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TPGb ou lets EDITION S

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<strong>TPGb</strong><strong>ou</strong><strong>lets</strong> <strong>EDITION</strong>SPas de copyright. Reproduction vivement enc<strong>ou</strong>ragée.Le photocopillage tue l'industrie du livre : le plus tôt sera le mieux.


Si v<strong>ou</strong>s avez des réactions <strong>ou</strong> des choses à n<strong>ou</strong>s dire, n’hésitez pas à n<strong>ou</strong>sécrire à tpgb<strong>ou</strong><strong>lets</strong>@poivron.org.2du gr<strong>ou</strong>pe, au relationnel, et ça ne fait que reproduire et invisibiliser cesrapports inégalitaires et d’oppression.Et comme on a besoin de se sentir bien et à l’aise avec les gen-te-s avec qui onlutte/on fait des choses, ça n<strong>ou</strong>s fait donc poser la question de «avec qui onlutte?».Bon voilà… c’est la fin. Comme on l’a déjà un peu dit au début, le but de cetexte n’était pas de dire que l’activisme c’est nul… n<strong>ou</strong>s aussi on y tr<strong>ou</strong>ve deschoses intéressantes. On avait juste envie de lancer quelques pistes deréflexion sur des sujets pas trop s<strong>ou</strong>vent abordés.mai 200827


activiste et si on est jeune et plutôt sportif c’est encore mieux.- s<strong>ou</strong>vent on est exposé à des situations de confrontation physique, de prise derisques, et dans ces moments là il faut être c<strong>ou</strong>rageux-se, ne pas avoir peur. Lec<strong>ou</strong>rage et le contrôle de la peur et des émotions font partie de la constructionmasculine, ce qui ne signifie pas qu’on ne peut pas travailler dessus mais qu’audépart t<strong>ou</strong>t le monde n’est pas à égalité face à ces aptitudes.- l’activisme nécessite parfois des savoirs faire techniques (exemple: escalade).Ceux-ci sont détenus par quelques-un-e-s, les plus «aptes», cette spécialisationest s<strong>ou</strong>vent très genrée, c’est-à-dire que ce sont s<strong>ou</strong>vent des hommes quimaîtrisent le mieux ces techniques même s’il y a des échanges de savoirs quitendent à faire changer les choses.- au c<strong>ou</strong>rs des rencontres, actions, on a besoin de manger, de dormir… ce quinécessitent de faire des c<strong>ou</strong>rses, la récup, la b<strong>ou</strong>ffe, le ménage… Etmalheureusement il arrive s<strong>ou</strong>vent que, même si ces tâches peu <strong>ou</strong> même pasvalorisées dans ces moments là soient formalisées, ce soit les mêmespersonnes qui se retr<strong>ou</strong>vent à les faire, à s’en s<strong>ou</strong>cier… Et ce n’est pas anodinque ça soit ces personnes plutôt que d’autres.- l’intensité relationnelle crée des relations interindividuelles fortes et lesmoments activistes sont propices à la séduction, au fait que des gen-te-sdorment ensemble, commencent des relations «privilégiées» (on utilise ceterme parce que l’am<strong>ou</strong>r c’est pas bien, c’est aliénant et t<strong>ou</strong>t, alors plutôt qued’avoir des relations «am<strong>ou</strong>reuses», on a des relations «privilégiées»)… Lesintéractions d’ordre affectives, sexuelles… sont majoritairementhétérosexuelles, en t<strong>ou</strong>t cas dans les milieux activistes libertaires au seindesquels on évolue. En tant que personnes non hétérosexuelles, on est trèss<strong>ou</strong>vent mis à l’écart de ce jeu de séduction. Même s’il y a également d’autresgen-te-s qui en sont mis-e-s à l’écart p<strong>ou</strong>r d’autres raisons, ça n<strong>ou</strong>s renvoiequand même à l’oppression hétéro, à la norme et au fait qu’on en soit exclu.Plus en général, l’activisme est un peu aussi une façon particulièred’appréhender le/la politique et la place et la forme que ça prend dans nosvies. En évoluant dans un milieu squat-libertaire-anti-autoritaire, on seretr<strong>ou</strong>ve s<strong>ou</strong>vent à vivre collectivement. Là aussi, au sein du gr<strong>ou</strong>pe, onretr<strong>ou</strong>ve un peu les mêmes dynamiques dont on a parlées avant.On a s<strong>ou</strong>vent ressenti qu’il y avait clairement une hiérarchisation des luttes etque lutter contre l’hétéropatriarcat et se questionner sur les genres passait ausecond plan. Être activiste contre l’État, les flics, etc …, est plus valorisé qued’être activiste féministe et/<strong>ou</strong> queer. Le fait que les questions politiques quin<strong>ou</strong>s intéressent/t<strong>ou</strong>chent soient considérées, en général et dans les faits pasen théorie, comme secondaires entraîne qu’on est aussi moins valorisé-e-s,moins intéressant-e-s que les gen-te-s avec qui on lutte contre l’État, la prison,les flics… Cela crée des rapports inégalitaires dans les relations parce qu’onn’est pas considéré-e-s au même niveau par et avec les gen-te-s avec qui onlutte.En plus, le fait d’être t<strong>ou</strong>t le temps t<strong>ou</strong>rné-e-s vers l’actualité, vers l’«extérieur»,ça veut dire qu’on ne fait pas attention à comment ça se passe à l’«intérieur»26Quelques mots p<strong>ou</strong>r présenter un peu cette brochure et son origine.C’est un recueil de textes qui ont été écrits ces derniers mois par troispersonnes. Ces textes, sauf celui sur l’activisme, avaient été écritsindividuellement et chacun a son histoire. En t<strong>ou</strong>t cas, à l’origine ce n’étaitpas prévu qu’ils soient diffusés ensemble dans un même projet.Des lectures collectives, des discussions et des moments de vie passés ensemblen<strong>ou</strong>s ont p<strong>ou</strong>rtant fait apercevoir qu’il y avait un fil commun qui reliait cestextes, qu’ils allaient dans la même direction et surt<strong>ou</strong>t qu’ils exprimaient unmême malaise dans notre vie…le malaise de se vivre en tant que trans, pédé<strong>ou</strong> femme dans un milieu squat-libertaire-activiste trop s<strong>ou</strong>vent «masculin» ethétéronormé.Parce que il n’y a pas que l’Etat, le capitalisme et la police qui n<strong>ou</strong>soppressent dans la vie de t<strong>ou</strong>s les j<strong>ou</strong>rs…mais bien d’autres choses encore.On a donc décidé de publier les textes dans une même brochure. Et aussid’écrire un dernier texte (le seul collectif) sur l’activisme, afin d’élargir lechamp de notre critique.Notre envie est donc d’apporter, à partir de notre vécu, une voix différente surce milieu par rapport à plusieurs domaines: le relationnel, l’activisme, ledisc<strong>ou</strong>rs et la rhétorique politique…Mai 20083


