J'ai toutes les prétentions possibles! S'il y a eu bonne chance dans la manière dontHarry et moi nous avons découvert ce gîte, pourquoi cette chance ne continuerait-ellepas jusqu'au bout?" L'explosion de la dynamite se produisit. Un roulement sourd sepropagea à travers le réseau des galeries souterraines.James Starr, Madge, Harry et Simon Ford revinrent aussitôt vers la paroi de lacaverne."Monsieur James! monsieur James! s'écria le vieil overman. voyez! La porte estenfoncée!..." Cette <strong>com</strong>paraison de Simon Ford était justifiée par l'apparition d'uneexcavation, dont on ne pouvait estimer la profondeur.Harry allait s'élancer par l'ouverture...L'ingénieur, extrêmement surpris, d'ailleurs, de trouver là cette cavité, retint le jeunemineur."Laisse le temps à l'air intérieur de se purifier, dit-il.- Oui! gare aux mofettes!" s'écria Simon Ford.Un quart d'heure se passa dans une anxieuse attente. Le fanal, placé au bout d'unbâton, fut alors introduit dans l'excavation et continua de brûler avec un inaltérableéclat."Va donc, Harry, dit James Starr, nous te suivrons." L'ouverture produite par ladynamite était plus que suffisante pour qu'un homme pût y passer.Harry, le fanal à la main, s'y introduisit sans hésiter et disparut dans les ténèbres.James Starr, Simon Ford et Madge, immobiles, attendaient.Une minute - qui leur parut bien longue - s'écoula. Harry ne reparaissait pas, iln'appelait pas. En s'approchant de l'orifice, James Starr n'aperçut même plus la lueurde sa lampe, qui aurait dû éclairer cette sombre cavité.Le sol avait-il donc manqué subitement sous les pieds d'Harry? Le jeune mineur était-iltombé dans quelque anfractuosité? Sa voix ne pouvait-elle plus arriver jusqu'à ses<strong>com</strong>pagnons?Le vieil overman, ne voulant rien écouter, allait s'introduire à son tour par l'orifice,lorsque parut une lueur, vague d'abord, qui se renforça peu à peu, et Harry fitentendre ces paroles:"Venez, monsieur Starr! venez, mon père! La route est libre dans la Nouvelle-Aberfoyle."IXLA NOUVELLE-ABERFOYLESi, par quelque puissance surhumaine, des ingénieurs eussent pu enlever d'un bloc etsur une épaisseur de mille pieds toute cette portion de la croûte terrestre qui supportecet ensemble de lacs, de fleuves, de golfes et les territoires riverains des <strong>com</strong>tés deStirling, de Dumbarton et de Renfrew, ils auraient trouvé, sous cet énorme couvercle,une excavation immense, et telle qu'il n'en existait qu'une autre au monde qui pût luiêtre <strong>com</strong>parée, la célèbre grotte de Mammouth, dans le Kentucky.Cette excavation se <strong>com</strong>posait de plusieurs centaines d'alvéoles, de toutes formes etde toutes grandeurs. On eût dit une ruche, avec ses nombreux étages de cellules,capricieusement disposées, mais une ruche construite sur une vaste échelle, et qui, aulieu d'abeilles, eût suffi à loger tous les ichthyosaures, les mégathériums, et lesptérodactyles de l'époque géologique!32
Un labyrinthe de galeries, les unes plus élevées que les plus hautes voûtes descathédrales, les autres semblables à des contrenefs, rétrécies et tortueuses, celles-cisuivant la ligne horizontale, celles-là remontant ou descendant obliquement en toutesdirections, - réunissaient ces cavités et laissaient libre <strong>com</strong>munication entre elles.