SEIX 17-20 octobre 2005 - Atelier Calcium
SEIX 17-20 octobre 2005 - Atelier Calcium
SEIX 17-20 octobre 2005 - Atelier Calcium
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<strong>20</strong>05<br />
Ca 2+ et signalisation : généralités (Catherine Leclerc, Toulouse)<br />
Techniques électrophysiologiques (Philippe Lory, Montpellier)<br />
Techniques d‟imagerie - nouvelles sondes (Marc Moreau, Céline Gohory, Bruno Combette)<br />
<strong>Calcium</strong> et signalisation NOD (Jean Jacques Bono, Toulouse)<br />
<strong>Calcium</strong> et signalisation des sphingolipides (Sylvie Coursol, Gif/Yvette)<br />
Analyse du signal calcique nucléaire et modélisation (Christian Brière, Toulouse)<br />
Caméras EMCCD (Bruno Combettes, Hamamatsu)<br />
Le TIRF (Emmanuelle Beccari, Nikon)<br />
Modélisation (Jacques Haiech, Strasbourg)<br />
Imagerie calcique du système olfactif de l‟abeille domestique : du cerveau à la cellule<br />
(Valérie Raymond-Delpech, Toulouse)<br />
Variations calciques dans le système nerveux central de Drosophile (Philippe Rosay,<br />
Bordeaux)<br />
<strong>Calcium</strong> signalling in Drosophila primary cultures and cell lines: combining physiology, RNA<br />
interference and microarray studies (David Sattelle, Oxford, G.B.)<br />
Coopération mortelle entre calcium intracellulaire et activité pacemaker de neurones<br />
d´insecte (Bruno Lapied, Angers)<br />
TIRF et patch optique (Marc Moreau, Toulouse)<br />
<strong>Atelier</strong> pratique TIRF (Catherine Leclerc, Toulouse)<br />
Les canaux calciques voltage-dependants comme nouvelles cibles pour le traitement de la<br />
douleur (E. Bourinet, Montpellier)<br />
Douleur neuropathique et activité électrique ectopique: Rôle des canaux chlorures Activés par<br />
le calcium (Frédérique Scamps, Montpellier)<br />
Le calcium comme marqueur d'activation des neurones DRGs en reponse aux agonistes PAR<br />
(Nathalie Vergnolle Calgary)
LA SIGNALISATION CALCIQUE<br />
Catherine Leclerc et Marc Moreau<br />
Centre de Biologie du Développement, UMR CNRS 5547, et GDR 2688 Université Paul<br />
Sabatier, 118 route de Narbonne, 31062 Toulouse cedex.<br />
Le calcium est un signal ubiquitaire contrôlant de nombreux processus cellulaires. C‟est en<br />
1883 que Sidney Ringer a montré le rôle prépondérant joué par le calcium lors de la<br />
contraction cardiaque chez la grenouille, mais ce n‟est que depuis les vingt dernières années<br />
que le rôle du calcium dans la signalisation cellulaire commence à être compris.<br />
Le calcium intervient aussi bien chez les animaux que les végétaux pour transmettre des<br />
informations perçues au niveau de la membrane de la cellule vers des cibles intracellulaires.<br />
Il intervient dans toutes les étapes de la vie : lors de la reprise de la méiose, à la fécondation et<br />
au cours de différents processus du développement embryonnaire et contrôle dans les cellules<br />
différenciées, de nombreuses fonctions physiologiques telles que la contraction musculaire, la<br />
sécrétion, la mémoire, l‟apprentissage....<br />
Comment un seul ion peut contrôler tous ces phénomènes. La signalisation cellulaire par le<br />
calcium est toujours liée à une augmentation de la concentration en Ca 2+ interne. Le signal<br />
calcique est caractérisé par son amplitude, sa durée et aussi par sa fréquence et son origine. Le<br />
signal peut durer de quelques microsecondes à plusieurs heures, peut être transitoire ou peut<br />
présenter des variations de concentration oscillatoires.<br />
1. LES SOURCES DE CALCIUM<br />
Figure 1 : les différentes voies de signalisation dépendantes du calcium. VOC : voltage operated channel, RyR :<br />
récepetur à Ryanodine, IP3R, récepteur IP3 TyrKR : récepteur à tyrosine kinase, SOC :store operated channel.<br />
Le schéma (figure 1) présente les différentes voies permettant d‟obtenir une augmentation de<br />
calcium dans la cellule. D‟une manière générale, l‟augmentation de calcium est due :<br />
soit à une entrée (un influx) de calcium venant du milieu extérieur par l‟intermédiaire de<br />
canaux calcique<br />
soit à une libération à partir des réserves internes au niveau du réticulum endo ou<br />
sarcoplasmique. Cette libération fait intervenir l‟activation de récepteurs-canaux situés sur<br />
le réticulum. Ces récepteurs peuvent être stimulés soit par l‟IP3 lors de l‟activation du<br />
cycle des phosphoinositides soit par le calcium lui-même.<br />
2
Une augmentation prolongée du niveau de calcium est toxique pour la cellule (il précipite le<br />
phosphate, source d‟énergie pour la cellule). La cellule maintient un faible niveau de calcium<br />
intracellulaire (effet tampon) grâce à l‟existence de protéines capable de fixer le calcium<br />
(<strong>Calcium</strong>-binding proteins)<br />
Le gradient de concentration pour les ions Ca 2+ est très élevé. La concentration intracellulaire<br />
est de l‟ordre de 100 nM contre 1-2 mM à l‟extérieur. Le gradient électrochimique (V-Eca)<br />
est en faveur d‟une entrée de calcium dans la cellule. Le maintien de l‟homéostasie calcique<br />
se fait grâce au fonctionnement d‟ATPases. La sortie de calcium est un processus qui<br />
nécessite de l‟énergie. De la même façon, la concentration en calcium à l‟intérieur du<br />
réticulum est très élevée, de l‟ordre de 100 µM. Ce qui veut dire que lors de la stimulation des<br />
récepteurs-canaux situés sur le réticulum le calcium va sortir selon le gradient de<br />
concentration. (sens réserve vers cytoplasme). La reconstitution des réserves nécessite<br />
l‟activation de calcium-ATPases.<br />
1.1. Les canaux calciques activés par le potentiel<br />
Dans de nombreux cas les canaux Ca 2+ sont activables par des variations de potentiel<br />
membranaire. Ce sont des canaux dit voltage dépendants. Ces canaux sont présent aussi bien<br />
sur des cellules excitables que non excitables. Lorsque la membrane est à son potentiel de<br />
repos (-70 mV), les canaux calciques sont fermés, sous l‟effet d‟une dépolarisation, ces<br />
canaux s‟ouvrent et le calcium entre dans la cellule suivant le gradient électrochimique. C‟est<br />
une diffusion passive. On distingue deux catégories de canaux calciques. La première s‟active<br />
pour de faibles dépolarisations (seuil à –50 mV) et s‟inactive rapidement. Ce sont des canaux<br />
dit bas seuil. La seconde catégories est activée pour des dépolarisations plus élevées (seuil à –<br />
30 ou –<strong>20</strong> mV) et engendre des courants qui s‟inactivent peu ou pas. Ce sont des canaux dit<br />
haut seuil. Il existe différents types de canaux calciques : classés T, L N, P, Q, R. A l‟origine<br />
la classification est fondée sur des critères électrophysiologiques (seuil d‟activation et<br />
cinétique) et pharmacologiques, depuis la classification a été affinée sur des bases<br />
moléculaires. Ces canaux présentent des différences de sensibilité aux toxines. Ainsi le canal<br />
de type L est caractérisé par sa sensibilité aux dihydropyridines contenant à la fois des<br />
agonistes comme le BayK et des antagonistes comme la nifédipine. Le type N est lui bloqué<br />
spécifiquement par une toxine peptidique isolée d‟un escargot marin (Conus geographicus, la<br />
conotoxine) ; le type P par une toxine provenant du venin d‟une araignée (Agelenopsis aperta,<br />
aga IVA).<br />
Pour en savoir plus consultez les archives de l’atelier site :<br />
http://www-cbd.ups-tlse.fr/calcium/ les fascicules <strong>20</strong>00, <strong>20</strong>01 et <strong>20</strong>04 avec les<br />
contributions de Philippe Lory.<br />
1.2. Les canaux du réticulum.<br />
1.2.1. les récepteurs à l‟IP3<br />
Localisation<br />
Ce type de récepteur est situé majoritairement au niveau du réticulum endoplasmique, mais<br />
une activité IICR (IP3-Induced <strong>Calcium</strong> Release) a été mise en évidence au niveau de<br />
l‟enveloppe nucléaire, du Golgi, de vésicules de sécrétion (controversé) et pour certains types<br />
cellulaires au niveau de la membrane plasmique (lymphocyte T humain). Trois gènes distincts<br />
3
(I-III) sont identifiés. Il existerait 2 isoformes supplémentaires (IV-V) mais les séquences<br />
sont partielles.<br />
Figure 3 : le récepteur IP3<br />
Structure<br />
Il existe 3 type de récepteurs IP3 : R1,<br />
R2, R3. D‟une manière générale, on<br />
distingue 3 domaines. Le récepteur<br />
de type 1 est celui qui est le mieux<br />
caractérisé du point de vue structurefonction.<br />
La structure primaire est présentée<br />
figure 3.<br />
Domaine N-terminal correspond<br />
au domaine de fixation à l‟IP3.<br />
Ce domaine comprend environ<br />
650 à 800 acides aminés.<br />
Domaine C-terminal : porte la fonction canal.<br />
Ce domaine contient 6 domaines transmembranaires putatifs. La partie C-terminale est<br />
cytoplasmique. Il a été mis en évidence une séquence entre les segments transmenbranaires 5<br />
et 6 capable de former un pore (23 acides aminés en forme d‟épingle à cheveux). Cette<br />
séquence est aussi capable de fixer le Ca 2+ . Cette séquence est similaire aux domaines SS1-<br />
SS2 des canaux ioniques voltages dépendants (types Na, Ca ou K).<br />
Domaine central : ce domaine d‟environ <strong>20</strong>00 acides aminés sépare le domaine de fixation<br />
IP3 à la partie canal en C-terminal. Il Sert à moduler l‟activité du récepteur et est<br />
nécessaire pour réaliser la transduction entre la fixation d‟IP3 et l‟ouverture du canal.<br />
Le récepteur est un tétramère (homo ou hétéromèrique) chacune des sous-unités portant 1 site<br />
de fixation IP3 au niveau cytoplasmique. Le mécanisme de IICR est contrôlé par un<br />
mécanisme de feedback, par le calcium lui-même. Cette régulation peut-être positive ou<br />
négative suivant la concentration en calcium cytosolique. Des concentrations en calcium de<br />
l‟ordre de la micromole inhibe la fixation d‟IP3 par contre, des concentrations plus faibles<br />
potentialisent l‟effet de l‟IP3.<br />
Une augmentation de calcium liée à l‟activation du récepteur IP3 a été mise en évidence lors<br />
de l‟activation ovocytaire, La fécondation, division cellulaire au cours du développement,<br />
développement des structures ventrales chez l‟embryon de Xénope, activation des<br />
lymphocytes T…<br />
http://www-cbd.ups-<br />
Pour en savoir plus voir Christophe Pignier fascicule <strong>20</strong>02<br />
tlse.fr/calcium/<br />
4
Pharmacologie du récepteur IP3<br />
Un inhibiteur du récepteur IP3 est l‟héparine mais son utilisation pose problème car c‟est un<br />
composé imperméant, il faut donc l‟injecter.<br />
1.2.2. Récepteur ryanodine<br />
Il forme une famille de récepteurs présentant de fortes homologies avec le récepteur IP3.<br />
Comme pour le récepteur IP3, le récepteur ryanodine est un tétramère formé de 4 sous-unités<br />
identiques de 560 kDa environ. Les 3 isoformes connues sont codées par 3 gènes différents.<br />
Ces 3 isoformes présentent une<br />
homologie importante (66% d‟identité).<br />
Initialement ces récepteurs ont été mis en<br />
évidence au niveau du réticulum<br />
sarcoplasmique des muscles<br />
squelettiques (RyR1) et cardiaques<br />
(RyR2). Depuis les récepteurs ryanodine<br />
ont été identifiés dans beaucoup d‟autres<br />
types cellulaires. Ainsi les 3 isoformes<br />
s‟expriment dans le cerveau avec des<br />
distributions spécifiques.<br />
Figure 4 : le récepteur à Ryanodine<br />
Structure<br />
Le récepteur est un tétramère formant une structure en trèfle (figure 4). Le domaine C-<br />
terminal constitue le pore ionique. Le domaine cytoplasmique interagit avec le récepteur aux<br />
dihydropyridines (DHP-sensible Ca channels ou L-type calcium channel). Il y a 3 sites de<br />
fixation Ca 2+ potentiels dans la régulation N-terminale, proche du canal.<br />
Pour en savoir plus voir fascicule <strong>20</strong>01 Michel Ronjat : http://www-cbd.ups-tlse.fr/calcium/<br />
Fonction<br />
Couplage excitation-contraction dans le muscle<br />
Dans le muscle squelettique c‟est la brusque augmentation de calcium intracellulaire<br />
survenant lors de la dépolarisation de la cellule qui active la contraction. Cette augmentation<br />
de calcium provient de la libération de calcium contenu dans le réticulum sarcoplasmique<br />
selon un mécanisme de Depolarisation Induced <strong>Calcium</strong> Release (DICR). Il existe un<br />
couplage mécanique entre le canal L et le récepteur ryanodine.<br />
Amplification de la fonction neuronale<br />
Dans le mécanisme de <strong>Calcium</strong>-Induce <strong>Calcium</strong> Release (CICR) c‟est la liaison du calcium,<br />
entré dans la cellule par l‟ouverture des canaux calciques, sur les récepteurs de type 2 ou 3,<br />
qui provoque l‟ouverture du canal ryanodine et la libération du calcium dans le cytoplasme.<br />
Ce type de mécanisme est utilisé dans les neurones pour contrôler l‟excitabilité; la<br />
transmission synaptique, la plasticité.<br />
5
Pharmacologie du récepteur Ryanodine<br />
La ryanodine est un alcaloïde extrait de Ryana speciso qui est un inhibiteur à forte<br />
concentration et activateur à faible concentration. La caféine est activatrice mais pour des<br />
concentrations de l‟ordre du mM. L‟activateur endogène du récepteur ryanodine serait le c-<br />
ADP-ribose. Toutefois, les études actuelles n‟ont pas permis de déterminer s‟il pouvait être<br />
considéré comme un messager secondaire au même titre que l‟IP3 ou l‟AMP-c. En particulier<br />
aucune étude n‟a montré que le niveau intracellulaire de c-ADP-ribose augmentait après<br />
stimulation de la cellule.<br />
1.3. Contrôle de l’homéostasie calcique<br />
Il existe plusieurs systèmes pour contrôler l‟homéostasie calcique. Les principaux sont : les<br />
échangeurs Na+/Ca 2+ et les calcium-ATPases. Nous nous intéresserons aux calcium-ATPases.<br />
1.3.1.Les calcium-ATPases<br />
Les calcium-ATPases sont localisées aussi bien sur la membrane plasmique que sur la<br />
membrane du réticulum. Elles appartiennent à la famille des ATPases de type P, assurant le<br />
transport d‟ions. Le transport est actif, le calcium se déplace contre son gradient<br />
électrochimique. Ces transports sont de plus beaucoup plus lents que les transports passifs :<br />
par exemple, un canal ionique délivre environ 10 7 ions par seconde alors que l‟ATPase-Ca 2+<br />
permet le transport de 10 à 100 ions par seconde.<br />
<strong>Calcium</strong>-ATPase de la membrane plasmique.<br />
Elles sont codées par une famille de 4 gènes : PMCA1-4. La distribution des isoformes est<br />
ubiquitaire ou localisée selon le type.<br />
Structure<br />
La taille de la molécule est de 125-140 kDa. La séquence comporte environ 1<strong>20</strong>0 acides<br />
aminés et 10 segments transmembranaires ont été identifiés. Les segments M4, M6 et M8<br />
portent des sites de fixation pour le calcium (figure 5). 80% de la protéine est du côté<br />
cytosolique. Il y a 2 boucles<br />
intracellulaires importantes. La partie<br />
C-terminale est très longue et comporte<br />
les sites de régulation les plus<br />
importants avec en particulier un site<br />
de fixation pour la calmoduline. C‟est<br />
un domaine d‟autoinhibition. Dans des<br />
conditions où la concentration en<br />
calcium intracellulaire est faible, la<br />
calmoduline n‟est pas fixée et<br />
l‟ATPase est inactive.<br />
Figure 5 : La calcium ATPase de la membrane plasmique<br />
Fonction<br />
Les dernières études montrent que la fonction des calcium-ATPases de la membrane<br />
plasmique ne se résume pas seulement à maintenir l‟homéostasie calcique. Ces protéines ont<br />
un rôle plus dynamique dans la signalisation calcique, elles contribuent à la forme du signal.<br />
6
<strong>Calcium</strong>-ATPase du réticulum sarcoplasmique (SERCA).<br />
Il existe au moins 10 isoformes codées par 3 gènes différents : SERCA1-3.<br />
Structure<br />
C‟est aussi une ATPase de type P, d‟environ 110 kda. Cette ATPase est plus petite que la<br />
précédente, elle comprend entre 994 et 1043 aa. Elle a une structure asymétrique et comprend<br />
3 domaines :<br />
Le domaine cytoplasmique qui représente environ 70% de la molécule<br />
Domaine transmembranaire avec 10 hélices<br />
Domaine se situant au niveau de la lumière du réticulum (3% de la molécule)<br />
Le domaine cytoplasmique a une structure complexe et est impliqué dans la transduction.<br />
Au niveau du domaine transmembranaire les hélices 4, 5, 6 et 8 sont impliquées dans la<br />
fixation du calcium (2 sites) et forment un canal permettant la translocation du calcium du<br />
cytoplasme vers la lumière du réticulum.<br />
Régulation<br />
En plus de régulations par phosphorylation, deux protéines de faible poids moléculaires<br />
participent à la régulation de l‟activité de cette ATPase. Il s‟agit de la Phospholamban et de la<br />
sarcolipin.<br />
La phospholamban : protéine de 52aa, possède 2 domaines. Se présente sous forme de<br />
monomère ou de<br />
Figure 6 : La SERCA<br />
contrôlée par le niveau de calcium intracellulaire.<br />
pentamère, c‟est<br />
cette dernière forme<br />
qui est active.<br />
La sarcolipin :<br />
protéine de 31 aa qui<br />
s‟exprime<br />
principalement dans<br />
les muscles rapides.<br />
L‟activité de la<br />
sarcolipin est<br />
Mécanisme de transport du calcium par les <strong>Calcium</strong>-ATPases<br />
Les PMCA et SERCA réalisent l‟hydrolyse d‟une molécule d‟ATP par cycle. Dans le cas de<br />
la PMCA 1 ion calcium est transporté , par contre la SERCA transporte 2 ions calcium par<br />
cycle.<br />
Dans le cas de la SERCA le transport de calcium s‟effectue selon mécanisme en 4 étapes.<br />
1. Fixation de 2 ions calcium sur les sites de transport côté cytoplasmique.<br />
2. L‟ATPase hydrolyse une molécule d‟ATP et fixation d‟un phosphate. Ceci conduit à<br />
l‟occlusion des sites de transport.<br />
3. Les ions calcium se dissocient lentement en direction de l‟intérieur du réticulum.<br />
4. La dernière étape est la déphosphorylation de l‟ATPase.<br />
Ce mécanisme est réversible.<br />
7
Pharmacologie des ATPases calcium dépendantes.<br />
Pour les ATPases du réticulum la thapsigargin (sesquiterpene extrait d‟une ombellifère) est un<br />
inhibiteur très sélectif, le blocage de l‟ATPase par la thapsigargin provoque une augmentation<br />
de calcium intracytoplasmique.<br />
Pour en savoir plus voir fascicule <strong>20</strong>04, Régis Bobé, http://www-cbd.ups-tlse.fr/calcium/<br />
1.4. Le courant capacitif : Une autre voie d’entrée du calcium<br />
Il s‟agit d‟un courant calcique activité par le calcium interne. Ce mécanisme particulier<br />
d‟entrée du calcium est appelé entrée de calcium capacitif, le courant calcique qui en<br />
résulte est nommé ICRAC (<strong>Calcium</strong> Release-Activated <strong>Calcium</strong> current). Le mécanisme<br />
d‟activation de ICRAC est peu connu, l‟idée prépondérante est en faveur d‟un message<br />
diffusible qui permet de faire le lien entre la libération de calcium à partir des réserves<br />
internes et l‟activation des canaux calciques au niveau de la membrane plasmique. Les études<br />
en électrophysiologie indiquent qu‟il y a en fait une grande diversité dans les phénotypes des<br />
canaux qui pourraient être responsable du courant capacitif.<br />
Le candidat le plus plausible est un canal appartenant à la famille TRP (Transient Receptor<br />
Potential channel). TRP est un photorécepteur isolé chez la Drosophile. Ce canal est un<br />
homotétramère qui présente de forte homologie avec les canaux calciques de mammifères<br />
activés par le potentiel.<br />
Sur les TRPs, voir la revue exhaustive de François Rassendren dans le fascicule de <strong>20</strong>03<br />
http://www-cbd.ups-tlse.fr/calcium/<br />
1.5. Le NAADP et cADP ribose<br />
Initialement découvert dans les microsomes d‟œufs d‟oursins (Lee et Aarhus, 1995), le<br />
NAADP mobilise le Ca 2+ dans de nombreux types cellulaires d‟organismes supérieurs. Chez<br />
les mammifères, il élève le Ca 2+ cytosolique dans les cellules de pancréas exocrine et<br />
endocrine, dans les lymphocytes T, ou encore dans les cellules neuronales (Cancela et coll.,<br />
1999 ; <strong>20</strong>03 ; Mitchell et coll., <strong>20</strong>03 ; Berg et coll., <strong>20</strong>00 ; Chameau et coll., <strong>20</strong>01 ). Cette<br />
molécule est le second messager libérant du Ca 2+ le plus actif (Cancela <strong>20</strong>01 ; Cancela et<br />
coll., <strong>20</strong>03 ; Lee <strong>20</strong>03). Le récepteur au NAADP n‟est pas encore caractérisé. L‟origine des<br />
réserves calciques mobilisées par le NAADP reste débattue. Elle pourrait être lysosomiale ou<br />
venant de l‟enveloppe nucléaire. (Mitchell et coll., <strong>20</strong>03 ; Gerasimenko et coll., <strong>20</strong>03).<br />
Sur le NAADP voir José Cancela dans le fascicule de <strong>20</strong>03<br />
http://www-cbd.ups-tlse.fr/calcium/<br />
Le cADPR est plus un modulateur qu‟un messager. Le cADPR injecté dans la cellule a peu<br />
d‟effet immédiat. L‟effet est souvent à très long terme. Il semble qu‟il puisse agir en<br />
augmentant la sensibilité des récepteurs à ryanodine (RYRs) pour le calcium. Le mécanisme<br />
de modulation de la sensibilité des RYRs est inconnu. Le cADPR ne s‟associe pas<br />
directement au RYRs, il pourrait agir par l‟intermédiaire d‟une protéine, la FK506 binding<br />
protein 12.6, associée au RYR. Le cADPR pourrait aussi agir via la pompe SERCA. (Berridge<br />
et al. <strong>20</strong>04)<br />
8
1.6. Les sphingolipides<br />
Des signaux calciques peuvent être induits indépendamment de la mobilisation des récepteurs<br />
IP3 ou des RYRs. Dans les mastocytes, le S1P (messager sphingolipidique) active aussi le<br />
récepteur IP3 pour libérer les médiateurs liés à l‟inflammation. Dans ces cellules, le S1P<br />
provoque un pic de Ca 2+ suivi par un plateau IP3 dépendant. On ne connaît pas le mécanisme<br />
de libération du Ca 2+ à partir des stocks internes. Un candidat intéressant serait la protéine<br />
CSaMPER (sphingolipid Ca 2+ release-mediating protein of endoplasmic reticulum). On ne lui<br />
connaît aucune homologie avec des canaux Ca 2+ connus, c‟est une protéine de <strong>20</strong> KD à un<br />
seul domaine transmembranaire.<br />
Pour plus de détails voir Sylvie Coursol, atelier <strong>20</strong>05 http://www-cbd.ups-tlse.fr/calcium/<br />
1.7. Les Ca 2+ binding proteins<br />
Il existe environ <strong>20</strong>0 protéines capable de lier le Ca 2+ dans une cellule humaine. Ces protéines<br />
agissent soit en effecteurs soit en tampon.<br />
Les tampons peuvent être chargés par le calcium lors des réaction on et se décharger pendant<br />
les réactions off. Ces protéines peuvent donc moduler finement le signal Ca 2+ en altérant<br />
l‟amplitude et le temps de retour à la normal du transitoire Ca 2+ . Par exemple la calbindin D-<br />
28 ou la calretinin sont des tampons très rapides alors que la parovabulmin est un tampon très<br />
lent avec une grande affinité pour le Ca 2+ . Le patron d‟expression de ces tampons est variable.<br />
Les motoneurones ont une faible capacité tampon pour le calcium ce qui permet la génération<br />
de signaux Ca 2+ rapides, mais qui les rendent plus sensibles à un effet toxique du Ca 2+ .<br />
1.8. Le calcium nucléaire.<br />
Le noyau est séparé du cytoplasme par une enveloppe nucléaire, cette enveloppe joue un rôle<br />
important dans le transport de molécules intervenant dans le contrôle de la transcription.<br />
L‟enveloppe nucléaire est constituée d‟une membrane externe en contact avec la membrane<br />
du réticulum (mais pas identique à la membrane du réticulum) et d‟une membrane interne.<br />
Ces membranes aussi bien internes qu‟externes possèdent des récepteurs IP3 ainsi que des<br />
récepteurs ryanodine. De plus côté externe il existe des ATPase calciques. L‟espace entre ces<br />
2 membranes appellé cisterne constitue donc un réservoir à calcium.<br />
Il a été montré que le calcium contenu dans la citerne nucléaire jouait un rôle dans le contrôle<br />
du transport de molécules dont la taille est comprise entre 500 Da et 60 kDa.<br />
Pour plus de détails voir les contributions de A. Malviya fascicule de 1999 et Chritian<br />
Mazars <strong>20</strong>01 http://www-cbd.ups-tlse.fr/calcium/<br />
Références<br />
Berridge MJ, Bootman MD, Roderick HL. (<strong>20</strong>03) <strong>Calcium</strong> signalling: dynamics, homeostasis and remodelling<br />
Nat Rev Mol Cell Biol. 4, 5<strong>17</strong>-29.<br />
Furuichi, T., Kohda, K., Miyawaki, A., and Mikoshiba, K. (1994). Intracellular channels.<br />
Current Opinion in Neurobiology 4, 294-303.<br />
Garcia, M. L., and Strehler, E. E. (1999). Plasma membrane calcium ATPases as critical regulators of calcium<br />
homeostasis during neuronal cell function. Front Biosci 4, D869-82.<br />
Nargeot, J., and Charnet, P. (1994). Diversité moléculaire des canaux calciques: du gène à la fonction.<br />
médecine/sciences 10, 1293-1308.<br />
9
Perez-Terzic, C., Jaconi, M., and Clapham, D. (1997). Nuclear calcium and the regulation of the nuclear pore<br />
complex. Bioessays 19, 787-792.<br />
Putney, J. W., and McKay, R. R. (1999). Capacitive calcium entry channels. Bioessays 21, 38-46.<br />
10
L’ELECTROPHYSIOLOGIE EN <strong>20</strong>05<br />
Philippe Lory<br />
Institut de Génomique fonctionnelle, Département de Physiologie<br />
141 rue de la Cardonille, 34094 Montpellier cedex 05<br />
BIOELECTRICITE.<br />
Les cellules dites excitables répondent à une stimulation en générant un courant électrique.<br />
Cette activité électrique constitue un des principaux moyens de couplage entre les signaux<br />
stimulants qui arrivent sur une cellule (variation de champ électrique, hormones et<br />
neurotransmetteurs…) et l‟activation de la réponse cellulaire. D‟un point de vue biophysique,<br />
la membrane plasmique joue un rôle essentiel dans les activités bioélectriques. La bicouche<br />
lipidique de la membrane plasmique se comporte comme un condensateur électrique capable<br />
d‟accumuler des charges et de définir une différence de potentiel électrique entre l‟intérieur et<br />
l‟extérieur de la cellule. D‟autres éléments de la membrane se comportent comme des<br />
résistances permettant le passage d‟un courant électrique. Ce sont des protéines appelées<br />
canaux ioniques qui permettent à des charges électriques, les ions, de traverser cette<br />
membrane. Le fonctionnement de ces canaux ioniques répond à des principes biophysiques<br />
désormais bien identifiés. La mesure des activités bioélectriques, c‟est à dire<br />
l‟électrophysiologie cellulaire, a connu de nombreux développements technologiques au cours<br />
de ces 50 dernières années. Citons ici les travaux de Hodgkin & Huxley en 1952 (le voltage<br />
imposé) et de Neher, Sakmann & collègues en 1978 – 1981 (le patch-clamp) récompensés par<br />
le prix Nobel.<br />
QUELQUES CHIFFRES ET DEFINITIONS ….<br />
La membrane plasmique formée par les domaines hydrophobes des phospholipides est un<br />
isolant électrique caractérisé par une résistance élevée : ~ 10 3 Ohm.cm 2 et peut supporter des<br />
gradients de potentiel élevés : 133 000V/cm<br />
La capacitance de la membrane plasmique (Cm) est de l‟ordre de 0.4 – 1.0 µF/cm 2 .<br />
Par convention, le potentiel (V en volt V) extracellulaire est définit comme étant 0 mV. La<br />
différence de potentiel mesurée aux bornes de la membrane plasmique, c‟est à dire entre<br />
l‟intérieur et l‟extérieur de la cellule est négatif. Typiquement le potentiel transmembranaire<br />
d‟une cellule animale se situe entre –30 et –90 mV et entre –150 et –<strong>20</strong>0 mV pour une cellule<br />
végétale.<br />
11
Une membrane plasmique permet le passage de charges électriques. Ce mouvement de<br />
charges est appelé courant électrique (I en Ampère A). Ce courant électrique emprunte la<br />
« résistance » membranaire : c‟est à dire les canaux ioniques (en fait, des conducteurs).<br />
L‟amplitude de ces courants électriques cellulaires se situe dans une large gamme : un seul<br />
canal produit un courant de l‟ordre du<br />
picoampère (10 -12 A), certains courants<br />
ioniques mesurés à l‟échelle d‟une cellule<br />
peut atteindre le microampère (10 -6 A). La<br />
membrane plasmique doit donc être<br />
représentée par un schéma électrique<br />
simple : une capacitance et une résistance<br />
en circuit parallèle (voir ci-contre).<br />
Membrane biologique : Circuit électrique équivalent :<br />
Conductance (G en Siemens S) versus Résistance (R en Ohm Ω). Ces deux notions se<br />
complètent : résistance met en avant la notion de contrôle du flux ionique alors que<br />
conductance privilégie la notion de flux ionique. La conductance est l‟inverse de la résistance :<br />
R = 1/G. En électrophysiologie, c‟est la notion de conductance qui prime. La valeur de la<br />
conductance unitaire caractérise un canal ionique.<br />
Loi d’Ohm : La différence de potentiel (désignée V ou U) entre deux points d‟un circuit<br />
électrique par lequel transite un courant électrique est fonction de la résistance/conductance<br />
du circuit : U = R I ou U = I/G<br />
Cette loi d‟ohm s‟applique à de nombreuses situations expérimentales en électrophysiologie :<br />
ex. mesure de la résistance d‟une pipette de patch lorsque celle ci est plongée dans le milieu<br />
extracellulaire, juste avant la réalisation du « giga-seal » (voir plus loin)<br />
Loi de Nernst : Un canal ionique est un conducteur dont le fonctionnement répond à<br />
plusieurs principes. En particulier, 1) Il existe des « portes » biophysiques qui contrôlent son<br />
ouverture et sa fermeture ; 2) tout canal ionique présente une certaine sélectivité pour une<br />
espèce ionique donnée et répond à un gradient électrochimique donné et c‟est l‟asymétrie de<br />
concentration des ions entre les milieux intracellulaire et extracellulaire qui permet leur<br />
passage au travers de la membrane et engendre le courant ionique. En général, l‟intérieur de la<br />
cellule est riche K + alors que le milieu extracellulaire est riche en Na + . Les ions Cl - et Ca 2+<br />
sont également plus concentrés à l‟extérieur de la cellule. Lors de l‟ouverture d‟un canal, le<br />
passage des ions s‟effectue selon le gradient électrochimique de l‟espèce ionique considérée.<br />
Prenons l‟exemple des canaux K + et Na + : pour un potentiel précis, le potentiel d’inversion<br />
12
ou potentiel d’équilibre, il n‟y a pas de diffusion ionique au travers de la membrane. En deça<br />
de ce potentiel, ces ions diffusent vers l‟intérieur de la cellule : on parle de courant entrant.<br />
Au delà de ce potentiel, les ions diffusent vers l‟extérieur de la cellule : on parle de courant<br />
sortant. La valeur du potentiel d‟équilibre (E) d‟un ion donné peut être calculée par<br />
l‟équation de Nernst : E ion = ( RT/ zF ) . Ln ([ion ext ]/[ ion int ])<br />
E ion : Potentiel d‟équilibre R : Constante des gaz parfaits (8.314 joules/mol.degré)<br />
T : Température absolue (273° + °C)<br />
z : Valence de l‟ion<br />
F : Nombre de Faraday (96500 coulombs par valence) Ln : Log népérien (2.303 log 10 )<br />
[ion ext ] et [ ion int ] : concentration extracellulaires et intracellulaires de l‟ion considéré<br />
On peut ainsi calculer le potentiel d‟équilibre pour chaque ion : E K = -80 mV, E Na = +60 mV,<br />
E Ca = + 100 mV (valeurs indicatives).<br />
PROPRIETES GENERALES DES COURANTS IONIQUES.<br />
Le potentiel de repos V M d‟une cellule excitable (par ex. –70 mV) est proche du potentiel<br />
d‟équilibre pour les ions K + , ce qui signifie qu‟au repos la membrane est quasi exclusivement<br />
perméable au K + . Cette caractéristique est dûe à certains canaux K + qui sont ouverts en<br />
permanence et produisent un « courant de fond » : si l‟on amène le potentiel<br />
transmembranaire à une valeur plus positive, l‟intensité du courant K + est plus grande,<br />
favorisant un retour au potentiel de repos. On dit que la membrane se comporte comme une<br />
pile au K + et que le courant K + est un courant repolarisant. A chaque instant, la valeur du<br />
potentiel membranaire dépend de l‟équilibre entre courants dépolarisants et repolarisants.<br />
L‟évolution du potentiel de membrane vers des valeurs plus positives correspond à<br />
l‟activation de courants dépolarisants, c‟est à dire une entrée de charges positives. Par<br />
convention, on dit qu‟un courant est « entrant » lorsque les charges positives transitent de<br />
l‟extérieur vers l‟intérieur de la cellule (et inversement pour un courant sortant). Les ions<br />
Na + et Ca 2+ ont des potentiels d‟équilibre très positifs si bien que dans la gamme de potentiel<br />
physiologique (de –100 mV à +80 mV), l‟ouverture des canaux Na + et Ca 2+ produit un influx<br />
de ces ions dans la cellule qui génère des courants entrants et dépolarisants. Inversement, dans<br />
cette gamme de potentiel (plus positive que le potentiel d‟équilibre aux ions K + ) il se produit<br />
