10.07.2015 Views

Fritz lang, M le maudit (1931) - Ecole des images

Fritz lang, M le maudit (1931) - Ecole des images

Fritz lang, M le maudit (1931) - Ecole des images

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

4­ Progression du si<strong>le</strong>nceIl faut aussi envisager <strong>le</strong> son dans sa linéarité : <strong>le</strong> schéma que nous proposons permet devisualiser en particulier comment <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce envahit peu à peu l’espace. Les parties hachuréesdu schéma ci­<strong>des</strong>sous (p. 9) désignent <strong>des</strong> moments d’ambiance si<strong>le</strong>ncieuse, moments qui sedistinguent <strong>des</strong> si<strong>le</strong>nces absolus que signa<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s parties noires.a) Effets de contrasteIl est faci<strong>le</strong> ainsi de repérer comment <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce progresse : <strong>le</strong>s ambiances si<strong>le</strong>ncieuses ne sontpas en el<strong>le</strong>s­mêmes angoissantes, mais el<strong>le</strong>s préfigurent ce que sera <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce de la fin. Ainsi<strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce du plan 2, quand <strong>le</strong>s enfants cessent de chanter, est clairement désigné commenégatif, puisque la mère dit ensuite que malgré ses paro<strong>le</strong>s macabres, <strong>le</strong> chant <strong>des</strong> enfantsprouve au moins <strong>le</strong>ur présence.Le premier si<strong>le</strong>nce absolu apparaît au plan 14, et c’est, comme par hasard, sur l’image ducoucou muet. Ce si<strong>le</strong>nce est d’autant plus perturbant qu’il fait contraste avec <strong>le</strong> bruit joyeuxdu plan 6 où <strong>le</strong> coucou sonnait <strong>le</strong>s douze coups de midi.b) Invasion progressive du si<strong>le</strong>nceA partir du plan 17 et jusqu’à la fin, <strong>le</strong> schéma montre comment <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce occupe peu à peude plus en plus de place, comme pour traduire la montée de l’angoisse et de la certitude que lafil<strong>le</strong>tte ne reviendra pas. L’absence de son permet de dire l’absence tout court. Le géniedramaturgique de Lang est particulièrement sensib<strong>le</strong> dans la façon dont sont réparties <strong>le</strong>szones de si<strong>le</strong>nce et <strong>le</strong>s zones de son : Lang ne se contente pas de faire augmenter la quantitéde vide acoustique, mais il <strong>le</strong> fait ressortir par contraste avec <strong>le</strong> cri de la mère qui déchire <strong>le</strong>si<strong>le</strong>nce de façon de plus en plus resserrée (cf. plans 20 à 25).L’alternance de si<strong>le</strong>nce et de cri traduit l’angoisse, mais <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce total de la fin est encorepire, car il s’agit alors de dire l’irrémédiab<strong>le</strong>. D’ail<strong>le</strong>urs, peut­être par réf<strong>le</strong>xe de défense, laplupart <strong>des</strong> spectateurs croient se rappe<strong>le</strong>r que <strong>le</strong> cri de la mère est répété sur <strong>le</strong>s plans de fin(27 et 28), quand on voit <strong>le</strong>s ballons rou<strong>le</strong>r et s’envo<strong>le</strong>r, c’est­à­dire quand on comprend quela petite Elsie est morte.pl. 28 : dernier plan de la séquenceEn réalité ces plans sont absolument si<strong>le</strong>ncieux et ce si<strong>le</strong>nce est insoutenab<strong>le</strong> car il est signede mort.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!