<strong>Les</strong> piliers qui soutenaient ces voûtes, dont la courbe admettait tous les styles, lesépaisses murailles, solidement assises entre les galeries, les nefs elles-mêmes, danscet étage des terrains secondaires, étaient faits de grès et de roches schisteuses.Mais, entre ces couches inutilisables, et puissamment pressées par elles, couraientd'admirables veines de charbon, <strong>com</strong>me si le sang noir de cette étrange houillère eûtcirculé à travers leur inextricable réseau. Ces gisements se développaient sur uneétendue de quarante milles du nord au sud, et ils s'enfonçaient même sous le canal duNord. L'importance de ce bassin n'aurait pu être évaluée qu'après sondages, mais elledevait dépasser celle des couches carbonifères de Cardiff, dans le pays de Galles, etdes gisements de Newcastle, dans le <strong>com</strong>té de Northumberland.Il faut ajouter que l'exploitation de cette houillère allait être singulièrement facilitée,puisque, par une disposition bizarre des terrains secondaires, par un inexplicableretrait des matières minérales à l'époque géologique où ce massif se solidifiait, lanature avait déjà multiplié les galeries et les tunnels de la Nouvelle-Aberfoyle.Oui, la nature seule! On aurait pu croire, tout d'abord, à la découverte de quelqueexploitation abandonnée depuis des siècles. Il n'en était rien. On ne délaisse pas detelles richesses. <strong>Les</strong> termites humains n'avaient jamais rongé cette portion du sous-solde l'Écosse, et c'était la nature qui avait ainsi fait les choses.Mais, on le répète, nul hypogée de l'époque égyptienne, nulle cata<strong>com</strong>be de l'époqueromaine, n'auraient pu lui être <strong>com</strong>parés,- si ce n'est les célèbres grottes deMammouth, qui, sur une longueur de plus de vingt milles, <strong>com</strong>ptent deux cent vingtsixavenues, onze lacs, sept rivières, huit cataractes, trente-deux puits insondables etcinquante-sept dômes, dont quelques-uns sont suspendus à plus de quatre centcinquante pieds de hauteur.Ainsi que ces grottes, la Nouvelle-Aberfoyle était, non l'oeuvre des hommes, maisl'oeuvre du Créateur.Tel était ce nouveau domaine, d'une in<strong>com</strong>parable richesse, dont la découverteappartenait en propre au vieil overman. Dix ans de séjour dans l'ancienne houillère,une rare persistance de recherches, une foi absolue, soutenue par un merveilleuxinstinct de mineur, il lui avait fallu toutes ces conditions réunies pour réussir, là oùtant d'autres auraient échoué. Pourquoi les sondages, pratiqués sous la direction deJames Starr, pendant les dernières années d'exploitation, s'étaient-ils précisémentarrêtés à cette limite, sur la frontière même de la nouvelle mine? cela était dû auhasard, dont la part est grande dans les recherches de ce genre.Quoi qu'il en soit, il y avait là, dans le sous-sol écossais, une sorte de <strong>com</strong>tésouterrain, auquel il ne manquait, pour être habitable, que les rayons du soleil, ou, àson défaut, la clarté d'un astre spécial.L'eau y était localisée dans certaines dépressions, formant de vastes étangs, ou mêmedes lacs plus grands que le lac Katrine, situé précisément au-dessus. Sans doute, ceslacs n'avaient pas le mouvement des eaux, les courants, le ressac. Ils ne reflétaientpas la silhouette de quelque vieux château gothique. Ni les bouleaux ni les chênes nese penchaient sur leurs rives, les montagnes n'allongeaient pas de grandes ombres àleur surface, les steamboats ne les sillonnaient pas, aucune lumière ne se réverbéraitdans leurs eaux, le soleil ne les imprégnait pas de ses rayons éclatants, la lune ne selevait jamais sur leur horizon. Et pourtant, ces lacs profonds, dont la brise ne ridaitpas le miroir, n'auraient pas été sans charme, à la lumière de quelque astre électrique,et, réunis par un lacet de canaux, ils <strong>com</strong>plétaient bien la géographie de cet étrangedomaine.Quoiqu'il fût impropre à toute production végétale, ce sous-sol eût, cependant, puservir de demeure à toute une population. Et qui sait si, dans ces milieux à33
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