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Le palmier à huile en Afrique - World Rainforest Movement

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<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> :le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurRicardo CarrèreMouvem<strong>en</strong>t Mondial pour les Forêts TropicalesDécembre 2010


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurIndexIntroduction 3Brève histoire du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> 3Encadré 1 : Entreprises concernées par la production de combustible à partir du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> dans les 4pays africainsMéthodes de production de l’<strong>huile</strong> de palme 4La superficie des palmeraies dans les pays producteurs d’<strong>huile</strong> de palme 5<strong>Le</strong> travail et l’emploi dans la production de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> 6Encadré 2 : Un cas de plein emploi <strong>en</strong> Guinée, dû à la production traditionnelle d’<strong>huile</strong> de palme 7Effets négatifs sur la société et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t 7Encadré 3 : L’impact des plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Ouganda 8L’<strong>huile</strong> de palme : l’affaire des femmes 8Encadré 4 : La participation des femmes à la production traditionnelle d’<strong>huile</strong> de palme 8<strong>Le</strong> rôle des gouvernem<strong>en</strong>ts étrangers et des ag<strong>en</strong>ces internationales 9Encadré 5 : Institutions nationales et internationales impliquées dans la promotion de la productionindustrielle d’<strong>huile</strong> de palme10<strong>Le</strong> rôle des gouvernem<strong>en</strong>ts africains 10Encadré 6 : Projets d’investissem<strong>en</strong>t dans le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> 10<strong>Le</strong> besoin d’impliquer le secteur traditionnel dans les nouvelles politiques 13Encadré 7 : La plantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> sélectionnés au B<strong>en</strong>in 13De l’échelon local à l’échelon mondial... et retour 14Vingt-trois pays d’<strong>Afrique</strong> où croît le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> 15Angola 15Bénin 18Burundi 21Cameroun 23Côte d’Ivoire 27Gabon 30Gambie 32Ghana 33Guinée 36Guinée-Bissau 39Guinée Équatoriale 40Liberia 42Madagascar 43Nigeria 45Ouganda 48République C<strong>en</strong>trafricaine 51République démocratique du Congo 53République du Congo 58São Tomé e Príncipe 60Sénégal 61Sierra <strong>Le</strong>one 63Tanzanie 65Togo 672


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurIntroduction<strong>Le</strong>s plans d’expansion des plantations industrielles de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> et leurs effets négatifssur la société et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ont conduit le WRM à réunir des informations sur vingt-trois pays de cecontin<strong>en</strong>t qui particip<strong>en</strong>t à la production d’<strong>huile</strong> de palme. 1 Du fait de la difficulté à obt<strong>en</strong>ir desinformations à ce sujet au niveau contin<strong>en</strong>tal et même national, l’objectif de ce travail est de donner auxpersonnes et aux organisations concernées les r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts nécessaires pour s’occuper de cettequestion si importante. Ces informations ont été d’abord publiées sous forme de brouillon dans un blog,dans les langues « officielles » des pays concernés (12 <strong>en</strong> français, 7 <strong>en</strong> anglais, 3 <strong>en</strong> portugais et 1 <strong>en</strong>espagnol) et nous avons reçu de nombreux comm<strong>en</strong>taires et réponses positives. 2La prés<strong>en</strong>te publication comm<strong>en</strong>ce par résumer à grands traits ce que nous estimons être les principalesconclusions des études par pays, afin de prés<strong>en</strong>ter un panorama général du problème. 3 Vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suiteles versions finales des informations recueillies dans les 23 pays étudiés. La grande variété de situationsqui découle de la riche diversité africaine nous pousse à recommander vivem<strong>en</strong>t la lecture de tous les cas.Nous espérons que ce travail permettra d’aider les populations déjà touchées par les plantations de<strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, et celles des régions ciblées pour <strong>en</strong> faire de nouvelles, à déf<strong>en</strong>dre leurs territoires et leursmoy<strong>en</strong>s d’exist<strong>en</strong>ce que les grandes <strong>en</strong>treprises mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> danger avec l’appui des gouvernem<strong>en</strong>ts.Brève histoire du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>Là où il croît naturellem<strong>en</strong>t, le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> apporte depuis des siècles aux populations locales d<strong>en</strong>ombreux avantages : de l’<strong>huile</strong> de palme, des sauces, du savon, du vin, des <strong>en</strong>grais (c<strong>en</strong>dres), destoitures (feuilles), des matériaux de construction (troncs), des médicam<strong>en</strong>ts (racines). Aujourd’hui <strong>en</strong>core,tous ces usages traditionnels du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une partie importante de la culture africainedans les pays où croît le <strong>palmier</strong>.Quand les puissances europé<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>vahir<strong>en</strong>t le contin<strong>en</strong>t, elles comprir<strong>en</strong>t tout de suite qu’ellespouvai<strong>en</strong>t tirer profit du commerce de noyaux et d’<strong>huile</strong> de palme, obt<strong>en</strong>us d’abord dans les palmeraiesnaturelles, puis dans de grandes plantations, grâce au travail forcé ou <strong>en</strong> situation d’esclavage et àl’appropriation des terres des communautés.<strong>Le</strong> système des plantations dans les terres communales fut r<strong>en</strong>forcé après l’indép<strong>en</strong>dance ; il s’agissaitmaint<strong>en</strong>ant d’<strong>en</strong>treprises étatiques accompagnées de grandes usines de traitem<strong>en</strong>t industriel.<strong>Le</strong>s politiques d’ajustem<strong>en</strong>t structurel imposées aux gouvernem<strong>en</strong>ts africains par la Banque mondiale et laSFI dans les années 90 aboutir<strong>en</strong>t à la privatisation de la plupart de ces complexes industriels et à lareprise du contrôle de la production d’<strong>huile</strong> de palme par des sociétés étrangères.1 Angola, B<strong>en</strong>in, Burundi, Cameroun, République c<strong>en</strong>trafricaine, R.D. du Congo, R. du Congo, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, Gambie,Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Madagascar, Nigeria, São Tomé e Príncipe, Sénégal, Sierra <strong>Le</strong>one, Tanzanie, Togo et Ouganda.2 http://oilpalminafrica.wordpress.com/.3 <strong>Le</strong>s référ<strong>en</strong>ces de toutes les citations et informations figur<strong>en</strong>t dans les études par pays.3


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurTout au long du processus que nous v<strong>en</strong>ons de résumer, le système traditionnel, qui consiste à récolter lesfruits dans les palmeraies naturelles ou semi-naturelles et à les transformer <strong>en</strong> <strong>huile</strong> de palme par desprocédés manuels, réussit à coexister avec les différ<strong>en</strong>ts systèmes c<strong>en</strong>tralisés mis <strong>en</strong> place par lesgouvernem<strong>en</strong>ts et les <strong>en</strong>treprises.Depuis quelques années, l’expansion des plantations industrielles a un autre objectif que la productiond’<strong>huile</strong> comestible : celui de produire des agrocombustibles, sous la direction d’un grand nombre detransnationales qui souhait<strong>en</strong>t investir dans la région, comme le montre l’<strong>en</strong>cadré 1.Encadré 1 : Entreprises concernées par la production de combustible à partir du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>dans les pays africainsAngola :B<strong>en</strong>in :Cameroun :Côte d’Ivoire :Congo, R. :Congo, R. D. :Gabon :Gambie :Ghana :Liberia :Madagascar :Nigeria :Sấo Tomé e Príncipe :Sierra <strong>Le</strong>one :Tanzanie :Ouganda :Grupo Atlântica (Portugal), ENI (Italie) et Petrobras (Brésil)des groupes non spécifiés de la Malaisie et de l’<strong>Afrique</strong> du Sudle groupe français BolloréSIFCA (France), Wilmar International et Olam International (Singapour), SIPEF(Belgique)Aurantia (Espagne), ENI (Italie), Fri-El Gre<strong>en</strong> (Italie)TriNorth Capital (Canada), ZTE Agribusiness Company (Chine), Blattner Group(Belgique / USA)SITA (Belgique), Olam International (Singapour)Mercatalonia (Espagne)SITA (Belgique), Unilever (Royaume-Uni / Pays-Bas), Wilmar International(Singapour), NORPALM (Norvège)Sime Darby (Malaisie), Equatorial Palm Oil Company (Royaume-Uni), Gold<strong>en</strong>Agri-Veroleum (Indonésie)Sithe Global (USA), Cultures du Cap Est (Inde)SIAT (Belgique), Fri-El Gre<strong>en</strong> Power (Italie)Socfinco (du groupe français Bolloré)Sierra <strong>Le</strong>one Agriculture (Royaume-Uni), groupe Quifel (Portugal), Gold Tree(Royaume-Uni)TM Plantations Ltd (Malaisie), Sithe Global Power (USA), InfEnergy (Royaume-Uni), un groupe non id<strong>en</strong>tifié (Malaisie), African Gre<strong>en</strong> Oil Limited, TanzaniaBiodiesel Plant Ltd, InfEnergy Co.Oil Palm Uganda Limited (qui apparti<strong>en</strong>t à la société Wilmar de Singapour, <strong>en</strong>association avec BIDCO)Méthodes de production de l’<strong>huile</strong> de palmeBi<strong>en</strong> qu’on puisse trouver beaucoup de différ<strong>en</strong>ces dans les méthodes de production de l’<strong>huile</strong> de palme,d’un pays à l’autre mais aussi dans chaque pays, il est possible de les regrouper <strong>en</strong> deux catégoriesgénérales : la production traditionnelle et la production industrielle.<strong>Le</strong> système traditionnelDans le système traditionnel, les <strong>palmier</strong>s font partie du paysage productif. Dans bi<strong>en</strong> des cas, lespalmeraies naturelles sont le résultat d’un aménagem<strong>en</strong>t de longue date, où des zones boisées ont étédéfrichées pour l’agriculture mais <strong>en</strong> préservant de nombreux <strong>palmier</strong>s bi<strong>en</strong> espacés <strong>en</strong>tre eux, de manièreà maint<strong>en</strong>ir les deux types de production. Dans d’autres cas, on a planté des palmeraies communales oufamiliales dans le cadre de systèmes agroforestiers.<strong>Le</strong>s fruits du <strong>palmier</strong> sont cueillis, puis transformés localem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>huile</strong> de palme rouge. Dans certainscas, le processus est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t manuel ; dans d’autres, on utilise des appareils de pressage mécaniqueque l’on fait fonctionner à la main. <strong>Le</strong>s noyaux sont transformés <strong>en</strong> savon ou <strong>en</strong> d’autres produits, tandisque la sève est extraite (aussi bi<strong>en</strong> des <strong>palmier</strong>s <strong>en</strong> pied que des <strong>palmier</strong>s abattus) pour la production devin de palme.4


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong> système industriel<strong>Le</strong> système industriel est basé sur des plantations <strong>en</strong> régime de monoculture, où la terre ne produit que desfruits de <strong>palmier</strong> pour l’industrie. Bi<strong>en</strong> qu’il y ait quelques différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre les systèmes colonial etpostcolonial, les procédés sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t les mêmes. Dans la plupart des cas, on pr<strong>en</strong>d les terres descommunautés locales avec peu ou pas de comp<strong>en</strong>sation ; des écosystèmes riches <strong>en</strong> diversité biologique(surtout des forêts) sont détruits et remplacés par de grandes plantations de <strong>palmier</strong>s ; le travail qui, àl’époque coloniale, était forcé ou <strong>en</strong> régime d’esclavage, est sous-payé ou proche de l’esclavage dans lesystème moderne. Ce dernier est <strong>en</strong>core pire que l’anci<strong>en</strong> <strong>en</strong> ce qu’il comporte l’assèchem<strong>en</strong>t de grandesét<strong>en</strong>dues et l’emploi généralisé de produits agrochimiques, deux choses qui port<strong>en</strong>t atteinte aux réservesd’eau locales.Dans beaucoup de cas, les plantations étatiques ou privées sont complétées par de petites plantationsassociées, le plus souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> application d’un système contractuel par lequel les petits propriétairesconvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de v<strong>en</strong>dre leur production à l’usine de traitem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>treprise.La transformation des fruits <strong>en</strong> <strong>huile</strong> de palme et autres produits secondaires se c<strong>en</strong>tralise dans de grandesusines industrielles mécanisées. La population locale estime <strong>en</strong> général que l’<strong>huile</strong> ainsi produite est demoindre qualité que celle qu’on obti<strong>en</strong>t manuellem<strong>en</strong>t de la manière traditionnelle.La superficie des palmeraies dans les pays producteurs d’<strong>huile</strong> de palmeIl est très difficile de trouver des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts fiables sur la superficie que couvr<strong>en</strong>t les <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong><strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>, et ce pour de nombreuses raisons :1) Il est difficile de distinguer les zones boisées qui compt<strong>en</strong>t des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> parmi d’autresespèces, des palmeraies naturelles où les <strong>palmier</strong>s sont la seule ou la principale espèce.2) Il est difficile de distinguer les « palmeraies sauvages » de celles, naturelles ou plantées, qui fontpartie des pratiques agricoles des communautés locales depuis des siècles.3) Il est difficile de classer les palmeraies parmi les plantations familiales, dont les fruits sont v<strong>en</strong>dusou non à une usine de traitem<strong>en</strong>t, ou parmi les plantations <strong>en</strong> sous-traitance liées par contrat à uneplantation industrielle.4) Il existe des plantations industrielles abandonnées qui sont utilisées par les communautés localescomme s’il s’agissait de palmeraies naturelles.5) Il n’existe pas d’inv<strong>en</strong>taires actualisés des palmeraies naturelles, des plantations artisanales et desplantations industrielles.Par conséqu<strong>en</strong>t, le tableau suivant ne donne qu’une idée très générale de la surface que couvr<strong>en</strong>t les<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> dans les vingt-trois pays choisis par le WRM <strong>en</strong> tant que producteurs africains d’<strong>huile</strong> depalme.5


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurPAYSPalmeraies naturelles / plantationstraditionnelles(<strong>en</strong> hectares)Plantations industrielles(<strong>en</strong> hectares)Angola --- ---B<strong>en</strong>in 300 000 20 000Burundi --- 10 000Cameroun 25 000 76 500Congo, R. --- 10 000Congo, R. D. 1 000 000 4 147 000 5Côte d’Ivoire 140 000 88 000Gabon --- 10 000Gambie --- ---Ghana --- 300 000Guinée 2 000 000 9 000Guinée équatoriale --- 7 000Guinée-Bissau --- ---Liberia --- 70 000Madagascar --- ---Ouganda --- 10 000République c<strong>en</strong>trafricaine 18 000 1 000Sấo Tomé e Príncipe --- ---Sénégal 50 000 ---Sierra <strong>Le</strong>one 32 000 18 000Tanzanie --- ---Togo 600 000 2 000<strong>Le</strong> travail et l’emploi dans la production de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>Tandis que le système industriel emploie relativem<strong>en</strong>t peu de travailleurs – de l’ordre de milliers – dansles plantations et les usines de traitem<strong>en</strong>t, le système traditionnel fournit des produits et des rev<strong>en</strong>us à desmillions de personnes (de femmes <strong>en</strong> particulier) qui particip<strong>en</strong>t à la récolte, au traitem<strong>en</strong>t et à lacommercialisation de l’<strong>huile</strong>, des noyaux et du vin de palme.En ce qui concerne les conditions de travail, le cas de la principale plantation industrielle du Camerounest illustratif :« La SOCAPALM fait v<strong>en</strong>ir ses ouvriers d’autres régions du Cameroun et les loge dans des campem<strong>en</strong>tssitués dans la plantation. <strong>Le</strong>s conditions de vie et de travail y sont exécrables : baraquem<strong>en</strong>ts et latrinescollectives insalubres, manque d’accès régulier à l’eau et à l’électricité, travaux pour la pluparttemporaires et à des salaires extrêmem<strong>en</strong>t bas, etc. Des c<strong>en</strong>taines d’ouvriers sous-traités travaill<strong>en</strong>t sixjours par semaine et parfois de 6 à 18h, sans couverture sociale et sans protection adéquate, pour <strong>en</strong>viron1,6 euro par jour – et ce, seulem<strong>en</strong>t quand les sous-traitants n’oubli<strong>en</strong>t pas de les payer. Face à cela,grèves et protestations se sont multipliées. »Quant au système traditionnel, le cas du Liberia montre que la moitié de l’<strong>huile</strong> est produite par 220 000femmes et hommes dans de petites fermes, à partir des fruits cueillis dans les forêts où le <strong>palmier</strong> croît <strong>en</strong>abondance, et que ce sont surtout les femmes qui se charg<strong>en</strong>t de transformer ces fruits <strong>en</strong> <strong>huile</strong> de palmerouge par des méthodes traditionnelles. Au Nigeria, 80 % de la production sont le fait de petitspropriétaires épars qui récolt<strong>en</strong>t les fruits de plantes semi-sauvages et emploi<strong>en</strong>t des techniques detransformation manuelles. Plusieurs millions de petits propriétaires se répartiss<strong>en</strong>t sur une superficieestimée, qui serait de 1,65 million d’hectares à 3 millions d’hectares maximum.4 <strong>Le</strong>s estimations vont de 1,65 millions d’hectares à 2,4 millions d’hectares et jusqu’à un maximum de 3 millions d’hectares.5 <strong>Le</strong>s estimations vont de 169 000 hectares (72 000 ha de plantations étatiques et 97 000 ha de petites propriétés) à 360 000 hectares deplantations.6


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurEncadré 2 : Un cas de plein emploi <strong>en</strong> Guinée, dû à la production traditionnelle d’<strong>huile</strong> de palme<strong>Le</strong>s textes cités ci-dessous devrai<strong>en</strong>t donner à réfléchir aux institutions qui fourniss<strong>en</strong>t des fonds et desconseils techniques aux pays africains dans le but de « réduire la pauvreté ». Elles y trouverai<strong>en</strong>t des idéessur ce qu’il faut et sur ce qu’il ne faut pas sout<strong>en</strong>ir dans le secteur du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, si vraim<strong>en</strong>t ellessouhait<strong>en</strong>t atténuer la pauvreté et non l’accroître.« Sur une production de régimes de près de 45 000 t par an, l’<strong>huile</strong>rie de Diécké ne parvi<strong>en</strong>t à traiter que15 700 t. Pour le reste, la Soguipah [Société guiné<strong>en</strong>ne du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>] a été obligée de recourir à lafilière de transformation artisanale. Pour absorber les récoltes des plantations familiales, il a fallu créerhuit c<strong>en</strong>tres de pressage employant au total 1392 personnes. Trois autres c<strong>en</strong>tres employant 2000personnes trait<strong>en</strong>t l’excéd<strong>en</strong>t de production des plantations industrielles que l’usine ne peut absorber.Sans jeu de mot, on peut dire que ces c<strong>en</strong>tres artisanaux tourn<strong>en</strong>t « à plein régime ». Situés au bord decours d’eau, ils reçoiv<strong>en</strong>t des tonnes de noix de palme déversées par les camions de la Soguipah. <strong>Le</strong>svillageois comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t par égrapper les régimes, avant de faire bouillir les noix. Celles-ci sont <strong>en</strong>suiteversées dans des fosses tapissées de pierres et de bois. C’est là qu’on les écrase à coups de pilons. Lapulpe obt<strong>en</strong>ue est lavée, puis pressée à la main. Vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite les opérations de cuisson, de décantationet de filtrage. Il faut trois à cinq jours pour obt<strong>en</strong>ir l’<strong>huile</strong> rouge à partir des noix de palme."Officiellem<strong>en</strong>t, indique un cadre de la Soguipah, nous employons 1500 salariés agricoles (pour lesplantations et l’usine), mais avec l’extraction artisanale de l’<strong>huile</strong>, personne ne peut détermineraujourd’hui avec précision le nombre de g<strong>en</strong>s dont la vie est liée à notre société." Aujourd’hui, cetteactivité est si attrayante que certaines femmes ont quitté des régions situées à des c<strong>en</strong>taines de kilomètrespour v<strong>en</strong>ir extraire l’<strong>huile</strong>. "Actuellem<strong>en</strong>t, avoue une ‘extractrice’, je gagne plus que mon mari. Jesouhaite que cela dure pour que nous puissions <strong>en</strong>fin avoir un toit à nous."L’extraction artisanale de l’<strong>huile</strong> de palme mobilise tous les bras valides de la région forestière. A telpoint que, selon un ag<strong>en</strong>t de la Soguipah, "il n’y a plus personne pour s’occuper des <strong>en</strong>fants : tout lemonde est obnubilé par les profits de l’extraction". La transformation artisanale a créé une situation deplein-emploi tout à fait inédite dans cette région. Mais pour les responsables de l’<strong>huile</strong>rie, la solutionartisanale n’est qu’un pis-aller. La solution a déjà été trouvée, avec la construction d’une nouvelle <strong>huile</strong>ried’une capacité de 10 t/heure (quatre fois plus que l’installation actuelle). Cette unité, dont le montage adébuté le 20 février dernier, est financée par la Banque europé<strong>en</strong>ne d’investissem<strong>en</strong>t. Elle pourra traiter<strong>en</strong>viron 55 000 t/an. Sa mise <strong>en</strong> service permettra donc immédiatem<strong>en</strong>t de transformer la totalité de laproduction de la Soguipah et des plantations familiales. Ce qui se traduira par un arrêt brutal del’extraction artisanale. Du coup, les intérêts de milliers de personnes seront compromis. <strong>Le</strong>s femmeshabituées à manipuler des millions devront désormais se tourner vers d’autres activités, certainem<strong>en</strong>tmoins rémunératrices. »Effets négatifs sur la société et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tLa production traditionnelle d’<strong>huile</strong> de palme se fait tantôt à partir de palmeraies naturelles, tantôt à partirde <strong>palmier</strong>s préservés ou plantés parmi d’autres cultures dans des parcelles familiales de subsistance oude rapport. <strong>Le</strong> cas de la Côte d’Ivoire <strong>en</strong> est un exemple : « <strong>Le</strong>s exploitations familiales qui produis<strong>en</strong>tdes fruits de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> ont presque toutes des cultures et des activités diversifiées et sont adaptées àla double logique de sécurisation et de stabilisation du rev<strong>en</strong>u, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> diversifiant les possibilitésde commerce. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>quêtes <strong>en</strong> Côte d’Ivoire ont révélé des systèmes agricoles diversifiés quicompr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> et/ou hévéa, café et cacao, ainsi que des cultures alim<strong>en</strong>taires, y compris lescultures de r<strong>en</strong>te, le tout sur la même ferme. <strong>Le</strong>s agriculteurs familiaux qui cultiv<strong>en</strong>t le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> nesont donc (presque) jamais les producteurs d’une culture unique ».7


