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Étude de différentes structures en mer pour le<br />
pré-grossissement de l’ormeau<br />
Haliotis tuberculata.<br />
Mémoire de stage présenté le 15 Juin 2015 par Jean-François BURGUIN<br />
Stage effectué à : France Haliotis, Kerazan, 29880 Plouguerneau<br />
Master 1 Sciences des Ecosystèmes et des Environnements Continentaux et Côtiers –<br />
(S2E2C), Parcours : Exploitation des Ressources Vivantes Côtières<br />
(Master 1 Aquacaen)<br />
Institut de biologie fondamentale et appliquée (IBFA)<br />
Université de Caen Basse-Normandie<br />
Année 2014-2015<br />
Maitre de Stage : Sylvain HUCHETTE : sylvain.huchette@francehaliotis.com<br />
Référant de Stage : Anne-Sophie MARTINEZ : anne-sophie.martinez@unicaen.fr
Remerciements<br />
Je tiens à remercier Monsieur Sylvain Huchette, directeur de l’entreprise et maître<br />
de stage pour m’avoir accueilli en tant que stagiaire au sein de France Haliotis,<br />
pour m’avoir appris le métier et pour m’avoir donné sa confiance. Je tiens<br />
également à remercier toute l’équipe de France Haliotis (Mary, Iain, Mike, Fred et<br />
Xavier) pour leur accueil, ainsi que pour leur aide et leurs conseils, qui m’ont<br />
permis de réaliser mon projet, durant ce stage.<br />
Merci à ma professeure tutrice, Anne-Sophie Martinez, pour avoir répondu à mes<br />
questions durant ce stage.<br />
Je tiens également à remercier tous les stagiaires présents durant la période de ce<br />
stage de 2 mois. Mais également à Sébastien Lachambre, doctorant à France<br />
Haliotis, pour ces nombreux conseils.<br />
Je remercie les membres de mon jury, pour avoir pris le temps de lire et d’évaluer<br />
mon rapport.
Index des Figures<br />
Figure 1 : Localisation de France Haliotis (Kerazan – Plouguerneau – Finistère) source :<br />
Google maps ................................................................................................................................ I<br />
Figure 2 : Photo de l'ormeau européen Haliotis tuberculata. (Source : France Haliotis) ......... II<br />
Figure 3 : Cycle de vie de l'ormeau Haliotis tuberculata (source France Haliotis) .................. III<br />
Figure 4 : Cycle d'élevage de L'ormeau Haliotis tuberculata à France Haliotis ..................... III<br />
Figure 5 : Bassin de nurserie comportant 20 paniers ............................................................... VI<br />
Figure 6 : photo d'un panier comportant des plaques de plexiglas recouvert d'Ulvela lens et de<br />
juvéniles d’ormeaux Haliotis tuberculata ................................................................................. VI<br />
Figure 7 : A : photo d'une structure comportant les Cages Grises, Chaque structures comporte<br />
20 Cages Grises. B : Photo de l’intérieur d’une cage grise. .................................................. VIII<br />
Figure 8 : Schéma d'une cage grise vue du dessus (A) et de face (B) ................................... VIII<br />
Figure 9 : A : photo d'une structure de cage Allibert ; B : photo de l’intérieur d’une cage<br />
Allibert ..................................................................................................................................... IX<br />
Figure 10 : A : Schéma d'un Allibert vu de dessus B : Vue de longitudinale d’un Allibert, Les<br />
parties rouges représentent les parois et les parties noires les coupelles. 1cm = 20cm .......... IX<br />
Figure 11 : A : Campagne de mesure en mer réalisée le 13 Mai 2015; B: Mesure des individus<br />
avec le pied à coulisse ............................................................................................................... X<br />
Figure 12 : Courbe de croissance des ormeaux élevées dans des structures différentes (CG:<br />
cages à grise et CA: Cages Allibert) durant les quatre premiers mois d'expérimentations. Les<br />
barres noires représentent l’erreur standard ............................................................................. XI<br />
Figure 13 : Fréquence en pourcentage de la répartition des longueurs de coquille mesurées en<br />
Janvier 2015 et en Mai 2015 dans les deux structures utilisées. CG= Cages grises et<br />
CA=Cages Allibert .................................................................................................................. XII<br />
Figure 14 : Courbe de croissance de l'ormeau après quatre mois élevage en mer en fonction de<br />
la maille ostréicole de la Cage Allibert (CA2 : Cages Allibert tapissées d'une maille de 2 mm ;<br />
CA6 : Cages Allibert tapissées d'une maille de 6 mm). Les barres noires représentent l’erreur<br />
standard ................................................................................................................................... XII<br />
Figure 15 : Suivi de croissance des Cages Allibert tapissée d'une maille de 2 mm au cours des<br />
quatre premiers mois de l'expérimentation. Les lettres a, b, c, d au-dessus des points indiquent<br />
la significativité des tailles obtenue lors de chaque mesures. Cette significativité est obtenue à<br />
l’aide du test de Tuckey. Les barres noires représentent l’erreur standard ........................... XIII<br />
Index des tableaux<br />
Tableau I : Taux de croissance des ormeaux élevés en Cages grises et en Cages Allibert. Le<br />
taux de croissance est calculé sur les quatre premiers mois de l’expérimentation .................. XI<br />
Tableau II: Taux de croissance des ormeaux élevés en Cages Allibert tapissées de 2 types de<br />
mailles Ostréicoles (CA2 : Mailles de 2mm ; CA6 : Mailles de 6mm). Le taux de croissance<br />
est calculé sur les quatre premiers mois de l’expérimentation .............................................. XIII
Sommaire<br />
Avant-propos .................................................................................................................................... 1<br />
I. Introduction .............................................................................................................................. 2<br />
II. Matériels et méthodes ............................................................................................................. 7<br />
a) Animaux expérimentaux ....................................................................................................... 7<br />
b) Mise en cage ...................................................................................................................... 7<br />
- Effet de la structure .......................................................................................................... 8<br />
- Effet de la maille ............................................................................................................... 9<br />
c) Mesures en mer .................................................................................................................. 10<br />
d) Statistiques ...................................................................................................................... 10<br />
III. Résultats .............................................................................................................................. 11<br />
IV. Discussion ............................................................................................................................ 13<br />
V. Conclusion .............................................................................................................................. 19<br />
VI. Références bibliographiques ............................................................................................... 20
Figure 1 : Localisation de France Haliotis (Kerazan – Plouguerneau – Finistère) source : Google maps<br />
I
Avant-propos<br />
