/
05-06
Nombre d’escales 24 17 23 19 14 -29,2 %
Nombre de passagers 12 048 6 811 8 605 12 187 9 932 -43,5 %
Source : Somarig et Titan Shipping
g| Le tourisme littoral et les loisirs nautiques
Le tourisme littoral
Le tourisme, en Guyane, est peu développé comparativement à ce qu’il représente dans le grand bassin
caribéen où il pèse souvent de 15 % à 20 % du PIB, là où en Guyane le pourcentage correspondant est aux
alentours de 4 % à 5 %. On peut estimer que l’essentiel de cette différence tient à la place très modeste
qu’occupe le tourisme balnéaire en Guyane, ce qui est une différence forte avec les autres DOM et un point
essentiel s’agissant du présent SMVM.
Le site du littoral le plus fréquenté est celui des îles du Salut avec 22 600 visiteurs en 2006. La dynamique de
restauration – valorisation entreprise notamment sur l’île Royale ainsi que la diversification des modes de
transports (navette, voilier ou catamaran) ont induit une hausse de la fréquentation touristique de ce site de
8,2 % depuis 2003.
Le potentiel touristique en zone littorale dépasse cependant le cadre des îles du Salut, il peut également
concerner :
- Les savanes inondées, par exemple le site aménagé des pripris Yiyi, localisé entre Sinnamary et
Iracoubo permettant la découverte assez aisée d’une grande diversité de milieux allant de la forêt
inondée jusqu’à la mangrove ;
- Les zones estuariennes des principaux fleuves présentant d’importantes richesses faunistiques et
floristiques ;
- Les sites de ponte des tortues marines localisés sur une grande partie de la zone côtière sableuse de
Guyane, des plages d’Awala Yalimapo à celles de Rémire Montjoly ;
- La zone de Ouanary présentant une large palette de milieux littoraux particuliers : pointement
rocheux de la Montagne d’Argent, estuaire de l’Oyapock, Monts de l’Observatoire ;
- Les îlets de Rémire, en raison de leur caractère attractif et de leur proximité avec l’agglomération de
Cayenne.
Les loisirs nautiques
La navigation de plaisance offre relativement peu de possibilités en Guyane, du fait de la présence de
nombreux hauts-fonds et du caractère généralement peu accueillant de la mer (clapot important). Il n’existe
d’ailleurs que très peu de sites d’accostage sur le littoral. Les embarcations à moteur dominent largement.
En situation actuelle, aucun véritable port de plaisance spécialisé n’existe, même si, par contre, se trouvent
quelques appontements de plaisance : à Kourou et à proximité du port de commerce de Dégrad des Cannes à
Rémire Montjoly.
Pratiquées par un petit nombre, les activités nautiques comme le kyte-surf et le kayak de mer se développent
principalement sur le littoral de l’agglomération de Cayenne, de Kourou et d’Awala Yalimapo.
Projet de Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane I Arrêté par le Conseil Régional le 23 octobre 2007 168
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Bilan
La Guyane ne sera sans doute jamais une grande destination pour les tourisme balnéaire ou de la plaisance.
L’axe principal du développement touristique est plutôt celui de l’écotourisme. À ce titre, et contrairement
par exemple aux SMVM des autres DOM, le thème des installations touristiques et de l’extension ou création de
ports de plaisance ou de « resorts » touristiques occupe une place moindre dans le document de la Guyane.
h| Vers une gestion intégrée des zones côtières
Peu d’action permettent actuellement de valoriser la culture et les savoirs-faire des populations côtières d’où
l’identification dans le Nord-Ouest guyanais d’un besoin de représentation locale pour affirmer l’identité
amérindienne et littorale et la conservation du patrimoine naturel et culturel lié au littoral. A ainsi été
projetée en 2005, la mise en place d’Owala 8 , un modèle novateur de gestion intégrée des problématiques
d’aménagement et développement de la zone côtière du Nord-Ouest guyanais. Le projet expérimental Owala
devra en effet permettre une coordination optimale, au plus proche des populations concernées, des
principaux organismes publics et collectivités dont les actions de préservation et de valorisation de la
biodiversité et des territoires fragiles du littoral, nécessite la conduite de projets.
Les opportunités et la facilité de reproduction de cet outil à l’ensemble du littoral de la Guyane sont
immédiates. Le Nord-Est guyanais offre des parallèles frappants avec le Nord-Ouest faisant l’objet du projet
Owala et, en cas de succès de l’expérimentation à l’Ouest, tout incitera à l’y reproduire à l’Est.
8 Owala est un terme Kalina signifiant « ensemble ; en même temps ; au même niveau ». Le choix de ce terme illustre la volonté du projet de
rassembler tous les acteurs de la zone littorale et son arrière-pays dans un but concerté de gestion intégrée, en respect et en appui sur les
traditions locales.
