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Francois de Singly : « Le divorce, c'est le droit de ... - Armand Colin

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14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 0003 DEC 11Hebdomadaire ParisOJD : 422851Surface approx. (cm²) : 1616N° <strong>de</strong> page : 130Page 3/3Pour moi <strong>le</strong> point <strong>de</strong> départ estla liberté interieure Sans cela,<strong>le</strong>s femmes ne sont que <strong>de</strong>spetites fil<strong>le</strong>s qui s'agrippentà lautre pour survivre ll fautcesser <strong>de</strong> raconter <strong>de</strong>s contes<strong>de</strong> fées aux petites fil<strong>le</strong>sDe « Peau d'âne » à « Blanche-Neige », ils font l'éloge <strong>de</strong> laparfaite petite ménagère quis'accomplit en secret avant<strong>de</strong> trouver son prince avec<strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> s'acoquinera à vie- Mais se séparer... ça n'est pasun conte <strong>de</strong> fées non plus !La « déconjugalisation », écrivezvous,<strong>Francois</strong> <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>, est <strong>le</strong>nteet douloureuse...<strong>Francois</strong> <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>. - En effet 11 ya là un paradoxe ce n'est pasparce qu el<strong>le</strong> est bana<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong>est faci<strong>le</strong> On ne se sépare pasen claquant <strong>de</strong>s doigts, mêmeauiourd'hui, et même chez <strong>le</strong>s<strong>le</strong>unes générations La théorie<strong>de</strong> la porte claquée n'existepas On procè<strong>de</strong> par al<strong>le</strong>r etretour, avec <strong>de</strong> nombreusestentations <strong>de</strong> revenir ensemb<strong>le</strong>Et souvent, on a besoin <strong>de</strong>CHAQUE CONJOINT ATTENDDE LAUTRE QUI L LE POUSSE À ALLERVERS SON PROPRE CHEMINAFrançois dè <strong>Singly</strong>étaient la moitié <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur hommeCes femmes qui disent, parexemp<strong>le</strong> « <strong>Le</strong> jour où il mequitte je meurs 1 » Quel enfer 1François <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>. - Ces femmes sontdans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> traditionnel du« ie = nous » El<strong>le</strong>s sont auiourd'huiminoritaires La plupart <strong>de</strong>s femmessont dans une logique <strong>de</strong><strong>le</strong>xpérience et <strong>de</strong> la quête <strong>de</strong> soià travers I autre On forme uncoup<strong>le</strong>, on se sépare, et on granditau fil <strong>de</strong> ces expériences sans quecela soit considéré comme un échec- Sauf si l'on s'effondre !Véronique Olmi. - Maîs on nes'effondre pas si l'on est un individusingulier, bien différent <strong>de</strong> l'autre;;I ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s amis, <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> ou d'unamant <strong>de</strong> passage pour y parvenirVéronique Olmi.- Oui, <strong>c'est</strong>douloureux, merci <strong>de</strong> <strong>le</strong> rappe<strong>le</strong>r 1Aujourd'hui, il y a un déni total duchagrin et du <strong>de</strong>uil On est dans<strong>le</strong> fantasme <strong>de</strong> la « veuve (oyeuse »,on <strong>de</strong>vrait être gaie à tout prix,et surtout ne pas p<strong>le</strong>urer troplongtemps Dans mes romans, mespersonnages se déchirent, sont àterre, <strong>le</strong>ur mascara cou<strong>le</strong> ll y a <strong>de</strong>la passion, du chagrin et aussi <strong>de</strong> lalouissance dans <strong>le</strong> fait <strong>de</strong> se séparerFrançois <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>. - J'adore vospersonnages, qui partent,reviennent, tentent <strong>de</strong> s'éloigner,sont englués dans <strong>le</strong>ure souvenirsVéronique Olmi.- Même éloigné,l'autre continue à vivre en nousCe n est pas parce qu on ne vit plusensemb<strong>le</strong> au quotidien qu on l'aoublié <strong>le</strong> déteste l'idée <strong>de</strong> rompretota<strong>le</strong>ment, d'entacher la mémoire<strong>de</strong> l'autre, <strong>de</strong> dire du mal duconjoint aux enfants Je n'aime pasla tendance aux « fêtes <strong>de</strong> <strong>divorce</strong> »où I on brû<strong>le</strong> <strong>de</strong>s <strong>le</strong>ttres <strong>de</strong> façonhystérique On peut aimer un certaintemps, sans se hair ensuite CommeIe dit Mane, mon héroïne « Ex nese conjugue qu au possessif »Si on dit « mon ex », e est qu'il n estpas sorti <strong>de</strong> notre vie On <strong>de</strong>vraitau contraire célébrer ensemb<strong>le</strong> <strong>le</strong>sbons moments du passéFrançois <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>. - Cette complicitéentre « ex » est très nouvel<strong>le</strong> auregard <strong>de</strong> l'Histoire <strong>Le</strong>x n est plusnotre pire ennemi ' ll y a d'ail<strong>le</strong>ursune vraie tendance <strong>de</strong>puisquèlques années, à rechercherson premier amour, via Facebookou <strong>le</strong>s sites <strong>de</strong> retrouvail<strong>le</strong>s- C'est précisément ce que fait votrehéroïne. Véronique Olmi, dans votreroman « <strong>le</strong> Premier Amour » !Veronique Olmi.-Oui, un beau]our el<strong>le</strong> monte dans sa voiturepour retrouver Dano, l'amour <strong>de</strong>ses 16 ans Vous ne pouvez passavoir <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> <strong>le</strong>ctrices,dans <strong>de</strong>s Salons du livre ou dans<strong>de</strong>s <strong>le</strong>ttres, qui m'ont avoué avoirfait la même choseFrançois <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>. - Cela prouve àquel point <strong>le</strong> passe nous est procheAux yeux du sociologue que ie suis,ce retour vers <strong>le</strong> premier amourest moins une tentation <strong>de</strong> renoueravec l'autre que <strong>de</strong> se retrouversoi-même C'est encore ce fameux«soi » que l'on cherche au boutdu chemin, fût-ce dans <strong>le</strong> passéCela prouve que, fina<strong>le</strong>ment,du mariage bourgeois du XIX' sièc<strong>le</strong>à l'union « entre coachs » du XXf,<strong>le</strong> mariage est touiours assezintéressé•( I ) Auteur <strong>de</strong> « Séparée vivre I experience<strong>de</strong> la rupture » éd <strong>Armand</strong> <strong>Colin</strong>(2) « <strong>Le</strong> mariage à amour a-t-il échoué? »éd Grasset 2010(3) « L Amour liqui<strong>de</strong> »coédition <strong>Le</strong> Rouergue-Chamèon 2004COLIN8417930300506/GPP/AZR/2Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


25 NOV 11Hebdomadaire ParisOJD : 370659149 RUE ANATOLE FRANCE92534 LEVALLOIS PERRET CEDEX - 01 41 34 60 00Surface approx. (cm²) : 1128N° <strong>de</strong> page : 133-134Page 1/2SEPARIESETHEUREUSKComment <strong>le</strong>s femmes vivent-el<strong>le</strong>s IQ rupture ?Dans son livre « Séparée », <strong>le</strong> sociologueFrançois <strong>de</strong> <strong>Singly</strong> nous révè<strong>le</strong> que cel<strong>le</strong>-ci est<strong>de</strong> moins en moins insurmontab<strong>le</strong> et <strong>de</strong> plus enplus synonyme d'émancipation. AnalyseQuand François <strong>de</strong> <strong>Singly</strong> s'est plonge, pour son nouveaulivre, « Séparée »*, dans <strong>le</strong>s récits d'une centaine<strong>de</strong> femmes racontant <strong>le</strong>ur separation, il a eu la surprise dètomber sur une constante dans ces histoires singulièrestoutes finissaient, apres la crise, <strong>le</strong>s déchirements, la dou<strong>le</strong>ur, par un « hymne a la liberation » Une joie sans comp<strong>le</strong>xe<strong>de</strong> se sentir libre, <strong>de</strong> renouer avec soi, <strong>de</strong> reprendre enmain sa <strong>de</strong>stinée Détail révélateur toutes, sans exception,racontaient <strong>le</strong> plaisir jubilatoire <strong>de</strong> gerer <strong>le</strong>ur temps commeel<strong>le</strong>s l'enten<strong>de</strong>nt Anecdotique 7 « C'est en fait une bel<strong>le</strong><strong>de</strong>finition <strong>de</strong> l'autonomie aujourd'hui, souligne <strong>le</strong> sociologue<strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> Avoir la maîtrise <strong>de</strong> son temps, sansdépendre <strong>de</strong> I autre, <strong>c'est</strong> rctrouv er la maîtrise sur soimême » Alors que trois séparations sur quatre sont dornan<strong>de</strong>es par <strong>le</strong>s femmes la rupture ne <strong>le</strong>ur fait-el<strong>le</strong> plus peur 7La separation libératoire n'est pas un thème nouveauII a émerge dans <strong>le</strong>s annees 70 quand <strong>le</strong>s femmes ontrevendique <strong>de</strong> ne plus être seu<strong>le</strong>ment une épouse - et unemere - au sen, ice <strong>de</strong> son man, exigeant d'être reconnuespour ce qu'el<strong>le</strong>s étaient el<strong>le</strong>s-mêmes Apres <strong>de</strong>s annees oua prime l'intérêt <strong>de</strong> l'enfant et ou separation rimait avec<strong>de</strong>pression, <strong>le</strong>s femmes reclament a nouveau <strong>le</strong> bonheur <strong>de</strong>se libérer <strong>de</strong>s <strong>Le</strong>ns du coup<strong>le</strong> « Tu verras, une fois ta <strong>de</strong>cisionprise, tu auras <strong>de</strong>s ai<strong>le</strong>s, rn avait prévenue ma meil<strong>le</strong>ureamie, raconte Elsa, 42 ans J avais <strong>le</strong> sentiment que, quoiqu'il arrive, je sortirais gagnante <strong>de</strong> notre tsunami conjugalsoit je restais parce qu on avait reg<strong>le</strong> nos problèmes, soit jepartais et une nouvel<strong>le</strong> v ie s'ou\ rait <strong>de</strong>v ant moi »Sur <strong>le</strong> moment, pourtant la <strong>de</strong>cision est toujours aussidiffici<strong>le</strong> a prendre angoisse <strong>de</strong> faire du mal aux enfants, <strong>de</strong>se retrouver seu<strong>le</strong>, <strong>de</strong> tomber dans <strong>le</strong>s statistiques sur I appauvrissement<strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s monoparenta<strong>le</strong>s « <strong>Le</strong>s femmespaient lour<strong>de</strong>ment <strong>le</strong> prix <strong>de</strong> la separation, a cause <strong>de</strong> I megalite <strong>de</strong>s salaires et <strong>de</strong>s carrières, reconnaît François <strong>de</strong> Smgly Maîs aucune ne dit av ec regret Si j av aïs su que ceserait M diffici<strong>le</strong> je serais restée ' Ce prix n est rien par rapport au sentiment <strong>de</strong> reprendre la main sur sa vie »On n'est plus pourtant au temps ou <strong>le</strong>s femmes avaient<strong>le</strong> sentiment <strong>de</strong> se fondre dans <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> et ou el<strong>le</strong>s étaientanéanties en cas <strong>de</strong> rupture « Quand j'ai <strong>divorce</strong>, j'ai toutperdu, raconte Françoise, dont la til<strong>le</strong> est el<strong>le</strong>-même en train<strong>de</strong> se séparer J étais l'assistante <strong>de</strong> mon mari, je n avais pas<strong>de</strong> vie socia<strong>le</strong> a part Du jour au <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main, jc n'étais plusrien Rien a v oir avec ma fil<strong>le</strong>, qui s cst mariée plus tard,avait déjà un travail, <strong>de</strong>s armes a el<strong>le</strong> El<strong>le</strong> ne s en rend pascompte, parce qu'el<strong>le</strong> souffre, maîs el<strong>le</strong> a la chance <strong>de</strong> pouvoircompter sur toutes ces ressources »Pour autant, ce sont toujours <strong>le</strong>s plus investies dans lacommunaute conjuga<strong>le</strong> qui en souffrent <strong>le</strong> plus « La vieconjuga<strong>le</strong> est comme un etablissement bancaire en cas <strong>de</strong>crise, <strong>de</strong> fermeture <strong>le</strong>s pertes sont proportionnel<strong>le</strong>s a I investissementsouligne François <strong>de</strong> <strong>Singly</strong> Toutes <strong>le</strong>sfemmes cherchent un equilibre entre <strong>le</strong> "nous qu el<strong>le</strong>sconstruisent av ec <strong>le</strong>ur conjoint et <strong>le</strong> 'je" Maîs quand el<strong>le</strong>sCOLIN0956030300507/XVR/ARL/2Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


25 NOV 11Hebdomadaire ParisOJD : 370659149 RUE ANATOLE FRANCE92534 LEVALLOIS PERRET CEDEX - 01 41 34 60 00Surface approx. (cm²) : 1128N° <strong>de</strong> page : 133-134Page 2/2t^^^wi »ont <strong>le</strong> sentiment <strong>de</strong> porter seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong> "nous", alors que l'autrefait passer en priorité son "je", el<strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>sréajustements ou finissent par partir »« J'avais l'impression <strong>de</strong> construire un "nous" touteseu<strong>le</strong> J'aurais aimé qu'il emmène <strong>le</strong>s enfants chez <strong>le</strong>mé<strong>de</strong>cin, qu'on soit un peu solidaires , raconte Céci<strong>le</strong>,mère <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> ll et 14 ans Je me sentais très seu<strong>le</strong>à l'intérieur <strong>de</strong> ce coup<strong>le</strong> J'avais l'impression <strong>de</strong> jouer <strong>de</strong>srô<strong>le</strong>s sans être jamais moi-même femme-enfant charmantemaîs irresponsab<strong>le</strong>, mère <strong>de</strong> famil<strong>le</strong> qui assumetout, déjà un peu mere célibataire sans l'être, fil<strong>le</strong> névroséequi s'engueu<strong>le</strong> avec son mec et se plaint que <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> vamal. » Avec la separation, raconte t-el<strong>le</strong>, « tous ces stéréotypesont valsé. Je n'avais plus un homme sur <strong>le</strong> dos pourme critiquer. Je me suis sentie super libre d'être moimêmeUn grand soulagement »« Même s'ils participent davantage qu'avant à la vie <strong>de</strong>famil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s hommes ne comprennent pas toujours que <strong>le</strong>sfemmes atten<strong>de</strong>nt aussi d'eux qu'ils s'investissent dans cequi fait cohésion », souligne François <strong>de</strong> Srngly l'organisation<strong>de</strong>s vacances et <strong>de</strong>s week-ends, <strong>le</strong>s achats <strong>de</strong> Noel,mais encore l'interrogation sur <strong>le</strong> coup<strong>le</strong>, l'investissementdans la sexualité « J'ai fait six ans <strong>de</strong> thérapie <strong>de</strong> coup<strong>le</strong>seu<strong>le</strong>, ironise Elsa. J'aurais dû lui en faire payer la moitié »<strong>Le</strong> conjoint <strong>de</strong> Mira, papa pou<strong>le</strong>, ne voyait pas non plusoù était <strong>le</strong> problème « II était hyper angoissé et me faisait<strong>de</strong>s reproches sur tout II était entré dans une espèce <strong>de</strong>compétition à qui était <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur parent Tout était unenjeu <strong>le</strong>s courses, <strong>le</strong>s repas, <strong>le</strong>s départs en vacances . Ildisait on part à 10 heures, il s'asseyait au volant, mettait<strong>le</strong>s enfants à l'arrière, et ne bougeait pas jusqu'à ce quej'aie fini <strong>le</strong>s valises Un jour, en forêt, <strong>le</strong>s enfants étaientheureux, il tirait la gueu<strong>le</strong>, je me suis dit que ce n'était pluspossib<strong>le</strong> » Un an après, sa fil<strong>le</strong> lui a confié « Maman, jene savais pas que tu étais quelqu'un <strong>de</strong> si gai »Mira tient à <strong>le</strong> souligner : « Je suis partie parce que notrevie familia<strong>le</strong> était un enfer, pas parce que je ne m'épanouissaispas. » El<strong>le</strong> ne se reconnaît pas dans ces copmesqui partent parce que <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> entrave <strong>le</strong>ur « développementpersonnel » <strong>Le</strong> terme lui-même la met mal à l'aiseComme si l'autre n'était qu'un outil que l'on jette quand onn'en a plus besoin Pourtant, <strong>c'est</strong> <strong>de</strong> plus en plus une raison<strong>de</strong> rupture, en particulier chez <strong>le</strong>s trentenaires, révè<strong>le</strong>François <strong>de</strong> Srngly. Dans un livre qui sème la polémique enSuè<strong>de</strong>, « Happy Happy », hymne au <strong>divorce</strong> signé par unedizaine <strong>de</strong> personnalités « libérées », la fondatrice d'unparti féministe revendique la séparation comme une« étape du développement personnel » Maîs <strong>de</strong> quoi par<strong>le</strong>t-on' Pour François <strong>de</strong> Smgly « La jeune femme qui s'estmise en coup<strong>le</strong> lorsqu'el<strong>le</strong> était étudiante ou quand el<strong>le</strong> selançait dans la vie active a parfois <strong>le</strong> sentiment que soncompagnon ne comprend pas qui el<strong>le</strong> est <strong>de</strong>venue. » II veut<strong>de</strong>s enfants, pas el<strong>le</strong> Li<strong>le</strong> était dépendante <strong>de</strong> ses encouragements,el<strong>le</strong> ne l'est plus « Si la vie à <strong>de</strong>ux n'est plus unenvironnement favorab<strong>le</strong> à son développement, el<strong>le</strong> estprête à passer à une autre séquence <strong>de</strong> sa vie », ajoute <strong>le</strong>sociologue Sans regret ni haine.« On croît à l'amour toujours, raconte Danie<strong>le</strong>, 36 ans.On se marie même, parce que <strong>c'est</strong> rassurant » Maîs, entre22 ans et 30 ans, on évolue beaucoup, ct l'autre pas toujoursC'est ce qui est arrive a Danie<strong>le</strong> « Au bout <strong>de</strong> huitans <strong>de</strong> vie commune, à <strong>le</strong> voir avec <strong>le</strong>s mêmes copains,fumer <strong>de</strong>s pétards en rentrant, et l'entendre me dire quej'étais une inadaptée professionnel<strong>le</strong> qui n'arriverait jamaisa rien, parce que ça l'arrangeait que je reste dépendante <strong>de</strong>lui, j'ai craqué II ne voulait pas me voir <strong>de</strong>venir femme Jecommençais à bosser, j'ai rencontre un homme qui m'aregardée avec confiance, ça a été <strong>le</strong> détonateur Je suis partieet cette décision m'a boostee Très vite, j'ai réussi professionnel<strong>le</strong>ment,j'ai fondé une famil<strong>le</strong>. <strong>Le</strong> quitter m'a tota<strong>le</strong>mentlibérée J'ai, <strong>de</strong>puis, une foi absolue en ma capacité àfaire face aux aléas <strong>de</strong> la vie » II y a <strong>de</strong> la vie après la séparationSeu<strong>le</strong> ou a <strong>de</strong>uxISABELLE DURIEZ* « Séparée vivre I exper ence <strong>de</strong> a rupture » [ed <strong>Armand</strong> Col ri)RUPTURE : CE QU'ELLES NE DISENT PAS<strong>Le</strong>s femmes interrogées dans « Séparée... » ne mettent jamaisl'insatisfaction sexuel<strong>le</strong> en avant pour expliquer <strong>le</strong>ur rupture.« Cest vrai, el<strong>le</strong>s n'en ont pas parlé lors <strong>de</strong>s entretiens, saufen cas d'infidélité », observe l'auteur, François <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>. Dans<strong>le</strong>s cabinets <strong>de</strong>s psys, <strong>c'est</strong> pourtant une si ce n'est LA raisoncachée <strong>de</strong>s séparations. « Ce n'est pas ce qui est dit aupremier abord, mais ce que l'on découvre, témoigne lapsychanalyste et psychothérapeute <strong>de</strong> coup<strong>le</strong> Martine Teillac.Mais on peut s'interroger : qu'est


