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L'aménagement linguistique en milieu scolaire francophone ...

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L’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong><strong>francophone</strong> minoritaire <strong>en</strong> Ontario etl’accès aux études postsecondaires:interprétations et retombéesSylvie A. LamoureuxUNIVERSITÉ D’OTTAWARésuméCet article porte un regard critique sur un mom<strong>en</strong>t précis du parcours<strong>scolaire</strong> des jeunes de l’Ontario français qui passe surtout sous sil<strong>en</strong>ce —la transition de l’école secondaire aux études postsecondaires. L’analysedes résultats de trois recherches sur l’accès direct aux études postsecondairesdes diplômés des écoles de langue française de l’Ontario, à lalumière du corpus de recherche sur l’accès aux études postsecondaires<strong>en</strong> général, mène à deux conclusions. L’interprétation étroite de la Politiqued’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> (PAL) (Ministère de l’Éducation del’Ontario, 2004a, 2004b) par les ori<strong>en</strong>teurs <strong>scolaire</strong>s des écoles secondairesde langue française de l’Ontario n’<strong>en</strong>courage pas la pleine vitalité<strong>linguistique</strong> de la communauté <strong>francophone</strong>. Cette même interprétationétroite de la PAL, qui mise uniquem<strong>en</strong>t sur l’accès des <strong>francophone</strong>s auxétablissem<strong>en</strong>ts postsecondaires bilingues et <strong>francophone</strong>s, ne permettrapas d’éliminer ou de réduire l’écart de participation des <strong>francophone</strong>saux études postsecondaires puisqu’elle ne ti<strong>en</strong>t pas compte de l’<strong>en</strong>verguredes obstacles géographiques à la participation aux études postsecondaires(Fr<strong>en</strong>ette, 2002, 2003 ; Labrie, Lamoureux et Wilson, 2009 ;Lamoureux, 2007a).AbstractThis article casts a critical look at one particular mom<strong>en</strong>t of Francoontarianyouth’s academic life that has heretofore be<strong>en</strong> abs<strong>en</strong>t from academicstudy — the transition from secondary school to postsecondary education.Analysis of results from three studies on the direct access topostsecondary education by graduates of Ontario’s Fr<strong>en</strong>ch first-languagesecondary schools, in light of North American research on access to postsecondaryeducation, leads us to two conclusions. Guidance counselors’narrow interpretation of the Politique d’aménagem<strong>en</strong>t policy (PAL) (Ministèrede l’Éducation de l’Ontario, 2004a, 2004b) may pot<strong>en</strong>tially limitthe realisation of the full linguistic vitality of Ontario’s <strong>francophone</strong> community.This same narrow interpretation of the PAL, which focuses onlyc○CAHIERS DE L’ILOB Vol. 1, 2010 1–23


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERSon <strong>francophone</strong>s accessing bilingual and <strong>francophone</strong> postsecondary institutions,cannot reduce or eliminate the under-repres<strong>en</strong>tation of Ontario<strong>francophone</strong>s in postsecondary education (Rae, 2005), since it does nottake into account the impact of distance on access to postsecondary education(Fr<strong>en</strong>ette, 2002, 2003; Labrie, Lamoureux et Wilson, 2009; Lamoureux,2007a).IntroductionCet article traite à la fois d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong> <strong>francophone</strong>minoritaire et d’accès aux études postsecondaires. Exception faitede la thèse de doctorat et des écrits de l’auteure (Lamoureux, 2005, 2007a,2008a) et de la recherche sur l’accessibilité de Labrie, Lamoureux et Wilson(2009), ces deux sujets ne sont typiquem<strong>en</strong>t pas abordés sous une même thématique.Les études sur les ambitions postsecondaires des diplômés des écolesde langue française <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire et la vitalité ethno<strong>linguistique</strong> de cescommunautés (Allard, Deveau et Landry, 2009 ; RCCF 2003, 2005) abord<strong>en</strong>tles aspirations postsecondaires des élèves alors qu’ils sont <strong>en</strong>core au secondaire,mais n’examin<strong>en</strong>t ni les demandes ni les choix postsecondaires réels deces élèves. Selon les résultats d’analyse de ces études, le choix d’étudier <strong>en</strong>français est une affirmation de l’id<strong>en</strong>tité <strong>linguistique</strong> <strong>francophone</strong> des élèves(Allard, Deveau et Landry, 2009). D’autres études explor<strong>en</strong>t l’écart de participation<strong>en</strong>tre les <strong>francophone</strong>s de l’Ontario et le groupe majoritaire (Churchill,Fr<strong>en</strong>ette et Quazi, 1985 ; Fr<strong>en</strong>ette et Quazi, 1996), réalité qui, selon le rapportRae (2005), perdure.Qui dit aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> Ontario français parle d’affirmation<strong>linguistique</strong> et culturelle des multiples acteurs du <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong> (de la maternelleà la 12 e année) et de vitalité ethno<strong>linguistique</strong> (Ministère de l’Éducationde l’Ontario, 1994, 2004a, 2004b). Les réalités des divers <strong>milieu</strong>x <strong>scolaire</strong>s<strong>francophone</strong>s <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire ont été abondamm<strong>en</strong>t docum<strong>en</strong>téesdepuis des déc<strong>en</strong>nies 1 , que ce soit l’id<strong>en</strong>tité <strong>linguistique</strong> des élèves, des par<strong>en</strong>ts,du personnel <strong>en</strong>seignant, la vitalité <strong>linguistique</strong> des jeunes, la relationpar<strong>en</strong>t-école, la construction id<strong>en</strong>titaire, le choix de la langue d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t,la pédagogie, bref, les <strong>en</strong>jeux du métier d’élève et d’<strong>en</strong>seignant dans les écolesde langue française <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire. Ces études se conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t toutes surla réalité <strong>scolaire</strong> de la maternelle à la 12 e année et ne seront pas reprises ici.Alors que les questions de la rét<strong>en</strong>tion <strong>scolaire</strong> lors de la transition de l’élém<strong>en</strong>-1 Voir les travaux de Allard et al. (2002), Bordeleau (1995), Cardinal (1994), Cazabon(2005, 2008), Dallaire (2004), Duquette (1999, 2001), Duquette et Riopel (1997),Farmer (2003), Farmer et al. (2003), Gérin-Lajoie (2007a, 2007b), Gilbert et al. (2004),Heller (1999a, 1999b), Labrie et Lamoureux (2003), Lafrance (2003), Lamoureux(2005, 2007a, 2007b, 2008a, 2008b), Lamoureux et al. (2008), Landry (2003), Landryet al. (2007), et Pilote (2003, 2007, 2008), <strong>en</strong>tre autres.2 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>taire au secondaire sont au cœur de nombreuses initiatives locales et régionalesde la mise <strong>en</strong> œuvre de la politique d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong>, dorénavantPAL (Lamoureux, 2007a, 2007b ; Lamoureux, Byrd-Clark et Richards, 2008 ;notes personnelles, Comité provincial des leaders PAL, mai 2007), la transitionde l’école secondaire de langue française <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire aux étudespostsecondaires demeure inconnue à grande échelle.Une équipe de chercheurs de l’Observatoire Jeunes et Société (Annie Pilote,Marc Molgat, Yvonne Hébert et Stéphanie Garneau) réalise une étudeprés<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t financée par le CRSH (2007–2010) qui explore la question dela mobilité étudiante et la construction id<strong>en</strong>titaire de jeunes <strong>francophone</strong>s minoritaires,alors que des chercheurs du C<strong>en</strong>tre interuniversitaire de recherchesur la sci<strong>en</strong>ce et la technologie du Québec s’intéress<strong>en</strong>t aux transitions du parcoursétudiant dans un contexte <strong>francophone</strong> majoritaire (Ch<strong>en</strong>ard, Francoeuret Doray, 2007 ; Doray, Ménard et Adouane, 2008). Les grandes recherchescanadi<strong>en</strong>nes sur l’accès aux études postsecondaires (Jones, Shanahan, Padure,Lamoureux et Gregor, 2008) ignor<strong>en</strong>t les questions liées aux langues officielles<strong>en</strong> situation minoritaire. Labrie, Lamoureux et Wilson (2009) prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le premierportrait exhaustif des choix postsecondaires des diplômés des écoles secondairesde langue française de l’Ontario. Les raisons qui motiv<strong>en</strong>t ces choixet leur interprétation demeur<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>t docum<strong>en</strong>tées par les recherchesethnographiques ou à petite échelle citées plus haut.L’analyse de résultats de trois recherches sur l’accès direct aux étudespostsecondaires des diplômés des écoles de langue française de l’Ontario iciprés<strong>en</strong>tée, à la lumière du corpus de recherche sur l’accès aux études postsecondaires<strong>en</strong> général, nous porte à deux conclusions liées à la mise <strong>en</strong> œuvre dela PAL dans les écoles secondaires de langue française de l’Ontario. L’interprétationétroite de la PAL que font les ori<strong>en</strong>teurs <strong>scolaire</strong>s des écoles secondairesde