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Le Statut avancé à l'épreuve de l'Union pour la Méditerranée

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GERMG R O U P E M E N T D ’ E T U D E SE T D E R E C H E R C H E S S U R L A M E D I T E R R A N E EL’ANNUAIRE DE LAMEDITERRANEE2 0 0 9...............................................................................................................<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé àl’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong><strong>la</strong> Méditerranée...............................................................................................................Edition du GERMPublié en partenariat avec <strong>la</strong> Fondation Friedrich Ebert


L’ANNUAIREDE LA MEDITERRANEE2009<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé à l’épreuve <strong>de</strong>l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée


L’Annuaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée est publié en partenariat avec<strong>la</strong> Fondation Friedrich EBERT© Groupement d’Etu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> Recherche sur <strong>la</strong> MéditerranéeDépôt légal : 2010 MO 3073ISBN : 978-9954-500-02-6Pré-presse : Babel comImpression : Al Maârif Al Jadida


GROUPEMENT D’ETUDES ET DERECHERCHES SUR LA MEDITERRANEEL’ANNUAIREDE LA MEDITERRANEE2009<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé à l’épreuve <strong>de</strong>l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> MéditerranéePUBLICATION DU GERMAssociation scientifique reconnue d’utilité publiqueB.Q. n° 5560 du 13 septembre 2007 (version arabe)Correspondance : B.P 8163, Agence <strong>de</strong>s Nations Unies, Agdal, RabatSite web : www.germ.ma


LES ORGANES DU GERMCOMITE EXECUTIFHabib EL MALKIDriss KHROUZJami<strong>la</strong> HOUFAIDI SETTARMohamed MOHATTANEM. BERRIANEHamid BEHAJFouad AMMORMoha MARGHIMohamed KHARISSEl Houssine Mohamed AFKIRDriss AISSAOUIMohamed Larbi EL HARRASCONSEIL SCIENTIFIQUEHabib EL MALKIDriss KHROUZMohamed MOHATTANEJami<strong>la</strong> HOUFAIDI SETTARMiloud LOUKILIAbdoulwahab MAALMIAziz HASBI


REDACTEUR EN CHEFDriss KHROUZCOMITE DE REDACTIONDriss KHROUZAb<strong>de</strong>louhab MAALMINajia BENSERHIRMohamed BENNANIMohammed HARISS


SommaireAvant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Présentation du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Axe I : <strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée :quelles interactions et quelles perspectives communes ? . . . . . . . . . . . . 13<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé et les perspectives du Maroc dans le projeteuro-méditerranéenDriss KHROUZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé, <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong> voisinage et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée au service d’un même <strong>de</strong>sseinKamal EL MAHDAOUI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ?Larbi JAIDI et Nezha ALAOUI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29Quels enjeux <strong>pour</strong> le Maroc dans ses rapports avec l’Union européenne ?Fouad M. Ammor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé UE-Maroc et les collectivités localesIván Martín et Paqui Santonja . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79AXE II : <strong>Le</strong>s politiques et les mécanismes <strong>de</strong> mise en œuvre du<strong>Statut</strong> avancé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91Un nouvel instrument financier <strong>pour</strong> un nouveau <strong>Statut</strong> avancéIván Martín . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93


<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> MéditérrannéeLa question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation, repères et perspectivesPer<strong>la</strong> COHEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109Très gran<strong>de</strong> crise multidimensionnelle et Euromed : chance ouhandicap ?Henri REGNAULT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125La Turquie et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, entre méfiance et espoirSamim Akgönül . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .137Vertus et limites <strong>de</strong> l’intégration économique : le cas <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tionsentre <strong>la</strong> Turquie et l’Union européenneDeniz AKAGÜL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .145Annexes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157I. Huitième session du Conseil d’association UE-MAROC . . . . . . . . . . .159II. Conclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du Conseil <strong>de</strong> l’Union européenne. . .173Conclusions <strong>de</strong>s 29 et 30 octobre 2009 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .175Conclusions du 10 juillet 2009 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .179Conclusions <strong>de</strong>s 19 et 20 mars 2009 .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187III. Rapport annuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute Représentante <strong>de</strong> l’Union<strong>pour</strong> <strong>la</strong> PESC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193IV. Rapport général sur l’activité <strong>de</strong> l’Union européenne . . . . . . . . . . . . .201<strong>Le</strong>s changements apportés au cadre institutionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . .203Sommet <strong>de</strong> Copenhague . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .207Une Politique <strong>de</strong> bon voisinage .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .215V. Prési<strong>de</strong>nce suédoise du Conseil <strong>de</strong> l’UE 2009 .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .217Sélection bibliographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .221


Avant-propos<strong>Le</strong>s re<strong>la</strong>tions euro-méditerranéennes sont <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Fondation FriedrichEbert – une organisation d’origine du Nord et représentée <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>sdécennies au Sud – un champ <strong>de</strong> travail évi<strong>de</strong>nt et important. Depuisle <strong>la</strong>ncement du processus <strong>de</strong> Barcelone, en 1995, notre Fondationa accompagné le partenariat euro-méditerranéen dans le cadre <strong>de</strong>ses différents programmes. Avec le <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée, nous avons encore intensifié <strong>la</strong> coopération entre lespartenaires <strong>de</strong>s rives Sud et Nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée dans le cadre d’unprogramme régional particulier. Tous les bureaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> FES dans <strong>la</strong> régionMENA, dans l’Union européenne, notamment nos bureaux à Madrid,à Paris et à Bruxelles, ainsi que nos bureaux dans les autres pays ayantrejoint le partenariat euro-méditerranéen participent à ce processus.En développant <strong>de</strong>s perspectives social-démocrates, concernantnotamment <strong>la</strong> dimension sociale du partenariat EuroMed, <strong>la</strong> FES entendpromouvoir <strong>de</strong>s stratégies politiques alternatives et innovantes, au niveauà <strong>la</strong> fois national et régional. La FES a noué <strong>de</strong> longue date <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tionsprivilégiées avec ses partenaires au Nord et au Sud : en particulier lesdéci<strong>de</strong>urs au sein <strong>de</strong>s différents gouvernements, les syndicats, <strong>la</strong> sociétécivile, les universités et les centres <strong>de</strong> recherche. Outre les partenariatsau niveau national <strong>de</strong>s pays partenaires, <strong>la</strong> FES soutient également lesréseaux et institutions au niveau régional.<strong>Le</strong> programme <strong>de</strong> <strong>la</strong> FES a <strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> rallier le soutien politiqueau projet EuroMed, partagé par l’ensemble <strong>de</strong>s partenaires susmentionnés.L’approche mise en œuvre <strong>pour</strong> atteindre cet objectif est, d’une part, <strong>de</strong>proposer <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>teformes <strong>de</strong> dialogue <strong>pour</strong> permettre un échange constantentre les cercles politiques, syndicaux et <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile aux niveauxnational, régional et euro-méditerranéen, tout en tenant compte, dans le


10Avant-proposmême temps, <strong>de</strong> <strong>la</strong> dimension Sud-Sud. D’autre part, <strong>la</strong> FES contribue, parses compétences, aux débats et à l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> propositions <strong>de</strong> stratégiespolitiques futures. Dans ce contexte, elle considère sa fonction commeun lien entre les experts et les universitaires, d’une part, et les déci<strong>de</strong>urspolitiques et sociaux, d’autre part.Au Maroc, nous sommes liés <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années avec leGERM dans un partenariat étroit et durable qui remonte aux origines duprocessus <strong>de</strong> Barcelone.Depuis le début <strong>de</strong>s années 90, le GERM avait été conçu comme ungroupement <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> col<strong>la</strong>boration scientifique nationale et régionalesur les questions méditerranéennes et les re<strong>la</strong>tions euro-méditerranéennes.Il s’agissait alors <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s premières et rares p<strong>la</strong>teformes au Sud où nonseulement pouvait s’é<strong>la</strong>borer une perspective Sud sur <strong>la</strong> question Euromed,mais où pouvait également s’opérer une interaction pionnière et productiveentre <strong>de</strong>s chercheurs-universitaires talentueux, <strong>de</strong>s politiciens engagés et <strong>de</strong>sacteurs enthousiastes <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile.Depuis ces temps, le GERM n’a cessé <strong>de</strong> jouer ce double rôle à <strong>la</strong>fois d’acteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération scientifique Euromed et <strong>de</strong> promoteur dudialogue politique et civil entre les <strong>de</strong>ux rives. Et <strong>de</strong>puis ces temps, <strong>la</strong>FES a toujours appuyé cette orientation et cet engagement du GERM.Ensemble, le GERM et <strong>la</strong> FES ont réalisé <strong>de</strong> multiples initiatives d’étu<strong>de</strong>,d’édition, <strong>de</strong> dialogue et d’échange sur les questions pertinentes <strong>pour</strong>le partenariat Euromed. Cette coopération se <strong>pour</strong>suit aujourd’hui surles sujets actuels d’intérêt <strong>pour</strong> le processus <strong>de</strong> Barcelone, <strong>la</strong> Politiqueeuropéenne <strong>de</strong> voisinage et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée. Un intérêtparticulier et partagé entre le GERM et <strong>la</strong> FES nous porte également àdonner à l’avenir une priorité à l’accompagnement du nouveau cadre <strong>de</strong>partenariat bi<strong>la</strong>téral entre le Maroc et l’UE, le <strong>Statut</strong> avancé.Nous tenons à adresser nos remerciements les plus sincères à notrepartenaire, le GERM, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> confiance qu’il nous a témoignée pendanttoutes ces années. Nos remerciements vont également et particulièrementaux experts et auteurs <strong>de</strong>s contributions publiées dans cet Annuaire <strong>de</strong> <strong>la</strong>Méditerranée 2009.Ulrich StorckFriedrich-Ebert-StiftungMaroc


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé à l’épreuve<strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> MéditerranéeG.E.R.M.PrésentationLa Méditerranée est aujourd’hui non seulement un espace géographiqueet historique, elle est <strong>de</strong> plus en plus un enjeu stratégique : un espace <strong>de</strong>tensions, <strong>de</strong> conflits et <strong>de</strong> guerres qui se cachent souvent <strong>de</strong>rrière lesinstrumentalisations <strong>de</strong>s civilisations et <strong>de</strong>s religions, un centre où se jouel’avenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix et <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie dans le mon<strong>de</strong>. Elle est <strong>la</strong> première<strong>de</strong>stination touristique, <strong>la</strong> principale route énergétique dans le mon<strong>de</strong> etl’espace le plus important <strong>de</strong>s flux migratoires internationaux.<strong>Le</strong>s accords <strong>de</strong> partenariat, <strong>de</strong>puis le processus <strong>de</strong> Barcelone jusqu’à« l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée », en passant par les accords d’association,<strong>la</strong> Politique <strong>de</strong> voisinage et le <strong>Statut</strong> avancé (s’agissant du Maroc), ont crééun nouveau cadre ainsi que <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong> coopération dans <strong>la</strong>région méditerranéenne.Ces différents formats renouvelés <strong>de</strong> partenariat et d’association visentd’abord et avant tout à permettre à l’Europe <strong>de</strong> disposer d’un cadre plusadapté <strong>pour</strong> conduire ses re<strong>la</strong>tions avec les pays tiers et remédier auxlignes <strong>de</strong> division qui résultent <strong>de</strong>s é<strong>la</strong>rgissements successifs <strong>de</strong> l’Union.De nouvelles frontières se <strong>de</strong>ssinent, et <strong>de</strong> nouveaux voisins apparaissent.Aussi l’Union se dote-t-elle <strong>de</strong> nouveaux mécanismes et <strong>de</strong> nouveauxinstruments <strong>de</strong> coopération et d’association avec les pays non candidats àl’adhésion dont le <strong>de</strong>rnier né est le « <strong>Statut</strong> avancé », dont est bénéficiairele Maroc <strong>de</strong>puis 2008.


12PrésentationParallèlement, en <strong>la</strong>nçant le projet <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée,outre qu’elle s’efforce aussi <strong>de</strong> se repositionner politiquement etstratégiquement en Méditerranée, l’Europe marque <strong>de</strong> nouveau sonintérêt <strong>pour</strong> le Sud et tente <strong>de</strong> re<strong>la</strong>ncer sa coopération avec les paysméditerranéens tiers sur <strong>de</strong> nouvelles bases et selon une autre vision, plusparticipative et plus concrète. L’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée introduit ainsiune coprési<strong>de</strong>nce du Nord et du Sud et un secrétariat conjoint avec unsecrétaire général issu du Sud, et elle propose six projets structurants <strong>de</strong>développement <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région méditerranéenne.Dans ce contexte, le Maroc se trouve engagé dans un double format<strong>de</strong> partenariat : le « <strong>Statut</strong> avancé », qui est un cadre bi<strong>la</strong>téral <strong>de</strong> traitementdifférencié, et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, qui est un cadre rénové <strong>de</strong>partenariat multi<strong>la</strong>téral. En vertu du premier format, le Maroc renforce sonrapprochement avec l’UE jusque et y compris dans <strong>la</strong> PESC et <strong>la</strong> PESD.Dans le second format, il est appelé à participer activement aux efforts <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux rives en vue d’un espace méditerranéen <strong>de</strong> paix, <strong>de</strong> coprospérité et <strong>de</strong>développement, <strong>de</strong> démocratie et <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme.C’est sur ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> partenariat que <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réflexionsont présentés dans cette édition <strong>de</strong> l’Annuaire du GERM. Ils sont lerésultat <strong>de</strong> <strong>la</strong> rencontre scientifique annuelle du GERM organisée les 4 et5 décembre 2009 à Rabat avec <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation FriedrichEbert, sur le thème « <strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée ». <strong>Le</strong>s travaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> rencontre se sont articulés autour <strong>de</strong><strong>de</strong>ux axes, à savoir :• le <strong>Statut</strong> avancé et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée : quelles interactionset quelles perspectives communes ?• les politiques et les mécanismes <strong>de</strong> mise en œuvre du <strong>Statut</strong> avancé.


Axe I<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée : quelles interactions etquelles perspectives communes ?


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé et les perspectives du Marocdans le projet euro-méditerranéenDriss KHROUZ ()Introduction<strong>Le</strong> Maroc est lié à l’Union européenne par un cadre global <strong>de</strong>puis sonadhésion à <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Barcelone en novembre 1995. Des re<strong>la</strong>tionsmultidimensionnelles existent entre les <strong>de</strong>ux parties <strong>de</strong>puis 1969.<strong>Le</strong>ur ancrage politique et institutionnel s’est consolidé et ne cesse <strong>de</strong>gagner en intégration et en adaptation aux changements dans le mon<strong>de</strong>,aux structurations régionales, aux étapes du processus européen et auxévolutions du Maroc lui-même, bien entendu.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé conclu entre le Maroc et l’Union européenne à <strong>la</strong>suite du sommet européen du Luxembourg, le 13 octobre 2008, n’est niune rupture avec le processus euro-méditerranéen engagé <strong>de</strong>puis 1995,ni une nouvelle architecture issue du nouveau projet, l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée.Pour bien comprendre les dimensions, <strong>la</strong> portée, les instruments et lesimpacts du <strong>Statut</strong> avancé, il est indispensable <strong>de</strong> le rep<strong>la</strong>cer dans son cadreinstitutionnel <strong>pour</strong> mieux cerner ses caractéristiques.<strong>Le</strong> cadre globalContrairement à <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations répandues et souvent diffusées àtort, il n’y a pas <strong>de</strong> « pagaille en <strong>la</strong> <strong>de</strong>meure » dans les différentscadres institutionnels euro-méditerranéens. L’argument souvent invoquéconsidère que <strong>la</strong> politique européenne <strong>de</strong> voisinage est une remise en causedu processus <strong>de</strong> Barcelone et que le <strong>Statut</strong> avancé signe le dépassement<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, dont l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée est une mise à mort.Quant au partenariat oriental, il est interprété comme un contrepoids <strong>de</strong>() Directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc ; Professeur <strong>de</strong> l’Enseignementsupérieur <strong>de</strong> Sciences économiques à <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong> droit, Université Mohammed V-Agdal, Rabat ;Secrétaire général du G.E.R.M.


16Driss Khrouztout le reste en faveur <strong>de</strong>s six républiques qui ont émergé <strong>de</strong> l’implosion<strong>de</strong> l’Union soviétique : <strong>la</strong> Géorgie, l’Arménie, <strong>la</strong> Moldavie, l’Ukraine,l’Azerbaïdjan et <strong>la</strong> Biélorussie.Peut-être <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions et <strong>de</strong>s instruments manque-t-elle<strong>de</strong> pédagogie, ce n’est pas <strong>pour</strong> autant qu’il y a confusion et désordre. Siconfusion il y avait, ce serait du côté <strong>de</strong> celles et <strong>de</strong> ceux qui confon<strong>de</strong>nt cadrepolitique, déc<strong>la</strong>ration, accord juridique et instruments <strong>de</strong> mise en œuvre.Que retenir en définitive ?Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s joutes oratoires, somme toute conventionnelles dans lesprises <strong>de</strong> position partisanes et conjoncturelles, le partenariat entre l’Unioneuropéenne et les pays du sud et <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée est un processus,un cheminement non linéaire. Il est le résultat <strong>de</strong>s positionnements <strong>de</strong>s unset <strong>de</strong>s autres et <strong>de</strong>s réalités politiques et géostratégiques dans le mon<strong>de</strong>,au sein <strong>de</strong> l’Union européenne et dans chaque pays du sud et <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong><strong>la</strong> Méditerranée.<strong>Le</strong>s avancées et les résultats obtenus sont évi<strong>de</strong>mment en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>spronostics et encore plus <strong>de</strong>s attentes et <strong>de</strong>s besoins. Tout le processusest handicapé par les conflits à dimension régionale, par les écarts <strong>de</strong>développement, par les dossiers litigieux, par les dynamiques sociales etpolitiques internes et par les enjeux <strong>de</strong> pouvoir et d’instrumentalisation <strong>de</strong>sopinions publiques.<strong>Le</strong> conflit israélo-palestinien est un blocage majeur dans le mon<strong>de</strong> et enMéditerranée. La dynamique issue <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> Madrid et surtout d’Oslos’est totalement disloquée sous l’effet <strong>de</strong> l’intégrisme <strong>de</strong>s gouvernementsisraéliens, <strong>de</strong> l’aveuglement intégriste radical <strong>de</strong>s colons sionistes et<strong>de</strong>s évangélistes intégristes américains, russes, ukrainiens, lituaniens,estoniens, polonais et autres hongrois et européens qui financent lescolonies et autres expansions territoriales.L’ascension <strong>de</strong> l’intégrisme is<strong>la</strong>miste avec le Hamas et l’incurie <strong>de</strong>sresponsables qui ont dirigé du côté palestinien enc<strong>la</strong>vent toute <strong>la</strong> régiondans un étau <strong>de</strong> surenchères idéologiques et religieuses où <strong>la</strong> Syrie etsurtout l’Iran <strong>de</strong>viennent les véritables maîtres d’ouvrage <strong>de</strong>s enjeuxgéostratégiques régionaux. L’agression disproportionnée et meurtrièrecontre les popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> Gaza a enclenché <strong>de</strong>s forces dont les effets nepeuvent être, au moins à moyen terme, que négatifs et incontrô<strong>la</strong>bles.


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé et les perspectives du Maroc dans le projet euro-méditerranéen 17L’invasion <strong>de</strong> l’Irak, <strong>la</strong> quasi-guerre civile qui y règne et le retour<strong>de</strong>s vieux démons <strong>de</strong>s règlements <strong>de</strong> compte <strong>de</strong> toujours entre lesinstrumentalisations <strong>de</strong>s religions et <strong>de</strong>s différentes appartenances entrechiites et sunnites en Irak et dans tout l’Est méditerranéen ne sont pas <strong>de</strong>bonne augure non plus.L’équation is<strong>la</strong>miste <strong>de</strong> ces postures non seulement à travers leHamas, le Jihad is<strong>la</strong>mique, le Hezbol<strong>la</strong>h, le Liban, le Yémen mais aussi àtravers l’Afghanistan, le Pakistan et, bien entendu, <strong>la</strong> Turquie, puissancerégionale émergente, est un paramètre déterminant dans tout scénarioméditerranéen.Toute perspective doit, <strong>pour</strong> être crédible, prendre en considérationl’émergence <strong>de</strong> quatre pôles dans cette partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, et cesont tous <strong>de</strong>s pôles qui s’appuient sur ou sont adossés à un soubassementreligieux <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong> sa puissance :• Israël s’appuie sur son mythe biblique sioniste <strong>pour</strong> nier les droits <strong>de</strong>sPalestiniens et les positions <strong>de</strong>s justes et <strong>de</strong>s démocrates israéliens ;• le Hamas inscrit sa politique, non dans les intérêts <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong>tous les Palestiniens mais dans un combat universel <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Oummais<strong>la</strong>mique, rejoignant en ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>ux forces antagonistes, les wahhabistes etles hanbalites, d’un côté, et les chiites, <strong>de</strong> l’autre ;• l’Iran, chef <strong>de</strong> file du chiisme idéologique international, est au centre<strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force dans le mon<strong>de</strong> ; sa probable maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> menacenucléaire en fera un acteur central en Méditerranée ;• <strong>la</strong> Turquie, dont les négociations <strong>pour</strong> l’adhésion à l’Union européennesont plutôt mal engagées, est une puissance politique et militaire dont lerôle est très important tant au sein <strong>de</strong>s Etats musulmans et <strong>de</strong> l’Otanqu’entre l’Asie centrale et l’Europe.L’Union européenne dont <strong>la</strong> puissance économique et technologiquen’a pas les supports politiques et militaires correspondants, s’est enliséedans son fonctionnement endogène. <strong>Le</strong>s é<strong>la</strong>rgissements successifs ontaccru ses dimensions, fait reculer ses frontières, lui ont donné <strong>de</strong> nouveauxvoisins et continuent à lui <strong>la</strong>ncer <strong>de</strong>s défis inédits.Bloqué <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> procédures et <strong>de</strong> référendum, ledéveloppement institutionnel n’a été mis en œuvre qu’à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong>ratification du traité <strong>de</strong> Lisbonne par l’ensemble <strong>de</strong>s 27 pays membres à <strong>la</strong>


18Driss Khrouzfin <strong>de</strong> 2009. Sa mise en œuvre et toutes les restructurations et les culturesqu’elle suppose ne sont pas chose aisée.Il est légitime <strong>de</strong> se poser <strong>la</strong> question – les choses ayant tellement changéentre 1995 et 2009 – <strong>de</strong> savoir si <strong>la</strong> Méditerranée est aussi primordiale <strong>pour</strong>l’Europe aujourd’hui qu’elle l’était après les grands rec<strong>la</strong>ssements que lemon<strong>de</strong> a connus suite aux grands événements <strong>de</strong> 1989 à 1993 !C’est peut-être tout ce<strong>la</strong> qui, a posteriori, peut donner une légitimitéprospective et imaginaire au projet <strong>de</strong> “l’Union méditerranéenne” <strong>la</strong>ncépar le prési<strong>de</strong>nt Nico<strong>la</strong>s Sarkozy à Tanger en octobre 2007.L’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée<strong>Le</strong> projet annoncé par le candidat Nico<strong>la</strong>s Sarkozy aux électionsprési<strong>de</strong>ntielles françaises connaît une évolution intéressante. Lancé enoctobre 2007 à Tanger, ce concept revêtait alors une force et une énergiecapables à elles seules d’ouvrir les plus grands chantiers <strong>de</strong> paix, <strong>de</strong>réconciliation et <strong>de</strong> co-développement en Méditerranée.<strong>Le</strong> Prési<strong>de</strong>nt Sarkozy a dû faire <strong>de</strong>s concessions face à <strong>la</strong> réaction<strong>de</strong> <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne et <strong>de</strong> l’Espagne, mais surtout <strong>de</strong> <strong>la</strong> chancelièrealleman<strong>de</strong> Ange<strong>la</strong> Merkel.<strong>Le</strong> 10 décembre 2007 à Rome, le prési<strong>de</strong>nt du Conseil italien, RomanoProdi, et le Premier ministre espagnol, José Luis R. Zapatero, ont adhéréà ce qui est <strong>de</strong>venu l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée et non l’Union <strong>de</strong> <strong>la</strong>Méditerranée qui a remp<strong>la</strong>cé l’Union méditerranéenne.<strong>Le</strong> sommet franco-allemand <strong>de</strong> Hanovre en mars 2008 a définitivementramené ce projet dans le giron <strong>de</strong> l’Union européenne, faute <strong>de</strong> quoi il étaitcondamné à rester dans les promesses électorales comme <strong>de</strong>s tas d’autresprojets.<strong>Le</strong> Conseil européen <strong>de</strong> mai 2008 a défini le cadrage institutionnel<strong>de</strong> ce projet, et c’est à Marseille en novembre 2008 que l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée a été officiellement proc<strong>la</strong>mée à <strong>la</strong> suite du sommet <strong>de</strong>s chefsd’Etat et <strong>de</strong> gouvernement qui l’a consacrée à Paris le 13 juillet 2008.L’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée est composée <strong>de</strong> 43 membres, ceux <strong>de</strong>l’UE (27) plus les 10 du processus <strong>de</strong> Barcelone auxquels s’ajoutent <strong>la</strong>


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé et les perspectives du Maroc dans le projet euro-méditerranéen 19Mauritanie, Monaco, le Monténégro, <strong>la</strong> Bosnie-Herzégovine, <strong>la</strong> Croatie,l’Albanie et <strong>la</strong> Ligue <strong>de</strong>s Etats arabes.Dorénavant il s’agit du Processus <strong>de</strong> Barcelone : une Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée. Elle est une organisation internationale intergouvernementale.<strong>Le</strong> couperet sarkozien qui a décrété l’échec du Partenariat euroméditerranéenet son remp<strong>la</strong>cement par l’Union méditerranéenne n’est plus<strong>de</strong> mise. L’UPM est une étape dans le processus <strong>de</strong> Barcelone. Selon BenitaFerrero Waldner, commissaire européen aux re<strong>la</strong>tions extérieures, « il n’estni une alternative à l’é<strong>la</strong>rgissement, ni une perspective d’adhésion ».Qu’est-ce alors ?Une union autour <strong>de</strong> projets concrets dont <strong>la</strong> vocation est <strong>de</strong> créer lessynergies entre les entreprises et les associations, les autres acteurs nongouvernementaux et les programmes bi<strong>la</strong>téraux et multi<strong>la</strong>téraux.Ces projets structurants <strong>de</strong>vaient créer ces ponts et ces liens nécessairesque les conflits, les problèmes <strong>de</strong> sécurité, les écarts <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> vieet les peurs migratoires n’ont pas pu consoli<strong>de</strong>r jusqu’ici.<strong>Le</strong> Conseil européen propose à <strong>la</strong> Commission européenne <strong>de</strong> mettreen œuvre quatre grands chantiers.• les autoroutes maritimes et terrestres ;• <strong>la</strong> coordination énergétique et <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong>s énergies so<strong>la</strong>ires ;• <strong>la</strong> dépollution <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée ;• <strong>la</strong> recherche et <strong>la</strong> formation.Aux quatre programmes cités précé<strong>de</strong>mment s’ajoutent d’autres :<strong>la</strong> protection civile contre les catastrophes naturelles, une initiativeméditerranéenne <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s affaires et une université euroméditerranéenne.La conception, <strong>la</strong> réalisation et le financement <strong>de</strong> ces projets doivent sefaire par <strong>de</strong>s initiatives du Nord et du Sud.<strong>Le</strong>s financements privés étant les plus attendus, à côté <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> l’UE,les attentes vis-à-vis <strong>de</strong>s pétrodol<strong>la</strong>rs du Golfe sont très fortes.L’UPM est coiffée par <strong>de</strong>ux co-prési<strong>de</strong>nts : un <strong>de</strong> <strong>la</strong> rive Nord et un <strong>de</strong><strong>la</strong> rive Sud. <strong>Le</strong>s prési<strong>de</strong>nts Nico<strong>la</strong>s Sarkozy et Hosni Moubarak sont lespremiers choisis. L’alternance est prévue <strong>pour</strong> <strong>de</strong>ux ans.


20Driss KhrouzÀ cause <strong>de</strong> l’invasion <strong>de</strong> Gaza par l’armée israélienne, le Conseil <strong>de</strong>l’Union ne s’est réuni au complet avec l’ensemble <strong>de</strong>s membres pas mêmeune seule fois <strong>de</strong>puis sa création.Un secrétariat général hébergé à Barcelone est composé d’un secrétairegénéral, un Jordanien, et <strong>de</strong> six secrétaires généraux adjoints.Si l’UPM a le grand mérite d’avoir essayé <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> sa torpeur leprocessus entamé en novembre 1995 à Barcelone, elle s’est, elle-même et<strong>pour</strong> le moment, enlisée dans ce qu’elle a voulu éviter : <strong>la</strong> prééminence <strong>de</strong><strong>la</strong> politique et <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force entre blocs, religions et nationalismessur le reste !La force suggestive <strong>de</strong> l’intitulé est une vertu en soi ; le terme d’union ale mérite, au moins dans les discours, <strong>de</strong> fixer un horizon, puisse-t-il créerun mythe rassembleur !Mais en évitant <strong>de</strong> retenir et <strong>de</strong> souligner avec force le socle voulud’un espace <strong>de</strong> démocratie et <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> l’Homme, <strong>la</strong> charte <strong>de</strong> l’UPMtombe dans le piège du pragmatisme choisi comme stratégie. Il en est <strong>de</strong>même du contournement <strong>de</strong> <strong>la</strong> question centrale en Méditerranée, celle <strong>de</strong><strong>la</strong> nécessaire paix israélo-palestinienne.C’est <strong>de</strong> cette impasse qu’ont émergé <strong>de</strong> nouvelles volontés d’aller<strong>de</strong> l’avant. La Politique européenne <strong>de</strong> voisinage (PEV) avait retenu leprincipe que, faute d’avancer tous ensemble, entre l’UE et le PSEM ilserait préférable que l’Europe progresse avec le pays ou les pays quisont le mieux engagés dans les réformes et qui souhaitent <strong>de</strong>s traitementsadaptés et à <strong>la</strong> carte, le « <strong>Statut</strong> avancé » en est l’illustration.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancéAprès neuf ans <strong>de</strong> négociations sur un statut adapté à ses avancées dans<strong>la</strong> coopération avec l’Union européenne, le Maroc a pu finalement aboutirà un accord dans ce sens.<strong>Le</strong> 13 octobre 2008, le Conseil <strong>de</strong> l’Union européenne réuni auLuxembourg a entériné l’accord sur le <strong>Statut</strong> avancé entre le Maroc etl’Union européenne. <strong>Le</strong> Maroc est ainsi le premier pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> rive sud àbénéficier <strong>de</strong> ce statut.


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé et les perspectives du Maroc dans le projet euro-méditerranéen21<strong>Le</strong>s rappels sur le contexte institutionnel montrent bien que, quoiquecomplexe, l’édifice euro-méditerranéen a une cohérence dans l’ensemble.<strong>Le</strong>s problèmes qui se posent <strong>de</strong> façon aiguë sont au niveau <strong>de</strong>s réalisationset dans l’impact sur les objectifs attendus et les attentes suscitées par ceté<strong>la</strong>n généreux <strong>de</strong> novembre 1995, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong>s Balkans, <strong>de</strong>l’invasion <strong>de</strong> l’Irak et <strong>de</strong> l’accord israélo-palestinien.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé n’est donc pas un nouvel accord d’association qui sesubstitue au reste. Il est une déc<strong>la</strong>ration politique, dont l’objectif est <strong>de</strong>canaliser les moyens, les commissions <strong>de</strong> travail et les instruments déjàen p<strong>la</strong>ce, <strong>pour</strong> créer une meilleure convergence entre le Maroc et l’Unioneuropéenne.Il s’agit d’accompagner les réformes sérieuses et structurelles engagéespar le Maroc <strong>de</strong>puis une quinzaine d’années.La réforme <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice et <strong>la</strong> gouvernance <strong>de</strong>s institutions, <strong>la</strong>restructuration du système <strong>de</strong> l’enseignement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation, <strong>de</strong> mêmeque <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l’arsenal légis<strong>la</strong>tif et réglementaire sont lessupports <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessaire stratégie d’harmonisation.Tout ce<strong>la</strong> est bien entendu complexe et ne peut se faire que <strong>de</strong> façongraduelle, progressive et maîtrisée. <strong>Le</strong> rôle <strong>de</strong> ces réformes <strong>de</strong> fond étantdéterminant, les engagements <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parties ne peuvent souffrir aucunetergiversation ou flottement.Un accord <strong>de</strong> libre-échange global et approfondi <strong>de</strong>vrait promouvoir unedynamique d’ouverture et <strong>de</strong> croissance <strong>pour</strong> plus d’investissements, plus<strong>de</strong> création d’emplois et plus d’échanges avec les marchés européens.Cet accord concerne l’agriculture et les services dont l’importance et<strong>la</strong> complexité sont <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> taille. Il concerne également d’autresdomaines aussi importants que <strong>la</strong> propriété intellectuelle, <strong>la</strong> concurrence,l’accès aux marchés publics, <strong>la</strong> lutte contre l’émigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine,contre le b<strong>la</strong>nchissement <strong>de</strong> l’argent, contre les cultures et les exportations<strong>de</strong> drogue et <strong>pour</strong> le développement durable.<strong>Le</strong>s manifestations <strong>de</strong> cette convergence <strong>de</strong>vraient se situer notammentau niveau <strong>de</strong>s normes. Cette question est souvent méconnue et sous-estimée.<strong>Le</strong>s normes ne concernent pas que l’Etat, mais <strong>de</strong> plus en plus les réseauxd’entreprises, d’associations, d’universités et autres centrales d’achat et <strong>de</strong>distribution. Elles touchent à <strong>de</strong>s domaines aussi variés que les équivalences


22Driss Khrouz<strong>de</strong> diplômes, les curricu<strong>la</strong> <strong>de</strong>s formations, les échanges d’expertise, lesdroits d’instal<strong>la</strong>tion, l’agriculture, les règles phytosanitaires, etc.La dimension humaine « people to people » bien soulignée par <strong>la</strong>déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée est centrale. Fernand Brau<strong>de</strong>lsouligne bien que « <strong>la</strong> Méditerranée est un carrefour, non pas unecivilisation mais plusieurs civilisations superposées ».Cette cohérence dans <strong>la</strong> convergence suppose l’adaptation <strong>de</strong>s moyens et<strong>de</strong>s instruments qui ont été mis progressivement en p<strong>la</strong>ce, notamment dansle P<strong>la</strong>n d’action qui accompagne <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinage.Tout en choisissant les priorités et les hiérarchisations qui luiconviennent dans cette perspective, le Maroc s’engage à progresser versl’acquis communautaire.Autant ce<strong>la</strong> semble plutôt maîtrisé dans les échanges <strong>de</strong> produitsmanufacturés, autant tout est à faire dans les autres domaines. Sans ce<strong>la</strong>,le libre-échange global restera biaisé, et <strong>la</strong> convergence <strong>de</strong>s cohérencesvers l’acquis communautaire se fera <strong>de</strong> façon éparpillée par secteur et pardomaine d’activité.L’une <strong>de</strong>s questions, et non <strong>de</strong>s moindres, est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> compensationdu rétrécissement <strong>de</strong> l’acquis communautaire, notamment dans les servicesau fur et à mesure <strong>de</strong>s é<strong>la</strong>rgissements successifs <strong>de</strong> l’Union européenne.<strong>Le</strong>s régimes préférentiels qui sont utilisés à 80 % par les pays <strong>de</strong>l’Union européenne alors qu’ils ne le sont qu’à 30 % par le Maroc, sontune autre contrainte à lever.L’intégration progressive du Maroc aux marchés intérieurs <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne est une perspective certes difficile mais très stimu<strong>la</strong>nte <strong>pour</strong>le Maroc.Reste à donner <strong>de</strong>s contenus à travers <strong>de</strong>s politiques et <strong>de</strong>s actions<strong>de</strong> mise en œuvre à cette articu<strong>la</strong>tion du Maroc par <strong>de</strong>s programmationsprécises et viables et par l’interaction avec les réseaux européens ettranseuropéens <strong>de</strong> coopération entre entreprises, entre universités, par <strong>la</strong>coopération décentralisée et les jume<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>s collectivités territoriales etpar <strong>de</strong>s proximités humaines et associatives.<strong>Le</strong> nouvel é<strong>la</strong>n pris par <strong>la</strong> Fondation Anna Lindh <strong>pour</strong> le dialogueentre les cultures augure bien <strong>de</strong> toutes les promesses à tenir et <strong>de</strong> toutes


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé et les perspectives du Maroc dans le projet euro-méditerranéen23les contraintes à lever, notamment <strong>pour</strong> promouvoir plus <strong>de</strong> respectentre les cultures et les religions et <strong>pour</strong> une meilleure connaissance etreconnaissance entre les peuples. <strong>Le</strong> rôle du dialogue sur les religions et lechoix <strong>de</strong>s valeurs démocratiques et <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme constitue un <strong>de</strong>sfon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> cette dimension humaine <strong>de</strong> voisinage et <strong>de</strong> coopération.Ce sont là <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> plus en plus difficiles par les temps qui courent,mais ce n’est par parce que les résultats ne sont pas probants que le cadreet <strong>la</strong> philosophie ne le sont pas.L’Union est <strong>de</strong> loin le premier <strong>pour</strong>voyeur d’ai<strong>de</strong> publique multi<strong>la</strong>téraleet bi<strong>la</strong>térale <strong>pour</strong> le Maroc, et les prêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> BEI sont en progression.<strong>Le</strong> Maroc, qui a adhéré au Centre Nord-Sud <strong>pour</strong> l’interdépendanceet <strong>la</strong> solidarité du Conseil <strong>de</strong> l’Europe en juillet 2009, exprime bien sonoption <strong>pour</strong> les valeurs démocratiques dont le Conseil <strong>de</strong> l’Europe estl’institution par excellence.C’est bien en décembre 1999 que le Secrétariat général du Conseil<strong>de</strong> l’Europe avait proposé au Maroc cette adhésion. Une lettre duPremier ministre <strong>de</strong> l’époque, Ab<strong>de</strong>rrahman Youssoufi, avait <strong>de</strong>mandéau ministre marocain <strong>de</strong>s Affaires étrangères et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coopération <strong>de</strong>formaliser l’adhésion. Entre 1997 et 2002, un <strong>de</strong>s représentants du Sudétait Marocain. Il était vice-prési<strong>de</strong>nt du Conseil exécutif du Centre Nord-Sud, dont le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’époque, Miguel Angel, avait tout fait <strong>pour</strong> cetteadhésion, qui a finalement eu lieu dix années plus tard. C’est tant mieux,même si rien n’explique que le ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères marocainait attendu dix ans <strong>pour</strong> répondre à cette invitation !<strong>Le</strong> Conseil européen prévu <strong>pour</strong> le début du mois <strong>de</strong> juin 2010 àBarcelone <strong>de</strong>vra discuter <strong>de</strong> <strong>la</strong> « feuille <strong>de</strong> route » sur le <strong>Statut</strong> avancéque le Maroc va présenter le 8 mars à Grena<strong>de</strong> au sommet Maroc-Unioneuropéenne. Un nouveau p<strong>la</strong>n d’action avec <strong>de</strong> nouveaux instrumentsfinanciers sera alors négocié avec l’Union européenne <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>2011-2013.<strong>Le</strong> Maroc <strong>de</strong>vra choisir, parmi les milliers <strong>de</strong> normes <strong>de</strong> convergence,celles qui lui semblent prioritaires <strong>pour</strong> plus d’harmonie avec les marchésintérieurs européens.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé, qui va probablement connaître un début d’applicationaprès le sommet européen, n’est pas gagné d’avance. Il est plein d’atouts


24Driss Khrouzqu’accompagnent d’énormes contraintes. <strong>Le</strong> Maroc et l’Union européenneont bien saisi les perspectives stratégiques <strong>de</strong> cette étape avancée dansle rapprochement. <strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé est une convergence globale maisgraduelle et par étapes cumu<strong>la</strong>tives et vertueuses. Il suppose <strong>de</strong>s refontestotales dans toutes les dimensions <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture et <strong>de</strong>l’économie marocaines.


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé, <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong> voisinageet l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée au serviced’un même <strong>de</strong>sseinKamal EL MAHDAOUI ()La dimension européenne et euro-méditerranéenne, qui est un choixstratégique <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique étrangère du Maroc, est marquée par sonengagement à développer ses re<strong>la</strong>tions avec son voisinage immédiat. Dansce cadre, l’engagement du Maroc <strong>pour</strong> le renforcement <strong>de</strong> ses re<strong>la</strong>tionsavec l’UE ne date pas d’aujourd’hui, il a évolué <strong>de</strong>puis plusieurs décenniesen passant par l’Accord <strong>de</strong> coopération, l’Accord d’association, le P<strong>la</strong>nd’action dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinage (PEV) et,enfin, le <strong>Statut</strong> avancé en 2008. Ce choix stratégique traduit <strong>la</strong> convictionet l’engagement du Maroc qui considère que <strong>la</strong> coopération avec l’Unioneuropéenne est fructueuse <strong>pour</strong> les <strong>de</strong>ux parties, peut accompagner <strong>la</strong>dynamique endogène du Maroc et peut contribuer positivement au projet<strong>de</strong> société mo<strong>de</strong>rne voulu par le Maroc.En parallèle, les re<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales Maroc-UE ont été accompagnéespar une dimension régionale, en l’occurrence l’engagement du Marocdans le cadre du Processus <strong>de</strong> Barcelone en 1995, mais aussi dans d’autresespaces sous-régionaux tels que le « Forum méditerranéen » et le « Dialogue5+5 », où notre pays a joué un rôle actif en faveur du renforcement <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions euro-méditerranéennes. Cet engagement a été confirmé encoreune fois pare fait qu’il a été l’un <strong>de</strong>s premiers pays à soutenir « l’Union<strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée » (UPM) – qui est basé sur les acquis du Processus <strong>de</strong>Barcelone – vu l’apport qualitatif <strong>de</strong> ce projet en termes <strong>de</strong> co-appropriation<strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération via <strong>de</strong>s structures paritaires (co-prési<strong>de</strong>nce et secrétariat)et sa dimension-projet susceptible <strong>de</strong> traduire <strong>la</strong> volonté politique duPartenariat et <strong>de</strong> concrétiser <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> coopération qui renforceraientaussi bien <strong>la</strong> crédibilité du projet que sa visibilité dans <strong>la</strong> région.() Conseiller, chef du service « Coopération régionale euro-méditerranéenne », direction <strong>de</strong>sAffaires européennes, ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coopération.


26Kamal El MahdaouiL’accent va être mis ici sur l’aspect régional (Processus ce Barceloneet Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée) qui a vu au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières annéesle <strong>la</strong>ncement d’autres initiatives, en l’occurrence <strong>la</strong> PEV et le SA, tout enabordant l’interaction entre ces trois exercices.<strong>Le</strong> Processus <strong>de</strong> Barcelone est né en 1995 dans un contexte particuliermarqué par les espoirs <strong>de</strong> réaliser <strong>la</strong> paix au Proche-Orient dont vou<strong>la</strong>itprofiter toute <strong>la</strong> région <strong>pour</strong> hisser <strong>la</strong> coopération régionale vers, justement,une zone <strong>de</strong> paix, <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> prospérité. Toutefois, durant plusieursannées, le Processus <strong>de</strong> Paix au Proche-Orient a malheureusement tenu enotage le Partenariat euro-méditerranéen l’empêchant <strong>de</strong> réaliser pleinementses objectifs.D’autre part, il y a lieu <strong>de</strong> souligner un élément très important. Dansle cadre <strong>de</strong> l’Euromed, « l’esprit <strong>de</strong> Barcelone », si l’on peut se permettrecette appel<strong>la</strong>tion, est basé sur le consensus par lequel <strong>de</strong>vrait passer toutedécision ou action à l’échelle euro-méditerranéenne. Avec ce principes’installe dès le départ une sorte d’autocensure, dans <strong>la</strong> mesure où il estquasi impossible d’arriver à ce consensus sur l’ensemble <strong>de</strong>s sujets, surtoutsur <strong>de</strong>s thématiques-clés telles que <strong>la</strong> paix au Proche-Orient, <strong>la</strong> participation<strong>de</strong>s ONG au Processus <strong>de</strong> coopération, les réformes politiques, les droits<strong>de</strong> l’homme, les droits <strong>de</strong>s femmes, <strong>la</strong> démocratie, etc.Cette situation difficilement gérable, et dont tout le mon<strong>de</strong> étaitconscient, a été marquée par une évolution majeure en 2004, en l’occurrence,le <strong>la</strong>ncement par l’Union européenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV.<strong>Le</strong> Maroc a été l’un <strong>de</strong>s premiers pays à appuyer et à adhérer à <strong>la</strong> PEVen adoptant le P<strong>la</strong>n d’action Maroc-UE. En adoptant cette démarche, leMaroc n’a pas cherché à se singu<strong>la</strong>riser ou à viser l’exclusivité. Notre paysétait et reste convaincu que cette nouvelle politique hisserait ses re<strong>la</strong>tionsbi<strong>la</strong>térales avec l’UE et constituerait certainement un apport positif <strong>pour</strong><strong>la</strong> coopération régionale dans son ensemble.On constate donc que l’année 2004 a insufflé une nouvelle dynamiquesur le p<strong>la</strong>n régional. Car un an après, les partenaires Euromed se sont atteléà travailler ensemble sur <strong>de</strong>s idées susceptibles <strong>de</strong> redynamiser le Processus<strong>de</strong> Barcelone (idées entérinées par les conclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conférenceministérielle du Luxembourg en mai 2005). Cette nouvelle dynamiquea été couronnée par <strong>la</strong> célébration du 10 e anniversaire du Processus <strong>de</strong>Barcelone, à l’occasion du sommet <strong>de</strong> Barcelone tenu en novembre 2005,


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé, <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong> voisinage et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée… 27où les chefs d’Etat et <strong>de</strong> gouvernement ont adopté un programme <strong>de</strong> travailquinquennal ainsi que le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite sur le terrorisme.D’autre part, <strong>la</strong> PEV, en mettant en p<strong>la</strong>ce un nouvel et un seulinstrument financier <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région, a intégré, <strong>de</strong> facto, dans son champd’intervention, le financement du Processus <strong>de</strong> Barcelone. De ce fait,on a constaté <strong>la</strong> persistance du « cordon ombilical » qu’est l’Instrument<strong>de</strong> voisinage, liant Processus <strong>de</strong> Barcelone et PEV. Avec cette nouvelledonne, on a assisté à l’intégration et à <strong>la</strong> concrétisation du principe <strong>de</strong>« différenciation » dans le cadre régional, qui appuie <strong>de</strong> facto le principe<strong>de</strong> « coopération renforcée » prôné justement par le Maroc dans le cadre<strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV. Ce nouveau tableau a abouti à une nouvelle phase dans <strong>la</strong>coopération euro-méditerranéenne selon <strong>la</strong> philosophie suivante : on peuttravailler ensemble sur le p<strong>la</strong>n régional, mais on peut le faire à plusieursvitesses, avec un ou plusieurs partenaires et en fonction du <strong>de</strong>gré et <strong>de</strong> <strong>la</strong>volonté du partenaire concerné à aller <strong>de</strong> l’avant sur un ou plusieurs axes<strong>de</strong> coopération.<strong>Le</strong> résultat aujourd’hui est qu’on se trouve <strong>de</strong>vant un aspect bi<strong>la</strong>téral(PEV et SA) qui est certainement bénéfique et complémentaire <strong>de</strong> <strong>la</strong>coopération régionale, dans <strong>la</strong> mesure où il assurera l’ancrage <strong>de</strong> <strong>la</strong>région à l’Union européenne en mettant en p<strong>la</strong>ce un partenariat étroitentre l’UE et ses voisins et apporter une substance concrète à l’Union<strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée. Car sans progrès sur les aspects bi<strong>la</strong>téraux, lesprogrès réalisés sur le p<strong>la</strong>n régional risqueronnt d’être très faibles et serontcompromis par les aléas conjoncturels que connaît <strong>la</strong> région, principalementà cause du blocage au niveau du Processus <strong>de</strong> paix au Proche-Orient. Dansle même ordre d’idées, le <strong>Statut</strong> avancé du Maroc auprès <strong>de</strong> l’UE auracertainement un effet <strong>de</strong> levier susceptible <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> coopération– à travers le renforcement du dialogue politique et <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong>décisions conjoints – entre le Maroc et l’UE, d’une part, mais aussi entrel’Union européenne et les autres partenaires méditerranéens, d’autre part,qui ont justement commencé à manifester un intérêt <strong>pour</strong> emboîter le pasau Maroc.Aujourd’hui, avec l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, on constate que <strong>la</strong>coopération régionale est renforcée, grâce à <strong>la</strong> dimension-projet <strong>de</strong> l’UPMet <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> structures paritaires permettant <strong>la</strong> co-appropriationet une meilleure visibilité <strong>de</strong> l’Euromed. L’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée


28Kamal El Mahdaouis’érigera comme <strong>la</strong> p<strong>la</strong>teforme d’une gouvernance euro-méditerranéennerénovée, réussira le saut institutionnel et politique souhaité à l’échellerégionale et recréera un espace politique, économique et humain qui soitsolidaire et compétitif.De son côté, le <strong>Statut</strong> avancé est en parfaite symbiose avec le projetd’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, car il se met au service du même grand<strong>de</strong>ssein, celui <strong>de</strong> l’intégration au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> région euro-méditerranéenne.Il n’y a aucune contradiction entre <strong>la</strong> démarche du <strong>Statut</strong> avancé et celle<strong>de</strong> l’UPM. Au contraire, il y a convergence et complémentarité, car ellesversent dans le même grand chantier <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong> l’espace euroméditerranéen.<strong>Le</strong> Maroc, qui a opté <strong>pour</strong> le statut avancé conformémentau principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage selon lequel chaque pays avance àson propre rythme, a réaffirmé, par son adhésion rapi<strong>de</strong> et sans équivoque àl’idée <strong>de</strong> l’UPM, qu’il participera pleinement à toutes les actions entreprisesdans ce cadre. Dans ce contexte, on ne peut que souligner notre profon<strong>de</strong>conviction que le Maroc, l’Europe et <strong>la</strong> région euro-méditerranéenne ontle même <strong>de</strong>stin et que <strong>la</strong> sécurité, <strong>la</strong> paix et le développement <strong>de</strong> tous nepeuvent être atteints sans l’engagement <strong>de</strong> chacun dans une entreprise <strong>de</strong>partenariat ambitieux bénéfique à l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> région.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE :quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ?Larbi JaidiNezha A<strong>la</strong>oui ()IntroductionDans un document conjoint adopté en octobre 2008, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>septième session du Conseil d’association UE/Maroc, l’Union européenneet le Maroc ont annoncé leur décision <strong>de</strong> renforcer substantiellement leursre<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> partenariat dans <strong>la</strong> perspective d’un statut avancé <strong>de</strong>mandé parle Maroc. Cette décision a entériné les séries <strong>de</strong> propositions présentéeset discutées à l’occasion <strong>de</strong>s réunions régulièrement tenues par le groupe<strong>de</strong> travail ad hoc constitué lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> session précé<strong>de</strong>nte et qui visaient àdonner corps au «<strong>Statut</strong> avancé» en al<strong>la</strong>nt dans le sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> concrétisation<strong>de</strong> cette ambition.Une question légitime peut être posée initialement. <strong>Le</strong> Maroc a adoptéet mis en œuvre un P<strong>la</strong>n d’action dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique européenne<strong>de</strong> voisinage (PEV). Pourquoi donc p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>r en faveur d’un statut avancé ?<strong>Le</strong> cadre actuel ne suffit-il plus à l’ambition du Maroc ? <strong>Le</strong> cheminementpartenarial Maroc-UE s’est développé <strong>de</strong> manière dynamique. Il s’estcaractérisé par l’adaptation continuelle <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions, <strong>la</strong> capacité àrénover, <strong>de</strong> manière évolutive, le cadre contractuel qui les régit. Il acherché à appréhen<strong>de</strong>r les évolutions <strong>de</strong> l’Union européenne, à travers sesé<strong>la</strong>rgissements successifs et rester à l’écoute <strong>de</strong>s évolutions géostratégiquesqui ont caractérisé <strong>la</strong> région. La proposition marocaine part <strong>de</strong> <strong>la</strong> volontépolitique <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r les acquis, d’ouvrir <strong>de</strong>s perspectives. Un retoursur le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l’Accord d’association, surtout sur son volet commercial,montre que celui-ci prédomine encore dans les re<strong>la</strong>tions et milite <strong>pour</strong>un réajustement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> partenariat. <strong>Le</strong> projet <strong>de</strong> statut avancé() L. Jaidi, professeur d’économie, Université Mohamed V à Rabat et prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> FondationAb<strong>de</strong>rrahim Bouabid, Maroc ; N. A<strong>la</strong>oui, avocate au barreau <strong>de</strong> Kénitra, coordinatrice <strong>de</strong>stribunaux arabes contre <strong>la</strong> violence et prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong> l’action féminine.


30Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiréaffirme le double ancrage du Maroc dans <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinagerenforcée et dans <strong>la</strong> politique euro-méditerranéenne revitalisée par le P<strong>la</strong>nquinquennal <strong>de</strong> Barcelone II. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux dynamiques se renforçant dans uneplus gran<strong>de</strong> synergie d’action. Son référentiel, ce sont les expériences lesmieux réussies <strong>de</strong> l’Espace économique européen et <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> <strong>la</strong> préadhésion<strong>de</strong>s pays candidats. Ses principes fondateurs : tendre vers uneconvergence réelle, institutionnelle avec l’Union européenne ; agir dans <strong>la</strong>coresponsabilité et <strong>la</strong> codécision <strong>pour</strong> un partenariat multidimensionnel.<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux partenaires ont donc décidé <strong>de</strong> revisiter le cadre contractuelqui les lie et d’anticiper sur <strong>la</strong> trajectoire future du partenariat et lui faireouvrir un nouveau <strong>de</strong>ssein plus ambitieux. Une telle ambition puisesa légitimité politique et sa pertinence stratégique dans <strong>la</strong> recherched’une convergence entre le projet <strong>de</strong> société que le Maroc est en train<strong>de</strong> construire et les ambitions <strong>de</strong> l’Union européenne <strong>de</strong> promouvoir,à l’échelle <strong>de</strong> son voisinage, les valeurs d’ouverture, <strong>de</strong> progrès et <strong>de</strong>prospérité. Cette convergence <strong>de</strong>vrait ai<strong>de</strong>r aujourd’hui à se projeter versun partenariat privilégié qui soit en mesure <strong>de</strong> contribuer utilement àl’émergence d’un ordre euro-méditerranéen rénové.Cette approche a toujours caractérisé <strong>la</strong> position du Maroc dans sondialogue avec l’UE. Elle illustre également <strong>la</strong> volonté et <strong>la</strong> capacité dupays à renouveler <strong>de</strong> manière constante sa re<strong>la</strong>tion avec l’UE par le biaisd’initiatives nouvelles et ambitieuses. Celles-ci se sont souvent traduitespar <strong>de</strong>s propositions <strong>de</strong> coopération renforcée à même <strong>de</strong> tirer vers le haut leprocessus d’intégration euro-méditerranéenne. <strong>Le</strong> Maroc considère que lerenforcement <strong>de</strong> l’intégration euro-méditerranéenne requiert l’introductiond’un <strong>de</strong>gré important <strong>de</strong> flexibilité dans un partenariat à « plusieurs » surle p<strong>la</strong>n bi<strong>la</strong>téral, mais aussi sous-régional, ou thématique entre pays nonvoisins, car le processus Euromed ne saurait se résumer à une simplejuxtaposition d’accords d’association.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé ne procè<strong>de</strong> donc point d’une tentation <strong>de</strong> singu<strong>la</strong>risationou d’un quelconque réflexe d’exclusivité. Il se veut plutôt une contribution,mo<strong>de</strong>ste et luci<strong>de</strong> à <strong>la</strong> fois, du Maroc à <strong>la</strong> nécessaire inflexion que<strong>de</strong>vra connaître <strong>la</strong> gouvernance <strong>de</strong> l’espace euro-méditerranéen, car <strong>la</strong>nouvelle géo-économie telle qu’elle est en train <strong>de</strong> se développer, lesenjeux sécuritaires qui émergent et l’imbrication croissante <strong>de</strong>s intérêtsstratégiques interpellent les partenaires <strong>pour</strong> concevoir, au sein <strong>de</strong> l’espaceeuro-méditerranéen, une approche rénovée du concept <strong>de</strong> voisinage, <strong>de</strong>


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 31manière à maîtriser les impératifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mondialisation, à en capitaliser lesatouts et à affronter les défis et menaces à <strong>la</strong> sécurité collective.Quelques limites <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> libre-échange bi<strong>la</strong>téralLa mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> libre-échange inscrite dans l’Accordd’association UE-Maroc signifiait essentiellement le passage progressif d’unrégime préférentiel fondé sur <strong>de</strong>s concessions commerciales uni<strong>la</strong>térales etasymétriques octroyées par l’UE aux exportations manufacturées marocainesà un accord d’association <strong>de</strong> nouvelle génération <strong>de</strong>vant déboucher sur<strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> concessions commerciales réciproques. Une telleréciprocité – en l’absence d’une libéralisation plus significative <strong>de</strong>s échanges<strong>de</strong>s produits agricoles – ne signifie en définitive rien d’autre que l’ouvertureprogrammée, sur une douzaine d’années, du marché marocain aux productionsindustrielles en provenance <strong>de</strong> l’Union européenne. <strong>Le</strong> démantèlementtarifaire s’est effectué sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> douze ans, sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> quatrelistes <strong>de</strong> produits. <strong>Le</strong> Maroc a supprimé progressivement tous les droits ettaxes d’effets équivalent <strong>pour</strong> <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong>s marchandises industrielles enprovenance <strong>de</strong> l’UE. 58,3 % <strong>de</strong>s importations marocaines totales ont ététouchées par le démantèlement (). L’impact <strong>de</strong> cet accord sur <strong>la</strong> création <strong>de</strong>nouveaux flux <strong>de</strong> commerce entre le Maroc et l’UE dépendra – toutes chosesétant égales par ailleurs – du comportement <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>sticité <strong>de</strong>s importations<strong>de</strong>s partenaires en re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong> leur PIB.Un déficit commercial accentué<strong>Le</strong> Maroc cherchait à tirer un gain potentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong>séconomies européennes et du courant d’échange qu’elle génère. Mais,sachant que <strong>la</strong> communauté était un marché déjà re<strong>la</strong>tivement ouvert <strong>pour</strong>les exportations marocaines, il fal<strong>la</strong>it s’attendre à ce que <strong>la</strong> croissance dumarché européen bénéficie surtout aux entreprises concurrentes par ledouble effet <strong>de</strong> l’érosion du système préférentiel et <strong>de</strong> <strong>la</strong> généralisationprogressive du libre-échange.Par contre, <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong>s coûts d’accès <strong>de</strong>s producteurs <strong>de</strong> l’UE surle marché marocain induite par le démantèlement progressif du systèmetarifaire risquait <strong>de</strong> causer un détournement <strong>de</strong>s flux au profit <strong>de</strong>s offreurs() La liste <strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> produits et le rythme <strong>de</strong>s réductions tarifaires à l’intérieur <strong>de</strong>scalendriers ont été définis en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité <strong>de</strong>s branches industrielles.


32Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiintra-communautaires et au détriment <strong>de</strong>s approvisionnements externes,réduisant ainsi le courant <strong>de</strong>s échanges avec les partenaires.<strong>Le</strong> marché européen représente en moyenne 65 % <strong>de</strong>s exportationsmarocaines. En termes <strong>de</strong> sol<strong>de</strong> commercial, le déficit <strong>de</strong>s échangesindustriels avec <strong>la</strong> CEE, principal fournisseur (74 %) et client (63,5 %)s’est creusé <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’Accord d’association. <strong>Le</strong>séchanges commerciaux bi<strong>la</strong>téraux Maroc-UE ont enregistré une croissancemoyenne <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 9 % durant les sept <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> mise enœuvre <strong>de</strong> l’Accord d’association Maroc-UE (2001-2008), en s’établissantà 22,85 milliards d’euros en 2008, contre 11,93 milliards euros. Cettesituation est liée à <strong>la</strong> hausse aussi bien <strong>de</strong>s importations que <strong>de</strong>s exportations.<strong>Le</strong>s exportations sur le marché Européen sont par une évolution fluctuanteet lente (7,76 milliards d’euros en 2008 contre 5,48 milliards en 2001). <strong>Le</strong>simportations marocaines ont connu une croissance soutenue <strong>de</strong>puis 2001,elles sont passées <strong>de</strong> 6,56 milliards d’euros en 2001 à 14,67 milliards en2008. <strong>Le</strong> déficit commercial avec l’UE s’est creusé davantage au détrimentdu Maroc, puisqu’il a atteint son plus haut niveau : 6,48 milliards d’eurosen 2008, contre 1,08 milliard en 2001. Ce qui s’est traduit par une chute dutaux <strong>de</strong> couverture qui s’est établi à 56 % en 2008 contre 83 % en 2001.En dépit du ralentissement récent, le Maroc a enregistré une légèreaugmentation <strong>de</strong> sa part du marché <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong> ses exportations <strong>de</strong>produits manufacturés. <strong>Le</strong>s effets <strong>de</strong> l’Accord sur <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong>sexportations marocaines ont été substantiellement différents selon lestypes <strong>de</strong> produits exportés. La croissance du marché européen a été plusfavorable aux exportations dont l’é<strong>la</strong>sticité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est élevée.La part <strong>de</strong> marché du Maroc dans l’Union européenne sur les quinzeprincipaux points forts à l’exportation ne dépasse 10 % que dans lessecteurs <strong>de</strong> l’habillement. De fait, sa part <strong>de</strong> marché n’est re<strong>la</strong>tivementforte que sur les secteurs à faible intégration <strong>de</strong> valeur ajoutée. Dans lessecteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction mécanique et électrique, <strong>de</strong> l’automobile, dubois et <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie, il n’occupe à ce sta<strong>de</strong> qu’une p<strong>la</strong>ce très mo<strong>de</strong>ste, loin<strong>de</strong>rrière ses concurrents méditerranéens et asiatiques.La concurrence sur le marché européen est très vive. <strong>Le</strong>s principauxconcurrents <strong>de</strong> l’industrie marocaine <strong>de</strong>meurent dans le court terme lespartenaires méditerranéens <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté. Il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie(textiles et engrais) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie (articles <strong>de</strong> bonneterie, vêtementsconfectionnés). <strong>Le</strong> champ <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence s’é<strong>la</strong>rgit dans <strong>la</strong> durée. Il est


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 33utile <strong>de</strong> rappeler que nombre <strong>de</strong> pays qui ne disposent pas <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tionsprivilégiées avec <strong>la</strong> CEE ont dores et déjà enregistré <strong>de</strong>s performancessur le marché communautaire plus substantielles que les pays qui ontbénéficié <strong>de</strong> régimes préférentiels dans le cadre d’accords <strong>de</strong> coopération.La disparition du régime préférentiel a nivelé les conditions d’entrée <strong>de</strong>sconcurrents. Il s’en est suivi une redistribution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché enfaveur <strong>de</strong>s pays les plus agressifs.La première manifestation <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence estvenue <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge ouverture du marché européen aux entreprises <strong>de</strong>sPays <strong>de</strong> l’Europe centrale et orientale (PECO) avant leur admission et<strong>de</strong> l’Asie. L’Union européenne s’est engagée dans le cadre <strong>de</strong>s accordsd’association avec les premiers et <strong>de</strong> l’OMC avec les seconds, à ouvrir sonmarché aux concurrents <strong>de</strong>s Pays du Sud et <strong>de</strong> l’Est <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée.Dans plusieurs secteurs sensibles, le Maroc a subi un effet <strong>de</strong> ciseaux entreles pays d’Asie et les PECO, qui ont vu chacun progresser leurs parts <strong>de</strong>marché.Cette situation est particulièrement vérifiée dans le cas <strong>de</strong> l’habillementet <strong>de</strong>s cuirs et chaussures. La forte progression re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s PECOpar rapport au Maroc sur le marché <strong>de</strong> l’Union européenne a résultéessentiellement <strong>de</strong>s nombreux avantages comparatifs <strong>de</strong> ces pays (formationet qualification <strong>de</strong> <strong>la</strong> main-d’œuvre, existence d’un tissu industriel,proximité géographique, disponibilité <strong>de</strong>s services d’accompagnement).<strong>Le</strong> maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> spécialisation actuelle du Maroc aurait <strong>de</strong>s conséquencesparticulièrement négatives sur son économie.Sous un autre aspect, <strong>la</strong> concurrence a encore été plus accentuée parles efforts déployés par les entreprises européennes <strong>pour</strong> défendre leursparts <strong>de</strong> marché. Ces entreprises déstabilisées ont misé non seulementsur l’innovation et <strong>la</strong> qualification <strong>de</strong> <strong>la</strong> main-d’œuvre mais aussi sur lesrestructurations et les rapprochements <strong>pour</strong> résister à une concurrence <strong>de</strong>plus en plus vive sur les prix. <strong>Le</strong>s stratégies adoptées par les entrepriseseuropéennes consistaient à accroître leur croissance externe, grâce à <strong>la</strong>coopération entre rivaux dans <strong>de</strong>s domaines d’intérêt commun, aux fusionset aux absorptions.La concentration <strong>de</strong>s débouchés <strong>de</strong> l’industrie marocaine sur quelquespays européens est un handicap à l’é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pénétration <strong>de</strong>sproduits marocains sur le marché unique. <strong>Le</strong>s entreprises marocaines


34Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouirestent encore passives face à <strong>la</strong> dimension « européenne » <strong>de</strong> l’UE, quece soit par une plus gran<strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong>s produits sur <strong>de</strong>s marchés<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille (Allemagne, Angleterre, Italie) ou par une plus gran<strong>de</strong>insertion sur <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> moindre envergure mais fortement porteurs.<strong>Le</strong> remo<strong>de</strong><strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte <strong>de</strong> consommation européenne déjà entamé seracertainement et progressivement accentué par l’é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne. <strong>Le</strong>s entreprises marocaines <strong>de</strong>vraient saisir les opportunitésqu’offrent les perspectives <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> ces marchés à fort contenu enimportations.Un autre aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> dimension du marché européen consiste dans<strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s produits en circu<strong>la</strong>tion dans ses différents segments. Or,une observation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong>de</strong>s exportations marocaines indique unefaible diversification. <strong>Le</strong>s vêtements constituent près <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s ventes<strong>de</strong> produits manufacturés. <strong>Le</strong>s produits finis <strong>de</strong> consommation restentdominés par <strong>la</strong> confection, <strong>la</strong> bonneterie, les articles chaussants et lestapis. <strong>Le</strong>s produits alimentaires sont composés en majorité d’agrumes et<strong>de</strong> poissons. Peu <strong>de</strong> biens nouveaux ont intégré le panier d’exportationdurant ces <strong>de</strong>rnières années. C’est là aussi une autre source <strong>de</strong> vulnérabilité<strong>de</strong>s entreprises nationales dans un marché aux potentialités immenses et<strong>la</strong>rgement diversifiées.Sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> réciprocité, le Maroc a ouvert progressivement sonmarché local aux produits industriels européens. <strong>Le</strong> niveau <strong>de</strong> couverture<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> nationale en produits manufacturés importés est <strong>de</strong> 35 %.<strong>Le</strong>s produits en provenance <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté représentent une très<strong>la</strong>rge partie <strong>de</strong> ces importations, soit 74 %. Certes, on peut considérerque <strong>la</strong> libéralisation du commerce extérieur, entamée <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong><strong>la</strong> décennie quatre-vingts, prédisposait l’économie marocaine à évoluerprogressivement vers une zone <strong>de</strong> libre-échange avec l’Europe. Selonles données disponibles, <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> protection tarifaire <strong>de</strong>ssecteurs industriels varie <strong>de</strong> 10 % à 45 % selon les activités ().() Globalement, <strong>la</strong> protection tarifaire est plus élevée que <strong>la</strong> moyenne nationale dans l’agroalimentaireoù certains produits sont « surprotégés » (farines, sucre). <strong>Le</strong>s produits textiles secaractérisent aussi par une protection tarifaire plus élevée que <strong>la</strong> moyenne (notamment <strong>pour</strong> le filet le tissu en coton). Dans <strong>la</strong> chimie et <strong>la</strong> parachimie, <strong>la</strong> protection est en général modérée. Quantaux industries métalliques, métallurgiques, électriques et électroniques, <strong>la</strong> protection élevée estlimitée à quelques produits.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 35Mais l’établissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> libre-échange a augmenté lepotentiel <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong>s produits européens sur le marché intérieur.Cet é<strong>la</strong>rgissement a concerné plus sérieusement les secteurs où <strong>la</strong> part <strong>de</strong>simportations était encore limitée, où le taux <strong>de</strong> protection tarifaire étaitélevé et tendait à se réduire et où le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> compétitivité <strong>de</strong>s industriesnationales était faible.L’inadaptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique industrielle au contexte <strong>de</strong>l’ouverture<strong>Le</strong>s effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> libre-échange sur le tissu industriel etl’estimation <strong>de</strong> ses avantages nets <strong>pour</strong> l’économie marocaine ont variéen fonction <strong>de</strong>s secteurs, <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>gré d’ouverture préa<strong>la</strong>ble et <strong>de</strong> leurniveau <strong>de</strong> compétitivité. On s’attendait à ce que <strong>la</strong> progressivité <strong>de</strong> miseen application <strong>de</strong> ce projet et les dispositions générales et particulièresqui ont accompagné sa mise en œuvre (Programme Meda, notamment)permettraient d’envisager une ouverture sans heurts. A <strong>la</strong> conditionévi<strong>de</strong>mment que les politiques d’accompagnement soient efficientes etque les choix opérés s’inscrivent dans <strong>la</strong> perspective d’une stratégieindustrielle à moyen terme. Ce ne fut pas le cas. Il a fallu attendre l’année2005 <strong>pour</strong> voir le Maroc s’engager dans une nouvelle politique industrielleen mettant en p<strong>la</strong>ce un programme volontariste, cib<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s secteursporteurs et mettant en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s dispositifs transversaux <strong>pour</strong> relever <strong>la</strong>compétitivité <strong>de</strong> l’industrie marocaine (). Ce programme ne peut avoir<strong>de</strong> retombées effectives à moyen terme. Dans cette phase <strong>de</strong> transition, lesystème productif national, atomisé en unités petites et spécialisées dansles séries courtes ou <strong>de</strong> ré-amortissement, est resté exposé aux chocs <strong>de</strong>l’ouverture, ne disposant pas d’une capacité compétitive élevée face àl’intensification <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence interne et externe.Au-<strong>de</strong>là du comportement <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> performance (croissancemoyenne à un rythme <strong>de</strong> 3,2 par an entre 2000 et 2007) et en dépit <strong>de</strong><strong>la</strong> diversité <strong>de</strong> ses activités, l’industrie marocaine continue <strong>de</strong> souffrir<strong>de</strong> profonds déséquilibres qui l’handicapent face à l’ouverture <strong>de</strong> sesfrontières. La compétitivité ne requiert pas seulement une capacité às’insérer dans un processus d’ouverture dans une phase donnée mais aussi() <strong>Le</strong> Programme Emergence a été adopté par le ministère <strong>de</strong> l’Industrie en 2004. Sa mise enœuvre est plutôt lente à se <strong>de</strong>ssiner.


36Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouil’existence d’un appareil <strong>de</strong> production diversifié capable <strong>de</strong> générer unecroissance <strong>de</strong> longue durée. Dans cette perspective, <strong>la</strong> composition du tissuindustriel, sa <strong>de</strong>nsité et sa répartition harmonieuse dans l’ensemble <strong>de</strong>ssecteurs et <strong>de</strong>s tailles sont également <strong>de</strong>s facteurs d’efficacité.L’inégal développement entre les différentes activités est un <strong>de</strong>saspects <strong>de</strong>s distorsions du tissu industriel. <strong>Le</strong>s industries <strong>de</strong> transformationrestent principalement axées sur <strong>la</strong> production <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> consommationqui concerne près <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> production totale, alors que les biensd’équipement comptent <strong>pour</strong> moins d’un dixième. Dans leur gran<strong>de</strong>majorité, les produits fabriqués reçoivent un faible <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> transformation,et le taux <strong>de</strong> valeur ajouté ne progresse pas suffisamment. La diffusiondu tissu industriel sur l’ensemble du territoire est trop lente. <strong>Le</strong> manqued’intégration <strong>de</strong> l’industrie nationale est un autre aspect <strong>de</strong>s déséquilibresqui <strong>la</strong> caractérisent. Il se manifeste dans l’inarticu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissanceindustrielle à celle <strong>de</strong>s mines et <strong>de</strong> l’agriculture. La faiblesse <strong>de</strong>l’intégration apparaît aussi dans <strong>la</strong> médiocrité <strong>de</strong>s échanges croisés ouintra-industriels.La croissance <strong>de</strong> l’industrie nationale <strong>de</strong>meure une croissance à faibleproductivité. Bien plus, les indices d’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> productivité réelledans l’industrie nationale montrent une régression dans 8 branches sur15 entre 1999 et 2005. Il s’avère que les secteurs traditionnellementexportateurs ne font pas preuve d’innovation dans l’organisation dutravail et enregistrent <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> productivité. Une <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> cetterégression est le vieillissement <strong>de</strong> l’appareil productif dans certainesbranches. La <strong>de</strong>uxième raison est le sureffectif dans certaines branches etentreprises publiques. Enfin, le bas niveau <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires ne stimule pas leren<strong>de</strong>ment.Des stratégies d’entreprise peu évolutivesParallèlement à <strong>la</strong> nécessaire amélioration <strong>de</strong> l’environnementnational, tâche qui interpelle plus fondamentalement les pouvoirs publics,l’entreprise nationale est aussi appelée à relever les défis qui <strong>la</strong> concernent,plus particulièrement <strong>pour</strong> espérer un positionnement favorable dans <strong>la</strong>dynamique du marché européen. L’examen du tissu industriel nationalface aux mutations <strong>de</strong> l’environnement révèle sa profon<strong>de</strong> hétérogénéité.La <strong>de</strong>nsification du tissu par les nouvelles créations d’entreprise cache


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 37un déséquilibre entre les unités qui le composent. D’un côté, il y a uneprédominance <strong>de</strong> PMI (moins <strong>de</strong> 50 employés) qui forment plus <strong>de</strong>70 % du total <strong>de</strong>s unités industrielles ; d’un autre côté, un petit noyau <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>s entreprises dont <strong>la</strong> plupart sont <strong>de</strong>s sociétés publiques dont leseffectifs dépassent les 500 personnes. Il s’agit <strong>de</strong> distorsions structurellesqui freinent <strong>la</strong> réalisation d’une croissance soutenue et régulière. Dufait <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille, ces entreprises mènent moins d’actions dansles domaines essentiels <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivité: formation, organisation,technologie. La raison est liée à <strong>la</strong> faible technicité du management, leséquipes dirigeantes étant naturellement peu importantes. La compétitivitéintrinsèque <strong>de</strong>s entreprises dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence accumulée <strong>pour</strong>traiter ces fonctions stratégiques.<strong>Le</strong>s entreprises nationales <strong>de</strong>vaient donc répondre au changement <strong>de</strong>l’environnement par <strong>de</strong>s stratégies adaptées. Or, les entreprises nationalesn’ont pas encore assimilé que les avantages comparatifs, les structuresdu marché et les comportements ne peuvent être considérés comme <strong>de</strong>sdonnées. Elles n’ont pas encore compris que <strong>la</strong> compétitivité est un jeuséquentiel résultant d’une série d’interactions entre <strong>de</strong>s acteurs actifs. Unjeu dans lequel <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s nouvelles formes d’organisation,l’ouverture <strong>de</strong> nouveaux marchés et l’introduction <strong>de</strong> nouveaux produitset procédés mettent continuellement en cause les positions acquises etmodifient les règles du jeu.La reconnaissance généralisée <strong>de</strong>s normes constitue <strong>de</strong>s acquis <strong>de</strong>discipline visant à <strong>la</strong> qualité régulière <strong>de</strong>s produits. Une inquiétu<strong>de</strong> semblepersister auprès <strong>de</strong> quelques producteurs nationaux <strong>de</strong> voir ces instrumentsutilisés <strong>pour</strong> faire obstacle à un accès libre au marché. Surtout en ce quiconcerne les normes externes c’est-à-dire l’embal<strong>la</strong>ge, les conditions <strong>de</strong>commercialisation, <strong>de</strong> transport et <strong>de</strong> manutention. On observe un retard<strong>de</strong> l’entreprise marocaine à mettre sur le marché <strong>de</strong>s produits conformesaux normes internationales.Il était donc particulièrement recommandé <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>soffres et consoli<strong>de</strong>r les positions acquises par <strong>de</strong>s économies d’échellepouvant conduire à <strong>de</strong>s effets susceptibles, dans les secteurs concernés, <strong>de</strong>déboucher sur <strong>de</strong>s gains importants: un accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> production,une nouvelle répartition <strong>de</strong> <strong>la</strong> production entre les entreprises et uneréallocation <strong>de</strong>s actifs. Cette perspective appe<strong>la</strong>it une restructuration<strong>de</strong>s entreprises dont l’avantage est d’accélérer l’entrée sur <strong>de</strong> nouveaux


38Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouimarchés ou <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> nouvelles productions à moindre coût. Deplus, <strong>la</strong> mise en commun <strong>de</strong> ressources pouvait fournir <strong>de</strong>s financementsà <strong>de</strong>s conditions plus favorables; elle pouvait également répartir les coûtsfixes élevés et améliorer le savoir-faire technologique. Or, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong>vue, le programme <strong>de</strong> mise à niveau <strong>de</strong>s entreprises marocaines a accuséun retard particulièrement handicapant. Ses dispositifs, ses mécanismesd’appui (financement), son cib<strong>la</strong>ge ont souffert <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s insuffisances etont accentué <strong>la</strong> réticence <strong>de</strong>s entreprises à adhérer à ce programme.La dynamique du marché unique a eu <strong>de</strong>s implications sur le secteur <strong>de</strong><strong>la</strong> distribution <strong>de</strong> l’UE. Ont ainsi été mises en œuvre <strong>de</strong>s associations seconcrétisant par <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> participation croisées, voire <strong>de</strong>s fusions. Lacol<strong>la</strong>boration entre distributeurs (achats groupés, marques commune, etc.)est aussi une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus en plus suivie <strong>pour</strong> affronter le grand marchédans <strong>de</strong> bonnes conditions. Ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> col<strong>la</strong>boration renforceront <strong>la</strong>puissance d’achat face aux producteurs notamment <strong>de</strong>s petits pays commele Maroc. Plus précisément, le regroupement <strong>de</strong>s approvisionnements apermis à ces grands distributeurs <strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong>s fabricants nationauxsusceptibles <strong>de</strong> produire à façon et <strong>de</strong> favoriser l’obtention <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>sséries. <strong>Le</strong>s entreprises exportatrices marocaines ne sont pas parvenues àrenforcer leur pouvoir <strong>de</strong> négociation face aux grands distributeurs, ellesn’ont pas initié <strong>de</strong>s actions en commun qui auraient permis <strong>de</strong> répartir lesrisques et d’explorer davantage <strong>de</strong> pistes. Elles ont souffert d’un manqued’effets <strong>de</strong> complémentarité par <strong>la</strong> combinaison d’informations sur lesmarchés et <strong>de</strong> capacité en matière <strong>de</strong> marketing.L’entreprise marocaine avait un grand avantage à gérer les changementsimpulsés par <strong>la</strong> réalisation du marché européen et les accords d’association(dimension, concurrence, normalisation <strong>de</strong>s produits, etc.) en développantune stratégie <strong>de</strong> coopération multiforme avec les entreprises européennes(commerciale, productive, technologique). L’objectif étant <strong>de</strong> créer et <strong>de</strong>valoriser <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions communes <strong>de</strong>nses et variées en vue <strong>de</strong> maîtriserà long terme <strong>la</strong> présence sur les marchés. Il est généralement admis quel’impact favorable <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> libre-échange sur le sol<strong>de</strong> commercial nese produira qu’à long terme lorsque <strong>de</strong>s investissements étrangers aurontpermis <strong>de</strong> renforcer les structures productives <strong>de</strong> l’économie récipiendaire.<strong>Le</strong>s délocalisations vers le Maroc ne représentent actuellement, selontoute vraisemb<strong>la</strong>nce, qu’une part limitée <strong>de</strong>s délocalisations européennesvers l’ensemble du mon<strong>de</strong>. Elles sont principalement le fait <strong>de</strong> PME


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 39investissant sur p<strong>la</strong>ce ou recourant à <strong>la</strong> sous-traitance, dans <strong>de</strong>s secteursbien précis et limités: textile-habillement, cuirs, construction électrique,biens <strong>de</strong> consommation courante. Quelques gran<strong>de</strong>s entreprises sont <strong>pour</strong>leur part présentes dans <strong>de</strong>s secteurs tels que l’électronique (SGS Thomsonau Maroc) ou <strong>la</strong> construction mécanique (Merlin-Gerin).L’encouragement <strong>de</strong> <strong>la</strong> délocalisation appelle une i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>sconditions et <strong>de</strong>s secteurs dans lesquels <strong>pour</strong>raient se développer à moyenterme <strong>de</strong>s partenariats industriels plus étroits avec le Maroc, permettantaux entreprises européennes <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer compétitives par rapport à leurshomologues occi<strong>de</strong>ntales et aux entreprises marocaines <strong>de</strong> conquérir <strong>de</strong>sparts <strong>de</strong> marché dans ces pays et <strong>de</strong> maîtriser ainsi une situation plusconcurrentielle <strong>de</strong> plus en plus marquée.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé : une feuille <strong>de</strong> route ancrée sur le P<strong>la</strong>n d’action<strong>Le</strong>s engagements réciproques qui figurent dans ce document conjointtracent une feuille <strong>de</strong> route <strong>pour</strong> le développement progressif et soutenu<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales dans <strong>de</strong> nombreux domaines. <strong>Le</strong>s actions etpropositions retenues couvrent les dimensions politique, économique,financière et humaine ainsi que <strong>la</strong> participation du Maroc à certainsprogrammes et agences communautaires. <strong>Le</strong>s partenaires considèrentque le <strong>Statut</strong> avancé <strong>de</strong>vra se traduire par un raffermissement <strong>de</strong> <strong>la</strong>coopération politique entre le Maroc et l’Union européenne en vue d’uneplus gran<strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> leurs priorités stratégiques respectives,par une intégration progressive du Maroc au marché intérieur <strong>de</strong> l’UEavec notamment un soutien financier approprié et en phase avec l’ampleuret le caractère ambitieux <strong>de</strong> cette nouvelle évolution. <strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancéa également <strong>pour</strong> vocation une plus gran<strong>de</strong> implication <strong>de</strong>s entitésterritoriales, <strong>de</strong>s acteurs économiques et <strong>de</strong>s partenaires sociaux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxparties dans l’objectif <strong>de</strong> promouvoir les synergies entre ces intervenantset <strong>de</strong> concrétiser l’appropriation commune <strong>de</strong> ce partenariat.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé permet <strong>de</strong> donner une nouvelle impulsion à <strong>la</strong>coopération <strong>de</strong> l’UE avec le Maroc, et <strong>de</strong>main avec les autres paysimpliqués dans <strong>la</strong> PEV, notamment en relevant le dialogue politique,en renforçant les mécanismes <strong>de</strong> décision conjoints et en augmentant <strong>la</strong>visibilité du partenariat. D’un point <strong>de</strong> vue concret, les actions retenuestracent une « feuille <strong>de</strong> route » évolutive <strong>pour</strong> le développement <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales UE-Maroc. On peut s’interroger sur <strong>la</strong> valeur ajoutée


40Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouidu <strong>Statut</strong> avancé par rapport aux engagements pris dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEVet du P<strong>la</strong>n d’action établi à cet effet.<strong>Le</strong> dialogue politique et stratégique : une dimension <strong>de</strong> « plus »<strong>Le</strong> projet <strong>de</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » apparaît dans un premier temps comme unappui aux réformes politiques réalisées par le Maroc ces <strong>de</strong>rnières années<strong>pour</strong> faire progresser <strong>la</strong> démocratisation et <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, quibénéficient <strong>de</strong> l’appui <strong>de</strong> l’UE, notamment le programme <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisationdu système judiciaire en vue d’instaurer davantage d’indépendance etd’impartialité. <strong>Le</strong> programme <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l’administration a été<strong>la</strong>ncé afin <strong>de</strong> renforcer les capacités <strong>de</strong> l’administration et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rendre plustransparente et plus accessible <strong>pour</strong> les citoyens, <strong>la</strong> décentralisation et <strong>la</strong>dévolution accrue <strong>de</strong> pouvoirs aux collectivités locales.<strong>Le</strong> Maroc joue un rôle <strong>de</strong> pointe à cet égard. Des progrès importantsont été accomplis grâce à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un mécanisme légis<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>protection et <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, notamment par l’adoptiond’une loi réactualisée contre le recours à <strong>la</strong> torture, en conformité avec lescritères <strong>de</strong>s Nations Unies. <strong>Le</strong>s réserves re<strong>la</strong>tives à un certain nombre<strong>de</strong> conventions sur les droits <strong>de</strong> l’homme ont été levées. Des progrèsont été réalisés dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> presse. La réformedu co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille en 2004 a permis <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s avancées concernantl’é<strong>la</strong>boration d’un cadre juridique garantissant l’égalité entre les hommeset les femmes. <strong>Le</strong> Maroc a aussi renforcé sa politique sociale à traversles objectifs <strong>pour</strong>suivis par l’Initiative nationale <strong>pour</strong> le développementhumain, qui accor<strong>de</strong> <strong>la</strong> priorité aux investissements dans les zones lesmoins développées du pays et vise à fournir les services <strong>de</strong> base qui fontcruellement défaut, tels que l’eau potable et l’enseignement.Toutefois, si <strong>de</strong>s avancées concrètes sont été réalisées en matière<strong>de</strong> démocratie et <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, les réformes restent encore àconsoli<strong>de</strong>r ou à entreprendre. Des entraves à <strong>la</strong> liberté subsistent, lesdysfonctionnements du système judiciaire risquent <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>r <strong>de</strong> leurcontenu les réformes légis<strong>la</strong>tives entamées. La réforme <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice,annoncée comme prioritaire, est ainsi un défi essentiel qu’il est urgent <strong>de</strong>relever <strong>pour</strong> asseoir durablement l’État <strong>de</strong> droit, assurer une protectionefficace <strong>de</strong>s citoyens et améliorer le climat <strong>de</strong>s affaires.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 41C’est <strong>la</strong> dimension politique <strong>de</strong>s engagements prévus par les <strong>de</strong>uxparties et consignés dans le document en référence qui apporte un « plus »aux initiatives et programmes déjà <strong>la</strong>ncés. Dans le document conjoint, les<strong>de</strong>ux parties attachent au Dialogue politique et stratégique du Partenariatune importance primordiale. Aussi, le Maroc et l’UE envisagent unesérie <strong>de</strong> dispositions <strong>de</strong> concertation : il en est ainsi <strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilitéd’organiser un sommet Maroc-UE ; <strong>de</strong> tenir <strong>de</strong>s réunions à New York entrele ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères du Maroc et le Haut Représentant <strong>de</strong>l’UE ; d’organiser <strong>de</strong>s réunions informelles entre le ministre <strong>de</strong>s Affairesétrangères du Maroc et ses homologues européens ; <strong>de</strong> prévoir uneparticipation <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>s départements sectoriels du Royaume duMaroc avec leurs homologues européens ; d’envisager une participation <strong>de</strong>l’Ambassa<strong>de</strong>ur et/ou haut(s) fonctionnaire(s) du Royaume du Maroc auxréunions <strong>de</strong>s comités et groupes du Conseil <strong>de</strong> l’Union européenne.Toutefois, cette série <strong>de</strong> propositions a fait l’objet tout simplement d’unaccord <strong>de</strong> principe <strong>pour</strong> tenir <strong>de</strong>s réunions sur une base ad hoc, en marge<strong>de</strong>s réunions régulières du Conseil <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong>s enceintesmulti<strong>la</strong>térales du système <strong>de</strong>s Nations Unies et d’autres organisationsinternationales. L’objectif d’assurer une meilleure coordination <strong>de</strong>spositions <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partenaires est retenu, mais les modalités <strong>de</strong> <strong>la</strong>concertation restent à définir d’un commun accord et au cas par cas.Un appel a été adressé aux institutions parlementaires <strong>pour</strong> <strong>la</strong> créationd’une commission mixte Parlement marocain-Parlement européen. Cesinstitutions seront formellement saisies <strong>pour</strong> l’obtention <strong>pour</strong> le Parlementmarocain du statut d’observateur à l’Assemblée parlementaire du Conseil<strong>de</strong> l’Europe. Un autre engagement a été prévu dans les dispositifsannoncés en vue d’assurer une ca<strong>de</strong>nce régulière <strong>de</strong>s réunions du Dialoguepolitique renforcé. Des réunions thématiques entre le Maroc et l’UE(secrétariat général du Conseil/Commission) seront programmées, mais leschamps <strong>de</strong> ces réunions thématiques n’ont pas été arrêtés. Ils concernentvraisemb<strong>la</strong>blement <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie, <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homm et<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité collective.Par ailleurs, <strong>la</strong> coopération sur les questions régionales et internationalesainsi que sur les menaces communes est un axe majeur <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entreles <strong>de</strong>ux partenaires dans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> promouvoir <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong>stabilité et <strong>de</strong> contribuer à <strong>la</strong> prévention et à <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s conflits. Il enest ainsi du conflit du Sahara occi<strong>de</strong>ntal qui <strong>de</strong>meure un obstacle majeur


42Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouisur <strong>la</strong> voie d’une plus gran<strong>de</strong> stabilité régionale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération et <strong>de</strong><strong>la</strong> prospérité. Il en est <strong>de</strong> même <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion commune <strong>de</strong> <strong>la</strong> pressionmigratoire sur les frontières méridionales <strong>de</strong> l’Europe en convenant quel’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine doit être traitée dans le contexte plus <strong>la</strong>rge d’undialogue et <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération transfrontalière avec tous les pays d’Afriquedu Nord, car l’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine est une question qui relève d’uneresponsabilité commune et nécessite une approche régionale dans uneoptique <strong>de</strong> co-développement.<strong>Le</strong> principe d’un accord-cadre <strong>pour</strong> <strong>la</strong> participation du Maroc auxopérations <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s crises (civiles et militaires) avec l’UE a été retenudans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> coopération et le dialogue Maroc-UE dansle cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESD. Cet objectif présuppose cependant le développementd’une réflexion commune <strong>pour</strong> une gestion co-responsabilisée <strong>de</strong>s enjeuxsécuritaires. Cet exercice <strong>de</strong>vrait à cet effet passer par <strong>la</strong> définitiond’une culture commune <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité. Ce cheminement vers une gestioncoresponsable <strong>de</strong>s enjeux sécuritaires reste tributaire <strong>de</strong> trois paramètresmajeurs :– l’intégration <strong>de</strong> <strong>la</strong> rive sud comme un partenaire actif <strong>de</strong> l’espaceeuro-méditerranéen ;– <strong>la</strong> consolidation d’un environnement géopolitique favorable qui passeinéluctablement par l’engagement actif <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong> <strong>la</strong> consolidationdu Maghreb ;– l’approfondissement du dialogue <strong>de</strong> sécurité dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESD,ce qui serait <strong>de</strong> nature à donner aux partenaires méditerranéens unebonne visibilité.<strong>Le</strong> Maroc apporterait en outre son soutien aux déc<strong>la</strong>rations PESCau cas par cas. La coopération au sein du programme régional Euromedsur <strong>la</strong> prévention, <strong>la</strong> préparation et <strong>la</strong> réponse aux désastres naturels sera<strong>pour</strong>suivie. Il en est <strong>de</strong> même du développement du partenariat <strong>pour</strong> <strong>la</strong>paix et <strong>la</strong> sécurité en Afrique: notamment à travers une contribution duMaroc à <strong>la</strong> Facilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix <strong>pour</strong> l’Afrique.Sur le volet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coopération sécuritaire, <strong>la</strong> feuille <strong>de</strong> route proposed’approfondir <strong>la</strong> coopération par <strong>la</strong> conclusion d’accords (entre le Maroc etle CEPOL); entre le Maroc et l’Office européen <strong>de</strong> police (Europol). L’UE etle Maroc ont choisi <strong>de</strong> renforcer leur coopération en matière <strong>de</strong> lutte contrele terrorisme international. <strong>Le</strong> P<strong>la</strong>n d’action avait amorcé <strong>la</strong> coopération


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 43dans ce domaine par <strong>de</strong>s dispositions antiterroristes approuvées dans lecontexte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinage et qui <strong>de</strong>ssinent le cadred’un dialogue structuré et stratégique sur <strong>la</strong> lutte contre le terrorisme. <strong>Le</strong>s<strong>de</strong>ux parties avaient retenu huit axes <strong>de</strong> coopération portant essentiellementsur <strong>la</strong> formation et l’assistance technique. Toutefois, le Maroc considèreque le terrorisme ne doit pas détourner l’attention <strong>de</strong>s véritables enjeuxet défis <strong>de</strong> <strong>la</strong> région, qui <strong>de</strong>meurent l’instauration d’une paix durable,le développement socio-économique, <strong>la</strong> consolidation démocratique et<strong>la</strong> promotion du rapprochement culturel et humain. Dans le domaine <strong>de</strong><strong>la</strong> coopération judiciaire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> 1 ‘homme, ledocument conjoint prévoit un agenda d’actualisation et d’harmonisationdu cadre conventionnel et <strong>la</strong> création d’instruments spécifiques <strong>pour</strong> ledéveloppement <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s frontières.L’intégration profon<strong>de</strong> ou l’affirmation d’une volonté<strong>Le</strong> Maroc attend <strong>de</strong> l’évolution vers le <strong>Statut</strong> avancé avec l’Europeune opportunité d’approfondir son accès au marché communautaire et<strong>de</strong> franchir un « jalon » additionnel dans <strong>la</strong> perspective d’une intégrationapprofondie <strong>de</strong> son économie dans le marché unifié européen. La feuille<strong>de</strong> route affirme <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce un espace économiquecommun, entre l’UE et le Maroc, caractérisé par une intégration poussée<strong>de</strong> l’économie marocaine à celle <strong>de</strong> l’UE. Cet objectif est recherché par<strong>la</strong> mise en œuvre d’actions conjointes dans quatre axes complémentaires :le rapprochement du cadre légis<strong>la</strong>tif du Maroc à l’acquis communautaire,<strong>la</strong> conclusion d’un Accord <strong>de</strong> Libre-échange global et approfondi, <strong>la</strong>coopération économique et sociale et l’adhésion du Maroc aux réseauxtranseuropéens et coopération sectorielle.L’intégration du Maroc au marché intérieur <strong>de</strong> l’Union européenneconstitue un objectif ambitieux qui ne peut être atteint qu’à traversun processus graduel et séquencé, basé sur <strong>la</strong> reprise progressive <strong>de</strong>l’acquis communautaire <strong>de</strong> l’UE. Il faut observer que l’effet positif dudémantèlement tarifaire a été freiné par l’augmentation <strong>de</strong>s obstacles nontarifairesmis en p<strong>la</strong>ce sur le marché intérieur européen. Ce mouvementest un processus continu qui vise <strong>la</strong> protection du consommateur et<strong>la</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement. La légis<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’accès au marchéeuropéen repose sur un dispositif constitué par un ensemble <strong>de</strong> quelque2000 directives et 650 000 normes. Compte tenu <strong>de</strong> l’importance du


44Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouimarché européen <strong>pour</strong> les exportations nationales (60 % <strong>de</strong>s exportationsen moyenne), <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> transposition <strong>de</strong>s normes européennes estdonc un sujet prioritaire.La reprise <strong>de</strong> l’acquis communautaire sera probablement un processuslong et coûteux. Elle implique <strong>de</strong>s investissements notamment dans ledomaine <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité au travail et<strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique. Elle suppose une mo<strong>de</strong>rnisation dans nombre <strong>de</strong>secteurs. Des structures administratives efficaces, du personnel formésont nécessaires <strong>pour</strong> mettre en œuvre <strong>la</strong> réglementation communautairedans ces domaines ainsi qu’en matière <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s consommateurs,<strong>de</strong> règles phytosanitaires et vétérinaires et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s frontièresextérieures. L’ampleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> tâche sur le p<strong>la</strong>n légis<strong>la</strong>tif, administratif oufinancier et les obstacles d’ordre politique expliquent les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>coopération technique et <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s transitoires formulées par le Maroc.Pour les pays <strong>de</strong> candidats à l’adhésion, <strong>la</strong> Commission européenneavait défini un cadre <strong>pour</strong> les pério<strong>de</strong>s transitoires. Elle proposait d’opérerune distinction. En s’inspirant <strong>de</strong> ce modèle, le Maroc <strong>pour</strong>rait mieuxcibler les domaines liés à l’approfondissement du marché unique <strong>pour</strong>lesquels <strong>de</strong>s mesures réglementaires <strong>pour</strong>raient être mises en p<strong>la</strong>cerapi<strong>de</strong>ment. Pour les domaines <strong>de</strong> l’acquis dans lesquels <strong>de</strong>s adaptationsconsidérables sont nécessaires et qui exigent un effort substantiel, etnotamment d’importantes dépenses financières (environnement, énergieou infrastructures par exemple), <strong>de</strong>s régimes transitoires <strong>pour</strong>raient êtreétendus sur une pério<strong>de</strong> déterminée.Dans cette logique, il semble nécessaire <strong>de</strong> s’appuyer en prioritésur les structures <strong>de</strong> l’Accord d’association (sous-comités et groupe <strong>de</strong>travail) et sur les instruments <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération <strong>de</strong> jume<strong>la</strong>ge, en leurdonnant une nouvelle impulsion afin <strong>de</strong> systématiser l’approche danstous les secteurs. En tout état <strong>de</strong> cause, il n’apparaît pas opportun <strong>de</strong> seprononcer dans ce domaine avant que ne soient ouverts tous les chapitres<strong>de</strong> <strong>la</strong> négociation : seule une vision globale <strong>de</strong> <strong>la</strong> négociation permettrad’envisager une stratégie particulière et, essentiellement, <strong>de</strong>s concessionsmutuelles incluant <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transition.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 45L’Accord <strong>de</strong> libre-échange approfondi et global : tout sauf <strong>la</strong>mobilité du travail<strong>Le</strong> document conjoint fait référence à <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> <strong>la</strong> conclusion d’unAccord <strong>de</strong> libre-échange approfondi (ALEA) qui doit permettre à terme« d’instaurer <strong>la</strong> libre circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s marchandises (mesures tarifaires etnon tarifaires), <strong>de</strong>s services, <strong>de</strong>s capitaux et <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence temporaire <strong>de</strong>spersonnes physiques à <strong>de</strong>s fins professionnelles ».<strong>Le</strong>s négociations commerciales en cours (libéralisation du commerce<strong>de</strong>s services et du droit d’établissement, d’une part, et libéralisation ducommerce <strong>de</strong>s produits agricoles, <strong>de</strong>s produits agricoles transforméset <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche, d’autre part) s’inscrivent dans ce cadre etseront complétées par <strong>de</strong> nouvelles négociations sur d’autres aspects <strong>de</strong>l’Accord. <strong>Le</strong>s nouvelles négociations <strong>de</strong>vraient prendre en considération<strong>la</strong> sensibilité <strong>de</strong> certains secteurs, prévoir une asymétrie <strong>de</strong>s engagementset une progressivité <strong>de</strong> leur mise en œuvre.Un ensemble <strong>de</strong> mesures, formant un ensemble indivisible et cohérent,sont suggérées dans le document conjoint <strong>pour</strong> concrétiser l’ALEA d’unpoint <strong>de</strong> vue opérationnel : il s’agit notamment <strong>de</strong> l’accès aux marchéspublics, <strong>de</strong> <strong>la</strong> facilitation <strong>de</strong> l’accès au marché <strong>pour</strong> les produits industriels,<strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> capitaux et <strong>de</strong>s paiements, <strong>de</strong>s mesures sanitaires etphytosanitaires, <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle et industrielle, <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique <strong>de</strong> concurrence, <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection du consommateur… Cette listen’est pas exhaustive, et elle sera accompagnée <strong>de</strong> mécanismes d’alerteou <strong>de</strong> consultation rapi<strong>de</strong> en matière <strong>de</strong> mesures ayant un impact sur lecommerce et l’investissement.Dans ce cadre, lors <strong>de</strong>s négociations Maroc-UE en matière <strong>de</strong>libéralisation <strong>de</strong>s échanges agricoles, le Maroc avait réitéré son engagementdans ce processus en vue <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce un partenariat réel fondé surune ouverture progressive et maîtrisée <strong>de</strong>s marchés et adaptée aux réalitéssocioéconomiques du Maroc.<strong>Le</strong> chapitre agricole représente une part importante du commerce totalentre l’Union et le Maroc. <strong>Le</strong>s importations agricoles communautairesen 2005 se sont élevées à plus <strong>de</strong> 13 % du commerce bi<strong>la</strong>téral et lesexportations agricoles <strong>de</strong> l’Union vers le Maroc ont représenté 5 % <strong>de</strong>sexportations totales vers le Maroc. Depuis l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’accord


46Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouid’association en 2000, les échanges agricoles sont soutenus et font preuved’un dynamisme constant. Cette tendance <strong>de</strong>vrait connaître un sautquantitatif et qualitatif à l’issue <strong>de</strong>s nouvelles négociations que les <strong>de</strong>uxparties ont entamé en 2006 sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> feuille <strong>de</strong> route agricole é<strong>la</strong>boréà <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong> <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong>s ministres Euromed <strong>de</strong>sAffaires étrangères tenue à Luxembourg (31 mai 2005).Dans <strong>la</strong> perspective d’une libéralisation <strong>de</strong>s échanges agricoles, leMaroc propose une approche par produit et l’aménagement <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s<strong>de</strong> transition. La libéralisation ne peut être que modulée, progressiveet asymétrique. Durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition, <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s sociales oustructurelles <strong>pour</strong>raient en outre favoriser <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s exploitationset l’emploi, dans le cadre <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> développement agricoleet rural. Un autre volet, et non <strong>de</strong>s moindres dans cette approche, seraitl’appui au développement rural fondé sur <strong>la</strong> multifonctionnalité. Un appuiqui tendrait à maintenir une agriculture dans les zones en difficulté, par ledéveloppement <strong>de</strong>s infrastructures et services <strong>de</strong> base, <strong>la</strong> promotion d’uneagriculture diversifiée et porteuses <strong>de</strong> valeur ajoutée et le développementd’activités alternatives comme l’artisanat et le tourisme.L’offre marocaine obéit à <strong>de</strong>ux principes : d’une part, assurer unmeilleur accès au marché communautaire <strong>pour</strong> les produits marocainset, d’autre part, fixer <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is suffisants <strong>pour</strong> gérer les transitions etl’accompagnement <strong>de</strong> l’UE dans le cadre <strong>de</strong> l’ouverture du secteuragricole marocain. Toutefois, force est <strong>de</strong> constater que les négociationssur cette libéralisation portent essentiellement sur <strong>la</strong> vitesse et <strong>la</strong> métho<strong>de</strong><strong>pour</strong> y parvenir au détriment <strong>de</strong>s enjeux et limites liés à une ouverturebrutale <strong>de</strong>s marchés agricoles. Pour le Maroc, ces enjeux sont liés à unedimension économique, sociale et environnementale. En revanche <strong>pour</strong>l’UE, les enjeux se posent en termes <strong>de</strong> concurrence exercée par lespays méditerranéens, surmontée par une régu<strong>la</strong>tion et une gestion <strong>de</strong>smarchés.Toujours dans le même domaine <strong>de</strong> l’intégration approfondie, <strong>la</strong>libéralisation <strong>de</strong>s services constitue un autre enjeu <strong>de</strong> l’accès au marché.<strong>Le</strong>s services représentent ainsi 39 % du PIB du Maroc et 23 % <strong>de</strong> sesrecettes en compte courant. Une ouverture plus gran<strong>de</strong> et efficiente <strong>de</strong>sactivités <strong>de</strong> services permettrait <strong>de</strong>s gains sensibles en PIB et <strong>pour</strong>raitrevigorer le partenariat. Dans le cadre <strong>de</strong> l’Accord d’association, il n’existepas <strong>de</strong> liste séparée <strong>pour</strong> <strong>la</strong> libéralisation du commerce <strong>de</strong>s services au-


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 47<strong>de</strong>là <strong>de</strong> celles mentionnées par l’AGCS lui-même. La question <strong>de</strong> <strong>la</strong>libéralisation <strong>de</strong>s services s’annonce plus complexe que celle <strong>de</strong>s biens.La fourniture est généralement peu transfrontalière, et elle implique <strong>la</strong>proximité du fournisseur et du client et le dép<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s personnes ; lesimperfections du marché sont nombreuses et il y a <strong>de</strong>s difficultés à mettreen p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s régu<strong>la</strong>tions concurrentielles. L’hétérogénéité <strong>de</strong>s servicesren<strong>de</strong> difficile l’adoption d’un cadre commun. Il y a d’abord les servicesproduits (le tourisme), <strong>la</strong> construction, les professions indépendantes, lepetit commerce. Il y a aussi les services facteurs qui agissent sur les prixou sur l’investissement (les banques, les assurances), il y a ensuite lesservices réseaux à externalités fortes. On peut distinguer entre les servicesà <strong>la</strong> personne (moins mobiles, le coiffeur, l’infirmière) et les services quine sont pas à <strong>la</strong> personne (comptabilité, consulting, centres d’appels…).<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux partenaires estiment que <strong>la</strong> libéralisation <strong>de</strong>s services doit êtreadaptée à <strong>la</strong> situation particulière <strong>de</strong> chaque sous-secteur, afin <strong>de</strong> ménagerles transitions nécessaires. Si elle doit être compatible avec les règlesfixées par l’OMC, elle doit aussi être envisagée dans une perspective <strong>de</strong>co-développement entre le Maroc et l’Union européenne, en privilégiantles activités <strong>de</strong> service les plus créatrices d’emplois au Maroc caractérisépar un nombre élevé <strong>de</strong> jeunes chômeurs diplômés.La migration : le domaine évacuéLa coopération dans <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’approche globale dans ledomaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> migration est assurément <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> moins approfondie <strong>de</strong><strong>la</strong> feuille <strong>de</strong> route. Tout en reconnaissant l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopérationdans ce domaine, l’UE affirme qu’elle ne serait prête à <strong>la</strong> développer quelorsque les négociations re<strong>la</strong>tives à l’accord <strong>de</strong> réadmission auront étéachevées avec succès. Sur cette question, l’UE maintient sa position sur<strong>la</strong> présomption <strong>de</strong> <strong>la</strong> nationalité marocaine <strong>pour</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>la</strong> réadmission,et le Maroc n’accepte pas <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use du « silence vaut consentement »<strong>de</strong> réadmission dans le cas <strong>de</strong> dépassement du dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> réponse. <strong>Le</strong>Maroc <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aussi que « le paquet » <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> réadmission soitaccompagné d’un accord <strong>de</strong> facilitation <strong>de</strong> visa, d’actions <strong>de</strong> réinsertiondédiées aux réadmis, d’un mécanisme <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong> migration légaleet d’un appui technique et financier <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’accord.L’UE n’a pas encore donné d’indications sur ce paquet <strong>de</strong> réadmission.Dans ce contexte, le Maroc considère qu’il ne peut faire davantage <strong>de</strong>


48Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiconcessions à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>s négociations dont <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus difficilereste encore à mener sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> f<strong>la</strong>grance et le procédurier yafférent, d’autant plus que l’accord sera lourd <strong>de</strong> conséquences, notammentfinancières, <strong>pour</strong> le Maroc et nécessitera par conséquent <strong>de</strong>s mesuresd’accompagnement <strong>pour</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> sa mise en œuvre. Dans le mesureoù il n y a pas <strong>de</strong> vi<strong>de</strong> juridique à l’heure actuelle, puisque les accordsbi<strong>la</strong>téraux sont en p<strong>la</strong>ce avec les Etats <strong>de</strong> l’UE qui accueillent les plusforts contingents <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté marocaine, donner le temps au tempssemble être le point <strong>de</strong> convergence <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parties sur cette question.Faut-il néanmoins rappeler que l’UE propose, à travers le concept<strong>de</strong> partenariat <strong>de</strong> mobilité, une nouvelle démarche <strong>pour</strong> <strong>la</strong> coopérationavec les pays tiers qui col<strong>la</strong>borent dans <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong> migrationc<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine et ce, selon un paquet <strong>de</strong> mesures qui <strong>pour</strong>rait comprendre<strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> migration légale, une assistance <strong>pour</strong> développer lescapacités <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s flux migratoires légaux, <strong>de</strong>s mesures contre <strong>la</strong>fuite <strong>de</strong>s cerveaux et l’assouplissement <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> délivrance <strong>de</strong>visas <strong>de</strong> court séjour. <strong>Le</strong> Maroc est déjà pleinement engagé dans <strong>la</strong> luttecontre <strong>la</strong> migration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine, notamment à travers les négociationsen matière <strong>de</strong> réadmission, le renforcement <strong>de</strong>s contrôles aux frontières(11000 hommes dont 5600 affectés à <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce du littoral), leséchanges d’informations et <strong>la</strong> lutte contre le trafic <strong>de</strong>s migrants et <strong>la</strong> traite<strong>de</strong>s êtres humains (). Mais à ce jour, les choses ne sont pas c<strong>la</strong>ires en cequi concerne ce nouveau concept. <strong>Le</strong>s discussions en sont à peine à leursdébuts. Elles <strong>de</strong>vraient concerner les questions <strong>de</strong> fond, notamment <strong>pour</strong>définir les contours du partenariat <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mobilité et, éventuellement, voirquels sont les pays avec lesquels il est souhaitable d’initier <strong>de</strong>s projets.Plusieurs pays européens ne sont pas très convaincus <strong>de</strong> l’opportunité<strong>de</strong> ces partenariats <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mobilité. Certains pays tels que l’Espagne, lePortugal, l’Italie et éventuellement l’Allemagne sont disposés à offrir <strong>de</strong>spossibilités <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> projets-pilotes en matière <strong>de</strong> migration légaleavec les pays tiers.<strong>Le</strong> Maroc est mieux p<strong>la</strong>cé dans <strong>la</strong> région <strong>de</strong> l’Afrique du Nord <strong>pour</strong>coopérer à <strong>la</strong> réalisation d’un projet-pilote dont <strong>la</strong> réussite permettrad’assurer <strong>la</strong> viabilité <strong>de</strong> ce nouveau concept <strong>de</strong> partenariat <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mobilité.<strong>Le</strong> « paquet réadmission » <strong>de</strong>mandé par le Maroc lors du 12 e round <strong>de</strong>s() <strong>Le</strong> Maroc vient d’adopter au début du mois <strong>de</strong> juillet 2007 un projet <strong>de</strong> loi instituant <strong>la</strong> carted’i<strong>de</strong>ntité nationale biométrique permettant <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> l’authenticité du document.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 49négociations en matière <strong>de</strong> réadmission avec l’UE <strong>pour</strong>rait-il trouvercertains éléments <strong>de</strong> réponse dans le partenariat <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mobilité ?<strong>Le</strong>s programmes et agences <strong>de</strong> l’Union européenne : uneparticipation sélective et conditionnée<strong>Le</strong> Maroc, à l’instar <strong>de</strong>s autres pays partenaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politiqueeuropéenne <strong>de</strong> voisinage (partenaires PEV), peut participer aux agenceset organismes associés à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s politiques européennes ou auxprogrammes <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s politiques communautaires. La PEVprévoit cette possibilité en général dans les p<strong>la</strong>ns d’action PEV, et le Marocavait déjà manifesté son intérêt dans ce cadre.C’est <strong>la</strong> Commission européenne qui a établi un inventaire <strong>de</strong>sagences et <strong>de</strong>s programmes auxquels les pays PEV <strong>pour</strong>raient participeret défini, sur cette base, les modalités à suivre (). La participationoffre un moyen d’encourager le renforcement <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>scapacités administratives nécessaires <strong>pour</strong> concrétiser leur participation.Elle constitue également un moyen <strong>pour</strong> renforcer les processus <strong>de</strong>réformes ainsi que le rapprochement avec les normes communautaires,conformément aux objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV et aux p<strong>la</strong>ns d’action PEV.<strong>Le</strong> Conseil européen <strong>de</strong> juin 2007 avait permis à <strong>la</strong> Commissioneuropéenne d’ouvrir, <strong>de</strong> manière officielle, les négociations avec ungroupe pionnier <strong>de</strong> pays, en vue <strong>de</strong> leur participation aux travaux <strong>de</strong>sagences et programmes communautaires. <strong>Le</strong> Maroc faisait partie <strong>de</strong><strong>la</strong> 1 re vague <strong>de</strong>s trois pays (Israël, Moldavie, Maroc) avec lesquels <strong>la</strong>Commission européenne avait commencé à négocier <strong>de</strong>s protocolescadresrégissant le cadre juridique <strong>de</strong> leurs participations et les modalitésfinancières y afférentes (). Cette participation du Maroc reflétait leniveau d’avancement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre du P<strong>la</strong>n d’action Voisinageet <strong>la</strong> capacité institutionnelle <strong>de</strong> l’administration marocaine à s’inscriredans cette logique novatrice. L’ambition marocaine était <strong>de</strong> rentabiliser aumieux cette nouvelle perspective.() L’opportunité et l’intérêt d’une participation aux agences et aux programmes communautairesétaient i<strong>de</strong>ntifiés sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’expérience acquise dans le cadre du processus d’é<strong>la</strong>rgissement<strong>de</strong> l’Union européenne (UE).() <strong>Le</strong> premier <strong>de</strong>sdits protocoles était conclu avec l’Israël en avril 2008.


50Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiLa commission avait arrêté <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s programmes auxquels lespays partenaires étaient invités à participer (10). En revanche, d’autresprogrammes communautaires ne sont pas ouverts à <strong>la</strong> participation<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV en raison <strong>de</strong> leurs objectifs. La participation auxprogrammes est assujettie à l’acquittement d’une contribution financière,variable selon l’agence ou le programme et reposant sur différents facteurs.Cette contribution s’effectue par un apport au budget général <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne. Une ai<strong>de</strong> générique <strong>pour</strong>rait être prévue au cas par cas lors <strong>de</strong><strong>la</strong> programmation nationale régulière <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> communautaire (11).Dans d’autres cas, <strong>la</strong> participation peut consister en une simplecoopération. Certaines agences envisagent une coopération sélectiveavec <strong>de</strong>s pays tiers <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s activités spécifiques (12), alors qued’autres (13) prévoient une col<strong>la</strong>boration informelle. D’autres, enfin,offrent <strong>de</strong>s perspectives <strong>de</strong> coopération intéressantes qui existent déjà avecd’autres pays tiers (14). En revanche, le Maroc et les autres pays PEV nepeuvent participer à quelques autres agences dont les activités consistent àai<strong>de</strong>r les États-membres à mettre en œuvre les politiques européennes.L’intégration du Maroc aux travaux <strong>de</strong>s agences <strong>de</strong>vrait s’effectuer<strong>de</strong> façon progressive et sélective et prendre en compte les intérêts <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux partenaires, les avantages mutuels, les conditions à remplir ainsi que<strong>la</strong> capacité d’absorption <strong>de</strong>s agences concernées. Avant que les accords(10) Il s’agit du programme-cadre <strong>pour</strong> <strong>la</strong> compétitivité et l’innovation, <strong>de</strong>s programmesDouane 2013, Pericles, IDABC, SESAR (EN), MEDIA 2007 et Marco Polo ainsi que lesprogrammes sur <strong>la</strong> santé publique (2007-2013) et <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s consommateurs (2007-2013).Certains programmes prévoient <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> coopération spécifiques comme le programmeCulture, le programme d’éducation et <strong>de</strong> formation tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, le 7 e programme-cadre<strong>de</strong> recherche, le programme Hercules II, certains projets relevant du programme-cadre «Droitsfondamentaux et justice» ainsi que les programmes <strong>de</strong> coopération transfrontalière, transnationaleet interrégionale du Fonds européen <strong>de</strong> développement régional (FEDER).(11) Afin <strong>de</strong> stipuler les conditions générales <strong>de</strong> leur participation, <strong>de</strong>s protocoles aux accords<strong>de</strong> partenariat et <strong>de</strong> coopération et aux accords d’association avec les pays partenaires PEV sontétablis. Ces protocoles prennent <strong>la</strong> forme d’accords-cadres. Ils peuvent être négociés avec lespartenaires ayant déjà conclu <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’action PEV. Des mémorandums d’entente propres àchaque programme fixent ensuite les règles régissant <strong>la</strong> participation <strong>de</strong> chaque pays individuel.Cette procédure permet une simplification du format d’accord sur les conditions spécifique <strong>de</strong>leur participation.(12) Comme Eurofound,(13) Tel que le Centre européen <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies (ECDC)(14) C’est le cas l’Agence européenne <strong>pour</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération opérationnelle auxfrontières extérieures <strong>de</strong>s États membres <strong>de</strong> l’Union européenne (Frontex), l’Office européen <strong>de</strong>police (Europol) et l’Unité <strong>de</strong> coopération judiciaire européenne (Eurojust) (EN).


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 51<strong>de</strong> participation ne soient conclus, une phase <strong>de</strong> familiarisation avec lesagences concernées sera mise en p<strong>la</strong>ce. Cette phase préparatoire permetnotamment d’adapter les légis<strong>la</strong>tions et les institutions, <strong>pour</strong> pouvoireffectivement participer à l’agence (15). Dans <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> transition, leMaroc ne <strong>pour</strong>ra agir qu’en qualité d’observateur.Des <strong>pour</strong>parlers exploratoires ont déjà permis d’avancer sur lesmodalités opérationnelles <strong>de</strong> participation et d’i<strong>de</strong>ntifier un intérêt mutuel<strong>pour</strong> <strong>de</strong> telles participations. <strong>Le</strong> Maroc suggérait <strong>de</strong> promouvoir, dans cecadre, une démarche progressive et à même <strong>de</strong> lui assurer une participationéquilibrée au niveau <strong>de</strong>s trois piliers (Marché intérieur/ Justice, Liberté etSécurité/PESC). De même, il suggérait <strong>de</strong> concevoir <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong>financement novateurs qui <strong>pour</strong>raient, par exemple, s’inscrire dans le cadre<strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération thématique mise en p<strong>la</strong>ce par l’Instrument voisinage.La feuille <strong>de</strong> route considère que <strong>la</strong> participation du Maroc à certainsprogrammes et agences communautaires constitue « une opportunitéimportante <strong>pour</strong> pérenniser les réformes visant notamment à une meilleureintégration du Maroc au marché communautaire ». <strong>Le</strong> choix <strong>de</strong> cesprogrammes et agences obéit à un critère <strong>de</strong> progressivité eu égard àl’avancée du partenariat Maroc-UE. <strong>Le</strong> Maroc <strong>de</strong>vrait participer auxagences suivantes : Agence européenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité aérienne (EASA),Observatoire européen <strong>de</strong>s drogues et <strong>de</strong>s toxicomanies (EMCDDA),Eurojust, l’Institut d’Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Sécurité. Une participation vraisemb<strong>la</strong>ble,mais qui <strong>de</strong>meure sous réserve <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> décision prévues par lesstatuts <strong>de</strong> ces agences. En outre, l’intégration progressive du Maroc, sur unebase <strong>de</strong> réciprocité et <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s données, au système d’alerterapi<strong>de</strong> (RASFF) est prévue. De même que l’idée d’établir une re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>coopération entre le Maroc et l’Agence européenne <strong>pour</strong> l’environnement(EEA) et l’Agence européenne <strong>pour</strong> <strong>la</strong> sécurité maritime (EMSA).Quatre programmes semblent mobiliser l’attention du Maroc: Programmecompétitivité et innovation (CIP), Douane 2013 (2008-2013), ProgrammeSESAR, Programme Marco Polo. <strong>Le</strong> Programme SESAR concerne <strong>la</strong>gestion du trafic aérien. Il vise à assurer <strong>la</strong> sécurité et l’efficacité <strong>de</strong>sopérations aériennes, aussi bien au sol qu’en vol. <strong>Le</strong>s transports aériens au(15) En effet, <strong>pour</strong> pouvoir participer aux agences européennes dans les domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité<strong>de</strong>s réseaux et <strong>de</strong> l’information (ENISA), <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité aérienne (AESA), <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité maritime(EMSA) et <strong>de</strong> l’environnement (AEE) ainsi qu’à l’Agence ferroviaire européenne (AFE) etl’Autorité européenne <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s aliments,


52Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiMaroc sont actuellement confrontés à <strong>de</strong>s défis majeurs : politique <strong>de</strong>s tarifs,efficacité, sécurité, convivialité et mo<strong>de</strong>rnisation technique sont au centredu développement <strong>de</strong> ce secteur. Ce sont aussi <strong>de</strong>s questions auxquelles estconfrontée <strong>la</strong> gestion du trafic aérien européen. <strong>Le</strong> programme SESAR <strong>de</strong>l’UE prévoit le développement d’une nouvelle génération <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong>gestion du trafic aérien <strong>pour</strong> permettre à l’industrie européenne <strong>de</strong> resterà <strong>la</strong> pointe du développement technologique. Ce programme peut fairefaire école dans <strong>la</strong> région méditerranéenne. A travers sa participation auprogramme, le Maroc souhaite relever les défis auxquels il est confrontédans ce secteur.<strong>Le</strong> programme Marco Polo (2003-2006), quant à lui, vise à dép<strong>la</strong>cerles marchandises <strong>de</strong> <strong>la</strong> route vers <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s plus compatibles avecl’environnement. Dans ce contexte, un recours plus fort à l’intermodalité estnécessaire afin <strong>de</strong> contribuer à une meilleure utilisation <strong>de</strong>s infrastructuresexistantes et <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> service grâce à l’intégration du transportmaritime à courte distance, du rail et du transport fluvial dans <strong>la</strong> chaînelogistique. L’intermodalité est une composante du p<strong>la</strong>n stratégique que leMaroc met en œuvre dans le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> logistique.Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> stratégie <strong>de</strong> Lisbonne renouvelée, le programmecadre<strong>pour</strong> l’innovation et <strong>la</strong> compétitivité (CIP) a été adopté <strong>pour</strong><strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2007-2013 afin <strong>de</strong> stimuler <strong>la</strong> croissance et les emploisen Europe. <strong>Le</strong> programme-cadre soutient <strong>de</strong>s actions en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong>compétitivité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité d’innovation au sein <strong>de</strong> l’Union européenne.Il encourage en particulier l’utilisation <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> l’information,<strong>de</strong>s écotechnologies et <strong>de</strong>s sources d’énergie renouve<strong>la</strong>bles. <strong>Le</strong>s actionssoutenues par ce programme-cadre sont susceptibles d’appuyer lesinitiatives et politiques prises au Maroc en faveur du développement <strong>de</strong> <strong>la</strong>société <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance ainsi que le développement durable reposant surune croissance économique équilibrée.Enfin, le programme d’action Douane 2013 (2008-2013) dans <strong>la</strong>Communauté a <strong>pour</strong> but <strong>de</strong> favoriser <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une douaneinformatisée paneuropéenne qui garantit que les activités <strong>de</strong>s douanescorrespon<strong>de</strong>nt aux besoins du marché intérieur, qui assure <strong>la</strong> protection<strong>de</strong>s intérêts financiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> CE et qui renforce <strong>la</strong> sécurité et <strong>la</strong> sûreté. <strong>Le</strong>programme est susceptible d’ai<strong>de</strong>r l’administration douanière du Marocà renforcer le processus <strong>de</strong> sa mo<strong>de</strong>rnisation ainsi qu’à simplifier et àaccélérer les procédures douanières <strong>pour</strong> favoriser les échanges.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 53La participation du Maroc à ces programmes et agences est tributaire<strong>de</strong>s modalités opérationnelles et budgétaires qui seront convenues à ceteffet. <strong>Le</strong> Maroc souhaite bénéficier <strong>de</strong> l’appui financier communautaire<strong>pour</strong> sa participation à ces programmes et agences. La Communauté<strong>pour</strong>rait prendre en charge une partie <strong>de</strong>s coûts financiers dont lesmodalités <strong>de</strong>vraient être discutées dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> négociation surle protocole. Plus fondamentalement, <strong>la</strong> participation du Maroc à cesagences et programmes dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre par le Maroc <strong>de</strong>spolitiques et légis<strong>la</strong>tions sous-jacentes compatibles avec les objectifs<strong>de</strong> ces programmes et agences. Dans cette perspective, les négociationsentre <strong>la</strong> Commission et le Maroc concernant le protocole à l’Accordd’association seront accélérées <strong>pour</strong> définir un accord-cadre permettant <strong>la</strong>participation du Maroc aux programmes communautaires.Telle qu’exprimée dans le document conjoint, <strong>la</strong> feuille <strong>de</strong> routeépouse les priorités établies du P<strong>la</strong>n d’action UE /Maroc. Son contenuest en conformité avec <strong>la</strong> vocation et les principes <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV. LaPolitique européenne <strong>de</strong> voisinage avait effectivement offert <strong>de</strong> nouvellesperspectives <strong>de</strong> partenariat notamment : <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> progresser au<strong>de</strong>là<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions existantes vers un <strong>de</strong>gré significatif d’intégration, ycompris en offrant au Maroc une participation dans le marché intérieurainsi que <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> prendre progressivement part aux aspectsclés<strong>de</strong>s politiques et <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> l’UE, l’approfondissement <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions économiques et commerciales, une revalorisation <strong>de</strong> l’étendueet <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération politique à travers le dialogue politiquerenforcé, <strong>la</strong> perspective d’une ouverture graduelle ou d’une participationrenforcée à certains enceintes et programmes communautaires, notammentdans les domaines couverts par le P<strong>la</strong>n d’action. <strong>Le</strong> P<strong>la</strong>n d’action aexprimé une panoplie <strong>de</strong> priorités <strong>de</strong> l’Etat marocain dans <strong>de</strong>s domainesqui rentrent dans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> l’Accord d’association aussi bien auniveau politique qu’au niveau économique et social.Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réunion du septième Conseil d’association, un groupe <strong>de</strong>travail ad hoc a été chargé <strong>de</strong> conduire cette réflexion et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>spropositions au prochain Conseil. Il est spécifié que <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> cespropositions se fera à court et à moyen termes, et aucun calendrier n’a étéretenu dans cette perspective. <strong>Le</strong> Conseil d’association a tout simplementdonné <strong>de</strong>s instructions aux différents sous-comités et groupe <strong>de</strong> travailmis en p<strong>la</strong>ce d’assurer le suivi <strong>de</strong>s différentes mesures techniques qui ont


54Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiété i<strong>de</strong>ntifiés dans le document conjoint. C’est <strong>la</strong> réflexion commune qui<strong>de</strong>vait être entamée dès le début 2009 qui spécifiera <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> formeque <strong>pour</strong>rait prendre l’instrument qui prendra <strong>la</strong> suite du P<strong>la</strong>n d’actionvoisinage UE et, éventuellement, <strong>de</strong> l’Accord d’association.<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » : une approche extensible à souhait ?Nous disions en introduction que le statut avancé ne procè<strong>de</strong> pointd’une tentation <strong>de</strong> singu<strong>la</strong>risation ou d’un quelconque réflexe d’exclusivité.Il s’inscrit dans <strong>la</strong> perspective d’étendre <strong>la</strong> coopération à l’ensemble <strong>de</strong>spays <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée du sud et <strong>de</strong> l’est et aux pays impliqués dans <strong>la</strong>Politique <strong>de</strong> voisinage. Différentes initiatives prises en 2008 ten<strong>de</strong>nt à leconfirmer.La Jordanie et <strong>la</strong> Tunisie sur <strong>la</strong> voie du MarocLa Jordanie, qui a signé en 2002 un accord d’association, veutaujourd’hui passer à <strong>la</strong> vitesse supérieure. En novembre 2008, elle a<strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> bénéficier d’un statut avancé dans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> nouerune coopération plus étroite avec l’UE. La Jordanie souhaite <strong>de</strong>venirplus “euro-compatible” dans certains secteurs (transports, énergie ouenvironnement). Amman espère alors accé<strong>de</strong>r aux financements européens<strong>pour</strong> développer ces secteurs. Il n’y a pas encore <strong>de</strong> calendrier fixé <strong>pour</strong>l’ouverture <strong>de</strong>s négociations. La Jordanie s’inscrit dans <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> cequi a déjà été fait <strong>pour</strong> le Maroc.La Jordanie a conçu un p<strong>la</strong>n national <strong>pour</strong> faire avancer les réformespolitiques afin <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r <strong>la</strong> démocratie, <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>l’administration, <strong>la</strong> transparence et <strong>la</strong> justice dans le pays et <strong>pour</strong> forgerun modèle <strong>de</strong> pays mo<strong>de</strong>rne is<strong>la</strong>mique et arabe, fondé sur <strong>la</strong> connaissance.La politique européenne <strong>de</strong> voisinage se veut une contribution au p<strong>la</strong>nd’action économique et social du gouvernement jordanien (2004-2006),qui vise à <strong>la</strong>ncer un processus <strong>de</strong> réforme socio-économique durable. <strong>Le</strong><strong>de</strong>gré d’ambition <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre les <strong>de</strong>ux partenaires dépendra duniveau d’engagement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Jordanie en faveur <strong>de</strong>s « valeurs communes »et <strong>de</strong> sa capacité à mettre en œuvre les priorités définis d’un communaccord.Dans l’immédiat, l’accord d’association reste <strong>la</strong> base soli<strong>de</strong> <strong>de</strong>coopération entre l’UE et <strong>la</strong> Jordanie. Mais <strong>de</strong> nouvelles perspectives


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 55<strong>de</strong> partenariat sont ouvertes par <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinage,notamment: <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> s’acheminer, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération, vers un<strong>de</strong>gré important d’intégration économique, y compris par le renforcement<strong>de</strong> <strong>la</strong> portée et <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération politique, <strong>la</strong> possibilitéd’une convergence <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion économique, l’approfondissement <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions commerciales et économiques <strong>pour</strong> les étendre progressivementà l’agriculture et au secteur <strong>de</strong>s services, <strong>la</strong> <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong>sobstacles commerciaux et <strong>la</strong> participation au marché intérieur <strong>de</strong> l’UE, <strong>la</strong>possibilité d’une ouverture progressive <strong>de</strong>s programmes communautairesqui s’y prêtent ou d’un renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation jordanienne à cesprogrammes, et par <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> jume<strong>la</strong>ge <strong>pour</strong> permettre le respect <strong>de</strong>snormes <strong>de</strong> l’UE.<strong>Le</strong> P<strong>la</strong>n d’action constitue une première étape dans ce processus. <strong>Le</strong>p<strong>la</strong>n d’action définit tout un ensemble <strong>de</strong> priorités dans les domainesrelevant du champ d’application <strong>de</strong> l’accord d’association. Parmi cespriorités : l’accent sur <strong>la</strong> démocratisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie politique dans le cadredu p<strong>la</strong>n national <strong>pour</strong> le développement politique, le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong>liberté <strong>de</strong>s médias et <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté d’expression et <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’unemagistrature indépendante et impartiale, <strong>la</strong> coopération dans le processus<strong>de</strong> paix au Moyen-Orient et <strong>la</strong> lutte contre le terrorisme, l’adoption <strong>de</strong>mesures <strong>pour</strong> une plus <strong>la</strong>rge libéralisation <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> marchandises,<strong>de</strong> produits agricoles, du commerce <strong>de</strong>s services, <strong>la</strong> gestion efficace <strong>de</strong>sflux migratoires et le développement <strong>de</strong>s secteurs et réseaux <strong>de</strong> transport,<strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> société d’information.On attend <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre du P<strong>la</strong>n d’action qu’elle contribue aurespect <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong> l’accord d’association, qu’elle soutienne lesobjectifs <strong>de</strong> réforme nationale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Jordanie et favorise « <strong>la</strong> <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong>son intégration dans les structures économiques et sociales européennes ».La Jordanie souhaite rapprocher <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> réglementation et lesnormes jordaniennes <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> l’Union européenne. Cette perspectivecontribuera également à poser <strong>de</strong>s fondations stables en vue d’une intégrationéconomique plus poussée, fondée sur l’adoption et <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>règles et <strong>de</strong> réglementations économiques et commerciales susceptibles <strong>de</strong>stimuler les échanges, les investissements et <strong>la</strong> croissance.C’est aussi en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s objectifs du P<strong>la</strong>n d’actionet <strong>de</strong> l’évolution globale <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre l’UE et <strong>la</strong> Jordanie que <strong>la</strong>possibilité d’établir une nouvelle re<strong>la</strong>tion contractuelle <strong>pour</strong>rait prendre


56Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiforme. L’opportunité <strong>de</strong> conclure <strong>de</strong> nouvelles dispositions contractuellessera examinée en temps opportun. Il <strong>pour</strong>rait s’agir d’un accord européen<strong>de</strong> voisinage dont <strong>la</strong> portée sera définie en fonction <strong>de</strong>s progrès accomplisdans le respect <strong>de</strong>s priorités fixées dans le p<strong>la</strong>n d’action.L’Accord d’association avec <strong>la</strong> Tunisie est entré en vigueur en 1998.<strong>Le</strong>s mesures en vue du démantèlement tarifaire tunisien et <strong>de</strong> <strong>la</strong> librecircu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s produits industriels avec l’UE ont pris fin en janvier 2008,<strong>de</strong>ux années avant l’échéance initiale <strong>de</strong> 2010. La Tunisie est ainsi lepremier pays à avoir franchi cette étape importante vers l’objectif d’établirune zone <strong>de</strong> libre-échange Euromed en 201016. <strong>Le</strong>s négociations ontdémarré sur <strong>la</strong> <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> libéralisation progressive du commerce <strong>de</strong>sservices et du droit d’établissement, ainsi que <strong>de</strong>s produits agricoles, <strong>de</strong>sproduits agricoles transformés et <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche. La finalisation<strong>de</strong> ces négociations, accompagnée d’avancées dans l’approximationrèglementaire, constitue une nouvelle étape dans les re<strong>la</strong>tions UE/Tunisieet vers l’intégration <strong>de</strong> l’économie tunisienne dans le marché unique.La coopération institutionnelle, à travers le Conseil d’association UE-Tunisie, et ses sous-comités ou groupes <strong>de</strong> travail, a permis <strong>de</strong> progresserdans <strong>la</strong> mise en œuvre du P<strong>la</strong>n d’action PEV (17). Si <strong>de</strong>s progrès ontété enregistrés dans <strong>de</strong> nombreux domaines <strong>de</strong> coopération repris dansle P<strong>la</strong>n d’action (réformes économiques et réglementaires, politiquesociale, protection <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme, coordination en matière <strong>de</strong>lutte contre le terrorisme, <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s frontières, <strong>la</strong> coopération surles questions migratoires…), c’est en matière <strong>de</strong> démocratie que lesobjectifs fixés n’ont pas été atteints. L’approfondissement du dialoguen’est pas parvenu à lever les points <strong>de</strong> friction sur les questions <strong>de</strong> droits <strong>de</strong>l’homme, notamment en matière <strong>de</strong> liberté d’association et d’expression etd’indépendance <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice (18). Ce sont <strong>de</strong>s défis qu’il reste à relever<strong>pour</strong> asseoir durablement l’Etat <strong>de</strong> droit, élément essentiel d’un véritablerapprochement vers l’UE, surtout <strong>pour</strong> pouvoir bénéficier <strong>de</strong>s dispositionsdu <strong>Statut</strong> avancé.(16) En matière commerciale, <strong>la</strong> Tunisie a été le premier partenaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> région à entrer en zone<strong>de</strong> libre-échange <strong>pour</strong> les produits industriels.(17) <strong>Le</strong> P<strong>la</strong>n d’Action PEV entre l’UE et <strong>la</strong> Tunisie a été adopté en juillet 2005, <strong>pour</strong> une pério<strong>de</strong><strong>de</strong> trois à cinq ans.(18) Voir le premier rapport <strong>de</strong> suivi adopté en décembre 2006 et le <strong>de</strong>uxième en avril 2008.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 57La Tunisie a manifesté son intérêt <strong>pour</strong> un partenariat renforcé avecl’UE dans le même esprit que le « statut avancé » qui a été mis en p<strong>la</strong>ceavec le Maroc. La Tunisie est le pays le plus avancé dans <strong>la</strong> mise en œuvre<strong>de</strong> <strong>la</strong> ZLE, puisque <strong>de</strong>puis le 1 er janvier 2008, tous les tarifs <strong>pour</strong> lesproduits industriels ont été abolis, <strong>de</strong>ux années en avance sur l’échéanceinitiale. Une intense coopération institutionnelle, à travers le Conseild’association UE-Tunisie, le Comité d’association et les dix sous-comitésou groupes <strong>de</strong> travail institués, a permis aux <strong>de</strong>ux parties <strong>de</strong> progresserdans <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’Accord d’association et du P<strong>la</strong>n d’action PEVqui a été adopté en juillet 2005. <strong>Le</strong>s négociations bi<strong>la</strong>térales avec l’UEsur <strong>la</strong> <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> libéralisation progressive du commerce <strong>de</strong>s serviceset du droit d’établissement ont été <strong>la</strong>ncées en mars 2008, ainsi que lesnégociations <strong>pour</strong> <strong>la</strong> libéralisation du commerce <strong>de</strong>s produits agricoles,<strong>de</strong>s produits agricoles transformés et <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche.C’est dans ce contexte, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> 7 e session du Conseil d’associationUE-Tunisie, tenue en novembre 2008, que <strong>la</strong> Tunisie, en commun accordavec l’UE, a décidé <strong>de</strong> constituer un comité ad hoc chargé d’engager uneréflexion commune <strong>pour</strong> définir le cadre et les objectifs d’un partenariatrenforcé permettant à <strong>la</strong> Tunisie d’accé<strong>de</strong>r à un statut avancé dans sesre<strong>la</strong>tions avec l’UE. <strong>Le</strong> ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères M. Ab<strong>de</strong>lwahebAbdal<strong>la</strong>h, en a fait l’annonce <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong>s conseillers, soulignant<strong>la</strong> satisfaction <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie quant aux « progrès accomplis dans <strong>la</strong> mise enœuvre <strong>de</strong> notre p<strong>la</strong>n d’action commun ». En matière <strong>de</strong> démocratie et <strong>de</strong>droits <strong>de</strong> l’homme, le dialogue dans le cadre du sous-comité compétent aété <strong>pour</strong>suivi et approfondi, mais il n’en reste pas moins que les objectifsfixés, notamment en matière <strong>de</strong> libertés d’association et d’expression,n’ont pas été atteints. Benita Ferrero-Waldner, Commissaire aux re<strong>la</strong>tionsextérieures et à <strong>la</strong> politique européenne <strong>de</strong> voisinage a précisé : « Nousavons également réussi à établir un dialogue constructif au sujet <strong>de</strong>s droits<strong>de</strong> l’homme et nous sommes confiants qu’il sera développé davantage afinqu’il puisse produire <strong>de</strong>s progrès.»Au début <strong>de</strong> 2009, <strong>la</strong> Tunisie et l’UE ont entamé <strong>de</strong>s discussions <strong>pour</strong>é<strong>la</strong>borer une « feuille <strong>de</strong> route » <strong>de</strong>stinée à rehausser le niveau <strong>de</strong> leurpartenariat et lui conférer un « statut avancé » dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique<strong>de</strong> voisinage. Mais on n’est qu’au début du processus <strong>de</strong> réflexion parun groupe <strong>de</strong> travail conjoint dont les travaux n’ont pas encore démarré.Cette réflexion <strong>de</strong>vrait se dérouler dans le même esprit que celui qui


58Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouia conduit à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un partenariat renforcé entre l’UE et leMaroc. La Tunisie s’apprête à adhérer à <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong> Venise quise compose actuellement <strong>de</strong>s 47 pays membres du Conseil <strong>de</strong> l’Europeet <strong>de</strong> quelques autres pays non européens. L’adhésion à <strong>la</strong> Commissioneuropéenne <strong>de</strong> Venise (organe consultatif du Conseil <strong>de</strong> l’Europe sur lesquestions constitutionnelles) constituera un prélu<strong>de</strong> <strong>pour</strong> bénéficier d’unstatut plus renforcé au Conseil <strong>de</strong> l’Europe puis au Conseil parlementaire<strong>de</strong> l’Europe.Elle portera vraisemb<strong>la</strong>blement sur le <strong>la</strong>rge éventail <strong>de</strong>s actionsprioritaires définies par le P<strong>la</strong>n d’action et qui correspon<strong>de</strong>nt aux champsd’application <strong>de</strong> l’Accord d’association. Parmi ces priorités qui gar<strong>de</strong>nttoutes leur importance figurent notamment les réformes garantissant<strong>la</strong> démocratie et l’Etat <strong>de</strong> droit, le renforcement du dialogue politiqueet <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération notamment en matière <strong>de</strong> démocratie et <strong>de</strong> droits<strong>de</strong> l’homme, <strong>de</strong> politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> coopérationdans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre le terrorisme en tenant compte durespect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, l’amélioration <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong>sconditions <strong>pour</strong> le développement d’entreprises compétitives et <strong>de</strong> l’espritd’entreprise, <strong>la</strong> facilitation du commerce <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s services, ycompris par <strong>la</strong> négociation d’accords <strong>de</strong> libre-échange, le rapprochement<strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation technique, les normes et procédures d’évaluation <strong>de</strong><strong>la</strong> conformité, le développement <strong>de</strong>s secteurs du transport et <strong>de</strong> l’énergiebasé sur <strong>la</strong> sécurité et <strong>la</strong> sûreté, et <strong>la</strong> gestion efficace <strong>de</strong>s flux migratoires,y compris <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> conclure un accord <strong>de</strong> réadmission avec <strong>la</strong>Communauté européenne.C’est sur <strong>la</strong> base d’une évaluation commune <strong>de</strong>s progrès accomplisdans <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s objectifs contenus dans ce p<strong>la</strong>n d’action que l’UEet <strong>la</strong> Tunisie <strong>pour</strong>ront prendre <strong>de</strong>s décisions concernant l’étape suivantedu développement <strong>de</strong> leurs re<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales, incluant <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong>nouveaux liens contractuels. Ceci <strong>pour</strong>rait prendre <strong>la</strong> forme d’un <strong>Statut</strong>avancé ou d’un Accord <strong>de</strong> voisinage.Israël ou <strong>la</strong> confirmation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dimension stratégiqueA fin 2007, le gouvernement israélien a transmis à l’Union européenneun document non officiel <strong>de</strong>mandant un « statut spécial » dans le cadre <strong>de</strong><strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinage. L’État d’Israël vou<strong>la</strong>it ainsi participer