16 NOV 11Quotidien ParisOJD : 11310811 RUE BERANGER75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89Surface approx. (cm²) : 727N° <strong>de</strong> page : 22-23DÉSAMOUR Pourquoi <strong>le</strong>s femmessont-el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> moteur <strong>de</strong>s séparations?Entretien avec <strong>le</strong> sociologue François<strong>de</strong> <strong>Singly</strong>, qui publie un livre-enquête.«<strong>Le</strong> <strong>divorce</strong> estune revendicationféminine»Page 1/3Recueilli par CHARLOTTE ROTMANMaud a déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>divorce</strong>raprès plusieurs années <strong>de</strong> doute. «C'était<strong>le</strong> grand bonheur. Jesouriais toute seu<strong>le</strong> en conduisant, jechantais, c'était une libération, maisalors quel bonheur! Je me retrouve,maintenant, <strong>c'est</strong> quand même fou!»El<strong>le</strong>s ne <strong>le</strong> disent pas toutes avec <strong>le</strong>même transport. Mais, pour beaucoup<strong>de</strong> femmes, <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> est unmoyen d'émancipation qui s'accompagne d'un sentiment <strong>de</strong> «reconquête<strong>de</strong> soi». <strong>Le</strong> plus souvent,ce sont el<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt, pas<strong>le</strong>urs maris. Voilà ce que montreSéparée, (I) <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier livre <strong>de</strong> François<strong>de</strong> <strong>Singly</strong>, spécialiste <strong>de</strong>sévolutions <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> et professeur à l'université Paris Descartes.L'ouvrage rassemb<strong>le</strong> plusieurs enquêtesinédites, dont l'une portesur une centaine <strong>de</strong> récits <strong>de</strong> femmeshétérosexuel<strong>le</strong>s séparées.En trente ans, <strong>le</strong>s probabilités <strong>de</strong><strong>divorce</strong>r ont doublé. Mais, jusqu'àprésent, <strong>le</strong>s sociologues ont préféréétudier comment on choisit sonconjoint plutôt que pourquoi ons'en sépare. Pourtant <strong>le</strong> désamourest tout aussi intéressant quel'amour. La rupture que l'union.Pourquoi avoir écrit Séparée dupoint <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s femmes ?Parce qu'aujourd'hui <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> esten majorité <strong>de</strong>mandée par <strong>de</strong>s femmes.Pour être exact, sur 100 <strong>divorce</strong>s inities par l'un <strong>de</strong>sconjoints, <strong>c'est</strong> à 75% la femme qui<strong>le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. C'est une revendica-COLIN5001710300508/XHM/ALZ/1Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


16 NOV 11Quotidien ParisOJD : 11310811 RUE BERANGER75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89Surface approx. (cm²) : 727N° <strong>de</strong> page : 22-23Page 2/3tion féminine Souventon étudie la vie privée<strong>de</strong>s individus comme sic'était neutre que ce soit<strong>de</strong>s hommes ou <strong>de</strong>sfemmes Mais ce n'estpas <strong>le</strong> casPourquoi <strong>le</strong>s femmes <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt-el<strong>le</strong>splus <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> 7<strong>Le</strong>s femmes sont plus souvent <strong>de</strong>cucs <strong>de</strong> la vie conjuga<strong>le</strong>, du niveaud'engagement <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur mari dans lavie commune, et <strong>de</strong> l'attention tropfaib<strong>le</strong> qu'ils <strong>le</strong>ur portentEl<strong>le</strong>s ont une définition du mariagebase sur l'amour el<strong>le</strong>s ne veu<strong>le</strong>ntpas d'un mariage bourgeois qui nedit pas son nom, mais ou chacunfait sa vie, ou <strong>le</strong>s hommes jouissent<strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong> l'unionavec <strong>le</strong>ur femme et,aussi, d'une offresexuel<strong>le</strong> variée <strong>Le</strong>sfemmes construisent <strong>le</strong>ur<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'individualitédans une logique quipasse par l'amour El<strong>le</strong>s<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plus <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> parcequ'el<strong>le</strong>s ont un niveau d'exigenceplus é<strong>le</strong>vé el<strong>le</strong>s atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>le</strong>urconjoint une reconnaissance globaie d'el<strong>le</strong>s mêmes <strong>Le</strong>urs plaintesl'expriment «R ne fait pas assez attention a moi», «Quand il est la, iln'est pas assez investi »Quels types <strong>de</strong> séparation avez-vousi<strong>de</strong>ntifies'?Trois (lire <strong>le</strong>s témoignages a <strong>de</strong>ssous) Une forme <strong>de</strong> <strong>divorce</strong> a clairement a voir avec <strong>le</strong> féminisme <strong>de</strong>sannées 70 <strong>c'est</strong> <strong>le</strong> refus <strong>de</strong> la negation <strong>de</strong> soi Ces femmes ont misesur <strong>le</strong> «nous» et se sentent flouéesEl<strong>le</strong>s ont pane sur la prédominance<strong>de</strong> la vie commune, s'y sont consacrées, mais se ren<strong>de</strong>nt compte que<strong>le</strong>ur mari menait sa vie <strong>de</strong> façon indépendante El<strong>le</strong>s se sentent reduites a une dimension socia<strong>le</strong> lamère, I épouse Or, el<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>ntque dans <strong>le</strong>ur espace prive, toutes<strong>le</strong>urs i<strong>de</strong>ntités soient reconnuesPour re<strong>de</strong>venir el<strong>le</strong>s mêmes, il fautse séparer <strong>de</strong> la personne qui <strong>le</strong>sme Dans ce cas, <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> est drffici<strong>le</strong>, car <strong>le</strong> «nous» était <strong>le</strong> plusimportant, et <strong>le</strong> «je «était noyé IIsigne un échec Mais il permetl'émancipation II permet <strong>de</strong> retrouver du pouvoir sur soi mêmeOnt el<strong>le</strong>s toujours <strong>le</strong>s mêmes reproches vis - a vis <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur conjoint 9Pour certaines femmes, <strong>le</strong> «nous»est moins investi El<strong>le</strong>s se plaignentdonc moins d'une assignation a<strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> d'épouse Mais el<strong>le</strong>s refusent ce qui dans la vie conjuga<strong>le</strong> estperçu comme un obstac<strong>le</strong> a la reahsation personnel<strong>le</strong> <strong>Le</strong> «je» <strong>de</strong>vientprimordial pour el<strong>le</strong>s <strong>Le</strong> <strong>divorce</strong>peut alors être une étape <strong>de</strong> <strong>le</strong>urdéveloppement Je me construistout au long <strong>de</strong> la vie, a un momentdonne mon conjoint ne correspondplus a ce que je veux II y a alors uneenvie <strong>de</strong> se redéfinir C'est plus vraiCOLETTE VINGT-CINQ ANS EN COUPLE«Je n'ai jamais rienfait toute seu<strong>le</strong>»Employée dans l'administration, Co<strong>le</strong>tte vit avec Marc, chef<strong>de</strong> service dans un centre pourenfants inadaptes, dans une«illusion conjuga<strong>le</strong>»Lui passe son temps libre hors<strong>de</strong> chez lui, el<strong>le</strong> se consacre auxenfants «<strong>Le</strong>s toisirs ? Rien dutout J'ai é<strong>le</strong>vé mes gosses, ]e nesortais pas moi Quand je sortais,je sortais avec lui Moijen'aijamais rien fait toute seu<strong>le</strong> avecmes copines » Marc compartimente sa vie «On ne mélangepas <strong>le</strong>s torchons et <strong>le</strong>sserviettes »II a «<strong>de</strong>s copines», et dit a safemme qu'el<strong>le</strong> peut faire pareil.«Tu fais ce que tu veux »Quand ils sont ensemb<strong>le</strong>, ilssont parents El<strong>le</strong> s'est figée«en épouse et mère» Mais après<strong>le</strong> <strong>divorce</strong>, «la femme geléereprend <strong>de</strong>s cou<strong>le</strong>urs»CHLOE QUATRE ANS EN COUPLE«On était à peine sortis<strong>de</strong> l'ado<strong>le</strong>scence»Chloe, infirmière, est en coup<strong>le</strong>avec Corentrn <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>urs 19 ansIls faisaient partie <strong>de</strong> la mêmeban<strong>de</strong> Quatre ans plus tard, el<strong>le</strong><strong>le</strong> quitte «Ça ne collait plus, onavait change tous <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux [ ]Quand on a commence notre relation, on était a peine sortis <strong>de</strong> l'ado<strong>le</strong>scence »Ils ont toujours été «vachementcomplices» Mais regrette t el<strong>le</strong>«Tu t'appuies trop sur l'autre Tu<strong>de</strong>viens dépendant » El<strong>le</strong> souhaitequ'il «vo<strong>le</strong> <strong>de</strong> ses propres ai<strong>le</strong>s»El<strong>le</strong> n'aime pas «!a routine» Et a«besoin <strong>de</strong> son oxygène»Apres <strong>le</strong>ur séparation, Chloe sesent «vidée» et en même temps,«libre, indépendante» El<strong>le</strong> sedit «Je vais vivre pour moi, voir <strong>de</strong>sgens que lui ne connaîtra pas, neplus tout partager Rfaut que je meretrouve en tant que personneunique »COLIN5001710300508/XHM/ALZ/1Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