Située à Plouguerneau dans le Finistère (29) (Figure 1), France Haliotis (Société Civile<br />
d’Exploitation Agricole ou Scea) voit le jour en 2004 avec à sa tête Sylvain HUCHETTE. Cette<br />
entreprise spécialisée dans l'élevage d'ormeaux de l'espèce européenne Haliotis tuberculata<br />
est la première entreprise aquacole européenne à cultiver les ormeaux en pleine mer, sur 5<br />
ha de concession dans le site prestigieux de l'Aber-Wrac'h, au large du Phare de l’île Vierge.<br />
Cinq autres hectares sont actuellement en cours d’acquisition au large de Guissény, mais<br />
restent très controversés par les locaux. Cet élevage d'ormeaux est l'un des seuls à être<br />
certifié « Agriculture Biologique ». L'entreprise compte actuellement sept salariés.<br />
Les naissains sont produits au sein de l'écloserie de Kerazan (Plouguerneau - Finistère) dans<br />
le respect des saisons et du milieu marin, sans produits chimiques ni pharmaceutiques. Ces<br />
naissains sont élevés en bassins à terre pendant 9 à 12 mois avant d’être installés en mer sur<br />
les sites de grossissement de France Haliotis ou encore vendus à des professionnels français<br />
ou européens (Irlande, Écosse, Espagne…).<br />
La croissance s'effectue dans des cages immergées à environ 10 mètres de profondeur, elles<br />
sont relevées à l'aide d'un navire tous les 15 jours afin de nourrir les ormeaux avec des<br />
algues fraîchement cueillies sur l'estran et de vérifier l'état sanitaire des coquillages. La<br />
croissance des ormeaux est longue. Elle dure entre 3 et 5 ans. Les ormeaux sont vendus dans<br />
les grands restaurants Bretons et Parisiens, mais aussi à l’international (principalement<br />
Europe et Chine).<br />
La production qui était de quatre tonnes en 2004, passe en 2014 à huit tonnes, ce qui<br />
correspond à un chiffre d'affaires de près de 500.000 euros contre 200.000 EUR en 2010.<br />
D'ici un à deux ans, l'objectif est de passer à 10-15 tonnes d'ormeaux.<br />
Plusieurs axes sont développés par France Haliotis: la station d'élevage, avec la production<br />
de naissains, le système de récolte des algues pour les alimenter, la commercialisation et le<br />
1
Figure 2 : Photographie de l'ormeau européen Haliotis tuberculata. (Source : France Haliotis)<br />
II
éseau. Pour ce faire, l’équipe de France Haliotis conduit des travaux de recherche et<br />
développement très poussés sur l’ormeau en collaboration avec de nombreux partenaires<br />
scientifiques et commerciaux tels que LEMAR (Laboratoire des sciences et de<br />
l'Environnement MARin) et accueille chaque année des étudiants et doctorant. France<br />
Haliotis est partenaire du projet IDEALG pour améliorer la gestion et la valorisation des<br />
algues sur les 10 prochaines années.<br />
I. Introduction<br />
L’ormeau est un mollusque gastéropode marin de l’ordre des Vetigastropoda présent sur la<br />
majorité des cotes de l’atlantique, de la méditerranée, de l’Afrique de l’Ouest, de l’Australie,<br />
de la Nouvelle-Zélande, sur les îles du Pacifique et sur la côte Ouest de l’Amérique du nord.<br />
Haliotis tuberculata (Linnaeus, 1758) (Figure 2), espèce endémique des côtes bretonnes, est<br />
présent sur le littoral rocheux de 0 à 15 m, dans les anfractuosités et à proximité des zones<br />
de gisement d’algues dont il se nourrit.<br />
Ce gastéropode a une coquille nacrée lui recouvrant complètement le corps. Cette coquille<br />
est caractérisée par une ligne de 5 à 8 pores qui la parcourt, canalisant l’entrée de l’eau et<br />
ayant un rôle dans la respiration, mais aussi dans l’excrétion et l’émission de gamètes.<br />
Le pied, représente en moyenne 40 à 55 % du poids de l’animal, il lui permet de se maintenir<br />
fermement au substrat et a une fonction de mobilité. Celui-ci est entouré d’un manteau<br />
dans lequel sont enfermés les différents organes internes. L’ormeau possède une bouche<br />
ventrale munie d’une langue appelée radula, composée d’une rangée de dents lui<br />
permettant de brouter les algues dont il se nourrit. L’ormeau Haliotis tuberculata possède<br />
de plus des organes sensoriels (épipodes, tentacules céphaliques et ocelles faisant office de<br />
paires d’yeux) lui permettant d’appréhender l’environnement dans lequel il évolue.<br />
Les ormeaux sont des brouteurs opportunistes nocturnes pouvant accepter une grande<br />
diversité de macroalgues (Troell et al., 2006), mais certaines études ont montré que ces<br />
2
Figure 3 : Cycle de vie de l'ormeau Haliotis tuberculata (source France Haliotis)<br />
Figure 4 : Cycle d'élevage de L'ormeau Haliotis tuberculata à France Haliotis<br />
III
derniers choisissent leurs régimes algaux (Fleming, 1995). Les deux critères les plus<br />
significatifs de choix alimentaire semblent être l’épaisseur des algues et leurs valeurs<br />
nutritionnelles (Sylvain Huchette comm. pers.). Ainsi, il peut consommer 10 à 20% de sa<br />
masse par jour et semble préférer les entéromorphes et l’algue rouge Palmaria palmata<br />
(Travers, 2008).<br />
En Bretagne, la reproduction sauvage se produit en Août lorsque la température de l'eau<br />
atteint 16 ° C. L'ormeau est gonochorique: les femelles sont reconnues grâce à leur gonade<br />
de couleur sombre tandis que la gonade mâle est claire. Dans la nature, un sex-ratio proche<br />
de 1 est observé (Cochard and Flassch, 1979). Les ormeaux ont une stratégie de<br />
reproduction R (production d'une grande quantité de zygotes avec de fortes mortalités): une<br />
seule femelle peut produire plus de 2 millions de gamètes viables.<br />
Les ormeaux sont extrêmement sensibles à tout changement de leur environnement et aux<br />
facteurs de stress. Les agents pathogènes ont provoqué des mortalités épisodiques élevés à<br />
l'état sauvage (Travers, 2008). En aquaculture, une manipulation simple peut également<br />
induire jusqu'à 40% de mortalité. Malgré sa sensibilité et sa lente la croissance (4 ans pour<br />
atteindre la taille commercialisable), des fermes d’halioculture se sont développées dans<br />
différentes parties du monde.<br />
L’ormeau est consommé traditionnellement depuis des siècles dans de nombreuses régions<br />
du globe, et a failli disparaitre suite à une surpêche irresponsable et à l’installation de<br />
nombreuses pêcheries dans les années 1960. Devenu un produit de luxe au coût très élevé,<br />
des quotas stricts ont été rapidement mis en place afin de limiter les prélèvements effectués<br />
par les professionnels et par la pèche récréative. Mais avant le rétablissement des stocks, en<br />
1996 des épidémies ont à nouveau entamées la population sauvage, maladies aujourd’hui<br />
corrélées à l’augmentation des températures ainsi qu’aux marées noires (Travers, 2008)<br />
Actuellement, les prélèvements sont très encadrés, les quotas de professionnels ont été<br />
réduits de 80 à 60 tonnes d’animaux péchés par an, et les particuliers ne peuvent ramasser<br />
que 12 individus maximum d’au moins 9 centimètres en pêche à pieds durant la période 1 er<br />
septembre au 1 er Mai. Les pécheurs sont régulièrement contrôlés afin de limiter le<br />
3
aconnage et le marché noir. Dans ce contexte de crise et face à la demande croissance<br />
d’ormeaux, l’aquaculture offre de bonnes opportunités et commence à se développer en<br />
France. Mais malgré cet engouement pour l’ormeau la production mondiale reste limitée, et<br />
les stocks naturels d’ormeau décroissent à travers le monde (Huchette and Clavier, 2004). En<br />
Europe, seules quelques dizaines de tonnes d’ormeaux sont produites à l’heure actuelle. De<br />
plus, peu d’informations sont disponibles dans la littérature sur les procédés de culture et<br />
d’optimisation des rendements.<br />
La réussite de l’halioculture repose principalement sur la maitrise totale du cycle de vie de<br />