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 59à plusieurs politiques et programmes communautaires, notamment<strong>pour</strong> renforcer <strong>la</strong> coopération technologique et commerciale, maiségalement participer aux réunions du Conseil ayant trait à l’économie, àl’environnement, à l’énergie ou à <strong>la</strong> sécurité. Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a été examinéeet accueillie favorablement lors du huitième Conseil d’association entrel’UE et Israël tenu le 16 juin 2008. Il faut ici souligner que les négociationsautour du contenu possible <strong>de</strong> ce « rehaussement » <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions se sontdéroulées dans <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> opacité jusqu’au Conseil d’association (CA).<strong>Le</strong> texte du Conseil, qui précise que les intérêts et objectifs communs <strong>de</strong>sparties incluent « notamment <strong>la</strong> résolution du conflit israélo-palestinien par<strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution à <strong>de</strong>ux Etats », prévoit le renforcement <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions politiques, stratégiques, <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> défense, économiques,commerciales, scientifiques et technologiques...La position du CA a suscité une vive critique <strong>de</strong>s parlementaireseuropéens tant sur le fond que sur <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> et l’absence <strong>de</strong> transparence<strong>de</strong> ce processus. Tous les groupes politiques confondus concluaient àl’inopportunité d’ouvrir <strong>de</strong> telles négociations, au vu <strong>de</strong> <strong>la</strong> dégradation <strong>de</strong><strong>la</strong> situation et du non-respect <strong>de</strong>s engagements d’Annapolis. De même,le 3 décembre 2008, le Parlement européen a repoussé le vote sur <strong>la</strong>participation accrue d’Israël aux programmes communautaires, au motifque <strong>la</strong> situation humanitaire à Gaza ne se prêtait pas à un rehaussement<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions avec Israël.Pourtant, contre toute attente, <strong>la</strong> proposition du Conseil d’association aété examinée par le Conseil « affaires étrangères et re<strong>la</strong>tions extérieures » du8 décembre 2008, qui a affirmé, en guise <strong>de</strong> conclusion, « <strong>la</strong> déterminationdu Conseil à rehausser le niveau et l’intensité <strong>de</strong> sa re<strong>la</strong>tion avec Israël, à<strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> l’adoption du nouvel instrument qui succé<strong>de</strong>ra à l’actuel P<strong>la</strong>nd’action « PEV » », sans toutefois, il faut le souligner, définir quel seraitcet instrument. Certes, ce rehaussement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales a été <strong>de</strong>facto gelé, fin avril 2009. Mais ce<strong>la</strong> n’a pas empêché <strong>la</strong> <strong>pour</strong>suite d’unecoopération étroite, tant sur les p<strong>la</strong>ns économique et commercial qu’auxniveaux politique et même stratégique.L’annexe <strong>de</strong>s conclusions du Conseil définit les lignes directrices envue du renforcement <strong>de</strong>s structures du dialogue politique avec Israël.Elles consistent en l’ouverture du champ <strong>de</strong>s négociations ministérielles,l’ouverture à Israël du Comité politique et <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne, <strong>la</strong> facilitation <strong>de</strong> l’audition d’experts israéliens par les


60Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouigroupes et comités du Conseil, <strong>la</strong> systématisation et l’é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong>sconsultations stratégiques informelles, l’approfondissement <strong>de</strong>s échangesthématiques, notamment sur les droits <strong>de</strong> l’homme, l’encouragementd’Israël à s’aligner sur <strong>la</strong> Politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité commune,<strong>la</strong> mise en œuvre d’une coopération <strong>de</strong> terrain en matière <strong>de</strong> Politiqueeuropéenne <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> défense (PESD), l’insertion et l’implicationd’Israël dans les enceintes multi<strong>la</strong>térales et, enfin, l’approfondissement dudialogue inter-parlementaire.De fait, l’État d’Israël <strong>de</strong>mandait un partenariat politique qui n’ajamais été accordé à ce jour à aucun pays au titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong>voisinage. Cette coopération renforcée prévoirait trois réunions annuellesUE-Israël au niveau <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères et <strong>la</strong> possibilité<strong>pour</strong> chaque prési<strong>de</strong>nce tournante <strong>de</strong> l’UE d’inviter un responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong>diplomatie israélienne à une réunion <strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> l’UE sur lesquestions <strong>de</strong> sécurité. L’UE se dit prête aussi à envisager « <strong>la</strong> possibilitéd’inviter Israël à participer aux missions civiles » menées dans le cadre <strong>de</strong>sa politique <strong>de</strong> défense et <strong>de</strong> sécurité, « au cas par cas et lorsque l’intérêtcommun s’y prêtera », et à avoir avec Israël, « au moins une fois par an »,un dialogue informel sur les gran<strong>de</strong>s questions stratégiques.Sur le fond et par respect <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> droit international etcommunautaires, il est déplorable que l’État d’Israël puisse se voiroctroyer comme une récompense un statut spécifique <strong>de</strong> quasi membre<strong>de</strong> l’Union, alors même que, sur le terrain, il accélère <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>colonies, maintient le bouc<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s territoires palestiniens, notammentdans <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gaza, et pratique <strong>de</strong> nombreuses formes <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong> l’homme.<strong>Le</strong> Partenariat oriental ou le <strong>Statut</strong> le plus avancé ?<strong>Le</strong>s partenaires d’Europe orientale et du Caucase du Sud souhaitentintensifier leurs re<strong>la</strong>tions avec l’Union européenne. La politique <strong>de</strong>l’Union à leur égard doit être proactive et sans équivoque. Aussi le Conseileuropéen <strong>de</strong>s 19 et 20 juin 2008 a-t-il invité <strong>la</strong> Commission à é<strong>la</strong>borer uneproposition re<strong>la</strong>tive à un « Partenariat oriental » en soulignant <strong>la</strong> nécessitéd’une approche différenciée qui respecte <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV en tant quecadre stratégique cohérent et unique.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 61La communication <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission a formulé <strong>de</strong>s propositionsporteuses d’un message politique fort insistant sur <strong>la</strong> mise en œuvre duPartenariat oriental sur <strong>la</strong> base d’un engagement politique profond etsans faille <strong>de</strong>s États membres <strong>de</strong> l’Union européenne. « L’Union doit êtreouverte à ces aspirations en offrant un niveau d’association politique plusélevé et en intensifiant progressivement les re<strong>la</strong>tions dans <strong>de</strong>s domainesessentiels. »Des accords d’association négociés avec les partenaires seraientle nouveau cadre contractuel <strong>pour</strong> un engagement plus profond, quiremp<strong>la</strong>cerait les accords <strong>de</strong> partenariat et <strong>de</strong> coopération actuels. Cesaccords ont <strong>pour</strong> objet, entre autres, d’instaurer une zone <strong>de</strong> libre-échangerenforcée et globale avec chacun <strong>de</strong>s pays partenaires.Trois domaines donnent à ces négociations une dimension plus profon<strong>de</strong>que les re<strong>la</strong>tions qui caractérisent le statut avancé en cours avec le Maroc.Tout d’abord, <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité : les pays partenaires insistent surle fait qu’elle représente un test décisif du nouveau partenariat qui <strong>de</strong>vraitavoir <strong>pour</strong> priorité <strong>de</strong> promouvoir <strong>la</strong> mobilité dans un environnementsûr. L’Union <strong>de</strong>vrait offrir aux partenaires <strong>de</strong>s pactes <strong>de</strong> « mobilité etsécurité ». L’UE s’est engagée, une fois les accords d’assouplissement et<strong>de</strong> réadmission effectivement mis en œuvre, à entamer le dialogue avecl’ensemble <strong>de</strong>s partenaires au sujet <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements sans obligation <strong>de</strong>visa. L’Union européenne pratiquerait une ouverture ciblée du marché dutravail <strong>de</strong> l’Union aux citoyens <strong>de</strong>s partenaires et prendrait <strong>de</strong>s mesures<strong>pour</strong> faciliter <strong>la</strong> migration circu<strong>la</strong>ire, dans le cadre <strong>de</strong>s partenariats <strong>pour</strong><strong>la</strong> mobilité.Ensuite, le soutien au développement régional <strong>de</strong>s pays partenaires.Certains partenaires sont confrontés à <strong>de</strong>s problèmes structurels résultant <strong>de</strong>fortes disparités économiques entre leurs régions et groupes <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion.Ils souhaitent pouvoir tirer parti <strong>de</strong> l’expérience et <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong>spolitiques économiques et sociales <strong>de</strong> l’UE. La Commission propose<strong>de</strong>s protocoles d’accord sur <strong>la</strong> politique régionale avec les partenairescomme base <strong>de</strong> dialogue, une coopération au moyen d’un financementsupplémentaire dans le cadre <strong>de</strong> programmes-pilotes <strong>de</strong> développementrégional répondant aux besoins locaux en termes d’infrastructures, <strong>de</strong>capital humain et <strong>de</strong> petites et moyennes entreprises (PME) s’inspirant <strong>de</strong><strong>la</strong> politique <strong>de</strong> cohésion <strong>de</strong> l’UE, une coopération directe entre les régions<strong>de</strong> l’UE et les pays partenaires, notamment <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s partenaires


62Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiconcernés aux programmes transnationaux existants en Europe du Sud-Est, centrale et septentrionale, et l’extension aux frontières entre lespartenaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération transfrontalière financée au titre <strong>de</strong> l’IEVP etactuellement mise en œuvre aux frontières extérieures <strong>de</strong> l’UE.Enfin, l’UE propose, à chacun d’eux, un programme global <strong>de</strong>renforcement <strong>de</strong>s institutions visant à améliorer les capacités administrativesdans tous les secteurs <strong>de</strong> coopération concernés, programme cofinancé parl’Instrument européen <strong>de</strong> voisinage et <strong>de</strong> partenariat (IEVP). La Commissionpropose d’organiser le cadre multi<strong>la</strong>téral du partenariat oriental à quatreniveaux : <strong>de</strong>s réunions bi-annuelles <strong>de</strong>s chefs d’État ou <strong>de</strong> gouvernement,<strong>de</strong>s réunions annuelles <strong>de</strong> printemps <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères <strong>de</strong>l’UE et <strong>de</strong>s partenaires orientaux, <strong>de</strong>s conférences ministérielles sectorielles,quatre p<strong>la</strong>teformes thématiques <strong>de</strong>vraient être mises en p<strong>la</strong>ce en fonction<strong>de</strong>s principaux domaines <strong>de</strong> coopération (démocratie, bonne gouvernanceet stabilité ; intégration économique et convergence avec les politiques <strong>de</strong>l’UE, mécanismes mutuels <strong>de</strong> soutien et <strong>de</strong> sécurité énergétiques, contactsinterpersonnels). Chaque p<strong>la</strong>teforme adoptera un ensemble d’objectifsclésréalistes et régulièrement actualisés – avec un programme <strong>de</strong> travailcorrespondant – et évaluera les progrès réalisés.L’un <strong>de</strong>s signaux les plus c<strong>la</strong>irs d’un engagement concret <strong>de</strong> l’UE estun niveau <strong>de</strong> financement conforme au niveau d’ambition politique dupartenariat. Des ressources financières sensiblement plus élevées sontnécessaires <strong>pour</strong> réaliser les objectifs définis dans <strong>la</strong> proposition. <strong>Le</strong>financement actuel au titre <strong>de</strong> l’IEVP <strong>pour</strong> les partenaires s’élève à environ450 millions d’euros en 2008. La Commission a l’intention <strong>de</strong> proposerson augmentation progressive <strong>pour</strong> qu’il atteigne quelque 785 millionsd’euros en 2013.Conclusion<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé est donc une approche dynamique, mais qui fixe <strong>de</strong>srepères dans <strong>la</strong> progressivité <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre les <strong>de</strong>ux partenaires. Il n’apas comme point <strong>de</strong> départ ni comme promesse une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’adhésion,mais il n’exclut pas non plus une adhésion éventuelle à long terme. Entreun non actuel et un oui d’un futur encore assez éloigné, il reste un vastespectre d’actions permettant <strong>de</strong> créer une dynamique vertueuse, un scénariodans lequel chacun <strong>de</strong>s partenaires serait gagnant. Quel est-il ce scénario


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 63“gagnant-gagnant” ? La réponse est simple : stabilité, sécurité et prospéritépartagée. La région est <strong>de</strong>venue un foyer <strong>de</strong> crises. L’Europe ne peutrésoudre seule les sources <strong>de</strong> déstabilisation : immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine,trafic <strong>de</strong> drogue, b<strong>la</strong>nchiment d’argent, terrorisme. La pierre angu<strong>la</strong>ire<strong>de</strong> cette perspective est l’ancrage d’une alliance stratégique, condition <strong>de</strong>succès <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres volets.<strong>Le</strong> Maroc réaffirme sa position d’acteur <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions euroméditerranéenneset <strong>de</strong> médiateur dans les re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> voisinage é<strong>la</strong>rgiavec l’Afrique sub-saharienne. S’il est d’abord l’expression d’unevolonté politique, le <strong>Statut</strong> avancé est aussi une dimension économiqueet financière d’égale ambition. Ce qui signifie faciliter l’accès <strong>de</strong>s bienset services au marché européen, négocier au mieux le transfert <strong>de</strong> l’acquiscommunautaire, harmoniser les politiques communes (concurrence,fiscalité, monnaie), intégrer le Maroc dans les programmes, réseauxet agences communautaires. Enfin, <strong>la</strong> dimension culturelle, sociale ethumaine est aussi fortement réaffirmée <strong>pour</strong> faire en sorte que <strong>la</strong> frontièrene fasse pas obstacle aux échanges culturels et humains.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé est-il un modèle unique ou serait-il plutôt une approchequi favorise une différenciation <strong>de</strong> plus en plus poussée entre les partenaires<strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong> voisinage, qui menace sa cohérence ? La cohérence<strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong> voisinage ne serait-elle pas davantage menacée par ledéveloppement d’une différenciation <strong>de</strong> plus en plus individualisée entre lespartenaires ? En quelque sorte, chaque partenaire aspire à <strong>la</strong> déterminationd’un statut ad hoc qui lui soit spécifique et entend renforcer ses re<strong>la</strong>tionsbi<strong>la</strong>térales avec l’Union européenne, au détriment <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération régionaleà <strong>la</strong>quelle est censée aboutir cette Politique <strong>de</strong> voisinage.La multiplication <strong>de</strong> ces statuts ad hoc risque néanmoins <strong>de</strong> poserquelques problèmes. L’UE doit-elle les encourager et créer une sorte <strong>de</strong>politique d’accords à <strong>la</strong> carte ? Dans ce cas, <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinagea-t-elle encore une raison d’être ? Peut-elle encore apporter une valeurajoutée substantielle ? <strong>Le</strong> risque d’encourager <strong>la</strong> différenciation etl’individualisation <strong>de</strong>s statuts consiste à diluer <strong>la</strong> solidarité qui peutexister entre l’ensemble <strong>de</strong>s pays voisins et à compromettre définitivementl’objectif <strong>de</strong> coopération régionale. Or, <strong>la</strong> coopération régionale peut êtreun outil <strong>de</strong> développement et d’autonomie précieux <strong>pour</strong> le voisinage<strong>de</strong> l’Union européenne, tout comme elle peut contribuer à résoudre lesconflits gelés. La négociation <strong>de</strong> statuts ad hoc tend aussi à rendre les


64Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouipays voisins plus dépendants <strong>de</strong> l’Union européenne, ce qui ne correspondpas forcément à l’objectif <strong>de</strong> développement visé par <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong>voisinage.Au total, si elle est un signe <strong>de</strong> réussite, dans <strong>la</strong> mesure où elle traduitl’adaptation à <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> chaque partenaire, <strong>la</strong> différenciation est aussiporteuse <strong>de</strong> risques d’éc<strong>la</strong>tement <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong> voisinage qui, au furet à mesure <strong>de</strong> sa mise en œuvre, risque <strong>de</strong> ressembler <strong>de</strong> plus en plus àune mosaïque d’accords et d’instruments reflétant un voisinage à plusieursvitesses. Tout ceci posera inévitablement, à terme, un problème d’arbitrageentre différenciation et cohérence <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong> voisinage.


<strong>Le</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » Maroc/UE : quelle valeur ajoutée à <strong>la</strong> PEV ? 65RéférencesCommission <strong>de</strong>s communautés européennesProposition <strong>de</strong> décision du Conseil re<strong>la</strong>tive à l’accord re<strong>la</strong>tif aux principesgénéraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation <strong>de</strong> l’Etat d’Israël aux programmescommunautaires, Bruxelles, le 14 novembre 2007, COM (2007) 713final.Document <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission. Politique européenne<strong>de</strong> Voisinage. Rapport sur <strong>la</strong> Jordanie. Bruxelles, le 12 mai 2004,COM (2004) 373 final.Document <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission. Politique Européenne<strong>de</strong> Voisinage. Rapport sur Israël, Bruxelles, le 12 mai 2004. COM(2004) 568 final.Communication <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission au Parlement européen et au Conseil.Document <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission. Mise en œuvre <strong>de</strong><strong>la</strong> PEV. Rapport <strong>de</strong> suivi Tunisie 2008, Bruxelles, le 23 avril 2009,SEC (2009) 5212.Communication <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission au Parlement européen et au Conseil.Document <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission. Mise en œuvre <strong>de</strong><strong>la</strong> PEV. Rapport <strong>de</strong> suivi Maroc 2007, Bruxelles, le 3 avril 2008, SEC(2008) 398.Communication <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission au Parlement européen et au Conseil.Document <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission. Mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong>PEV. Rapport <strong>de</strong> suivi, Maroc 2008, Bruxelles, 2009, SEC (2009) 590/2.Communication concernant l’approche générale visant à permettreaux partenaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV <strong>de</strong> participer aux travaux <strong>de</strong>s agencescommunautaires et aux programmes communautaires.Conseil d’association UE-Maroc, Sixième session, Bruxelles, le 23 juillet2007, Document ronéotypé.Conseil d’association UE-Jordanie : conférence <strong>de</strong> presse conjointe dusecrétaire d’Etat chargé <strong>de</strong>s Affaires européennes et du ministrejordanien <strong>de</strong>s Affaires étrangères (Bruxelles, 10 novembre 2008).Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’Union européenne, Septième session du Conseild’Association UE-Maroc, Luxembourg, le 13 octobre 2008.Germain-Robin Françoise, Israël et le partenariat euro-méditerranéen,Revue Géostratégie, n° 8, juillet 2005.Instrument <strong>de</strong> voisinage et partenariat européen, Programme <strong>pour</strong> <strong>la</strong>région orientale, Document <strong>de</strong> stratégie 2007-2013.


66Larbi Jaidi, Nezha A<strong>la</strong>ouiMorocco, National Indicative Programme 2011-2013, Concept Note.Extraits.Commission européenne, Représentation au Luxembourg, communiqué<strong>de</strong> presse du 3 décembre 2008, Partenariat oriental, nouveau chapitreambitieux <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre l’UE et ses voisins orientaux.Europe, Synthèses <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’UE. Participation auxtravaux <strong>de</strong>s agences et aux programmes communautaires :http://europa.eu/legis<strong>la</strong>tion_summaries/external_re<strong>la</strong>tions/re<strong>la</strong>tions_with_third_countries/eastern_europe_and_central_asia/r15015_fr.htmLannon Erwan, Braga <strong>de</strong> Macedo Jorge, De Vasconcelos Alvaro, « Maroc-UE : vers un statut avancé dans le cadre du PEM et <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV »,Papiers IEMED, novembre 2007.Jaidi Larabi, « <strong>Le</strong> Maroc entre le <strong>Statut</strong> avancé et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée », Working Paper, Cahiers bleus, Fondation Ab<strong>de</strong>rrahimBouabid, Maroc 2008.Jaidi Larabi, « <strong>Le</strong>s re<strong>la</strong>tions entre le Maroc et l’UE : où en est le P<strong>la</strong>nd’action », <strong>Le</strong>ttre du Centre marocain <strong>de</strong> conjoncture, n° 210, mai2006, Casab<strong>la</strong>nca, Maroc.Jaidi Larbi, « <strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé : du sens et <strong>de</strong> <strong>la</strong> substance », chroniquedans <strong>la</strong> Vie Economique, 5 octobre 2007.Jaidi Larabi, « <strong>Le</strong> projet <strong>de</strong> « <strong>Statut</strong> avancé » entre l’UE et le Maroc : unnouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> partenariat ? », Revue Afkar, juillet, 2008.Martín Iván, How to advance the EU-Morocco « Advanced Status »,Instituto Complutense <strong>de</strong> Estudios Internacionales, Madrid, 2009.République française, Sénat : Rapport d’information sur <strong>la</strong> Politiqueeuropéenne <strong>de</strong> voisinage, n° 451, session extraordinaire <strong>de</strong> 2007-2008,juillet 2008.Royaume du Maroc, Document conjoint Union européenne-Maroc sur lerenforcement <strong>de</strong>s réalités bi<strong>la</strong>térales/<strong>Statut</strong> avancé, décembre 2008,ronéotypé.Royaume du Maroc, Ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coopération :<strong>Le</strong> Maroc et l’UE, le Partenariat Maroc-UE : vers <strong>la</strong> concrétisation du<strong>Statut</strong> avancé, 2008.


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé :quels enjeux <strong>pour</strong> le Maroc dans ses rapportsavec l’Union européenne ?Fouad M. Ammor (19)<strong>Le</strong> rapprochement avec l’UE a toujours constitué <strong>pour</strong> le Maroc unchoix stratégique fondamental <strong>de</strong> sa politique étrangère. <strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé,plus que le statut <strong>de</strong> « voisin » dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique européenne <strong>de</strong>voisinage (PEV), permettra au Maroc <strong>de</strong> renforcer son ancrage stratégiqueavec l’Union européenne. Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV, le Maroc tend àintégrer progressivement le marché intérieur <strong>de</strong> l’UE et ses structuresréglementaires.Il y a lieu <strong>de</strong> rappeler que, <strong>de</strong>puis que l’ex-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commissioneuropéenne, Romano Prodi, a <strong>la</strong>ncé en 2003 sa phrase <strong>la</strong>conique mais nonmoins significative « Tout sauf les institutions » à l’égard <strong>de</strong>s partenaires<strong>de</strong> l’Union européenne, <strong>la</strong> voie est frayée <strong>pour</strong> un possible traitementspécial <strong>de</strong>s partenaires, parfaitement en phase avec l’esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politiqueeuropéenne <strong>de</strong> voisinage.<strong>Le</strong> Maroc, dont le <strong>de</strong>rnier accord d’association avec l’Union européenneest entré en vigueur en 2000, est considéré parmi les quatre meilleurspartenaires <strong>de</strong> l’UE à côté <strong>de</strong> l’Ukraine, Israël et <strong>la</strong> Moldavie, auxquelsl’UE est disposée à offrir <strong>de</strong>s avantages supplémentaires.En effet le Maroc, conscient <strong>de</strong> ses atouts – proximité géographique,épaisseur historique aussi bien récente qu’ancienne, participation dans lesprogrammes <strong>de</strong> sécurité (Dialogue méditerranéen <strong>de</strong> l’OTAN, Dialogue5+5, PESD) et <strong>de</strong> coopération (Processus <strong>de</strong> Barcelone, Union <strong>pour</strong><strong>la</strong> Méditerranée…), engagement, encore à parfaire, dans <strong>de</strong>s réformesinternes – n’hésite pas à faire valoir son désir <strong>de</strong> jouir d’un traitement suigeneris. Il fallut attendre quatre ans <strong>pour</strong> qu’en octobre 2008 l’accord dustatut avancé soit signé entre le Maroc et l’Union européenne.(19) Chercheur universitaire.


68Fouad M. AmmorUn rappel historique <strong>de</strong>s rapports entre le Maroc et l’UE (CEEauparavant et ce, jusqu’en 1992) montre que <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du statut avancéest en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> l’adhésion pure et simple <strong>de</strong>mandée par Hassan II déjàen 1984 et réitérée en 1987 (20). <strong>Le</strong> « désir » d’Europe constitue uneconstante dans <strong>la</strong> politique extérieure du Maroc. Feu Hassan II présenta sa<strong>de</strong>man<strong>de</strong> dans un contexte marqué par <strong>la</strong> guerre froi<strong>de</strong> et <strong>la</strong> confrontationEst-Ouest où, selon les termes du défunt roi, l’Europe « manquait <strong>de</strong> reculstratégique » qu’elle pouvait trouver au Maroc. L’option libérale du Marocen est une composante nodale.On savait bien à l’époque que <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’adhésion n’al<strong>la</strong>it pasaboutir et ce, en dépit du soutien français. François Mitterrand, Prési<strong>de</strong>ntdu Conseil européen avait répondu le 15 juillet 1984 à <strong>la</strong> lettre royale parun soutien explicite à <strong>la</strong> thèse marocaine : « J’ai exposé le contenu <strong>de</strong> votrelettre aux chefs <strong>de</strong> gouvernement <strong>de</strong>s pays membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communautélors du Conseil européen <strong>de</strong> Fontainebleau. J’ai présenté l’argumentation<strong>de</strong> votre Majesté et appuyé vos thèses. <strong>Le</strong>s membres du Conseil européenont pris acte <strong>de</strong> vos intentions (21). »Plusieurs raisons expliquaient à l’époque <strong>la</strong> candidature marocaine à<strong>la</strong> CEE : 1. <strong>Le</strong>s re<strong>la</strong>tions avec le voisin algérien dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerrefroi<strong>de</strong> (et <strong>de</strong> son soutien tous azimuts au Polisario) étaient au creux <strong>de</strong> <strong>la</strong>vague. La non digestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> marche verte par les algériens était manifestedans leur politique régionale. 2. La Turquie a présenté sa candidatureà <strong>la</strong> CEE. <strong>Le</strong> Maroc ne voyait pas <strong>la</strong> Turquie plus européenne que leMaroc. 3. <strong>Le</strong>s perspectives d’entrée <strong>de</strong> l’Espagne et du Portugal dans <strong>la</strong>Communauté étaient porteuses <strong>de</strong> difficultés <strong>pour</strong> le Maroc. Ces <strong>de</strong>ux paysconcurrençaient le Maroc dans un grand nombre <strong>de</strong> ses produits, surtoutagricoles, <strong>de</strong>stinés à l’exportation.Hassan II n’était pas dupe quant au refus réservé à <strong>la</strong> candidature duMaroc. « Ce refus ne peut être que politique et ne peut, par conséquent, releverdu seul critère d’appartenance géographique <strong>de</strong> l’Europe (22). » Avec saténacité habituelle, Hassan II, en montant au créneau, avançait : « Nousvoudrions être à l’Europe ce que le Mexique est à l’Amérique (23). »(20) Réda Guédira, « Hassan II et <strong>la</strong> CEE », in Géopolitique n° 10, 1985.(21) Réda Guédira op cit. p. 29.(22) Maroc Soir du 18 novembre 1987, Interview <strong>de</strong> Hassan II, le 25 octobre 1987 à MmeForsenet, envoyée spéciale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Télévision suédoise.(23) Entretien avec Hassan II, Libération (France) du mardi 7 juillet 1992.


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé : quels enjeux <strong>pour</strong> le Maroc dans ses rapports avec l’U.E ? 69<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé <strong>de</strong>mandé par le Maroc est dans <strong>la</strong> logique qui a toujoursprésidé à sa perception <strong>de</strong> l’Europe. « Nous pensons, en ce qui nousconcerne, que le Maroc avait <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions plus étroites avec l’Europe qued’autres pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> région (24). »Plus proche <strong>de</strong> nous, <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinage se révèle uncadre permissif du <strong>Statut</strong> avancé. L’Union européenne, lors du <strong>la</strong>ncement<strong>de</strong> sa Politique <strong>de</strong> voisinage en 2003 (<strong>de</strong>venue réalité le 1 er mai 2004),a bel et bien fixé les limites <strong>de</strong> ses rapports avec ses partenaires. Entreêtre membre à part entière <strong>de</strong> l’Union européenne et être voisin, il y a unpossible espace <strong>de</strong> coopération flexible et extensible. Pour explorer cetespace et les possibilités y afférentes, une cellule <strong>de</strong> réflexion Maroc-UEsur le <strong>Statut</strong> avancé a été constituée en avril 2003.Par sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> « statut avancé », le Maroc entend tirer le maximum<strong>de</strong> cet espace. Un groupe <strong>de</strong> travail ad hoc maroco-européen, dont <strong>la</strong>constitution a été décidée à l’occasion du Conseil d’association UE-Maroc<strong>de</strong> juillet 2007, a travaillé tout le long <strong>de</strong> 2007-2008 <strong>pour</strong> donner corpsà cette proposition. En octobre 2008, un document conjoint UE-Marocsur le renforcement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales/<strong>Statut</strong> avancé, en marge du7 e Conseil d’association Maroc-UE a été adopté.Ce groupe <strong>de</strong> travail, passant en revue les progrès réalisés par le Marocdans le cadre du Partenariat euro-méditerranéen, considère le Maroc sinonun bon « élève » du moins un bon « voisin ». La Politique européenne<strong>de</strong> voisinage (PEV) a permis le renforcement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions politiques,économiques, commerciales, culturelles et humaines entre les <strong>de</strong>uxpartenaires. Aussi ce partenariat traite-t-il également <strong>de</strong>s domaines liés à<strong>la</strong> sécurité collective, à <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s conflits, à <strong>la</strong> bonne gouvernance,à <strong>la</strong> lutte contre le terrorisme, à <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s flux migratoires, etc.<strong>Le</strong> groupe <strong>de</strong> travail voit dans le <strong>Statut</strong> avancé le moyen <strong>de</strong> raffermir <strong>la</strong>coopération politique en vue d’une plus gran<strong>de</strong> intégration progressive duMaroc au marché intérieur <strong>de</strong> l’UE avec, entre autres, un soutien financierapproprié eu égard à cette ambition exprimée par le Maroc. Ce groupe<strong>de</strong> travail, qui n’a pas oublié l’implication <strong>de</strong>s entités territoriales, <strong>de</strong>sacteurs économiques et <strong>de</strong>s partenaires sociaux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parties en vue(24) Ab<strong>de</strong>l<strong>la</strong>tif Fi<strong>la</strong>li, le Figaro du 26 janvier 1995. Cité par A. Belgourch « <strong>Le</strong>s politiquesétrangères maghrébines », Université Cadi Ayyad, Collection <strong>de</strong> <strong>la</strong> Faculté <strong>de</strong>s SJES, Marrakech,série « Thèses et mémoires » n° 8, 2001.


70Fouad M. Ammor<strong>de</strong> concrétiser l’appropriation commune <strong>de</strong> ce partenariat, a convenu <strong>de</strong><strong>pour</strong>suivre <strong>la</strong> réflexion re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> nature et à <strong>la</strong> forme qui remp<strong>la</strong>cera lep<strong>la</strong>n d’action (mo<strong>de</strong> opératoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV) ainsi que le lien contractuel quise substituerait à l’Accord d’association en cours.Au centre <strong>de</strong>s propositions concrètes faites par ce groupe <strong>de</strong> travail setrouve « l’apprentissage en faisant ». La participation du Maroc à certainsprogrammes et agences communautaires lui permettra d’approfondirles réformes (25) dans le but d’une meilleure intégration au Marchécommunautaire. <strong>Le</strong> choix <strong>de</strong> ces programmes et agences est tributaire <strong>de</strong>l’avancée du partenariat Maroc-UE.<strong>Le</strong> groupe reconnaît que les réformes que le Maroc doit réalisernécessitent <strong>de</strong>s moyens financiers supplémentaires. Ceux-ci ne <strong>pour</strong>raientpas être, fondamentalement modifiés avant 2013, dans <strong>la</strong> mesure où,à l’heure actuelle, les Perspectives financières <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>2007-2013 ont déjà fixé le montant maximal du budget <strong>de</strong> l’action extérieure<strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté. Pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> restante (2010-2013), un effortsupplémentaire <strong>pour</strong>rait être envisagé dans le cadre <strong>de</strong> « l’optimisation <strong>de</strong>l’existant » en tenant compte <strong>de</strong>s réalisations faites par le Maroc dans sesefforts <strong>de</strong> rapprochement avec l’UE.D’ici là, suite à l’é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong> l’Union européenne, <strong>la</strong> Commissioneuropéenne a jugé bon <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s mesures concrètes <strong>pour</strong> éviter <strong>de</strong>nouveaux clivages entre l’UE et ses voisins. « L’é<strong>la</strong>rgissement nous anettement rapprochés <strong>de</strong> nos voisins d’Europe <strong>de</strong> l’Est et <strong>de</strong> <strong>la</strong> régionméditerranéenne » a déc<strong>la</strong>ré Günter Verheugen, commissaire chargé <strong>de</strong>l’é<strong>la</strong>rgissement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique européenne <strong>de</strong> voisinage. « Aujourd’hui,nous proposons <strong>de</strong> renforcer nos liens avec ces pays partenaires par <strong>de</strong>nouvelles formes <strong>de</strong> coopération et d’assistance. Nous voulons leur offrir<strong>la</strong> possibilité d’être réellement partie prenante dans l’UE é<strong>la</strong>rgie <strong>pour</strong>qu’ils puissent eux aussi se développer et prospérer. Il est dans l’intérêt<strong>de</strong> l’Europe dans son ensemble <strong>de</strong> voir l’UE entourée d’un cercle <strong>de</strong> payspratiquant <strong>la</strong> bonne gouvernance et proposant <strong>de</strong> nouvelles perspectives <strong>de</strong>démocratie et <strong>de</strong> croissance économique. »(25) <strong>Le</strong> Maroc <strong>de</strong>vrait participer aux agences suivantes : 1. Agence européenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritéaérienne (EASA) ; 2. Observatoire européen <strong>de</strong>s drogues et <strong>de</strong>s toxicomanies (EMCDDA) ;3. Eurojust ; 4. Institut d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sécurité ; 5. Programme compétitivité et innovation (CIP) ;6. Douane 2013 (2008-2013) ; 7. Programme SESAR et Programme Marco Polo.


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé : quels enjeux <strong>pour</strong> le Maroc dans ses rapports avec l’U.E ?71Cette PEV entend dépasser <strong>la</strong> vision traditionnelle consistant à tracer <strong>de</strong>nouvelles frontières en renforçant l’intégration <strong>de</strong> son « cercles d’amis ».A l’égard <strong>de</strong>s pays partenaires méditerranéens, <strong>la</strong> PEV, comme l’Union<strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, n’entend nullement se substituer au processus <strong>de</strong>Barcelone <strong>de</strong> 1995 mais à en approfondir les actions <strong>de</strong> « proximité ».Cette politique entend mettre en œuvre un traitement quasi individuel <strong>de</strong>ses voisins.Chaque voisin <strong>de</strong> l’Union européenne sera traité eu égard à sasituation économique, politique et sociale mais aussi en fonction <strong>de</strong> soneffort à mettre en pratique les réformes économique, politique et socialenécessaires à son rapprochement aux standards européens. C’est doncune mise en œuvre plus ciblée <strong>de</strong>s instruments mis à disposition par lesAccords d’association conclus entre l’Union européenne et ses voisins que<strong>de</strong>s P<strong>la</strong>ns d’action sont négociés avec ces pays. Jusqu’à présent, sept paysont déjà négociés ces p<strong>la</strong>ns, dont le Maroc.Cette PEV, ouvrant <strong>la</strong>rgement <strong>la</strong> porte à ces pays en termes <strong>de</strong>circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s personnes (à termes non encore spécifiés) et d’accès aumarché européen, limite, cependant, tout espoir quant à l’adhésion <strong>de</strong>ces pays à l’Union européenne. Ce qui semble critiquable dans cettePEV est que, dorénavant (26), il n’y a plus <strong>de</strong> benchmarking, pas <strong>de</strong>point <strong>de</strong> référence contraignant. <strong>Le</strong>s pays « voisins » peuvent évoluer,dans les différents domaines (politique, économique, sociale) selon leurrythme, leur vouloir, leur volonté. La conditionnalité n’a plus <strong>de</strong> raisond’être dans <strong>la</strong> PEV, puisqu’il s’agit d’un traitement « à <strong>la</strong> carte ». Ce quiautorise à croire que <strong>la</strong> PEV constitue, en quelque sorte, un recul parrapport au Traité <strong>de</strong> Barcelone. Si on n’est pas contre <strong>la</strong> prise en compte<strong>de</strong>s particu<strong>la</strong>rités locales et <strong>de</strong>s contraintes sociales, il n’en <strong>de</strong>meure pasmoins que l’insistance quant au respect <strong>de</strong>s valeurs communes s’avèreincontournable.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé : atouts et enjeux<strong>Le</strong> Maroc est appelé à faire le p<strong>la</strong>idoyer <strong>de</strong> ses multiples atouts (27).Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s choix économiques re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> mise en application <strong>de</strong>s(26) Fouad M. Ammor, le Partenariat euro-méditerranéen à l’heure <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>rgissement :perceptions du Sud, Publication du GERM, 2004.(27) Nezha A<strong>la</strong>oui M’hamedi, Conférence à l’Institut français, 16 décembre 2009.


72Fouad M. Ammorréformes sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l’incitation à l’investissement, <strong>de</strong> <strong>la</strong> promotion d’unclimat compétitif approprié (mise en p<strong>la</strong>ce du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence,P<strong>la</strong>n Azur, Off-shoring...), les plus importantes avancées sont celles-làmême qui concernent l’environnement humain et <strong>la</strong> bonne gouvernance.En effet, <strong>de</strong>puis 1992, une importante vague <strong>de</strong> réformes politiques a étémise en œuvre suite à <strong>la</strong> décomposition du bloc soviétique, <strong>de</strong>ux révisionsconstitutionnelles successives ont été engagées. <strong>Le</strong>s principales réformespolitiques et institutionnelles qui ont pris forme sont les suivantes :• <strong>la</strong> création du Conseil consultatif <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme (1990) ;• <strong>la</strong> libération <strong>de</strong>s prisonniers politiques et le retour <strong>de</strong>s exilés (août1991, juillet 1993 et mai 1994) ;• <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s tribunaux administratifs (1993) ;• <strong>la</strong> création du ministère chargé <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme (1993) ;• <strong>la</strong> création du Conseil constitutionnel (1994) ;• <strong>la</strong> création du Conseil consultatif <strong>pour</strong> le suivi du dialogue social(1994).<strong>Le</strong> processus <strong>de</strong> réformes s’est <strong>pour</strong>suivi avec l’alternancegouvernementale (1998), l’avènement du Roi Mohammed VI (1999) etl’arsenal <strong>de</strong>s questions sociales et culturelles :• <strong>la</strong> création en 2001 <strong>de</strong> l’Institut royal <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture amazighe (IRCAM)chargé d'œuvrer à <strong>la</strong> réhabilitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>la</strong> culture amazigh ;• <strong>la</strong> création en décembre 2001 <strong>de</strong> l’institution Diwan Al Madhalim,instrument dédié au développement <strong>de</strong> l'intermédiation entre lescitoyens et l’administration ;• l’adoption d’une mesure <strong>de</strong> discrimination positive en faveur <strong>de</strong>sfemmes lors <strong>de</strong>s élections légis<strong>la</strong>tives en septembre 2002, grâce àune liste nationale ; ce procédé avait permis l’accès <strong>de</strong> 30 femmes à<strong>la</strong> première Chambre du parlement, en plus <strong>de</strong>s 5 femmes qui ont étéélues sur <strong>de</strong>s listes locales ;• <strong>la</strong> réforme du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille dans le sens <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong>s sexes et duprogrès social (octobre 2003), mettant ainsi fin à une situation d’injusticeet <strong>de</strong> discrimination à l’égard <strong>de</strong>s femmes qui durait <strong>de</strong>puis 1957 ;• <strong>la</strong> création <strong>de</strong> l’Instance Équité et Réconciliation (janvier 2004)<strong>de</strong>stinée à achever le travail <strong>de</strong> <strong>la</strong> précé<strong>de</strong>nte Commission indépendanted’arbitrage <strong>pour</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation, en recherchant <strong>la</strong> vérité sur les


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé : quels enjeux <strong>pour</strong> le Maroc dans ses rapports avec l’U.E ?73vio<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme liées aux disparitions forcées etaux détentions arbitraires qui ont eu lieu durant ce qu’on appellecommunément “les années <strong>de</strong> plomb” ;• <strong>la</strong> création du Haut Conseil Audiovisuel (novembre 2003).La récente restructuration du ministère <strong>de</strong>s Habous et <strong>de</strong>s Affairesis<strong>la</strong>miques avec, notamment, <strong>la</strong> réactivation <strong>de</strong>s conseils régionaux et duConseil supérieur <strong>de</strong>s Ulémas. Ceux-ci ont d’ailleurs vu l’entrée, <strong>pour</strong> <strong>la</strong>première fois, <strong>de</strong> 36 femmes dans leur composition. La nouvelle réformecomporte aussi <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une stratégie visant le renouveau dudiscours religieux dans le sens <strong>de</strong> l’ouverture, <strong>de</strong> <strong>la</strong> modération et <strong>de</strong> <strong>la</strong>tolérance.<strong>Le</strong> 18 mai 2005, le Roi Mohammed VI a, dans un discours, <strong>la</strong>ncél’Initiative nationale <strong>pour</strong> le développement humain (INDH) en déc<strong>la</strong>rantque « <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges franges <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion marocaine et <strong>de</strong>s zones entières duterritoire national vivent dans <strong>de</strong>s conditions difficiles ».Ces initiatives, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> mise en application, constituent<strong>de</strong>s avancées notoires dans le sens <strong>de</strong> l'établissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonnegouvernance ; cependant, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> faiblesse du Maroc rési<strong>de</strong> dans sesfractures économiques et sociales. Sur le p<strong>la</strong>n socio-économique, leMaroc, en dépit d'efforts importants ces <strong>de</strong>rnières années et l'implicationdu Roi dans <strong>la</strong> tentative d'atténuation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vulnérabilité,continue à traîner <strong>de</strong> lourds « boulets ». L’Indice <strong>de</strong> développementhumain c<strong>la</strong>sse le Maroc au 117 e rang en 1995 puis au 126 e en 2003, au123 e en 2006 (28) et au 126 e en 2008 (29). Ce c<strong>la</strong>ssement reste parmiles plus bas du mon<strong>de</strong>.En effet, si 25 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion marocaine <strong>de</strong>meure économiquementvulnérable, <strong>la</strong> pauvreté affecte aujourd’hui 13,7 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion (23,1 %en zones rurales et 6,3 % en zones urbaines où 30 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tioncontinue <strong>de</strong> vivre dans un habitat insalubre). <strong>Le</strong> taux d’analphabétisme,selon le recensement 2004, reste en effet élevé (43 %) avec une inci<strong>de</strong>nceencore plus marquée dans les zones rurales (60,5 %). Une part importante(28) L’IDH est basé sur un indicateur <strong>de</strong> mesure composite concernant trois dimensions:l’espérance <strong>de</strong> vie (santé et longévité), l’instruction (alphabétisation et sco<strong>la</strong>risation) et leniveau <strong>de</strong> vie mesuré par le revenu en parité <strong>de</strong> pouvoir d’achat, cf. http://www.yenoo.com/fr/news+article.storyid+1790.htm(29) http://www.lopinion.ma/<strong>de</strong>f.asp?co<strong>de</strong><strong>la</strong>ngue=23&id_info=14039&date_ar=2009-10-8


74Fouad M. Ammor<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> 10 ans et plus (42,7 %) n’a aucun niveau d’instruction(villes, 29,5 % et rural, 59,8 %) (30). La situation étant ce qu’elle est, quepeut espérer le Maroc par l’octroi <strong>de</strong> ce <strong>Statut</strong> avancé ?Ce que peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le Maroc en vertu <strong>de</strong> son <strong>Statut</strong> avancé<strong>Le</strong> Groupe <strong>de</strong> travail ad hoc sus mentionné a effectivement réalisé untravail remarquable en termes <strong>de</strong> propositions. Il a passé en revue <strong>la</strong> quasitotalité<strong>de</strong>s secteurs à <strong>la</strong> fois économique, politique, social et culturel. <strong>Le</strong>listing proposé, par son exhaustivité, risque d’aboutir à l’impression du “toutprioritaire”. Il nous semble qu’une tentative <strong>de</strong> hiérarchisation <strong>de</strong>s actionsà entreprendre en priorité s’avère nécessaire. Ce<strong>la</strong> ne veut nullement direque les autres secteurs ne le sont pas ; mais puisqu’il faut gérer <strong>la</strong> pénurie<strong>de</strong>s moyens et <strong>de</strong>s efforts, un ordre <strong>de</strong> priorité <strong>de</strong>s domaines d’interventionest nécessaire. Dans cette veine, trois domaines semblent urgents : 1) uneffort soutenu est à envisager <strong>pour</strong> résoudre le conflit “gelé” du Saharaqui continue d’absorber une part importante du budget marocain ; 2) <strong>la</strong>contribution à <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> l’édification <strong>de</strong> <strong>la</strong> région maghrébine ; 3) <strong>la</strong>mobilisation <strong>de</strong> davantage <strong>de</strong> moyens <strong>pour</strong> concrétiser ce <strong>Statut</strong> avancé entermes d’implication <strong>de</strong>s acteurs institutionnels et <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile.1. Une plus gran<strong>de</strong> implication <strong>de</strong> l’UE dans <strong>la</strong> résolution duconflit du SaharaJusqu’à présent, l’UE s’est montrée timorée face à <strong>la</strong> propositionmarocaine re<strong>la</strong>tive à une <strong>la</strong>rge autonomie <strong>de</strong>s provinces sahariennes dansle cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté marocaine. Cette proposition négociable dansson principe et sa philosophie n’en a reçu qu’une appréciation <strong>de</strong> principe.Ce qui est <strong>de</strong>mandé, nous semble-t-il, c’est un peu plus d’engagementpolitique <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> l’UE qui connaît bien les tenants et les aboutissantshistoriques, politiques et géostratégiques <strong>de</strong> cette épineuse affaire.Cet engagement <strong>de</strong> l’UE est d’autant plus urgent que tout le long <strong>de</strong><strong>la</strong> frontière entre le Maroc et l’Algérie se situe une zone “grise”, objet <strong>de</strong>toutes les surprises. De même, <strong>la</strong> zone qui s’étend du Sahara jusqu’aux paysdu Sahel est aussi poreuse que vaste nécessitant <strong>pour</strong> en assurer le contrôle(30) UNDP country programme document for the Kingdom of Morocco (2007-2011).


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé : quels enjeux <strong>pour</strong> le Maroc dans ses rapports avec l’U.E ?75<strong>de</strong>s moyens coûteux et sophistiqués. Ici, l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’UE est évi<strong>de</strong>mmentprécieuse, vu son expérience en matière <strong>de</strong> “gestion <strong>de</strong>s crises”.<strong>Le</strong> Sahel (<strong>de</strong> <strong>la</strong> Mauritanie au Soudan en passant le Mali, le Niger et leTchad) présente les caractéristiques suivantes :a) <strong>la</strong> porosité <strong>de</strong>s frontières, inhérente aux caractéristiques géopolitiquespropres à cet espace ;b) l’immensité du désert, « vi<strong>de</strong> topologique » difficilement contrô<strong>la</strong>bleet difficilement défendable, passible <strong>de</strong> multiples fonctions : traficsillicites en tous genres (personnes, armes légères, armes prohibées,déchets nucléaires, etc.), sources <strong>de</strong> tension et <strong>de</strong> crises, abri <strong>pour</strong>ban<strong>de</strong>s criminelles et autres commandos dormants, zone discrète <strong>pour</strong>tests sensibles (armes chimiques, armes balistiques, entraînementsaériens...), etc.En fait, le Sahara, zone <strong>de</strong> transit, zone refuge et zone d’activitéssecrètes, est au croisement <strong>de</strong> multiples initiatives mises en p<strong>la</strong>ce par lesgran<strong>de</strong>s puissances. Dans l’échiquier stratégique mondial, l’arc sahéliencristallise un faisceau <strong>de</strong> facteurs ‘crisogènes’ qui ont produit et qui necesseront <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s conflits aux répercussions préjudiciables à<strong>la</strong> paix et à <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> région mais aussi à <strong>la</strong> paix et à <strong>la</strong> sécuritéinternationale. La dégradation <strong>de</strong>s économies, <strong>la</strong> faiblesse et l’usure <strong>de</strong>sinfrastructures éducatives et sociales et <strong>la</strong> précarisation <strong>de</strong>s ressourcesagricoles sont les traits communs aux Etats du Sahel, rangés <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupartdans <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong>s Etats les moins avancés (PMA). La paupérisation etle chômage croissant, sources <strong>de</strong> désespoir, offrent un terreau favorableaux rébellions, aux dissi<strong>de</strong>nces et aux extrémismes.<strong>Le</strong>s dangers potentiels peuvent se matérialiser sous plusieurs formes,isolées ou combinées telles que <strong>la</strong> constitution d’un terreau et d’unsanctuaire <strong>pour</strong> le terrorisme international (attentats, enlèvements, piraterie,camps d’entraînement ; zone grise propice à <strong>la</strong> multiplication <strong>de</strong>s traficsillégaux : armes, stupéfiants, véhicules, matières premières ; source d’uneémigration <strong>de</strong> masse en direction <strong>de</strong> l’Afrique du Nord et <strong>de</strong>s rivageseuropéens (jusqu’à présent, ces flux sont re<strong>la</strong>tivement maîtrisables) ;l’investissement massif du produit <strong>de</strong>s détournements et <strong>de</strong>s traficsdans les circuits souterrains <strong>de</strong>s économies occi<strong>de</strong>ntales (b<strong>la</strong>nchimentd’argent) ; risque <strong>de</strong> détournement <strong>de</strong>s ressources stratégiques (pétrole,gaz, uranium), objets <strong>de</strong> convoitise internationale à <strong>de</strong>s fins subversivesou nuisibles à <strong>la</strong> stabilité régionale.


76Fouad M. AmmorAujourd’hui, les Subsahariens, qui ont toutes les raisons <strong>de</strong> fuir leur état<strong>de</strong> misère et d’insécurité <strong>pour</strong> aller en Europe, sont en nombre croissantet se chiffrent par milliers. Ils quittent leurs pays et traversent, dans <strong>la</strong>quasi-totalité <strong>de</strong>s cas, le territoire algérien avant <strong>de</strong> regagner le Maroc,puis tentent à travers Ceuta et Melil<strong>la</strong> <strong>de</strong> passer sur l’autre rive <strong>de</strong> <strong>la</strong>Méditerranée : « Des réseaux c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stins (31), véritables organisations<strong>de</strong> contreban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> toutes sortes, traversent l’Algérie du sud au nord <strong>pour</strong>acheminer les c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stins. » D’autres passent par <strong>la</strong> Mauritanie <strong>pour</strong> tenter<strong>de</strong> rejoindre les Canaries.Dans son rapport du 20 octobre 2004, le Secrétaire général <strong>de</strong> l’ONUavait exprimé ses appréhensions « face au trafic d’êtres humains » dans <strong>la</strong>région du Sahara occi<strong>de</strong>ntal. La partie se situant entre le Mur <strong>de</strong> sécuritéet <strong>la</strong> frontière algérienne constitue en effet un espace <strong>de</strong> passage <strong>de</strong>Subsahariens vers l’Europe via l’Algérie ou s’acheminant vers le nord duMaroc (32), plus proche <strong>de</strong>s côtes européennes. D’où les inquiétu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> Kofi Annan en 2004 par rapport à <strong>la</strong> zone algérienne occupée par lePolisario « où s’installent <strong>de</strong>s réseaux c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stins (33) ».(31) <strong>Le</strong> témoignage <strong>de</strong> ce Malien est édifiant à ce propos : « Après avoir quitté le Mali, nousavons (il était accompagné <strong>de</strong> trois <strong>de</strong> ses compatriotes) été accueillis par <strong>de</strong>s éléments duPOLISARIO auxquels chacun <strong>de</strong> nous a versé 1 000 euros. D’autres émigrés se sont joints ànous et le nombre augmentait au fur et à mesure que nous progressions. Nous étions pris encharge <strong>pour</strong> <strong>la</strong> nourriture et le transport. Ce sont les véhicules algériens et polisariens qui nousont transportés jusqu’à Tindouf. Là, nous fûmes abandonnées à nous-mêmes. Nous avons passé<strong>la</strong> frontière marocaine au nord. Dans notre traversée algérienne, nous n’avions aucune difficultéavec les autorités qui nous soutenaient. Nous avons vécu une tragédie douloureuse. Nous étionscomplètement vidés et ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s (...). <strong>Le</strong>s Algériens nous fixaient les étapes <strong>de</strong> notre itinéraire <strong>pour</strong>rejoindre <strong>la</strong> frontière marocaines à partir <strong>de</strong> B’ni Ounif, <strong>de</strong>rnière ville algérienne que nous avonsquittée <strong>pour</strong> nous cacher dans les montagnes <strong>de</strong> Figuig au Maroc. » Cf. Mohammed Boughdadi,2007, le Conflit saharien dans le contexte sécuritaire euro-maghrébin, Editions d’impressionBouregreg communication, Rabat, p. 73-74.(32) Fouad M. Ammor « Pour un Dialogue méditerranéen Plus », recherche réalisée dans lecadre d’une bourse d’étu<strong>de</strong> au Collège <strong>de</strong> l’OTAN à Rome, mai 2008.(33) Aymeric Chaupra<strong>de</strong> (<strong>Le</strong>cture given at the University of Geneva on 6 June 2005) goes so faras to suggest a link between the Polisario and Al Qaeda networks : «As a result of the combine<strong>de</strong>ffect of a <strong>de</strong>crease in its political and military power, and the arrival of a new generation ofPolisario recruits who have absorbed fundamentalist i<strong>de</strong>ology in Algerian universities, themovement is seeking fresh logistic and i<strong>de</strong>ological impetus.» In Chaupra<strong>de</strong>’s view, the Polisariocould eventually swing towards radical Is<strong>la</strong>m and terrorism. This change is being accelerated bythe current transformation of “the Sahara fundamentalist belt” into Al Qaeda rear bases mannedby «500 to 600 Afghanistan veterans (…) already installed in what others call the “grey areas ofthe Sahara.» “Deterritorialization” of terrorist violence, then, would imply that the Sahara couldbe used as a base to prepare terrorist attacks to be executed elsewhere, for logistic support andtransit of armed groups such as the Sa<strong>la</strong>fist Group for Preaching and Combat (SGPC), which


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé : quels enjeux <strong>pour</strong> le Maroc dans ses rapports avec l’U.E ?772. De bonnes auspices quant à l’édification du Grand MaghrebLa stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> région euro-méditerranéenne est fortement tributaire<strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratisation et du développement <strong>de</strong> sa rive sud. Cette assertionn’est pas nouvelle, elle est mentionnée dans <strong>la</strong> quasi-totalité <strong>de</strong>s documentsd’association et <strong>de</strong> partenariat conclus entre l’UE et ses partenaires (cf.Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Barcelone du 28 novembre 1995). Si l’espace maghrébinne réussit pas à attirer suffisamment d’investissements, notammenteuropéens, c’est parce que les pays maghrébins continuent à agir en ordredispersé et que leur marché n’est pas attractif. La variabilité du quantumd’investissements drainés d’un pays maghrébin à l’autre et d’une année àl’autre et leur faiblesse ne <strong>pour</strong>raient pas participer significativement à <strong>la</strong>résorption du chômage endémique et surtout celui <strong>de</strong>s jeunes (diplômés<strong>de</strong> surcroît).Flux <strong>de</strong>s Investissements directs étrangers (en millions <strong>de</strong> $)Pays1990-2000Moyenne annuelle2003 2004 2005 2006Maroc 580 2429 1070 2946 898Algérie 282 634 882 1081 795Tunisie 452 584 639 782 312Source : UNCTAD, World Investment Report 2007 ; www.unctad.org/wir or www.unctad.org/fdistatistics.Pour plus <strong>de</strong> détails, voir “Definitions and sources” in annex B andannex tables B 1-3 in WIR07.<strong>Le</strong>s performances du Maghreb en tant que telles quant aux possibilitésd’attirer les investisseurs étrangers sont très faibles, elles se situentau 55 e rang dans l’échelle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinations <strong>de</strong>s investissements directsétrangers (doc. UNCTAD précité.). Moins <strong>de</strong> 1/100 <strong>de</strong>s investissementseuropéens y sont <strong>de</strong>stinés (34).whom Algerians and Americans are only too familiar. A solution to the conflict needs to be foundurgently, to prevent terrorism from taking root, cité par Laurence Ammour in Research Paper,Aca<strong>de</strong>mic Research Branch - NATO Defence College, Rome – n°30, november 2006, p. 4.(34) Fouad M. Ammor « L’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée : que <strong>de</strong> brèches à colmater », Economia,n° 4, Centre d’étu<strong>de</strong>s stratégiques, HEM, 4 e trimestre, 2008.


78Fouad M. Ammor3. Un plus grand soutien quant à l’approfondissement <strong>de</strong> sesréformes économiques, sociales et politiques<strong>Le</strong>s propositions faites par le Groupe <strong>de</strong> travail Maroc-UE sont unebonne base <strong>de</strong> départ. Encore faut-il leur allouer les moyens nécessaires<strong>pour</strong> leur mise en œuvre. Contrairement au programme MEDA, il y atoutes les raisons <strong>de</strong> croire que le nouvel instrument financier <strong>de</strong> l’UE(ENPI) est suffisamment flexible <strong>pour</strong> répondre, partiellement, à ce cas <strong>de</strong>figure. Un minimum d’équilibre doit être rétabli entre l’effort <strong>de</strong> soutienet d’assistance prodigué aux pays “voisins” <strong>de</strong> l’Est et du Centre et celuiaccordé aux pays du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée.Une plus gran<strong>de</strong> implication <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile marocaine,notamment dans leurs rapports avec leurs homologues du Nord et <strong>de</strong> l’Est,est à encourager. Cette proposition ne ferait que concrétiser davantagel’appel du Processus <strong>de</strong> Barcelone qui insiste explicitement sur cettedimension participative <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> coopération universitaires et<strong>de</strong> recherche tels que Tempus, Erasmus Mundus, en raison <strong>de</strong> leur rôlefondamental dans le rapprochement <strong>de</strong>s standards et <strong>de</strong>s normes.


<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé UE-Marocet les collectivités localesIván Martín et Paqui Santonja (35)<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé accordé le 13 octobre 2008 entre l’Union européenneet le Maroc dans un « Document conjoint » sur le « renforcement <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales/<strong>Statut</strong> avancé » (36) est avant tout l’expression <strong>de</strong><strong>la</strong> « volonté commune du Royaume du Maroc et <strong>de</strong> l’Union européenne<strong>de</strong> nouer un partenariat <strong>de</strong> plus en plus étroit et mutuellement bénéfique,couvrant toutes les dimensions et à tous les niveaux, afin notamment <strong>de</strong>consoli<strong>de</strong>r le processus <strong>de</strong> réformes et <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation économique etsociale <strong>de</strong> ce pays (37) ». En tant que telles, les collectivités locales ontun rôle fondamental à jouer dans cette démarche <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation et, parconséquent, dans le <strong>Statut</strong> avancé. En effet, le <strong>la</strong>ncement d’un nouveaucadre <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions privilégiées entre l’UE et le Maroc a ouvert <strong>de</strong> fortesexpectatives par rapport à <strong>la</strong> possibilité d’é<strong>la</strong>rgir et d’approfondir lesre<strong>la</strong>tions déjà existantes entre les collectivités locales euro-marocaines.Après une brève révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique actuelle menée par le Royaumedu Maroc dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation et du développementrégional, cet article dédiera son analyse aux potentialités qu’offre le <strong>Statut</strong>avancé à <strong>la</strong> veille du premier sommet entre l’UE et le Maroc.(35) Iván Martín est chercheur associé <strong>de</strong> l’Instituto Complutense <strong>de</strong> Estudios Internacionales(Universidad Complutense <strong>de</strong> Madrid) et Paqui Santonja est assesseur exécutive auprès duSecrétaire d’état <strong>pour</strong> l’Union européenne du Ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères et <strong>de</strong> <strong>la</strong>coopération espagnol. <strong>Le</strong>s propos ici recueillis impliquent seulement les auteurs et non pas lesinstitutions qu’ils représentent.(36) http://ec.europa.eu/external_re<strong>la</strong>tions/morocco/docs/document_conjoint_fr.pdf.(37) Conclusions du Conseil <strong>de</strong>s affaires générales et <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions extérieures <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong>s 8-9décembre 2008, http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/gena/104615.pdf.


80Iván Martín et Paqui SantonjaAccompagnement du processus <strong>de</strong> décentralisation marocain<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé, suivant <strong>la</strong> dynamique établie par l’UEd’accompagnement <strong>de</strong>s stratégies établies par les états partenaires (38),apparaît dans un premier temps comme un appui aux réformes politiquesengagées par le Maroc ces <strong>de</strong>rnières années <strong>pour</strong> faire progresser <strong>la</strong>démocratisation et <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> société en profitant <strong>de</strong> l’appui<strong>de</strong> l’UE. <strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé se veut ainsi porteur <strong>de</strong> réformes dans ledomaine politique permettant le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique engagée parle Royaume du Maroc et offrant un cadre spécifique et plus adapté à <strong>la</strong>forte et toujours croissante coopération décentralisée entre les collectivitéslocales euro-marocaines.Dans ce cadre, durant <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière décennie, <strong>de</strong>s programmesspécifiques dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation ont commencé à seconcrétiser au Maroc à travers <strong>de</strong>s politiques (39) versant aussi bien sur<strong>la</strong> décentralisation administrative que sur le support au développementterritorial. C’est ainsi que le P<strong>la</strong>n d’action national <strong>pour</strong> <strong>la</strong> régionalisationet le Programme <strong>de</strong> Mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l’Administration (40) se bâtissentsur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> dévolution <strong>de</strong> compétences auprès <strong>de</strong>s collectivitésterritoriales et <strong>la</strong> dotation <strong>de</strong> moyens permettent <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>spolitiques décentralisées qui restent néanmoins encore sous <strong>la</strong> tutelle duministère <strong>de</strong> l’Intérieur.Accompagnant cette démarche, une lecture rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s différentsdocuments et p<strong>la</strong>ns d’action entre l’Union européenne et le Maroc nouspermet <strong>de</strong> constater l’évolution <strong>de</strong> l’approche, liée dans un premier tempsà l’appui institutionnel et au support à <strong>la</strong> décentralisation <strong>de</strong> façon générale,vers petit à petit, <strong>la</strong> concrétisation <strong>de</strong> certains domaines spécifiquesd’intervention <strong>pour</strong> les collectivités locales marocaines, à savoir : ledéveloppement régional équilibré et l’aménagement du territoire <strong>pour</strong>(38) Pour davantage d’information sur les stratégies d’accompagnement <strong>de</strong>s bailleurs <strong>de</strong> fondsinternationaux envers les Etats, voir : Santonja, Paqui (2010), « Décentralisation et coopérationinternationale : quelle cohérence avec les stratégies nationales ? <strong>Le</strong>s cas du Maroc et du Liban »,en cours <strong>de</strong> publication dans les Cahiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération décentralisée <strong>de</strong> Cités Unies France,juin 2010.(39) Annoncées dans les discours officiels du Roi.(40) Pour une étu<strong>de</strong> détaillée voir les différents documents é<strong>la</strong>borés par le Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong>Réforme <strong>de</strong> l’Administration Publique :http://unpan1.un.org/intradoc/groups/public/documents/un/unpan031651.pdfhttp://unpan1.un.org/intradoc/groups/public/documents/cafrad/unpan002395.pdf


<strong>Le</strong> statut avancé UE-Maroc et les collectivités locales 81les régions, le développement urbain et les politiques sociales à traversl’INDH <strong>pour</strong> les villes.<strong>Le</strong> niveau local dans le <strong>Statut</strong> avancé UE-MarocParmi les objectifs signalés par le Document conjoint, il convient <strong>de</strong>souligner l’intensification <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération politique « en vue d’une plusgran<strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> leurs priorités stratégiques respectives », <strong>la</strong>convergence <strong>de</strong>s légis<strong>la</strong>tions <strong>pour</strong> l’« intégration progressive du Maroc aumarché intérieur <strong>de</strong> l’UE » et « <strong>la</strong> vocation [du <strong>Statut</strong> avancé à] une plusgran<strong>de</strong> implication <strong>de</strong>s entités territoriales, <strong>de</strong>s acteurs économiques et<strong>de</strong>s partenaires sociaux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parties dans l’objectif <strong>de</strong> promouvoir lessynergies entre ces intervenants et <strong>de</strong> concrétiser l’appropriation commune<strong>de</strong> ce partenariat » ainsi que <strong>de</strong> « développer <strong>la</strong> dimension humaine dupartenariat UE-Maroc à travers le renforcement <strong>de</strong>s échanges culturels,éducatifs et scientifiques». Et ce, « avec un soutien financier appropriéet en phase avec l’ampleur et le caractère ambitieux <strong>de</strong> cette nouvelleévolution ». À cet effet, une « feuille <strong>de</strong> route » a été établie visant àmatérialiser le <strong>Statut</strong> avancé en une série d’actions à court et à moyentermes qui seront objet d’une évaluation périodique.Concernant les collectivités locales, le document conjoint sur le<strong>Statut</strong> avancé« encourage le rapprochement entre les représentants <strong>de</strong>s autoritésrégionales et locales marocaines et leurs homologues européens quipermettra <strong>de</strong> conforter <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération transfrontalièreet transrégionale promue dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV, étant entendu qu’elle<strong>de</strong>vrait respecter les mêmes principes que <strong>la</strong> coopération transfrontalièreau titre <strong>de</strong> l’IEVP. <strong>Le</strong> Maroc ambitionne, à terme, <strong>de</strong> mettre en réseau lesentités régionales marocaines avec le Comité <strong>de</strong>s Régions (CdR) ».<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux éléments à extraire <strong>de</strong> cette déc<strong>la</strong>ration sont les suivants :– Continuité explicite <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong> coopération transfrontalièreet <strong>de</strong> coopération décentralisée entre le <strong>Statut</strong> avancé et <strong>la</strong> Politiqueeuropéenne <strong>de</strong> voisinage. En effet, il ne semble pas que l’agenda actueldu <strong>Statut</strong> avancé prévoie <strong>de</strong>s possibilités d’impulser <strong>la</strong>dite coopération àtravers <strong>de</strong> nouveaux programmes ou ressources.


82Iván Martín et Paqui Santonja– Perspectives d’institutionnalisation <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre les autoritésrégionales marocaines et européennes (il est intéressant à signaler que,dans ce contexte, les collectivités locales en tant que telles ne sont pasmentionnées).a) InstitutionnalisationQuant à <strong>la</strong> dimension institutionnelle, le Comité <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong> l’UEet le ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coopération du Royaumedu Maroc ont déjà établi <strong>de</strong>s contacts préliminaires <strong>pour</strong> convenir <strong>de</strong>smécanismes <strong>de</strong> coopération opérationnelle entre cette institution et lesrégions et villes marocaines. Il est important que cette institutionnalisationne se produise pas uniquement « <strong>de</strong> haut en bas », mais qu’elle permetteaussi <strong>de</strong>s contacts directs entre les autorités locales européennes etmarocaines et garantisse une implication adéquate du niveau municipale.b) Un pari <strong>pour</strong> <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong> jume<strong>la</strong>ges institutionnelsDans cette logique, dans le cadre du Document conjoint sur le <strong>Statut</strong>avancé on retrouve un énoncé qui rappelle l’engagement mutuel <strong>de</strong> l’UEet du Maroc dans le processus <strong>de</strong> renforcement et d’approfondissement <strong>de</strong>sréformes politiques et administratives, permettant entre autres l’avancementdans le processus <strong>de</strong> décentralisation : « L’UE salue l’intention du Maroc <strong>de</strong>renforcer <strong>la</strong> décentralisation et <strong>de</strong> promouvoir le développement régional.L’UE attache une gran<strong>de</strong> importance au développement régional équilibrédans un souci <strong>de</strong> cohésion sociale. Elle se félicite du <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxopérations <strong>de</strong> jume<strong>la</strong>ge au profit d’autorités régionales. » Cependant, misà part cette mention, peu d’éléments <strong>de</strong> concrétisation se retrouvent dansle texte.Or le support à <strong>la</strong> régionalisation n’est plus seulement compris commeun effort <strong>pour</strong> le développement régional, mais il s’agit aussi <strong>de</strong> renforcerleur rôle en tant qu’institution au travers d’un instrument spécifique :<strong>la</strong> promotion <strong>de</strong> jume<strong>la</strong>ges institutionnels. Initialement prévu commeinstrument <strong>pour</strong> accompagner <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est <strong>de</strong> l’Europeà l’adhésion à l’UE, le jume<strong>la</strong>ge institutionnel a été é<strong>la</strong>rgi en 2003 auxEtats ayant un Accord d’association avec l’UE, dans le cas concret quinous occupe à travers le Programme d’appui à l’Accord d’associationMaroc-UE. L’originalité <strong>de</strong> cet outil est <strong>de</strong> permettre à une administrationou organisme public marocain en charge d’une réforme sectorielle ayant


<strong>Le</strong> statut avancé UE-Maroc et les collectivités locales 83<strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> rapprocher l’arsenal juridique (légis<strong>la</strong>tion, réglementation,normes, standards…) du Maroc <strong>de</strong> l’acquis communautaire, <strong>de</strong> pouvoirchoisir une administration ou un organisme public européens simi<strong>la</strong>ires<strong>pour</strong> l’ai<strong>de</strong>r à réaliser cette réforme. En effet, à l’issue d’une procédured’i<strong>de</strong>ntification du projet et <strong>de</strong> mise en concurrence <strong>de</strong>s 27 Etats-membres<strong>de</strong> l’UE, l’État membre partenaire sélectionné par les Autorités marocainess’engage à transférer l’expertise pratique du secteur public disponible dansson administration nationale à l’administration marocaine.Ceci constitue une expérience pilote unique dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong>Politique européenne <strong>de</strong> voisinage en matière <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong>scapacités d’une région déterminée. L’objectif commun est <strong>de</strong> promouvoirle développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> même région par les moyens propres à chaqueinstitution et les synergies potentielles à générer au profit du territoire, <strong>de</strong>ssecteurs d’activités et <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions bénéficiaires.<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux projets <strong>de</strong> jume<strong>la</strong>ge avec <strong>de</strong>s autorités régionales actuellementen cours au Maroc concernent <strong>la</strong> Wi<strong>la</strong>ya <strong>de</strong> l’Oriental et l’Agence<strong>de</strong> Oriental dont <strong>la</strong> réalisation a été attribuée à l’Espagne en tantqu’Etat-membre à travers respectivement <strong>la</strong> Région <strong>de</strong> Galice et l’Agenceandalouse <strong>de</strong> coopération internationale. Ils ont <strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> permettre,d’une part, à l’Agence <strong>de</strong> développer ses capacités d´intervention dans lecadre <strong>de</strong> ses objectifs institutionnels propres et, d’autre part, <strong>de</strong> permettreà <strong>la</strong> Wi<strong>la</strong>ya <strong>de</strong> développer ses capacités en matière <strong>de</strong> développementintégré et durable <strong>de</strong> <strong>la</strong> région.<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé recueille donc ces <strong>de</strong>ux projets, valorisant le fait que lesadministrations bénéficiaires sont <strong>de</strong>s régions. Ceci <strong>de</strong>vrait être l’occasiond’un véritable engagement en faveur non seulement d’une consolidation<strong>de</strong>s régions comme acteurs-clés ancrés sur le territoire (en cohérenceavec le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> régionalisation qui <strong>de</strong>vrait être présenté en fin 2010)mais aussi <strong>pour</strong> renforcer <strong>la</strong> coopération territoriale avec d’autres régionseuropéennes et ceci avec le support <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission européenne (41).Par contre, <strong>la</strong> mise en exergue du jume<strong>la</strong>ge institutionnel entre régionseuro-marocaines ne peut en aucun cas être le seul fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’appui à<strong>la</strong> décentralisation et au développement régional déc<strong>la</strong>ré dans le documentconjoint du <strong>Statut</strong> avancé.(41) Pour plus <strong>de</strong> détails au sujet du jume<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s collectivités locales, voir : http://www.gem<strong>de</strong>v.org/publications/etat<strong>de</strong>ssavoirs/pdf/abouhani.pdf.