langue française de l’Ontario n’<strong>en</strong>courage pas la pleine vitalité <strong>linguistique</strong>de la communauté <strong>francophone</strong>. Cette même interprétation étroite, qui miseuniquem<strong>en</strong>t sur l’accès des <strong>francophone</strong>s aux établissem<strong>en</strong>ts postsecondairesbilingues et <strong>francophone</strong>s, ne permet pas d’éliminer ou de réduire l’écart departicipation des <strong>francophone</strong>s aux études postsecondaires par rapport à leurspairs anglophones. Pour atteindre cet objectif, il faudra t<strong>en</strong>ir compte des recherchessur les obstacles et les défis qui limit<strong>en</strong>t l’accès aux études postsecondairestant dans l’élaboration d’initiatives pour augm<strong>en</strong>ter l’accès que dansl’interprétation de la PAL et les li<strong>en</strong>s avec la communauté.Avant de passer à l’analyse des données qui souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ces deux conclusions,nous dresserons un bref portrait de l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> dansles écoles de langue française de l’Ontario, suivi d’une mise <strong>en</strong> contexte desrecherches sur l’accès aux études postsecondaires. Ces mises <strong>en</strong> contexte permettrontune meilleure compréh<strong>en</strong>sion tant sur le plan de la méthodologie quesur celui des discussions prés<strong>en</strong>tées.Vol. 1, 2010 3


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERSLa politique <strong>linguistique</strong> et les écoles de langue française <strong>en</strong> OntarioLa politique <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong> ontari<strong>en</strong> n’est pas un phénomèneréc<strong>en</strong>t, quoique l’int<strong>en</strong>tion des diverses politiques <strong>linguistique</strong>s n’ait pas toujoursété la même. Alors que le règlem<strong>en</strong>t XVII mis <strong>en</strong> œuvre dès 1912 visaità assimiler la population de langue française de l’Ontario à l’anglais, les PAL(1994, 2004a, 2004b) favoris<strong>en</strong>t l’essor et la vitalité des communautés <strong>francophone</strong>spar l’<strong>en</strong>tremise d’une construction id<strong>en</strong>titaire <strong>linguistique</strong> et culturelle<strong>francophone</strong> de l’élève et de li<strong>en</strong>s privilégiés avec les établissem<strong>en</strong>ts et lescommunautés <strong>francophone</strong>s tant locales, régionales, provinciales que nationales.La PAL pour les écoles de langue française de l’Ontario (Ministère del’Éducation, 2004a, 2004b) a été lancée <strong>en</strong> 2004 à titre de projet de société liéau <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>, pour remplacer le docum<strong>en</strong>t intérimaire de 1994 (Ministèrede l’Éducation, 1994). Selon cette nouvelle politique, l’école devi<strong>en</strong>t le pointde ralliem<strong>en</strong>t pour la mise <strong>en</strong> commun des efforts de la collectivité pour assurerla vitalité <strong>linguistique</strong> et culturelle des communautés <strong>francophone</strong>s de la province.Les interv<strong>en</strong>tions auprès des élèves, du personnel, des par<strong>en</strong>ts et de lacommunauté vis<strong>en</strong>t avant tout l’épanouissem<strong>en</strong>t et l’affirmation <strong>linguistique</strong> etculturelle, afin d’<strong>en</strong>raciner le « moi », l’individu, dans un « nous », une collectivitévibrante, unie et forte. Les interv<strong>en</strong>tions financées par la mise <strong>en</strong> œuvre dela politique de 2004 se fix<strong>en</strong>t cinq grands objectifs (Ministère de l’Éducation,2004b, p. 4) :– disp<strong>en</strong>ser dans les écoles de langue française un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de qualitéadapté au <strong>milieu</strong> minoritaire ;– former des jeunes <strong>francophone</strong>s responsables, compét<strong>en</strong>ts et forts de leurid<strong>en</strong>tité <strong>linguistique</strong> et culturelle ;– augm<strong>en</strong>ter les capacités de la communauté d’appr<strong>en</strong>tissage à sout<strong>en</strong>ir le développem<strong>en</strong>t<strong>linguistique</strong> et culturel de la communauté dans une perspectived’appr<strong>en</strong>tissage tout au long de la vie ;– élargir et animer l’espace <strong>francophone</strong> <strong>en</strong> établissant des part<strong>en</strong>ariats solides<strong>en</strong>tre l’école, la famille et la communauté locale et élargie ;– accroître la vitalité des institutions éducatives [<strong>francophone</strong>s] ontari<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>favorisant, <strong>en</strong>tre autres, le recrutem<strong>en</strong>t et la rét<strong>en</strong>tion des élèves des écolesde langue française et contribuer ainsi au développem<strong>en</strong>t durable de la communauté<strong>francophone</strong>.Dans ce même docum<strong>en</strong>t, le Ministère prés<strong>en</strong>te les défis liés à la rét<strong>en</strong>tion<strong>scolaire</strong> dans les écoles de langue française, et y introduit une composanteliée aux études postsecondaires. Ces docum<strong>en</strong>ts officiels sont donc fondés surune interprétation des transitions <strong>scolaire</strong>s d’un établissem<strong>en</strong>t <strong>francophone</strong> àun établissem<strong>en</strong>t anglophone comme révélateur d’un faible niveau d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tou d’appart<strong>en</strong>ance de l’élève au fait français. L’interprétation est la mêmequ’il s’agisse d’une transition de l’élém<strong>en</strong>taire au secondaire ou du secondaireau postsecondaire. L’accès aux établissem<strong>en</strong>ts supérieurs est abordé selon la4 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>même logique que l’accès aux écoles élém<strong>en</strong>taires et secondaires de languefrançaise, c’est-à-dire que l’élève qui s’inscrit à un établissem<strong>en</strong>t postsecondairede langue anglaise abandonne ou décroche du fait français. Le docum<strong>en</strong>tprécise (p. 12) :[qu’] <strong>en</strong> plus de l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> de la petite <strong>en</strong>fance, des interv<strong>en</strong>tionssont prévues ou étudiées pour réduire l’incid<strong>en</strong>ce de ce type d’abandons[élèves qui quitt<strong>en</strong>t l’école de langue française pour s’inscrire à un programme<strong>en</strong> anglais], <strong>en</strong> particulier/. . ./la promotion active à l’école secondaire des collègeset des universités qui offr<strong>en</strong>t des programmes complets ou partiels <strong>en</strong>français.L’accès aux études postsecondairesLe domaine de l’accès aux études postsecondaires est vaste, et compr<strong>en</strong>d desc<strong>en</strong>taines voire des milliers d’études qui explor<strong>en</strong>t des problématiques diverses:la transition du secondaire, l’accès, la persistance et l’expéri<strong>en</strong>ce étudiantes,l’internationalisation des établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires, la pédagogie postsecondaire,l’impact de l’insertion professionnelle et l’expéri<strong>en</strong>ce des professeursde minorités visibles ou d’origine étrangère, le financem<strong>en</strong>t des étudespostsecondaires, c’est-à-dire toutes les composantes liées au quotidi<strong>en</strong> de la viepostsecondaire. Notre int<strong>en</strong>tion dans cet article n’est pas de faire une rec<strong>en</strong>sionexhaustive de ces recherches. Nous proposons un exam<strong>en</strong> rapide de quelquesconnaissances liées au domaine de l’accès aux études postsecondaires. Il importede préciser <strong>en</strong>core une fois que ce domaine de recherches porte très peud’att<strong>en</strong>tion aux réalités vécues par les minorités <strong>linguistique</strong>s (officielles ounon). En effet, les études dans ce domaine sont critiquées pour leur manquede cadre théorique ou d’approche méthodologique qui ti<strong>en</strong>t compte de réalitésautres que celles de la majorité (R<strong>en</strong>don, Jalomo et Nora, 2000 ; Braxton,Sullivan et Johnson, 1997), même lorsqu’elles trait<strong>en</strong>t de l’accès d’individusde minorités raciales, d’étudiants internationaux ou d’individus prov<strong>en</strong>ant dediffér<strong>en</strong>ts niveaux socioéconomiques.Les recherches qui trait<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>t des <strong>francophone</strong>s <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire,comme indiqué au préalable, sont moins nombreuses. Parmi les plusimportantes, citons Churchill, Fr<strong>en</strong>nette et Quazi (1985) qui démontr<strong>en</strong>t sanséquivoque la sous-participation des <strong>francophone</strong>s de l’Ontario aux études postsecondaires,et leur sous-représ<strong>en</strong>tation dans divers programmes à tous lescycles — réalités liées intimem<strong>en</strong>t à l’accès limité à l’éducation de langue françaiseau niveau primaire et secondaire, et au taux de diplomation inférieur des<strong>francophone</strong>s. Laflamme et D<strong>en</strong>nie (1990) démontr<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t les ambitionspostsecondaires des jeunes hommes <strong>francophone</strong>s du Nord-est ontari<strong>en</strong> diminu<strong>en</strong>tlors de leur parcours au secondaire, confirmant les analyses de la participationpostsecondaire des <strong>francophone</strong>s de Churchill et coll. (1985). En 1996,à la veille de la gestion <strong>scolaire</strong> autonome, l’accès élargi à l’éducation élém<strong>en</strong>-Vol. 1, 2010 5