l’ormeau (Figure 3). L’entreprise de France Haliotis est d’ailleurs la seule entreprise<br />
européenne à maitriser totalement le cycle d’élevage allant de la fécondation à la<br />
commercialisation en passant par le grossissement en mer et le nourrissage en algues<br />
fraiches (Figure 4). La première étape de l’halioculture réside en la sélection de géniteur<br />
selon des critères morphologiques (taille, couleur de coquille, animaux charnus) dans le<br />
milieu naturel et dans l’élevage afin de maintenir une diversité génétique. Les géniteurs sont<br />
stockés pendant 3 à 4 mois en conditions contrôlées (Température, bullage, algues) pour<br />
favoriser la maturation des gonades. L’émission de gamètes est stimulée par un choc<br />
thermique réalisé par une arrivée d’eau de température différente. Les gamètes obtenus<br />
sont alors mélangés de manière à optimiser la fécondation. Les œufs issus de cette<br />
fécondation éclosent au bout de 20 heures à 17°C laissant place à des larves trochophores.<br />
Ces dernières évoluent et passent par plusieurs stades pour finalement se métamorphoser<br />
en post-larves dans la nurserie. Celles-ci possèdent une coquille calcaire, qui les protège lors<br />
du passage de la vie pélagique à la vie benthique. C’est donc au bout de cinq jours que ces<br />
larves dites "compétentes" sont transférées dans les bassins de la nurserie (Figure 5) pour<br />
leur métamorphose. Ces larves vont se fixer sur des plaques de plexiglas préalablement<br />
colonisées par une macroalgue verte encroûtante: Ulvella lens (Figure 6). Cette dernière<br />
intervient dans le phénomène de recrutement et de fixation des post-laves et constituera la<br />
nourriture principale des juvéniles pendant les premiers mois du développement. En<br />
complément, d’autres macroalgues sont distribuées comme par exemple Ulva lactuca ou<br />
Palmaria palmata. Après 10 à 12 mois passés en bassin de nurserie, les animaux mesurent<br />
environ 10 à 20 mm et sont ensuite transférés en mer pour l’étape de pré-grossissement<br />
4
puis de grossissement afin d’obtenir une taille commercialisable. Ce transfert est une étape<br />
clé dans l’halioculture, en effet la manipulation des juvéniles occasionne une forte mortalité<br />
due au stress. Ainsi France Haliotis a élaboré une technique afin de minimiser le stress<br />
encouru par les juvéniles :<br />
Il s’agit de retourner les paniers comportant les plaques de plexiglas. Les ormeaux étant<br />
sensible à la lumière se trouvent sur la partie inférieure des plaques immergées leurs offrant<br />
ainsi une zone ombragée. Un retournement de plaques permet donc une exposition des<br />
parties inférieures ombragées à la lumière du jour. Les ormeaux exposés à la lumière se<br />
décollent, et tombent dans le fond du bassin. Le retournement s’effectue à plusieurs<br />
reprises. Les ormeaux restant sur les plaques sont ensuite retirés manuellement (étape de<br />
« poussage »).<br />
Après cette étape, les ormeaux se retrouvent au fond du bassin, l’eau est ensuite<br />
partiellement retirée de façon à ce que les juvéniles ne soit pas hors de l’eau. On y ajoute<br />
ensuite 4 litres d’éthanol dénaturé à 98% dans le but d’anesthésier les animaux. Les<br />
ormeaux sont mis en contact avec l’alcool durant 20 minutes. Une fois ces derniers<br />
anesthésiés, le prélèvement devient possible évitant ainsi le stress. Les animaux sont ensuite<br />
criblés, c'est-à-dire triés par tailles, la séparation est réalisée automatiquement selon 4<br />
calibres : le calibre 4 correspond aux ormeaux mesurant moins de 8 millimètres ; le calibre 3<br />
pour les ormeaux de taille comprise entre 8 et 10 millimètres ; le calibre 2 pour ceux dont la<br />
taille est comprise entre 10 et 12 millimètres ; le calibre 1, étant pour ceux mesurant plus de<br />
12 millimètres. Les juvéniles de calibre 1 à 3 sont transférés en mer tandis que les juvéniles<br />
de calibre 4 sont « remis en pousse » c'est-à-dire que ceux-ci retournent en bassins de<br />
nurserie afin d’atteindre une taille minimale permettant le transfert en mer (>8 mm).<br />
Les animaux grossissent dans des cages en mer durant trois à cinq ans. Ils sont nourris<br />
d’algues fraichement cueillies sur l’estran en fonction des saisons et des réglementations,<br />
avec une fréquence allant de 15 jours à un mois. Leur régime alimentaire est constitué à 80%<br />
de Palmaria palmata. En hiver, le ramassage de cette algue étant interdite, leur régime<br />
alimentaire est alors composé de laminaires. Au bout de trois à cinq ans, les cages sont<br />
ramenées à terre afin de commercialiser les ormeaux. Les animaux sont alors calibrés en<br />
5
Figure 5 : Bassin de nurserie comportant 20 paniers<br />
Figure 6 : Photographie d'un panier comportant des plaques de plexiglas recouvertes d'Ulvella lens et<br />
de juvéniles d’ormeaux Haliotis tuberculata<br />
VI
fonction de leur poids. La croissance étant très variable d'un individu à l'autre, ils peuvent<br />
être de poids et de taille très différents. Ainsi, les clients peuvent choisir le calibre qui leur<br />
convient le mieux (le poids minimum étant de 85g pièce). Les ormeaux d’élevage sont<br />
actuellement commercialisés à 65 euros le kilogramme. Parallèlement à cela, un travail en<br />
partenariat avec des pêcheurs d’ormeaux locaux est réalisé et permet de répondre à la<br />
demande de certains restaurateurs en ormeaux sauvages.<br />
Afin de satisfaire la demande de la clientèle, France Haliotis doit fournir des ormeaux<br />
commercialisables tout au long de l’année et minimiser le retour en mer des individus non<br />
commercialisables car trop petits (sorties en mer couteuses et stress important pour les<br />
animaux). Cependant, la croissance en structure d’élevage peut fortement varier, ainsi, il est<br />
important de prendre en compte certains facteurs afin d’optimiser la culture et donc<br />
maximiser la production. Les principaux facteurs connus pour influencer la croissance des<br />
ormeaux sont : la qualité de l’alimentation, la qualité de l’eau (Huchette et al., 2003), la<br />
température de l’eau (Travers, 2008), la lumière (Basuyaux, 1997 ; Huchette et al., 2003), la<br />
densité d’élevage (Huchette et al., 2003), et la structure d’élevage (Alcantara and Noro,<br />
2006). La densité peut affecter directement la croissance par la compétition pour l’espace,<br />
pour la nourriture, et par la gêne occasionnée lors des déplacements. Elle peut intervenir<br />
aussi indirectement par l’altération de la qualité de l’eau due à l’accumulation des produits<br />
d’excrétion constitués majoritairement de composés azotés dont l’ammoniaque (Huchette<br />
et al., 2003).<br />
La densité d’élevage optimale varie d’un système de culture à l’autre, et également en<br />
fonction de la taille des individus (D. Mgaya and Mercer, 1995). Un système d’élevage<br />
optimisé permet une distribution équitable des animaux, un accès rapide à la nourriture, un<br />
minimum de contact des animaux, une bonne évacuation des déchets fécaux, un bon<br />
écoulement et renouvellement de l’eau, et un minimum de perturbation humaine.<br />
L’objectif de cette étude est de comparer la croissance d’ormeaux juvéniles d’Haliotis<br />
tuberculata en pré-grossissement dans deux structures d’élevages immergées en mer aux<br />
propriétés différentes, et dans un second temps d’étudier l’effet de la taille de la maille<br />
6
VII
ostréicole tapissant les parois des structures.<br />
Ce stage de master 1 Aquacaen s’est donc déroulé du 13 avril au 5 juin 2015 avec comme<br />
problématique :<br />
Étude de différentes structures en mer pour le pré-grossissement de<br />
l’ormeau Haliotis tuberculata.<br />
II.<br />
Matériels et méthodes<br />