16 NOV 11Quotidien ParisOJD : 113108Surface approx. (cm²) : 727N° <strong>de</strong> page : 22-2311 RUE BERANGER75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89Page 3/3chez la jeune génération. <strong>Le</strong>conjoint a été un accompagnateur,el<strong>le</strong>s l'ont rencontré tôt, mais ontprogressé dans la vie, et il y a undécalage... El<strong>le</strong>s peuvent choisir <strong>de</strong>rompre, même avec un compagnonaimab<strong>le</strong>. <strong>Le</strong> <strong>divorce</strong> est une formed'émancipation là aussi, mais plusdouce, et permet <strong>le</strong> maintien dulien avec l'ancien conjoint.Selon vous, <strong>le</strong> succès du <strong>divorce</strong> exprimeaussi que l'amour n'est plussans condition?Oui, cette nouvel<strong>le</strong> définition <strong>de</strong>l'amour dérive <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>d'égalité entre <strong>le</strong>s partenaires et <strong>de</strong>la défense <strong>de</strong> soi. On <strong>le</strong> voit biendans un troisième modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> séparation.C'est celui initié par <strong>le</strong>sBEATRICE VINGT ANS EN COUPLEfemmes qui ont parié sur la constructiondu coup<strong>le</strong>, sans pourautant renoncer à mener une viepersonnel<strong>le</strong>, et notamment professionnel<strong>le</strong>.El<strong>le</strong>s ne veu<strong>le</strong>nt pas quela femme soit du côté du «nous»,et l'homme du côté du «je». El<strong>le</strong>sréclament un équilibre et une réciprocité.El<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>nt tout concilier.Pascal Bruckner a-t-il raisond'écrire que «<strong>le</strong> coup<strong>le</strong> feit naufragecomme une barque surchargée» ?C'est la thèse <strong>de</strong> l'inflation : <strong>le</strong> bateauest surchargé, il cou<strong>le</strong> car <strong>le</strong>sfemmes sont trop exigeantes. Maisquel<strong>le</strong> banque centra<strong>le</strong> décrète qu'ily a inflation? <strong>Le</strong>s femmes n'en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ntpas «trop», qui <strong>le</strong> dit?C'est juste un regard masculin.«Après son infidélité,j'étais en miettes»Béatrice fait partie <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>s qui«veu<strong>le</strong>nt cumu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> "prendre soin<strong>de</strong>s autres" [<strong>le</strong> care, historiquement dévolu aux femmes, ndlr]avec l'attention à el<strong>le</strong>-même». Cel<strong>le</strong>squi tentent un équilibre entre«<strong>le</strong>s contraintes contradictoires <strong>de</strong>l'amour et <strong>de</strong> l'individualisme. »A 43 ans, journaliste, el<strong>le</strong> a «<strong>de</strong>bons revenus et un bon réseau <strong>de</strong>copines». El<strong>le</strong> aime être aussi avecson mari, «s'occuper <strong>de</strong>s enfantsne relève pas du sacrifice».Quand el<strong>le</strong> découvre l'infidélité<strong>de</strong> son mari, el<strong>le</strong> est «sonne'e».«J'errais dans la maison, j'étais réduiteen morceaux, en miettes. »«Me n 'accepte pas que l'autonomiedans un coup<strong>le</strong> non /usionnelsignifie la libération <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s désirs»,relève encore François <strong>de</strong><strong>Singly</strong>. El<strong>le</strong> s'estime trahie puisque<strong>le</strong> coup<strong>le</strong> fonctionnait à laconfiance... pensait-el<strong>le</strong>.Quel est <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'infidélité dans laséparation?El<strong>le</strong> l'accélère. Mais ce n'est pasjuste un déc<strong>le</strong>ncheur. Je pense quela définition que <strong>le</strong>s femmes ont <strong>de</strong>l'amour inclut l'exclusivité sexuel<strong>le</strong>.C'est une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> tota<strong>le</strong>, qui implique<strong>le</strong> plus souvent une logique<strong>de</strong> confiance, plus que <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong>.Mais cette définition qui inclut la fidélitépeut très bien évoluer...Comment <strong>de</strong>vient-on un ex ?Il faut définir un autre lien, ce n'estpas toujours possib<strong>le</strong>. Parfois, onraye son ancien conjoint, on <strong>le</strong>gomme carrément. Dans mon enquêtesur <strong>le</strong>s trentenaires, on voitque <strong>le</strong>s trois quart <strong>de</strong>s femmes encoup<strong>le</strong> n'ont plus aucune relationavec <strong>le</strong>ur ex. Ou alors, pour certaines,il reste «fe père <strong>de</strong> mes enfants».Ce qui correspond à lanorme juridique : on reste un coup<strong>le</strong>parental, même si <strong>le</strong> coup<strong>le</strong>conjugal n'est plus. J'ai été éga<strong>le</strong>mentfrappé dans <strong>le</strong>s entretiens que<strong>de</strong>s femmes par<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur ancienmari, comme d'un «ami», mêmecomme d'un «frère». C'est <strong>le</strong> casquand <strong>le</strong>s femmes ont su défendre<strong>le</strong>ur «je» lorsqu'el<strong>le</strong>s étaient encoup<strong>le</strong>. C'est aussi une manière <strong>de</strong>réintroduire <strong>de</strong> la longue durée, aumoment <strong>de</strong> la séparation. <strong>Le</strong>conjoint était total, mais pas forcémentdurab<strong>le</strong>. Un ami, <strong>c'est</strong> une reconnaissanceplus partiel<strong>le</strong>, maisqui est appelé à durer davantage.-••(;) «Séparée, vivre /'expérience c/e larupture», Editions <strong>Armand</strong> Co/in,novembre 2OÏÏ, 7^5Oeuros.COLIN5001710300508/XHM/ALZ/1Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 0008 NOV 11Quotidien ParisOJD : 316852Surface approx. (cm²) : 987N° <strong>de</strong> page : 8Page 1/4Séparations : quand<strong>le</strong>s femmes déci<strong>de</strong>ntEl<strong>le</strong>s sont aujourd'hui à l'origine <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s ruptures et mettent en avant<strong>le</strong> souhait d'une meil<strong>le</strong>ure reconnaissance personnel<strong>le</strong> et professionnel<strong>le</strong>.AGNÊS LECLAIRFAMILLE <strong>Le</strong> <strong>divorce</strong> n'est plus ce qu'ilétait. La majorité <strong>de</strong>s séparations seraientaujourd'hui du fait <strong>de</strong>s femmes.« El<strong>le</strong>s sont notamment à l'origine <strong>de</strong>strois quarts (70 %) <strong>de</strong>s <strong>divorce</strong>s contentieuxet personne ne s'est penché sur cephénomène <strong>de</strong> société», relève François<strong>de</strong> <strong>Singly</strong>. Une lacune que <strong>le</strong> sociologue<strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> tente <strong>de</strong> comb<strong>le</strong>r dans son<strong>de</strong>rnier ouvrage, Séparée. Vivre <strong>le</strong>xpérience<strong>de</strong> la rupture.À partir <strong>de</strong>s récits d'une petite centained'ex-épouses et <strong>de</strong> concubines, ilpropose une typologie <strong>de</strong> la rupture côtéféminin, expérience <strong>de</strong>venue bana<strong>le</strong> etpourtant ignorée par <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s sociologiques<strong>de</strong>puis <strong>le</strong> rétablissement du <strong>divorce</strong>par consentement mutuel en 1975.«L'expansion du <strong>divorce</strong> et <strong>de</strong> la séparationdécou<strong>le</strong> du mouvement <strong>de</strong> libération<strong>de</strong>s femmes. Je ne pense pas que <strong>le</strong>s hommessoient plus insupportab<strong>le</strong>s aujourd'huique dans <strong>le</strong>s années 1930, plaisanteFrançois <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>. Ce sont donc <strong>le</strong>s critères<strong>de</strong>s femmes qui ont changé. »Ni un caprice, ni un coup <strong>de</strong> têteCes <strong>de</strong>rnières ne prendraient pas <strong>le</strong> largepar « humeur anti-institutionnel<strong>le</strong> »ou parce que la passion n'est plus auren<strong>de</strong>z-vous comme on l'imagine souvent.