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERStaire et secondaire <strong>en</strong> français <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire avait permis de réduirequelque peu l’écart avec la majorité au niveau de la diplomation des études secondaires.Toutefois, les <strong>francophone</strong>s <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire demeur<strong>en</strong>t sousreprés<strong>en</strong>tésaux études postsecondaires (Fr<strong>en</strong>ette et Quazi, 1996). Enfin, une<strong>en</strong>quête sur les études postsecondaires <strong>en</strong> Ontario commanditée par le gouvernem<strong>en</strong>tprovincial révèle <strong>en</strong> 2005 que les <strong>francophone</strong>s demeur<strong>en</strong>t l’un de cinqgroupes sous-représ<strong>en</strong>tés dans certains programmes de premier cycle, et danstous les programmes aux études supérieures et professionnelles (Rae, 2005).À l’échelle mondiale, plusieurs initiatives ont été mises <strong>en</strong> œuvre au niveaunational, régional et local pour augm<strong>en</strong>ter l’accès aux études postsecondairesde l’<strong>en</strong>semble des citoy<strong>en</strong>s afin d’assurer une main-d’œuvre spécialiséeet une économie stable (Jones et coll., 2008). Le Canada n’y fait pas exception.Le gouvernem<strong>en</strong>t fédéral a créé la Fondation des Bourses du millénaire dontle mandat est d’<strong>en</strong>courager les recherches canadi<strong>en</strong>nes sur les obstacles à l’accèsaux études postsecondaires. Statistiques Canada a créé des programmesde recherche sur la mobilité étudiante, <strong>en</strong> se p<strong>en</strong>chant davantage sur les analysesliées à ces obstacles. Fr<strong>en</strong>ette (2002, 2003) a id<strong>en</strong>tifié la proximité géographiquecomme l’un de ceux-ci, mais il ne prés<strong>en</strong>te aucune analyse selonla langue d’instruction ou la langue maternelle. Il conclut qu’un éloignem<strong>en</strong>tgéographique de 80 km à vol d’oiseau (voire même 45 km) <strong>en</strong>tre le lieu derésid<strong>en</strong>ce d’un individu et l’établissem<strong>en</strong>t postsecondaire le plus proche suffità limiter la participation aux études postsecondaires, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t desressources financières.MéthodologieLes données ont été recueillies lors de trois <strong>en</strong>quêtes empiriques distinctes m<strong>en</strong>éesde 2003 à 2008 auprès de différ<strong>en</strong>ts acteurs <strong>en</strong> Ontario français et de lahaute administration d’établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires publics. Ces trois <strong>en</strong>quêtesabord<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant la même thématique : la transition de l’école secondairede langue française <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire aux études postsecondairesdans des établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires publics <strong>en</strong> Ontario 2 . Chaque <strong>en</strong>quêtecherchait à compr<strong>en</strong>dre une composante différ<strong>en</strong>te de la réalité de l’accès desjeunes <strong>francophone</strong>s de l’Ontario aux études postsecondaires.La première <strong>en</strong>quête, une étude ethnographique réflexive critique de dixhuitmois, docum<strong>en</strong>tait et analysait l’expéri<strong>en</strong>ce de quinze diplômés d’unemême école secondaire de langue française <strong>en</strong> Ontario lors de leur transitionaux études universitaires. Des données discursives ont été recueillies auprès d<strong>en</strong>euf jeunes femmes et six jeunes hommes inscrits dans l’une de sept univer-2 Ces études exclu<strong>en</strong>t les institutions postsecondaires privées, puisque leurs donnéesd’admission ne sont ni c<strong>en</strong>tralisées ni accessibles.6 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>sités ontari<strong>en</strong>nes, situées de 80 à plus de 1 000 km de l’école L’Assomption 3 ,leur école secondaire d’origine. Au total, onze participants se sont inscrits dansune université anglophone, dont quatre dans une université de langue anglaisesituée à moins de 150 km de L’Assomption, alors que quatre se sont inscritsdans un programme <strong>francophone</strong> dans une université bilingue.Cette <strong>en</strong>quête avait pour but de compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t les élèves choisiss<strong>en</strong>tleur établissem<strong>en</strong>t ou leur programme universitaire et comm<strong>en</strong>t ils viv<strong>en</strong>tles retombées de ce choix lors de la transition au postsecondaire, depuis la demanded’admission jusqu’à la fin de la première année d’études universitaires.Nous cherchions aussi à savoir où se situai<strong>en</strong>t les questions <strong>linguistique</strong>s dansle processus tel que vécu et perçu par ces jeunes (Lamoureux, 2007a).Les données discursives ont été recueillies <strong>en</strong> 2003–2004 4 par le biaisd’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s semi-dirigés <strong>en</strong>registrés puis transcrits, de courriels <strong>en</strong>tre les participantset la chercheure, de journaux de bord électroniques des participants,du journal de bord, des notes d’observation et de terrain de la chercheure.Deux groupes de discussion ont permis aux participants de comparer leursexpéri<strong>en</strong>ces de transition. C’est lors de ces r<strong>en</strong>contres qu’ils ont poussé davantageleurs réflexions pour interpréter leurs expéri<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> universitairecomme conséqu<strong>en</strong>ces de leurs expéri<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong> francoontari<strong>en</strong>(Lamoureux, 2007a). L’<strong>en</strong>semble des données a été traité selon uneanalyse critique du discours thématique, laissant place à l’émerg<strong>en</strong>ce de nouveauxthèmes.La deuxième <strong>en</strong>quête, m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> 2007–2009 et dirigée par Labrie et Lamoureux,était à méthodologie mixte. La première composante, quantitative,est une analyse des fréqu<strong>en</strong>ces de participation directe des 40 887 jeunes <strong>francophone</strong>sde l’Ontario inscrits à temps plein <strong>en</strong> première année dans l’un desétablissem<strong>en</strong>ts postsecondaires publics de la province de septembre 1998 àseptembre 2006, et ce, directem<strong>en</strong>t après les études secondaires. On n’a past<strong>en</strong>u compte des étudiants qui se sont inscrits après une pause d’un an ou plusaprès la fin des études secondaires. La deuxième composante, qualitative, a étém<strong>en</strong>ée au printemps 2007 auprès d’ori<strong>en</strong>teurs <strong>scolaire</strong>s dans vingt écoles secondairesde langue française <strong>en</strong> Ontario, soit 25 % de l’<strong>en</strong>semble des écolessecondaires de langue française de la province. Ils ont participé à un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>3 Pseudonyme assigné à l’école fréqu<strong>en</strong>tée par les participantes et les participants àl’étude sur l’expéri<strong>en</strong>ce de la transition à l’université (Lamoureux, 2007a). L’école sesitue dans le village du même nom, L’Assomption. Signalons que l’université la plusproche se situe à 80 km de L’Assomption, alors que le programme universitaire bilinguele plus près se situe à plus de 300 km.4 Alors que cet article traite de la PAL lancée <strong>en</strong> 2004, les écoles de langue françaisede l’Ontario appliquai<strong>en</strong>t dès 1994 des politiques d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> localesselon les critères précisés dans le guide de travail Aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> français: guide d’élaboration d’une politique d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong>, publié <strong>en</strong> 1994.Vol. 1, 2010 7