a) Animaux expérimentaux<br />
Les expérimentations ont été réalisées avec l’ormeau européen Haliotis tuberculata. Issus de<br />
différentes cohortes obtenues lors des pontes effectuées en 2013 au sein de France Haliotis.<br />
Les animaux sont des juvéniles de 1 an et demi au démarrage de l’expérimentation. Ils sont<br />
alors mesurés et transférés de la nurserie à la concession en mer. Ces animaux sont les plus<br />
grands en taille de la « queues de lots » des cohortes de 2013.<br />
La mesure initiale de la longueur coquillère a été réalisée sur 30 individus sélectionnés<br />
aléatoirement. Ces mesures ont été obtenues à l’aide d’un pied à coulisse à la sortie de<br />
cribleuse le 7 janvier pour l’étude sur « l’effet des mailles » et le 9 janvier pour l’étude sur<br />
« l’effet du type de structure ». Ces mesures ont été réalisées avant mon arrivée en stage.<br />
b) Mise en cage<br />
Il existe deux types de structures d’élevage en mer à France Haliotis. Premièrement, les<br />
cages grises (Figure 7 et Figure 8), initialement prévues pour le transport de volailles, elles<br />
7
A<br />
B<br />
Figure 7 : A : Photographie d'une structure comportant les Cages Grises, Chaque structure comporte<br />
20 Cages Grises. B : Photographie de l’intérieur d’une cage grise.<br />
A<br />
B<br />
Figure 8 : Schéma d'une cage grise vue du dessus (A) et de face (B), les<br />
cercles noirs représentent les coupelles.<br />
VIII
ont été adaptées à l’élevage des ormeaux et fixées dans une structure métallique. Chacune<br />
des structures comporte 20 cages réparties sur 2 étages. Toutes les cages sont tapissées de<br />
maille ostréicole afin de retenir les ormeaux à l’intérieur et 3 rangées de 24 coupelles de<br />
captages ostréicoles sont disposées de façon à offrir des supports de fixation ainsi qu’un abri<br />
aux ormeaux imitant ainsi les anfractuosités rocheuses du milieu naturel. Celles-ci<br />
permettent d’obtenir une surface de coupelles de 1.1 m² soit une surface totale de 3.2 m²<br />
par cage (parois + coupelles) soit 64m² par structure. Cette structure est principalement<br />
utilisée pour le transfert en mer de juvéniles de calibre 1, soit les plus gros (Individus<br />
supérieurs à 12 millimètres).<br />
Les autres types de cages utilisées sont les cages « Allibert » (Figure 9 et Figure 10). Chaque<br />
structure est composée de 4 bacs plastiques identiques ayant un volume d’un demi mètre<br />
cube. Dans chaque cage, 10 rangés de 41 coupelles offrent une surface de coupelles de 6.3<br />
m² soit une surface totale de 12.6 m² par cage (parois + surface) soit 50.4m² par structure.<br />
Ce type de structures est le plus répandu chez France Haliotis, il est utilisé en prégrossissement<br />
et en grossissement. Ainsi, plusieurs types de mailles sont utilisés dans ces<br />
structures en fonction de la taille des individus : en pré-grossissement la maille de 2 mm est<br />
utilisée pour les individus compris entre 8 et 10 mm et la mailles de 6 mm pour les ormeaux<br />
de taille comprise entre 10 et 12 mm. Pour le grossissement une maille de 6 mm est utilisée<br />
afin de minimiser les attaques de prédateur sur les ormeaux matures.<br />
Lors de l’expérimentation, la sortie de nurserie et le transfert en mer ont eu lieu en janvier<br />
2015. Deux expérimentations sont alors mises en œuvre. Il s’agit d’étudier l’effet des<br />
différentes structures sur les performances de pré-grossissement afin de connaître les<br />
meilleures structures d’élevage. Cette comparaison est réalisée en deux parties avec une<br />
évaluation du type de structure et de l’effet du maillage sur le pré-grossissement des<br />
ormeaux.<br />
- Effet de la structure<br />
Dans le but de tester l’effet de la structure sur la croissance des ormeaux en prégrossissement<br />
des lots d’animaux ont été placés en triplicats dans des structures « Allibert »<br />
8
A<br />
B<br />
Figure 9 : A : Photographie d'une structure de cage Allibert ; B : photographie de l’intérieur d’une cage<br />
Allibert<br />
A<br />
B<br />
Figure 10 : A : Schéma d'une cage Allibert vu de dessus B : Vue de longitudinale d’une cage Allibert, Les parties<br />
rouges représentent les parois et les parties noires les coupelles. 1cm = 20cm<br />
IX
et dans des structures de cages grises dont les parois ont été tapissées de maille ostréicole<br />
de 6mm.<br />
Pour ce faire, 516 individus ont été placés dans trois compartiments distincts dans des cages<br />
Allibert et 91 individus dans trois cages grises permettant ainsi d’obtenir une densité<br />
équivalente (82 individus/m² de coupelles). Les coupelles ostréicoles représentant la surface<br />
« utilisable » pour les ormeaux. L’élevage est réalisé dans des conditions similaires,<br />
l’alimentation en algues étant égale en fréquence et en qualité. Les lots ont été nourris ad<br />
libitum avec de la Palmaria Palmata tous les 15 jours. Les individus initiaux sont d’un même<br />
lot. La taille initiale a été mesurée sur 30 individus sélectionnés au hasard avec un pied à<br />
coulisse avant mon arrivée en stage. Les cages sont ensuite marquées et les structures<br />
répertoriées avant le transfert sur la concession en mer à l‘entrée de l’Aber Wrac’h le 9<br />
Janvier 2015 (avant mon arrivée en stage).<br />
- Effet de la maille<br />
Comme précédemment, afin de tester l’effet de la maille sur la croissance des ormeaux en<br />
pré-grossissement des triplicats ont été réalisés dans des structures d’Allibert dont les parois<br />
ont été tapissées de maille ostréicole de 2 mm ou de 6 mm. Ces mailles ont pour but d’éviter<br />
la fuite en mer des juvéniles par les ouvertures de la structure.<br />
Pour ce faire, 3000 individus ont été placés dans trois compartiments distincts pour chaque<br />
maille et dans des conditions similaires à densité équivalente (476 individus/m² de<br />
coupelles). Le lot de départ a une taille moyenne de 17 mm (n=30 ; erreur standards= ± 0.5).<br />
Les cages sont ensuite marquées et les structures sont répertoriées avant le transfert sur la<br />
concession à l’entrée de l’Aber Wrac’h le 7 Janvier 2015 (avant mon arrivée en stage).<br />
Un suivi de croissance a été réalisé à partir du mois d’Octobre 2014 en nurserie sur les<br />
individus du lot utilisé pour tester l’effet de la maille. Une mesure mensuelle est effectuée<br />
sur 30 individus. Après le transfert, le suivi de croissance s’est réalisé uniquement sur 30<br />
individus transférés dans des cages en maille de 2 mm pour des raisons techniques.<br />
9
A<br />
B<br />
Figure 11 : A : Photographie de campagne de mesure en mer réalisée le 13 Mai 2015; B: Mesure des<br />
individus avec le pied à coulisse<br />
X
c) Mesures en mer<br />
Les mesures de fin d’expérimentation en mer ont eu lieu le 13 mai 2015 soit environ 4 mois<br />
après mise en mer. Ensuite les animaux de chaque réplica sont mesurés à l’aide d’un pied à<br />
coulisse (Figure 11). Des échantillons de 30 et de 15 individus choisis aléatoirement ont été<br />
mesurés respectivement dans chaque cage Allibert et dans chaque cage grise. Les mesures<br />
sont réalisées entre les coupelles, sur les parois et dans les algues selon la méthode des plus<br />
proches voisins permettant l’obtention de résultats représentatifs et non biaisés. Cette<br />
méthode a été appliquée de la manière suivante : un individu est choisi au hasard dans la<br />
cage par l’opérateur, l’individu mesuré sera son plus proche voisin, cela évite les erreurs<br />
liées à la subjectivité de l’opérateur qui pourrait avoir tendance à choisir des individus plus<br />
gros au premier abord<br />
d) Statistiques<br />
Afin de caractériser la croissance des ormeaux, les longueurs de coquille initiales et finales<br />