« L'individualisation continue à engendrerla séparation, <strong>le</strong> <strong>divorce</strong>. Derrièrela logique amoureuse, Q y a un besoin<strong>de</strong> reconnaissance plus f orl chez <strong>le</strong>s femmes.Non seu<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> plan professionnelmais aussi sur <strong>le</strong> plan personnel »,souligne <strong>le</strong> sociologue. Faute <strong>de</strong> trouvercette reconnaissance, par manqued'implication du conjoint ou légèretéamoureuse, el<strong>le</strong>s sont aujourd'hui prêtesà partir. Si l'envie <strong>de</strong> vieillir à <strong>de</strong>uxn'a pas disparu, el<strong>le</strong> est désormais misesous conditions. « Certaines femmes <strong>divorce</strong>ntsans faire <strong>de</strong> grands reproches à<strong>le</strong>ur conjoint à part celui <strong>de</strong> ne pas arriverà se développer dans <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> », rapporteFrançois <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>.« Plus autonomes sur <strong>le</strong> plan économique,moins dépendantes sur <strong>le</strong> plan affectif,<strong>le</strong>s femmes sont plus nombreuses a <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<strong>le</strong> <strong>divorce</strong>, confirme M e Poivey-<strong>Le</strong>c<strong>le</strong>rcq, spécialiste du <strong>droit</strong> <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong>.El<strong>le</strong>s sont moins timorées que <strong>le</strong>ursaînées. À l'instar <strong>de</strong>s hommes, el<strong>le</strong>s n'acceptentplus <strong>de</strong> subir n'importe quoi. El<strong>le</strong>sont aujourd'hui une exigence du meil<strong>le</strong>urpour el<strong>le</strong>s-mêmes, el<strong>le</strong>s sont en quête d'unplus. » Selon ce témoin privilégié <strong>de</strong>sexaspérations du coup<strong>le</strong>, il existe <strong>de</strong>stranches d'âges d'intolérance conjuga<strong>le</strong>.Après avoir fait un bébé et s'être conformeau modè<strong>le</strong> traditionnel, certainesfemmes expriment une envied'ail<strong>le</strong>urs, <strong>de</strong> nouvel^conquête. À la quarantaine, el<strong>le</strong>s fuientl'usure du coup<strong>le</strong>. À 65 ans, el<strong>le</strong>s désertentun foyer occupé par un maridésœuvré, vécu comme une entrave à<strong>le</strong>ur indépendance. Ni un caprice, ni uncoup <strong>de</strong> tête, cette décision serait uneréponse à notre nouveau modè<strong>le</strong>d'i<strong>de</strong>ntité, en perpétuel<strong>le</strong> construction.« <strong>Le</strong>s personnes qui se séparent disentqu'el<strong>le</strong>s ont encore <strong>de</strong>s choses à vivre.Beaucoup <strong>de</strong> femmes n 'ont pas envie <strong>de</strong> sesentir enfermées dans une i<strong>de</strong>ntité qu 'el<strong>le</strong>sestiment ne plus être la <strong>le</strong>ur », note <strong>le</strong> sociologue.Un risque accru avec l'allongement<strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> vie.Entre <strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong>s femmes, <strong>le</strong>s<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> séparationont tendance às'aligner, estime poursa part l'avocate ÉlodieMulon : « Adultère, ras<strong>le</strong>-bol,lassitu<strong>de</strong>... Plus <strong>le</strong>sfemmes accè<strong>de</strong>nt au sty<strong>le</strong> <strong>de</strong>vie <strong>de</strong>s hommes, plus <strong>le</strong>ur com*portement se ressemb<strong>le</strong>. Mais el<strong>le</strong>srestent un peu plus nombreuses àInvoquer <strong>le</strong> désamour comme raison <strong>de</strong>rupture. »« Beaucoup <strong>de</strong> femmesn'ont pas envie<strong>de</strong> se sentir enferméesdans une i<strong>de</strong>ntitéqu'el<strong>le</strong>s estimentne plus étre la <strong>le</strong>ur »FRANÇOIS DE SINGLYReste que la séparation ne se résumepas à une « expérience <strong>de</strong> désenchantement». Au fil <strong>de</strong> ces nombreux entretiens,François <strong>de</strong> <strong>Singly</strong> a éga<strong>le</strong>mentfait la part bel<strong>le</strong> à la reconstruction <strong>de</strong>ces « ex », qui vivent cette épreuvecomme une étape <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur existence versun avenir plus radieux. •Séparée. Vivre l'expérience<strong>de</strong> la rupture.Éd. <strong>Armand</strong><strong>Colin</strong>COLIN0628700300505/XNR/AZR/1Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 0008 NOV 11Quotidien ParisOJD : 316852Surface approx. (cm²) : 987N° <strong>de</strong> page : 8Page 2/4El<strong>le</strong>s partentparce que...• ELLES VEULENT SE DÉVELOPPER<strong>Le</strong>s femmes peuvent<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la séparationsans avoir trop <strong>de</strong>reproches à adresserà <strong>le</strong>ur partenaire. El<strong>le</strong>sveu<strong>le</strong>nt passer à uneautre étape <strong>de</strong> <strong>le</strong>urexistence pour <strong>le</strong>urdéveloppementpersonnelELLES VEULENT SE RETROUVER :El<strong>le</strong>s reprochent à <strong>le</strong>urcompagnon d'être tropégoïste. El<strong>le</strong>s réclamentun équilibre <strong>de</strong>sinvestissements <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux parties. La femmeenvisage la séparationtout en ayant envie <strong>de</strong>recommencer unehistoireMails et SMSs'invitent dansla procédureDANS la mythologie<strong>de</strong> la rupture, la facture <strong>de</strong>restaurant ou d'hôtel dénichéedans une poche <strong>de</strong> pantalona cédé sa place à la chasse auxtextes ambigus et autres mailsar<strong>de</strong>nts ma<strong>le</strong>ncontreusementnon effacés.En matière <strong>de</strong> <strong>divorce</strong>,<strong>de</strong>s éléments peuvent êtreapportés dès lors qu'ils ont été« obtenus sons vio<strong>le</strong>nce etsons frau<strong>de</strong>». Dans un arrêtrendu en juin 2009, la Cour<strong>de</strong> cassation a décidé <strong>de</strong>reconnaître aux SMS <strong>le</strong> statut<strong>de</strong> «preuve» dans uneprocédure <strong>de</strong> <strong>divorce</strong>. Commec'était déjà <strong>le</strong> cas pour <strong>le</strong>scourriers é<strong>le</strong>ctroniques <strong>de</strong>puis2000. Depuis, <strong>c'est</strong> l'inflation.<strong>Le</strong>s dossiers <strong>de</strong> <strong>divorce</strong>s'épaississent <strong>de</strong> multitu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> pages d'échangesinformatiques en tout genre,susceptib<strong>le</strong>s d'influencer<strong>le</strong> juge, même s'ils ne sont pastous retenus.A.L.• ELLES VEULENT SUR VIVRE :4lEUes ont parié sur laprédominance <strong>de</strong> la viecommune et se sontsacrifiées pour cettecommunauté et el<strong>le</strong>ss'aperçoivent que <strong>le</strong>urmari, lui, menait sa vieindépendammentExtraits du livre <strong>de</strong> François<strong>de</strong> <strong>Singly</strong> : « Séparée, Vivrel'expérience <strong>de</strong> la rupture»COLIN0628700300505/XNR/AZR/1Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 0008 NOV 11Quotidien ParisOJD : 316852Surface approx. (cm²) : 987N° <strong>de</strong> page : 8Page 3/4<strong>divorce</strong>s prononcesen 2009. Ce nombrea doublé en 30 ans.<strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong><strong>divorce</strong> contentieuxémanent <strong>de</strong>s femmes)UN ÉPOUX et <strong>de</strong>ux enfantsâgés <strong>de</strong> S et 7 ans^ne image classique dubonheur qui ne c M adrait"?av «cel<strong>le</strong>A<strong>le</strong> Xandra . La trentaine passée, l a jeunefemme a déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>divorce</strong>rpour changer <strong>de</strong>v». «/« n'aimafe plusm °nmari et f avaisen _vie d'être iière, <strong>de</strong> rev,..^: e d es histoiresdamour, <strong>de</strong> m'amuserL existence est tropcourte pour se contentern pe?Kûnléducation <strong>de</strong>s enfants.Une f ois que ,,e f parti, fo dèchton" «f Pas «-/acite à assumer.Au dabu?, tes'en/ants étaient en gar<strong>de</strong>alternée, mais, rapi<strong>de</strong>ment,Us sontsurtout chez moi parce9«e cela facilitait <strong>le</strong>urscolarité. Diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong>autres n'estPas toujours bienveillantAujourd'huiJ a 'f ait une autre rencontreamoureuse, maiscela m'a pris pius <strong>de</strong>temps que je ne <strong>le</strong> pensais.Je ne regrette rienmême si je n- efais stout à fait consciente<strong>de</strong>s difficultés que j'airencontrées. » • A LCOLIN0628700300505/XNR/AZR/1Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 0008 NOV 11Quotidien ParisOJD : 316852Surface approx. (cm²) : 987N° <strong>de</strong> page : 8Page 4/4C'est la durëemoyenned'un mariage.Entre 40 et 43 ansC'est l'âge auquel<strong>le</strong>s femmes <strong>divorce</strong>nten moyenne.tin <strong>de</strong> Lil<strong>le</strong>:lé <strong>de</strong>uxième escort-girlse porte partie civi<strong>le</strong>Une secon<strong>de</strong> escort-girl s'estportée partie civi<strong>le</strong> hier dansl'affaire <strong>de</strong> proxénétisme liéeà l'hôtel Carlton <strong>de</strong> Lil<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong>cisouhaite ainsi avoir accèsau dossier. Et, selon son avocatMf Laporte, el<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>mentporté plainte pour violationdu secret <strong>de</strong> l'instruction.Outreau: Myriam Badaouien liberté conditionnel<strong>le</strong>Myriam Badaoui, condamnéeà quinze ans <strong>de</strong> détentionen 2004 pour viols d'enfantsdans l'affaire <strong>de</strong> pédophilied'Outreau et détenue <strong>de</strong>puis2001, a été libérée en septembre<strong>de</strong> la prison <strong>de</strong> femmes<strong>de</strong> Rennes.COLIN0628700300505/XNR/AZR/1Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