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurQuant à la production industrielle d’<strong>huile</strong> de palme, le cas des plantations de l’île de Buggala <strong>en</strong> Ougandamontre qu’elles ont eu de nombreux effets négatifs sur la société et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, comme on a pu leconstater dans une étude commandée par le Forum d’ONG du district de Kalangala, que l’on peutrésumer comme suit :Encadré 3 : L’impact des plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> OugandaEffets socio-économiques- Violation des droits territoriaux des peuples autochtones et des communautés locales- Perte du filet de sauvetage que représ<strong>en</strong>te la terre- Violations des droits de l’homme- Impossibilité d’accès aux ressources et conflits qui <strong>en</strong> résult<strong>en</strong>t- Augm<strong>en</strong>tation soudaine du prix de la terre- Destruction de l’économie villageoise- Exposition à des risques pour la santé- Insécurité alim<strong>en</strong>taire- Perte du patrimoine culturel et de ses valeurs- InsécuritéEffets sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t- Impact sur la diversité biologique- Pressions accrues sur les Réserves de la forêt c<strong>en</strong>trale- Diminution des produits forestiers- Déboisem<strong>en</strong>t- Érosion du sol- Assèchem<strong>en</strong>t des zones humides- Perturbation du microclimat- Emploi de produits chimiques pour l’agriculture- Diminution des brise-v<strong>en</strong>tL’<strong>huile</strong> de palme : l’affaire des femmesL’<strong>huile</strong> de palme est très importante <strong>en</strong> tant que source de rev<strong>en</strong>us pour les femmes. Malgré quelquesexceptions (comme, par exemple, la République démocratique du Congo), dans la plupart des cas ce sontles femmes qui se charg<strong>en</strong>t de transformer les fruits du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>huile</strong> de palme et de v<strong>en</strong>dre ceproduit dans les marchés locaux et même nationaux. <strong>Le</strong>s citations suivantes illustr<strong>en</strong>t cette situation dansplusieurs pays.Encadré 4 : La participation des femmes à la production traditionnelle d’<strong>huile</strong> de palmeB<strong>en</strong>in : « Jusqu’à aujourd’hui, la production artisanale d’<strong>huile</strong> de palme est largem<strong>en</strong>t assurée par desfemmes, individuellem<strong>en</strong>t ou év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t aidées par une main-d’œuvre familiale. Ces artisanesemploi<strong>en</strong>t des techniques <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t manuelles. Aucun processus de conc<strong>en</strong>tration très marqué n’a eulieu dans le secteur, qui est resté très dispersé au sein de la population ».Côte d’Ivoire : « L’<strong>huile</strong> de palme rouge prés<strong>en</strong>te aussi l’intérêt d’être une source d’emploi pour desmilliers de femmes <strong>en</strong> milieu rural, car ce sont elles qui produis<strong>en</strong>t manuellem<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong> de palmeartisanale ».8


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurCongo, R. : « <strong>Le</strong>s femmes jou<strong>en</strong>t un rôle important, tant <strong>en</strong> termes de production comme de v<strong>en</strong>te del’<strong>huile</strong> de palme. Une paysanne qui produit traditionnellem<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong> de palme dit que “ à Etoumbi nousavons toujours extrait de l’<strong>huile</strong> de palme. Avec la v<strong>en</strong>te de notre <strong>huile</strong> nous achetons des médicam<strong>en</strong>ts etdes caleçons pour nos <strong>en</strong>fants ”. <strong>Le</strong>s femmes ont aussi l’habitude d’utiliser la noix de palme pour préparerla mouambé, une sauce issue de l’extraction traditionnelle des noix ».Congo, R.D. : « Contrairem<strong>en</strong>t à ce qui se passe dans d’autres pays de la région, ici ce sont les hommesqui produis<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong> de palme. Mais le commerce au détail est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t contrôlé par les femmes,dont certaines ont développé des capacités importantes d’achat. La commercialisation de l’<strong>huile</strong> de palmed’origine artisanale est quasi <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t aux mains du circuit informel dans lequel les femmes ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tun rôle dominant ».Gambie : « La plupart des activités de transformation du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> sont faites dans les zones ruralespar les femmes ; elles emploi<strong>en</strong>t des méthodes traditionnelles [...]. »Ghana : « à l’extérieur des plantations industrielles, le traitem<strong>en</strong>t du fruit du <strong>palmier</strong> est faitmanuellem<strong>en</strong>t par les femmes des villages ».Guinée : « L’extraction artisanale d’<strong>huile</strong> est dev<strong>en</strong>ue une activité très rémunératrice pour une grandepartie des familles de la Guinée forestière et de la Guinée maritime, surtout pour les femmes. »Guinée-Bissau : « La récolte des fruits est une activité masculine, mais le reste du traitem<strong>en</strong>t (trituration,criblage et raffinage des noix palmistes) est m<strong>en</strong>é à bi<strong>en</strong> par les femmes, qui ont aussi la responsabilité d<strong>en</strong>égocier la v<strong>en</strong>te de l’<strong>huile</strong>. »Liberia : « Pourtant, ce sont surtout les femmes qui se charg<strong>en</strong>t de transformer les fruits <strong>en</strong> <strong>huile</strong> depalme rouge par des méthodes traditionnelles. »Nigeria : « [...] ce sont presque toujours les femmes qui se charg<strong>en</strong>t de la transformation des fruits <strong>en</strong><strong>huile</strong> végétale. »Sénégal : « les femmes prépar<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong> et le vin de palme. »Tanzanie : « Au niveau local, les femmes se charg<strong>en</strong>t de la fabrication de l’<strong>huile</strong> de palme et de la v<strong>en</strong>tedes produits dérivés (<strong>huile</strong>, savon). »Togo : « Dans plusieurs zones de palmeraies, ce sont des groupes de femmes qui font l’extractionartisanale d’<strong>huile</strong> de palme au niveau du village. »<strong>Le</strong> rôle des gouvernem<strong>en</strong>ts étrangers et des ag<strong>en</strong>ces internationalesPlusieurs institutions nationales, régionales et multilatérales ont joué un rôle crucial dans la promotion desinvestissem<strong>en</strong>ts passés et prés<strong>en</strong>ts dans le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>. Il faut souligner que ce souti<strong>en</strong> aignoré toutes les preuves accumulées des effets négatifs que les plantations industrielles ont eus sur lasociété et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, ainsi que les avantages sociaux des méthodes durables traditionnelles deproduction d’<strong>huile</strong> de palme. De ce fait, c’est le modèle industriel qui a reçu la plupart du souti<strong>en</strong>, tandisque le système traditionnel n’<strong>en</strong> recevait pratiquem<strong>en</strong>t aucun. Sans être complète, la liste suivante donneau moins un aperçu des institutions qui ont participé à l’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t de la production du <strong>palmier</strong> à<strong>huile</strong> dans plusieurs pays.9


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurEncadré 5 : Institutions nationales et internationales impliquées dans la promotion de la productionindustrielle d’<strong>huile</strong> de palmeBanque mondiale :Cameroun, Congo R., Côte d’Ivoire, Ghana, Liberia,Nigeria, Ouganda, Sierra <strong>Le</strong>oneBanque africaine de développem<strong>en</strong>t:GabonBanque africaine d’investissem<strong>en</strong>t: Congo, R.Communauté europé<strong>en</strong>ne :Burundi, Congo R., Côte d’Ivoire (Fonds europé<strong>en</strong> dedéveloppem<strong>en</strong>t), Ghana (EuropeAid), Guinée (Banqueeuropé<strong>en</strong>ne d’investissem<strong>en</strong>t), Nigeria, Sấo Tomé ePríncipe (Banque europé<strong>en</strong>ne d’investissem<strong>en</strong>t),Tanzanie (Partnership Dialogue Facility de l’UE), TogoOrganes de l’ONU :Congo, R. (FAO, Fonds international de développem<strong>en</strong>tagricole, FIDA), Nigeria (ONUDI), Ouganda (FIDA),Tanzanie (Programme international de bioénergie de laFAO).États-Unis d’Amérique :Liberia (USAID, USDA, Mercy Corps)Royaume-Uni :Sierra <strong>Le</strong>one (Départem<strong>en</strong>t du développem<strong>en</strong>tinternational, DFID)Finlande :Sierra <strong>Le</strong>one (FinnFund)Suède :Tanzanie (SIDA)Allemagne :Tanzanie (GTZ)Autriche :Sénégal (Coopération autrichi<strong>en</strong>ne)Taiwan :Sấo Tomé e Príncipe (gouvernem<strong>en</strong>t de Taiwan)<strong>Le</strong> rôle des gouvernem<strong>en</strong>ts africainsDe façon générale, la plupart des gouvernem<strong>en</strong>ts africains sont <strong>en</strong> train de créer un climat favorable auxinvestissem<strong>en</strong>ts des grandes <strong>en</strong>treprises dans la production industrielle d’<strong>huile</strong> de palme, souv<strong>en</strong>t dans lecadre de la production d’agrocombustibles et de produits agricoles axée sur l’exportation.Dans le contexte africain, ce que les <strong>en</strong>treprises att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t des gouvernem<strong>en</strong>ts est du souti<strong>en</strong> politique pourleurs investissem<strong>en</strong>ts et l’accès légal à la terre dans des conditions favorables. Cela implique que degrandes ét<strong>en</strong>dues de terre seront prises aux populations locales, avec peu ou pas de comp<strong>en</strong>sation, etcédées aux <strong>en</strong>treprises de plantation. Quant à la résistance év<strong>en</strong>tuelle des communautés affectées, legouvernem<strong>en</strong>t devra « s’<strong>en</strong> charger » par des moy<strong>en</strong>s politiques, juridiques ou répressifs.Ce qui précède devrait sonner l’alerte dans beaucoup de pays, puisque l’expansion du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>pourrait aboutir à un processus d’appropriation de terres de fortes proportions, comme il arrive dans leszones concernées par les projets d’investissem<strong>en</strong>t résumés dans l’<strong>en</strong>cadré 6.Encadré 6 : Projets d’investissem<strong>en</strong>t dans le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>Angola– <strong>Le</strong> Groupe Atlântica (Portugal), par l’intermédiaire de sa filiale AfriAgro, a obt<strong>en</strong>u 5 000 hectares(avec la possibilité d’atteindre un total de 20 000 ha) pour la production de biodiesel.– L’<strong>en</strong>treprise itali<strong>en</strong>ne ENI (<strong>en</strong> association avec la Petrobras du Brésil) a passé un accord avec legouvernem<strong>en</strong>t, suivant lequel ce dernier favorisera la plantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> pourapprovisionner l’ENI <strong>en</strong> matière première pour la production de biodiesel.Cameroun– <strong>Le</strong> groupe français Bolloré est le principal acteur dans le secteur du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> du pays. Ilproduit 80 % de l’<strong>huile</strong> de palme et possède près de 40 000 hectares de plantations parl’intermédiaire de ses <strong>en</strong>treprises SOCAPALM, SAFACAM et Ferme Suisse. La société a aussides usines et elle s’est récemm<strong>en</strong>t déclarée intéressée à produire du biodiesel.10


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurCongo, R.– La compagnie espagnole Aurantia a annoncé son int<strong>en</strong>tion d’investir dans des plantations de<strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> pour fabriquer du biodiesel.– La compagnie énergétique itali<strong>en</strong>ne ENI a obt<strong>en</strong>u 70 000 hectares pour planter des <strong>palmier</strong>s à<strong>huile</strong>.– La compagnie énergétique itali<strong>en</strong>ne Fri-El Gre<strong>en</strong> a signé un contrat pour la plantation de <strong>palmier</strong>sà <strong>huile</strong> sur 40 000 hectares.Congo, R. D.– GAP (Groupe agro-pastoral), une <strong>en</strong>treprise qui apparti<strong>en</strong>t au Groupe Blattner (Belgique / USA), a10 000 hectares de plantations.– La compagnie canadi<strong>en</strong>ne TriNorth Capital a annoncé que sa filiale Feronia avait acheté àUnilever l’<strong>en</strong>treprise Plantations et Huileries du Congo. Dans sa propriété de 100 000 hectares elleprévoit de planter de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> près de 70 000 ha.– ZTE Agribusiness Company Ltd, une société chinoise, a annoncé son int<strong>en</strong>tion de faire desplantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> sur un million d’hectares.Côte d’Ivoire– PALMCI, une compagnie qui apparti<strong>en</strong>t au groupe français SIFCA et aux <strong>en</strong>treprises deSingapour Wilmar International et Olam International, a 35 000 hectares de plantationsindustrielles.– La compagnie belge SIPEF-CI a acheté 12 700 hectares de plantations industrielles.– PALMAFRIQUE, propriété du holding financier Groupe L’Aiglon, a 7 500 hectares deplantations.Gabon– L’anci<strong>en</strong>ne <strong>en</strong>treprise étatique Agrogabon a été privatisée et elle est dirigée aujourd’hui par lacompagnie belge SIAT. Elle a 6 500 hectares de plantations.– Olam International (Singapour) <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d planter près de 140 000 hectares de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. <strong>Le</strong>projet comporte aussi la plantation de 60 000 hectares additionnels par 3 000 <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurslocaux.Gambie– Pour le mom<strong>en</strong>t, seule Mercatalonia, une <strong>en</strong>treprise espagnole, a prés<strong>en</strong>té au gouvernem<strong>en</strong>t unprojet de plantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, et on ne sait pas <strong>en</strong>core s’il sera mis <strong>en</strong> œuvre.Ghana– La société belge SIAT est à prés<strong>en</strong>t le principal actionnaire de la Ghana Oil Palm Developm<strong>en</strong>tCo., privatisée <strong>en</strong> 1995.– Unilever est le principal actionnaire d’Oil Palm Plantation Limited, un des principaux producteursd’<strong>huile</strong> de palme du pays.– Wilmar International (Singapour) est dev<strong>en</strong>ue récemm<strong>en</strong>t propriétaire de la B<strong>en</strong>so Oil PalmPlantation Limited.– La société norvégi<strong>en</strong>ne Palm Ghana Limited (NORPALM) a acheté <strong>en</strong> 2000 les plantations de laNational Oil Palm Limited.Liberia– En 2009, la société malaise Sime Darby a signé un contrat pour la concession de 220 000 hectaresp<strong>en</strong>dant 63 ans. Environ 180 000 hectares seront plantés de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>.– La compagnie britannique Equatorial Palm Oil a 169 000 hectares, dont près de 10 000 ont déjàété plantés de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>.11


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur– La compagnie indonési<strong>en</strong>ne Gold<strong>en</strong> Agri-Veroleum est <strong>en</strong> train de compléter les négociationsavec le gouvernem<strong>en</strong>t pour établir 240 000 hectares de plantations de <strong>palmier</strong>s.MadagascarSuite à un scandale concernant un projet qui aurait comporté la concession de plus d’un milliond’hectares (dont 300 000 aurai<strong>en</strong>t été affectés à la plantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>) à la compagnie sudcoré<strong>en</strong>neDaewoo, le projet semble avoir été abandonné. Cep<strong>en</strong>dant, deux autres projets sont prévus :– L’<strong>en</strong>treprise énergétique des USA Sithe Global obti<strong>en</strong>drait 60 000 hectares pour la production debiodiesel à partir du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>.– Cultures du Cap Est, une société financée par un groupe indi<strong>en</strong>, obti<strong>en</strong>drait 9 100 hectares pour laplantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>.Nigeria– La société belge SIAT, par le biais de sa filiale Presco, a près de 10 000 hectares de plantations, etson objectif est d’approvisionner le marché intérieur de l’<strong>huile</strong> de palme.– La compagnie itali<strong>en</strong>ne Fri-El Gre<strong>en</strong> Power a une concession de 11 300 hectares, et l’option del’élargir jusqu’à 100 000 hectares.Ouganda– Oil Palm Uganda Limited, qui apparti<strong>en</strong>t à la compagnie singapouri<strong>en</strong>ne Wilmar <strong>en</strong> société avecBIDCO, a une concession de 10 000 hectares, mais le gouvernem<strong>en</strong>t est conv<strong>en</strong>u de lui fournir30 000 hectares supplém<strong>en</strong>taires sur le contin<strong>en</strong>t, dont 20 000 hectares pour la plantation-mère et10 000 hectares pour des petits agriculteurs et des sous-traitants.Sấo Tomé e Príncipe– Par l’intermédiaire de sa filiale Agripalma, la compagnie Socfinco (Belgique/France), qui faitpartie du groupe français Bolloré, a une concession de 5 000 hectares pour planter des <strong>palmier</strong>s à<strong>huile</strong>. Son objectif est de produire de l’<strong>huile</strong> de palme pour la transformer <strong>en</strong>suite <strong>en</strong> biodiesel <strong>en</strong>Belgique.Sierra <strong>Le</strong>one– La société britannique Sierra <strong>Le</strong>one Agriculture a une concession de 41 000 hectares, dont 30 000serai<strong>en</strong>t plantés de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>.– <strong>Le</strong> groupe portugais Quifel a passé des accords avec les communautés locales pour planter des<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, de la canne à sucre et du riz. Au total, 40 000 hectares serai<strong>en</strong>t affectés à laproduction d’agrocombustibles pour l’exportation.– La compagnie britannique Gold Tree prévoit de traiter les fruits des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> de sespropres plantations et de celles des communautés locales pour fabriquer du biodiesel. <strong>Le</strong> projetconcernerait quelque 40 000 hectares.Tanzanie– La compagnie belge FELISA a un projet qui concerne 10 000 hectares de plantations, dont lamoitié lui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t et dont le reste serait exploitè par les petits agriculteurs locaux.– African Gre<strong>en</strong> Oil Limited a le projet de planter 20 000 hectares pour produire de l’<strong>huile</strong> depalme.– Tanzania Biodiesel Plant Ltd possède 16 000 hectares qu’elle plantera de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>.– La société malaise TM Plantations Ltd prévoit de faire des plantations à Kigoma.– Sithe Global Power (USA) prévoit de faire des plantations sur 50 000 hectares et de produire del’<strong>huile</strong> dans le pays.– InfEnergy (Royaume-Uni) a 10 000 hectares pour planter des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>.– Un groupe malais non id<strong>en</strong>tifié prévoit de faire une plantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> de 40 000hectares.12


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong> besoin d’impliquer le secteur traditionnel dans les nouvelles politiquesBi<strong>en</strong> que le changem<strong>en</strong>t soit propre à la nature humaine, il est important de souligner que, dans le secteurde l’<strong>huile</strong> de palme, certains changem<strong>en</strong>ts qui sembl<strong>en</strong>t mineurs et positifs peuv<strong>en</strong>t, à la longue, avoir unfort impact sur le système traditionnel et, <strong>en</strong> particulier, sur les femmes qui <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t. Il est donccrucial de faire participer les producteurs traditionnels d’<strong>huile</strong> de palme si l’on veut que les modificationsamélior<strong>en</strong>t leur niveau de vie. L’exemple du B<strong>en</strong>in montre les conséqu<strong>en</strong>ces que peut avoir unchangem<strong>en</strong>t « technique » apparemm<strong>en</strong>t minime.Encadré 7 : La plantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> sélectionnés au B<strong>en</strong>in« A partir du début des années 1990, l’Etat béninois et les bailleurs de fonds ont décidé de changerd’approche : la gestion publique de grosses unités de transformation industrielles a montré ses limites.Celles-ci sont privatisées au cours de la déc<strong>en</strong>nie 1990, et on appuie l’émerg<strong>en</strong>ce de petites exploitationsprivées. Cet appui repose sur la diffusion de plants de <strong>palmier</strong>s sélectionnés, et sur la conception et lapromotion de petit matériel de transformation. Un programme de diffusion de plants de <strong>palmier</strong>ssélectionnés est mis <strong>en</strong> place à partir de 1993. Des pépiniéristes privés, agréés et subv<strong>en</strong>tionnés par l’État,v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t au public à prix contrôlé des plants de <strong>palmier</strong>s sélectionnés.Une nouvelle catégorie d’acteurs apparaît dans la filière : les planteurs de <strong>palmier</strong>s sélectionnés. Ilsadopt<strong>en</strong>t une stratégie tout à fait différ<strong>en</strong>te de celle des planteurs de <strong>palmier</strong>s naturels. Ces dernierspratiqu<strong>en</strong>t systématiquem<strong>en</strong>t cette culture <strong>en</strong> association avec des cultures vivrières, tandis que lespremiers ont t<strong>en</strong>dance à se spécialiser dans le <strong>palmier</strong>, et devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t "planteurs" avant d’être"cultivateurs". Dans le contexte actuel du Sud-Bénin, où l’achat de terres est dev<strong>en</strong>u possible, ilsacquièr<strong>en</strong>t des parcelles qu’ils consacr<strong>en</strong>t à cette culture. Ces nouveaux planteurs sont <strong>en</strong> quasi-totalitédes hommes. <strong>Le</strong>s artisanes ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que très rarem<strong>en</strong>t à posséder leur propre palmeraie. <strong>Le</strong>caractère de culture de r<strong>en</strong>te du <strong>palmier</strong>, r<strong>en</strong>forcé par un aspect symbolique ("symbole de richesse") asuscité un mouvem<strong>en</strong>t d’accaparem<strong>en</strong>t par les hommes.<strong>Le</strong>s planteurs sont <strong>en</strong> effet tout à fait consci<strong>en</strong>ts des profits que l’on peut faire grâce à la transformation,surtout si l’on a la capacité de stocker. Actuellem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>viron un planteur sur deux garde au moins unepartie de sa production et embauche des artisanes pour la transformer. Depuis une dizaine d’années, lesorganismes de développem<strong>en</strong>t appui<strong>en</strong>t la diffusion du matériel de transformation (presses et malaxeurs),<strong>en</strong> insistant sur l’accroissem<strong>en</strong>t des performances techniques.Au bénéfice économique s’ajoute un autre, social. <strong>Le</strong> propriétaire d’un atelier équipé bénéficie d’unevalorisation sociale que n’a pas le planteur qui embauche des femmes pour transformer sa production.L’investissem<strong>en</strong>t des planteurs vers l’aval de la filière va donc probablem<strong>en</strong>t s’amplifier.Or, la transformation de leur production par les planteurs eux-mêmes a une conséqu<strong>en</strong>ce directe pour lesartisanes : les quantités de matière première offertes par ces dernières vont diminuer. <strong>Le</strong> statut desartisanes leur interdisant bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t d’avoir leurs propres palmeraies, une partie d’<strong>en</strong>tre elles pourrai<strong>en</strong>tse retrouver exclues de la filière. Celle-ci fournissant actuellem<strong>en</strong>t une part de leurs rev<strong>en</strong>us à bon nombrede femmes rurales du Sud du B<strong>en</strong>in, le développem<strong>en</strong>t de la mécanisation peut s’avérer problématique. Àla différ<strong>en</strong>ce du secteur industriel qui a ses propres réseaux d’approvisionnem<strong>en</strong>t et de commercialisation,les petits ateliers semi-mécanisés se pos<strong>en</strong>t <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ts directs des artisanes.En conclusion de cette analyse de la situation, le programme actuel de développem<strong>en</strong>t de la filière, quirepose sur la diffusion de plants de <strong>palmier</strong>s sélectionnés et du petit matériel, ne bénéficie qu’à une seulecatégorie d’acteurs, qu’il a fait émerger : les "nouveaux" planteurs privés. Ceux-ci vont être <strong>en</strong> mesure deconcurr<strong>en</strong>cer les artisanes à plusieurs niveaux car ils bénéfici<strong>en</strong>t d’un accès privilégié à la matière13