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Projet de Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane I Arrêté par le Conseil Régional le 23 octobre 2007 169

Chapitre 3 – Principes de protection et d’aménagement
du littoral
Comme l’y habilite l’article L 4433-15 du Code Général des Collectivités Territoriales, le SMVM, chapitre
individualisé au sein du SAR, définit les orientations fondamentales de protection, d’aménagement et
d’exploitation du littoral. Ces orientations, déclinées des prescriptions de la Loi Littoral seront donc
applicables aux territoires inclus dans le périmètre du SMVM.
Les principes de protection et d’aménagement du littoral consisteront :
- d’une part, de protéger les espaces remarquables, de ménager des coupures d’urbanisation, de
préserver la bande littorale et de définir les espaces proches du rivage ;
- d’autre part, à encadrer l'urbanisation sur le littoral, à limiter l’extension de l’urbanisation des
espaces proches du rivage et à limiter les constructions et installations de la bande littorale.
1| LES PRINCIPES DE PROTECTION DU LITTORAL
a| Protéger les espaces naturels remarquables
L’article L 146-6 du Code de l'Urbanisme prévoit que les espaces naturels remarquables doivent être préservés
et bénéficier d'une protection particulière en tant qu’« espaces terrestres et marins, sites et paysages
remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel et culturel du littoral, et milieux nécessaires au
maintien des équilibres biologiques. » Ils sont constitutifs de l'image et de l'attractivité du territoire littoral.
Cet article et l'article R 146-1 du Code de l'Urbanisme fixent la liste des différents types de paysages, de sites
et de milieux qu'il convient de préserver.
Le SMVM, au terme d'une démarche d’analyse 9 des différentes études environnementales et cartographies du
littoral, identifie les espaces, sites et paysages naturels qui doivent être regardés comme remarquables ou
caractéristiques du littoral guyanais, ainsi que les milieux nécessaires au maintien des équilibres biologiques.
Conformément aux articles L 146-6 et R 146-1 du Code de l’Urbanisme, ces espaces naturels remarquables du
littoral identifiés par le SMVM concernent notamment des mangroves, des forêts et zones boisées, certains îlots
inhabités et des zones d’intérêt biologique remarquable de l’inventaire des ZNIEFF.
Les espaces naturels remarquables du littoral sont représentés en hachures sur fond vert foncé sur les
documents graphiques. Il appartiendra aux documents d'urbanisme locaux d’en préciser la délimitation et de
les doter d’un règlement approprié reprenant strictement les dispositions des articles L 146-6 et R 146-2 du
Code de l’Urbanisme. Ces espaces seront classés en zone naturelle dans les documents d'urbanisme locaux. A
noter qu’il reviendra également aux collectivités locales, dans le cadre de l’élaboration de leurs documents
d’urbanisme locaux, d’identifier et de classer les parcs et ensembles boisés existants les plus significatifs.
Aucune urbanisation nouvelle n’est possible dans les espaces naturels remarquables du littoral. Seuls des
aménagements légers définis dans les articles L 146-6 et R 146-2 du Code de l'Urbanisme peuvent y être
implantés.
b| Ménager des coupures d’urbanisation
Les coupures d'urbanisation ont pour fonction de constituer de véritables interruptions ou discontinuités de
l’urbanisation afin de permettre une aération et une structuration du tissu urbain et, d’éviter la constitution
d’un front urbain continu le long du littoral. Ainsi, en empêchant que deux secteurs urbanisés ne se rejoignent,
elles contribuent à la trame verte, aux équilibres écologiques de la biodiversité et permettent le maintien du
rapport paysager terre/mer. La préservation de ces espaces n’exclut pas leur possibilité de remplir des
fonctions récréatives ou contribuer au maintien et au développement d’activités agricoles.
9 Cette démarche avait déjà été initiée lors du précédent SMVM. En revanche, de nouvelles études environnementales et des cartographies
réactualisées du littoral ont permis d’examiner les évolutions des espaces naturels remarquables du littoral déjà identifiés et de pérenniser
voire préciser ceux-ci.
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Projet de Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane I Arrêté par le Conseil Régional le 23 octobre 2007 170

Le SMVM identifie diverses coupures d’urbanisation sur le littoral, à Macouria (quatre le long de la RN 1 entre la
Pointe Liberté et La Marguerite) et à Rémire Montjoly (trois le long de la Route des Plages bordant le Mont
Mahury). Conformément à l’alinéa 3 de l’article L 146-2 du Code de l’Urbanisme, les collectivités préciseront
leur délimitation et pourront en instituer d’autres dans le cadre de l’élaboration de leurs documents
d’urbanisme. Ces coupures d'urbanisation devront figurer en espaces naturels ou agricoles non constructibles
dans les documents d'urbanisme locaux. L'utilisation de ces coupures et les aménagements qui y seront
autorisés résulteront essentiellement de leur vocation naturelle ou récréative, ou de leur fonction paysagère.