ont permis de calculer les taux de croissance dans le but de les comparer. Le taux de<br />
croissance est exprimé en mm/mois. Celui-ci est obtenu en calculant le coefficient directeur<br />
de la droite :<br />
( ) ( )<br />
( )<br />
La normalité et l’homoscédasticité des données ont tout d’abord été vérifiées, pour chaque<br />
paramètre. Toutes les analyses ont été réalisées avec le seuil de probabilité α=0,05. Afin<br />
d’observer la significativité des résultats, un test d’Anova est effectué sur les tailles obtenues<br />
et sur les taux de croissance moyens par cages. Un test de Tuckey est réalisé sur les valeurs<br />
du suivi de croissance. Les statistiques sont effectuées à l’aide du logiciel R.<br />
10
Longueur de la coquille en mm<br />
37<br />
Courbe de croissance des ormeaux dans les différentes structures<br />
durant l'expérimentation<br />
35<br />
33<br />
34,5<br />
CG<br />
31<br />
29<br />
31,10<br />
31,8<br />
CA<br />
27<br />
28,4<br />
25<br />
27-déc. 21-janv. 15-févr. 12-mars 06-avr. 01-mai 26-mai<br />
Figure 12 : Courbe de croissance des ormeaux élevées dans des structures différentes (CG: Cages<br />
Grises et CA: Cages Allibert) durant les quatre premiers mois d'expérimentations. Les barres noires<br />
représentent l’erreur standard<br />
Taux de croissance des ormeaux élevés en Cages grises et Cages Allibert<br />
Type de Structure<br />
Taux de croissance (mm/mois) ± erreur standard<br />
Cages grises 0.8 ± 0.5<br />
Cages Allibert 0.9 ± 0.5<br />
Tableau I : Taux de croissance des ormeaux élevés en Cages Grises et en Cages Allibert. Le taux de<br />
croissance est calculé sur les quatre premiers mois de l’expérimentation<br />
XI
III.<br />
Résultats<br />
Afin d’étudier les effets des structures et de la taille du maillage sur la croissance des<br />
ormeaux, des mesures de longueurs en millimètre ont été réalisées, en effet, la croissance<br />
coquillière de l’ormeau Haliotis tuberculata est caractérisée comme linéaire au cours du<br />
temps durant les premières années de vie (Cochard, 1982 ; Sylvain Huchette comm. pers.).<br />
Le paramètre poids est quant à lui caractérisé par une croissance exponentielle en fonction<br />
du temps. (Sylvain Huchette comm. Pers.). La taille a été choisie comme variable<br />
représentative pour évaluer les structures et la taille des mailles utilisées.<br />
a) Effet de la structure sur la taille des ormeaux<br />
Le taux de croissance diffère peu en fonction du type de structure. En effet, les taux de<br />
croissance en cages grises et en cages Allibert ne pas sont significativement différents, leurs<br />
taux de croissance est respectivement de 0.8 millimètres par mois et de 0.9 mm par mois<br />
(Tableau I). Cette croissance correspond à une augmentation coquillière mensuelle.<br />
Ainsi, le taux de croissance dans ces deux structures est considéré comme significativement<br />
identique.<br />
Cependant, il s’est avéré lors des exploitations de données que les tailles initiales moyennes<br />
entre les ormeaux des deux structures étaient significativement différentes. Cela signifie que<br />
la distribution initiale n’a pas été équivalente entre les structures, la taille moyenne des<br />
ormeaux mis dans les cages grises est significativement plus élevée que celles des animaux<br />
mis en cages Allibert au premier jour de leur mise en mer. Les individus ont été distribués<br />
dans les deux types de cages puis transférés en mer le 9 janvier 2015, avant mon arrivée<br />
dans l’entreprise. Les deux lots ont alors une différence de taille significative de l’ordre de<br />
2.7 mm. Cette différence sera retrouvée lors des mesures du mois de Mai (également<br />
2.7mm de différence entre les tailles moyennes des deux lots au mois de Mai). Ces<br />
différences de taille significatives offrent aux droites de croissance une allure parallèle entre<br />
les cages grises et les cages Allibert qui se traduisent par un taux de croissance identique.<br />
(Figure 12)<br />
11
Fréquence en %<br />
Longueur de coquille en mm<br />
Fréquence de la longueur de la coquille d'ormeaux<br />
échantillonnés en Janvier et en Mai<br />
40<br />
35<br />
30<br />
25<br />
20<br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
20 25 30 35 40 45 50<br />
Longueur de la coquille en mm<br />
%CG Janvier %CA Janvier %CG mai %CA mai<br />
Figure 13 : Fréquence en pourcentage de la répartition des longueurs de coquilles mesurées en Janvier<br />
2015 et en Mai 2015 dans les deux structures utilisées. CG= Cages Grises et CA=Cages Allibert<br />
Courbe de croissance de l'ormeau en fonction de la maille de la Cage Allibert®<br />
21<br />
20,5<br />
20<br />
19<br />
18<br />
17<br />
16<br />
15<br />
14<br />
14<br />
13<br />
janvier-15 février-15 mars-15 avril-15 mai-15<br />
20,2<br />
CA2<br />
CA6<br />
Figure 14 : Courbe de croissance de l'ormeau après quatre mois élevage en mer en fonction de la maille<br />
ostréicole de la Cage Allibert (CA2 : Cages Allibert tapissées d'une maille de 2 mm ; CA6 : Cages<br />
Allibert tapissées d'une maille de 6 mm). Les barres noires représentent l’erreur standard<br />
XII
Ici, la significativité des résultats dès le début de l’expérimentation (mise en place en Janvier<br />
2015), offre des interprétations biaisées liées à l’absence de conditions identiques au point<br />
de départ de la mise en mer. Effectivement, les ormeaux élevés en cages grises ont une taille<br />
de départ beaucoup plus importante que dans les cages Allibert, respectivement, 31.10 mm<br />
contre 28.5 mm.<br />
Afin de vérifier la puissance et la représentativité des échantillonnages, une comparaison de<br />
la fréquence des longueurs de coquilles d’ormeaux échantillonnées au mois de Janvier 2015<br />
et au mois de Mai 2015 est réalisée pour les différentes structures (Figure 13).<br />
Chaque type de cages conserve son spectre de fréquence de tailles quelle que soit la date de<br />
l’échantillonnage, cela signifie que les mesures sont bien représentatives de la population et<br />
répétables malgré une taille initiale significativement différente. De plus, la fréquence de la<br />
taille se décale vers la droite soit vers une augmentation de taille en fonction du temps et ce<br />
pour les deux structures. Une hétérogénéité des tailles de coquille se met alors en place<br />
dans les deux types de structure en fonction du temps. La variation de taille entre les<br />
animaux augmente dans le temps pour les deux types de cages.<br />
b) Effet de la maille sur la taille des ormeaux<br />
Les individus étudiés lors de ce travail sont de taille significativement identique au début de<br />
l’expérimentation soit 17 mm en moyenne pour les individus installés dans les cages Allibert<br />
tapissées de maille de 2 mm ou de 6 mm. Cette similitude est retrouvée lors des mesures du<br />
mois de Mai soit après environ quatre mois d’élevage en mer. (Figure 14)<br />
Le taux de croissance est significativement identique quel que soit le diamètre de la maille<br />
tapissant les Cages Allibert. Les taux de croissance sont de 1.55 mm par mois pour la maille<br />
de 2mm et de 1.61 mm par mois pour la maille de 6mm. (Tableau II).<br />
La croissance coquillère des ormeaux est considérée comme identique lors des quatre<br />
premiers mois d’élevage quel que soit le diamètre de la maille qui tapisse la cage (2 mm ou 6<br />
mm).<br />
Un suivi de croissance a été réalisé sur les individus transférés en cages Allibert en maille de<br />
2mm. Ce suivi a débuté en nurserie (octobre 2014) et s’est poursuivi après le transfert en<br />
12
Longueur de coquille en mm<br />
Taux de croissance des ormeaux élevés en Cages Allibert tapissées de mailles<br />
de 2 mm (CA2) ou de 6mm (CA6)<br />
Taux de croissance (mm/mois) ± erreur standard<br />
CA2 1,55 ± 0.5<br />