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurpremière ; leurs techniques de transformation leur permett<strong>en</strong>t des prix de revi<strong>en</strong>t inférieurs ; leurs plusgrosses productions permett<strong>en</strong>t des v<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> gros qui attir<strong>en</strong>t les commerçants.L’évolution prévisible du secteur ne s’annonce donc guère favorable aux artisanes, et des programmesd’appui devrai<strong>en</strong>t être <strong>en</strong>visagés. »De l’échelon local à l’échelon mondial... et retour<strong>Le</strong>s informations recueillies sur la question du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> dans les vingt-trois pays étudiés nous ontpermis de dresser un tableau global concernant le contin<strong>en</strong>t. Ce tableau montre, <strong>en</strong>tre autres choses,l’énorme importance du rôle que joue le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> dans les activités sociales, économiques etculturelles des peuples africains. Il montre aussi que, si le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est bénéfique quand il fait partied’un système diversifié, déc<strong>en</strong>tralisé et c<strong>en</strong>tré sur la population, il devi<strong>en</strong>t nuisible quand on le cultive <strong>en</strong>régime de monoculture <strong>en</strong> application du système industriel c<strong>en</strong>tralisé que pratiqu<strong>en</strong>t les grandes<strong>en</strong>treprises.<strong>Le</strong>s pays africains où croît le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> se voi<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant acheminés par la plupart de leursgouvernem<strong>en</strong>ts et par des institutions financières étrangères vers un modèle qui peut dev<strong>en</strong>ir unemalédiction pour les populations locales. Des millions d’hectares ont déjà été réservés à la productiond’agrocombustibles à base d’<strong>huile</strong> de palme. De ce fait, des communautés <strong>en</strong>tières seront déplacées deleurs terres, elles perdront leurs moy<strong>en</strong>s de subsistance, leurs écosystèmes seront remplacés par desplantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> régime de monoculture, et leurs membres – les femmes <strong>en</strong> particulier –perdront la source de rev<strong>en</strong>us que représ<strong>en</strong>te l’<strong>huile</strong> de palme.Nous espérons que ce tableau global si sombre <strong>en</strong>couragera les habitants des pays concernés à essayerd’éviter la propagation du système industriel et à r<strong>en</strong>forcer les systèmes traditionnels qui se sont avérésbénéfiques pour la société et respectueux de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s informations qui suiv<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t êtrele point de départ du nécessaire débat participatif sur l’av<strong>en</strong>ir de la production d’<strong>huile</strong> de palme dans cespays.14


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurVingt-trois pays d’<strong>Afrique</strong> où croît le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong><strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> AngolaEn Angola, les <strong>palmier</strong>s sont une végétation caractéristique du nord et des plaines de B<strong>en</strong>guela 6 .L’Angola est le pays le plus méridional d’<strong>Afrique</strong> où pousse naturellem<strong>en</strong>t le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> (que l’onappelle là-bas palmeira d<strong>en</strong>dém). C’est la raison qui explique qu’<strong>en</strong> mai 2010, l’Indonésie et la Malaisieont signé un accord pour exploiter <strong>en</strong> Angola les graines de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, à la recherche d’un nouveaugermoplasma pour leurs programmes d’amélioration de sem<strong>en</strong>ces. <strong>Le</strong>s découvertes de cette exploitationseront semées dans un c<strong>en</strong>tre de sem<strong>en</strong>ces à Sijunjung, Sumatra occid<strong>en</strong>tal. L’exploitation est financéepar le C<strong>en</strong>tre de Recherche sur le Palmier à Huile (C<strong>en</strong>ter of Oil Palm Research) et par les <strong>en</strong>treprisesSucofindo, London Sumatera, Bina Sawit makmur, Tunggal Yunus Estate, Dami Mas Sejahtera, TaniaSelatan, et Bakti Tani Nusantara 7 .Aussi bi<strong>en</strong> l’<strong>huile</strong> que le vin de palme font partie de la culture des peuples qui habit<strong>en</strong>t le territoireangolais. On sait, par exemple, que lorsque les Portugais arrivèr<strong>en</strong>t dans la région, les peuples guerriersnomades Jagas extrayai<strong>en</strong>t déjà du vin des <strong>palmier</strong>s 8 . En Angola, le vin de palme est connu commemarufo 9 .Dans bi<strong>en</strong> des cas, il est difficile de déterminer actuellem<strong>en</strong>t si les palmeraies existantes dans beaucoup dezones du pays sont d’origine spontanée ou sont le résultat de plantations installées dans des fermes del’époque coloniale, ou établies par les paysans locaux.En Angola, la majeure partie des fabricants produis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core l’<strong>huile</strong> de palme à l’anci<strong>en</strong>ne. Il existemaint<strong>en</strong>ant des fabriques dans beaucoup de fermes, mais l’<strong>huile</strong> la plus recherchée par la population estcelle qui est fabriquée à la main. Dans la ferme Tumba Grande, dans la localité de Lussusso (Kwaza sud),le gérant explique comm<strong>en</strong>t est produite cette <strong>huile</strong> à l’anci<strong>en</strong>ne.« Ici, à la ferme, nous avons une équipe qui récolte le fruit des <strong>palmier</strong>s, et que nous appelons les tripeiros.Ils sépar<strong>en</strong>t les fruits des régimes, les lav<strong>en</strong>t et les mett<strong>en</strong>t à bouillir dans un bidon de 100 litres, qui est<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t perforé pour que s’écoule toute la graisse <strong>en</strong> même temps que les tripeiros foul<strong>en</strong>t le fruit avecdes pilons de bois.Après ce broyage, la graisse extraite est recueillie dans un autre tambour avec de l’eau bouillante, pourpermettre de la raffiner. Après qu’elle est bi<strong>en</strong> raffinée, on la recueille avec une jarre et on la met <strong>en</strong>bouteilles d’un litre pour sa conservation » 10 .<strong>Le</strong> gérant affirme que l’<strong>huile</strong> de palme de Tumba Grande est l’une des meilleures de la zone sud, et l’unedes plus recherchées. On l’utilise pour élaborer les plats typiques de la région dont elle constitue la base,comme le calulu (ragoût), le silure fumé et le mufete (poisson grillé) avec des haricots à l’<strong>huile</strong> de palme 11 .<strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t actuel a une politique de promotion des agrocombustibles, parmi lesquels se trouvel’<strong>huile</strong> de palme. En mars 2010, le Parlem<strong>en</strong>t d’Angola a voté une loi destinée à appuyer la production debiocombustibles. Elle établit des normes pour produire des biocombustibles et régule la fonction desétrangers dans cette industrie. En accord avec le ministre de l’Agriculture, Afonso Pedro Kanga, laproduction des biocombustibles se fera sur les terres « marginales », alors que les terres les plus fertilesseront réservées à la production d’alim<strong>en</strong>ts. Avec la nouvelle loi, les <strong>en</strong>treprises étrangères qui investirontdans les biocombustibles devront garantir que les populations locales ai<strong>en</strong>t accès à l’eau, aux services de6 http://tiny.cc/l00b1.7 http://tiny.cc/ewij9.8 http://www.otal.com/commodities/fruits.htm.9 http://tiny.cc/l00b1.10 http://pt.wikipedia.org/wiki/Palmeira.11 http://noticias.sapo.ao/info/artigo/1058839.html.15


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurbase et aux soins médicaux, <strong>en</strong> même temps qu’on exigera d’elles qu’elles v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t une partie de leurproduction à l’<strong>en</strong>treprise pétrolière de l’État, Sonangol, pour alim<strong>en</strong>ter le marché local 12 .Cep<strong>en</strong>dant, ce qui précède semble contredire ce qu’a exprimé dans une <strong>en</strong>trevue le directeur national del’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche du ministère de l’Agriculture, Domingos Nazaré da Cruz Velosoqui, <strong>en</strong> avril 2010, a expliqué :« Dans notre pays, les zones où peuv<strong>en</strong>t être implantés les champs de <strong>palmier</strong>s sont déjà définies. Depuisl’époque coloniale, notre pays a toujours produit de l’<strong>huile</strong> de palme. Nous savons quelles sont les zonespropices à la plantation de <strong>palmier</strong>s ». Ces provinces sont celles du littoral : Kwanza sud, B<strong>en</strong>guela,Cabinda et Zaïre, par exemple, et aussi certaines provinces de l’intérieur, comme Uíge. Avant, les <strong>palmier</strong>sconstituai<strong>en</strong>t une activité complém<strong>en</strong>taire de la culture du café ; où il y avait une ferme productrice de café,on trouvait toujours des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. <strong>Le</strong>s projets qui exist<strong>en</strong>t dans le secteur du café vis<strong>en</strong>t à récupérerces exploitations, y compris les palmeraies qu’elles cont<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t » 13 . C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas deterres « marginales », mais bi<strong>en</strong> de bons sols agricoles.<strong>Le</strong> premier projet d’investissem<strong>en</strong>t pour produire du biodiesel de palme <strong>en</strong> Angola a été prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> 2007par le groupe Atlántica (Portugal), propriétaire de l’<strong>en</strong>treprise AfriAgro. <strong>Le</strong> projet sera mis <strong>en</strong> œuvre prèsde la ville d’Ambriz, sur la côte atlantique de la province de B<strong>en</strong>go 14 . <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t d’Angola aaccordé une concession de 5 000 hectares à AfriAgro, pour 50 ans, dans la région d’Ambriz, surface quel’<strong>en</strong>treprise prét<strong>en</strong>d transformer <strong>en</strong> une plantation de <strong>palmier</strong>s destinée à produire de l’<strong>huile</strong> de palme pourbiodiesel. Selon Luís Farinha dos Santos, présid<strong>en</strong>t du groupe Atlántica, l’idée est d’ét<strong>en</strong>dre la surface deplantation jusqu’à 20 000 hectares et d’intégrer dans l’affaire les paysans de la région 15 .Il convi<strong>en</strong>t de signaler que, selon un article de presse, « l’investissem<strong>en</strong>t est de 30 à 35 millions d’euros,grâce auxquels on prét<strong>en</strong>d modifier une région où il n’y a pratiquem<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, si ce n’est l’agriculture desubsistance » 16 . C’est-à-dire qu’il s’agit d’une région habitée par des paysans qui dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t del’agriculture de subsistance (ce qui ne veut pas dire « qu’il n’y a ri<strong>en</strong> »), et qu’il ne s’agit pas de terres« marginales », mais bi<strong>en</strong> de sols agricoles.<strong>Le</strong> Groupe Atlántica prés<strong>en</strong>tera le projet <strong>en</strong> avril dans l’Union europé<strong>en</strong>ne pour parv<strong>en</strong>ir à capter l’appuique les 27 destin<strong>en</strong>t à l’investissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> énergies alternatives 17 . La Société nationale de combustiblesd’Angola (Sonangol) sera le destinataire de la production de biodiesel d’AfriAgro. « <strong>Le</strong> biodiesel sera toutpour la consommation interne, pour être mélangé à l’<strong>huile</strong> diesel de Sonangol, ce qui permettra d’<strong>en</strong>exporter davantage », a expliqué Farinha dos Santos 18 .En septembre 2009 fut publiée la nouvelle selon laquelle Sonangol et le consortium itali<strong>en</strong> ENI avai<strong>en</strong>tréalisé un inv<strong>en</strong>taire des plantations de <strong>palmier</strong>s dans la province de Kwanza Nord, avec l’objectif deproduire de l’<strong>huile</strong> de palme pour la transformer <strong>en</strong> biocombustible. Selon l’ag<strong>en</strong>ce de presse angolaiseAngop, Tavares Hombo Geremias, responsable provincial de l’INCA (Institut national du café d’Angola) adit que les activités des deux <strong>en</strong>treprises visai<strong>en</strong>t à recueillir des informations sur les zones de plantationsde <strong>palmier</strong>s, afin d’augm<strong>en</strong>ter la production d’<strong>huile</strong> pour alim<strong>en</strong>ter des projets dans le secteur desbiocombustibles 19 .D’après les déclarations du directeur national de l’Agriculture, de l’élevage et de la Pêche du ministère del’Agriculture, Domingos Nazaré da Cruz Veloso, « Sonangol veut s’associer à ENI pour produire des12 http://bio-fuel-watch.blogspot.com/2010/03/angola-approves-biofuel-law.html.13 http://www.tvzimbo.co.ao/pt/opais/?det=11713&id=1647&mid.14 http://news.mongabay.com/bio<strong>en</strong>ergy/2007_03_17_archive.html.15 http://www.agroportal.pt/x/agronoticias/2007/03/19e.htm.16 http://www.agroportal.pt/x/agronoticias/2007/03/19e.htm.17 http://www.agroportal.pt/x/agronoticias/2007/03/19e.htm.18 http://www.agroportal.pt/x/agronoticias/2007/03/19e.htm.19 http://www.ipim.gov.mo/group_detail.php?tid=12976&type_id=20.16


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurbiocombustibles à base de biodiesel, <strong>en</strong> utilisant le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. Mais, dans ce cas-là, ce ne serait pasl’<strong>en</strong>treprise qui produirait la matière première. On prét<strong>en</strong>d <strong>en</strong>courager quiconque se consacre à cetteactivité, <strong>en</strong> laissant à l’<strong>en</strong>treprise le soin d’acheter le produit final et de le transformer. Une raffinerie serainstallée pour travailler la production achetée aux particuliers, et on a déjà effectué, afin d’évaluer levolume de l’offre, un relèvem<strong>en</strong>t des plantations existantes dans les provinces de Kwanza Sud et deB<strong>en</strong>guela, et même dans la province de Zaïre » 20 .Dans ce contexte, le gouvernem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong> train de mobiliser activem<strong>en</strong>t le secteur du <strong>palmier</strong> pour garantirl’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière première. C’est ainsi qu’<strong>en</strong> septembre 2009 l’INCA a annoncé le projetd’atteindre, dans un délai de cinq ans, des niveaux satisfaisants de production d’<strong>huile</strong> de palme, afin qued’importateur du produit, le pays <strong>en</strong> devi<strong>en</strong>ne exportateur. <strong>Le</strong> directeur général de l’INCA, João Ferreira daCosta, a annoncé que l’institution allait pr<strong>en</strong>dre des mesures pour récupérer et augm<strong>en</strong>ter la productiond’<strong>huile</strong> de palme, remettre des outils de travail aux <strong>en</strong>treprises agricoles familiales, « mettre à ladisposition des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs de vastes surfaces de terre » (souligné par nous) et créer des industries detaille moy<strong>en</strong>ne pour le traitem<strong>en</strong>t du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. Selon le même dirigeant, cinq mille hectares serontattribués <strong>en</strong> concession à des producteurs de la province de B<strong>en</strong>go, quatre mille aux agriculteurs deCabinda et trois mille aux autres ag<strong>en</strong>ts agricoles des autres provinces du pays, pour la culture du <strong>palmier</strong> à<strong>huile</strong> 21 .Cabilda est un cas différ<strong>en</strong>t, où <strong>en</strong> novembre 2009 on annonçait que « une usine pour la production d’<strong>huile</strong>de palme serait construite dans la localité de Buco-Zau, à près de 120 kilomètres au nord de la ville deCabinda, dans un projet du gouvernem<strong>en</strong>t provincial qui vise à exploiter les palmeraies de la région ».L’article ajoutait : « on espère que l’implantation d’une unité de fabrication <strong>en</strong>couragera les propriétairesde palmeraies de la région à augm<strong>en</strong>ter la production et la productivité du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> pour satransformation <strong>en</strong> <strong>huile</strong> 22 .Plus récemm<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> juillet 2010, on annonçait que « à Ndalatando ont éte créées neuf coopérativesd’extraction d’<strong>huile</strong> de palme p<strong>en</strong>dant le premier semestre de l’année, dans la commune de Massangano,localité de Cambambe ». <strong>Le</strong> projet, appuyé par le gouvernem<strong>en</strong>t provincial de Kwanza Nord, a concerné102 producteurs des localités de Kixingango, Cassequel, Cambondo et Ngola Kiluanje 23 .Ce qui précède démontre que le gouvernem<strong>en</strong>t applique une stratégie de forte croissance du secteur. Mêmesi une partie de l’<strong>huile</strong> produite doit aller au marché interne de l’<strong>huile</strong> comestible, la majeure partie de laproduction sera ori<strong>en</strong>tée vers la fabrication de biocombustibles.Dans ce s<strong>en</strong>s, il convi<strong>en</strong>t de remarquer le rôle que joue l’<strong>en</strong>treprise brésili<strong>en</strong>ne Petrobras, <strong>en</strong>gagée avec lafirme itali<strong>en</strong>ne ENI dans le développem<strong>en</strong>t des agrocombustibles <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>. Selon des informations depresse de 2007, des représ<strong>en</strong>tants de Petrobras et des fonctionnaires du gouvernem<strong>en</strong>t du Brésil avai<strong>en</strong>tannoncé que l’<strong>en</strong>treprise d’État Petrobras et la société itali<strong>en</strong>ne ENI cherchai<strong>en</strong>t à développer <strong>en</strong>semble desprojets de biocombustibles <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> pour approvisionner le marché europé<strong>en</strong>. « Nous voulonspromouvoir des projets trilatéraux qui fass<strong>en</strong>t participer les pays les plus pauvres à la révolution del’éthanol et du biodiesel », a souligné le présid<strong>en</strong>t du Brésil, Luis Inácio Lula da Silva. <strong>Le</strong>s deux pays ontsigné un protocole d’accord à ce sujet 24 .L’Europe, qui est très intéressée par le développem<strong>en</strong>t des combustibles r<strong>en</strong>ouvelables comme sourced’énergie, ne possède pas des terres agricoles suffisantes pour produire des quantités importantes dematière première pour l’obt<strong>en</strong>tion de biodiesel ou d’éthanol. « En développant la culture de la canne à20 http://www.tvzimbo.co.ao/pt/opais/?det=11713&id=1647&mid.21 http://www.rna.ao/canalA/noticias.cgi?ID=28914.22 http://tiny.cc/h742j.23 http://jornaldeangola.sapo.ao/15/0/oleo_de_palma_produzido_em_cooperativas.24 http://tiny.cc/n56a2.17


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futursucre et autres biomasses tropicales dans ces pays, le Brésil et l’Italie contribuerai<strong>en</strong>t à la lutte contre lafaim et la pauvreté », a expliqué Lula.D’après le directeur de l’approvisionnem<strong>en</strong>t de Petrobras, Paulo Roberto Costa, les deux pays recherch<strong>en</strong>tdes projets pot<strong>en</strong>tiels pour l’établissem<strong>en</strong>t de plantations et de raffineries <strong>en</strong> Angola et au Mozambique. Il aajouté que l’accord avec l’ENI se c<strong>en</strong>trerait probablem<strong>en</strong>t sur le biodiesel 25 .<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Bénin<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> occupait au Bénin une place importante historiquem<strong>en</strong>t. Il a fait l’objet d’undéveloppem<strong>en</strong>t plus volontariste à partir du règne du roi Ghézo, que l’on situe <strong>en</strong>tre 1818 et 1858. <strong>Le</strong>spays occid<strong>en</strong>taux dev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet de plus <strong>en</strong> plus demandeurs d’<strong>huile</strong> de palme, principalem<strong>en</strong>t pouralim<strong>en</strong>ter leurs savonneries, et les deux principaux royaumes que compr<strong>en</strong>ait le Bénin à l’époque(Abomey et Porto-Novo) développèr<strong>en</strong>t leur offre pour répondre à cette demande. 26De véritables palmeraies, volontairem<strong>en</strong>t plantées, s’organisèr<strong>en</strong>t. Par la suite, le commerce des produitsdu <strong>palmier</strong> a pris un essor considérable durant la seconde moitié du XIXe siècle et a connu un véritable «âge d’or » dans les années 20 à 30. La palmeraie béninoise de l’époque est estimée à 500 000 ha. <strong>Le</strong>sproduits de cette palmeraie naturelle était intégralem<strong>en</strong>t transformés par des artisanes. 27 (2)<strong>Le</strong> premier programme d‘industrialisation est lancé dans les années 1950. L’Etat colonial mise sur desunités industrielles de transformation de grande taille, publiques. Après l’Indép<strong>en</strong>dance (1960), l’Etatbéninois installe d’autres unités, de plus forte capacité, et plante <strong>en</strong>viron 30 000 ha de <strong>palmier</strong>ssélectionnés <strong>en</strong>tre 1960 et 1974. 28Mais des difficultés apparaiss<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t : internes (baisse de la pluviométrie et donc du r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>tdes <strong>palmier</strong>s, mauvaise gestion…) et externes (concurr<strong>en</strong>ce des pays asiatiques…). Elles réduis<strong>en</strong>t lar<strong>en</strong>tabilité de ces grands complexes, et n’incit<strong>en</strong>t pas l’Etat à poursuivre le développem<strong>en</strong>t du secteurindustriel. Ces difficultés touch<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t les palmeraies naturelles, dont la superficie, qui étaitestimée à 500 000 ha dans les années 1930, est passée à 300 000 ha à la fin du siècle. 29La constitution des blocs de plantation <strong>en</strong>tre 1960 et 1974 avait <strong>en</strong>traîné l’expropriation de 17 000paysans. Déclarés membres des coopératives, ils devai<strong>en</strong>t percevoir un loyer annuel <strong>en</strong> comp<strong>en</strong>sation,mais ils l’estim<strong>en</strong>t trop faible, et se plaign<strong>en</strong>t d’incessants retards dans le paiem<strong>en</strong>t. La contestation, quiavait débuté dès les premières expropriations, était restée timide durant la période « autoritaire » durégime politique béninois (de 1972 à 1990). Elle a pris de l’importance depuis le retour à la démocratie.En 1993, suite à la destruction par ces anci<strong>en</strong>s propriétaires de 2 000 ha de palmeraies, le gouvernem<strong>en</strong>t adécidé de tripler le loyer annuel qu’il leur paye. 30La production industrielle représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong>viron 20 % du secteur, mais la majeure partie est exportée. Enl’an 2000, le marché local de l’<strong>huile</strong> de palme au Bénin est couvert à 83 % par la production de milliersde productrices artisanales (les industries <strong>en</strong> assur<strong>en</strong>t 7 %; les 10 % restant sont des importations).L’artisanat s’est imposé comme moy<strong>en</strong> de production prédominant tout au long du siècle. Il a réussi à25 http://tiny.cc/n56a2.26 http://www.hubrural.org/pdf/projet_alisa_b<strong>en</strong>in_nigeria_<strong>huile</strong>_palme.pdf27 http://www.hubrural.org/pdf/projet_alisa_b<strong>en</strong>in_nigeria_<strong>huile</strong>_palme.pdf28 http://com.revues.org/index978.html29 http://com.revues.org/index978.html30 http://www.hubrural.org/pdf/projet_alisa_b<strong>en</strong>in_nigeria_<strong>huile</strong>_palme.pdf18