84Iván Martín et Paqui SantonjaEn fait, les <strong>de</strong>ux projets <strong>de</strong> jume<strong>la</strong>ge entre <strong>de</strong>s autorités régionalesmentionnés ci-<strong>de</strong>ssus <strong>pour</strong>raient offrir le cadre approprié <strong>pour</strong> <strong>la</strong>ncerune première étu<strong>de</strong> sur les besoins <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong>s capacitésadministratives et institutionnelles <strong>de</strong>s divers niveaux <strong>de</strong>s gouvernementslocaux et régionaux du Maroc (42). Plus généralement, le <strong>Statut</strong> avancéoffrirait également un cadre approprié au <strong>la</strong>ncement d’un vaste programme<strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong>s capacités administratives et institutionnelles au profitégalement <strong>de</strong>s collectivités locales, tel qu’il a été fait dans le cadre duPartenariat oriental établi lors du sommet <strong>de</strong> Prague du 7 mai 2009 entrel’UE et six pays d’Europe <strong>de</strong> l’Est et du Caucase méridional (Ukraine,Moldavie, Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie et Biélorussie).Par ailleurs, l’établissement au Maroc <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission consultativesur <strong>la</strong> régionalisation, qui <strong>de</strong>vra dresser un rapport sur <strong>la</strong> « régionalisationavancée » au Maroc fin 2010 et notamment <strong>la</strong> démarche ultérieured’adoption et d’éventuelle application <strong>de</strong> ses propositions, offre uneexcellente opportunité <strong>pour</strong> matérialiser l’appui <strong>de</strong> l’UE à ce processuset assurer une participation appropriée <strong>de</strong>s collectivités locales à cette<strong>de</strong>rnière. En ce sens, il est important <strong>de</strong> souligner que <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>scompétences entre les divers niveaux <strong>de</strong> gouvernement est bien plus qu’unsimple question d’efficience et <strong>de</strong> bonne gouvernance : il s’agit d’unedimension fondamentale du processus <strong>de</strong> démocratisation, <strong>de</strong> manière quele processus <strong>de</strong> régionalisation doit être accompagné par un renforcementeffectif <strong>de</strong> l’autonomie et <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong>s collectivités locales, et avoirun impact direct sur les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s citoyens, aspects que l’onne saurait ignorer.c) Autres programmes européens concernant les collectivités localesmarocainesDans le cadre plus général <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinage(PEV), le Programme indicatif national (PIN) 2011-2013 (43) publiépar <strong>la</strong> Commission européenne en avril 2010 présente les priorités <strong>de</strong><strong>la</strong> coopération bi<strong>la</strong>térale UE-Maroc pendant les prochaines années. Eneffet, le document mentionne explicitement <strong>la</strong> « régionalisation/approcheterritoriale » comme l’un <strong>de</strong>s thèmes transversaux à intégrer dans tous les(42) Concernant <strong>la</strong> distribution <strong>de</strong>s compétences entre les divers niveaux <strong>de</strong> gouvernement auMaroc et <strong>la</strong> structure institutionnelle territoriale, voir <strong>la</strong> Fiche Pays Maroc du CGLU (2009b).(43) http://ec.europa.eu/world/enp/pdf/country/2011_enpi_csp_nip_morocco_en.pdf.


<strong>Le</strong> statut avancé UE-Maroc et les collectivités locales 85programmes proposés, au même titre que le genre, l’environnement et <strong>la</strong>bonne gouvernance. Il est à signaler l’importance attachée dans ce PINau support au processus <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s administrations publiqueset tout particulièrement à l’articu<strong>la</strong>tion entre les services déconcentrés<strong>de</strong> l’Etat et les attributions <strong>de</strong>s collectivités locales, aussi bien dans lerenforcement <strong>de</strong>s capacités que dans l’amélioration en matière <strong>de</strong> gestionfiscale. Comme autre nouveauté, mise à part <strong>de</strong> <strong>la</strong> régionalisation, il est àsignaler le besoin <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong>s collectivités locales.<strong>Le</strong>s principaux programmes inclus dans le PIN qui touchent le domaine<strong>de</strong>s collectivités locales sont les suivants : le Programme <strong>de</strong> prévention<strong>de</strong> l’habitat insalubre (qui fait mention du besoin <strong>de</strong> coordination avec <strong>la</strong>Direction générale <strong>de</strong>s collectivités locales dans le cadre <strong>de</strong> son travailsur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification stratégique urbaine), le Programme <strong>de</strong> développementrural intégré dans le Nord, <strong>la</strong> réforme agricole, <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l’actionpublique (avec l’accent mis sur <strong>la</strong> régionalisation) et l’appui à <strong>la</strong> politiqueforestière.Finalement, dans le chapitre « réussir le <strong>Statut</strong> avancé », le programmeveut contribuer « à une meilleure implication <strong>de</strong>s entités territoriales,<strong>de</strong>s acteurs économiques et <strong>de</strong>s partenaires sociaux au sein <strong>de</strong> cepartenariat ».Programme <strong>de</strong> coopération transfrontalière. L’accent mis sur <strong>la</strong>continuité <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong> coopération décentralisée dans le cadre<strong>de</strong> l’Instrument européen <strong>de</strong> voisinage et <strong>de</strong> partenariat (IEVP), qui estl’instrument financier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinage, soulignecombien il est important <strong>de</strong> débloquer <strong>la</strong> participation du Maroc auProgramme <strong>de</strong> coopération transfrontalière qui y est prévu. L’importance<strong>de</strong> ce programme rési<strong>de</strong> non seulement dans les ressources considérablesqu’il mobilise, avec une enveloppe financière totale (<strong>pour</strong> le sud <strong>de</strong> <strong>la</strong>Méditerranée et l’est <strong>de</strong> l’Europe) <strong>de</strong> 1,181 milliard d’euros <strong>pour</strong> <strong>la</strong>pério<strong>de</strong> 2007-2013, mais surtout dans le fait que <strong>pour</strong> <strong>la</strong> première fois dansl’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération externe <strong>de</strong> l’UE, il applique une méthodologie<strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> contrôle propre aux fonds structurels <strong>de</strong> <strong>la</strong> politiquerégionale européenne, bien que légèrement simplifiée. En outre, cesressources sont <strong>de</strong>stinées à <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> coopération transfrontalièreentre les territoires situés sur les frontières externes <strong>de</strong> l’UE, c’est-à-direentre les États membres et les pays partenaires qui partagent <strong>de</strong>s frontièresmaritimes ou terrestres, programmes qui seront exécutés par les autorités


86Iván Martín et Paqui Santonjarégionales et locales et <strong>de</strong>s autres acteurs locaux du développement (ONG,chambres <strong>de</strong> commerce, universités…).Plus concrètement, il comprend le Programme Bassin Méditerranée<strong>de</strong>stiné à toutes les régions côtières méditerranéennes et qui a déjà été misen œuvre (avec un budget d’environ 171 millions d’euros) (44) et diversprogrammes bi<strong>la</strong>téraux dont, entre autres, un Programme Espagne-Maroc(avec un sous-programme Andalousie-Maroc et un sous-programme îlesCanaries-Sud du Maroc) avec un budget <strong>de</strong> 156,7 millions d’euros.<strong>Le</strong> <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier programme est sujet à un accord préa<strong>la</strong>ble<strong>de</strong>s gouvernements d’Espagne et du Maroc. Cependant, ce <strong>de</strong>rnier adécidé <strong>de</strong> suspendre <strong>pour</strong> l’instant sa participation au Programme BassinMéditerranée (qui requiert <strong>la</strong> signature d’une convention financière avec <strong>la</strong>Commission européenne) et <strong>de</strong> ne pas souscrire au Programme Espagne-Maroc, ce qui implique <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s fonds alloués à ceprogramme si l’accord ne se produit pas avant juin 2010 (l’autre moitié,correspondant à <strong>de</strong>s fonds structurels revenant à l’Espagne, serait allouéeà <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> coopération transfrontalière gérés par les autoritésrégionales espagnoles).Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> perte <strong>de</strong>s ressources financières, qui infirme l’excellentecapacité d’absorption du soutien financier européen qu’a démontrépossé<strong>de</strong>r le Maroc (116 % <strong>de</strong>s allocations en 2008), le blocage du<strong>la</strong>ncement du Programme <strong>de</strong> coopération transfrontalière Espagne-Marocet le refus <strong>de</strong> participer au Programme Bassin Méditerranée remettenten question <strong>la</strong> capacité d’adaptation du Maroc à <strong>la</strong> méthodologie <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique régionale européenne et, par conséquent, sa future participationà cette politique. En effet, l’objectif <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> méthodologie<strong>de</strong>s fonds structurels aux programmes <strong>de</strong> coopération transfrontalière <strong>de</strong>l’IEVP était précisément <strong>de</strong> servir <strong>de</strong> banc d’essai à « l’accès aux moyensfinanciers communautaires adéquats <strong>pour</strong> accompagner le Maroc dans unelogique <strong>de</strong> politique régionale et <strong>de</strong> cohésion <strong>de</strong> l’UE » que mentionne ledocument conjoint.De ce point <strong>de</strong> vue, le déblocage <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation du Maroc auProgramme <strong>de</strong> coopération transfrontalière revêt une importance cruciale<strong>pour</strong> les perspectives <strong>de</strong> toute modalité d’é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique(44) www.enpicbcmed.eu/fr/in<strong>de</strong>x.html.Programme opérationnel conjoint. www.commed-cglu.org/IMG/pdf/Programme._Fr.pdf.


<strong>Le</strong> statut avancé UE-Maroc et les collectivités locales 87régionale et <strong>de</strong>s fonds structurels au Maroc dans le cadre du <strong>Statut</strong> avancé,ainsi que <strong>pour</strong> <strong>la</strong> participation opérationnelle <strong>de</strong>s collectivités locales etrégionales à ce processus.Programme CIUDAD. Ce programme (Coopération en matière <strong>de</strong>développement urbain et dialogue) compte sur une enveloppe budgétaire<strong>de</strong> 14 millions d’euros <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2009-2011 (dont 8 millions <strong>pour</strong>le sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée) et permet aux collectivités locales <strong>de</strong> l’UEet <strong>de</strong>s pays méditerranéens partenaires <strong>de</strong> mener à bien <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong>coopération et <strong>de</strong> partenariat, précisément dans l’objectif <strong>de</strong> promouvoir<strong>la</strong> compréhension mutuelle, le dialogue et <strong>la</strong> coopération en soutenantle renforcement <strong>de</strong>s capacités afin <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser et <strong>de</strong> renforcer lesgouvernements locaux et régionaux <strong>de</strong>s pays partenaires (notamment enmatière <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nification du développement urbain durable) (45). <strong>Le</strong>spremiers projets dans le cadre <strong>de</strong> ce programme ont déjà été approuvés.ConclusionLa tenue du premier Forum <strong>de</strong>s autorités locales UE-Maroc (46)dans le cadre <strong>de</strong>s activités préparatoires du premier Sommet UE-Marocsous <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce espagnole <strong>de</strong> l’UE a permis <strong>de</strong> mettre en rapport lesinterlocuteurs impliqués et <strong>de</strong> dresser un premier bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s résultatsescomptés et réellement atteints au sujet du renforcement institutionne<strong>la</strong>u support à <strong>la</strong> décentralisation. « L’engagement <strong>de</strong> Cordoue », documentdéc<strong>la</strong>ratoire du Forum, annonce ainsi que les collectivités locales euromarocainesréunies s’engagent, d’une part, « à initier un processus <strong>pour</strong><strong>la</strong> construction d’un agenda commun <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération décentralisée entreles autorités locales du Maroc et <strong>de</strong> l’Union européenne » et, <strong>de</strong> l’autre, « àimpulser les mesures nécessaires <strong>pour</strong> développer les outils d’appropriationdans les territoires, afin <strong>de</strong> faciliter davantage <strong>la</strong> coopération en tantque complément <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nification stratégique ». Par ailleurs,(45) Pour une vue d’ensemble <strong>de</strong>s programmes euro-méditerranéens ouverts à <strong>la</strong> participationopérationnelle <strong>de</strong>s collectivités locales et régionales, voir Iván Martín (2009), La participationopérationnelle <strong>de</strong>s collectivités locales et régionales au Partenariat euro-méditerranéen. Fiche <strong>de</strong>divulgation euromed nº 2 (www.commed-cglu.org/spip.php?rubrique13).(46) Organisé par le Forum <strong>de</strong>s Municipalités Andalouses <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Solidarité Internationale(FAMSI) en col<strong>la</strong>boration avec le Secrétariat d’Etat <strong>pour</strong> l‘UE du ministère <strong>de</strong>s Affairesétrangères et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coopération espagnole et <strong>la</strong> Direction générale <strong>de</strong>s collectivités locales duministère <strong>de</strong> l‘Intérieur marocain. http://www.andaluciasolidaria.org/in<strong>de</strong>x.php?option=com_content&task=view&id=866&Itemid=609


88Iván Martín et Paqui Santonjaces mêmes collectivités locales exhortent les responsables européens etmarocains « d’aller <strong>de</strong> l’avant <strong>pour</strong> une participation du Maroc dans leProgramme <strong>de</strong> Coopération Transfrontalière » qui permette une meilleure« articu<strong>la</strong>tion entre acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération décentralisée UE-Maroc ».<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé peut offrir un cadre approprié <strong>pour</strong> rationaliser<strong>la</strong> coopération décentralisée qui existe déjà entre les autorités localeseuropéennes (notamment françaises, italiennes et espagnoles, mais pasuniquement) et marocaines. Cette coopération n’est pas nouvelle etconstitue le point <strong>de</strong> départ naturel <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s autorités localesdans le <strong>Statut</strong> avancé UE-Maroc. <strong>Le</strong>s efforts <strong>pour</strong> le structurer ont donnélieu à <strong>la</strong> création <strong>de</strong> nombreux projets et réseaux, telles les initiativesstructurants du PAD Maroc (47) (entre le Maroc et <strong>la</strong> France), le projetART-GOLD Maroc (48) ou le projet <strong>de</strong> Ciuda<strong>de</strong>s Hermanas andalouseset du Nord du Maroc (AN’MAR) (49). Toutefois, il existe encore <strong>de</strong>nombreuses autorités locales dans l’Union européenne qui seraient prêtesà participer aux projets <strong>de</strong> coopération décentralisée et d’échanges avecle Maroc, mais qui ne trouvent pas souvent un interlocuteur institutionnelpouvant donner suite à ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s. Et le manque d’intégration entre lesprojets <strong>de</strong> coopération décentralisée et entre ceux-ci et les stratégies <strong>de</strong>développement au niveau local empêche <strong>de</strong> tirer tout le profit possible <strong>de</strong>l’extraordinaire potentiel mobilisateur <strong>de</strong> ces ressources et <strong>de</strong> l’expérienceaccumulée <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération décentralisée.En ce qui concerne le dialogue politique entre les collectivités localesmarocaines et européennes (50), un nouveau pas a été franchi avec <strong>la</strong>création <strong>de</strong> l’Assemblée <strong>de</strong>s collectivités locales et régionales euromed(ARLEM) (51) dans <strong>la</strong>quelle le Maroc vient d’assumer <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce<strong>de</strong>s pays partenaires méditerranéens avec le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> régiond’Al Hoceima. Ceci permet <strong>de</strong> promouvoir un véritable dialogue etconstitue un support à <strong>la</strong> concertation politique qui <strong>de</strong>vra au niveaumarocain avant tout faire un effort <strong>pour</strong> fédérer les élus locaux et régionaux(47) Projet d’accompagnement du processus <strong>de</strong> décentralisation au Maroc, qui organise <strong>de</strong>sassisses <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération décentralisée ; http://padmaroc.org.(48) http://www.pnud.org.ma/P00056511.asp.(49) http://www.an-mar.org(50) Selon le Document conjoint « le Maroc ambitionne, à terme, <strong>de</strong> mettre en réseau les entitésrégionales marocaines avec le Comité <strong>de</strong>s Régions (CdR) ».(51) Pour plus d’informations, voir le site web du Comité <strong>de</strong>s Régions : http://www.cor.europa.eu/pages/DetailTemp<strong>la</strong>te.aspx?view=<strong>de</strong>tail&id=01da2561-f039-4abd-a42e-47995ffc0fc5.


<strong>Le</strong> statut avancé UE-Maroc et les collectivités locales 89à travers les structures déjà existantes (entre autres l’Association marocaine<strong>de</strong>s collectivités locales).Grâce au <strong>Statut</strong> avancé, <strong>de</strong> nouvelles fenêtres d’opportunités souvrent<strong>pour</strong> les collectivités locales euro-marocaines. Il s’agit du cadre le plusapproprié <strong>pour</strong> continuer à avancer dans l’approfondissement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tionsà travers <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> programmes spécifiques dotés <strong>de</strong> ressourcesfinancières propres et assurant un espace <strong>de</strong> dialogue avec les autoritésnationales. Un nouveau sera d’établir <strong>de</strong>s mécanismes effectifs par assurerune implication majeure <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civiledans cette dynamique <strong>de</strong> travail et d’échange.


90Iván Martín et Paqui SantonjaRéférences bibliographiquesCGLU (2009a) : Rapport GOLD. Décentralisation et démocratie locale enMéditerranée, Résumé exécutif, http://www.commed-cglu.org/IMG/pdf/GOLD_Med_Resum_exe_FR-2.pdf.CGLU (2009b): “Kingdom of Morocco”, UCLG Country Profiles, Fichepays sur le Maroc du Rapport GOLD sur <strong>la</strong> Décentralisation et <strong>la</strong>Démocratie Locale dans le Mon<strong>de</strong>, www.cities-localgovernments.org/gold/Upload/country_profile/ Morocco.pdfJaidi, Larabi (2009) : <strong>Le</strong> statut avancé Maroc-UE : quelle valeur ajoutéeà <strong>la</strong> PEV ? Annuaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, 2009. IEMed et CIDOB.Barcelone. http://www.iemed.org/anuari/2009/farticles/fr159.pdfBernard Husson et Abdal<strong>la</strong>h Saaf (2009) : Évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopérationdécentralisée maroco-française. Évolution et impacts <strong>de</strong>s actions et<strong>de</strong>s dispositifs d’accompagnement (2001-2008), CIEDEL y CERSS,PAD-Maroc.Larabi Jaidi et Iván Martín (2010) : Comment faire avancer le <strong>Statut</strong>Avancé ? Documents IEMed, nº 5, IEMed, Barcelone, http://www.iemed.org/publicacions/papers5_ma.pdf.Martín, Iván (2009) : « EU-Morocco Re<strong>la</strong>tions : How Advanced is the‘Advanced Status’? », Mediterranean Politics, vol. 14.2, p. 239-245,Routledge. 2009.Martín, Iván (2008) : « El estatuto avanzado <strong>de</strong> Marruecos en <strong>la</strong> UE :¿cuánto más que <strong>la</strong> asociación y cuánto menos que <strong>la</strong> adhesión? », enARI, Real Instituto Elcano, p. 9-13, ARI nº 158/2008.Santonja, Paqui (2008) : El Instrumento Europeo <strong>de</strong> Vecindad y suaplicación en el Mediterráneo. Retos y oportunida<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s<strong>de</strong> el mundolocal. Universidad Internacional <strong>de</strong> Andalucía. Sevil<strong>la</strong>, marzo, 2008.


Axe II<strong>Le</strong>s politiques et les mécanismes<strong>de</strong> mise en œuvre du <strong>Statut</strong> avancé


Un nouvel instrument financier<strong>pour</strong> un nouveau statut avancéIván Martín (52)Dans le document conjoint sur le <strong>Statut</strong> avancé approuvé par le Conseild’association UE-Maroc le 13 octobre 2008 (53), les <strong>de</strong>ux partiesse sont mises d’accord <strong>pour</strong> assurer au Maroc « un soutien financierapproprié et en phase avec l’ampleur et le caractère ambitieux » du <strong>Statut</strong>avancé, tout en reconnaissant que « l’approfondissement <strong>de</strong>s réformesdécou<strong>la</strong>nt du <strong>Statut</strong> avancé, et notamment l’approximation réglementaireet <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s infrastructures, ainsi que l’ouverture croissante<strong>de</strong> l’économie prévue au titre <strong>de</strong> l’approfondissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> libéralisation(ALEA), nécessiteront <strong>de</strong>s moyens financiers importants afin <strong>de</strong> mobiliserl’assistance technique, financer les investissements et accompagner (auniveau social) les inévitables mutations ».<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux parties s’engagent donc à une « réflexion conjointe [...] en vue<strong>de</strong> franchir, à partir <strong>de</strong> 2013, une nouvelle étape <strong>pour</strong> l’accès aux moyensfinanciers communautaires adéquats <strong>pour</strong> accompagner le Maroc dans unelogique <strong>de</strong> politique régionale et <strong>de</strong> cohésion <strong>de</strong> l’Union européenne (UE)et d’adoption <strong>de</strong> nouvelles procédures <strong>de</strong> mise en œuvre », c’est-à-dire<strong>pour</strong> envisager un type <strong>de</strong> participation aux fonds structurels européens.Il ne faut pas <strong>la</strong>isser passer cette opportunité d’entamer cette « réflexionconjointe » et même aller plus loin et profiter <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2010-2013<strong>pour</strong> avancer dans les préparatifs concrets <strong>pour</strong> rendre possible cetteparticipation.Étant donné que les montants maxima <strong>de</strong> l’action extérieure <strong>de</strong> l’UEsont fixés dans les Perspectives financières 2007-2013, l’augmentationsubstantielle <strong>de</strong> l’assistance financière est reportée aux prochaines(52) Chercheur associé <strong>de</strong> l’Instituto Complutense <strong>de</strong> Estudios Internacionales (ICEI) à Madrid.(53) http://ec.europa.eu/external_re<strong>la</strong>tions/morocco/docs/ document_conjoint_fr.pdf. Pour uneanalyse exhaustive du <strong>Statut</strong> avancé, voir Larabi Jaidi et Iván Martín (2010), Comment faireavancer le <strong>Statut</strong> avancé UE-Maroc ? 94 pages, Documents IEMed nº 5, IEMed et Groupementd’Etu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> Recherches sur <strong>la</strong> Méditerranée (GERM), Barcelone, http://www.iemed.org/publicacions/DocsIEMed_5.pdf.


94Iván MartínPerspectives financières 2014-2018, qui <strong>de</strong>vraient commencer à êtrenégociées au cours du <strong>de</strong>uxième semestre <strong>de</strong> 2010.Ceci étant, dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification stratégique <strong>de</strong> l’Instrumenteuropéen <strong>de</strong> voisinage et partenariat (IEVP) <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2011-2013, <strong>la</strong>Commission européenne dispose d’une certaine marge <strong>de</strong> manœuvre dans<strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s fonds entre les pays d’une même région. Ainsi, dans leProgramme Indicatif National 2011-2013 <strong>pour</strong> le Maroc approuvé par <strong>la</strong>Commission le 3 mars 2010, quelques jours avant le premier Sommet UE-Maroc, le Maroc, avec 580,5 millions d’euros <strong>pour</strong> cette pério<strong>de</strong>, bénéficieeffectivement du montant le plus important en termes absolus, ainsi que <strong>de</strong>l’augmentation en <strong>pour</strong>centage <strong>la</strong> plus élevée parmi les pays partenairesméditerranéens, à l’exception <strong>de</strong> <strong>la</strong> Syrie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libye qui partent <strong>de</strong>niveaux très bas (voir tableau 1).PaysTableau 1Allocations bi<strong>la</strong>térales multiannuelles indicatives<strong>pour</strong> 2011-2013 (mill. €)Enveloppe financièreprovisionnelle2011-2013 (mill. €)Augmentationpar rapport à2007-2010 (%)Popu<strong>la</strong>tion(mill)AssistancePar habitantet par an (€)Maroc 580,5 18,2 % 31 6,2Algérie 172 4,2 % 34 1,6Tunisie 240 6,7 % 10 8Égypte 449 7,2 % 82 1,8Autoritépalestinienne*504 6,3 % 4,5 37,3Jordanie 223 12,2 % 6 12,4Liban 150 7 % 4 12,5Syrie 129 32,3 % 21 2Libye 60 1 000 % 6 3,3Pays arabesméditerranéens2 507 12,8 % 198,5 4,2* Hors assistance humanitaire extraordinaire.Source : É<strong>la</strong>boration propre à partir <strong>de</strong> documents <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission européenne.Du point <strong>de</strong> vue du Maroc, ce<strong>la</strong> reste bien sûr en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> ses attenteset <strong>de</strong> ses capacités. En effet, en termes <strong>de</strong> quantité par habitant le soutienfinancier reste très mo<strong>de</strong>ste : <strong>de</strong> un peu plus <strong>de</strong> 6 euros par habitant et paran, toujours substantiellement inférieur aux quantités allouées à <strong>de</strong>s pays


Un nouvel instrument financier <strong>pour</strong> un nouveau statut avancé 95<strong>de</strong> petite taille comme <strong>la</strong> Tunisie, le Liban ou <strong>la</strong> Jordanie. L’augmentationaccordée au Maroc doit également être re<strong>la</strong>tivisée par rapport à d’autrespays du voisinage, notamment les pays <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong> l’Europe : ainsi, l’Ukraineverra son enveloppe financière augmenter <strong>de</strong> 27 % (470 millions en tout)<strong>pour</strong> 2011-213, et les autres pays du Partenariat oriental bénéficierontencore d’augmentations plus conséquentes : plus <strong>de</strong> 50 % en moyenne. Larépartition <strong>de</strong>s fonds <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> indiquée respecte en gros l’accordpolitique <strong>de</strong> distribuer 1/3 <strong>de</strong> l’assistance <strong>de</strong> l’IEVP aux pays voisins<strong>de</strong> l’Est et 2/3 aux pays du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée (si on ne compte pasles 45 millions <strong>de</strong>stinés à <strong>la</strong> Russie et en tenant compte du fait que cetterègle <strong>de</strong> répartition a été adoptée avant l’adhésion <strong>de</strong>s 10 pays <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong>l’Europe qui sont <strong>de</strong>venus États-membres <strong>de</strong> l’UE et ne bénéficient doncplus <strong>de</strong> ces ai<strong>de</strong>s). Néanmoins et curieusement, l’assistance moyenne partête et par an <strong>pour</strong> les pays <strong>de</strong> l’Est, qui ont commencé à recevoir <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>très récemment, a déjà <strong>de</strong>vancé celle <strong>de</strong>s pays méditerranéens (5,6 euroscontre 4,2 euros).À l’évi<strong>de</strong>nce, le niveau actuel <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>, même s’il a augmenté <strong>de</strong> façonsoutenue <strong>de</strong>puis 1995 tant en termes absolus que par habitant, ne suffit ni<strong>pour</strong> mener une politique <strong>de</strong> convergence réelle entre le Maroc et l’UE, ni<strong>pour</strong> faire face aux grands défis socioéconomiques auxquels est confrontéle Maroc. Dans le meilleur <strong>de</strong>s cas, le montant par tête ne dépassera pasles 6,5 euros par habitant et par an en 2013. Même si c’est une avancéeimportante par rapport aux 4 euros par habitant et par an alloués durant<strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2000-2006, ce<strong>la</strong> s’avère insignifiant en comparaison avec les200 euros par habitant et par an jugés nécessaires par l’UE elle-même.Tableau 2Assistance financière <strong>de</strong> l’UE au Maroc (1995-2013)Allocation(mill. €)Allocationpar an (mill. €)Allocationpar an et parhabitant (€)MEDA I (1995-1999) 660 132 4,7MEDA II (2000-2006) 982 140,3 4,8IEVP (2007-2010) 654 163,5 5,45IEVP (2011-2013)* 580 193,3 6,2Quant aux modalités <strong>de</strong> l’assistance, il est évi<strong>de</strong>nt que l’évolution <strong>de</strong><strong>la</strong> logique <strong>de</strong> coopération par projet vers l’ai<strong>de</strong> budgétaire sectorielle qui


96Iván Martínabsorbe déjà 100 % <strong>de</strong> l’assistance au Maroc a été un pas en avant importanten termes d’efficacité. Cependant, si l’on veut effectivement créer un espaceéconomique euro-marocain, <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération qui l’a emportéjusqu’à présent doit être remp<strong>la</strong>cée par une logique d’intégration au niveau <strong>de</strong>l’assistance financière (comme complément, par exemple, <strong>de</strong> <strong>la</strong> convergencenormative). Cette logique est sous-jacente, par ailleurs, à <strong>la</strong> Politiqueeuropéenne <strong>de</strong> voisinage (PEV). Sans convergence réelle et sans politique<strong>de</strong> convergence avec <strong>de</strong>s objectifs c<strong>la</strong>irs, <strong>la</strong> convergence réglementaire et <strong>la</strong>libéralisation <strong>de</strong>s échanges perdraient beaucoup <strong>de</strong> leur sens.Dans ce contexte, il faut reconnaître que l’on n’a ni profité du sommetUE-Maroc ni <strong>de</strong> l’année écoulée <strong>de</strong>puis l’approbation du Document conjoint<strong>pour</strong> entamer <strong>la</strong> réflexion annoncée dans ce document. Curieusement, <strong>la</strong>Déc<strong>la</strong>ration adoptée à ce sommet ne fait aucune référence aux Perspectivesfinancières 2014-2020 <strong>pour</strong> lesquelles, cependant, <strong>de</strong>vront commencer lesnégociations au sein <strong>de</strong> l’Union européenne au plus tard en 2011 et qui<strong>de</strong>vront définir les nouvelles modalités <strong>de</strong> coopération financière entrel’UE et les pays du sud et <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée en remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>l’IEVP (2007-2013) qui a lui-même remp<strong>la</strong>cé les fonds MEDA <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>1995-2006. En effet, le nouvel IEVP était entré en vigueur en janvier 2007,englobant en un seul instrument <strong>de</strong> financement les fonds MEDA, Phare,Tacis et les autres programmes plus spécifiques (comme Interreg) <strong>de</strong> soutienaux pays voisins <strong>de</strong> l’Union européenne. Alors que <strong>la</strong> première révision àmi-parcours <strong>de</strong>s instruments financiers <strong>pour</strong> les actions extérieures (54),IEVP compris, a été déjà publiée, il est nécessaire <strong>de</strong> réfléchir à <strong>de</strong> nouveauxinstruments financiers <strong>pour</strong> répondre à <strong>la</strong> différentiation croissante dans lesre<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> l’Union européenne avec ses voisins méditerranéens.La nécessité d’un nouvel instrument financierL’expiration <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> d’exécution <strong>de</strong>s Fonds MEDA (1995-2006) apermis d’évaluer leur efficacité, leur fonctionnement et leur impact (55).Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> indéniable apportée aux politiques <strong>de</strong> réforme structurelleet <strong>de</strong> stabilisation budgétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> région, ce qui a contribué <strong>de</strong> manière(54) Communication <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission européenne au Parlement européen et au Conseil,COM(2009) 196 final, du 21 avril 2009.(55) Une évaluation officielle du Programme MEDA II et <strong>de</strong> son application vient d’êtrepubliée par <strong>la</strong> Commission européenne (http://ec.europa.eu/europeaid/how/evaluation/evaluation_reports/2009/1264_docs_en.htm).


Un nouvel instrument financier <strong>pour</strong> un nouveau statut avancé 97significative à l’assainissement macroéconomique <strong>de</strong>s pays partenairesméditerranéens (PPM) et à <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> quelques projets sectoriels ourégionaux, il n’est pas exagéré <strong>de</strong> dire qu’il existe un <strong>la</strong>rge consensus surle fait que les programmes MEDA n’étaient ni par leur volume ni par leurconception un instrument à même <strong>de</strong> répondre aux énormes défis posésà <strong>la</strong> région en termes d’emploi, d’environnement – notamment l’accès àl’eau – d’éducation et, bien entendu, <strong>de</strong> convergence (56).En effet, les programmes MEDA ont mis en évi<strong>de</strong>nce l’existenced’un seuil minimum d’efficacité au-<strong>de</strong>ssous duquel les retombées <strong>de</strong>l’ai<strong>de</strong> sont absorbées par les procédures bureaucratiques, l’assistancetechnique, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification, etc. Or, les fonds MEDA et l’IEVP sont loind’atteindre ce seuil (dans le cas <strong>de</strong>s Fonds MEDA, <strong>la</strong> fragmentation <strong>de</strong>sprojets est un obstacle supplémentaire à leur efficacité). Certes, du point<strong>de</strong> vue quantitatif, l’IEVP s’est traduit par une certaine augmentation <strong>de</strong>sressources, mais <strong>de</strong> façon plutôt marginale, puisque nous sommes passés<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> quatre euros à un peu plus <strong>de</strong> cinq euros par habitant et paran, ce qui est un progrès mais qui n’altère nullement l’appréciation globalequant à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>stie <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. De ce point <strong>de</strong> vue, il est vrai que l’ai<strong>de</strong>budgétaire directe (transferts financiers <strong>de</strong>stinés à <strong>de</strong>s secteurs concretsliés à l’avancement <strong>de</strong>s réformes dans ces secteurs), qui est en train <strong>de</strong>s’imposer comme modalité privilégiée <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> en Méditerranée, est unmécanisme qui minimise <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s procédures bureaucratiques et <strong>de</strong>sfrais <strong>de</strong> gestion. C’est donc probablement <strong>la</strong> meilleure façon <strong>de</strong> débourser<strong>de</strong>s sommes re<strong>la</strong>tivement petites, comme dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopérationeuro-méditerranéenne, et c’est cette modalité qui tend à s’imposer dans lecadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV en remp<strong>la</strong>cement du financement par projets (57).Cependant, force est <strong>de</strong> reconnaître que les instruments financiers dontnous disposons actuellement n’arrivent même pas à compenser les pertes <strong>de</strong>revenus <strong>de</strong> l’État enregistrées par les Pays partenaires méditerranéens suiteau démantèlement <strong>de</strong>s tarifs douaniers sur les produits industriels européensaprès <strong>la</strong> création <strong>de</strong>s zones euro-méditerranéennes <strong>de</strong> libre-échange. <strong>Le</strong> casdu Maroc peut servir d’exemple. A trois ans <strong>de</strong> l’achèvement <strong>de</strong> sa zone <strong>de</strong>(56) Pour une analyse récente sur <strong>la</strong> performance <strong>de</strong>s Fonds MEDA, voir The MEDAProgramme in Morocco 12 Years on: Results, Experiences and Trends, <strong>de</strong> Michal Natorski,Documents <strong>de</strong> CIDOB Mediterráneo nº 11, Barcelone, 2008, http://www.cidob.org/en/content/download/7230/72561/file/doc_mediterraneo_11.pdf.(57) Voir <strong>la</strong> brochure “Ai<strong>de</strong> budgétaire : <strong>la</strong> manière efficace <strong>de</strong> financer le développement?”,http://ec.europa.eu/europeaid/infopoint/publications/europeaid/documents/budgetsupport08_fr.pdf.


98Iván Martínlibre-échange, ses recettes tarifaires ont diminué <strong>de</strong> 450 millions d’eurospar an (par rapport aux recettes qu’il aurait réalisées s’il n’avait pas réduitou éliminé ses tarifs sur les produits industriels européens), tandis qu’ilperçoit <strong>de</strong> l’Union européenne, au titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération économique etfinancière (dans le cadre <strong>de</strong> l’IEVP) quelque 165 millions d’euros par an,autrement dit, bien loin <strong>de</strong> ce qu’il faut <strong>pour</strong> au moins compenser les pertescausées aux finances <strong>de</strong> l’État (58).Malgré ce<strong>la</strong>, il convient <strong>de</strong> souligner que l’IEVP introduit une innovationtrès intéressante, à savoir que 5 % <strong>de</strong>s fonds sont réservés aux programmes<strong>de</strong> coopération transfrontalière sous-régionaux ou bi<strong>la</strong>téraux, complétéspar un montant équivalent <strong>de</strong> fonds structurels européens (qui finançaientles projets Interreg jusqu’à présent), ce qui donne au total un montant <strong>de</strong>1 180 millions d’euros. Ces programmes <strong>de</strong> coopération transfrontalièrereprennent <strong>la</strong> méthodologie <strong>de</strong>s fonds structurels européens, bien quelégèrement simplifiée concernant certaines procédures. Malheureusement,alors que le Programme du Bassin méditerranéen est déjà en route (mêmesi tous les pays du Sud n’y ont pas encore adhéré), parmi trois <strong>de</strong>sprogrammes bi<strong>la</strong>téraux établis en Méditerranée, <strong>de</strong>ux sont bloqués entrel’Espagne et le Maroc <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s raisons politiques tenant à <strong>la</strong> participationau programme <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> Sebta et Melil<strong>la</strong> ; par contre, celui entre <strong>la</strong>Sicile et <strong>la</strong> Tunisie a déjà été approuvé.L’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, <strong>pour</strong> sa part, ne semble pas apporterbeaucoup <strong>de</strong> valeur ajoutée en termes <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong> nouvellesressources financières et moins encore dans le contexte actuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> criseéconomique mondiale. En effet, aucun engagement financier précis n’a étéassumé, ni au Sommet <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> juillet 2008, ni à <strong>la</strong> réunion ministérielle<strong>de</strong> Marseille <strong>de</strong> novembre 2008, <strong>pour</strong> financer les projets régionauxsélectionnés. Qui plus est, les débats et propositions qui ont précédé<strong>la</strong> création <strong>de</strong> l’UPM ont mis en lumière que l’un <strong>de</strong>s axes essentiels<strong>pour</strong> renforcer le Partenariat euro-méditerranéen doit être <strong>la</strong> constructiond’infrastructures <strong>de</strong> toutes sortes (énergie, transports, dépollution…) etque, par ailleurs, le succès <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s initiatives envisagées (enparticulier en matière d’énergie, <strong>de</strong> financement et d’investissement ouconcernant l’eau) passe par une série <strong>de</strong> réformes d’accompagnement(58) Voir Iván Martín (2004) : « The Social Impact of Euro-Mediterranean Free Tra<strong>de</strong> Areas :a First Approach with Special Reference to the Case of Morocco », Mediterranean Politics,vol. 9.3, Taylor & Francis, Londres, p. 422-458.


Un nouvel instrument financier <strong>pour</strong> un nouveau statut avancé 99assurant <strong>la</strong> création d’un climat propice à l’initiative privée, ce qui est,malgré les progrès réalisés, loin d’être achevé dans les pays partenairesméditerranéens. Or, l’expérience d’intégration européenne prouve que<strong>la</strong> construction d’infrastructures, même si elle est exécutée par <strong>de</strong>sentreprises privées, a besoin <strong>de</strong> financement public, notamment si l’onsouhaite parvenir à un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> cohésion régionale (ce quitransforme les infrastructures en <strong>de</strong> véritables biens publics dont <strong>la</strong>rentabilité sociale dépasse <strong>la</strong>rgement <strong>la</strong> rentabilité financière), surtoutdans le cas <strong>de</strong>s infrastructures environnementales. De même, l’acceptationsociale <strong>de</strong>s réformes encouragées par l’Union européenne dans le domaineéconomique et social est d’autant plus aisée qu’elle est accompagnée d’unsoutien financier conséquent <strong>pour</strong> ai<strong>de</strong>r à en pallier les effets négatifs <strong>pour</strong>les secteurs et catégories touchés et faciliter ainsi <strong>la</strong> transition.C’est dans ce cadre qu’il convient <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> l’intérêt que présente <strong>la</strong>possibilité d’explorer, <strong>de</strong> concevoir et d’introduire <strong>de</strong> nouveaux instrumentsfinanciers en Méditerranée. Alors même que nous voulons avancer vers <strong>la</strong>création <strong>de</strong> <strong>la</strong> Zone euro-méditerranéenne <strong>de</strong> libre-échange en 2010 et<strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s pays partenaires au Marché unique européen, ce<strong>la</strong>doit aussi avoir <strong>de</strong>s implications financières, comme ce<strong>la</strong> avait été le caslors <strong>de</strong> <strong>la</strong> création du Marché unique en 1993, qui a été accompagnéed’un triplement <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique régionale européenne <strong>pour</strong>financer une authentique politique <strong>de</strong> cohésion. En effet, <strong>la</strong> questionclé<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions économiques euro-méditerranéennes est <strong>la</strong> question <strong>de</strong><strong>la</strong> convergence : sans convergence ni politique <strong>de</strong> convergence c<strong>la</strong>ire,le projet <strong>de</strong> Partenariat méditerranéen ou, à présent, celui <strong>de</strong> l’Union<strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, n’a pratiquement pas <strong>de</strong> sens, et ce<strong>la</strong> implique <strong>la</strong>coresponsabilité quant aux effets <strong>de</strong>s politiques appliquées.Or, l’Europe a justement, au moins <strong>de</strong>puis 1993, un instrumentpolitique très rôdé qui a prouvé son efficacité : <strong>la</strong> politique régionaleeuropéenne et, plus précisément, <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> cohésion qui a fonctionnéexactement dans cette direction : réussir <strong>la</strong> convergence interne au sein <strong>de</strong>l’Espace économique européen et <strong>la</strong> solidarité entre territoires à niveaux<strong>de</strong> développement très inégaux, tout en promouvant <strong>la</strong> mise à niveau et <strong>la</strong>mo<strong>de</strong>rnisation du tissu économique <strong>de</strong>s régions à <strong>la</strong> traîne <strong>pour</strong> faire face à<strong>la</strong> concurrence au sein du marché unique. <strong>Le</strong>s instruments <strong>de</strong> cette politiquesont les fonds structurels. Dans le cadre du <strong>Statut</strong> avancé, il semble tout àfait logique d’explorer les possibilités d’extension <strong>de</strong> ces fonds au Maroc.


100Iván MartínCette possibilité qui, il y a quelques années encore, semb<strong>la</strong>it inatteignable,n’est plus si lointaine aujourd’hui.Vers un Fonds euro-méditerranéen (ou euro-marocain) <strong>de</strong>cohésionEn re<strong>la</strong>tion avec les perspectives <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong> <strong>la</strong> méthodologie<strong>de</strong>s fonds structurels aux pays du Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, et notammentau Maroc, il faut tout d’abord souligner qu’il ne s’agit pas seulement,ni surtout, d’une augmentation substantielle <strong>de</strong>s ressources financièresdisponibles (même si ce<strong>la</strong> reste important), mais d’une méthodologiepropre aux fonds structurels qui déclenche un processus <strong>de</strong> mobilisation et<strong>de</strong> transformation institutionnelle (qui ne peut cependant pas fonctionneravec <strong>de</strong>s montants dérisoires). Ces fonds ont un effet transformateur, uneffet <strong>de</strong> levier, comme dirait le secteur financier, beaucoup plus importantque celui d’une simple injection <strong>de</strong> ressources supplémentaires. Et ce, aumoins à <strong>de</strong>ux titres :– En premier lieu, un effet <strong>de</strong> levier sur <strong>la</strong> mobilisation <strong>de</strong> ressources dusecteur privé, c’est-à-dire, un effet multiplicateur. Pour le développement<strong>de</strong>s pays du Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, cette mobilisation est indispensablemais elle sera très difficile à réussir si les ressources du secteur public ne sontpas mobilisées auparavant. <strong>Le</strong>s investissements publics en infrastructurescaractéristiques du mécanisme <strong>de</strong>s fonds structurels constituent justementle facteur d’attraction majeur <strong>pour</strong> l’investissement privé (étranger etlocal) et <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong> l’activité économique. L’expérience <strong>de</strong> l’Espagnedans les années 90 en est l’exemple le plus éc<strong>la</strong>tant.– En second lieu, un effet <strong>de</strong> levier sur les réformes. L’Europe offred’excellents exemples: il est ainsi beaucoup plus facile <strong>de</strong> promouvoirn’importe quelle conditionnalité envisagée, notamment en termesd’acceptation sociale <strong>de</strong>s réformes, si elle s’accompagne d’une enveloppefinancière conséquente garantissant, y compris à court terme, un rapportcoût-bénéfice positif <strong>pour</strong> le pays, notamment <strong>pour</strong> les secteurs et lescatégories sociales les plus touchés par les réajustements. <strong>Le</strong>s résistances<strong>de</strong> certaines élites sociales et politiques aux réformes sont alors beaucoupplus faibles.


Un nouvel instrument financier <strong>pour</strong> un nouveau statut avancé 101Évi<strong>de</strong>mment, les pays du Sud ne peuvent, constitutionnellement, avoiraccès aux clés commandant <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> répartition régionale européennequi est limitée aux seuls États-membres. Mais rien n’empêche <strong>la</strong> création<strong>de</strong> nouveaux instruments financiers calqués sur les fonds structurels, ou <strong>de</strong>s’en inspirer tout en les adaptant aux circonstances <strong>de</strong>s Pays partenairesméditerranéens. Pour commencer, un nouveau Fonds euro-méditerranéen<strong>de</strong> cohésion confirmerait l’engagement <strong>de</strong> l’Europe <strong>pour</strong> <strong>la</strong> convergencenon seulement légis<strong>la</strong>tive mais économique <strong>de</strong> ses voisins du Sud.Pour <strong>de</strong>s raisons liées au volume <strong>de</strong>s ressources nécessaires autant qu’à<strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>s pays partenaires bénéficiaires (capacité d’absorption),il serait impensable d’étendre d’emblée cette formule à tous les pays :il faudrait moduler le nouvel instrument en fonction <strong>de</strong>s avancées <strong>de</strong> chaquepays en matière <strong>de</strong> réformes et <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> ses capacités d’absorptionsur le p<strong>la</strong>n à <strong>la</strong> fois financier et institutionnel. Dans un premier temps, uneapproche pragmatique consisterait à viser un consensus au sein du paysconcerné (du Sud et <strong>de</strong> l’Est, car bien que mon analyse ne porte que surles pays méditerranéens voisins, il va <strong>de</strong> soi que nous <strong>de</strong>vrions envisager<strong>la</strong> même innovation autant <strong>pour</strong> le Sud que <strong>pour</strong> l’Est <strong>de</strong> l’Europesimultanément), puis commencer à y appliquer le nouvel instrument à titred’expérience pilote à l’ai<strong>de</strong> d’un fonds <strong>de</strong> « cohésion-pays ».De fait, un mécanisme comportant un élément <strong>de</strong> modu<strong>la</strong>tion simi<strong>la</strong>ire,bien que d’un montant beaucoup plus limité, a bel et bien été introduit dès2007 avec l’Instrument <strong>de</strong> gouvernance dont les fonds n’ont été allouésjusqu’à présent qu’à l’Ukraine et au Maroc. Aussi, parmi les pays partenairesméditerranéens, ce <strong>de</strong>rnier serait-il le meilleur candidat <strong>pour</strong> l’applicationdu nouvel instrument financier <strong>de</strong> cohésion et ce, <strong>pour</strong> les mêmes raisons,qui ont conduit au Document conjoint sur le <strong>Statut</strong> avancé.Par ailleurs, les fonds structurels européens ont développé une gran<strong>de</strong>variété d’instruments financiers avec <strong>de</strong>s objectifs adaptés aux spécificités<strong>de</strong> chaque région européenne, avant d’atteindre leur complexité actuelle.Concernant les pays méditerranéens, je crois qu’il serait beaucoup pluspertinent dans une première phase <strong>de</strong> créer un seul fonds, le Fonds euroméditerranéen<strong>de</strong> cohésion (59), qui regrouperait tous les objectifs,surtout si l’on prévoit <strong>de</strong> se concentrer sur un seul pays pilote.(59) Dans le rapport « Un Partenariat euro-méditerranéen renouvelé <strong>pour</strong> <strong>la</strong> paix, l’emploi et ledéveloppement durable. Un nouvel é<strong>la</strong>n du Processus <strong>de</strong> Barcelone basé sur <strong>la</strong> convergence », é<strong>la</strong>boré


102Iván MartínDe toutes les manières, il faut amorcer au plus tôt le débat sur <strong>la</strong>définition opérationnelle <strong>de</strong>s modalités d’extension <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique régionaleeuropéenne (et <strong>de</strong>s fonds structurels) aux pays du Sud méditerranéen (l’UEne s’y étant pas déjà engagée dans le cadre du <strong>Statut</strong> avancé <strong>pour</strong> leMaroc ?) : création d’un fonds <strong>de</strong> cohésion spécifique ou d’une modalité<strong>de</strong> participation à <strong>la</strong> politique régionale européenne (beaucoup pluscompliquée du point <strong>de</strong> vue juridique et constitutionnel) ; articu<strong>la</strong>tion surun seul fonds-pays ou plusieurs fonds structurels thématiques, commedans le cas <strong>de</strong> l’Europe (et dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV, avec l’Instrument <strong>de</strong>gouvernance et le Fonds d’investissement <strong>de</strong> voisinage (60)) ; système<strong>de</strong> programmation et rôle <strong>de</strong>s différentes instances <strong>de</strong> gouvernement,supervision <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission, etc.Il faut également souligner que l’approche territoriale <strong>de</strong>s fondsstructurels est très différente <strong>de</strong> l’approche macroéconomique ou sectoriellesuivie jusqu’à présent dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération euro-méditerranéenne.Or, <strong>pour</strong> appliquer cette nouvelle approche territoriale, nous manquonsaujourd’hui d’un instrument aussi essentiel qu’un rapport <strong>de</strong> cohésiondans <strong>la</strong> région euro-méditerranéenne, à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong>s rapports émis <strong>pour</strong>les régions européennes. Et c’est une question fondamentale <strong>pour</strong> touteextension <strong>de</strong> <strong>la</strong> formule <strong>de</strong>s fonds structurels.Il faudrait compléter ce fonds-pays par un mécanisme <strong>de</strong> modu<strong>la</strong>tionqui garantirait une augmentation progressive <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s structurelles (d’unmontant qui <strong>pour</strong>rait avoisiner celui du fonds-pays) <strong>pour</strong> tous les paysintégrés dans le système en fonction <strong>de</strong> l’avancement <strong>de</strong> leurs réformeset du développement <strong>de</strong> leurs capacités administratives et institutionnellesconformément à une feuille <strong>de</strong> route déterminée (selon le modèle <strong>de</strong> <strong>la</strong>PEV, mais avec <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’action plus précis en termes <strong>de</strong> calendriers,priorités et ressources et avec une application effective <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong>différenciation et <strong>de</strong> conditionnalité positive). Ces ressources financièresrenforceraient <strong>la</strong> coopération bi<strong>la</strong>térale et ne remp<strong>la</strong>ceraient pas lesressources assignées aux projets régionaux dans le cadre <strong>de</strong> l’UPM, quiont un rôle structurant.par l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, CESPI et l’IEMed <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Commission interméditerranéenne <strong>de</strong><strong>la</strong> CRPM <strong>pour</strong> le Sommet <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée <strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong> juillet 2008, les auteursproposent <strong>de</strong> créer quatre fonds différents : Med-Regio, Agri-Med, Med-Funds et Cult-Med.(60) Voir une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> ces instruments dans Erwwan Lannon et Iván Martín (2009) :Rapport sur les progrès du Partenariat euroméditerranéen, IEMed, p. 40-41.


Un nouvel instrument financier <strong>pour</strong> un nouveau statut avancé 103Quant à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> cet éventuel instrument financier <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>2014-2020, il conviendrait, en plus du rapport cité sur <strong>la</strong> cohésion enMéditerranée, <strong>de</strong> préparer une étu<strong>de</strong> préliminaire sur <strong>la</strong> transférabilité <strong>de</strong>ces fonds qui posent bien entendu <strong>de</strong> nombreux problèmes. Certains sonttrès complexes et délicats du fait justement <strong>de</strong> <strong>la</strong> méthodologie <strong>de</strong>s fondsstructurels qui renvoie à l’essence <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure politique, économique etinstitutionnelle d’un pays.Trois questions semblent fondamentales à cet égard :– <strong>Le</strong> rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission européenne est essentiel dans le cas <strong>de</strong>sfonds structurels et il <strong>de</strong>vrait l’être assurément aussi dans tout nouveauschéma <strong>de</strong> cohésion é<strong>la</strong>rgi au bassin méditerranéen, comme il l’estdéjà dans le cas <strong>de</strong>s programmes MEDA et <strong>de</strong> l’IEVP. Mais il faudraitmobiliser plus <strong>de</strong> ressources humaines car, à mon avis, nous en manquonssérieusement à <strong>la</strong> Commission européenne <strong>pour</strong> gérer les programmesméditerranéens.– En <strong>de</strong>uxième lieu, <strong>la</strong> question clé et <strong>la</strong> plus délicate a trait à <strong>la</strong> réformeet au renforcement <strong>de</strong>s autorités régionales et locales <strong>de</strong>s pays bénéficiaires,puisqu’elles sont les gestionnaires directs <strong>de</strong> ces fonds. Ce<strong>la</strong> pose unproblème éminemment politique. Accompagner l’autonomie politique,dont profitent déjà les municipalités <strong>de</strong> certains pays, en lui associantune autonomie administrative et financière réelle serait une conditionpréa<strong>la</strong>ble <strong>pour</strong> l’adoption <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle formule. Personnellement, jeconsidère qu’une approche globale telle que celle proposée ici, si elle estsoutenue par <strong>de</strong>s ressources financières substantielles, <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong>surmonter ce problème. Par contre, <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité administrative<strong>de</strong>s autorités locales et régionales est plus facile à résoudre. Ce<strong>la</strong> fait partie<strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> transformation structurelle, <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong> fonds etl’assistance technique assurant le développement <strong>de</strong>s capacités nécessaires.Nous ne le savons que trop bien en Espagne <strong>pour</strong> l’avoir utilisé dans <strong>la</strong>procédure <strong>de</strong> distribution et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s fonds structurels, ce qui aamplement contribué à renforcer et à mo<strong>de</strong>rniser les administrationslocales.– Enfin, il va falloir é<strong>la</strong>borer un système unique <strong>de</strong> programmationconjointe et <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nification stratégique (qui i<strong>de</strong>ntifierait les retardsstructurels <strong>de</strong> chaque région, ainsi que ses ressources institutionnelles,humaines, économiques, financières...), exécuté sous forme <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ns


104Iván Martínopérationnels avec un contrat unique (qui remp<strong>la</strong>cerait les P<strong>la</strong>ns d’action<strong>de</strong> voisinage), où convergeraient tous les acteurs travail<strong>la</strong>nt dans une régionet toutes les modalités d’intervention, tous les fonds et mécanismes faisantpartie du nouvel instrument financier <strong>de</strong> cohésion, comme dans le cadre<strong>de</strong> <strong>la</strong> politique régionale européenne. Ce<strong>la</strong> <strong>pour</strong>rait également servir àaller vers une plus gran<strong>de</strong> cohérence entre les interventions <strong>de</strong>s différentesagences <strong>de</strong> coopération <strong>pour</strong> le développement (agences nationales,organismes internationaux, Commission européenne...) travail<strong>la</strong>nt danschaque pays et chaque région.Concernant les ressources nécessaires, une pleine extension <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique régionale au Maroc aurait certes un impact financier considérable.Si l’on applique <strong>la</strong> limite <strong>de</strong>s fonds structurels fixée dans les <strong>de</strong>rnièresPerspectives financières 2007-2013, équiva<strong>la</strong>nt à 4,25 % du PIB d’un pays,on arrive à un p<strong>la</strong>fond <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux milliards d’euros par an, ce qui reviendraità multiplier <strong>la</strong> coopération actuelle par 14 (et atteindre un niveau <strong>de</strong> près<strong>de</strong> 73 euros par habitant et par an) (61). Ce montant paraît énorme etil n’est évi<strong>de</strong>mment pas réaliste à court terme en raison, entre autres, <strong>de</strong><strong>la</strong> capacité d’absorption limitée du Maroc. Mais il est toujours possibled’appliquer le nouveau fonds par étapes, en augmentant progressivementles dotations annuelles <strong>de</strong> sorte que l’on arrive en 2020, par exemple, àl’équivalent <strong>de</strong> 2 % du PIB en fonction <strong>de</strong>s objectifs atteints <strong>de</strong> réformeset <strong>de</strong> convergence réglementaire. Ce<strong>la</strong> supposerait environ un milliardd’euros par an, ce qui représenterait un véritable saut qualitatif dans <strong>la</strong>coopération financière avec le Maroc, et aussi, sans doute, <strong>pour</strong> ce qui est<strong>de</strong> ses perspectives <strong>de</strong> convergence avec l’Europe. Mais d’ici là il y a unequestion d’une importance capitale à résoudre au préa<strong>la</strong>ble.<strong>Le</strong>s enjeux du Programme <strong>de</strong> coopération transfrontalièreEn effet, autant le Maroc a fait preuve d’une excellente capacitéd’absorption <strong>de</strong>s fonds qui lui sont alloués, autant le blocage <strong>de</strong> saparticipation au Programme <strong>de</strong> coopération transfrontalière mis en p<strong>la</strong>cedans le cadre <strong>de</strong> l’IEVP <strong>de</strong>puis 2007 risque d’avoir <strong>de</strong>s conséquences(61) Iván Martín (2009) : « Perspectives financières 2014-2020 : quels instruments financiers<strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée ? », p. 48-57, en IEMed, Europe-Méditerranée. Enjeux, Stratégies, Réformes,Monographies méditerranéennes nº 7, 161 p., Barcelone, http://www.iemed.org/publicacions/<strong>de</strong>talls/monografia7/5.pdf.


Un nouvel instrument financier <strong>pour</strong> un nouveau statut avancé 105négatives quant aux perspectives d’une assistance financière plusimportante, inspirée surtout <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique régionale européenne.En effet, l’IEVP a réservé 5 % <strong>de</strong> ses fonds, à compléter par 5 %supplémentaires provenant du Fonds européen <strong>de</strong> développement régional,à <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> coopération transfrontalière entre les territoiressitués le long <strong>de</strong>s frontières externes <strong>de</strong> l’UE, autrement dit entre <strong>de</strong>s Étatsmembres et <strong>de</strong>s pays partenaires qui partagent <strong>de</strong>s frontières maritimesou terrestres communes. À cet égard, <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> programme sontprévus : bi<strong>la</strong>téraux <strong>pour</strong> les frontières terrestres ou les détroits maritimes,et multi<strong>la</strong>téraux <strong>de</strong> bassin, <strong>pour</strong> les frontières maritimes. Ces programmesseront gérés à partir d’une méthodologie propre aux fonds structurelsencore que légèrement simplifiée, et présupposent un accord <strong>de</strong> partenariatentre les partenaires impliqués du Nord et du Sud. Ils serviront à financer<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> coopération qui seront gérés par les autorités locales etrégionales, mais aussi par d’autres acteurs et partenaires sociaux commeles universités, les syndicats, les organisations patronales, les ONG ou leschambres <strong>de</strong> commerce. <strong>Le</strong> Maroc est censé être bénéficiaire <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>ces programmes :– <strong>Le</strong> programme Espagne-Maroc, avec un volet Andalousie - nord duMaroc et un autre : îles Canaries - sud du Maroc. <strong>Le</strong> budget total indicatifest <strong>de</strong> 156,7 millions d’euros.– <strong>Le</strong> programme du Bassin méditerranéen, doté d’un budgetd’environ 173 millions d’euros <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2007–2013. La Régionautonome <strong>de</strong> Sardaigne gère le Programme en tant qu’Autorité <strong>de</strong> gestioncommune (62).<strong>Le</strong> Programme opérationnel conjoint du Programme Bassin méditerranéena été adopté en août 2008 par <strong>la</strong> Commission européenne (63),et le premier appel à propositions <strong>de</strong> projets standard a été <strong>la</strong>ncé en mai2009. Or, le Maroc a suspendu <strong>pour</strong> l’instant sa participation au Programme(qui requiert <strong>la</strong> signature d’une convention financière avec <strong>la</strong> Commissioneuropéenne), probablement à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> Sebtaet Melil<strong>la</strong> (qui bénéficiaient déjà <strong>de</strong>s fonds du programme Interreg III <strong>pour</strong><strong>la</strong> coopération transfrontalière avec le Maroc en 2000-2006).(62) http://www.enpicbcmed.eu/fr/in<strong>de</strong>x.html.(63) http://www.commed-cglu.org/IMG/pdf/Programme._Fr.pdf.


106Iván MartínL’entrée en fonction du Programme <strong>de</strong> coopération transfrontalièreEspagne-Maroc est conditionnée par l’approbation conjointe du programmepar les gouvernements d’Espagne et du Maroc, qui n’a pu avoir lieu jusqu’àprésent. Ce<strong>la</strong> a déjà entraîné <strong>la</strong> perte <strong>de</strong>s fonds prévus <strong>pour</strong> 2009 (ou plutôt<strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié provenant <strong>de</strong> l’IEVP, tandis que l’autre moitié, correspondantau FEDER, <strong>de</strong>vant être reversée à l’Espagne <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong>coopération transfrontalière <strong>de</strong> l’Andalousie, Sebta et Melil<strong>la</strong>, gérés <strong>de</strong>puisl’Espagne). Si un accord n’est pas conclu entre les <strong>de</strong>ux gouvernementsavant juin 2010, ce sera l’ensemble <strong>de</strong> l’enveloppe du Programme qui seraperdue.Même s’il s’agit d’une question purement bi<strong>la</strong>térale et d’une sommelimitée, l’impact <strong>de</strong> cet échec est à souligner. <strong>Le</strong>s programmes <strong>de</strong>coopération transfrontalière ont été conçus comme un premier bancd’essais <strong>pour</strong> étendre <strong>la</strong> méthodologie <strong>de</strong>s fonds structurels aux pays duvoisinage et, au moment où le Maroc est censé bénéficier à terme <strong>de</strong> cesfonds, c’est un très mauvais signe que <strong>de</strong> ne pas pouvoir utiliser ceux <strong>de</strong><strong>la</strong> première expérience tentée dans ce sens.Préparer le terrain <strong>pour</strong> les fonds structurelsEn plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> débloquer <strong>la</strong> participation du Maroc auprogramme <strong>de</strong> coopération transfrontalière, mener une réflexion, commeprévu dans le Document conjoint, ne suffit pas.Même si l’absence <strong>de</strong> Perspectives financières après 2014 empêche<strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s engagements financiers quelconques, il faut développerun cadre conceptuel c<strong>la</strong>ir <strong>pour</strong> l’assistance financière future qui puisses’insérer dans les négociations <strong>de</strong>s Perspectives financières 2014-2018prévues au cours du <strong>de</strong>uxième semestre 2010. On peut déjà établir, enconformité avec le Document conjoint, le principe d’extension <strong>de</strong> <strong>la</strong>méthodologie <strong>de</strong>s fonds structurels au Maroc, entamer les étu<strong>de</strong>s <strong>pour</strong>définir l’ampleur <strong>de</strong> l’assistance financière « appropriée » mentionnée dansle Document conjoint, par exemple un doublement à partir <strong>de</strong> 2014, et unquadruplement <strong>pour</strong> 2018 en fonction <strong>de</strong>s objectifs réalisés. Une étu<strong>de</strong>sur les modalités <strong>de</strong> cette extension est également nécessaire et <strong>de</strong>vraitêtre entamée immédiatement, <strong>pour</strong> voir s’il convient <strong>de</strong> créer un fonds <strong>de</strong>cohésion UE-Maroc spécifique, à l’instar <strong>de</strong>s fonds structurels, ou ouvrir<strong>la</strong> voie à une participation directe à <strong>la</strong> politique régionale européenne


Un nouvel instrument financier <strong>pour</strong> un nouveau statut avancé 107(beaucoup plus compliquée du point <strong>de</strong> vue juridique et constitutionnel) ?Quelle option adopter ? Un seul fonds-pays ou plusieurs fonds structurelsthématiques, comme dans le cas <strong>de</strong> l’Europe (et dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong>PEV, avec l’Instrument <strong>de</strong> gouvernance et le Fonds d’investissement <strong>de</strong>voisinage) ? Quel système <strong>de</strong> programmation choisir ? Et quel rôle <strong>pour</strong>les différents niveaux <strong>de</strong> gouvernement, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Commission, etc..Nous sommes à quatre ans <strong>de</strong> l’entrée en vigueur <strong>de</strong>s Perspectivesfinancières 2014-2020, et les négociations sont sur le point d’être entaméesà cet effet. Il faut profiter <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition, pendant <strong>la</strong>quellenous sommes toujours liés par les Perspectives financières 2007-2013, <strong>pour</strong>préparer le terrain afin qu’en 2020, vingt-cinq ans après <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong>Barcelone, on puisse s’assurer que le Partenariat euro-méditerranéen auraété <strong>la</strong> phase d’une véritable convergence dans <strong>la</strong> région. Pour ce faire, ilest nécessaire d’avancer sur les axes suivants :• Garantir une dotation <strong>de</strong> fonds appropriée en vue <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong><strong>la</strong> politique régionale aux pays méditerranéens, et dans le cours terme àcertains d’entre eux comme le Maroc, bien que <strong>de</strong> manière progressive etpartielle, au plus tard à partir <strong>de</strong> 2014, afin d’offrir à nos voisins du Sudune véritable perspective <strong>de</strong> convergence, un modèle à suivre (effet <strong>de</strong>démonstration) et un stimu<strong>la</strong>nt efficace <strong>pour</strong> avancer dans les réformes.Pour avoir un impact réel sur le processus <strong>de</strong> transformation économique,politique et social <strong>de</strong>s pays partenaires méditerranéens, il faudrait multiplierles fonds <strong>de</strong> coopération actuels.• Profiter <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition (jusqu’en 2014) <strong>pour</strong> préparerconvenablement l’application é<strong>la</strong>rgie <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique régionale européennedans trois domaines au moins :- rédiger les rapports et les étu<strong>de</strong>s nécessaires <strong>pour</strong> mettre enœuvre ces programmes dans le cadre d’un exercice <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nificationstratégique du développement régional dans les différents pays partenairesméditerranéens, notamment au Maroc, selon le modèle <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>cohésion européens ;- faire une analyse minutieuse <strong>de</strong> <strong>la</strong> transférabilité <strong>de</strong>s fonds structurelseuropéens au Maroc et <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> gestion politique, institutionnelleet financière que ce<strong>la</strong> implique, y compris <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessitéd’éventuelles réformes institutionnelles ;


108Iván Martín- le développement <strong>de</strong>s capacités institutionnelles et administratives<strong>de</strong>s autorités régionales et locales qui, en principe, sont les vecteursinstitutionnels <strong>de</strong> ces politiques. Rien n’empêche <strong>de</strong> s’atteler dès maintenantà <strong>la</strong> préparation d’un rapport <strong>de</strong> cohésion et d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transférabilité,ni <strong>de</strong> <strong>la</strong>ncer un programme ambitieux <strong>de</strong> mise à niveau institutionnelleet administrative (à l’instar <strong>de</strong>s pays voisins <strong>de</strong> l’Est <strong>de</strong> l’Europe et duCaucase méridional, dans le cadre du Partenariat oriental établi au Sommet<strong>de</strong> Prague le 7 mai 2009). Il s’agit <strong>de</strong> procédures qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt peud’argent et qui sont abordables, y compris dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopérationbi<strong>la</strong>térale <strong>de</strong>s pays européens. Elles ont en outre <strong>de</strong>s effets bénéfiquesmême en cas d’échec <strong>de</strong> l’application é<strong>la</strong>rgie <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique régionaleeuropéenne.Tel est le grand défi <strong>de</strong> l’Union Européenne en Méditerranée et,plus particulièrement, au Maroc. Tel est le véritable projet structurant<strong>pour</strong> l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> région, et <strong>la</strong> seule manière cohérente <strong>pour</strong> l’UE<strong>de</strong> répondre aux défis colossaux que lui pose son voisinage. L’UE al’expérience <strong>de</strong> sa politique régionale et le savoir-faire institutionnelrequis. Elle a montré qu’avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> volonté politique elle est capable <strong>de</strong>mobiliser les ressources nécessaires <strong>pour</strong> relever tous les défis. Or, <strong>la</strong>convergence en Méditerranée n’est pas moins précieuse <strong>pour</strong> son avenirque <strong>la</strong> création du Marché unique en 1993, <strong>de</strong> l’Union économique etmonétaire en 1999, ou <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>rgissement en 2004, sans parler <strong>de</strong>s fondsmobilisés <strong>pour</strong> faire face à <strong>la</strong> crise financière et économique mondiale ouau p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> sauvetage <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce en 2010.


