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Guiclan-infos - janvier 2005 - Commune de Guiclan

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I n t e r v i e wLe moulin <strong>de</strong> Lézérazien ou“les Compagnons <strong>de</strong> vie”Niché dans un cadre verdoyant,en contrebas du Séminaire<strong>de</strong> Saint-Jacques etau carrefour <strong>de</strong>s trois communes,Lampaul, Landivisiauet <strong>Guiclan</strong>, notre communepeut être fière d’avoirsur son territoire un moulinaussi prestigieux que celui<strong>de</strong> Lézarazien. Le Quillivaronet le Roscolvazé s’y rejoignentet alimentent unpetit étang, retenue d’eauconstruite à mains d’hommes.La fille <strong>de</strong> Jean Siohen,meunier jusqu’en 1962, DanielleInizan a pris le relais<strong>de</strong> dépositaire <strong>de</strong>s grandsmoulins <strong>de</strong> Paris avec sonmari <strong>de</strong> 1961 à 1982. Sa vieet son métier, elle les aconsacrés au moulin, et cesujet reste aujourd’hui sapassion.Danielle, quelle est la date <strong>de</strong>construction <strong>de</strong> ce moulin ?En fait, les archives <strong>de</strong> Saint-Jacques mentionnent l’existence<strong>de</strong> moulins en 1494. Mongrand-père Alain Siohen est arrivéici en 1853 et a procédé àla construction d’une roue àaubes et du moulin à tan en1875. En 1913, trois moulinsexistant ont été remplacés parun seul à trois paires <strong>de</strong> meuleset une gran<strong>de</strong> roue à aubes. Enfin,la minoterie actuelle date <strong>de</strong>1929 ; la roue à aubes est remplacéepar une turbine et unmoteur diesel supplé le manqued’eau au moment <strong>de</strong> l’étiage enété. On y trouve également unmoulin à meule.Danielle Inizan<strong>de</strong>vant le mécanismedu moulin à tan.Quels produits étaient travaillésdans ce moulin ?Le moulin à meule permettait<strong>de</strong> broyer à façon l’avoine et lescéréales secondaires que lescultivateurs apportaient. Ces<strong>de</strong>rniers laissaient environ 10%<strong>de</strong> grain en guise <strong>de</strong> paiement.L’activité principale était la minoterie,avec toute une machinerie<strong>de</strong> mouture, <strong>de</strong> tamisage,<strong>de</strong>s silos et boisseaux, <strong>de</strong>sMoulin à meule.chambres <strong>de</strong> stockage à farineet à son. Mon père achetait sonblé et vendait les produits finis àqui voulait les acheter. Il a cesséson activité en octobre 1962.Quel est ce bruit permanentque nous entendons ?Il s’agit <strong>de</strong> la turbine qui nousfournit encore en électricité aujourd’hui.Et ce fameux moulin à tandont on parle beaucoup ?Dominique Derrien, professeurd’histoire, a rédigé en 1997 unethèse sur le tannage en Bretagne.Il y a quelques années, ilparlait <strong>de</strong> ce moulin à tan commed’une perle rare, étantunique en Bretagne. Aujourd’hui,après <strong>de</strong> nombreuses recherchesdont certaines effectuéesaux Archives Nationales<strong>de</strong> Paris, il en parle comme d’un“diamant”. En effet, ce serait un<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong> ce type enFrance encore en l’état (avec celui<strong>de</strong>s Forges <strong>de</strong>s Salles dans leMorbihan). Il n’y manque que lagran<strong>de</strong> roue vendue dans lesannées 70. Mon père s’en esttoujours voulu par la suite <strong>de</strong>s’en être séparé.Quelle a été l’activité <strong>de</strong> cemoulin à tan ?Le tan, écorce <strong>de</strong> chêne moulue,servait dans la fabrication ducuir, <strong>de</strong>s voiles <strong>de</strong> bateaux et<strong>de</strong>s filets <strong>de</strong> pêche.Vers la fin du XVIII e et début duXIX e siècle, l’industrie du cuir estflorissante dans le Finistère (146tanneries dans le canton <strong>de</strong> Landiet à <strong>Guiclan</strong>). Une vingtaine<strong>de</strong> moulins à tan existait dans lecanton <strong>de</strong> Landivisiau.Comment fonctionnait-t-ilexactement ?Les écorceurs d’arbre ou “Kignerien”chargeaient lesécorces dans <strong>de</strong>s charrettes quirejoignaient en convois les moulinsà tan. Ces fagots étaient ensuiteséchés dans un séchoir ouau-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s fours à pain, puisplacés dans <strong>de</strong>s pétrins pourêtre finement moulu.Une roue hydraulique d’un diamètre<strong>de</strong> 3,50 m et d’une largeur<strong>de</strong> 1,20 m(manquante aujourd’hui),entraînait <strong>de</strong>ux roues,actionnant à leur tour un arbreà cames <strong>de</strong> 3,80 m, pesant 600kilos. Les cames font monter lespilons et les laissent choir <strong>de</strong>tout leur poids dans une augemétallique en fond <strong>de</strong> bois. Lespilons tranchaient et faisaientéclater les écorces <strong>de</strong> façon à lesréduire en fines particules.D’après Hubert Le Gall <strong>de</strong> Lampaul-Guimiliau,les “Kignerien”léonards surnommaient ces pilonsles “Kernévis” (les Cornouaillais)pour tourner en dérisionle goût immodéré <strong>de</strong>s habitants<strong>de</strong> l’ancien évêché pour lamusique et la danse. Il est vraique le clergé léonard avait misun point d’honneur à éradiquerces pratiques sur son territoire.Combien <strong>de</strong> personnes étaientnécessaires pour ce travail ?Selon ma grand-mère, ce travail<strong>de</strong> mouture était très pénible enraison <strong>de</strong> la poussière. Les ouvriersse protégeaient leur visageà l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> linges mouillés.La poussière était si fine qu’elles’incrustait dans les pores <strong>de</strong> lapeau, irritait la barbe et attaquaitsérieusement les muqueusesrespiratoires. Il y avaitpeu <strong>de</strong> volontaires pour ce travail.Seuls <strong>de</strong>s journaliers provenant<strong>de</strong>s monts d’Arrée acceptaient<strong>de</strong> l’effectuer. Unefois moulu, le tan était mis enbarriques et pris en charge parles tanneurs qui les payaienttous les trois mois.Un article sur votre moulin atan est paru dans la revue “Lemon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moulins” en avril<strong>de</strong>rnier. Comment ont-ils apprisvotre existence ?Vous savez, les gens passionnésse retrouvent bien souvent ausein d’association. Celle <strong>de</strong>s“Amis <strong>de</strong>s moulins du Finistère”est une antenne départementalesous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Fédération8Les machines dans la minoterie

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