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurs’adapter à un contexte <strong>en</strong> constante évolution, du côté de l’offre (augm<strong>en</strong>tation de la quantité de matièrepremière), comme du côté de la demande (diversification des débouchés). 31Jusqu’à aujourd’hui, la production artisanale d’<strong>huile</strong> de palme est largem<strong>en</strong>t assurée par des femmes,individuellem<strong>en</strong>t ou év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t aidées par une main-d’œuvre familiale. Ces artisanes emploi<strong>en</strong>t destechniques <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t manuelles. Aucun processus de conc<strong>en</strong>tration très marqué n’a eu lieu dans lesecteur, qui est resté très dispersé au sein de la population. 32A partir du début des années 1990, l’Etat béninois et les bailleurs de fonds ont décidé de changerd’approche : la gestion publique de grosses unités de transformation industrielles a montré ses limites.Celles-ci sont privatisées au cours de la déc<strong>en</strong>nie 1990, et on appuie l’émerg<strong>en</strong>ce de petites exploitationsprivées. Cet appui repose sur la diffusion de plants de <strong>palmier</strong>s sélectionnés, et sur la conception et lapromotion de petit matériel de transformation. Un programme de diffusion de plants de <strong>palmier</strong>ssélectionnés est mis <strong>en</strong> place à partir de 1993. Des pépiniéristes privés, agréés et subv<strong>en</strong>tionnés par l’Etat,v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t au public à prix contrôlé des plants de <strong>palmier</strong>s sélectionnés. 33Une nouvelle catégorie d’acteurs apparaît dans la filière : les planteurs de <strong>palmier</strong>s sélectionnés. Ilsadopt<strong>en</strong>t une stratégie tout à fait différ<strong>en</strong>te des planteurs de <strong>palmier</strong>s naturels. Ces derniers pratiqu<strong>en</strong>tsystématiquem<strong>en</strong>t cette culture <strong>en</strong> association avec des cultures vivrières, tandis que les premiers ontt<strong>en</strong>dance à se spécialiser dans le <strong>palmier</strong>, et devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t « planteurs » avant d’être « cultivateurs ». Dans lecontexte actuel du Sud-Bénin, où l’achat de terres est dev<strong>en</strong>u possible, ils acquièr<strong>en</strong>t des parcelles qu’ilsconsacr<strong>en</strong>t à cette culture. Ces nouveaux planteurs sont <strong>en</strong> quasi-totalité des hommes. <strong>Le</strong>s artisanes neparvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que très rarem<strong>en</strong>t à posséder leur propre palmeraie. <strong>Le</strong> caractère de culture de r<strong>en</strong>te du<strong>palmier</strong>, r<strong>en</strong>forcé par un aspect symbolique (« symbole de richesse ») a suscité un mouvem<strong>en</strong>td’accaparem<strong>en</strong>t par les hommes. 34<strong>Le</strong>s planteurs sont <strong>en</strong> effet tout à fait consci<strong>en</strong>ts des profits que l’on peut faire grâce à la transformation,surtout si l’on a la capacité de stocker. Actuellem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>viron un planteur sur deux garde au moins unepartie de sa production et embauche des artisanes pour la transformer. Depuis une dizaine d’années, lesorganismes de développem<strong>en</strong>t appui<strong>en</strong>t la diffusion du matériel de transformation (presses et malaxeurs),<strong>en</strong> insistant sur l’accroissem<strong>en</strong>t des performances techniques. 35Au bénéfice économique s’<strong>en</strong> ajoute un autre, social. <strong>Le</strong> propriétaire d’un atelier équipé bénéficie d’unevalorisation sociale que n’a pas le planteur qui embauche des femmes pour transformer sa production.L’investissem<strong>en</strong>t des planteurs vers l’aval de la filière va donc probablem<strong>en</strong>t s’amplifier. 36Or, la transformation de leur production par les planteurs eux-mêmes a une conséqu<strong>en</strong>ce directe pour lesartisanes : les quantités de matière première offertes par ces dernières vont diminuer. <strong>Le</strong> statut desartisanes leur interdisant bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t d’avoir leur propres palmeraies, une partie d’<strong>en</strong>tre elles pourrait seretrouver exclue de la filière. Celle-ci fournissant actuellem<strong>en</strong>t une part de leurs rev<strong>en</strong>us à bon nombre defemmes rurales du Sud Bénin, le développem<strong>en</strong>t de la mécanisation peut s’avérer problématique. A ladiffér<strong>en</strong>ce du secteur industriel qui a ses propres réseaux d’approvisionnem<strong>en</strong>t et de commercialisation,les petits ateliers semi-mécanisés se pos<strong>en</strong>t <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ts directs des artisanes. 37En conclusion de cette analyse de la situation, le programme actuel de développem<strong>en</strong>t de la filière, quirepose sur la diffusion de plants de <strong>palmier</strong>s sélectionnés et du petit matériel, ne bénéficie qu’à une seule31 http://com.revues.org/index978.html32 http://com.revues.org/index978.html33 http://com.revues.org/index978.html34 http://com.revues.org/index978.html35 http://com.revues.org/index978.html36 http://com.revues.org/index978.html37 http://com.revues.org/index978.html19


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurcatégorie d’acteurs, qu’il a fait émerger : les « nouveaux » planteurs privés. Ceux-ci vont être <strong>en</strong> mesurede concurr<strong>en</strong>cer les artisanes à plusieurs niveaux car ils bénéfici<strong>en</strong>t d’un accès privilégié à la matièrepremière ; leurs techniques de transformation leur permett<strong>en</strong>t des prix de revi<strong>en</strong>t inférieurs ; leurs plusgrosses productions permett<strong>en</strong>t des v<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> gros qui attir<strong>en</strong>t les commerçants. 38L’évolution prévisible du secteur ne s’annonce donc guère favorable aux artisanes, et des programmesd’appui devrai<strong>en</strong>t être <strong>en</strong>visagés. 39<strong>Le</strong> mainti<strong>en</strong> d’un secteur artisanal de production d’<strong>huile</strong> de palme, m<strong>en</strong>acé par le développem<strong>en</strong>t desateliers semi-mécanisés, est souhaitable dans le s<strong>en</strong>s où de fortes proportions de femmes rurales tir<strong>en</strong>t unepartie de leurs rev<strong>en</strong>us de cette activité. Il est égalem<strong>en</strong>t possible, vu la bonne image dont bénéficiel’<strong>huile</strong> artisanale auprès des consommateurs (jugée meilleure que celle produite avec des machines parune majorité d’<strong>en</strong>tre eux). Certains consommateurs (36 %) se dis<strong>en</strong>t même prêts à payer plus cher pouravoir de l’<strong>huile</strong> produite artisanalem<strong>en</strong>t. 40<strong>Le</strong> bilan pour l’année 2000 de la production béninoise d’<strong>huile</strong> est le suivant 41 :– un secteur artisanal qui tire 36 000 t d’<strong>huile</strong> rouge de l’exploitation de 300 000 ha de <strong>palmier</strong>s « naturels»– une production industrielle de 10 000 t <strong>en</strong>viron, grâce à l’exploitation de 20 000 ha de palmeraiesdét<strong>en</strong>ues par des coopératives– pour l’année 2000, on peut estimer la production des palmeraies sélectionnées privées à 300 t. Cetteproduction devrait sérieusem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>ter dans les prochaines années ; pour 2005, on peut prévoir uneproduction de 9 600 t d’<strong>huile</strong> de palme sur 7 500 ha.On estime que la part de la palmeraie sélectionnée privée dans la production nationale, qui était de 3 % <strong>en</strong>1995, est passée à près de 20 % <strong>en</strong> 2005, égalant ainsi la palmeraie industrielle.Cette situation pourrait <strong>en</strong>core changer avec l’év<strong>en</strong>tuelle création de plantations à grande échelle. Selonune étude publiée <strong>en</strong> 2007, «<strong>Le</strong>s plans pour le développem<strong>en</strong>t d’une industrie d’agro-carburants au Béninont fort souti<strong>en</strong> du gouvernem<strong>en</strong>t et constitu<strong>en</strong>t un élém<strong>en</strong>t clé du programme du gouvernem<strong>en</strong>t dedynamisation agricole pour le développem<strong>en</strong>t économique. » 42En ligne avec ces plans, «Divers groupes industriels de la Malaisie et l’<strong>Afrique</strong> du Sud sont déjà arrivésau Bénin pour évaluer les possibilités de production des biocarburants. » Ils ont proposé la conversion de300 000-400 000 hectares dans les zones humides du sud (à Ouémé, Plateau, Atlantique, Mono, Couffo etZou) pour des plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. 43Comme l’indique l’étude citée “Il y a déjà un certain nombre de monocultures de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> dans leSud du Bénin» qui doit «servir d’avertissem<strong>en</strong>t contre les évolutions futures, <strong>en</strong> raison des complicationset des difficultés r<strong>en</strong>contrées par les communautés qui t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de v<strong>en</strong>dre leurs produits du <strong>palmier</strong>.” 4438 http://com.revues.org/index978.html39 http://com.revues.org/index978.html40 http://com.revues.org/index978.html41 http://www.hubrural.org/pdf/projet_alisa_b<strong>en</strong>in_nigeria_<strong>huile</strong>_palme.pdf42 http://www.africanbiodiversity.org/media/1210585739.pdf43 http://www.africanbiodiversity.org/media/1210585739.pdf44 http://www.africanbiodiversity.org/media/1210585739.pdf20


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Burundi<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurLa culture du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est principalem<strong>en</strong>t pratiquée dans la partie sud de la plaine de l’Imbo, <strong>en</strong>particulier dans les communes de Rumonge et Nyanza-Lac, ou il y a actuellem<strong>en</strong>t 9.700 hectares depalmeraie sélectionnée (variété « T<strong>en</strong>era ») auxquels vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’ajouter <strong>en</strong>viron 3.000 hectares depalmeraie naturelle de variété « Dura ». 45Au niveau de l’extraction de l’<strong>huile</strong>, on distingue trois catégories de dispositifs :1) les unités artisanales (UATH) au nombre de 900 <strong>en</strong>viron et qui trait<strong>en</strong>t plus de 85% des régimesproduits au Burundi ;2) les unités de type semi-industriel de RUPO (Rural Palm Oil) à Rumonge et COGEMIMI (Compagniede Gérance de la Mini-<strong>huile</strong>rie de Minago) à Minago qui trait<strong>en</strong>t moins de 5% de la production derégimes ;3) l’<strong>huile</strong>rie industrielle « Huilerie de Palme du Burundi » dont une partie de sa production estconsommée <strong>en</strong> l’état par la population et partie raffinée pour être commercialisée dans les c<strong>en</strong>tresurbains. 46<strong>Le</strong> Burundi, qui importe aujourd’hui de l’<strong>huile</strong> de palme d’Asie du Sud-Est, est <strong>en</strong> train d’implém<strong>en</strong>terune stratégie pour dev<strong>en</strong>ir « totalem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dant de l’extérieur pour l’approvisionnem<strong>en</strong>t de sonmarché intérieur <strong>en</strong> <strong>huile</strong> végétale et peut-être à terme pour la fourniture de biocarburant ». 47En ce s<strong>en</strong>s, la Stratégie Agricole Nationale 2008-2015 a pour but à atteindre l’autosuffisance <strong>en</strong> <strong>huile</strong>svégétales à l’horizon 2015 à travers « la relance de la Filière Palmier à <strong>huile</strong> ». Cette relance implique le «rajeunissem<strong>en</strong>t » de 3.500 ha et l’ext<strong>en</strong>sion des plantations sur 4.000 ha <strong>en</strong> 5ans. 48Il est important de noter que les grandes plantations industrielles de <strong>palmier</strong> situées à Rumonge ontconduit à de graves conflits <strong>en</strong>tre les propriétaires passés et prés<strong>en</strong>ts de la terre où ils ont été plantées.<strong>Le</strong>s différ<strong>en</strong>tes guerres civiles qui ont jalonné l’histoire du Burundi depuis l’indép<strong>en</strong>dance de ce pays ontgénéré de nombreux conflits de propriétés foncières. Des terres appart<strong>en</strong>ant à des réfugiés ont <strong>en</strong> effet étédistribuées à des personnes qui sont restées au Burundi, pour la plupart des proches du pouvoir et qui sesont appropriés de nombreux hectares de terres avec la bénédiction de l’Etat. Quand les réfugiés r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>tau pays, ils trouv<strong>en</strong>t leurs bi<strong>en</strong>s spoliés. 49<strong>Le</strong> problème des terres est <strong>en</strong>core plus préoccupant dans presque toutes les provinces burundaisesfrontalières avec la Tanzanie : Makamba, Rutana, Ruyigi, Cankuzo. Toutefois, c’est à Rumonge, unelocalité extrêmem<strong>en</strong>t fertile pour la culture de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, dans la province de Bururi, qu’il est s<strong>en</strong>tiavec le plus d’acuité. Selon les informations recueillies sur place, après le départ <strong>en</strong> exil d’une partie deshabitants locaux, nombre de leurs bi<strong>en</strong>s ont changé de propriétaires. Cette redistribution des terres a étéeffectuée par l’Etat qui parfois distribuait aux nouveaux acquéreurs des titres de propriété . Ceci s’est faitsur la base de lois que certains ont contestées et qualifiées d’injustes parce que violant les droitsfondam<strong>en</strong>taux. 5045 http://www.minagri.bi/IMG/doc/Strategie_Agricole_Nationale_2008-2015.doc46 http://www.minagri.bi/IMG/doc/Strategie_Agricole_Nationale_2008-2015.doc47 http://www.minagri.bi/IMG/doc/Strategie_Agricole_Nationale_2008-2015.doc48 http://www.minagri.bi/IMG/doc/Strategie_Agricole_Nationale_2008-2015.doc49 http://www.ldgl.org/spip.php?article155750 http://www.ldgl.org/spip.php?article155721


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurC’est <strong>en</strong> fait la Société Régionale de Développem<strong>en</strong>t (SRD) de Rumonge qui, au nom de l’Etat, a pris lespropriétés de particuliers et les a aménagées pour planter une nouvelle variété de <strong>palmier</strong>s. Au cours decette opération, la Société les a redistribuées <strong>en</strong> donnant à chaque bénéficiaire un hectare pour les uns, etquatre hectares pour les autres. 51Des rapatriés, des femmes <strong>en</strong> majorité, déclar<strong>en</strong>t que depuis leur retour au pays, on ne leur a pas remis lesterres pour cultiver. « Toute la palmeraie qui longe le lac Tanganyika, elle occupe l’<strong>en</strong>droit où setrouvai<strong>en</strong>t nos champs quand nous quittions le pays. On nous dit que ceux qui exploit<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t cesplantations dispos<strong>en</strong>t de docum<strong>en</strong>ts officiels délivrés par l’Etat, les désignant comme nouveauxpropriétaires. Même les voisins qui se sont accaparés de nos bi<strong>en</strong>s ne veul<strong>en</strong>t pas nous les remettre. On nesait pas à quel saint se vouer, car même si l’administration locale semble nous compr<strong>en</strong>dre, le tribunal derésid<strong>en</strong>ce d’ici r<strong>en</strong>d des jugem<strong>en</strong>ts subjectifs. Il donne toujours raison à ceux qui exploit<strong>en</strong>t nos bi<strong>en</strong>s “,s’indigne Feruzi Mukorumbone, r<strong>en</strong>tré au pays <strong>en</strong> 2006 et désigné représ<strong>en</strong>tant des rapatriés, installésprès de la ville de Rumonge. 52En août 2009, le manque de solutions par l’État conduit à des affrontem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre allophones et anci<strong>en</strong>sréfugiés r<strong>en</strong>trés d’exil. <strong>Le</strong>s anci<strong>en</strong>s réfugies avai<strong>en</strong>t érigé des maisonnettes dans leurs anci<strong>en</strong>nespropriétés. Ces affrontem<strong>en</strong>ts ont fait, selon l’administration, des blessés tandis que trois maisons ont étéinc<strong>en</strong>diées et des briques détruites. Dans la zone de Kigw<strong>en</strong>a, un autre propriétaire a am<strong>en</strong>é des policierspour déloger des rapatriés qui s’étai<strong>en</strong>t installés dans leur anci<strong>en</strong>ne propriété. Au cours des échauffourées,deux personnes ont été blessées tandis que les autres ont pris refuge au c<strong>en</strong>tre de la commune, pourdemander protection. Selon les observateurs, il est difficile pour quelqu’un qui r<strong>en</strong>tre au pays d’att<strong>en</strong>dredes procédures administratives, qui parfois dur<strong>en</strong>t très longtemps, alors qu’il voit sa terre occupée pard’autres. 53<strong>Le</strong>s rapatriés ne sont pas les seuls à avoir des problèmes et ceux qui sont restés ont égalem<strong>en</strong>t étéimpactés par la plantation de <strong>palmier</strong>s.La Société régionale de développem<strong>en</strong>t de Rumonge (SRDR) décida <strong>en</strong> 1982 de remplacer les plantationsexistantes par une nouvelle espèce de <strong>palmier</strong>. Au préalable, elle avait rec<strong>en</strong>sé tous les propriétaires de<strong>palmier</strong>s <strong>en</strong> comptant le nombre de pieds appart<strong>en</strong>ant à chacun, puis procéda à leur destruction. Ellepromis aux propriétaires de leur verser une indemnisation d’un peu plus de 9000 francs par pied, puis deleur restituer leur terrain avec les nouvelles plantations, lorsque celles-ci serai<strong>en</strong>t stabilisées. Mais aumom<strong>en</strong>t de cette restitution, plusieurs injustices fur<strong>en</strong>t commises. D’une part, la SRDR, qui avait replanté135 pieds de <strong>palmier</strong> par hectare, restitua l’équival<strong>en</strong>t d’un hectare pour 125 à 150 pieds rec<strong>en</strong>sésauparavant. En conséqu<strong>en</strong>ce, les anci<strong>en</strong>s propriétaires ne reçur<strong>en</strong>t qu’une partie des superficiesréquisitionnées par la SRDR, car celle-ci ne tint compte que des seuls <strong>palmier</strong>s, alors que les propriétésd’origine compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t aussi des bananiers, des caféiers et des cultures vivrières. Parfois même, ilsétai<strong>en</strong>t obligés d’accepter une plantation ailleurs que sur leur anci<strong>en</strong>ne propriété. D’autre part, despersonnes qui n’avai<strong>en</strong>t pas de <strong>palmier</strong>s au mom<strong>en</strong>t du rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t comme des cadres de la SRDR et desofficiers supérieurs de l’armée reçur<strong>en</strong>t des plantations. 54Enfin, depuis 1994, la SRD de Rumonge, dev<strong>en</strong>ue l’Office de l’<strong>huile</strong> de palme (OHP), demande auxbénéficiaires des nouvelles plantations de <strong>palmier</strong> de lui rembourser les frais <strong>en</strong>gagés pour l’acquisitiondes plants <strong>en</strong> Côte d’Ivoire, le transport et la main d’oeuvre à concurr<strong>en</strong>ce de 160.000 francs par hap<strong>en</strong>dant 4 ans. Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, les anci<strong>en</strong>s propriétaires refus<strong>en</strong>t de payer, arguant qu’ils ont déjà été spoliésde leur terre et que c’est eux, au contraire qui sont créanciers de l’<strong>en</strong>treprise. 5551 http://www.ldgl.org/spip.php?article155752 http://www.ldgl.org/spip.php?article155753 http://www.omac-afrique.org/article.php3?id_article=112054 http://www.grandslacs.net/doc/2821.pdf55 http://www.grandslacs.net/doc/2821.pdf22


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurDans ce contexte compliqué, il est difficile de compr<strong>en</strong>dre l’ information suivante diffusée par laprésid<strong>en</strong>ce de la République le 30 juillet 2010 et informant que l’Union Europé<strong>en</strong>ne (“ Premier part<strong>en</strong>aireau développem<strong>en</strong>t du Burundi ») « continue à sout<strong>en</strong>ir … le projet d’exploitation du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong>Commune Rumonge ». 56L’<strong>huile</strong> de palme au CamerounAu Cameroun, le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> fait depuis longtemps l’objet d’une exploitation traditionnelle par lespopulations forestières sous la forme de palmeraies spontanées. <strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> était utilisé pourl’alim<strong>en</strong>tation (<strong>huile</strong> de palme, vin et alcool de palme) ainsi que dans la pharmacopée traditionnelle(savons fabriqués à partir d’<strong>huile</strong> de palme et de palmiste, pommades à base d’<strong>huile</strong> de palmiste).<strong>Le</strong>s plantations industrielles ont débuté vers 1907 sous la colonisation allemande, <strong>en</strong> premier lieu dans larégion d’Édéa où se situe la Société des Palmeraies de la Ferme Suisse (SPFS), dont les premièresplantations dat<strong>en</strong>t de 1910. Comme l’écrit l’histori<strong>en</strong> camerounais F. Etoga Eily (1971) : « <strong>Le</strong> souti<strong>en</strong>moral et matériel qu’apportait le gouvernem<strong>en</strong>t [au système des plantations] lui donna assez vite uneallure officielle et militaire, au point que tout, hommes et choses, était subordonné au développem<strong>en</strong>t desgrandes plantations. […] un fait apparaissait clair et indiscutable, c’est que les plantations formai<strong>en</strong>tl’ossature de l’économie du Territoire, et l’Administration ne pouvait ri<strong>en</strong> leur refuser ».Dès 1919, le pays est occupé par les Anglais et les Français. Dans la zone ouest occupée par le Grande-Bretagne, les anci<strong>en</strong>nes plantations allemandes sont v<strong>en</strong>dues aux <strong>en</strong>chères. Quatre d’<strong>en</strong>tre elles sontreprises <strong>en</strong> 1929 par le groupe Unilever, qui obti<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t une concession de 10 000 ha pour lacréation de la Pamol Plantations Limited (Pamol) dont le but est la culture du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. <strong>Le</strong>s autresplantations allemandes chang<strong>en</strong>t plusieurs fois de statut avant d’être regroupées <strong>en</strong> 1946–1947 au sein dela fameuse Cameroon Developm<strong>en</strong>t Corporation (CDC), le plus grand complexe agro-industriel du payset grand producteur d’<strong>huile</strong> de palme (Konings, 1986).Dans la partie française, les anci<strong>en</strong>nes plantations allemandes sont rachetées par des sociétés privées.C’est le cas par exemple de la plantation de Dizangué, reprise <strong>en</strong> 1959 par le groupe Rivaud (TerresRouges). Cette plantation apparti<strong>en</strong>t aujourd’hui la SAFACAM (Société Africaine Forestière et Agricoledu Cameroun), une filiale du groupe Bolloré.Comme au temps de l’occupation allemande, les travailleurs volontaires sont <strong>en</strong> nombre insuffisant et lesFrançais rétabliss<strong>en</strong>t le travail forcé dans les plantations privées. <strong>Le</strong> syndicalise français G. Donnatécrivait dans les années 1940 que les plantations de la société Terres Rouges « occupai<strong>en</strong>t un très grandterritoire <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t clôturé, avec des gardes armés et même une geôle. <strong>Le</strong>s travailleurs vivai<strong>en</strong>t dans desbaraquem<strong>en</strong>ts ; ils étai<strong>en</strong>t prisonniers et beaucoup d’<strong>en</strong>tre eux ne revoyai<strong>en</strong>t jamais leur village. [<strong>Le</strong> chefde région] Monsieur Tine nous expliqua comm<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t recrutés ces pauvres bougres. Il recevait unordre de service du gouvernem<strong>en</strong>t le priant de fournir un nombre déterminé de travailleurs. […] <strong>Le</strong> chefde subdivision […] convoquait un certain nombre de chefs de village et les chargeait de désigner, chacun,un conting<strong>en</strong>t d’hommes valides. Il n’est pas besoin de préciser les critères servant au choix, il suffit desavoir que les chefs pouvai<strong>en</strong>t par préfér<strong>en</strong>ce choisir n’importe qui. Au jour dit, les malheureux étai<strong>en</strong>trassemblés. On les reliait les uns aux autres par une corde attachée au cou et <strong>en</strong>cadrée par des milici<strong>en</strong>sarmés, la file lam<strong>en</strong>table gagnait […] le lieu de leur déportation. <strong>Le</strong>s cris, les pleurs des femmes saluai<strong>en</strong>tleur départ : il y avait si peu de chances de revoir ces hommes au village ! » (Agir Ici & Survie, 2000).56 http://www.presid<strong>en</strong>ce.bi/spip.php?article65223