POURQUOI LES PEDES SONT SOUVENT DES HOMMES <strong>ou</strong>DE (MON) L’INCAPACITE (DIFFICULTE) RELATIONNELLE (AFFECTIVE)Quand j’ai eu p<strong>ou</strong>r la première fois l’idée d’écrire ce texte, le titre, <strong>ou</strong> mieux, lapremière partie du titre actuel, m’est venue à la tête t<strong>ou</strong>t de suite. Plus qu’uneallusion explicite au fameux texte de Monique Wittig «La pensée straight», quise conclue avec la phrase «les lesbiennes ne sont pas des femmes», c’était uneréaction à un autre texte, moins connu, qui est apparu sur Bang Bang n.8, unfanzine pédé-libertaire, qui essaie de traduire en langage pédé deux propos deWittig ; ce qui donne: «les pédés ne sont pas des hommes» et «je n’ai pas depénis». Je tr<strong>ou</strong>vais pas trop satisfaisante p<strong>ou</strong>r moi l’utilisation qui était faite destermes liés au genre, comme «homme» <strong>ou</strong> «femme», mais surt<strong>ou</strong>t ça necorrespondait pas trop à la réalité que je voyais/vivais, où pleins de pédés/gaysque je rencontrais avaient p<strong>ou</strong>r moi des comportements masculins, d’homme.Je me disais que p<strong>ou</strong>r moi le genre n’était pas ce dont ielles parlaient dans leurstextes, trop théoriques et donc, comme s<strong>ou</strong>vent, trop loin du vécu. Même si jecomprenais, dans un certain sens, p<strong>ou</strong>rquoi ielles disaient ça, la valeur politiqueet symbolique, ça me dérangeait et remuait à cause du décalage avec ce que moije ressentais t<strong>ou</strong>s les j<strong>ou</strong>rs. Donc c’était moi qui avais raison! Maintenant je medis que les deux utilisations ne sont pas forcément contradictoires : une seréfère au genre en général dans la société, au système d’oppression hétéropatriarcaleet à comment les gentes se positionnent par rapport à ça.. moi j’aienvie plutôt de parler du genre à un niveau plus réduit, presque individuel, decomment il se manifeste dans les rapports interpersonnels, dans lesrelations/intéractions/échanges entre deux <strong>ou</strong> plusieurs personnes. C’est peutêtremoins politique (quoi que…), mais ça correspond plus à comment moi je levis au quotidien.Ce texte s’adresse surt<strong>ou</strong>t aux garçons, hommes, tapettes, mecs, gays, pédés,folles, etc.., et il est écrit par une personne qui pendant les dernières années s’estdéfinie comme pédé, mais qui maintenant a un peu du mal avec cette identité.Je me considérais comme un garçon, en opposition à homme/mec, qui p<strong>ou</strong>rmoi renvoyait à une dimension virile, mais me définir comme pédé était p<strong>ou</strong>rmoi une façon d’affirmer politiquement mon identité sexuelle hors de la normehétérosexuelle, mais aussi de me différencier de l’identité gay et donc me situerhors de la norme homosexuelle. Le Marais, quartier gay parisien, n’était pasmon monde: rempli de «monstres» de la société contemporaine, où il faut êtrebeau, riche et musclé <strong>ou</strong> fashion p<strong>ou</strong>r pas en être exclu irrémédiablement.. cequi en dit pas mal sur les rapports qui règnent entre les gentes. Donc c’est pastrop de ces personnes-là que je parlerai, vu que p<strong>ou</strong>r moi c’est comme si ellesn’existaient pas, <strong>ou</strong> mieux, moi je n’existe pas p<strong>ou</strong>r elles.Mes réflexions seront donc plutôt limitées aux milieux dans lesquels j’évolue enparallèle depuis trois ans (mais pas que…), c’est à dire le milieu transpédég<strong>ou</strong>ineparisien et le milieu squat libertaire (très hétéro).Parler de genre signifie p<strong>ou</strong>r moi parler aussi d’une grande partie de mesdifficultés relationnelles (comme quoi on a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs un intérêt dans ce qu’on4que le fond du sujet n’est pas si important, ce qui compte c’est l’action en ellemême; ce qui, en soi, peut être intéressant puisque c’est contre un systèmequ’on lutte et non contre une partie de celui-ci. Le problème c’est que cetaspect ne fait que renforcer les pseudos évidences politiques et les manquesde discussion de fond. Cela crée également une c<strong>ou</strong>rse à l’événement, unec<strong>ou</strong>rse à l’action, un-e bon-ne activiste est efficace.Ça n<strong>ou</strong>s est arrivé de croiser des personnes pendant plusieurs années, àchaque fois p<strong>ou</strong>r des actions, et de n<strong>ou</strong>s rendre compte que finalement on neles connaissait pas, qu’ on ne savait même pas quelles étaient nos basespolitiques communes, alors que ce qui n<strong>ou</strong>s réunissait était éminemmentpolitique.Les événements activistes sont c<strong>ou</strong>rts, ponctuels, ils ne durent pas plusde quelques semaines au maximum. Ce sont s<strong>ou</strong>vent des «c<strong>ou</strong>ps», desmoments ponctuels «spectaculaires» (c'est-à-dire que l’action en elle-mêmeest très visible, impressionnante visuellement) parfois médiatiques. L’intérêtest de t<strong>ou</strong>cher, sensibiliser le plus de monde possible, d’essayer d’amener unrapport de force p<strong>ou</strong>r obtenir quelque chose, s<strong>ou</strong>tenir des gen-te-s <strong>ou</strong> p<strong>ou</strong>rvisibiliser une position politique. Ensuite il n’y a pas de suivi <strong>ou</strong> très peu,parfois une réunion «bilan et perspectives» où sont notamment abordés lesproblèmes survenus lors de l’action. En général dans ce type de réunion onparle de comment on a vécu l’action, on fait un bilan politique personnel, onévoque la suite qu’on a envie de donner à cette action, de comment on estprêt-e à s’investir à l’avenir. On discute des erreurs stratégiques faites durant lemoment clé, de comment on p<strong>ou</strong>rrait faire autrement une prochaine fois. Onaborde parfois les problèmes de spécialisation, de répartition des rôles genréemais on survole assez vite ces questions p<strong>ou</strong>r en revenir aux vraiespréoccupations p<strong>ou</strong>r la révolution, aux stratégies face aux flics, …Dans ces moments activistes, on fait s<strong>ou</strong>vent face à la répression del’Etat, des flics de manière frontale, physique, ce qui renforce le gr<strong>ou</strong>pe, lasolidarité entre les individu-e-s. Dans ces moments là on est t<strong>ou</strong>stes uni-e-scontre le même ennemi qui n<strong>ou</strong>s oppresse t<strong>ou</strong>stes, ce qui créé une forteintensité relationnelle. C’est comme si on était à égalité face à cet ennemialors que nos différentes positions sociales font que n<strong>ou</strong>s sommes plus <strong>ou</strong>moins discriminé-e-s, exclu-e-s… Celles-ci peuvent entretenir plus <strong>ou</strong> moinsfortement des rapports de p<strong>ou</strong>voir, d’oppression, de dominant-e-s/dominé-es(sexisme, racisme, homo/lesbophobie, transphobie, âgisme, classisme…onne dira pas validisme car l’activisme comme on l’a pratiqué/le pratique estvalidiste en soi, il n’y a donc que des personnes valides) au sein du gr<strong>ou</strong>pe sion n’y fait pas <strong>ou</strong> peu attention. Mais se poser trop de questions sur lesrapports sociaux, genrés, de domination qui ont pu exister entre n<strong>ou</strong>spendant la rencontre reviendrait à n<strong>ou</strong>s fragiliser, à n<strong>ou</strong>s diviser, à remettre encause notre union contre le grand Ennemi, le vrai, et donc à ce que la forteintensité relationnelle soit remise en question.On peut apporter plusieurs exemples de comment les rapportsd’oppression entrent en jeu dans des contextes d’activisme :- les actions nécessitent s<strong>ou</strong>vent une mise en jeu du corps où celui-ci doit êtrele plus «fonctionnel» possible. Il faut être valide en bonne santé p<strong>ou</strong>r être25


LE MALAISE DANS L’ACTIVISMECe texte se veut comme une réflexion critique sur l’activisme à partir denotre vécu. Mais différemment des textes critiques déjà existants, le pointd’énonciation, c'est-à-dire d’où ce texte est écrit, ne sera pas le même. On neposera pas ici la question de savoir si l’activisme c’est bien <strong>ou</strong> mal dans unestratégie révolutionnaire…bien d’autres l’ont déjà fait… Mais on écrira à partirde notre position dans la société de personnes pas hétéros et féministes. Cequi change pas mal la perspective, au moins dans notre cas. Ce texte n’est pasune analyse globale de l’activisme, ce qu’on va évoquer se base sur nosexpériences et les fonctionnements qu’on a observés, vécus.Dans le contexte de répression actuelle, de propagande anti-anarchiste et antiautonome,on a un peu hésité à écrire ce texte. Alors on tenait à préciser quemême si on le diffuse maintenant, ce n’était pas du t<strong>ou</strong>t dans l’optique deséparer, diviser les bons des méchants, ni d’en raj<strong>ou</strong>ter une c<strong>ou</strong>che sur celleuxqui, en ce moment, s’en prennent déjà plein la gueule. On sera t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rssolidaires des gen-te-s qui luttent contre ce monde de merde…On avait juste envie de rendre visible des questions et des perplexités qui n<strong>ou</strong>sparaissent importantes et qui font qu’on se sent s<strong>ou</strong>vent pas trop à l’aise et ensyntonie avec les autres dans des «contextes» d’activisme.P<strong>ou</strong>r commencer on va essayer de définir qu’est ce qu’on entend paractivisme. L’activisme est une forme particulière de militantisme <strong>ou</strong>, en t<strong>ou</strong>tcas, se différencie de celui-ci par le fait de se développer en dehors des partis,orgas, syndicats et d’utiliser s<strong>ou</strong>vent d’autres moyens de lutte que ceuxtraditionnels. Les activistes se mettent en jeu physiquement, dans uneconfrontation plus directe, c’est de l’action directe au sens large du terme. Onva ici parler de l’activisme anarcho-libertaire qui lutte contre le capitalisme,l’État, les flics…Une des formes dans lesquelles l’activisme peut se concrétiser c’estl’organisation de rencontres, j<strong>ou</strong>rnées d’actions <strong>ou</strong> actions ponctuelles.La plupart du temps, ces événements se font dans l’urgence. Dans les réunionsne sont abordées que les points logistiques, techniques, organisationnels quiprennent déjà beauc<strong>ou</strong>p de temps et dans ces moments là celui-ci est compté.L’urgence est parfois nécessaire parce que c’est vrai qu’il y a des moments pluspertinents que d’autres p<strong>ou</strong>r faire telle <strong>ou</strong> telle action. Mais c’est vrai aussi quedans nos expériences d’activiste on a rarement eu des discussions de fondformelles, même sur les thématiques spécifiques s<strong>ou</strong>levées par la/les cibles del’action avec les personnes y participant. Sûrement p<strong>ou</strong>r une question detemps, déjà que dans ces moments là on ne dort pas beauc<strong>ou</strong>p, on écrit destracts, on règle les problèmes techniques, on parle de stratégies, onrepère…mais aussi peut-être parce qu’on aimerait croire qu’il y a un consensuspolitique entre n<strong>ou</strong>s qui en réalité reste non-dit et qui n’est pas si évident.Ces rencontres sont s<strong>ou</strong>vent des «événements» où il faut être quand onest activiste, certains sont même incont<strong>ou</strong>rnables, on a l’impression parfois24fait..). J’ai du mal à séparer les deux, même si elles ne correspondent pasexactement. C’est justement à partir de mon malaise, de ma difficulté à mesentir bien avec les gentes que j’ai commencé à me poser des questions surmoi, sur les autres, sur les relations.. et p<strong>ou</strong>r où j’en suis maintenant, pas malde réponses me viennent justement de réflexions sur le genre. Mais c’est clairqu’il n’y a pas que ça. D’autres raisons sont liées à la famille dans laquelle j’aigrandi, et donc à des questions d’origine sociale. Mes parents sont t<strong>ou</strong>stes lesdeux d’origine paysanne et viennent de familles pauvres, et obligés de travaillerdès petits, ielles n’ont pas eu le temps de cultiver des amitiés.. Si à ça on aj<strong>ou</strong>tele catholicisme de ma mère et sa morale familialiste, on comprend biencomment ielles m’ont pas du t<strong>ou</strong>t appris à avoir des relations sociales, desamitiés. D’autant plus que eullex n’avaient pas d’amis, sauf quelques collèguesde travail, mais qui n’avaient pas trop d’importancedans leurs vies. Mais c’était bien comme ça.L’important c’est la famille. Et rien d’autre.Dans ma vie je ne me suis jamais senti trop àl’aise avec les garçons, mais je m’étais jamaisposé trop de questions. Je me disais quec’était peut-être lié à mon homosexualité,qui m’avait mis dans une situationnévrosée qui me faisait rechercher avecles garçons des histoires d’am<strong>ou</strong>r <strong>ou</strong> rien.J’étais hyperfrustré de ne pas tr<strong>ou</strong>verl’am<strong>ou</strong>r, mais p<strong>ou</strong>r le reste ça m’allaitcomme ça. Je me disais que c’étaitcomme ça, et c’était pas grave. Ça memanquait pas des rapports d’amitié avecdes garçons.Les dernières années j’ai vécu dans uneespèce de vie schizophrène, à cheval entredeux milieux. Aucun ne me satisfaisaitentièrement; dans le milieutranspédég<strong>ou</strong>ine je retr<strong>ou</strong>vais des réflexionssur des questions de genre et sexualité quim’intéressaient. Je connaissais surt<strong>ou</strong>t despédés, donc des gentes avec un vécu en partiesimilaire au mien. Mais je n’aimais pas les modesde relation entre les gentes, que je tr<strong>ou</strong>vais superficiels, et où on donnait tropd’importance p<strong>ou</strong>r moi aux apparences et à un certain savoir-faire social. Vuque la branchitude et la mondanité ne sont pas trop p<strong>ou</strong>r moi non plus, et queje ne suis ni cool ni fort sympathique, aussi ce monde-là m’ignorait assez etm’était en grande partie exclu. Et le fait d’avoir un mode de vie assez différentde la majorité des gentes n’aidait sûrement pas. Depuis deux ans, en fait, je visdans le merveilleux monde des squats. C’est un milieu qui me correspond plusau niveau politique général, au niveau des modes de vie, et où je me sensmieux au niveau relationnel. J’ai l’impression que les valeurs humaines sontdifférentes et qu’on fait un peu plus gaffe aux rapports de domination, aussidans la sphère relationnelle. Des réflexions sur le p<strong>ou</strong>voir, sur la place qu’on5