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERSsemi-dirigé individuel, <strong>en</strong>registré puis transcrit aux fins d’analyse. Nous cherchionsà mieux compr<strong>en</strong>dre les fréqu<strong>en</strong>ces d’inscription aux établissem<strong>en</strong>tspostsecondaires <strong>en</strong> sondant les ori<strong>en</strong>teurs sur leurs perceptions des processusde demande et d’inscription aux études postsecondaires <strong>en</strong> Ontario (Labrie,Lamoureux et Wilson, 2009). Les données discursives ont été soumises à uneanalyse critique du discours thématique. Comme il sera précisé dans la discussiondes résultats, il <strong>en</strong> est ressorti que la politique d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong>ou, plus précisém<strong>en</strong>t, l’interprétation qui <strong>en</strong> est faite, est l’un desthèmes de la plus grande importance. La PAL se révèle une variable explicativepuissante tant pour les actions décrites par les ori<strong>en</strong>teurs <strong>scolaire</strong>s que pourles attitudes affichées par l’<strong>en</strong>semble des personnes interviewées, et offre unnouveau contexte d’analyse aux résultats de la première <strong>en</strong>quête 5 .Enfin, la troisième source de données est une <strong>en</strong>quête préliminaire m<strong>en</strong>éeau printemps 2008 auprès de la haute administration des collèges et des universitéspublics de l’Ontario. Cette <strong>en</strong>quête visait à docum<strong>en</strong>ter les pratiques etles innovations mises <strong>en</strong> œuvre dans les divers établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires<strong>en</strong> réponse aux directives provinciales pour augm<strong>en</strong>ter l’accès des populationsid<strong>en</strong>tifiées comme sous-représ<strong>en</strong>tées aux études postsecondaires <strong>en</strong> Ontariopar le rapport Rae (2005), parmi lesquelles les <strong>francophone</strong>s.Chacune des études prés<strong>en</strong>te un vaste év<strong>en</strong>tail de données sur des questionsjusque-là passées sous sil<strong>en</strong>ce dans les corpus canadi<strong>en</strong> et nord-américaind’études sur le postsecondaire. Les résultats sont riches et d’une <strong>en</strong>vergure importante.Toutefois, dans cet exposé, nous limiterons la discussion aux questionsd’accès aux études postsecondaires pour les <strong>francophone</strong>s de l’Ontario.Résultats et discussionUn des objectifs de la PAL est de limiter les abandons <strong>scolaire</strong>s liés à la languepar « la promotion active à l’école secondaire des collèges et des universitésqui offr<strong>en</strong>t des programmes complets ou partiels <strong>en</strong> français » (ministère del’Éducation, 2004b, p. 12). Cet énoncé n’interdit pas aux écoles d’informerles élèves sur les établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires offrant des programmes <strong>en</strong>anglais, mais dicte plutôt la création d’une relation privilégiée avec les établissem<strong>en</strong>tsde la francophonie ontari<strong>en</strong>ne.Les résultats aux trois <strong>en</strong>quêtes dont il est ici question soulign<strong>en</strong>t l’interprétationétroite qu’ont les ori<strong>en</strong>teurs des écoles secondaires de langue françaisede l’Ontario : à leur avis, la PAL leur interdit de transmettre aux élèvesdes r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sur les établissem<strong>en</strong>ts de langue anglaise. Les résultatssoulèv<strong>en</strong>t ainsi des inquiétudes importantes à deux niveaux : d’une part, les5 L’ori<strong>en</strong>teur <strong>scolaire</strong> de l’Assomption (pseudonyme), école secondaire d’originedes participants de la première <strong>en</strong>quête, figurait parmi les 20 participants de la 2 e <strong>en</strong>quêtem<strong>en</strong>ée par Labrie et Lamoureux.8 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>retombées de cette interprétation sur l’av<strong>en</strong>ir des diplômés de ces écoles et surleur s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’appart<strong>en</strong>ance à la communauté <strong>francophone</strong>; d’autre part, laquestion de l’abandon lié à la langue.Lors du premier <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, les jeunes diplômés de l’école secondaire L’Assomptionont expliqué comm<strong>en</strong>t ils se sont r<strong>en</strong>seignés sur les établissem<strong>en</strong>tset les programmes postsecondaires afin de choisir leurs établissem<strong>en</strong>ts cibles.Tous ont témoigné du manque d’appui de l’ori<strong>en</strong>teur <strong>scolaire</strong> dans leurs démarchespour se r<strong>en</strong>seigner sur les divers établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires delangue anglaise <strong>en</strong> Ontario et au Canada. Voici deux exemples représ<strong>en</strong>tatifsde l’<strong>en</strong>semble des discours des participants 6 :Sophie : um the first time I started like looking into it okay what universityshould I go to I tried going to talk to the guidance counselor but he just seemedlike he was too occupied or he had too many other things to do like he was justalways be like okay there’s the books kind of research them yourself.(Entreti<strong>en</strong> 1, août 2003, 287–292)Gisèle : un well Monsieur Salé [soupir audible] like he doesn’t he didn’t hedidn’t help me at all through choosing university and that /// I did it all onmy own calling the university calling their guidance counselors and they’re thepeople who are responsible for that. (Entreti<strong>en</strong> 1, juillet 2003, 95–100)Sophie et Gisèle avai<strong>en</strong>t toutes les deux terminé la cinquième année dusecondaire <strong>en</strong> Ontario (les cours pré-universitaires). Sophie, sur les conseils deson frère aîné, a comm<strong>en</strong>cé à se r<strong>en</strong>seigner sur ses possibilités d’études universitairesau début de la onzième année. Connaissant ses forces et ses limites,elle voulait s’informer sur les programmes des universités situées à moins de2 heures de route du foyer familial, pour continuer à bénéficier du souti<strong>en</strong> desa famille et de ses amis. Toutefois, aucun programme postsecondaire n’étaitoffert <strong>en</strong> français sur le territoire imposé par sa limite de confort personnel.Tout au long de ses deux années de recherche, elle n’a reçu aucun souti<strong>en</strong> del’ori<strong>en</strong>teur, qui la r<strong>en</strong>voyait aux annuaires universitaires disponibles.Gisèle, première de sa famille tant <strong>en</strong> Ontario qu’au Québec à viser lesétudes universitaires (donc étudiante de première génération), avait ciblé lesmêmes limites géographiques que Sophie, pour pouvoir égalem<strong>en</strong>t profiter del’appui familial lors de cette transition vers l’inconnu. Ses efforts auprès del’ori<strong>en</strong>teur à l’automne 2002 ont eu le même résultat que ceux de Sophie.Gisèle s’est donc tournée vers les ag<strong>en</strong>ts de liaison des établissem<strong>en</strong>ts universitairesrégionaux, sans toutefois compr<strong>en</strong>dre qu’ils étai<strong>en</strong>t là pour faire la6 Tous les noms d’individus et d’institutions ont été remplacés par des pseudonymes.Le verbatim n’a pas été corrigé et reflète le discours spontané des jeunes et des intervieweurs.Lors des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, les étudiants pouvai<strong>en</strong>t s’exprimer dans la langue de leurchoix. Tous les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s démontr<strong>en</strong>t une alternance <strong>linguistique</strong>, quoiqu’elle ne soitpas liée à des sujets ou des émotions particuliers. Les numéros dans les scripts sont lescodes pour repérer le texte dans les transcriptions.Vol. 1, 2010 9


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERSpromotion de leur établissem<strong>en</strong>t et non pour l’accompagner dans sa démarchede choix.Lors de sa visite à l’école secondaire L’Assomption au printemps 2003pour recruter les élèves qui allai<strong>en</strong>t participer à l’étude, et à nouveau <strong>en</strong> décembre2003 pour animer le groupe de discussion avec les participants, l’équipea constaté que les seules affiches visibles près du c<strong>en</strong>tre d’ori<strong>en</strong>tation étai<strong>en</strong>tcelles de l’Université Laur<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>ne, de l’Université d’Ottawa, de la Cité Collégialeet du Collège Boréal — soit les seuls établissem<strong>en</strong>ts postsecondairesbilingues et <strong>francophone</strong>s de la province. En <strong>en</strong>trant au c<strong>en</strong>tre, on retrouvaitune petite affiche très discrète pour l’université anglophone la plus proche del’école (80 km). Il était évid<strong>en</strong>t que l’école faisait la promotion explicite desétablissem<strong>en</strong>ts <strong>francophone</strong>s. Plutôt que d’interpréter ce choix comme refletdu mandat de l’école de langue française tel qu’explicité dans le docum<strong>en</strong>t detravail la PAL (1994), les participants l’avai<strong>en</strong>t vu comme un manque d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tde l’ori<strong>en</strong>teur.Emma : yeah comme je trouve que notre système d’ori<strong>en</strong>tation ça fait pitié (S :ok)Emma : vraim<strong>en</strong>t comme c’est juste mon opinion j’ai vraim<strong>en</strong>t j’ai pas allé àBobbo beaucoup (S : uh huh)Emma : um Monsieur Salé parce que il m’a pas beaucoup aidé comme sincèrem<strong>en</strong>tum ce qui m’a aidé beaucoup dans ma recherche était um une sortie àWesleyville où tous les universités est là. (Entreti<strong>en</strong> 1, juillet 2003, 309–318)Lors de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, nous p<strong>en</strong>sions que la sortie à Wesleyville m<strong>en</strong>tionnée parEmma était une activité organisée par l’école. Il est apparu <strong>en</strong> discutant avecelle après l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>en</strong>registré qu’Emma y était allée d’elle-même après avoir<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler d’une foire universitaire dans sa région par des amis anglophones.Elle a précisé que l’école secondaire L’Assomption n’avait fait aucunepublicité à ce sujet alors que toutes les universités ontari<strong>en</strong>nes y étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes,y compris les universités bilingues, parce que les prés<strong>en</strong>tations avai<strong>en</strong>tlieu uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> anglais.Quelques semaines plus tard, la discussion avec Maia a révélé que la foirede Wesleyville n’était pas la seule activité liée aux choix postsecondaires nonpublicisée auprès des élèves de L’Assomption. Grâce à son réseau social informé,Maia a assisté à la plus grande foire universitaire provinciale, organiséeannuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> octobre à Toronto, afin d’arrêter son choix d’établissem<strong>en</strong>t.Maia : oh c’est juste la mère de Vladimir qui l’a organisé parce qu’elle a <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dutout cela et elle voulait lui aider à décider où aller et puis moi j’ai justev<strong>en</strong>u parce qu’ils m’ont invitée et j’étais intéressée aussiS : alors l’école n’a pas fait de démarches pour vous dire que ça se passaitMaia : non ils n’ont même pas dit à nous que c’était là.