LA MONTÉE EN PUISSANCEDE LA CULTURE D’ÉCRANGraphique 1 – Utilisation de l’internetà <strong>des</strong> fins personnelles selon l’âge%1009080706050403020100915715-19 ans855820-24 ans785725-34 ansSur 100 personnes de chaque groupe664235-44 ansOnt utilisé l’internet…au cours du dernier moisdont tous les jours ou presqueSource : Pratiques <strong>culturelles</strong> 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009<strong>Les</strong> conditions d’accès à l’art et à la culture ontprofondément évolué sous les effets conjugués de ladématérialisation <strong>des</strong> contenus, de la généralisationde l’internet à haut débit et <strong>des</strong> progrès considérablesde l’équipement <strong>des</strong> ménages en ordinateurs, consolesde jeux et téléphones multimédias : en moins de dixans, les appareils fixes dédiés à une fonction précise(écouter <strong>des</strong> disques, regarder <strong>des</strong> programmes detélévision, lire <strong>des</strong> informations, communiquer avecun tiers…) ont été largement supplantés ou complétéspar <strong>des</strong> appareils, le plus souvent noma<strong>des</strong>, offrantune large palette de fonctionnalités au croisement dela culture, de l’entertainment et de la communicationinterpersonnelle.Cette évolution a définitivement consacré lesécrans comme support privilégié de nos rapports à laculture tout en accentuant la porosité entre culture etdistraction, entre le monde de l’art et ceux du divertissementet de la communication. Avec le numériqueet la polyvalence <strong>des</strong> terminaux aujourd’hui disponibles,la plupart <strong>des</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>culturelles</strong> convergentdésormais vers les écrans : visionnage d’images etécoute de musique bien entendu, mais aussi lecture detextes ou <strong>pratiques</strong> en amateur, sans parler de la présencedésormais banale <strong>des</strong> écrans dans les bibliothèques,les lieux d’exposition et même parfois danscertains lieux de spectacle vivant. Tout est désormaispotentiellement visualisable sur un écran et accessiblepar l’intermédiaire de l’internet.La diffusion de ce nouveau « média à tout faire »qu’est l’internet a été rapide, notamment chez lesmoins de 45 ans (graphique 1) : plus de la moitié <strong>des</strong>Français l’utilisent dans le cadre du temps libre, etplus de deux internautes sur trois (67 %) se connectenttous les jours ou presque en dehors de toute obligationliée aux étu<strong>des</strong> ou à l’activité professionnelle,pour une durée moyenne de 12 heures par semaine.<strong>Les</strong> jeunes et les milieux favorisés sont les principauxutilisateurs de l’internet et <strong>des</strong> nouveaux écrans,à la différence de la télévision dont la consommationa toujours été plutôt le fait <strong>des</strong> personnes âgées et peudiplômées. La profonde originalité de l’internet tientdans ce paradoxe : bien qu’utilisé très largement àdomicile – les connexions sur appareils noma<strong>des</strong> restantà ce jour limitées –, ce nouveau média apparaîtplutôt lié à la culture de sortie dont sont porteurs lesfractions jeunes et diplômées de la population, cellesdont le mode de loisir est le plus tourné vers l’extérieurdu domicile et dont la participation à la vie culturelleest la plus forte.La situation actuelle est par conséquent radicalementdifférente de celle <strong>des</strong> années 1980 ou 1990 oùla culture de l’écran se limitait pour l’essentiel à laconsommation de programmes télévisés. En effet, siune forte durée d’écoute de la télévision était en généralassociée à un faible niveau de participation à la vieculturelle, il n’en est pas du tout de même pour l’internetqui concerne prioritairement les catégories depopulation les plus investies dans le domaine culturel: ainsi, la probabilité d’avoir été au cours <strong>des</strong> douzederniers mois dans une salle de cinéma, un théâtre ouun musée ou d’avoir lu un nombre important de livrescroît-elle régulièrement avec la fréquence <strong>des</strong>connexions (graphique 2).En ajoutant au temps