prend dans les discussions, etc. Mais la réalité est parfois assez différente, etcomme c’est un monde fortement hétéro et masculin, je ne peux pas ne pasressentir un sentiment de solitude, parfois d’incompréhension et de décalage devécus.Dans ce contexte, la différenciation genrée de mes rapports interpersonnels estréapparue avec violence. P<strong>ou</strong>r le dire d’une façon assez simpliste : avec plus <strong>ou</strong>moins t<strong>ou</strong>tes les filles avec qui j’habitais <strong>ou</strong> je partageais des b<strong>ou</strong>ts de ma viej’arrivais à avoir des rapports assez forts, j’arrivais à parler de moi et decomment je me sentais ; avec plus <strong>ou</strong> moins t<strong>ou</strong>s les garçons les rapportsétaient soit tendus et conflictuels, soit, au mieux, presque nuls, avec un vraimanque de communication et de partage. Cette asymétrie correspondaitexactement à celle de pas mal de garçons, qui montrent leurs faiblesses etsensibilité que avec des filles (s<strong>ou</strong>vent leur copine), et qui fait que dans cettesociété c’est s<strong>ou</strong>vent elles qui portent le poids relationnel de l’éc<strong>ou</strong>te des autres,du réconfort, du s<strong>ou</strong>tien psychologique. Je me suis donc pendant longtempsdemandé si ma situation était vraiment la même que celle des autres garçons etje pense que j’ai plutôt envie de dire que non, vu que moi j’ai quelques, bienque rares, relations proches avec des garçons, même si c’est très s<strong>ou</strong>vent pas deshétéros.A un moment dans ma vie, qui correspondait aussi à une période où jecommençais à avoir plus de confiance en moi-même et en ce que je pensais, j’aicommencé a avoir les idées un peu plus claires sur le p<strong>ou</strong>rquoi de t<strong>ou</strong>t ça, surquel type de relations je v<strong>ou</strong>lais, sur les mécanismes genrés dans mes relations..mais surt<strong>ou</strong>t, grâce au féminisme, je voyais les chose d’une autre façon. Et j’aicommencé à politiser t<strong>ou</strong>t ça. Ce n’était pas normal de me faire t<strong>ou</strong>t le tempsécraser, de ne pas être considéré comme un individu, de me faire imposer desmodes de discussion et de relation. Et alors, depuis quelques mois, j’aidéveloppé une espèce de haine contre les hommes et t<strong>ou</strong>t comportementmasculin.Dans ce texte j’ai envie de parler surt<strong>ou</strong>t de relations et de sexualité.Normalement on parle de ça de façon assez vague. C’est difficile de mettre desmots dessus. Mais j’ai envie d’essayer, de faire un effort de clarification, avec lerisque de tomber dans le banal et dans des généralisations. Je tr<strong>ou</strong>ve ça assezcompliqué parce que la construction de la masculinité est bien ancrée enprofondeur et, quand elle n’est pas affichée clairement et mise en avant par desattitudes virilistes et machos, c’est s<strong>ou</strong>vent difficile de la reconnaître et de ladécrire.. mais elle ressort dans les détails, dans les nuances, dans le [fond], dansla façon de faire et pas forcement dans le faire.. Ça peut être une façon de parler,de se mettre en avant, d’afficher des choses de n<strong>ou</strong>s, de se relationner auxgentes et aux monde, etc.Des fois, il y a les apparences et les disc<strong>ou</strong>rs des gentes qui contribuent àcompliquer et à embr<strong>ou</strong>iller encore plus t<strong>ou</strong>t ça, comme la catégorie desgarçons hétéros qui se déclarent déconstruits et pro-féministes et qui parfoispensent que ça suffit de faire la cuisine, la vaisselle et le ménage et de critiquerles machos p<strong>ou</strong>r ne plus être des hommes (oppresseurs).. si en plus ils mettentdes robes <strong>ou</strong> des jupes pendant des soirées <strong>ou</strong> des événements publics, c’est6A CEUX QUI N’ONT RIEN COMPRIS…Sur la fac de Grenoble, on se replonge dans l’exercice fastidieux des Assemblées générales et déjà refontsurface les mêmes vieilles situations moisies. Dans l’immense tr<strong>ou</strong>peau de petits mecs bios blancs hétéros donton se demande parfois contre quoi ils luttent réellement à part p<strong>ou</strong>r conserver leurs privilèges de classe, onrecroise immanquablement le lobby de ceux qui n’ont rien compris, <strong>ou</strong> qui en appellent à la défense de leurscongénères, pauvres ignorants qui ne «comprennent pas» notre rage. C’est le moment sav<strong>ou</strong>reux où l’on a laconfirmation que la majorité de ces rejetons aisés (car la plupart, en plus d’être des mâles blancs et hétéros,sont« issus de classes moyennes et ont fait un petit <strong>ou</strong> un grand t<strong>ou</strong>r par la case études supérieures» p<strong>ou</strong>r resterpoli et ne pas évoquer le fait que leur statut les a réduits à limiter leur esprit critique à l’analyse des m<strong>ou</strong>vementssociaux) se vautrent dans une ins<strong>ou</strong>ciance crasse et moelleuse, à quelques centimètres de l’inconscience totale.Ceux-là ne veulent pas comprendre. Part<strong>ou</strong>t règne l’ordre blanc valide hétéropatriarcal binaire, mais ils neveulent ni le voir, ni le comprendre, et surt<strong>ou</strong>t pas le subvertir. N<strong>ou</strong>s n’avons pas besoin d’eux et leur expliquerla situation est une pure perte de temps et d’énergie. Même si certains se risqueront à mettre une jupe le tempsd’une soirée, ils auront tôt fait de ret<strong>ou</strong>rner avec délectation dans leur morne quotidien en se réclamant«antisexistes», comme leurs aînés de la «libération sexuelle» se sont mariés et ont mis les pieds s<strong>ou</strong>s la table.Parmi ces jeunes hommes en état de mort cérébrale, on entend déjà certains crier aux «féministeshystériques et violent-e-s» comme on crie au l<strong>ou</strong>p. On peut alors dire que la société genrée a bien fait sontravail éducatif de formatage des cerveaux en «homme» et en «femme» en créant ainsi une division binaire làoù il y avait un continuum. Ces garçons bien construits ont t<strong>ou</strong>t simplement bien appris leur leçon et c’est bient<strong>ou</strong>t ce qu’on leur demande à l’université comme ailleurs. Rappelons-leur à titre indicatif que celleux qu’ilsnomment les «extrémistes», c'est-à-dire celleux qui ont choisi de ne pas réduire leur lutte à celle contre l‘Etat etses flics, sont celles qui ont permis certaines avancées (bien que minimes) dans cette société conservatrice etréactionnaire.Les chiens de ce tr<strong>ou</strong>peau, qu’ils se nomment antisexistes, proféministes, <strong>ou</strong> machistes, achèventde p<strong>ou</strong>rrir la situation. Ils p<strong>ou</strong>rrissent les AG, ils p<strong>ou</strong>rrissent nos luttes, ils n<strong>ou</strong>s divisent à chaque fois qu’ils enont l’occasion, en particulier devant un micro <strong>ou</strong> derrière un texte. P<strong>ou</strong>r eux ce n’est jamais le bon moment, ni lebon mode d’action qu’ils jugent t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs trop violent. Il n’y a pas de lutte valable hors de leur logique de guerrecivile anti-étatique. Leur volonté de désigner des ennemis communs «l’Etat, les flics, les patrons» comme seulsennemis à combattre ensemble cache mal leur désir de garder leur statut de privilégiés sociaux sans jamaisremettre en question leur position de p<strong>ou</strong>voir. On sait bien comment ils fonctionnent p<strong>ou</strong>r tenir le crachoiren AG, tenir le monopole de la «radicalité», bref n<strong>ou</strong>s tenir en laisse. Ils ne sont rien d’autre que des flics etcomme nos ennemis en uniforme, ils n’ont pas leur place dans le monde que n<strong>ou</strong>s s<strong>ou</strong>haitons. Non seulementn<strong>ou</strong>s n’avons pas besoin d’eux mais en plus, à Grenoble comme ailleurs, il serait vraiment s<strong>ou</strong>haitable de n<strong>ou</strong>srendre indociles, incontrôlables au point de les dégoûter de leur rôle de flics de genre.Il faut maintenant assumer le fait que nos luttes, qui s’inscrivent pleinement dans les m<strong>ou</strong>vancesféministes, queer et anticolonialistes de ces dernières années (queeruptions, ladyfests, événements trans, pédé,g<strong>ou</strong>ines, manifs non-mixtes, appel des indigènes de la république, appel des féministes indigènes…), vont bienplus loin que leur horizon étriqué et réducteur de leur combat contre l’Etat. N<strong>ou</strong>s sommes en traind’apprendre à n<strong>ou</strong>s visibiliser dans l’espace public, à faire sortir notre rage et désormais n<strong>ou</strong>s ne n<strong>ou</strong>slaisserons plus enfermer dans de pâles revendications.A ceux qui n’ont rien compris :C’est ce monde blanc, binaire (homme/femme), hétérosexiste, validiste, de flics, de patrons et de robotscitoyens que n<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lons détruire.23