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurAprès l’indép<strong>en</strong>danceL’une des particularités majeures de la politique économique de l’État camerounais après l’indép<strong>en</strong>dancea été sa promotion des grandes plantations industrielles. En 1960, 70% de la production nationaleprov<strong>en</strong>ait des palmeraies naturelles, le reste étant assuré par la CDC et la Pamol. <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t décidedonc dès 1963 de développer la culture du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> et crée la Société Camerounaise de Palmeraie(SOCAPALM). Entre 1971 et 1981, près des deux tiers des fonds publics réservés au développem<strong>en</strong>tagricole sont alloués au secteur agro-industriel. En résultat, seulem<strong>en</strong>t cinq sociétés exploit<strong>en</strong>t dès lesannées 1980 le 90% de la production nationale d’<strong>huile</strong> de palme. Il s’agit de la SOCAPALM, de laSAFACAM, de la SPFS, de la CDC et de la Pamol (Bakoumé et al., 2002).Étant donné que les plantations requièr<strong>en</strong>t de grandes surfaces, le gouvernem<strong>en</strong>t camerounais a toujoursdû faire face au problème de trouver de la place. En général – comme pour le cas de la SOCAPALM – cesont des régions peu peuplées qui ont été sélectionnées dans le but de limiter les expropriations massivesqui aurai<strong>en</strong>t pu provoquer des soulèvem<strong>en</strong>ts. Pourtant, même dans les zones peu peuplées, la force a dû etcontinue d’être employée (Gerber, 2008 ; Tassé & Tankeu, 2008).L’une des initiatives les plus réc<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> faveur des plantations est le Projet <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> 2001 duministère de l’Agriculture. Considéré comme une « priorité nationale », ce projet a été lancé dans le cadred’une « politique volontariste de modernisation de l’agriculture ». Il vise notamm<strong>en</strong>t à promouvoir unsystème de sous-traitance favorable aux agro-industries privatisées et c<strong>en</strong>sé incarner la « nouvelle ère » del’expansion du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> dans le pays. L’objectif est d’accroître la superficie plantée d’au moins5000 ha par an, de manière à produire 250 000 tonnes d’<strong>huile</strong> de palme d’ici 2010.Tableau 1 : surfaces plantées approximatives <strong>en</strong> 2008 (compilation de données).CompagniesAgro-industries CDCFerme SuissePamolSAFACAMSOCAPALMTotal :Plantations villageoises « supervisées »Plantations traditionnelles indép<strong>en</strong>dantesTotal :Surfaces16 000 ha4 000 ha9 000 ha4 500 ha28 000 ha61 500 ha15 000 ha25 000 ha101 500 haCe programme s’inscrit dans la continuité de l’initiative pour les « pays fortem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>dettés » lancée <strong>en</strong>1996 par le G7 et administrée par les institutions financières internationales. La stratégie dedéveloppem<strong>en</strong>t est fondée sur : (1) le développem<strong>en</strong>t du secteur agro-industriel (par la privatisation et ladéfinition de nouveaux rapports contractuels avec les planteurs villageois) ; (2) le développem<strong>en</strong>t dusecteur villageois (augm<strong>en</strong>tation de la productivité) ; et (3) la formulation d’un meilleur cadre derecherche par le biais de l’IRAD (Institut de recherche agricole pour le développem<strong>en</strong>t) et du CIRADfrançais (C<strong>en</strong>tre de coopération internationale <strong>en</strong> recherche agronomique pour le développem<strong>en</strong>t). LaCDC planifie actuellem<strong>en</strong>t une augm<strong>en</strong>tation massive de sa production d’<strong>huile</strong> de palme (de plus de 20%)jusqu’<strong>en</strong> 2012 (OTAL, 2009).<strong>Le</strong>s plantations villageoisesAu Cameroun, la production d’<strong>huile</strong> de palme se répartit <strong>en</strong>tre trois secteurs : un secteur agro-industriel,des plantations villageoises au service des agro-industries, et un secteur artisanal traditionnel (Bakoumé etal., 2002).24


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong>s plantations villageoises représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un phénomène ambigu et complexe sur lequel il vaut la peine des’arrêter un mom<strong>en</strong>t. Elles font à la fois l’objet de fortes rev<strong>en</strong>dications de la part des populations ruralesqui exig<strong>en</strong>t leur développem<strong>en</strong>t et elles impliqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> même temps un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t contractuel qui profiteaux agro-industries et qui lie les paysans à ces dernières. La CDC, la SOCAPALM et la Pamol ontdéveloppé ce g<strong>en</strong>re de programmes, c<strong>en</strong>sés permettre une « complém<strong>en</strong>tarité » <strong>en</strong>tre les secteursindustriels et villageois.En théorie, les agro-industries sont chargées de la production du matériel sélectionné et de l’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>ttechnique pour accompagner les petits planteurs dans les opérations de choix du terrain, de défrichem<strong>en</strong>t,de plantage, d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (produits agrochimiques) ainsi que dans l’exploitation des cultures. En échange,les villageois sign<strong>en</strong>t un contrat de sous-traitance qui les lie à l’agro-industrie <strong>en</strong> question p<strong>en</strong>dant aumoins une douzaine d’années et qui les oblige à lui livrer la totalité de leur production. <strong>Le</strong> prix d’achat dukilo est fixé par l’agro-industrie.Aujourd’hui, de nombreux paysans perçoiv<strong>en</strong>t les plantations villageoises comme un moy<strong>en</strong> pragmatiquede se faire « aider » par les agro-industries pour obt<strong>en</strong>ir un rev<strong>en</strong>u – ce qui est dev<strong>en</strong>u c<strong>en</strong>tral dans uncontexte où il est souv<strong>en</strong>t difficile de payer certains produits (savon, habits, pétrole), l’école pour les<strong>en</strong>fants, et les soins médicaux. Mais l’<strong>en</strong>trée massive des paysans dans les systèmes de plantationsvillageoises n’est pas forcém<strong>en</strong>t de très bon augure. On peut <strong>en</strong> effet voir ces systèmes contractuelscomme un moy<strong>en</strong> bon marché et efficace d’utiliser les populations locales comme main-d’œuvre pour lesecteur agro-industriel capitaliste.De fait, les plantations villageoises sont explicitem<strong>en</strong>t reconnues comme une manière de sous-traiter laproduction. <strong>Le</strong> sociologue hollandais P. Konings (1986) écrit à propos de la CDC que « le projet [deplantation villageoise] représ<strong>en</strong>te une forme de production moins coûteuse que celle qui est <strong>en</strong> vigueur[dans la plantation industrielle] parce que, d’une part, les producteurs subiss<strong>en</strong>t la presque totalité descoûts de production (ils obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les intrants et les services agricoles sous forme d’un prêt qui doit êtreremboursé avec des intérêts après la récolte), et, d’autre part, l’agro-industrie échappe aux chargesdécoulant d’une prolétarisation complète (paiem<strong>en</strong>t des membres de la famille ou des ouvriersoccasionnels employés par le planteur, sécurité sociale, logem<strong>en</strong>t, etc.). Il s’agit aussi d’un processus deproduction moins risqué étant donné que les fluctuations des prix sur le marché mondial affect<strong>en</strong>tautomatiquem<strong>en</strong>t les producteurs, qui subiss<strong>en</strong>t aussi les risques de mauvaise récolte ».Selon la Banque mondiale, les avantages des plantations villageoises sont multiples : elles garantiss<strong>en</strong>tdes rev<strong>en</strong>us stables au planteur ; elles <strong>en</strong>courag<strong>en</strong>t la sécurisation foncière ; elles r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t lamonétarisation du milieu rural, générant ainsi le « développem<strong>en</strong>t » (Bakoumé et al., 2002). D’autresétudes, au contraire, arriv<strong>en</strong>t à des conclusions différ<strong>en</strong>tes : les plantations villageoises induis<strong>en</strong>t uneindividualisation du foncier et des responsabilités contractuelles (dettes) qui déstabilis<strong>en</strong>t les institutionslignagères traditionnelles ; elles marginalis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core davantage les catégories sociales les plus démunies(comme les jeunes et les femmes) ; <strong>en</strong>fin, elles creus<strong>en</strong>t les inégalités et permett<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t aux élitesde se démarquer <strong>en</strong>core plus du reste de la communauté (Gerber, 2008).<strong>Le</strong>s femmes et les grandes plantations<strong>Le</strong>s femmes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une petite minorité de la main-d’œuvre des plantations industrielles. Elles sontconfinées à des tâches jugées moins pénibles physiquem<strong>en</strong>t, comme le désherbage autour des arbres oules travaux administratifs. Il n’est pas toujours facile pour les ouvrières de travailler avec une majoritéd’hommes à leurs côtés : des cas de harcèlem<strong>en</strong>ts sexuels et de viols ont été rapportés, notamm<strong>en</strong>tcommis par des vigiles à Dibombari et à Ki<strong>en</strong>ké. La plupart des femmes prés<strong>en</strong>tes dans le périmètre desplantations sont les compagnes et épouses des ouvriers, bi<strong>en</strong> que la majorité de ces derniers soitcélibataire. Ces femmes se débrouill<strong>en</strong>t tant bi<strong>en</strong> que mal dans le secteur informel. De nombreuses25


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurprostituées travaill<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce dans les camps des travailleurs ou s’y r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les joursde paye.Certains promoteurs des plantations industrielles ont affirmé que la prés<strong>en</strong>ce dans les camps des épouseset des <strong>en</strong>fants des ouvriers est la preuve des bonnes conditions de vie dans la plantation. Ce g<strong>en</strong>red’assertion est simplem<strong>en</strong>t absurde. On assiste au contraire fréquemm<strong>en</strong>t à une situation desurpeuplem<strong>en</strong>t dans ces camps et les conditions y sont loin d’être <strong>en</strong>viables, comme nous le verrons cidessouspour la SOCAPALM.<strong>Le</strong> cas de la SOCAPALMAu Cameroun, le groupe géant français Bolloré contrôle d’imm<strong>en</strong>ses plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, soitdirectem<strong>en</strong>t via la SAFACAM (qui exploite 8400 hectares), soit indirectem<strong>en</strong>t via la Socfinal (gérant 31000 hectares) que Bolloré partage avec la famille belge alliée des Fabri. Bolloré déti<strong>en</strong>t près de 40% desparts de Socfinal dont l’une des filiales gère la SOCAPALM. Privatisée <strong>en</strong> 2000, cette dernière est lepremier producteur national d’<strong>huile</strong> de palme : propriétaire de cinq plantations et de quatre <strong>huile</strong>ries, ellereprés<strong>en</strong>te 42% du marché d’<strong>huile</strong> brute et 24% du marché d’oléine (<strong>huile</strong> raffinée).La SOCAPALM est source de problèmes sociaux et écologiques importants (Deltombe, 2009). Laplantation (à l’époque étatique) a confisqué sans comp<strong>en</strong>sation des terres appart<strong>en</strong>ant coutumièrem<strong>en</strong>taux populations locales – bagyeli et bantoues – et son expansion est actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> marche, au prix desécosystèmes adjac<strong>en</strong>ts dont dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ces mêmes populations. <strong>Le</strong>ur mode de vie traditionnel est doncdev<strong>en</strong>u difficile et aucune alternative viable n’est facilitée (Gerber, 2008). La SOCAPALM fait v<strong>en</strong>ir sesouvriers d’autres régions du Cameroun et les loge dans des campem<strong>en</strong>ts situés dans la plantation. <strong>Le</strong>sconditions de vie et de travail y sont exécrables (Ricq & Gerber, 2010) : baraquem<strong>en</strong>ts et latrinescollectives insalubres, manque d’accès régulier à l’eau et à l’électricité, travaux pour la pluparttemporaires et à des salaires extrêmem<strong>en</strong>t bas, etc. Des c<strong>en</strong>taines d’ouvriers sous-traités travaill<strong>en</strong>t sixjours par semaine et parfois de 6 à 18h, sans couverture sociale et sans protection adéquate, pour <strong>en</strong>viron1.6 euro par jour – et ce, seulem<strong>en</strong>t quand les sous-traitants n’oubli<strong>en</strong>t pas de les payer. Face à cela,grèves et protestations se sont multipliées (Pigeaud, 2008). En outre, les produits agrochimiques utilisésdans la monoculture et les rejets de son usine à Ki<strong>en</strong>ké pollu<strong>en</strong>t massivem<strong>en</strong>t les cours d’eau avoisinants.Un nombre important de vigiles de la SOCAPALM empêche les villageois d’utiliser les ressources de laplantation. Cette situation a débouché <strong>en</strong> 2003 sur un grave accrochage <strong>en</strong>tre vigiles et villageois (aucours duquel des jambes et des bras ont été tranchés à la machette). En représailles, l’armée, v<strong>en</strong>ueépauler les vigiles, a raflé tous les villageois r<strong>en</strong>contrés et les a maint<strong>en</strong>us <strong>en</strong> dét<strong>en</strong>tion sans jugem<strong>en</strong>tp<strong>en</strong>dant deux semaines.Après la diffusion sur l’ant<strong>en</strong>ne de France Inter de deux émissions prés<strong>en</strong>tant une perspective critique surla SOCAPALM, le groupe Bolloré a récemm<strong>en</strong>t lancé deux poursuites à l’<strong>en</strong>contre de Radio France. Lapremière <strong>en</strong>quête, réalisée par le journaliste B. Collombat (2009), portait sur plusieurs secteurs d’activitédu groupe Bolloré au Cameroun. <strong>Le</strong> volet sur la SOCAPALM n’a pas été jugé diffamatoire par leTribunal de Grande Instance de Paris. L’autre, une interview accordée par la photographe I. A. Ricq(Manzoni, 2009 ; Ricq, 2009), ne donnera finalem<strong>en</strong>t pas lieu à un jugem<strong>en</strong>t, le groupe Bolloré ayantretiré sa plainte deux semaines avant la date d’audi<strong>en</strong>ce prévue. Bolloré a probablem<strong>en</strong>t estimé que lavictoire était par trop incertaine et qu’il s’exposait ainsi au grave risque que ses agissem<strong>en</strong>ts au Camerounsoi<strong>en</strong>t révélés publiquem<strong>en</strong>t.Il est intéressant de noter que le thème des impacts sociaux et écologiques des plantations industrielles estde plus <strong>en</strong> plus verrouillé comme le souligne le dernier rapport de Reporters Sans Frontières (RSF, 2010).Par ailleurs, étant donné l’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t national et international dont bénéficie l’exploitation du <strong>palmier</strong>à <strong>huile</strong>, les monocultures industrielles vont continuer de s’ét<strong>en</strong>dre avec comme corollaire l’aggravationdes impacts sociaux et écologiques m<strong>en</strong>tionnés. <strong>Le</strong> marché naissant des agro-carburants pourra <strong>en</strong> outre26


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurreprés<strong>en</strong>ter un puissant moteur à l’expansion de cette culture. Avec d’autres grands groupes, commeWilmar ou Unilever, Bolloré mise de plus <strong>en</strong> plus sur ce soi-disant substitut « vert » au pétrole (Tassé &Tankeu, 2008).Référ<strong>en</strong>cesAgir Ici & Survie, 2000. <strong>Le</strong> sil<strong>en</strong>ce de la forêt : réseaux, mafias et filière bois au Cameroun. DossiersNoirs n°14. Paris : L’Harmattan.Bakoumé, C., C. Jannot, S. Rafflegeau, B. Ndigui & S. Weise, 2002. Revue du secteur rural. Rapport<strong>palmier</strong>. Yaoundé : IRAD, CIRAD, IITA, FAO.Collombat, B., 2009. Cameroun, l’empire noir de Vinc<strong>en</strong>t Bolloré. France Inter, mars 2009. Voir :http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/interception/index.php?id=77736Deltombe, T., 2009. Port, rail, plantations: le triste bilan de Bolloré au Cameroun. <strong>Le</strong> MondeDiplomatique, avril 2009. Voir : http://www.monde-diplomatique.fr/2009/04/DELTOMBE/17037Etoga Eily, F., 1971. Sur les chemins du développem<strong>en</strong>t : essai d’histoire des faits économiques auCameroun. Yaoundé : CEPMAE.Gerber, J.-F., 2008. Résistances contre deux géants industriels <strong>en</strong> forêt tropicale: populations localesversus plantations commerciales d’hévéas et de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> dans le Sud-Cameroun. PlantationSeries (No. 13). Montevideo: <strong>World</strong> <strong>Rainforest</strong> Movem<strong>en</strong>t. Voir:http://www.wrm.org.uy/publications/Cameroun_fr.pdfKonings, P., 1986. L’Etat, l’agro-industrie et la paysannerie au Cameroun. Politique Africaine, 22: 120–137.Manzoni, R., 2009. Eclectik. France Inter, septembre 2009. Voir :http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/eclectik/index.php?id=83115OT Africa Line (OTAL), 2009. Cameroon’s CDC plans huge investm<strong>en</strong>t in palm, rubber and bananas.Fruits, Nuts and Oil News. Voir : http://www.otal.com/commodities/fruits.htmPigeaud, F., 2008. <strong>Le</strong>s Camerounais exploités des palmeraies de Bolloré. Libération, 11 mars 2008. Voir:http://www.liberation.fr/economie/010176109-les-camerounais-exploites-des-palmeraies-de-bolloreReporters Sans Frontières (RSF), 2010. Déforestation et pollution : des <strong>en</strong>quêtes à hauts risques. Paris :RSF. Voir : http://fr.rsf.org/IMG/pdf/RSF_Rapport_<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.pdfRicq, I. A. & J.-F. Gerber, 2010. Dix réponses à dix m<strong>en</strong>songes à propos de la Socapalm. Montevideo:<strong>World</strong> <strong>Rainforest</strong> Movem<strong>en</strong>t (WRM). Voir:http://www.wrm.org.uy/countries/Cameroon/Dix_reponses.pdfRicq, I. A., 2009. Bolloré au Cameroun, un bilan <strong>en</strong> images. <strong>Le</strong> Monde Diplomatique, juin 2009. Voir:http://blog.mondediplo.net/2009-06-16-Bollore-au-Cameroun-un-bilan-<strong>en</strong>-imagesTassé, E. & W.J. Tankeu, 2008. De d'<strong>huile</strong> de palme pour rouler ou cuisiner? Inter Press Service NewsAg<strong>en</strong>cy. Voir : http://ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=5092<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Côte d’IvoireL’histoire moderne du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Côte d’Ivoire remonte au début de l’indép<strong>en</strong>dance, <strong>en</strong> 1960,quand le gouvernem<strong>en</strong>t décide de lancer un vaste programme de développem<strong>en</strong>t de plantations de<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> sélectionnés. Pour y parv<strong>en</strong>ir, il procède par la création de grands <strong>en</strong>sembles basés surtrois blocs : un bloc de plantations industrielles, un bloc de plantations villageoises et un bloc industrielcapable d’absorber l’<strong>en</strong>semble des productions issues des deux précéd<strong>en</strong>ts. Cette vision stratégique s’esttraduite par le lancem<strong>en</strong>t de plans <strong>palmier</strong> dont l’objectif était- et est <strong>en</strong>core- de faire de la Côte d’Ivoirele plus gros producteur africain d’<strong>huile</strong> de palme. 57Ainsi, le premier plan conduit sous l’autorité de la Satmaci (Société d'assistance technique demodernisation de l'agriculture de Côte d'Ivoire), va permettre de 1961 à 1963, puis sous celle de la57 http://afriquinfos.c<strong>en</strong>terblog.net/4451-l-histoire-du-<strong>palmier</strong>-a-<strong>huile</strong>27


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurSodepalm (Société pour le développem<strong>en</strong>t et l’exploitation de la palme) à partir de 1964, de réaliser à sonterme, <strong>en</strong> 1985, au total 76 500 hectares : 49 000 ha de plantations industrielles et 27 500 ha deplantations villageoises. 58Ce premier plan a compté avec l’appui des bailleurs de fonds comme le Fonds europé<strong>en</strong> dedéveloppem<strong>en</strong>t (Fed) et la Banque mondiale. Ce premier plan a permis d’atteindre une productionannuelle de plus de 100 000 tonnes d’<strong>huile</strong> de palme par an, alors qu’<strong>en</strong> 1960, le pays ne produisait que 6600 tonnes d’<strong>huile</strong> de palme industrielle. 59<strong>Le</strong> véritable bond fut réalisé au cours du deuxième plan <strong>palmier</strong> ayant couvert la période 1986-1990. Cesecond plan a permis de réaliser 58 000 hectares supplém<strong>en</strong>taires de plantations, dont 13 940 ha au niveauindustriel, 41 060 ha de plantations villageoises et 3000 ha de petites et moy<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>treprises agricoles.Ainsi, la superficie occupée par les <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> a atteint 134 500 ha <strong>en</strong> 30 ans grâce à ces deux planssusm<strong>en</strong>tionnés. La production nationale d’<strong>huile</strong> de palme s’est aussi bonifiée pour atteindre 240 000tonnes au début des années 1990. Mais ce résultat n’est pas du seul fait de la Sodepalm, parce que lafilière a connu plusieurs mutations dans sa gestion. 60En effet, six ans après la création de la Sodepalm, cette société va se voir remplacer par deux nouvellesstructures <strong>en</strong> 1969, à savoir Palmivoire et Palmindustrie. Mais <strong>en</strong> application de la loi n° 946-338 du 9juin 1994, relative à la privatisation des participations et actifs de l’Etat ivoiri<strong>en</strong> dans la filière <strong>palmier</strong> à<strong>huile</strong>, Palmindustrie disparaît au profit de nouvelles autres sociétés privées. 61En 1997, Palmindustrie a été privatisée et ces principaux actifs ont été v<strong>en</strong>due à trois grandes <strong>en</strong>treprisesprivées :1) PALMCI, qui a acquis les deux tiers de la capacité de production, y compris neuf usines detransformation et 35.000 hectares de plantations industrielles. PALMCI est actuellem<strong>en</strong>t dét<strong>en</strong>u par legroupe français SIFCA avec des groupes de Singapour Wilmar International et Olam International, aprèsUNILEVER leur a v<strong>en</strong>du ses plantations et actions industrielles <strong>en</strong> Décembre 2008. 622) SIPEF-CI (Société internationale de plantations et de finance) a acheté deux usines de transformation àBolo et Soubré, et 12.700 hectares de plantations industrielles. La société est basée <strong>en</strong> Belgique. 633) PALMAFRIQUE, avec trois usines de transformation et 7500 hectares de plantations. Cette société estdét<strong>en</strong>ue par le «Groupe L’Aiglon», holding financier de la puissante famille Kagnassi. 64Actuellem<strong>en</strong>t, la production nationale d’<strong>huile</strong> de palme est passée de 323 000 t <strong>en</strong> 2007 à 430 000 <strong>en</strong>2009 et l’objectif est de la doubler d’ici 2018. L’industrie couvre aujourd’hui la totalité de laconsommation nationale (250 000 t) et v<strong>en</strong>d les excéd<strong>en</strong>ts dans la sous-région. 65En termes de superficie plantée, les chiffres disponibles diffèr<strong>en</strong>t, mais il semble juste de dire qu’il y a aumoins 190 000 hectares plantés <strong>en</strong>tre plantations industrielles et villageoises, desquelles 70% des surfacessont dét<strong>en</strong>ues par les 25 000 planteurs villageois qui produis<strong>en</strong>t 58% de la production nationale et trois58 http://afriquinfos.c<strong>en</strong>terblog.net/4451-l-histoire-du-<strong>palmier</strong>-a-<strong>huile</strong>59 http://afriquinfos.c<strong>en</strong>terblog.net/4451-l-histoire-du-<strong>palmier</strong>-a-<strong>huile</strong>60 http://afriquinfos.c<strong>en</strong>terblog.net/4451-l-histoire-du-<strong>palmier</strong>-a-<strong>huile</strong>61 http://afriquinfos.c<strong>en</strong>terblog.net/4451-l-histoire-du-<strong>palmier</strong>-a-<strong>huile</strong>62 http://www.unilever.com/mediac<strong>en</strong>tre/pressreleases/2008/UnileverinCoteDIoire.aspx63 http://www.fdi.net/docum<strong>en</strong>ts/<strong>World</strong>Bank/databases/plink/soceco/2cotedivoire.htm64 http://www.linter-ci.com/article.php3?id_article=827265 http://www.jeuneafrique.com/Articles/Dossier/ARTJAJA2568p076-082.xml3/industrie-agriculture-agroalim<strong>en</strong>taire-uemoahevea-<strong>palmier</strong>et-sucre-un-tierce-gagnant.html28