Aucune urbanisation nouvelle ne pourra y être autorisée. Pourront néanmoins être admis dans la mesure où les
aménagements ne dénaturent pas le caractère générale des milieux :
- l’adaptation, la réfection ou l’extension mesurée des constructions existantes ainsi que leur
changement de destination s’il est lié à la vocation de ces espaces ;
- les équipements publics d’infrastructures d’intérêt général, dont la localisation répond à une
nécessité technique impérative ;
- les constructions, aménagements et installations nécessaires aux activités sportives ou de loisirs ;
- les constructions, installations et aménagements légers nécessaires à la réalisation de parcs et de
jardins publics et aux activités de loisirs de plein air (hors hébergement).
c| Préserver la bande littorale
La préservation d’une bande littorale est fondamentale puisque c’est la zone la plus soumise aux pressions
liées à de multiples usages : baignade, nautisme, activités portuaires et de pêche, urbanisation. Directement
soumise aux dynamiques littorales d’érosion et d’engraissement des plages, la bande littorale est également
l’espace susceptible d’être le plus affecté par l’élévation du niveau de la mer.
Pour les DOM, il est déterminé une bande littorale comprise entre le rivage de la mer et la limite supérieure de
la réserve domaniale dite des cinquante pas géométriques définie à l’article L 86 du Code du Domaine de
l’Etat. A défaut d’institution de la réserve domaniale en Guyane, la bande littorale présente une largeur de
81,20 mètres à compter de la limite haute du rivage.
Compte tenu des échelles de représentations graphiques du SMVM (1/250 000 pour l’ensemble du littoral,
1/100 000 pour les principales zones agglomérées), le parti pris est de ne pas préciser graphiquement la
délimitation de la bande littorale pour le SMVM. Afin de garantir une meilleure sécurité juridique et une
parfaite lisibilité graphique, il appartiendra aux collectivités locales, dans le cadre de l’élaboration de leurs
documents d’urbanisme locaux, de délimiter la bande littorale, délimitation qui pourra être étendue au-delà
de 81,20 mètres si les caractéristiques du milieu naturel et sa dimension écologique le justifient.
Afin d’organiser ou de préserver l’accès et la libre circulation le long du rivage et d’apporter une protection
supplémentaire par rapport aux espaces naturels remarquables, un certain nombre de dispositions du Code de
l’Urbanisme (exposées ci-dessous) encadrent les possibilités de constructions et d’installations dans la bande
littorale.
d| Définir les espaces proches du rivage
Les espaces proches du rivage sont les plus convoités. Il est nécessaire de les protéger, de veiller à la qualité
architecturale, urbaine et paysagère, d'éviter que l'urbanisation continue à s'étendre le long du rivage et
inciter le développement urbain à s'effectuer en profondeur.
Un soin tout particulier doit donc être apporté à la délimitation de ces espaces proches du rivage. Compte tenu
des échelles de représentations graphiques du SMVM (1/250 000 pour l’ensemble du littoral, 1/100 000 pour les
principales zones agglomérées), le parti pris est de ne pas préciser graphiquement la délimitation des espaces
proches du rivage pour le SMVM. Afin de garantir une meilleure sécurité juridique et une parfaite lisibilité
graphique, il appartiendra aux collectivités locales, dans le cadre de l’élaboration de leurs documents
d’urbanisme locaux, de délimiter les espaces proches du rivage, délimitation qui devra par ailleurs être
justifiée dans le rapport de présentation de ces documents.
Pour ce faire, elles devront prendre en compte l’ensemble des critères qui permettent de caractériser les
espaces concernés tels que :
- la distance au rivage, qui tient compte des éléments du relief et du paysage qui caractérisent
l’ambiance maritime ;
- la co-visibilité, qu’elle soit appréciée du rivage ou de l’intérieur des terres ;
- la nature de l’espace (urbanisé ou non) séparant la zone concernée du rivage.
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Projet de Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane I Arrêté par le Conseil Régional le 23 octobre 2007 171

D’autres critères pourront être pris en compte : le relief, le type d’espace (naturel ou agricole), les
écosystèmes présents… Une coupure forte du relief (ligne de crête) ou relevant d’une infrastructure (voie
importante) pourra constituer la limite d’un espace proche du rivage.
Afin de limiter l’extension de l’urbanisation des espaces proches du rivage, un certain nombre de dispositions
du Code de l’Urbanisme (exposées ci-dessous) encadrent les possibilités de constructions et d’installations dans
ces espaces.