A celles et ceux qui ne savent pas…Sur la fac de Grenoble on se replonge dans l’exercice fastidieux des AssembléesGénérales et déjà refont surface les mêmes vieilles situations moisies. Dans l’immense tr<strong>ou</strong>peauétudiant, dont on se demande parfois ce qu’il «étudie» réellement à part ses chances d’intégrerle monde puant de «l’entreprise», on recroise immanquablement le lobby de cellzéceux qui ne«savent pas», <strong>ou</strong> qui en appellent à la défense de leurs congénères, pauvres ignorants qui ne«comprennent pas» la mobilisation. C’est le moment sav<strong>ou</strong>reux où l’on a la confirmation que lamajorité de ces rejetons aisés (disons «issus p<strong>ou</strong>r la plupart des classes moyennes» p<strong>ou</strong>r resterpoli et ne pas évoquer le fait que le confort matériel les a réduits à limiter leur esprit critique àl’analyse du catalogue Ikea) se vautrent dans une ins<strong>ou</strong>ciance crasse et moelleuse, à quelquescentimètres de l’inconscience totale. Ceux-là ne veulent pas savoir. Dehors c’est la guerre, maisils ne veulent ni la voir, ni la comprendre, et surt<strong>ou</strong>t pas y participer. N<strong>ou</strong>s n’avons pas besoind’elleux et leur expliquer la situation paraît être une pure perte de temps et d’énergie. Même sicertains se risqueront à venir frissonner dans la rue le temps d’une manif encadrée, ils auront tôtfait de ret<strong>ou</strong>rner avec délectation à leur morne quotidien en se réclamant de la «générationCPE», comme leur aînés de la «génération 68» ont c<strong>ou</strong>ru monter des agences de publicité.Parmi ces jeunes en état de mort cérébrale, on entend déjà certain-e-s crier aux«casseurs» comme on crie au l<strong>ou</strong>p. On peut alors dire que le travail médiatique a porté sesfruits en instaurant la division là où il n’y en avait pas. En face, ces étudiant-e-s citoyen-ne-s ontt<strong>ou</strong>t simplement bien appris leur leçon et c’est bien t<strong>ou</strong>t ce qu’on leur demande à l’université.Rappelons-leur à titre indicatif que cellzéceux qu’ils nomment les «casseurs», c'est-à-dire celleset ceux qui ont choisi de ne pas réduire leurs modes d’actions à ceux décidés par les flics de t<strong>ou</strong>spoils, sont celleux qui ont permis le retrait du CPE. En effet, qui peut encore croire que l’Etataurait reculé devant un énième m<strong>ou</strong>vement m<strong>ou</strong>tonnier et docile?Les chiens de ce tr<strong>ou</strong>peau, qu’ils se nomment UNEF, FSE, Fac Verte, la Cé <strong>ou</strong> l’UNI,achèvent de p<strong>ou</strong>rrir la situation. Ils p<strong>ou</strong>rrissent les AG, ils p<strong>ou</strong>rrissent les manifs, ils p<strong>ou</strong>rrissentle m<strong>ou</strong>vement à chaque fois qu’ils en ont l’occasion, en particulier devant une caméra <strong>ou</strong>derrière un service d’ordre. P<strong>ou</strong>r eux ce n’est jamais le bon moment, ni le bon mode d’action. Iln’y a pas d’actes valables hors de leurs logiques bureaucratiques. Leur volonté de «massifier» lem<strong>ou</strong>vement cache mal leurs désirs de politicards en herbe. On sait bien comment ilsfonctionnent p<strong>ou</strong>r tenir le crachoir en AG, tenir le cortège en manif, en bref n<strong>ou</strong>s tenir enlaisse. Ils ne sont rien d’autre que des flics et comme leurs collègues en uniforme, ils n’ont pasleur place dans le monde que n<strong>ou</strong>s s<strong>ou</strong>haitons. Non seulement n<strong>ou</strong>s n’avons pas besoin d’euxmais en plus, à Grenoble comme ailleurs, il serait vraiment s<strong>ou</strong>haitable de n<strong>ou</strong>s rendreindociles, incontrôlables au point de les dégoûter de leur rôle de gardes-chi<strong>ou</strong>rmes.Il faut maintenant assumer le fait que ce m<strong>ou</strong>vement social, qui s’inscrit pleinementdans les flambées émeutières de ces derniers mois (m<strong>ou</strong>vement lycéen, émeutes de novembre2005, CPE, émeutes des élections présidentielles) va bien plus loin que l’horizon ét<strong>ou</strong>ffant denos facs. N<strong>ou</strong>s avons appris à transposer notre rage dans la rue et désormais n<strong>ou</strong>s ne n<strong>ou</strong>slaisserons plus enfermer dans de pâles revendications.A celles et ceux qui ne savent pas:C’est ce monde de flics, de patrons et de robots citoyens que n<strong>ou</strong>s ne v<strong>ou</strong>lons plus.22vraiment le top de la déconstruction.. et peu importe qu’ils se réapproprientdes <strong>ou</strong>tils de lutte pédé en les vidant de sens. Ou, dans le milieu pédé, certaines«folles», qu’on p<strong>ou</strong>rrait dire tellement féminines, mais qui ont s<strong>ou</strong>vent unefaçon de s’imposer dans l’espace public, de prendre plein de place, de parler desexualité qui est t<strong>ou</strong>t à fait masculin. Ces deux exemples sont un peucaricaturaux, mais c’était juste p<strong>ou</strong>r montrer que les comportements et lesattitudes masculines vont bien au-delà des apparences, du superficiel.Dans les rapports interpersonnels, ce que je tr<strong>ou</strong>ve caractéristique chez lesgarçons (surt<strong>ou</strong>t hétéros) c’est l’asymétrie relationnelle genrée dont j’ai parléeplus haut: le fait de se montrer différemment selon le genre de la personne avecqui on relationne. Moi je parlerai surt<strong>ou</strong>t des intéractions «garçon/garçon»,parce que c’est mon expérience et ce que je connais mieux. Ce que je retr<strong>ou</strong>verégulièrement avec des garçons (s<strong>ou</strong>vent hétéros), c’est qu’on cherche àm’imposer une certaine forme de relation dans laquelle il faut montrer unecertaine assurance en soi, même si elle n’est pas réelle, il faut pas montrer sesfaiblesses et fragilités, on parle pas de soi, de son intime/émotions/sentiments,de comment on se sent, mais on parle de choses pratiques, techniques, onraconte des anecdotes marrants, <strong>ou</strong> des histoires p<strong>ou</strong>r montrer comment notrevie est intéressante, riche et pleine d’aventures, <strong>ou</strong>, selon les milieux, on parlede politique et on sort alors nos grandes théories sur comment le mondemarche, qu’est-ce qu‘il faut faire et comment, parce que c‘est clair, on est tropintelligents et on a t<strong>ou</strong>t compris. Bien sûr, t<strong>ou</strong>t contact physique, tendresse etdémonstration affective sont interdites. Il faut être drôle et cool, avoir plein dechoses à raconter (mais pas n‘importe lesquelles..), avoir un savoir faire social.Devant t<strong>ou</strong>t ça, tu peux faire deux choses: accepterles règles du jeux, en espérant en être à la hauteur, <strong>ou</strong>pas les accepter, avec le risque d’être exclu de la«maison des hommes» et de ne pas être considérécomme un individu. Moi, j’ai décidé que ces basesrelationnelles m’allaient pas, et c’est p<strong>ou</strong>r ça que jen’ai presque pas des relations avec des garçonshétéros.Le milieu pédé je le connais un peu moins enprofondeur; comme je l’ai déjà dit, l’espèce des pédésanarchistes étant une espèce vraiment rare, le faitd’avoir un mode de vie assez différent de la majoritédes pédés fait que c’est un monde que maintenant jecroise que de temps en temps, plus <strong>ou</strong> moinss<strong>ou</strong>vent, mais avec qui je ne partage pas le quotidien,ce qui rend la connaissance plus difficile. P<strong>ou</strong>r y avoir traîné pas mal dans lepassé, p<strong>ou</strong>r ce que je connais, je tr<strong>ou</strong>ve que les choses marchent un peudifféremment: moins de virilité, plus de contacts physiques, plus d’intime,d’autres sujets de discussion (le sexe?), une c<strong>ou</strong>che de «féminité», des voix plusaigues. Mais d’autres codes et d’autres normes apparaissent: il faut être jeune etmignon et donner beauc<strong>ou</strong>p d‘importance à comment on s‘habille et on se7


