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Focus Alcool

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<strong>Focus</strong> I Mai 2010L’alcool est une substance banale, qui est consommée et appréciée enSuisse par beaucoup de gens, mais qui cause aussi des maladies, desaccidents et de la souffrance pour beaucoup d’autres. Cette coexistenceambiguë entre le plaisir et le danger marque nos relations aveccette substance psychoactive qu’est l’alcool. Parmi toutes les boissonsalcooliques, qui boit quoi et combien? Comment l’alcool agit-il dansle corps, quels sont les risques sanitaires et les problèmes sociauxpouvant résulter de sa consommation? Que peut faire la prévention?<strong>Alcool</strong>L’alcool: un bien culturel, un bien de consommation et une substancepsychoactiveDe mémoire d’homme, l’alcool a toujours étéutilisé comme produit alimentaire, thérapeutique,d’agrément et comme stupéfiant. Labière, le vin et les alcools distillés dans noscontrées, le lait de jument fermenté ou encorel’alcool de cactus ailleurs étaient et sont desbiens culturels et de consommation revêtantune importance symbolique et économique.Lorsqu’environ 80% des personnes âgées de15 ans ou plus boivent plus ou moins fréquemmentde l’alcool, il ne fait aucun doute que cedernier est culturellement valorisé.En Suisse, près d’une personne sur deux connaîten outre quelqu’un qui a un problème d’alcool.On estime à environ 300 000 le nombre de personnesalcoolodépendantes vivant en Suisse.La substanceLe mot «alcool» est d’origine arabe (al-kul) etsignifie quelque chose comme «le plus fin».Les alchimistes du Moyen Age le considéraientcomme le «substrat des choses»; cettereprésentation s’est retrouvée ultérieurementdans «l’esprit-de-vin» et se reflète aujourd’huiencore dans la notion d’«eau-de-vie» (aquavitae). Le fait que toutes les boissons alcooliquescontiennent le même «spiritus» (esprit)n’a été reconnu qu’au cours du 17 e siècle. Lessciences naturelles modernes ont alors permisde découvrir la structure chimique de l’alcoolque l’on désigne maintenant par le terme génériqued’alcool éthylique (éthanol, C2H5OH).L’éthanol est un liquide incolore, qui brûle lagorge lorsqu’on le boit.L’éthanol, appelé aussi alcool de bouche, estle produit de la fermentation de matièrescontenant des hydrates de carbone commeles fruits, les céréales ou les pommes de terre.Par fermentation naturelle, l’alcool atteintune concentration maximale de 18° (degrés)ou % vol. (pourcentage volumétrique). En distillantl’alcool issu de la fermentation, la teneuren alcool peut encore être augmentée jusqu’à80 % vol. pour les spiritueux. La fermentationou la distillation peut produire aussi d’autresalcools hautement toxiques, comme le méthanolet des sous-produits tels que les aldéhydesou l’huile de fusel. L’éthanol peut aussi être élaborépar synthèse; il est alors utilisé comme alcoolindustriel dans la fabrication de colorantset de médicaments.