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futursociétés industrielles (PALMCI, PALMAFRIQUE et SIPEFCI) complèt<strong>en</strong>t à hauteur de 40% de laproduction. 66Toutefois, ces chiffres sont nettem<strong>en</strong>t inférieurs à ceux docum<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> 2000, où les plantationsindustrielles (87 828) et villageoises (140 621) représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t un total de 228 500 hectares. 67 Tout sembleindiquer que les plantations n’ont pas diminué mais au contraire, qu’elles ont continué à augm<strong>en</strong>ter 68 ; ilest donc raisonnable de p<strong>en</strong>ser qu’aujourd’hui, le chiffre soit proche de 250 000 hectares.Au sujet de la superficie occupée par des palmeraies naturelles, il n’a été pas possible de trouver dechiffres, mais ces palmeraies exist<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> particulier dans la région montagneuse de Man,qui produit l’<strong>huile</strong> rouge artisanale, l’<strong>huile</strong> la plus prisée du pays. 69Un sujet intéressant qui a été étudié dans ce pays est celui de l’exist<strong>en</strong>ce de deux modèles différ<strong>en</strong>tes deplantations, avec des logiques différ<strong>en</strong>tes : l’industriel et le familial. Cheyns et Rafflegeau (2005)résum<strong>en</strong>t la question comme suit : 70<strong>Le</strong> modèle industriel est basé sur la diffusion d’une variété hybride de <strong>palmier</strong>, l’extraction de l’<strong>huile</strong> dansdes grandes usines de transformation, la création de grandes plantations et la promotion de plantations pardes villageois dans leurs propres terres, supervisés par la société elle-même. <strong>Le</strong> but ultime est d’assurerune r<strong>en</strong>tabilité maximale.L’autre modèle, le familial, est s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t : les exploitations familiales qui produis<strong>en</strong>t desfruits de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> ont presque tous des cultures et activités diversifiées et sont adaptées à la doublelogique de sécurisation et de stabilisation du rev<strong>en</strong>u, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> diversifiant les possibilités decommerce. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>quêtes <strong>en</strong> Côte-d’Ivoire ont révélé des systèmes agricoles diversifiés qui compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> et / ou hévéa, café et cacao, ainsi que des cultures alim<strong>en</strong>taires, y compris les cultures der<strong>en</strong>te, le tout sur la même ferme. <strong>Le</strong>s agriculteurs familiaux qui cultiv<strong>en</strong>t le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> ne sont donc(presque) jamais les producteurs d’une culture unique.Il s’agit donc de deux logiques différ<strong>en</strong>tes, l’une est industrielle et internationale et fondé sur la r<strong>en</strong>tabilitéet la normalisation, tandis que l’autre est local, ori<strong>en</strong>té vers la sécurité et la conservation du patrimoine, etbasée sur la diversification des ressources.Bi<strong>en</strong> que l’<strong>huile</strong> de palme soit un élém<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel dans les pratiques de la cuisine africaine, lesconsommateurs reconnaiss<strong>en</strong>t des différ<strong>en</strong>ces de qualité <strong>en</strong>tre l’<strong>huile</strong> rouge artisanale et celle industrielleet, parmi les <strong>huile</strong>s rouges artisanales, des différ<strong>en</strong>ces de qualité sont liées au type de fruits utilisés et auprocédé artisanal mis <strong>en</strong> oeuvre. L’<strong>huile</strong> rouge artisanale pr<strong>en</strong>d alors les caractéristiques d’un produit deterroir, avec des qualités liées à l’origine géoculturelle des producteurs. En Côte d’Ivoire, lesconsommateurs sont soucieux de l’auth<strong>en</strong>ticité de l’<strong>huile</strong>. Cela se traduit par l’origine des fruits, <strong>en</strong>préférant ceux de « <strong>palmier</strong>s naturels ou africains » à ceux issus de matériel végétal hybride sélectionné. 71L’<strong>huile</strong> de palme rouge prés<strong>en</strong>te aussi l’intérêt de représ<strong>en</strong>ter une source d’emploi pour des milliers defemmes <strong>en</strong> milieu rural, car ce sont elles qui produis<strong>en</strong>t manuellem<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong> de palme artisanale. 72 Laplupart des producteurs v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t une partie de leurs fruits à ces femmes pour la transformation. 7366 http://www.educarriere.info/index.php?page=ed10&st=secteur0367 http://www.john-libbey-eurotext.fr/e-docs/00/04/10/66/article.phtml68 http://www.otal.com/commodities/fruits.htm69 http://www.connectionivoiri<strong>en</strong>ne.net/?p=3634870 http://www.john-libbey-eurotext.fr/e-docs/00/04/10/66/article.phtml71 http://wrm.org.uy/countries/Africa/<strong>huile</strong>_de_palme_rouge_afrique.pdf72 http://wrm.org.uy/countries/Africa/<strong>huile</strong>_de_palme_rouge_afrique.pdf73 http://www.john-libbey-eurotext.fr/e-docs/00/04/10/66/vers_alt/VersionPDF.pdf29


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong>s compagnies d’<strong>huile</strong> de palme ont r<strong>en</strong>contré des problèmes avec les populations voisines à leursplantations à grande échelle.Dans le cas de SIPEF-CI des ressortissants du village de Lazoa (Soubré) exig<strong>en</strong>t la rétrocession par laSipef-ci d’une parcelle de 599 ha compr<strong>en</strong>ant 8 blocs att<strong>en</strong>ants au village. Ils rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t ce périmètreafin d’assurer leur survie. Et aussi parce qu’ils dis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> être les propriétaires. À cause du conflit, il y a eudes « actes de vandalisme allant de la destruction de la récolte dans les plantations à l’abattage de<strong>palmier</strong>s. » En juillet 2009, « alors que des g<strong>en</strong>darmes étai<strong>en</strong>t de faction dans cette localité pour sécuriserle périmètre litigieux, une grande partie de la population s’y est déportée avec machettes, couteaux etgourdins. Bilan, un tracteur de la société détruit, les plants de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> déracinés et 6 employésblessés. » 74Un autre cas est celui de PALM-CI, qui <strong>en</strong> Février 2008 a comm<strong>en</strong>cé à raser le riche réservoir debiodiversité de la Forêt des marais de Tanoé dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, pour un projet de <strong>palmier</strong>à <strong>huile</strong>. Écologistes et communautés riveraines ont donné l’alarme et ont manifesté contre ce projet del’<strong>en</strong>treprise. Des organisations locales et internationales ont rejoint la résistance 75 , mais le conflit a étégagné principalem<strong>en</strong>t par les populations et cadres locaux qui ont forcé la compagnie « à décider der<strong>en</strong>oncer à ce projet » <strong>en</strong> avril 2009. 76 Comme disait Mathieu Yao, un planteur local de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>:« Notre <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t à faire front contre ce vaste projet l’a été dans notre intérêt personnel. Nous vivonsassez bi<strong>en</strong> de la petite agriculture et de la petite pêche et chacun est consci<strong>en</strong>t que leur r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t, chaqueannée, dép<strong>en</strong>d du mainti<strong>en</strong> de cette forêt. Nous avons donc choisi de faire bloc autour ». 77<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> au GabonÀ partir de la fin du XIXe siècle, un certain nombre de plantations expérim<strong>en</strong>tales de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> ontété créées par des Europé<strong>en</strong>s <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> de l’Ouest et c<strong>en</strong>tre-ouest. Une des premières a été établie auGabon <strong>en</strong> 1870 par des missionnaires catholiques. Comme beaucoup d’autres plantations du dixneuvièmesiècle <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> de l’Ouest, ces <strong>en</strong>treprises ont été infructueuses. Une des raisons expliquantces échecs a été le fait que l’arg<strong>en</strong>t était dép<strong>en</strong>sé pour payer des ouvriers pour produire, planter et soignerdes plants, souv<strong>en</strong>t sur des terres marginales, dans des régions où les palmeraies naturelles cont<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>tdéjà plus de <strong>palmier</strong>s qu’il n’<strong>en</strong> fallait pour la consommation des agriculteurs locaux. 78Jusqu’<strong>en</strong> 1959, la production d’<strong>huile</strong> de palme était pratiquem<strong>en</strong>t artisanale. En 1956, des experts françaisse sont r<strong>en</strong>du compte que le Gabon prés<strong>en</strong>tait les conditions requises pour développer le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>.Pour cela, ils ont installé <strong>en</strong> amont de Lambaréné des plantations de <strong>palmier</strong>s sélectionnés: la palmeraiede M’Villi, de la société Palmhévéa, une filiale d’Unilever. 79Une étude m<strong>en</strong>ée dans la même zone dans le début des années 1970 décrit que dans le secteur existai<strong>en</strong>tdeux plantations industrielles:1) La palmeraie de la M’Villi <strong>en</strong> bordure de l’Ogooué, créée par la Compagnie Générale des OléagineuxTropicaux avec 143 ha de plus de 25 ans et 377 ha datant de 1955 à 1959.74 http://www.directabidjan.com/voir_article.php?id=100575 http://www.wrm.org.uy/bulletin/131/Ivory_Coast.html76 http://www.developpem<strong>en</strong>tdurable.com/<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t/2010/08/A1536/cote-divoire-les-ecologistes-empech<strong>en</strong>t-un-projet-agro-industrieldans-une-zone-riche-<strong>en</strong>-biodiversite.html77 http://ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=541678 http://www.cambridge.org/us/books/kiple/palmoil.htm79 http://tiny.cc/ipzbg30


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur2) La palmeraie de Palmhévéa située <strong>en</strong> face de la précéd<strong>en</strong>te, rattachée au groupe UNILEVER, etcouvrant 800 ha dont la plantation s’est échelonnée de 1958 à 1963.En 1976, l’État gabonais crée la société de développem<strong>en</strong>t de l’agriculture au Gabon (Agrogabon-Palmier) qui avait pour mission de pallier à l’insuffisance de la production d’<strong>huile</strong> de palme et de générerdes recettes d’exportation. 80Agrogabon, contrôlée à 96% par l’Etat gabonais, possédait cinq palmeraies totalisant 7 500 ha de<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, une <strong>huile</strong>rie d’une capacité de 18 000 t/an d’<strong>huile</strong> de palme (Makouké), une usine deraffinage de capacité de 14 000 t/an d’oléine et une savonnerie de 4.700 t/an (Lambaréné). 81A partir de 1998, Agrogabon a connu des difficultés sur plusieurs plans et la gestion de la société a étéconfiée fin février 2000 à un cabinet canadi<strong>en</strong> (Régie Inc.) dont la mission a pris fin début 2001. Un appeld’offre pour la privatisation d’Agrogabon lancé <strong>en</strong> août 2000 s’est avéré infructueux, et des négociationsont été <strong>en</strong>gagées avec plusieurs groupes étrangers, notamm<strong>en</strong>t des Malaisi<strong>en</strong>s, pour la reprise de lasociété. 82Agrogabon a finalem<strong>en</strong>t été privatisée <strong>en</strong> 2003 et est passée aux mains de la Société belged’investissem<strong>en</strong>t pour l’agriculture tropicale (SIAT Gabon), basé à Bruxelles. Selon les informations decette société, « l’activité <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> se situe dans la province du Moy<strong>en</strong>-Ogooué, près de Lambarénéet Makouké. Elle compr<strong>en</strong>d ici 6 500 ha de plantations matures, une <strong>huile</strong>rie à palme et palmiste d’unecapacité de 30 tonnes de régimes à l’heure, une usine de savon qui peut produire 5 000 tonnes par an etune unité de raffinage et de fractionnem<strong>en</strong>t qui peur traiter 50 tonnes d’<strong>huile</strong> par heure ». 83En 2007, la Banque africaine de développem<strong>en</strong>t a approuvé, au titre de son guichet du secteur privé, unprêt de 10 millions d’euros pour financer le projet d’expansion agricole du SIAT Gabon. 84<strong>Le</strong> projet d’expansion prévoit la création d’une nouvelle palmeraie de 4.250 ha et la replantation de 1.500ha de <strong>palmier</strong>s à Bindo ; la replantation de 750 ha à Zilé ; la replantation de 1000 ha à Makouké ; lamodernisation de l’<strong>huile</strong>rie de palme et de l’usine de trituration de Makouké ; l’ext<strong>en</strong>sion de la capacitéde l’usine de raffinage d’<strong>huile</strong> de palme de Lambaréné ; la modernisation de la savonnerie deLambaréné ; et l’augm<strong>en</strong>tation de 3.000 t de la capacité des réservoirs de stockage d’<strong>huile</strong> de palme deLambaréné et Port G<strong>en</strong>til.Toutefois, cette modernisation ne semble pas avoir compris le traitem<strong>en</strong>t des résidus, car <strong>en</strong> mars 2010, lapresse a rapporté que des eaux du fleuve Ogooué qui jalonne la ville de Lambaréné « serai<strong>en</strong>t polluées pardes résidus chimiques prov<strong>en</strong>ant de l’usine de Siat-Gabon ». La société aurait aménagé un canal auquartier Evouang par lequel serai<strong>en</strong>t évacués des déchets chimiques vers l’Ogooué. Par ailleurs, « d<strong>en</strong>ombreux fûts chargés desdits produits » serai<strong>en</strong>t stockés au bord du fleuve et ruissellerai<strong>en</strong>t dans lefleuve lors de grandes averses. L’article de presse rapporte que « la même situation prévaudrait dans lalocalité de Makokou », où des résidus d’<strong>huile</strong> de palme, fabriqué par une des usines de Siat-Gabon, auraitété observés dans les eaux du fleuve. 85En août 2010, le gouvernem<strong>en</strong>t a annoncé des changem<strong>en</strong>ts majeurs dans le secteur 86 et la création -àcompter du 1er octobre 2010- des palmeraies dans les régions de Mouila, Ngounié, Nyanga et de80 http://tiny.cc/ipzbg81 http://www.izf.net/pages/5020-agri-elev/5032/82 http://www.izf.net/pages/5020-agri-elev/5032/83 http://www.siatgabon.com/sitesc<strong>en</strong>e/custom/data/downloads/080526172216/G10.FRENCH.palmoil18-23.pdf84 http://www.icilome.com/nouvelles/news.asp?id=45&idnews=873585 http://www.lvdpg.org/Gabon-L-Ogooue-pollue-par-des-residus-chimiques_a3325.html86 http://www.legabon.org/actualites.php31


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurTchibanga, des zones de savane situées dans le sud-ouest du pays.<strong>Le</strong> plan prévoit une première phase de 50 000 hectares et une seconde phase de plantation de 150 000hectares. « 30% de la superficie des plantations seront dét<strong>en</strong>ues par près de 3 000 <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs gabonais,qui seront assistés par un programme de formation spécifique à la gestion d’une palmeraie ». Au final, laproduction d’<strong>huile</strong> de palme devrait s’élever à 1 million de tonnes, « avec l’ambition de faire du Gabonl’un des premiers producteurs africains ».Dans le mois d’Octobre, le gouvernem<strong>en</strong>t gabonais a signé un contrat avec le groupe singapouri<strong>en</strong> Olampour le développem<strong>en</strong>t de la culture du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. <strong>Le</strong> contrat prévoit la plantation de quelques 200000 hectares de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> d’ici à 2014, pour une production annuelle d’un million de tonnes d’<strong>huile</strong>de palme. 87La première phase du projet débutera avec la plantation de 50 000 hectares de palmeraies dans la régionde Lambaréné. En 2013 aura lieu la seconde phase du projet, avec la plantation de 150 000 hectares de<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>s <strong>en</strong>tre Tchibanga et Mayumba. <strong>Le</strong> Gabon va <strong>en</strong> outre se lancer dès ce mois d’octobredans l’ext<strong>en</strong>sion des plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> sur des c<strong>en</strong>taines de milliers de kilomètres carrés.Selon la page web de la Présid<strong>en</strong>ce. « <strong>Le</strong> pays pourrait ainsi dev<strong>en</strong>ir le 1er producteur africain d’<strong>huile</strong> depalme. » 88<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> GambieLa plupart de l’<strong>huile</strong> de palme produite dans le pays provi<strong>en</strong>t de bosquets de <strong>palmier</strong>s naturels et non degrandes plantations. Un projet pilote fut <strong>en</strong>trepris vers le milieu des années 1960 pour introduire desplantations industrielles, mais il eut peu de répercussions sur l’économie nationale. 89 <strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>est aussi une des nombreuses espèces utilisées <strong>en</strong> agrosylviculture. 90 Il fournit de l’<strong>huile</strong> pour laconsommation locale et des graines pour l’exportation, ainsi que du vin de palme fait à partir de la sève,du fourrage et d’autres produits à usage local. 91La plupart des activités de transformation du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> sont faites dans les zones rurales par lesfemmes ; elles emploi<strong>en</strong>t des méthodes traditionnelles que des étrangers ont décrites comme suit : « <strong>Le</strong>village était <strong>en</strong> plein processus de préparation de l’<strong>huile</strong> de palme qui serait mise dans de grands pots etpuis v<strong>en</strong>due au marché. Ce processus leur permet aussi de faire leur propre savon (...) La méthode defabrication de l’<strong>huile</strong> de palme nous semblerait très primitive (...) Pas de machines sophistiquées, ri<strong>en</strong> quedu feu et de grands bidons métalliques avec des tuyaux qui permett<strong>en</strong>t de faire passer l’<strong>huile</strong> d’un bidon àl’autre ». 92La production d’<strong>huile</strong> était estimée à 2 000 tonnes <strong>en</strong> 1999, et celle de graines à 3 000 tonnes. 93 À <strong>en</strong>croire Madame Koiteh – une « spiritualiste et herboriste » installée à New York – l’<strong>huile</strong> de palme rougede la Gambie est commercialisée aussi dans le monde, probablem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> petites quantités destinées à descréneaux spécifiques du marché. 9487 http://tinyurl.com/272szsu88 http://tinyurl.com/272szsu89 http://all-history.org/01un63.html.90 http://www.agrigambia.gm/agric.htm.91 http://www.accessgambia.com/information/palm-oil.html.92 http://eliasandjess.blogspot.com/.93 http://www.nations<strong>en</strong>cyclopedia.com/Africa/The-Gambia-AGRICULTURE.html.94 « V<strong>en</strong>ue directem<strong>en</strong>t d’<strong>Afrique</strong> occid<strong>en</strong>tale, l’<strong>huile</strong> de palme rouge de Madame Koiteh est un alim<strong>en</strong>t de haute qualité. Elle est supérieure àn’importe quelle <strong>huile</strong> de palme qu’on puisse trouver dans le commerce, parce qu’elle est importée toute fraîche chaque mois de Mali, deSénégal et de Gambie. Elle est d’un rouge cramoisi brillant et d’une viscosité excell<strong>en</strong>te. » http://www.etsy.com/listing/42515740/red-palmoil-manteca-de-corojo.32


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurEn 2007, il y eut quelques développem<strong>en</strong>ts nouveaux lorsque les médias fir<strong>en</strong>t savoir qu’une nouvelle<strong>en</strong>treprise – Gambia Vegetable Oil Company – allait bi<strong>en</strong>tôt mettre <strong>en</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t une raffineried’<strong>huile</strong> de palme dans le pays. L’<strong>en</strong>treprise apparti<strong>en</strong>t à quatre ressortissants gambi<strong>en</strong>s. L’<strong>huile</strong> raffinéeserait v<strong>en</strong>due <strong>en</strong> Gambie pour la consommation locale mais, celle-ci étant très faible, 70 % de laproduction serai<strong>en</strong>t exportés à d’autres pays africains. 95Pour le mom<strong>en</strong>t, le projet « Afropalma 2020 » de la société espagnole Mercatalonia semble être la seuleproposition pour la production et l’exportation d’agrocombustibles à base de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> et de canne àsucre qui ait été prés<strong>en</strong>tée au gouvernem<strong>en</strong>t. 96 On ne sait pas bi<strong>en</strong> si le protocole d’accord a déjà été signéou non.<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> au GhanaL’administration coloniale britannique n’avait pas favorisé les plantations au Ghana. Chose intéressante,« cela était dû <strong>en</strong> partie à la crainte que, <strong>en</strong> dépossédant les propriétaires de leur terre, l’acquisition desgrandes ét<strong>en</strong>dues nécessaires aurait suscité l’hostilité des paysans, bouleversé gravem<strong>en</strong>t leur système deproduction pour l’exportation, et précipité une opposition semblable à celle qu’avai<strong>en</strong>t provoquée lesprojets de loi foncière avortés de 1894 et de 1897, qui visai<strong>en</strong>t à assigner à la Couronne britannique toutesles terres ‘sauvages’ ou inoccupées, les forêts et les minéraux ».Encore plus intéressant est le fait que « les conseillers du gouvernem<strong>en</strong>t britannique étai<strong>en</strong>t convaincusque, du point de vue économique le système agricole artisanal des paysans était plus viable que lesgrandes plantations exotiques. En outre, le système paysan était considéré comme une méthode éprouvéeet bon marché de produire des d<strong>en</strong>rées tropicales pour l’exportation ».Ainsi, « les plantations n’eur<strong>en</strong>t pas beaucoup de répercussions sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ni sur la productionagricole du Ghana p<strong>en</strong>dant la période coloniale ». En fait, la production d’<strong>huile</strong> de palme artisanale dansla ceinture de <strong>palmier</strong>s proche du littoral fut une des principales sources de devises étrangères du Ghanadu milieu du dix-neuvième siècle au début du vingtième.La situation changea à partir de 1957, après l’indép<strong>en</strong>dance du pays : une nouvelle politique fut adoptée,qui mettait l’acc<strong>en</strong>t sur le système des plantations c<strong>en</strong>tré sur le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> et l’hévéa. Jusqu’au coupd’État militaire de 1966, cette nouvelle politique favorisa la création de plantations exploitées par l’État.Or, ces plantations étatiques ne fur<strong>en</strong>t pas économiquem<strong>en</strong>t viables, surtout à cause des contraintesfinancières, de l’interfér<strong>en</strong>ce politique, du manque de planification, de la mauvaise gestion et de larigidité du système de contrôle étatique c<strong>en</strong>tralisé. Elles ne servir<strong>en</strong>t qu’à aggraver les conditions de viedans les zones rurales, <strong>en</strong> dépossédant les paysans de leur ressource fondam<strong>en</strong>tale, la terre, avec peu oupas de comp<strong>en</strong>sation, et par la déforestation et les autres formes de bouleversem<strong>en</strong>ts écologiques etéconomiques qui découl<strong>en</strong>t de la suppression de la végétation naturelle et de son remplacem<strong>en</strong>t par desplantations <strong>en</strong> régime de monoculture. Par la suite, quelques plantations étatiques fur<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>dues.D’autres fur<strong>en</strong>t abandonnées, parfois après avoir abattu les <strong>palmier</strong>s, une pratique qui, invariablem<strong>en</strong>t,laisse derrière une savane ou un herbage à la place du couvert forestier originel. Il y eut des t<strong>en</strong>tatives deréorganiser les plantations restantes <strong>en</strong> unités économiques viables, sous le contrôle étatique déc<strong>en</strong>tralisé.Dans l’<strong>en</strong>semble, la nouvelle politique, surtout après le coup d’État de 1981 et la libéralisation du systèmeéconomique qui s’<strong>en</strong>suivit, a cherché à promouvoir les plantations au moy<strong>en</strong> d’initiatives privées, deprojets gouvernem<strong>en</strong>taux avec l’aide étrangère, et de projets publics-privés. Parmi les plantationsrésultantes figur<strong>en</strong>t les trois les plus grandes : celle de la Ghana Oil Palm Developm<strong>en</strong>t Co. (GOPDC),95 http://www.gambianow.com/news/G<strong>en</strong>eral/Gambia_Palm_Oil_Refinery_in_the_Making.html.96 http://www.mou.mercatalonia.net/mou_gambia_<strong>en</strong>g.pdf.33