montre, parce que c’est à travers ça qu’on exprime soi-même, il faut être, làaussi, drôle, cool et avoir le savoir faire social, mais surt<strong>ou</strong>t il faut avoir une viesexuelle riche et épan<strong>ou</strong>issante, et bien sûr, il faut aussi que les autres lesachent.Au final, je ne me reconnais pas dans aucun des deux systèmes de valorisation.Ils ont en commun l’absence de choses que moi je tr<strong>ou</strong>ve vraimentimportantes, dont j’ai besoin p<strong>ou</strong>r me sentir bien et à l’aise dans une relation,comme l’attention aux autres, le fait de savoir être à l’éc<strong>ou</strong>te et la prise encompte des difficultés relationnelles. Ce qui, p<strong>ou</strong>r moi, donne une dimensionhumaine aux relations.Jusqu’ici j’ai parlé surt<strong>ou</strong>t de relations «amicales». Maintenant je parlerai derelations affectives et de sexualité. Dans ce domaine mon expérience se limitepresque qu’aux pédés. Vu que les histoires sans espoir ne m’amusent plus trop,j’ai plutôt tendance à renoncer à l’avance de tomber am<strong>ou</strong>reux d’hétéros <strong>ou</strong>pseudo-bi. Ça me fait un peu peur de parler de t<strong>ou</strong>t ça. Ça t<strong>ou</strong>che vraiment àmon intime, et je ne suis pas tellement habitué à en parler. Je pense que c’estp<strong>ou</strong>r ça que ça fait plusieurs j<strong>ou</strong>rs que j’essaie d’écrire sur ça et à chaque fois jetr<strong>ou</strong>ve d’autres choses à faire p<strong>ou</strong>r rep<strong>ou</strong>sser : relire ce que j’ai déjà écrit,corriger, relire, faire un t<strong>ou</strong>r sur internet, <strong>ou</strong> je me dis que je suis trop fatiguép<strong>ou</strong>r arriver à me concentrer, etc.. J’avais comme l’impression d’avoir mis unec<strong>ou</strong>che de protection et que p<strong>ou</strong>r l’enlever il fallait que je sois vraimentdéterminé et que je fasse des efforts. C’est aussi parce que la sexualité dans mavie c’est assez compliqué, <strong>ou</strong> du moins je ne la vis pas avec légèreté. Pendantlongtemps, depuis que ma vie sexuelle a commencé, j’ai cherché désespérémentdu sexe, un peu avec n’importe qui. J’étais pas trop exigeant. Mais comme j’étaisaussi hyper timide, ça n’arrivait pas s<strong>ou</strong>vent. Mais au moins, après des annéesde frustration pendant t<strong>ou</strong>te mon adolescence, j’arrivais finalement àconcrétiser mes désirs sexuels. C’était s<strong>ou</strong>vent des histoires sans lendemain,sans sentiment ni rien. Ce qui était important c’était de baiser le plus possible etavec le plus de monde possible.. sans faire gaffe à personne. Aut<strong>ou</strong>r de moi, ceque le milieu gay me réfléchissait/renvoyait, c’était ça. Mais moi, je ne le vivaispas très bien. Petit à petit je me suis aperçu que la sexualité que j’avais, ellen’était pas du t<strong>ou</strong>t satisfaisante p<strong>ou</strong>r moi. J’avais du mal avec la sexualitéclassique pédé. Je préférais les câlins à la baise, je tr<strong>ou</strong>vais les m<strong>ou</strong>vements deshanches pas spontanés et ridicules, la centralité de la bite et de la génitalité medérangeait, je j<strong>ou</strong>issais trop vite… Cette pression à la performance m’étaitinsupportable. Je tr<strong>ou</strong>vais que la sexualité pédé n’était pas trop différente decelle masculine. La pénétration anale remplaçait la pénétration vaginale, il yavait plus de réciprocité, mais les valeurs sur lesquelles elle était construiteétaient les mêmes.P<strong>ou</strong>r mettre en discussion cette construction masculine de la sexualité, maissurt<strong>ou</strong>t p<strong>ou</strong>r ne pas vivre une sexualité qui ne me convient pas, depuis unmoment j’ai besoin d’avoir confiance dans la personne avec qui je vis quelquechose de sexuel. Ou du moins les limites que je pose sont différentes selon ledegré de confiance que j’ai dans l’autre.P<strong>ou</strong>r avoir confiance j’ai donc besoin de connaître un peu l’autre personne, etalors c’est clair que la dimension relationnelle prend t<strong>ou</strong>te une autreimportance. Mais là aussi je me suis confronté à un autre pilon de la8Les deux textes qui suivent vont ensemble et je ne tr<strong>ou</strong>ve pas de sens àdiffuser le second sans le premier, car A ceux qui n’ont rien compris est undét<strong>ou</strong>rnement de A celles et ceux qui ne savent pas.L’idée de ce dét<strong>ou</strong>rnement était de mettre en lumière et de critiquer unerhétorique et une forme d’écriture que je tr<strong>ou</strong>ve élitiste et méprisante. P<strong>ou</strong>rmoi, cette rhétorique induit qu’il y aurait une sorte de pureté de la radicalitépolitique à atteindre, que les personnes qui l’utilisent l’ont atteinte et que lereste des gen-te-s sont t<strong>ou</strong>stes des flics. D’une part ça me renvoie à l’idée devérité, comme s’il y en avait une à tr<strong>ou</strong>ver, et d’autre part la radicalité mise enavant par ce genre de texte est une radicalité anti-étatique, anti-capitaliste maisqui ne prend pas en compte t<strong>ou</strong>s les autres rapports d’oppressions qui nerelèvent pas uniquement d’institutions <strong>ou</strong> d’éléments extérieurs mais aussi desoi et de sa position sociale.J’avais envie de montrer que la radicalité, c’est-à-dire prendre les problèmes àla racine, ne résidait pas uniquement dans la volonté de détruire l’Etat, lecapitalisme etc… mais également dans détruire le patriarcat, le racisme, labinarité des genres et des sexes… c’est-à-dire de remettre en cause ses privilègesde blanc-he, de mec, d’hétéro-a…Après, je n’ai pas envie que le dét<strong>ou</strong>rnement soit diffusé sans la versionoriginale car je ne tr<strong>ou</strong>ve pas très intéressant d’aborder des sujets politiques,quels qu’ils soient, de manière aussi méprisante, de s’adresser à des gen-te-s enleur disant en gros «v<strong>ou</strong>s êtes des merdes et moi j’ai t<strong>ou</strong>t compris» parce quec’est le sentiment que j’ai quand je lis des textes contenant cette rhétorique.21


20construction masculine. J’ai déjà parlé de l’incapacité à parler de soi, de sesémotions et sentiments où en t<strong>ou</strong>t cas du manque de volonté de prendre dutemps p<strong>ou</strong>r ça, mais en plus des difficultés de communication, il y al’incapacité à gérer les relations. Incapacité à dire qu’est-ce qu’on veut, qu’est-cequ’on attend d’une relation, à être clairs sur t<strong>ou</strong>t ça, à faire gaffe à l’autrepersonne et à ce qu’elle ressent et vit, à créer les conditions p<strong>ou</strong>r la discussion..Une espèce de responsabilité (comme certain-e-s l’ont appelée) p<strong>ou</strong>r essayer dese faire le moins de mal possible dans ce monde qui n<strong>ou</strong>s a construit p<strong>ou</strong>rqu’on donne beauc<strong>ou</strong>p d’importance aux relations, et surt<strong>ou</strong>t aux relationsaffectives, mais qui n<strong>ou</strong>s a pas appris à bien les gérer, admettant que ce soitpossible.Et alors, je me demande : est-ce que les pédés sont vraiment pas des hommes ?Les rares personnes que j’ai rencontré qui s’échappent assez à t<strong>ou</strong>t ça c’ests<strong>ou</strong>vent des personnes hyper compliquées, dépressives et en crise et alors je merends compte une fois de plus de la puissance du système hétéro-patriarcal, decomment il opprime et détruit les gentes.. la rage et le désespoir montent..et j’ai juste envie que ça finisse.p. – novembre 20079


DE L'IRRESPONSABILITÉ AFFECTIVE ...À LA PRISE EN CHARGE DE L'AFFECTIFDepuis plus d'un an, je me dis qu'il faut que j'écrive un texte sur lesnotions de prise en charge du relationnel dans les espaces collectifs et dans lesrapports affectifs, ainsi que sur la notion de “responsabilité” dans les relationsam<strong>ou</strong>reuses et/<strong>ou</strong> sexuelles. En réalité, je me dis ça à chaque fois qu'une despersonnes avec qui j'ai des relations am<strong>ou</strong>reuses et/<strong>ou</strong> sexuelles se montreirresponsable (c'est a dire régulièrement), ET VOYANT QUE mes amIs fontcomme si la prise en charge du relationnel ne les concernent pas.Contexte :«Dans les c<strong>ou</strong>ples am<strong>ou</strong>reux hétérosexuels s’expriment encore les identitésgenrées typées. Les femmes sont conçues et se conçoivent comme compétentes dans lasphère des émotions, des relations, de l’entraide et de la sollicitude, des qualités trèsutiles aux hommes p<strong>ou</strong>r qu’ils puissent se percevoir et être perçus comme«autonomes».» NICOLE-CLAUDE MATHIEU.Je ne pense pas que l'«irresponsabilité affective» soit que le monopoledes hommes, mais je pense que cette notion d'ir-responsabilité est «genrée» :qu'elle se situe dans un rapport de p<strong>ou</strong>voir social, de domination où le mothomme peut être remplacé par dominant et le mot femme peut être remplacépar dominée. Être sensible aux émotions des autres, se préoccuper de l'état dela relation n'est en rien de «l'intuition féminine». De même, la logique, larationalité, la spontanéité et la prise de risque ne sont pas les traits naturels du«bon mâle». T<strong>ou</strong>t ceci se retr<strong>ou</strong>vent dans chaque rapport hiérarchisé : patronne/empoyé-e,colonisateur-trice/ descendant-e de colonisé-e, valide/handi,jeune, vieux et vieilles/ adulte... Lorsqu'on est dans une position où l'ondépend du dominant-e et qu'on n<strong>ou</strong>s a appris à se percevoir ainsi, on a debonnes raisons de faire attention à l'autre, de se s<strong>ou</strong>cier de comment il/elle vitla relation, et de réfléchir à l'état des relations p<strong>ou</strong>r que t<strong>ou</strong>t le monde sesentent bien.Je suis blanche, jeune adulte et mère de personne, hétérosexuelle, demilieu intellectuel et valide. V<strong>ou</strong>lant écrire à partir de mon vécu en tant quepersonne dominée, ce texte porte essentiellement sur les rapports dedomination homme/femme.Dés t<strong>ou</strong>te petite, mon rôle dans la famille était de comprendre/d'analyser/ d'expliquer à t<strong>ou</strong>t le monde – plus particulièrement à mon père età mon frère – ce qui n'allait pas dans leur vie relationnelle. J'ai donc appris trèstôt, comme une bonne petite femme, à prendre en charge le relationnel et àme préoccuper de l'état physique et affectif des personnes qui m'ent<strong>ou</strong>rent. J'aiappris à ce que les gestes, les mimiques, les demi-mots aient du sens p<strong>ou</strong>r moiet à modifier ma pensée et mes actes en fonction. Ainsi, j'ai appris à me définir10NB 2 : peut être que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s dites que je vais un peu loin et que v<strong>ou</strong>s nepensez pas t<strong>ou</strong>t ça quand v<strong>ou</strong>s avez tel <strong>ou</strong> tel comportement irresponsable. Jene pense pas que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s dites t<strong>ou</strong>t ça consciemment, de façon calculée,p<strong>ou</strong>r autant, je refuse l'idée que c'est fait de manière inconsciente ce qui v<strong>ou</strong>senlèverait t<strong>ou</strong>te part de responsabilité («c'est pas ma faute, c'est maconstruction masculine»). Je pense que v<strong>ou</strong>s en avez une certaine conscienceparce que vos comportements v<strong>ou</strong>s amènent des avantages que v<strong>ou</strong>s ne lâchezpas comme ça.Ca fait trois j<strong>ou</strong>rs que j'écris ce texte, alors je commence vraiment à saturer. Jeveux juste finir en v<strong>ou</strong>s disant que si j'ai écrit t<strong>ou</strong>t ça, c'est parce que je suis encolère. P<strong>ou</strong>r autant, mon but c'est pas (que) de me déf<strong>ou</strong>ler et de faire durentre dedans, mais que certain-e-s (et surt<strong>ou</strong>t certains) réfléchissent un peuplus à leurs comportements et p<strong>ou</strong>rquoi il/elles ont tels comportements :dans leur relations am<strong>ou</strong>reuses et sexuelles, amicales, d'activités, de viequotidienne...Colaire en colèretexte écrit en mai 2006 et un peu réactualisé en avril 200819