CA6 1,61 ± 0.5<br />
Tableau II: Taux de croissance des ormeaux élevés en Cages Allibert tapissées de 2 types de mailles<br />
ostréicoles (CA2 : Mailles de 2mm ; CA6 : Mailles de 6mm). Le taux de croissance est calculé sur les<br />
quatre premiers mois de l’expérimentation<br />
Suivi de croissance de l'ormeau en Cages Allibert de maille de 2 mm<br />
22<br />
20<br />
d<br />
20,2<br />
18<br />
c<br />
16,8<br />
16<br />
b<br />
14 b<br />
13,9<br />
12<br />
a<br />
12,8<br />
10,8<br />
10<br />
15-oct. 15-nov. 15-déc. 15-janv. 15-févr. 15-mars 15-avr.<br />
Figure 15 : Suivi de croissance des Cages Allibert tapissées d'une maille de 2 mm au cours<br />
des quatre premiers mois de l'expérimentation. Les lettres a, b, c, d au-dessus des points<br />
indiquent la significativité des tailles obtenues lors de chaque mesures. Cette significativité est<br />
obtenue à l’aide du test de Tuckey. Les barres noires représentent l’erreur standard<br />
XIII
mer (7 janvier 2015). Une mesure de 30 individus est ainsi effectuée mensuellement afin<br />
d’obtenir une taille moyenne de longueur de la coquille. La dernière mesure obtenue est<br />
réalisée le 13 mai 2015 (Figure 15). La courbe de suivi de croissance est triphasique. Tout<br />
d’abord, une augmentation significative de la taille est observée en nurserie entre le mois<br />
d’Octobre 2014 et Novembre 2014. Le passage en saison hivernale au mois de Novembre est<br />
visible sur la courbe de croissance avec un ralentissement de la croissance jusqu’au mois de<br />
Janvier 2015. Après le 7 Janvier (date de transfert en mer), la croissance coquillière réaugmente<br />
significativement jusqu’au mois de Mai (dernière mesure).<br />
IV. Discussion<br />
Les objectifs de cette étude étaient de mieux comprendre les effets des structures en mer<br />
sur le pré-grossissement de l’ormeau Haliotis tuberculata. Deux expérimentations ont alors<br />
été mises en place. La première est l’étude du type de structures d’élevages. Ici la<br />
comparaison de taille de cages est l’un des facteurs primordiaux à prendre en compte.<br />
Effectivement, la cage Allibert à une surface plus grande (110x90x55cm) que la cage à poulet<br />
(69x45x29cm). Parallèlement, une seconde étude sur l’effet de la maille tapissant les cages<br />
en mer a été réalisée.<br />
Comment la taille de la cage peut-elle influencer la croissance des animaux ?<br />
La taille des cages peut influencer considérablement la croissance des animaux en mer,<br />
notamment en halioculture. L’ormeau a une amplitude de déplacement relativement faible<br />
(Clavier and Richard, 1982), ainsi la taille de la cage aurait une influence significative sur<br />
l’accès à la nourriture donc à la croissance. Ici, les ormeaux sont des juvéniles sortis de<br />
nurserie. Le ratio déplacement/taille aura donc plus d’influence avec des individus de petite<br />
taille. Dans les plus grandes cages (Allibert), l’animal doit parcourir de plus grandes distances<br />
pour accéder à la nourriture. Cela demande un investissement énergétique plus important<br />
que dans des structures plus petites. Cependant, dans cette présente étude, aucune<br />
13
Longueur de coquille en mm<br />
Taux de croissance des ormeaux élevés en Cages Allibert tapissées de mailles<br />
de 2 mm (CA2) ou de 6mm (CA6)<br />
Taux de croissance (mm/mois) ± erreur standard<br />
CA2 1,55 ± 0.5<br />
CA6 1,61 ± 0.5<br />
Tableau II: Taux de croissance des ormeaux élevés en Cages Allibert tapissées de 2 types de mailles<br />
ostréicoles (CA2 : Mailles de 2mm ; CA6 : Mailles de 6mm). Le taux de croissance est calculé sur les<br />
quatre premiers mois de l’expérimentation<br />
Suivi de croissance de l'ormeau en Cages Allibert de maille de 2 mm<br />
22<br />
20<br />
d<br />
20,2<br />
18<br />
c<br />
16,8<br />
16<br />
b<br />
14 b<br />
13,9<br />
12<br />
a<br />
12,8<br />
10,8<br />
10<br />
15-oct. 15-nov. 15-déc. 15-janv. 15-févr. 15-mars 15-avr.<br />
Figure 15 : Suivi de croissance des Cages Allibert tapissées d'une maille de 2 mm au cours<br />
des quatre premiers mois de l'expérimentation. Les lettres a, b, c, d au-dessus des points<br />
indiquent la significativité des tailles obtenues lors de chaque mesures. Cette significativité est<br />
obtenue à l’aide du test de Tuckey. Les barres noires représentent l’erreur standard<br />
XIII
différence significative de croissance n’a été obtenue au cours des quatre premiers mois de<br />
croissance en mer, malgré la différence de taille des cages (Tableau I). Des études internes<br />
réalisées sur plusieurs années ont montrées une meilleure croissance en petite cage (1.7<br />
contre 1.4 mm/mois, gain de taille des animaux dans des cages plus petites) (SUDEVAB,<br />
2007-2013).<br />
La densité affecte directement la croissance des animaux par le biais de la compétition pour<br />
l'espace et l’accès à la nourriture mais aussi indirectement par la dégradation de la qualité<br />
de l'eau et de l’environnement proche. Il existe donc une compétition interspécifique<br />
dépendant de la densité. (Huchette et al., 2003).<br />
Afin de supprimer ce biais, les animaux ont été transférés dans les différentes cages avec<br />
une densité d’individus équivalente. Celle-ci correspond au nombre d’ormeaux par unité de<br />
surface de coupelles installées dans la cage (plus de coupelles dans les cages Allibert).<br />
Cependant, il a été constaté lors de l’ouverture des cages (campagnes de mesures en mer,<br />
nourrissages, criblages) qu’une quantité non négligeable d’ormeaux se situait sur le fond des<br />
structures recouvertes d’algues de fourrages mais aussi sur les parois. Ainsi, les densités<br />
d’animaux par surface totale des cages grises (petites cages) sont nettement inférieures aux<br />
cages Allibert (28.4 individus/ m² de surface totale en cages grises contre 41 individus / m²<br />
de surface totale en cages Allibert).Il parait donc primordial de définir la surface réelle<br />
utilisée par l’ormeau afin d’optimiser la densité de répartition d’animaux par cages, et<br />
d’étudier quel type de densité influence la croissance des ormeaux en mer. De plus, afin de<br />
transférer les ormeaux à densité égale (par surface de coupelle), la quantité d’animaux<br />
introduits dans les Allibert était plus importante en termes de biomasse et de nombre<br />
d’individus par rapport aux cages grises. Ce facteur de nombre d’individus et de biomasse<br />
peut aussi influencer leur croissance avec une apparition de hiérarchie sociale permettant<br />
aux animaux dominants une meilleure alimentation en termes de quantité mais aussi de<br />
qualité d’algues, favorisant la croissance de ces dominants. Une hétérogénéité des tailles<br />
apparait alors (Figure 13), avec les dominants de taille importante et les dominés<br />
rachitiques.<br />
14
Les premiers individus de cette étude avaient une taille initiale significativement différente<br />
entre les types de cages (Figure 12). Les animaux transférés en cages grises avaient une<br />
longueur de coquille significativement plus importante. Ces variations de taille offrent un<br />
biais non négligeable dans l’expérimentation. Effectivement, les individus de taille<br />
supérieure peuvent ingérer plus de nourriture et ont une amplitude de déplacement plus<br />
importante. Ces paramètres influenceraient donc directement le taux de croissance. Or, ici<br />
les taux de croissance sont égaux (Tableau I). L’échantillonnage est cependant représentatif<br />
de la population initiale pour chaque type de cages, comme le démontre la Figure 13.<br />
Effectivement, les spectres de fréquences sont morphologiquement identiques entre le mois<br />
de Janvier et le mois de Mai pour chaque structure. Ce biais serait simplement la<br />
