« A la plage », cp Marcel Delboy, fonds Archives municipalesIl était une fois...Les plages pylataisesDu «territoire du vi<strong>de</strong>» (Alain Corbin) au «désir <strong>de</strong> rivage»(Jean-Didier Urbain).Le désir <strong>de</strong> rivage est assez récent.<strong>La</strong> passion <strong>de</strong>s bains <strong>de</strong> mer,d’abord à but thérapeutique, ne sefait jour qu’au milieu du XIX esiècle, avec une “promotionimpériale du balnéaire, <strong>de</strong> Royan àBiarritz” (J. Clémens). Après avoirété un “désert effroyable” (JeanPaloc) (1), la plage représente unentre <strong>de</strong>ux, loin <strong>de</strong>s contraintes duquotidien. Cet idéal <strong>de</strong> plage(immensité, pureté) se confronte àune réalité plus complexe. Car cetélément “naturel” est en fait unespace construit.<strong>La</strong> plage, un espace construitL'érosion littorale, liée ausystème hydraulique du bassin, aentraîné un temps la réduction<strong>de</strong> la plage au moment même oùla pression touristique se faisaitla plus forte, entraînant unphénomène <strong>de</strong> saturation.En 1964, Ma<strong>de</strong>moiselle Teynié nerenouvelle pas sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>d'emplacement, plage <strong>de</strong> <strong>La</strong>Corniche “étant donné l'état <strong>de</strong> laplage qui a pratiquement disparu”(AM, 2N16).“L’engraissement<strong>de</strong> la plage apermis d’accueillirbeaucoup plusd’estivants que lors<strong>de</strong>s saisonsprécé<strong>de</strong>ntes”Depuis la fin <strong>de</strong>s années 1970,l'engraissement <strong>de</strong>s plages apporteune solution ponctuelle.“L'engraissage <strong>de</strong> la plage a permisd'accueillir beaucoup plusd'estivants que lors <strong>de</strong>s saisonsprécé<strong>de</strong>ntes” constate le chef duposte <strong>de</strong> secours en 1976 (AM, 1J14).<strong>La</strong> plage est par définition baignéepar la mer, qui apporte toute sorte<strong>de</strong> déchets marins (en 1977, uncachalot s'échoue sur la plage duPetit Nice) et humains. Lesincivilités aggravent lephénomène. De petites mainssaisonnières tentent <strong>de</strong> réparer,relayées par <strong>de</strong>s machines dans lesannées 2000 ; la participationcitoyenne, les opérations “plagespropres", permettent <strong>de</strong> compléterle dispositif. Il a aussi été imposéaux concessionnaires <strong>de</strong> nettoyerun certain périmètre <strong>de</strong> plageautour <strong>de</strong> leur établissement.Parfois, il est nécessaired'expliquer aux “villégiateurs” queles plaques d'alios et <strong>de</strong> tourbe,dégagées par l'érosion, neconstituent pas une pollution maisla trace archéologique d'une forêtancienne.26 . <strong>La</strong> <strong>Teste</strong> mag
<strong>La</strong> plage, un espaceludique et commercialL'autorité municipale doit trouverun équilibre entre les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>distractions, <strong>de</strong> services et lesaspirations à la tranquillité. Les clubs<strong>de</strong> plage proposent aux enfantscours <strong>de</strong> natation, gymnastiquesportive aux agrès, trampoline... Lesclubs Mickey, <strong>de</strong>s Hippocampes, <strong>de</strong>sRequins, <strong>de</strong>s Bambins… ces nomsrésonnent dans beaucoup <strong>de</strong>mémoires. Ils organisent aussi <strong>de</strong>sjeux <strong>de</strong> plages comme les caravanescommerciales <strong>de</strong> “BN” (9juillet 1964) ou <strong>de</strong> “<strong>La</strong> Piequi chante” (22 juillet1976).Bientôt, les propositionsse diversifient.Aux traditionnelleslocations <strong>de</strong> tentes,parasols, chaiseslongues