La question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formationRepères et perspectivesPer<strong>la</strong> COHEN (64)« Chaque civilisation meurt <strong>de</strong> sa pureté », Senghor« Mon ami, <strong>la</strong> vie c’est l’art <strong>de</strong> <strong>la</strong> rencontre », Vinicio <strong>de</strong> MoraesA partir <strong>de</strong> quelle perspective pouvons-nous examiner <strong>la</strong> question <strong>de</strong>l’éducation dans le cadre du <strong>Statut</strong> avancé Maroc - Union européenne ? Laquestion n’est pas anodine et elle n’est pas que théorique ; elle impliqueen effet que les propositions qui <strong>pour</strong>raient en découler s’appuient surl’hypothèse que, d’un point <strong>de</strong> vue juridique, le <strong>Statut</strong> avancé permettrait<strong>de</strong> faire p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> façon spécifique à cette dimension au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qui estprévu par les statuts d’association antérieurs.La réponse apportée dictera <strong>la</strong> logique d’organisation <strong>de</strong> cettecontribution. La mise en perspective du <strong>Statut</strong> avancé au regard <strong>de</strong> l’Union<strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée n’est pas abordée spécifiquement ici, considérantqu’en effet il n’y a pas antinomie et que le cadre bi<strong>la</strong>téral continue <strong>de</strong>s’inscrire dans les accords multi<strong>la</strong>téraux existants <strong>de</strong> Barcelone et <strong>de</strong> <strong>la</strong>Politique <strong>de</strong> voisinage.Je me propose, dans un premier temps, <strong>de</strong> passer en revue <strong>la</strong> situationactuelle et les logiques d’action <strong>de</strong> l’Union européenne dans les domaines<strong>de</strong> l’éducation-formation, dans un <strong>de</strong>uxième temps, <strong>de</strong> faire le point <strong>de</strong> <strong>la</strong>p<strong>la</strong>ce actuelle du Maroc dans l’utilisation <strong>de</strong>s instruments communautairesdisponibles (dans les différents schémas) <strong>pour</strong> enfin ouvrir quelquesperspectives et pistes dans le cadre du <strong>Statut</strong> avancé. La question sousjacenteet récurrente étant <strong>de</strong> savoir si, en somme, il ne s’agit que <strong>de</strong>prendre p<strong>la</strong>ce dans les orientations et les programmes communautairesdéjà <strong>de</strong>ssinés et utilisés ou si on peut y voir l’opportunité <strong>de</strong> dégager<strong>de</strong> nouveaux contenus et perspectives qui seraient le propre du <strong>Statut</strong>avancé (65).(64) Chargée <strong>de</strong> mission Europe/ International à l’Université <strong>de</strong> Toulouse-le Mirail.(65) Larbi Jaidi. « <strong>Le</strong> statut avancé entre l’UE et le Maroc : un nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> partenariat ? »Afkar/Idées, n° 14, été 2007.


110Per<strong>la</strong> CohenLa question clef sera alors <strong>de</strong> savoir comment construire une p<strong>la</strong>ce etun projet <strong>pour</strong> les priorités éducatives qui permettent d’insuffler à ce <strong>Statut</strong>avancé orientations et contenus permettant <strong>de</strong> doter ce partenariat d’objectifsdurables et <strong>de</strong> réalisations fructueuses <strong>pour</strong> le Maroc et réciproquement.Aussi l’enjeu sera-t-il <strong>de</strong> trouver le chemin qui permette <strong>de</strong> tracer sapropre route dans un statut qui se définit comme “Plus que l’association,moins que l’adhésion, tout sauf les institutions” et <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s domainesstratégiques aussi fondamentaux que le sont l’éducation et <strong>la</strong> formation.Bref rappel <strong>de</strong>s contextes<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé se présente comme une démarche assumée <strong>de</strong> <strong>la</strong>volonté du Maroc <strong>de</strong> donner à ses re<strong>la</strong>tions avec l’UE <strong>de</strong>s contenus et<strong>de</strong>s orientations bi<strong>la</strong>térales propres dans un contexte où se construisentaussi au niveau régional un dialogue et une coopération dans <strong>de</strong>s cadresexistants et renouvelés.L’Accord d’association et <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> voisinageavaient permis un renforcement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions politiques, économiques etcommerciales ainsi qu’un développement soutenu <strong>de</strong>s échanges culturelset humains.<strong>Le</strong> partenariat traite désormais également <strong>de</strong>s domaines stratégiquesliés à <strong>la</strong> sécurité collective, à <strong>la</strong> coopération régionale, à <strong>la</strong> résolution<strong>de</strong>s conflits, à <strong>la</strong> bonne gouvernance, à <strong>la</strong> lutte contre le terrorisme, à <strong>la</strong>régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s flux migratoires, à <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme età <strong>la</strong> coopération en matière d’emploi et d’affaires sociales. Il s’étend à <strong>de</strong>nouveaux domaines tels que <strong>la</strong> coopération énergétique, <strong>la</strong> recherche etl’innovation, l’environnement et le développement durable. Nous p<strong>la</strong>idons<strong>pour</strong> que l’éducation prenne sa p<strong>la</strong>ce pleine et entière dans <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s priorités ci-<strong>de</strong>ssus citées.Un paradoxe à surmonterJe dirai d’entrée <strong>de</strong> jeu et <strong>de</strong> façon qui <strong>pour</strong>rait paraître un peu tropcatégorique que, <strong>de</strong> façon générale, l’éducation comme secteur et dans tousses segments ne fait partie ni <strong>de</strong>s secteurs prioritaires, ni <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politique <strong>de</strong>voisinage, ni <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée ni même du <strong>Statut</strong> avancé.


La question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation Repères et perspectives 111Ce<strong>la</strong>, bien sûr, ne veut pas dire qu’elle n’est pas prise en considération,car elle est présente tant dans le processus <strong>de</strong> Barcelone que dans lesautres accords cités ; ce<strong>la</strong> ne veut pas dire non plus que ce domaine n’aitpas été abondamment traité, mais il l’est sous couvert <strong>de</strong> programmesmultiples répondant à <strong>de</strong>s logiques internes communautaires et <strong>de</strong>stinésprincipalement à l’enseignement supérieur.A cet égard en effet, une coopération diversifiée et riche d’expériencestant bi-nationales que multi<strong>la</strong>térales jalonne ce parcours, et <strong>de</strong>s instrumentsdiversifiés sont disponibles <strong>pour</strong> l’enseignement supérieur et <strong>la</strong> recherche.Nous en examinerons les différents aspects.Pour autant, comme secteur à part entière, l’éducation n’a ni le statut<strong>de</strong>s autres priorités ni <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qu’elle <strong>de</strong>vrait légitimement occuper euégard au cadre <strong>de</strong> l’économie mondialisée <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance, ni surtoutdans <strong>la</strong> perspective historique <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée qui, faut-il le rappeler, rassemble <strong>de</strong>s pays que caractérisent<strong>de</strong>s niveaux d’éducation et <strong>de</strong> développement différenciés, <strong>de</strong>s courbesdémographiques contrastées et <strong>de</strong>s conflits exacerbés.Une coopération et <strong>de</strong>s expériences multiples à capitaliser <strong>pour</strong>ouvrir <strong>de</strong> nouveaux chemins dans le cadre du <strong>Statut</strong> avancéPour l’heure, les contenus <strong>de</strong> l’éducation qui semblent se <strong>de</strong>ssinervisent à améliorer <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s publics universitaires marocains auxprogrammes communautaires ouverts à toutes les régions du mon<strong>de</strong> et auxpays du voisinage. De simples réajustements <strong>de</strong> quelques programmes etmécanismes ainsi qu’un soutien « logistique » sont prévus <strong>pour</strong> permettrecette amélioration.Au regard <strong>de</strong>s enjeux et <strong>de</strong> <strong>la</strong> spécificité du <strong>Statut</strong> avancé, ce simpleréajustement apparaît comme nettement insuffisant. Faudrait-il alors repenseret redéfinir les contenus <strong>de</strong> cette coopération <strong>pour</strong> lui assigner <strong>de</strong>s objectifset <strong>de</strong>s moyens plus en adéquation avec les nouvelles réalités du Maroc,celles <strong>de</strong> l’Europe et celles du mon<strong>de</strong> <strong>pour</strong> <strong>de</strong> véritables partenariats etcomplémentarités au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, à fortiori du <strong>Statut</strong> avancé ?Quelle valeur ajoutée <strong>pour</strong> les uns et <strong>pour</strong> les autres ? Commentfaire <strong>pour</strong> que <strong>la</strong> dimension éducation-formation soit retenue comme unenjeu central, qui prenne en compte les déficiences réelles, qui mette à


112Per<strong>la</strong> Cohenniveau <strong>pour</strong> accompagner <strong>la</strong> mise en œuvre et <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s domainesaffichés dans le <strong>Statut</strong> avancé, qui prépare les compétences nécessaires etintermédiaires <strong>pour</strong> <strong>de</strong>main et <strong>pour</strong> répondre aux exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong> sociétéet <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance ?De quels repères disposons-nous <strong>pour</strong> esquisser un panoramagénéral et rendre compte <strong>de</strong> l’état actuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> question ?Rappelons d’abord que dans le processus même <strong>de</strong> constructioncommunautaire, le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération en matière d’éducation aété presque totalement absent jusque dans les années 70 ; c’était alorsle Conseil <strong>de</strong> l’Europe, organe intergouvernemental, qui était chargé <strong>de</strong>traiter les dossiers re<strong>la</strong>tifs à l’éducation et à <strong>la</strong> culture.La Commission européenne, ce faisant, au fur et à mesure <strong>de</strong>s traités,développait, par le biais d’instruments politiques comme <strong>la</strong> coopération etle partenariat, <strong>de</strong>s programmes spécifiques dotés <strong>de</strong> budgets propres <strong>pour</strong>leur mise en œuvre, parvenant ainsi et plus tard, grâce à l’évolution <strong>de</strong>straités et du cadre juridique, à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une véritable directionEducation et Culture, à <strong>de</strong> nombreux programmes sectoriels, à un p<strong>la</strong>nstratégique d’ensemble connu sous le nom <strong>de</strong> Education et Formation2010 et à une panoplie d’accords avec toutes les régions du mon<strong>de</strong>.Sans entrer plus en détail dans cet aspect chronologique internecommunautaire, il n’est pas inutile <strong>de</strong> comprendre ses mécanismesgénéraux et leurs particu<strong>la</strong>rismes afin d’en dégager <strong>de</strong>s repères utiles <strong>pour</strong>notre propos.Une logique d’ensemble, <strong>de</strong>s objectifs et <strong>de</strong>s instrumentsSi l’on observe le modèle communautaire à l’œuvre en matière d’éducationformationdans tous leurs segments et dans leurs articu<strong>la</strong>tions, nous pouvonsen dégager un schéma d’ensemble dont les éléments seraient les suivants :– un cadre politico-stratégique : <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Lisbonne : « faire <strong>de</strong>l’Europe l’économie <strong>la</strong> plus compétitive », développer l’attractivité <strong>de</strong>suniversités ;


La question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation Repères et perspectives 113– un cadre stratégique d’éducation : « Education et Formation 2010 »adopté en 2002 et qui sert <strong>de</strong> cadre stratégique à toutes les initiativescommunautaires dans ces domaines (66) ;– un chapeau commun à tous les segments : Life Long <strong>Le</strong>arning ;– un objectif mis en œuvre par le biais <strong>de</strong> programmes qui sont autantd’instruments <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre communautaire et dont l’objet est <strong>de</strong>construire <strong>la</strong> dimension européenne <strong>de</strong> l’éducation dans tous ses segments.<strong>Le</strong> Programme LLP se compose <strong>de</strong> :• quatre programmes sectoriels :- Erasmus <strong>pour</strong> l’enseignement supérieur,- <strong>Le</strong>onardo da Vinci <strong>pour</strong> <strong>la</strong> formation professionnelle,- Comenius <strong>pour</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire,- Grundtvig <strong>pour</strong> l’éducation <strong>de</strong>s adultes ;• quatre programmes transversaux qui concernent <strong>la</strong> coopérationen politiques et innovation dans l’éducation, l’apprentissage <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues,le développement <strong>de</strong>s contenus et <strong>de</strong>s services fondés sur les nouvellestechnologies <strong>de</strong> l’information ;• le programme Jean Monnet qui promeut l’enseignement et <strong>la</strong> recherchesur l’intégration européenne comme un sujet d’étu<strong>de</strong>s dans les universités ;• un budget : 7 Mds d’euros <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> budgétaire 2007-2013 ;• <strong>de</strong>ux filières parallèles et articulées : connues sous le nom <strong>de</strong>Processus <strong>de</strong> Copenhague <strong>pour</strong> <strong>la</strong> filière professionnelle et <strong>de</strong> Bologne<strong>pour</strong> <strong>la</strong> filière universitaire ;• une articu<strong>la</strong>tion entre les <strong>de</strong>ux : EQF (Européen QualificationFramework) ;• <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> l’EHEA (Espace européen <strong>de</strong> l’enseignementsupérieur) et <strong>de</strong> l’ERA (Espace européen <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche) et leursarticu<strong>la</strong>tions en casca<strong>de</strong>, le doctorat lien et passerelle champ d’action tant<strong>pour</strong> <strong>la</strong> DG Education que <strong>pour</strong> <strong>la</strong> DG Recherche ;• <strong>la</strong> dimension internationale dans ses déclinaisons multiples etvariées (67).(66) Commission européenne, Education 2010, « Éducation et formation 2010 » adopté par leConseil en mai 2009.(67) Communication <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission au parlement européen, au conseil, au comitééconomique et social européen et au comité <strong>de</strong>s régions. Un cadre stratégique actualisé <strong>pour</strong><strong>la</strong> coopération européenne dans le domaine <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation, Bruxelles, le16.12.2008 COM (2008) 865 final.


114Per<strong>la</strong> CohenLa Commission européenne est en charge d’une <strong>la</strong>rge panoplied’activités extérieures re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> formation et à l’éducation.Citons <strong>de</strong>s programmes européens d’excellence, éminemmentcompétitifs, ouverts aux pays tiers et organisés à <strong>de</strong>s niveaux régionauxappelés « fenêtres » :Erasmus Mundus Master et doctorat avec ses multiples fenêtresgéographiques vise à structurer au niveau communautaire <strong>de</strong>s formationsd’excellence multi institutionnelles, à attirer les meilleurs étudiants dans cesformations grâce à <strong>de</strong>s bourses <strong>pour</strong> enseignants et étudiants et à développer<strong>de</strong>s partenariats entre l’UE et le reste du mon<strong>de</strong>. Jusqu’à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce<strong>de</strong> <strong>la</strong> fenêtre Méditerranée, <strong>de</strong> façon générale, nous pouvons affirmer, au vu<strong>de</strong>s résultats, qu’une infime minorité d’utilisateurs en provenance du sud <strong>de</strong><strong>la</strong> Méditerranée avait bénéficié <strong>de</strong> ces programmes, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce<strong>de</strong> <strong>la</strong> fenêtre, ce<strong>la</strong> gagnerait à être mesuré (DG EACEA).<strong>Le</strong> Programme ressources humaines Marie Curie du PCRD : bourses<strong>pour</strong> <strong>la</strong> formation à <strong>la</strong> recherche, le financement <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> formation par<strong>la</strong> recherche (DG recherche) visant l’attraction <strong>de</strong>s meilleures compétencesdans les domaines prioritaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche communautaire.En un mot, ces programmes d’excellence éminemment compétitifs visenttant <strong>la</strong> structuration au niveau communautaire <strong>de</strong> formations d’excellence et<strong>de</strong> réseaux intra communautaires que l’accueil <strong>de</strong>s meilleurs en provenance<strong>de</strong>s autres régions du mon<strong>de</strong>, pays du voisinage compris ; <strong>de</strong>s programmescommunautaires propres au voisinage comme le programme Tempus. Ilcontribue à <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération dans l’enseignement supérieurentre l’UE et les pays du voisinage Est et Sud.Ces programmes ten<strong>de</strong>nt à :• soutenir les réformes structurelles et les efforts <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation dansles pays partenaires ;• promouvoir <strong>de</strong>s valeurs communes et <strong>la</strong> compréhension mutuelleentre les peuples ;• promouvoir l’UE comme un lieu d’excellence en formation etrecherche ;• améliorer <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s ressources humaines et <strong>de</strong>s services au sein <strong>de</strong>l’UE grâce à <strong>la</strong> connaissance mutuelle, à <strong>la</strong> comparaison et au partage<strong>de</strong> bonnes pratiques.


La question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation Repères et perspectives 115Des coopérations aux statuts différenciés avec le mon<strong>de</strong> entier, <strong>de</strong>sgéométries variables et <strong>de</strong>s schémas d’action spécifiques aux différentesrégions.Citons à cet effet <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> nouvelles dynamiques commecelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction d’espaces communs inte-régionaux d’enseignementsupérieur (UE/Amérique <strong>la</strong>tine, UE/Méditerranée). Ce<strong>la</strong> appelle uneadaptation aux schémas communautaires par les pays concernés, <strong>la</strong> réforme<strong>de</strong>s systèmes éducatifs, l’adoption <strong>de</strong>s schémas <strong>de</strong> diplômes (LMD) :• éxigence qualité, exigence <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne gouvernance ;• mobilité <strong>de</strong>s élites dans les secteurs prioritaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance ;• ouverture au partenariat université–entreprise ;• le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> dimension régionale ;• <strong>la</strong> coopération par accords spécifiques avec <strong>de</strong>s zones géographiques(pays c<strong>la</strong>ssés par <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> développement, émergents et industrialisés)qui met en exergue <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> l’éducation supérieure et professionnelleet <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong> programme d’étu<strong>de</strong>s conjoints. Citons :- Edulink qui soutient <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> construction et d’intégrationrégionale dans les ACP et promeut l’éducation comme moyen <strong>de</strong>réduire <strong>la</strong> pauvreté ;- Asia Linck SHS / Asie ;- ALFA programme <strong>de</strong> coopération entre les institutions d’éducationsupérieure <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong> l’Amérique <strong>la</strong>tine ;- ALBAN programme <strong>de</strong> masters conjoints UE- Amérique <strong>la</strong>tine ;- le dialogue politique sur l’éducation-formation : accords individuelsavec différents pays comme les accords bi<strong>la</strong>téraux avec les USA etle Canada sur Education et Formation (plus volet jeunesse <strong>pour</strong> leCanada) signés en 1995 et renouvelés en 2006. Ils servent <strong>de</strong> base audéveloppement du « dialogue politique » sur l’éducation. En 2007, undialogue politique sectoriel sur l’éducation s’instaurait avec l’Australieet <strong>la</strong> Chine aboutissant à <strong>la</strong> signature d’une déc<strong>la</strong>ration conjointe. En2008 <strong>la</strong> Commission européenne signait <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations simi<strong>la</strong>iresavec Israël et l’In<strong>de</strong>. Des processus simi<strong>la</strong>ires ont été initiés avec leBrésil et le Mexique en 2009. Ces déc<strong>la</strong>rations conjointes sont misesen œuvre par <strong>la</strong> Commission et les autorités nationales concernéesdans les pays partenaires par le biais <strong>de</strong> rencontres entre <strong>de</strong>s


116Per<strong>la</strong> Cohenreprésentants <strong>de</strong> haut niveau, l’organisation d’étu<strong>de</strong>s comparativesconjointes <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong>s conférences sur <strong>de</strong>s thèmesd’intérêt mutuel.Elles se fon<strong>de</strong>nt sur <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> coopération équilibrée au niveau <strong>de</strong>l’enseignement supérieur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation professionnelle, <strong>de</strong> réciprocitéet <strong>de</strong> mise en œuvre d’actions communes.<strong>Le</strong>s accords qui viennent d’être renouvelés fournissent un cadrejuridique jusqu’en 2013. <strong>Le</strong>s fonds octroyés ont été considérablementaugmentés par rapport aux accords précé<strong>de</strong>nts afin <strong>de</strong> renforcer et d’étendre<strong>la</strong> coopération transat<strong>la</strong>ntique en matière d’éducation.Quid du <strong>Statut</strong> avancé au regard <strong>de</strong> tous ces types d’accord ?En un mot, si nous avons insisté si longuement, d’une part, sur <strong>la</strong>cohérence globale du dossier éducation intracommunautaire inscrit dans« Education 2010 » et, d’autre part, sur <strong>la</strong> dimension internationale <strong>de</strong><strong>la</strong> coopération et du partenariat tels qu’elle se décline dans les accords àgéométrie variable passés avec <strong>la</strong> quasi totalité <strong>de</strong>s régions, c’est bien <strong>pour</strong>recentrer <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme et <strong>de</strong>s contenus <strong>de</strong> ce dossier dans le cadredu <strong>Statut</strong> avancé.Passons en revue les programmes auxquels émarge le Maroc <strong>pour</strong>l’heure <strong>pour</strong> en arriver enfin à <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir ce qui <strong>pour</strong>rait sedévelopper à l’avenir.Grosso modo, nous pouvons avancer que le Maroc émarge auxprogrammes communautaires ouverts à <strong>la</strong> coopération internationale etaux programmes spécifiques <strong>de</strong>stinés aux pays du voisinage Sud et Estcomme TEMPUS.TEMPUS est un programme structurant <strong>de</strong>stiné à l’enseignementsupérieur, il permet <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation et l’adaptation aux acquiscommunautaires, il se décline en quatre lignes et favorise l’adoption<strong>de</strong>s modèles et normes prévalents : processus <strong>de</strong> Bologne ; LMD,mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s curricu<strong>la</strong>, ECTS, gouvernance, qualité ; 40 projetssur les 160 présentés par le Maroc au cours <strong>de</strong>s années 2002-2006 ontété financés. Ils concernent dans 27 cas le développement <strong>de</strong> curriculum,dans 10 cas <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s universités et dans 3 cas le développementinstitutionnel. Quelques universités s’y sont particulièrement distinguées.


La question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation Repères et perspectives 117Par ailleurs, le Maroc comme tant d’autres pays est partie prenante <strong>de</strong>tous les programmes communautaires <strong>de</strong> « portée universelle » ouvertsaux pays tiers. Citons d’abord <strong>pour</strong> <strong>la</strong> recherche le PCRD et sonprogramme <strong>de</strong> mobilité Marie Curie et Erasmus Mundus <strong>pour</strong> <strong>la</strong> formation<strong>de</strong> niveau master et doctorat. Ce sont <strong>de</strong>s programmes d’excellence,promouvant <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s meilleurs en provenance <strong>de</strong>s pays tiers. Ilsvisent <strong>la</strong> structuration <strong>de</strong> formations conjointes intra européennes et ledéveloppement <strong>de</strong> partenariats institutionnels avec <strong>de</strong>s pays tiers ; enfinle Programme Jean Monnet, dont <strong>la</strong> finalité est <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong>construction européenne.<strong>Le</strong> Maroc émarge aussi à <strong>de</strong> nombreux programmes sectoriels Eurome<strong>de</strong>t a construit <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> partenariat autour <strong>de</strong> ces instruments qu’il<strong>pour</strong>rait mobiliser <strong>pour</strong> innover en matière <strong>de</strong> coopération Ce n’est pasrien et c’est beaucoup car ces programmes ont réellement servi <strong>de</strong> levier<strong>pour</strong> <strong>de</strong>s transformations et <strong>de</strong>s adaptations nécessaires et <strong>pour</strong> p<strong>la</strong>cer dansles filières <strong>de</strong> l’excellence compétitive <strong>de</strong>s chercheurs et <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong>recherche, quoique <strong>de</strong> façon assez limitée encore, mais <strong>de</strong>s apprentissagesse font et une vue d’ensemble reste nécessaire.Un bi<strong>la</strong>n exhaustif reste à faire <strong>de</strong> toutes ces participations afin d’endégager une base <strong>de</strong> connaissance sur les comportements <strong>de</strong>s institutionsvis-à-vis <strong>de</strong> ces programmes et <strong>de</strong> repérer <strong>de</strong> façon aussi concise quepossible les domaines scientifiques dans lesquels participent les chercheurset <strong>la</strong> mobilité qui s’y développe.Mais au total, les programmes d’excellence <strong>de</strong> mobilité couvrantprincipalement master et doctorat et dans les programmes du PCRD, touten méritant d’être consolidés et confortés par les moyens nécessaires nes’adressent qu’à une infime minorité <strong>de</strong> l’élite académique <strong>pour</strong> le moment.Et <strong>la</strong> consolidation <strong>pour</strong> une plus gran<strong>de</strong> participation à ces programmesy compris Tempus, prévue dans le cadre du <strong>Statut</strong> avancé ne changera passubstantiellement <strong>la</strong> donne générale car ces programmes ciblent les mêmespublics, peu nombreux dans l’absolu. En tout état <strong>de</strong> cause, les possiblesnouvelles initiatives ne <strong>de</strong>vraient remettre en cause aucun <strong>de</strong>s programmesexistants, voire permettront <strong>de</strong> les consoli<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> les é<strong>la</strong>rgir par ouvertureet préparation en amont <strong>de</strong> nouveaux publics.Comment alors réfléchir à une coopération sectorielle avancée intégrantplusieurs segments <strong>de</strong> l’éducation, promouvant <strong>la</strong> dimension <strong>de</strong> réciprocité,


118Per<strong>la</strong> Cohenfavorisant <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> connaissance et d’ancrage <strong>de</strong> l’excellence au Marocaussi ?Peut on envisager que le <strong>Statut</strong> avancé permette d’émarger à <strong>de</strong>sprogrammes intra communautaires « réaménagés » tels que <strong>Le</strong>onardo,Gruntdvig ou seuls Erasmus Mundus et Jean Monnet resteront ilsaccessibles ? En d’autres termes, tous les programmes re<strong>la</strong>tifs à d’autressegments vont-ils s’ouvrir à <strong>la</strong> participation <strong>de</strong> partenaires <strong>de</strong> pays tiers oule seul segment ouvert restera-t-il celui <strong>de</strong> l’enseignement supérieur ?La décision du Parlement européen et du Conseil du 15 novembre2006 (68) ouvre <strong>de</strong>s perspectives intéressantes dans le cadre duprogramme d’apprentissage tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie LLP. En effet, selon cettedécision, <strong>de</strong>s partenaires <strong>de</strong> pays tiers peuvent participer à <strong>de</strong>s projets,réseaux ou partenariats multi<strong>la</strong>téraux en vertu <strong>de</strong> l’article 14, paragraphe 2,à <strong>la</strong> discrétion <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission ou <strong>de</strong> l’agence nationale concernée.La décision <strong>de</strong> soutenir ou non ces partenaires se fon<strong>de</strong> sur l’importance<strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur ajoutée susceptible <strong>de</strong> résulter, au niveau européen, <strong>de</strong> leurparticipation au projet, réseau ou partenariat en question.L’objectif premier <strong>de</strong> cette coopération avec les pays tiers dans le cadredu « Programme Apprendre tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie » n’est pas d’apporter <strong>de</strong>l’ai<strong>de</strong> aux pays concernés, cet objectif étant mis en œuvre dans les activités<strong>de</strong> coopération extérieure <strong>de</strong> l’Union, mais bien <strong>de</strong> soutenir le processusd’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation au sein <strong>de</strong>l’Europe.Une liste d’actions précises a été ouverte à <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s PaysTiers, et l’année 2010 est une année pilote. Un tableau spécifique <strong>de</strong>ssous-programmes et <strong>de</strong>s actions ouverts à participation a été é<strong>la</strong>boré. Ony a notamment noté que tous les sous-programmes sont concernés et queles actions concernent <strong>de</strong>s projets et réseaux multi<strong>la</strong>téraux, <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong>coopération universités entreprises, etc. <strong>Le</strong> Maroc figure sur <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s payséligibles, il est donc concerné tant par Comenius (enseignement sco<strong>la</strong>ire)que par <strong>Le</strong>onardo (formation professionnelle) et Erasmus (universités) et<strong>pour</strong>rait dans ces cadres précis abor<strong>de</strong>r tant <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> problématique(68) Décision n° 1720/2006/EC du Parlement européen et du Conseil du 15 novembre 2006établissant un programme d’action dans le champ <strong>de</strong> Life long learning, JO L327 du 24 novembre2006.


La question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation Repères et perspectives 119analphabétisme et illettrisme que celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation professionnelle.C’est une ouverture non négligeable à <strong>de</strong>s segments qui jusque là neconcernaient que <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union et qui <strong>de</strong>vrait permette une meilleurearticu<strong>la</strong>tion et un échange <strong>de</strong> bonnes pratiques.Pour un agenda spécifique <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération sectorielleéducation/formation (69)A l’issue <strong>de</strong>s travaux menés pendant plus <strong>de</strong> trois ans, les Ateliersculturels méditerranéens <strong>pour</strong> le dialogue <strong>de</strong>s peuples et <strong>de</strong>s cultures,avaient é<strong>la</strong>boré un véritable p<strong>la</strong>n d’action culturelle dans le cadre Euro-Méditerranée et l’UPM.Il nous avait paru alors que l’urgence était <strong>de</strong> définir le sens, les finalitéset les priorités ainsi que les instruments d’un agenda euro-méditerranéen<strong>pour</strong> le secteur <strong>de</strong> l’éducation. Toutes choses étant égales par ailleurs, ce<strong>la</strong>reste pertinent dans le cadre du <strong>Statut</strong> avancé, du moins sur <strong>de</strong>s segmentsspécifiques qui <strong>pour</strong>raient servir <strong>de</strong> projets-pilotes généralisables.Il ne <strong>pour</strong>rait suffire en effet que les seules logiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> participationet <strong>de</strong> l’adaptation aux programmes existants <strong>pour</strong> le supérieur tiennentlieu d’objectifs et <strong>de</strong> finalités du partenariat sur le dossier éducatif dans le<strong>Statut</strong> avancé.<strong>Le</strong> p<strong>la</strong>n d’action général <strong>de</strong>s Ateliers culturels s’appuyait sur <strong>la</strong>nécessité <strong>de</strong> développer <strong>la</strong> connaissance et <strong>la</strong> compréhension mutuelle, <strong>de</strong> <strong>la</strong>production <strong>de</strong> richesses et d’emploi, du co-développement méditerranéen.L’Atelier Education, dans ce contexte et <strong>pour</strong> sa part, lors <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong>Paris, Séville, Alexandrie et Marseille, avait formulé <strong>de</strong>s recommandationsautour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux axes centraux affirmant qu’un saut qualitatif et quantitatif<strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité était indispensable <strong>pour</strong>l’avenir <strong>de</strong> tout partenariat entre l’UE et les pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée.(69) Per<strong>la</strong> Cohen, « Atelier Education in Ateliers Culturels méditerranées <strong>pour</strong> le dialogue <strong>de</strong>speuples et <strong>de</strong>s cultures », Actes <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Marseille, ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères,Paris 2008.Il convient <strong>de</strong> rappeler que les Ateliers culturels conduits par Jacques Huntzinger ont tenuquatre conférences (Paris, Séville, Alexandrie et Marseille). Dans ce cadre, l’Atelier Educationa été coordonné tour à tour par Guy Haug et Per<strong>la</strong> Cohen, Per<strong>la</strong> Cohen et Driss Khrouz avec <strong>la</strong>participation <strong>de</strong> nombreux contributeurs par segment dont sans exclusive Victor Billeh, JacquesFijalkow, Guise<strong>la</strong> Baumgratz, Laurent Cortese et <strong>de</strong> nombreux autres intervenants.


120Per<strong>la</strong> CohenCes <strong>de</strong>ux axes visaient :– d’une part, une meilleure adaptation permettant une bonne utilisation<strong>de</strong>s programmes existants (Tempus-Meda, Erasmus Mundus, Marie-Curieet PCRD) tout en soulignant que ces mesures nécessaires resterontinsuffisantes ;– <strong>de</strong> l’autre, à ajouter à l’existant un programme <strong>de</strong> coopération et<strong>de</strong> mobilité spécifique couvrant l’ensemble <strong>de</strong>s segments <strong>de</strong>s systèmeséducatifs.Ces recommandations avaient permis d’é<strong>la</strong>borer un projet « EducationMéditerranée (70) » bâti autour d’une idée centrale : l’éducation commesecteur et dans tous ses segments <strong>de</strong>vrait être prise en considération et fairel’objet d’un P<strong>la</strong>n d’action à l’image d’Education formation 2010 <strong>de</strong> l’UE.Nos propositions al<strong>la</strong>ient dans ce sens, elles concernaient l’éducation<strong>de</strong> base, <strong>la</strong> formation professionnelle, un « Bologne méditerranéen » unvéritable Erasmus méditerranéen avec le développement <strong>de</strong> l’enseignement<strong>de</strong> l’interculturel dans les systèmes éducatifs.Il recommandait notamment <strong>de</strong> cibler <strong>de</strong>s priorités <strong>pour</strong> l’effort éducatifen fonction <strong>de</strong>s réalités, <strong>de</strong>s besoins et <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong> développement<strong>pour</strong> <strong>de</strong>main intégrant <strong>la</strong> formation initiale et professionnelle, le supérieur,<strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s formateurs ; <strong>de</strong> bâtir et consoli<strong>de</strong>r les bases <strong>de</strong> connaissanceréciproques, <strong>de</strong>s valeurs partagées ; <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s passerelles entre lesdifférents systèmes éducatifs permettant <strong>de</strong> s’y dép<strong>la</strong>cer et <strong>de</strong> traiter lesquestion <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngues.De plus était suggérée <strong>la</strong> définition d’un programme <strong>de</strong> mobilité plusouvert et plus adapté, plus <strong>la</strong>rge et plus démocratique en rappe<strong>la</strong>nt que <strong>la</strong>question <strong>de</strong> l’éducation ne concernait pas que l’enseignement supérieur.La formation et l’équipement <strong>de</strong>s maîtres du primaire et du secondaireentre autres nous semb<strong>la</strong>ient primordiaux.La question <strong>de</strong>s ressources était évoquée sous l’angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> doublenécessité <strong>de</strong> mobiliser les ressources nécessaires et <strong>de</strong> veiller à unemeilleure équité dans <strong>la</strong> distribution <strong>de</strong>s ressources publiques entre <strong>de</strong>sélites bien formées, les besoins <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s tranches intermédiairesqui <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus nécessaires, <strong>la</strong> qualification <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion(70) Per<strong>la</strong> Cohen et Guy Haug, « Pour un agenda éducation euro-méditerranéen dans l’UPM »,novembre 2008 ; Actes du colloque <strong>de</strong> Marseille, novembre 2008.


La question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation Repères et perspectives 121active et <strong>la</strong> prise en considération <strong>de</strong>s publics en difficulté ou sousfavorisés. Ce n’était pas qu’un catalogue à <strong>la</strong> Prévert ni les élucubrations<strong>de</strong> doux rêveurs, nous en retrouvons d’ailleurs les principaux élémentsdans le Programme Indicatif National 2007-2010, et les propositionsfaites en appui à l’Initiative nationale <strong>pour</strong> le développement humainrécapitulent bien et éc<strong>la</strong>irent les priorités fixées par le Maroc selonses besoins spécifiques, ciblent les différents segments en mettant unaccent particulier sur l’éducation <strong>de</strong> base et les problèmes que posentanalphabétisme et illettrisme en dépit <strong>de</strong>s efforts importants réalisés enmatière <strong>de</strong> développement et d’action sociale.Comment articuler ces options <strong>pour</strong> en faire <strong>de</strong>s actions à développerdans le cadre du <strong>Statut</strong> avancé en les intégrant dans les cadres régionauxprévalents qui <strong>pour</strong> l’heure n’ont pas le secteur éducation dans leuragenda ? Comment bâtir un P<strong>la</strong>n éducation 2020 qui s’appuierait surEducation formation 2010, en somme comment construire ensemble unagenda éducation? A quel niveau et avec quelles ressources ?S’ouvrir sur <strong>de</strong> nouvelles perspectives<strong>Le</strong> <strong>Statut</strong> avancé se fon<strong>de</strong> sur le co-développement, <strong>la</strong> coresponsabilitéet <strong>la</strong> convergence <strong>de</strong>s intérêts. Son double ancrage Euromed et Voisinagedans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion avec l’UE n’exclut en rien ses autres dimensions, ni sesautres ancrages (Maghreb Afrique) ni ses autres re<strong>la</strong>tions. La question estalors <strong>de</strong> bien discerner les niveaux et d’en travailler les articu<strong>la</strong>tions afind’éviter doublons et gaspil<strong>la</strong>ges et <strong>de</strong> définir son rôle dans ces différentesconfigurations en s’appuyant sur <strong>de</strong>s mécanismes institutionnels rénovésafin <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s contenus aux déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> principe. En somme, cestatut <strong>de</strong> partenaire avancé changera- t-il <strong>la</strong> donne sur le fond ?Si oui, l’objectif sera l’é<strong>la</strong>boration d’un agenda commun <strong>pour</strong> l’éducationdans l’économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance alors que ce<strong>la</strong> n’a pas été envisagédans le cadre <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée. Cet agenda commun<strong>de</strong>vrait s’appliquer aux grands secteurs que sont l’éducation <strong>de</strong> base, <strong>la</strong>lutte contre l’analphabétisme et l’illettrisme, <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> formationprofessionnelle, lieu privilégié <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre formation, emploi etdéveloppement, le dossier <strong>de</strong> l’enseignement supérieur, dans lequel un sautqualitatif et quantitatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité est indispensabletout en s’ouvrant à <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> l’éducation interculturelle.


122Per<strong>la</strong> CohenUn saut qualitatif et quantitatif est nécessaire en matièred’éducation et <strong>de</strong> formation : quelques pistesIl <strong>de</strong>vrait viser à :– consoli<strong>de</strong>r <strong>la</strong> part prise dans les programmes actuels et i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>nouvelles actions <strong>de</strong>stinées à l’ensemble du système en cib<strong>la</strong>nt les prioritéspar étapes afin <strong>de</strong> faciliter l’acquisition <strong>de</strong>s connaissances et <strong>de</strong>s compétencesnécessaires à une économie mondiale fondée sur <strong>la</strong> connaissance ;– promouvoir <strong>de</strong> meilleures re<strong>la</strong>tions entre les citoyens européens et ceux<strong>de</strong>s pays partenaires, et améliorer <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong>s cultures, <strong>la</strong>ngues etinstitutions. Des exemples d’accords vertueux et <strong>de</strong> définition <strong>de</strong>s contenuspeuvent être trouvés ça et <strong>la</strong>, nous évoquerons l’exemple <strong>de</strong> l’accord UE-USA d’ordre structurant sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s intérêts mutuels <strong>de</strong>s partenaires ;– consoli<strong>de</strong>r et soutenir les actions <strong>de</strong> rapprochement du systèmed’Enseignement Supérieur et <strong>de</strong> Recherche et <strong>de</strong> formation professionnellemarocains à l’Espace européen d’Enseignement Supérieur et <strong>de</strong> RechercheScientifique tout en prenant en considération les réalités objectives et lesdiversités existantes ;– consoli<strong>de</strong>r et soutenir <strong>de</strong>s actions communes :• Projets <strong>de</strong> diplômes communs ou doubles : cette expérience menéeavec les États-Unis en 2006 soutient <strong>de</strong>s consortia d’établissementsd’enseignement supérieur qui cherchent à créer <strong>de</strong>s programmesd’étu<strong>de</strong> communs intégrés. Dans le cadre <strong>de</strong> ces programmes, <strong>de</strong>sétudiants passent une importante pério<strong>de</strong> d’étu<strong>de</strong> dans le payspartenaire et y obtiennent un diplôme commun ou double ;• Projets <strong>de</strong> mobilité communs mis sur pied et gérés par ungroupe d’établissements d’enseignement supérieur et/ou <strong>de</strong>l’enseignement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation professionnels <strong>de</strong> l’UE et d’unpays partenaire. <strong>Le</strong>s activités mettent l’accent sur <strong>la</strong> mobilitéà court terme <strong>de</strong>s étudiants (généralement un semestre) avecreconnaissance <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s d’étu<strong>de</strong> à l’étranger, développementd’un programme commun et échange <strong>de</strong> stagiaires, <strong>de</strong> personnelenseignant ou d’administrateurs. La dimension réciprocité noussemble importante à retenir. D’autres pays comme le Mexiqueavaient mis en p<strong>la</strong>ce dans le cadre <strong>de</strong> programmes comme lePROMEP <strong>de</strong>s échanges fondés sur <strong>de</strong>s mobilités <strong>de</strong> courte durée


La question <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation Repères et perspectives 123qui avaient le double avantage <strong>de</strong> permettre aux professionnelsmobiles <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r un pied dans leur cadre d’origine et <strong>de</strong> limiterle phénomène <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite <strong>de</strong>s cerveaux ;• Dialogue et projets axés sur les politiques <strong>de</strong>stinés à abor<strong>de</strong>r<strong>de</strong>s questions stratégiques liées aux systèmes d’éducation et<strong>de</strong> formation, ainsi qu’aux politiques <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong> ses payspartenaires. Cette action implique <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s séminaires,<strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong>s exercices d’étalonnage qui abor<strong>de</strong>nt<strong>de</strong>s problèmes comparatifs <strong>de</strong> l’enseignement supérieur et <strong>de</strong><strong>la</strong> formation professionnelle, notamment <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong>squalifications et les questions d’accréditation ;– promouvoir davantage <strong>la</strong> participation marocaine aux programmesexistants ouverts à <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s pays du voisinage, et initier uneréflexion sur <strong>la</strong> participation éventuelle à d’autres programmes pertinentscomme <strong>Le</strong>onardo <strong>pour</strong> <strong>la</strong> formation professionnelle ou mettre en p<strong>la</strong>ce unefenêtre <strong>Le</strong>onardo régional méditerranéen ;– utiliser les instruments existants chaque fois que les règles lepermettent <strong>pour</strong> multi<strong>la</strong>téraliser les re<strong>la</strong>tions (Maroc+Pays <strong>de</strong> l’UE+ autrerégion Sud-Sud) ;– investir les programmes (Erasmus, PCRD) <strong>pour</strong> structurer lesformations doctorales, <strong>la</strong> recherche en SHS et l’adapter à l’agendacommunautaire <strong>pour</strong> les SHS ;– créer <strong>de</strong>s chaires d’excellence « Ibn Khaldoun » (ou autre) en étroitecoopération avec d’autres pays du Maghreb <strong>pour</strong> favoriser <strong>la</strong> connaissancesur ces pays ;– fixer <strong>de</strong>s ambitions à l’Université euro-méditerranéenne <strong>de</strong> Fès,dont <strong>la</strong> vocation première telle qu’elle se définit est <strong>de</strong> promouvoir àl’échelle régionale les valeurs d’ouverture, d’échange et d’inter-culturalité<strong>pour</strong> qu’elle soit aussi le lieu <strong>de</strong> l’ancrage <strong>de</strong> l’excellence au Sud, <strong>de</strong> <strong>la</strong>connaissance du Maroc et <strong>de</strong> l’universalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance.A titre d’exemple, le Brésil vient d’inaugurer en gran<strong>de</strong> pompel’Université <strong>la</strong>tino-américaine UNILA ouverte à tous les pays <strong>la</strong>tinoaméricainset avec <strong>de</strong>s enseignements adéquats. En somme, développer<strong>de</strong>s dimensions structurantes et les ancrer à <strong>de</strong>s niveaux régionaux etinterrégionaux.


124Per<strong>la</strong> Cohen– utiliser tous les nouveaux instruments et les programmes thématiquesmis en p<strong>la</strong>ce au titre <strong>de</strong> l’action extérieure <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong> développer <strong>la</strong>capacité <strong>de</strong>s universités sur les thèmes clefs <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération dans le<strong>Statut</strong> avancé (<strong>la</strong> question <strong>de</strong>s migrations, <strong>la</strong> mobilité).Toutes ces actions nécessiteront le <strong>la</strong>ncement d’étu<strong>de</strong>s permettantbi<strong>la</strong>ns et repérage <strong>de</strong>s besoins en matière <strong>de</strong> formation et l’i<strong>de</strong>ntification<strong>de</strong>s acteurs avant tout <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> programme.– viser :• une meilleure inclusion sociale par l’éducation et <strong>la</strong> formationprofessionnelle ;• le développement <strong>de</strong>s connaissances et <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> baseindispensables à l’époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> mondialisation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong> <strong>la</strong>connaissance, et le développement <strong>de</strong>s outils communs <strong>de</strong> mesureet <strong>de</strong> connaissance <strong>de</strong>s pratiques permettant en amont le repérage<strong>de</strong>s données nécessaires à l’é<strong>la</strong>boration d’un socle commun <strong>de</strong>connaissances et d’un ensemble <strong>de</strong> valeurs partagées ;• <strong>la</strong> formation et l’équipement <strong>de</strong>s maîtres du primaire et dusecondaire, y compris avec les outils et technologies <strong>de</strong> <strong>la</strong>communication ;• l’appui aux efforts <strong>de</strong> refonte et <strong>de</strong> restructuration <strong>de</strong>sprogrammes et <strong>de</strong>s institutions d’éducation et <strong>de</strong> formation, ycompris au développement lié au programme Education 2010 <strong>de</strong>l’apprentissage tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et au processus <strong>de</strong> Bolognedans l’enseignement supérieur.– construire et consoli<strong>de</strong>r les bases <strong>de</strong> connaissance réciproques, <strong>de</strong>svaleurs partagées.En synthèse, il conviendra <strong>de</strong> préparer <strong>de</strong> vrais p<strong>la</strong>ns d’action à mettreà p<strong>la</strong>t avec les Agences comme EACEA REA ; viser l’évaluation <strong>de</strong>sprogrammes mis en œuvre au Maroc <strong>pour</strong> programmer <strong>la</strong> structuration<strong>de</strong> nouvelles actions ; mettre à contribution les diasporas marocaines quiont l’avantage <strong>de</strong> tenir <strong>la</strong> chaîne par les <strong>de</strong>ux bouts, enfin, tirer les leçons<strong>de</strong> l’existant en i<strong>de</strong>ntifiant les manques et déficiences actuelles au regard<strong>de</strong> ses priorités propres dans le cadre <strong>de</strong>s instruments existants afin <strong>de</strong>promouvoir <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> nouveaux instruments.


La Très Gran<strong>de</strong> Crise Multidimensionnelle etEuromed : chance ou handicap ?Henri RegnaultLa crise mondiale actuelle n’a rien d’une récession dont on <strong>pour</strong>raitsortir par <strong>de</strong>s politiques keynésiennes <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce. Il s’agit d’un processusbeaucoup plus lourd, dont l’importance sera au moins égale à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong>Gran<strong>de</strong> Dépression <strong>de</strong>s années 30 mais dont <strong>la</strong> nature est profondémentdifférente. Nous sommes dans une Très Gran<strong>de</strong> Crise Multidimensionnelle(TGCM) sans précé<strong>de</strong>nt historique, qui ouvre un processus <strong>de</strong> <strong>de</strong>structioncréatrice d’une intensité exceptionnelle dans lequel les territoires vonts’insérer inégalement en fonction <strong>de</strong> leurs capacités à mettre en œuvre <strong>de</strong>spolitiques susceptibles <strong>de</strong> contenir les effets col<strong>la</strong>téraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>structionet <strong>de</strong> dynamiser <strong>la</strong> création. Comment se situe <strong>la</strong> zone Euromed et plusparticulièrement le Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée dans ce processus ?La première partie <strong>de</strong> cet article, De <strong>la</strong> Très Gran<strong>de</strong> CriseMultidimensionnelle, emprunte <strong>la</strong>rgement à <strong>la</strong> conclusion « De <strong>la</strong> nature<strong>de</strong> <strong>la</strong> crise » <strong>de</strong> mon Journal <strong>de</strong> crise : août 2007-janvier 2010, <strong>de</strong>ssubprimes à l’illusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> reprise (à paraître en 2010). Elle développera<strong>la</strong> caractérisation du défi structurel que constitue <strong>la</strong> TGCM en tantque crise multi-systémique mondiale, à <strong>la</strong> fois crise <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion etcrise d’adéquation technologique, débouchant sur une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><strong>de</strong>struction créatrice intense.La <strong>de</strong>uxième partie, Euromed et <strong>la</strong> Très Gran<strong>de</strong> Crise Multidimensionnelle,est une réactualisation <strong>de</strong> mes positions exprimées un anplus tôt (71), à <strong>la</strong> lumière du déroulement du processus <strong>de</strong> crise et <strong>de</strong>l’approfondissement <strong>de</strong> ma réflexion. Elle portera, d’une part, sur l’évolution<strong>de</strong> l’ordre international liée à <strong>la</strong> TGCM, entre continuité et rupture <strong>de</strong>l’articu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> mondialisation et <strong>de</strong> régionalisation, entre(71) Henri Regnault, « Euromed et <strong>la</strong> crise systémique globale », séminaire : L’intelligenceéconomique dans l’espace méditerranéen, organisé par l’Association marocaine d’intelligenceéconomique, Casab<strong>la</strong>nca, Technopark, 4-5 décembre 2008.


126Henri RegnaultSystème Monétaire International unifié ou éc<strong>la</strong>té… et les conséquences<strong>pour</strong> Euromed ; et, d’autre part, sur les hiérarchies territoriales entre inertieet bouleversement face à <strong>la</strong> TGCM et le positionnement <strong>de</strong>s territoireseuro-méditerranéens et <strong>de</strong> leurs politiques territoriales dans le processus<strong>de</strong> <strong>de</strong>struction créatrice.De <strong>la</strong> Très Gran<strong>de</strong> Crise MultidimensionnelleLa TGCM n’est pas un épiso<strong>de</strong> conjoncturel mais un défi structurel, etles politiques <strong>pour</strong> <strong>la</strong> traiter ne relèvent pas <strong>de</strong> l’action conjoncturelle etdonc pas <strong>de</strong>s recettes keynésiennes <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce (qui ont fait merveille dans<strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième moitié du 20 e siècle <strong>pour</strong> sortir <strong>de</strong>s récessions). <strong>Le</strong> problèmen’est pas <strong>de</strong> re<strong>la</strong>ncer mais <strong>de</strong> refon<strong>de</strong>r. La TGCM est une crise multisystèmes mondiale à haut potentiel <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction créatrice.La TGCM est une crise multi-systèmes sans précé<strong>de</strong>nt dansl’histoire humaine. Elle est systémique au sens le plus <strong>la</strong>rge que l’onpuisse donner à ce mot. Il ne s’agit pas seulement <strong>de</strong> l’effondrement ensérie <strong>de</strong>s établissements bancaires, <strong>la</strong> faillite <strong>de</strong> l’un entraînant <strong>la</strong> faillited’autres et ainsi <strong>de</strong> suite. Fort heureusement, nous avons échappé, <strong>de</strong>peu, à l’automne 2008, à un tel effondrement, l’enchaînement infernal àpartir <strong>de</strong> <strong>la</strong> faillite <strong>de</strong> <strong>Le</strong>hman Brothers ayant pu être stoppé par l’action<strong>de</strong>s banques centrales. Mais, dans <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> actuelle, il faut avoir <strong>de</strong><strong>la</strong> crise systémique une conception beaucoup plus <strong>la</strong>rge : d’une part, <strong>la</strong>crise est celle <strong>de</strong> l’ensemble du système social (économique, politique,idéologique) et, d’autre part, elle concerne aussi l’articu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> cesystème social et <strong>de</strong>s écosystèmes (épuisement <strong>de</strong> ressources, disparitionaccélérée d’espèces, environnement et climat).Par ailleurs, <strong>la</strong> TGCM est mondiale, autre dimension <strong>de</strong> multidimensionnalité, au sens spatial : en effet, elle n’est pas seulementcantonnée aux pays dont elle est partie. <strong>Le</strong> débat coup<strong>la</strong>ge / découp<strong>la</strong>geentre les Etats-Unis et le reste du mon<strong>de</strong> (ou entre pays développés etpays émergents) est aujourd’hui tranché dans le sens du coup<strong>la</strong>ge : <strong>la</strong>crise est contagieuse mais avec déca<strong>la</strong>ges temporels, du fait <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is <strong>de</strong>transmission, et avec <strong>de</strong>s nuances d’intensité suivant les territoires.Nous sommes confrontés à <strong>la</strong> concomitance d’une crise <strong>de</strong>régu<strong>la</strong>tion et d’une indispensable rupture technologique imposée parl’inadéquation société humaine / écosystème. La crise <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion


La Très Gran<strong>de</strong> Crise Multidimensionnelle et Euromed : chance ou handicap ? 127tient à l’épuisement du modèle fordiste <strong>pour</strong> cause <strong>de</strong> mondialisationpuis au caractère insoutenable du modèle <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> Greenspanpar en<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong>s ménages : par modèle fordiste, <strong>pour</strong> dire les chosessimplement, on fait référence à <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Trente Glorieuses pendant<strong>la</strong>quelle les sa<strong>la</strong>ires ont pu progresser au rythme <strong>de</strong> <strong>la</strong> productivité,permettant ainsi une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> biens <strong>de</strong>consommation ; par greenspanisme (néologisme pas du tout reconnu parles sphères académiques !) j’entends un ensemble <strong>de</strong> pratiques monétaires(taux bas) et financières (prêts accordés très facilement, titrisation <strong>de</strong>créances incertaines…) qui a débouché sur un très fort en<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong>sménages, déclenchant le détonateur <strong>de</strong>s subprimes. L’inadéquation entresociété humaine et écosystème tient à l’impossibilité <strong>de</strong> prolonger lestechnologies actuelles et en particulier le modèle énergétique sous jacent<strong>pour</strong> cause d’épuisement <strong>de</strong>s ressources fossiles et <strong>de</strong> suspicion (pas <strong>de</strong>certitu<strong>de</strong> absolue) d’impact climatique du modèle énergétique carbone.C’est cette concomitance qui fon<strong>de</strong> <strong>la</strong> spécificité <strong>de</strong> <strong>la</strong> TGCM par rapportaux crises antérieures : je ne parle pas seulement <strong>de</strong>s crises conjoncturellesou <strong>de</strong>s chocs pétroliers, mais aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> dépression <strong>de</strong>s années30 qui, d’une part, n’a pas été aussi globale, ne touchant pas l’ensemble<strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète, et, d’autre part, est restée purement économique, sociale etpolitique dans ses tenants et aboutissants, sans avoir à gérer simultanémentune refondation du modèle technologico-énergétique. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> d’avant1929 est celui du pétrole débutant, le mon<strong>de</strong> d’après les années 30 est celuidu pétrole triomphant, dans le même univers technologique et énergétique.Cette fois-ci nous sommes entrés en crise dans l’ère du pétrole finissantet donc d’une absolue nécessité <strong>de</strong> refon<strong>de</strong>r le modèle énergétique.Cette différence fondamentale entre <strong>la</strong> TGCM actuelle et <strong>la</strong> dépressionprécé<strong>de</strong>nte <strong>de</strong>vrait refroidir l’ar<strong>de</strong>ur à proc<strong>la</strong>mer <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong> crise <strong>de</strong> tousceux qui pensent que les progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> « science » économique font que <strong>la</strong>dépression a été évitée et qu’on sort tranquillement <strong>de</strong> <strong>la</strong> parenthèse d’unerécession. La parenthèse va s’étaler sur une longue pério<strong>de</strong>, parce qu’on nepeut pas repartir comme avant et qu’il faut négocier un virage compliqué.La différence avec <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> dépression est saisissante. Limitonsnousici à <strong>de</strong>ux exemples : dans les années 40 et 50 on ne produit pas les<strong>de</strong>nrées agricoles très différemment que dans les années 30 (pas encore<strong>de</strong> semences hybri<strong>de</strong>s), sous réserve du développement progressif <strong>de</strong> <strong>la</strong>mécanisation ; <strong>de</strong>s améliorations sont certes intervenues dans l’industrie


128Henri Regnaultautomobile mais <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> locomotion est <strong>la</strong> même, fondée sur lemoteur à explosion. Par contre, aujourd’hui, si on se projette dans 20 ans :– Il est probable que nous ne cultiverons plus les mêmes p<strong>la</strong>ntes(l’évolution est déjà amorcée, en dépit <strong>de</strong> fortes réticences en Europesur l’introduction <strong>de</strong>s semences génétiquement modifiées), dansle cadre <strong>de</strong>s innovations biotechnologiques ; <strong>la</strong> palette <strong>de</strong>s produitsphytopharmaceutiques en sera fortement rétrécie et l’industrie <strong>de</strong>sphytosanitaires profondément réorganisée, et c’est heureux <strong>pour</strong> <strong>la</strong>santé <strong>de</strong>s utilisateurs, <strong>la</strong> préservation <strong>de</strong>s espèces et <strong>de</strong>s ressourcesen eau (quantitativement si les nouvelles p<strong>la</strong>ntes cultivées sont moinsexigeantes en eau, qualitativement si l’utilisation <strong>de</strong>s phytosanitaireset <strong>de</strong>s nitrates est limitée). Nous avons <strong>de</strong>vant nous une nouvellerévolution agricole : après celle <strong>de</strong>s assolements (au 18 e siècle), celle<strong>de</strong>s semences hybri<strong>de</strong>s dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième moitié du 20 e , voici venir celle<strong>de</strong>s biotechnologies. Chacune d’elle a joué un rôle déterminant dans <strong>la</strong>capacité <strong>de</strong> l’humanité à gérer sa croissance démographique.– Il est probable aussi que nous roulerons encore <strong>la</strong>rgement dans<strong>de</strong>s voitures individuelles sur courtes et moyennes distances, mais sansrecourir à <strong>la</strong> motorisation pétrolière (au moins dans les zones urbaines) eten développant le moteur électrique, et c’est positif aussi bien en terme<strong>de</strong> nuisances sonores que <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> l’air. La <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong> l’utilisation<strong>de</strong>s matières énergétiques carbonées encore disponibles et du charbonen particulier suppose le développement <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> capture ducarbone (enfouissement du CO2), autre front important <strong>de</strong> l’innovationtechnologique nécessaire.Cette différence entre <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> dépression et <strong>la</strong> TGCM nous interpellesur les cadres théoriques à mobiliser <strong>pour</strong> approfondir notre compréhension<strong>de</strong>s crises et <strong>pour</strong> proposer <strong>de</strong>s approches opérationnelles <strong>de</strong> sortie <strong>de</strong>crise. <strong>Le</strong>s économistes contemporains, lorsqu’ils enten<strong>de</strong>nt le mot crise,développent souvent un réflexe quasi pavlovien d’association <strong>de</strong> mots :Crise… Keynes… Re<strong>la</strong>nce… Policy Mix Budgétaire et Monétaire. Eneffet, Keynes s’est imposé au sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise <strong>de</strong>s années trente comme legrand économiste <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s politiques économiques <strong>de</strong> soutienà l’activité par un équilibre <strong>de</strong> plein emploi. Cependant, Keynes n’est peutêtrepas <strong>la</strong> référence qui nous permet <strong>de</strong> penser et <strong>de</strong> panser <strong>la</strong> TGCM :Si <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong> crise <strong>de</strong>s années 30 s’est faite à technologie constante, <strong>la</strong>sortie <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise actuelle ne <strong>pour</strong>ra se faire que dans le cadre d’une rupture


La Très Gran<strong>de</strong> Crise Multidimensionnelle et Euromed : chance ou handicap ?129technologique, Dès lors, c’est vers Schumpeter (72) et son analyse <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>de</strong>struction créatrice et du rôle <strong>de</strong>s innovations technologiques quenous <strong>de</strong>vons nous tourner. Là où Keynes fut l’économiste d’une crise àtechnologie constante, Schumpeter <strong>de</strong>vrait apparaître comme l’économisted’une crise à rupture technologique. Ce n’est pas en creusant <strong>de</strong>s trous<strong>pour</strong> les reboucher (façon <strong>de</strong> verser <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires et <strong>de</strong> stimuler <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,dimension politique budgétaire) ou en faisant voler les hélicoptères <strong>de</strong>Bernanke <strong>pour</strong> distribuer <strong>de</strong>s dol<strong>la</strong>rs (dimension politique monétaire)qu’on brisera <strong>la</strong> barrière technologique que représente le changementclimatique, l’épuisement <strong>de</strong> ressources non renouve<strong>la</strong>bles et <strong>la</strong> nécessité<strong>de</strong> nourrir correctement 9 milliards d’habitants à l’horizon 2050.La très gran<strong>de</strong> crise est donc multidimensionnelle par excellence,avec, d’une part, <strong>de</strong>s dimensions économiques, sociales, politiques etécosystémiques et, d’autre part, <strong>de</strong>s échéanciers temporels à court àlong terme inextricablement liés, qui s’imposent à tous les pays <strong>de</strong> <strong>la</strong>p<strong>la</strong>nète. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> stagnation qui nous atten<strong>de</strong>nt à court et àmoyen terme (après une éventuelle purge paroxystique encore à venir),<strong>la</strong> véritable sortie <strong>de</strong> crise économique par enclenchement d’un nouveaucycle technologique est inséparable <strong>de</strong> <strong>la</strong> réponse aux défis alimentaires,énergétiques, et environnementaux d’une humanité qui <strong>pour</strong>suit sacroissance démographique. Sans ces avancées technologiques, chaquevelléité <strong>de</strong> reprise économique un peu sérieuse viendrait se briser sur lesverrous alimentaires et énergétiques : <strong>la</strong> hausse <strong>de</strong>s prix alimentaires eténergétiques alimenterait une baisse du pouvoir d’achat, une réduction <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s autres biens et donc une spirale récessive. Chaque amorce<strong>de</strong> reprise contiendrait en elle-même son annihi<strong>la</strong>tion. La véritable sortie <strong>de</strong>crise et l’enclenchement d’un nouveau cycle <strong>de</strong> long terme suppose <strong>de</strong> fairesauter le verrou alimentaire par <strong>la</strong> révolution biotechnologique et le verroupétrolier par <strong>la</strong> conversion énergétique (renouve<strong>la</strong>ble, nucléaire, charbonavec enfouissement du carbone). Ces <strong>de</strong>ux verrous ne sont d’ailleurs pasindépendants, reliés par <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong>s agro-carburants.Finalement, il faut bien admettre que <strong>la</strong> TGCM et <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Dépression<strong>de</strong>s années 30 sont profondément différentes dans leur nature profon<strong>de</strong>,dans leurs caractérisations technologiques et économiques, dans lespolitiques qu’elles appellent et dans les références théoriques auxquelles(72) Né, comme Keynes, en 1883, par ailleurs année <strong>de</strong> mort <strong>de</strong> Marx, premier grand analyste<strong>de</strong> <strong>la</strong> crise... Quelle année <strong>pour</strong> l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée économique !


130Henri Regnaultelles renvoient, comme tente <strong>de</strong> le synthétiser schématiquement – doncsans nuances – le tableau ci-<strong>de</strong>ssous :La non comparabilité entre <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Dépression et <strong>la</strong> TGCMCritères <strong>de</strong> comparaisonGran<strong>de</strong> dépression <strong>de</strong>sannées 30TGCM <strong>de</strong>puis 2007, en coursNature profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> criseCrise dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionCrise dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion hommehomme – homme– homme + homme – natureCaractérisation technologique Crise à technologie constante Crise à rupture technologiqueCaractérisation économique Crise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Crise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à court terme+ crise d’offre non soutenable àlong termePolitique <strong>de</strong> sortie <strong>de</strong> crise Politique <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce Politique d’innovationAuteur <strong>de</strong> référence Keynes SchumpeterSource : « De <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise » in Regnault H., Journal <strong>de</strong> crise, août 2007-janvier 2010, Dessubprimes à l’illusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> reprise, à paraître en 2010.Euromed et <strong>la</strong> Très Gran<strong>de</strong> Crise MultidimensionnelleComment faire le lien entre <strong>la</strong> TGCM et Euromed ? La voie <strong>la</strong> plusdirecte est <strong>de</strong> nous interroger sur les impacts territoriaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> TGCM sur<strong>la</strong> zone Euromed en général et sur le Sud méditerranéen en particulier, enpartant d’une définition du territoire aussi opérationnelle que possible <strong>pour</strong>une telle entreprise.<strong>Le</strong>s géographes et les aménageurs ont produit <strong>de</strong> nombreuses définitionsdu territoire, mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leur diversité, toutes ces définitions tournentautour <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion d’espace occupé par <strong>de</strong>s hommes, organisés en sociétéshumaines et modifiant l’espace naturel. Une telle approche du territoire neme permet guère d’avancer beaucoup dans <strong>la</strong> prospective <strong>de</strong>s impacts <strong>de</strong><strong>la</strong> TGCM. J’ai besoin d’une définition à plus <strong>la</strong>rge spectre disciplinaire<strong>pour</strong> ouvrir un pont intellectuel entre <strong>la</strong> crise et les territoires. Je proposedonc <strong>la</strong> définition suivante : un territoire est un espace socialisé,régulé, appropriable par ses habitants, susceptible <strong>de</strong> se projeterdans l’avenir, <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s stratégies et d’y affecter <strong>de</strong>s ressources.Cette définition introduit une dimension économique à travers <strong>la</strong> notion<strong>de</strong> ressources : pas <strong>de</strong> budget, pas <strong>de</strong> territoire ! Mais c’est aussi unedéfinition politique : pas <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion, pas <strong>de</strong> territoire non


La Très Gran<strong>de</strong> Crise Multidimensionnelle et Euromed : chance ou handicap ?131plus car une telle liberté est <strong>la</strong> condition minimale <strong>de</strong> l’appropriation <strong>de</strong>l’espace par ses habitants, qui peut leur faire considérer qu’il s’agit bien <strong>de</strong>leur territoire. A <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> cette définition, <strong>la</strong> zone Euromed peut-elleêtre considérée comme un territoire ? Non, elle est une juxtaposition <strong>de</strong>territoires. Voyons <strong>pour</strong>quoi.Une telle définition peut s’appliquer à <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> tailles trèsdiverses, <strong>de</strong>puis l’unité territoriale administrative <strong>de</strong> base, une commune,jusqu’à <strong>de</strong>s ensembles <strong>de</strong> pays acceptant <strong>de</strong>s règles communes et disposantd’un minimum d’institutions dotées <strong>de</strong> moyens collectés, directement ouindirectement, auprès <strong>de</strong>s personnes physiques et morales qui occupentou sont en re<strong>la</strong>tion avec cet espace. <strong>Le</strong>s nations sont bien évi<strong>de</strong>mment<strong>de</strong>s territoires au sens <strong>de</strong> cette définition. A l’intérieur <strong>de</strong>s nations, lessous-divisions spatiales dotées <strong>de</strong> budgets propres sont <strong>de</strong>s territoiresau sens <strong>de</strong> ma définition. A l’échelle plurinationale, <strong>de</strong> simples accordscommerciaux <strong>de</strong> type libre-échange ne fon<strong>de</strong>nt pas un territoire, qui nepeut pas se limiter à <strong>la</strong> facilitation <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions marchan<strong>de</strong>s, sans miseen commun <strong>de</strong> ressources et sans libre circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s habitants. Ce n’estqu’au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’union douanière que l’on peut éventuellement envisagerun territoire, si les recettes douanières sont affectées à l’ensemble <strong>de</strong>spartenaires, via un embryon institutionnel, et si une liberté <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tionminimum existe, condition indispensable <strong>de</strong> l’appropriabilité <strong>de</strong> l’espacepar ses habitants. L’Union européenne, en tant qu’Union économique,est un vrai territoire, dans lequel <strong>de</strong>s moyens sont mis en commun àtravers <strong>de</strong>s politiques communes (Politique agricole commune et fondsafférents ; politique <strong>de</strong> cohésion et fonds structurels) et dans lequel existe<strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion (et, au-<strong>de</strong>là, d’établissement) <strong>de</strong>s citoyens. Mais,hormis l’UE, il faut bien admettre que <strong>la</strong> portée pratique du territoiremultinational est faible voire inexistante. Sans budget, l’ALENA (fût-il unaccord d’intégration profon<strong>de</strong>) ne fon<strong>de</strong> pas un territoire, faute <strong>de</strong> pouvoircollecter et affecter <strong>de</strong>s ressources, sans parler du symbole <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong>liberté <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion que représentent les fortifications <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière sud<strong>de</strong>s Etats-Unis. En dépit <strong>de</strong> transferts budgétaires (MEDA puis fonds <strong>de</strong> <strong>la</strong>Politique <strong>de</strong> voisinage) mais sans liberté <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> zone Euromedne peut pas y prétendre non plus : tant qu’il existera <strong>de</strong>s visas (et ce n’estpas <strong>de</strong>main <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> leur disparition !)… La zone Euromed ne sera pasun territoire mais une juxtaposition <strong>de</strong> territoires.