l'autoflagélation :- «je suis nul, je suis trop nul, je suis nul, nul nul...» parfois suivi de «p<strong>ou</strong>rrastume pardonner un j<strong>ou</strong>r ?»$$$ A force de t'entendre t'accuser, on te rassure, teconsole : «c'est pas grave, ça arrive...». Alors t'as réussi à inverser les rôles !Bravo ! On te dit que des actes que t'as eu craignent, ça te rend tellement tristequ'on doit te consoler...et le sujet de base est évincé ! Bref, on te console denotre affront de visibiliser tes comportements craignos envers n<strong>ou</strong>s.- «j'arrive si peu à réfléchir à notre relation, je suis vraiment trop nul, je mesuis construit comme ça et j'arrive pas à changer. Puis je tr<strong>ou</strong>ve si peu degarçons avec qui en discuter.» $$$ j'ai dans mon ent<strong>ou</strong>rage 5 hommes (seconnaissant) qui me disent qu'ils ne savent pas avec quels autres hommesdiscuter p<strong>ou</strong>r avancer leurs réflexions sur les relations affectives, p<strong>ou</strong>r êtremoins pris en charge par les femmes... Peut être que v<strong>ou</strong>s n'êtes pas lesmeilleurs amis du monde, peut être qu'il v<strong>ou</strong>s faut chercher d'autres pistes queles pratiques féministes, et sûrement qu'il v<strong>ou</strong>s faut plus d'efforts que n<strong>ou</strong>sp<strong>ou</strong>r parler car on a cette habitude de parler et de réfléchir sur nos relations etnos affects avec les autres depuis longtemps ; mais parfois j'ai l'impression quev<strong>ou</strong>s <strong>ou</strong>bliez que ça demande d'investir du temps et de l'énergie et que lespremières personnes qui en pâtissent de ce non-changement c'est lesfemmes de votre ent<strong>ou</strong>rage !la flatterie :- «tu comprends tellement bien les choses, tu sais! Vraiment, je t'admire!» <strong>ou</strong>«Heureusement que tu es là p<strong>ou</strong>r m'aider!, qu'est ce que je ferais sans toi.» <strong>ou</strong>encore «tu es vraiment super c<strong>ou</strong>rageuse de v<strong>ou</strong>loir continuer une relationavec moi. Comment tu peux encore avoir envie d'une relation avec moi.» $$$tactique du renforcement positif, très subtile. On se sent valorisé-e, aimé-e,mais concrètement, en face, tu es bien content-e qu'on passe t<strong>ou</strong>te notreénergie à rés<strong>ou</strong>dre les problèmes relationnels et qu'on te libère du temps p<strong>ou</strong>rdes activités plus valorisées socialement et dans des sphères de p<strong>ou</strong>voir. Bref,v<strong>ou</strong>s n'êtes pas prêts d'avoir réellement envie de changer les rôles. Tactiques<strong>ou</strong>vent complétée par l'autoflagélation <strong>ou</strong> la passivité totale.Ces différentes techniques se retr<strong>ou</strong>vent s<strong>ou</strong>vent combinées ensemble, aveccertaines plus utilisées dans une relation et d'autres dans une autre ... et unpetit mélange dans les contextes collectifs !NB : J'ai fini par mettre le même nombre de $ part<strong>ou</strong>t, parce que dans tellesituation, un comportement peut te t<strong>ou</strong>cher énormément, alors que dans uneautre situation, tu te dis juste que la personne est un b<strong>ou</strong>t de tofu p<strong>ou</strong>rri.18en fonction des hommes et à chercher le sens de ma vie en m'adaptant auxdésirs masculins. Le fait que j'étais définie et me définissais (et me définisencore) par mes relations aux autres, fait que j'étais (je suis) dirigée par lesautres plus que par moi-même. Ceci fait que je d<strong>ou</strong>te de moi, je recherchel'approbation des autres, mais aussi, absorbée dans les autres, ils ont le p<strong>ou</strong>voirde définir ma (la) réalité.Cette prise en charge du relationnel et cette attention aux autres, ne sontpas p<strong>ou</strong>r autant des pensées/ attitudes/ comportements que je ne veux plusavoir. Je cherche à ce que t<strong>ou</strong>t le monde se sente responsable dans leursrelations aux autres, réfléchisse, agisse p<strong>ou</strong>r que t<strong>ou</strong>s et t<strong>ou</strong>tes on se sente bienet non que certain-e-s se laissent porter par le travail des dominé-e-s.L'irresponsabilité affective dans les contextes collectifs :J'entends dire que ce n'est pas vrai que le relationnel, la gestion de la viecollective est moins valorisée et visibilisée que des actions plus «masculines»(écriture de textes théoriques, actions spectaculaires ...) dans les milieuxanarchistes-squats.EXPLIQUEZ MOI POURQUOI ALORS, c'est à plus de 80% desfemmes/g<strong>ou</strong>ines/trans qui lâchent leur activités en c<strong>ou</strong>rs, changent leurpriorités p<strong>ou</strong>r gérer ces situations quand une personne «pète un câble» dansnos collectifs ? EXPLIQUEZ MOI POURQUOI ALORS, ce sont desfemmes/g<strong>ou</strong>ines/trans qui se mobilisent p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver des solutions lorsd'agressions sexuelles afin que des personnes ne se sentent pas oppressées etmal ; mais aussi p<strong>ou</strong>r que l'exclusion de l'agresseur-euse de certains espaces nese transforme pas en sanction punitive? EXPLIQUEZ MOI POURQUOI ALORS,on entend parler de comment une personne gère ses relations affectives qu'àpartir du moment qu'il/elle a écrit un texte dessus (activité t<strong>ou</strong>t à faitmasculine) et que plusieurs listes internet vont le/la ref<strong>ou</strong>ler parce que c'estpas en rapport avec les squats <strong>ou</strong> l'anarchisme?Je suis en colère contre les mecs de mon ent<strong>ou</strong>rage qui ne sentent pasconcernés par les situations de violences sexuelles que l'on subit par eux.Je parle ici de mes amIs qui ne se sont jamais posés la question de ce qu'ilsp<strong>ou</strong>rraient mettre en place p<strong>ou</strong>r que ce ne soit pas que desfemmes/g<strong>ou</strong>ines/trans (<strong>ou</strong> presque) qui gèrent collectivement les situationsd'agressions visibilisées ; de mes amIs qui ne se posent aucune question (<strong>ou</strong> defaçon très brève) sur leurs propre comportements lorsque des situationsd'agressions sont visibilisées (c'est plus facile d'avoir un b<strong>ou</strong>c émissaire) ; demes amIs qui disent qu'ils ne savent pas ce qu'ils p<strong>ou</strong>rraient faire parce qu'ilsne font pas parti du collectif où une situation d'agression a été visibilisée et demes autres amIs qui disent être trop proche de la personne agressée p<strong>ou</strong>rp<strong>ou</strong>voir se positionner et agir (alors qui va le faire? : si tu es loin, tu ne vois pasce que tu peux faire / si tu es proche, t'es trop impliqué dedans !) ; de mesamIs qui disent que sûr dans leurs collectifs t<strong>ou</strong>t baigne (comme si t<strong>ou</strong>tesituation de violence est forcément visibilisée dans les collectifs et qu'il n'estpas nécessaire de réfléchir collectivement à ces situations quand elles ne sontpas visibilisées) ; de mes amIs qui font attention à leur paroles et leurs actes11