un efflux d‟ions K + lors de l‟ouverture des canaux K + qui génère un courant sortant et<br />
repolarisant. Le mouvement des ions Cl - est également électrogène et régit par la loi de Nernst,<br />
mais attention (il s‟agit d‟une charge négative) : l‟entrée d‟ion Cl - créée un courant sortant, et<br />
inversement.<br />
L‟expression quantitative d‟un courant : son intensité (I en ampère) à un potentiel de<br />
membrane donné (Em), dérive de la voie d‟Ohm : I = G (Em – Eq)<br />
13
ou G est la conductance et Eq le potentiel d‟équilibre<br />
L‟électrophysiologiste aime représenter son canal<br />
favori avec sa courbe courant-potentiel (courbe I-<br />
V). Cette relation I-V dérive de la loi d‟Ohm en<br />
intégrant d‟une part, la composante électromotrice<br />
du courant (I = G (Em – Eq)) et d‟autre part la<br />
voltage-dépendance de l‟activation du canal. Ainsi,<br />
la courbe I-V d‟un courant calcique a une forme<br />
en « V » (voir ci contre) caractéristique indiquant<br />
Activation<br />
-100 -50<br />
Vm (mV)<br />
Cell attached<br />
(canal unique) :<br />
Inside-out<br />
Courbe courant potentiel :<br />
0.5<br />
1<br />
I (nA)<br />
le seuil d‟activation et le potentiel d‟inversion Eq du courant. Il est important de noter,<br />
toutefois, que la valeur du potentiel d‟inversion (~ +50 mV) reste éloigné du potentiel<br />
d‟équilibre théorique pour l‟ion Ca 2+ (~ +130 mV). A ce jour, la raison du décalage entre<br />
potentiel d‟inversion et d‟équilibre pour les canaux calciques n‟est pas identifié, ces canaux<br />
étant hautement sélectifs pour les ions Ca 2+ .<br />
L’ENREGISTREMENT DE COURANTS IONIQUES.<br />
L‟activité électrique d‟une cellule excitable au cours du temps dépend des courants ioniques<br />
qui modulent, et sont modulés en retour, par le potentiel membranaire. Mesurer ces courants<br />
ioniques nécessite un contrôle du potentiel membranaire. On enregistre les courants ioniques<br />
en utilisant la technique de voltage imposé (voltage-clamp). Cette approche consiste à utiliser<br />
un amplificateur opérationnel pour contrôler en permanence le potentiel de membrane afin<br />
d‟enregistrer le courant ionique à l‟état stationnaire. Différentes approches techniques<br />
permettent des mesures en voltage imposé : simple microélectrode, double microélectrodes et<br />
bien sur le patch-clamp… Certaines techniques permettent d‟enregistrer l‟activité électrique<br />
sur des préparations multicellulaires. Je présenterai ici uniquement la technique de patchclamp<br />
qui permet la mesure de courants ioniques à l‟échelon de la cellule unique.<br />
Le patch-clamp (voir ci contre) est la<br />
technique la plus performante pour enregistrer<br />
les courants ioniques cellulaires. Elle consiste<br />
à coller une pipette de verre (borosilicate,<br />
quartz..) sur une cellule. Un gigaseal est<br />
obtenu lorsque l‟on atteint l‟étanchéité ionique<br />
dans cette configuration : la résistance est de<br />
l‟ordre de 10 12 Ω. Cette résistance élevée<br />
permet d‟établir un circuit électrique<br />
connectant le milieu intracellulaire avec le<br />
Whole Cell<br />
(cellule entière)<br />
Outside-out<br />
milieu intra-pipette. La mesure d‟un courant ionique via l‟électrode de la pipette est alors<br />
Eq<br />
+50<br />
14
possible. Lors de la réalisation du gigaseal, seule la microsurface membranaire délimitée par<br />
la pointe de la pipette est électriquement controlée. Cette configuration du patch-clamp est<br />
appelée « cell-attached ». Si un canal est présent sur ce « patch » de membrane, le passage<br />
d‟ions peut-être détecté : on parle alors de courant unitaire (canal unique ou single channel).<br />
Si l‟on casse cette membrane, on permet une continuité électrique entre le milieu intra-pipette<br />
et le compartiment intracellulaire (configuration cellule entière ou whole cell) et l‟activité de<br />
l‟ensemble des canaux de cette cellule peut être mesurée : on parle de courant macroscopique<br />
( ou whole cell recording). D‟autres configurations peuvent être obtenues par le jeu de suction<br />
et de retrait de la pipette : inside-out et outside-out. Ces variantes de la configuration « canal<br />
unique » permettent d‟étudier les propriétés biophysique d‟un canal d‟une façon<br />
complémentaire : en inside-out, la face intracellulaire du canal est dans la chambre<br />
d‟enregistrement ce qui permet d‟étudier les régulations intracellulaires du canal.<br />
Ces différentes configurations peuvent donc être utilisées pour enregistrer des courants<br />
calciques. Il convient toutefois de respecter certaines règles pour ces enregistrements. En<br />
particulier, la composition des milieux intracellulaire et extracellulaire doit être adaptée. Afin<br />
de mesurer un courant calcique, il faut<br />
s‟affranchir des autres conductances, Na + ,<br />
et K + en particulier. En configuration<br />
cellule entière, la substitution du Na +<br />
extracellulaire par du TEA<br />
(tetraethylammonium) et la substitution<br />
du K + intracellulaire par du Cs + est une<br />
possibilité. Des bloqueurs<br />
pharmacologiques et toxines peuvent être<br />
Activation<br />
Mesure du courant calcique :<br />
-30 mV<br />
50 pA<br />
Inactivation<br />
<strong>20</strong> ms<br />
-110 mV<br />
Déactivation<br />
également utilisés. Ceci permet d‟enregistrer un courant entrant (vers le bas) qui est porté par<br />
les ions Ca 2+ (voir ci dessus). Les ions Ca 2+ peuvent être substitués par des ions Ba 2+ (Baryum)<br />
ou Sr 2+ (Strontium) qui sont aussi perméants pour les canaux calciques. Une analyse<br />
biophysique des courants calciques peut alors être effectuée. Aux différentes composantes de<br />
ce courant : activation, inactivation, déactivation.. correspondent des changements<br />
conformationnels des canaux (Fermé – Ouvert – Inactivés). L‟ensemble des paramètres<br />
d‟enregistrement et d‟analyse des canaux sera présenté et discuté lors de la présentation.<br />
15
NOUVELLES SONDES POUR DETECTER LE CALCIUM<br />
Marc Moreau, Catherine Leclerc et Patrice Thuleau*<br />
Centre de Biologie du Développement, UMR 5547, et GDR 2688, Université Paul Sabatier,<br />
118 route de Narbonne, 31062 TOULOUSE Cedex 4<br />
* UMR CNRS-UPS 5546, et GDR 2688 Pôle de Biotechnologie Végétale, 24, Chemin de<br />
Borde Rouge, BP 426<strong>17</strong> Auzeville, 31326 CASTANET-TOLOSAN<br />
Dès 1925 Mc Callum recherchait un indicateur coloré pour visualiser les concentrations<br />
calciques dans les phénomènes physiologiques et la première communication montant les<br />
mouvements de calcium lors du déplacement de l‟amibe fut publiée en 1928 par Pollack. En<br />
1957 Hodgkin mesure à l‟aide de 45 Ca 2+ les mouvements de calcium dans l‟axone géant de<br />
calmar. L‟évolution de nos connaissances sur la signalisation calcique est intimement liée à la<br />
découverte et la purification d‟une protéine luminescente, sensible au calcium, ou<br />
photoprotéine, l‟aequorine, (Shimomura et al. 1962). L‟aequorine a été utilisée par Ridgway<br />
& Ashley quelques années plus tard (Ridgway and Ashley 1967), en tant qu‟indicateur<br />
calcique, pour faire la première mesure de Ca 2+ libre dans la fibre musculaire géante de<br />
balanne.<br />
L‟imagerie restait difficile. Dans les années 80, Roger Tsien a mis au point des sondes<br />
fluorescentes pour quantifier le calcium intracellulaire. Ce fut d‟abord le Quin2 puis le<br />
populaire Fura2. Ces sondes ont permis de décrire les mouvements de calcium avec une très<br />
bonne définition spatio-temporelle et avec une relative facilitée de calibration.<br />
Les sondes permettant de détecter le calcium sont toutes composées d‟un calcium-sensor<br />
couplé à un système de fluorochromes dont les propriétés spectrales varient en fonction de la<br />
liaison avec le calcium. Les sondes bioluminescentes du type aequorine nécessitent l‟adition<br />
d‟un co-facteur. Les sondes chimiques fluorescentes n‟ont pas besoin de cet ajout.<br />
Le fonctionnement et les propriétés de ces différentes sondes peuvent être consultés sur le<br />
site de l’atelier : http://www-calcium.ups-tlse.fr/atelier/archives.php dans les cours 1999,<br />
<strong>20</strong>00, <strong>20</strong>01 et <strong>20</strong>04.<br />
Cependant les sondes fluorescentes ne peuvent pas être adressées à des compartiments<br />
déterminés de la cellules (noyau, mitochondrie, membrane…) ou des cellules précises d‟un<br />
organe. De plus des phénomènes de compartimentation et de fuite se surajoutent ce qui rend<br />
leur utilisation très limitée dans le temps. Par exemple, dans les cellules HeLa la<br />
compartimentation du Fluo3 intervient en 10 à 15 minutes seulement.<br />
Depuis quelques années des sondes codées génétiquement sont apparues. Elles s‟expriment<br />
dans les cellules après transfection, peuvent être adressées à différents compartiments et ne<br />
présentent pas de phénomènes de fuite. Elles permettent des mesures à long terme ce qui est<br />
très utile en biologie du développement. Cependant elles ont souvent une moins bonne<br />
dynamique que les sondes classiques. Les nouvelles sondes peuvent détecter les variations de<br />
Ca 2+ , de pH, voire de potentiel de repos des cellules.<br />
Ces sondes sont divisées en 2 catégories les sondes doubles composées de deux sondes<br />
fluorescentes séparées par un linker qui est une calcium binding protéine telle la calmoduline<br />
(sondes caméléons). les sondes simples sont composées d‟une molécule fluorescente souvent<br />
dérivée de la GFP combinée avec une séquence calcium dépendante.<br />
16
LES SONDES CAMELEONS<br />
Les sondes « caméléon » ont été développées dans le groupe de Roger Tsien à San Diego<br />
(Miyawaki et al. 1997). Elles allient les avantages de l‟aequorine, de par leur nature protéique,<br />
avec ceux de la fluorescence. Ce sont des protéines de fusion entre des variantes de la GFP.<br />
Une GFP mutée émettant soit dans le bleu (BFP) soit dans le cyan (CFP) est fusionnée à la<br />
calmoduline (CaM), elle-même reliée au peptide M13 (peptide reconnu par le complexe Ca 2+ -<br />
CaM) ; M13 est enfin fusionné soit à la GFP émettant dans le vert soit à la YFP émettant dans<br />
le jaune. En absence de calcium, la BFP ou la CFP excitée respectivement à 370 ou 440 nm<br />
va émettre une fluorescence à 440 ou 480 nm. En présence de calcium, le complexe Ca 2+ -<br />
CaM va venir s‟associer au peptide M13, ce qui va provoquer un changement<br />
conformationnel de la sonde et un rapprochement des GFP fusionnées. Par un mécanisme de<br />
FRET, l‟émission de fluorescence émise par la BFP ou la CFP permettra d‟exciter<br />
respectivement la GFP ou l‟YFP qui émettra alors à 510 nm ou 535 nm. Le changement de<br />
fluorescence ou plus exactement le rapport de fluorescence mesuré (510/440nm ou<br />
535/480nm) est proportionnel à la quantité de calcium, permettant ainsi un dosage fin de la<br />
concentration de l‟ion.<br />
Le phénomène de FRET a été traité dans le cours <strong>20</strong>01, <strong>20</strong>02, <strong>20</strong>03, http://wwwcalcium.ups-tlse.fr/atelier/archives.php<br />
La première génération de protéines caméléon synthétisées (Miyawaki et al. 1997) est<br />
apparue néanmoins peu fiable. En effet, elles se sont rapidement avérées sensibles au pH et au<br />
chlore. Une nouvelle série de sondes a été par la suite élaborée par une fusion entre la CFP et<br />
une YFP modifiée, ayant subi deux mutations (V68L et Q69K). Cette nouvelle sonde, appelée<br />
« yellow cameleon » 2.1 (YC 2.1), s‟avère insensible aux variations de pH cytosolique<br />
(Miyawaki et al. 1999). Il existe aussi des protéines caméléon (YC3 et YC4) possédant une<br />
plus faible affinité pour le calcium, capables de mesurer des variations de calcium au niveau<br />
du réticulum endoplasmique (Miyawaki et al. 1999). Une nouvelle protéine caméléon, YC6.1<br />
a été mise au point (Truong et al. <strong>20</strong>01) en utilisant les propriétés du complexe CaM associé<br />
au peptide CKKp (CaM-dependent kinase kinase, (Osawa et al. 1999)). Ainsi, la structure de<br />
YC6.1 permet d‟améliorer l‟efficacité du FRET d‟un facteur 2 contre 1.6 pour YC2.1. La<br />
sonde YC6.1 permet de suivre les variations de calcium induites par l‟histamine dans des<br />
cellules HeLa et dans des neurones d‟hippocampe par le glutamate (Truong et al. <strong>20</strong>01).<br />
Céline Gohory vous présentera les applications avec cette sonde.<br />
De par leur nature protéique, les sondes caméléon peuvent être introduites dans des<br />
organismes vivants par génie génétique et être adressées à un organite ou un compartiment<br />
donné. Par ailleurs, elles présentent des avantages supplémentaires. En effet, au delà du fait<br />
qu‟elles permettent des mesures ratiométriques comme certaines sondes fluorescentes,<br />
l‟intérêt de ces protéines caméléon par rapport à l‟aequorine est d‟une part qu‟elles ne<br />
nécessitent pas de reconstitution, d‟autre part qu‟elles génèrent une quantité de lumière<br />
(fluorescence) suffisante pour envisager des mesures et de l‟imagerie à l‟échelle d‟une cellule<br />
unique (l‟aequorine n‟émet qu‟un photon, lors de la liaison avec le calcium).<br />
Dans le domaine animal, l‟utilisation de ces sondes (YC2, YC4), adressées au réticulum<br />
endoplasmique et aux mitochondries a permis de confirmer et d‟approfondir le rôle des<br />
mitochondries dans le contrôle du remplissage en calcium du réticulum, la création de<br />
domaines à forte concentration en calcium du réticulum et la génération des oscillations<br />
calciques cytosoliques (Arnaudeau et al. <strong>20</strong>01; Arnaudeau et al. <strong>20</strong>02).<br />
<strong>17</strong>
La sonde caméléon YC2.1 a été introduite chez le ver Caenorhabditis elegans sous le<br />
contrôle de promoteurs spécifiques permettant l‟expression de cette sonde soit dans les<br />
muscles du pharynx soit dans les neurones (Kerr et al. <strong>20</strong>00). Il existe aussi plusieurs lignées<br />
de drosophile exprimant YC2.1 au niveau des neurones de projection (Diegelmann et al.<br />
<strong>20</strong>02; Fiala et al. <strong>20</strong>02) et au niveau des neurones thermosensibles chez la larve (Liu et al.<br />
<strong>20</strong>03). Ces organismes transgéniques pour YC2.1 ouvrent la possibilité de réaliser in vivo des<br />
études de comportement (i.e ; apprentissage des odeurs chez la drosophile) tout en bénéficiant<br />
des nombreux mutants identifiés chez ces deux organismes.<br />
Chez les végétaux, Gethyn Allen dans le groupe de Julian Schroeder a récemment exprimé<br />
la sonde caméléon YC 2.1 chez A. thaliana (via A. tumefaciens). Il a ainsi pu mesurer et<br />
visualiser chez cette plante les variations de calcium dans les cellules de garde des stomates,<br />
induites en réponse à différents stimuli, en particulier l‟acide abscissique (ABA). (Allen et al.<br />
1999; Allen et al. <strong>20</strong>00; Pei et al. <strong>20</strong>00; Allen et al. <strong>20</strong>01; Schroeder et al. <strong>20</strong>01; Allen et al.<br />
<strong>20</strong>02).<br />
Grâce à ce système expérimental, Allen et ses collègues ont pu montrer que l‟ABA, le<br />
calcium extracellulaire ainsi que le peroxyde d‟hydrogène (H 2 O 2 ), trois stimuli induisant la<br />
fermeture des stomates, provoquent des oscillations calciques dans les cellules de garde. Par<br />
contre le mutant det 3, chez lequel ces trois signaux ne provoquent pas la fermeture des<br />
stomates, ne présente aucune oscillation calcique. En revanche chez ce dernier, si on génère<br />
artificiellement des oscillations, on peut restaurer la fermeture des stomates (Allen et al.<br />
<strong>20</strong>00). Par la suite, Allen a pu montrer que la fréquence, le nombre, la durée et l‟amplitude de<br />
ces oscillations calciques étaient importants pour la réponse biologique (Allen et al. <strong>20</strong>01).<br />
Enfin, chez un mutant hypersensible à l‟ABA (era1-2) qui présente à de faibles concentrations<br />
en hormone une fermeture accrue des stomates, l‟intensité des oscillations calciques en<br />
réponse à l‟ABA est plus importante en comparaison de celle mesurée chez une plante<br />
sauvage (Allen et al. <strong>20</strong>02).<br />
Ces données suggèrent que les cellules de garde sont capables de décoder l‟information<br />
portée par les oscillations calciques pour répondre de manière appropriée au stimulus initial.<br />
Il est à attendre que d‟autres travaux utilisant ces sondes caméléon devraient dans le futur<br />
apporter encore de nouveaux éclairages sur l‟importance de la signalisation calcique chez les<br />
végétaux.<br />
LES PERICAMS<br />
Les sondes caméléon présentent toutefois un inconvénient : leur faible dynamique. En<br />
effet, en présence de calcium l‟intensité de fluorescence augmente seulement d‟un facteur 1.6<br />
à 2, respectivement pour YC2.1 et YC6.1. Dans le but d‟améliorer leur dynamique, plusieurs<br />
groupes ont mis au point un autre type de sonde calcique utilisant une seule GFP. Ces sondes<br />
appelées Camgaroo (Baird et al. 1999), Pericam (Nagai et al. <strong>20</strong>01) ou G-CaMP (Nakai et al.<br />
<strong>20</strong>01) sont conçues sur le principe d‟une GFP circularisée (cpGFP) par permutation de la<br />
partie N et C terminale de la GFP (Baird et al. 1999).<br />
On distingue les flash pericams qui présentent une augmentation de fluorescence lorsque<br />
la [Ca 2+ ] i croit et les inverse pericams qui fournissent une diminution de fluorescence lorsque<br />
la [Ca 2+ ] i augmente. Les ratiometric pericams permettent une excitation à deux longueurs<br />
d‟onde et une calibration précise.<br />
Toutes ces nouvelles sondes présentent une dynamique allant de 7 à 10, ce qui est<br />
nettement supérieur aux sondes caméléon mais qui reste encore très inférieur aux sondes<br />
fluorescentes classiques comme le fluo3 dont la dynamique est de 40. Deux inconvénients<br />
18
dans l‟utilisation de ces sondes sont à signaler, leur sensibilité vis-à-vis du pH et le repliement<br />
de la cpGFP qui nécessite une température inférieure à 37°C. Très récemment, la protéine<br />
fluorescente sensible au calcium, G-CaMP a toutefois permis de réaliser une cartographie du<br />
cerveau de la mouche Drosophila melanogaster en réponse aux odeurs (Wang et al. <strong>20</strong>03).<br />
LES NOUVEAUX CALCIUM SENSORS<br />
Les caméléons à base de CaM posent problème car souvent la CaM interagit avec la<br />
machinerie cellulaire en particulier avec les CaM endogènes rendant la sonde inefficace. Les<br />
troponeons constituent un système plus neutre. La troponine C, (calcium sensor des muscles<br />
squelettiques et cardiaques) remplace la partie CaM. La troponine C se lie avec peu de<br />
proteines endogènes (Heim and Griesbeck <strong>20</strong>04).<br />
Les fragments de troponine de muscle squelettique de poulet ou de troponine cardiaque<br />
humaine sont insérés entre la CFP et la citrine ce qui donne des des S-troponeons ou des C-<br />
troponeons. Il n‟y a pas besoin de rajouter le segment M13. La réponse est une réaction FRET<br />
avec une affinité comprise entre 0.5 et 1.2 µM. Il existe un mutant basse affinité de 30 µM.<br />
les troponéons ont une dynamique conservée lorsqu‟ils sont adressés à la membrane à l‟aide<br />
d‟une fusion avec la synaptobrevin alors que les caméléons ont une dynamique diminuée dans<br />
les mêmes conditions. Les troponeons se comportent mieux que les caméléons lorsqu‟ils sont<br />
adressés à des domaines subcellulaires.<br />
D‟autre part, R. Tsien vient de faire une nouvelle sonde en fabricant une calcium binding<br />
molecule n‟interférant pas avec les protéines endogènes. Il replace dans le module CaM, 4<br />
résidus basiques par 4 résidus acides. Ce mutant MLCK permet de réduire 10 000 fois<br />
l‟affinité pour la CaM native. La nouvelle sonde CaM/MLCK a été insérée dans une caméléon<br />
YC3.3, la sonde résultante, appelée D1, répond par FRET de la même manière que la<br />
caméléon. Le FRET n‟est pas affecté par l‟addition de CaM. La dissociation avec le calcium<br />
est accrue. Ces sondes YC peuvent être utilisées en microscopie bi –photonique.<br />
ORGANISMES TRANSGENIQUES<br />
Les premiers succès animaux ont été obtenus chez les invertébrés : la drosophile et<br />
Coenorabditis elegans. Chez les mammifères les résultats sont plus mitigés sans doute en<br />
raison d‟interactions des caméléons avec des protéines endogènes. Par contre on peut faire des<br />
transfections transitoires par électroporation : par exemple, dans le muscle, les caméleons<br />
peuvent rester fonctionnelles pendant 3 semaines.<br />
Des souris transgéniques pour les pericams inverses et les camgaroo ont été réalisées sous<br />
contrôle d‟un promoteur tétracycline. La sonde était exprimée dans le système nerveux. Des<br />
mesures ont pu être faites sur des animaux âgés de 8 à 12 semaines. Les changements in vivo<br />
sont cependant plus faibles que ceux observés sur les cultures de cellules (Hasan et al. <strong>20</strong>04).<br />
Chez les plantes, la caméléons sont assez utilisés.<br />
Pensez à consulter Catherine Leclerc et Patrice Thuleau, fascicule <strong>20</strong>02, http://wwwcalcium.ups-tlse.fr/atelier/archives.php<br />
Bibliographie<br />
Allen GJ, Murata Y, Chu SP, Nafisi M, Schroeder JI (<strong>20</strong>02) Hypersensitivity of abscisic acid-induced cytosolic<br />
calcium increases in the Arabidopsis farnesyltransferase mutant era1-2. Plant Cell 14(7): 1649-1662.<br />
Allen GJ, Kwak JM, Chu SP, Llopis J, Tsien RY et al. (1999) Cameleon calcium indicator reports cytoplasmic<br />
calcium dynamics in Arabidopsis guard cells. Plant J 19(6): 735-747.<br />
19
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<strong>20</strong>
APPLICATION : ETUDE D’UNE VOIE DE SIGNALISATION CALCIQUE DANS LE<br />
FOLLICULE PILEUX HUMAIN AVEC LA SONDE CAMELEON YC6.1<br />
Céline GOHORY<br />
Centre de Biologie du Développement, UMR 5547, Université Paul Sabatier, 118 route de<br />
Narbonne, 31062 Toulouse Cedex 4<br />
Nous avons testé les performances de la sonde caméléon YC6.1 (Truong et al, <strong>20</strong>01).<br />
Cette sonde est constituée de deux GFP modifiées (CFP et YFP), et de deux fragments de<br />
calmoduline reliés par le peptide CKKp (CaM – dependent kinase kinase, Osawa et al, 1999).<br />
Cette sonde permet, lorsqu‟elle fixe le calcium un phénomène de FRET (Fluorescence<br />
Resonance Energy Transfer) entre CFP et YFP. Le rapport de fluorescence YFP / CFP permet<br />
de mesurer la concentration intracellulaire en calcium.<br />
La sonde est introduite par transfection. Le protocole de transfection ainsi que la<br />
fonctionnalité de la sonde ont tout d‟abord été testés sur des cellules Hela (lignée cellulaire de<br />
kératinocytes issue d‟un cancer des ovaires humain). La lipofectine (Invitrogen) est utilisée<br />
comme agent transfectant.<br />
Les cellules sont cultivées dans un milieu D - MEM (Milieu de Eagle modifié par<br />
Dulbecco) à forte teneur en glucose (Gibco) supplémenté de facteurs de croissance et<br />
d‟antibiotiques.<br />
Dès que les cellules atteignent un pourcentage de confluence suffisant (de l‟ordre de<br />
70%), elles sont transfectées (4µg d‟ADN) à l‟aide de la lipofectine selon le protocole<br />
Invitrogen. Les mesures peuvent être réalisées 24 heures après la transfection.<br />
Les cellules sont alors transférées dans un milieu non autofluorescent préparé au<br />
laboratoire : le KRH (Krebs Ringer Hepes Buffer) dont la composition est la suivante : KCl<br />
5mM, MgSO 4 1.25 mM, NaCl 125 mM, Hepes 25 mM, Glucose 8 mM, KH 2 PO 4 1.25 mM, et<br />
CaCl 2 1.5 mM. L‟imagerie est réalisée sur un microscope inversé à épifluorescence (Nikon<br />
Eclipse TE<strong>20</strong>00 – E, objectif à immersion x63 N.A. : 1.4). L‟enregistrement des mouvements<br />
de calcium est effectué grâce à une caméra triCCD et le logiciel Aquacosmos 2.5 (système<br />
Ashura commercialisé par la société Hamamatsu). Une addition de 10 µM d‟histamine dans<br />
le milieu extérieur entraîne une libération de calcium à partir des stocks internes. Dans de<br />
nombreux cas nous observons des oscillations de la concentration en calcium intracellulaire<br />
pouvant durer plus de 10 minutes.<br />
Cette validation nous a permis d‟étudier le rôle prépondérant joué par une voie de<br />
signalisation calcique dans le développement du follicule pileux humain.<br />
A l‟heure actuelle, aucun traitement pour palier la chute de cheveux ne donne entière<br />
satisfaction, il est donc important de comprendre quels sont tous les mécanismes moléculaires<br />
mis en jeu lors du cycle pilaire. Il a été démontré que la protéine noggin, antagoniste des<br />
BMPs joue un rôle dans ce cycle en participant à l‟initiation de la phase de croissance du poil<br />
(Botchkarev et al, <strong>20</strong>01). Or, il a été démontré dans notre équipe que noggin était capable<br />
d‟induire une augmentation de calcium intracellulaire dans les cellules de l‟ectoderme lors de<br />
la détermination neurale chez le xénope (Leclerc et al, 1997). Nous avons donc voulu<br />
analyser l‟effet de noggin dans des cellules du follicule pileux humain lors de la phase de<br />
croissance du cheveu (phase anagène).<br />
A partir de biopsies de cuirs chevelus, nous avons effectué des microdissections de<br />
follicules pileux en phase de croissance afin de prélever les principaux tissus qui le composent<br />
pour réaliser des primo – cultures de cellules de plusieurs types :<br />
21
des cellules de la papille dermique du follicule pileux humain (fibroblastes). La<br />
papille dermique se situe à l‟extrémité de la racine du poil et lui apporte tous<br />
les éléments nutritifs nécessaires à sa croissance<br />
des kératinocytes de la gaine épithéliale externe du follicule pileux humain.<br />
Cette gaine est une continuité de l‟épiderme et contient au niveau du site<br />
d‟insertion du muscle arrecteur des cellules souches du cheveu.<br />
La transfection est réalisée avec la lipofectine pour les kératinocytes. Le JETPEI TM<br />
(Qbiogen) comme agent transfectant donne de meilleurs résultats avec les fibroblastes. Ce<br />
produit est moins toxique et permet une meilleure survie cellulaire.<br />
Les cellules du follicule pileux sont stimulées avec la protéine noggin (1 µg/ml)<br />
produite au laboratoire grâce à une lignée de cellules d‟ovaires de hamster, les CHO – B3.<br />
Nous avons pu mettre en évidence une augmentation intracellulaire de calcium dans le<br />
cytoplasme des cellules du follicule pileux quelques minutes après addition de noggin dans le<br />
milieu. Il reste à déterminer le rôle crucial que pourrait jouer le calcium dans le cycle pilaire à<br />
la suite de l‟intervention de noggin.<br />
Bibliographie<br />
Kevin Truong, Asako Sawano, Hideaki Mizuno, Hiroshi Hama, Kit I. Tong, Tapas Kumar Mal, Atsushi<br />
Miyawaki and Mitsuhiko Ikura : FRET – based in vivo Ca2+ imaging by a new calmodulin – GFP fusion<br />
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Masanori Osawa, Hiroshi Tokumitsu, Mark B. Swindells, Hiroyuki Kurihara, Masaya Orita, Tadao Shibanuma,<br />
Toshio Furuya and Mitsuhiko Ikura : A novel target recognition revealed by calmodulin in complex with Ca2+calmodulin<br />
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Leclerc C. , Daguzan C. , Nicolas MT. , Chabret C. , Duprat AM. , Moreau M. , : L – Type calcium channel<br />
activation controls the in vivo transduction of the neuralizing signal in the amphibian embryos. Mech. Dev. 1997<br />
Jun ; 64 (1-2) : 105 - 10<br />
22
ASHURA : LE FRET PAR HAMAMATSU UTILISATION D’UNE CAMERA TRI-<br />
CCD ORIGINALE POUR L’ANALYSE DU FRET EN TEMPS REEL<br />
Bruno Combettes<br />
Hamamatsu Photonics France rue du saule trapu, parc du moulin de Massy, BP 229 91882<br />
MASSY Cedex<br />
Caméra tri-CCD<br />
CYR<br />
prism<br />
Nouveau prisme : Cyan, Yellow, Red<br />
23
Emission<br />
Pas de signal accepteur sur le capteur ‘donneur’<br />
Monitoring en temps réel du bleaching de l‟accepteur (cube YFP) sur le capteur magenta:<br />
quand accepteur ~ 0 , triggering de la mesure du donneur (sans accepteur)<br />
Efficacité du FRET : E = 1 – d‟/d<br />
d’ : donneur avec accepteur (avant bleaching)<br />
d : donneur sans accepteur (après bleaching)<br />
24
CALCIUM ET SIGNALISATION NOD<br />
Jean-Jacques Bono<br />
Surfaces Cellulaires et Signalisation chez les Végétaux, UMR 5546 CNRS-UPS, Pôle de<br />
Biotechnologie Végétale, 24 chemin de Borde Rouge BP 426<strong>17</strong> Auzeville, 31326 Castanet-<br />
Tolosan<br />
INTRODUCTION :<br />
Les plantes de la famille des Légumineuses sont capables d‟établir une relation<br />
symbiotique avec les bactéries du sol du genre Rhizobium. La symbiose se caractérise par la<br />
présence d‟organes particuliers, situés au niveau de la racine, appelés nodule ou nodosités au<br />
sein desquels la bactérie réduit l‟azote atmosphérique en ammoniac, assimilable par la plante.<br />
En contre partie, la plante fournit à son symbiote une niche écologique et les substrats<br />
carbonés issus de la photosynthèse, nécessaires à son métabolisme. Une des propriétés<br />
fondamentales de la symbiose Rhizobium/Légumineuses est sa spéficité d‟interaction. En effet<br />
une bactérie donnée ne peut noduler qu‟un nombre limité de légumineuses (parfois un seul<br />
genre) et réciproquement. L‟établissement de cette reconnaissance spécifique résulte d‟un<br />
dialogue moléculaire entre les deux partenaires schématisé sur la Figure 1.<br />
Plante-hôte<br />
( Medicago truncatula )<br />
Flavonoides<br />
Rhizobium<br />
( Sinorhizobium meliloti )<br />
Nod<br />
D<br />
* *<br />
nodD<br />
gènes nod structuraux<br />
Formation du Nodule<br />
Facteurs Nod<br />
Figure 1 : La symbiose Rhizobium/Légumineuses : un dialogue moléculaire entre la plante et<br />
la bactérie<br />
Dans un premier temps, la plante produits des exsudats racinaires contenant des<br />
flavonoïdes, qui, perçus par la bactérie, vont activer la transcription de gènes particuliers : les<br />
génes nod. Ces gènes, sont responsables de la biosynthèse d‟un composé appelé facteur de<br />
nodulation ou facteur Nod, qui, en retour, va déclencher chez la plante le programme<br />
d‟organogenèse conduisant à la formation du nodule. Les facteurs Nod, isolés de différentes<br />
espèces de Rhizobiacées, possèdent tous la même structure de base : ce sont des lipochitooligosaccharides<br />
constitués d‟un squelette d‟oligochitine de 3 à 5 résidus de N-acétylglucosamine,<br />
acylé à l‟extrémité non réductrice par un acide gras. La nature de la chaîne<br />
grasse (longueur et degré d‟insaturation) et la présence de substituants chimiques sur le<br />
squelette d‟oligochitine sont caractéristiques d‟une espèce bactérienne donnée et déterminent<br />
25
la spécificité d‟interaction entre la bactérie et sa plante hôte (Dénarié et al., 1996). La<br />
structure générale et la diversité des substitutions des facteurs Nod sont illustrées Figure 2.<br />
Cb O<br />
Cb O<br />
O Ac , Cb<br />
CH 2 O<br />
O<br />
O<br />
N- Me<br />
HO<br />
CH 2<br />
OH<br />
O<br />
NH<br />
CO<br />
CH n=1 à 3<br />
3<br />
O<br />
Ara O<br />
Fuc (Me, Ac , S)<br />
Ara<br />
Ac<br />
O S<br />
CH 2<br />
O<br />
NH<br />
CO<br />
CH<br />
3<br />
OH<br />
C16:0, C16:1, C16:2<br />
C18:1, C18:4<br />
Figure 2 : Structure générale des Facteurs Nod et diversité des substitutions ; Ac, acétyl ; Ara,<br />
arabinosyl ; Cb, carbamoyl ; Fuc, fucosyl ; Me, méthyl ; S, sulfuryl.<br />
Les facteurs Nod sont des molécules extrêmement actives susceptibles d'induire, à de très<br />
faibles concentrations (nano- à picomolaires) des réponses variées dans différents tissus de<br />
l‟hôte, comparables à celles provoquées par la bactérie lors des phases de l‟interaction<br />
symbiotique : réorganisation du cytosquelette des poils absorbants, induction de gènes<br />
symbiotiques végétaux appelés nodulines, mitoses et formation de primordium nodulaires<br />
dans le cortex (Cullimore et al., <strong>20</strong>01). Le problème du mode de perception des facteurs Nod<br />
et des voies de signalisation associées, est donc posé. Ces dix dernières années, les recherches<br />
entreprises dans ce domaine, sur le couple Sinorhizobium meliloti-Medicago truncatula ont<br />
permis (i) de mettre en évidence une voie de signalisation Nod et d‟identifier les gènes la<br />
contrôlant, (ii) de montrer l‟intervention de l‟ion calcium à différents niveaux de cette voie.<br />
LA VOIE DE SIGNALISATION NOD :<br />
Les fluctuations calciques :<br />
L‟application de facteurs Nod à des racines provoque deux types de variations<br />
ioniques au niveau des poils absorbants : un influx rapide de Ca 2+ , dans la minute suivant<br />
l‟application, suivi de variations calciques oscillatoires, localisées au niveau péri-nucléaire,<br />