(Entreti<strong>en</strong> 1, août 2003, 299–308)10 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>La mère de Vladimir, <strong>en</strong>seignante dans une école élém<strong>en</strong>taire de langue anglaise,avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler de la foire universitaire provinciale à Toronto parune de ses collègues, dont les <strong>en</strong>fants fréqu<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t une école secondaire anglophonede la région. Vladimir et Maia avai<strong>en</strong>t beaucoup de mal à compr<strong>en</strong>drepourquoi leur école secondaire ne leur <strong>en</strong> avait pas parlé. Comme lesautres participants, ils ont expliqué cette réalité par le manque d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tde l’ori<strong>en</strong>teur et même de l’école.Précisons que ce sont les participants eux-mêmes qui ont comm<strong>en</strong>té lemanque d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de l’ori<strong>en</strong>teur, y compris les trois élèves qui se sontinscrits à des programmes <strong>francophone</strong>s à l’Université d’Ottawa et qui n’ontjamais consulté l’ori<strong>en</strong>teur pour leur choix de programme ou d’établissem<strong>en</strong>t.Un de ces trois élèves n’avait jamais considéré d’autre possibilité que l’Universitéd’Ottawa et avait obt<strong>en</strong>u les r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts nécessaires auprès de l’ag<strong>en</strong>tde liaison lors d’une des visites de ce dernier à L’Assomption. Les deux autresélèves voulai<strong>en</strong>t s’inscrire dans un programme de premier cycle <strong>en</strong> françaisqui <strong>en</strong> Ontario n’est offert qu’à l’Université d’Ottawa. Ils avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tprofité de la visite de l’ag<strong>en</strong>t de liaison pour s’informer sur les critères et lesprocessus d’admission.L’analyse de l’<strong>en</strong>semble des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s et des données a rappelé un comm<strong>en</strong>taireexprimé par la direction de l’école secondaire L’Assomption, à l’occasionde la r<strong>en</strong>contre des finissants. Cette année-là, l’école avait « perdu »beaucoup de jeunes — c’est-à-dire que plusieurs diplômés allai<strong>en</strong>t poursuivreleurs études postsecondaires <strong>en</strong> anglais. Ce comm<strong>en</strong>taire, comme la dispositiondes affiches au c<strong>en</strong>tre d’ori<strong>en</strong>tation, permet de situer les défis d’accès àl’information des participants <strong>en</strong> fonction de l’interprétation restreinte que faitl’école de son mandat de promotion des établissem<strong>en</strong>ts <strong>francophone</strong>s et bilingueset non comme symptôme de dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de l’ori<strong>en</strong>teur. Précisonsque l’école avait reçu à deux reprises les ag<strong>en</strong>ts de liaison des universités Laur<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>neet d’Ottawa, du Collège Boréal et de la Cité Collégiale, pour informerles élèves de leurs choix.Alors que l’école considère ses diplômés qui choisiss<strong>en</strong>t de fréqu<strong>en</strong>ter unétablissem<strong>en</strong>t postsecondaire de langue anglaise comme étant « perdus », lesquestions de cette étude sur les motivations des choix d’établissem<strong>en</strong>t révèl<strong>en</strong>tque pour la majorité des participantes et des participants, la distance <strong>en</strong>tre l’établissem<strong>en</strong>tpostsecondaire et le foyer par<strong>en</strong>tal est un critère de choix important,ce qui corrobore les analyses de Fr<strong>en</strong>ette (2002, 2003). Pour ces participants,l’éloignem<strong>en</strong>t géographique des universités bilingues d’Ottawa et de Sudburydu Sud-ouest ontari<strong>en</strong> pose donc un réel obstacle à la poursuite des études postsecondaires<strong>en</strong> français. Pour d’autres, le choix de rester <strong>en</strong> région est lié à uns<strong>en</strong>s profond d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vers la communauté <strong>francophone</strong> du Sud-ouestontari<strong>en</strong>, et est donc une affirmation de leur id<strong>en</strong>tité <strong>francophone</strong>. C’est ce qu’aexpliqué Maia, qui s’est inscrite à un programme de sci<strong>en</strong>ces infirmières à uneVol. 1, 2010 11


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERSuniversité à 150 km de son domicile.Maia a fait part des expéri<strong>en</strong>ces vécues par sa grand-mère maternelle lorsde sa dernière hospitalisation. Originaire du Sud-ouest ontari<strong>en</strong>, cette septuagénair<strong>en</strong>e parlait ni ne compr<strong>en</strong>ait l’anglais. Malheureusem<strong>en</strong>t, il y avait peude personnel de santé bilingue pouvant aider la famille et expliquer à la grandmèrece qui se passait.Maia : des pati<strong>en</strong>ts qui sont <strong>francophone</strong>s et ne compr<strong>en</strong>d pas ce qui arrivealors tu dois leur dire <strong>en</strong> français like qu’est-ce qui est mal avec eux pourquoiils sont là essayer de les calmer et tout ça. (Entreti<strong>en</strong> 1, août 2003, 543–554)C’est pour cela que Maia s’affirmait comme <strong>francophone</strong> auprès de ses collèguesuniversitaires anglophones, et qu’elle a fait part de l’expéri<strong>en</strong>ce de sagrand-mère dans un de ses cours de sci<strong>en</strong>ces infirmières pour les s<strong>en</strong>sibiliseraux réalités <strong>linguistique</strong>s du Sud-ouest ontari<strong>en</strong>.dans mon cours ‘self and others’ aujourd’hui nous avons discuté les défis deparler seulem<strong>en</strong>t une langue autre que l’anglais lorsque tu vas à l’hôpital et j’aidit comm<strong>en</strong>t ma mère doit traduire les informations pour ma mémé car elleparle le français — seulem<strong>en</strong>t. (Courriel, 18 septembre 2003)Toutefois, sa professeure et ses collègues ne semblai<strong>en</strong>t pas avoir consci<strong>en</strong>cede la réalité <strong>francophone</strong> du Sud-ouest et ne faisai<strong>en</strong>t pas le rapprochem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre l’expéri<strong>en</strong>ce de la grand-mère de Maia et leur discussion sur le multilinguismeet les services de santé.Parmi les onze étudiants qui ont choisi des programmes <strong>en</strong> anglais, neufont t<strong>en</strong>té tant bi<strong>en</strong> que mal de créer d’eux-mêmes des li<strong>en</strong>s avec la francophonielocale, soit <strong>en</strong> s’intégrant au réseau <strong>scolaire</strong> élém<strong>en</strong>taire et secondaire delangue française comme m<strong>en</strong>tors <strong>en</strong> mathématiques ou moniteurs de langue,soit <strong>en</strong> intégrant les espaces postsecondaires disponibles tels que les clubsde français ou les stages d’éducation coopérative <strong>en</strong> français. Ils cherchai<strong>en</strong>ttoutes les occasions de se créer un réseau <strong>francophone</strong> et ont déploré le manqued’appui des établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires anglophones pour faciliter leur transition<strong>linguistique</strong>, tant <strong>scolaire</strong> que sociale, dans leur nouvel <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.Ils étai<strong>en</strong>t très consci<strong>en</strong>ts des ressources mises à la disposition des étudiantsétrangers ou autochtones, mais disai<strong>en</strong>t qu’ils n’avai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> trouvé pour appuyerles <strong>francophone</strong>s <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire.Les données recueillies lors d’une étude ethnographique à petite échelleprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t certes des limites — on ne peut généraliser les expéri<strong>en</strong>ces desquinze participants à leur cohorte immédiate, ni à l’<strong>en</strong>semble des jeunes <strong>francophone</strong>sde l’Ontario. Mais, elles nous permett<strong>en</strong>t d’id<strong>en</strong>tifier une réalité, desoulever des questions et de cibler de nouvelles pistes de recherche. Précisonsque les expéri<strong>en</strong>ces vécues par les participants à cette première étude ont eulieu avant le lancem<strong>en</strong>t de la « nouvelle » politique d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong><strong>en</strong> octobre 