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Le choix matrimonial en Tunisie est-il transmissible? - Antropo

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B<strong>en</strong> M’rad, L., Chalbi, N., 2004. <strong>Antropo</strong>, 7, 31-37. www.didac.ehu.es/antropoL’analyse statistique des tableaux de conting<strong>en</strong>ce pour les deux générations par<strong>en</strong>ts/<strong>en</strong>fants amis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’exist<strong>en</strong>ce d’une ressemblance <strong>en</strong>tre le comportem<strong>en</strong>t démographique des <strong>en</strong>fantset celui de leurs par<strong>en</strong>ts. La valeur très élevée du χ 2 vi<strong>en</strong>t appuyer cette sim<strong>il</strong>itude ducomportem<strong>en</strong>t d’une génération à l’autre et permet d’affirmer que le <strong>choix</strong> <strong>matrimonial</strong>, dans notreéchant<strong>il</strong>lon, prés<strong>en</strong>te pour le mari comme pour la femme, une forte dép<strong>en</strong>dance de celui de leurspar<strong>en</strong>ts. Ces résultats montr<strong>en</strong>t à quel point l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t socio-économique, culturel etreligieux occupe une place déterminante quant € à la circulation des flux génétiques dans lespopulations humaines.L’incid<strong>en</strong>ce de l’intérêt économique sur le <strong>choix</strong> <strong>matrimonial</strong> <strong>en</strong> <strong>Tunisie</strong> a été étudié dans legouvernorat de Nabeul (M’ghirbi, 2002). Sur un échant<strong>il</strong>lon de 547 couples tirés au hasard,l’auteur note que les maris ayant choisi les modèles de mariages consanguins, sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tdes agriculteurs propriétaires de terrains agricoles. Ceci a été vérifié pour les générationssuccessives (celle des couples et celle de leurs par<strong>en</strong>ts respectifs). L’auteur a souligné <strong>en</strong>particulier que ces unions <strong>en</strong>tre appar<strong>en</strong>tés ont pour but primordial de préserver les bi<strong>en</strong>sfam<strong>il</strong>iaux, source de rev<strong>en</strong>us collectifs. Ainsi, les ruraux propriétaires de terres agricoles t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t àse conformer à un modèle <strong>matrimonial</strong> collectif qui vise la conservation des terres au sein de lamême fam<strong>il</strong>le, notamm<strong>en</strong>t par les unions avec la f<strong>il</strong>le du frère du père et <strong>il</strong> s’<strong>en</strong>suit une netteprépondérance de chaînes masculines dans l’appar<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t des conjoints (Comeau, 1999).Ce modèle de fam<strong>il</strong>le semble bi<strong>en</strong> ancré dans la société arabo-musulmane et très fréqu<strong>en</strong>tdans les pays du Maghreb malgré la modernisation (B<strong>en</strong> Hamadi, 1996). Au Maroc, une <strong>en</strong>quêtede santé publique conduite depuis 1962, a mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’exist<strong>en</strong>ce d’une consanguinité allantjusqu’à 32% dans les régions montagneuses et isolées du Rif (Lamdouar-Bouazzaoui, 1994). Dansle Monde Arabe, on a constaté des niveaux de consanguinité très élevés dans différ<strong>en</strong>ts pays, trèssouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre cousins de premier degré (Hafez et al., 1983 ; Khlat, 1988). Dans les U.A.E.(Émirats Arabes Unies), le taux de consanguinité atteint 50,5%, avec une préval<strong>en</strong>ce pour lesmariages <strong>en</strong>tre cousins germains, représ<strong>en</strong>tant 26,2% (Al-Gazali.et al., 1997).Enfin, <strong>en</strong> Lybie, l’étude publiée par le PAPCHILD (1997) concernant l’<strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée dansle pays <strong>en</strong> 1995, a porté sur un échant<strong>il</strong>lon de 4686 femmes distribuées <strong>en</strong> classes selon la durée deleur mariage, allant de plus de 5 ans à 30 et plus, a révélé les faits suivants. <strong>Le</strong>s unions <strong>en</strong>trecousins germains paternels ou maternels s’élèv<strong>en</strong>t à 40,8% pour les femmes urbaines et à 49,2%pour les femmes rurales. Cette étude précise de plus, qu’<strong>en</strong> m<strong>il</strong>ieu urbain, ces mêmes unions sontde 36,0% pour les plus jeunes, mariées depuis au moins 5 ans, contre 45,0 % pour la classe la plusâgée, 30 ans de mariage et plus. Pour la femme rurale, ces unions sont beaucoup plus fréqu<strong>en</strong>tes,avec respectivem<strong>en</strong>t pour les deux classes 44,6 et 50,0%.<strong>Le</strong> <strong>choix</strong> du conjoint t<strong>en</strong>d à se faire dans une certaine proximité géographique et <strong>il</strong> se porteplus volontiers sur un part<strong>en</strong>aire appar<strong>en</strong>té (par peur de l’étranger), souv<strong>en</strong>t de même niveau socioéconomique,ayant un niveau d'instruction proche. <strong>Le</strong>s individus t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à se conformer à unmodèle collectif, quel que soit le degré de consci<strong>en</strong>ce qu'<strong>il</strong>s <strong>en</strong> ont quant aux conséqu<strong>en</strong>ces.Refer<strong>en</strong>ces bibliographiquesAl-Gazali, L. I., B<strong>en</strong>er, A., et Abdulrazzaq, Y. M., 1997, Consanguineous marriages in the UnitedArab Emirates. Journal of Biosocial Sci<strong>en</strong>ce, 29, 491-497.B<strong>en</strong> Hamadi, B., 1996, Modèles de Fam<strong>il</strong>les et Fécondité au Maroc. Congrès Régional Arabe dePopulation, U.I.E.S.P., <strong>Le</strong> Caire, 250-272.Cavalli-Sforza, L.L., Kimura, M. et Barrai, I., 1966, The probab<strong>il</strong>ity of consanguineous marriages.G<strong>en</strong>etics, 54, 37-60.Chalbi, N., et Zakaria, D., 1998, Modèles de fam<strong>il</strong>les, <strong>en</strong>dogamie et consanguinité appar<strong>en</strong>te <strong>en</strong><strong>Tunisie</strong>. Essais de mesure. Fam<strong>il</strong>le et population. Nouvelle série. O.N.F.P. Tunis, 1, 39-59.Chapman, A.M. et Jacquard, A., 1971, Un isolat d’Amérique C<strong>en</strong>trale : <strong>Le</strong>s indi<strong>en</strong>s Jicaques duHonduras. Génétique et Populations, Hommage à Jean Sutter, INED, In Cahier n°60, PUF.Comeau, R., et Dionne, B., 1999, À propos de l’histoire nationale. Départem<strong>en</strong>t d’histoire.Université de Montréal Christian Dessureault. S<strong>il</strong>lery, Sept<strong>en</strong>tion, pp.160.36

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