intervenant une dizaine de minutes après traitement et se poursuivant pendant 30 à 45<br />
minutes.<br />
L‟influx rapide de calcium :<br />
A l‟aide de micro-électrodes sélectives, Felle et al (1998, 1999) ont mesuré un influx<br />
rapide de calcium, suivi d‟une sortie de Cl - , de K + et d‟une alcalinisation du cytoplasme. Ces<br />
mouvements ioniques sont à l‟origine de la dépolarisation membranaire qui avait été décrite<br />
initialement comme le premier événement associé à la perception des facteurs Nod (Ehrhardt<br />
et al., 1992). Cet influx rapide de Ca 2+ a également été mesuré à l‟aide de sondes calciques<br />
fluorescentes (oregon green, calcium green) qui ont permis d‟apporter des informations<br />
spatiales (Shaw and Long, <strong>20</strong>03). Ainsi, au sein des poils absorbants en croissance, le calcium<br />
26
se répartit selon un gradient orienté de l‟apex à la base. L‟addition de facteurs Nod à des<br />
concentrations relativement élevées (10 nM), accentue ce gradient et provoque une vague<br />
calcique en direction du noyau, situé en position basale. Les données obtenues sembleraient<br />
indiquer qu‟au cours de cette phase, les variations calciques feraient intervenir du calcium<br />
d‟origine extracellulaire mais provenant également de pools internes comme le suggère, au<br />
niveau des poils absorbants, la présence de zones ou la concentration en Ca 2+ est très élevée.<br />
Figure 3 : Distribution spatiale des<br />
variations calciques au niveau d‟un poil<br />
absorbant, visualisées à l‟aide de<br />
calcium green, après un traitement par<br />
les facteurs Nod (10 nM).<br />
(A) : influx rapide de Ca2+<br />
(B) : oscillations calciques<br />
Cinétique des variations détectées au<br />
niveau de l‟apex, d‟une zone<br />
intermédiaire et du noyau (C et D).<br />
Code couleur : bleu, vert, jaune<br />
correspondant à des concentrations<br />
croissantes.<br />
D‟après Shaw et Long, (<strong>20</strong>03).<br />
Les oscillations calciques:<br />
Les oscillations calciques (Ca 2+ spiking), sont observées en réponse à un traitement par les<br />
facteurs Nod pour des concentrations dix fois plus faibles (1 nM) que celles provoquant<br />
27
l‟influx rapide. Elles sont localisées dans la région périnucléaire et se propagent en direction<br />
de l‟apex (Fig. 3B). Le signal se décompose en une phase d‟élévation très rapide de la<br />
concentration en Ca 2+ , suivie d‟un retour progressif à l‟état initial (Fig. 3D). Ce schéma biphasique<br />
pourrait correspondre à l‟ouverture d‟un canal calcique sollicitant un pool interne,<br />
puis à sa fermeture et à un re-pompage actif du calcium vers ce même compartiment ou un<br />
autre. Cette hypothèse est confortée par des données pharmacologiques mettant en évidence<br />
une inhibition des oscillations calciques en présence d‟inhibiteurs de canaux calciques et<br />
d‟une pompe à Ca 2+ de type IIA (Pingret et al., 1998; Engstrom et al., <strong>20</strong>02). Les évènements<br />
intervenant durant la période de latence (10 minutes en moyenne) qui sépare l‟influx initial et<br />
les oscillations calciques ne sont pas encore caractérisés. Il est probable que ce temps de<br />
latence corresponde à une modification de l‟homéostasie calcique nécessaire à la mise en<br />
place des variations oscillatoires. Toutefois, l‟influx rapide de calcium et les oscillations<br />
constituent deux évènements indépendants pouvant être découplés. Ainsi, des oligomères de<br />
chitine ou des facteurs Nod modifiés au niveau de la chaîne grasse provoquent des oscillations<br />
mais pas d‟influx rapide de Ca 2+ (Walker et al., <strong>20</strong>00). Inversement, chez M. truncatula,<br />
certains mutants de nodulation répondent au traitement facteurs Nod par un flux rapide de<br />
Ca 2+ qui n‟est pas suivi d‟oscillations calciques (Shaw et Long, <strong>20</strong>03). L‟ensemble de ces<br />
données suggèrent donc que les deux types de variations calciques sont associés à des voies<br />
de signalisation cellulaires différentes mais faisant probablement intervenir des éléments<br />
communs. Les oscillations calciques sont impliquées dans différents processus<br />
physiologiques. Dans plusieurs cas, la réponse biologique peut être modulée en fonction de<br />
l‟amplitude et/ou la fréquence des oscillations. Par analogie, les oscillations calciques<br />
pourraient transduire, vers les étapes en aval, l‟information initiale codée lors de la perception<br />
du facteur Nod,.<br />
Les protéines de la voie de signalisation Nod :<br />
La symbiose constitue un modèle d‟étude remarquable en terme de signalisation<br />
cellulaire végétale car elle représente l'unique exemple d'organogenèse (formation du nodule),<br />
où le composé morphogène (facteur Nod) a été identifié. Son caractère facultatif pour la<br />
plante a permis de générer des mutants et de sélectionner, à l'aide d'un crible simple (absence<br />
de nodules), ceux affectés dans le processus de nodulation. Ainsi, l‟approche génétique a<br />
permis d‟identifier chez M. truncatula quatre gènes (DMI1, DMI2, DMI3 et NFP), impliqués<br />
dans les étapes précoces de signalisation par les facteurs Nod et nécessaires aux réponses<br />
symbiotiques telles que: la déformation des poils absorbants racinaires, l‟expression de gènes<br />
de nodulines et la division des cellules corticales (Catoira et al., <strong>20</strong>00). Il a été ainsi possible<br />
d‟ordonner ces gènes par rapport à ces réponses morphologiques et cellulaires, en incluant les<br />
variations calciques, et de proposer un modèle de voie de signalisation schématisée Fig.4. De<br />
façon inattendue, les plantes affectées dans les gènes DMI1, DMI2 et DMI3 sont également<br />
incapables d‟établir une interaction symbiotique avec les champignons mycorrhiziens,<br />
suggérant l‟existence de voies de signalisation communes intervenant dans la mise en place<br />
des deux symbioses. Récemment les gènes DMI1, DMI2, DMI3 et NFP ou leurs orthologues<br />
chez d‟autres légumineuses ont été clonés. Ils codent respectivement une protéine<br />
membranaire présentant une homologie faible avec un canal cationique (Ané et al., <strong>20</strong>04), un<br />
récepteur kinase à domaine extracellulaire LRR (Leucine Rich Repeat) (Endre et al., <strong>20</strong>02),<br />
une protéine Kinase <strong>Calcium</strong> et Calmoduline dépendante (Levy et al., <strong>20</strong>04), un récepteur<br />
kinase à domaine extracellulaire présentant des motifs LysM (Lysin Motif) connus pour<br />
interagir avec les glycanes (Radutoiu et al., <strong>20</strong>03).<br />
28
Signal Myc?<br />
Récepteur Myc?<br />
DMI1<br />
DMI2<br />
DMI3<br />
Facteur Nod<br />
Récepteur Nod?<br />
NFP<br />
Influx calcique<br />
Has<br />
Oscillations calciques<br />
Hab<br />
Myc<br />
NSP<br />
ENOD11<br />
Ccd<br />
ENOD40<br />
HCL<br />
Nod<br />
Figure 4 : Modèle hypothétique de la voie de signalisation Nod. NFP : Nod Factor<br />
Perception ; DMI : Does not Make Infection ; NSP : Nodulation Specific Pathway ; HCL :<br />
Hair Curling ; ENOD : Early Nodulin ; Has : Hair Swelling ; Hab : Hair branching ;<br />
Myc : mycorrhization.<br />
Le phénotype du mutant nfp (absence totale de réponse aux facteurs Nod) et la<br />
présence dans le domaine extracellulaire de la protéine de motifs compatible avec la fonction<br />
biochimique de reconnaissance du squelette oligosaccharidique des facteurs Nod, font de NFP<br />
le récepteur présomptif des facteurs Nod. Un autre gène, LYK3, contrôlant l'infection de la<br />
plante-hôte, récemment identifié, est également prédit pour coder un récepteur kinase à<br />
domaine LysM (LysM-RLK) suggérant des mécanismes de perception complexes à<br />
différentes étapes de l‟interaction symbiotique (Limpens et al., <strong>20</strong>03).<br />
La fonction de DMI1 et DMI2 n‟est pas encore connue. L‟étude approfondie de<br />
l‟influx rapide de calcium a révélé des différences entre la plante sauvage et les mutants dmi1<br />
et dmi2 (Shaw and Long, <strong>20</strong>03). Chez la plante sauvage, l‟influx est bi-phasique avec un pic<br />
transitoire suivi d‟un plateau pendant environ 5 minutes (Fig.5). Chez dmi1 et dmi2, le<br />
plateau est absent, suggérant que le pic transitoire de calcium joue un rôle dans le phénotype<br />
observé chez ces mutants (Has : gonflement du poil absorbant).<br />
+ Facteur Nod<br />
10 nM<br />
M.t dmi1<br />
Temps (min.)<br />
M.t sauvage<br />
M.t sauvage<br />
Figure 5: Caractérisation de l‟influx rapide de Ca 2+ chez M. truncatula sauvage et dmi1<br />
Le fait que les mutants dmi1 et dmi2 soient affectés au niveau des oscillations<br />
calciques indique que DMI1 et DMI2 interviennent dans leur génération. Chez les<br />
29
mammifères, les oscillations calciques sont induites par une signalisation lipidique initiée par<br />
la phospholipase C. Des études pharmacologiques et biochimiques ont permis de mettre en<br />
évidence l‟intervention de la phospholipase C et de la phospholipase D lors de la signalisation<br />
Nod (Pingret et al., 1998; den Hartog et al., <strong>20</strong>01). Ainsi des inhibiteurs de phospholipase C<br />
inhibent les oscillations calciques et l‟induction de gènes de nodulines précoces (Engstrom et<br />
al., <strong>20</strong>02). Toutefois l‟intervention de DMI1ou DMI2 dans la signalisation lipidique reste à<br />
établir.<br />
Le décodage des oscillations calciques:<br />
Le positionnement de DMI3 en aval des oscillations calciques et le fait que le mutant<br />
correspondant soit affecté dans les étapes ultérieures de signalisation suggère fortement que<br />
cette protéine assure le décodage des oscillations. DMI3 est une protéine kinase <strong>Calcium</strong> et<br />
Calmoduline dépendante (CCaMK) dont la structure modulaire est shématisée Figure 6. Elle<br />
possède un domaine kinase, un domaine de liaison à la calmoduline, présentant de fortes<br />
homologies avec le domaine de liaison à la calmoduline de la CaMKII des animaux, un<br />
domaine comportant 3 EF-hands présentant une homologie avec la visinine (une calciprotéine<br />
neuronale). Par analogie avec la CaMKII, la CCaMK de M.truncatula serait capable de<br />
percevoir la fréquence des oscillations calciques. Cependant son mécanisme d”action reste à<br />
élucider et notamment les rôles respectifs des domaines visinine et de liaison à la calmoduline<br />
dans la perception des variations calciques et l‟activation de l‟enzyme. En outre, sa<br />
localisation nucléaire laisse entrevoir un rôle de cet organite dans la génération des<br />
oscillations calciques.<br />
Nuclear Localisation<br />
Sequences<br />
calmodulin binding site<br />
N<br />
C<br />
ATP<br />
binding site<br />
serine/threonine<br />
kinase domain<br />
autoinhibitor<br />
domain<br />
EF hands<br />
visinin-like domain<br />
Figure 6: représentation schématique de la CCaMK<br />
En raison de sa présence en un seul exemplaire dans le génome de M.truncatula et de<br />
son intervention dans l‟établissement de la symbiose mycorrhizienne, la CCaMK pourrait<br />
assurer un rôle d‟aiguillage dans le routage des signaux associés aux deux types de symbiose.<br />
Cette hypothèse, séduisante, suppose que l‟interaction avec les champignons mycorrhiziens se<br />
traduirait par la génération d‟une signature calcique différente (en terme de fréquence et/ou<br />
d‟amplitude des oscillations) de celle associée à la voie Nod, qui serait également décodée par<br />
la CCaMK. L‟identification d‟un facteur Myc, molécule signal équivalent au facteur Nod, ou<br />
la détection d‟oscillations calciques associées à la mycorrhization constitueraient des<br />
avancées importantes et permettrait de mettre à l‟épreuve cette hypothèse.<br />
30
CONCLUSION:<br />
L‟approche génétique a permis d‟identifier des gènes clés intervenant dans la voie de<br />
signalisation Nod. Il devient maintenant possible d‟étudier cette voie d‟un point de vue<br />
fonctionnel notamment en relation avec la signalisation calcique. Ainsi les champs de<br />
recherche à explorer concernent notamment les rôles de DMI1 et DMI2 dans la génération des<br />
oscillations calciques et le rôle de DMI3 dans le décodage de ce signal. Par ailleurs,<br />
l‟existence de deux réponses calciques distinctes, nécessitant pour leur induction des<br />
concentrations différentes en facteurs Nod suggère l‟existence de plusieurs récepteurs ou d‟un<br />
système de perception multi-composantes présentant des affinités ou des mécanismes<br />
d‟activation différents.<br />
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13418<br />
31
SPHINGOLIPIDES ET SIGNALISATION CALCIQUE CHEZ LES PLANTES : ETAT<br />
DES LIEUX ET PERSPECTIVES<br />
Sylvie Coursol<br />
UMR de Génétique Végétale du Moulon, INRA/CNRS/Université Paris XI/INA-PG, Ferme du<br />
Moulon, 91190 Gif-sur-Yvette, France<br />
Introduction<br />
Si le rôle des glycérophospholipides et de leur dérivés, tels que l‟inositol-1,4,5-<br />
trisphosphate (InsP 3 ), dans la transduction du signal calcique est clairement établi chez les<br />
plantes au même titre que chez les mammifères, l‟importance des messagers dérivés d‟une<br />
autre classe de lipides membranaires, celle des sphingolipides, est reconnue depuis quelques<br />
années seulement.<br />
Le constituant de base des sphingolipides est un amino alcool à longue chaîne, le<br />
sphingoid long-chain base (LCB), dont l‟amidification sur le groupement NH 2 par un acide<br />
gras caractérisé par une chaîne carbonée de longueur et de degré d‟insaturation et<br />
d‟hydroxylation variables, conduit au céramide, le composé de base de tous les sphingolipides<br />
(Fig. 1). Ces derniers sont ensuite obtenus par l‟addition d‟un substituant sur la fonction<br />
alcool primaire du céramide, tel que la phosphorylcholine, le phosphorylinositol ou une<br />
structure saccharidique, ce qui donne naissance respectivement aux sphingomyélines<br />
(spécifiques des mammifères), aux inositolphosphorylcéramides (spécifiques des levures et<br />
des plantes) ou aux glycosphingolipides (pour revues voir Holthuis et al., <strong>20</strong>01 ; Futerman et<br />
Hannun, <strong>20</strong>04 ; Lynch et Dunn, <strong>20</strong>04).<br />
Figure 1. Structure de certains sphingolipides (d’après Futerman et Hannun, <strong>20</strong>04). Pour simplifier, les<br />
auteurs n’ont représenté qu’un seul type de LCB (la sphingosine, en bleu) et d’acide gras (l’acide palmitique, en<br />
rouge).<br />
Chez les mammifères, le LCB majoritaire est la sphingosine (Sph, d18:1 4 ) à 18<br />
carbones qui est caractérisée par la présence d‟une double liaison entre les carbones 4 et 5.<br />
Chez les levures, les LCB majoritaires sont la phytosphingosine (phyto-Sph, t18:0) qui<br />
32
S1P lyase<br />
S1P lyase<br />
correspond à une Sph saturée et hydroxylée en position 4, et la dihydrosphingosine (DHS,<br />
d18:0) qui correspond à une Sph saturée. Chez les plantes, les LCB majoritaires présentent la<br />
particularité d‟avoir une double liaison en position 8 : ce sont le 4-hydroxy-8-sphingenine<br />
(t18:1 8 ) et les stéréoisomères E ou Z de la 8-sphingenine (d18:1 8 ) et du 4,8-sphingadienine<br />
(d18:2 4,8 ). Bien que présents en petite quantité dans les sphingolipides, la phyto-Sph et le<br />
DHS sont les LCBs les plus abondants à l‟état libre dans les tissus végétaux. En revanche, la<br />
Sph n‟y est présente qu‟à l‟état de trace (Lynch et Dunn, <strong>20</strong>04 ; Coursol et al., <strong>20</strong>05).<br />
MAMMIFERES<br />
COMMUN<br />
LEVURE (PLANTES)<br />
Sérine + Palmitoyl-CoA<br />
SPT<br />
Hexadécenal + Ethanolamine-1-P<br />
S1P lyase<br />
3-KétoDHS<br />
KSR<br />
Hexadécenal + Ethanolamine-1-P<br />
S1P lyase<br />
DH-S1P<br />
SphK<br />
DHS<br />
SphK<br />
DH-S1P<br />
SPP<br />
SPP<br />
DH-Cer<br />
CDase<br />
synthase<br />
S1P<br />
Dihydrocéramide<br />
DHS C4 hydroxylase<br />
SphK<br />
SPP<br />
Phytosphingosine<br />
DH-Cer<br />
CDase<br />
Sphingosine<br />
CDase<br />
désaturase<br />
Cer<br />
SPP<br />
SphK<br />
Cer synthase<br />
synthase<br />
Céramide<br />
Phytocéramide<br />
Phyto-S1P<br />
LPP<br />
SMase<br />
SM synthase<br />
IPC synthase<br />
CerK<br />
C1P<br />
Sphingomyéline<br />
Inositolphosphorylcéramide<br />
Glu-Cer<br />
synthase<br />
Glucosylcéramide<br />
Sphingolipides complexes<br />
Sphingolipides complexes<br />
Figure 2. Métabolisme des sphingolipides (adapté de Le Stunff et al., <strong>20</strong>02). Chez tous les eukaryotes, la<br />
synthèse des sphingolipides débute au niveau du RE par deux réactions simultanées catalysées par la sérine<br />
palmitoyltransférase (SPT) et la 3-kéto-dihydrosphingosine reductase (KSR), ce qui conduit à la formation d’un<br />
premier LCB, la dihydrosphingosine (DHS). Une fois formée, la DHS a trois routes possibles : elle peut être<br />
phosphorylée pour former de la dihydrosphingosine-1-phosphate (DH-S1P), N-acylée et simultanément<br />
désaturée pour former le céramide (désaturation en position 4 chez les mammifères, en position 4 et/ou 8 chez<br />
les plantes), ou hydroxylée pour former de la phytosphingosine. C1P : céramide-1-phosphate ; CDase :<br />
céramidase ; Cer : céramide ; CerK : céramide kinase ; IPC : inositolphosphorylcéramide ; LPP : lipid<br />
phosphohydrolase ; Phyto-S1P : phytosphingosine-1-phosphate ; S1P : sphingosine-1-phosphate ; SM :<br />
sphingomyéline ; SphK : sphingosine kinase ; SPP : S1P phosphatase.<br />
Chez les mammifères, l‟activité biologiques des sphingolipides réside non seulement<br />
dans les structures les plus complexes comme les glycosphingolipides, mais aussi dans les<br />
produits de leur métabolisme que sont le céramide, la Sph, le céramide-1-phosphate (C1P),<br />
produit de la phosphorylation du céramide par une céramide kinase (CerK), et la sphingosine-<br />
1-phosphate (S1P), produit de la phosphorylation de la Sph par une Sph kinase (SphK) (Fig.<br />
1-2). Au cours des années 1990, ces métabolites ont émergé comme les représentants d‟une<br />
nouvelle classe de messagers lipidiques régulant de nombreux processus biologiques, tels que<br />
la différentiation, la prolifération, l‟apoptose, la survie cellulaire et la concentration en<br />
calcium libre intracellulaire ([Ca 2+ ] i ), selon le type cellulaire et la nature du stimulus<br />
33
considérés (pour revues voir Hannun et Obeid, <strong>20</strong>02 ; Spiegel et Milstien, <strong>20</strong>03 ; Gómez-<br />
Muňoz, <strong>20</strong>04 ; Futerman et Hannun, <strong>20</strong>04). La S1P présente la particularité de pouvoir agir, à<br />
la fois hors de la cellule comme un ligand spécifique de cinq récepteurs de surface couplés à<br />
des protéines G hétérotrimériques (S1P 1-5 ) et au sein de la cellule comme second messager. Il<br />
a ainsi été montré que l‟interaction de la S1P avec S1P 2 , S1P 3 ou S1P 4 pouvait conduire à une<br />
augmentation de la [Ca 2+ ] i via la voie bien connue de la phospholipase C (PLC), mais aussi<br />
via des voies indépendantes de la PLC, telles que celle de la SphK/S1P. Néanmoins, la S1P<br />
agit aussi de façon intracellulaire pour augmenter la [Ca 2+ ] i , en stimulant soit un influx de<br />
calcium capacitif I CRAC , soit une libération de calcium du réticulum endoplasmique (RE), effet<br />
médié par un récepteur non encore identifié, distinct des récepteurs InsP 3 et ryanodine (pour<br />
revue voir Meyer zu Heringdorf, <strong>20</strong>04).<br />
Chez les plantes, des données récentes sont en faveur de l‟implication des<br />
sphingolipidiques et de leurs dérivés dans la transduction du signal calcique. Dans ce contexte,<br />
l‟objet de cette courte revue est de faire le point sur les connaissances actuelles dans ce<br />
domaine chez les plantes.<br />
1- Variation de la [Ca 2+ ] i dans les cellules d’Arabidopsis thaliana en réponse au C 2 -<br />
céramide : rôle dans la mort cellulaire programmée<br />
Tout au long de la vie des plantes, différents types cellulaires ou organes sont éliminés<br />
au moment approprié, au profit de l‟organisme et de la population, et constituent des modèles<br />
de mort cellulaire programmée (PCD, programmed cell death ; pour revue voir Lam, <strong>20</strong>04).<br />
La PCD est un phénomène essentiel retrouvé chez pratiquement toutes les formes de vie et<br />
impliquant tout processus de mort cellulaire actif. Ainsi, la germination, la différentiation, la<br />
croissance, la reproduction et le développement des graines impliquent la PCD. Par ailleurs,<br />
les plantes ont aussi recours à la PCD pour s‟adapter et résister aux conditions adverses de<br />
leur environnement, comme le manque de nutriments, les températures extrêmes, l‟hypoxie et<br />
la réponse hypersensible (HR, hypersensitive response) qui survient chez les plantes<br />
résistantes à un pathogène viral, bactérien ou fongique.<br />
Chez les mammifères, l‟apoptose est une forme particulière de PCD qui passe par des<br />
modifications morphologiques et biochimiques précises. Des différences majeures entre<br />
l‟apoptose et la PCD végétale peuvent être dégagées, comme le rôle majeur de la vacuole et<br />
l‟absence de la fragmentation du noyau, de la formation de corps apoptotiques engloutis par<br />
les cellules avoisinantes, de séquences homologues aux caspases et aux membres de la famille<br />
de BCL-2, et, dans plusieurs cas, de la dégradation internucléosomale de l‟ADN produisant<br />
les fameuses échelles sur gel d‟agarose. Néanmoins, plusieurs similarités, comme la<br />
condensation du cytoplasme, l‟activation de protéases et de nucléases, la dégradation de<br />
l‟ADN nucléaire en gros fragments et l‟implication de la mitochondrie, des formes activées de<br />
l‟oxygène (ROS, reactive oxygen species) et du calcium, suggèrent que certaines voies de<br />
régulation sont évolutivement conservées entre ces deux règnes.<br />
Dans ce contexte, le céramide fait figure de médiateur dans l‟arrêt de la croissance<br />
cellulaire et l‟apoptose chez les mammifères. A l‟opposé du céramide, la S1P apparaît être un<br />
régulateur positif universel pour la prolifération et la survie de nombreuses lignées cellulaires<br />
de mammifères. Cuvillier et al. (1996) ont introduit le concept suivant : la balance entre les<br />
taux intracellulaires du céramide et de la S1P (le « biostat sphingolipidique » ou « réhostat<br />
céramide/S1P ») représente un facteur déterminant pour le destin de la cellule de mammifères.<br />
Récemment, Liang et al. (<strong>20</strong>03) ont montré que le rôle du céramide était conservé au cours de<br />
l‟évolution puisqu‟il influence également la PCD chez Arabidopsis thaliana. Ces auteurs ont<br />
identifié un gène chez A. thaliana, ACD5 (accelerated cell death 5) qui code pour une CerK<br />
fortement affine pour les C 6 - et C 8 -céramides (acide gras comprenant respectivement 6 et 8<br />
34
carbones), régulant donc leur concentration intracellulaire ainsi que celle du C1P. La mutation<br />
d‟un G par un A dans le gène ACD5 qui entraîne la substitution d‟une glycine par une<br />
arginine en position 412 dans la séquence protéique prédite, aboutit à la diminution de la<br />
concentration de C1P, à l‟accumulation des céramides endogènes, à des modifications<br />
morphologiques caractéristiques d‟une PCD (dégradation internucléosomale de l‟ADN<br />
produisant les fameuses échelles sur gel d‟agarose, condensation de la chromatine et<br />
dégradation de l‟ADN nucléaire en gros fragments) et à un accroissement manifeste de la<br />
PCD après exposition au pathogène bactérien virulent Pseudomonas syringae. L‟implication<br />
du céramide dans l‟induction de la PCD a été confirmée par l‟addition dans le milieu<br />
d‟incubation de protoplastes de plantes sauvages de C 2 -céramide exogène. De plus, l‟addition<br />
de C 2 -céramide dans le milieu d‟incubation de protoplastes de plantes mutées acd5 induit une<br />
plus forte PCD que celle observée chez les plantes sauvages. Pris dans leur ensemble, ces<br />
résultats suggèrent que le céramide est suffisant pour induire une PCD chez A. thaliana. Par<br />
ailleurs, l‟importance des LCB phosphorylés dans la survie chez A. thaliana est aussi<br />
suggérée puisque l‟addition de 10 µM de C 2 -C1P exogène bloque partiellement la PCD<br />
induite par 30 µM de C 2 -céramide.<br />
La question qui se pose alors est de savoir comment les sphingolipides gouvernent le<br />
devenir de la cellule ? Des développements récents dans la régulation de l‟apoptose par la<br />
modulation des flux de calcium suggèrent un rôle central pour ce messager et le RE dans la<br />
régulation de la mort par le céramide (Darios et al., <strong>20</strong>03). Récemment, Townley et al. (<strong>20</strong>05)<br />
ont montré que ce mécanisme de régulation était conservé chez A. thaliana. Le lanthanum<br />
(La 3+ ), un bloqueur de canal calcique de la membrane plasmique, inhibe significativement<br />
l‟action du C 2 -céramide exogène sur la PCD, suggérant qu‟une variation de la [Ca 2+ ] i soit<br />
impliquée dans le mécanisme d‟action du C 2 -céramide. A l‟aide de suspensions cellulaires<br />
d‟A. thaliana transformées avec des constructions du gène de l'aequorine permettant un<br />
adressage de la protéine dans le cytoplasme, Townley et al., (<strong>20</strong>05) ont montré que l‟addition<br />
de 50 µM C 2 -ceramide exogène induisait une augmentation transitoirement de la [Ca 2+ ] i qui<br />
atteignait un maximum de l'ordre de 0,4 µM après 13 secondes de traitement avant de revenir<br />
au niveau de base (environ 0.22 µM) après 10 secondes. L‟addition simultanée de La 3+ et de<br />
C 2 -céramide abolit le pic transitoire observé, la [Ca 2+ ] i demeurant au niveau de base proche de<br />
0.2 µM.<br />
Chez les mammifères, les ROS semblent jouer un rôle majeur dans la signalisation<br />
induite par le céramide (Garcia-Ruiz et al., 1997 ; Darios et al., <strong>20</strong>03). Par ailleurs, il est établi<br />
qu‟ils induisent l'entrée de calcium et une augmentation de la [Ca 2+ ] i dans les cellules de tabac<br />
(Price et al., 1994) et active l'entrée de calcium dans les cellules de garde en réponse à l'acide<br />
abscissique (Pei et al., <strong>20</strong>00). Ainsi, le peroxyde d‟hydrogène (H 2 O 2 ) produit suite à<br />
l'activation de la NADPH-oxydase en réponse aux pathogènes pourrait être impliqué dans les<br />
augmentations de [Ca 2+ ] i induites par le C 2 -céramide. Pour vérifier cette hypothèse Townley<br />
et al., (<strong>20</strong>05) ont étudié l'effet du C 2 -céramide exogène sur les teneurs en H 2 O 2 . L‟addition de<br />
C 2 -céramide dans le milieu d‟incubation des cellules induit une production de ROS, avec un<br />
maximum atteint en réponse à 1 µM de C 2 -céramide. Néanmoins, à cette concentration, le C 2 -<br />
céramide n‟induit pas la PCD et le La 3+ n‟a pas d‟effet sur la production de H 2 O 2 induite en<br />
réponse à 1 µM de C 2 -ceramide. Enfin, la consommation du H 2 O 2 produit en réponse à 1 µM<br />
de C 2 -céramide, par addition de catalase, est sans effet sur la [Ca 2+ ] i . Par conséquent, ces<br />
résultats suggèrent que la participation de la signalisation calcique dans la régulation de la<br />
PCD par le C 2 -céramide, est indépendante de la production de ROS induite en réponse à ce<br />
métabolite chez A. thaliana.<br />
Récemment, Colina et al. (<strong>20</strong>04) ont montré que le céramide est capable d‟induire une<br />
augmentation de la [Ca 2+ ] i dans les cellules humaines Jurkat T via la mobilisation de calcium<br />
35
au niveau du RE puis l‟activation d‟un courant calcique capacitif I CRAC , en présence comme<br />
en absence de calcium extracellulaire. Dans ce contexte, il s‟agit désormais de préciser<br />
l‟origine du calcium intracellulaire libre induite en réponse au C 2 -céramide chez les plantes.<br />
2- Variation de la [Ca 2+ ] i dans les cellules de garde en réponse à la S1P : rôle dans la<br />
régulation par l’acide abscissique de la fermeture des pores stomatiques<br />
Deux cellules de garde jointives délimitent un pore stomatique microscopique. Situés<br />
sur l‟épiderme des parties aériennes de la plupart des plantes supérieures, les pores<br />
stomatiques régulent la diffusion du CO 2 atmosphérique et les pertes hydriques, déterminant<br />
deux processus majeurs, la photosynthèse et la transpiration. La modulation des échanges<br />
gazeux entre la plante et l‟atmosphère résulte d‟une modification de la turgescence des<br />
cellules de garde (pour revue voir Hetherington et Woodward, <strong>20</strong>03). L‟augmentation de la<br />
turgescence qui provoque l‟ouverture des pores stomatiques, est due à une entrée d‟eau dans<br />
la vacuole, consécutive à une hausse de la pression osmotique dans ce compartiment. Cette<br />
hausse est due, pour l‟essentielle, à une augmentation dans les cellules de garde, de la teneur<br />
en ions K + . Les cellules de garde s‟avèrent être un système cellulaire exceptionnel pour<br />
étudier la réponse des plantes au déficit hydrique.<br />
La coordination de la réponse au déficit hydrique est essentiellement sous la<br />
dépendance d‟une phytohormone de type terpénoide, l‟acide abscissique (ABA). L‟ABA<br />
induit la fermeture des pores stomatiques en inhibant la H + -ATPase du plasmalemme et en<br />
activant un canal perméable au calcium non sélectif, ainsi qu‟un canal anionique (Cl - ) de type<br />
S. Ces évènements dépolarisent le potentiel membranaire des cellules de garde, ce qui génère<br />
un efflux de K + de la vacuole vers le cytosol, puis du cytosol vers l‟extérieur des cellules de<br />
garde. Cet efflux entraînant une baisse de la pression osmotique, provoque une sortie d‟eau<br />
associée à une diminution de la turgescence. Par ailleurs, l‟ABA est capable à la fois d‟inhiber<br />
les canaux K + entrant, ce qui renforce la fermeture des pores stomatiques, et d‟activer les<br />
canaux K + sortant, ce qui inhibe l‟ouverture des pores stomatiques.<br />
L‟étude des voies de signalisation induites par l‟ABA et conduisant à la régulation de<br />
ces canaux ioniques a fait l‟objet de recherches intensives ces dernières années (pour revues<br />
voir Schroeder et al., <strong>20</strong>01 ; Fan et al., <strong>20</strong>04). Bien que l‟identité et la localisation précises des<br />
récepteurs de l‟ABA soient encore mal connues, un certain nombre d‟intermédiaires situés en<br />
aval de l‟ABA ont déjà été identifiés, tels que la protéine kinase AAPK (ABA-activated<br />
protein kinase), la phosphatase de type 2C ABI1 (ABA insensitive 1), l‟augmentation du pH<br />
cytosolique et la phospholipase D . L‟ABA est également connu pour induire une<br />
augmentation de la [Ca 2+ ] i via un canal perméable au calcium situé sur la membrane<br />
plasmique (I ca ), une PLC, l‟inositol hexakisphosphate (InsP 6 ) et des canaux calciques (SVtype)<br />
sensibles à la ryanodine et activés par l‟ADP-Ribose cyclique (ADPRc).<br />
L‟augmentation de la [Ca 2+ ] i contrôle l‟activité d‟un grand nombre de canaux qui vont à leur<br />
tour réguler la turgescence des cellules de garde.<br />
Chez les mammifères, la S1P apparaît être un régulateur positif universel de la [Ca 2+ ] i .<br />
Dans ce contexte, Ng et al. (<strong>20</strong>01) ont étudié si ce mécanisme de régulation était conservé<br />
chez les plantes. Ces auteurs ont tout d‟abord montré, par spectrométrie de masse, que la S1P<br />
était présente dans les feuilles de Commelina communis. Ce résultat a constitué une première<br />
car la communauté scientifique débattait de la présence de ce métabolite dans les tissus<br />
végétaux. A l‟aide d‟expériences de micro-injection de la sonde fluorescente Fura-2 dans le<br />
cytosol des cellules de garde, Ng et al. (<strong>20</strong>01) ont par la suite montré que l‟addition de S1P<br />
exogène (6-50 µM) dans le milieu d‟incubation entraînait des oscillations calciques dont<br />
l‟amplitude et la période sont dépendantes de la concentration de S1P appliquée.<br />
Corrélativement, une fermeture partielle des stomates a pu être associée à ces oscillations. A<br />
36
l‟opposée des oscillations, elle est loin d‟être immédiate : un temps de latence variant entre<br />
1<strong>20</strong> min à 4 min est observé en réponse respectivement à 6 et 50 µM de S1P. L‟ensemble de<br />
ces résultats suggère que la S1P joue un rôle important dans la régulation de la turgescence<br />
des cellules de garde via la mobilisation du calcium.<br />
Pour répondre aux critères définis pour servir de messager, la concentration de S1P<br />
doit être finement régulée. Chez les mammifères, la S1P est produite suite à la<br />
phosphorylation de la Sph par la SphK (Fig. 2). Elle est ensuite, soit déphosphorylée sous<br />
l‟action d‟une phosphatase spécifique localisée au niveau de la membrane plasmique, la SPP,<br />