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurune société étatique assistée depuis l’étranger, située près de Kwae ; celle de la Twifo Oil PalmPlantations Ltd. (TOPP), située près de Twifo Praso/Ntafrewaso, et celle de la B<strong>en</strong>so Oil Palm PlantationsLtd. (BOPP), située près de B<strong>en</strong>so/Adum Banso ; les deux dernières sont des <strong>en</strong>treprises publiquesprivées.Ces trois grandes plantations de <strong>palmier</strong>s (GOPDC, TOPP ET BOPP) ont été faites dans la régiontropicale humide de l’intérieur, sur des terres que le gouvernem<strong>en</strong>t a achetées d’office aux paysans. Enplus de transformer ces terres <strong>en</strong> plantations de <strong>palmier</strong>s, les <strong>en</strong>treprises concernées devai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>couragerchez les paysans la production de fruits de <strong>palmier</strong> dans les terres <strong>en</strong>vironnantes, <strong>en</strong> application dusystème des plantations-mères, pour qu’ils contribu<strong>en</strong>t à alim<strong>en</strong>ter leurs énormes raffineries d’<strong>huile</strong> depalme.Dès leur début <strong>en</strong> 1977 ou à peu près, les trois plantations se sont vite développées et ont beaucoupcontribué à l’élargissem<strong>en</strong>t de la superficie plantée de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, qui est passée de 18 000 hectaresà 103 000 hectares <strong>en</strong>tre 1970 et 1990. Cette croissance de 24 % par an a fait resurgir le <strong>palmier</strong> commegrand produit commercial, égalant le cacao ; elle a permis le développem<strong>en</strong>t rapide des industries del’<strong>huile</strong> de palme et d’autres produits agro-industriels, et elle a r<strong>en</strong>du le pays amplem<strong>en</strong>t autosuffisantquant à la production d’<strong>huile</strong> de palme. 97D’après la FAO, les plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> couvrai<strong>en</strong>t 304 000 hectares <strong>en</strong> 2002, 98 tandis qu’undocum<strong>en</strong>t d’EuropeAid décrit la situation comme suit : « En 2004, le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> était cultivé sur285 000 ha <strong>en</strong>viron. <strong>Le</strong>s petits propriétaires cultivai<strong>en</strong>t près de 88 % de la superficie <strong>en</strong> production maisproduisai<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t 72 % des régimes de fruits frais de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. <strong>Le</strong>s 28 % restants étai<strong>en</strong>tproduits dans des propriétés privées qui cultivai<strong>en</strong>t moins de 12 % de la superficie totale. <strong>Le</strong>s plantationsexistantes fonctionn<strong>en</strong>t suivant le système des plantations-mères associées à des petits propriétaires et àdes cultivateurs indép<strong>en</strong>dants. <strong>Le</strong>s cultivateurs indép<strong>en</strong>dants cultiv<strong>en</strong>t des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> sur leur propreterre ; ils obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treprises (généralem<strong>en</strong>t à crédit) les plantes, d’autres fournitures et desconseils techniques, et ils sont obligés par contrat à leur v<strong>en</strong>dre leur production. » 99<strong>Le</strong>s principales <strong>en</strong>treprises sont aujourd’hui surtout étrangères :1) La Ghana Oil Palm Developm<strong>en</strong>t Co. (GOPDC), privatisée <strong>en</strong> 1995. Elle apparti<strong>en</strong>t aujourd’hui àtrois actionnaires : Siat (Belgique), SSNIT (Ghana) et ATMF ; c’est Siat qui <strong>en</strong> possède la partmajoritaire. 100 , 1012) La Twifo Oil Palm Plantation Limited (TOPP), dont les principaux actionnaires sont Unilever et legouvernem<strong>en</strong>t du Ghana. La propriété est située dans la zone de Twifo Ntafrewaso / TwifoMampong. La TOPP est un des principaux producteurs d’<strong>huile</strong> de palme du pays. 1023) La B<strong>en</strong>so Oil Palm Plantation Limited (BOPP) était une filiale d’Unilever Ghana Limited, maiselle vi<strong>en</strong>t d’être v<strong>en</strong>due à la Wilmar International de Singapour. 103 , 1044) La Norwegian Palm Ghana Limited (NORPALM), située à Prestea, dans le district d’Ahanta de laRégion occid<strong>en</strong>tale. En 2000, cette compagnie reprit la plantation de l’anci<strong>en</strong>ne National Oil PalmLimited. 10597 Tout ce qui précède est basé sur le rapport d’Edwin A. Gyasi, “The <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>tal impact and sustainability of plantations in Sub-SaharanAfrica: Ghana's experi<strong>en</strong>ces with oil-palm plantations”,http://www.unu.edu/unupress/unupbooks/80918e/80918E10.htm#The%20evolution%20of%20plantations%20in%20Ghana.98 http://www.fao.org/docrep/008/a0013e/a0013e06.htm.99 http://www.europeansolutions.nl/upload/download/tor_1258728834.doc.100 http://www.gopdc-ltd.com/index.cfm/page:home.101 http://business.everythinghana.com/index.php?option=com_mtree&task=viewlink&link_id=42&Itemid=26.102 http://business.everythinghana.com/index.php?option=com_mtree&task=rate&link_id=43&Itemid=26.103 http://investing.businessweek.com/research/stocks/snapshot/snapshot.asp?ticker=BOPP:GN.104 http://www.ghanabusinessnews.com/2010/05/31/unilever-ghana-sells-b<strong>en</strong>so-oil-palm-plantation/.105 http://allafrica.com/stories/200312170769.html.34


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurIl convi<strong>en</strong>t de signaler que, à l’extérieur des plantations industrielles, le traitem<strong>en</strong>t du fruit du <strong>palmier</strong> estfait manuellem<strong>en</strong>t par les femmes des villages. Ce qui suit est la description de la fabrication d’<strong>huile</strong> depalme dans un village chréti<strong>en</strong> proche d’Accra :« Toutes les activités sont accomplies par des femmes. <strong>Le</strong>s fruits de <strong>palmier</strong> sont achetés au marché local.On les fait bouillir dans de l’eau p<strong>en</strong>dant deux heures <strong>en</strong>viron, puis on les met dans un grand trou creusédans le sol et plein d’eau. <strong>Le</strong> trou a 2 pieds de profondeur et 5 pieds de diamètre. Une femme y desc<strong>en</strong>d etfoule les fruits, pour libérer l’<strong>huile</strong> de palme qui va flotter à la surface de l’eau. Ensuite, on pr<strong>en</strong>d despoignées de fruits du fond et on les presse <strong>en</strong>tre les mains au-dessus de l’eau. Quand tous les fruits ont étésortis du puits et pressés, on <strong>en</strong>lève l’<strong>huile</strong> à la surface de l’eau et on la fait bouillir pour éliminer toutetrace d’eau ; ainsi, elle est prête à être utilisée. La femme reste dans le trou pour recevoir un nouveau lotde fruits à traiter. <strong>Le</strong>s noix sont séparées de la pulpe à la main, et on les v<strong>en</strong>d sur le marché local. Lapulpe est séchée et utilisée comme combustible. En deux jours, on peut produire <strong>en</strong>viron 240 litres d’<strong>huile</strong>clarifiée. Cette <strong>huile</strong> est v<strong>en</strong>due à des commerçants, ou bi<strong>en</strong> sur place. <strong>Le</strong>s femmes affirm<strong>en</strong>t que l’<strong>huile</strong>produite de cette manière a meilleur goût et se v<strong>en</strong>d plus facilem<strong>en</strong>t que celle qu’on produit par desmoy<strong>en</strong>s mécaniques. <strong>Le</strong> processus emploie deux personnes à plein temps p<strong>en</strong>dant deux jours. » 106À prés<strong>en</strong>t, le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>courage à nouveau la production industrielle de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, avec lesouti<strong>en</strong> d’acteurs internationaux. Apparemm<strong>en</strong>t, le processus a redémarré p<strong>en</strong>dant la présid<strong>en</strong>ce deKufour (2001-2009) qui, d’après les médias, « [visait] à planter 300 000 hectares de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> <strong>en</strong>quelques années et [<strong>en</strong>courageait] sérieusem<strong>en</strong>t la culture <strong>en</strong> pépinière des semis appropriés pourdémarrer <strong>en</strong> force cette année. » 107La Société financière internationale (SFI) de la Banque mondiale dit qu’elle « s’est fortem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gagéedans la chaîne d’approvisionnem<strong>en</strong>t du secteur huilier, <strong>en</strong> investissant dans des plantations de <strong>palmier</strong>s à<strong>huile</strong> ». Au Ghana, les investissem<strong>en</strong>ts de la SFI fur<strong>en</strong>t de 12,5 millions USD <strong>en</strong> 2007. 108Plus récemm<strong>en</strong>t (<strong>en</strong> 2010), les médias ont parlé d’une « nouvelle stratégie mondiale [...] que les expertsdu Groupe Banque mondiale et de la Société financière internationale étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> train de développer.Cette stratégie, qui sera prête <strong>en</strong> septembre 2010, est c<strong>en</strong>sée faire démarrer tout de suite un programme deplusieurs millions de dollars concernant le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, à l’int<strong>en</strong>tion des décideurs et desgouvernem<strong>en</strong>ts ; il sera c<strong>en</strong>tré sur l’accès au financem<strong>en</strong>t, sur la certification, sur la politique d’utilisationdes terres, sur le transfert de technologie et sur le développem<strong>en</strong>t des infrastructures m<strong>en</strong>ant de laplantation au port, ainsi que sur les systèmes de prix et de marketing ». 109EuropeAid – dont la mission est de mettre <strong>en</strong> œuvre les instrum<strong>en</strong>ts d’aide extérieure de la Commissioneuropé<strong>en</strong>ne – s’occupe aussi activem<strong>en</strong>t de la question et a demandé à une société conseil de faire « desétudes de faisabilité et des plans pour l’établissem<strong>en</strong>t de raffineries d’<strong>huile</strong> de palme au Ghana ». <strong>Le</strong>srésultats permettront « la formulation des besoins supplém<strong>en</strong>taires de souti<strong>en</strong> gouvernem<strong>en</strong>tal, dont lamobilisation d’investissem<strong>en</strong>ts suffisants du secteur privé national et étranger pour l’établissem<strong>en</strong>t desraffineries d’<strong>huile</strong> de palme et des industries associées ».<strong>Le</strong> docum<strong>en</strong>t d’EuropeAid m<strong>en</strong>tionne « le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t de l’intérêt mondial et de la demande de ce produit aucours des dernières années », <strong>en</strong> tant que biocombustible, et donne l’exemple de « l’objectif de l’Union europé<strong>en</strong>nede réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % à l’horizon 2020 (<strong>en</strong> partie <strong>en</strong> exigeant que 10 % desautomobiles utilis<strong>en</strong>t des biocarburants) », qui « pourrait provoquer une forte augm<strong>en</strong>tation de la demande ». 110106 http://www.appropedia.org/Original:Small_Scale_Vegetable_Oil_Extraction_ 6.107 http://www.thefreelibrary.com/PSI,+a+sure+winner!+The+most+exciting+industrial+news+in+Ghana+must...-a0114926162.108 http://www.ifc.org/ifcext/agriconsultation.nsf/Attachm<strong>en</strong>tsByTitle/Discussion+Paper/$FILE/Discussion+Paper_FINAL.pdf.109 http://news.myjoyonline.com/business/201006/47320.asp.110 http://www.aca-expertise.com/aca_frameworks/framework_2009-11-20_16-39-19.pdf.35


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong> même docum<strong>en</strong>t rapporte que le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d « développer 10 000 hectares de plantations à courtterme, et plus de 100 000 hectares à moy<strong>en</strong> terme, pour sout<strong>en</strong>ir la transformation primaire, la manufacture et lacommercialisation de produits à valeur ajoutée à partir de l’<strong>huile</strong> de palme et de l’<strong>huile</strong> de palmiste. À long terme,on estime qu’il y aura 300 000 hectares de plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> et une nouvelle industrie oléo-chimique<strong>en</strong> place ». 111<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> GuinéeLa Guinée possède des <strong>palmier</strong>s naturels sur une superficie de près de deux millions d’hectares, mais trèspeu de <strong>palmier</strong>s ont été plantés dans le pays. 112 En Guinée, il n’y a pas de grandes plantations de<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. Selon les informations disponibles, <strong>en</strong> 2006, il y avait un total de 9000 hectares ycompris des palmeraies familiales et industrielles, 113 tandis que le <strong>palmier</strong> naturel (variété Dura)représ<strong>en</strong>tait plus de 90% des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. 114La production d’<strong>huile</strong> de palme est la première source de rev<strong>en</strong>u dans les exploitations agricoles <strong>en</strong>Guinée Forestière et <strong>en</strong> Basse Guinée. La production nationale d’<strong>huile</strong> de palme est estimé au maximum à50 000T/an dont:- 80% à partir du verger naturel (variété Dura) et- <strong>Le</strong> reste, <strong>en</strong>viron 9 000 T, est produit par la SOGUIPAH (Société guiné<strong>en</strong>ne de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> et hévéa)à partir de la variété T<strong>en</strong>era. 115La palmeraie plantée par la SOGUIPAH comptait <strong>en</strong> 2003 avec:- 1 500 ha de plantations industrielles et- 1 866 ha de plantations familiales. 116<strong>Le</strong>s plantations villageoises de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> sont actuellem<strong>en</strong>t très r<strong>en</strong>tables, même à très petiteéchelle (0,4 ha par famille). La filière « <strong>huile</strong> de palme » est caractérisée par la prés<strong>en</strong>ce de nombreuxacteurs au sein des deux filières industrielle et artisanale (planteurs, transformateurs artisanaux, industrie,commerçants). L’extraction artisanale d’<strong>huile</strong> est dev<strong>en</strong>ue une activité très rémunératrice pour une grandepartie des familles de la Guinée forestière et de la Guinée maritime, surtout pour les femmes. 117Dans le climat subéquatorial qui règne <strong>en</strong> Guinée Forestière, la fructification du <strong>palmier</strong>, même si elle sepoursuit toute l’année, est maximale à la fin de la saison sèche. <strong>Le</strong>s grimpeurs professionnels travaill<strong>en</strong>t<strong>en</strong> toute saison, mais sont rejoints par des occasionnels, agriculteurs, artisans ou même jeunes scolarisés,qui conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t leur activité sur deux ou trois mois. La récolte des régimes est un travail risqué etfaiblem<strong>en</strong>t rémunérateur ; il est poursuivi dans le cercle familial par les femmes qui extrai<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong>rouge et valoris<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t l’activité. A Gouécké, les grimpeurs professionnels dégag<strong>en</strong>t ainsi unrev<strong>en</strong>u moy<strong>en</strong> de 2 000 000 FG, tant par la v<strong>en</strong>te directe des régimes que par l’extraction de l’<strong>huile</strong>réalisée par leur femme. “Je gagne ma vie avec mon dos” dit l’un d’<strong>en</strong>tre eux, mais son rev<strong>en</strong>u annueldépasse largem<strong>en</strong>t celui d’un petit fonctionnaire. La saison de travail est plus courte pour les agriculteursqui grimp<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t après avoir défriché leur champ ; c’est pour cela qu’on ne les voit guère <strong>en</strong>brousse avant le mois de mars, mais ils poursuiv<strong>en</strong>t leur activité jusqu’aux grosses pluies de juillet. <strong>Le</strong>srev<strong>en</strong>us qu’ils <strong>en</strong> tir<strong>en</strong>t sont de l’ordre de 500 000 FG, apport ess<strong>en</strong>tiel puisqu’il permet non seulem<strong>en</strong>t111 http://www.aca-expertise.com/aca_frameworks/framework_2009-11-20_16-39-19.pdf.112 http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=3128113 http://www.hubrural.org/pdf/guinee_pnda_vision2015_synth.pdf114 http://www.hubrural.org/pdf/guinee_filiere_<strong>huile</strong>_palme_resume.pdf115 http://www.hubrural.org/pdf/guinee_filiere_<strong>huile</strong>_palme_resume.pdf116 http://www.hubrural.org/pdf/guinee_filiere_<strong>huile</strong>_palme_resume.pdf117 http://www.ifad.org/operations/projects/design/99/guinea.pdf36


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurd’acheter les sem<strong>en</strong>ces pour l’année <strong>en</strong> cours, mais aussi de se nourrir p<strong>en</strong>dant la période de soudure de lasaison des pluies et de payer les dettes de l’année. 118Il est intéressant de remarquer que 80% de la production artisanale est destinée au marché et la v<strong>en</strong>te del’<strong>huile</strong> de palme procure <strong>en</strong>viron :- 600 000 FG par famille et par an <strong>en</strong> Guinée Forestière- 800 000 FG par famille et par an <strong>en</strong> Guinée Maritime. 119L’importance croissante de l’<strong>huile</strong> de palme a apporté des changem<strong>en</strong>ts, tant <strong>en</strong> termes de paysage quesur des aspects sociaux :La recherche du numéraire s’est traduite par la prolifération de petits métiers, la généralisation du systèmedes “contrats” d’ouvriers agricoles travaillant à la journée tandis que les élém<strong>en</strong>ts traditionnels derégulation sociale étai<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus mis à contribution. L’un des plus importants actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>Guinée forestière, tant du point de vue économique que du point de vue de l’évolution des paysages estl’exploitation du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> “sauvage”. <strong>Le</strong> <strong>palmier</strong>, qui se développe dans des forêts secondaires,prospère sur les jachères où il domine les fourrés bas et les jeunes arbres. Dans la mesure où il est protégépar les agriculteurs, il constitue des groupem<strong>en</strong>ts d’autant plus d<strong>en</strong>ses que la zone est anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>toccupée. <strong>Le</strong> <strong>palmier</strong>, <strong>en</strong> Guinée Forestière, apparti<strong>en</strong>t à la communauté villageoise, et peut donc êtreexploité par quiconque. 120Mais le succès même de la filière de l’<strong>huile</strong> de palme a <strong>en</strong>traîné des crispations sur la cueillette desrégimes alors que l’exploitation du <strong>palmier</strong> sauvage était libre selon la tradition. <strong>Le</strong> litige porte sur lanotion de brousse ouverte où tout membre de la communauté villageoise a des droits. A Gouécké parexemple, où la d<strong>en</strong>sité de population est élevée et la terre clairem<strong>en</strong>t appropriée, les grimpeurs, lorsqu’ilsne se trouv<strong>en</strong>t pas sur les terres de leur lignage doiv<strong>en</strong>t demander l’autorisation aux “propriétaires” desjachères dans lesquelles se trouv<strong>en</strong>t les <strong>palmier</strong>s. De simple courtoisie, la demande est dev<strong>en</strong>ueobligatoire et l’autorisation, si elle est généralem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>ue, demande du temps et quelquefois unepersuasion d’ordre monétaire. 121La production industrielle d’<strong>huile</strong> de palme a égalem<strong>en</strong>t apporté des changem<strong>en</strong>ts importants au niveaurégional, tels que décrits dans un article de presse de 1996, duquel les extraits ci-dessous sont tirés :« A partir de 1988, la Société guiné<strong>en</strong>ne du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> (Soguipah) a <strong>en</strong>trepris de créer de nouvellesplantations avec des variétés améliorées. Dans la plaine de Nzérékoré, ces sem<strong>en</strong>ces, implantées dans desterres de bas-fonds drainées, ont très bi<strong>en</strong> poussé grâce à une pluviométrie abondante (2300 mm par an).Sur une production de régimes de près de 45 000 t par an, l’<strong>huile</strong>rie de Diécké ne parvi<strong>en</strong>t à traiter que 15700 t. Pour le reste, la Soguipah a été obligée de recourir à la filière de transformation artisanale. Pourabsorber les récoltes des plantations familiales, il a fallu créer huit c<strong>en</strong>tres de pressage employant au total1392 personnes. Trois autres c<strong>en</strong>tres employant 2000 personnes trait<strong>en</strong>t l’excéd<strong>en</strong>t de production desplantations industrielles que l’usine ne peut absorber. Sans jeu de mot, on peut dire que ces c<strong>en</strong>tresartisanaux tourn<strong>en</strong>t « à plein régime ». Situés au bord de cours d’eau, ils reçoiv<strong>en</strong>t des tonnes de noix depalme déversées par les camions de la Soguipah. <strong>Le</strong>s villageois comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t par égrapper les régimes,avant de faire bouillir les noix. Celles-ci sont <strong>en</strong>suite versées dans des fosses tapissées de pierres et debois. C’est là qu’on les écrase à coups de pilons. La pulpe obt<strong>en</strong>ue est lavée, puis pressée à la main.Vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite les opérations de cuisson, décantation et filtration. Il faut trois à cinq jours pour obt<strong>en</strong>irl’<strong>huile</strong> rouge à partir des noix de palme. « Officiellem<strong>en</strong>t, indique un cadre de la Soguipah, nous118 http://com.revues.org/index1066.html119 http://www.hubrural.org/pdf/guinee_filiere_<strong>huile</strong>_palme_resume.pdf120 http://com.revues.org/index1066.html121 http://com.revues.org/index1066.html37