l’adolescence. Il ressort de I’étude HBSC de2006 qu’environ un quart des garçons de 15ans boivent de l’alcool chaque semaine. C’estle cas de presque 18% des filles du mêmeâge. Le nombre des adolescents buvant deI’alcool toutes les semaines avait augmentédrastiquement en 2002 pour régresser ànouveau en 2006. Ce pourcentage demeurenéanmoins plus élevé qu’en 1998 et qu’aucours des années précédentes. Par rapport à2002, le taux des adolescents de 15 ans qui sesont enivrés à plusieurs reprises dans leur viea lui aussi diminué, tout en restant plus importantqu’en 1998 et précédemment. Ainsi,dans le cadre de I’enquête 2006, près de 30%des garçons et près de 20% des filles de 15 ansont indiqué avoir été ivres au moins deux foisdans leur vie.• La moitié de l’alcool consommé en Suisse enune année l’est par 12.5% de la populationde 15 ans et plus. Une partie importante del’alcool consommé l’est donc par une petitepartie de la population.• On estime à environ 300 000 le nombre depersonnes alcoolodépendantes vivant enSuisse.Sources: www.addiction-info.chQu’est-ce qu’un verrestandard?Dans la recherche et la prévention en matièred’alcool, la quantité d’alcool bue estsouvent calculée en verres ou en «verresstandard». Un verre standard contientla quantité d’alcool généralement serviedans un établissement public:1 petit verre 1 verre 1 verre ded’alcool fort de vin de bièreConsommation d’alcool à faible risque, problématique et dépendanceOn établit généralement une distinction entreconsommation à faible risque, consommationproblématique et consommation addictive.On considère une consommation comme impliquantpeu de risques lorsque la personneboit modérément et de façon adaptée à la situation.Des facteurs tels que l’âge, le sexe, laquantité d’alcool et le contexte de la consommationjouent un rôle important à cet égard.En ce qui concerne la consommation d’alcoolproblématique, on fait une différence entre:• Consommation chronique à risque: Les valeurslimites se situent autour de 20 gr d’alcoolpur par jour pour les femmes et de 40 grpour les hommes, ce qui correspond respectivementà deux et quatre verres standard.• Ivresse ponctuelle ou abus épisodique: Dansla recherche internationale en alcoologie,on parle d’«ivresse ponctuelle» lorsque deshommes boivent cinq verres standard ou pluset des femmes quatre verres ou plus par occasion.• Consommation d’alcool inadaptée à la situation.Un tel mode de consommation intervientlorsque la consommation est inadaptéeà certaines situations, c’est-à-dire qu’elle impliquedes risques (par ex. au travail, sur laroute, pendant la grossesse, lors de la prisesimultanée de médicaments, etc.).En Suisse, plus d’un million de personnes ontune consommation problématique d’alcool:105 000 femmes et hommes consomment demanière chronique beaucoup trop d’alcool,782 000 en consomment trop au moins deuxfois dans le mois («ivresse ponctuelle») et155 000 personnes présentent ces deux comportementproblématiques (ISPA 2005). À cela<strong>Alcool</strong>odépendances’ajoutent les personnes qui ont une consommationd’alcool inadaptée à la situation – toutefoisaucune statistique n’existe à cet égard.Le passage d’une consommation problématiqueà la dépendance s’effectue imperceptiblement.La dépendance à l’alcool ne se définitpas par la quantité consommée, mais constitueune maladie diagnostiquée au moyen decritères déterminés définis internationalement(voir encadré).Pour le diagnostic d’«alcoolodépendance» («alcoolisme» dans le langage courant), l’Organisationmondiale de la santé (OMS) a défini les critères suivants:• Un désir puissant de prendre de l’alcool• Une difficulté à contrôler la consommation• Une poursuite de la consommation malgré des conséquences nocives• Un désinvestissement progressif des autres activités et obligations au profit de la consommationde cette drogue• Une tolérance accrue• Un syndrome de sevrage physiqueLe diagnostic d’alcoolodépendance est posé lorsque trois de ces critères au moins sontremplis.


L’absorption et l’élimination de l’alcool dans l’organismeAprès avoir été absorbé par le sang via la bouche, la gorge et le système digestif, l’alcool (éthanol) se diffuse par voie sanguine dans tous lesorganes et toutes les parties du corps. La concentration d’alcool dans le sang (alcoolémie) augmente en fonction de la quantité absorbée; ceprocessus est également influencé par la rapidité de la consommation et par les aliments contenus dans l’estomac. Le taux d’alcool maximal estatteint après environ une heure. Du fait de la différence de la proportion de liquide corporel et de tissus adipeux entre les hommes et les femmesde poids corporel identique, une même quantité consommée entraîne une alcoolémie plus élevée chez les femmes.L’alcool est en très grande partie éliminé par le métabolisme à l’aide de diverses enzymes. Ce processus se passe essentiellement dans le foie.Dans un premier temps, l’alcool est transformé par l’enzyme alcool déshydrogénase (ADH) en acétaldéhyde. Dans un deuxième temps, l’acétaldéhydeest métabolisé en acétate (acide acétique) par l’enzyme acétaldéhyde déshydrogénase (ALHD) et éliminé. Des différences liées au sexe, àl’âge et à la génétique influencent ce processus métabolique, ce qui explique pourquoi tout le monde ne réagit pas de la même manière à l’alcool.L’effet immédiat de l’alcoolL’alcool passant immédiatement dans le sang,les premiers effets se manifestent très vite:sensation de chaleur, bien-être, détente, gaieté,besoin de parler. Les effets de l’alcool nesont pas toujours perçus ni estimés correctementpar la personne elle-même. L’alcool faitque la capacité de discernement diminue etque la personne a tendance à se surestimer.Les indications ci-dessous à propos des effetsde l’alcool et l’alcoolémie s’appliquent auxadultes et doivent être considérées uniquementcomme des points de réfé rence. La manièredont un taux d’alcool donné se manifesteconcrètement varie d’une personne à l’autre.Chez les jeunes, on doit s’attendre à des altérationsà des taux nettement moins élevés.Chez les enfants et les adolescents, l’alcoolpeut conduire à la mort même lorsqu’il est buen quantités plus faibles.0,2 à 0,5 pour mille:• Légère diminution de l’acuité visuelle et auditive• Relâchement de l’attention, de la concentrationet augmentation du temps de réaction• L’esprit critique et la capacité de jugementsont altérés et la propension à prendre desrisques augmentedès 0,5 pour mille:• Problème de vision nocturne• Troubles de l’équilibre• Problèmes de concentration, modificationnette du temps de réaction• La désinhibition et la surestimation de soiaugmententdès 0,8 pour mille:• Réduction accrue de l’acuité visuelle, la perceptiondes objets et la vision spatiale sontaltérées, le champ visuel se rétrécit (visiontubulaire)• Troubles croissants de l’équilibre• Difficultés de concentration marquées, netallongement du temps de réaction• Surestimation croissante de soi, euphorie,désinhibition croissante1,0 à 2,0 pour mille: stade de l’ivresse• Péjoration de la vision spatiale et de l’adaptationaux passages de la clarté à l’obscurité• Troubles importants de l’équilibre• Déficits d’attention et de concentration,temps de réaction considérablement perturbé,confusion, troubles du langage, troublesde l’orientation• Importante surestimation de soi du fait de ladésinhibition et de la perte de l’esprit critique2,0 à 3,0 pour mille: stade de la torpeur• Troubles marqués de l’équilibre et de laconcentration, capacité de réaction pratiquementinexistante• Relâchement musculaire• Troubles de la mémoire et de la con science,confusion• Vomissements3,0 à 5,0 pour mille: stade du coma• à partir de 3,0 pour mille: perte de conscience,amnésie, respiration faible, baissede la température, perte des réflexes• à partir de 4,0 pour mille: paralysies, comaavec perte des réflexes, mictions involontaires,arrêt respiratoire et mort