ce qui régénère de la Sph, soit dégradée sous l‟action d‟une lyase spécifique localisée au<br />
niveau du RE et qui clive la S1P en hexadécenal et en éthalonamine-1-phosphate (Fig. 2 ;<br />
pour revue voir Le Stunff et al., <strong>20</strong>04). A ce jour deux gènes codant pour des SphK ont été<br />
clonés chez les mammifères (SphK1 et SphK2) et chez la levure (LCB4 et LCB5). Néanmoins,<br />
l‟activité SphK n‟avait pas encore été démontrée chez les plantes. Une approche<br />
pharmacologique associée à une étude biochimique de l‟enzyme nous a permis d‟établir la<br />
présence d‟une activité SphK dans la fraction membranaire des protoplastes de cellules de<br />
garde d‟A. thaliana (Coursol et al., <strong>20</strong>03, <strong>20</strong>05). Cette localisation diffère de celle observée<br />
pour les deux SphK de mammifères qui sont soit cytosolique (SphK1) soit nucléaire (SphK2).<br />
L‟activité SphK d‟A. thaliana est stimulée in vivo par l‟ABA et inhibée in vitro et in<br />
vivo par le N,N-diméthylsphingosine (DMS) (Coursol et al., <strong>20</strong>03). Les études réalisées in<br />
vivo sur épidermes isolés montrent que le DMS inhibe de manière partielle, mais significative,<br />
l‟effet de l‟ABA sur la turgescence des cellules de garde. Par ailleurs, les études de patchclamp<br />
en configuration « cellule entière » indiquent que le DMS inhibe l‟effet de l‟ABA sur<br />
les canaux K + entrant et les canaux anioniques de type S des cellules de garde. L‟ensemble de<br />
ces résultats montre qu‟une SphK est partie intégrante de la chaîne de transduction du signal<br />
ABA contrôlant d‟une part, l‟activité des canaux K + entrant impliqués dans l‟ouverture<br />
stomatique et d‟autre part, l‟activité des canaux anioniques de type S impliqués dans la<br />
fermeture stomatique.<br />
Chez les mammifères, les effets de la S1P sont médiés en partie via des récepteurs<br />
couplés à des protéines G hétérotrimériques (GPCR, G protein-coupled receptor). Sachant que<br />
la sous-unité de la protéine G hétérotrimérique d‟A. thaliana, GPA1, est impliquée dans le<br />
contrôle de la turgescence des cellules de garde par l‟ABA (Wang et al., <strong>20</strong>02), il nous a<br />
semblé intéressant d‟étudier le rôle éventuel de cette protéine dans le mécanisme d‟action de<br />
la S1P. Les études in vivo conduites sur épidermes isolés montrent que chez les plantes<br />
sauvages la S1P inhibe l‟ouverture des stomates et induit leur fermeture, ce dernier résultat<br />
étant similaire à celui obtenu par Ng. et al. (<strong>20</strong>01) chez C. communis (Coursol et al., <strong>20</strong>03).<br />
En revanche, les mutants T-DNA gpa1-1 et gpa1-2, qui n‟expriment pas le gène GPA1, sont<br />
insensibles à l‟action de la S1P. Par ailleurs, les expériences de patch-clamp en configuration<br />
« cellule entière » montrent que la S1P inhibe les canaux K + entrant et active les canaux<br />
anioniques de type S des plantes sauvages, mais n‟a pas d‟effet sur ces canaux chez les<br />
mutants gpa1. Ces résultats mettent en relief le rôle clé joué par la sous-unité GPA1 dans la<br />
régulation par la S1P de la turgescence des cellules de garde d‟A. thaliana. Par ailleurs, ils<br />
suggèrent que la S1P puisse activer un GPCR chez les plantes au même titre que chez les<br />
mammifères.<br />
Ces résultats ont conduit Pandey et Assmann (<strong>20</strong>04) à étudier le rôle éventuel de la<br />
protéine GCR1 (G protein-coupled receptor 1), un GPCR putatif, dans le mécanisme d‟action<br />
de la S1P chez A. thaliana. Les études conduites in vivo sur épidermes isolés montrent que les<br />
mutants gcr1, contrairement aux mutants gpa1, sont hypersensibles à l‟action de l‟ABA et de<br />
la S1P à la fois pour l‟inhibition de l‟ouverture et l‟induction de la fermeture des stomates. Il a<br />
donc été proposé que GCR1 soit un régulateur négatif des voies dépendantes de GAP1 et<br />
37
induites par l‟ABA et la S1P. Cette hypothèse est renforcée par le fait qu‟un certain nombre<br />
de gènes connus pour être régulés par l‟ABA sont plus fortement exprimés dans les mutants<br />
gcr1.<br />
L‟ensemble de ces résultats montre que le mécanisme d‟action de la S1P dans les<br />
cellules de garde est complexe et encore loin d‟être totalement élucidé. En effet,<br />
l‟augmentation de la [Ca 2+ ] i observée pourrait résulter d‟une action extracellulaire de la S1P<br />
via son association avec une protéine non encore identifiée couplée à GPA1. Cependant, elle<br />
pourrait aussi résulter d‟une action intracellulaire de la S1P sur un récepteur/canal non encore<br />
identifié. Dans ce contexte, il semble particulièrement intéressant d‟étudier le rôle de la S1P<br />
dans l‟augmentation de la [Ca 2+ ] i chez les mutants gpa1.<br />
Perspectives<br />
Les sphingolipides et les produits de leur métabolisme s‟avèrent donc jouer un rôle clé<br />
dans la signalisation calcique chez les plantes. Néanmoins, des études sont encore nécessaires<br />
pour mieux appréhender leur rôle dans ce processus. Il apparaît ainsi essentiel aujourd‟hui (i)<br />
d‟identifier et de caractériser les différentes enzymes impliquées dans le métabolisme de ces<br />
composés, telles que la SphK, la SPP et la S1P lyase (ii) de développer des outils<br />
pharmacologiques spécifiques permettant d‟étudier le mécanisme d‟action de ces enzymes, et<br />
(iii) d‟identifier les cibles de leurs produits. Enfin, d‟autres sphingolipides ayant une activité<br />
biologique chez les plantes, tels que la phytosphingosine-1-phosphate qui régule l‟état<br />
d‟ouverture des stomates chez A. thaliana au même titre que la S1P (Coursol et al., <strong>20</strong>05),<br />
pourraient à l‟avenir être également impliqués dans la transduction du signal calcique.<br />
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39
ANALYSE DU SIGNAL CALCIQUE NUCLEAIRE : ESSAI DE MODELISATION<br />
Christian Brière<br />
UMR 5546 CNRS/Université P. Sabatier « Surfaces cellulaires et signalisation chez les<br />
végétaux », IFR 40, Pôle de Biotechnologie végétale, 24 chemin de Borde rouge BP<strong>17</strong><br />
Auzeville 31326 Castanet-tolosan, France<br />
Chez les plantes comme chez l‟animal, de nombreux stimuli, biotiques ou abiotiques,<br />
induisent des variations de calcium libre dans divers compartiments cellulaires – cytosol,<br />
chloroplastes, mitochondries, noyau - dont les caractéristiques dépendent de la nature et de la<br />
force du stimulus. Se pose alors évidemment le problème de la génération de ces variations et<br />
de leur régulation. Le cas du noyau est particulièrement intéressant à considérer au vu de sa<br />
fonction et de sa structure. Le nucléoplasme est en effet entouré d‟une double membrane,<br />
constituant l‟enveloppe nucléaire (NE), percée de pores (NPC) au travers desquels diffusent<br />
activement ou passivement molécules et ions. La régulation calcique intra-nucléaire dépend<br />
donc en fait des échanges de calcium entre 4 compartiments : le nucléoplasme, l‟enveloppe<br />
nucléaire, le cytosol et les stocks de calcium nucléaire lié (calcium-buffers). L'homéostasie<br />
calcique du noyau résulte d'un contrôle précis de ces échanges, notamment dans des<br />
conditions induisant de fortes variations calciques dans le cytosol. Afin de comprendre<br />
comment s‟effectue cette régulation, il importe donc de considérer les différents éléments<br />
potentiellement impliqués dans ce contrôle (cf schéma ci-dessous).<br />
IP4R<br />
Ca ATPase<br />
Ca 2+ Ca 2+ TRPC<br />
RyR<br />
VDC<br />
NPC<br />
IP3 R<br />
Ca buffer<br />
Na/Ca<br />
antiport<br />
NE<br />
Ca transport ?<br />
RE<br />
Fig.1. Eléments de régulation du calcium nucléaire<br />
L’enveloppe nucléaire<br />
Grâce à ses capacités de stockage et d‟échange de calcium avec le cytosol d‟une part et le<br />
nucléoplasme d‟autre part, l‟enveloppe nucléaire joue un rôle clé dans cette régulation (Rose<br />
et al., <strong>20</strong>04). Il est important de noter que, dans la cellule, il existe une continuité entre<br />
l‟enveloppe nucléaire et le reticulum endoplasmique (Echevarria et al., <strong>20</strong>03), avec lequel elle<br />
présente de nombreuses similarités. On peut donc raisonnablement s‟attendre à trouver dans<br />
l‟enveloppe nucléaire des systèmes de transports de calcium semblables à ceux du réticulum.<br />
Sur la membrane externe de l‟enveloppe l‟existence de pompes Ca2+-ATPases est bien<br />
40
démontrée (Gerasimenko et al., 1996; Humbert et al., 1996; Downie et al., 1998; Abrenica<br />
and Gilchrist, <strong>20</strong>00; Bunney et al., <strong>20</strong>00). Des récepteurs InsP4 ont aussi été mis en évidence<br />
(Humbert et al., 1996). Sur la membrane interne de nombreuses observations démontrent ou<br />
suggèrent la présence de canaux calciques sensibles à l‟InsP3 ainsi que des récepteurs à la<br />
Ryanodine et au cADP ribose (Gerasimenko et al., 1995, 1996, <strong>20</strong>03; Humbert et al., 1996;<br />
Grygorczyk and Grygorczyk, 1998) de même que l‟existence de canaux calciques de type<br />
TRP (Xiong et al., <strong>20</strong>04). En ce qui concerne la possibilité de transport de calcium du<br />
nucléoplasme vers l‟enveloppe, les données disponibles semblent montrer l‟absence de<br />
pompes de type Ca-ATPase (Humbert et al., 1996). Par contre, chez l‟animal, des travaux<br />
récents suggèrent fortement la présence d‟échangeurs sodium/calcium (Xie et al., <strong>20</strong>02; Xie et<br />
al., <strong>20</strong>04).<br />
Les pores nucléaires<br />
La capacité de régulation des flux ioniques au travers des pores nucléaires est encore sujette à<br />
controverse (Mazzanti et al., <strong>20</strong>01). Si l‟existence d‟un contrôle des entrées/sorties de petites<br />
protéines (moins de 50kDa) au travers des pores nucléaires ne fait guère de doute (Greber and<br />
Gerace, 1995; Stehno-Bittel et al., 1995; Perez-Terzic et al., 1996; Lee et al., 1998;<br />
Bustamante et al., <strong>20</strong>00; Ribbeck and Gorlich, <strong>20</strong>01), la situation est beaucoup moins claire<br />
pour les ions, notamment le calcium (Bootman et al., <strong>20</strong>00) dont la diffusion au travers des<br />
pores semble selon les cas soit libre (Lin et al., 1994; Meyer et al., 1995; Stehno-Bittel et al.,<br />
1995), soit strictement contrôlée (Santella and Carafoli, 1997). Les expériences sur noyaux<br />
isolés militent dans le sens d‟une capacité de contrôle de la diffusion via les pores nucléaires,<br />
sans laquelle une régulation fine du calcium nucléoplasmique n‟est guère envisageable.<br />
Les « calcium buffers »<br />
Dans le cytosol l‟existence d‟une capacité tampon calcium importante (Mogami et al., 1999)<br />
constitue un élément essentiel pour l‟homéostasie calcique. Par contre, peu de données<br />
existent sur la capacité tampon-calcium du noyau, bien que la présence de protéines affines<br />
pour le calcium, comme la calmoduline et la calréticuline dans le nucléoplasme ou la<br />
calreticuline dans l‟enveloppe nucléaire, ait cependant été montrée (Gilchrist et al., 1994;<br />
Santella and Kyozuka, 1997; Holaska et al., <strong>20</strong>02). La concentration totale de calcium dans le<br />
noyau de cellules epithéliales a été estimée à 0.6 mM (Chandra and Lorey, <strong>20</strong>01). Dans les<br />
myocytes ventriculaires de souris, cette concentration est de l‟ordre de <strong>20</strong>0 µM dans le<br />
nucléoplasme et de environ 1mM dans l‟enveloppe nucléaire (Kondratev and Gallitelli, <strong>20</strong>03).<br />
On peut donc penser qu‟il existe une capacité tampon calcium dans le nucléoplasme et dans<br />
l‟enveloppe, peut-être moindre que dans le cytosol mais susceptible de jouer un rôle non<br />
négligeable.<br />
Le noyau possède donc semble-t-il tous les éléments nécessaires à la régulation du calcium<br />
dans ses divers sous-compartiments, notamment le nucléoplasme, que ce soit in situ ou isolé<br />
du contexte cellulaire. Une question majeure est de savoir quels sont les éléments essentiels à<br />
cette régulation et comment ces éléments interagissent pour assurer l‟homeostasie calcique<br />
dans un contexte donné.<br />
Deux types de mécanismes ont été proposés pour expliquer les variations de calcium nucléaire<br />
observées suite à divers stimuli : soit la simple diffusion du calcium cytosolique via les pores<br />
nucléaires, soit la stimulation de stocks intranucléaires, les deux mécanismes pouvant<br />
coexister. Dans la première hypothèse les variations du calcium nucléoplasmique résulteraient<br />
des variations du calcium cytosolique par simple diffusion du calcium libre via les pores<br />
nucléaires : tel est par exemple le cas dans le myocyte cardiaque de rat (Genka et al., 1999).<br />
41
Dans la seconde hypothèse, le calcium libre stocké dans l‟enveloppe nucléaire participerait<br />
directement à la génération du signal nucléoplasmique (Echevarria et al., <strong>20</strong>03; Gerasimenko<br />
et al., <strong>20</strong>03). Il semble donc que, selon la cellule ou le stimulus, l‟un et/ou l‟autre des deux<br />
mécanismes puisse être responsable des variations de calcium observées dans le noyau. Par<br />
ailleurs, la possibilité d‟une génération directe de signaux calciques dans le noyau,<br />
indépendamment du cytosol, a été montrée récemment chez le tabac (Pauly et al., <strong>20</strong>00) et<br />
dans des cellules de foie HepG2 (Leite et al., <strong>20</strong>03). Enfin, l'observation de variations<br />
calciques dans des noyaux isolés soumis à un stimulus mécanique ou à un choc osmotique<br />
démontre clairement la capacité de réponse et d'autorégulation du noyau en terme de signal<br />
calcium (Xiong et al., <strong>20</strong>04). Dans un tel système, la question ne se pose donc pas de savoir<br />
comment un signal cytosolique peut induire un signal nucléoplasmique, mais comment le<br />
noyau peut-il lui-même générer un tel signal et comment régule-t-il sa concentration calcique.<br />
Pour cela le développement de modèles peut apporter une aide efficace, en ce qu‟il permet de<br />
tester in silico différentes hypothèses afin d‟en vérifier la pertinence. Pour illustrer cette<br />
démarche, nous considérerons l‟exemple de noyaux isolés de cellules végétales,<br />
mécaniquement stimulés. Nous présenterons un modèle simplifié de la dynamique du calcium<br />
dans des noyaux isolés, prenant en compte les éléments essentiels connus ou supposés de cette<br />
dynamique et s‟appuyant sur un certain nombre de données expérimentales.<br />
Le modèle biologique<br />
Le modèle biologique que l‟on considérera ici est le noyau isolé de cellules BY2 de tabac.<br />
Sous certaines conditions de pH et de température, des noyaux isolés de cellules BY2 de tabac<br />
répondent à un stimulus mécanique par une élévation transitoire de la concentration en<br />
calcium libre nucléoplasmique [Ca 2+ ] nuc (Xiong et al., <strong>20</strong>04). Cette réponse présente les<br />
caractéristiques suivantes :<br />
1. A pH acide le stimulus provoque un accroissement très rapide ( 1min) et<br />
un retour au niveau de base initial. La réponse est d‟autant plus intense que le pH du<br />
milieu externe est faible.<br />
2. A pH neutre ou basique un stimulus mécanique n‟a aucun effet sur le niveau de<br />
calcium nucléoplasmique qui reste constant. Par contre le niveau de base, en l‟absence<br />
de stimulus, est plus élevé qu‟à pH acide et est sensible à la température : un choc<br />
froid (de <strong>20</strong>°C à 4°C) diminue rapidement (en quelques secondes) le niveau de<br />
calcium, qui re-augmente ensuite progressivement avec la température.<br />
3. La concentration en calcium du milieu extérieur n‟a aucun effet sur la réponse au choc<br />
mécanique.<br />
Les données connues permettent d‟expliquer assez facilement l‟entrée de calcium dans le<br />
nucléoplasme par un influx de calcium en provenance de l‟enveloppe nucléaire (NE) ou du<br />
reticulum nucléoplasmique (NR). On peut en effet supposer que certains des canaux situés sur<br />
la membrane interne de l‟enveloppe seraient sensibles au stimulus appliqué. Par contre le<br />
problème est plus difficile pour ce qui concerne la sortie de calcium, après la réponse au<br />
stimulus. Deux possibilités peuvent être envisagées : soit une sortie vers le milieu externe via<br />
les pores nucléaires, soit un re-captage vers l‟enveloppe ou des stocks nucléaires, par le biais<br />
de transporteurs actifs (pompes ou échangeurs d‟ions).<br />
42
Dans le cas de noyaux isolés dans un tampon ne contenant pas ou quasiment pas de calcium,<br />
la diffusion libre des ions au travers des pores devrait entraîner un vidage du nucléoplasme.<br />
L‟observation d‟une concentration non nulle de calcium dans celui-ci implique l‟existence<br />
d‟un contrôle minimal de cette diffusion, par des conditions sur l‟ouverture des pores par<br />
exemple, soit au niveau de la concentration dans le nucléoplasme, soit au niveau de la<br />
concentration dans l‟enveloppe. L‟absence d‟influence de la concentration en calcium du<br />
milieu extérieur sur la réponse au stimulus pose un autre problème. En effet, le courant<br />
traversant les pores nucléaires, s‟il existe, est passif et ne peut donc pas aller contre le gradient<br />
électrochimique ; par conséquent en présence d‟une concentration [Ca 2+ ] externe élevée (1mM) il<br />
ne peut y avoir de fuite de calcium vers le milieu externe (au contraire, on devrait observer un<br />
courant entrant). Les cinétiques observées ne peuvent s‟expliquer que par une résorption du<br />
calcium nucléoplasmique vers des stocks nucléaires : enveloppe et/ou calcium-buffers.<br />
La présence de transporteurs sur la membrane interne de l‟enveloppe, bien que non démontrée<br />
chez les plantes expérimentalement, semble néanmoins plausible et constitue une hypothèse<br />
de travail intéressante. Afin d‟en tester la cohérence avec les données expérimentales, nous<br />
avons donc incorporé l‟hypothèse d‟un pompage actif de calcium du nucléoplasme vers<br />
l‟enveloppe nucléaire dans un modèle « minimal » de la dynamique calcique nucléaire.<br />
Description du modèle mathématique<br />
On considère ici le noyau isolé comme un système fermé, dans lequel aucun échange de<br />
calcium avec le milieu extérieur n‟a lieu. Au sein du noyau le calcium libre s‟échange entre<br />
deux compartiments physiquement distincts : le nucléoplasme et l‟enveloppe nucléaire (pour<br />
simplifier, on supposera que l‟enveloppe nucléaire et d‟autres stocks nucléaires éventuels , tel<br />
le réticulum nucléoplasmique, constituent un même compartiment). Dans chaque<br />
compartiment le calcium est présent sous forme libre ou liée. Le calcium libre diffuse de<br />
l‟enveloppe vers le nucléoplasme via des canaux calciques activés par le stimulus mécanique.<br />
Il est re-capté vers l‟enveloppe par transport actif.<br />
L‟ensemble de ces hypothèses peut se résumer selon le schéma ci-dessous :<br />
Ca lié<br />
enveloppe<br />
Ca buffering<br />
Ca 2+ libre<br />
Enveloppe<br />
Ca channel<br />
Ca transport<br />
Ca 2+ libre<br />
Nucléoplasme<br />
Ca buffering<br />
Ca lié<br />
nucléoplasme<br />
On supposera qu‟en l‟absence de stimulus il existe un flux de base, de l‟enveloppe vers le<br />
nucléoplasme, similaire à celui observé entre le réticulum et le cytosol (Camello et al., <strong>20</strong>02).<br />
Pour simplifier on considérera ce flux proportionnel à la différence de concentration en<br />
calcium entre ces deux compartiments. Le re-captage vers l‟enveloppe est assuré par un<br />
transporteur dont le flux dépend de la concentration en calcium du nucléoplasme selon une<br />
équation de Hill. Ces formules s‟inspirent de celles utilisées par divers auteurs (Kargacin,<br />
<strong>20</strong>03; Sneyd et al., <strong>20</strong>03; Sneyd et al., <strong>20</strong>04) pour les échanges entre cytosol et reticulum<br />
endoplasmique. D‟où les formules suivantes pour les flux :<br />
43
C, #pH53a<br />
Stimulus<br />
J<br />
J<br />
enveloppe<br />
nucleoplasme<br />
nucleoplasme<br />
enveloppe<br />
2<br />
2<br />
( F(<br />
t)<br />
Vs)<br />
Ca Ca<br />
(1a)<br />
p<br />
2<br />
Ca<br />
Vp<br />
p<br />
Kp Ca<br />
enveloppe<br />
nucleoplasme<br />
2 p<br />
nucleoplasme<br />
nucleoplasme<br />
(1b)<br />
où la fonction F(t ; ts) représente l‟effet au temps t d‟un stimulus appliqué au temps t s selon la<br />
formule suivante :<br />
t ts<br />
t ts<br />
t1<br />
t 2<br />
( t;<br />
ts<br />
) Fmax 1 e e<br />
F (2)<br />
Simulations<br />
1) Réponse à un stimulus<br />
L‟effet d‟un stimulus mécanique est simulé par un influx rapide et transitoire de calcium dans<br />
le nucléoplasme à partir de l‟enveloppe, représenté par la courbe en bleu dans la figure 1 cidessous.<br />
La réponse du système (1), représentée par courbe rouge dans la Fig. 2A, correspond bien aux<br />
cinétiques observées. Les valeurs des paramètres ont été estimées par ajustement à une<br />
cinétique observée (courbe noire).<br />
La simulation de stimuli répétés est présentée Fig.2B. Comme observé expérimentalement,<br />
des stimuli successifs induisent une réponse de même période, dont l‟intensité atteint<br />
rapidement un plateau, sans qu‟il y ait d‟effet d‟accumulation ou d‟épuisement.<br />
A<br />
0.5<br />
600<br />
B<br />
0.45<br />
0.4<br />
500<br />
0.35<br />
400<br />
0.3<br />
0.25<br />
0.2<br />
0.15<br />
0.1<br />
STARTTIME = 18<br />
STOPTIME = <strong>20</strong>0<br />
DT = 0.01<br />
DTOUT = 0<br />
X0 = 0.1<br />
Q = 1000<br />
Gamma = 0.2<br />
Beta = 5e-4<br />
Vs = 0.01244<br />
Vp = 7.927<br />
Kp = 0.228294<br />
p = 1<br />
Fmax = 12.9521<br />
ts = 19<br />
t1 = 1<br />
t2 = 2<br />
tf = 0<br />
Period = 0<br />
300<br />
<strong>20</strong>0<br />
100<br />
0.05<br />
0<br />
<strong>20</strong><br />
40<br />
60<br />
80<br />
100<br />
t<br />
1<strong>20</strong><br />
140<br />
160<br />
180<br />
<strong>20</strong>0<br />
0<br />
Figure 2. Modèle avec re-captage du calcium vers l‟enveloppe nucléaire. A. Réponse à un stimulus. Ajustement<br />
à une cinétique observée à pH 5.3 (courbe noire). B. Réponse à des stimuli répétés. Courbe bleue : stimulus,<br />
courbe rouge : réponse théorique.<br />
44
C, #pH4, #pH6, #pH7, #pH9<br />
C<br />
2) Effet du pH et de la température<br />
Un exemple de simulations de la réponse du système pour différentes valeurs du pH est<br />
présenté Fig. 3. Les valeurs des coefficients ont été fixées de manière à ajuster les cinétiques<br />
observées. Entre les différentes valeurs de pH, seuls les coefficients Vs (vitesse d‟influx de<br />
base) et (capacité tampon) ont été modifiés.<br />
Il est ainsi possible de simuler l‟effet d‟un accroissement du pH du milieu externe par une<br />
augmentation du flux d‟entrée et par une variation simultanée de la capacité tampon du<br />
nucléoplasme.<br />
Dans les simulations de l‟effet de la température (Fig.4) on suppose que à t
aussi évidemment un modèle simplifié, de manière cependant à conserver l‟essentiel de la<br />
structure et du fonctionnement nucléaire. Si l‟on ne peut donc pas en attendre des prédictions<br />
fines des réponses calciques, par contre sa validité doit être jugée sur sa capacité à expliquer<br />
les caractéristiques principales de ces réponses.<br />
En ce sens ce modèle répond assez bien à cet objectif puisqu‟il permet de simuler avec un bon<br />
accord qualitatif la plupart des comportements observés expérimentalement. On peut résumer<br />
les conclusions résultant des simulations de la manière suivante :<br />
1. Le niveau d‟équilibre (=au repos) de calcium dans le nucléoplasme est contrôlé par<br />
l‟activité de canaux calciques et de transporteurs (Ca-ATPases ou Na/Ca échangeur<br />
par ex.) situés sur la membrane interne de l‟enveloppe.<br />
2. L‟ouverture de ces canaux, et donc le débit de calcium, sont régulés par le pH et la<br />
température. A pH acide ou à faible température (0°C) l‟activité de ces canaux est<br />
minimale. A pH neutre ou alkalin et à température ambiante (<strong>20</strong>°C) cette activité est<br />
maximale. Cela entraîne une augmentation du niveau de calcium nucléoplasmique et<br />
une forte baisse du niveau dans les stocks nucléaires.<br />
3. La capacité tampon calcium du nucléoplasme varie elle aussi avec le pH et la<br />
température. Elle est maximale à pH neutre et à température ambiante, et minimale à<br />
pH acide ou à faible température. Ces modifications de la capacité tampon influent sur<br />
la dynamique de la réponse aux stimuli.<br />
4. L‟application d‟un stimulus mécanique entraîne un flux de calcium des stocks<br />
nucléaires vers le nucléoplasme via des canaux mécano-sensibles d‟un type différent<br />
de celui des canaux responsables du flux de base. Le calcium est ensuite re-pompé<br />
vers les stocks par un transporteur. La modulation de l‟activité de cette pompe joue sur<br />
la dynamique de la réponse et sur la vitesse de retour à l‟équilibre.<br />
Ces considérations permettent donc de proposer un schéma de fonctionnement de<br />
l‟homéostasie calcique dans le noyau isolé de cellules végétales. Selon ce schéma les<br />
échanges entre nucléoplasme et enveloppe nucléaire joueraient un rôle essentiel dans cette<br />
régulation. Cela n‟exclue pas bien entendu que in situ les échanges directs de calcium entre<br />
cytosol et nucléoplasme aient aussi un rôle fondamental dans la dynamique calcique nucléaire.<br />
Au contraire, la prise en considération de ces divers mécanismes de régulation ouvre des<br />
perspectives nouvelles pour expliquer cette dynamique.<br />
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Adresses utiles d’outils de modélisation et simulation :<br />
BerkeleyMadonna :<br />
Biospice :<br />
Gepasi :<br />
E-Cell :<br />
Jarnac :<br />
JDesigner :<br />
M-Cell :<br />
Virtual Cell :<br />
http://www.berkeleymadonna.com/<br />
https://biospice.org/index.php<br />
http://www.gepasi.org/<br />
http://ecell.sourceforge.net/ecellbook-takahashi-noecell/node1.html<br />
http://www.sys-bio.org/<br />
http://www.cds.caltech.edu/~hsauro/JDesigner.htm<br />
http://www.mcell.cnl.salk.edu/<br />
http://www.nrcam.uchc.edu/vcellR3/login/login.jsp<br />
48
UNE NOUVELLE CAMÉRA PAR HAMAMATSU : ELECTRON MULTIPLYING<br />
CCD C9100 HIGH SPEED WITH LOW LIGHT LEVELS<br />
Bruno Combettes<br />
Hamamatsu Photonics France rue du saule trapu, parc du moulin de Massy, BP 229 91882<br />
MASSY Cedex<br />
• Sensor is designed based on the frame transfer back thinned CCD technology.<br />
• Multiplication register is added on the serial register.<br />
• In the multiplication register, up to 50 volts is applied to the one of charge transfer<br />
gate (GS) in order to get the multiplication gain.<br />
• Electrical field under the transfer gate (GS) accelerates the signal electron and<br />
energetic collision occurs in the silicon matrix.<br />
• Such collision will result in an occasional extra electron in the transferred charge.<br />
• This is called IMPACT IONIZATION<br />
• Every stage in the multiplication register has a statistical chance of 1.0% to 1.6% of<br />
creating an impact ionization event.<br />
• When multiplied by 500 steps ,for example, this generates several thousand times<br />
“gain”.<br />
• Mathematically gain is given by G=(1+g)N<br />
– where N is the stage number in the multiplication register and g is the<br />
probability of generating a secondary electron.<br />
– For example, N is 500 and g is 1.5%(0.015), then G is <strong>17</strong>10.<br />
• The normal read noise of a camera becomes “relatively” very small compared to this.<br />
• High speed readout at low intensity with low “relative read noise” is the main<br />
advantage of this technology.<br />
• Advantage<br />
– Readout noise is constant and fixed.<br />
– Gain is controllable.<br />
– When signal is gained up bigger than Readout noise, then it relatively readout<br />
noise becomes less than 1 electron.<br />
Cooling is the most important technology for EM-CCD.<br />
• Why?<br />
– Dark current is the part of signal.<br />
– At high gain, dark current becomes a main source of back ground noise.<br />
– EM Gain is the function of temperature. Need -50 degree C cooling to get<br />
<strong>20</strong>00 times gain.<br />
– Sensor gain is strongly affected by the sensor temperature and it must be very<br />
stable against ambient temperature movement.<br />
– Only very stable sensor temperature realizes the quantitative measurement.<br />
49
• For the quantitative measurement, sensor temperature must be very stable and must<br />
be well regulated against the drift of ambient temperature.<br />
• In order to get higher gain, CCD sensor must be cooled down.<br />
Hamamatsu Cooling technology<br />
What kind of cooling technology Hamamatsu is using?<br />
• Hamamatsu uses<br />
Hermetic sealed cooling<br />
system without O-rings.<br />
Vacuum level is 10 -7<br />
Torr. Because of no<br />
convection in the head,<br />
cooling is done<br />
effectively.<br />
• No re-evacuation.<br />
• Maintenance free for<br />
vacuum.<br />
July,<strong>20</strong>04<br />
HAMAMATSU 16<br />
Sensor temperature and Image quality<br />
- <strong>20</strong> C/<br />
SD 63<br />
Frequency -<strong>20</strong> deg.C<br />
40<br />
35<br />
30<br />
25<br />
<strong>20</strong><br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
400 500 600 700<br />
Intensity<br />
- 30 C /<br />
SD 40<br />
Frequency -30 deg.C<br />
40<br />
35<br />
30<br />
25<br />
<strong>20</strong><br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
400 500 600 700<br />
Intensity<br />
- 50 C/<br />
SD 35<br />
Frequency -50 deg.C<br />
40<br />
35<br />
30<br />
25<br />
<strong>20</strong><br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
400 500 600 700<br />
Intensity<br />
July,<strong>20</strong>04<br />
HAMAMATSU 9<br />
50
N<br />
Image area<br />
Multiplication Reg.<br />
Stage number M<br />
Principle of EM-CCD<br />
Store area<br />
Gate 1<br />
e<br />
p<br />
Variable<br />
voltage<br />
Gate<br />
e<br />
Impact<br />
Ionization<br />
e<br />
Electrons are<br />
collected in potential<br />
well and holes escape<br />
either to the substrate<br />
or to the channel stop<br />
Electrons begin to<br />
transfer from Gate 1<br />
to high field region<br />
under the Gate 2.<br />
Under this<br />
condition, multiple<br />
impact ionization<br />
effect starts and<br />
generates multiple<br />
electron and hole<br />
pairs. This process<br />
is repeated with the<br />
multiplication<br />
register pixel<br />
number.<br />
51
MICROSCOPE TIRF SYSTEME D’IMAGERIE<br />
A ONDES EVANESCENTES<br />
Emmanuelle Beccari<br />
Nikon France, 191, rue du marché Rollay, 94504 Champigny-sur-Marne CEDEX<br />
Principe des ondes évanescentes ou TIRF<br />
Que sont les ondes évanescentes ou Total Internal Reflection Fluorescence (TIRF)?<br />
Le TIRF est un phénomène optique qui se produit lorsque la lumière frappe une interface<br />
entre deux milieux d’indices de réfraction différents. L‟incidence d‟un angle supérieur à<br />
l‟angle critique entraîne une réflexion totale.<br />
Lorsque cette lumière est totalement réfléchie, elle ne se propage pas à travers l‟échantillon,<br />
mais engendre un champ électromagnétique (appelé onde évanescente) qui s‟étend en z.<br />
L‟énergie de ce champ décroît de façon exponentielle et l‟onde évanescente ne peut se<br />
propager au-delà d‟une centaine de nanomètres dans le second milieu. C‟est pourquoi,<br />
uniquement cette portion de l‟échantillon, traversée par l‟onde évanescente, peut être excitée<br />
pour émettre de la fluorescence et donc être observée. C’est l’essence de la microscopie<br />
TIRF.<br />
L‟avantage clé du TIRF est la faible profondeur de pénétration de cette onde évanescente.<br />
Seulement les fluorophores adsorbés, adhérés ou liés à la membrane de l‟échantillon sont<br />
excités pour émettre, créant ainsi une très fine section optique. Inversement, les molécules<br />
dispersées en solution ne seront pas excitées. Il en résulte une fluorescence minimale en<br />
dehors de cette section optique, ce qui autorise un rapport signal/bruit important.<br />
Le système TIRF permet la mesure en temps réel des cinétiques de liaison des molécules à<br />
la surface des membranes. C‟est une technique rapide, non dé-structurante, sensible, qui<br />
convient parfaitement au contrôle des interactions moléculaires. Elle offre la possibilité de<br />
suivre les changements de conformation, d’orientation mais aussi la mobilité latérale des<br />
molécules.<br />
Pourquoi le TIRF est-il utile en fluorescence ?<br />
L‟onde évanescente excitera uniquement les fluorophores situés dans une couche de ~100 nm<br />
adjacente à la lamelle. L‟excitation de cette petite section optique aboutit à une très forte<br />
augmentation du rapport signal/bruit. En résultat de cette augmentation, de très petits signaux,<br />