2004, dont la mise <strong>en</strong> œuvre a été accompagnée d’activités des<strong>en</strong>sibilisation et de formation sout<strong>en</strong>ue auprès du personnel, des élèves et de12 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>leurs familles. Est-ce que les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec les ori<strong>en</strong>teurs <strong>scolaire</strong>s au printemps2007 prés<strong>en</strong>terai<strong>en</strong>t d’autres réalités que celles relatées par des élèvesavant la mise <strong>en</strong> œuvre de la PAL (2004) ?L’analyse des vingt <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s auprès des ori<strong>en</strong>teurs permet de recueillirplusieurs discours converg<strong>en</strong>ts, pour ne pas dire hégémoniques, <strong>en</strong> particulier<strong>en</strong> ce qui concerne l’interprétation de la directive ministérielle pour la promotiondes établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires <strong>francophone</strong>s et bilingues. Nousrelevons ici deux des vingt exemples des discours à ce sujet :Définitivem<strong>en</strong>t comme école secondaire française on <strong>en</strong>courage toujours, onexplique toujours très bi<strong>en</strong> les choix <strong>francophone</strong>s là on visite <strong>en</strong> particulier leCollège Boréal à Timmins et à Sudbury avec nos élèves séniors et l’Universitéd’Ottawa à chaque on alterne une année c’est Sudbury [Laur<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>ne] donc on<strong>en</strong>courage définitivem<strong>en</strong>t de poursuivre leurs études <strong>en</strong> français (1:12)J’ai une politique d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> qui euh m’interdit de mettre desaffiches <strong>en</strong> anglais comme j’ai pas le droit de mettre des affiches de collègesanglophones ou d’universités anglophones ou d’universités anglophones ou despublicités pour des bourses anglophones je peux <strong>en</strong> informer les élèves maispas les afficher (6:8–9)On constate que les ori<strong>en</strong>teurs ne font pas la promotion des établissem<strong>en</strong>tspostsecondaires anglophones auprès de leurs élèves, puisqu’ils croi<strong>en</strong>t que celairait à l’<strong>en</strong>contre de la PAL et de la mission même de l’école de langue française<strong>en</strong> Ontario. Ils inform<strong>en</strong>t les élèves des choix <strong>en</strong> anglais par la mise àdisposition des annuaires au c<strong>en</strong>tre d’ori<strong>en</strong>tation, mais ne facilit<strong>en</strong>t pas l’accèsaux informations sur les établissem<strong>en</strong>ts et les programmes anglophones(Labrie, Lamoureux et Wilson, 2009). Les propos des ori<strong>en</strong>teurs interviewés<strong>en</strong> 2007 vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t confirmer l’analyse de l’expéri<strong>en</strong>ce vécue par les jeunes del’Assomption <strong>en</strong> 2002–2003 (Lamoureux, 2007a). De plus, les ori<strong>en</strong>teurs quisuiv<strong>en</strong>t de près les t<strong>en</strong>dances d’inscriptions postsecondaires de leurs diplômésont précisé que les collégi<strong>en</strong>s choisissai<strong>en</strong>t surtout des établissem<strong>en</strong>ts à proximitédu domicile familial, et que les diplômés plus jeunes (17 ans) suivai<strong>en</strong>tcette même t<strong>en</strong>dance pour l’université (Labrie, Lamoureux et Wilson, 2009),ce qui vi<strong>en</strong>t corroborer les résultats de Fr<strong>en</strong>ette (2002, 2003) cités plus tôt.L’analyse des fréqu<strong>en</strong>ces de l’<strong>en</strong>semble des quelque 40 000 inscriptionsdirectes des <strong>francophone</strong>s de l’Ontario dans les établissem<strong>en</strong>ts postsecondairespublics de la province de 1998 à 2006 (figure 1) permet de constater que depuis1998, la majorité des <strong>francophone</strong>s de l’Ontario s’inscriv<strong>en</strong>t à des programmes<strong>en</strong> français aux universités d’Ottawa et Laur<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>ne, à la Cité Collégiale et auCollège Boréal. Donc, 57 % des élèves <strong>francophone</strong>s qui s’inscriv<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>tdans une université ontari<strong>en</strong>ne opt<strong>en</strong>t pour un programme <strong>en</strong> français et55 % de ceux qui s’inscriv<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t à un programme collégial <strong>en</strong> Ontariochoisiss<strong>en</strong>t un programme <strong>en</strong> français. Toutefois, ces données indiqu<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t que plus de 40 % des diplômés <strong>francophone</strong>s s’inscriv<strong>en</strong>t à un programmeanglophone dans un collège ou une université de l’Ontario (Labrie,Vol. 1, 2010 13


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERS% des inscript ions m oy<strong>en</strong>nes 1998 - 2006100%80%45% 43% 44%60%AnglaisFrançais40%55% 54% 56%20%0%Collèges Universités TotalFIGURE 1Inscriptions moy<strong>en</strong>nes 1998–2006, selon la langue d’instruction du programmepostsecondaireLamoureux et Wilson, 2009).Le tableau 1 démontre la répartition moy<strong>en</strong>ne des étudiants par établissem<strong>en</strong>tpostsecondaire, soit le palmarès des huit collèges et des dix universitésles plus fréqu<strong>en</strong>tés par les diplômés des écoles secondaires de langue françaisede l’Ontario. On constate peu de variation dans les six universités et six collègesde langue anglaise qui form<strong>en</strong>t, avec les deux collèges <strong>francophone</strong>s etles trois universités bilingues, le même palmarès annuel, et ce, depuis 1998(Labrie, Lamoureux et Wilson, 2009).L’analyse des inscriptions directes <strong>en</strong> fonction de la proximité géographique<strong>en</strong>tre l’école secondaire d’origine et l’établissem<strong>en</strong>t postsecondaire estrévélatrice (figure 2). Nous constatons que pour les universitaires, 68 % desinscriptions <strong>francophone</strong>s directes se font dans un établissem<strong>en</strong>t situé à moinsde 150 km de l’école secondaire d’origine (donc à proximité du foyer par<strong>en</strong>tal),et que 78 % des collégi<strong>en</strong>s font égalem<strong>en</strong>t leur choix <strong>en</strong> fonction de laproximité des établissem<strong>en</strong>ts. Dans l’<strong>en</strong>semble, 61 % des inscriptions directesontari<strong>en</strong>nes <strong>francophone</strong>s se font dans un établissem<strong>en</strong>t situé à moins de 75 kmde l’école secondaire d’origine (Labrie, Lamoureux et Wilson, 2009).Une analyse du palmarès des huit collèges et dix universités les plus fréqu<strong>en</strong>tés<strong>en</strong> fonction de l’école secondaire d’origine des élèves <strong>francophone</strong>sinscrits <strong>en</strong>tre 1998 et 2006 confirme à nouveau l’importance de la proximitédes établissem<strong>en</strong>ts (Labrie, Lamoureux et Wilson, 2009), telle que docum<strong>en</strong>téepar Fr<strong>en</strong>ette (2002, 2003). Le tableau 2 prés<strong>en</strong>te la distribution des élèves <strong>francophone</strong>sde l’Ontario inscrits <strong>en</strong> première année aux études postsecondaires,14 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>TABLEAU 1Distribution des inscriptions annuelles moy<strong>en</strong>nes (%) 1998–2006 aux collèges etuniversités de l’OntarioRang Collège % ESLF Université % ESLF1 La Cité 34,4 Ottawa 55,12 Boréal 22,2 Laur<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>ne 15,43 Cambrian 10,2 Toronto 3,64 Algonquin 8,6 Windsor 3,55 Canadore 4,0 Carleton 2,66 Northern 2,8 Guelph 2,47 St. Lawr<strong>en</strong>ce 2,8 Waterloo 2,38 St. Clair 2,3 Western 2,29 York 2,0Rang varie de Gl<strong>en</strong>don 1,612 à 15<strong>en</strong> fonction de la proximité ou de l’éloignem<strong>en</strong>t géographique. Seuls les huitcollèges et les dix universités les plus fréqu<strong>en</strong>tées sont représ<strong>en</strong>tés.Mais, comm<strong>en</strong>t réconcilier ces réalités avec les interprétations limitées dela PAL pour <strong>en</strong> déterminer l’impact sur les élèves et leur av<strong>en</strong>ir ?Un premier indice se trouve dans une correspondance reçue d’un membrede la haute administration d’une université anglophone figurant au « palmarèsdes 8 » depuis 1998, <strong>en</strong> réponse à notre demande de participation à l’étude surles initiatives d’accès pour les groupes sous-représ<strong>en</strong>tés aux études postsecondaires<strong>en</strong> Ontario.Thank you for inviting us to participate in your study. We regret to inform youthat we cannot participate at this time as there are no <strong>francophone</strong> stud<strong>en</strong>tsfrom Ontario <strong>en</strong>rolled in our establishm<strong>en</strong>t.(Communication personnelle, Lamoureux, 2008b)L’administrateur terminait <strong>en</strong> nous invitant à communiquer avec son bureaupuisqu’il était curieux de savoir pourquoi nous les avions invités à participerà l’étude. Lors de notre échange téléphonique, cet administrateur fut surprisd’appr<strong>en</strong>dre qu’il y avait au moins une école secondaire de langue française àmoins de 10 km de son université, et que son établissem<strong>en</strong>t figurait au palmarèsdes quinze universités les plus fréqu<strong>en</strong>tées par les diplômés des écoles secondairesde langue française de l’Ontario. Il ne compr<strong>en</strong>ait pas pourquoi il n’yavait pas de li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre son établissem<strong>en</strong>t et les écoles secondaires de languefrançaise. La réponse figurait dans les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s de la 2 e étude, où l’ori<strong>en</strong>teurde l’école secondaire la plus rapprochée de cette université avait expliqué quela PAL ne lui permettait pas d’établir des li<strong>en</strong>s avec les établissem<strong>en</strong>ts postsecondairesanglophones, qu’ils soi<strong>en</strong>t régionaux ou non, même si de nombreuxVol. 1, 2010 15


