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cahier 1 FR-HR

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Maude Barlow & Tony Clarke, militants activistesDessalement de l'eau de mer :une solution ?Tony Clarke : C'est une évidence, le dessalement n'est pas une solution à la crise actuelle. Appliquer cette méthodeéquivaut à vendre son âme au diable. Si elle permet d'alimenter certaines collectivités et certains pays, si elle estamenée à se développer dans les prochaines années, elle ne résoudra en aucun cas la crise mondiale de l'eau.Le coût du dessalement est très élevé et seuls les pays riches sont à l'heure actuelle en mesure de se permettre de tellesdépenses. Mais même si les coûts venaient à baisser, cette technique impliquerait toujours le gaspillage d'énormesquantités de combustibles fossiles. Et l'utilisation de ces combustibles contribue en grande partie au réchauffement dela planète, ce qui menace déjà aujourd'hui les sourcesd'eau douce.De plus, le dessalement engendre la production d'unsous-produit létal. Chaque litre d'eau traité donne untiers d'eau douce et deux tiers de saumure. Si elle estrejetée dans la mer à température élevée, cette saumureest un facteur majeur de pollution marine.Quoi qu'il en soit, il serait plus facile de renoncer auxpratiques actuelles qui provoquent la salinisation desressources d'eau douce que de mettre en œuvre desméthodes coûteuses et pollueuses de dessalement.sans plus aucune responsabilité des Etats. La privatisation esten marche.Avec une petite équipe d'une trentaine de militants, nous avonsvécu une expérience enrichissante à l'époque. Vu que nousn'avions aucun espace d'expression, nous nous sommesrépartis dans l'auditoire lors des séances plénières. Chacun ànotre tour, nous avons interpellé les dirigeants des grandesmultinationales par des remarques critiques. Cela a provoquéune certaine confusion parmi les 2.000 participants. Par cesactions, nous cassons le "consensus industriel" au profit de laprivatisation. Nous apportons des études, des cas concrets oùla privatisation est un échec. En même temps, nous apportonsdes alternatives à la gestion de l’eau. Nous tentons de fairecomprendre dans les sessions importantes qu'il y a d'autresmanières de voir les choses, qu'il existe d'autres points de vue.Ce type d'action directe est l'un de nos moyens de lutter, lorsde la conférence de Kyoto aussi.Mis à part votre présence dans ces grands événements,comment s'organise la résistance ?Tony Clarke : Nous travaillons en réseau avec de nombreusesmouvements et organisations à travers le monde en luttepour la même cause. Nous essayons d’identifier et de réunirtoutes ces personnes. En juillet 2001, quelque 1.200 personnesse sont réunies à Vancouver pour la conférence "De l'eaupour les gens et la nature". Ce fut un grand événement car desmilitants du monde entier ont pu se rassembler pour coordonneret renforcer leur lutte.Des exemples de résistance sont aujourd'hui mondialementconnus. Je pense par exemple à la mobilisation des habitantsde Cochabamba en Bolivie qui ont remporté une victoire historiquecontre un consortium d'entreprises qui avait pris encharge le réseau de distribution et d'assainissement en eau dela ville. La gestion est à présent assurée par l'administrationcommunale en concertation avec les usagers. Mais d'autresexemples sont également éloquents : des citoyens se mobilisentcontre la privatisation en Afrique du Sud, aux Philippines.Dans l'Etat indien du Kerala, la population s'est fortementmobilisée contre Coca-Cola. La lutte se passe aussi dans lespays industrialisés comme à Atlanta, où les usagers se sontunis pour lutter contre Suez qui leur fournissait une eau brunâtre.L'entreprise d'eau locale est ensuite redevenuepublique. Plus près de chez vous, il y a l'exemple français deGrenoble où les usagers ont obtenu gain de cause suite à unelongue protestation contre la privatisation de l'eau par Suez etune sombre affaire de corruption.Maude Barlow : Nous cherchons à rassembler les énergieset les compétences afin de créer un véritable mouvementinternational de résistance à la privatisation et de défense del'eau douce. Nous devons défendre nos droits et offrir desalternatives. Nous sommes persuadés qu’un autre monde estpossible…34 <strong>cahier</strong>oxfam - juin 2003

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