04 NOV 11Quotidien format revueOJD : 448766Surface approx. (cm²) : 21850/52 BOULEVARD HAUSSMANN75427 PARIS CEDEX 9 - 01 53 26 65 65CULTUREPage 1/1Dans Noces rebel<strong>le</strong>s, Kate Wins<strong>le</strong>t se sent vite étouffée dans son mariage.TU M'AIMES ENCORE ?LA SÉPARATION, UNMOT TRÈS FÉMININCHARLOTTE PUDLOWSKIII n'y avait plus <strong>de</strong> place pourmoi dans sa vie. Ou plutôt jen'avais plus ma place. » C'estce que Pauline a confié au sociologueFrançois <strong>de</strong> <strong>Singly</strong> évoquant son compagnon.Et <strong>c'est</strong> ainsi qu'el<strong>le</strong> s'en est séparée.Lui aurait sans doute pu se satisfaire<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur relation. Pauline, non : <strong>c'est</strong> unefemme, et la conception que <strong>le</strong>s femmesont du coup<strong>le</strong> est différente <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>shommes.Insupportab<strong>le</strong> médiocritéCette différence, <strong>Singly</strong> l'explique dansSéparée (<strong>Armand</strong> <strong>Colin</strong>), un essai passionnant.<strong>Le</strong>s probabilités <strong>de</strong> <strong>divorce</strong>rontdoublé entre 1978 et 2008, « et cela estdû aux femmes », précise l'auteur à 20Minutes. Dans 75 % <strong>de</strong>s cas, ce sont el<strong>le</strong>squi <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>le</strong> <strong>divorce</strong>. Car el<strong>le</strong>s nesupportent pas la médiocrité dans <strong>le</strong>mariage et <strong>le</strong> font désormais savoir.« <strong>Le</strong>s femmes ont besoin d'un amourtotal, car historiquement et culturel<strong>le</strong>ment,el<strong>le</strong>s se sont construites avec laseu<strong>le</strong> reconnaissance du conjoint », explique<strong>le</strong> sociologue. <strong>Le</strong>s hommes, quiont pu se construire sur différents niveaux,professionnels ou sociaux, n'ontpas besoin <strong>de</strong> l'amour total <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur compagnepour se sentir reconnus commeindividus p<strong>le</strong>ins et entiers. <strong>Le</strong>s femmes,si. « El<strong>le</strong>s ont réintroduit l'amour au seind'une institution qui n'était qu'un outil <strong>de</strong>reconnaissance socia<strong>le</strong> et ainsi déstabilisé<strong>le</strong> coup<strong>le</strong> », pointe François <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>.Cette déstabilisation inquiète - « <strong>le</strong>shommes surtout », précise <strong>le</strong> chercheur.<strong>Le</strong> mariage est certes <strong>de</strong>venu plus fragi<strong>le</strong>,mais la société ou <strong>le</strong>s enfants ne <strong>le</strong>sont pas. « Si une mère restait malgréel<strong>le</strong>, ce serait un mauvais exemp<strong>le</strong> éducatif.Car <strong>c'est</strong> dans l'éducation qu'onapprend à dire "je" ». •COLIN0342300300504/XVP/ARL/2Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


10 BOULEVARD DES FRERES VOISIN92130 ISSY LES MOULINEAUX - 01 41 46 88 88NOV 11MensuelOJD : 431966Surface approx. (cm²) : 564N° <strong>de</strong> page : 38Page 1/1LA SEPARATIONLIBERATRICE?Quitter son conjointne serait plus vécu commeun échec. C'est du moinsce qu'affirmé <strong>le</strong> sociologueFrançois <strong>de</strong> <strong>Singly</strong> dansson livre* Alors, divorcées,et heureuses <strong>de</strong> l'être?4arie Claire : La rupture serait-el<strong>le</strong>une affaire <strong>de</strong> femmes?François <strong>de</strong> <strong>Singly</strong> : Oui ' Historiquement,<strong>le</strong>s hommes n ont jamais <strong>de</strong>mandé<strong>le</strong> <strong>divorce</strong> Moins exigeants, ilscloisonnent et compensent à I extérieurdu coup<strong>le</strong> Or, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> la vie parallè<strong>le</strong> ne convient pas aux femmesNon pour <strong>de</strong>s raisons mora<strong>le</strong>s, maisparce qu'el<strong>le</strong>s adhèrent à une conceptiontrès unitaire <strong>de</strong> I être aimé celuicidoit comb<strong>le</strong>r tous <strong>le</strong>s manquesQuand el<strong>le</strong>s sont déçues, el<strong>le</strong>s préfèrentcouper netPourquoi se sépare-t-on <strong>de</strong> plus enplus?Emancipées et plus individualistes, <strong>le</strong>sfemmes en ont <strong>de</strong> plus en plus envieDans <strong>le</strong>s années 70, lorsque <strong>le</strong> <strong>divorce</strong>par consentement mutuel a été établi,el<strong>le</strong>s ont pris conscience que <strong>le</strong>ur « je »ne <strong>de</strong>vait pas être effacé par <strong>le</strong> « nous »En se séparant, el<strong>le</strong>s revendiquent <strong>le</strong><strong>droit</strong> d exister par el<strong>le</strong>s-mêmesExiste-t-il <strong>de</strong> bonnes séparations?Oui, et même plus quon ne <strong>le</strong> croît 1Toutes <strong>le</strong>s femmes que j ai interviewéesreconnaissent avoir tiré du positif <strong>de</strong> <strong>le</strong>urrupture Ce qui est surprenant, c estqu el<strong>le</strong>s utilisent toutes <strong>le</strong> vocabulaire<strong>de</strong> la libération et vivent même ce changementcomme un « rajeunissement »et une reprise en main <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur vie<strong>Le</strong> premier chapitre <strong>de</strong> votre livres'intitu<strong>le</strong> : « On se sépare comme ona vécu » Que vou<strong>le</strong>z-vous dire ?Il n'y a pas <strong>de</strong> hasard Cel<strong>le</strong>s qui ontbeaucoup investi dans <strong>le</strong> « nous » sontdans la logique <strong>de</strong> la déception et, ducoup, el<strong>le</strong>s rejettent <strong>le</strong>ur ex La ruptureest nette et sans retour « A tel<strong>le</strong> heure,je lui ai annoncé que c était fini ' »> Al'inverse, pour cel<strong>le</strong>s qui ont investi dans<strong>le</strong> « je », la séparation correspond à unenouvel<strong>le</strong> étape <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> soi-mêmeUn jour, el<strong>le</strong>s se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt si <strong>le</strong>urcompagnon est toujours uti<strong>le</strong> La rupturen est pas bruta<strong>le</strong> on fait <strong>de</strong>s pauses,on se teste, on hésite à se quitter car onn a pas grand-chose à se reprocher C estune coupure moins « tranchée », plus légèreL ex peut même <strong>de</strong>venir un amiComment se réapproprier soni<strong>de</strong>ntité après une séparation ?Il faut se faire accompagner par <strong>de</strong>s procheset ne pas hésiter à faire appel à unpsy Pour que ça prenne sens, il faut quece soit validé par un tiers II faut aussiprendre du temps pour soi Enfin, avant<strong>de</strong> remplacer un ancien « nous » par unnouveau coup<strong>le</strong>, il est préférab<strong>le</strong> <strong>de</strong> s offrirune pause pour faire un bilan sur soimêmeAujourd'hui, avec I apparitionprogressive du « je », I amour est déstabilisé.On est dans un flou immense etI on cherche désespérément une nouvel<strong>le</strong>définition du « nous » qui n étouffe pas<strong>le</strong> « je » Qu'est-ce qu un coup<strong>le</strong> ' Toutest encore à inventer(*) Auteur <strong>de</strong> «Séparée» (éd <strong>Armand</strong><strong>Colin</strong>), a paraître <strong>le</strong> 5 novembre«<strong>Le</strong>s femmes vivent ce changementcomme un rajeunissement etune reprise en main <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur vie. »COLIN4425969200524/GTH/ACR/2Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


10 BOULEVARD DES FRERES VOISIN92130 ISSY LES MOULINEAUX - 01 41 46 88 88NOV 11MensuelOJD : 170214Surface approx. (cm²) : 1731N° <strong>de</strong> page : 54-57Page 1/4POURQUOI LES FEMMESPRENNENTL'INITIATIVE ?COLIN8850869200507/GST/ARL/2Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