conséquence du criblage. Le calibre 1 est constitué d’individus mesurant au moins 15 mm (ici<br />
nous avons une moyenne de 31 et 28 mm). Ils sont dits hors calibre. Ne passant pas au<br />
travers des mailles des tamis, il est envisageable que la répartition des animaux en fonction<br />
des fréquences d’individus par tailles ne suive pas une loi normale. En effet dans cette<br />
population la taille minimale est de 15 millimètres mais certains individus en mesurent plus<br />
de 30mm. Ainsi le calibre 1, n’ayant pas de « limite supérieure » de taille, il est constitué de<br />
plusieurs sous-populations de tailles différentes à l’origine de l’hétérogénéité et de la<br />
différence de taille initiale lors du transfert réalisé avant ma période de stage le 9 janvier<br />
2015.<br />
A taux de croissance équivalente, il est plus intéressant de transférer les animaux en cage<br />
Allibert. Ces cages permettent d’accueillir une biomasse maximale bien plus importante que<br />
les cages grises (20 kg max en cage Allibert contre 6 Kg max en cages grises). De plus, les<br />
cages Allibert nécessitent moins de maintenance et moins de temps de conception que les<br />
cages grises. Les structures de cages Allibert (assemblages de 4 cages Allibert) sont aussi plus<br />
résistantes face aux intempéries et à l’usure du fait de leur conception. Ces cages ont une<br />
durée de vie de 15 ans contre 5 ans pour les cages grises. Le nourrissage se fait aussi plus<br />
rapidement et facilement en cage Allibert (Ouverture de 4 cages contre 20 cages pour les<br />
structures de cages grises). Ainsi, les Cages Allibert nécessitent un coût de main d’œuvre<br />
beaucoup moins important en ayant toutefois les mêmes caractéristiques de croissance.<br />
15
Néanmoins, cette étude se base seulement sur les quatre premiers mois de croissance, il est<br />
donc trop tôt pour conclure sur l’efficacité des structures de pré-grossissement. De plus, le<br />
biais de départ (différence des tailles initiales) pourrait donner des résultats controversés<br />
allant à l’encontre de la réalité. Il parait ainsi primordial de réaliser cette expérience avec<br />
une population de taille identique pour les différentes structures. De plus, des études<br />
internes antérieures indiquent une meilleure performance de pré-grossissement pour les<br />
petites cages (SUDEVAB).<br />
Comment le maillage influence-il la croissance des animaux ?<br />
La seconde partie de cette étude s’est basée sur l’effet de la maille ostréicole tapissant les<br />
parois des structures (ici : Cages Allibert).<br />
Les transferts ont été réalisés dans des cages tapissées de 2 types de mailles (maille de 2mm<br />
et maille de 6mm). En aquaculture, les problèmes principaux sont dus à d’une activité<br />
biologique importante. Celle-ci se traduit par un changement de concentration des gaz<br />
dissouts dans l’eau. Effectivement, une diminution de la quantité et de la qualité d’oxygène<br />
dissout et une augmentation de dioxyde de carbone dissout est observée en aquaculture<br />
(Basuyaux, 1997). De plus, une augmentation des sels azotés (ammoniaques, nitrates et<br />
nitrites) provoquée par les fèces, par la dégradation des algues et par la présence d’animaux<br />
morts a été observée en Halioculture en circuit semi-fermé (Basuyaux, 1997). Ces sels<br />
azotées, notamment l’ammoniaque, sont connus pour avoir un effet négatifs sur la<br />
croissance de l’ormeau (Basuyaux, 1997; Huchette et al., 2003). Cette augmentation peut<br />
devenir un facteur limitant en aquaculture, occasionnant un appauvrissement en oxygène<br />
dissous, et entrainant un développement bactérien induit par une dégradation organique<br />
(Basuyaux, 1997). Une différence de diamètre de maillage peut influencer ces facteurs. Une<br />
maille plus petite induirait ainsi un passage d’eau plus faible. Or, France Haliotis, élève ces<br />
ormeaux en pleine mer, à la sortie de l’Aber Wrac’h. Cette zone d’élevage connait un fort<br />
hydrodynamisme annulant les problèmes dus aux activités biologiques. Le brassage de l’eau<br />
16
de mer permet ainsi de diffuser les gaz organiques dissous, les sels azotés mais aussi<br />
d’expulser les fèces hors des structures.<br />
Cependant, les structures immergées en mer sont envahies d’algues, d’éponges ou encore<br />
d’ascidies. Ce fooling obstrue la maille et limite le passage d’eau. L’équipe chargée du<br />
nourrissage en mer enlève le maximum de fooling manuellement afin de maintenir le<br />
passage de l’eau, de plus chaque structure est passée au Karcher avant chaque retour en<br />
mer pour retirer la totalité du fooling. Les algues qui colonisent la partie extérieure des<br />
structures peuvent intervenir dans une certaines purification de l’eau comme par exemple<br />
avec la diminution du taux d’azote dissous (Neori et al., 1998).<br />
Haliotis tuberculata est considéré in vitro, comme un animal lucifuge. L’ormeau se cache de<br />
la lumière pour se nourrir. Une corrélation de l’augmentation de la croissance avec la<br />
diminution de la luminosité a été observée par Basuyaux en 1997. La maille de deux<br />
millimètres offre plus d’obscurité, l’ormeau devrait ainsi avoir un accès plus important à la<br />
nourriture dans le temps.<br />
Ce type de maille est connu pour limiter l’accès à la nourriture et à l’oxygène dissous pour<br />
les animaux filtreurs (huîtres). L’ormeau est un animal brouteur dont la nourriture est<br />
apportée ad libitum dans les cages. La taille de la maille aurait donc seulement comme effet<br />
biologique, une limitation de l’accès à l’oxygène. Or ici, aucune différence de croissance n’a<br />
été observée avec les deux types de mailles dans les 4 premiers mois de transfert en mer<br />
(Figure 15 et Tableau II). Ainsi, la maille de 2 mm n’aurait pas d’impact sur le passage d’eau<br />
et sur la baisse potentiel du taux d’oxygène dissous dans la cage. Ce paramètre serait à<br />
vérifier après une augmentation de biomasse. Cependant, les cages de 2mm sont plus<br />
sensibles à l’envasement et à l’ensablement que les cages de 6mm. Cette ensablement rend<br />
impossible le relevage des cages sur le bateau et peut recouvrir les ormeaux. Un fort<br />
hydrodynamisme créé des courants et des mouvements sédimentaires, induisant une<br />
accrétion de sédiments dans les cages et autour de celles-ci. Pour exemple, l’hiver<br />
2013/2014 a connu des périodes de tempêtes importantes rendant l’accès impossible à la<br />
concession pendant près de quatre mois. De nombreuses structures ont été perdues du fait<br />
d’une absence de relevage des cages (l’action de relevage des cages permet de chasser les<br />
sédiments piégés à l’intérieur) couplée au fort hydrodynamisme et aux mouvements<br />
17
sédimentaires. L’hiver 2014/2015 plutôt clément, rendait possible un soulèvement des cages<br />
tous les 15 jours à tous les mois annulant l’effet des sédiments sur les structures. Un effet de<br />
la maille pourrait alors apparaitre lors de tempêtes ou d’ensablement des structures.<br />
Les taux de croissance significativement identiques et la solidité des structures tapissées<br />
d’une maille inférieure sont encourageants pour l’avenir. Ceci permettrait de sortir plus tôt<br />
les animaux de nurserie en ayant des taux de croissance relativement bon. Les avantages de<br />
l’élevage en mer sont multiples : les ormeaux ont besoin d’être nourris une seule fois par<br />
mois, l’eau est naturellement renouvelée et sa température est relativement tamponnée<br />
comparée aux bassins de nurserie qui subissent plus de variations.<br />
La période estivale est la période de croissance optimale chez les juvéniles, toutefois, la<br />
croissance des ormeaux montre une forte variabilité spatiale et temporelle (Basuyaux,<br />