par MoniqueDubernet ou Pierre<strong>La</strong>rroque, et auxpromena<strong>de</strong>s en mer,succè<strong>de</strong>nt, à la fin <strong>de</strong>sannées 1970, leslocations <strong>de</strong> planches <strong>de</strong>surf et <strong>de</strong> planches àvoile tandis que le cercle<strong>de</strong> voile s'inscrit dansl'univers <strong>de</strong> la plage Meller.L'ingénieur <strong>de</strong>s Ponts et ChausséesMaritimes s'inquiète, en 1965, <strong>de</strong>l’“empiètement constant <strong>de</strong>sinstallations sur les plages pour lalocation <strong>de</strong> tentes, implantation <strong>de</strong>portiques et accessoires divers quirestreignent sérieusement le peu <strong>de</strong>place <strong>de</strong> ces plages exiguës qui<strong>de</strong>vraient être laissées à ladisposition du public” (AM, 2N16).Les conflits d'usages se multiplientau fur et à mesure d'une occupation<strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>nse.<strong>La</strong> plage, un espaceréglementé et sécurisé<strong>La</strong> plage, cet espace sauvage, est enfait très tôt réglementée. Unepléthore d'arrêtés municipauxtentent <strong>de</strong> juguler une “anarchiesans cesse renaissante” : sur lesdéchets, les tenues décentes (unezone <strong>de</strong> tolérance est créée en 1976pour les a<strong>de</strong>ptes du nudisme), sur leschiens, les “appareils sonores”, le skinautiqueet les hors-bords (arrêtémunicipal du 10 février 1959),bientôt les scooters <strong>de</strong>s mers...Plage Meller, cp, fonds Archives municipales<strong>La</strong> <strong>La</strong>gune, <strong>La</strong> Salie, restéeslongtemps “sauvages”, sontcolonisées à la fin <strong>de</strong>s années 1970,notamment par les campeurs, augrand dam <strong>de</strong>s habitués du lieu quivont jusqu'à déplorer la petiteclochette <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> glace...<strong>La</strong> sécurité constitue pour laCommune, comme pour toutecommune littorale, unproblème avec unetensionentre <strong>de</strong>s moyensfinancierspermanentetendus, <strong>de</strong>s plages très étendues,<strong>de</strong>s touristes <strong>de</strong> plus en plusnombreux et <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> plus enplus diversifiées. <strong>La</strong> sécurité futlongtemps assurée par <strong>de</strong>s CRS. LesMNS qui animaient les Clubs <strong>de</strong>plage, Léonce et Renée Mussaute,Jean Artiguebère, Hubert Méoule,Jean <strong>La</strong>vignolle... apportaient leur«concours bénévole et trèsefficace».“A Pyla, la question est à peu prèsrésolue, puisque les professeursd'éducation physique autorisés àexercer leur activité surcette plage ont pourobligation <strong>de</strong> fairechacun une heure <strong>de</strong>surveillance <strong>de</strong> bains”(Conseil municipal du19 avril 1952).Le 12 août 1972, lamer est calme, latempérature <strong>de</strong> l'air est<strong>de</strong> 22°C, la température<strong>de</strong> l'eau est <strong>de</strong> 18°C, “unestivant fait une chuted'un blockhaus”, <strong>de</strong>uxpiqûres <strong>de</strong> vive... Livre<strong>de</strong> bord du poste <strong>de</strong>secours <strong>de</strong> la plageDaniel Meller (AM,1J11).(1) “Aussi loin que la vue pouvaits'étendre, on n'apercevait que troischoses : la mer, bien souvent courroucée,le ciel et les dunes <strong>de</strong> sable ! Les oiseauxmêmes fuyaient ces lieux désolés” JeanPaloc, Souvenirs d'un directeur <strong>de</strong>sdouanes, SHAA, 1997, p. 15.Plage <strong>de</strong> Pilat, cp. L.L., fonds Archives municipales<strong>La</strong> <strong>Teste</strong> mag . 27