que s’ils pensent que l'on va réagir face à des comportements rel<strong>ou</strong>s, mais quivont pas se gêner de n<strong>ou</strong>s faire subir des violences s’ils sentent qu'ils n'y auraaucune réaction ; de mes amIs qui vont se b<strong>ou</strong>ger qu'à partir du moment queleur amitié avec n<strong>ou</strong>s est en jeu (il faut croire que travailler sur comment onoppresse les autres n'a pas de sens en soi) ...Ceci m'amène soit à éviter t<strong>ou</strong>te discussion sur ces thèmes avec mes amIs car encontinuant je n'arriverais plus à être amie avec eux, soit de p<strong>ou</strong>sser des c<strong>ou</strong>ps degueule en croyant qu'un autre monde est possible.L'irresponsabilité affective dans les relations am<strong>ou</strong>reuses et/<strong>ou</strong> sexuelles:Se conduire de façon «responsable» dans les relations am<strong>ou</strong>reuses et/<strong>ou</strong>sexuelles – que ce soit d'un soir, quand l'on se croise, <strong>ou</strong> régulièrement –demande de l'énergie et donc du temps, et n'est pas t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs facile. Être«responsable», c'est se questionner sur comment l'autre vie la relation, est-cequ'elle satisfait t<strong>ou</strong>t le monde, si non : qu'est ce qui peut être changé <strong>ou</strong> pas,quelles décisions prendre en fonction de cela ; c'est assumer que des choixferont s<strong>ou</strong>ffrir l'autre ; c'est parler du type de relation qu'on a envie d'avoir avecl'autre dès le début ; c'est être clair sur le type de relation qu'on a avec l'autre,parler lorsque nos envies changent ; c'est respecter les règles de la relation quel'on a posées avec l'autre et en parler lorsqu'on ne les respecte pas...Je me suis rendue compte récemment, que dans une relation am<strong>ou</strong>reuseavec une personne responsable qui se s<strong>ou</strong>cie de l'état de la relation et y investitun minimum de réflexion (malheureusement cet effort n'a duré qu'un temps),je consacre moins de temps et d'énergie à essayer de comprendre l'état de larelation, à aborder certains sujets qu'avec des personnes irresponsables. De plus,je me sens plus indépendante de la relation car confiante. Ayant opté p<strong>ou</strong>rparler de l'état de la relation, notamment lorsque les désirs et envies changent –et faisant confiance à mon partenaire p<strong>ou</strong>r assumer cet engagement – çam'avait permis d'être dans un état de confiance sans sentiment d'insécurité dû àla distance <strong>ou</strong> la présence d'autres relations privilégiées.Petit formulaire «d'irresponsabilité affectives» :l'appréciation de la technique est marquée s<strong>ou</strong>s forme de $NB : la plus part des exemples sortent de vécu personnel de relationsam<strong>ou</strong>reuses et sexuelles, mais aussi de relations amicales, familiales, <strong>ou</strong>de vie collective .Certains des exemples, sont aussi des histoires d'amiesdans des relations hétéros <strong>ou</strong> lesbiennes.les pseudo-théories p<strong>ou</strong>r ne pas assumer la relation :- «tu sais on peut m<strong>ou</strong>rir demain, alors je sais pas ce que je veux vivre avec toi,je sais même pas si je serais encore vivant la semaine prochaine» <strong>ou</strong> «il fautarrêter de t<strong>ou</strong>t compliquer, il faut vivre le j<strong>ou</strong>r le j<strong>ou</strong>r» $$$ Ok, tu veux vivre le12recommencer la prochaine fois, tes excuses je ne les accepte pas. Mais,maintenant c'est trop tard de rien, surt<strong>ou</strong>t pas de réfléchir comment tup<strong>ou</strong>rrais faire autrement une prochaine fois avec moi <strong>ou</strong> un-e autre.La passivité totale :- «ha bon, il y a un problème» puis «je sais pas ce que j'en pense, j'ai jamaisréfléchi à ça» <strong>ou</strong> «ha bon, on devait rediscuter de ça? On en a déjà discuté? Ons’est dit quoi déjà? (s<strong>ou</strong>vent transformé en : tu as dis quoi déjà?)» $$$ En face,on fait l'animation : on amène les sujets, pose des questions, expliquecomment on vit les choses, demande ce qu'en pense la personne en face [blanc<strong>ou</strong> re-«j'ai jamais réfléchi à ça»], propose des solutions p<strong>ou</strong>vant aller à t<strong>ou</strong>t lemonde... bref passe une énergie de dingue, avec en plus le d<strong>ou</strong>te constantd'exagérer dans ce qu'on dit, vu qu'on p<strong>ou</strong>rrait dire un peu n'importe quoi, onrecevra un «tu crois? Si tu le dis». Pendant ce temps, l'autre fait l'économie des'investir dans la relation, de passer du temps et de l'énergie p<strong>ou</strong>r que cetterelation aille bien. Cette technique permet aussi de te rendre dépendant-e cartu n'as aucun repère sur comment la personne en face vit la relation, sur cequ'elle a vraiment envie : tu restes dans l'insécurité, le d<strong>ou</strong>te. De plus, çapermet à la personne de se désengager facilement des accords que v<strong>ou</strong>s avezconclus ensemble car en réalité tu n'as discuté qu'avec toi-même (on saura te lerappeler en temps utile).- Tu es face à ton am<strong>ou</strong>reu-se-x, tu sens qu'il/elle a qu'une envie c'est de teprendre dans ses bras, <strong>ou</strong> que v<strong>ou</strong>s dormiez ensemble, il/elle dit des banalités,t<strong>ou</strong>rne aut<strong>ou</strong>r du pot et finit par dire : «si t'as envie, on peut dormir ensemble»et là tu te rends compte qu'il/elle n'a jamais formulé ses envies en terme de«J'AI envie de dormir avec toi et toi?». Soit il/elle attend que toi tu dises tesenvies, soit il/elle te fait «comprendre» tes envies : alors que tu n'asstrictement rien exprimé (n'ayant pas envie de le/la voir ce soir là), il/elle tesort «là, je sens que tu as envie qu'on se voit, alors il faut que je change un <strong>ou</strong>deux trucs dans mon programme, on se retr<strong>ou</strong>ve dans une heure?» $$$ C'estsûr c'est impliquant d'exprimer ses émotions et ses envies, ça p<strong>ou</strong>rrait v<strong>ou</strong>loirdire que cette relation t'apporte quelque chose ! Tu as raison, il vaut mieuxrester dans ton rôle d'humble serviteur-euse, de chevalier-e servant-e, car, biensûr, tu es dans cette relation que parce que n<strong>ou</strong>s avons besoin d'un-e prince-ssecharmant-e p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s rassurer et n<strong>ou</strong>s sentir moins seules. Dans cesconditions p<strong>ou</strong>rquoi te demanderait-on de prendre en charge la relation, sidéjà vivre cette relation est un acte altruiste ! Pas mal aussi p<strong>ou</strong>r rendre l'autredépendant-e : on passe t<strong>ou</strong>t notre temps à essayer de décrypter si tu as envie den<strong>ou</strong>s voir <strong>ou</strong> pas, on a l'impression de demander t<strong>ou</strong>t le temps et qu'on n<strong>ou</strong>saccorde une faveur, puis on culpabilise d'être si demandeuse et dépendante...17


des questions sur la continuité de cette relation p<strong>ou</strong>r l'autre personne. Ilrépond pas aux mails : peut être qu'il ne peut pas aller sur internet ; tu l'as autéléphone : v<strong>ou</strong>s parlez de banalité ; tu lui écris une lettre p<strong>ou</strong>r lui poser leproblème d'où en est cette relation car tu sens que sinon c'est sûr elle va foirerquand v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s recroiserez : pas de réponse, mais tu te dis que c'est normal ilest impliqué dans une «action spectaculaire et médiatique»; tu l'appelles à lafin de «l'action spectaculaire et médiatique» : il te dit qu'il avait l'intention dela lire dans l'après-midi (voir paragraphe précédent) ; tu lui laisses un messagesur son répondeur 5 j<strong>ou</strong>rs après p<strong>ou</strong>r lui dire que t'attends et que tu stresses. Ilte rappelle le lendemain où il t'explique que «le téléphone c'est compliqué,c'est fl<strong>ou</strong> dans ma tête, puis avec la distance je sais pas...., j'ai qu’à réfléchir à ceque je veux et te rappeler ce soir.» Cela faisait deux mois que Y savait qu'ilv<strong>ou</strong>lait arrêter la relation. $$$ c'est facile de t'investir dans une relation tantqu'elle a une importance p<strong>ou</strong>r toi <strong>ou</strong> tant qu'elle se passe bien et la zappercomplètement lorsqu'elle t' intéresses plus. Tu stresses pas trop car tu es au clairavec ce que cette relation va devenir : plus rien. Pose toi surt<strong>ou</strong>t pas trop dequestions sur comment se sent la personne en face. De t<strong>ou</strong>te façon, ça tu n'ypenses plus, maintenant que t'as plus envie de cette relation. En plus, t'asd'autres préoccupations, des actions spectaculaires t'attendent. Puis c'est dur àassumer que t'as envie de mettre fin à cette relation... avec un peu de chance lapersonne en face va <strong>ou</strong>blier que v<strong>ou</strong>s avez une relation ! Ou alors, la prochainefois que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s verrez, ça se passera mal et ça deviendra aussi évident p<strong>ou</strong>rl'autre que cette relation ne p<strong>ou</strong>vait finir que comme ça. De notre côté, n<strong>ou</strong>s,on fait le point sur l'importance que l'on veut donner à la relation, les chosesque l'on a envie de modifier... Dans la tête ça cogite, ça se retient d'avoir peur,et on dépense du temps et de l'énergie p<strong>ou</strong>r rien.Les pseudo-excuses p<strong>ou</strong>r ne rien remettre en question :- «je suis désolé, faire ça c'est plus fort que moi!» $$$ l'instinct à s<strong>ou</strong>vent bondos p<strong>ou</strong>r ne pas se remettre en question et surt<strong>ou</strong>t ne pas perdre ses avantagesde dominant-e.- «je suis désolé, vraiment. Heu là, je suis pas d'accord quand tu dis que j'ai déjàeu des comportements similaires. Je pense que les situations ne se comparentpas.» $$$ s<strong>ou</strong>vent combiné avec la passivité plus <strong>ou</strong> moins totale (voirtechnique suivante), lorsqu'on dépasse un certain seuil d'analyse : quand l'onfait entendre que leur comportement de dominant-e n'est pas que le fruit descirconstances <strong>ou</strong> qu'on ne pense pas qu'après les excuses t<strong>ou</strong>t va changer parmiracle. Car il y a des avantages à perdre dans la remise en question.- «Sur le moment, je ne voyais pas comment faire autrement, puis maintenantc'est trop tard, alors je m'excuse pas, ça sert à rien.» $$$ ben voyons prendmême pas la peine de t'excuser, alors une remise en question plus profonden'en parlons pas. C'est sûr que des excuses p<strong>ou</strong>r te donner bonne conscience et16j<strong>ou</strong>r le j<strong>ou</strong>r, alors reste dans des relations sans lendemain. Mais dans t<strong>ou</strong>t lescas, une relation affective et/<strong>ou</strong> sexuelle, ça implique de s'assurer qu'on est surla même longueur d'ondes, que t<strong>ou</strong>t se passe bien, et de prendre du tempsquand il y a des problèmes. Par ailleurs, ce genre de disc<strong>ou</strong>rs dans des relationsam<strong>ou</strong>reuses sont parfaits p<strong>ou</strong>r rendre l'autre dépendant-e! Tu prends en chargela relation et tu ne sais jamais, si du j<strong>ou</strong>r au lendemain, il/elle ne va pas te direque c'est fini suivi d'un joli «carpé diem». Alors tu passes ton temps à chercherdes signes annexes p<strong>ou</strong>r te rassurer.- Suite à une demande d'être rassurée sur ce que tu vis avec l'autre, il/elle tesort : «je ne vois pas de différence entre les relations amicales et am<strong>ou</strong>reuses,aucune relation n'est comparable» <strong>ou</strong> encore «mais si, si tu meurs je seraistriste» suivi de «je suis triste à chaque fois que j'entends que des personnesmeurent dans le monde» (celle-ci à l'avantage de faire rire tellement c'estabsurde... du moins la première fois) $$$ Tu viens p<strong>ou</strong>r être rassurée et lapersonne flippant d'être un minimum engagée dans une relation <strong>ou</strong> d'exprimerqu'elle a des sentiments particuliers p<strong>ou</strong>r toi au b<strong>ou</strong>t de 3 ans de relationrégulière, te théorise «non à l'am<strong>ou</strong>r», <strong>ou</strong> je ne sais quoi. Alors à toi de faire lechoix p<strong>ou</strong>r gérer ton flippe entre : croire ce qu'elle te dit et d'arrêter alors larelation, <strong>ou</strong>, comme précédemment, passer ton temps à chercher des signesannexes p<strong>ou</strong>r te rassurer. En face, la personne, elle, elle est tranquille derecevoir plein de marques d'affection de ta part vu que tu flippes de la perdre.- En posant la question «on en est où dans notre relation», on te répond (si onte répond) : «en te posant t<strong>ou</strong>tes ces questions sur notre relation, tu me faispeur ! J'ai l'impression que tu es dépendante de moi. Tu es trop attachée àmoi.» (avec un «léger» s<strong>ou</strong>s entendu que tu n'arrives pas à sortir de taconstruction de femme s<strong>ou</strong>mise et dépendante)$$$ mais qu'est ce que tu crois,si on pose ces questions, c'est parce que toi, tu n'es pas prêt de les aborder! Si tuprenais un peu plus en charge la relation, je paraîtrais beauc<strong>ou</strong>p moinsdépendante. Au lieu de te préoccuper de ma «construction féminine» ,préoccupe toi de ta «construction masculine» : ne jamais se poser aucunequestion sur la relation, ne jamais parler d'affect, mais t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs de «liberté», siça c'est pas genré!les tactiques et les disc<strong>ou</strong>rs p<strong>ou</strong>r ne pas gérer «les relations libres» :- «ha, je t'avais pas dit?» <strong>ou</strong> «mais je pensais que tu avais compris» <strong>ou</strong> encore«je pensais que toi aussi tu avais envie de ce type de relation !» c'est un peufacile de supposer que le concept d'am<strong>ou</strong>r libre était implicitement entendu.C'est vrai c'est pas t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs évident d'en parler direct, surt<strong>ou</strong>t qu'on sait past<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs quel type de relation on veut avoir avec l'autre, mais s'engager dans cetype de relation c'est aussi assumer la complexité que ça engage et le fait quet<strong>ou</strong>te personne n'a pas forcément envie de ce genre de relation. Puis en enparlant dès le début, on risque d'avoir beauc<strong>ou</strong>p plus de refus. C'est sûr quelorsque ça fait 3 mois qu'on est dans une relation, c'est plus difficile de dire13