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERSDistribution des inscriptions moy<strong>en</strong>nes 1998-2006 selon indice de proximité100%22%32%26%80%60%40%13%65%15%53%13%61%Plus de 150 kmde 75 à 150 kmMoins de 75 km20%0%Collèges Universités TotalFIGURE 2Inscriptions moy<strong>en</strong>ne de 1998–2006 selon l’indice de proximité <strong>en</strong>tre l’école d’origineet l’établissem<strong>en</strong>t postsecondairediplômés de son école secondaire s’inscriv<strong>en</strong>t dans les établissem<strong>en</strong>ts postsecondairesà proximité.Une autre discussion avec une administratrice d’un collège communautaireanglophone, autrefois un des collèges bilingues de la province, a révéléses inquiétudes par rapport à l’accès des <strong>francophone</strong>s à l’éducation postsecondaire<strong>en</strong> Ontario. Alors qu’elle n’avait pas répondu à l’appel initial de participation,elle a fait part de son opinion lors d’une r<strong>en</strong>contre à un colloque <strong>en</strong>avril 2008. Elle s’est dite ravie de la création des collèges de langue française,réalité qui a trop tardé à son avis. Cep<strong>en</strong>dant, elle a déploré le fait que la décisionde créer les collèges de langue française a <strong>en</strong>traîné obligatoirem<strong>en</strong>t lafermeture des collèges bilingues dans les régions moins ou non desservies parces nouveaux établissem<strong>en</strong>ts de langue française, telles Kingston, Windsor etNiagara (après la fermeture du Collège des Grands Lacs). Elle croyait fermem<strong>en</strong>tque le gouvernem<strong>en</strong>t aurait dû maint<strong>en</strong>ir les collèges bilingues dans lesrégions désignées pour les services <strong>en</strong> français par la loi 8, parce qu’elles sontéloignées des collèges <strong>francophone</strong>s. Elle était d’avis que ces programmes bilinguesaurai<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té l’accès aux études <strong>en</strong> français non seulem<strong>en</strong>t pourles adultes <strong>francophone</strong>s de ces régions mais aussi pour les diplômés des écolesd’immersion française et des écoles secondaires de langue française. Ces programmesaurai<strong>en</strong>t pu être offerts <strong>en</strong> collaboration avec les collèges <strong>francophone</strong>set non <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce avec eux, dans le but commun d’éliminer l’écartde participation postsecondaire des <strong>francophone</strong>s (notes d’une communicationpersonnelle, avril 2008, 2a). Enfin, elle se demandait si le Ministère conseillaitaux collèges anglophones de ne pas t<strong>en</strong>ir compte des <strong>francophone</strong>s dans leurs16 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>TABLEAU 2Répartition des inscriptions par proximité/éloignem<strong>en</strong>t géographique, palmarès deshuit collèges et universités les plus fréqu<strong>en</strong>tés, 1998–2006Collège % < 75 km % 75–150 km % > 150 kmLa Cité 57,4 19,7 12,9Boréal 60,1 6,9 33,0Cambrian 78,3 2,9 18,9Algonquin 67,6 16,3 16,2Canadore 54,4 20,6 25,0Northern 66,5 17,5 16,0St. Lawr<strong>en</strong>ce 76,4 15,4 8,2St. Clair 96,3 0,5 3,2UniversitéOttawa 57,8 13,6 28,6Laur<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>ne 59,3 10,8 29,9Toronto 76,2 5,0 18,8Windsor 80,1 13,6 8,1Carleton 61,4 6,9 31,3Guelph 3,2 25,2 71,6Waterloo 3,4 25,8 70,8Western 21,4 19,6 58,9York 72,4 3,8 23,8Gl<strong>en</strong>don 64,2 10,8 25,0initiatives et leurs rapports d’activités visant à augm<strong>en</strong>ter l’accès aux étudespostsecondaires pour les groupes sous-représ<strong>en</strong>tés.ConclusionL’analyse des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec les élèves <strong>en</strong> transition au postsecondaire et desdonnées d’inscriptions directes des <strong>francophone</strong>s de l’Ontario aux établissem<strong>en</strong>tspostsecondaires de la province permet de constater que les choix effectuéspar les jeunes ne coïncid<strong>en</strong>t pas nécessairem<strong>en</strong>t avec les int<strong>en</strong>tions du systèmeéducatif de langue française de la province, ni avec celles des politiquesgouvernem<strong>en</strong>tales. Nous constatons aussi que l’interprétation qu’a l’école deson mandat et de la mise <strong>en</strong> œuvre de la politique d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong>vi<strong>en</strong>t limiter l’accès des élèves à des ressources importantes pour pouvoirfaire un choix informé par rapport à leur programme et leur établissem<strong>en</strong>tpostsecondaire. Cette réalité a des retombées importantes pour les élèves ditsde « première génération », c’est-à-dire dont les par<strong>en</strong>ts n’ont pas fait d’étudespostsecondaires, qui compt<strong>en</strong>t sur les ressources mises à disposition par l’écolepour pouvoir faire un choix informé.Vol. 1, 2010 17


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERSLes élèves n’interprèt<strong>en</strong>t pas le droit d’accès aux r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts selonune perspective <strong>linguistique</strong>, et perçoiv<strong>en</strong>t le manque d’information commeun symptôme de manque d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t du personnel <strong>scolaire</strong>. Les discussionsnon <strong>en</strong>registrées avec les par<strong>en</strong>ts de dix des quinze participants lors du premier<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> 7 confirm<strong>en</strong>t qu’ils partag<strong>en</strong>t la même interprétation que leurs <strong>en</strong>fants.Les retombées d’une telle perception limitée pourrai<strong>en</strong>t avoir un impact sur laréussite du projet de société de l’école, puisque les par<strong>en</strong>ts remett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> questionl’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de l’école <strong>en</strong>vers l’av<strong>en</strong>ir de leur(s) <strong>en</strong>fant(s). Dans l’immédiat,les retombées du manque d’accès à l’information pour les élèves peuv<strong>en</strong>tm<strong>en</strong>er au décrochage des études postsecondaires suite à une décision peu informéesur le choix de programme ou d’établissem<strong>en</strong>t (Lamoureux, 2007a).L’application de cette logique d’abandon <strong>scolaire</strong> pour des raisons <strong>linguistique</strong>sà la transition aux études postsecondaires vi<strong>en</strong>t limiter l’<strong>en</strong>vergurede l’impact du rayonnem<strong>en</strong>t de la PAL. Plutôt que de percevoir les étudiantsqui s’inscriv<strong>en</strong>t aux établissem<strong>en</strong>ts postsecondaires anglophones comme étant« perdus » ou comme des décrocheurs <strong>linguistique</strong>s, ne faudrait-il pas les <strong>en</strong>couragerà se demander comm<strong>en</strong>t ils vont maint<strong>en</strong>ir leurs li<strong>en</strong>s avec la communauté<strong>francophone</strong> locale de leur établissem<strong>en</strong>t postsecondaire ? Ne faudrait-ilpas discuter avec eux de leurs options et de leurs int<strong>en</strong>tions pour maint<strong>en</strong>iret améliorer leurs compét<strong>en</strong>ces communicatives <strong>en</strong> français, afin de pouvoirpoursuivre des études supérieures et professionnelles <strong>en</strong> français, d’exercer unemploi <strong>en</strong> français, de demeurer des membres <strong>en</strong>gagés à la vitalité ethno<strong>linguistique</strong>des communautés <strong>francophone</strong>s de l’Ontario ?L’analyse des <strong>en</strong>trevues m<strong>en</strong>ées auprès des ori<strong>en</strong>teurs soulève des t<strong>en</strong>sions,voire des paradoxes importants liés au mandat de l’école de langue française<strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire. Faut-il <strong>en</strong>courager l’accès des <strong>francophone</strong>s auxétudes postsecondaires pour éliminer la sous-représ<strong>en</strong>tation, ou uniquem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>courager l’accès aux programmes <strong>francophone</strong>s au sein d’établissem<strong>en</strong>ts<strong>francophone</strong>s et bilingues ? Est-ce que la promotion explicite d’établissem<strong>en</strong>ts<strong>francophone</strong>s et de programmes bilingues exclut la possibilité de bi<strong>en</strong> informerles élèves sur l’<strong>en</strong>semble de leurs choix postsecondaires ?Les études de Fr<strong>en</strong>ette (2002, 2003) et l’analyse des données réelles d’inscriptionsdirectes des jeunes <strong>francophone</strong>s de l’Ontario aux établissem<strong>en</strong>tspostsecondaires de cette province démontr<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t que la forte régionalisationdes établissem<strong>en</strong>ts bilingues et <strong>francophone</strong>s pose un défi importantd’accès pour les <strong>francophone</strong>s à l’extérieur des régions urbaines de Sudbury,Ottawa, Timmins et Hearst. Les recherches sur la persistance aux études postsecondairesindiqu<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t l’importance du souti<strong>en</strong> familial de l’étudiantlors de la transition et les limites de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t à distance (Hermaniwicz,2006 ; Hernandez et Lopez, 2004 ; Kahn et Nauta, 2001 ; Pascarella, Pierson,7 Notes de terrain, Lamoureux (2007a).18 Vol. 1, 2010