telles que des molécules uniques fluorescentes peuvent être résolues au-delà du bruit de fond.<br />
SYSTEME D’IMAGERIE D’ONDES EVANESCENTES NIKON<br />
TIRF Double Layer<br />
Grâce à sa technologie optique unique CFI60, Nikon a développé des rehausses permettant<br />
d‟intégrer de nouveaux systèmes d‟excitation. Les objectifs TIRF Nikon de grande ouverture<br />
numérique rendent possible l‟introduction d‟une illumination laser à des angles incidents plus<br />
53
grands que l‟angle critique. Cela résulte en une réflexion totale interne qui crée des ondes<br />
évanescentes directement adjacentes à l‟interface lamelle/spécimen.<br />
La structure unique en strate<br />
extensible du microscope inversé<br />
TE<strong>20</strong>00 de Nikon permet le montage<br />
simultané des systèmes TIRF et<br />
d‟illumination en épi-fluorescence,<br />
sans aucune restriction de leurs<br />
capacités individuelles. Cela autorise<br />
également l‟utilisation indépendante<br />
de leurs propres filtres. De plus,<br />
switcher de l‟un à l‟autre système est élémentaire.<br />
Nouveau TIRF Single Layer<br />
Nikon a profité de ses particularités techniques pour mettre au point un système d‟ondes<br />
évanescentes utilisable en routine sans contraintes. Le nouveau modèle d‟illuminateur TIRF<br />
permet sur un seul « étage » de coupler le TIRF et l‟épi fluorescence classique dans le but de<br />
mettre à profit le second étage laissé disponible pour d‟autres techniques telles la PA-GFP,<br />
les pinces optiques etc. Ainsi, différentes techniques d‟illumination, non redondantes sont à<br />
présent, disponibles sur microscope unique, ce qui facilite l‟étude par différentes approches<br />
sur un même échantillon.<br />
Perfect Focus System NIKON : La révolution.<br />
Une des particularités du TIRF est l‟épaisseur de la section optique excitée par les ondes<br />
évanescentes, mais cela devient aussi une contrainte. En effet, si l‟on admet que l‟onde ne<br />
peut se propager au-delà des <strong>20</strong>0nm au contact de la lamelle, en utilisant un objectif 60x<br />
ouvrant à 1.45, la profondeur de propagation est inférieure ou égale à la résolution en z de<br />
l‟objectif. De ce fait la plus petite dérive en z résulte en une perte le plan de mise au point et<br />
dans le cadre du TIRF, une disparition d‟image. Cette dérive sera accrue par la durée de<br />
l‟expérience.<br />
Nikon répond à cette problématique grâce à sa dernière innovation, le PFS (Perfect Focus<br />
System). Ce système est fourni pour « pister » le plan de mise au point automatiquement en<br />
détectant la limite de surface entre la lamelle et le milieu aqueux grâce à une lumière proche<br />
infrarouge qui n‟interfère pas avec l‟observation générale. Ne contrôlant la mise au point que<br />
par « tracking » des fluctuations verticales d‟interface, ce système est indépendant des<br />
changements d‟états de l‟échantillon.<br />
54
C<br />
B<br />
A<br />
Culture medium:<br />
~1.35<br />
Glass: 1.5<br />
Water: 1.333<br />
or Oil: 1.514<br />
or Air: 1.0<br />
Ce système disponible sur le statif inversé motorisé TE<strong>20</strong>00E, particulièrement adapté pour le<br />
TIRF, est aussi très performant dans toutes les applications sensibles aux vibrations, telles<br />
Time Lapse/vidéo-microscopie, Optigrid, microscopie confocale.<br />
55
ATELIER MODELISATION DE LA SIGNALISATION CALCIQUE<br />
Jacques Haiech<br />
Institut Gilbert Laustriat, IFR85 «Biomolécules et Innovations Thérapeutiques» UMR 7<strong>17</strong>5<br />
CNRS, Faculté de Pharmacie et Ecole Supérieure de Biotechnologie de Strasbourg, 74, route<br />
du Rhin, 67401 ILLKIRCH<br />
Comprendre la signalisation calcique passe par une modélisation du signal calcium.<br />
L‟objectif de cet atelier est d‟aborder les concepts et méthodes de cette modélisation, non pas<br />
pour les dominer mais pour avoir l‟envie de les utiliser et de les comprendre.<br />
Au delà de la description du signal calcium et des éléments qui le composent, le but est de<br />
construire à minima un modèle prédictif et dans le meilleur cas un modèle explicatif.<br />
On va d‟abord définir ce que l‟on entend par :<br />
signal calcique et on en déduira différentes approches de modélisations,<br />
modèle macroscopique versus modèle microscopique et on en déduira les limites<br />
des modèles utilisés ou développés dans la littérature,<br />
utilisation des modèles soit pour prédire (pharmacologie virtuelle par exemple) soit<br />
pour comprendre (aide à la création et à l‟interprétation d‟expériences).<br />
Les modélisations du signal calcique<br />
Le signal calcique doit être vu comme :<br />
un signal physique, à savoir la modification dans l‟espace, dans le temps et dans un<br />
volume donné du nombre d‟atome de calcium. Cela nécessite un système capable<br />
de réguler cette valeur physique et d‟un point de vue expérimental, des systèmes<br />
d‟observations, qui interférent peu ou de manière quantifiable avec le système<br />
précédent.<br />
Un signal logique, à savoir le déchiffrage du signal physique et sa transformation<br />
en un effet et/ou phénomène biologique (prolifération, motilité, métabolisme,<br />
différentiation, …).<br />
La modélisation du signal physique implique :<br />
une définition des compartiments impliqués dans le signal,<br />
56
une description des propriétés des éléments impliquées dans la génération du<br />
signal calcique (canaux, pompes, tampons)<br />
la dérivation d‟un modèle mathématique à partir des éléments précédents,<br />
la résolution numérique du modèle précédent à partir d‟un ensemble de données<br />
initiales.<br />
57
« The national ressource for cell analysis and modeling » a développé un ensemble d‟outils<br />
donc « virtual cell » pour aborder ce problème (http://www.nrcam.uchc.edu/) et ci-dessus.<br />
La maitrise de cet outil ne peut se faire lors de cet atelier mais nous aborderons la logique de<br />
l‟utilisation de cet outil en le considérant comme le prototype et le stereotype d‟une nouvelle<br />
génération d‟outils de modélisation qui vont être aussi nécessaire que les logiciels de<br />
bioinformatique permettant d‟annoter les séquences génomiques.<br />
La modélisation du signal logique nécessite :<br />
décrire l‟ensemble des éléments impliquées dans la transduction du signal calcique<br />
en un effet biologique, i.e les protéines de liaisons du calcium qui vont détecter le<br />
signal puis interagir avec des enzymes ou des protéines de structures pour<br />
déclencher une cascade d‟événement conduisant à l‟événement cellulaire,<br />
modéliser l‟interaction calcium-protéine et protéine-protéine afin de modéliser<br />
l‟ensemble du phénomène.<br />
Nous avons développé une technique permettant de construire les équations permettant de<br />
simuler de tels systèmes sans faire appel aux techniques mathématiques. Nous aborderons ce<br />
type de modélisation du signal calcique logique.<br />
Ci-dessous est présenté un exemple de dérivation d‟équations décrivant la liaison entre une<br />
protéine avec deux sites et un ligand sans passer par la résolution d‟un système d‟équations.<br />
De simples tableurs du type excel permettent d‟utiliser ces modèles pour tester l‟effet des<br />
valeurs initiales ou des paramètres sur la transduction du signal. L‟outil « virtual cell » permet<br />
aussi de réaliser ce type de modélisation et de le combiner avec la modélisation du signal<br />
physique afin d‟obtenir une modélisation aussi complète que possible.<br />
Les limites de ces modélisations<br />
Dans une dernière partie, nous aborderons les limites de ces modélisations et les problèmes<br />
liés à l‟amélioration des techniques d‟imagerie conduisant à observer un nombre de plus en<br />
plus petit de molécules et d‟atomes et les perturbations qu‟entrainent les technologies<br />
d‟imagerie ou de spectrométrie.<br />
58
Nous essaierons de faire émerger un guide de bonne conduite de la modélisation à partir des<br />
expériences dans ce domaine des participants à l‟atelier.<br />
Annexe sur les équilibres multiples<br />
Equilibres Multiples<br />
Une vision simplifiée permettant d’aider à la compréhension de l’atelier.<br />
L‟apparition de la vie a probablement coïncidé avec la mise en place d‟un système d‟analyse<br />
de l‟information extérieure et de gestion de l‟information par la cellule. Dans un monde<br />
hostile à la vie (quelques trois milliards d‟années avant nous), la cellule a mis en place des<br />
mécanismes d‟adaptation. Plus tard, l‟égoïsme cellulaire a laissé la place à un altruisme<br />
cellulaire. La cellule a alors transmis de l‟information à sa tribu et par la suite des sociétés<br />
cellulaires se sont constituées. L‟organisme multicellulaire n‟est qu‟une société cellulaire<br />
stable qui a développé un système politique allant du despotisme le plus absolu à la<br />
démocratie en jonglant parfois avec l‟anarchie auto-régulée.<br />
L‟évolution a sélectionné les mécanismes moléculaires permettant d‟envoyer et de recevoir de<br />
l‟information. Pour ce faire, la nature devait utiliser les propriétés physico-chimiques des<br />
macromolécules constituant les éléments cellulaires.<br />
Essayons de nous mettre à la place de la cellule primordiale ( le progénote) plus de trois<br />
milliards et demi d‟années. Cette cellule est probablement composé d‟une membrane qui isole<br />
un cytoplasme le plus stable possible d‟un milieu extérieur qui peut changer. La membrane de<br />
la cellule est principalement composée de lipides avec quelques protéines qui traversent la<br />
membrane avec une partie à l‟extérieur et une partie à l‟intérieur.<br />
Les produits qui se trouvent à l‟extérieur de la membrane vont d‟abord être captés par les<br />
protéines extérieures. Si ces produits sont nocifs pour la cellule, la cellule devra bouger pour<br />
changer d‟environnement ou bien construire un chemin métabolique afin de détruire ou<br />
d‟utiliser le produit détecté.<br />
Nous prendrons comme première loi du vivant que :<br />
la détection de la présence d‟un produit chimique par la cellule passe par la formation d‟un<br />
complexe macromolécule-produit. En général, la macromolécule est une protéine.<br />
Nous savons que cette formation d‟un complexe doit obéir aux lois de la thermodynamique et<br />
donc suivre la loi d‟action de masse.<br />
Nous utiliserons les définitions suivantes :<br />
P est la protéine que nous appellerons parfois E pour enzyme, L est le ligand que nous<br />
appellerons parfois S pour substrat.<br />
La rencontre de P et de L donnera un complexe PL et l‟on écrira :<br />
P + L<br />
PL<br />
59
Un tel système se caractérise par sa composition. dans un tube à essai, on aura des molécules<br />
de protéines P présentant un site pour des molécules de ligand L entouré par des molécules de<br />
solvant, en général de l‟eau.<br />
Une visualisation d‟un tel système sera alors :<br />
P + L<br />
PL<br />
Un tel système sera caractérisé par un comportement cinétique. La vitesse à laquelle le<br />
complexe PL se forme sera proportionnel entre autres au nombre de collision entre P et L et<br />
donc à la vitesse auxquelles diffusent P et L. Cette vitesse de formation de PL sera caractérisé<br />
par une constante cinétique k on . De même, le complexe PL peut se dissocier avec une vitesse<br />
qui sera proportionnelle au nombre de collision de ce complexe avec les molécules du solvant.<br />
Cette vitesse de dissociation sera caractérisé par une constante cinétique koff.<br />
En tenant compte de la formation et de la dissociation du complexe, on aura :<br />
d(<br />
PL)<br />
dt<br />
kon*(<br />
P)*(<br />
L)<br />
koff<br />
*( PL)<br />
60
Le premier terme de l‟équation décrit la vitesse de formation du complexe PL. Le deuxième<br />
terme décrit le mécanisme de formation et de dissociation de complexe.<br />
A l‟équilibre, le système est stable. Les flux de formation et de dissociation de complexe<br />
s‟équilibrent. On a donc :<br />
d(<br />
PL)<br />
dt<br />
d‟où :<br />
0<br />
kon* ( P)*(<br />
L)<br />
koff *( PL)<br />
0<br />
et donc :<br />
( PL)<br />
kon 1<br />
Ka<br />
( P) * ( L)<br />
koff Kd<br />
Ka est une constante qui a pour nom la constante d‟association et Kd la constante de<br />
dissociation.<br />
Dans un tube à essai, le nombre de molécule dans un volume donné est très grand. Il devient<br />
impossible de suivre la vitesse et la position de chaque molécule constituant le système que<br />
l‟on étudie. On considère alors que le système est constitué d‟états et ce que l‟on désire, c‟est<br />
pouvoir caractériser les différents états de notre système. Caractériser l‟état du système, c‟est<br />
pouvoir calculer des fonctions caractéristiques des états du système (l‟enthalpie H et<br />
l‟entropie S du système) en fonction de variable dépendant du système observé (température,<br />
volume, pression, concentration molaire des éléments du système).<br />
61
Dans notre cas, on passe d‟un état A ou la protéine et le ligand sont à l‟état libre à un état B où<br />
on a formation d‟un complexe entre la protéine et le ligand. A l‟état A est associé une valeur<br />
d‟enthalpie H A et une valeur d‟entropie S A (respectivement H B et S B pour l‟état B). En général,<br />
on peut difficilement mesurer des valeurs de fonction d‟état associé à un état donné mais des<br />
variations d‟enthalpie ou d‟entropie due à un changement d‟état. Dans notre cas, on a accès à<br />
la variation d‟enthalpie quand on passe de l‟état A à l‟état B (respectivement, la variation<br />
d‟entropie).<br />
On a :<br />
S= S B -S A et H=H B -H A<br />
Pour une température T (en degré Kelvin), on définit la variation d‟énergie libre (ou enthalpie<br />
libre) ou énergie de Gibbs :<br />
G= H-T* S<br />
On a la très classique relation :<br />
G= G°+ R*T*Ln[(PL)/(L)*(P)] où G° est l‟énergie libre standard de la réaction<br />
P+L<br />
PL.<br />
A l‟équilibre, on a G = 0 et on retrouve la loi d‟action de masse ( G° = -R*T*Ln(Ka)).<br />
62
Toutefois, ce dernier paragraphe ne nous a absolument pas permis d‟expliciter ce que sont ces<br />
mystérieuses fonctions d‟états (H, S, G sans parler de U).<br />
Protéine avec un ligand<br />
Considérons le système<br />
P + L PL<br />
Par définition, P sera le récepteur (en général, une protéine) et L le ligand (un composé<br />
chimique de faible poids moléculaire). Expérimentalement, on fera varier la concentration du<br />
ligand. On mesure un signal physique associé à P (S 0 ) et à PL (S 1 ). Le signal que nous<br />
observons sera donc la somme du signal provenant de la fraction de P dans le tube et de la<br />
fraction de PL. Dans notre tube, au départ de l‟expérience, on a une concentration totale de<br />
protéine (Pt). Au cours de l‟expérience, on fait varier la concentration libre du ligand (L).<br />
En permanence, on a :<br />
Pt= (P) + (PL) et la concentration totale du ligand est Lt= (L) + (PL).<br />
Le signal que nous observons est donc :<br />
S= S 0 *(P)/Pt + S 1 * (PL)/Pt<br />
Ainsi, en absence de ligand, on a :<br />
(P)=Pt et S= S 0<br />
En présence d‟une quantité saturante de ligand, on a :<br />
(PL)=Pt et S=S 1<br />
63
On a donc une variation du signal entre S0 et S1 quand on ajoute progressivement du ligand L.<br />
Pour réaliser ce type d‟expérience, il nous faut :<br />
1) une mesure de la concentration de ligand libre (L) dans le système,<br />
2) un signal physique associé à la protéine qui soit différent quand le site est libre ou occupé<br />
par un ligand.<br />
64
Méthodes expérimentales<br />
Quatre types de signaux sont utilisés :<br />
a) la mesure du ligand liée à la protéine,<br />
b) une mesure physique associée à une modification conformationelle de la protéine,<br />
c) une mesure d‟une fonction d‟état associée au système,<br />
d) une mesure d‟une fonction biologique associée à la protéine.<br />
Modélisation et méthodes de représentation<br />
La modélisation du système consiste à exprimer le signal S en fonction de la concentration en<br />
ligand libre (L).<br />
(1) S= S 0 *(P)/Pt + S 1 * (PL)/Pt<br />
La loi de conservation des masses nous donne :<br />
(2) Pt = (P) + (PL)<br />
La loi d‟action de masse peut s‟exprimer de la manière suivante :<br />
(3) K= (PL)/(P)(L)<br />
Les équations (1), (2) et (3) permettent d‟écrire :<br />
65
S<br />
S<br />
0<br />
1<br />
S1<br />
* K *( L)<br />
K *( L)<br />
Mesure du ligand lié<br />
Si l‟on mesure par dialyse la quantité de ligand liée par complexe, alors on a :<br />
S 0 = 0 et S 1 =1<br />
En général, on a pour convention d‟appeler ce signal<br />
K *( L)<br />
1 K *( L)<br />
K est dans ce cas la constante d‟association macroscopique (ou constante stœchiométrique<br />
d‟association) et la constante individuelle du site (ou constante microscopique d‟association).<br />
On a :<br />
Titration enthalpique par microcalorimétrie isotherme<br />
S= H ; S 0 =0 ; S 1 = H1<br />
Puisque G°=-R*T*Ln(K), on a S° = ( H°- G°)/T. On a donc une mesure complète des<br />
caractéristiques thermodynamiques du système que l‟on étudie.<br />
66
Titration conformationelle du système<br />
S<br />
S<br />
0<br />
1<br />
S1<br />
* K *( L)<br />
S0<br />
S0<br />
* K *( L)<br />
( S1<br />
S0<br />
K *( L)<br />
1 K *( L)<br />
)* K<br />
*( L)<br />
et donc,<br />
S<br />
( S1<br />
S0)*<br />
K *( L)<br />
1 K *( L)<br />
On accède à une mesure du changement conformationnel au travers de toutes les mesures<br />
physico-chimiques possibles (Fluorescence, spectroscopie UV-visible, RMN, ....).<br />
Mesure enzymatique<br />
Considérons un enzyme E qui peut lier un substrat S. Cet enzyme transforme le substrat S en<br />
produit P. On a le modèle suivant :<br />
E + S ES ----->E + P<br />
H<br />
H<br />
1<br />
0<br />
1<br />
* K *( L)<br />
K *( L)<br />
67
V<br />
V<br />
1<br />
m<br />
* K *( S)<br />
K *( S)<br />
Si l‟étape de fixation du substrat n‟est pas ou peu modifié par l‟étape de transformation du<br />
substrat en produit et si l‟on associe au complexe ES la vitesse maximale de transformation du<br />
substrat (Vm), on a :<br />
Si l‟on pose Km=1/K, alors<br />
V<br />
V<br />
K<br />
m<br />
m<br />
*( S)<br />
( S)<br />
Ceci représente l‟équation de Michaelis-Mentens.<br />
Protéine avec deux ligands identiques<br />
Dans le cas d‟une protéine avec deux sites pour le même ligand, on ne peut plus<br />
confondre constantes stœchiométriques et constantes individuelles.<br />
On a deux représentations :<br />
L<br />
k1<br />
k3<br />
P<br />
k2<br />
k4<br />
68
P + L PL PL 2<br />
K1<br />
K2<br />
Représentation macroscopique et représentation microscopique<br />
On a une représentation au niveau moléculaire où on suppose que l‟on peut différencier entre<br />
les deux sites. On a donc une constante individuelle pour chaque site (k1 et k2). Quand le site<br />
1 est occupé, on peut avoir une modification de l‟affinité pour le site 2. La constante<br />
individuelle du site 2 quand le site 1 est occupé devient k3. On considère donc un facteur de<br />
couplage entre le site 1 et le site 2, c. on a :<br />
c= k3/k2. Si k3 est égal à k2, alors les deux sites sont indépendants et le facteur de couplage<br />
est 1. Si l‟occupation du site 1 augmente (diminue) l‟affinité pour le site 2, alors c >1 ( c
On peut écrire :<br />
S<br />
s<br />
0<br />
( s<br />
1<br />
s ) * k1*<br />
x<br />
0<br />
1<br />
( s<br />
1<br />
k1*<br />
x<br />
s ) * k2*<br />
x<br />
0<br />
k2*<br />
x<br />
( s<br />
1<br />
1<br />
0<br />
c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
s ) * c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
2<br />
2<br />
Les méthodes expérimentales que nous utilisons ne permettent pas en général de distinguer<br />
sans ambiguïté les deux sites. On a une vision macroscopique du système où l‟on considère<br />
les complexes stœchiométriques. Associons à chaque complexe stœchiométrique un signal, à<br />
savoir S 0 , S 1 et S 2 et exprimons S (le signal observé) en fonction de la concentration en ligand<br />
libre (L). On obtient :<br />
S<br />
S<br />
S<br />
S<br />
0<br />
0<br />
S<br />
1<br />
1<br />
( S<br />
* K<br />
1<br />
K<br />
1<br />
1<br />
* x<br />
* x<br />
S<br />
K<br />
1<br />
2<br />
1<br />
* K<br />
* K<br />
2<br />
1<br />
* K<br />
* x<br />
S<br />
0<br />
) * K1<br />
* x ( S<br />
2<br />
1 K * x K<br />
2<br />
2<br />
1<br />
* x<br />
0<br />
* K<br />
2<br />
2<br />
S ) * K<br />
* x<br />
1<br />
2<br />
* K<br />
2<br />
* x<br />
2<br />
Comme le signal observé est le même quelque soit la manière de dériver l‟équation, on peut<br />
ainsi déduire des relations permettant de relier les constantes stœchiométriques et les<br />
constantes individuelles.<br />
Ainsi, on a :<br />
K<br />
K<br />
1<br />
2<br />
k<br />
1<br />
c*<br />
k<br />
k<br />
1<br />
k<br />
1<br />
2<br />
* k<br />
k<br />
2<br />
2<br />
et pour les signaux :<br />
70
S<br />
S<br />
S<br />
0<br />
1<br />
2<br />
s<br />
s<br />
0<br />
s1<br />
* k1<br />
k<br />
1<br />
1<br />
1<br />
1<br />
s * k<br />
k<br />
2<br />
2<br />
Ces équations sont obtenues en identifiant les dénominateurs et les numérateurs. On obtient<br />
deux systèmes d‟équations. Le premier système d‟équations comprend eux équations et trois<br />
inconnus et le deuxième système, une équation à deux inconnus. En général, ces systèmes<br />
sont indéterminés. Afin de pouvoir totalement caractériser un système présentant une<br />
interaction non-covalente, il faudrait pouvoir caractériser les constantes individuelles et les<br />
facteurs de couplages. Expérimentalement, nous atteignons en général les constantes<br />
macroscopiques. Il faut donc faire des hypothèses pour résoudre les systèmes d‟équations<br />
précédentes.<br />
Il existe deux grands types d‟hypothèses :<br />
les sites sont équivalents : cela signifie que k 1 =k 2 =k,<br />
les sites sont indépendants : cela signifie que c=1.<br />
Dans le cas de l‟hypothèse des sites équivalents, on a :<br />
K<br />
K<br />
1<br />
2<br />
k<br />
1<br />
c*<br />
k<br />
k<br />
1<br />
k<br />
1<br />
2<br />
* k<br />
k<br />
2<br />
2<br />
2* k<br />
c*<br />
k * k<br />
2* k<br />
c<br />
*<br />
2<br />
k<br />
d‟où on obtient :<br />
71
k<br />
c<br />
K<br />
1<br />
2<br />
4 * K<br />
K<br />
1<br />
2<br />
Dans le cas de l‟hypothèse de sites indépendants, on a :<br />
K<br />
K<br />
1<br />
2<br />
k<br />
1<br />
k<br />
k<br />
1<br />
1<br />
k<br />
2<br />
* k<br />
k<br />
2<br />
2<br />
Cela implique que k1 et k2 sont les racines positives du polynôme de liaison :<br />
P(x)=1+K 1 *x+K 1 *K 2 *x 2<br />
Cela n‟est possible que si K 1 *K 1 -4*K 1 *K 2 >=0, soit K 1 >=4*K 2<br />
En conclusion, une hypothèse de symétrie sur la protéine permet toujours de résoudre les<br />
équations reliant constantes macroscopiques, constantes individuelles et facteur de couplage.<br />
A l‟inverse, l‟hypothèse de sites indépendants ne permet pas de résoudre les équations dans<br />
tous les cas.<br />
Méthodes d’études<br />
On aimerait ne pas faire d‟hypothèses et être capables de résoudre les équations précédentes.<br />
Supposons que l‟on ait un signal spectrométrique qui permette de suivre l‟occupation d‟un<br />
seul site, on obtient pour le site 1 :<br />
S<br />
s<br />
0<br />
( s<br />
1<br />
s ) * k1*<br />
x<br />
0<br />
( s<br />
1 k1*<br />
x k2*<br />
x<br />
1<br />
s ) * c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
0<br />
c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
2<br />
2<br />
( s<br />
1<br />
s0<br />
) *<br />
1<br />
2<br />
k1*<br />
x c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
k1*<br />
x k2*<br />
x c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
2<br />
et pour le site 2 , l‟équation suivante :<br />
( s'<br />
1<br />
s'<br />
0<br />
) * k2*<br />
x ( s'<br />
1<br />
s'<br />
0<br />
) * c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
S'<br />
s'<br />
0<br />
2<br />
1 k1*<br />
x k2*<br />
x c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
2<br />
( s'<br />
1<br />
s'<br />
0<br />
) *<br />
1<br />
2<br />
k2*<br />
x c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
k1*<br />
x k2*<br />
x c * k1*<br />
k2*<br />
x<br />
2<br />
Ces deux équations permettent d‟obtenir les valeurs de k1 et k2 et donc de c.<br />
Pour réaliser ce type d‟expérience, il faut deux signaux indépendants et qui permettent de<br />
suivre l‟occupation d‟un seul site ou bien de réaliser des mutants isofonctionnels qui<br />
présentent un signal physique spécifique d‟un seul site.<br />
72
Protéines avec n ligands (vision macroscopique)<br />
On peut représenter la suite des complexes stœchiométriques sur une protéines qui possèdent<br />
n sites.<br />
P PL PL 2 ........... PLi-1 PLi .............. PL n-1 <br />
PL n<br />
K 1 K 2 Ki K n-1 K n<br />
K<br />
i<br />
PL<br />
PL<br />
i 1<br />
i<br />
* L<br />
et K 0 =1<br />
On a donc :<br />
S<br />
i<br />
i<br />
n<br />
S *(<br />
i<br />
0 j 0<br />
i n<br />
(<br />
j i<br />
i 0 j 0<br />
j<br />
i<br />
i<br />
K ) * x<br />
i<br />
K ) * x<br />
j<br />
j<br />
Protéines avec deux ligands différents<br />
Représentation du système et modélisation du système<br />
73
On a ks, ki, et ci,s le facteur de couplage<br />
On a l‟équation suivante :<br />
S<br />
S<br />
0<br />
S * k<br />
i<br />
1<br />
i<br />
*( I)<br />
k *( I)<br />
i<br />
S<br />
s<br />
* k<br />
k<br />
s<br />
s<br />
*( S)<br />
*( S)<br />
c<br />
i,<br />
s<br />
S<br />
i,<br />
s<br />
* k<br />
* c<br />
i<br />
i,<br />
s<br />
* k<br />
s<br />
* k<br />
i<br />
* k<br />
s<br />
*( S)*(<br />
I)<br />
*( S)*(<br />
I)<br />
Si les deux sites sont indépendants, alors ci,s=1. Si on a compétition stricte entre I et S, alors<br />
ci,s=0. Si ci,s >1, on a une coopérativité positive entre les deux sites. Si ci,s
Inhibition noncompetitive : S0=Si=Si,s=0, ci,s=1 et Ss=Vm<br />
Inhibition incompetitive : S0=Si=Si,s=0, ki=0 , ki*ci,s=Ki et Ss=Vm<br />
Protéines avec n ligands différents<br />
On considère une protéine avec n ligands différents et chaque ligands sur un site. Soit xi la<br />
concentration du ligand Li<br />
On a l‟équation suivante :<br />
S<br />
j<br />
j<br />
i<br />
i<br />
1<br />
0<br />
S<br />
j ,..., j<br />
j<br />
j<br />
i<br />
i<br />
1<br />
1<br />
0<br />
c<br />
n<br />
* c<br />
j ,..., j<br />
1<br />
j ,..., j<br />
n<br />
1<br />
n<br />
* k<br />
j<br />
1<br />
* k<br />
1<br />
j<br />
1<br />
1<br />
*...* k<br />
*...* k<br />
j<br />
n<br />
n<br />
j<br />
n<br />
n<br />
* x<br />
j<br />
1<br />
* x<br />
1<br />
j<br />
1<br />
1<br />
*.....* x<br />
*.....* x<br />
j<br />
n<br />
n<br />
j<br />
n<br />
n<br />
Ou en rassemblant les monômes de même degré total<br />
S<br />
k<br />
k<br />
n<br />
0 j1<br />
...<br />
k n<br />
S<br />
j1<br />
,..., jn<br />
jn<br />
k<br />
k 0 j1<br />
...<br />
c<br />
* c<br />
j1<br />
,..., jn<br />
jn<br />
k<br />
j1<br />
,..., jn<br />
* k<br />
j1<br />
1<br />
* k<br />
j1<br />
1<br />
*...* k<br />
*...* k<br />
jn<br />
n<br />
jn<br />
n<br />
* x<br />
j1<br />
1<br />
* x<br />
j1<br />
1<br />
*.....* x<br />
*.....* x<br />
jn<br />
n<br />
jn<br />
n<br />
Si l‟on considère que les ligands sont tous les mêmes, alors<br />
x1=x2=....=xn et on a :<br />
S<br />
k<br />
k<br />
n<br />
(<br />
0 j1<br />
...<br />
k<br />
k<br />
n<br />
(<br />
s<br />
j1<br />
,..., jn<br />
jn<br />
k<br />
0 j1<br />
...<br />
c<br />
* c<br />
j1<br />
,..., jn<br />
jn<br />
k<br />
j1<br />
,..., jn<br />
* k<br />
j1<br />
1<br />
* k<br />
j1<br />
1<br />
*...* k<br />
*...* k<br />
jn<br />
n<br />
jn<br />
n<br />
) * x<br />
) * x<br />
k<br />
k<br />
On a donc les relations entre constantes stœchiométriques, constantes individuelles et facteurs<br />
de couplages<br />
j<br />
j<br />
k<br />
K<br />
j<br />
0 j1<br />
...<br />
j1<br />
c<br />
j ,..., j<br />
* k<br />
n 1<br />
*...*<br />
1<br />
j k<br />
n<br />
k<br />
j<br />
n<br />
n<br />
On a une relation similaire reliant les signaux associés avec chaque complexe.<br />
75
IMAGERIE CALCIQUE DU SYSTEME OLFACTIF DE L’ABEILLE DOMESTIQUE :<br />
DU CERVEAU A LA CELLULE<br />
Valérie Raymond-Delpech, Nina Deisig, Tristan Jaillard & Jean-Christophe Sandoz<br />
Centre de Recherches sur la Cognition Animale, CNRS UMR 5169, Université Paul Sabatier<br />
118 Route de Narbonne, 31062 TOULOUSE Cedex 4, France<br />
Depuis de nombreuses années, l‟abeille domestique est un sujet d‟étude de<br />
neuroanatomie, neurophysiologie et de comportement important, en particulier en ce qui<br />
concerne ses capacités de communication, de perception, de mémoire et d‟apprentissage (von<br />
Frisch 1967, Menzel 1999). Le sens olfactif joue chez l‟abeille un rôle primordial, étant<br />
impliqué aussi bien dans les relations sociales entre individus de la colonie (communication<br />
phéromonale) que dans le contexte du butinage. Dans la ruche, des phéromones émises par la<br />
reine inhibent par exemple le développement ovarien des ouvrières, induit un comportement<br />
de cours de la part des ouvrières, et assure la cohésion de la colonie (Free 1987). Les<br />
ouvrières émettent elles aussi des phéromones, induisant ainsi une agrégation des<br />
individus, ou un comportement de défense (Free 1987). Lors de la récolte de nourriture, les<br />
odeurs des fleurs constituent des signaux importants, que les ouvrières sont capables<br />
d‟apprendre et de mémoriser sur de longues périodes de temps, ce qui augmente<br />
considérablement leur succès de butinage (von Frisch 1967, Menzel et al. 1993). Elles<br />
forment alors des associations entre les odeurs rencontrées et la qualité du nectar obtenu et<br />
utilisent des processus cognitifs qui peuvent être dans certains cas très complexes (Giurfa<br />
<strong>20</strong>03). La question qui se pose alors est comment le système nerveux plutôt simple de cet<br />
insecte lui permet de détecter, différencier, reconnaître et apprendre ces signaux olfactifs ?<br />
Dans cet article, nous aimerions montrer l‟intérêt d‟une approche intégrée allant de l‟étude de<br />
signaux évoqués par les odeurs sur le cerveau entier in vivo à celle des flux calciques dans des<br />
neurones du système olfactifs en culture. Les études que nous présentons utilisent toutes<br />
l‟imagerie calcique, avec différents types de marquages qui donnent chacun des informations<br />
complémentaires. Nous expliquons comment sont réalisées ces expériences et comment elles<br />
sont utilisées pour répondre à nos questions.<br />
Grâce à de nombreux travaux de neuroanatomie, les structures nerveuses impliquées dans le<br />
traitement des signaux olfactifs sont bien connues (Mobbs 1982 ; Flanagan et Mercer 1989).<br />
76
Les stimuli olfactifs sont détectés par les récepteurs olfactifs portés par approximativement<br />
60.000 neurones sensoriels des antennes. Les axones des neurones sensoriels olfactifs se<br />
projettent dans le lobe antennaires (Figure 1), le premier relais de la voie olfactive, qui<br />
correspond au bulbe olfactif des vertébrés. Chaque lobe antennaire est constitué<br />
d‟approximativement 160 structures sphériques de 30-50 m, les glomérules (Flanagan et<br />
Mercer 1989). C‟est au sein de ces glomérules que les neurones sensoriels se connectent avec<br />
les neurones de projection (800 environ) qui transmettent ensuite l´information vers les centre<br />
nerveux supérieurs, comme les corps pédonculés ou le protocerebrum latéral. Dans les<br />
glomérules, on distingue aussi les synapses de 4000 neurones inhibiteurs locaux. C‟est au<br />
niveau de ces réseaux neuronaux du lobe antennaire que ce ferait le premier traitement<br />
nerveux de l‟information olfactive. De par sa structure modulaire, le lobe antennaire se prête<br />
extrêmement bien à une étude de la représentation nerveuse des odeurs : les glomérules sontils<br />
des structures fonctionnelles individuelles qui nous permettraient de lire comment est<br />
codée l‟information olfactive dans le cerveau ?<br />
Figure 1: Le cerveau de l‟abeille et la voie olfactive. a) Tête d‟ouvrière montrant la position du<br />
cerveau. Le premier relais de traitement de la voie olfactive, le lobe antennaire est encadré en blanc;<br />
b) Vue schématique des principales structures du cerveau d‟abeille dans la même position qu‟en a). A<br />
gauche la voie olfactive et les connexions les plus importantes. LA : lobe antennaire (encadré en noir),<br />
CP : corps pédonculés, LPL : lobe protocérébral latéral, CL : calice latéral, CM : calice médian, Pe :<br />
pédoncule, α : lobe α, : lobe , NSO : neurones sensoriels olfactifs, NP : neurones de projection ;<br />
c) Schéma de la connectivité du lobe antennaire (exemple dans un glomérule). Les neurones sensoriels<br />
(NSO) se projettent dans les glomérules, unités fonctionnelles du LA. Des réseaux d‟interneurones locaux<br />
(INL) induisent d´importantes inhibition latérales entre glomérules. Les neurones de projection (NP)<br />
