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) Le métier de surintendant des finances<br />
Nicolas Fouquet et Abel Servien sont nommés Surintendants des Finances par Mazarin<br />
en 1653.<br />
Servien gère <strong>le</strong>s dépenses de l’Etat, Fouquet gère <strong>le</strong>s recettes. L’intègre Servien qui<br />
refuse l’argent à la Reine-Mère est vite écarté.<br />
En 1655, Fouquet reste seul maître des Finances.<br />
Les Surintendants des Finances ne sont pas de simp<strong>le</strong>s ministres : � « ils sont entrepreneurs<br />
de travaux publics, marchands de canons, fournisseurs aux vivres, (…) banquiers négociateurs<br />
d’emprunts, agents des Domaines, gérants d’immeub<strong>le</strong>s et changeurs ».<br />
En sus, Fouquet doit composer avec la Régente Anne d’Autriche qu’il faut ménager et<br />
pensionner, un Premier Ministre désargenté et prêt à s’enrichir, un Par<strong>le</strong>ment à traiter avec<br />
circonspection et enfin avec toute une cour à recevoir, à écouter, à satisfaire…<br />
c) Les journées du Surintendant<br />
Les journées étaient organisées en � caba<strong>le</strong>s* à déjouer, pensions à distribuer, charges<br />
à créer pour ses amis, audiences aux quémandeurs, traités à signer avec <strong>le</strong>s fermiers de<br />
l’impôt, surveillance à exercer sur la gabel<strong>le</strong>* et <strong>le</strong>s aides qui rentraient mal, ennuis avec des<br />
douanes intérieures inextricab<strong>le</strong>s, troupes non payées à solder, offices à vendre, navires à<br />
gréer,(…) bal<strong>le</strong>ts à répéter, (…) chasse aux objets rares, achats de livres précieux, trésors d’art<br />
à dédouaner, renseignements à trier, visites d’architectes pour son hôtel de Paris, sa maison<br />
des champs, ses fortifications de Bel<strong>le</strong>-Is<strong>le</strong> ».<br />
Une vie trépidante qui <strong>le</strong> mène de salon en antichambre, et souvent en voyage sur <strong>le</strong>s routes.<br />
Un métier qui l’oblige à constituer un réseau d’amis dévoués et fidè<strong>le</strong>s – <strong>le</strong> « parti » Fouquet -,<br />
qui relayent ses efforts, mais qu’il faut récompenser. Fouquet devient ainsi l’indispensab<strong>le</strong><br />
« magicien » des finances du Royaume.<br />
d) Importance économique et politique du Surintendant<br />
Quand <strong>le</strong> Roi lui demande de l’argent, il répond « Sire, il n’y en a plus dans <strong>le</strong>s coffres<br />
de Votre Majesté, mais Monsieur <strong>le</strong> Cardinal vous en prêtera » (Voltaire).<br />
Mazarin ne cessait de lui dire « Je dépends de vous tout entier ». C’est Fouquet qui a toujours<br />
prêté à l’Etat à un taux usuraire, directement ou sous d’autres noms, en cas d’extrême urgence.<br />
� « Le Surintendant n’avait pas entre <strong>le</strong>s mains l’argent public qui allait aux Trésoreries de<br />
l’Epargne, mais ceux-ci payaient sur l’ordre du Surintendant lorsqu’on <strong>le</strong>ur présentait des<br />
assignations* délivrées par lui. La signature du Surintendant sur une assignation équivalait à<br />
une reconnaissance de dette sur l’Etat. Donc jusqu’en 1661, <strong>le</strong> Surintendant aurait pu dire :<br />
l’Etat, c’est moi ».<br />
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