LAMOUREUXL’aménagem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>scolaire</strong>Wolniak et Ter<strong>en</strong>zini, 2004 ; Pascarella et Ter<strong>en</strong>zini, 1991, 2005). Pour de nombreuxétudiants, ce souti<strong>en</strong> se fait ress<strong>en</strong>tir par la proximité géographique de lafamille et du cercle social d’origine lors des études postsecondaires. D’autresétudes docum<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les défis financiers supplém<strong>en</strong>taires associés à la fréqu<strong>en</strong>tationd’un établissem<strong>en</strong>t postsecondaire géographiquem<strong>en</strong>t éloigné du foyerpar<strong>en</strong>tal — défis qui ne peuv<strong>en</strong>t pas toujours être surmontés par les incitatifsfinanciers réservés aux <strong>francophone</strong>s. Que faire quand le programme convoitéest offert uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> anglais ?Les analyses ici prés<strong>en</strong>tées ne prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t aucunem<strong>en</strong>t fournir des réponses,mais veul<strong>en</strong>t élargir la discussion sur le projet de société <strong>francophone</strong> qu’estla PAL, <strong>en</strong> attirant l’att<strong>en</strong>tion sur des questions qui mérit<strong>en</strong>t un traitem<strong>en</strong>t pluslarge qu’exclusivem<strong>en</strong>t <strong>linguistique</strong>. Par exemple, comm<strong>en</strong>t expliquer que plusde 40 % des diplômés des écoles secondaires de langue française s’inscriv<strong>en</strong>tà des établissem<strong>en</strong>ts de langue anglaise, malgré les nombreuses bourses et initiativespour <strong>en</strong>courager les études <strong>en</strong> français ? Est-ce que la réalité géographiquede l’offre des programmes <strong>en</strong> français, la spécificité des programmespostsecondaires et la dispersion géographique de la francophonie ontari<strong>en</strong>necontre-indiqu<strong>en</strong>t l’application de la logique <strong>linguistique</strong> de persistance <strong>scolaire</strong>de la maternelle à la 12 e année aux choix postsecondaires ? C’est-à-dire,est-ce que le choix de la langue d’études du programme postsecondaire est unreflet de l’affirmation ou de l’id<strong>en</strong>tité <strong>linguistique</strong> individuelle ? Choisir d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>iruniquem<strong>en</strong>t des li<strong>en</strong>s avec les établissem<strong>en</strong>ts <strong>francophone</strong>s revi<strong>en</strong>t-il àne pas informer les élèves de tous leurs choix postsecondaires ? Comm<strong>en</strong>t réduirel’écart de la participation postsecondaire des <strong>francophone</strong>s <strong>en</strong> Ontario ?Ne faudrait-il pas égalem<strong>en</strong>t se p<strong>en</strong>cher sur la mise <strong>en</strong> place de mécanismeset d’occasions pour permettre aux <strong>francophone</strong>s qui fréqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les établissem<strong>en</strong>tspostsecondaires anglophones de contribuer pleinem<strong>en</strong>t à la communauté<strong>francophone</strong>, de pr<strong>en</strong>dre leur place comme <strong>francophone</strong>s dans la grandesociété ontari<strong>en</strong>ne ? Est-il temps d’exiger que les établissem<strong>en</strong>ts postsecondairesanglophones dans les régions désignées par la Loi 8 répond<strong>en</strong>t <strong>en</strong> partieaux besoins des communautés <strong>francophone</strong>s locales et des diplômés des programmesd’immersion française, <strong>en</strong> collaboration avec les établissem<strong>en</strong>ts <strong>francophone</strong>set bilingues ? Connaît-on la capacité institutionnelle <strong>francophone</strong>existante dans les établissem<strong>en</strong>ts anglophones?Ces questions mérit<strong>en</strong>t d’être étudiées non seulem<strong>en</strong>t au niveau des interv<strong>en</strong>antsdu système <strong>scolaire</strong> de langue française de l’Ontario, mais aussi parles chercheurs <strong>en</strong> études postsecondaires <strong>en</strong> Ontario (et ailleurs). Notre int<strong>en</strong>tionn’est pas de remettre <strong>en</strong> question l’importance de la PAL ou des initiativesqui lui sont liées. Au contraire, nous espérons que le fait de poser ces questionspermettra de les incorporer d’abord au discours public tant sur l’aménagem<strong>en</strong>t<strong>linguistique</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> <strong>francophone</strong> que sur l’accès aux études postsecondaires.Dans un deuxième temps, il sera important de s’assurer désormaisVol. 1, 2010 19


CAHIERS DE L’ILOBOLBI WORKING PAPERSque les recherches sur l’accès et l’expéri<strong>en</strong>ce postsecondaire, du moins <strong>en</strong> Ontario,ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t compte des réalités des <strong>francophone</strong>s de l’Ontario, et ce, dansl’<strong>en</strong>semble des établissem<strong>en</strong>ts de la province pour les études du premier cycle,les études professionnelles et les études supérieures.Référ<strong>en</strong>cesAllard, R., R. Landry et K. Deveau. 2000. Aspirations éducationnelles, int<strong>en</strong>tions d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dredes études postsecondaires <strong>en</strong> français et int<strong>en</strong>tions de faire carrièredans leur région d’élèves de 12 e année des écoles de langue française <strong>en</strong> <strong>milieu</strong>minoritaire du Canada. Moncton, Institut canadi<strong>en</strong> de recherche sur les minorités<strong>linguistique</strong>s et Association des universités de la francophonie.Bordeleau, L.G. 1995. Enseigner c’est participer au dev<strong>en</strong>ir de notre francophonie.Éducation et francophonie, vol. 22, n o 3, pp. 32–38. Numéro thématique : Actesdu 47e congrès de l’Association canadi<strong>en</strong>ne de langue française.Braxton, J., A. Sullivan et R. Johnson. 1997. Appraising Tinto’s theory of collegestud<strong>en</strong>t departure. Dans J.C. Smart (dir.), Higher education : Handbook of theoryand research. New York, Agathon Press, vol. 12, pp. 107–167.Cardinal, L. 1994. Ruptures et fragm<strong>en</strong>tations de l’id<strong>en</strong>tité <strong>francophone</strong> <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire: un bilan critique. Sociologie et sociétés, vol. 26, n o 1, pp. 71–86.Cazabon, B. 2005. Pour un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t réussi du français langue maternelle : fondem<strong>en</strong>tset pratiques <strong>en</strong> didactique du français. Sudbury, Prise de parole.Cazabon, B. 2008. Langue et culture : unité et discordance. Sudbury, Prise de parole.Ch<strong>en</strong>ard, P., E. Francoeur et P. Doray. 2007. Les transitions <strong>scolaire</strong>s dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tpostsecondaire : formes et impacts sur les carrières étudiantes. Note derecherche. C<strong>en</strong>tre interuniversitaire de recherche sur la sci<strong>en</strong>ce et la technologie.Montréal, UQAM.Churchill, S. et S. Quazi. 1985. Éducation et besoins des Franco-Ontari<strong>en</strong>s : le diagnosticd’un système d’éducation, vol. 2 : Problèmes de l’<strong>en</strong>semble du système :l’élém<strong>en</strong>taire et le secondaire ; Le postsecondaire. Toronto, Conseil de l’éducationfranco-ontari<strong>en</strong>ne.Dallaire, C. 2004. Fier de qui on est . . . nous sommes FRANCOPHONES ! : l’id<strong>en</strong>titédes jeunes aux Jeux franco-ontari<strong>en</strong>s. Francophonies D’Amérique, vol. 18,pp. 127–147.Doray, Pierre, L. Ménard et A. Adouane. 2008. La prise <strong>en</strong> charge des transitionséducation : travail (école-emploi) au Québec. Collection Voies d’accès au marchédu travail, n o 7, Rapport de recherche des RCRPP.Duquette, G. 1999. Vivre et <strong>en</strong>seigner <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire. Sudbury, Presses de l’UniversitéLaur<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>ne.Duquette, G. 2001. Double minorisation : Intragroup domination and cultural hegemony.Language, Culture and Curriculum, vol. 14, n o 2, pp. 98–111.Duquette, G. et P. Riopel (dir.). 1997. L’éducation <strong>en</strong> <strong>milieu</strong> minoritaire et la formationdes maîtres <strong>en</strong> Acadie et dans les communautés <strong>francophone</strong>s du Canada. Sudbury,Presses de l’Université Laur<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>ne.20 Vol. 1, 2010


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