Les risques et dégâtsLa consommation d’alcool implique des risquesqui peuvent être d’ordre physique, psychique etsocial. En ce qui concerne tous les dégâts occasionnéspar l’alcool, que ce soit en raison d’uneconsommation aiguë ou chronique, il faut établirune différence de principe entre les conséquencespour l’individu et les conséquencespour la population et la société.Les dommages physiques etpsychiquesLe potentiel toxique de l’alcool peut porterpréjudice à pratiquement tous les organes ducorps humain. Plus de soixante maladies ethandicaps sont associés de façon attestée à laconsommation d’alcool. Et ce n’est pas seulementla quantité consommée qui est déterminante,mais aussi la manière de boire.A côté des nombreuses conséquences négativespour la santé, on considère commeacquis qu’une consommation régulière modérée(un à deux verres par jour) permet defaire baisser le risque de souffrir de maladiescoronariennes, d’attaques et de diabète detype II et d’en mourir.La consommation excessive chronique d’alcool est la cause ou une des causesdes maladies suivantes:Tumeurs malignes:Système cardiovasculaire:Système digestif:Système immunitaire:Système nerveux:Conséquences psychiatriques:Conséquences pour les descendants:Bouche, gorge et œsophageLarynxPancréasFoieGlande mammaireCardiomyopathieHypertensionGastritesPancréatiteStéatoseHépatite alcooliqueCirrhose du foieRisque infectieux accru(maladies bactériennes et virales)Polyneuropathie alcooliqueDémence alcoolique et atrophie du cerveauEncéphalopathie de WernickeSyndrome de KorsakowMyopathie alcoolique<strong>Alcool</strong>odépendanceSyndrome de sevrage alcooliqueDélire alcoolique (delirium tremens)Hallucinations alcooliquesSyndrome d’alcoolisation fœtaleEffets fœtaux alcooliquesLes dommages et les coûtssociauxEn ce qui concerne les problèmes et les coûtssociaux liés à l’alcool, il est difficile d’établirune liste précise, car beaucoup de donnéessont encore manquantes. De plus, il est difficilede déterminer dans quelle mesure laconsommation d’alcool joue un rôle dans lesaccidents, la criminalité, les suicides, etc. Onpeut néanmoins retenir pour la Suisse les faitssuivants (www.addiction-info.ch):• Dans les pays occidentaux industrialisésdont la Suisse fait partie, la consommationd’alcool est le troisième facteur de risquedéterminant les dépenses sociales liées auxmaladies (après la consommation de tabacet l’hypertension). La charge incombant ausystème de santé est du même ordre. EnSuisse, plus de 2000 personnes meurentchaque année des conséquences de maladiesou d’accidents dus à l’alcool. Cela correspondà la perte prématurée de l’ordre de30 000 années de vie par an.• En 2007, 55 personnes ont perdu la vie dansdes accidents dans lesquels l’alcool a jouéun rôle. Ce qui correspond à 14% de tous lesdécès sur la route en Suisse.• On estime que 17% des blessures par accidentsou par violence chez les hommes et12% chez les femmes sont liés à l’alcool.• Environ une condamnation sur six prononcéesen Suisse en 2006 concernait le délitde «conduite en état d’ébriété» (18 163condamnations), ce qui indique une chargeimportante pour le système policier et judiciairedu fait de délits liés à l’alcool.• On estime qu’en 2007, 40 à 150 enfants nouveau-nésont présenté un syndrome d’alcoolisationfœtale et 300 des effets fœtauxalcooliques.• Selon des estimations, 100 000 enfants viventen Suisse dans des familles dont l’un des parentsa un problème d’alcool.• Le coût social de la consommation d’alcoolpour l’économie suisse se monte à environ6,7 milliards de francs par an, ce qui correspondà 900 francs par personne vivant enSuisse. Les taxes prélevées sur la vente desboissons alcooliques (env. 360 millions defrancs) ne couvrent donc de loin pas le coûtsocial généré par la consommation d’alcool.

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