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2| LES PRINCIPES D’AMENAGEMENT DU LITTORAL
a| Encadrer l’extension de l’urbanisation
L’article L 146-4-1 du Code de l'Urbanisme institue le principe de continuité de l’urbanisation. Ce principe de
continuité a été instauré pour lutter contre le mitage et gérer l’espace de manière économe. Il permet à la
commune de maintenir un tissu urbain continu, ce qui est plus économique en termes de réseaux, de voirie, de
déplacements, et permet une meilleure utilisation de l’espace avec des formes urbaines plus appropriées.
C’est aussi une façon d’améliorer la qualité du paysage urbain et de préserver les espaces encore naturels,
principaux facteurs d’attractivité du littoral.
L'extension de l'urbanisation doit se réaliser soit en continuité avec les agglomérations et villages existants, soit
en hameaux nouveaux intégrés à l'environnement. Ce dernier choix peut être fait par exemple dans le cas d'une
commune souhaitant limiter son étalement et préserver des coupures d'urbanisation. Dans ce cas, elle prévoira
une coupure d'urbanisation pour installer un hameau nouveau de l'autre côté de cette coupure. Le hameau
nouveau est également adapté pour préserver les caractéristiques du village existant, son environnement, ou
les terres agricoles de qualité situées en périphérie.
b| Limiter l’extension de l’urbanisation des espaces proches du rivage
L’article L 156-2 du Code de l’Urbanisme institue le principe d’extension limitée de l’urbanisation des espaces
proches du rivage (définis ci-dessus) et précise donc les conditions d’urbanisation de ces espaces :
- l’extension de l’urbanisation n’est admise que dans les secteurs déjà occupés par une urbanisation
diffuse ;
- des opérations d’aménagement ne peuvent être autorisées que si elles ont été préalablement prévues
par le SMVM.
Ce principe d’extension limitée de l’urbanisation répond à la nécessité d’empêcher un développement
important de l’urbanisation dans les secteurs sensibles que sont les espaces proches du rivage. Il a pour
objectif de privilégier un développement du bâti en profondeur vers l’arrière de la commune et de freiner une
extension parallèle au rivage de part et d’autre de l’urbanisation existante.
Les critères pour juger qu’une extension est limitée sont notamment :
- la surface, même si aucun seuil n’est indiqué dans la loi, les opérations d’urbanisation ne doivent pas
être surdimensionnées ;
- la densité, la localisation des constructions et la configuration des lieux ;
- l’étendue de la zone ouverte à l’urbanisation afin de garder un rapport de proportion raisonnable avec
l’environnement du projet d’extension de l’urbanisation.
Ces critères doivent s’apprécier en fonction de l’urbanisation existante. Au-delà de ces critères, il est
également important de prendre en compte la qualité des espaces naturels, des écosystèmes pour organiser au
mieux l’extension de l’urbanisation dans les espaces proches du rivage en se plaçant à la bonne échelle.
c| Limiter les constructions et installations de la bande littorale
Les articles L 156-2 à L 156-4 du Code de l’Urbanisme fixent les dispositions relatives aux constructions et
installations susceptibles d’être autorisées dans la bande littorale (définie ci-dessus) :
- En dehors des espaces urbanisés, les terrains situés dans la bande littorale sont réservés aux
installations liées à l’usage de la mer et nécessaires à des services publics, à des activités
économiques ou à des équipements collectifs. De plus, ces installations doivent organiser ou préserver
l'accès et la libre circulation le long du rivage.
- Les terrains situés dans les parties actuellement urbanisées comprises dans la bande littorale sont
préservés lorsqu’ils sont à l'usage de plages, d'espaces boisés, de parcs ou de jardins publics.
- Les secteurs occupés par une urbanisation diffuse à la date de publication de la loi n°96-1241 du 30
décembre 1996, situés dans la bande littorale et à proximité de parties actuellement urbanisées,
peuvent, sous réserve de leur identification dans le SMVM et de la préservation des plages et des
espaces boisés ainsi que des parcs et jardins publics, être affectés à des services publics, des
équipements collectifs, des commerces, des structures artisanales, des équipements touristiques et
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hôteliers. Des mesures compensatoires devront alors être mises en oeuvre permettant le maintien de
l'équilibre du milieu marin et terrestre. Ces installations organisent ou préservent l'accès et la libre
circulation le long du rivage.
- Sont autorisés dans les secteurs occupés par une urbanisation diffuse à la date de publication de la loi
n°96-1241 du 30 décembre 1996, situés dans la bande littorale, l'adaptation, le changement de
destination, la réfection et l'extension limitée des constructions existantes.
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