transmettent l‟information traitée vers les centres nerveux supérieurs (b et c, figures d‟après B.<br />
Grünewald et G. Galizia, Berlin, Allemagne).<br />
La technique d´imagerie optique permet de mesurer l´activité de populations de neurones en<br />
même temps. Chez l´abeille, c‟est grâce à l‟imagerie calcique que l‟on a pu pour la première<br />
fois révéler l‟activité cérébrale induite par une odeur (Joerges et al. 1997). Cette technique est<br />
77
aujourd‟hui utilisée en routine pour comprendre comment l‟information olfactive est codée<br />
dans le cerveau.<br />
Protocole 1 : Préparation du cerveau in vivo et imagerie calcique du lobe antennaire<br />
Les abeilles sont anesthésiées par le froid sur de la glace pillée jusqu‟à immobilité, afin de permettre une<br />
manipulation plus aisée. Elles sont ensuite fixées sur un support en plexiglas permettant d‟isoler physiquement la<br />
région céphalique du reste du corps pour les enregistrements d‟imagerie. La tête est maintenue immobile à l‟aide<br />
de cire dentaire fondant à basse température (Deiberit 502, Böhme & Schöps, Allemagne). Grâce à la cire et à de<br />
la colle Epoxy à deux composants (type Araldite), on crée une zone étanche autour du cerveau, laissant les<br />
antennes, organes olfactifs, à l‟air libre, afin de pouvoir leur appliquer des stimulation olfactives. Les pièces<br />
buccales sont fixées à la cire pour éviter tout mouvement de la préparation. Une fenêtre est alors découpée dans<br />
la cuticule de la capsule céphalique, des antennes à l‟avant jusqu‟aux ocelles à l‟arrière, en suivant le contour<br />
délimité par les yeux sur les côtés. Une fois la cuticule retirée, les glandes mandibulaires, les trachées et les<br />
membranes qui recouvrent le cerveau sont retirées délicatement à l‟aide de pinces extra-fines. La zone étanche<br />
réalisée permettra de baigner le cerveau dans du liquide physiologique (Ringer : 130 mM NaCl, 6 mM KCL, 4<br />
mM MgCl 2 , 5 mM CaCl 2 , 160 mM sacchacrose, 25 mM glucose, 10 mM HEPES, pH 6,7). La sonde calcique<br />
utilisée est le <strong>Calcium</strong> Green 2-AM (Molecular Probes, Oregon, USA). Le groupement acétoxyméthylester (AM)<br />
rend la sonde liposoluble, ce qui permet au colorant de passer à travers les membranes plasmiques et de marquer<br />
ainsi toutes les cellules. Dans le cytoplasme, la sonde devient fonctionnelle après le clivage du groupement AM<br />
par les estérases endogènes. Une dose de 50μg est diluée dans <strong>20</strong> μl de Pluronic F-127 (solution à <strong>20</strong>% dans du<br />
DMSO) puis dans 800 μl de Ringer, pour une concentration finale de 33 M. Le marquage se fait en bain, en<br />
déposant <strong>20</strong> μl de cette solution sur le cerveau. L‟incubation est effectuée sur de la glace pendant 1h, après quoi<br />
le cerveau est abondamment rincé à l‟aide de Ringer.<br />
Les expériences d‟imagerie calcique sont réalisées à l‟aide d‟un système d‟imagerie T.I.L.L. photonics<br />
(Gräfelfing, Allemagne) adapté sur un microscope à épifluorescence Olympus BX51WI. Le système d‟imagerie<br />
est composé d‟un monochromateur permettant d‟exciter la préparation avec une longueur d‟onde donnée (bande<br />
d‟environ 15 nm), d‟une caméra refroidie (IMAGO, 12bits), d‟un ordinateur contenant un logiciel d‟acquisition<br />
et d‟exploitation des images (Tillvision). Les enregistrements sont réalisés à l‟aide d‟objectifs 10x et <strong>20</strong>x à<br />
immersion à eau (Olympus). La préparation est excitée à 475nm (optimum du colorant in vivo). Un système<br />
contenant un filtre dichroique (à 505nm) et un filtre d‟émission (laissant passer la lumière au-dessus de 515 nm)<br />
permet de récupérer principalement la lumière pertinente, i.e. correspondant à la concentration intracellulaire de<br />
calcium. L‟intensité du signal fluorescent étant relativement faible, il est nécessaire de regrouper plusieurs pixels<br />
entre eux (« binning » horizontal et vertical). Les images sont donc réalisées avec un « binning » de 4 (16 pixels<br />
regroupés), avec 45 à 60 ms d‟exposition et sont capturées à une fréquence de 5 Hz avec une résolution de 12<br />
bits (4095 niveaux de gris). Un enregistrement typique dure <strong>20</strong> sec (100 images), une odeur étant présentée à<br />
l‟abeillependant 1 sec, entre les images 15 et <strong>20</strong>.<br />
78
Figure 2 : Signaux calciques dans le lobe antennaire d‟abeille in vivo. a) Cartes d‟activation présentant en<br />
fausses couleurs (ici niveaux de gris) l‟amplitude du signal obtenu avec une odeur donnée en différents points de<br />
la zone imagée. Les numéros correspondent aux glomérules identifiés à ces emplacements. Alors que le 2-<br />
octanol active les glomérules <strong>17</strong>, 28, 33 et 52, le 1-hexanol active les glomérules 28, 36, 38 et 52. b) Cinétique<br />
des signaux calciques enregistré après marquage en bain. On observe un signal biphasique, dont le maximum est<br />
obtenu 1 sec après le début de la stimulation olfactive.<br />
Sur une bonne préparation, on obtient un signal calcique au niveau de zones circulaires<br />
d‟environ 30-50 m de diamètre (Figure 2a). Grâce à un marquage servant à révéler les zones<br />
neuropilaires du lobe (par exemple grâce à la sonde de potentiel RH795 associée à une<br />
protéase pour favoriser le marquage), on peut révéler que les signaux prennent leur origine au<br />
sein des glomérules (Joerges et al. 1997, Sachse et al. 1999). En conditions classiques on peut<br />
imager en même temps environ 30 glomérules à la surface du lobe antennaire. Le signal<br />
calcique est biphasique, montrant d‟abord une augmentation de fluorescence avec un<br />
maximum 1 sec après le début de la stimulation olfactive, puis une décroissance avec un<br />
minimum environ 10 sec après, et enfin un retour à la ligne de base dans les <strong>20</strong> sec (Figure 2b)<br />
Cette technique d‟imagerie calcique du lobe antennaire in vivo a permis de montrer que les<br />
odeurs induisent des motifs d´activité glomérulaire différents, i.e. pour différentes odeurs, une<br />
combinaison différente de glomérule sera activée (Figure 2a). Ces motifs d‟activité sont<br />
reproductibles chez un même individu, mais aussi entre individus (Galizia et al. 1999, Sachse<br />
et al. 1999). De plus, ils sont bilatéralement symétriques (Sandoz et al. <strong>20</strong>03). Récemment,<br />
nous avons pu montrer que ces signaux calciques nous renseignent effectivement sur la<br />
manière dont les abeilles perçoivent le monde olfactif (Guerrieri et al. <strong>20</strong>05) : en effet, en<br />
comparant les résultats obtenus en imagerie calcique avec ceux obtenu en comportement, on a<br />
observé que les relations de similarité entre odeurs sont les mêmes avec les deux types de<br />
mesures. Ainsi, des odeurs similaires sur le plan des signaux induits dans le cerveau sont<br />
traitées comme similaires par les abeilles dans leur comportement ! Cette technique<br />
79
d´imagerie calcique a aussi été utilisée pour étudier les effets d‟un apprentissage olfactif, dans<br />
lequel l‟abeille apprend à associer une odeur à une récompense sucrée (conditionnement de<br />
l‟extension du proboscis). Ainsi, il a été montré qu‟un apprentissage olfactif induit des<br />
modifications des signaux calciques à court (Faber et al. 1999) mais aussi à plus long terme<br />
(Sandoz et al. <strong>20</strong>03).<br />
De quels neurones proviennent ces signaux ?<br />
Afin d‟interpréter les expériences citées plus haut sur la perception et l‟apprentissage olfactifs<br />
utilisant ces marquages en bain avec la sonde calcique, il est important de connaître leur<br />
origine. Ainsi, comme nous l‟avons vu plus haut, différents types cellulaires peuvent être<br />
potentiellement marqués par la sonde calcique AM : neurones sensoriels, interneurones<br />
locaux, neurones de projection. Pour différentes raisons, nous pensons que les signaux<br />
enregistrés correspondent de manière prépondérante à la participation des neurones sensoriels<br />
olfactifs. Premièrement, ils sont les plus nombreux (60000 par lobe). Ensuite, les signaux<br />
observés sont très stéréotypés, et ne montrent jamais d‟activité spontanée ou d‟inhibition à la<br />
présentation de l‟odeur, ce qui est une caractéristique des interneurones locaux et des<br />
neurones de projection. Une méthode développée récemment (Sachse et Galizia <strong>20</strong>02)<br />
marquant spécifiquement les neurones de projection permet de nous en rendre compte (Figure<br />
3) :<br />
Protocole 2 : Imagerie calcique des neurones de projection in vivo<br />
La préparation de l‟abeille est similaire à celle utilisée pour les marquages en bain. Les neurones de projection<br />
quittent le lobe antennaire pour se projeter dans d‟autres centres nerveux (Figure 1). Nous profitons de cette<br />
caractéristique en lésant spécifiquement un tractus de neurones de projection (l-ACT) grâce à une électrode fine<br />
de verre. Des cristaux de Fura-2 dextran (10kDa ; Molecular Probes, USA) sont dilués dans une goutte de<br />
quelques microlitres de BSA (bovine serum albumine) à 2%, et après épaississement, la pâte formée est enduite<br />
au bout de l‟électrode. Le colorant est déposé à l‟aide de l‟électrode au niveau de la lésion. Lors de l‟incubation,<br />
qui dure entre 3 et 6h, il sera pris en charge par les neurones lésés et pourra migrer grâce au groupement dextran<br />
jusque dans les terminaisons post-synaptiques présentes au niveau des glomérules du lobe antennaire. C‟est à ce<br />
niveau que nous pouvons observer les réponses calciques des neurones de projection (ce sont alors les seuls<br />
marqués) à des odeurs. On utilise pour cela le même système d‟imagerie que précédemment, mais en excitant la<br />
préparation alternativement à 340nm et à 380 nm (100 images à 5 Hz pour chaque longueur d‟onde). Le temps<br />
d‟excitation est en général de 15-60 ms à 340 nm et de 5-15 ms à 380 nm Un filtre dichroïque à 410 nm et un<br />
filtre d‟émission à 440 nm, permettent de récupérer la lumière émise par le fluorochrome lors des deux<br />
excitations. Le calcul du ratio entre les signaux obtenus à 340 nm et 38 nm nous permet de connaître les<br />
80
variations de concentration de calcium intracellulaire dans les neurones de projection. En réponse à l‟odeur, des<br />
types de réponses plus complexes sont observés que lors d‟un marquage en bain (Figure 3): la plupart des<br />
réponses sont de types excitateur (environ 80%), avec une augmentation du ratio de fluorescence qui atteint un<br />
maximum environ 600ms après le début de la stimulation odorante, et une décroissance au niveau de base la<br />
plupart du temps très rapide, mais dans certains cas plus lente (voir les deux types de cinétiques en Figure 3b).<br />
Dans certains glomérules, on observe des réponses de type inhibiteur, le ratio décroissant rapidement à l‟odeur,<br />
avant de revenir à la ligne de base en fin de présentation d‟odeur.<br />
Figure 3 : Exemple d‟enregistrements spécifiques in vivo des neurones de projection, grâce au Fura-2 dextran. a)<br />
Carte d‟activité du lobe antennaire en réponse au 2-octanol. On remarque une correspondance entre les glomérules<br />
activés dans ce cas, et lors du marquage enbain (comparer avec Fig 2). b) Les deux types de réponses observés : à<br />
gauche (glomérule <strong>17</strong>) on observe une augmentation du ratio en réponse aux deux odeurs présentées. A droite<br />
(glomérule 49), c‟est une claire diminution qui est observée. Ces variations de concentration calcique proviennent des<br />
dendrites des neurones de projection.<br />
Les signaux observés grâce à ces marquages spécifiques et à des enregistrements<br />
électrophysiologiques ont permis de montrer que les signaux calciques suivent très bien les<br />
phases d‟excitation (augmentation du nombre de potentiel d‟action) ou d‟inhibition (baisse du<br />
nombre de potentiels d‟action en dessous du niveau d‟activité spontanée) de ces neurones<br />
(Galizia et Kimmerle <strong>20</strong>04). Ces signaux sont donc de bons indicateurs de l‟activité neuronale<br />
induite par les odeurs, et permettent de comprendre comment le réseau du lobe antennaire<br />
traite l‟information olfactive. Par exemple, on peut montrer que les odeurs activent moins de<br />
glomérules que lors d‟un marquage en bain. On note de plus que la différence entre les motifs<br />
d‟activation des odeurs est plus marquée, en particulier à de faibles concentrations d‟odeurs<br />
(Sachse et Galizia <strong>20</strong>02, <strong>20</strong>03), ce qui laisse penser que le lobe antennaire augmente le<br />
contraste entre stimuli, envoyant ainsi une représentation neuronale des odeurs plus distinctes<br />
vers les centres supérieurs. Les réponses inhibitrices observées sont, elles, le fruit d‟inhibition<br />
latérales entre glomérules et sont dues aux interneurones locaux.<br />
81
Origine du calcium impliqué dans la perception olfactive<br />
Comme nous l‟avons vu, les signaux calciques observés in vivo reflètent bien l‟activité<br />
électrique des neurones, induite par la présentation d‟odeurs. Jusqu‟ici, on s‟est très peu<br />
intéressé au calcium per se, et à ce jour, aucune étude n‟a permis de déterminer au niveau<br />
cellulaire comment les signaux calciques observés in vivo sont initiés. Comme chez les autres<br />
insectes, le système cholinergique est très développé dans le cerveau de l‟abeille (Bicker<br />
1989). De nombreux éléments indiquent que les neurones olfactifs (neurones sensoriels et<br />
neurones de projection) sont cholinergiques (Kreissl et Bicker 1989). C‟est pourquoi<br />
l‟acétylcholine (ACh) est présentée comme le neurotransmetteur de la voie nerveuse olfactive.<br />
L‟ACh peut agir sur deux types de récepteurs : les récepteurs ionotropes nicotiniques<br />
(AChRn), qui sont perméables aux cations, et les récepteurs métabotropes muscariniques<br />
(AChRm) qui entraînent l‟activation de cascades intracellulaires. Des expériences de<br />
marquages immunohistochimiques ont révélé la présence d‟AChE dans le système olfactif,<br />
avec un marquage de forte intensité au niveau des glomérules. De plus, dans le lobe<br />
antennaire, il existe des sites de liaison à un antagoniste des récepteurs nicotiniques, l‟ -<br />
bungarotoxine ( -BGT) (Kreissl et Bicker 1989, Bicker 1999). Récemment, des expériences<br />
d‟hybridation in situ menées au laboratoire ont permis de préciser que les cellules des LA<br />
possèdent des ARN messagers codant pour des sous-unités entrant dans la composition de<br />
différents récepteurs nicotiniques (Thany et al. <strong>20</strong>03, <strong>20</strong>05). Chez la drosophile, des<br />
récepteurs muscariniques (DM1) ont été localisés par immunohistochimie principalement<br />
au niveau des glomérules (Blake et al. 1993). Des travaux en imagerie calcique sur la lignée<br />
cellulaire S2 de drosophile exprimant le récepteur DM1 ont permis de mettre en évidence que<br />
l‟activation de ces récepteurs entraîne des variations de Ca 2+ d‟origine intracellulaire, à partir<br />
des stocks calciques internes (Raymond Delpech et al. <strong>20</strong>04). Sur le plan comportemental,<br />
l‟acétylcholine participe aux fonctions d‟apprentissage et de mémoire, impliquant des rôles<br />
très importants mais différents pour les récepteurs nicotiniques et muscariniques (Cano<br />
Lozano et Gauthier 1998, Cano Lozano et al. <strong>20</strong>01). En raison de leur localisation dans les<br />
lobes antennaires, ces récepteurs pourraient être impliqués dans les variations de Ca 2+<br />
observées dans les cellules du lobe antennaire. Nous utilisons une méthode d‟imagerie<br />
cellulaire sur ces cellules afin de tester leurs réponses à l‟ACh et à des agonistes des deux<br />
types de récepteurs.<br />
82
Amplitude moyenne (%)<br />
Protocole 3 : Imagerie calcique de neurones du lobe antennaire in vitro<br />
1) Préparation cellulaire : Les abeilles sont anesthésiées par le froid sur de la glace pillée jusqu‟à<br />
immobilité. La cuticule de la capsule céphalique est ouverte et le cerveau découvert comme dans les protocoles<br />
précédents. La cavité céphalique est alors remplie de milieu Leibovitz L15 additionné de saccharose (122,7 mM),<br />
de glucose (22,2 mM), de fructose (13,9 mM), de proline (28,7 mM) et d‟antibiotiques (Pénicilline [<strong>20</strong>0 UI/ml],<br />
Streptomycine [<strong>20</strong>0 g/ml]), le pH étant ajusté à 7,4 avec du NaOH. Etant donné que les somas des cellules du<br />
lobe antennaire se situent à sa base (voir leur position en haut à droite de la Figure 1c), l‟ensemble du lobe est<br />
prélevé sous loupe binoculaire à l‟aide de pinces extrafines. L‟isolement des cellules est ensuite réalisé en<br />
conditions stériles grâce à une digestion enzymatique suivie d‟une dissociation mécanique. Pour cela, les tissus<br />
prélevés sont incubés pendant 30 minutes dans du liquide physiologique contenant un mélange de collagénase<br />
(0,25 mg/ml)/protéase (1 mg/ml) et dépourvu de calcium et de magnésium. La dissociation mécanique est<br />
ensuite réalisée dans du milieu de culture contenant du sérum de veau fœtal (13%) par passages successifs des<br />
tissus digérés à travers des pipettes de diamètres décroissants. Vingt microlitres de suspension cellulaire sont<br />
ensuite délicatement déposés sur une lamelle de verre recouverte d‟un mélange concanavaline A/ laminine.<br />
Après avoir laissé les cellules adhérer, du milieu de culture est ajouté. Les cellules sont alors maintenues dans<br />
une étuve à 26°C en atmosphère humide jusqu‟à leur utilisation lors des expériences d‟imagerie.<br />
2) Imagerie cellulaire : Les expériences sont réalisées avec la sonde calcique Fura2-AM, qui est déposée à<br />
une concentration entre 2 et 5 M (avec pluronic et DMSO – Cf Protocole 1) dans les boîtes de Pétri contenant<br />
les cellules. Grâce au groupement AM, la sonde pénètre dans les cellules pendant l‟incubation, qui dure entre 30<br />
et 75 min. Les expériences sont réalisées avec le même système d‟imagerie que précédemment, avec un objectif<br />
<strong>20</strong>x à immersion à eau. Les images sont réalisées avec un « binning » de 4 à une fréquence comprise entre 0,5 et<br />
4 Hz. Le temps d‟exposition aux longueurs d‟onde d‟excitation du fura2-AM (340 nm et 380 nm, voir plus haut)<br />
est compris entre 5 et 50 ms. Contrairement aux expériences présentées précédemment, du liquide physiologique<br />
est perfusé en continu (débit réglé à 5 ml/min par une pompe péristaltique) lors de l‟expérience. Le liquide<br />
perfusé est extrait en permanence par une pompe à vide de telle manière que la quantité de liquide dans la<br />
chambre reste constante. Un système de perfusion par gravité permet d‟effectuer les stimulations<br />
pharmacologiques de manière contrôlée, pendant une durée fixe (ici 15 sec).<br />
Grâce à ce protocole d‟imagerie cellulaire, nous avons pu étudier les réponses des cellules du<br />
lobe antennaire à l‟ACh. Ainsi, l‟application d‟ACh à la dose de 10 -5<br />
M entraîne une<br />
augmentation de calcium dans la plupart des cellules en culture [67 % (10/15)] (Figure 4).<br />
a<br />
ACh 10 -4 M<br />
b<br />
115<br />
105<br />
Δ ratio 0,1<br />
1 min<br />
95<br />
90<br />
0<br />
LP ACh 10 -5 M LP ACh 10 -4 M<br />
Figure 4 : Récepteurs cholinergiques des cellules du lobe antennaire. a) Exemples de tracés de l‟évolution du ratio de<br />
fluorescence (Δ ratio) en fonction du temps (min). L‟application d‟ACh (10 -4 M) entraîne une augmentation du calcium<br />
cytoplasmique dans les cellules isolées en culture. b) Représentation en pourcentage de l‟amplitude moyenne des réponses<br />
(± SEM). Suite aux applications d‟ACh 10 -5 et 10 -4 M sur les cellules isolées, les amplitudes des réponses sont<br />
significativement supérieures à celles du liquide physiologique (LP).<br />
83
Amplitude moyenne +/- SEM (%)<br />
L‟amplitude moyenne des réponses calciques est de 106,5 ± 3,7 % (n = 6). L‟application<br />
d‟ACh à la dose de 10 -4 M entraîne une augmentation plus importante du niveau de calcium<br />
dans les cellules. L‟amplitude moyenne des réponses est de 109,2 ± 4,9 % (n = 27).<br />
Ces résultats montrent que la plupart des cellules du lobe antennaire portent des récepteurs<br />
membranaires sensibles à l‟ACh. L‟activation de ces récepteurs cholinergiques induit une<br />
augmentation du calcium cytoplasmique, qui semble de plus croissante en fonction de la dose<br />
d‟ACh, confirmant que ces réponses sont bien liées à l‟application d‟ACh. Comme nous<br />
l‟avons indiqué précédemment, l‟ACh peut agir sur des récepteurs nicotiniques et/ou des<br />
récepteurs muscariniques. Ces 2 types de récepteurs peuvent induire des événements<br />
moléculaires différents pouvant mener à une entrée du calcium extracellulaire (récepteurs<br />
nicotiniques) ou à une sortie du calcium contenu dans les stocks internes (récepteurs<br />
muscariniques). Afin d‟identifier plus précisément le type de récepteurs mis en jeu,<br />
l‟application d‟agoniste pour chacun de ces récepteurs a été réalisée. Ainsi, l‟application de<br />
nicotine (10 -4 M) entraîne une augmentation du taux de calcium dans 71 % (5/7) des cellules.<br />
L‟amplitude moyenne des réponses est de 103 ± 0,5 % (n = 4). De manière similaire,<br />
l‟application de muscarine (10 -5 M) entraîne une augmentation de Ca 2+ dans 68 % (<strong>17</strong>/25) des<br />
cellules en culture (Figure 5). Leur amplitude moyenne est de 103,9 ± 0,2 % (n = 9). Ceci<br />
suggère que des récepteurs cholinergiques sensibles à la nicotine et des récepteurs sensibles à<br />
la muscarine sont exprimés par les cellules du lobe antennaire et que leur activation entraîne<br />
une augmentation du calcium cytoplasmique.<br />
110<br />
105<br />
100<br />
95<br />
0<br />
LP<br />
10 -5 M<br />
Figure 5 : Récepteurs sensibles à la muscarine exprimés sur les cellules du lobe antennaire<br />
Représentation en pourcentage de l‟amplitude moyenne des réponses (± SE M). Suite aux applications de<br />
muscarine 10 -5 sur les cellules isolées, les amplitudes des réponses sont significativement supérieures à celles<br />
du liquide physiologique (LP).<br />
84
Ce type d‟approche nous permet d‟approcher de plus près les phénomènes cellulaires qui ont<br />
lieu lors de la perception d‟une odeur, c'est-à-dire, lorsque de l‟acétylcholine est libéré par les<br />
neurones sensoriels dans les glomérules du lobe antennaire. A l‟avenir, il sera nécessaire de<br />
préciser le profil pharmacologique des récepteurs cholinergiques en utilisant différents<br />
antagonistes spécifiques des récepteurs nicotiniques et muscariniques. Enfin, l‟effet des<br />
neurotransmetteurs responsables de l‟inhibition latérale au sein du lobe antennaire (en<br />
particulier le GABA) sur ces réponses devra être étudié.<br />
Conclusion : Nous avons décrit trois types de protocoles expérimentaux qui nous permettent<br />
d‟étudier des réponses calciques globales aux odeurs au niveau du cerveau entier in vivo<br />
(Protocole 1), de suivre les réponses calciques de populations de neurones identifiés in vivo<br />
(Protocole 2) et enfin d‟étudier précisément les réponses calciques de cellules en culture en<br />
réponse à des agonistes du système cholinergique (Protocole 3). Cet ensemble d‟expériences<br />
d‟imagerie calcique, utilisé comme révélateur d‟activité ou comme indicateur calcique per se,<br />
montre l‟intérêt d‟une approche intégrée allant de l‟animal entier à la cellule, et la valeur d‟un<br />
modèle insecte comme celui de l‟abeille pour ce type d‟approche.<br />
Bibliographie<br />
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86
VARIATIONS CALCIQUES DANS LE SYSTEME NERVEUX CENTRAL DE<br />
DROSOPHILE<br />
Philippe Rosay<br />
Université de Bordeaux 1, Laboratoire de Neurosciences Cognitives, Avenue des Facultés<br />
33405 Talence Cedex, France<br />
Préambule<br />
Le calcium, et ses variations de concentration, sont maintenant connus pour réguler une<br />
gamme tellement vaste de processus cellulaires, qu‟il convient de préciser le champ de ce<br />
document. En effet, même en se limitant aux neurones (en développement ou matures),<br />
cerner toutes les fonctions du calcium est extrêmement difficile. Le calcium intervient<br />
dans la libération rapide de neurotransmetteurs, comme dans les changements de plus<br />
longue durée, avec modifications de l‟expression des gènes. Notre propos se concentrera<br />
sur la description de telles variations de niveau de calcium intracellulaire, dans des<br />
neurones matures de la drosophile et leur possible contribution dans la consolidation de<br />
la mémoire chez cet insecte.<br />
La mémoire<br />
Deux questions intéressantes sur le fonctionnement du système nerveux de Drosophile se<br />
résument ainsi : « Que nous apprend la Drosophile ? » et d‟abord « Que peut on<br />
apprendre à une mouche ? » (Waddel S, <strong>20</strong>01). Dans un conditionnement de type<br />
pavlovien, les mouches peuvent être entraînées à fuir une odeur si elles en ont fait<br />
préalablement l‟expérience avec un choc électrique (Tully T, 1985). C‟est un<br />
apprentissage simple qui demande à l‟animal d‟intégrer deux indices, l‟odeur (un<br />
stimulus conditionnant) et un choc électrique (stimulus inconditionnel). Il est bien sur<br />
possible d‟apprendre aux mouches à se diriger vers une odeur, dans ce cas en l‟associant<br />
à une récompense, généralement de la nourriture. Ces capacités d‟apprentissage sont<br />
particulièrement accessibles à l‟analyse génétique dans cet organisme. Les trente<br />
dernières années été riches en découvertes, avec surtout des moyens diversifiés de muter<br />
les mouches pour tester leur descendance pour des défauts d‟apprentissage ou de<br />
mémoire (Dudai, 1976). Les mutants retenus sont ceux qui gardent la sensibilité aux<br />
chocs électriques, leur capacité gustative ou à détecter les odeurs ;<br />
Les premières (et la majorité) des mutagenèses ont été menées avec le paradigme<br />
d‟apprentissage olfactif. Depuis la découverte des gènes dunce, rutabaga, amnesiac et radish,<br />
le comportement des mutants a été analysé très en détail, et donne maintenant une image<br />
d‟ensemble de la mémoire qui comporte des phases distinguables à la fois génétiquement et<br />
aussi dans leur succession temporelle (figure 1). L‟apprentissage est perturbé dans les mutants<br />
latheo, volado, linotte ou turnip, alors que la mémoire à court terme (une heure après<br />
l‟apprentissage, pour donner un ordre de grandeur) est dépendante du bon fonctionnement des<br />
produits des gènes dunce, shaker ou rutabaga. Le gène amnesiac est particulier à la mémoire à<br />
moyen terme, sa mutation n‟empêche pas d „apprendre convenablement, mais l‟oubli vient<br />
très vite, ce qui donne un accès moléculaire pour comprendre la phase de consolidation de la<br />
mémoire.<br />
87
Figure 1 : les différentes phases de la mémoire. Du point de<br />
vue expérimental, la décroissance de la rétention est régulière avec le<br />
temps (“observation”). Il est possible de distinguer une mémoire à<br />
court, moyen et long terme, et une mémoire résistant à l‟anesthésie<br />
(d‟après Margulies, <strong>20</strong>05).<br />
De ces expériences émergent trois propriétés universelles. D‟abord, immédiatement<br />
après l'apprentissage, les informations sont mémorisées sous une forme dite fragile et<br />
éphémère. Puis suit une consolidation de cette mémoire (en quelques heures) qui devient alors<br />
plus stable et durable. Ensuite (et c‟est vrai pour les humains !) un apprentissage par étapes<br />
successives (la répétition d'une même expérience) permet d'obtenir rapidement une mémoire<br />
consolidée. Enfin, certains traitements comme un choc électrique, l'administration<br />
d'anesthésiants, l'injection de composés inhibant la synthèse protéique, peuvent ralentir ou<br />
bloquer la consolidation de la mémoire.<br />
Chez la Drosophile, la mémoire consolidée d'un apprentissage associatif est divisée en deux<br />
entités additives, génétiquement distinctes et fonctionnellement indépendantes: la mémoire<br />
résistant aux anesthésiques (ARM) et la mémoire à long terme (LTM). Si la première<br />
s'estompe en quatre jours et est résistante par exemple aux chocs hypothermiques, la<br />
deuxième perdure après 7 jours et implique l'existence d'une synthèse protéique. CREB<br />
(AMPc-responsive element binding protein transcription factor) est un exemple célèbre<br />
d‟intervenant dans la formation de la LTM identifié chez l‟insecte.<br />
Localisation(s) de la mémoire, substrats neuro-anatomiques<br />
Parmi les indices pointant vers les sites probables de la mémoire et de l'apprentissage des<br />
odeurs ainsi que du comportement lors de la parade amoureuse chez les insectes, l‟expression<br />
préférentielle de<br />
ENCART 1. L‟AEQUORINE<br />
gènes comme<br />
L'aequorine est une protéine luminescente, sensible au calcium,<br />
isolée de la méduse Aequorea. Elle a été utilisée relativement<br />
extensivement pour détecter les flux de calcium dans différents<br />
contextes chez les vertébrés et les invertébrés principalement par<br />
micro-injection ou par transgenèse. Chez la Drosophile, son<br />
expression est dirigée de façon indépendante dans des types<br />
cellulaires définis grâce au système binaire GAL4/UASG.<br />
dunce et<br />
rutabaga dans<br />
une même<br />
région : les corps<br />
pédonculés.<br />
Cette région<br />
caractéristique<br />
du système<br />
nerveux de<br />
88
l‟insecte (comme l‟hippocampe chez les vertébrés) est constituée de cellules de Kenyon, avec<br />
une distribution parallèle et compacte des fibres nerveuses. Les cellules de Kenyon reçoivent<br />
l‟information au niveau de leurs dendrites situés dans les calices de corps pédonculés ; Cette<br />
information (olfactive) arrive des antennes et des palpes via les lobes antennaires. Dans<br />
chacun des deux corps, c‟est environ 2500 cellules de Kenyon qui projettent leur axone dans<br />
un pédoncule vers les lobes.<br />
Les corps pédonculés peuvent être amputés de l‟insecte adulte, simplement en nourrissant les<br />
larves à un moment restreint et précis de leur développement avec de l‟hydroxyurée. Les<br />
drosophiles ne sont alors pas du tout gênées dans la perception des odeurs, ou au niveau visuel<br />
dans la perception de formes simples, ni dans leur sensibilité tactile ; par contre, cette<br />
expérience révèle que les corps pédonculés sont indispensables à l‟apprentissage et à la<br />
mémoire olfactive. Les données récentes suggèrent qu‟ils ne seraient pas obligatoires pour<br />
l‟acquisition ou le stockage des informations olfactives, mais bien pour le traitement de ces<br />
informations et le rappel de la mémoire olfactive.<br />
De ces données, on peut tirer non seulement un modèle de fonctionnement au niveau<br />
cellulaire peu ou prou articulé autour de la cascade de l‟AMPc (Davis, <strong>20</strong>01) et un schéma des<br />
circuits neuro-anatomiques impliquant les corps pédonculés (Margulies, <strong>20</strong>05). Il est alors<br />
d‟autant plus important de comprendre les patterns d‟activité neuronale du cerveau, tant dans<br />
leur déroulement dans le temps que dans leur organisation dans l‟espace. En contrôlant<br />
l‟expression d‟un transgène pour l‟expression de la protéine aequorine dans les corps<br />
pédonculés, un des points d‟accès de l‟activité des cellules de Kenyon a été de suivre<br />
l‟évolution des niveaux de calcium intracellulaires, dans des insectes intacts. Intrinsèquement,<br />
les corps pédonculés possèdent une activité oscillatoire du calcium avec une période moyenne<br />
de cinq minutes<br />
dans les mouches<br />
ENCART 2. GENETIQUE MOLECULAIRE : le système<br />
normales.<br />
GAL4/UAS<br />
Lorsque les<br />
Le système de piège à enhancer GAL4/UAS s'est révélé<br />
extrêmement utile, non seulement pour visualiser, mais aussi<br />
pour manipuler les corps pédonculés au sein d'un organisme<br />
intact. Le rapporteur au calcium aequorine est placé sous<br />
contrôle du facteur de transcription GAL4. De cette façon,<br />
nous avons établi un système dans lequel nous avons en<br />
quelque sorte accès à l‟activité de tissus intacts de Drosophile.<br />
Une large collection de pièges à enhancer a été établi dans le<br />
laboratoire de Kim Kaiser à Glasgow. Leur expression est<br />
centrée sur certaines sous-structures du cerveau, dont les corps<br />
pédonculés.<br />
mesures sont<br />
effectuées dans un<br />
cerveau intact (et<br />
non dans une<br />
mouche complète)<br />
les oscillations<br />
sont toujours<br />
présentes, ce qui<br />
indique qu‟elles se<br />
manifestent<br />
spontanément et<br />
indépendamment<br />
des afférences<br />
