GENEALOGIE ET ORIGINE DE QUELQUES FAMILLES VIVANT AU ...

Je dois vous avouer que pendant la guerre je devais lutter pour ma subsistance. Je n'ai pas eu faim mais j'ai
toujours dû trimer pour me procurer le pain et la viande (que le ravitaillement officiel distribuait en portions
personnelles insuffisantes). J'avais aussi des appréhensions quotidiennes car dans la Belgique occupée les
patriotes étaient épiés et punis impitoyablement. Cela ne m'a pas empêché d'accueillir et de cacher un enfant
de confession israélite chez moi. Ses parents, des fabricants de chaussures, étaient forcés de porter l'étoile de
David pendant l'occupation et chaque nuit ils étaient dans l'attente inquiète d'un enlèvement possible.
Ils décidèrent donc de vivre en réfractaires, de se cacher, de cacher leurs enfants et de changer d'identité. Je
fus un maillon de la chaîne clandestine qui soustraya les Juifs à la vigilance des Allemands. J'ai gardé ce grand
garçon (il s'appelle Michel Werber) pendant toute la guerre. Jamais personne n'a su qu'il était juif. Il est allé à
l'école à Grand-Hallet où il était considéré
comme un "enfant des villes" accueilli à la campagne pour des raisons alimentaires! J'en ai eu beaucoup de
reconnaissance. Il m'a invitée en Israël et j'y suis allée en avion. Mieux, Michel est revenu à Grand-Hallet pour
fêter mon 90e anniversaire. Il m'aime comme sa maman et je l'aime comme un fils. C'est si beau la fraternité
Louise visite Paris avec Michel
Michel danse avec Louise lors de son 90 e anniversaire
Et maintenant?
A la garde de Dieu!
Louise est en pleine forme! Elle voit très bien au loin. Elle sait lire sans lunettes. Elle mange de tout ! Elle
cuisine elle-même, elle entretient et cultive son jardin. Elle ne connait pas le docteur ... Tension? cœur?
rhumatisme? insomnie? "j'connais pas !". Elle lit beaucoup, elle sait encore chanter, elle sait encore valser,
surtout "distwèrtchî" c'est-à- dire valser à l'envers. (le vrai valseur
se reconnaît à sa faculté de distwèrtchi !). Elle roulerait encore bien à vélo mais elle s'est fait une raison il y
quelques années "il y a un temps pour tout, et à 85 ans il faut abandonner le vélo"
Elle raconte tout en deux temps : d'abord elle soupire sur l'irréversabilité du temps puis elle sourit et rit de bon
cœur.
"J'ai beaucoup souffert mais je m'en suis sortie; et puis, il y a beaucoup plus malheureux que moi" quelle belle
philosophie. Et puis "Al'wâde di Diû"
Louise arrache ses pommes de terre (à 91 ans)
A Louise
Louise, merci de ton accueil. Merci de ta bonne goutte de pèquet. Merci de ta belle leçon de vie. N’oublie pas
de m’inviter à ton centenaire.
Clap’sabot
Marie Louise RASSART, ° Grand-Hallet 10/1/1895, x Arthur Joseph RUELENS, °
Opheylissem 17/7/1892, + Tirlemont 30/12/1951
Ils eurent :
50