consacré à l’internet et auxautres usages de l’ordinateur celui passé à jouer à <strong>des</strong>jeux vidéo sur une console ou à regarder <strong>des</strong> DVD, ilest possible d’évaluer le temps moyen que les Françaisconsacrent aux écrans en dehors <strong>des</strong> programmestélévisés regardés en direct 2 . Celui-ci est légèrementsupérieur à dix heures par semaine 3 , soit environ lamoitié du temps consacré à la télévision (21 heures),ce qui porte le volume global de temps consacré auxécrans à 31 heures par semaine.Au-delà de ces chiffres qui donnent la mesure del’importance qu’occupe aujourd’hui la culture d’écrandans le temps libre <strong>des</strong> Français, il est surtout intéressantde constater que les durées d’écoute de la télévisionet d’utilisation <strong>des</strong> nouveaux écrans varient en523445-54 ans382755-64 ans141065-74 ans7475 anset plus2. Par commodité, on parlera dans la suite du texte de temps consacré aux « nouveaux écrans » pour désigner le temps passé devant un ordinateurou une console de jeux ou à regarder <strong>des</strong> DVD quel que soit le support, par opposition au temps consacré à regarder en direct <strong>des</strong> programmesde télévision.3. Soit sept heures pour l’ordinateur, trois heures pour le visionnage de DVD et une heure pour les jeux vidéo sur console.2 culture étu<strong>des</strong> 2009-5
Graphique 2 – Fréquence d’utilisation de l’internetet <strong>pratiques</strong> <strong>culturelles</strong>%80706050403020100311697Jamais63261510Moins d’une foispar semaineSur 100 personnes de chaque groupeAu cours <strong>des</strong> douze derniers mois…sont allées au cinémasont allées au muséesont allées au théâtreont lu 25 livres ou plusUne ou plusieurs foispar semaineFréquence d’utilisation de l’internet à <strong>des</strong> fins personnelles76392411Tous les joursou presqueSource : Pratiques <strong>culturelles</strong> 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 200978432815sens inverse d’une catégorie à l’autre : quand l’une estsupérieure à la moyenne, l’autre en général se situeen <strong>des</strong>sous (graphique 3).Ainsi, les hommes consacrent en moyenne deuxheures de moins que les femmes à la télévision maispassent quatre heures de plus devant les nouveauxécrans, surtout quand ils sont jeunes en raison de laplace importante qu’ils accordent aux jeux vidéo.Par ailleurs, la durée d’écoute de la télévision augmenteavec l’âge tandis que celle relative aux nouveauxécrans diminue : les 15-24 ans passent, aujourd’huicomme hier, moins de temps devant la télévisionque les adultes et surtout que les personnes âgées,mais sont les plus nombreux à regarder <strong>des</strong> DVD, àjouer à <strong>des</strong> jeux vidéo et à utiliser un ordinateur à <strong>des</strong>fins personnelles.À l’inverse, la durée d’écoute de la télévisiondécline avec le niveau de diplôme alors que celleconsacrée aux nouveaux écrans a tendance à augmenter.Il en est de même pour le niveau de revenu, si bienque les cadres supérieurs compensent en partie les dixheures hebdomadaires qu’ils concèdent aux ouvrierssur la télévision par un investissement plus importantdans les nouveaux écrans de l’ordre de cinq heures.Graphique 3 – Temps hebdomadaire consacré aux écrans selon le sexe, l’âge, le niveau de diplôme *et le milieu socialSur 100 personnes de chaque groupeDurée moyenne d’écoute de la télévision**(heures par semaine)Durée moyenne d’utilisation « nouveaux écrans*** »(heures par semaine)2220HommesFemmes81227232119181615-24 ans25-34 ans35-44 ans45-54 ans55-64 ans65 ans et plus26910162127Aucun, CEP22 CAP1018151312BEPCBacBac + 2Bac + 3 et plus61011121415Cadres supérieurs25 Ouvriers914heures2520 15 10 5 0 0 5 10 15 20 25 heures* Élèves et étudiants exclus.** Temps passé devant les programmes télévisés en direct.*** Temps passé devant un ordinateur ou une console de jeux et à regarder <strong>des</strong> vidéos, quel que soit l’écran.Source : Pratiques <strong>culturelles</strong> 2008, DEPS, ministère de la Culture et de la Communication, 20092009-5 culture étu<strong>des</strong> 3