10 BOULEVARD DES FRERES VOISIN92130 ISSY LES MOULINEAUX - 01 41 46 88 88NOV 11MensuelOJD : 170214Surface approx. (cm²) : 1731N° <strong>de</strong> page : 54-57interviewPage 2/4DANS 75% DES CAS, CE SONTELLES QUI LANCENT LAMACHINE. LE SOCIOLOGUEFRANÇOIS DE SINGLYEN DÉCRYPTE LES RAISONS.PAR STEPHANIE TORRE TÉMOIGNAGES FANNY DALBERAEntre 1978 et 2008, <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> séparations a doublé.<strong>Le</strong>s sociologues par<strong>le</strong>nt désonnais <strong>de</strong> « société du<strong>divorce</strong> ». <strong>Le</strong>s femmes y sont-el<strong>le</strong>s pour quelque chose?François <strong>de</strong> <strong>Singly</strong>: Un constat s'impose: il existe unparallè<strong>le</strong> entre l'augmentation <strong>de</strong>s <strong>divorce</strong>s et <strong>le</strong> mouvement<strong>de</strong> libération <strong>de</strong>s femmes. Après avoir longtemps accepté<strong>le</strong>s principes du mariage bourgeois garantissant <strong>le</strong>s fonctionssocia<strong>le</strong>s du coup<strong>le</strong> tout en permettant aux hommesd'avoir un «complément» à l'extérieur, <strong>le</strong>s Françaises ont dit« assez ! ». En mettant l'amour au cœur <strong>de</strong> l'engagementconjugal, el<strong>le</strong>s ont donné un coup <strong>de</strong> pied dansla fourmilière. «Si mon mari ne m'aime pas assez ouque je ne l'aime plus, pourquoi <strong>de</strong>vrais-je subir cetre union?»,se sont-el<strong>le</strong>s interrogées.Dans votre livre*, vous notez que 75 % <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<strong>de</strong> séparation sont enc<strong>le</strong>nchées par <strong>le</strong>s femmes.Est-ce un constat récent?Non, <strong>c'est</strong> un phénomène que l'on repère <strong>de</strong>puis la réforme<strong>de</strong> 1975 qui a introduit <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> par consentement mutuel.Cel<strong>le</strong>-ci dédramatisant la séparation, <strong>le</strong>s femmes se sontsenties plus libres <strong>de</strong> dénoncer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong>s étaientenfermées. Devenir un prolongement du lave-lingeou faire partie <strong>de</strong>s meub<strong>le</strong>s sans qu'aucune reconnaissancepersonnel<strong>le</strong> n'advienne, très peu pour el<strong>le</strong>s...«Je navals pasd'autre choix, pourtantje l'aimais»Véronique, 46 ans, coach«Tout est allé très vite dans mon mariageTrop. J'ai rencontre mon futur mari en été,sept mois après nous étions <strong>de</strong>vant<strong>le</strong> maire J'étais enceinte. En quelquesmois, la situation s'est terrib<strong>le</strong>mentdégradée J'ai découvert sa véritab<strong>le</strong>personnalité' alcoolique, noctambu<strong>le</strong>invétéré, ravagé par une histoire familia<strong>le</strong>terrib<strong>le</strong> J'ai cru qu'un <strong>de</strong>uxième enfant<strong>le</strong> stabiliserait et nous sauverait Mon filsest ne quinze mois après <strong>le</strong> premierMais naturel<strong>le</strong>ment, ça ne pouvait rienchanger Je me sentais tel<strong>le</strong>ment coupab<strong>le</strong>que je ne parlais a personne <strong>de</strong> mesdifficultés Jusqu'à ce que je me réveil<strong>le</strong>un matin avec une paralysie facia<strong>le</strong>Rien d'organique, c'était dû à mon étatpsychique J'ai commencé une thérapieJ'ai essayé <strong>de</strong> lui par<strong>le</strong>r II était dansun déni comp<strong>le</strong>t tout était <strong>de</strong> ma fauteJ'ai décidé <strong>de</strong> prendre un appartement,avec son accord, en espérant que ça<strong>le</strong> ferait bouger. Je l'aimais encore.Un an après, j'entamais une procédure<strong>de</strong> <strong>divorce</strong> Ce fut une véritab<strong>le</strong> guerre.Il n'acceptait pas <strong>de</strong> perdre son emprisesur moi Mais, passe <strong>le</strong> temps du <strong>divorce</strong>,nous nous sommes apaisés Je me suisremariée Et nous sommes heureux <strong>de</strong>ce lien parental qui perdure Notre <strong>divorce</strong>l'a obligé a s'occuper enfin <strong>de</strong>s enfants.Récemment, il m'en a remercié »Sécurité et stabilité ont longtemps constitué la base <strong>de</strong>l'entente conjuga<strong>le</strong>. Aujourd'hui, que veu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s femmes?Si ces va<strong>le</strong>urs restent essentiel<strong>le</strong>s pour certaines, ça a changépour la majorité. <strong>Le</strong>s goûts communs, par exemp<strong>le</strong>,ne suffisent plus à assurer la stabilité <strong>de</strong>s ménages. On assisteà une véritab<strong>le</strong> inflation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s : <strong>le</strong>s femmes veu<strong>le</strong>nt<strong>de</strong>s conjoints attentionnés qui <strong>le</strong>s reconnaissent pourel<strong>le</strong>s-mêmes. Beaucoup exigent aussi une fidélité. Enfin,influencées par la mo<strong>de</strong> du tout-psycho, el<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>nt<strong>de</strong> la communication : il faut que <strong>le</strong>s hommes écoutentet échangent avec el<strong>le</strong>s.COLIN8850869200507/GST/ARL/2Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


10 BOULEVARD DES FRERES VOISIN92130 ISSY LES MOULINEAUX - 01 41 46 88 88NOV 11MensuelOJD : 170214Surface approx. (cm²) : 1731N° <strong>de</strong> page : 54-57«C'était une question d'honnêteté»Dominique, 48 ans, visiteuse médica<strong>le</strong>«Je me suis mariée à 26 ans avec un homme formidab<strong>le</strong> <strong>de</strong> quinze ans monaîné. Sur un coup <strong>de</strong> tête. Pour faire une fête ! Quand je me suis rendu compteque je ne voulais pas, contrairement à lui, construire une vie <strong>de</strong> famil<strong>le</strong>, je me suissentie très coupab<strong>le</strong>. J'avais participé à une aventure dont je ne n'avais pasmesuré complètement <strong>le</strong>s conséquences. Six mois après notre mariage,je me <strong>de</strong>vais <strong>de</strong> lui rendre sa liberté. Il a accepté que je parte à la condition queje prenne en charge cette séparation J'ai donc engagé la procédure et supportétous <strong>le</strong>s frais Je me suis retrouvée avec presque rien C'était <strong>le</strong> prix <strong>de</strong> madécision! Aujourd'hui, nous nous revoyons souvent. C'est toujours un hommeformidab<strong>le</strong>, mais je reste certaine que nous n'avions aucun avenir en commun.»Page 3/4En pariant <strong>de</strong> goûts communs, ont-el<strong>le</strong>s la sensation<strong>de</strong> ne pas assez en partager avec <strong>le</strong>ur conjoint?C'est un point ambigu : certes, certaines déplorent<strong>le</strong> manque <strong>de</strong> temps passé ensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong> manque d'activitéscommunes. En même temps, il <strong>le</strong>ur semb<strong>le</strong> important<strong>de</strong> ménager <strong>de</strong>s parenthèses rien que pour el<strong>le</strong>s.Si <strong>le</strong>s séparées font <strong>le</strong> constat qu'el<strong>le</strong>s ne partageaientpas beaucoup avec <strong>le</strong>ur ex, el<strong>le</strong>s ne l'évoquent jamaiscomme motif principal <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur désunion.Quel est <strong>le</strong> motif <strong>de</strong> désunion <strong>le</strong> plus fréquent?L'homme insupportab<strong>le</strong>, <strong>c'est</strong>-à-dire égoïste. La réciprocitéest <strong>de</strong>venue une exigence. Ainsi, si une certaine inégalitédans la gestion <strong>de</strong>s travaux domestiques est encore toléréeà l'entrée <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> coup<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> <strong>de</strong>vient beaucoupmoins au fil <strong>de</strong>s années. Plus question <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s effortssans reconnaissance en retour. C'est là que l'émancipation<strong>de</strong> la femme a modifié la donne : un mari doit êtretout aussi attentif à sa compagne qu'el<strong>le</strong> l'est vis-à-vis <strong>de</strong> lui.Sinon, à quoi bon l'avoir à la maison? Lorsqu'il l'oublie,qu'il n'est plus assez attentif au physique ou au bien-être <strong>de</strong>sa partenaire, il <strong>de</strong>vient pesant et la vie avec lui, routinière.D'où une sensation d'étouffement.Vous notez que l'« on se sépare souvent comme on avécu». Qu'est-ce que cela signifie?Il existe trois formes <strong>de</strong> vie marita<strong>le</strong>. <strong>Le</strong> premier groupeest favorab<strong>le</strong> au primat <strong>de</strong> l'intimité conjuga<strong>le</strong>, <strong>de</strong> la fusion,tout en désapprouvant l'autonomie. Ces femmeset hommes privilégient <strong>le</strong> « nous». <strong>Le</strong> <strong>de</strong>uxième groupeest composé <strong>de</strong> personnes qui approuvent l'autonomieet critiquent la fusion : pour el<strong>le</strong>s, <strong>c'est</strong> <strong>le</strong> «je» qui estfavorisé. <strong>Le</strong> troisième groupe est constitué d'individus quiapprouvent à la fois l'autonomie <strong>de</strong> chacun et <strong>le</strong> partagequasi total. Ils refusent d'établir une hiérarchie entre <strong>le</strong> «je»et <strong>le</strong> « nous ». En interrogeant ces coup<strong>le</strong>s, on se rendcompte que l'éventualité <strong>de</strong> la séparation n'est pas envisagée<strong>de</strong> la même manière selon la catégorie. Pour <strong>le</strong>s « nous »notamment, la rupture conjuga<strong>le</strong> est beaucoup moinsimaginab<strong>le</strong> que pour <strong>le</strong> groupe <strong>de</strong>s «je».Envisager <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> comme une possibilité influence-t-il<strong>le</strong> cours <strong>de</strong> choses ?Une enquête <strong>le</strong> démontre : <strong>le</strong>s personnes qui, au moment<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur mariage, avaient répondu que <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> étaitquelque chose d'envisageab<strong>le</strong> avaient, dix ans après, divorcénettement plus que ceux qui avaient refusé d'y penser.Dans votre livre, vous évoquez un autremotif <strong>de</strong> séparation:<strong>le</strong> sentiment <strong>de</strong> ne plus être soi-même...Il arrive <strong>de</strong> plus en plus souvent que lacause du <strong>divorce</strong> ne soit pas une déceptionliée au conjoint, mais plutôt la sensation <strong>de</strong>jouer un rô<strong>le</strong>. <strong>Le</strong>s femmes ne se contententplus d'être « la femme <strong>de</strong>... », « la maman<strong>de</strong>... ». Quand el<strong>le</strong>s prennent consciencequ'el<strong>le</strong>s se sont progressivement oubliées,beaucoup démissionnent. La montée<strong>de</strong> l'individualisme (entendu dans <strong>le</strong> sens<strong>de</strong> l'affirmation <strong>de</strong> soi-même) et la montéedu <strong>divorce</strong> sont donc éga<strong>le</strong>ment liées.