En 1893, il mit en musique, toujours <strong>de</strong> Bau<strong>de</strong>laire, « Parfumexotique » pour voix et orchestre qui ne fut pas édité, « La Chansondu chemin », « Complainte » et « Les trois Sorcières » <strong>de</strong> CamilleMauc1air, son grand ami, lequel fonda le Théâtre <strong>de</strong> l'Œuvre cetteannée-là.La suivante, 1894, vit naître d'autres œuvres vocales, «LesChevaux <strong>de</strong> bois » <strong>de</strong> Verlaine, « Allégorie » <strong>de</strong> Georges Vanor et«La Musique » <strong>de</strong> Bau<strong>de</strong>laire. La même année il écrivit unesecon<strong>de</strong> suite pour orchestre, mais ce <strong>de</strong>uxième essai après les« Impressions d'Italie » n'eut pas <strong>de</strong> chance, car, détruite dans unincendie, elle ne nous est pas parvenue. <strong>Charpentier</strong> tentera unetroisième expérience en 1911 avec «Munich », poème symphoniquequi ne fut pas publié et qui <strong>de</strong>vait être le premier volet d'unesérie intitulée «Souvenirs <strong>de</strong> voyage », les autres, que l'auteurcomptait titrer «Prague », «Venise » et «Monte-Carlo » n'ayantjamais été écrit. Cela nous donne au moins une indication sur lesdéplacements du compositeur hors <strong>de</strong>s frontières.En 1894-95, <strong>Charpentier</strong> mit en musique, sous le titre«Impressions fausses », six poèmes, «La Veillée rouge » et «LaRon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s compagnons » <strong>de</strong> Verlaine, et, dans les « Fleurs du mal »<strong>de</strong> Bau<strong>de</strong>laire, « Les Yeux <strong>de</strong> Berthe », « Le Jet d'eau », « La Mort<strong>de</strong>s amants » et « L'Invitation au voyage ».Enfin le 8 novembre 1896, il fit représenter dans le Jardin duLuxembourg, «Séréna<strong>de</strong> à Watteau » sur un poème <strong>de</strong> Verlaine,pour voix solistes, chœurs et orchestre. Le succès populaire futconsidérable, à tel point que <strong>Charpentier</strong> récidiva l'année suivanteavec « Le Couronnement <strong>de</strong> la Muse », représenté en plein air surl'Esplana<strong>de</strong> à Lille le 24 février 1898 et le 13 juillet sur la place <strong>de</strong>l'Hôtel <strong>de</strong> Ville <strong>de</strong> Paris. L'œuvre, en 9 parties, écrite pour soprano,chœurs, orchestre symphonique et orchestre d'harmonie, fut donnéavec un orchestre <strong>de</strong> 200 musiciens, les formations réunies <strong>de</strong>l'Opéra et <strong>de</strong> l'Opéra-Comique, 400 chanteurs <strong>de</strong> toutes les chorales<strong>de</strong> Paris, la musique <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> Républicaine, la soliste <strong>de</strong>l'Opéra-Comique Mlle Riatton, future créatrice du rôle <strong>de</strong> Louise,le ballet complet <strong>de</strong> l'Opéra et Cléo <strong>de</strong> Méro<strong>de</strong>, danseuse étoile. Cespectacle grandiose, que <strong>Charpentier</strong> reprendra dans le troisièmeacte <strong>de</strong> « Louise » sur lequel il travaillait toujours, obtint davantage<strong>de</strong> succès, s'il est possible, que la « Séréna<strong>de</strong> à Watteau » du Jardindu Luxembourg.« Louise » enfin terminée, fut présentée à Albert Carré, nouveaudirecteur <strong>de</strong> l'Opéra-Comique, qui jugea l'œuvre trop longueet exigea <strong>de</strong>s coupures. <strong>Charpentier</strong> fut intraitable et refusa tout net146
que l'on touchât à son « roman musical », comme il l'appelait. Ileut raison, car Carré, impressionné par les succès qu'avait obtenus<strong>Charpentier</strong> avec « La Vie du Poète » à l'Opéra en 1890, la « Séréna<strong>de</strong>à Watteau » en 1896 et le « Couronnement <strong>de</strong> la Muse » toutrécemment, accepta finalement l'ouvrage qu'il programma pourl'année <strong>de</strong> l'Exposition Universelle <strong>de</strong> Paris. La première eut lieu le3 février 1900 sous la direction <strong>de</strong> André Messager, l'auteur <strong>de</strong>« Véronique », dans <strong>de</strong>s décors <strong>de</strong> Lucien Jusseaume. Deux ans plustard et sur la même scène, ces <strong>de</strong>ux artistes seront les créateurs d'unautre chef-d'œuvre, « Pelléas et Mélisan<strong>de</strong> » <strong>de</strong> Debussy.LOUISEOpéra en 4 actesavecLA VIE ou POtteLE GOlNERNEMENTDE LA MUSE OU PEUPlENINON VALLINGEORGES THILLMédiathèque du PontiffroyLe roman musical, paroles et musique du maître, obtint unimmédiat et prodigieux triomphe grâce à son sujet populaire. Pourla première fois les héros sont <strong>de</strong>s gens simples, observés dans leursoccupations journalières, avec leurs petits problèmes, échangeant<strong>de</strong>s propos quelquefois vulgaires, qu'on utilise tous les jours, sansphrases littéraires, confrontés à <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s ordinaires <strong>de</strong> la viequotidienne. Les personnages sont <strong>de</strong>s ouvriers, midinettes, étudiantspauvres, artistes, bref, <strong>de</strong>s gens que l'on rencontre constammentdans <strong>de</strong>s situations prosaïques. Quelques mois plus tard, lesvisiteurs <strong>de</strong> l'Exposition furent aussi enthousiasmés que le public147