sensorielles. Elles sont donc le résultat de changements synchronisés d‟une majorité de la<br />
population des cellules de Kenyon des corps pédonculés. À l‟heure actuelle, cette<br />
synchronisation peut avoir son origine dans une horloge interne, ou découler d‟un réseau<br />
établi entre les cellules de Kenyon ou enfin découler d‟afférentes externes aux corps<br />
pédonculés. Ces oscillations peuvent être modulées pharmacologiquement en bloquant une<br />
variété de canaux dépendant du voltage et de récepteurs aux neurotransmetteurs. Ces<br />
oscillations sont pourtant spontanées, car observées sans manipulation (stimulation électrique<br />
ou chimique). L‟amplitude de ces oscillations est augmentée de façon spectaculaire dans le<br />
89
contexte d‟un mutant amnesiac. Ces oscillations à fréquence assez basse pourraient donc<br />
contribuer à la phase de consolidation de la mémoire décrite plus haut.<br />
L’analyse dynamique du calcium : autres méthodes<br />
Les détecteurs du calcium comme les sondes cameleons et camgaroos ont aussi été exprimés<br />
avec des moyens transgéniques dans la mouche, et amenées plus de résolution spatiale aux<br />
mouvements dynamiques du calcium. Avec ces techniques, il est possible d‟analyser les<br />
réponses évoquées par les odeurs en distinguant entre compartiments post et pré synaptiques,<br />
de mesurer différentiellement la réponse à l‟acétylcholine dans les différents lobes des corps<br />
pédonculés (Yu, <strong>20</strong>03). Pourtant, la mesure au niveau d‟une cellule de Kenyon dans un<br />
cerveau intact de niveaux de calcium intracellulaire reste encore à réaliser avec ces techniques.<br />
Néanmoins l‟étude des cellules de Kenyon avec de l‟imagerie fura-2 en culture au stade pupal<br />
tardif montre des élévations transitoires de calcium qui possèdent des fréquences similaires,<br />
10-<strong>20</strong> par heure, à celles observées plus tardivement au stade adulte (Jiang, <strong>20</strong>05). A ce stade<br />
de développement, les effets de neurotransmetteurs (Acétylcholine, GABA..) s‟exercent en<br />
modulant les élévations de calcium, alors que l‟effet in vivo dans un cerveau intact est<br />
beaucoup plus prononcé, et en accord avec ce qui est connu des corps pédonculés. Enfin, les<br />
sites de stockage intracellulaire de calcium ne sont pas une source nécessaire à ces élévations<br />
transitoires de calcium, alors qu‟un influx de calcium par des canaux dépendant du voltage est<br />
indispensable.<br />
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90
CALCIUM SIGNALLING IN DROSOPHILA CELL LINES AND PRIMARY<br />
CULTURES: COMBINING PHYSIOLOGY, RNA INTERFERENCE AND<br />
MICROARRAY STUDIES<br />
David B Sattelle, Steven D Buckingham and Valérie Raymond-Delpech<br />
MRC Functional Genetics Unit, Department of Human Anatomy and Genetics, University of<br />
Oxford, South Parks Road, Oxford, OX1 3QX, UK<br />
SUMMARY<br />
With the completion of the Drosophila genome project (www.flybase.org), the ready<br />
application of forward and reverse genetics, as well as calcium imaging and electrophysiology,<br />
this model organism offers exciting opportunities for the investigation of calcium signalling<br />
pathways. In particular the utility of an ease to culture Drosophila cell line (Schneider S2 cells)<br />
will be demonstrated. The cells can be conveniently deployed to study endogenous calcium<br />
signalling pathways and lend themselves to transfection with additional receptor /channel<br />
molecules. The application of RNA interference (RNAi) to Drosophila S2 cells and also to<br />
Drosophila neuronal primary cultures has facilitated the identification of novel calcium<br />
signalling components.<br />
INTRODUCTION<br />
Access to the genome of the fruitfly Drosophila melanogaster provides exciting opportunities<br />
for rapid advances in the functional analysis of gene products [1]. Such developments are<br />
further facilitated by the ease of expression of novel proteins in Drosophila cell lines, such as<br />
the S2 cells [2]. Also, the recent advances in gene silencing by double-stranded RNA<br />
interference (RNAi) permit rapid and direct investigation of protein function in cell lines [3].<br />
For example, a Drosophila S2 line expressing a musarinic acetylcholine receptor [4] has<br />
proved a particularly useful vehicle for studying components in the IP3 signalling pathway to<br />
which the receptor is coupled [5]. Primary cultures of Drosophila neurons also offer a<br />
suitable substrate for combined calcium imaging and RNAi experiments. Here we illustrate,<br />
using our own studies, how this approach can be used to identify the nicotinic acetylcholine<br />
receptor (nAChR) subunits that play a key role in the responses to nicotine of primary<br />
cultured larval Drosophila cholinergic neurons.<br />
FURA-2 BASED CALCIUM MEASUREMENTS IN DROSOPHILA S2 CELLS<br />
S2 cells are readily loaded with 2-4 M Fura-2/AM and 0.002% pluronic acid F-127<br />
dispersing agent in saline for 45 min at room temperature. The coverslip on which the cells<br />
are dispersed forms the base of the experimental chamber which is mounted on the stage of an<br />
inverted microscope equipped with a 40x, 1.3N.A. oil immersion objective. Using a filter<br />
wheel, cells are illuminated at 340 and 380nm. Emitted light is passed through a dichroic<br />
mirror set to 510nm and passed first to an image intensifier, then to a CCD camera [Fig 1]. In<br />
our laboratory the image acquisition and subsequent processing is performed using a Concord<br />
imaging system from Perkin-Elmer (UK). Imaging experiments are performed at room<br />
temperature; a pump and suction pipette maintain a constant volume of saline in the<br />
experimental chamber.<br />
91
Figure 1 : Set-up used for ratiometric imaging of intracellular Ca 2+ using<br />
fluorescent dye Fura-2.<br />
SILENCING ENDOGENOUS CALCIUM SIGNALLING COMPONENTS USING<br />
RNA INTERFERENCE<br />
We have generated a number of S2 cell lines expressing metabotropic and ionotropic<br />
receptors (for review see [2]).<br />
Figure 2: <strong>Calcium</strong> imaging in Drosophila S2 cells A: S2-DM1 cells (an S2 cell<br />
line stably expressing a Drosophila muscarinic acetylcholine receptor (DM1)) in<br />
normal saline stained with fura-2 AM. B: The same cells following a <strong>20</strong> s<br />
application of 100 M carbamylcholine, a muscarinic receptor agonist.<br />
The Drosophila S2 cell line stably expressing a cloned muscarinic acetylcholine receptor<br />
(mAChR, DM1) [Fig 2] has been used to explore the utility of gene silencing by double-<br />
92
stranded RNA interference (RNAi) in the study of mAChR activated calcium signalling [4].<br />
Knockdown by RNAi of either the inositol 1,4,5-trisphosphate receptor and SERCA resulted<br />
in a reduction, in all cells tested, of carbamylcholine-evoked calcium transients to 10% or less<br />
of control values. This knockdown was achieved with soaking in dsRNA without the need for<br />
transfection agents, and only<br />
10 microgrammes of dsRNA per million cells was needed. Although RNAi knockdown of<br />
the DM1 receptor was much less effective in reducing carbamylcholine responses, we<br />
attribute this to the high levels of DM1 expression. [Fig. 3]<br />
Figure 3: Application of carbamylcholine (CCh, 100 M) induces an increase of<br />
intracellular Ca 2+ concentration [Ca 2+ ] i (A). Intracellular Ca 2+ response from cells<br />
loaded with Fura-2/AM are presented in the panels. Timing of drug application is<br />
indicated by a horizontal bar. Application of CCh elicits an increase of [Ca 2+ ]i in<br />
S2-DM1 cells (A) but also in S2-DM1 cells treated with DM1 dsRNA<br />
(B). However, no response to CCh is observed when the cells are treated with either<br />
Ins(1,4,5)P3R (C) or SERCA (D) dsRNA.<br />
COMBINING REVERSE GENETICS WITH CALCIUM MEASUREMENTS TO<br />
IDENTIFY NOVEL CALCIUM SIGNALLING COMPONENTS in DROSOPHILA S2<br />
CELLS<br />
The Drosophila genome contains approximately 14,000 genes and, of these, many remain to<br />
have a function assigned to them. Thus, it is likely that there will be many hitherto unknown<br />
genes that contribute to functions such as calcium signalling. Genome-wide RNAi screens<br />
have been fruitful in finding novel genes involved in the growth and viability of Drosophila<br />
cells [Boutros et al <strong>20</strong>04][6]. Our own studies (Raymond et al <strong>20</strong>04) [5] and those of Roos et<br />
al (<strong>20</strong>05) [7] have demonstrated the potential of using RNAi in conjunction with calcium<br />
93
signalling to address the functions of calcium signalling components in Drosophila S2 cells.<br />
This approach has proved successful in identifying STIM-1, a novel protein coupling store<br />
depletion to capacitative calcium entry [7, 8].<br />
CALCIUM MEASUREMENTS IN DROSOPHILA CHOLINERGIC NEURONS<br />
We have used fura-2-based calcium imaging to examine nAChR-induced increases in [Ca 2+ ] i<br />
in 3 rd instar larval primary cultured neurons derived from a transgenic Drosophila line in<br />
which GFP is expressed in cholinergic (Cha-1) neurons of the central nervous system.<br />
Cholinergic (Cha-1) neurons were isolated from flies homozygous for a 7.4 kb Cha-Gal4<br />
driver and a UAS-GFP(S65T) responder transgene. Primary cultures from 3 rd instar larvae<br />
were generated. Larvae were surface-sterilized in 70% ethanol, rinsed 3x in distilled water<br />
and brains isolated in dissection medium (27% Leibovitz medium, 73% dissociation saline).<br />
The composition of dissociation saline is as follows (in mM): CaCl 2 , 5.4; KCl, 21.4; MgCl 2 ,<br />
12.3; NaCl, 36.0; NaHCO 3 , 4.8; KH 2 PO 4 , 1.5; glucose, 11.1; Tris, 24.8; penicillin G (50<br />
units/ml), streptomycin sulphate (50 g/ml), pH 7.2, adjusted with NaOH and HCl. Brains<br />
were incubated in 0.5 mg/ml collagenase in Ca 2+ - and Mg 2+ -free saline solution (in mM: NaCl<br />
137; KCl, 2.7; NaH 2 PO 4·H 2 O, 0.36; NaHCO 3 , 12.0; glucose, 0.56) for 45 min in order to<br />
disrupt the extracellular matrix. Optic and antennal lobes were removed prior to dissociation.<br />
Larval brains were triturated using a sterile siliconized glass pipette. Cells were plated onto 22<br />
mm diameter round glass coverslips and incubated in dissociation medium (dissection<br />
medium plus 10% v/v heat-inactivated foetal bovine serum). Two day old neurons on<br />
coverslips were rinsed three times in physiological saline (of composition in mM: NaCl, 140;<br />
CaCl 2 , 2.0; MgCl 2 , 4.0; KCl, 3.0; HEPES 5; pH 7.2), and loaded with dye by immersion in<br />
physiological saline containing the Ca 2+ -sensitive dye fura-2AM (1 M) and 0.002% pluronic<br />
acid F-127 dispersing agent in saline for 1 h at room temperature.<br />
GENE EXPRESSION PROFILING IN DROSOPHILA CHOLINERGIC NEURONS<br />
USING MICROARRAYS<br />
The only way to monitor and compare the full complement of genes being expressed in cells<br />
under different conditions is by the use of microarrays. In a collaboration with The Salvaterra<br />
lab we have used microarray-based gene expression to study the genes expressed in GFPtagged<br />
cholinergic neurons of Drosophila. Based on studies with Affymetrix microarrays, we<br />
have shown the presence of a number of ion channels and receptor subunits in these cells<br />
including nAChRs. The expression of the D 2, D 6, D 7, D 1 and D 2 subunits has been<br />
detected in embryonic and larval Cha-1 RNA by microarray analysis. The D 2 and D 2<br />
subunits are the most abundantly expressed subunits at both developmental stages. The<br />
mAChR receptor, DM1 is detected as well as voltage-gated sodium and calcium channels. IP3<br />
receptors and ryanodine receptors are both present in these cells, in contrast to S2 cells where<br />
only IP3 receptors are present.<br />
SILENCING ENDOGENOUS RECEPTOR SUBUNITS AND MONITORING<br />
FUNCTION USING FURA-2 BASED CALCIUM IMAGING<br />
Using calcium imaging and patch-clamp electrophysiology, we have shown that Cha-1<br />
(cholinergic) neurons respond to ACh, nicotine and choline. Responses to these agonists are<br />
blocked by 10 M mecamylamine and 1 M -bungarotoxin ( -BTX). PCR amplification of<br />
nAChR subunits from embryonic and larval Cha-1 cDNA shows that embryonic and larval<br />
Cha-1 neurons express multiple nAChR subunits. We have detected developmental regulation<br />
94
of both the transcription and alternative splicing of nAChR subunits in Cha-1 neurons. The<br />
expression of the D 2, D 6, D 7, D 1 and D 2 subunits is also detected in embryonic and<br />
larval Cha-1 RNA by microarray analysis. The D 2 and D 2 subunits are the most<br />
abundantly expressed subunits at both developmental stages. By combining calcium imaging<br />
and knock-down of individual nAChR subunits by RNA interference (RNAi), we have shown<br />
that a reverse genetic approach can be used to demonstrate roles for the D 2 and D 6 nAChR<br />
subunits in cultured Cha-1 neurons.<br />
THE INTERACTOME AND GENOME-WIDE RNA INTERFERENCE: PROSPECTS<br />
FOR IDENTIFYING NOVEL CALCIUM SIGNALLING/MODULATING<br />
COMPONENTS<br />
The ease with which RNAi can be applied to S2 cells makes them particularly suitable for<br />
genome-wide RNAi screens. Genes affecting calcium signalling can be detected in a number<br />
of ways. The most obvious is to look for genes whose knockdown results in an abolition of<br />
store-operated entry. This has been done in one study [7] by applying dsRNA for each gene<br />
to S2 cells and subsequently using FLIPR to measure the calcium transients in response to<br />
thapsigargin-evoked store depletion. The detection of only one gene product (STIM1) using<br />
this approach implies either that only one gene is necessary for store-operated calcium entry<br />
or, more likely, that the screen is not sufficiently sensitive to detect other essential genes, or<br />
that there is a high degree of redundancy in the calcium signalling pathway. The latter can be<br />
addressed using combinatorial RNAi screens, whose scale should perhaps be limited by<br />
restricting the screen to a set selected on the basis of the presence of calcium-binding motifs<br />
or other sequence elements, such as PZD domains, that suggest they might interact with<br />
calcium-binding proteins. Future screens might use a different end-point for the assay, such<br />
as thapsigargin-evoked apoptosis. Thus, the knockdown of genes that regulate calcium<br />
signalling might result in changes in the probability of apoptosis resulting from challenges to<br />
the calcium homeostasis machinery.<br />
In addition to genome-wide screens, more direct approaches combining RNAi and<br />
bioinformatics are possible. Alternatives to genome-wide screens include direct tests of<br />
proteins that are recorded in the Drosophila interactome database as being interactors with<br />
calcium-regulating genes. We have identified a number of genes on the basis of text-mining<br />
approaches, the roles of each of which in calcium signalling can be tested using RNAi.<br />
CONCLUSIONS<br />
1) Drosophila cell lines and cell cultures lend themselves well to RNAi and calcium imaging<br />
studies designed to uncover new calcium signalling components.<br />
2) Genome – wide RNAi screens are feasible and when combined with use of known mutants<br />
will afford functional screens for functionally linked molecules in signalling pathways.<br />
3) Such studies will in future serve as a substrate for systems biology.<br />
REFERENCES<br />
1. Adams M.D. et al (<strong>20</strong>00) Science 287, 2185-2189.<br />
2. Towers and Sattelle (<strong>20</strong>02) Bioessays 24, 1066-1073.<br />
3. Clemens et al. (<strong>20</strong>00) PNAS 97, 6499-6503).<br />
4. Millar et al (1995) 1843-1850.<br />
5. Raymond et al (<strong>20</strong>04) Cell <strong>Calcium</strong> 35, 131-139.<br />
95
6. Boutros et al (<strong>20</strong>04) Science 303, 832-835.<br />
7. Roos et al (<strong>20</strong>05) J Cell Biol. 169, 435-45.<br />
8. Liou et al (<strong>20</strong>05) Curr Biol. 15, 1235-41.<br />
96
COOPERATION MORTELLE ENTRE CALCIUM INTRACELLULAIRE ET<br />
ACTIVITE PACEMAKER DE NEURONES D’INSECTES<br />
Bruno Lapied et Françoise Grolleau<br />
Laboratoire Récepteurs et Canaux Ioniques Membranaires (RCIM) UPRES EA 2647,<br />
Université d‟Angers, 2 boulevard Lavoisier, 49045 Angers cedex<br />
1. INTRODUCTION<br />
L‟intégrité d‟un organisme vivant est conditionnée par la bonne coordination des<br />
activités des cellules qui le constituent. Au cours de l‟évolution, ses cellules vont se<br />
différencier, se spécialiser et leur activité va non seulement dépendre du fonctionnement de<br />
chacune d‟elles mais aussi de leur propre activité intrinsèque auto-entretenue. Cette<br />
coordination entre cellules et au sein d‟une même cellule est nécessaire tout au long de la<br />
période de développement de l‟organisme. Parmi les cellules douées d‟une activité intrinsèque<br />
cyclique, il existe des neurones qui possèdent une richesse de stratégies biologiques mise en<br />
œuvre pour assurer de multiples fonctions physiologiques fondamentales (e.g., réception,<br />
intégration, transmission d‟une information). Dans ce cas, ces stratégies reposent, en<br />
particulier, sur la mise en place de cycles moléculaires harmonieux mettant en scène une<br />
succession de canaux ioniques transmembranaires dépendants ou non du potentiel qui<br />
obéissent à des schémas de base complexes issus d‟un héritage dont l‟origine reste encore<br />
aujourd‟hui bien mal connue.<br />
Néanmoins l‟activation et/ou l‟inactivation de ces différents canaux ioniques suivent<br />
une partition bien réglée dont l‟un des chefs d‟orchestres ubiquitaires ne pouvait être que le<br />
calcium essentiel pour coordonner au niveau moléculaire les nombreuses interactions existant<br />
entre chacun de ces canaux ioniques. Il arrive parfois que la nécessité d‟ajuster ces<br />
mécanismes ioniques membranaires résonne comme une fausse note. Le neurone dans ces<br />
conditions se retrouvent en sursis et la mécanique mise en place par le calcium fait naître un<br />
nouveau type de coopération, mortel celui-ci, puisqu‟il aboutira à l‟extinction neuronale.<br />
C‟est ce mécanisme inhabituel, différent de l‟apoptose neuronale, qui déclenchera une<br />
réaction en chaîne devenue incontrôlable.<br />
2. ACTIVITE PACEMAKER NEURONALE<br />
L‟activité pacemaker ou spontanée d‟un neurone est une propriété intrinsèque du soma.<br />
C‟est une activité auto-rythmique générée par un neurone et ceci en absence de toutes<br />
afférences provenant d‟autres cellules nerveuses. Cette propriété intrinsèque résulte de la<br />
combinaison séquentielle de différents canaux ioniques transmembranaires qui s‟activent et<br />
s‟inactivent de façon cyclique, imposant une instabilité permanente du potentiel de membrane.<br />
Cette activité spontanée est essentiellement due à l‟existence d‟une phase dite phase de<br />
prédépolarisation lente qui permet d‟une part d‟atteindre le seuil de déclenchement du<br />
potentiel d‟action et d‟autre part de conditionner la fréquence et le mode de décharge du<br />
neurone (i.e., fréquence de décharge régulière ou bouffée de potentiels d‟action) (Levitan et<br />
Kacmarek, 1997).<br />
Parmi les préparations pacemaker neuronales étudiées, les neurones d‟invertébrés ont<br />
certainement contribué à obtenir une meilleure compréhension des différents mécanismes<br />
ioniques, souvent complexes, impliqués dans la genèse de cette auto-rythmicité (Levitan et<br />
97
Kacmarek, 1997 ; Staras et coll., <strong>20</strong>02). Ceci étant dû en partie à leur participation dans des<br />
réseaux neuronaux simples, leur facilité d‟accès et leur adaptabilité reconnue pour les<br />
techniques électrophysiologiques classiques. A ce titre les neurones d‟insectes n‟ont rien à<br />
envier à leurs homologues vertébrés. En effet, au sein du système nerveux central des insectes,<br />
il existe une population de cellules neurosécrétrices nommée les « Dorsal Unpaired Median »<br />
(DUM) neurones qui constituent la seule population identifiée à ce jour de neurones doués<br />
d‟activité pacemaker (Grolleau et Lapied, <strong>20</strong>00 ; Wicher et coll. <strong>20</strong>01). Il a été possible<br />
d‟identifier au moins une douzaine de courants ioniques engendrés par des canaux spécifiques<br />
présents dans la membrane et ayant une fonction parfaitement bien identifiée dans les<br />
différentes phases qui caractérisent l‟activité pacemaker neuronale (Fig. 1).<br />
Figure 1 : Courants ioniques impliqués dans l’activité électrique pacemaker des DUM<br />
neurones présents à la surface du dernier ganglion abdominal de la chaîne nerveuse ventrale<br />
du système nerveux central d’un insecte la blatte Periplaneta americana.<br />
98
Tous ces courants ioniques se regroupent selon des caractéristiques biophysiques spécifiques :<br />
transitoires ou permanents activés par le calcium ou le sodium intracellulaire, dépolarisants ou<br />
hyperpolarisants, dépendants ou indépendants du potentiel membranaire (Grolleau et Lapied<br />
<strong>20</strong>00 ; Wicher et coll. <strong>20</strong>01). La mise en place de cette auto-rythmicité obéit à une sorte de<br />
« marche militaire »‟ très ordonnée. La dépolarisation conditionne la repolarisation qui est<br />
essentielle pour développer la post-hyperpolarisation. Celle-ci enfin est fondamentale pour<br />
déclencher la pré-dépolarisation si importante dans l‟origine de l‟activité pacemaker. En<br />
résumé, il apparaît très clairement que les canaux ioniques sont les architectes de cette<br />
propriété intrinsèque du soma, le maître d‟œuvre étant le calcium. En effet ce dernier joue un<br />
rôle clé dans la régulation de la fréquence et du mode de décharge neuronal. Il s‟oppose à tout<br />
excès (e.g., hyperexcitabilité) et permet de maintenir un minimum vital en dessous duquel le<br />
neurone deviendrait silencieux. La cible spécifique du calcium est la phase de prédépolarisation<br />
qui met en jeu deux types de canaux calcium à bas seuil d‟activation :<br />
transitoire (ICat) et maintenu (ICam) (Fig. 1 ; Grolleau et Lapied, 1996) également décrits<br />
chez le vertébré (Avery et Johnston, 1996 ; Kostyuk 1999).<br />
La particularité du courant calcium maintenu à bas seuil d‟activation est sa très grande<br />
sensibilité vis à vis du calcium intracellulaire. Ce courant qui intervient dans la dernière partie<br />
de la phase de pré-dépolarisation (Fig. 1) est à l‟origine de l‟ultime étape pour atteindre le<br />
seuil de déclenchement du potentiel d‟action et ainsi maintenir une activité pacemaker<br />
régulière. Il opère dans une gamme de concentration en calcium très étroite (Grolleau et<br />
Lapied 1996).<br />
Figure 2 : Régulation en cloche du courant calcium maintenu à bas seuil d’activation par le<br />
calcium intracellulaire.<br />
Toutes augmentation ou diminution expérimentale et/ou physiologique de la concentration en<br />
calcium intracellulaire (Fig. 2) entraînera une inactivation de ce courant provoquant par<br />
conséquent une forte réduction de la fréquence de décharge du neurone. Ce courant maintenu<br />
subit donc une régulation en cloche par le calcium intracellulaire (Fig. 2). Seulement dans<br />
99
certaines circonstances, l‟entrée de calcium dans la cellule déclenche toute une série de<br />
réactions en chaîne incontrôlées qui aboutit à une désynchronisation de l‟activité des canaux<br />
ioniques conduisant à la disparition complète de l‟activité pacemaker.<br />
3. ACTEURS MIS EN JEU DANS CETTE COOPERATION MORTELLE<br />
Lors d‟une dépolarisation, une succession d‟évènements moléculaires va contribuer à<br />
la disparition de l‟activité pacemaker dès l‟instant ou la concentration intracellulaire en<br />
calcium atteint un certain seuil. La première étape, dépendante de cette dépolarisation,<br />
correspond à l‟activation des canaux calciques à haut seuil d‟activation de type N (Wicher,<br />
<strong>20</strong>01). L‟augmentation de la concentration cytosolique de calcium est à l‟origine de<br />
l‟activation d‟un acteur inattendu : le NCCE pour « Non-Capacitive <strong>Calcium</strong> Entry » qui va<br />
déterminer l‟étape finale conduisant à la disparition de l‟activité électrique pacemaker. Les<br />
NCCEs se distinguent nettement des canaux calciques dépendants des stocks ou « capacitifs »,<br />
les CCE pour « Capacitive <strong>Calcium</strong> Entry ». Ces CCEs s‟ouvrent lorsque les stocks sont<br />
insuffisants. Ces canaux sont donc appelés « capacitifs » car ils redonnent à la cellule sa<br />
capacité à produire un signal calcique efficace. Il joue donc un rôle fondamental dans l‟entrée<br />
de calcium extracellulaire et en second plan, à la sortie de calcium des stocks. Les NCCEs,<br />
dont le rôle est encore mal connu est activé en présence d‟acide arachidonique provenant du<br />
diacyl glycérol (Fig. 3).<br />
Figure 3. Schéma comparatif des mécanismes intracellulaires qui régulent le CCE et le<br />
NCCE. Le LOE-908 est l’un des seuls composés permettant de bloquer spécifiquement le<br />
NCCE (modifié d’après Moneer et Taylor, <strong>20</strong>02).<br />
Il a été possible de déterminer, au niveau des DUM neurones, la succession<br />
d‟évènements intracellulaires impliqués entre la production d‟acide arachidonique (AA) et<br />
l‟activation du NCCE. L‟AA active une guanylate cyclase sensible au NO (GC-NO). La<br />
production de GMP cyclique à partir de GTP consécutive à l‟activation de cet enzyme stimule<br />
100
une phosphodiestérase de type 2 (PDE2) impliquée dans la dégradation d‟AMP cyclique en<br />
5‟AMP. C‟est la diminution de la concentration en AMP cyclique qui est responsable de<br />
l‟activation du NCCE et donc de l‟entrée de calcium (Wicher et coll. <strong>20</strong>04).<br />
Dans notre contexte, l‟entrée de calcium via l‟activation des canaux calciques de type<br />
N stimulerait une nouvelle voie annexe à cette régulation. En effet, l‟augmentation de calcium<br />
importante activerait la PDE2, sans utiliser la voie de la GC-NO/GMP cyclique, entraînant<br />
une diminution rapide du taux d‟AMP cyclique intracellulaire. Cette diminution stimule le<br />
NCCE qui permet une entrée de calcium supplémentaire dans le neurone. Finalement, c‟est<br />
cette augmentation qui aurait pour conséquence une inactivation du courant calcique maintenu<br />
à bas seuil d‟activation, inactivation qui produit une réduction voire une disparition de<br />
l‟activité pacemaker neuronale (Figs. 2 et 4).<br />
Figure 4. Schéma récapitulatif de l’inactivation du courant calcique maintenu à bas<br />
seuil d’activation (LVACam) consécutive à l’entrée de calcium via les canaux calciques de<br />
type N à haut seuil d’activation (HVACa) sensibles à la dépolarisation membranaire. VDNa,<br />
canaux sodium dépendants du potentiel ; PDE2 phosphodiestérase de type 2 sensible au GMP<br />
cyclique ; NCCE Non-Capacitive <strong>Calcium</strong> Entry.<br />
4. CONCLUSION<br />
L‟analyse des mécanismes moléculaires qui sous-tendent cette coopération<br />
« mortelle » pour un neurone montre la fragilité d‟un mécanisme cellulaire dépendant du<br />
calcium impliqué dans le maintien de la fonction neuronale. Le neurone dans ces conditions<br />
est en sursis permanent. La caractérisation de la participation inattendue du NCCE dans cette<br />
mort « non programmée » montre à quel point cette régulation synchronisée de l‟activité des<br />
101
différents canaux ioniques, pour entretenir une activité pacemaker, peut se transformer en une<br />
véritable « cacophonie » synonyme de disfonctionnements importants. Tous les évènements<br />
décrits dans le cas des DUM neurones ont été identifiés également sur diverses préparations<br />
de vertébrés. Une seule marche reste à franchir pour extrapoler ces résultats aux neurones<br />
pacemaker de vertébrés. Cette étude nous montre encore une fois qu‟une perturbation<br />
quelconque du fonctionnement d‟un seul canal ionique apparaisse et c‟est toute une fonction<br />
qui est perdue entraînant un trouble majeur.<br />
5. POUR EN SAVOIR PLUS<br />
Avery RB & Johnston D (1996) Multiple channel types contribute to the low-voltageactivated<br />
calcium current in hippocampal CA3 pyramidal neurons. J. Neurosci, 16, 5567-7782.<br />
Grolleau F. & Lapied B. (<strong>20</strong>00) Dorsal Unpaired Median neurones in the insect central<br />
nervous system : Towards a better understanding of the ionic mechanisms underlying<br />
spontaneous electrical activity – A review. J. Exp. Biol., <strong>20</strong>3, 1633-1648.<br />
Grolleau F. & Lapied B. (1996) Two distinct low-voltage-activated calcium currents<br />
contribute to the pacemaker mechanism in cockroach dorsal unpaired median neurons. J.<br />
Neurophysiol., 76, 963-976.<br />
Kostyuk PG (1999) Low-voltage-activated calcium channels ; achievements and problems.<br />
Neuroscience, 92, 1157-1163.<br />
Levitan IB & Kaczmarek LK (1997) The neuron, 2nd edition, Oxford University Press,<br />
Oxford.<br />
Moneer Z & Taylor CW (<strong>20</strong>02) Reciprocal regulation of capacitive and non-capacitive<br />
calcium entry in A7r5 vascular smooth muscle cells : only the latter operates during receptor<br />
activation. Biochem. J., 362, 13-21.<br />
Staras K, Gyori J & Kemenes G (<strong>20</strong>02) Voltage-gated ionic currents in an identified<br />
modulatory cell type controlling molluscan feeding. Eur. J. Neurosci., 15, 109-119.<br />
Wicher D. (<strong>20</strong>01) Peptidergic modulation of insect voltage-gated calcium currents ; role of<br />
resting calcium current and protein kinases A and C. J. Neurophysiol., 86, 2353-2362.<br />
Wicher D., Messutat S., Lavialle C. & Lapied B. (<strong>20</strong>04) A new regulation of Non-Capacitive<br />
<strong>Calcium</strong> Entry in insect pacemaker neurons. J. Biol. Chem., 279, 50410-50419.<br />
Wicher D, Walther C & Wicher C (<strong>20</strong>01) Non-synaptic ion channels in insects : basic<br />
properties of currents and their modulation in neurons and squeletal muscles. Prog.<br />
Neurobiol., 64, 431-425.<br />
102
TRAITER LA DOULEUR EN INHIBANT LES CANAUX CALCIQUES DE TYPE-T !<br />
Emmanuel Bourinet<br />
Département de Physiologie, Institut de Génomique Humaine<br />
CNRS UMR5<strong>20</strong>3 INSERM U661 Université Montpellier I & II<br />
La prise en compte et le traitement de la douleur est un aspect essentiel de la qualité de<br />
vie, cependant la réponse thérapeutique proposée par le corps médical se limite à quelques<br />
drogues connues depuis de nombreuses années, voir des siècles pour la morphine, et qui ont<br />
soit de nombreux effets indésirables, soit une efficacité limitée. De plus, aucun concept<br />
pharmacologique innovant n‟a aboutit à la découverte de nouveaux analgésiques lors des<br />
dernières décennies. Dans ce contexte, la découverte de nouvelles médications est un réel<br />
besoin. Les explorations du système nerveux ont mis en évidence que des terminaisons<br />
nerveuses spécialisées localisées dans la peau et dans tous les organes sont capables de<br />
détecter les atteintes tissulaires et les signaux douloureux. Lorsque ces neurones spécialisés<br />
(appelés aussi nocicepteurs) sont stimulés, ils transmettent des signaux électriques aux centres<br />
cérébraux d‟intégration des sensations de la douleur. En conséquence, la compréhension du<br />
fonctionnement moléculaire de ces nocicepteurs est d‟un intérêt capital pour améliorer les<br />
stratégies thérapeutiques anti-douleur 1 .<br />
Des protéines, connues sous le nom de canaux ioniques, forment les particules<br />
élémentaires de l‟excitabilité cellulaire en initiant puis véhiculant les signaux électriques dans<br />
les neurones et toutes les cellules excitables. Les nocicepteurs ne dérogent pas à la règle, et de<br />
manière intéressante, ils expriment un répertoire unique de ces canaux ioniques pour une<br />
détection et une transmission optimale des signaux douloureux. De plus, des recherches<br />
récentes ont mis en évidence que lors des états de douleur chronique comme les pathologies<br />
inflammatoires ou les neuropathies d‟étiologies diverses (diabète, cancer, sida,<br />
chimiothérapies, zonas,…), des changements des niveaux d‟expression des canaux ioniques<br />
s‟opèrent dans les nocicepteurs donnant lieux à des modifications de perception des signaux<br />
sensoriels et conduisant souvent les patients à percevoir comme douleurs sévères des signaux<br />
perçus autrement comme des sensations indolores. Comme de nombreux médicaments ont<br />
pour cibles directes ou indirectes des canaux ioniques dans le traitement de pathologies<br />
diverses (hypertension, épilepsie,…), l‟identification des canaux ioniques les plus influents<br />