qu'on n'accepte pas ce genre de relation car on a déjà vécu des trucs ch<strong>ou</strong>ettes.Alors on accepte ce qu'on ne v<strong>ou</strong>lait pas accepter.- «c'est comme ça» <strong>ou</strong> «je suis comme ça, alors si ça te va pas, tu n'as qu'àpartir» $$$ tu <strong>ou</strong>blies un peu vite qu'une relation c'est à deux et non ladictature de l'un-e sur l'autre/ les autres. L'instinct a s<strong>ou</strong>vent bon dos p<strong>ou</strong>r nerien remettre en question et ne pas assumer que ses choix font s<strong>ou</strong>ffrird'autres personnes.- «t'as qu'à avoir d'autres relations» «tu fais aucun effort p<strong>ou</strong>r avoir d'autresrelations» $$$ c'est vrai qu'avoir plusieurs relations change la donne. A partirdu moment où j'ai eu deux relations simultanées, je me sentais moinsdépendante d'une de mes relations, j'avais moins peur de ne pas être aiméepar l'autre car je m'apercevais qu'avoir une relation avec une deuxièmepersonne n'influençait pas beauc<strong>ou</strong>p mes envies et mes sentiments p<strong>ou</strong>r lapremière personne. J'ai aussi mieux compris comment c'était compliquéd'être responsable dans les relations multiples et du temps que ça me prenait(surt<strong>ou</strong>t si on se retr<strong>ou</strong>ve quasiment le/la seul-e à se conduire de façonresponsable !). P<strong>ou</strong>r autant, le fait d'avoir d'autres relations ne règle pas t<strong>ou</strong>tesles s<strong>ou</strong>ffrances et si p<strong>ou</strong>r l'instant j'en ai pas, j'ai qu'à s<strong>ou</strong>ffrir dans mon coin enfermant ma gueule? C'est justement parce qu’avoir d'autres relations change ladonne, qu'elle instaure une situation dissymétrique, qu'en face, la s<strong>ou</strong>ffrancede l'autre doit être d<strong>ou</strong>blement prise en compte. En plus, c'est pas n'importequi, qui a facilement des relations avec plusieurs personnes : plus les hommesque les femmes, les personnes centrales dans les collectifs que les personnespériphériques, les personnes valides que les handis, ...- «c'est toi qui arrive pas à gérer tes sentiments, moi ça va, alors c'est tonproblème» $$$ Ben voyons, pose toi aucune question, c'est sûr t<strong>ou</strong>t-e-s tespartenaires doivent s'adapter à tes désirs et vivre la relation comme t’as enviequ'il/elle la vive. Puis, si c'est pas le cas, c'est sûrement parce qu'il/elles ont unproblème ! C'est vrai une relation ça se gère pas à deux. Puis la relation libre(surt<strong>ou</strong>t quand c'est que dans un sens) est tellement le modèle parfait, qu'il n'ya rien à remettre en question.- Ton am<strong>ou</strong>reux/se vient te voir t<strong>ou</strong>t-e gêné-e en te disant : «heu, là Y, elle aenvie que j'aille la voir, alors je sais pas quoi faire... On devait se voir, mais elleaussi a besoin de moi...» <strong>ou</strong> «je vais voir Y mais j'avais peur que tu le vivesmal, alors je viens te le dire p<strong>ou</strong>r que tu te sentes pas abandonnée. Ca vaaller?» $$$ tu veux qu'on dise quoi en face? ben vas-y! Et <strong>ou</strong>i, on va pas bien levivre, mais on va pas te retenir de force car en réalité ton choix tu l’as fait!T'attends quoi, qu'on soit heureux/se que tu n<strong>ou</strong>s plantes. Tu cherchesseulement à te rassurer, car tu assumes pas que ton acte va n<strong>ou</strong>s rendre triste,car tu te retr<strong>ou</strong>ves à faire des actes que tu n'aimerais pas qu'on te fasse. Prendtes décisions t<strong>ou</strong>t-e seul-e et assume qu'en décidant de faire passer unerelation avant l'autre, tu crées de la s<strong>ou</strong>ffrance.14la hiérarchisation des relations :- «mon temps est compté, tu sais, j'ai 3 autres relations à gérer, elles comptentsur moi elles aussi» : $$$ Parce que ça va être ma faute si elles te reprochentque tu passes pas assez de temps avec elles! Il suffit que tu n<strong>ou</strong>s dises ça àt<strong>ou</strong>tes, n<strong>ou</strong>s on culpabilise et toi tu t'en sors indemne. Si t'arrives pas àconsacrer du temps à t<strong>ou</strong>tes tes relations, pose toi plutôt des questions sur tacapacité d'avoir 4 relations en même temps et sur p<strong>ou</strong>rquoi tu as décidé decollectionner les relations am<strong>ou</strong>reuses.- «Éc<strong>ou</strong>te, on a fait l'am<strong>ou</strong>r ensemble qu'une fois» <strong>ou</strong> «si tu l'as mal vécu jepeux pas faire grand chose, j'ai déjà ma relation avec X à gérer et c'est déjà pasfacile!» $$$ ben voyons, c'est déjà tellement dur p<strong>ou</strong>r toi de te remettre enquestion dans une relation que tu ne veux pas perdre, alors celles dont tu en asrien à faire, tu peux les envoyer balader ! Puis c'est vrai que les violencessexuelles ça n'arrive que dans une relation centrale !l'évitement des discussions et des explications :- «j'ai pas le temps de discuter, j'ai plein d'autres choses à faire, <strong>ou</strong> alors que cesoit bref.» (tu comprends, je suis un-e super activiste) : $$$ Tu crois quoi : quen<strong>ou</strong>s on a rien d'autre à faire que de réfléchir à cette relation, de vivre mal destrucs et de n<strong>ou</strong>s batailler p<strong>ou</strong>r amener les discussions ! Si tu as tant de choses àfaire et si peu de temps à consacrer à tes relations affectives quand c'est pas auplus beau fixe, alors décide de ne pas avoir de relation privilégiée. Mais quandtu en as, assume.- Suite à une «pause» dans une relation am<strong>ou</strong>reuse, au moment où v<strong>ou</strong>sdeviez en rediscuter, tu te rends compte que X à changé d'adresse et que tu n'asaucun moyen de le contacter, alors que lui si. 5 mois plus tard, le croisant(après avoir insisté p<strong>ou</strong>r qu'il te voit, alors que t'étais à 3 mètres devant lui) :«Salut! Tu vas bien! Je n'ai pas pu passer te voir, je me disais justement que jepasserais demain, tu habites t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs à la même adresse?» (sûrement est-ilmort entre temps car tu ne l'as jamais revu.) $$$ Difficile de ne pas avoirl'impression qu'on se f<strong>ou</strong>t de ta gueule ! L'excuse de «je pensais justement tecontacter, te parler de ça, etc.» peut être très habile. Il suffit de tenir ce disc<strong>ou</strong>rsjusqu'au b<strong>ou</strong>t (de t<strong>ou</strong>te façon ça ne p<strong>ou</strong>rra jamais être vérifié), de n<strong>ou</strong>s faireculpabiliser d'avoir des mauvaises idées sur ton compte et tu arriveras à ce quece soit n<strong>ou</strong>s qui n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s excusons !- Dans la même veine : tu vois Y, et tu restes à la fin du séj<strong>ou</strong>r sur les phrases«qu'il faut peut être plus trop donner de l'importance à cette relation. Enfinnon c'est quand même ch<strong>ou</strong>ette, je sais pas.» Bref, c'est un peu fl<strong>ou</strong>, v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>sdîtes que v<strong>ou</strong>s en rediscutez la prochaine fois que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s verrez et que d'icilà v<strong>ou</strong>s y réfléchissez. Mais la prochaine fois, elle arrive pas parce que tu esobligé-e de changer ton programme. Tu commences à faire de la place danston programme p<strong>ou</strong>r la période où v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rrez v<strong>ou</strong>s voir, t<strong>ou</strong>t en te posant15

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