«L'arrivée <strong>de</strong> notre enfant nous a séparés»Valérie, 45 ans, graphiste«Ce qui peut paraître sans importance quand on n'a pas encored'enfant se révè<strong>le</strong> primordial quand il est là. Nous nous sommesmariés avec <strong>le</strong> désir <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r une famil<strong>le</strong>. Mais <strong>c'est</strong> cette enfant tantsouhaitée qui a signé notre séparation Nous nous opposions surtous <strong>le</strong>s sujets la concernant. À l'occasion d'un séjour chez une amie,j'ai pris un peu <strong>de</strong> recul, et la décision <strong>de</strong> quitter mon conjoint s'estimposée. Mais je trouvais ça dur <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir porter l'étiquette "divorcée"Cette nouvel<strong>le</strong> i<strong>de</strong>ntité et ses conséquences m'étaient diffici<strong>le</strong>sà supporter. Quand <strong>le</strong>s choses se sont dégradées encore plus, noussommes allés voir un avocat J'avais un peu peur d'exiger une pensionJ'aurais dû me battre plus Je souhaitais tel<strong>le</strong>ment qu'on se sépareque j'ai cédé sur beaucoup <strong>de</strong> choses. Aujourd'hui, je <strong>le</strong> regrette.»COLIN8850869200507/GST/ARL/2Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations


10 BOULEVARD DES FRERES VOISIN92130 ISSY LES MOULINEAUX - 01 41 46 88 88NOV 11MensuelOJD : 170214Surface approx. (cm²) : 1731N° <strong>de</strong> page : 54-57Page 4/4«J'attendais mieux <strong>de</strong> Famour. Un a pas compris»Camil<strong>le</strong>, 54 ans, directrice marketing«Je me suis mariée avec un homme charmant un grand enfant! Je <strong>de</strong>vaism'occuper <strong>de</strong> tout Nous avons eu <strong>de</strong>ux fil<strong>le</strong>s, une vie agréab<strong>le</strong> Mais je m'étais uniepour <strong>de</strong> mauvaises raisons Par peur certainement. Je sortais d'une relation ravageuse.Je voulais la sécurité Ça ne pouvait pas suffire. J'ai rencontré quelqu'un d'autreMon mari l'a découvert J'ai tout arrêté et tenté <strong>de</strong> sauver ma famil<strong>le</strong> Mais il m'étaitimpossib<strong>le</strong> <strong>de</strong> me contenter <strong>de</strong> si peu, effectivement Sept ans après notre mariage,je lui ai annoncé que je voulais partir Nous avons divorcé par consentement mutuelÇa pourrait paraître simp<strong>le</strong>. En réalité, il ne cesse <strong>de</strong> se venger il m'a fait suivre parun détective, a cassé ma voiture et refuse <strong>de</strong> me par<strong>le</strong>r Depuis, je me suis remariéeCe <strong>divorce</strong> m'a éclairée sur mes choix, sur ce que j'attendais <strong>de</strong> l'autre.»D'où ce constat: si <strong>le</strong> <strong>divorce</strong> augmente, <strong>c'est</strong> en partie parceque <strong>le</strong> type <strong>de</strong> vie conjuga<strong>le</strong> davantage centré sur <strong>le</strong> « nous »est <strong>de</strong> moins en moins une référence, alors que la référenceau «je» est en p<strong>le</strong>ine expansion.Mais quand vous dites qu'aux trois modè<strong>le</strong>s conjugauxcorrespon<strong>de</strong>nt trois types <strong>de</strong> séparation,que vou<strong>le</strong>z-vous dire ?Que la façon <strong>de</strong> réagir face à un <strong>divorce</strong> varie en fonction<strong>de</strong> la manière dont on a envisagé son coup<strong>le</strong>. <strong>Le</strong>s femmesqui ont misé sur <strong>le</strong> « nous » se sentent souvent flouéesau moment <strong>de</strong> la désunion : s'étant sacrifiées, el<strong>le</strong>s se sententtrahies et veu<strong>le</strong>nt couper <strong>le</strong>s ponts. Se consacrantprioritairement à <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> mère, el<strong>le</strong>s ont aussi souventdu mal à refaire <strong>le</strong>ur vie. À l'inverse, la séparation<strong>de</strong>s femmes favorisant <strong>le</strong> «je» est plus légère: el<strong>le</strong>s rompentgénéra<strong>le</strong>ment sans faire trop <strong>de</strong> reproches à <strong>le</strong>ur partenaire.Désireuses <strong>de</strong> passer à une autre étape pour <strong>le</strong>urdéveloppement personnel, el<strong>le</strong>s éprouvent peu <strong>de</strong> rancœur.Quant aux femmes qui ont parié surla construction du « nous » sans renoncer à mener une vie ypersonnel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>s vivent un mélange <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux. S'il y a <strong>de</strong>la déception, el<strong>le</strong>s sont plutôt enclines, après quelque temps,à entretenir <strong>de</strong> bons rapports avec <strong>le</strong>ur ancien compagnon,notamment pour préserver l'équilibre <strong>de</strong>s enfants.Au bout <strong>de</strong> quelques années, comment se portent <strong>le</strong>sfemmes qui ont choisi <strong>de</strong> se séparer? Sont-el<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>soulagement ou <strong>le</strong> regret?Il faut déjà dire que, quel que soit <strong>le</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> séparation, il y apresque toujours <strong>de</strong> la déception et du chagrin. Puis, <strong>le</strong> tempspasse, ces femmes réfléchissent à <strong>le</strong>ur expérience et,sauf exception, la gran<strong>de</strong> majorité se dit: «Enfin <strong>de</strong> compte, j'ai l'impression d'al<strong>le</strong>r mieux. »<strong>Le</strong> fait <strong>de</strong> re<strong>de</strong>venir maîtresse <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur existenceet <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur temps <strong>le</strong>ur semb<strong>le</strong> salutaire.Beaucoup me l'ont d'ail<strong>le</strong>urs confié: «Mon<strong>divorce</strong> a été une épreuve... et une libération. » i'Séparée Vivre /'expérience <strong>de</strong> la rupture (<strong>Armand</strong> <strong>Colin</strong>sortie <strong>le</strong> 3 novembre)«Nous n'avions rien à partager»Christiane, 51 ans, assistante commercia<strong>le</strong>«J'ai passé dix-huit ans à faire <strong>de</strong>s efforts pour partager la vie d'unhomme qui ne voulait pas partager la mienne 1 II avait une exploitationagrico<strong>le</strong> en province Moi, je travaillais à Pans Je faisais d'incessantsal<strong>le</strong>rs-retours c'était symbolique <strong>de</strong> notre relation Lui ne bougeaitsur rien, c'était à moi <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s efforts Par exemp<strong>le</strong>, je suis fan<strong>de</strong> cinéma II n'était pas question pour lui <strong>de</strong> partager ma passion.Je faisais tout toute seu<strong>le</strong> Un jour, il a refusé <strong>de</strong> rendre visiteà ma sœur pour <strong>le</strong>s fêtes <strong>de</strong> fin d'année. C'était la première fois quej'insistais pour qu'il m'accompagne Son refus a été un é<strong>le</strong>ctrochocEn <strong>de</strong>ux jours, j'étais partie Avec pas grand-chose dans <strong>le</strong>s mainsNormal, nous n'avions rien en commun ' II a cru que je voulais prendredu "recul", or c'était sans retour possib<strong>le</strong> Aujourd'hui, je vis avec unhomme qui est tout son opposé Ouvert, curieux, attentif, généreux!»«Il en allait <strong>de</strong> masurvie. Je m éteignais!»Roxane, 42 ans, juriste«J'ai choisi un mari qui était taciturne,renfermé alors que j'étais volubi<strong>le</strong>,expansive Tout épanouissementétait impossib<strong>le</strong> Au fil <strong>de</strong>s ans,j'ai tenté <strong>de</strong> sauver notre mariageLa détestation a pris la place<strong>de</strong> l'amour La séparation s'est faiteen quelques jours Mais nous avonsdivorcé bien plus tard, quandje suis tombée enceinte <strong>de</strong> monnouveau compagnon »Erwie <strong>de</strong> r&Aqir À ce £wjet ? Rejoid*ez. M^ne -frouvce. ïwrCOLIN8850869200507/GST/ARL/2Eléments <strong>de</strong> recherche : EDITIONS ARMAND COLIN : toutes citations

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