pour l‟excitabilité des nocicepteurs sera certainement cruciale pour la découverte de nouvelles<br />
thérapies spécifiques permettant de traiter et/ou de prévenir les états de douleur chronique.<br />
Parmi les principaux canaux sélectifs pour des ions donnés, les canaux calciques sont<br />
uniques en étant à la fois acteurs importants de l‟excitabilité cellulaire, mais aussi en étant une<br />
voie principale d‟entrée de calcium dans la cellule ; cet ion jouant alors un rôle de véritable<br />
second messager contrôlant de nombreuses fonctions physiologiques comme par exemple la<br />
transmission synaptique ou l‟expression génique dans les neurones. Récemment, une nouvelle<br />
famille de trois gènes homologues (Ca V 3.1, Ca V 3.2, et Ca V 3.3) a été identifiée 2 . Ces gènes<br />
engendrent des canaux calciques activés par des faibles dépolarisations de la membrane<br />
cellulaire, communément appelés canaux calciques « bas seuils » ou « type-T ». Les<br />
connaissances sur les rôles physiologiques des ces canaux de type-T étaient très limitées<br />
jusqu'à très récemment ; cependant ces canaux, bien avant l‟identification de leurs gènes<br />
constitutifs, ont été décrits fonctionnellement dans les nocicepteurs suggérant un rôle possible<br />
103
dans la perception de la douleur. Les quelques données de pharmacologie comportementale<br />
chez les rongeurs, utilisant des inhibiteurs non-sélectifs de ces canaux, confortent ce rôle<br />
important dans la physiopathologie des nocicepteurs et de la sensation de douleur 3,4 .<br />
L‟identification des gènes Ca V 3 a rendu possible l‟utilisation d‟approches génétiques pour<br />
valider l‟utilité potentielle de bloquer les canaux calciques de type-T pour réduire la<br />
perception de la douleur. Pour cibler les neurones nocicepteurs chez le rat, nous avons réalisé<br />
des injections dans l‟espace intrathecal (autour de la moelle épinière) de petites séquences<br />
synthétiques d‟ADN « antisens » qui s‟hybrident spécifiquement sur chacun des trois ARN<br />
messagers générant des canaux de type-T. Comme l‟ARN messager est le précurseur de la<br />
protéine dans la cellule, l‟hybridation de l‟ADN antisens sur l‟ARN bloque sélectivement la<br />
synthèse de la protéine. Cette approche d‟inhibition (communément appelée knock-down) via<br />
l‟injection intrathecale d‟antisens a été validée dans plusieurs études, et a montré toute son<br />
efficacité pour identifier des gènes qui participent à la détection de la douleur. En utilisant<br />
cette approche expérimentale, nous avons mis en évidence que l‟un des trois gènes codant<br />
pour les canaux de type-T (Ca V 3.2) a un rôle primordial dans l‟excitabilité des nocicepteurs et<br />
donc dans la perception de la douleur 5 . L‟inhibition de l‟expression de Ca V 3.2 dans les<br />
neurones nocicepteurs a ainsi pour conséquence une inhibition remarquable des réactions<br />
comportementales à des stimuli douloureux chez des animaux sains (effet analgésique), mais<br />
surtout chez des animaux « neuropathiques » mimant les pathologies humaines de la douleur<br />
chronique (effet anti-hyperalgésique, figure1). De surcroît, ces animaux neuropathiques, tout<br />
comme bon nombre de patients douloureux chroniques, perçoivent ou interprètent des stimuli<br />
indolores comme sensations nociceptives (état d‟allodynie). Comme pour traiter<br />
l‟hyperalgésie, peu de médicaments ont une action anti-allodynique efficace. A l‟inverse,<br />
l‟antisens dirigé contre Ca V 3.2 s‟est révélé comme possédant une action anti-allodynique<br />
spectaculaire en permettant de normaliser la perception de la douleur aux niveaux<br />
physiologiques chez des animaux neuropathiques.<br />
En conclusion, l‟étude menée à l‟Institut de Génomique Fonctionnelle de Montpellier<br />
a mis en évidence que l‟application intrathécale d‟un antisens dirigé contre le gène Ca V 3.2<br />
engendre une inhibition de l‟expression et de l‟activité des canaux de type-T dans les<br />
nocicepteurs. Cette inhibition « génétique » démontre la fonction importante du canal de<br />
type-T généré par Ca V 3.2 dans la perception de la douleur physiologique et pathologique.<br />
Compte tenu, d‟une part de l‟absence d‟effets indésirables liés à la déplétion des nocicepteurs<br />
en canaux Ca V 3.2, et d‟autre part de l‟abondance de Ca V 3.2 dans ces nocicepteurs ; des<br />
molécules capables de bloquer ces canaux seraient vraisemblablement douées de propriétés<br />
anti-douleur tout en étant dénués d‟effets secondaires. Dans cette perspective la découverte<br />
de molécules antagonistes sélectives des canaux de type-T devrait être d‟un grand intérêt pour<br />
la prise en charge symptomatique et/ou préventive de la douleur chez l‟homme.<br />
Références<br />
(1) Julius, D.; Basbaum, A. I. Molecular mechanisms of nociception. Nature <strong>20</strong>01, 413, <strong>20</strong>3-210.<br />
(2) Lory, P.; Monteil, A.; Chemin, J.; Bourinet, E.; Nargeot, J. Du clonage des canaux calciques de type T à<br />
l'étude de leurs rôles physiologiques. Médecine / Sciences <strong>20</strong>01, <strong>17</strong>, 979-988.<br />
(3) Matthews, E. A.; Dickenson, A. H. Effects of ethosuximide, a T-type Ca(2+) channel blocker, on dorsal<br />
horn neuronal responses in rats. Eur J Pharmacol <strong>20</strong>01, 415, 141-149.<br />
(4) Dogrul, A.; Gardell, L. R.; Ossipov, M. H.; Tulunay, F. C.; Lai, J. et al. Reversal of experimental<br />
neuropathic pain by T-type calcium channel blockers. Pain <strong>20</strong>03, 105, 159-168.<br />
104
Courants de type-T (pA/pF)<br />
Seuil de douleur (g)<br />
Injections antisens<br />
(5) Bourinet, E.; Alloui, A.; Monteil, A.; Barrere, C.; Couette, B. et al. Silencing of the Ca V 3.2 T-type<br />
calcium channel gene in sensory neurons demonstrates its major role in nociception. Embo J <strong>20</strong>05, 24,<br />
315-324.<br />
800<br />
700<br />
600<br />
500<br />
400<br />
300<br />
<strong>20</strong>0<br />
100<br />
Avant<br />
ligature<br />
Après<br />
ligature<br />
contrôle<br />
<strong>20</strong> ms<br />
Douleur mécanique<br />
(test de pression de la patte)<br />
Courants de type-T à J+4<br />
AS Ca V 3.2<br />
<strong>20</strong>0pA<br />
*<br />
*<br />
*<br />
-7 0 4 5 6 7 8 9 10 11 12<br />
(jours)<br />
*<br />
10<br />
8<br />
6<br />
4<br />
2<br />
0<br />
*<br />
(n=43)<br />
(n=53)<br />
contrôle<br />
AS Ca V 3.2<br />
contrôle AS Ca V 3.2<br />
D’après Bourinet et coll (<strong>20</strong>05) EMBO J<br />
*<br />
Figure1:<br />
Effet cinétique de<br />
l‟injection<br />
intrathécale<br />
d‟antisens dirigés<br />
contre Ca V 3.2 chez<br />
les<br />
rats<br />
neuropathiques. La<br />
neuropathie a été<br />
induite selon le<br />
modèle de Bennett<br />
& Xie consistant en<br />
des ligatures lâches<br />
du nerf sciatique.<br />
Deux groupes<br />
d‟animaux, rendus<br />
neuropathiques par<br />
la constriction du<br />
nerf sciatique, on été<br />
injectés deux fois<br />
par jours pendant 4<br />
jours avec 10µl<br />
contenant 12.5 µg<br />
d‟antisens (triangles)<br />
ou d‟une séquence<br />
d‟ADN contrôle (cercles). Les seuils de réponses douloureuses à un stimulus mécanique (pression de la patte)<br />
ont été enregistrés dans le strict respect des règles d‟étique. Les seuils représentés sur le graphique ont été<br />
mesurés avant (J-7) et après (J0) l‟induction de la neuropathie, puis tous les jours après la fin du protocole<br />
d‟injection des antisens. Il faut noter que l‟antisens anti-Ca V 3.2 induit un effet antidouleur massif (supérieur à<br />
celui obtenu à des doses maximales de morphine sur ce test par ex) qui perdure pendant 5 jours après l‟arrêt<br />
du traitement. Des expériences contrôles d‟électrophysiologie montrent qu‟à la fin du traitement à J4 (flèche<br />
rouge), les neurones nocicepteurs d‟animaux injectés par les antisens montrent une forte réduction de<br />
l‟expression des canaux calciques de type-T contrairement au neurones prélevés sur des animaux traités avec<br />
la séquence contrôle (partie encadré).<br />
105
DOULEUR NEUROPATHIQUE ET ACTIVITE ELECTRIQUE ECTOPIQUE: ROLE<br />
DES CANAUX CHLORURES ACTIVES PAR LE CALCIUM<br />
Frédérique Scamps<br />
Institut des Neurosciences Montpellier, INSERM U-583, 80 rue Augustin Fliche, 34095<br />
Montpellier Cedex 5<br />
Douleur neuropathique<br />
Le système nerveux périphérique somatique est composé des ganglions rachidiens dorsaux,<br />
GRD, situés de part et d'autre de la moelle épinière. Les terminaisons nerveuses périphériques<br />
des neurones constituant les GRD sont situées dans la peau, les muscles, les viscères et sont<br />
responsables de la douleur, du toucher et de la proprioception. L'existence de récepteurs<br />
périphériques spécifiques permet d'intégrer toute la diversité des sensations. En ce qui<br />
concerne la douleur, il existe plusieurs familles de récepteurs: les nocicepteurs responsables<br />
de la douleur inflammatoire, du chaud et du froid et les mécanorécepteurs dits à haut seuil<br />
d'activation, responsables de la douleur aigue (Petruska et al., <strong>20</strong>00).<br />
Alors que ces divers types de douleur sont des systèmes d'alerte nécessaires à la survie et au<br />
maintien de l'intégrité de l'organisme, il peut se développer à la suite d'une pathologie<br />
traumatique, virale, toxique…une douleur pathologique, la douleur neuropathique. Le<br />
problème de la douleur neuropathique est qu'elle se manifeste de façon soutenue, voir<br />
chronique avec divers degrés douloureux allant du simple picotement à la douleur fulgurante<br />
et conduit à des symptômes secondaires comme l'anxiété et la dépression.<br />
L'hyperalgie et l'allodynie sont les symptômes primaires d'une douleur neuropathique.<br />
L'hyperalgie se définie comme une sensibilité exacerbée à la douleur inflammatoire et<br />
mécanique (hyperalgie thermique et mécanique) et implique les récepteurs à la douleur.<br />
L'allodynie est une douleur induite par un stimulus mécanique qui ne provoque normalement<br />
pas la douleur, et donc implique des neurones non nociceptifs. De même, on considère que la<br />
douleur neuropathique peut être évoquée ou spontanée. (Woolf & Mannion, 1999; Jensen &<br />
Baron, <strong>20</strong>03).<br />
Quelque soit l'étiologie des douleurs neuropathiques, le mécanisme cellulaire de base est une<br />
hyperexcitabilité des neurones sensitifs (Amir et al., 1999; Abdulla & Smith, <strong>20</strong>01).<br />
Activité électrique et calcium<br />
L'activité électrique est le moyen de coder la prise d'information sensorielle. Cette activité se<br />
manifeste par l'ouverture de divers types de canaux ioniques permettant la genèse et la<br />
propagation d'un potentiel d'action. Cette dépolarisation membranaire permet l'ouverture de<br />
canaux calciques voltage-dépendants. Ces canaux conduisent à une augmentation du calcium<br />
intracellulaire, ce qui, in fine, va induire la libération de neurotransmetteur au niveau de la<br />
synapse centrale. Cependant, les entrées de calcium induites par l'activité électrique contrôlent<br />
aussi l'activité. Ce rétrocontrôle se fait par activation de canaux ioniques dits calciumdépendants.<br />
A ce jour, trois grandes familles de canaux activés par le calcium intracellulaire<br />
sont répertoriées: les canaux potassiques; les canaux cationiques non spécifiques et les canaux<br />
chlorures. Le rôle majeur de ces canaux est de contrôler l'excitabilité cellulaire soit en<br />
l'augmentant, soit en la diminuant.<br />
106
Lésion périphérique et canaux chlorures activés par le calcium<br />
Lors d'un traumatisme nerveux, les neurones sensitifs présentent une augmentation de leur<br />
excitabilité intrinsèque qui conduit dans un certain nombre de cas aux symptômes de douleur<br />
neuropathique. L'hyperexcitabilité neuronale se manifeste de deux façons, soit par une<br />
diminution du seuil d'excitation à un stimulus donné, soit par une augmentation de la<br />
fréquence de décharge des potentiels d'action, PA. L'effet d'une augmentation de la fréquence<br />
de décharge des PA est une augmentation progressive et importante du calcium intracellulaire,<br />
ce qui suggère que l'homéostasie calcique joue un rôle prépondérant dans la douleur<br />
neuropathique.<br />
Les canaux chlorures activés par le calcium sont des protéines ubiquitaires dont la nature<br />
moléculaire est toujours inconnue (Scott et al., 1995). Ces canaux par définition sont activés<br />
par le calcium, mais ne présentent pas de spécificité vis à vis des voies de mobilisation du<br />
calcium, intra ou extracellulaire ou d'un type particulier de canal calcique. Dans les neurones<br />
sensitifs adultes, ce courant est exprimé dans environ 30 % des cellules impliquées dans la<br />
mécanotransduction. Par contre après une lésion nerveuse périphérique, comme la section du<br />
nerf sciatique, 80 % de ces neurones l'exprime, alors que les nocicepteurs inflammatoires ne<br />
l'exprime pas. Les canaux chlorures sont donc des molécules candidates dans les mécanismes<br />
d'hyperalgie mécanique ou d'allodynie<br />
Pour comprendre le rôle de ces canaux surexprimés après un traumatisme nerveux, leur<br />
sensibilité au calcium a été évaluée en couplant des mesures de variation du calcium<br />
intracellulaire avec l'activation du courant chlorure, ICl(Ca), à différentes charges calciques.<br />
Les charges calciques sont obtenues en contrôlant la durée de l'influx calcique induit par les<br />
canaux calciques.<br />
- 80 mV<br />
0<br />
(0 mV, 15 ms)<br />
(0 mV, 100 ms)<br />
Courant (nA)<br />
ICl(Ca)<br />
2 nA<br />
ICl(Ca)<br />
1 sec<br />
50 %<br />
F/F0 (%)<br />
Figure 1: Couplage en ligne des mesures électrophysiologiques (courants) avec la<br />
photométrie (Fluo-3 en F/F0). (Andre et al., <strong>20</strong>03)<br />
Il apparaît qu'une charge calcique relativement importante est nécessaire à l'activation de<br />
ICl(Ca), ce qui a conduit à une analyse des variations de calcium lors de l'activité électrique.<br />
Canaux chlorures activés par le calcium et activité électrique des neurones axotomisés<br />
L'activité électrique induit des augmentations du calcium intracellulaire en permettant<br />
l'ouverture des canaux calciques voltage-dépendants. Selon leur amplitude, les transitoires<br />
calciques vont activer ICl(Ca). Comme tout canal ionique, l'activation de ICl(Ca) génère des<br />
107
PA (mV)<br />
charges électriques qui doivent influencer la forme et/ou la fréquence de l'activité électrique.<br />
Notamment, en théorie, ce courant devrait induire une dépolarisation membranaire suivant un<br />
PA. L'enregistrement de l'activité électrique de la population des neurones sensitifs<br />
axotomisés exprimant ICl(Ca) montre qu'un potentiel d'action n'est pas suivi d'une<br />
dépolarisation membrane, suggérant que ICl(Ca) n'est pas activé. Les études de couplage<br />
calcium intracellulaire et activité électrique démontrent effectivement une mobilisation<br />
calcique trop faible au cours d'un PA pour activer ICl(Ca). Par contre lorsque la fréquence de<br />
stimulation est augmentée, on observe une mobilisation calcique compatible avec l'activation<br />
de ICl(Ca). Cependant, aucun signe d'activation de ce canal n'est observé.<br />
F/F0 (%) Potential (mV)<br />
<strong>20</strong> mV<br />
<strong>20</strong> mV<br />
-50mV<br />
-50mV<br />
<strong>20</strong>0 ms<br />
<strong>20</strong> %<br />
<strong>20</strong>0 ms<br />
<strong>20</strong> %<br />
Figure 2: Couplage en ligne de l'activité électrique et des variations calciques induites par<br />
l'activité à différentes fréquences de stimulation.(Hilaire et al., <strong>20</strong>05b)<br />
Les canaux potassiques contrôlent l'expression fonctionnelle de ICl(Ca)<br />
L'activité électrique est la résultante de la mise en jeu de divers canaux ioniques, dépendants<br />
du voltage et du calcium. La charge nette dépolarisante ou repolarisante est portée par l'entité<br />
dominante. La seule hypothèse possible pour rendre compte de l'apparente non-activation de<br />
ICl(Ca) est que des courants repolarisants masquent l'effet dépolarisant de ICl(Ca). Des<br />
expériences pharmacologiques où l'on obtient une inhibition non spécifique et progressive des<br />
canaux potassiques repolarisants par perfusion de CsCl (a), démontre la présence de ICl(Ca)<br />
par l'apparition d'une dépolarisation (b) parfois suivie de décharges spontanées (c).<br />
(a)<br />
60<br />
40<br />
<strong>20</strong><br />
0<br />
-<strong>20</strong><br />
-40<br />
-60<br />
I = 1 nA<br />
<strong>20</strong>0 ms<br />
(b)<br />
<strong>20</strong>0 ms<br />
(c)<br />
Figure 3: le césium intracellulaire induit un allongement progressif de la durée du PA et<br />
l'apparition d'une dépolarisation.<br />
108
Les décharges électriques spontanées des neurones axotomisés sont sous contrôle du<br />
calcium<br />
Dans ce modèle de pathologie, l'enregistrement d'une activité électrique maintenue est<br />
observable lorsque les canaux potassiques sont partiellement inhibés. Il est clair que la<br />
dépolarisation progressive du potentiel membranaire est due à l'activation de ICl(Ca) et<br />
conduit à l'arrêt des activités spontanées par inactivation des canaux sodiques. Cependant, la<br />
participation des canaux chlorures dans l'initiation de cette activité spontanée n'est pas<br />
démontrée. De plus, il est bien connu que l'inhibition des canaux potassiques activés par le<br />
calcium induit des activités répétitives. Pour vérifier l'implication de tels canaux dans les<br />
activités spontanées, des expériences d'enregistrement d'activité électriques sont faites en<br />
présence d'un tampon calcique intracellulaire, l'EGTA. En présence d'EGTA, nous<br />
enregistrons des activités répétitives non suivies par une dépolarisation membranaire. (Hilaire<br />
et al., <strong>20</strong>05)<br />
-62 mV<br />
I = 1.1 nA<br />
I = 0.6 nA<br />
-55 mV<br />
I = 1 nA<br />
I = 0.5 nA<br />
Axotomie (-) EGTA<br />
Axotomie (+) EGTA<br />
Conclusions<br />
L'homéostasie calcique semble jouer un rôle complexe dans la douleur neuropathique en<br />
contrôlant des conductances antagonistes. Il apparaît que les canaux chlorures activés par le<br />
calcium pourraient inhiber les activités électriques maintenues et ainsi avoir un effet antidouleur.<br />
L'identification moléculaire de cette protéine nous permettrait d'analyser le rôle de ce<br />
canal ionique in vivo.<br />
Ce programme est réalisé avec le soutien de l'Association Française contre les<br />
Myopathies, et l'INSERM<br />
Abdulla, F.A. & Smith, P.A. (<strong>20</strong>01) Axotomy- and autotomy-induced changes in the<br />
excitability of rat dorsal root ganglion neurons. J Neurophysiol, 85, 630-643.<br />
Amir, R., Michaelis, M. & Devor, M. (1999) Membrane potential oscillations in dorsal root<br />
ganglion neurons: Role in normal electrogenesis and neuropathic pain. J Neurosci, 19,<br />
8589-8596.<br />
109
Andre, S., Boukhaddaoui, H., Campo, B., Al-Jumaily, M., Mayeux, V., Greuet, D., Valmier, J.<br />
& Scamps, F. (<strong>20</strong>03) Axotomy-induced expression of calcium-activated chloride<br />
current in subpopulations of mouse dorsal root ganglion neurons. J Neurophysiol, 90,<br />
3764-3773.<br />
Hilaire, C., Inquimbert, P., Al-Jumaily, M., Greuet, D., Valmier, J. & Scamps, F. (<strong>20</strong>05)<br />
<strong>Calcium</strong> dependence of axotomized sensory neurons excitability. Neurosci Lett, 380,<br />
330-334.<br />
Hilaire, C., Campo, B., André, S., Valmier, J. and Scamps, F. (<strong>20</strong>05 b) K+ current regulates<br />
calcium-activated chloride current-induced afterdepolarization in axotomized sensory<br />
neurons. Eur. J. Neurosci. In Press.<br />
Jensen, T.S. & Baron, R. (<strong>20</strong>03) Translation of symptoms and signs into mechanisms in<br />
neuropathic pain. Pain, 102, 1-8.<br />
Petruska, J.C., Napaporn, J., Johnson, R.D., Gu, J.G. & Cooper, B.Y. (<strong>20</strong>00) Subclassified<br />
acutely dissociated cells of rat DRG: histochemistry and patterns of capsaicin-, proton-,<br />
and ATP-activated currents. J Neurophysiol, 84, 2365-2379.<br />
Scott, R.H., Sutton, K.G., Griffin, A., Stapleton, S.R. & Currie, K.P. (1995) Aspects of<br />
calcium-activated chloride currents: a neuronal perspective. Pharmacol Ther, 66, 535-<br />
565.<br />
Woolf, C.J. & Mannion, R.J. (1999) Neuropathic pain: aetiology, symptoms, mechanisms,<br />
and management. Lancet, 353, 1959-1964.<br />
110
SIGNAL DE PROTÉASES AUX AFFÉRENCES SENSITIVES<br />
Nathalie Vergnolle<br />
Dept of pharmacology and therapeutics, 3330 Hospital DR.NW CALGARY, AB, T2N4N1<br />
Canada<br />
Une des fonctions majeures des fibres afférentes sensitives est de conduire les messages<br />
douloureux générés a la périphérie dans les tissus, jusqu‟aux centres supérieurs du système<br />
nerveux central. Ces neurones, dont les corps cellulaires sont localisés au niveau des nœuds<br />
ganglionnaires de la racine dorsale, peuvent être isolés et mis en culture afin d‟étudier les<br />
récepteurs qu‟ils expriment, mais également les mécanismes de signalisation cellulaires qui<br />
régissent la physiologie de ces récepteurs et des afférences sensitives en général. La<br />
connaissance des phénomènes de signalisation aux fibres afférentes sensitives ouvre un accès<br />
direct à l‟étude de signaux périphériques pro-algésiques ou anti-algésiques (analgésiques).<br />
Un exemple de tels signaux peut être illustré par l‟étude des effets de protéases sur la réponse<br />
d‟afférences sensitives.<br />
Les protéases sont des enzymes qui clivent d‟autres protéines à des sites spécifiques. Les<br />
protéases ont été considérées longtemps principalement comme des enzymes digestives. Ce<br />
n‟est que depuis peu de temps que l‟on considère les protéases non plus comme des molécules<br />
dégradatives, mais réellement comme des molécules de signalisation qui sont capables<br />
d‟envoyer des signaux spécifiques aux cellules. Une des façons pour les protéases de<br />
communiquer de<br />
façon spécifique<br />
avec les cellules<br />
est à travers<br />
l‟activation de<br />
récepteurs appelés<br />
PARs, pour<br />
Protease-Activated<br />
Receptors.<br />
Les récepteurs<br />
PARs sont des<br />
récepteurs à 7<br />
domaines<br />
transmembranaires<br />
liés à des protéines<br />
G. Ils sont activés<br />
par le clivage de<br />
leur extrémité<br />
Terminale exposée<br />
à la surface<br />
cellulaire. Ce<br />
clivage a pour effet<br />
de libérer une<br />
nouvelle extrémité<br />
Terminale qui agit<br />
alors comme un<br />
Figure 1: Mécanisme d‟activation des PARs.<br />
a/ Les protéases clivent l‟extrémité Terminale du récepteur libérant une nouvelle extrémité<br />
Terminale qui agit alors tel un ligand endogène se fixant de façon intramoléculaire à la 2ème boucle<br />
extracellulaire du récepteur. b/ Un petit peptide de synthèse (5 a 6 acides aminés) correspondant au<br />
domaine du récepteur qui est libéré par l‟action de protéases (le ligand endogène) est capable de<br />
mimer l‟action du ligand endogène et constitue ainsi un important outil pharmacologique permettant<br />
l‟ étude de la physiologie de ce type de récepteur.<br />
a<br />
b<br />
Protéase<br />
NH 2<br />
NH 2<br />
Peptide synthétique<br />
Signal<br />
intracellulaire<br />
Signal<br />
intracellulaire<br />
111
ligand endogène se fixant à la deuxième boucle extracellulaire du récepteur, pour induire un<br />
signal intracellulaire (voir figure 1).<br />
Il existe 4 membres clonés dans cette<br />
famille des récepteurs PARs. Les PAR 1 , PAR 3 et PAR 4 sont considérés comme des<br />
récepteurs à la thrombine car ils sont tous les 3 responsables des effets d‟agrégation des<br />
plaquettes en réponse à la thrombine. Toutefois, ces récepteurs sont également présents sur<br />
d‟autres types cellulaires que les plaquettes et peuvent être activés par d‟autres protéases que<br />
la thrombine, comme par exemple les facteurs Xa et VIIa de la cascade de coagulation, la<br />
cathepsine G libérée par des cellules inflammatoires telles que les neutrophiles, la trypsine, ou<br />
encore des protéases de pathogènes. Un autre membre de la famille des récepteurs PAR est le<br />
PAR 2 , qui n‟est pas activé par la thrombine, mais qui peut être activé par la trypsine ou la<br />
tryptase libérée par les mastocytes.<br />
De petits peptides de synthèse correspondant à la séquence de ligand endogène peuvent<br />
mimer l‟effet du ligand endogène et ainsi activer de façon spécifique ces récepteurs. Ces<br />
petits peptides de synthèse constituent d‟importants outils pharmacologiques qui permettent<br />
de comprendre les fonctions qu‟exercent ces récepteurs.<br />
Les récepteurs PAR 1 , PAR 2 et plus récemment PAR 4 ont été décrits comme étant exprimés<br />
sur des neurones d‟afférences sensitives isolés à partir de noyaux ganglionnaires de la racine<br />
dorsale de rats ou de souris (Steinhoff et al. Nat. Med. <strong>20</strong>00, De garavilla et al. Br. J.<br />
Pharmacol. <strong>20</strong>01, Asfaha et al. Submitted to Pain).<br />
Des études mesurant la mobilisation de calcium dans ces cellules en culture en réponse à des<br />
agonistes peptidiques sélectifs pour chacun de ces récepteurs ont montrés une mobilisation<br />
calcique en réponse aux agonistes des récepteurs PAR 1 et PAR 2 . Ces observations montrent<br />
que PAR 1 et PAR 2 ne sont pas seulement exprimés sur les afférences sensitives, mais<br />
également fonctionnels. Les afférences sensitives exposées au peptide agoniste du récepteur<br />
PAR 4 ne mobilisaient pas de calcium. En revanche, ces neurones répondaient par un signal<br />
calcique lorsqu‟ils étaient exposés à de fortes concentrations de chlorure de potassium (KCl),<br />
et ce signal était réduit lorsque les neurones étaient pré exposés aux agonistes sélectifs de<br />
PAR 4 . Ces dernières observations suggèrent que bien que l‟activation de PAR 4 ne mobilise<br />
pas une réponse calcique des cellules, cette activation est capable d‟inhiber la réponse<br />
calcique au KCl.<br />
Étant donné que des signaux pro-nociceptifs sont en général associés à une mobilisation<br />
calcique dans des neurones sensitifs, ces résultats suggèrent que l‟activation de PAR 1 et PAR 2<br />
sur ces neurones provoquerait un signal pro-nociceptif, alors que l‟activation de PAR 4 serait<br />
plutôt inhibitrice d‟un signal pro-nociceptif. Toutefois, la démonstration d‟un message proou<br />
anti-nociceptif (analgésique) passe toujours par des tests de douleur in vivo, tels que ceux<br />
que nous avons effectués pour les récepteurs PAR 1 , PAR 2 et PAR 4 .<br />
L‟injection dans la patte de rat ou de souris d‟agonistes sélectifs pour chacun des PARs a<br />
montré que les agonistes PAR 2 provoquaient l‟activation de nocicepteurs au niveau spinal,<br />
mais également allodynie et hyperalgésie (2 composantes majeures de la réponse douloureuse<br />
inflammatoire). L‟injection intra plantaire d‟agonistes PAR 1 et PAR 4 diminuaient le seuil de<br />
douleur chez des animaux naïfs, et diminuait l‟allodynie et l‟hyperalgésie inflammatoires<br />
observées chez des animaux après l‟injection intra plantaire de carragénine (Asfaha et al.<br />
<strong>20</strong>01, Asfaha et al. Submitted to Pain). Ces résultats confirment donc un rôle pro-nociceptif<br />
112
pour le PAR 2 et un rôle anti-nociceptif pour le PAR 4 . En revanche, ils réfutent un rôle pronociceptif<br />
pour le PAR 1 , démontrant au contraire un rôle anti-nociceptif. Ces derniers<br />
résultats peuvent s‟expliquer par le fait que l‟effet anti-nociceptif de PAR 1 n‟est pas dû à une<br />
activation directe des afférences sensitives, mais à la libération par des cellules adjacentes, en<br />
réponse aux agonistes PAR 1 , de médiateurs anti-nociceptifs. Certains résultats préliminaires<br />
suggèrent en effet que l‟activation d‟immunocytes par les agonistes PAR 1 provoque la<br />
libération par ces cellules, d‟opioïdes endogènes.<br />
En résumé, ces études nous montrent que le suivi du signal calcique dans les cultures<br />
d‟afférences sensitives donne une bonne indication sur la fonctionnalité des récepteurs<br />
étudiés, mais que des recherches supplémentaires, utilisant des modèles in vivo, sont<br />
nécessaires afin de déterminer le rôle pro- ou anti-nociceptif de médiateurs.<br />
Une autre utilisation possible du suivi de mobilisation calcique dans les afférences sensitives,<br />
est la possibilité de déterminer si une molécule d‟intérêt peut interférer avec le signal de<br />
médiateurs connus pour leurs effets pro-nociceptifs.<br />
Ici encore, l‟activation des récepteurs PARs illustre ce propos.<br />
L‟activation du récepteur à la capsaïcine TRPV1 est connue pour provoquer un signal proalgésique<br />
à la fois in vivo et in vitro dans des neurones en culture, l‟activation de TRPV1<br />
provoquant une mobilisation calcique. L‟activation de TRPV1 est connue comme étant<br />
responsable de la majorité des effets d‟hyperalgésie inflammatoire en réponse à une<br />
stimulation thermique. Nous avons récemment démontré que l‟activation du TRPV1 était<br />
potentialisée par une exposition préalable des fibres nerveuses ou des tissus à l‟agoniste PAR 2 .<br />
Ce phénomène de potentialisation est sous la dépendance de l‟activation d‟une protéinase<br />
Kinase C que nous tentons à l‟heure actuelle d‟identifier. Cette démonstration s‟est faite<br />
selon 3 approches différentes :<br />
- la première était de démontrer que le signal calcique en réponse aux agonistes<br />
TRPV1 dans des neurones sensoriels en culture, était potentialisé par une<br />
exposition préalable de ces neurones aux agonistes PAR 2 . Cet effet de<br />
potentialisation était inhibé en présence d‟inhibiteurs de PKC.<br />
- La deuxième était de démontrer que le signal électrique dans ces neurones, en<br />
réponse aux agonistes TRPV1, était potentialisé également par une pré exposition<br />
aux agonistes PAR 2 , et que cet effet était inhibé par des inhibiteurs de PKC. Cette<br />
approche s‟est effectuée en utilisant des techniques d‟électrophysiologie.<br />
- La troisième était de démontrer que l‟hyperalgésie en réponse aux agonistes<br />
TRPV1 était elle aussi potentialisée lorsque les animaux avaient reçus une<br />
injection intra plantaire de faibles doses d‟agonistes PAR 2 , cette réponse étant<br />
inhibée par un prétraitement avec un inhibiteur de PKC.<br />
Ces 3 différentes approches démontrent toutes la même chose : que le signal du TRPV1 peut<br />
être amplifié par l‟activation de PAR 2 , démontrant par la même, un phénomène de « cross-<br />
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talk » entre ces 2 récepteurs, et expliquant en partie le mécanisme pro-algésique de<br />
l‟activation de PAR 2 .<br />
Le TRPV1 étant aujourd‟hui une cible thérapeutique pour le développement de médicaments<br />
contre la douleur, les techniques capables de suivre la modulation/activation de la voie du<br />
TRPV1 constituent donc une approche importante pour le test d‟effets analgésiques.<br />
Notre étude montre une corrélation parfaite entre le suivi du signal calcique, l‟activité<br />
électrique des afférences sensitives, et la réponse douloureuse in vivo en ce qui concerne les<br />
voies d‟activation du TRPV1. De ces 3 approches, le suivi du signal calcique est<br />
certainement la plus rapide et la moins coûteuse. Ceci met donc en lumière l’intérêt de<br />
l’utilisation du suivi de signal calcique pour le « screening » de molécules interagissant<br />
potentiellement avec les voies d’activation du TRPV1.<br />
Un dernier exemple d‟utilisation du suivi de mobilisation calcique dans des neurones sensitifs<br />
est celui de l‟effet du peptide dérivé de la protéine S100A9 qui a été démontré comme ayant<br />
des propriétés analgésiques in vivo dans différents modèles inflammatoires. Récemment,<br />
nous avons voulu déterminer si ces propriétés analgésiques étaient dues à un effet direct sur<br />
les afférences sensitives, ou à un effet indirect sur des cellules adjacentes. Le suivi de signal<br />
calcique dans des neurones sensoriels en culture exposés au peptide S100A9 a démontré que<br />
ce peptide était capable d‟inhiber le signal calcique d‟afférences sensitives en réponse à<br />
différentes molécules pro-algésiques (TRPV1, PAR 2 , trypsine ou même KCl), suggérant un<br />
effet direct de ce peptide sur les neurones sensoriels.<br />
En conclusion, le suivi du signal calcique dans des afférences sensitives en culture se<br />
révèle être un outil efficace pour l‘étude des processus douloureux. Bien que cette<br />
approche doive être parfois complétée par une approche électrophysiologique et une<br />
approche in vivo, elle constitue néanmoins un outil intéressant de screening de molécules<br />
potentiellement analgésiques.<br />
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