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L'Amour à la Cour des Rois de France au XVI””” siècle

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- 177 -Une partie <strong>de</strong> l’élite française céda, <strong>au</strong> temps d‘Henri IV, àune sorte<strong>de</strong> vertige sexuel. L‘abominable et obsédante orgie paraissait constituerune annonce <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du mon<strong>de</strong>. Les artistes maniéristes exprimèrentà merveille, <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> 1600, cette préoccupation culturelle etreligieuse en associant leurs représentations érotiques <strong>de</strong> banqueteursnus <strong>au</strong> souvenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> première <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> l’univers, à l’époque<strong>de</strong> Noé (40). La cour voluptueuse d’Henri IV, marquée par <strong>la</strong> promiscuité,représentait un vaste bor<strong>de</strong>l <strong>de</strong> luxe : ((A <strong>la</strong> cour on ne parleque <strong>de</strong> duels, puteries et maqueré<strong>la</strong>gesn (41). Des tournois d‘un genreassez spécial étaient, alors, organisés. Dans son Journal, L<strong>au</strong>rent Bouchel,avocat <strong>au</strong> Parlement <strong>de</strong> Paris, a noté qu’en 1609, c<strong>au</strong> commencementdu mois <strong>de</strong> février trois jeunes seigneurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour voulurent àl’envy l’un <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre esprouver leurs forces <strong>au</strong> jeu <strong>de</strong> Venus et s’abandonnèrenttellement àleur volupté que trois jours après <strong>de</strong>ux d‘entreeux en moururent, a scavoir le comte <strong>de</strong> S<strong>au</strong>x et le baron <strong>de</strong> F<strong>la</strong>ix, etl’<strong>au</strong>tre qui est le prince <strong>de</strong> Piney en est, comme l’on dict, <strong>de</strong>meuré perclus.On tient que pour s’exciter davantage, ils avoient prins abondamment<strong>de</strong> <strong>la</strong> quintessence d’ambre gris)) (42). Le règne d’Henri IV aconnu <strong>la</strong> victoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> pail<strong>la</strong>rdise sur l’amourCes mœurs nous paraissent scandaleuses, car, <strong>au</strong> XVIème siècle, <strong>la</strong>sexualité est encore l’apanage <strong>de</strong> l’homme. En amour, <strong>la</strong> femme n’aqu’un rôle passif. Elle n’est qu’un instrument <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir. On dédaignel’épouse légitime. On viole impunément les <strong>au</strong>tres femmes. Leurcorps dénudé excite durant les orgies. Les hommes, alors, ne saventpas aimer.Des changements sont, toutefois, perceptibles. La vogue <strong>de</strong> l’amourhonnête et <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> <strong>la</strong> gymnastique <strong>de</strong> l’amour sensuel tranforment<strong>la</strong> femme en une partenaire active. L’amour s’épanouit. Progressivement,un nouvel idéal nobiliaire se fait jour : l’homme d’instinct<strong>de</strong>vient un mondain. On commence à ressentir le besoin d’uneéducation sentimentale, celui d‘une femme qui puisse enseigner,comme Ninon <strong>de</strong> Lenclos <strong>au</strong> XVIIkme siècle, da manière jolie <strong>de</strong> fairel’amour, <strong>la</strong> délicatesse <strong>de</strong> l’expression)) (43).Eric THIERRY( 1) Marcel Leroy, Le Châte<strong>au</strong> <strong>de</strong> Villers-Cotterêts, Soissons, 1964,3ème éd., p. 10.( 2) cf. Ivan Clou<strong>la</strong>s, Henri ZZ, Paris, 1985, p. 571.( 3) Brantome, Qluvres complètes, T. 3, Grands capitaines françois, Ed. Ludovic La<strong>la</strong>nne,Société <strong>de</strong> l’Histoire <strong>de</strong> <strong>France</strong>, Paris, 1868, pp. 348-349.( 4) Antonia Fraser, Marie Stuart, reine <strong>de</strong> <strong>France</strong> et dscosse, Paris, 1973, p. 79.( 5) A. Mougez, Histoire <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Valois, Paris, 1777 (cité par Armand Eu<strong>de</strong>l duGord, Recueil<strong>de</strong>fragments historiquessurles<strong>de</strong>miers Valois :HenriIl, Françoisll, CharlesZX,Henri ZZI (1547 à 1589), Paris, 1869, pp. 226-227).( 6) J. G<strong>au</strong><strong>de</strong>met, ((Légis<strong>la</strong>tion canonique et attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> séculières à l’égard du lien matrimonia<strong>la</strong>u XVII“’ siècle)), dans XVIP” siècle, no 102-103, 1974, p. 18.( 7) Brantome, op. cit., T. 3, pp. 351-352.

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