132Henri RegnaultSur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> cette définition du territoire, comment envisager <strong>la</strong>re<strong>la</strong>tion qui s’établit entre les territoires euro-méditerranéens et <strong>la</strong> TGCM ?Nous nous intéresserons tout particulièrement aux territoires du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong>Méditerranée, et encore plus spécifiquement à ceux, tels le Maroc ou <strong>la</strong>Tunisie, qui se sont engagés dans <strong>la</strong> division internationale du travail et plusspécifiquement dans <strong>la</strong> division internationale <strong>de</strong>s processus productifs ausein <strong>de</strong> réseaux productifs plurinationaux. Ces territoires ainsi ciblés sontparticulièrement concernés par toute modification <strong>de</strong> l’ordre économiqueinternational (dans ses dimensions commerciales et monétaires) et par lesconséquences possibles <strong>de</strong>s modifications technologiques sur <strong>la</strong> hiérarchie<strong>de</strong>s territoires, en fonction <strong>de</strong> leur capacité à s’approprier les nouvellestechnologies et <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> positionnement dans les chaînes <strong>de</strong>valeur qui peuvent en résulter.Euromed et l’évolution <strong>de</strong> l’ordre économique international :entre continuité et rupture <strong>de</strong> l’articu<strong>la</strong>tion régionalisation/mondialisation ?<strong>Le</strong> sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée est <strong>la</strong>rgement engagé dans le processuscommercial multi<strong>la</strong>téral <strong>de</strong> l’OMC (sauf l’Algérie et <strong>la</strong> Libye qui ontun simple statut d’observateur à l’OMC), mais aussi dans le processusrégional euro-méditerranéen (sauf <strong>la</strong> Libye), voire dans d’autres accordspréférentiels, tout particulièrement le Maroc (accord <strong>de</strong> libre-échange avecles Etats-Unis). L’articu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’ordre multi<strong>la</strong>téral mondial <strong>de</strong> l’OMC et<strong>de</strong> l’ordre préférentiel régional euro-méditerranéen est donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> premièreimportance <strong>pour</strong> les territoires du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée. Mais, du fait<strong>de</strong>s bouleversements liés à <strong>la</strong> TGCM, il faut considérer aujourd’hui que <strong>la</strong>question monétaire internationale surdétermine <strong>la</strong> question commercialeinternationale, que les choses importantes en matière d’évolution <strong>de</strong> l’ordreéconomique international se passent au FMI plus qu’à l’OMC, comme entémoigne le désintérêt vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> conclusion du Doha Round.<strong>Le</strong> système monétaire international actuel est à l’agonie, victime d’unvice constitutif originel (le statut dominant d’une monnaie nationale – ledol<strong>la</strong>r – comme instrument <strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s créances internationales, maisd’une monnaie nationale d’une économie moins dynamique qu’elle n’aété) et d’un vice ultérieur dans <strong>la</strong> conception <strong>de</strong> <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion économiqueinternationale : l’admission <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chine à l’OMC sans droit <strong>de</strong> regard<strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté internationale sur ses mécanismes <strong>de</strong> change. <strong>Le</strong>s


La Très Gran<strong>de</strong> Crise Multidimensionnelle et Euromed : chance ou handicap ?133marchandises chinoises circulent dans le mon<strong>de</strong> selon <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong>marché libéralisé alors que <strong>la</strong> parité <strong>de</strong> <strong>la</strong> monnaie chinoise est administréepar l’Etat chinois : ce hiatus n’était pas grave tant que l’économie chinoiserestait une « petite économie » au sein <strong>de</strong> l’économie mondiale, sachantque <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s pays en développement administrent ainsi leur taux<strong>de</strong> change sans trop perturber les échanges économiques internationaux.Par contre, ce hiatus <strong>de</strong>vient insupportable maintenant que <strong>la</strong> Chine estun acteur majeur <strong>de</strong> l’économie mondiale et, <strong>de</strong>puis peu, le premier paysexportateur mondial. Et les principales victimes ne sont pas tant les paysdéveloppés que les autres pays en développement (dont <strong>de</strong>s pays du sud<strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée) qui se voient dépossédés <strong>de</strong> leur potentiel exportateurpar le dumping monétaire chinois.Ces dysfonctionnements du SMI ouvrent <strong>la</strong> voie à <strong>de</strong>ux avenirspossibles :– La reconstruction d’un SMI unifié, débarrassé <strong>de</strong> ses asymétriesinsupportables, autour d’un étalon monétaire international construit, sousl’autorité du FMI. Toutefois ce<strong>la</strong> ne signifierait pas <strong>la</strong> prolongation <strong>de</strong><strong>la</strong> situation actuelle. En effet, un nouveau SMI unifié ne <strong>pour</strong>ra fairel’économie d’un mécanisme d’équilibrage tendanciel <strong>de</strong>s échanges : On ne<strong>pour</strong>ra plus rejouer <strong>la</strong> scène d’un gigantesque déficit <strong>de</strong>s USA compensépar un gigantesque excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chine. L’équilibrage tendanciel <strong>de</strong>séchanges entre gran<strong>de</strong>s zones régionales par <strong>la</strong> nécessaire réévaluation <strong>de</strong>smonnaies <strong>de</strong>s zones excé<strong>de</strong>ntaires changera forcément <strong>la</strong> donne actuelle <strong>de</strong><strong>la</strong> division internationale du travail, au profit <strong>de</strong> pays en développementqui ne pouvaient trouver leur véritable p<strong>la</strong>ce dans l’ancien système dufait <strong>de</strong> <strong>la</strong> sous-évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> monnaie chinoise. En effet, un nouveauSMI unifié ne saurait tolérer qu’un grand pays comme <strong>la</strong> Chine puisseadministrer le cours <strong>de</strong> sa monnaie (donc échapper aux mécanismes <strong>de</strong>marché sur sa parité monétaire) tout en réc<strong>la</strong>mant le libre jeu du marché<strong>pour</strong> ses marchandises : c’est là une <strong>de</strong>s contradictions fondamentales dusystème actuel.– L’incapacité à reconstruire un SMI unifié conduirait inévitablementà un repli partiel <strong>de</strong>s échanges mondiaux dans <strong>de</strong>s zones régionales,autour d’une monnaie dominante : l’euro <strong>pour</strong> l’Europe et ses zonespériphériques, le dol<strong>la</strong>r <strong>pour</strong> les Amériques (avec un éventuel contrepoidsbrésilien sur l’Amérique du Sud), le yen et le yuan en coopérationmonétaire renforcée en Asie. Dans un tel cas <strong>de</strong> figure, une remontée


134Henri Regnaultdu protectionnisme (à l’échelle régionale, pas nationale) est inévitable,quelles que soient les réticences <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s firmes habituées à semouvoir dans un espace mondial unifié : <strong>la</strong> division internationale <strong>de</strong>sprocessus productifs, <strong>de</strong>vra se redéployer, forcée et contrainte, d’uneéchelle mondiale à une échelle régionale. <strong>Le</strong>s échanges internationaux<strong>de</strong> biens ordinaires seront <strong>la</strong>rgement contraints par cette nouvelle donnerégionalisée. <strong>Le</strong>s échanges interrégionaux <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> haute technologiedonneront lieu à <strong>de</strong>s négociations d’Etat à Etat au coup par coup, commec’est déjà bien souvent le cas.Dans les <strong>de</strong>ux cas, les pays du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée voient s’ouvrirune fenêtre d’opportunité <strong>pour</strong> les décennies à venir. Sauront-ils exploiterune telle fenêtre <strong>pour</strong> améliorer leur position dans <strong>la</strong> hiérarchie <strong>de</strong>sterritoires ?Euromed et hiérarchie <strong>de</strong>s territoires, entre inertie etbouleversement ?Au grand jeu <strong>de</strong>s territoires, <strong>la</strong> TGCM va rebattre les cartes. Laquestion est <strong>de</strong> savoir dans quelle proportion <strong>la</strong> hiérarchie actuelle <strong>de</strong>sterritoires est susceptible d’être modifiée. En règle générale et en tempsordinaire, l’inertie <strong>de</strong>s hiérarchies territoriales est forte : <strong>Le</strong>s territoires lesmieux situés dans <strong>la</strong> division internationale du travail ont entre leurs mainstous les atouts <strong>pour</strong> rester en haut du c<strong>la</strong>ssement, et les territoires en bas<strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie n’ont pas les moyens <strong>de</strong> développer les politiques qui leurpermettrait <strong>de</strong> remonter. Toutefois les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> rupture technologiqueforte, et <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> qui s’ouvre en est bien une par excellence, sontpropices à <strong>de</strong>s bouleversements hiérarchiques. On a vu dans années 70et 80, aussi bien sur <strong>la</strong> sidérurgie (passage à <strong>la</strong> coulée continue) quesur l’horlogerie (passage à l’électronique), que les barrières à l’entrée(supposées protéger les opérateurs historiques vis-à-vis <strong>de</strong> nouveauxentrants dans le secteur) pouvaient se retourner, piégeant les anciensopérateurs dans <strong>de</strong>s investissements non amortis alors que les nouveauxconcurrents bénéficiaient <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> production optimales. <strong>Le</strong>sterritoires européens et américains <strong>de</strong>s vieilles technologies sidérurgiqueset horlogères portent encore les stigmates <strong>de</strong> ces bouleversements sousforme <strong>de</strong> friches industrielles, alors que <strong>la</strong> Corée ou Taiwan ont connu undéveloppement accéléré <strong>de</strong> leur production d’acier et en ont fait <strong>la</strong> based’une construction navale très performante, et d’une industrie automobile


La Très Gran<strong>de</strong> Crise Multidimensionnelle et Euromed : chance ou handicap ?135en ce qui concerne <strong>la</strong> Corée. Or les enjeux technologico-énergétiquesqui se profilent sont d’une intensité incomparablement supérieure à ceux<strong>de</strong>s années 70 et 80. <strong>Le</strong> dossier énergétique en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pic pétrolier<strong>de</strong>vient vital ; le tournant d’une nouvelle révolution agricole se précise.<strong>Le</strong>s territoires qui prendront du retard à s’inscrire dans le nouvel universtechnologique et qui s’acharneront à sauver les emplois <strong>de</strong>s anciennestechnologies seront vite distancés et régresseront dans <strong>la</strong> hiérarchieterritoriale : ils ne connaîtront <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction créatrice que <strong>la</strong> face sombre !A l’inverse les territoires qui maîtriseront les nouvelles énergies et/ou quisauront participer à <strong>la</strong> nouvelle révolution agricole expérimenteront <strong>de</strong>sraccourcis <strong>de</strong> développement qui les feront remonter dans les hiérarchiesterritoriales, <strong>la</strong> création l’emportant sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction.Nul ne peut dire aujourd’hui avec certitu<strong>de</strong> quels seront les territoires quisortiront gagnants ou perdants <strong>de</strong> <strong>la</strong> TGCM, à un horizon <strong>de</strong> 15 ou 20 ans,sinon que les territoires gagnants seront les territoires schumpetériensinnovateurs, les perdants les keynésiens re<strong>la</strong>nceurs. Qu’en sera-t-il du sud<strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée ?<strong>Le</strong> Sud a au moins un avantage : il n’a pas les moyens d’être keynésienre<strong>la</strong>nceur ! Mais a-t-il les moyens d’être schumpetérien innovateur ? Sansdoute pas en tant que concepteur d’innovations, sauf à <strong>la</strong> marge, du fait <strong>de</strong><strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong> son appareil technologique et scientifique. Par contre, il peutchercher à se positionner au mieux dans <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s innovations,en fonction <strong>de</strong> ses dotations naturelles (énergie so<strong>la</strong>ire en particulier) et <strong>de</strong>ses niches <strong>de</strong> compétences, en cib<strong>la</strong>nt ses rares moyens sur <strong>la</strong> formationet <strong>la</strong> recherche-développement, d’une part, et l’adoption, d’autre part,<strong>de</strong>s normes les plus avancées qui lui ouvriront les marchés du Nord et enparticulier <strong>de</strong> l’Europe. Mais qu’il n’atten<strong>de</strong> pas que l’Europe lui fournisseune ai<strong>de</strong> financière massive dans cette démarche : <strong>la</strong> contrainte budgétaireeuropéenne va <strong>de</strong>venir très forte, dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> croissance faible oùles Etats ont dû s’en<strong>de</strong>tter massivement <strong>pour</strong> sauver leur système financierd’une déroute totale. Dès lors, il n’y a pas d’autre voie <strong>pour</strong> le Sud qued’améliorer son insertion au marché européen, par une politique normativeexigeante, et <strong>de</strong> renforcer son attractivité, par une sécurisation maximale<strong>de</strong> l’investissement.L’inscription d’un pays dans le cadre du statut avancé vis-à-vis <strong>de</strong>l’Europe peut être un atout dans cette démarche. Mais en aucun cas ce statutavancé n’est à lui seul une garantie <strong>de</strong> succès. S’il permet <strong>la</strong> mise en œuvre


136Henri Regnault<strong>de</strong> pratiques avancées <strong>de</strong>s acteurs économiques et <strong>de</strong> leur environnementpolitico-administratif, s’il symbolise le passage effectif d’une logiqued’intégration superficielle (suppression <strong>de</strong>s obstacles à l’échange auxfrontières) à une logique d’intégration profon<strong>de</strong> (mise en œuvre d’unespace productif normativement homogène), alors oui il sera bien unélément décisif <strong>pour</strong> le développement du Sud dans l’environnementinternational post-crise. Ces pratiques avancées se traduiront par uneremontée <strong>de</strong> statut dans <strong>la</strong> division internationale <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong>production et par un meilleur positionnement dans les chaînes <strong>de</strong> valeur,comme a su le faire <strong>la</strong> Turquie dans les 20 <strong>de</strong>rnières années (passaged’une simple position <strong>de</strong> sous-traitance <strong>de</strong> capacité à une sous-traitance <strong>de</strong>spécialité ou d’intelligence, voire jusqu’à <strong>la</strong> création <strong>de</strong> marques propres).Mais si le statut avancé n’est pas l’aiguillon et le cadre <strong>pour</strong> mettre enœuvre <strong>de</strong>s pratiques avancées, il apparaîtra bien vite comme n’étantqu’un nouveau gadget <strong>de</strong> congratu<strong>la</strong>tions diplomatiques, conduisant à <strong>de</strong>nouvelles désillusions dans les re<strong>la</strong>tions euro-méditerranéennes.


La Turquie et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée :entre méfiance et espoirSamim Akgönül (73)<strong>Le</strong> processus qui a mené du « Partenariat euro-méditerranéen » à« l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée » en passant par « l’Union méditerranéenne »est révé<strong>la</strong>teur quant à <strong>la</strong> position que <strong>la</strong> Turquie souhaite occuper à <strong>la</strong> foisen Europe, en Méditerranée et dans le Proche-Orient. Depuis le début <strong>de</strong>ce processus, Ankara a donné l’impression d’hésiter ; du moins a-t-elleexprimé c<strong>la</strong>irement ses préoccupations et même sa méfiance. Celle-ciest due à une conjoncture à <strong>la</strong> fois interne et externe. Interne parce que<strong>de</strong>puis 2002 nous sommes témoins d’une transformation certes ambiguë,mais sans précé<strong>de</strong>nt. Externe parce que <strong>de</strong>puis 1999 à l’égard <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne, et <strong>de</strong>puis 2005 à peu près à l’égard <strong>de</strong> son environnementgéopolitique immédiat, <strong>la</strong> Turquie se <strong>de</strong>stine, à <strong>la</strong> fois dans le discours etdans les actes, à <strong>de</strong>venir une puissance régionale.De ce point <strong>de</strong> vue, le projet <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée est vu :– d’une part, comme une entrave à ces ambitions, car l’initiativeappartient à <strong>la</strong> France et, <strong>de</strong>puis quelques années, tout ce qui vient <strong>de</strong> <strong>la</strong>France suscite <strong>la</strong> méfiance turque ;– d’autre part, comme un <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> réaliser sa nouvelle politiquerégionale dans <strong>la</strong> mesure où l’ensemble <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> région envers<strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> Turquie nourrit ses ambitions en font partie.Construction européenne versus Processus <strong>de</strong> Barcelone : lesperceptions turquesIl est bien connu maintenant que le processus d’unification européenneest passé par trois étapes principales. La première étape a commencé aulen<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guerre et a porté sur le partage <strong>de</strong>s richesses, à <strong>la</strong> fois(73) Maître <strong>de</strong> conférences à l’Université Marc Bloch où il enseigne <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et l’histoireturques, ainsi que <strong>la</strong> traduction turc-français.


138Samim Akgönül<strong>pour</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce, dans une perspective keynésienne, <strong>la</strong> société <strong>de</strong>prospérité via l’initiative étatique, et <strong>pour</strong> établir <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong> stabilitéentre les anciens ennemis d’hier. Il n’est pas erroné <strong>de</strong> dire que cette étapeétait vue uniquement sous l’angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospérité économique et qu’elleétait considérée comme un outil dans le développement capitaliste. Or,<strong>la</strong> concurrence capitalisme / communisme <strong>de</strong>s décennies <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerrefroi<strong>de</strong> a, en quelque sorte, obligé les pays membres ou satellites <strong>de</strong> <strong>la</strong>CEE d’instaurer un État social <strong>pour</strong> annihiler les arguments p<strong>la</strong>usibles<strong>de</strong>s adversaires. Par conséquent, l’établissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix a vite étééclipsé par <strong>la</strong> construction d’un espace économique protégé, consolidant,paradoxalement, le rôle <strong>de</strong>s États en tant qu’acteurs principaux, tout eninstal<strong>la</strong>nt une quarantaine autour du bloc soviétique. De ce point <strong>de</strong> vue,le passage à <strong>la</strong> troisième étape, celle d’une union politique est tout à faitlogique du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’analyse marxisante : l’évolution du projeteuropéen tend à consoli<strong>de</strong>r les acquis du capitalisme face au socialisme,par <strong>la</strong> paix physique d’abord, l’entente économique ensuite, et l’intégrationpolitique enfin.Cette intégration politique a été ralentie par le rajout d’une nouvelleétape : celle d’une Europe i<strong>de</strong>ntitaire. <strong>Le</strong>s préoccupations i<strong>de</strong>ntitairesse conjuguant, comme toujours, très mal avec un projet néolibéralpragmatique, l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pays souverainistes comme <strong>la</strong> France, <strong>la</strong>Hol<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, l’Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> ou l’Autriche a forcé les idéologues à réviser leursprétentions <strong>pour</strong> une Europe-Etat via une constitution. Cette nouvelleétape est due, paradoxalement, à <strong>la</strong> nouvelle conjoncture d’après 1995. <strong>Le</strong>svagues successives d’é<strong>la</strong>rgissement vers les pays, donc les popu<strong>la</strong>tions, <strong>de</strong>l’ex-bloc soviétique ont créé <strong>de</strong> facto une Europe à <strong>de</strong>ux vitesses où, <strong>pour</strong><strong>la</strong> première fois dans l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction européenne, les re<strong>la</strong>tionscentre-périphérie se sont installées au cœur du processus décisionneleuropéen. Dans cette configuration <strong>de</strong> dominants (Europe <strong>de</strong> l’Ouest)/dominés (Europe <strong>de</strong> l’Est), le rejet du projet ultralibéral a été contournépar <strong>la</strong> ruse avec le traité <strong>de</strong> Lisbonne, imposé par les parlements, maisrejeté une première fois dans le seul pays où il a été soumis au référendum(l’Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>), avant d’être finalement accepté au prix d’une pression sansprécé<strong>de</strong>nt.<strong>Le</strong> projet civilisationnel turc d’enracinement européen, débuté dans<strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième moitié du 19e siècle et qui <strong>de</strong>vait être achevé par l’adhésionà l’Union européenne, s’inscrit et par conséquent se heurte, à cette


La Turquie et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée : entre méfiance et espoir 139quatrième étape <strong>de</strong> l’Europe i<strong>de</strong>ntitaire. L’illusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> disparitiond’un mon<strong>de</strong> bipo<strong>la</strong>ire a contraint les idéologues européens à construire<strong>de</strong>s nouvelles figures d’altérité, face auxquelles l’i<strong>de</strong>ntité européenne<strong>de</strong>vait être construite. Parmi ces altérités repoussoirs, les Turcs, entant qu’autres <strong>de</strong> proximité, proches, mais lointains, semb<strong>la</strong>bles, maisdifférents, européens, mais nationalistes, occi<strong>de</strong>ntaux, mais… musulmans,convenaient parfaitement au rôle <strong>de</strong> miroirs. Ainsi, l’adhésion turqueà l’Union européenne a-t-elle été sans cesse renvoyée aux calen<strong>de</strong>sgrecques, mettant <strong>la</strong> Turquie dans une situation ambiguë où le désird’Europe cè<strong>de</strong> peu à peu <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> méfiance voire à l’animosité enverstoutes les initiatives européennes. Dans l’opinion publique turque, où lenationalisme et le souverainisme sont rois, les termes les plus usités vis-àvis<strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong>viennent peu à peu : le double standard, le mensonge, <strong>la</strong>perte <strong>de</strong> dignité, l’humiliation, etc.C’est dans ce contexte <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions biaisées que s’inscrit le nouveauprojet d’intégration régionale apparu en 1995 avec le Processus <strong>de</strong>Barcelone. Ce projet associant 15 pays <strong>de</strong> l’Union européenne <strong>de</strong> l’époqueet les 12 pays du <strong>pour</strong>tour méditerranéen (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte,Israël, « autorité » palestinienne, Syrie, Jordanie, Liban, Turquie) a étéaccueilli avec espoir en Turquie. En 1995, celle-ci était empêtrée dans<strong>de</strong>s crises politiques successives et voyait sa perspective européenne bienéloignée. L’é<strong>la</strong>rgissement vers l’est avait certes créé un espoir, mais il yavait une crainte géostratégique, celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> l’importancestratégique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie avec <strong>la</strong> disparition du bloc soviétique. Ankarasentait, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> première fois, <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> s’ancrer soli<strong>de</strong>ment àl’Europe non pas grâce à sa situation géostratégique, mais grâce à sesperformances politiques et économiques. C’est ainsi qu’en 1995, à uneépoque où <strong>la</strong> candidature turque à l’Union européenne n’avait pas été encoreconcrétisée, le Processus <strong>de</strong> Barcelone a été accueilli avec enthousiasmepar <strong>la</strong> diplomatie turque, bien qu’ignoré par le grand public. Il s’agissait<strong>pour</strong> elle d’une <strong>de</strong> ces voies menant à l’Europe. Cette perception positiveétait cependant conjoncturelle. <strong>Le</strong> projet était acceptable tant qu’il ne sesubstituait pas à celui <strong>de</strong> l’adhésion à l’Union européenne et tant qu’iln’excluait pas <strong>la</strong> Turquie.La donne change avec les années 2000 à partir du moment où troisnouveaux développements commencent à déterminer <strong>la</strong> politique turque,mais surtout sa perception du mon<strong>de</strong>.


140Samim AkgönülVers l’Union européenne : légitimation d’une aspirationsécu<strong>la</strong>ireParadoxalement, l’objectif d’une intégration totale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie dansl’Union européenne s’éloigne à partir <strong>de</strong> 1996, année où l’Union douanièreprévue par l’Accord d’association signé en… 1963 s’est partiellementréalisé. Cette Union, qui n’a pas d’assise internationale dans <strong>la</strong> mesure oùl’Organisation mondiale du commerce ne l’a toujours pas validée, semb<strong>la</strong>itêtre le point le plus loin vers lequel <strong>la</strong> coopération turco-européenne pûtévoluer. Du côté <strong>de</strong> l’Europe occi<strong>de</strong>ntale, cette coopération économiquepermet d’ancrer <strong>la</strong> Turquie à l’Occi<strong>de</strong>nt tout en <strong>la</strong> maintenant dans lesmarges, comme le montrent les débats sur le Partenariat privilégié.A dix ans d’intervalle, trois chocs successifs, ressentis fortement dansl’opinion publique turque et chez les dirigeants, se produisent au tournantdu siècle. En 1989, <strong>la</strong> Commission européenne rend un avis négatifsur l’ouverture <strong>de</strong>s négociations d’adhésion, en raison « du contexteéconomique et politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie ». L’avis note également que « <strong>la</strong>situation <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme et le respect <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s minorités,quoique ayant fait l’objet d’une évolution au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années,n’ont pas encore atteint le niveau nécessaire <strong>pour</strong> une démocratie ».C’est en 1997, avec l’é<strong>la</strong>rgissement à 10 autres nouveaux payseuropéens, que <strong>la</strong> Turquie ressent une fois <strong>de</strong> plus sa particu<strong>la</strong>rité et seconvainc d’être mal aimée. D’une part, ces nouveaux pays étaient ceux<strong>de</strong> l’ancien bloc soviétique, or Ankara, qui avait été un rempart contre lebloc <strong>de</strong> l’Est pendant un <strong>de</strong>mi-siècle, admettait mal que <strong>la</strong> récompense <strong>de</strong>ce dévouement fût accordée aux anciens rivaux. D’autre part, ce sentimentd’être lâchée par les anciens alliés était renforcé par le fait que Chypre,bien que toujours divisée, <strong>de</strong>vienne elle aussi membre <strong>de</strong> l’UE. Uneincompréhension s’installe désormais entre <strong>la</strong> Turquie et l’UE, et à partir<strong>de</strong> cette date toute initiative venant <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière commence à êtrevue comme un subterfuge <strong>de</strong>stiné à entraver l’adhésion turque à l’Europecommunautaire.Ce sentiment d’humiliation atteint son paroxysme lorsqu’au sommet <strong>de</strong>Luxembourg, toujours en 1997, le refus <strong>de</strong> reconnaître à <strong>la</strong> Turquie mêmeun statut <strong>de</strong> candidat à l’adhésion achève <strong>de</strong> convaincre les élites turquesque l’Europe en tant que telle applique une approche discriminatoire àl’égard <strong>de</strong> leur pays. On peut bien sûr considérer que cette décision n’était


La Turquie et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée : entre méfiance et espoir 141que l’expression d’une stagnation, <strong>pour</strong>tant difficile à défendre auprès <strong>de</strong>l’opinion publique turque, dans <strong>la</strong> mesure où le Conseil européen reprenaitles mêmes termes qu’en 1989 en confirmant « l’éligibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquieà l’Union européenne », mais en ajoutant que « les conditions politiqueset économiques permettant d’envisager <strong>de</strong>s négociations d’adhésionn’[étaient] pas réunies ». Certes, cette « ma<strong>la</strong>dresse » est rectifiée en 1999,lors du Conseil européen d’Helsinki, qui reconnaît indirectement le statut <strong>de</strong>candidat officiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie. Mais dès l’ouverture <strong>de</strong>s négociations avec<strong>la</strong> Turquie en 2005, un discours essentialiste et culturaliste s’est emparé<strong>de</strong> certaines capitales européennes comme Paris, Vienne ou encore Berlin.En effet, une fois que <strong>la</strong> vocation européenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie légitimée parcette ouverture officielle, <strong>la</strong> Turquie <strong>de</strong>vient un enjeu électoral interne, unépouvantail, et elle est marginalisée en tant qu’acteur à part entière dansl’Europe. La proposition répétée d’un « partenariat privilégié » donne lesentiment que <strong>la</strong> Turquie est menée en bateau par l’Union européenne etque les réformes exigées <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s concessions.L’idée d’une Union méditerranéenne, transformée en Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>méditerranée, puis finalement en « Processus <strong>de</strong> Barcelone : Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée » a été <strong>la</strong>ncée justement lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne prési<strong>de</strong>ntiellefrançaise <strong>de</strong> 2007 dont les débats ont été littéralement pollués par le sujetturc utilisé à l’envi par les différents protagonistes. Dans ce climat délétère,le fait que soit <strong>la</strong>ncée l’idée d’un projet d’Union méditerranéenne a <strong>la</strong>issépenser aux Turcs qu’il s’agissait d’une manœuvre <strong>de</strong> plus <strong>pour</strong> exclure leurpays <strong>de</strong> l’Europe en tant que membre à part entière. D’ailleurs, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>première phase du projet, seuls les pays du <strong>pour</strong>tour méditerranéen étaientinclus. Ce<strong>la</strong> donnait l’impression à Ankara qu’il s’agissait d’une toutautre union, inventée <strong>de</strong> toutes pièces par <strong>la</strong> France, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> détourner <strong>de</strong>sa voie. C’est seulement à l’inclusion <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’UnionEuropéenne dans le projet qu’Ankara a accepté, du bout <strong>de</strong>s lèvres, <strong>de</strong>s’y rallier, se retrouvant ainsi dans <strong>la</strong> même Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranéeavec l’Estonie ou Israël. Une fois <strong>de</strong>dans, les prétentions et les ambitionsturques changent, <strong>la</strong> Turquie se mettant à réc<strong>la</strong>mer plus <strong>de</strong> pouvoir etplus <strong>de</strong> prérogatives ambitionnant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir, à terme, un <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong><strong>la</strong> nouvelle Union, si jamais celle-ci existe réellement un jour. Nous yreviendrons.


142Samim AkgönülLa métamorphose : une Turquie nouvelle, une vision ambiguëLa naissance et le développement du projet <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée coïnci<strong>de</strong>nt avec une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transformation politiqueet sociétale en Turquie. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux décennies qui ont suivi le coup d’Étatmilitaire fasciste du 12 septembre 1980 ont connu une instabilité politiqueet une crise économique chroniques, sous <strong>la</strong> conduite d’un régime semimilitaireavec un semb<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> démocratie prétorienne. Du coup, le paysentre dans une pério<strong>de</strong> d’isolement re<strong>la</strong>tif, empêtré dans ses peurs interneset externes. Bien que les séquelles souverainistes paranoïaques d’une tellepério<strong>de</strong> <strong>de</strong>meurent toujours, il est aisé <strong>de</strong> constater qu’une métamorphosese met en p<strong>la</strong>ce dès le débuts <strong>de</strong>s années 2000, notamment sous l’impulsion<strong>de</strong> <strong>la</strong> perspective européenne. La montée <strong>de</strong> l’is<strong>la</strong>m politique <strong>de</strong>s années90, avec une touche anti-européenne, s’était soldée par <strong>la</strong> fermeture duParti <strong>de</strong> <strong>la</strong> Prospérité <strong>de</strong> <strong>la</strong> mouvance is<strong>la</strong>miste « Vision Nationale »en 1998, suivie <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation d’un gouvernement <strong>de</strong> coalition secouépar une crise économique sans précé<strong>de</strong>nt en 2001. Cette crise a ébranlédurablement <strong>la</strong> légitimité et <strong>la</strong> représentativité <strong>de</strong>s partis traditionnels. C’estdans cette conjoncture que <strong>la</strong> jeune génération <strong>de</strong> <strong>la</strong> mouvance is<strong>la</strong>miste afait scission <strong>pour</strong> fon<strong>de</strong>r un nouveau parti, sous le lea<strong>de</strong>rship <strong>de</strong> l’ancienmaire très popu<strong>la</strong>ire et populiste d’Istanbul, Recep Tayyip Erdogan. Cettenouvelle formation, le Parti <strong>de</strong> <strong>la</strong> Justice et du Développement (AKP) anon seulement réuni les déçus <strong>de</strong>s partis du système et les électeurs <strong>de</strong>szones rurales <strong>la</strong>ssés <strong>de</strong>s positions radicales <strong>de</strong> Vision Nationale, maisa également adopté une posture nouvelle, très conservatrice et proche<strong>de</strong>s valeurs is<strong>la</strong>miques du point <strong>de</strong> vue sociologique, mais très libéral etrésolument pro-européen du point <strong>de</strong> vue économique et politique. Choserare dans <strong>la</strong> politique fragmentée turque, le parti est arrivé seul au pouvoirlors <strong>de</strong>s élections <strong>de</strong> 2002, et <strong>de</strong>puis il gouverne seul.Il ne serait pas exagéré <strong>de</strong> dire qu’en interne, notamment à partir <strong>de</strong>2004, les réformes ont transformé le paysage politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie,réformes qui, sous l’impulsion <strong>de</strong> <strong>la</strong> candidature européenne, ont pu, peu àpeu, éloigner <strong>la</strong> Turquie <strong>de</strong> <strong>la</strong> tutelle militaire et du régime <strong>de</strong> démocratieprétorienne. Cette nouvelle élite, d’origine rurale mais constituant <strong>la</strong>nouvelle bourgeoisie nationale, s’est p<strong>la</strong>cée dans tous les secteurs <strong>de</strong><strong>la</strong> vie sociale, al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique à l’économie, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture à <strong>la</strong>diplomatie. <strong>Le</strong>s « ouvertures » à l’égard <strong>de</strong>s minorités et <strong>de</strong>s musulmansse sont succédées, rendant caduc le discours souverainiste et anti-européen


La Turquie et l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée : entre méfiance et espoir 143<strong>de</strong>s anciennes élites… qui craignaient justement <strong>de</strong> perdre leur manière <strong>de</strong>vivre à l’européenne.A partir <strong>de</strong> 2006, on sent un ralentissement <strong>de</strong>s réformes, dû en gran<strong>de</strong>partie aux découragements successifs venant notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.Parallèlement en revanche, une politique volontariste régionale se fait<strong>de</strong> plus en plus jour, Ankara vou<strong>la</strong>nt ouvertement <strong>de</strong>venir une puissancerégionale incontournable. Dans cette nouvelle politique étrangère résuméepar le slogan « zéro problème <strong>de</strong> voisinage », et incarnée par le nouveauministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu (surnommé leKissenger turc !), <strong>la</strong> Turquie donne l’impression <strong>de</strong> diversifier ses re<strong>la</strong>tionsextérieures avec un multi<strong>la</strong>téralisme assumé. Ainsi, ayant rompu l’allianceavec l’Israël, elle se rapproche davantage <strong>de</strong>s pays musulmans <strong>de</strong> <strong>la</strong>région, y compris l’Iran, tout en menant une politique <strong>de</strong> rapprochementavec les ennemis d’hier comme l’Arménie et <strong>la</strong> Grèce, mais aussi avec<strong>la</strong> Géorgie, <strong>la</strong> Russie ou l’Asie centrale. La suppression <strong>de</strong> visa avec <strong>la</strong>Syrie, le Protocole <strong>de</strong> réconciliation avec l’Arménie, les accords militairesavec <strong>la</strong> Géorgie, les <strong>pour</strong>parlers énergétiques avec <strong>la</strong> Russie <strong>pour</strong> le projetNabucco, <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> jouer les médiateurs entre Israël et <strong>la</strong> Syrie, ou celle<strong>de</strong> résoudre le problème chypriote en sont les meilleures illustrations.Ainsi, le projet <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée met les ambitionsturques à l’épreuve. D’une part, <strong>la</strong> Turquie craint que le projet ne nuiseau processus <strong>de</strong> son intégration à l’Union européenne, <strong>la</strong> condamnant enquelque sorte à ce statut insupportable <strong>de</strong> candidat éternel ; d’autre part,elle est bien consciente que le projet peut aussi servir ses prétentions <strong>de</strong>puissance régionale.ConclusionOn le comprend bien, <strong>la</strong> Turquie cherche sa p<strong>la</strong>ce dans le nouveaumon<strong>de</strong> post-bipo<strong>la</strong>ire, et elle multiplie les initiatives <strong>pour</strong> ouvrir <strong>de</strong>s porteset se défaire <strong>de</strong> son isolement géopolitique. <strong>Le</strong>s uns soupçonnent danscette nouvelle orientation un changement <strong>de</strong> cap vers les pays musulmans,les autres considèrent que son accession à l’Union européenne passejustement par cette transformation en une puissance régionale stratégique,mais aussi énergétique. <strong>Le</strong> même type d’inquiétu<strong>de</strong> avait existé après1990, lorsque Ankara lorgnait <strong>de</strong> plus en plus vers l’Asie centrale. A partir<strong>de</strong>s années 2000, le pays a consolidé sa position dans les républiques


144Samim Akgönüldites « turcophones » en abandonnant sa posture con<strong>de</strong>scendante <strong>de</strong> grandfrère. De même, son approche vers les pays <strong>de</strong> l’Est méditerranéen semblemanquer <strong>de</strong> vision d’ensemble et donne l’impression d’un activismetous azimuts sans perspective définie à long terme. Dans ce contexte,<strong>la</strong> conjugaison <strong>de</strong> ces trois projets – l’intégration à l’Union européenne,<strong>de</strong>venir une puissance régionale débarrassée <strong>de</strong> ses démons internes qui <strong>la</strong>rongent <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies et être un acteur principal au sein <strong>de</strong> l’Union<strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée – semble être un pari difficile. Quoi qu’il en soit,ce <strong>de</strong>rnier projet reste très secondaire, voire inexistant, <strong>pour</strong> les stratègesd’Ankara.


Vertus et limites <strong>de</strong> l’intégration économique :le cas <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre<strong>la</strong> Turquie et l’Union européenneDeniz AKAGÜL (74)RésuméAu-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s bénéfices purement économiques qu’elle génère,l’intégration économique est souvent mise en avant <strong>pour</strong> contournerles difficultés <strong>de</strong> l’intégration politique. Toutefois, au-<strong>de</strong>là d’un certainsta<strong>de</strong>, cette instrumentalisation <strong>de</strong> l’intégration économique atteint seslimites. <strong>Le</strong>s ambiguïtés <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche choisie apparaissent dès lors qu’ons’aperçoit <strong>de</strong>s contradictions entre <strong>la</strong> rationalité économique mue par lesgains absolus et <strong>la</strong> rationalité politique déterminée par les gains re<strong>la</strong>tifsqui s’inscrit dans le cadre du paradigme <strong>de</strong> puissance. La problématique<strong>de</strong> l’instrumentalisation <strong>de</strong> l’intégration économique trouve un champd’étu<strong>de</strong> empirique intéressant dans les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> Turquie etl’Union européenne (UE). Ce pays méditerranéen, bien avancé dans <strong>la</strong>voie <strong>de</strong> l’intégration économique avec l’UE, connaît <strong>de</strong>s difficultés dans<strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> son intégration politique. En observant les liens entreles intérêts économiques et les états <strong>de</strong>s opinions publiques à l’égard<strong>de</strong> l’adhésion turque dans les pays membres <strong>de</strong> l’UE, <strong>la</strong> présente étu<strong>de</strong>vise à vérifier <strong>la</strong> validité <strong>de</strong> l’hypothèse du « doux commerce » <strong>de</strong>Montesquieu.Introduction<strong>Le</strong> thème « le <strong>Statut</strong> avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Méditerranée », suscite au premier abord les questionnements suivants.Qu’est-ce qu’on entend par “Union” ? S’agit-il d’un projet <strong>de</strong> coopérationqui <strong>pour</strong>rait se réaliser dans un cadre intergouvernemental ? Ou bien(74) Économiste, spécialiste <strong>de</strong>s Balkans et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée orientale. Maître <strong>de</strong> conférencesà l’université <strong>de</strong> Lille-I et chercheur au <strong>la</strong>boratoire Mé<strong>de</strong>e (Mécanismes économiques etdynamique <strong>de</strong>s espaces européen).


146Deniz Akagüls’agit-il d’un projet plus ambitieux, un projet d’intégration qui nécessiteune construction supranationale ? Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, quelle dimension <strong>de</strong>l’intégration est mise en avant ? Économique ? Ou politique ? Bien que ces<strong>de</strong>ux dimensions entretiennent <strong>de</strong>s interactions, <strong>la</strong> question mérite d’êtresoulevée dans <strong>la</strong> mesure où les types <strong>de</strong> rationalité qui régissent les <strong>de</strong>uxdimensions sont différents. Assez souvent, l’intégration économique estinstrumentalisée <strong>pour</strong> contourner les difficultés <strong>de</strong> l’intégration politique.Mais si l’intégration économique présente l’intérêt <strong>de</strong> contourner cesdifficultés, elle connaît également ses limites qui montrent que finalementc’est <strong>la</strong> dimension politique qui prime.Compte tenu <strong>de</strong> ces remarques, l’expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie se révèleintéressante à observer, à plusieurs égards. Tout d’abord, parce qu’il s’agitd’un pays méditerranéen candidat à l’adhésion à l’Union européenne(UE). Ensuite, parce que le projet initial prévu par l’Accord d’Ankara(1963) met en avant l’intégration économique. Enfin, l’opposition <strong>de</strong>certains pays membres au processus d’adhésion rappelle les limites <strong>de</strong>l’instrumentalisation <strong>de</strong> l’intégration économique au service <strong>de</strong> l’intégrationpolitique. Certains pays membres <strong>de</strong> l’UE proposent à <strong>la</strong> Turquie <strong>de</strong> tronquerle statut <strong>de</strong> membre à part entière en statut <strong>de</strong> « partenariat privilégié ».<strong>Le</strong>s re<strong>la</strong>tions entre l’Union européenne et <strong>la</strong> Turquie remontentpratiquement aux premiers jours <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction européenne, puisque<strong>la</strong> Turquie avait déposé une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’association en juillet 1959. Avecl’accélération <strong>de</strong> l’intégration économique dans les années 1980, <strong>la</strong>Turquie déposait sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’adhésion en avril 1987. <strong>Le</strong> statut <strong>de</strong> payscandidat ne sera reconnu que plus <strong>de</strong> dix années plus tard, en décembre1999. L’ouverture <strong>de</strong>s négociations sera décidée en décembre 2004.Avec un contenu essentiellement économique, l’Accord d’Ankara (1963)qui prévoyait <strong>la</strong> réalisation d’un marché commun, c’est-à-dire <strong>la</strong> librecircu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s biens, <strong>de</strong>s personnes et <strong>de</strong>s capitaux, ainsi que l’adhésion<strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie à l’échéance <strong>de</strong> 1995, s’inscrit dans une logique semb<strong>la</strong>ble.Il s’agissait <strong>pour</strong> les Six d’appuyer un pays allié qui constituait l’une <strong>de</strong>spièces maîtresses du dispositif <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense occi<strong>de</strong>ntale dans le climat<strong>de</strong> guerre froi<strong>de</strong>, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’intégration économique. Après une phasepréparatoire (1965-1972), l’Accord envisageait <strong>la</strong> réalisation du marchécommun aux termes d’une phase transitoire (1973-1985) et d’une phasedéfinitive qui <strong>de</strong>vait s’achever en 1995.


Vertus et limites <strong>de</strong> l’intégration économique : le cas <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> Turquie et l’U.E. 147En observant <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> l’intégration européenne et celle <strong>de</strong> l’Accordd’Ankara, apparaissent certaines similitu<strong>de</strong>s qui révèlent les vertus et leslimites <strong>de</strong> l’intégration économique comme instrument <strong>de</strong> l’intégrationpolitique. Dans les <strong>de</strong>ux cas, c’est <strong>la</strong> dimension économique qui est miseen avant <strong>pour</strong> avancer dans <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> l’intégration. Après <strong>la</strong> coopérationintergouvernementale qui caractérise <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1945 à 1951, les pays<strong>de</strong> l’Europe occi<strong>de</strong>ntale choisissent <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> l’intégration politique, avantd’opter finalement <strong>pour</strong> un projet d’intégration économique. <strong>Le</strong> choix <strong>de</strong>l’intégration économique entériné lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conférence <strong>de</strong>s Six à Messine(1955) est précédé <strong>de</strong>s tentatives avortées <strong>de</strong> création <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communautépolitique (1953) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté européenne <strong>de</strong> défense (1954).<strong>Le</strong>s vertus <strong>de</strong> l’intégration économiqueL’intégration économique représentait <strong>de</strong>ux catégories d’intérêts,économiques et politiques. Sur le p<strong>la</strong>n économique, il s’agit <strong>de</strong> bénéficier,d’une part, <strong>de</strong>s gains <strong>de</strong> l’échange décou<strong>la</strong>nt d’une meilleure allocation <strong>de</strong>sressources et, d’autre part, <strong>de</strong>s économies d’échelle. L’idée <strong>de</strong> bénéficier<strong>de</strong>s économies d’échelle grâce à <strong>la</strong> réalisation d’un grand marché est déjàprésente dans les réflexions <strong>de</strong> l’Entre-<strong>de</strong>ux-guerres, qui attirent l’attentionsur les pertes engendrées par le morcellement <strong>de</strong> l’espace économiqueeuropéen à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> dislocation <strong>de</strong>s empires. Ainsi, en 1919, Keynesdénonçait les « pertes en matière d’organisation et d’efficacité économiqueque doivent entraîner les innombrables nouvelles frontières politiques quiviennent d’être créées entre les États nationalistes, avi<strong>de</strong>s, jaloux, sansexpérience et économiquement déficients. <strong>Le</strong>s frontières économiquesétaient supportables tant qu’un immense territoire était partagé entrequelques grands empires. Elles cessent <strong>de</strong> l’être maintenant que lesempires d’Allemagne, d’Autriche-Hongrie, <strong>de</strong> Russie et <strong>de</strong> Turquie ont étédivisés en une vingtaine d’États indépendants. Une Union libre-échangiste,comprenant toute l’Europe centrale, orientale, sud-orientale, <strong>la</strong> Sibérie, <strong>la</strong>Turquie, et, nous osons l’espérer, le Royaume-Uni, l’Égypte et l’In<strong>de</strong>,œuvrerait probablement autant en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix et <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospérité dumon<strong>de</strong> que <strong>la</strong> Société <strong>de</strong>s Nations elle-même. »Quant aux intérêts politiques qui justifient l’instrumentalisation <strong>de</strong>l’intégration économique, ils peuvent se résumer à l’idée <strong>de</strong> « douxcommerce » <strong>de</strong> Montesquieu selon <strong>la</strong>quelle le commerce apporte <strong>la</strong> paixen établissant <strong>de</strong>s interdépendances entre les pays participants. Selon


148Deniz AkagülMontesquieu : « L’effet naturel du commerce est <strong>de</strong> porter à <strong>la</strong> paix. Deuxnations qui négocient ensemble se ren<strong>de</strong>nt réciproquement dépendantes : sil’une a intérêt d’acheter, l’autre a intérêt <strong>de</strong> vendre ; et toutes les unions sontfondées sur <strong>de</strong>s besoins mutuels (75). » Plus tard Victor Hugo, qui prônerales États-Unis d’Europe, verra dans <strong>la</strong> concurrence sur le marché un substitutau champ <strong>de</strong> bataille (76). La même idée apparaît dans les réflexions<strong>de</strong>s économistes qui perçoivent « les transactions économiques comme<strong>de</strong>s problèmes politiques résolus », comme en témoigne <strong>la</strong> Communautéeuropéenne du charbon et <strong>de</strong> l’acier fondée en 1950 (77). L’idée centraleétant que le coût d’opportunité d’un conflit armée <strong>de</strong>venant plus importanten raison <strong>de</strong>s interdépendances, les partenaires commerciaux seront moinsenclins à entamer un conflit armé. L’idée d’une instrumentalisation <strong>de</strong>l’intégration économique à <strong>de</strong>s fins politiques est admise également par leséconomistes contemporains, comme Paul Krugman (78). Celui-ci défendl’idée que les États-Unis <strong>de</strong>vraient soutenir l’ALENA <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s raisonsgéopolitiques, même si cet accord présente peu d’intérêts, voire <strong>de</strong>s coûtsdu point <strong>de</strong> vue économique, <strong>pour</strong> les Américains.L’instrumentalisation <strong>de</strong> l’intégration économique légitimée par lesavantages économiques et politiques énumérés ci-<strong>de</strong>ssus, semble connaîtrecependant <strong>de</strong>s limites. En dépit <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s difficiles, le projet d’intégrationprévu par l’Accord d’Ankara a atteint une partie non négligeable <strong>de</strong> sesobjectifs économiques <strong>pour</strong> l’UE, notamment avec l’union douanièreréalisée en 1996 à l’échéance prévue. Force est <strong>de</strong> constater cependantqu’une partie importante <strong>de</strong>s opinions publiques <strong>de</strong>s pays membresémettent un avis défavorable à l’égard <strong>de</strong> l’adhésion turque. Dès lorsl’observateur est tenté <strong>de</strong> s’interroger sur <strong>la</strong> validité <strong>de</strong> l’hypothèse du« doux commerce » <strong>de</strong> Montesquieu. Serait-elle infirmée ?(75) Cf. Montesquieu, De l’esprit <strong>de</strong>s lois, Livre XX, chapitre II (<strong>de</strong> l’esprit du commerce),Garnier F<strong>la</strong>mmarion, Paris, 1979.(76) Dans son discours prononcé le 21 août 1849 lors du Congrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix à Paris, VictorHugo disait qu’« Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs <strong>de</strong> bataille que les marchéss’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées ».(77) « The solution is the transformation of the conflict from a political problem to an economictransaction. An economic transaction is a solved political problem. Economics has gained thetitle of queen of social sciences by choosing solved political problems as its domain » Cf. Abba<strong>Le</strong>rner, « The economics and politics of consumer sovereignty », American Economic Review,62, n° 2, 1972, p. 259.(78) Cf. « L’ALENA : <strong>de</strong>s vérités difficiles à dire », in P. Krugman », <strong>la</strong> Mondialisation n’estpas coupable, La Découverte, Paris, 1998, p. 153-162.


Vertus et limites <strong>de</strong> l’intégration économique : le cas <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> Turquie et l’U.E. 149Intérêts économiques et opinions publiques dans le cas <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> Turquie et l’Union européenneLa réflexion menée ici se limitera à l’examen <strong>de</strong>s liens entre lesintérêts économiques et l’état d’avancement <strong>de</strong> l’intégration politique.L’intégration économique a-t-elle favorisé le processus d’adhésion ? Quelest l’impact <strong>de</strong>s intérêts économiques sur l’état <strong>de</strong>s opinions publiquesdans les pays membres ? Quel lien entre les intérêts commerciaux et lesopinions publiques ? Pour les intérêts économiques futurs : quel lien entreles transferts budgétaires et les opinions publiques ?<strong>Le</strong> croisement <strong>de</strong>s états <strong>de</strong>s opinions publiques et <strong>de</strong> l’intensité<strong>de</strong>s échanges commerciaux entre <strong>la</strong> Turquie et les pays membres prisindividuellement offre un paysage en conformité, bien que disparate, avecl’hypothèse <strong>de</strong> départ selon <strong>la</strong>quelle les opinions publiques <strong>de</strong>vraient être<strong>de</strong> plus en plus favorables au fur et à mesure que l’intensité <strong>de</strong>s échangesaugmente (cf. graphique n°1).Graphique 1Intensité <strong>de</strong>s échanges commerciaux et états <strong>de</strong>s opinionspubliques à l’égard <strong>de</strong> l’adhésion <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie (2005)Rapports d’opinions favoralbes/opinions défavorablesIntensités re<strong>la</strong>tives <strong>de</strong>s échanges commerciauxSources : L’opinion publique dans l’Union européenne, Terrain : mai-juin 2005, n° 63,Bruxelles, septembre 2005 et IMF, Direction of Tra<strong>de</strong> Statistics Yearbook, 2008. Pour lecalcul <strong>de</strong>s intensités re<strong>la</strong>tives <strong>de</strong>s échanges, voir l’annexe.


150Deniz AkagülLa perspective <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie concerne également lesintérêts économiques futurs, notamment à travers les transferts budgétairesau bénéfice <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie engendrés par son adhésion. En effet, l’importance<strong>de</strong> cette charge financière est l’un <strong>de</strong>s arguments souvent avancés par lesopposants à cette adhésion en Allemagne et en France. <strong>Le</strong>s estimationseffectuées vont <strong>de</strong> 8 milliards d’euros par an selon le Bureau centraldu p<strong>la</strong>n du ministère <strong>de</strong> l’Économie <strong>de</strong>s Pays-Bas à 14 milliards par anselon l’Ost Europa Institute <strong>de</strong> Munich, en passant par les 11 milliards <strong>de</strong>l’Institut <strong>de</strong> l’économie mondiale <strong>de</strong> Kiel (79).Même si le calcul <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s budgétaires par pays n’est pas exemptd’ambiguïtés, le croisement <strong>de</strong>s états <strong>de</strong>s opinions publiques avec lescontributions nettes <strong>de</strong>s pays membres offre un aperçu instructif (80).La re<strong>la</strong>tion attendue entre les contributions nettes au budget <strong>de</strong> l’UE et lesétats <strong>de</strong>s opinions publiques à l’égard <strong>de</strong> l’adhésion <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie <strong>de</strong>vraitse présenter sous <strong>la</strong> forme d’une courbe en U inversé, avec un point <strong>de</strong>retournement à 0. Chez les contributeurs nets <strong>pour</strong> lesquels <strong>la</strong> Turquieprésente une charge financière supplémentaire, l’opposition <strong>de</strong>vrait diminuerau fur et à mesure que leurs contributions au budget <strong>de</strong> l’UE s’affaiblissent.À budget constant, a priori leurs opinions publiques <strong>de</strong>vraient être neutress’il n’y avait que <strong>la</strong> charge financière comme déterminant. <strong>Le</strong>s écartsobservés traduisent leur préférence entre <strong>la</strong> Turquie et les pays membresbénéficiaires nets, liée à d’autres motivations qu’économique. Tandis quechez les bénéficiaires <strong>pour</strong> lesquels <strong>la</strong> Turquie entre en concurrence dansl’utilisation <strong>de</strong>s fonds communautaires, l’opposition à <strong>la</strong> Turquie <strong>de</strong>vraitse renforcer avec l’importance <strong>de</strong>s transferts budgétaires en leur faveur. Laproportion d’opinion par rapport aux opinions défavorables <strong>de</strong>vrait atteindreson maximum <strong>pour</strong> les pays auxquels le budget européen est neutre.La répartition <strong>de</strong>s onze contributeurs nets entre les cadrans sudouestet nord-ouest indique que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s pays contributeurs ont(79) Cf. A.M. <strong>Le</strong>jour, R.A. <strong>de</strong> Mooij and C.H. Capel, Assessing the economic implicationsof Turkish accession to the EU, CPB Nether<strong>la</strong>nds Bureau for Economic Policy Analysis n° 56,The Hague, mars 2004, Quaisser, W. and A. Reppegather, EU-beitrittsreife <strong>de</strong>r Turkei undkonsequenzen einer EU-Mitgliedschaft, Osteuropa institut Munich, Working Paper no. 252, 2004et Hugo Dicke, Die Beitrittsverträge <strong>de</strong>r EU : eine Bi<strong>la</strong>nzierung, Institut für Weltwirtschaft, KielerArbeitspapier Nr. 1157, Kiel, avril 2003.(80) A propos <strong>de</strong>s limites que représentent les calculs <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s budgétaires nets <strong>de</strong>s paysmembres voir Jacques <strong>Le</strong>cacheux, Budget européen : les mirages du juste retour, Notre Europe,Étu<strong>de</strong>s et Recherches n°41, Paris, juin 2005.


Vertus et limites <strong>de</strong> l’intégration économique : le cas <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> Turquie et l’U.E. 151<strong>de</strong>s opinions publiques défavorables à <strong>la</strong> Turquie, seules les opinionspubliques ang<strong>la</strong>ises et fin<strong>la</strong>ndaises sont favorables à <strong>la</strong> Turquie. Quantà <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s quatorze pays bénéficiaires (cadrans sud-est et nor<strong>de</strong>st),elle est moins évi<strong>de</strong>nte à interpréter dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> dispersionest importante : huit pays situés dans le cadran nord-est sont favorables,alors que six qui se trouvent dans le cadran sud-est sont défavorables. Sil’on se livre à une interprétation strictement économique, les observationsconfirment néanmoins que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s pays bénéficiaires, donc pluspauvres, sont plus généreux que les pays contributeurs nets plus riches.Car ils sont beaucoup plus nombreux à renoncer à une part plus importante<strong>de</strong> leur revenu (al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> 0,5 à 2,5% <strong>de</strong> leur PIB) que ne le sont les payscontributeurs nets avec une part moins importante <strong>de</strong> leur revenu (entre 0et 0,5% <strong>de</strong> leur PIB) (cf. Graphique n° 2).Graphique 2Contributions nettes au budget <strong>de</strong> l’UE (en % du PIB 2006) et états<strong>de</strong>s opnions publiques à l’égard <strong>de</strong> l’adhésion <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie (2005)Rapports d’opinions favoralbes/opinions défavorablesContributions nettes au budget <strong>de</strong> l’UE (en % du PIB) Contributeur net : (-), Bénéficiaire net : (+)Sources : L’opinion publique dans l’Union européenne, Terrain : mai-juin 2005, n° 63,Bruxelles, septembre 2005 et Documentation française, Questions internationales, n° 31,Paris, mai-juin 2008.Il convient toutefois <strong>de</strong> remarquer que les motifs qui se trouvent<strong>de</strong>rrière l’argument <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge financière engendrée par l’adhésion


152Deniz Akagül<strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie témoignent du fait que ceux-ci n’obéissent pas à unschéma <strong>de</strong> rationalité purement économique. Tout d’abord, parce quel’appréciation <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> cette charge renvoie inéluctablement à<strong>de</strong>s considérations d’ordre politique, voire i<strong>de</strong>ntitaire (81). En effet, <strong>la</strong>solidarité budgétaire qui ne suscite pas d’objections entre les régions d’unmême pays liées par une longue construction i<strong>de</strong>ntitaire avec ses mythesfondateurs, <strong>de</strong>vient moins évi<strong>de</strong>nte lorsqu’il s’agit d’une ai<strong>de</strong> financièreinternationale, comme en témoigne l’attitu<strong>de</strong> généreuse <strong>de</strong> l’Allemagnevis-à-vis <strong>de</strong> l’unification qui a suivi <strong>la</strong> chute du mur <strong>de</strong> Berlin, en contrasteavec ses réserves sur <strong>la</strong> progression du budget européen. Sur le p<strong>la</strong>ninternational, l’appréciation <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s financières s’appuie d’avantagesur <strong>de</strong>s considérations d’ordre géopolitique. De plus, le calcul <strong>de</strong>stransferts budgétaires ne tient compte que du coût <strong>de</strong> l’adhésion et ignoretotalement le coût <strong>de</strong> l’exclusion définitive <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie dont l’évaluations’avère assez complexe, tant sont entremêlés les facteurs stratégiques etgéopolitiques (82). Quelles seront les conséquences (les coûts politiqueset économiques) d’une déstabilisation d’un pays dé<strong>pour</strong>vu <strong>de</strong> gages <strong>de</strong>stabilité politique et économique qu’apporte l’ancrage européen ? Ilconvient donc <strong>de</strong> s’interroger également sur les intérêts politiques.(81) <strong>Le</strong>s propos tenus par Hugo Dicke, l’auteur <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> l’économiemondiale <strong>de</strong> Kiel citée plus haut, sont à cet égard révé<strong>la</strong>teurs. Après avoir énuméré ses argumentsd’ordre économique <strong>pour</strong> le rejet <strong>de</strong> l’adhésion turque, il termine ses propos avec <strong>de</strong>s argumentsd’ordre culturel. Selon lui « les pays membres n’ont pas encore répondu c<strong>la</strong>irement à <strong>la</strong> question :où sont les frontières <strong>de</strong> l’Europe ? Sont-elles morales, culturelles ou géographiques ? D’un point<strong>de</strong> vue géographique, l’essentiel du territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie appartient à l’Asie. D’un point <strong>de</strong>vue culturel, le régime d’Ankara a certes fait <strong>de</strong> grands efforts vers <strong>la</strong> démocratie, c’est très biencomme ce<strong>la</strong> et il faut que ce<strong>la</strong> continue. Mais, par exemple, lorsque l’on considère <strong>la</strong> séparation <strong>de</strong><strong>la</strong> religion et <strong>de</strong> l’Etat, on constate qu’elle est récente, qu’elle a été décrétée par le haut et garantiepar un pouvoir militaire. J’aimerais savoir comment elle est vécue au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Bref,lorsque je regar<strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie, j’ai du mal à <strong>la</strong> compter au nombre <strong>de</strong>s pays qui, géographiquementou culturellement, font partie <strong>de</strong> l’Europe. » Cf. « Son entrée dans l’Union coûterait très chère »,l’Express, 12 décembre 2002.(82) Dans un article paru dans le Mon<strong>de</strong>, Nico<strong>la</strong>s-Jean Brehon, avant <strong>de</strong> se livrer à uneévaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge financière <strong>de</strong> l’adhésion turque, soulignait que « dans ce débat, les aspectsbudgétaires sont évi<strong>de</strong>mment secondaires ». Bien qu’il observe l’importance <strong>de</strong> cette charge quipromet <strong>de</strong> poser <strong>de</strong>s problèmes, l’auteur concluait qu’« on peut sans risque avancer l’idée que <strong>la</strong>non-adhésion créerait, elle aussi, <strong>de</strong>s problèmes énormes, voire insurmontables, à <strong>la</strong> constructioneuropéenne. L’Europe a toujours progressé par crises. Nul doute qu’à cette occasion, elle seraitservie, encore plus que <strong>de</strong> coutume ». Cf. Nico<strong>la</strong>s-Jean Brehon « Combien ce<strong>la</strong> coûterait-il àl’Union ? », le Mon<strong>de</strong>, 21 avril 2004.


Vertus et limites <strong>de</strong> l’intégration économique : le cas <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> Turquie et l’U.E. 153En guise <strong>de</strong> conclusionMême si dans un premier temps l’économie joue un rôle stimu<strong>la</strong>nt,arrivée à un certain sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’intégration, <strong>la</strong> dimension politique réapparaît.Un schéma en sens opposé est tout à fait va<strong>la</strong>ble aussi. <strong>Le</strong>s dimensionséconomiques et politiques sont en interaction lorsqu’il s’agit d’un projetd’intégration. Comme le souligne Be<strong>la</strong> Ba<strong>la</strong>ssa, l’un <strong>de</strong>s pères fondateurs<strong>de</strong>s théories <strong>de</strong> l’intégration économique, « <strong>de</strong>s motifs politiques peuventinciter à ce que l’intégration économique intervienne en premier, maisl’intégration économique réagit aussi sur <strong>la</strong> sphère politique ; <strong>de</strong> même,si les motifs initiaux sont économiques, le besoin <strong>de</strong> l’unité politique peutsurgir à une étape ultérieure (83) ».À côté <strong>de</strong> ces interactions qui ren<strong>de</strong>nt difficile à démêler et à pondérerles différents facteurs qui interviennent dans l’évolution, il convient<strong>de</strong> souligner que les <strong>de</strong>ux types d’intérêts, économiques et politiques,obéissent à <strong>de</strong>s schémas <strong>de</strong> rationalité différents. Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong>rationalité économique, l’existence <strong>de</strong> gains mutuels suffit <strong>pour</strong> avancerdans <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> l’intégration. <strong>Le</strong> raisonnement s’appuie donc sur <strong>de</strong>s gainsabsolus. Alors que <strong>la</strong> rationalité politique qui raisonne dans le cadre duparadigme <strong>de</strong> puissance se réfère aux gains re<strong>la</strong>tifs <strong>de</strong>s États. Ceux-ci,<strong>pour</strong> maintenir, voire renforcer leur position dans l’échelle <strong>de</strong> puissance,sont attentifs à <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s gains <strong>de</strong> façon à ce que leurs partenairesne soient pas trop avantagés. On s’aperçoit finalement que les <strong>de</strong>uxtypes <strong>de</strong> rationalités peuvent tomber en contradiction : un comportementrationnel du point <strong>de</strong> vue économique peut <strong>de</strong>venir irrationnel du point<strong>de</strong> vue politique et vice versa (84). Dès lors, on comprend mieux leslimites <strong>de</strong> l’instrumentalisation <strong>de</strong> l’intégration économique au service <strong>de</strong>l’intégration politique.(83) « Political motives may prompt the first step in economic integration, but economicintegration also reacts on the political sphere; simi<strong>la</strong>rly, if the initial motives are economic, theneed for political unity can arise at a <strong>la</strong>ter stage. » Cf. Be<strong>la</strong> Ba<strong>la</strong>ssa, « The Theory of EconomicIntegration: An Introduction », in Brent F. Nelsen & Alexan<strong>de</strong>r Stubb (ed.), The EuropeanUnion. Readings on the Theory and Practice of European Integration, Lynne Rienner Publishers,London, 2003, p. 179-191.(84) Nous utilisons ici les concepts <strong>de</strong> l’économie politique internationale qui articule lesdimensions économique et politique dans les re<strong>la</strong>tions internationales et nous nous rangeons dansle courant réaliste selon lequel le politique est le déterminant en <strong>de</strong>rnière instance, en oppositionaux courants libéral et marxiste qui défen<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> primauté <strong>de</strong> l’économique sur le politique. Voirà ce propos, Gérard Kébabdjian, les Théories <strong>de</strong> l’économie politique internationale, le Seuil,1999, Paris.


154Deniz Akagül<strong>Le</strong> retour du politique signifie également celui <strong>de</strong>s intérêts nationauxparmi les déterminants <strong>de</strong>s comportements. Dès lors on se trouve dans <strong>la</strong>configuration internationale fondée sur <strong>la</strong> coopération entre États, commeen témoigne <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s opinions publiques à l’égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie ausein <strong>de</strong> l’UE. Il serait plus judicieux <strong>de</strong> parler <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> groupes <strong>de</strong>pays membres au lieu <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> l’UE. La diversité observée à l’égard<strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie traduit aussi l’état d’avancement <strong>de</strong> l’intégration européennequi n’a pas réussi à modérer <strong>la</strong> défense <strong>de</strong>s intérêts nationaux. Ce qui tend àconfirmer <strong>la</strong> thèse qui met l’accent sur l’importance <strong>de</strong>s intérêts nationauxdans <strong>la</strong> construction européenne elle-même et souligne les difficultés <strong>de</strong>l’intégration politique (85).Annexe : Calcul <strong>de</strong>s intensités re<strong>la</strong>tives <strong>de</strong>s échangesL’intensité re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s échanges entre <strong>de</strong>ux partenaires se mesure àl’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’indicateur suivant :L’indicateur met en re<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> part du flux bi<strong>la</strong>téral entre les pays iet j (V ij) dans le commerce mondial (V..) avec le produit <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>séchanges totaux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partenaires (V i.et V .j) rapporté au commercemondial au carré (V 2 ..).Source : M. FOUQUIN, « <strong>Le</strong> développement du régionalisme commercial », La <strong>Le</strong>ttre duCEPII, n° 118, novembre 1993, Paris.(85) Dans un ouvrage qui livre l’histoire <strong>de</strong> l’UE à travers les comportements <strong>de</strong>s hommesd’État, Desmond Dinan souligne l’importance <strong>de</strong>s intérêts nationaux. « There was nothinginevitable about the emergence of European integration in the form with wich we are nowfamiliar. European politicians were (and still are) instinctively averse to sharing nationalsovereignty, <strong>de</strong>spite rhetorical flourishes to the contrary. National lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong>ci<strong>de</strong>d to sharesoverreignty in supranational organizations primarly because they perceived that it was in theircountries’ (and therefore their own) interests to do so. » Cf. Desmond Dinan, Europe Recast.A History of European Union, Lynne Rienner Publishers, Boul<strong>de</strong>r, 2004, p. 1.


Vertus et limites <strong>de</strong> l’intégration économique : le cas <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> Turquie et l’U.E. 155BibliographieDeniz Akagül et Semih Vaner, l’Europe, avec ou sans <strong>la</strong> Turquie ?, éditionsd’Organisation, Paris, 2005.Be<strong>la</strong> Ba<strong>la</strong>ssa, « The Theory of Economic Integration : An Introduction »,in Brent F. Nelse & Alexan<strong>de</strong>r Stubb (ed.), The European Union.Readings on the Theory and Practice of European Integration, LynneRienner Publishers, London, 2003, p. 179-191.Eurobaromètre 63. l’Opinion publique dans l’Union européenne. Terrain :mai-juin 2005, Bruxelles, septembre 2005.Hugo Dicke, Die Beitrittsverträge <strong>de</strong>r EU : eine Bi<strong>la</strong>nzierung, Institut fürWeltwirtschaft, Kieler Arbeitspapier Nr. 1157, Kiel, avril 2003.IMF, Direction of Tra<strong>de</strong> Statistics Yearbook, 2008.Gérard Kébabdjian, les Théories <strong>de</strong> l’économie politique internationale,<strong>Le</strong> Seuil, 1999, Paris.J.M. Keynes, les Conséquences économiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix, Gallimard, Paris,2002.Paul Krugman. Cf. « L’ALENA : <strong>de</strong>s vérités difficiles à dire », inP. Krugman », <strong>la</strong> Mondialisation n’est pas coupable, <strong>la</strong> Découverte,Paris, 1998, p. 153-162.Jacques <strong>Le</strong>cacheux, Budget européen : les mirages du juste retour, notreEurope, Étu<strong>de</strong>s et Recherches n°41, Paris, juin 2005.A.M. <strong>Le</strong>jour, R.A. <strong>de</strong> Mooij and C.H. Capel, Assessing the economicimplications of Turkish accession to the EU, CPB Nether<strong>la</strong>nds Bureaufor Economic Policy Analysis n° 56, The Hague, mars 2004.Abba <strong>Le</strong>rner, « The economics and politics of consumer sovereignty »,American Economic Review, 62, n° 2, 1972.Montesquieu, De l’esprit <strong>de</strong>s lois, livre XX, chapitre II (<strong>de</strong> l’Esprit ducommerce), Garnier F<strong>la</strong>mmarion, Paris, 1979.Quaisser, W. and A. Reppegather, EU-beitrittsreife <strong>de</strong>r Turkei undkonsequenzen einer EU-Mitgliedschaft, Osteuropa institut Munich,Working Paper n° 252, 2004.


AnnexesAnnexe IHuitième session du Conseil d’association UE-MAROCAnnexe IIConclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nceAnnexe IIIRapport annuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute Représentante <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> PESCAnnexe IVRapport général sur l’activité <strong>de</strong> l’Union européenneAnnexe VPrési<strong>de</strong>nce suédoise du Conseil <strong>de</strong> l’UE 2009


Annexe IHuitième session duConseil d’association UE-MarocBruxelles, le 7 décembre 2009


Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’Union européenne1. L’Union européenne (UE) se réjouit vivement <strong>de</strong> <strong>la</strong> tenue <strong>de</strong> <strong>la</strong>huitième session du Conseil d’association qui marque une nouvelle étapedans le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le Maroc et l’Union européenne.<strong>Le</strong> partenariat avec le Maroc a une valeur fondamentale <strong>pour</strong> l’UE, comptetenu du rôle qu’il joue non seulement au Maghreb et sur le continentafricain, mais dans toute <strong>la</strong> région méditerranéenne. <strong>Le</strong> Maroc continueà se distinguer par sa vision et son engagement au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> politiqueeuropéenne <strong>de</strong> voisinage comme <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée. L’UEconsidère que l’approfondissement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales avec le Marocest <strong>la</strong> concrétisation du principe <strong>de</strong> différenciation qui est l’un <strong>de</strong>sfon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique européenne <strong>de</strong> voisinage.2. <strong>Le</strong> Conseil d’association du 13 octobre 2008 avait marqué unenouvelle étape dans le renforcement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions Maroc-UE, grâce àl’adoption du document conjoint visant l’établissement du <strong>Statut</strong> Avancédu Maroc dans les re<strong>la</strong>tions avec l’UE. <strong>Le</strong> document conjoint forme unefeuille <strong>de</strong> route ambitieuse <strong>pour</strong> le développement progressif et soutenu<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales dans <strong>de</strong> nombreux domaines. Ce partenariatrenforcé entre l’UE et le Maroc traduit <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong> répondrepositivement aux attentes et aux besoins spécifiques du Maroc, afin <strong>de</strong>l’accompagner dans son processus courageux <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation et <strong>de</strong>démocratisation et constitue un approfondissement du cadre existantqu’est l’Accord d’association.3. <strong>Le</strong> document conjoint prévoit en particulier un approfondissement<strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération politique, une intégration plus intense au MarchéIntérieur sur base d’un rapprochement réglementaire progressif avecl’acquis communautaire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> négociation d’un accord <strong>de</strong> libre échangeapprofondi et global, ainsi que d’un renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopérationsectorielle. Son caractère novateur tient également aux recommandationsqui visent à impliquer d’autres acteurs dans le partenariat entre l’UE etle Maroc (Parlement européen, Conseil <strong>de</strong> l’Europe, Comité économiqueet social, Comité <strong>de</strong>s régions, associations du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires, <strong>de</strong>ssyndicats, représentants <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile et autres).4. Conformément à ce que le document conjoint établit, le Groupe<strong>de</strong> travail ad hoc, créé par décision <strong>de</strong> <strong>la</strong> sixième session du Conseil


162<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéed’association, a procédé à une évaluation générale sur <strong>la</strong> mise en œuvredu document conjoint. L’UE considère que les efforts qui ont été déployésdans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre du document conjoint, surtout enmatière <strong>de</strong> dialogue politique, stratégique, économique, ainsi qu’en matièrefinancière et sociale sont à souligner. <strong>Le</strong> renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopérationavec le Conseil <strong>de</strong> l’Europe est également prometteur. Dans ce contexte,l’UE félicite le Maroc <strong>pour</strong> être le premier pays non-européen à <strong>de</strong>venirmembre du Centre Nord-Sud du Conseil <strong>de</strong> l’Europe.5. <strong>Le</strong> Parlement européen a considéré <strong>de</strong> manière positive lesrecommandations du document conjoint en matière <strong>de</strong> coopérationparlementaire et <strong>la</strong> création <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission Parlementaire mixteMaroc-UE est en cours. La Commission a établi <strong>de</strong>s contacts avec leComité économique et social et avec le Comité <strong>de</strong>s Régions et l’UEsouhaite qu’une coopération entre ces <strong>de</strong>ux organes communautaires et lesinstances marocaines équivalentes soit initiée bientôt.6. L’UE estime qu’il est important d’intensifier le travail conjointdans les domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération sécuritaire, judiciaire et <strong>de</strong> <strong>la</strong>dimension humaine. Par ailleurs, l’UE attache une gran<strong>de</strong> importanceà <strong>la</strong> finalisation <strong>de</strong>s négociations commerciales afin <strong>de</strong> passer à l’étapesuivante du <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong>s négociations sur l’Accord <strong>de</strong> Libre échangeapprofondi et global. S’agissant du rapprochement du cadre légis<strong>la</strong>tif, l’UEconsidère également d’une importance primordiale l’établissement d’uneinstance marocaine <strong>de</strong> coordination interministérielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> convergenceréglementaire et l’é<strong>la</strong>boration d’un programme national <strong>de</strong> convergenceréglementaire, qui sont <strong>de</strong>s éléments essentiels <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre dudocument conjoint sur le statut avancé. L’UE estime que le 1 er SommetMaroc-UE qui aura lieu pendant le premier semestre 2010, traduiracertainement l’importance politique que les <strong>de</strong>ux parties attachent à leursre<strong>la</strong>tions bi<strong>la</strong>térales et contribuera à leur renforcement.7. L’UE se félicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> tenue régulière <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong>s différentssous-comités prévus par l’Accord. Elle se félicite également du nouveauformat agréé <strong>pour</strong> certains sous-comités sectoriels qui permettra un suiviplus opérationnel <strong>de</strong>s <strong>la</strong> mise en œuvre du <strong>Statut</strong> avancé et l’orientationdu travail. Ce nouveau format a commencé à être utilisé et <strong>pour</strong>rait êtremaintenu ou modifié à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>s résultats obtenus.


Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’Union européenne 1638. Conformément à ce qui est prévu par le document conjoint l’UE etle Maroc ont initié une réflexion sur le nouvel instrument qui prendra lere<strong>la</strong>is du P<strong>la</strong>n d’action Maroc qui arrive à son échéance en 2010. Dansce contexte le groupe <strong>de</strong> travail ad hoc s’est penché sur les objectifs, <strong>la</strong>méthodologie à suivre, les grands principes et <strong>la</strong> structure du documentqui remp<strong>la</strong>cera le P<strong>la</strong>n d’action Maroc. L’UE confirme son engagement àtravailler sur ce document avec le Maroc afin que les <strong>de</strong>ux Parties puissentl’adopter en 2010 et le mettre en œuvre sans dé<strong>la</strong>i.9. En conformité avec <strong>la</strong> vocation et les principes <strong>de</strong> <strong>la</strong> PEV, le P<strong>la</strong>nd’action voisinage UE-Maroc et les conclusions du Conseil d’association<strong>de</strong> juillet 2007, le groupe <strong>de</strong> travail ad hoc a convenu <strong>de</strong> <strong>pour</strong>suivre <strong>la</strong>réflexion concernant <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> l’instrument qui prendrale re<strong>la</strong>is du p<strong>la</strong>n d’action et éventuellement, du lien contractuel quiremp<strong>la</strong>cerait l’accord d’association.10. L’UE se félicite <strong>de</strong>s progrès dans <strong>la</strong> mise en œuvre par le Maroc duP<strong>la</strong>n d’action voisinage UE-Maroc, comme en témoignent les rapports <strong>de</strong>suivi é<strong>la</strong>borés par <strong>la</strong> Commission européenne, ce qui a permis l’octroi auMaroc <strong>de</strong> financements additionnels au titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Facilité <strong>de</strong> Gouvernance<strong>de</strong> l’Instrument Européen <strong>de</strong> Voisinage et Partenariat tant en 2007 qu’en2008 et 2009.11. L’UE reste pleinement engagée en faveur d’un développementréussi <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée (UpM). L’UpM donne unenouvelle impulsion à <strong>la</strong> coopération <strong>de</strong> l’UE avec les pays partenairesméditerranéens, notamment en relevant le dialogue politique, en renforçantles mécanismes <strong>de</strong> décision conjoints et en augmentant <strong>la</strong> visibilité dupartenariat à travers le <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> grands projets régionaux et sousrégionaux.L’UE accueille favorablement <strong>la</strong> reprise <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong>l’UpM et les efforts en vue <strong>de</strong> finaliser les <strong>Statut</strong>s <strong>de</strong> son Secrétariat.Dans ce contexte, elle remercie le Maroc <strong>pour</strong> avoir accueilli <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxièmeconférence ministérielle sur le rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme dans <strong>la</strong> société tenue les11-12 novembre à Marrakech et <strong>pour</strong> tous les efforts déployés <strong>pour</strong> assurerle succès <strong>de</strong> celle-ci. Il est maintenant essentiel que l’UpM, fondée sur lesacquis du Processus <strong>de</strong> Barcelone, soit capable <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s résultats leplus rapi<strong>de</strong>ment possible. L’UE considère qu’il est fondamental <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>sprogrès <strong>pour</strong> atteindre les objectifs communs agréés à Paris et à Marseille,avant toute chose en mettant en p<strong>la</strong>ce l’architecture institutionnelle <strong>de</strong>l’UpM et en particulier son Secrétariat. Des progrès concrets et <strong>de</strong>s efforts


164<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéeconjoints sont aussi nécessaires dans le domaine <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong>stinés àrenforcer l’intégration régionale dans <strong>la</strong> Méditerranée. A cet égard, l’UEsalue l’attitu<strong>de</strong> positive et constructive du Maroc et son engagement àdévelopper cette initiative conjointe.12. Dans le contexte du renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération euroméditerranéenne,l’Union européenne attache une importance particulièreà <strong>la</strong> coopération sous-régionale. Elle salue l’accélération <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopérationtechnique entre les pays maghrébins et <strong>la</strong> multiplication <strong>de</strong>s initiatives auniveau <strong>de</strong>s chefs d’entreprises ou <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile.Elle se félicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> reprise du dialogue entre l’UE et l’Union du Maghrebarabe (UMA) et encourage celle-ci à <strong>pour</strong>suivre les efforts d’intégrationsous-régionale.13. L’UE se félicite <strong>de</strong> l’intérêt marqué du Maroc <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Politiqueétrangère et <strong>de</strong> sécurité commune (PESC) et <strong>la</strong> Politique européenne<strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> défense (PESD). Elle apprécie <strong>la</strong> volonté du Maroc <strong>de</strong>renforcer les liens dans ces domaines et notamment sa participation activedans <strong>la</strong> coopération avec les partenaires méditerranéens. <strong>Le</strong> dialoguepolitique renforcé, dont les réunions se tiennent à intervalles réguliers,constitue un excellent cadre <strong>pour</strong> progresser dans <strong>la</strong> coopération et <strong>la</strong>compréhension mutuelle. L’UE se félicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> réunion entre le Maroc etles représentants du Comité Politique et <strong>de</strong> Sécurité (COPS) qui a eu lieuen 2009. Elle estime que ces réunions <strong>de</strong>vraient se <strong>pour</strong>suivre dans l’avenirsur une base ad hoc.14. La participation du Maroc à l’opération ALTHEA <strong>de</strong> l’UE enBosnie-Herzégovine fut un signal important du soutien pratique du Marocau développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESD. L’UE exprime sa reconnaissance auxautorités marocaines <strong>pour</strong> leur contribution précieuse à cette opérationet espère que ce<strong>la</strong> constituera un précé<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong> participation du Marocà d’autres opérations futures ou en cours <strong>de</strong> l’UE. Il serait utile <strong>de</strong> bâtirsur cette première expérience <strong>de</strong> coopération entre l’UE et le Marocen matière <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> crise <strong>pour</strong> explorer <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> réfléchirau moyen d’organiser <strong>de</strong> manière plus structurée nos re<strong>la</strong>tions dans ledomaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESD, en particulier en envisageant <strong>de</strong> conclure avec l’UEun accord cadre <strong>pour</strong> <strong>la</strong> participation du Maroc aux opérations civiles etmilitaires <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> crises et un accord permanent sur <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>sinformations c<strong>la</strong>ssifiées.


Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’Union européenne 16515. L’UE se félicite également <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s représentantsdu Maroc aux activités <strong>de</strong> formation offertes par le Collège européen <strong>de</strong>sécurité et <strong>de</strong> défense, ainsi qu’aux réunions d’information organiséespendant les exercices <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> crises <strong>de</strong> l’UE.16. L’UE salue les avancées réalisées par le Maroc dans les chantiers<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure, notamment dans les domaines <strong>de</strong> l’éducation, <strong>de</strong><strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un nouveau filet social <strong>pour</strong> les plus pauvres et <strong>de</strong>l’agriculture, et encourage le Maroc à les <strong>pour</strong>suivre. L’UE se féliciteque ses programmes d’appui sectoriels ont permis d’accompagner <strong>de</strong>sréformes structurantes dans les domaines sociaux et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gouvernance, etencore dans <strong>de</strong>s secteurs-clés <strong>pour</strong> le développement socio-économique duMaroc. Toutefois, d’importantes réformes restent encore à mener. Même sile taux <strong>de</strong> pauvreté est en baisse, les défis sociaux restent encore importants,et nécessiteront une action soutenue et cohérente <strong>de</strong> redistribution socialesur le long terme. Par ailleurs, un système judiciaire indépendant ettransparent est essentiel tant <strong>pour</strong> le respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme que<strong>pour</strong> le climat <strong>de</strong>s affaires, conditions clés d’un rapprochement véritableavec l’UE, et il est urgent <strong>de</strong> <strong>pour</strong>suivre vigoureusement <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong> <strong>la</strong>justice <strong>pour</strong> asseoir durablement l’Etat <strong>de</strong> droit. Dans ce contexte, l’UEréitère sa disposition à accompagner le Maroc sur le chemin qu’il a déjàentamé.17. A <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> ces résultats positifs, l’UE encourage le Maroc à<strong>pour</strong>suivre et à accentuer les investissements dans les secteurs sociaux,en particuliers l’éducation, <strong>la</strong> santé, <strong>la</strong> formation professionnelle et <strong>la</strong>couverture médicale, afin d’assurer un développement social harmonieuxet <strong>de</strong> réduire <strong>la</strong> pauvreté. La <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance dans les secteursporteurs nécessite <strong>de</strong>s ressources humaines bien formées et adaptées auxbesoins du marché du travail. A cet égard, l’UE appelle à <strong>de</strong> nouvellesréformes sociales et économiques afin d’assurer une plus forte créationd’emplois et une inclusion sociale plus efficace. Dans ce contexte,l’UE se félicite que le Maroc ait fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong> l’éducation l’une<strong>de</strong>s principales réformes à entreprendre dans les années à venir. L’UEencourage le Maroc à redoubler d’efforts en vue d’éradiquer le travail <strong>de</strong>senfants, qui reste encore répandu dans certains secteurs.18. L’UE salue l’intention du Maroc <strong>de</strong> <strong>la</strong>ncer un <strong>la</strong>rge processus <strong>de</strong>régionalisation et à promouvoir le développement régional. L’UE attacheune gran<strong>de</strong> importance au développement régional équilibré dans un souci


166<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée<strong>de</strong> cohésion sociale. Elle appelle les autorités marocaines à renforcerles moyens et les prérogatives dont bénéficient les régions, afin qu’ellesé<strong>la</strong>borent les stratégies <strong>de</strong> développement reflétant leurs besoins.19. Depuis <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière session du Conseil d’Association, <strong>la</strong> coopérationentre le Maroc et l’Union européenne en matière <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> l’homme et<strong>de</strong>s libertés fondamentales s’est renforcée. L’UE apprécie <strong>la</strong> tenue régulièredu Sous-comité «Droits <strong>de</strong> l’homme, démocratisation et gouvernance»dont quatre réunions se sont tenues jusqu’à présent. Ce dialogue continuet l’échange soutenu d’informations témoigne <strong>de</strong> l’approfondissement <strong>de</strong><strong>la</strong> confiance mutuelle.20. L’UE reconnaît que les réformes <strong>la</strong>ncées ces <strong>de</strong>rnières annéesont permis <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r les droits <strong>de</strong> l’homme et d’é<strong>la</strong>rgir le champ <strong>de</strong>slibertés individuelles. L’UE reconnaît le rôle important du Maroc au sein duConseil <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme <strong>de</strong>s Nations Unies, particulièrement en tantque médiateur entre les différents groupes régionaux et elle l’encourageà <strong>pour</strong>suivre ses efforts en <strong>la</strong> matière. L’UE se félicite également <strong>de</strong> sacoopération plus étroite avec le Maroc au sein <strong>de</strong> cette instance. Dans lecontexte <strong>de</strong> l’Examen Périodique Universel du Maroc, l’UE estime que<strong>la</strong> ratification par le Maroc du <strong>Statut</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour Pénale Internationaleainsi que le dépôt, annoncé <strong>de</strong>puis plusieurs années, <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rationsauprès du Secrétariat Général <strong>de</strong>s Nations Unies concernant <strong>la</strong> levée<strong>de</strong> certaines réserves à <strong>de</strong>s Conventions internationales et l’adhésion àcertains Protocoles facultatifs, constitueraient <strong>de</strong>s avancées significatives.Celles-ci permettraient <strong>de</strong> renforcer l’application <strong>de</strong> plusieurs instrumentsinternationaux en matière <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> l’homme21. L’Union européenne estime que <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> toutes lesrecommandations <strong>de</strong> l’Instance Equité et Réconciliation (IER) permettra auMaroc <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r les acquis réalisés et <strong>de</strong> progresser dans l’instaurationd’une nouvelle culture <strong>de</strong> respect et <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme.L’UE se félicite <strong>de</strong> pouvoir accompagner <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong>srecommandations <strong>de</strong> l’IER. Par ailleurs, l’UE rappelle l’importance qu’elleattache à <strong>la</strong> consolidation <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté d’expression et <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>ssources. L’UE rappelle également l’importance qu’elle accor<strong>de</strong> à une liberté<strong>de</strong> <strong>la</strong> presse qui soit garantie dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion nationale et quis’inscrive dans le cadre général <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté d’expression,droit fondamental consacré par <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration universelle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>l’homme. Dans ce contexte, l’UE encourage l’adoption d’un nouveau


Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’Union européenne 167Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> presse qui soit en conformité avec les normes internationales en<strong>la</strong> matière, et ne prévoie plus aucune peine privative <strong>de</strong> liberté à l’encontre<strong>de</strong>s journalistes. Elle invite par ailleurs le Maroc à sauvegar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> libertéd’association et <strong>de</strong> rassemblement ainsi qu’à <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s défenseurs<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, notamment dans le territoire du Sahara Occi<strong>de</strong>ntal.Elle appelle les forces <strong>de</strong> l’ordre à faire preuve <strong>de</strong> retenue dans le recoursà <strong>la</strong> force. L’UE salue le maintien du moratoire sur <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> mort etencourage le Maroc à abolir <strong>la</strong> peine capitale.22. L’UE félicite le Maroc <strong>pour</strong> l’amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong>transparence et <strong>la</strong> bonne organisation <strong>de</strong>s élections communales du 12 juin2009. Ces élections marquent un nouveau progrès dans le processus <strong>de</strong>démocratisation. L’UE salue aussi l’augmentation remarquable du nombre<strong>de</strong> femmes élues dans ces élections, grâce entre autres à un changementlégis<strong>la</strong>tif, par rapport aux élections communales <strong>de</strong> 2003.23. L’UE rappelle sa condamnation ferme et sans équivoque <strong>de</strong> toutesles formes et manifestations <strong>de</strong> terrorisme, quels qu’en soient l’origine, <strong>la</strong>cause ou les motifs invoqués. L’UE souligne l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise enœuvre <strong>de</strong>s résolutions 1267 (1999), 1373 (2001) et 1822 (2008) du Conseil<strong>de</strong> sécurité, ainsi que <strong>de</strong>s autres résolutions pertinentes <strong>de</strong>s NationsUnies et <strong>de</strong>s instruments internationaux en matière <strong>de</strong> lutte contre leterrorisme, en particulier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Stratégie globale <strong>de</strong>s Nations Unies contrele terrorisme qui joue un rôle-clé dans <strong>la</strong> mobilisation internationale dans<strong>la</strong> lutte contre le terrorisme. L’UE réitère par ailleurs son souhait <strong>de</strong> voir<strong>la</strong> négociation sur le projet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention globale contre le terrorismeaboutir rapi<strong>de</strong>ment.24. L’UE rappelle son attachement au respect du droit international dans<strong>la</strong> lutte contre le terrorisme, en particulier du droit international <strong>de</strong>s droits<strong>de</strong> l’homme, du droit international <strong>de</strong>s réfugiés et du droit humanitaire.La lutte contre le terrorisme et le respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme ne sontpas contradictoires mais, au contraire, complémentaires et se renforcentmutuellement.25. L’UE accor<strong>de</strong> une gran<strong>de</strong> importance à <strong>la</strong> coopération avecle Maroc en matière <strong>de</strong> lutte contre le terrorisme qu’elle est prête àdévelopper et approfondir. Elle apprécie le dialogue entamé avec le Maroc,y compris dans le cadre <strong>de</strong>s réunions avec <strong>la</strong> Troïka <strong>de</strong> l’UE, qui a permis


168<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée<strong>de</strong> discuter <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> coopération dans les enceintesinternationales.26. L’UE considère que l’Afrique du Nord représente une zoneprioritaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre le terrorisme et <strong>la</strong> radicalisation. Elle salue lesefforts du Maroc en matière <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> radicalisation. Elle estimequ’une coopération peut être développée avec le Maroc en matière <strong>de</strong>prévention et <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> radicalisation en Afrique du Nord et enEurope. Elle considère que <strong>la</strong> coopération entre l’UE, le Maroc et lespays <strong>de</strong> <strong>la</strong> région sahélo-saharienne doit se développer afin <strong>de</strong> lutter plusefficacement contre les réseaux terroristes.27. L’UE salue également les efforts du Maroc dans <strong>la</strong> lutte contre letrafic <strong>de</strong> drogues et le crime organisé ainsi que les résultats positifs quiont été atteints. L’UE félicite le Maroc par son association au MAOC-N(Maritime Analysis Center-Narcotics) à titre d’observateur.28. L’UE se félicite que le Maroc joue un rôle actif dans <strong>la</strong> mise enœuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> stratégie commune Afrique-UE, notamment dans le domainedu partenariat ‘changement climatique’. En perspective du sommetAfrique-UE en 2010, l’UE considère qu’un renforcement du dialogueavec l’Union africaine ainsi qu’un développement dynamique <strong>de</strong> l’Uniondu Maghreb Arabe puissent jouer un rôle important dans <strong>la</strong> mise en œuvre<strong>de</strong> cette stratégie.29. L’UE reste préoccupée par le conflit du Sahara occi<strong>de</strong>ntal etses conséquences et implications régionales. Elle soutient pleinementles efforts du Secrétaire Général <strong>de</strong>s Nations Unies et <strong>de</strong> son Envoyépersonnel en vue <strong>de</strong> trouver une solution politique juste, durable etmutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination du peuple duSahara occi<strong>de</strong>ntal comme le disposent les résolutions <strong>de</strong>s Nations Unies.Elle encourage les parties à continuer <strong>de</strong> travailler avec l’Envoyé personnelen vue <strong>de</strong> progresser dans <strong>la</strong> recherche d’une solution politique négociéeentre les parties, sous les auspices <strong>de</strong>s Nations Unies. L’UE apporte sonplein soutien aux négociations en cours et se félicite <strong>de</strong>s <strong>pour</strong>parlersinformels à Dürnstein les 10 et 11 août 2009 en vue <strong>de</strong> préparer <strong>la</strong>cinquième session <strong>de</strong>s négociations. L’UE se félicite <strong>de</strong> l’engagement <strong>de</strong>sparties <strong>de</strong> <strong>pour</strong>suivre <strong>de</strong> manifester leur volonté politique et <strong>de</strong> travaillerdans une atmosphère propice au dialogue afin d’entrer dans une phaseplus intensive <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong> bonne foi et sans préconditions, prenant


Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’Union européenne 169note <strong>de</strong>s efforts et <strong>de</strong>s développements <strong>de</strong>puis 2006 ce qui permettra <strong>la</strong>mise en œuvre <strong>de</strong>s résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008) et1871 (2009) du Conseil <strong>de</strong> Sécurité et le succès <strong>de</strong>s négociations. L’UEse félicite également <strong>de</strong> <strong>la</strong> visite dans <strong>la</strong> région du Haut Commissaire <strong>de</strong>sNations Unies <strong>pour</strong> les réfugiés, M António Guterres. Elle encourageles parties à continuer à col<strong>la</strong>borer avec le HCR dans <strong>la</strong> mise en œuvre<strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> confiance. Elle se félicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> disponibilité du Marocà développer ces mesures <strong>de</strong> confiance, notamment en favorisant leséchanges par <strong>la</strong> voie terrestre, dans le cadre <strong>de</strong> visites familiales. L’UEexprime son attachement à l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>l’homme au Sahara occi<strong>de</strong>ntal ; elle rappelle les obligations qui incombentà chaque partie.30. En matière migratoire, l’UE salue les efforts du Maroc <strong>pour</strong> faireface à l’immigration illégale, qui ont conduit à une réduction substantielle<strong>de</strong> ces flux en provenance <strong>de</strong> ce pays. L’UE réaffirme l’importance qu’elleattache à <strong>la</strong> conclusion d’un accord <strong>de</strong> réadmission, qui permettra d’entamerun dialogue en matière <strong>de</strong> migration et <strong>de</strong> facilitation <strong>de</strong>s visas.31. Par ailleurs, l’UE encourage le Maroc à améliorer le cadre légis<strong>la</strong>tifet réglementaire dans les domaines <strong>de</strong> l’asile afin <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce dansles meilleurs dé<strong>la</strong>is un système national <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ursd’asile et <strong>de</strong>s personnes nécessitant une protection internationale.32. Sur le p<strong>la</strong>n économique, l’économie marocaine continue d’enregistrer<strong>de</strong>s performances positives, avec une consolidation <strong>de</strong> <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong>sprix, un renforcement <strong>de</strong> sa position extérieure et un programme <strong>de</strong>réformes structurelles rendu nécessaire par l’ouverture économique et lesprivatisations.33. <strong>Le</strong> fait que le Maroc possè<strong>de</strong> une structure d’en<strong>de</strong>ttement soli<strong>de</strong>,une épargne considérable et un système financier peu internationalisé,a mis le pays <strong>pour</strong> l’essentiel à l’abri <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise financière mondiale.Cependant le Maroc n’a pu échapper aux conséquences, ces <strong>de</strong>rniers mois,du ralentissement économique vérifié auprès <strong>de</strong>s ses principaux partenaireseuropéens qu’il s’agisse <strong>de</strong>s exportations, ou encore <strong>de</strong> <strong>la</strong> forte baisse <strong>de</strong>stransferts <strong>de</strong>s Marocains <strong>de</strong> l’étranger ou du tourisme.34. En matière commerciale, l’Union se félicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>pour</strong>suite<strong>de</strong>s négociations bi<strong>la</strong>térales concernant <strong>la</strong> libéralisation du commerce<strong>de</strong>s produits agricoles, produits agricoles transformés et produits <strong>de</strong> <strong>la</strong>


170<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéepêche qui sont parvenues à <strong>la</strong> phase finale et espère qu’il sera possibled’arriver à <strong>la</strong> conclusion d’un accord dans les plus brefs dé<strong>la</strong>is. En ce quiconcerne les négociations concernant <strong>la</strong> libéralisation du commerce <strong>de</strong>sservices et du droit d’établissement, l’Union considère qu’une impulsion<strong>de</strong>vrait être donnée afin d’arriver à un accord dans les plus brefs dé<strong>la</strong>isdans ce secteur clé <strong>pour</strong> le développement d’une économie mo<strong>de</strong>rne.L’UE estime également qu’il est possible <strong>de</strong> trouver rapi<strong>de</strong>ment unaccord mutuellement avantageux en ce qui concerne les négociationssur le mécanisme <strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s différents. L’UE salue les effortsmarocains <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisations <strong>de</strong>s entreprises nationales afin d’augmenter<strong>la</strong> diversification sectorielle et géographique <strong>de</strong>s exportations. Dans cecontexte, les préparations <strong>pour</strong> <strong>la</strong> négociation d’un accord sur l’évaluation<strong>de</strong> <strong>la</strong> conformité et l’acceptation <strong>de</strong>s produits industriels se <strong>pour</strong>suivent.L’UE encourage le Maroc à accélérer son processus d’alignement <strong>de</strong>sa réglementation technique avec le système communautaire dans lessecteurs prioritaires i<strong>de</strong>ntifiés.35. En matière <strong>de</strong> coopération industrielle, l’UE se félicite du rôlemoteur du Maroc dans l’activité d’examen et d’étalonnage <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique<strong>de</strong> l’entreprise conduit dans les neuf pays partenaires méditerranéens enréférence à <strong>la</strong> Charte euro-méditerranéenne <strong>pour</strong> l’entreprise, ainsi quedans <strong>la</strong> <strong>pour</strong>suite du dialogue euro-méditerranéen sur l’avenir du secteurdu textile/habillement.36. La mise en œuvre <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> libéralisation du transport aérien adémontré les bénéfices que les <strong>de</strong>ux parties attendaient <strong>de</strong> cet accord. Cetaccord permet <strong>de</strong> rapprocher les popu<strong>la</strong>tions et <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s opportunités<strong>de</strong> croissance au secteur du tourisme au Maroc. L’UE encourage le Marocà <strong>pour</strong>suivre le rapprochement réglementaire prévu par l’accord aérien etsoutient les projets <strong>de</strong> jume<strong>la</strong>ge prévus à cet effet. Plus généralement, ellesalue les importantes réformes engagées dans le secteur <strong>de</strong>s transports.Elle prend note avec intérêt du dossier concernant <strong>la</strong> liaison fixe sous ledétroit <strong>de</strong> Gibraltar présenté par le Maroc et l’Espagne.37. L’UE se félicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre satisfaisante <strong>de</strong> l’accord<strong>de</strong> partenariat dans le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche, qui produit <strong>de</strong>s résultatspositifs <strong>pour</strong> le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parties et qui contribue àl’approfondissement <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions et du dialogue sectoriel entre les autoritésresponsables marocaines et européennes, notamment dans le cadre <strong>de</strong>sréunions régulières <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission mixte. L’UE se félicite également du


Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’Union européenne 171<strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle stratégie <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation du secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêcheau Maroc qui <strong>de</strong>vra maintenant être mise en œuvre en concertation avec lesecteur et avec l’appui financier <strong>de</strong> l’UE. Dans ce contexte, l’UE porte uneattention particulière aux efforts récents du Maroc en vue <strong>de</strong> l’éliminationdéfinitive <strong>de</strong>s filets mail<strong>la</strong>nts dérivants. L’UE invite le Maroc à utiliser lesfonds disponibles à cette fin dans le cadre <strong>de</strong> l’accord.38. L’UE estime que <strong>la</strong> coopération internationale est essentielle afind’assurer une gestion durable <strong>de</strong>s ressources marines et une meilleuregouvernance <strong>de</strong>s océans. Dans ce contexte, l’UE entend intensifier sesre<strong>la</strong>tions avec le Maroc dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong> pêche illégale,non déc<strong>la</strong>rée et non réglementée (INN). L’UE invite le Maroc à ratifierl’Accord re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> conservation et à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong> poissonsdont les dép<strong>la</strong>cements s’effectuent tant à l’intérieur qu’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> zoneséconomiques exclusives (stocks chevauchants) et <strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong> poissonsgrands migrateurs (Accord <strong>de</strong> New York).39. L’UE souligne l’importance <strong>de</strong> mettre en œuvre <strong>de</strong>s politiques et<strong>de</strong>s actions qui peuvent assurer le développement durable du Maroc dupoint <strong>de</strong> vue environnemental, social et économique. La mise en œuvre<strong>de</strong> <strong>la</strong> Stratégie Méditerranéenne du Développement Durable agréée en2005 dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention <strong>de</strong> Barcelone <strong>pour</strong>rait contribuer à<strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> cet objectif. L’UE encourage le Maroc à <strong>pour</strong>suivre leprocessus <strong>de</strong> ratification <strong>de</strong>s protocoles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention <strong>de</strong> Barcelone et<strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s obligations légales inscrites dans <strong>la</strong> Convention etses Protocoles.40. L’UE se félicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne coopération établie avec le Marocen matière énergétique à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration commune signée en2007. L’UE réaffirme sa disponibilité à coopérer avec le Maroc dansles domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> sûreté et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité nucléaire mais égalementdans le développement <strong>de</strong>s énergies renouve<strong>la</strong>bles (en particulier lesénergies so<strong>la</strong>ire et éolienne), l’efficacité énergétique, <strong>la</strong> réforme du secteur<strong>de</strong> l’électricité, le développement <strong>de</strong>s infrastructures (y compris lesinterconnections régionales), le renforcement <strong>de</strong>s institutions <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tiondu secteur. En particulier, l’UE se félicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation active duMaroc au développement du P<strong>la</strong>n So<strong>la</strong>ire Méditerranéen.41. L’UE souligne l’importance qu’elle attache au renforcement <strong>de</strong><strong>la</strong> coopération bi<strong>la</strong>térale dans le domaine <strong>de</strong> l’environnement. Au niveau


172<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéerégional, <strong>la</strong> coopération peut être renforcée dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> miseen œuvre <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’initiative Horizon 2020, <strong>de</strong> <strong>la</strong> composanteméditerranéenne <strong>de</strong> l’Initiative Eau <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong> <strong>la</strong>Stratégie méditerranéenne sur l’Eau. L’UE invite le Maroc à contribueractivement à ses propositions sur le développement d’un régime post 2012en matière <strong>de</strong> changement climatique. L’UE attache une gran<strong>de</strong> importanceà un dialogue approfondi sur les différents aspects <strong>de</strong> ce phénomène, yinclus l’adaptation, <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong>s CO2 et le transfert <strong>de</strong>s technologies.42. En matière d’assistance financière, l’UE souligne <strong>la</strong> bonneperformance du Maroc dans <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong>coopération. La capacité d’absorption <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> communautaire et <strong>la</strong>progression constante <strong>de</strong>s réformes structurantes ont été jugées satisfaisantes,comme en témoigne le niveau élevé <strong>de</strong>s paiements. L’importance croissante<strong>de</strong> l’appui budgétaire sectoriel en tant que modalité <strong>de</strong> l’assistance apermis une appropriation accrue par le Maroc du processus <strong>de</strong> réformes,et continuera donc à être un instrument <strong>de</strong> coopération privilégié, au mêmetitre que les jume<strong>la</strong>ges.43. L’UE se félicite <strong>de</strong> l’excellente col<strong>la</strong>boration avec le Maroc <strong>pour</strong><strong>la</strong> préparation du nouveau Programme indicatif National (PIN) 2011-2013 qui sera soumis sous peu aux instances compétentes <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong>adoption.


Annexe IIConclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>ncedu Conseil européen - Bruxelles


Conseil <strong>de</strong> l’Union européenne, BruxellesConclusion<strong>de</strong>s 29 et 30 octobre 2009Soulignant qu’une prompte c<strong>la</strong>rification du cadre institutionnel estnécessaire <strong>pour</strong> assurer le bon fonctionnement <strong>de</strong> l’Union, le Conseileuropéen espère que le processus <strong>de</strong> ratification sera rapi<strong>de</strong>ment achevé, <strong>de</strong>façon à ce que le traité entre en vigueur d’ici <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’année. <strong>Le</strong> Conseileuropéen a arrêté <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’UE en ce qui concerne <strong>la</strong> Conférence <strong>de</strong>Copenhague sur le changement climatique, qui se tiendra prochainement,ce qui permettra à l’UE <strong>de</strong> jouer un rôle constructif pendant <strong>la</strong> phase finaledu processus <strong>de</strong> négociation, en particulier sur <strong>de</strong>s questions clés tellesque le financement, le transfert <strong>de</strong> technologies, l’adaptation, l’atténuationdu changement climatique et <strong>la</strong> bonne gouvernance. <strong>Le</strong> Conseil européena fait le point <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation économique, financière et <strong>de</strong> l’emploi, ensoulignant notamment <strong>la</strong> nécessité d’é<strong>la</strong>borer une stratégie coordonnée<strong>de</strong> sortie <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce généralisées une fois <strong>la</strong> reprise assurée.Il a adopté <strong>la</strong> stratégie <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Baltique, quiconstitue un cadre intégré <strong>de</strong>vant permettre <strong>de</strong> relever <strong>de</strong>s défis communs.Il a fait le point <strong>de</strong>s progrès accomplis dans <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s mesuresconcernant l’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine et a <strong>de</strong>mandé que <strong>de</strong> nouveauxefforts soient consentis, notamment en ce qui concerne le renforcement <strong>de</strong>l’agence Frontex. Enfin, le Conseil a examiné <strong>la</strong> situation en Afghanistanet au Pakistan.La stratégie <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Baltique<strong>Le</strong> Conseil européen adopte <strong>la</strong> stratégie <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> <strong>la</strong>mer Baltique et approuve les conclusions du Conseil en <strong>la</strong> matière (doc.13744/09). Cette stratégie constitue un cadre intégré <strong>de</strong>vant permettre <strong>de</strong>relever <strong>de</strong>s défis communs, parmi lesquels les problèmes environnementauxurgents liés à <strong>la</strong> mer Baltique, et <strong>de</strong> contribuer à <strong>la</strong> réussite économique <strong>de</strong>


176<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée<strong>la</strong> région et à sa cohésion économique, sociale et territoriale, ainsi qu’à <strong>la</strong>compétitivité <strong>de</strong> l’UE.<strong>Le</strong> Conseil européen engage toutes les parties concernées à agirpromptement et à veiller à ce que <strong>la</strong> stratégie, qui <strong>pour</strong>rait constituer unexemple <strong>de</strong> macro-stratégie régionale, soit pleinement mise en œuvre.Il invite <strong>la</strong> Commission à présenter au Conseil un rapport sur l’étatd’avancement <strong>de</strong>s travaux d’ici juin 2011.L’immigration et l’asile<strong>Le</strong> Conseil européen note avec satisfaction les progrès qui ont étéréalisés dans <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s mesures qu’il avait indiquées lors <strong>de</strong>sa réunion <strong>de</strong> juin 2009 en ce qui concerne l’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine enMéditerranée. Une réponse européenne déterminée, fondée sur <strong>la</strong> fermeté,<strong>la</strong> solidarité et <strong>la</strong> responsabilité partagée, reste essentielle, conformémentau Pacte européen sur l’immigration et l’asile et à l’approche globale sur<strong>la</strong> question <strong>de</strong>s migrations.<strong>Le</strong> Conseil européen préconise que l’on continue <strong>de</strong> mener une actionconcertée <strong>pour</strong> lutter contre ce problème selon une approche globale et<strong>pour</strong> éviter <strong>de</strong> nouvelles tragédies en mer.<strong>Le</strong> Conseil européen prend acte du <strong>la</strong>ncement du projet piloteconcernant <strong>la</strong> répartition, sur une base volontaire, <strong>de</strong>s bénéficiaires d’uneprotection internationale présents à Malte, et il invite instamment lesautres États membres à participer au projet. Il note aussi que les travauxen vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> création du Bureau européen d’appui en matière d’asile ontbien progressé et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’un accord soit dégagé à ce sujet avant <strong>la</strong> fin2009. En outre, il prend acte <strong>de</strong>s travaux en cours re<strong>la</strong>tifs au renforcement<strong>de</strong> l’agence Frontex. Il se félicite qu’une intensification du dialogue avec<strong>la</strong> Turquie sur les questions <strong>de</strong> migration ait été engagée et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que<strong>de</strong>s mesures concrètes soient prises rapi<strong>de</strong>ment, notamment en ce quiconcerne <strong>la</strong> réadmission et les contrôles aux frontières, conformément àses conclusions <strong>de</strong> juin 2009.Toute action visant une gestion viable à moyen et à long terme <strong>de</strong>smigrations doit s’appuyer sur une politique <strong>de</strong> l’UE vaste et globale,inscrite dans une perspective d’avenir et conforme au droit international.


Conclusion <strong>de</strong>s 29 et 30 octobre 2009 177C’est ce qui ressortira du programme pluriannuel <strong>de</strong> Stockholm, qui doitêtre adopté en décembre.Dans ce contexte, le Conseil européen :– p<strong>la</strong>i<strong>de</strong> en faveur d’efforts supplémentaires visant à adopter, mettre enœuvrai et évaluer <strong>de</strong>s instruments et à <strong>pour</strong>suivre <strong>la</strong> réalisation du régimed’asile européen commun, le problème <strong>de</strong>s mouvements secondairesinternes <strong>de</strong>vant être abordé, <strong>de</strong> même que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidarité concrèteet effective dont doivent bénéficier les États membres qui subissent <strong>de</strong>spressions particulières ;– <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un renforcement <strong>de</strong>s capacités opérationnelles <strong>de</strong> l’agenceFrontex, dont le développement doit se <strong>pour</strong>suivre, et invite <strong>la</strong> Commissionà présenter <strong>de</strong>s propositions à cet effet au début <strong>de</strong> 2010 ; ce renforcement<strong>pour</strong>rait être basé sur les éléments suivants :i) l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> procédures opérationnelles communes c<strong>la</strong>iresqui énoncent <strong>de</strong>s règles c<strong>la</strong>ires concernant <strong>la</strong> participation à <strong>de</strong>sopérations conjointes en mer, tenant dûment compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessitéd’assurer <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s personnes démunies qui se dép<strong>la</strong>cent enflux mixtes, conformément au droit international ;ii) une coopération opérationnelle accrue entre l’agence Frontex et lespays d’origine et <strong>de</strong> transit ;iii) l’examen <strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilité d’affréter régulièrement <strong>de</strong>s vols <strong>de</strong>retour communs financés par l’agence Frontex ;– invite <strong>la</strong> Commission et les États membres à accélérer <strong>la</strong> miseen œuvre <strong>de</strong> l’approche globale sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s migrations, enmettant l’accent sur son application stratégique et effective, y compris lesprogrammes <strong>de</strong> protection régionaux. Dans ce contexte, il sera essentiel <strong>de</strong>veiller à mettre efficacement à profit l’ensemble <strong>de</strong>s instruments financiersexistants qui sont pertinents en <strong>la</strong> matière ;– invite <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce et <strong>la</strong> Commission à intensifier le dialogue avec <strong>la</strong>Libye sur <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s migrations et sur les mesures à prendre par rapportà l’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine, y compris <strong>la</strong> coopération en mer, les contrôlesaux frontières et <strong>la</strong> réadmission ;– insiste sur l’importance que revêtent les accords <strong>de</strong> réadmissioncomme moyen <strong>de</strong> lutter contre l’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine.


178<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée<strong>Le</strong>s re<strong>la</strong>tions extérieures<strong>Le</strong> Conseil européen approuve les conclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> session du Conseildu 27 octobre sur l’Afghanistan et le Pakistan et salue l’adoption dup<strong>la</strong>n <strong>pour</strong> une action renforcée <strong>de</strong> l’UE dans <strong>la</strong> région. Ce p<strong>la</strong>n d’actionrenforcera <strong>la</strong> capacité civile <strong>de</strong> l’appareil d’État <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pays.L’Union européenne est désormais mieux à même <strong>de</strong> répondre auxproblèmes auxquels <strong>la</strong> région est confrontée.L’UE salue le travail accompli par les institutions électorales enAfghanistan, qui a permis <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> crédibilité du processusélectoral. <strong>Le</strong> Conseil européen souligne que le <strong>de</strong>uxième tour <strong>de</strong> l’électionprési<strong>de</strong>ntielle doit être crédible, ouvert à tous, sûr et refléter <strong>la</strong> volonté dupeuple afghan. <strong>Le</strong> Conseil européen rappelle sa confiance dans <strong>la</strong> capacité<strong>de</strong>s Nations unies à diriger <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s efforts consentis par <strong>la</strong>communauté internationale<strong>Le</strong> Conseil européen est lui aussi préoccupé par <strong>la</strong> détérioration <strong>de</strong><strong>la</strong> sécurité au Pakistan, et il apporte son soutien au gouvernement duPakistan dans les efforts qu’il déploie <strong>pour</strong> reprendre le contrôle <strong>de</strong> toutesles régions du pays. L’Union européenne est prête à venir en ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion touchée.


Conseil <strong>de</strong> l’Union européenne, BruxellesConclusiondu 10 juillet 2009Face à <strong>la</strong> récession <strong>la</strong> plus profon<strong>de</strong> qu’ait connue le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis <strong>la</strong><strong>de</strong>uxième guerre mondiale, le Conseil européen a <strong>de</strong> nouveau montré quel’Union était déterminée à dépasser les difficultés actuelles et à se tournervers l’avenir en prenant une série <strong>de</strong> décisions afin <strong>de</strong> résoudre rapi<strong>de</strong>mentet efficacement une vaste gamme <strong>de</strong> problèmes.Convaincu que le traité <strong>de</strong> Lisbonne offrira un cadre plus efficace àl’action <strong>de</strong> l’Union dans un grand nombre <strong>de</strong> domaines, les chefs d’Étatou <strong>de</strong> gouvernement se sont mis d’accord sur <strong>de</strong>s garanties juridiques<strong>de</strong>stinées à répondre aux préoccupations du peuple ir<strong>la</strong>ndais, préparantainsi <strong>la</strong> voie d’une nouvelle consultation <strong>de</strong> celui-ci au sujet <strong>de</strong> cetraité. <strong>Le</strong>s chefs d’État ou <strong>de</strong> gouvernement ont également entrepris lespremières démarches du processus <strong>de</strong> désignation du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong>prochaine Commission.La crise économique continue <strong>de</strong> revêtir une importance capitale<strong>pour</strong> les citoyens. <strong>Le</strong>s mesures d’envergure prises jusqu’ici <strong>pour</strong> soutenirle secteur bancaire et, plus généralement, l’économie réelle ont permisd’éviter un effondrement financier et <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser entrevoir <strong>la</strong> perspectived’une croissance réelle. <strong>Le</strong> Conseil européen a pris un certain nombre<strong>de</strong> décisions en vue d’aboutir à <strong>la</strong> création d’une nouvelle architecture<strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce financière dont le but sera <strong>de</strong>protégerle système financiereuropéen contre les risques futurs et <strong>de</strong> faire en sorte que les erreurs dupassé ne puissent jamais se reproduire. Il convient <strong>de</strong> s’attaquer avec unepriorité absolue aux effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise sur l’emploi en aidant les personnesà conserver leur emploi ou à en trouver un nouveau.Lutter avec succès contre le changement climatique permettra égalementd’évoluer vers une économie durable et <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> nouveaux emplois. <strong>Le</strong>


180<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> MéditérrannéeConseil européen a réalisé <strong>de</strong> nouveaux progrès dans <strong>la</strong> mise au point<strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’UE en vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conférence <strong>de</strong> Copenhague sur lechangement climatique qui se tiendra à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’année. Il a marquéc<strong>la</strong>irement son intention <strong>de</strong> conserver un rôle moteur dans ce processus eta appelé le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté internationale à jouer pleinement sonrôle afin <strong>de</strong> parvenir à un résultat fructueux et ambitieux à Copenhague.<strong>Le</strong>s dirigeants européens ont exprimé <strong>la</strong> vive préoccupation que leurinspire <strong>la</strong> situation dramatique dans <strong>la</strong> région méditerranéenne et se sontmis d’accord sur un certain nombre <strong>de</strong> mesures visant à ai<strong>de</strong>r les Étatsmembres qui sont en première ligne à faire face à l’afflux d’immigrantsc<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stins et à prévenir <strong>de</strong> nouvelles tragédies humaines.<strong>Le</strong>s dirigeants européens continuent à s’intéresser tout particulièrementau rôle <strong>de</strong> l’UE dans le mon<strong>de</strong>. Ils ont insisté sur l’importance stratégique<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions transat<strong>la</strong>ntiques et salué le <strong>la</strong>ncement du Partenariat oriental.<strong>Le</strong>s dirigeants européens ont également souligné que le processus <strong>de</strong> paixau Proche-Orient <strong>de</strong>meure une priorité essentielle <strong>de</strong> l’UE en 2009. <strong>Le</strong>Conseil européen a confirmé une nouvelle fois qu’il attache une gran<strong>de</strong>importance à <strong>la</strong> stabilité et à <strong>la</strong> sécurité en Afghanistan, au Pakistan, ainsique dans l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> région. Il a adopté <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations sur l’Iranet <strong>la</strong> République popu<strong>la</strong>ire démocratique <strong>de</strong> Corée. Dans une déc<strong>la</strong>rationconcernant <strong>la</strong> Birmanie / le Myanmar, les dirigeants européens ont<strong>de</strong>mandé <strong>la</strong> libération immédiate et inconditionnelle <strong>de</strong> Mme Aung SanSuu Kyi.Mise en p<strong>la</strong>ce d’un nouvel ordre financier<strong>Le</strong> rapport du Conseil sur l’efficacité <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> soutienfinancier (doc. 10772/09 + ADD souligne à quel point les opérations<strong>de</strong> recapitalisation et les systèmes <strong>de</strong> garantie publics ont joué unrôle primordial <strong>pour</strong> prévenir l’effondrement du secteur financier et ontcontribué à protéger les intérêts <strong>de</strong>s déposants. En favorisant l’octroi <strong>de</strong>crédits à l’économie réelle, ces mesures ont également permis <strong>de</strong> préserver<strong>de</strong>s emplois.Si cette stratégie coordonnée à l’échelle <strong>de</strong> l’UE a permis <strong>de</strong> stabiliserles marchés financiers, le contexte dans lequel les établissements financiersmènent leurs activités reste difficile et le resserrement <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> créditpersiste. Il s’ensuit que les gouvernements doivent rester vigi<strong>la</strong>nts et être


Conclusion du 10 juillet 2009 181prêts à prendre les mesures supplémentaires qui <strong>pour</strong>raient être nécessairesen vue <strong>de</strong> recapitaliser ou d’assainir les bi<strong>la</strong>ns. <strong>Le</strong>s tests <strong>de</strong> résistance encours dans toute l’UE ai<strong>de</strong>ront à mieux évaluer <strong>la</strong> résilience du systèmefinancier <strong>de</strong> l’UE, contribueront à améliorer <strong>la</strong> confiance <strong>de</strong>s marchésfinanciers et faciliteront <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s actions engagées au niveau<strong>de</strong> l’UE. Toutes les mesures doivent être compatibles avec les principesdu marché unique, assurer <strong>de</strong>s conditions équitables et tenir compte d’unestratégie <strong>de</strong> sortie crédible.La Commission est invitée à continuer <strong>de</strong> surveiller les mesures prises<strong>pour</strong> soutenir le secteur financier et à formuler <strong>de</strong> nouvelles orientationssur le retour à <strong>la</strong> viabilité du secteur bancaire.La crise financière a fait apparaître c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> nécessité d’améliorer<strong>la</strong> réglementation et <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s établissements financiers, tant enEurope qu’à l’échelle mondiale. Remédier aux défail<strong>la</strong>nces qui ont étémises au jour par <strong>la</strong> crise actuelle concourra à en prévenir <strong>de</strong> nouvelles.Ce<strong>la</strong> contribuera également à rétablir <strong>la</strong> confiance dans le systèmefinancier, notamment en renforçant <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s déposants et <strong>de</strong>sconsommateurs, et facilitera le redressement <strong>de</strong> l’économie européenne.Des progrès considérables ont d’ores et déjà été accomplis en ce quiconcerne le renforcement du cadre réglementaire <strong>de</strong> l’UE, en particulierun accord a été dégagé concernant <strong>la</strong> directive sur l’adéquation <strong>de</strong>s fondspropres, le règlement re<strong>la</strong>tif aux agences <strong>de</strong> notation <strong>de</strong> crédit et <strong>la</strong> directive«Solvabilité II». <strong>Le</strong> Conseil européen appelle à réaliser <strong>de</strong> nouveaux progrèsen ce qui concerne <strong>la</strong> réglementation <strong>de</strong>s marchés financiers, notamment<strong>la</strong> réglementation concernant les fonds d’investissement alternatifs, lerôle et les responsabilités <strong>de</strong>s dépositaires, ainsi que <strong>la</strong> transparence et <strong>la</strong>stabilité <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong>s dérivés. <strong>Le</strong> Conseil européen invite également<strong>la</strong> Commission et les États membres à accélérer leurs travaux et à réaliser<strong>de</strong>s progrès rapi<strong>de</strong>s en vue <strong>de</strong> contrer les effets procycliques <strong>de</strong>s normesréglementaires, en ce qui concerne par exemple les exigences en matière<strong>de</strong> fonds propres et les actifs dépréciés. Il invite également les Étatsmembres à prendre sans tar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s mesures en ce qui concerne les sa<strong>la</strong>ires<strong>de</strong>s dirigeants et les rémunérations dans le secteur financier, en tenantcompte <strong>de</strong>s recommandations formulées par <strong>la</strong> Commission.La communication présentée par <strong>la</strong> Commission le 27 mai 2009 etles conclusions du Conseil du 9 juin 2009 indiquent <strong>la</strong> voie à suivre


182<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéeen vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un nouveau cadre <strong>pour</strong> <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>ncemacropru<strong>de</strong>ntielle et micropru<strong>de</strong>ntielle. <strong>Le</strong> Conseil européen est favorableà <strong>la</strong> création d’un comité européen du risque systémique, qui sera chargé<strong>de</strong> surveiller et d’analyser les risques potentiels <strong>pour</strong> <strong>la</strong> stabilité financièreet, le cas échéant, émettra <strong>de</strong>s alertes sur les risques, formulera <strong>de</strong>srecommandations quant aux mesures à prendre et en surveillera <strong>la</strong> mise enœuvre. <strong>Le</strong>s membres du conseil général <strong>de</strong> <strong>la</strong> BCE éliront le prési<strong>de</strong>nt ducomité européen du risque systémique.<strong>Le</strong> Conseil européen recomman<strong>de</strong> également qu’un système européen<strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce financière constitué <strong>de</strong> trois nouvelles autorités européennes<strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce soit mis en p<strong>la</strong>ce afin d’améliorer <strong>la</strong> qualité et <strong>la</strong> cohérence<strong>de</strong> <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce au niveau national, <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>sgroupes transnationaux par <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> collèges <strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong>surveil<strong>la</strong>nce et d’é<strong>la</strong>borer un «règlement uniforme» applicable à tous lesétablissements financiers exerçant <strong>de</strong>s activités sur le marché unique.Eu égard aux charges éventuelles qui peuvent en découler <strong>pour</strong> les Étatsmembres, le Conseil européen souligne que les décisions adoptées par lesautorités européennes <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce ne <strong>de</strong>vraient empiéter en rien sur lescompétences budgétaires <strong>de</strong>s États membres. Pour autant que ces conditionssoient réunies et en complément <strong>de</strong>s conclusions du Conseil du 9 juin2009, le Conseil européen estime que le système européen <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>ncefinancière <strong>de</strong>vrait disposer <strong>de</strong> pouvoirs <strong>de</strong> décision contraignants etproportionnés lui permettant d’établir si les autorités <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce seconforment aux exigences fixées dans un règlement uniforme et dans <strong>la</strong>légis<strong>la</strong>tion communautaire pertinente, et <strong>de</strong> trancher en cas <strong>de</strong> désaccor<strong>de</strong>ntre les autorités <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> l’État d’origine et <strong>de</strong> l’État hôte, ycompris au sein <strong>de</strong>s collèges <strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce. <strong>Le</strong>s autoritéseuropéennes <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>vraient également disposer <strong>de</strong> pouvoirs<strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce à l’égard <strong>de</strong>s agences <strong>de</strong> notation <strong>de</strong> crédit. <strong>Le</strong> Conseileuropéen souligne en outre qu’il importe <strong>de</strong> veiller à ce que le nouveaucadre favorise <strong>de</strong>s marchés financiers européens sains et compétitifs.<strong>Le</strong> Conseil européen se félicite <strong>de</strong> l’intention <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong>présenter, au plus tard d’ici le début <strong>de</strong> l’automne 2009, <strong>de</strong>s propositionslégis<strong>la</strong>tives en vue <strong>de</strong> l’établissement du nouveau cadre <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>ncefinancière dans l’UE, en respectant parfaitement l’équilibre <strong>de</strong>scompétences et <strong>la</strong> responsabilité financière et en tenant pleinement compte<strong>de</strong>s conclusions du Conseil du 9 juin 2009. Ces propositions <strong>de</strong>vront


Conclusion du 10 juillet 2009 183être adoptées sans tar<strong>de</strong>r afin que <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce du nouveau cadresoit entièrement achevée dans le courant <strong>de</strong> 2010. <strong>Le</strong> Conseil européenfera le point <strong>de</strong>s progrès réalisés lors <strong>de</strong> sa réunion d’octobre 2009 et, sinécessaire, fournira <strong>de</strong>s orientations supplémentaires.Il est également important <strong>de</strong> progresser encore dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ced’un cadre transfrontière global <strong>pour</strong> <strong>la</strong> prévention et <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>scrises financières. <strong>Le</strong> Conseil européen invite <strong>la</strong> Commission à présenter<strong>de</strong>s propositions concrètes sur <strong>la</strong> manière dont le système européen <strong>de</strong>surveil<strong>la</strong>nce financière <strong>pour</strong>rait, en cas <strong>de</strong> crise, jouer un rôle important<strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce, dans le plein respect <strong>de</strong> <strong>la</strong>compétence <strong>de</strong>s autorités nationales en matière <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> stabilitéfinancière et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s crises <strong>pour</strong> ce qui est <strong>de</strong>s conséquencesbudgétaires potentielles et en respectant pleinement les attributions <strong>de</strong>sbanques centrales, s’agissant notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> fourniture d’une ai<strong>de</strong>d’urgence en cas <strong>de</strong> crise <strong>de</strong> liquidité.L’Union européenne continuera à jouer un rôle <strong>de</strong> premier p<strong>la</strong>n auniveau mondial, en particulier au sein du G20. Elle invite ses partenairesinternationaux à mettre pleinement en œuvre les engagements pris àWashington et à Londres, notamment en ce qui concerne l’augmentation<strong>de</strong>s ressources allouées aux institutions financières internationales etl’accélération <strong>de</strong> <strong>la</strong> réforme du cadre réglementaire et financier. <strong>Le</strong> Conseileuropéen invite le Conseil et <strong>la</strong> Commission à veiller à ce que soit é<strong>la</strong>boréeminutieusement une position coordonnée <strong>de</strong> l’UE avant le sommet du G20qui se tiendra les 24 et 25 septembre 2009.Il engage également <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce et <strong>la</strong> Commission à évoquersystématiquement <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>ncemondiales lors <strong>de</strong> leurs contacts avec leurs partenaires internationaux, ycompris au plus haut niveau.En ce qui concerne les ressources du FMI, les États membres sesont déjà déc<strong>la</strong>rés disposés à apporter rapi<strong>de</strong>ment et à titre temporaireun soutien d’un montant total <strong>de</strong> 75 milliards d’euros. En principe, lesÉtats membres sont prêts à assumer leur part <strong>de</strong>s nouveaux besoins <strong>de</strong>financement, au fur et à mesure que ceux-ci se présenteront à moyen terme,en fonction <strong>de</strong> leur poids économique, tel qu’il ressort <strong>de</strong> leur quote-part,dans le cadre <strong>de</strong>s nouveaux accords d’emprunt, dans le contexte d’unerépartition équitable <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge au niveau mondial, en tenant compte du


184<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéelien nécessaire entre contribution et représentation. Afin <strong>de</strong> garantir unereprise équitable et durable <strong>pour</strong> tous, l’UE réaffirme sa détermination àai<strong>de</strong>r les pays en développement à réaliser les objectifs du Millénaire <strong>pour</strong>le développement (OMD) et à honorer nos engagements respectifs enmatière d’ai<strong>de</strong> publique au développement (APD).Immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine<strong>Le</strong>s événements survenus récemment à Chypre, en Grèce, en Italie età Malte montrent qu’il est urgent d’intensifier les efforts <strong>pour</strong> prévenir etcombattre efficacement l’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine aux frontières maritimesméridionales <strong>de</strong> l’UE et éviter ainsi que <strong>de</strong>s tragédies humaines ne seproduisent à l’avenir. Une réponse européenne déterminée, fondée sur<strong>la</strong> fermeté, <strong>la</strong> solidarité et <strong>la</strong> responsabilité partagée, est essentielle,conformément au Pacte européen sur l’immigration et l’asile et à l’Approcheglobale sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s migrations. La mise en œuvre <strong>de</strong> ces instrumentsdoit être accélérée, notamment en ce qui concerne <strong>la</strong> coopération avec lespays d’origine et <strong>de</strong> transit. Toutes les activités menées dans <strong>la</strong> régionocci<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, ainsi qu’aux frontières est et sud-est,doivent se <strong>pour</strong>suivre.Compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation actuelle d’urgence humanitaire, il estnécessaire <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce et d’appliquer rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s mesuresconcrètes. <strong>Le</strong> Conseil européen appelle à <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong> mesuresvolontaires concernant <strong>la</strong> répartition interne <strong>de</strong>s bénéficiaires d’uneprotection internationale qui se trouvent dans les États membres exposésà <strong>de</strong>s pressions particulières et disproportionnées ainsi que <strong>de</strong>s personnesparticulièrement vulnérables. Il se félicite <strong>de</strong> l’intention <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission<strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s initiatives dans ce domaine, en commençant par un projetpilote concernant Malte. Il prie instamment le Conseil et le Parlementeuropéen <strong>de</strong> parvenir à un accord permettant <strong>la</strong> création rapi<strong>de</strong> du Bureaueuropéen d’appui en matière d’asile. <strong>Le</strong> Conseil européen souligneégalement qu’il est nécessaire <strong>de</strong> renforcer les opérations <strong>de</strong> contrôle auxfrontières coordonnées par FRONTEX, d’établir <strong>de</strong>s règles d’engagementc<strong>la</strong>ires <strong>pour</strong> les patrouilles communes et <strong>de</strong>s dispositions précises <strong>pour</strong> ledébarquement <strong>de</strong>s personnes sauvées, et <strong>de</strong> recourir davantage à <strong>de</strong>s vols<strong>de</strong> retour communs. Dans ce contexte, il p<strong>la</strong>i<strong>de</strong> en faveur d’une actionrésolue visant à lutter efficacement contre <strong>la</strong> criminalité organisée et lesréseaux criminels se livrant à <strong>la</strong> traite d’êtres humains.


Conclusion du 10 juillet 2009 185<strong>Le</strong> Conseil européen souligne <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> renforcer nettement <strong>la</strong>coopération avec les principaux pays d’origine et <strong>de</strong> transit. Il invite <strong>la</strong>Commission à étudier les possibilités <strong>de</strong> coopération concrète avec lespays tiers conformément aux mandats antérieurs adoptés par le Conseil.L’efficacité <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> réadmission <strong>de</strong> l’UE doit être renforcéedans le cadre <strong>de</strong>s politiques extérieures générales <strong>de</strong> l’UE. Il convient<strong>de</strong> s’employer en priorité à mener à bien les négociations en vue <strong>de</strong> <strong>la</strong>conclusion d’accords <strong>de</strong> réadmission avec les principaux pays d’origine et<strong>de</strong> transit, tels que <strong>la</strong> Libye et <strong>la</strong> Turquie; d’ici là, les accords bi<strong>la</strong>térauxexistants <strong>de</strong>vraient être mis en œuvre <strong>de</strong> manière appropriée.<strong>Le</strong> Conseil européen invite le Conseil à tenir dûment compte <strong>de</strong> ce quiprécè<strong>de</strong> lors <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>boration du nouveau programme-cadre pluriannueldans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité. <strong>Le</strong> Conseileuropéen invite <strong>la</strong> Commission à présenter, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> prochaine réuniondu Conseil européen, <strong>de</strong> nouvelles propositions reposant sur une réponseappropriée à ces problèmes.Re<strong>la</strong>tions extérieures<strong>Le</strong> Conseil européen a adopté <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations sur le Pakistan etl’Afghanistan (Annexe 5), sur <strong>la</strong> Birmanie/le Myanmar (annexe 6), sur<strong>la</strong> République popu<strong>la</strong>ire démocratique <strong>de</strong> Corée (annexe 7) et sur l’Iran(annexe 8).<strong>Le</strong> Conseil européen se félicite du <strong>la</strong>ncement du partenariat oriental.Il rappelle que <strong>la</strong> <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> cette initiativedans ses dimensions tant bi<strong>la</strong>térales que multi<strong>la</strong>térales est importante etmutuellement bénéfique <strong>pour</strong> l’UE et les partenaires d’Europe orientale, etqu’elle contribue à apporter <strong>la</strong> prospérité et <strong>la</strong> stabilité aux citoyens <strong>de</strong> tousles pays concernés. Il appelle <strong>la</strong> Commission et les prochaines prési<strong>de</strong>ncesà <strong>pour</strong>suivre leurs travaux, conformément à <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration commune dusommet qui s’est tenu à Prague le 7 mai 2009.<strong>Le</strong> processus <strong>de</strong> paix au Proche-Orient <strong>de</strong>meure une priorité absolue<strong>pour</strong> l’UE en 2009.<strong>Le</strong> Conseil européen entérine les conclusions adoptées lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>session du Conseil du 15 juin.


186<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée<strong>Le</strong> Conseil européen réaffirme l’importance stratégique <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tionstransat<strong>la</strong>ntiques, comme ce<strong>la</strong> a été souligné lors du sommet informel UEEtats-Unis qui s’est tenu le 5 avril 2009 à Prague. <strong>Le</strong> Conseil européen sefélicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration conjointe du 15 juin 2009 concernant <strong>la</strong> fermeturedu centre <strong>de</strong> détention <strong>de</strong> Guantanamo, qui marque un nouveau départ enmatière <strong>de</strong> coopération dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre le terrorisme,fondée sur les valeurs communes, le droit international et le respect <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> l’État <strong>de</strong> droit. De plus, le Conseil européensalue <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong>s États-Unis <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> coopération avecl’UE sur les questions énergétiques. Il se réjouit en outre à <strong>la</strong> perspectived’un approfondissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération avec les États-Unis en ce quiconcerne le changement climatique, les questions régionales, les affaireséconomiques et le développement.


Conseil <strong>de</strong> l’Union européenne, BruxellesConclusion<strong>de</strong>s 19 et 20 mars 2009Travailler ensemble au niveau mondialUne crise d’ampleur mondiale appelle <strong>de</strong>s réponses au niveau mondial.Il faut agir <strong>de</strong> manière coordonnée et au bon moment si l’on veut remettrel’économie mondiale sur <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>nce. Conformément auxconclusions du sommet <strong>de</strong> Berlin et <strong>de</strong> <strong>la</strong> réunion ministérielle du G20,l’UE assume sa part <strong>de</strong> responsabilité <strong>pour</strong> soutenir <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et prendratoutes les initiatives nécessaires. Nos efforts doivent trouver un échoapproprié au niveau international.L’Union européenne jouera un rôle <strong>de</strong> premier p<strong>la</strong>n au niveau mondial<strong>pour</strong> ce qui est <strong>de</strong> favoriser un retour rapi<strong>de</strong> à une croissance économiquedurable, <strong>de</strong> renforcer notre capacité à gérer les crises, <strong>de</strong> faire progresser <strong>la</strong>réforme <strong>de</strong>s marchés financiers et <strong>de</strong> soutenir les pays en développementafin d’éviter <strong>de</strong> compromettre les progrès réalisés ces <strong>de</strong>rnières années,ce qui nuirait à <strong>la</strong> stabilité économique et politique <strong>de</strong> ces pays. <strong>Le</strong>sommet du G20, qui se tiendra à Londres, a un rôle essentiel à jouer dans<strong>la</strong> réorganisation du système financier mondial et le rétablissement <strong>de</strong> <strong>la</strong>confiance <strong>de</strong>s acteurs économiques à travers le mon<strong>de</strong>. Dès lors, le Conseileuropéen adopte d’un commun accord le texte figurant à l’annexe 1 et invitele Conseil et <strong>la</strong> Commission à donner au sommet du G20 <strong>la</strong> suite voulue.Dans ce domaine, l’Union européenne s’efforcera <strong>de</strong> promouvoir <strong>de</strong>smécanismes consultatifs multi<strong>la</strong>téraux auxquels <strong>de</strong>s groupes régionaux<strong>pour</strong>raient participer.Politique européenne <strong>de</strong> voisinagePartenariat orientalPromouvoir <strong>la</strong> stabilité, <strong>la</strong> bonne gouvernance et le développementéconomique à ses frontières orientales revêt une importance stratégique<strong>pour</strong> l’Union européenne. Dans le prolongement <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication <strong>de</strong>


188<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée<strong>la</strong> Commission du 3 décembre 2008, le Conseil européen se félicite <strong>de</strong>l’établissement d’un Partenariat oriental ambitieux et adopte <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>rationfigurant à l’annexe <strong>de</strong>s présentes conclusions. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que l’ensemble<strong>de</strong>s dispositions nécessaires soient prises en vue <strong>de</strong> préparer le sommetinaugural du Partenariat oriental qui se tiendra avec les pays partenairesle 7 mai 2009.<strong>Le</strong> Partenariat oriental a <strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> promouvoir <strong>la</strong> stabilité et<strong>la</strong> prospérité parmi les partenaires orientaux <strong>de</strong> l’UE concernés par <strong>la</strong>politique européenne <strong>de</strong> voisinage. <strong>Le</strong> Conseil européen affirme, selonles termes figurant dans <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration, sa volonté <strong>de</strong> promouvoir unengagement bi<strong>la</strong>téral renforcé et un nouveau cadre multi<strong>la</strong>téral associantl’UE, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, <strong>la</strong> Biélorussie, <strong>la</strong> Géorgie, <strong>la</strong> République<strong>de</strong> Moldavie et l’Ukraine, en vue d’accélérer les réformes et le rapprochement<strong>de</strong>s légis<strong>la</strong>tions et <strong>de</strong> <strong>pour</strong>suivre l’intégration économique.<strong>Le</strong> Conseil européen invite en outre <strong>la</strong> Commission ainsi que lesprési<strong>de</strong>nces actuelle et future à faire progresser rapi<strong>de</strong>ment <strong>la</strong> mise enœuvre pratique du Partenariat, en liaison avec les partenaires, et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>à <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong> présenter le moment venu un rapport sur <strong>la</strong> premièreannée <strong>de</strong> mise en œuvre du Partenariat oriental.Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée<strong>Le</strong> Conseil européen réaffirme sa volonté <strong>de</strong> renforcer son partenariatavec ses partenaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> rive sud du bassin méditerranéen. Il souhaite que<strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s projets définis lors du Sommet <strong>de</strong> Paris soit re<strong>la</strong>ncée.À cet égard, il importe d’accélérer les travaux re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce dusecrétariat permanent <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée à Barcelone.Ai<strong>de</strong>r les pays en développement à réagir aux effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> criseŒuvrer en faveur du développement mondial, qui fait partie <strong>de</strong> <strong>la</strong>solution à <strong>la</strong> crise mondiale et contribue à <strong>la</strong> paix et à <strong>la</strong> stabilité.Respecter les engagements visant à accroître l’ai<strong>de</strong> au développement.Réaffirmer <strong>la</strong> volonté d’atteindre les objectifs du Millénaire <strong>pour</strong> ledéveloppement. Tenir les promesses qui ont été faites en matière d’ai<strong>de</strong><strong>pour</strong> le commerce et accor<strong>de</strong>r un accès aux marchés en franchise <strong>de</strong> droitset sans contingent aux pays les moins développés.


Conclusion <strong>de</strong>s 19 et 20 mars 2009 189Mettre pleinement à profit les autres sources publiques <strong>de</strong> financement,telles que les crédits à l’exportation et les garanties d’investissement,ainsi que le soutien axé sur le développement dans les domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong>recherche et <strong>de</strong> <strong>la</strong> technologie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité, <strong>de</strong> <strong>la</strong> migrationet du changement climatique. Renforcer l’efficacité et <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>sinstruments et <strong>de</strong>s ressources.Permettre aux banques multi<strong>la</strong>térales <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> contribuerà pallier les effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise dans les pays en développement, enparticulier en ce qui concerne les popu<strong>la</strong>tions les plus pauvres et les plusvulnérables.Re<strong>la</strong>tions UE Etats-Unis<strong>Le</strong> Conseil européen a été informé par <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’étatd’avancement <strong>de</strong>s préparatifs du sommet informel UE–États-Unis, quise tiendra le 5 avril 2009 à Prague. <strong>Le</strong> Conseil européen réaffirmel’importance stratégique <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions transat<strong>la</strong>ntiques. Il convient que lesdiscussions <strong>de</strong>vraient porter en particulier sur les questions économiques,<strong>la</strong> sécurité énergétique, le changement climatique et l’approche stratégiqueà adopter à l’égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> région située entre <strong>la</strong> mer Méditerranée et <strong>la</strong> merCaspienne.


190<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> MéditérrannéeTexte adopté d’un commun accord en vue du sommet du G20qui se tiendra à LondresAnnexe à <strong>la</strong> conclusion <strong>de</strong> marsConduire l’action nécessaire sur le p<strong>la</strong>n international <strong>pour</strong> favoriser unretour rapi<strong>de</strong> à une croissance économique durableSur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s résultats du sommet <strong>de</strong> Berlin et <strong>de</strong> <strong>la</strong> réunionministérielle du G20, <strong>pour</strong>suivre <strong>la</strong> coordination, au niveau international,<strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce budgétaire. Mettre rapi<strong>de</strong>ment en œuvre lesprogrammes <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce budgétaire prévus. Se préparer à mettre fin auxmesures <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce macroéconomique sans créer <strong>de</strong> perturbations.S’attacher en priorité à rétablir le fonctionnement <strong>de</strong>s marchés ducrédit et à en faire bénéficier l’économie, ce qui est essentiel <strong>pour</strong> garantirl’efficacité <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce budgétaire. Agir en temps utile et d’unemanière coordonnée en veil<strong>la</strong>nt à ce que les règles du jeu restent les mêmes<strong>pour</strong> tous.Veiller à ce que les mesures budgétaires soient compatibles avec <strong>de</strong>sobjectifs à plus long terme tels que <strong>la</strong> viabilité <strong>de</strong>s finances publiques, lerenforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> productivité et <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> faire face aux problèmesque représentent le vieillissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et le changementclimatique.Préserver l’ouverture <strong>de</strong>s marchés et éviter toute forme <strong>de</strong> mesuresprotectionnistes (pas <strong>de</strong> nouvelles entraves aux investissements ni auxéchanges commerciaux et pas <strong>de</strong> nouvelles restrictions à l’exportation).S’efforcer <strong>de</strong> parvenir rapi<strong>de</strong>ment à un accord sur les modalités duProgramme <strong>de</strong> Doha <strong>pour</strong> le développement, en vue d’obtenir <strong>de</strong>s résultatsambitieux et équilibrés.Soutenir une initiative multi<strong>la</strong>térale re<strong>la</strong>tive aux crédits commerciaux,le tassement <strong>de</strong> ces crédits contribuant à aggraver <strong>la</strong> contraction ducommerce mondial. Appuyer les actions visant à ce que l’ensemble <strong>de</strong>sentreprises, et notamment les PME, aient accès, dans les pays développéscomme dans les pays en développement, aux crédits commerciaux,rapi<strong>de</strong>ment et sans qu’il en résulte <strong>de</strong> distorsions.