1997). En effet comme le montrent les résultats, une forte variabilité de la croissance est<br />
observée au court du temps. De plus, la période hivernale semble freiner la croissance des<br />
ormeaux (Figure 15). En hiver, du glycogène est mis en réserve dans le pied, et en été,<br />
l’indice gonadique augmente fortement entre juin et septembre (Clavier et Richard, 1985)<br />
traduisant une mobilisation d’énergie pour la reproduction. Or en pré-grossissement les<br />
individus sont immatures et allouent leur énergie principalement à la croissance. De ce fait<br />
un transfert plus précoce serait donc moins coûteux en termes de mains d’œuvre et de<br />
structure pour l’entreprise et plus bénéfique en termes de taux de croissance et de biomasse<br />
pour le pré-grossissement.<br />
Une différence de croissance importante a été observée entre les expérimentations.<br />
Effectivement, bien que les individus initiaux ne soient pas identiques, l’apparition d’un<br />
facteur 2 entre le taux de croissance moyen des individus de l’expérience sur l’effet des<br />
mailles et ceux de l’expérience de l’effet des structures a suscité l’attention.<br />
Cette différence de croissance pourrait être la résultante du stress occasionné au cours de<br />
leur histoire de vie. Effectivement, les animaux de « l’expérience de type de cages » ont subi<br />
deux anesthésies et deux criblages (2014 et 2015), alors que les animaux de « l’expérience<br />
de l’effet de la maille » n’ont subi qu’un seul criblage et une seule anesthésie. De plus, ces<br />
derniers font partie des nouveaux programmes de sélection génétique de l’ormeau Haliotis<br />
18
tuberculata. La réduction du stress occasionné couplée à une sélection génétique peut avoir<br />
un effet bénéfique sur la croissance de l’ormeau.<br />
Néanmoins, les animaux sauvages ont une croissance d’en moyenne 3.6 mm/mois durant les<br />
premières années de vie soit le double de la croissance observée en élevage à France Haliotis<br />
(Roussel et al., 2011). Ceci pourrait être expliqué par la supériorité des densités d’élevages<br />
par rapport aux densités rencontrées dans le milieu naturel. Dans la région de St Malo,<br />
Clavier et Richard (1985) ont estimé des densités de 4,5 et 3,1 ormeaux / m² sur deux sites.<br />
Cependant, l’abondance en nourriture, l’absence de classe de taille supérieure, ainsi que la<br />
protection vis-à-vis des prédateurs devrait améliorer le taux de croissance des individus en<br />
élevages extensif à France Haliotis.<br />
V. Conclusion<br />
Au vu des résultats obtenus dans cette étude et des résultats internes des études<br />
antérieures, il serait intéressant de transférer les animaux de nurserie en petites cages<br />
(cages grises) car celles-ci offriraient de meilleurs taux de croissance (non démontré ici :<br />
étude antérieure interne). Lorsque la cage atteint sa capacité de biomasse maximale (6kg), il<br />
serait judicieux de la dédoubler en cage Allibert afin d’augmenter la biomasse et de<br />
minimiser les coûts du travail de grossissement. Le dédoublage serait réalisé directement en<br />
mer, condition jugée moins stressante pour les individus.<br />
Les taux de croissance identiques obtenus avec les deux mailles recouvrant les parois des<br />
cages ont montré qu’il serait possible de réaliser des transferts en mer plus précoces et/ou<br />
d’individus plus petits. Des études internes ont révélé qu’un transfert en mer précoce<br />
réduisait le nombre de mortalités. En effet, le transfert, s’effectuant dans une eau<br />
relativement froide et tamponnée, améliorait la croissance dès l’arrivée en mer. Ce qui serait<br />
moins coûteux, plus bénéfique et avec de meilleures croissances qu’en nurserie.<br />
19
Cependant, il parait essentiel de mener cette étude plus loin dans le temps afin d’observer si<br />
un écart de croissance significative apparait en période estivale, pouvant remettre en cause<br />
les premiers résultats obtenus. Un meilleur suivi devrait être apporté à ces deux<br />
expérimentations avec une mesure mensuelle. Il serait primordial de réaliser d’autres études<br />
non biaisées, en testant plusieurs facteurs sur la croissance des juvéniles comme : la densité<br />
et le calibre des ormeaux. Il serait intéressant de refaire l’étude sur la croissance en fonction<br />
du type de structure avec des animaux de taille initiale significativement identique.<br />
Finalement une étude sur l’impact économique de ce transfert serait appropriée.<br />
VI. Références bibliographiques<br />
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281. doi:10.1016/j.aquaculture.2006.02.066<br />
20
Résumé<br />
Le pré-grossissement en mer est une étape délicate et indispensable pour la production<br />
d’ormeaux chez France Haliotis. Il s’agit de la phase clé du transfert des animaux de la<br />
nurserie vers les structures en mer, passage obligé pour atteindre la taille commercialisable.<br />
Plusieurs structures peuvent accueillir les animaux, elles varient en taille de cage et en<br />
maillage. Il parait donc important d’étudier l’effet des types de structures d’élevage sur cette<br />
étape afin d’optimiser le transfert et la croissance des animaux. Lors de ce stage, l’effet des<br />
structures est vérifié par le calcul du taux de croissance après 4 mois passés en mer. Les<br />
résultats n’indiquent aucune différence significative de croissance entre les différentes<br />
tailles de cages et entre les différents maillages. Cependant, les tailles initiales de<br />
l’expérimentation de l’effet des cages se sont avérées significativement différentes. La<br />
conception de l’expérimentation et le transfert en mer a été réalisé avant mon arrivée de<br />
stage, soit au mois de Janvier 2015. L’interprétation des taux de croissance en fonction de la<br />
taille de la cage reste remise en cause avec ce biais. Cependant les résultats obtenus lors de<br />
ce stage et les résultats de précédentes études internes indiquent qu’il serait possible de<br />
réaliser des transferts en mer plus précoces et/ou d’individus plus petits. Ce transfert<br />
précoce améliorait la croissance et serait plus bénéfique pour l’entreprise.<br />
Mots clés : Haliotis tuberculata, ormeau, croissance en mer, cages, structure, prégrossissement<br />
Abstract<br />
The pre-magnification at sea is a delicate and essential step for the production of abalone in<br />
France Haliotis. This is an important phase of the animals transfer from the nursery to<br />
offshore structures. This is a gateway to reach marketable size. Several structures can<br />
accommodate animals; they vary in size and cage mesh. Therefore, it seems important to<br />
study the effect of the types of farming structures on this step of development in order to<br />
optimize the transfer and growth of animals. In this training, the effect of the structures is<br />
verified by calculating the rate of growth after four months spent at sea. The results indicate<br />
no significant difference in growth between different sized cages and between different<br />
meshes. However, the initial sizes of the experiment of the effect of cages proved<br />
significantly different. The experiment and transfer at sea was carried out before my arrival<br />
internship either in January 2015. The interpretation of growth rates depending on the size<br />
of the cage is biased. However, these results and the results of previous internal studies<br />
indicate that it would be possible to make earlier sea transfers and / or with smaller<br />
individuals. This early transfer improved growth and would be more beneficial for France<br />
Haliotis.<br />
Keywords: Haliotis tuberculata, abalone, sea growth, cages, structures, Pre-magnification