Conclusion <strong>de</strong>s 19 et 20 mars 2009 191Ai<strong>de</strong>r les pays en développement à réagir aux effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> criseŒuvrer en faveur du développement mondial, qui fait partie <strong>de</strong> <strong>la</strong>solution à <strong>la</strong> crise mondiale et contribue à <strong>la</strong> paix et à <strong>la</strong> stabilité.Respecter les engagements visant à accroître l’ai<strong>de</strong> au développement.Réaffirmer <strong>la</strong> volonté d’atteindre les objectifs du Millénaire <strong>pour</strong> ledéveloppement. Tenir les promesses qui ont été faites en matière d’ai<strong>de</strong><strong>pour</strong> le commerce et accor<strong>de</strong>r un accès aux marchés en franchise <strong>de</strong> droitset sans contingent aux pays les moins développés.Mettre pleinement à profit les autres sources publiques <strong>de</strong> financement,telles que les crédits à l’exportation et les garanties d’investissement,ainsi que le soutien axé sur le développement dans les domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong>recherche et <strong>de</strong> <strong>la</strong> technologie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité, <strong>de</strong> <strong>la</strong> migrationet du changement climatique. Renforcer l’efficacité et <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>sinstruments et <strong>de</strong>s ressources.Permettre aux banques multi<strong>la</strong>térales <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> contribuerà pallier les effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise dans les pays en développement, enparticulier en ce qui concerne les popu<strong>la</strong>tions les plus pauvres et les plusvulnérables.Renforcer notre capacité à gérer et à éviter les crises auniveau mondialCharger le FMI <strong>de</strong> suivre et <strong>de</strong> faire progresser, en étroite coopérationavec le Forum sur <strong>la</strong> stabilité financière (FSF), <strong>la</strong> mise en œuvre du p<strong>la</strong>nd’action concernant <strong>la</strong> réglementation financière adopté lors du sommet duG20 à Washington en novembre 2008.Améliorer les instruments <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce dont dispose le FMI afin<strong>de</strong> renforcer le rôle important qu’il joue dans <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong>s crises.Renforcer <strong>la</strong> coopération entre le FMI et le FSF afin <strong>de</strong> recenser lesrisques et les faiblesses systémiques provenant du secteur financier et <strong>de</strong>sa réglementation et veiller à ce que les membres prennent <strong>de</strong>s mesuresvisant à y remédier.Accroître <strong>de</strong> manière très substantielle les ressources du FMI afin quecelui-ci puisse venir en ai<strong>de</strong> à ses membres d’une manière rapi<strong>de</strong> et souples’ils connaissent <strong>de</strong>s difficultés en matière <strong>de</strong> ba<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s paiements.


192<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée<strong>Le</strong> cadre régissant l’octroi <strong>de</strong>s prêts accordés par le FMI doit être réorganiséet adapté afin <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> capacité du Fonds à éviter les crises et à yréagir. Dans le contexte spécifique <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise, les États membres <strong>de</strong> l’UEsont disposés à apporter, sur une base volontaire, rapi<strong>de</strong>ment et à titretemporaire, un soutien à <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> financement du FMI sous <strong>la</strong> formed’un prêt d’un montant total <strong>de</strong> 75 milliards d’euros.Appuyer <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong> <strong>la</strong> gouvernance <strong>de</strong>s institutions financièresinternationales (IFI). Mettre rapi<strong>de</strong>ment en œuvre <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong>s quotespartset <strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation au FMI, qui a été adoptée en avril 2008.Réformer le FMI afin qu’il reflète mieux le poids économique re<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>sacteurs <strong>de</strong> l’économie mondiale et revoir le processus <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>sdirigeants <strong>de</strong>s IFI en améliorant sa transparence et en le fondant davantagesur les mérites. Saluer le fait que le FSF comprenne désormais tous lesmembres du G20, l’Espagne et <strong>la</strong> Commission européenne, et appuyer lerenforcement institutionnel du FSF.Œuvrer à un consensus sur une charte <strong>pour</strong> une gouvernance économiquedurable, fondée sur les mécanismes du marché mais évitant les excès, etl’adopter, ce qui constituerait un premier pas vers un ensemble <strong>de</strong> normesen matière <strong>de</strong> gouvernance mondiale.


Annexe IIIRapport annuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> HauteReprésentante <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> PESC


Politique étrangèreet <strong>de</strong> sécurité commune (PESC)Rapport annuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute Représentante <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong>les affaires étrangères et <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> sécurité au Parlement européensur les principaux aspects et les choix fondamentaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESC-2009IntroductionL’Union européenne joue aujourd’hui un rôle majeur sur <strong>la</strong> scèneinternationale. Forte d’une popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 500 millions d’habitants,l’UE représente plus <strong>de</strong> 25 % du produit intérieur brut (PIB) mondial,fournit <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> au développement et contribue<strong>pour</strong> un cinquième aux importations et exportations mondiales; elle estdonc un acteur politique <strong>de</strong> premier p<strong>la</strong>n, qui doit concilier ses intérêtsen matière <strong>de</strong> sécurité au niveau régional mais aussi mondial avec lesresponsabilités qui en découlent. C’est un rôle que les Européens commeles non-Européens souhaitent lui voir jouer.L’Union européenne s’est dotée d’une politique étrangère commune,par <strong>la</strong>quelle elle s’exprime d’une seule voix sur les gran<strong>de</strong>s questionsinternationales. Elle joue un rôle essentiel dans le processus <strong>de</strong> paixau Proche-Orient, dans les re<strong>la</strong>tions diplomatiques avec l’Iran et <strong>pour</strong>renforcer <strong>la</strong> stabilité dans les Balkans occi<strong>de</strong>ntaux, y compris au Kosovo.Partout dans le mon<strong>de</strong>, les soldats, les policiers et les juges qu’elle déploieai<strong>de</strong>nt à sauver <strong>de</strong>s vies et à stabiliser les pays et régions qui sortentd’un conflit, du Kosovo à l’Afghanistan et <strong>de</strong>s Territoires palestiniens auTchad. Quand survient une catastrophe, l’UE apporte une ai<strong>de</strong> d’urgence.Elle a désigné un Haut Représentant, M. Javier So<strong>la</strong>na, qui est le visageet <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> l’UE à l’étranger. La stratégie <strong>de</strong> sécurité qu’elle a adoptéeoriente son action face aux menaces auxquelles le mon<strong>de</strong> est confronté etsert <strong>de</strong> base aux re<strong>la</strong>tions stratégiques qu’elle entretient avec les pays etrégions partenaires clés, avec qui elle tient régulièrement <strong>de</strong>s sommets.Aux quatre coins du mon<strong>de</strong>, les représentants spéciaux <strong>de</strong> l’UE œuvrent à<strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’UE en matière <strong>de</strong> politique étrangère.L’Union européenne a noué <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions privilégiées avec sesvoisins les plus proches dans les Balkans occi<strong>de</strong>ntaux et dans <strong>la</strong> région


196<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéeméditerranéenne. Elle a tissé avec le reste du mon<strong>de</strong> un vaste réseau <strong>de</strong>re<strong>la</strong>tions complexes dans les domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération politique, <strong>de</strong>séchanges et <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> au développement, et elle joue un rôle essentiel dansles accords internationaux sur le commerce, l’environnement et les droits<strong>de</strong> l’homme. Depuis janvier 2007, à <strong>la</strong> suite du <strong>de</strong>rnier é<strong>la</strong>rgissement, qui avu l’adhésion <strong>de</strong> 12 nouveaux pays et a mis fin aux divisions qu’a connuesle continent au XX e siècle, l’Union compte 27 États membres.La Politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité commune (PESC)<strong>Le</strong>s bouleversements géopolitiques qui ont suivi <strong>la</strong> chute ducommunisme à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 80, <strong>la</strong> réunification <strong>de</strong> l’Allemagne,les conflits dans l’ex‐Yougos<strong>la</strong>vie durant les années 90 et <strong>la</strong> menace queconstitue le terrorisme international ont amené les dirigeants <strong>de</strong> l’UE àcréer et à développer, dans le cadre du traité <strong>de</strong> Maastricht en 1993 etdu traité d’Amsterdam en 1999, <strong>de</strong>s instruments formels <strong>de</strong> diplomatieet d’intervention. Ces traités ont donné à l’Union les moyens <strong>de</strong> réagirface aux crises auxquelles elle s’est trouvée confrontée à ses portes et<strong>de</strong> projeter ses valeurs à travers le mon<strong>de</strong> entier; ils ont remp<strong>la</strong>cé <strong>la</strong>coopération politique européenne (<strong>la</strong>ncée en 1970 puis officialisée en1986), qui prévoyait simplement que les États membres se consultent envue <strong>de</strong> coopérer sur les gran<strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> politique internationale.La Politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité commune (PESC) a étéinstituée par le traité <strong>de</strong> Maastricht, adopté en 1992 et entré en vigueuren 1993, et elle a été renforcée par le traité d’Amsterdam, adopté en 1997et entré en vigueur en 1999. Avec <strong>la</strong> Politique européenne <strong>de</strong> sécuritéet <strong>de</strong> défense (PESD), le traité d’Amsterdam a doté <strong>la</strong> PESC d’un voletopérationnel et susceptible <strong>de</strong> conduire ultérieurement à une structure <strong>de</strong>défense commune. La PESC a encore été renforcée dans le cadre du traité<strong>de</strong> Nice, adopté en 2001 et entré en vigueur en 2003.<strong>Le</strong> traité sur l’Union européenne a fixé comme objectifs à <strong>la</strong> PESC<strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s valeurs communes, <strong>de</strong>s intérêts fondamentaux, <strong>de</strong>l’indépendance et <strong>de</strong> l’intégrité <strong>de</strong> l’Union, le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong>sécurité <strong>de</strong> l’Union, le maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix et le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong>sécurité internationale, <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération internationale et ledéveloppement et le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie et <strong>de</strong> l’État <strong>de</strong> droit,ainsi que le respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong>s libertés fondamentales.


Politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité commune (PESC) 197Depuis le traité d’Amsterdam, le rôle du Conseil n’a cessé <strong>de</strong> prendre<strong>de</strong> l’importance. Ce traité a créé le poste <strong>de</strong> Haut Représentant <strong>pour</strong> <strong>la</strong>politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité commune, <strong>de</strong>stiné à être occupé par«une personnalité ayant une stature importante sur le p<strong>la</strong>n politique» afin<strong>de</strong> conférer un poids diplomatique à <strong>la</strong> PESC et d’en assurer <strong>la</strong> continuité.Cette fonction est associée à celle <strong>de</strong> Secrétaire général du Conseil. <strong>Le</strong>Conseil européen <strong>de</strong> Cologne, en 1999, a nommé Secrétaire général/HautReprésentant M. Javier So<strong>la</strong>na, qui est le premier à occuper ce poste et dontle mandat a été reconduit en 2004 <strong>pour</strong> une nouvelle pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> cinq ans.<strong>Le</strong> Haut Représentant a <strong>pour</strong> rôle, selon le traité, d’assister <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>ncedans <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s décisions <strong>de</strong> politique. Il agit aussi au nom duConseil en conduisant le dialogue politique avec <strong>de</strong>s tiers et il est le chef<strong>de</strong> l’Agence européenne <strong>de</strong> défense. Aux côtés <strong>de</strong> <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce et ducommissaire chargé <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions extérieures, M. Javier So<strong>la</strong>na représentel’UE dans le Quatuor, chargé du processus <strong>de</strong> paix au Proche-Orient. Il areçu mandat <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté internationale <strong>pour</strong> <strong>la</strong> représenter dans les<strong>pour</strong>parlers menés avec l’Iran sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong> son programme nucléaire.Il a incarné le rôle actif joué par l’UE dans un certain nombre <strong>de</strong> pays<strong>de</strong>s Balkans occi<strong>de</strong>ntaux, y compris l’ancienne République yougos<strong>la</strong>ve<strong>de</strong> Macédoine, où il a conduit les négociations re<strong>la</strong>tives à l’accordd’Ohrid, ainsi qu’en Serbie et au Monténégro, entre lesquels il a facilité <strong>la</strong>conclusion <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> Belgra<strong>de</strong>, et encore au Kosovo. Il a égalementjoué un rôle actif auprès <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale et orientale, y comprisl’Ukraine et <strong>la</strong> Moldavie.Un certain nombre <strong>de</strong> représentants spéciaux <strong>de</strong> l’Union européenne,nommés par le Conseil sur recommandation du Haut Représentant,assistent celui-ci dans son action et sont chargés <strong>de</strong> développer et <strong>de</strong>contribuer à mettre en œuvre les objectifs <strong>de</strong> l’Union en matière <strong>de</strong>politique étrangère à travers le mon<strong>de</strong>. Il y a actuellement 11 représentantsspéciaux (RSUE). <strong>Le</strong> Haut Représentant a également nommé plusieursreprésentants personnels chargés <strong>de</strong> questions spécifiques, telles que <strong>la</strong>non-prolifération <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction massive, les droits <strong>de</strong> l’hommeet les affaires parlementaires.<strong>Le</strong>s représentants spéciaux <strong>de</strong> l’UE<strong>Le</strong> traité d’Amsterdam a créé un ensemble <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> soutien autravail du Haut Représentant. L’unité <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nification <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique et


198<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéed’alerte rapi<strong>de</strong>, au sein du Secrétariat général du Conseil, est composée<strong>de</strong> diplomates nationaux et d’experts du Conseil et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission.Elle suit l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation politique internationale, avertit leHaut Représentant et le Conseil <strong>de</strong>s crises susceptibles <strong>de</strong> se produire etexamine leurs conséquences éventuelles <strong>pour</strong> l’Union, ainsi que les lignes<strong>de</strong> conduite à envisager, permettant ainsi à l’Union d’agir avec plus <strong>de</strong>rapidité et d’efficacité.<strong>Le</strong> traité <strong>de</strong> Nice a institué une structure permanente, le Comitépolitique et <strong>de</strong> sécurité (COPS), qui est composé <strong>de</strong> représentants<strong>de</strong>s États membres ayant le rang d’ambassa<strong>de</strong>urs. <strong>Le</strong> COPS est aucœur du fonctionnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESC. Il suit l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> situationinternationale dans les domaines relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESC et <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESD etcontribue à <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s politiques. Il se réunit au moins <strong>de</strong>ux fois parsemaine et exerce, sous <strong>la</strong> responsabilité du Conseil, le contrôle politiqueet <strong>la</strong> direction stratégique <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> crise.<strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> situation conjoint <strong>de</strong> l’UE (SITCEN), créé en 2002, assurel’alerte précoce et une veille internationale et analyse le renseignement<strong>pour</strong> le Haut Représentant <strong>de</strong> l’UE et et son équipe, ainsi que <strong>pour</strong> lesdivers organes <strong>de</strong> décision <strong>de</strong> l’Union européenne dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong>PESC, <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESD et <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre le terrorisme. <strong>Le</strong> SITCEN assure<strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce et l’évaluation <strong>de</strong>s événements internationaux 24 heuressur 24 et 7 jours sur 7. <strong>Le</strong>s informations et les analyses fournies par leSITCEN sont <strong>de</strong> nature civile et militaire et portent sur tous les aspects <strong>de</strong><strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> crises par l’UE.Formu<strong>la</strong>tion et conduite <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique étrangère<strong>Le</strong> Conseil européen (composé <strong>de</strong>s chefs d’État ou <strong>de</strong> gouvernement<strong>de</strong>s 27 États membres et du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission) fixe les principesgénéraux et les orientations générales <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESC, y compris <strong>pour</strong> lesquestions ayant <strong>de</strong>s implications en matière <strong>de</strong> défense. Il se réunit enprincipe quatre fois par an.La prési<strong>de</strong>nce du Conseil, assurée à tour <strong>de</strong> rôle <strong>pour</strong> une pério<strong>de</strong><strong>de</strong> six mois par chacun <strong>de</strong>s États membres, représente l’Union <strong>pour</strong> lesmatières qui relèvent <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESC et exprime <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’Union dansles organisations internationales et au sein <strong>de</strong>s conférences internationales.Elle est assistée par le Haut Représentant, qui contribue à <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion, à


Politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité commune (PESC) 199l’é<strong>la</strong>boration et à <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s décisions <strong>de</strong> politique européennes.La prési<strong>de</strong>nce, le Haut Représentant et le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commissioneuropéenne tiennent <strong>de</strong>s réunions au sommet avec les pays et régionspartenaires <strong>de</strong> l’UE.<strong>Le</strong> Conseil - réuni en formation «Affaires générales et re<strong>la</strong>tionsextérieures» (CAGRE) composée <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>s affaires étrangères<strong>de</strong>s États membres - se réunit une fois par mois et examine les questionsrelevant <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions extérieures ainsi que les questions institutionnelles.Il définit et met en œuvre <strong>la</strong> politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité commune <strong>de</strong>l’UE sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s orientations définies par le Conseil européen. La lignepolitique est formulée sur <strong>la</strong> base du consensus et <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution collective<strong>de</strong>s problèmes. <strong>Le</strong>s positions officielles du Conseil sont diffusées sous <strong>la</strong>forme <strong>de</strong> «conclusions» ou <strong>de</strong> «déc<strong>la</strong>rations» du Conseil. Des déc<strong>la</strong>rationssont également faites par <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce et par le Haut Représentant. Depuis<strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 90, les ministres <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> l’UE se réunissentrégulièrement. Bien qu’il n’y ait pas <strong>de</strong> session du Conseil formellementconsacrée à <strong>la</strong> défense en tant que telle, il se tient durant chaque prési<strong>de</strong>nceau moins une réunion informelle <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense et ceux-ciparticipent à une session du Conseil «Re<strong>la</strong>tions extérieures» consacrée auxquestions politico-militaires.<strong>Le</strong>s travaux du Conseil sont préparés par le Comité <strong>de</strong>s représentantspermanents (Coreper), <strong>pour</strong> ce qui concerne les travaux dans leurensemble, et par le Comité politique et <strong>de</strong> sécurité (COPS), <strong>pour</strong> ce quiest <strong>de</strong>s questions politiques et <strong>de</strong> sécurité. <strong>Le</strong>s groupes <strong>de</strong> travail dans ledomaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESC, composés d’experts <strong>de</strong>s États membres <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong><strong>la</strong> Commission, se réunissent sur une base géographique (Proche-Orient,Balkans occi<strong>de</strong>ntaux, par exemple) ou thématique (droits <strong>de</strong> l’homme,Nations unies, lutte contre le terrorisme, par exemple). Ils préparent lesréunions du COPS et du Coreper. Ils procè<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s analyses communes<strong>de</strong> <strong>la</strong> situation dans les pays tiers et <strong>de</strong> questions multi<strong>la</strong>térales et établissent<strong>de</strong>s positions communes possibles. Ils é<strong>la</strong>borent <strong>de</strong>s propositions <strong>de</strong>mesures <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> PESC, telles que les déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong><strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce au nom <strong>de</strong> l’UE, en vue <strong>de</strong> leur approbation par le COPSpuis par le Conseil. Ils formulent également à l’intention du COPS <strong>de</strong>srecommandations en vue <strong>de</strong> futures initiatives dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong>PESC.


Annexe IVRapport général sur l’activité <strong>de</strong>l’Union européenne


<strong>Le</strong>s changements apportésau cadre institutionnelCertains <strong>de</strong>s changements apportés aux institutions en 2009 relevaientdu fonctionnement normal <strong>de</strong> l’UE : tel était par exemple le cas <strong>de</strong>l’élection du Parlement européen et <strong>de</strong>s préparatifs liés à <strong>la</strong> mis en p<strong>la</strong>ced’une nouvelle Commission. En revanche, <strong>la</strong> ratification du traité <strong>de</strong>Lisbonne et l’attribution <strong>de</strong>s nouveaux mandats qu’il crée ont été le pointd’orgue d’un processus particulier entamé alors que l’UE ne comptaitencore que 15 États membres.Un nouveau traité <strong>pour</strong> une Union plus efficace. <strong>Le</strong> traité <strong>de</strong>Lisbonne est entré en vigueur le 1 er décembre 2009.Avec le traité <strong>de</strong> Lisbonne, qu’est-ce qui change ?<strong>Le</strong>s citoyens peuvent mieux faire entendre leur voix et, <strong>pour</strong> <strong>la</strong>première fois, contribuer directement au processus légis<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne: une nouvelle « initiative citoyenne » leur permet en effetd’attirer l’attention <strong>de</strong>s légis<strong>la</strong>teurs sur <strong>de</strong>s préoccupations partagées parun grand nombre d’entre eux. <strong>Le</strong>s parlements nationaux ont quant à eux<strong>la</strong> possibilité d’intervenir davantage dans le processus <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> décision<strong>de</strong> l’UE, et <strong>de</strong> mieux orienter ses domaines d’action grâce au dispositif<strong>de</strong> consultation précoce au sujet <strong>de</strong>s propositions légis<strong>la</strong>tives <strong>de</strong> l’UE.<strong>Le</strong> processus légis<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong>vient beaucoup plus transparent: eneffet, le Conseil <strong>de</strong> ministres doit ouvrir ses réunions au public lorsqu’i<strong>la</strong>dopte <strong>de</strong> nouveaux textes légis<strong>la</strong>tifs. Et les députes européens, qui sontles représentants directement élus <strong>de</strong>s citoyens, ont davantage leur mot adire sur les actes légis<strong>la</strong>tifs <strong>de</strong> l’UE et sur son budget, car <strong>de</strong> nouveauxdomaines sont désormais soumis a <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> codécision, quiimplique <strong>la</strong> participation du Parlement européen.Dans le même temps, l’UE elle-même se voit dotée d’un nouveaustatut juridique. Ses compétences sont plus étendues que jamais et sesprocessus <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> décision ont été simplifies. <strong>Le</strong> Conseil adopterases décisions à <strong>la</strong> majorité qualifiée -et non plus à l’unanimité- dans <strong>de</strong>nouveaux domaines particulièrement importants comme <strong>la</strong> lutte contrele changement climatique, <strong>la</strong> sécurité énergétique et l’ai<strong>de</strong> d’urgence, ce


204<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéequi rendra l’action <strong>de</strong> l’UE plus rapi<strong>de</strong> et plus efficace. A partir <strong>de</strong> 2014,les décisions du Conseil <strong>de</strong>vront être approuvées par au moins 55 % <strong>de</strong>sEtats membres (au moins 15 d’entre eux) représentant au moins 65 % <strong>de</strong><strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’UE.<strong>Le</strong>s institutions chargées <strong>de</strong> faire fonctionner l’UE sont modifiées et lesprocédures sont <strong>de</strong>venues plus démocratiques. <strong>Le</strong> Conseil européen élit unprési<strong>de</strong>nt du Conseil européen <strong>pour</strong> un mandat <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans et <strong>de</strong>mi, afin <strong>de</strong>donner davantage <strong>de</strong> visibilité et <strong>de</strong> cohérence a l’action <strong>de</strong> l’UE. <strong>Le</strong> hautreprésentant <strong>pour</strong> les affaires étrangères et <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> sécurité, qui estaussi l’un <strong>de</strong>s vice-prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission, assurera <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong>l’action <strong>de</strong> l’UE sur <strong>la</strong> scène internationale et défendra ses intérêts et sesvaleurs a l’étranger ; il <strong>pour</strong>ra s’appuyer sur un nouveau service européen<strong>pour</strong> l’action extérieure, compose <strong>de</strong> diplomates et <strong>de</strong> fonctionnaires. <strong>Le</strong>traite confirme également le pouvoir confie au Parlement européen d’élirele prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission sur proposition du Conseil européen.L’euro est confirmé comme <strong>la</strong> monnaie <strong>de</strong> l’UE<strong>Le</strong> rôle international <strong>de</strong> l’UE est confirme tant <strong>pour</strong> sa contribution a<strong>la</strong> paix et a <strong>la</strong> sécurité que <strong>pour</strong> <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong> ses valeurs que sont ledéveloppement durable, <strong>la</strong> solidarité et le respect mutuel entre les peuples,le commerce libre et équitable, l’éradication <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté, <strong>la</strong> défense <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong> l’homme et le respect du droit international.<strong>Le</strong> rôle <strong>de</strong> l’UE ne se limite plus au maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix, a <strong>la</strong> prévention<strong>de</strong>s conflits et au renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité internationale, mais s’étenddésormais aux opérations <strong>de</strong> désarmement, aux missions <strong>de</strong> conseil etd’assistance en matière militaire, et aux opérations <strong>de</strong> stabilisation al’issue <strong>de</strong>s conflits.La capacité <strong>de</strong> l’UE à lutter contre <strong>la</strong> criminalité transfrontalière,l’immigration illégale, <strong>la</strong> traite <strong>de</strong>s êtres humains et le Trafic d’armes et <strong>de</strong>drogues est accru, le Parlement européen et <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> justice voyant leursrôles respectifs renforcés.<strong>Le</strong>s objectifs sociaux <strong>de</strong> l’UE sont renforces, puisque toutes lespolitiques et les mesures <strong>de</strong> l’UE doivent tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> promotiond’un niveau d’emploi élève, et que les services <strong>de</strong> base sont reconnuscomme étant d’intérêt public.


<strong>Le</strong>s changements apportés au cadre institutionnel 205La promotion du développement durable, <strong>la</strong> lutte contre le changementclimatique, le développement <strong>de</strong>s énergies durables et <strong>la</strong> garantie du bonfonctionnement du marche <strong>de</strong> l’énergie <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s priorités.En ce qui concerne <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’UE, force <strong>de</strong> loi est donnée auxdroits et aux libertés énonces dans <strong>la</strong> charte <strong>de</strong>s droits fondamentaux,tels que <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s données a caractère personnel, le droit d’asile,l’égalité <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> loi et l’absence <strong>de</strong> discrimination, l’égalité entre leshommes et les femmes, les droits <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s personnes âgées, <strong>la</strong>protection contre le licenciement abusif et l’accès a <strong>la</strong> sécurité sociale et al’ai<strong>de</strong> sociale. L’Union adhérera également à <strong>la</strong> convention européenne <strong>de</strong>sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong>s libertés fondamentales.


Sommet <strong>de</strong> Copenhague« Ce qui s’est passé et ce qui ne s’est pas passé »<strong>Le</strong>s résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong>s Nations unies sur les changementsclimatiques qui s’est tenue en décembre <strong>de</strong>rnier à Copenhague sontdécevants. Après <strong>de</strong>ux semaines d’intenses négociations, une trentaine <strong>de</strong>pays dont les États-Unis, <strong>la</strong> Chine, l’In<strong>de</strong> et le Brésil ainsi que certainsÉtats membres <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>la</strong> Commission européennesont parvenus, le <strong>de</strong>rnier jour, à un accord limité. Cet accord contient uncertain nombre d’éléments positifs; notamment, il confirme — au niveaumondial, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> première fois — l’objectif <strong>de</strong> limitation à 2° C <strong>de</strong> <strong>la</strong>hausse <strong>de</strong>s températures, et les engagements pris quant au montant <strong>de</strong>l’ai<strong>de</strong> financière à accor<strong>de</strong>r aux pays en développement <strong>pour</strong> faciliter leuradaptation au changement climatique sont conformes aux propositions<strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission. Globalement toutefois, l’accord <strong>de</strong> Copenhague estbien loin <strong>de</strong> répondre au niveau d’ambition <strong>de</strong> l’UE. De surcroît, du fait<strong>de</strong> l’opposition d’une poignée <strong>de</strong> parties, <strong>la</strong> conférence s’est contentée <strong>de</strong>prendre note <strong>de</strong> l’accord sans l’entériner formellement. En conséquence,<strong>de</strong> nouveaux efforts <strong>de</strong>vront être déployés <strong>pour</strong> parvenir à un accordglobal juridiquement contraignant lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> prochaine conférence <strong>de</strong>sNations unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Mexico ennovembre 2010.La préparation <strong>de</strong> CopenhagueEn dépit <strong>de</strong>s maigres résultats <strong>de</strong> Copenhague, le travail accompli,durant <strong>la</strong> conférence et au cours <strong>de</strong>s mois qui l’ont précédés, <strong>pour</strong>rapprocher les textes <strong>de</strong> négociation constitue un bon point <strong>de</strong> départ <strong>pour</strong>parvenir un accord global juridiquement contraignant d’ici à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>l’année 2010. L’UE a joué un rôle décisif à cet égard.Avec en point d’orgue <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague, l’année 2009 estune année cruciale <strong>pour</strong> <strong>la</strong> lutte contre le changement climatique, maisc’est en fait le changement climatique qui a façonné cette Commission, etje suis convaincu que c’est cette même question qui définira les orientations


208<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée<strong>de</strong> <strong>la</strong> prochaine Commission. Pourquoi ce<strong>la</strong> ? Parce que <strong>la</strong> politique <strong>de</strong>l’environnement, en général, et <strong>la</strong> politique climatique, en particulier, sont<strong>de</strong>s questions européennes par essence. Aucune frontière nationale n’arrêteles émissions <strong>de</strong> carbone. <strong>Le</strong>s décisions que nous prenons — ou que nousne prenons pas — au sein <strong>de</strong> l’Union ont une inci<strong>de</strong>nce directe sur lesforêts pluviales du Brésil et <strong>de</strong> Bornéo, ainsi que sur l’épaisseur <strong>de</strong> <strong>la</strong>calotte g<strong>la</strong>ciaire au Groen<strong>la</strong>nd, a déc<strong>la</strong>ré Jose Manuel Barrios à l’occasion<strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> <strong>la</strong> Semaine verte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission, à Bruxelles, enjuin <strong>de</strong>rnier.Tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> qui a précédé <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague,l’Union européenne a adressé <strong>de</strong>s messages vigoureux et c<strong>la</strong>irs aux autrespays et a ainsi fait preuve <strong>de</strong> l’autorité politique nécessaire <strong>pour</strong> réussir àcontenir le réchauffement <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 2°C. Afin d’encouragerles autres grands émetteurs à prendre <strong>de</strong>s mesures énergiques et ce faisantaugmenter les chances <strong>de</strong> parvenir a un accord global suffisammentambitieux, l’UE s’est engagée à porter ses réductions d’émissions à 30 %à condition que les autres pays industrialisés s’engagent collectivement àobtenir <strong>de</strong>s réductions comparables et que les pays en développement quiconnaissent un développement économique rapi<strong>de</strong> contribuent à l’accordglobal dans <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> leurs possibilités.L’Union européenne a arrêté sa position <strong>pour</strong> les négociationsinternationales sur le climat dans le cadre <strong>de</strong> réunions <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>l’Environnement et <strong>de</strong>s Finances ainsi que du Conseil européen, et plusparticulièrement à l’issue d’une réunion ministérielle informelle tenue àAre en juillet, du Conseil Environnement d’octobre au Luxembourg et duConseil européen d’octobre. En octobre, le Conseil Environnement a eneffet donné un coup d’accélérateur en approuvant un cadre <strong>de</strong> négociation<strong>pour</strong> l’UE. L’Europe a là encore affirmé son rôle <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> file dans<strong>la</strong> lutte contre le changement climatique en se déc<strong>la</strong>rant favorable à<strong>de</strong>s réductions à long terme <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> gaz a effet <strong>de</strong> serre al<strong>la</strong>ntencore plus loin que les 80 % dont faisait état le communiqué adopté enjuillet au sommet du G8 à L’Aqui<strong>la</strong>, en Italie. Elle a également préconisé<strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>pour</strong> les transports aériens etmaritimes internationaux, auxquels le protocole <strong>de</strong> Kyoto ne s’appliquepas mais qui constituent une source d’émissions qui croit rapi<strong>de</strong>ment.L’UE a fait une <strong>de</strong>rnière fois le point sur ses positions et stratégies avant<strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague lors d’une session extraordinaire du Conseil


Sommet <strong>de</strong> Copenhague 209Environnement tenue le 23 novembre à Bruxelles, au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelleYvo <strong>de</strong> Boer, secrétaire exécutif <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention-cadre <strong>de</strong>s Nationsunies sur les changements climatiques, a présenté l’état d’avancement <strong>de</strong>snégociations et les propositions <strong>de</strong>s autres parties.<strong>Le</strong>s gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’UE sont les suivantes :<strong>Le</strong>s mesures prises <strong>pour</strong> réduire les émissions globales doivent avoir<strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> maintenir le réchauffement <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète sous <strong>la</strong> barre <strong>de</strong>s2 °C. Ce<strong>la</strong> implique que les émissions globales culminent d’ici à 2020 auplus tard, qu’elles soient réduites d’au moins 50 % par rapport à leur niveau<strong>de</strong> 1990 d’ici à 2050 et qu’elles continuent <strong>de</strong> décroître par <strong>la</strong> suite ; à longterme, l’UE et les autres pays développés <strong>de</strong>vront réduire leurs émissions<strong>de</strong> 80 à 95 % par rapport aux niveaux <strong>de</strong> 1990 d’ici à 2050 ; les émissions<strong>de</strong>s transports aériens et maritimes internationaux <strong>de</strong>vront être réduites <strong>de</strong>10 et 20 % respectivement par rapport aux niveaux <strong>de</strong> 2005 d’ici à 2020,dans le cadre d’accords internationaux ; précisions sur les exigences <strong>de</strong>l’UE : les pays industrialisés <strong>de</strong>vront réduire leurs émissions <strong>de</strong> 25 à 40 %d’ici à 2020, et les pays en développement <strong>de</strong>vront réduire les leurs <strong>de</strong>15 à 30 %, par rapport aux niveaux qui auraient été atteints en l’absence<strong>de</strong> toute mesure ; l’objectif d’une hausse maximale <strong>de</strong>s températures<strong>de</strong> 2°C reste le référentiel <strong>pour</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong>s émissions<strong>de</strong>s autres pays ; explicitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’UE en ce qui concerne<strong>la</strong> manière <strong>de</strong> lutter contre <strong>la</strong> déforestation et <strong>de</strong> mener une politique <strong>de</strong>gestion forestière durable, ainsi que sur les contributions <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong>l’agriculture et <strong>de</strong> <strong>la</strong> foresterie à <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s objectifs en matière <strong>de</strong>climat : il faut agir rapi<strong>de</strong>ment <strong>pour</strong> réduire <strong>la</strong> déforestation <strong>de</strong> moitié d’icià 2020 et <strong>pour</strong> y mettre un terme d’ici à 2030 ; les coûts supplémentairesque les pays en développement <strong>de</strong>vraient supporter, dans le cadre d’unaccord mondial ambitieux, <strong>pour</strong> atténuer le changement climatique et s’yadapter sont estimés à 100 milliards d’euros par an d’ici à 2020. Une partie<strong>de</strong> cette somme, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 22 à 50 milliards d’euros, <strong>de</strong>vra provenird’un financement public international auquel l’UE est prête à contribuer<strong>pour</strong> une part honorable. Pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2010-2012, un financementa mise en œuvre rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 5 à 7 milliards d’euros par an àl’échelle mondiale est nécessaire <strong>pour</strong> ai<strong>de</strong>r les pays en développementà renforcer leurs capacités <strong>de</strong> lutte contre le changement climatique ;<strong>de</strong>s règles comptables doivent être établies <strong>pour</strong> les émissions liées à<strong>la</strong> foresterie et à l’utilisation <strong>de</strong>s terres ; développement du mécanisme


210<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéesectoriel d’échange <strong>de</strong>s droits d’émissions et réforme du mécanisme <strong>de</strong>développement propre ; précisions concernant <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’UE sur <strong>la</strong>gestion <strong>de</strong>s excé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> quotas d’émission <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2008-2012,qui peuvent aller à l’encontre <strong>de</strong>s ambitions environnementales <strong>de</strong> l’UE ;calendrier serré et orientations précises <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce du cadreréglementaire juridiquement contraignant.<strong>Le</strong> Parlement européen s’est résolument associé aux efforts mis enœuvre <strong>pour</strong> parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignantlors <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague. En octobre, sa commission <strong>de</strong>l’environnement a appelé les chefs d’Etat ou <strong>de</strong> gouvernement à fairefigurer <strong>la</strong> question du changement climatique au premier rang <strong>de</strong>s prioritéset à préserver le rôle <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> file <strong>de</strong> l’UE lors <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong>Copenhague. Elle a précisé qu’un accord international <strong>de</strong>vrait garantirque les pays développés réduisent leurs émissions collectivement <strong>de</strong>manière significative (dans une proportion correspondant au haut <strong>de</strong> <strong>la</strong>fourchette comprise entre 25 et 40 %, avec un objectif <strong>de</strong> réduction àlong terme d’au moins 80 % par rapport à 1990 d’ici à 2050) et que lespays en développement, considérés globalement, limitent <strong>la</strong> croissance<strong>de</strong> leurs émissions <strong>de</strong> sorte que celles-ci se situent entre 15 et 39 % en<strong>de</strong>çà du niveau qui serait atteint dans un scénario <strong>de</strong> statu quo. Unerésolution adoptée lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> session plénière <strong>de</strong> novembre a entérinéces recommandations et enjoint aux dirigeants <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>sinitiatives politiques <strong>pour</strong> que le sommet soit un succès. Forte <strong>de</strong> sonpropre train <strong>de</strong> mesures sur le climat et l’énergie, l’UE s’est affirméeen faisant preuve d’initiative à l’approche <strong>de</strong>s négociations. En mai, <strong>la</strong>Commission a proposé que l’UE soumette une modification du protocole<strong>de</strong> Kyoto. L’idée a été rapi<strong>de</strong>ment approuvée par le Conseil, et, le 10 juin,<strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce tchèque et <strong>la</strong> Commission européenne, au nom <strong>de</strong>s Etatsmembres <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong> l’Union européenne, soumettaient conjointement<strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> modification au secrétariat <strong>de</strong>s Nations unies responsable<strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague.La proposition concernait le traitement à réserver au changementd’affectation <strong>de</strong>s terres, les améliorations à apporter aux mécanismes <strong>de</strong><strong>la</strong> marche du carbone et les approches possibles <strong>pour</strong> cibler les émissionssectorielles. L’une <strong>de</strong>s principales contributions <strong>de</strong> l’UE aux négociations <strong>de</strong>Copenhague a été son insistance afin d’obtenir un accord sur le financement<strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à apporter aux pays en développement en vue <strong>de</strong> lutter contre le


Sommet <strong>de</strong> Copenhague 211changement climatique, question cruciale <strong>pour</strong> l’obtention d’un accord àCopenhague. En septembre, <strong>la</strong> Commission à présenté une communicationvisant à augmenter le financement international <strong>de</strong>stiné à ai<strong>de</strong>r les pays endéveloppement à lutter contre le changement climatique. Elle y expliquaitque, d’ici à 2020, les pays en développement <strong>de</strong>vraient probablementsupporter <strong>de</strong>s coûts annuels d’environ 100 milliards d’euros <strong>pour</strong> réduireleurs émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre et s’adapter aux conséquences duchangement climatique. La majeure partie du financement nécessaireproviendra <strong>de</strong> sources nationales et d’une marche du carbone internationalé<strong>la</strong>rgi, mais un financement public international <strong>de</strong> quelque 22 à 50milliards d’euros <strong>de</strong>vrait également se révéler nécessaire. La Commissiona proposé que les pays industrialisés et les pays en développement lesplus avancés sur le p<strong>la</strong>n économique apportent ce financement public enfonction <strong>de</strong> leur part <strong>de</strong> responsabilité dans les émissions et <strong>de</strong> leur capacitécontributive. Dans ces conditions, <strong>la</strong> contribution <strong>de</strong> l’UE <strong>pour</strong>rait êtrecomprise entre 2 et 15 milliards d’euros par an d’ici à 2020. Parallèlement,les représentants <strong>de</strong>s institutions européennes se sont tournés vers lesautres partenaires. La Commission et les prési<strong>de</strong>nces tchèque et suédoiseont consacré beaucoup <strong>de</strong> temps et d’énergie aux dialogues bi<strong>la</strong>térauxsur le changement climatique avec leurs grands partenaires comme leCanada, <strong>la</strong> Chine, le Japon, <strong>la</strong> Corée du Sud, <strong>la</strong> Russie, les Etats-Unis,l’In<strong>de</strong>, le Brésil et l’Afrique du Sud. Une délégation <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission<strong>de</strong> l’environnement du Parlement européen s’est rendue à Washington à<strong>la</strong> fin d’octobre <strong>pour</strong> y rencontrer <strong>de</strong>s membres du Congrès américain ets’entretenir avec eux <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague, et le Parlementeuropéen a envoyé <strong>de</strong>s représentants officiels à <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong>s Nationsunies en décembre. L’année a été ponctuée <strong>de</strong> cinq réunions à haut niveau<strong>pour</strong> préparer <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague, et l’UE a activement participéà chacune d’elles, exhortant sans relâche les pays développés à s’engagerà réduire <strong>de</strong> façon significative leurs émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre.Lorsqu’à seulement quelques semaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague,les Etats-Unis et <strong>la</strong> Chine ont fait <strong>de</strong> nouvelles propositions, le Premierministre suédois, Fredrik Reinfeldt, et le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commissioneuropéenne, Jose Manuel Barroso, les ont accueillies par une déc<strong>la</strong>rationconjointe : « Nous nous réjouissons d’apprendre — il y a tout juste24 heures — que les Etats-Unis et <strong>la</strong> Chine ont indiqué chacun, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>chiffres concrets, ce qu’ils étaient disposés à faire en matière <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissions. <strong>Le</strong>s Etats-Unis et <strong>la</strong> Chine sont <strong>de</strong>s partenaires essentiels


212<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéedans ces négociations. Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer àCopenhague… Nous continuerons d’exhorter les Etats-Unis, <strong>la</strong> Chine ettous nos autres partenaires dans ces négociations à aller jusqu’aux limites<strong>de</strong> ce qui est possible <strong>pour</strong> parvenir à un accord à Copenhague… » <strong>Le</strong>fait qu’un autre grand pays en développement, à l’instar du Brésil et <strong>de</strong>l’Indonésie, soit prêt à faire <strong>de</strong>s propositions chiffrées concrètes est unsigne encourageant. En plus <strong>de</strong> leurs engagements antérieurs, les dirigeantseuropéens sont convenus, lors <strong>de</strong> leur sommet <strong>de</strong> décembre, d’allouer2,4 milliards d’euros par an sous <strong>la</strong> forme d’un financement a mise enœuvre rapi<strong>de</strong> entre 2010 et 2012 <strong>pour</strong> faciliter <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> mesuresd’adaptation au changement climatique dans les pays en développement.Ce niveau <strong>de</strong> financement dépasse les engagements initialement pris parles Etats membres au début <strong>de</strong> l’année.Un accord limitéNéanmoins, le résultat est bien en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s attentes <strong>de</strong> l’UE. Laprési<strong>de</strong>nce du Conseil et <strong>la</strong> Commission européenne n’ont pas ménagéleurs efforts <strong>pour</strong> faire avancer les négociations tout au long <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxsemaines durant lesquelles s’est déroulée <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Copenhague, enmaintenant les engagements <strong>de</strong> l’UE et en enjoignant les parties dans lesnégociations <strong>de</strong> s’engager plus fermement. Pourtant, les résultats obtenus— sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> l’accord non contraignant — ne sont pas à <strong>la</strong> hauteur<strong>de</strong>s espérances <strong>de</strong> l’UE.L’accord obtenu prévoit :– le maintien <strong>de</strong> l’objectif d’une hausse maximale <strong>de</strong>s températuresinferieure à 2 °C ;– l’engagement <strong>de</strong> dresser <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong>s pays développés et <strong>de</strong>s mesures d’atténuation à prendre parles pays en développement d’ici à 2020 ;– un financement a mise en œuvre rapi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> 20,685 milliards d’eurosd’ici à 2012, <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s pays industrialisés, <strong>pour</strong> ai<strong>de</strong>r les pays endéveloppement à prendre <strong>de</strong>s mesures immédiates en faveur <strong>de</strong> l’adaptation,<strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche et du renforcement <strong>de</strong>scapacités, y compris <strong>pour</strong> <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong> <strong>la</strong> déforestation ;


Sommet <strong>de</strong> Copenhague 213– un financement à long terme <strong>de</strong> 68,95 milliards d’euros par an d’ici à2020, ainsi que <strong>de</strong>s mécanismes <strong>pour</strong> soutenir le transfert <strong>de</strong> technologie et<strong>la</strong> foresterie. L’accord comporte en annexe une liste sur <strong>la</strong>quelle les pays,ou les groupes <strong>de</strong> pays, <strong>pour</strong>ront indiquer leurs engagements en matière<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions ou les mesures <strong>de</strong> lutte contre le changementclimatique envisagées. Cependant, l’accord n’est pas juridiquementcontraignant. Il n’est pas suffisamment ambitieux <strong>pour</strong> que l’UE ait étéamenée à modifier son objectif <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions en le portantà 30 % d’ici à 2020.« Nous sommes venus ici, à Copenhague, <strong>pour</strong> sortir <strong>de</strong> l’impasse.Ou nous agissons, ou nous n’arriverons à rien. Or, nous voyons à présentcertains pays faire <strong>de</strong>s efforts et fixer <strong>de</strong>s objectifs ; même <strong>de</strong>s pays quiavaient annoncé qu’ils ne prendraient pas d’engagements ont avancé <strong>de</strong>schiffres », a indiqué le prési<strong>de</strong>nt du Conseil, Fredrik Reinfeldt.<strong>Le</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission européenne, Jose Manuel Barroso, adéc<strong>la</strong>ré quant à lui : « Cet accord vaut mieux que pas d’accord du tout,mais il n’est c<strong>la</strong>irement pas à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> l’objectif que nous nous étionsfixés, et je ne cacherai pas ma déception ». Il a toutefois ajouté : « c’est <strong>la</strong>première étape d’un processus très important ».<strong>Le</strong>s prochaines étapes internationales ont été renvoyées aux conférences<strong>de</strong>s Nations unies <strong>de</strong> Bonn et <strong>de</strong> Mexico en 2010. <strong>Le</strong>s engagements prispar l’Union européenne durant l’année restent toutefois va<strong>la</strong>bles et ilsseront honorés. Ils sont en effet contraignants <strong>pour</strong> tous les Etats membres<strong>de</strong> l’Union européenne.


Une politique <strong>de</strong> bon voisinageLa politique européenne <strong>de</strong> voisinage, l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranéeet le partenariat oriental, qui permettent <strong>de</strong> nouer <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions spécialessur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> valeurs et d’objectifs partagés, ont continué d’apporter <strong>de</strong>sbénéfices mutuels à l’UE et aux pays situés à ses frontières orientales etméridionales.Politique européenne <strong>de</strong> voisinageEn avril, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission a confirmé un approfondissement<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> l’UE avec les pays couverts par <strong>la</strong> politique européenne<strong>de</strong> voisinage, malgré <strong>la</strong> récession mondiale et les conflits au Caucase et auMoyen-Orient. Cette politique avait <strong>pour</strong> but <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r le processus<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation et <strong>de</strong> reforme à travers <strong>de</strong>s accords politiques et <strong>de</strong>sliens économiques plus étroits pouvant rapprocher ces voisins du marchéintérieur et accroitre <strong>la</strong> coopération dans <strong>de</strong>s domaines sortant du cadreordinaire <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions diplomatiques. Elle s’est révélée particulièrementefficace sur les questions économiques et réglementaires.Partenariat et UnionLa guerre <strong>de</strong> 2008 en Géorgie et le différend au sujet <strong>de</strong>s fournitures<strong>de</strong> gaz entre <strong>la</strong> Russie et l’Ukraine au début <strong>de</strong> l’année 2009 ont misen lumière <strong>la</strong> fragile stabilité <strong>de</strong>s frontières orientales <strong>de</strong> l’UE et ontsouligné combien <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> l’UE dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> ses voisins.L’importance <strong>de</strong>s liens entre l’UE et nombre <strong>de</strong> ses voisins orientaux a étédémontrée au cours <strong>de</strong> l’année par le <strong>la</strong>ncement du partenariat oriental lorsd’une cérémonie organisée à Prague en mai sous <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce tchèque.Ce nouveau partenariat oriental vise à renforcer les re<strong>la</strong>tions générales<strong>de</strong> l’UE avec ses six voisins orientaux — Arménie, Azerbaïdjan, Be<strong>la</strong>rus,Géorgie, Moldavie et Ukraine. Il envisage <strong>de</strong>s accords qui <strong>pour</strong>raientdéboucher sur <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> libre-échange étendues, une associationpolitique plus approfondie et une intégration progressive dans l’économie<strong>de</strong> l’UE. Il prévoit aussi <strong>de</strong> simplifier les formalités <strong>de</strong> voyage vers l’UE et


216<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéeencourage <strong>la</strong> démocratie et <strong>la</strong> bonne gouvernance, <strong>la</strong> sécurité énergétique,les reformes économiques et <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement. <strong>Le</strong> forum<strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile du partenariat oriental a vu le jour en novembre 2009 à<strong>la</strong> suite d’une recommandation du Parlement selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> Commissionet les gouvernements partenaires <strong>de</strong>vraient consulter plus étroitement lespouvoirs locaux et <strong>la</strong> Société civile.En février 2009, le Parlement européen avait déjà p<strong>la</strong>idé <strong>pour</strong> <strong>la</strong> créationaccélérée d’une zone <strong>de</strong> libre-échange entre l’Arménie, l’Azerbaïdjan,<strong>la</strong> Géorgie, <strong>la</strong> Moldavie et l’Ukraine, ainsi que <strong>pour</strong> une coopérationrenforcée avec <strong>la</strong> Turquie et <strong>la</strong> Russie. <strong>Le</strong> Parlement a également déc<strong>la</strong>réqu’il était favorable à une assemblée parlementaire (Euronext) associantle Parlement européen aux parlements <strong>de</strong>s pays du partenariat oriental. Enbordure méridionale, l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée a accompli <strong>de</strong>s progrèssupplémentaires en 2009, en axant ses efforts sur les contacts politiqueset les projets d’assistance concrets, et ce malgré le contexte politiquedifficile.


Prési<strong>de</strong>nce suédoise duConseil <strong>de</strong> l’Union européenne 2009I. <strong>Le</strong>s questions d’intégration sous <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>nce suédoise <strong>de</strong>l’Union européenneSous <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>nce suédoise, un nouveau programme <strong>de</strong> travail, appeléprogramme <strong>de</strong> Stockholm, a été négocié dans les domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté,<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice. L’une <strong>de</strong>s nombreuses questions abordéesdans le cadre <strong>de</strong> ce programme est <strong>la</strong> coopération européenne en matière<strong>de</strong> politique d’intégration, <strong>pour</strong> <strong>la</strong>quelle l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>nce est <strong>de</strong>renforcer l’échange <strong>de</strong> connaissances et d’expériences.Dans le domaine <strong>de</strong>s politiques d’intégration, <strong>la</strong> coopération <strong>de</strong> l’UErepose sur le principe <strong>de</strong> subsidiarité, ainsi que sur une vision communeselon <strong>la</strong>quelle une politique d’intégration efficace est nécessaire <strong>pour</strong>protéger les droits <strong>de</strong> l’individu et optimiser le potentiel <strong>de</strong>s migrations.<strong>Le</strong>s politiques nationales d’intégration <strong>pour</strong>raient être améliorées aumoyen d’échanges actifs fondés sur les principes fondamentaux partagés<strong>de</strong> connaissance et <strong>de</strong> d’expérience au sein <strong>de</strong> l’Europe. La coopération<strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong>vrait épauler les Etats membres dans le développement <strong>de</strong>politiques ambitieuses, conformément aux conclusions du Conseilconcernant l’intégration en novembre 2008.<strong>Le</strong> programme <strong>de</strong> Stockholm couvre diverses questions en re<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong>liberté, <strong>la</strong> sécurité et <strong>la</strong> justice, ainsi que l’intégration.Dans le cadre <strong>de</strong>s efforts déployés <strong>pour</strong> consoli<strong>de</strong>r le corpus <strong>de</strong>connaissances sur l’intégration et le développement urbain, <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>ncesuédoise a organisé une directive visant à offrir aux femmes plus <strong>de</strong> facilités<strong>pour</strong> démarrer et gérer une activité économique ainsi qu’à améliorer <strong>la</strong>situation <strong>de</strong>s conjointes col<strong>la</strong>boratrices. A <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’année 2009, le Consei<strong>la</strong> également discuté <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> dimension <strong>de</strong> l’égalité entre lesfemmes et les hommes peut être renforcée dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération


218<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannéeeuropéenne en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance économique, d’une augmentationdu taux d’emploi et d’un renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivité.<strong>Le</strong>s 16 et 17 novembre s’est tenu le Sommet européen sur l’égalité auquelont participé environ 300 personnes, dont <strong>de</strong>s ministres, <strong>de</strong>s représentantsd’organismes officiels nationaux agissant <strong>pour</strong> l’égalité et d’organisationsnon gouvernementales européennes, ainsi que <strong>de</strong>s partenaires sociaux. <strong>Le</strong>Sommet sur l’égalité – initié par <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong> l’UE en juin 2005 etdont les précé<strong>de</strong>ntes éditions ont été organisées à Berlin et Paris – est unévénement annuel qui se tenait <strong>pour</strong> <strong>la</strong> troisième fois.Ce sommet visait, par un échange <strong>de</strong> savoirs et d’expériences, à renforceret rendre plus performantes les activités engagées <strong>pour</strong> lutter contre toutesles formes <strong>de</strong> discriminations, ainsi qu’à promouvoir une égalité <strong>de</strong> droitset <strong>de</strong> chances <strong>pour</strong> tous au sein <strong>de</strong> l’Union. Cette rencontre avait <strong>pour</strong>thème principal <strong>la</strong> coopération au service <strong>de</strong> l’égalité et a également permis<strong>de</strong>s discussions approfondies, notamment sur l’intégration <strong>de</strong>s questionsd’égalité, <strong>la</strong> discrimination multiple et les légis<strong>la</strong>tions en <strong>la</strong> matière.II. Conférence sur <strong>la</strong> future coopération européenne sur unepolitique en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse<strong>Le</strong>s 12 et 14 septembre 2009 s’est tenue à Stockholm une conférencesur <strong>la</strong> future coopération européenne sur une politique en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong>jeunesse. Pendant trois jours, 250 représentants <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse <strong>de</strong>s Etatsmembres <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong>s pays candidats à l’adhésion ont discuté, avec lesdirecteurs généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse, <strong>de</strong>s décisionnaires et <strong>de</strong>s experts, <strong>de</strong>sbases du futur cadre stratégique <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération <strong>de</strong> l’Union européenneen matière <strong>de</strong> politique <strong>de</strong> jeunesse <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2010-2018.Dans son allocution <strong>de</strong> clôture, le <strong>de</strong>rnier jour <strong>de</strong> conférence, MmeNyamko Sabuni, ministre suédoise <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> jeunesse, a déc<strong>la</strong>ré :« La politique en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse touche aux problèmes les pluspréoccupants <strong>de</strong> notre époque : le chômage <strong>de</strong>s jeunes et <strong>la</strong> nécessitéd’améliorer les systèmes d’éducation et <strong>de</strong> santé. Cette conférence aprouvé que les jeunes, les organisations <strong>de</strong> jeunesse et les fonctionnairespeuvent travailler ensemble. Je suis convaincue que nous avons fait unpas supplémentaire vers l’instauration du nouveau cadre stratégique <strong>de</strong>coopération en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse. Nous <strong>de</strong>vons nous assurer que le


Prési<strong>de</strong>nce suédoise du Conseil <strong>de</strong> l’Union européenne 2009 219futur <strong>de</strong> l’Europe se trouve entre <strong>de</strong> bonnes mains. Nous sommes face à unemission d’une importance capitale, à <strong>la</strong>quelle nous ne pouvons faillir. »Mme Sabuni a souligné que <strong>la</strong> crise économique risquait fort d’aggraver<strong>la</strong> situation <strong>pour</strong> les jeunes, à moins que quelque chose ne soit fait auniveau <strong>de</strong> l’UE. <strong>Le</strong>s jeunes font partie <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion les plusaffectés en <strong>de</strong>s temps difficiles. Avant même l’explosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise, plusd’un tiers <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s citoyens <strong>de</strong> l’UE entre 15 et 24 ans n’étaientni sur le marché du travail ni dans l’éducation.M. Tine Radinja, Prési<strong>de</strong>nt du Forum européen <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse, s’est ditsatisfait d’une approche plus participative et plus inclusive <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique<strong>de</strong> jeunesse :« Nous œuvrons <strong>de</strong>puis longtemps et sans relâche <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ced’un dialogue structuré qui ne divise pas artificiellement les jeunes maisqui, au contraire, les rapproche <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s gouvernements.Cette conférence est un bel exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont les choses doivent sepasser si nous voulons continuer à aller <strong>de</strong> l’avant. »M. Pierre Mairesse, directeur à <strong>la</strong> DG Education et Culture <strong>de</strong> <strong>la</strong>Commission européenne, a affirmé : « J’estime que nous sommes à <strong>de</strong>uxdoigts d’un accord sur ce que sera <strong>la</strong> politique européenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse aucours <strong>de</strong>s prochaines années. J’ai le sentiment que nous sommes parvenus à unconsensus sur toutes les gran<strong>de</strong>s questions, mais également sur l’importancedu travail <strong>de</strong> jeunesse en général. Par conséquent, je pense qu’un accord surle cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique sera trouvé pendant <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>nce suédoise. »Conférence sur le thème « L’intégration <strong>de</strong>s nouveaux immigrants – pleinsphares sur les incitations et le travail », les 14 et 16 décembre 2009. L’objectifprincipal en était <strong>de</strong> souligner l’importance <strong>de</strong> l’échange <strong>de</strong> connaissanceset d’expériences sur l’intégration <strong>de</strong>s nouveaux immigrants, en mettantl’accent sur l’importance d’incitations <strong>pour</strong> accélérer l’accès au marché dutravail. La conférence s’adressait à tout un éventail d’acteurs : chercheurs,responsables politiques, praticiens, représentants <strong>de</strong>s organisations nongouvernementales et employeurs. Quelque 200 personnes y ont participé.La conférence a examiné l’intégration <strong>de</strong>s nouveaux arrivants, sousdivers angles : les différents chemins vers l’emploi, le rôle <strong>de</strong>s employeurs,l’économie sociale et l’importance <strong>de</strong> l’éducation, <strong>de</strong> même que l’impactdu logement sur l’intégration.


Sélection bibliographique2009


Pistes bibliographiquesI. Rapports, cahiers, statistiques et catalogues <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée1. Rapports• Rapport annuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> FEMIP 2009Inscrite dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique européenne <strong>de</strong> voisinage et <strong>de</strong>l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, <strong>la</strong> FEMIP favorise <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation etl’ouverture <strong>de</strong>s économies <strong>de</strong>s pays partenaires méditerranéens. La FEMIPregroupe l’ensemble <strong>de</strong>s instruments d’intervention <strong>de</strong> <strong>la</strong> BEI en faveurdu développement économique et <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong>s pays partenairesméditerranéens.• Rapport annuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque mondiale 2009 (septembre 2009)<strong>Le</strong> Rapport annuel est préparé par les administrateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banqueinternationale <strong>pour</strong> <strong>la</strong> reconstruction et le développement (BIRD) et <strong>de</strong>l’Association internationale <strong>de</strong> développement (IDA), conformément auxrèglements <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux institutions.• Rapport <strong>de</strong> suivi mondial 2009 (avril 2009)La crise financière mondiale compromet <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>développement <strong>pour</strong> le Millénaire (ODM) à l’horizon 2015 et crée unesituation d’urgence en matière <strong>de</strong> développement, selon un rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong>Banque mondiale et du FMI.• Rapport annuel 2009 <strong>de</strong> <strong>la</strong> FEMDHLa Fondation euro-méditerranéenne <strong>de</strong> soutien aux défenseurs <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong> l’Homme (FEMDH) qui a <strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> soutenir les défenseursdans les pays du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée a publié son rapport annuel 2009.<strong>Le</strong> rapport met l’accent sur les actions entreprises par <strong>la</strong> FEMDH au cours<strong>de</strong> l’année 2009.• Mediterra 2009 : repenser le développement rural en MéditerranéeChangement climatique, gestion responsable <strong>de</strong>s ressources hydriques,dynamiques foncières, diversification économique, tels sont les défis<strong>pour</strong> <strong>la</strong> durabilité et <strong>la</strong> compétitivité <strong>de</strong>s agricultures méditerranéennes.Mediterra 2009 fait ici le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s mises en œuvre agricoles et rurales<strong>de</strong> <strong>la</strong> Stratégie méditerranéenne <strong>de</strong> développement durable (SMDD) etapporte un regard neuf sur les politiques déployées en milieu rural.


224<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée2. Cahiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> MéditerranéeRevue d’étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> Méditerranée sur une longue pério<strong>de</strong> (XVI e -XXI esiècles) - au sens braudélien, et privilégiant les recherches pluridisciplinaires.• Migration et religion en France en texte intégral, mise en ligne duvol. 78 (2009).• <strong>Le</strong>s Morisques. D’un bord à l’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, Parutiondu n° 79 (2009).• Migration et religion en France (tome 2), Parution du vol. 78 (2009).3. Catalogue du Centre <strong>de</strong> documentation méditerranéen• Indicators and framework for analysing the technical an<strong>de</strong>conomic performance of irrigation systems at farm level. Irrigationand Drainage. 2009/07, <strong>Le</strong> Grusse P., Mailhol J.-C., Bouaziz A., Zaïri A.,Raki M., Chabaca M., Djebbara M., Ruelle P. (2009).• Efficiences économiques comparées <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> productiondans différentes situations d'accès à <strong>la</strong> ressource en eau : applicationdans le périmètre irrigué du Gharb (Maroc). Harbouze R., <strong>Le</strong> Grusse P.,Be<strong>la</strong>bes K., Raki M., Bouaziz A., Ruelle P. (2009).• <strong>Le</strong> SIG, un outil <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l'eau dans un périmètre irrigué:cas du secteur S7 au Gharb, Maroc. Omari S., Bord J.-P., Bouaziz A.,<strong>Le</strong> Grusse P., Poussin J.-C., Ruelle P. (2009).4. Statistiques du Catalogue <strong>de</strong>s publications et <strong>de</strong> <strong>la</strong> documentation(MEDSTAT)Statistiques sociales• La croissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ralentit et l’espérance <strong>de</strong> vieaugmente dans <strong>la</strong> région euro-méditerranéenne, 2000-2007 ; numéro66/2009, date <strong>de</strong> sortie : 24/08/09, nombre <strong>de</strong> pages : 8, co<strong>de</strong> produit :KS-SF-09-066• L’observation <strong>de</strong>s changements démographiques dans <strong>la</strong> régioneuro-méditerranéenne au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2000-2007. La publicationest disponible en ang<strong>la</strong>is, en français et en arabe.


Pistes bibliographiques 225Statistiques <strong>de</strong> l’énergieL’Energie : un secteur-clé <strong>pour</strong> les pays partenaires méditerranéens,numéro 57/2009, date <strong>de</strong> sortie : 30/07/09, nombre <strong>de</strong> pages : 8, co<strong>de</strong>produit : KS-SF-09-057.<strong>Le</strong> secteur <strong>de</strong> l’énergie constitue un <strong>de</strong>s axes fondamentaux du partenariateuro-méditerranéen. <strong>Le</strong> renforcement <strong>de</strong>s infrastructures énergétiquesméditerranéennes (projets d’interconnexion <strong>de</strong>s réseaux électrique et gazier,projets <strong>de</strong> raffineries et d’oléoducs ; projets <strong>de</strong> production d’électricité et<strong>de</strong> gaz naturel), les échanges entre les PPM et l’UE et surtout l’ouverturedu secteur énergétique dans les pays méditerranéens nécessitent un suivique seules <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> l’énergie répondant aux normes et standardsinternationaux sont en mesure d’assurer. La publication est disponible enang<strong>la</strong>is, en français et en arabe.Gui<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> compi<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> statistiques sur les migrationsinternationales dans <strong>la</strong> région euro-méditerranéenne(septembre 2009)Ce gui<strong>de</strong> présente un résumé <strong>de</strong>s concepts et <strong>de</strong>s cadres <strong>de</strong> travail sousjacentsà <strong>la</strong> migration internationale, notamment <strong>de</strong>s stocks et <strong>de</strong>s flux,ainsi que <strong>de</strong>s différentes sources administratives et statistiques disponiblesqui fournissent ou apportent <strong>de</strong>s estimations re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> migrationinternationale. La publication est disponible en ang<strong>la</strong>is et en français.Forum final MEDSTAT II : diffuser les bonnes pratiques statistiques(juillet 2009)La publication présente en détail le travail qui a été fait durant les <strong>de</strong>rniersmois du programme MEDSTAT II <strong>pour</strong> améliorer <strong>la</strong> visibilité <strong>de</strong>s donnéeset <strong>de</strong>s bonnes pratiques statistiques dans les pays partenaires méditerranéens(PPM) et revient sur les différentes étapes qui ont conduit à l’organisationd’événements et d’activités techniques au niveau <strong>de</strong> certains PPM.Tendances socio-économiques dans <strong>la</strong> région euro-méditerranéenne,2000-2007Elle présente une analyse comparative <strong>de</strong> données souvent inéditesre<strong>la</strong>tives aux changements socioéconomiques observés entre les payspartenaires méditerranéens (PPM) et les 27 pays <strong>de</strong> l’Union européenneau cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2000-2007.


226<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> MéditérrannéeTendances socio-économiques dans <strong>la</strong> région euro-méditerranéenne,2000-2007Cette publication présente une analyse <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s équipementset <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> transport dans les pays partenaires méditerranéens entre2000 et 2007.II. Articles• Terres agricoles et eau en Méditerranée : <strong>la</strong> coopération contre <strong>la</strong>rareté (avec Sébastien Abis) Géopolitique-PUF, n°107, 2009, p.92-97• Faim <strong>de</strong>s villes, faim <strong>de</strong>s campagnes, le retour du politique, IRIS,http://www.affaires-strategiques.info/spip.php ? article 2130, 20 octobre 2009.• Is<strong>la</strong>m, développement, démocratie : les limites <strong>de</strong> l’instrumentalisationreligieuse, Futuribles, septembre 2009, p. 57-67• Mon<strong>de</strong> arabe : sortir <strong>de</strong> l’essentialisme is<strong>la</strong>mique, revue NewMedit, volume VIII n°2, 2009.• <strong>Le</strong> Liban, un pays d’eau : <strong>pour</strong> combien <strong>de</strong> temps ? Un dossier<strong>de</strong> l’IRIS (institut <strong>de</strong> recherches internationales et stratégiques) dans lecadre <strong>de</strong>s légis<strong>la</strong>tives <strong>de</strong> 2009 (http://www.affaires-strategiques.info/spip.php ?article1262). Mai 2009.• <strong>Le</strong>s enjeux agricoles et alimentaires en Méditerranée, in Questionsinternationales (La découverte), n° 36, mars 2009, p.78-80.III. Ouvrages et chapitres d’ouvrages• Maghreb face aux défis <strong>de</strong> l’ouverture en Méditerranée, Histoireet perspectives méditerranéennes. Développement, Tiers mon<strong>de</strong>,Economie Maghreb, Mon<strong>de</strong> Arabe, Moyen Orient et Méditerranée.Editions l’Harmattan, Sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Lahsen Ab<strong>de</strong>lmalki, KarimaBounemra Ben Soltane et Mustapha Sadni-Jal<strong>la</strong>b.• Discours et savoirs sur les <strong>la</strong>ngues dans l’aire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée.Edition l’Harmattan, Teddy Arnavielle et Christian Camps (Ed.) Langueet parole


Pistes bibliographiques 227• Nouvelle Méditerranée, Conflits et coexistence pacifique. Il nuovoMediterraneo conflitti e coesistenza pacifica. Bilingue français-italien.Edition l’Harmattan, sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Dominique Bendo-SoupouGéopolitique, Re<strong>la</strong>tions internationales, Diplomatie Méditerranée.• Emergence en Méditerranée, investissements internationaux etdélocalisationsEdition l’Harmattan, Hakim Ben Hammouda, Nassim Oulmane, RenéSandretto, Histoire et perspectives méditerranéennes.• Europe <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, <strong>de</strong> Barcelone à Barcelone (1995-2008)Edition l’Harmattan, Bichara Kha<strong>de</strong>r, actualité sociale et politique.Géopolitique, Re<strong>la</strong>tions internationales, Diplomatie Maghreb, Mon<strong>de</strong>arabe, Moyen-Orient Géopolitique.• Chypre : un enjeu géopolitique actuelEdition l’Harmattan, Emel Akcali, Histoire et perspectivesméditerranéennes Géopolitique, Re<strong>la</strong>tions internationales, Diplomatie,Diplomatie Europe, Chypre Grèce Turquie.• Influence juridique is<strong>la</strong>mique au Maghreb : Algérie-Libye-Maroc-Mauritanie-TunisieEdition l’Harmattan, Stéphane Papi Préface <strong>de</strong> Robert Charvin, Histoireet perspectives méditerranéennes. Droit, Justice, Religion, Maghreb,Mon<strong>de</strong> arabe, Moyen-Orient.• L’Europe au miroir <strong>de</strong> <strong>la</strong> TurquiePolitique européenne, n° 29, automne 2009.Edition l’Harmattan, Auteur : Nico<strong>la</strong>s Monceau et Collectif.IV. Liens utiles• Site <strong>de</strong> MEDSTAT II – Final Forum :http://www.medstat-finalforum.org• Site officiel du programme MEDSTAT II :http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/medstat/introduction/• Direction générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence :http://ec.europa.eu/dgs/competition/in<strong>de</strong>x_fr.htm• Direction générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche:http://ec.europa.eu/research/in<strong>de</strong>x.cfm?lg=fr


228<strong>Le</strong> statut avancé à l’épreuve <strong>de</strong> l’Union <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Méditérrannée• Centre commun <strong>de</strong> recherche :http://ec.europa.eu/dgs/jrc/in<strong>de</strong>x.cfm• Direction générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong>s médias :http://ec.europa.eu/dgs/information_society/in<strong>de</strong>x_fr.htm• Éducation:http://ec.europa.eu/education/in<strong>de</strong>x_fr.htm• Direction générale <strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong>s transports:http://ec.europa.eu/dgs/energy_transport/in<strong>de</strong>x_en.htm• Marché intérieur :http://ec.europa.eu/internal_market/in<strong>de</strong>x_fr.htm• Direction générale <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>rgissement:http://ec.europa.eu/en<strong>la</strong>rgement/in<strong>de</strong>x_fr.htm


GERMG R O U P E M E N T D ’ E T U D E SE T D E R E C H E R C H E S S U R L A M E D I T E R R A N E E

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