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futuremployons 1500 salariés agricoles (pour les plantations et l’usine), mais avec l’extraction artisanale del’<strong>huile</strong>, personne ne peut déterminer aujourd’hui avec précision le nombre de g<strong>en</strong>s dont la vie est liée ànotre société. » Aujourd’hui, cette activité est si attrayante que certaines femmes ont quitté des régionssituées à des c<strong>en</strong>taines de kilomètres pour v<strong>en</strong>ir extraire l’<strong>huile</strong>. « Actuellem<strong>en</strong>t, avoue une “extractrice”,je gagne plus que mon mari. Je souhaite que cela dure pour que nous puissions <strong>en</strong>fin avoir un toit à nous.»L’extraction artisanale de l’<strong>huile</strong> de palme mobilise tous les bras valides de la région forestière. A telpoint que, selon un ag<strong>en</strong>t de la Soguipah, « il n’y a plus personne pour s’occuper des <strong>en</strong>fants : tout lemonde est obnubilé par les profits de l’extraction ». La transformation artisanale a créé une situation deplein-emploi tout à fait inédite dans cette région. Mais pour les responsables de l’<strong>huile</strong>rie, la solutionartisanale n’est qu’un pis-aller. La solution a déjà été trouvée, avec la construction d’une nouvelle <strong>huile</strong>ried’une capacité de 10 t/heure (quatre fois plus que l’installation actuelle). Cette unité, dont le montage adébuté le 20 février dernier, est financée par la Banque europé<strong>en</strong>ne d’investissem<strong>en</strong>t. Elle pourra traiter<strong>en</strong>viron 55 000 t/an. Sa mise <strong>en</strong> service permettra donc immédiatem<strong>en</strong>t de transformer la totalité de laproduction de la Soguipah et des plantations familiales. Ce qui se traduira par un arrêt brutal del’extraction artisanale. Du coup, les intérêts de milliers de personnes seront compromis. <strong>Le</strong>s femmeshabituées à manipuler des millions devront désormais se tourner vers d’autres activités, certainem<strong>en</strong>tmoins rémunératrices. »Une thèse prés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> 2007 fournit des informations sur des changem<strong>en</strong>ts subies après l’installation de lanouvelle usine de transformation :« De 1997 à 2003 <strong>en</strong>viron, la capacité de la nouvelle usine de 10 t/h a été bi<strong>en</strong> adaptée aux volumes issusdes plantations. A partir de 2003, cep<strong>en</strong>dant, elle a comm<strong>en</strong>cé à être dépassée <strong>en</strong> période de pointe : laSOGUIPAH pousse l’unité au-delà de ses capacités, <strong>en</strong> traitant 13 t/h p<strong>en</strong>dant 3 à 4 mois. En revanche,les autres mois de l’année, l’usine fonctionne <strong>en</strong> dessous de ses capacités. » Ces deux situations <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>tde nouveaux problèmes, car « un fort cont<strong>en</strong>tieux oppose la SOGUIPAH avec les planteurs sous contratqui transform<strong>en</strong>t eux mêmes une partie de leur production, pour faire face à des besoins de trésorerie. »« La première conséqu<strong>en</strong>ce pour la SOGUIPAH est la réduction de sa production totale d’<strong>huile</strong>. La raretédes régimes <strong>en</strong> saison des pluies <strong>en</strong>traîne une forte concurr<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la collecte par la SOGUIPAH et latransformation par les producteurs qui souhait<strong>en</strong>t tirer profit de la hausse des prix saisonnière de l’<strong>huile</strong>.Bi<strong>en</strong> que la SOGUIPAH augm<strong>en</strong>te elle aussi le prix d’achat des régimes <strong>en</strong> octobre-novembre, puisqu’ilest indexé sur le prix de l’<strong>huile</strong> sur les marchés régionaux, il y a un retard dans cet ajustem<strong>en</strong>t. D’autrespart, les problèmes de trésorerie des producteurs à cette période (fin de soudure, r<strong>en</strong>trée des classes) lesincit<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t à produire l’<strong>huile</strong> pour une rev<strong>en</strong>te immédiate. »« Pour s’opposer à la transformation de saison des pluies, des contrôles sont m<strong>en</strong>és dans les villages, et lematériel peut être saisi par la police. <strong>Le</strong>s planteurs les plus visiblem<strong>en</strong>t contrev<strong>en</strong>ants sont fréquemm<strong>en</strong>trappelés à l’ordre. »L’<strong>en</strong>semble des changem<strong>en</strong>ts dans la région semblai<strong>en</strong>t nécessiter une série d’études, avec une largeparticipation des populations locales et <strong>en</strong> particulier des femmes, sur le modèle de plantations de<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> qu’il était souhaitable d’établir dans le pays.Toutefois, cela n’a pas eu lieu et les plans actuels (2007, « Politique nationale de développem<strong>en</strong>t agricoleVision 2015 ») du gouvernem<strong>en</strong>t ont comme objectif d’accroître les superficies de palmeraies familialeset industrielles <strong>en</strong> Basse Guinée et <strong>en</strong> Guinée forestière à 15 000 ha <strong>en</strong> 2015 et augm<strong>en</strong>ter la productiond’<strong>huile</strong> de palme <strong>en</strong> passant de 34 000 tonnes <strong>en</strong> 2005 à 84 000 tonnes <strong>en</strong> 2015 (dont 50 000 tonnes autitre des nouvelles plantations de SOGUIPAH). 122122 http://www.hubrural.org/pdf/guinee_pnda_vision2015_synth.pdf38


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Guinée-Bissau<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> (palmeira d<strong>en</strong>dém) pousse naturellem<strong>en</strong>t dans la majeure partie du pays, y comprisdans sa partie insulaire. Dans un article publié <strong>en</strong> 1925, on décrit la dispersion de l’espèce de la façonsuivante :« Il est prés<strong>en</strong>t dans toute la Guinée, quoiqu’avec une d<strong>en</strong>sité supérieure sur le littoral. <strong>Le</strong>s troisprincipales régions de palmeraies sont dans des îles de l’archipel de Bijagos, côte de Baixo, commePecixe e Jata, à S. Domingos, et dans une petite zone sur les rives du fleuve Geba, <strong>en</strong>tre Bambadinca etBafatá. On trouve aussi des palmeraies importantes dans l’intérieur de la Province ». 123La même source explique que « les indigènes, dans la majorité des cas, se limit<strong>en</strong>t à utiliser le <strong>palmier</strong> telqu’ils le trouv<strong>en</strong>t dans la forêt, soit qu’ils <strong>en</strong> récolt<strong>en</strong>t les fruits pour <strong>en</strong> extraire l’<strong>huile</strong> de palme et lagraine (qui <strong>en</strong> Guinée s’appelle caroço), soit qu’ils <strong>en</strong> extrai<strong>en</strong>t le vin de palme ». 124Quant à ce dernier,la même étude raconte que « Dans toute la Guinée, l’indigène extrait du <strong>palmier</strong> le vinde palme, surtout les balantas, les papeis, les manjacos et les felupes », et ajoute que « généralem<strong>en</strong>t,l’indigène ne le consomme pas frais. Il le laisse ferm<strong>en</strong>ter de un à trois jours, ce qui le transforme <strong>en</strong> uneboisson alcoolisée très appréciée avec laquelle il s’<strong>en</strong>ivre ». 125En 1879, le Portugal déclara la Guinée-Bissau province portugaise. Un coup d’état militaire au Portugalam<strong>en</strong>a au pouvoir le dictateur Antonio de Salazar <strong>en</strong> 1926. Son régime répressif transforma la Guinée-Bissau <strong>en</strong> une vaste plantation d’arachide et de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. 126 <strong>Le</strong> travail forcé s’imposa dansl’extraction de l’<strong>huile</strong> de palme et dans les plantations de riz et d’arachides. 127Aujourd’hui, les palmeraies abond<strong>en</strong>t dans les zones côtières. Il s’agit de <strong>palmier</strong>s qui naiss<strong>en</strong>tspontaném<strong>en</strong>t et que les personnes protèg<strong>en</strong>t lors du débroussaillage de la terre qui prépare le sol pour saculture. La récolte et le traitem<strong>en</strong>t des fruits secs s’ét<strong>en</strong>d de mars à juillet, puis comm<strong>en</strong>ce la récolteagricole.La récolte des fruits est une activité masculine, mais le reste du traitem<strong>en</strong>t (trituration, criblage erraffinage des noix palmistes) est m<strong>en</strong>é à bi<strong>en</strong> par les femmes, qui ont aussi la responsabilité de négocier lav<strong>en</strong>te de l’<strong>huile</strong> (voir des photos du processus sur http://www.att<strong>en</strong>zionefoto.com/features_show.php?id=84).Pour produire à plus grande échelle, les femmes se réuniss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>groupes d’<strong>en</strong>traide temporaire, <strong>en</strong> associations ou dans la famille même. Ces groupes fourniss<strong>en</strong>t à Bissaul’<strong>huile</strong> de palme locale, qui est plus appréciée que l’<strong>huile</strong> raffinée importée à laquelle on la préfère,malgré son prix supérieur, parce qu’il <strong>en</strong> faut moins pour qu’un plat ait une saveur agréable.Ces groupem<strong>en</strong>ts ont une fonction vitale dans la transformation de la marchandise et sa livraison auxmarchés urbains. Sans eux, les fruits du <strong>palmier</strong> serai<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>t utilisés pour leur consommation parles familles rurales, sauf les fruits des bouquets de <strong>palmier</strong>s proches de la capitale que l’on v<strong>en</strong>d dans lesmarchés bruts de tout traitem<strong>en</strong>t. Cette valorisation <strong>en</strong>courage les agriculteurs à protéger les <strong>palmier</strong>s, et<strong>en</strong> même temps à réaliser quelques améliorations et des plantations.L’<strong>huile</strong> de palme est aussi une source de rev<strong>en</strong>us importante pour le pays. Au Sénégal, c’est une <strong>huile</strong> deluxe. C’est pour cela que la Guinée-Bissau exporte ses excéd<strong>en</strong>ts vers ce pays.123 http://tiny.cc/4tucv.124 http://tiny.cc/4tucv.125 http://tiny.cc/rkpt6.126 http://spot.pcc.edu/~mdembrow/Guinea-Bissau%20Fact%20Sheet.htm.127 http://www.harambee.es/conoce_africa-pais.aspx?idpais=8.39


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurComme dans bi<strong>en</strong> d’autres pays d’<strong>Afrique</strong> (Cameroun, Liberia, Sierra <strong>Le</strong>one, Tanzanie, Nigeria, Ghana),l’<strong>en</strong>treprise néerlandaise de gestion et de consultants HVA International a fait pour divers cli<strong>en</strong>ts desétudes de projets de production d’<strong>huile</strong> de palme <strong>en</strong> Guinée-Bissau. 128 Cep<strong>en</strong>dant, jusqu’à prés<strong>en</strong>t, aucuninvestisseur ne semble sérieusem<strong>en</strong>t intéressé par ce pays.Si l’on considère les excell<strong>en</strong>tes conditions pour le développem<strong>en</strong>t de cette culture dans le pays, il estprobable que ce manque d’intérêt soit dû à l’instabilité politique dont pâtit le pays depuis l’assassinat deson chef historique Amilcar Cabral <strong>en</strong> 1973. D’autre part, plus récemm<strong>en</strong>t, le pays semble s’êtretransformé <strong>en</strong> un « narco-État », avec une forte prés<strong>en</strong>ce et influ<strong>en</strong>ce des traficants de droguecolombi<strong>en</strong>s. 129Dans ce contexte, les t<strong>en</strong>tatives du gouvernem<strong>en</strong>t actuel pour attirer des investisseurs 130 sembl<strong>en</strong>t avoirpeu de chances de réussir.<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Guinée Équatoriale<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est originaire de cette région, où l’on <strong>en</strong> recueille la sève pour obt<strong>en</strong>ir du vin de palme,des dattes pour la cuisine et de l’<strong>huile</strong> de fabrication artisanale familiale. Traditionnellem<strong>en</strong>t, le produitétait exporté avant la création des plantations, qui parvinr<strong>en</strong>t à couvrir 7 000 hectares <strong>en</strong> 1968. Cesplantations se développèr<strong>en</strong>t à partir de variétés sélectionnées de meilleur r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t, importées d’Asie.Bi<strong>en</strong> qu’on ait fini par les abandonner, elles continu<strong>en</strong>t à produire quelques régimes, semblables à ceuxdes <strong>palmier</strong>s autochtones, pour la consommation familiale. En tous cas, la récolte est très difficile àregrouper, à cause de la dissémination des arbres. Ainsi, bi<strong>en</strong> qu’il existe de petites fabriques d’<strong>huile</strong> et desavon, la production des <strong>palmier</strong>s, <strong>en</strong> fait, s’utilise seulem<strong>en</strong>t pour la consommation familiale. L’<strong>huile</strong>obt<strong>en</strong>ue artisanalem<strong>en</strong>t par les familles est peu appréciée sur le marché à cause de sa qualité irrégulière. 131Historiquem<strong>en</strong>t, la production agricole coloniale fut ori<strong>en</strong>tée vers l’exportation. Il est important designaler que la Guinée Équatoriale était géographiquem<strong>en</strong>t divisée <strong>en</strong> deux parties : la contin<strong>en</strong>tale(fleuve Muni) et l’insulaire (Bioko et diverses autres îles). <strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t agricole principal eut sonc<strong>en</strong>tre à Bioko, dont le climat et le sol s’adaptai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> à la culture du café et du cacao. 132 Dans la partiecontin<strong>en</strong>tale, la production de produits coloniaux ne comm<strong>en</strong>ça pas avant le début du XX e siècle. Laproduction du café et du cacao y prédominèr<strong>en</strong>t, mais les plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> finir<strong>en</strong>t pardev<strong>en</strong>ir plus importantes. 133 En termes généraux, « p<strong>en</strong>dant l’époque coloniale et jusqu’à l’indép<strong>en</strong>dance,l’agriculture (d’exportation) de la République de Guinée Équatoriale fut un système de monocultureconcernant ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t le café, le cacao et l’<strong>huile</strong> de palme ». 134Il faut remarquer que le pays a une longue et sombre histoire <strong>en</strong> matière de plantations. A l’époque où ilfut colonie espagnole, l’économie d’exportation s’établit sur la mise <strong>en</strong> place de grandes plantations decafé et de cacao, et aussi de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. <strong>Le</strong> travail dans les plantations était <strong>en</strong> général une forme(mal) déguisée de travail d’esclaves appelée « prestations », où les personnes étai<strong>en</strong>t obligées à travaillersans aucune rémunération. En même temps, les coupables de m<strong>en</strong>us délits étai<strong>en</strong>t condamnés à« collaborer » p<strong>en</strong>dant un certain temps aux « travaux collectifs ». Tout cela était accompagné d’unepolitique de terreur basée sur l’extermination physique de tous ceux qui refusai<strong>en</strong>t de fournir leurs« prestations ». 135128 http://www.hvainternational.nl/oil_palm.htm.129 http://www.taringa.net/posts/noticias/1288185/Guinea-Bissau_-el-primer-narco-Estado-del-mundo.html.130 http://www.waw2010.com/waw_mag_001_ENG_a4.pdf.131 http://pdf2.biblioteca.hegoa.efaber.net/ebook/14645/Estructura_economica_de_Guinea_Ecuatorial.pdf,http://javiermorillas.blogspot.com/2006/09/la-estructura-econmica-de-guinea.html.132 http://www.sirtewaterand<strong>en</strong>ergy.org/docs/reports/EquatorialGuinea-Draft2.pdf.133 http://www.afrol.com/es/especiales/13277134 http://www.ifad.org/ev<strong>en</strong>ts/gc/33/speech/eq_guine.htm.135 Voir “Las atrocidades del T<strong>en</strong>i<strong>en</strong>te Ayala <strong>en</strong>40


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurSi l’on parle <strong>en</strong> général des divers types de plantations traditionnelles (café, cacao, bananes, coco, <strong>palmier</strong>à <strong>huile</strong>, etc.), à l’époque actuelle on constate des difficultés dans la production dues « à l’état dedétérioration des plantations et à la diminution de la main d’œuvre ». Sur ce dernier point, on affirme que« le manque d’espérances dans le secteur est <strong>en</strong> train de provoquer l’exode massif de la main d’œuvrevers d’autres activités où les ouvriers trouv<strong>en</strong>t une meilleure r<strong>en</strong>tabilité et un amortissem<strong>en</strong>t plusimmédiat de leurs efforts à bref délai ou à moy<strong>en</strong> terme ». 136Une des raisons avancées pour expliquer le faible développem<strong>en</strong>t du secteur du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est « lemanque d’un bon réseau de routes qui empêche de mieux r<strong>en</strong>tabiliser les améliorations dans laproduction artisanale familiale ». Ce facteur limitant est maint<strong>en</strong>ant abordé à partir des divers accordspassés <strong>en</strong>tre le gouvernem<strong>en</strong>t de Guinée Équatoriale et plusieurs <strong>en</strong>treprises – aux capitaux d’origines fortdiverses : brésili<strong>en</strong>s 137 , français 138 , marocains 139 , belges 140 et chinois 141 , <strong>en</strong>tre autres – qui ont déjà<strong>en</strong>trepris de construire des routes et d’autres infrastructures.Quant à la rareté de la main d’œuvre, il existe toujours la possibilité que le présid<strong>en</strong>t Théodore ObiangNguéma (connu pour son habitude de violer les droits de l’homme) fasse de nouveau appel, s’il le jugeaitnécessaire, aux vieilles, connues et redoutées « prestations » de l’époque coloniale.<strong>Le</strong>s perspectives sembl<strong>en</strong>t indiquer un possible développem<strong>en</strong>t futur <strong>en</strong> matière de plantations de <strong>palmier</strong>à <strong>huile</strong>. Dans ce s<strong>en</strong>s, on dit que « le <strong>palmier</strong> est une des ressources aux meilleures perspectives dedéveloppem<strong>en</strong>t, avec un contexte agroclimatique exceptionnellem<strong>en</strong>t favorable, et des terrestopographiquem<strong>en</strong>t aptes aux plantations industrielles associées aux plantations familiales. Pour cela, ilserait nécessaire de résoudre les car<strong>en</strong>ces du transport et de la main d’œuvre, de mobiliser desinvestisseurs locaux ou étrangers et, à bref délai, d’avoir recours à des prix d’interv<strong>en</strong>tion pour lesoléagineux » 142 .Bi<strong>en</strong> sûr, pour que les bénéfices de tels investissem<strong>en</strong>ts puiss<strong>en</strong>t parv<strong>en</strong>ir à l’imm<strong>en</strong>se majorité depauvres qui réussiss<strong>en</strong>t à peine à survivre dans ce pays riche <strong>en</strong> pétrole, il faudrait d’abord résoudrequelques problèmes parmi les plus aigus. Par exemple, celui de la distribution de la richesse, qui finit surles comptes <strong>en</strong> banque de ceux qui déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le pouvoir et dans les coffres des <strong>en</strong>treprises pétrolières quiexploit<strong>en</strong>t les ressources. Et aussi, bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, le problème des droits de l’homme, qui sont bafouésdepuis plus de tr<strong>en</strong>te ans par celui qui a assumé le gouvernem<strong>en</strong>t après avoir r<strong>en</strong>versé et fait exécuter lechef d’État antérieur : le présid<strong>en</strong>t actuel, Théodore Obiang.http://www.elpais.com/articulo/reportajes/atrocidades/t<strong>en</strong>i<strong>en</strong>te/Ayala/elpepusocdmg/20080210elpdmgrep_7/Tes.136 http://www.angelfire.com/sk2/guineaecuatorial/agricolforo.htm.137 http://www.hoy.es/ag<strong>en</strong>cias/20100705/mas-actualidad/internacional/obiang-lula-firmaran-acuerdos-asist<strong>en</strong>cia_201007051224.html,http://www.bbc.co.uk/portuguese/noticias/2010/07/100705_acordo_guine_pu_aw.shtml.138 Bouygues terrassem<strong>en</strong>t: http://www.bouygues-construction.com/18i/groupe/pres<strong>en</strong>ce-dans-le-monde.html, Razel France:http://www.razel.fr/fr/_chantiers.html.139 Somagec (Marruecos empresa de construcciones portuarias), http://somagecge.blogspot.com/.140 http://www.comercio.mityc.es/tmpDocsCanalPais/82716239361F4B0C76E7C6CE9FA5FF19.pdf.141 http://www.comercio.mityc.es/tmpDocsCanalPais/82716239361F4B0C76E7C6CE9FA5FF19.pdf.142 http://pdf2.biblioteca.hegoa.efaber.net/ebook/14645/Estructura_economica_de_Guinea_Ecuatorial.pdf.41


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> au Liberia<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est indigène de vastes régions du Liberia, où le climat tropical et chaud crée lesconditions nécessaires pour qu’il prospère. L’intérieur du pays est d<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t boisé et on y trouve descollines et des montagnes qui atteign<strong>en</strong>t 1 380 m de hauteur. Ces zones montagneuses convi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> àcertains arbres et cultures commerciales, ainsi qu’à l’agrosylviculture. En fait, la culture du <strong>palmier</strong> à<strong>huile</strong> est traditionnelle dans les régions de l’intérieur. 143La moitié de l’<strong>huile</strong> de palme libéri<strong>en</strong>ne est produite dans de petits établissem<strong>en</strong>ts par 220 000 femmes ethommes qui récolt<strong>en</strong>t les fruits dans les forêts où les <strong>palmier</strong>s pouss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> abondance. 144 Pourtant, ce sontsurtout les femmes qui se charg<strong>en</strong>t de transformer les fruits <strong>en</strong> <strong>huile</strong> de palme rouge par des méthodestraditionnelles. 145 Ces derniers temps, l’USAID et Winrock International ont <strong>en</strong>couragé l’utilisation de cequ’ils appell<strong>en</strong>t Freedom Mill (moulin de la liberté), 146 une méthode plus efficace d’extraire l’<strong>huile</strong> dufruit. Il serait bon de savoir ce que p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t les femmes libéri<strong>en</strong>nes de ce nouvel outil, qui pourrait affaiblirleur rôle traditionnel dans la production de l’<strong>huile</strong> de palme.<strong>Le</strong> reste de l’<strong>huile</strong> de palme produite dans le pays provi<strong>en</strong>t des plus de 70 000 hectares de plantations de<strong>palmier</strong>s que l’on comm<strong>en</strong>ça à établir dans les années 1970. 147Ces dernières années, le Liberia est dev<strong>en</strong>u la cible de grandes <strong>en</strong>treprises qui souhait<strong>en</strong>t y faire desplantations de grandes dim<strong>en</strong>sions. C’est le cas de Gold<strong>en</strong> VerOleum (Indonésie), Equatorial Palm Oil(Royaume-Uni) et Sime Darby (Malaisie).Cette poussée est décrite par le gouvernem<strong>en</strong>t dans sa « prés<strong>en</strong>tation au Fonds de part<strong>en</strong>ariat pour lecarbone forestier de la Banque mondiale » (2008), qui dit que « le gouvernem<strong>en</strong>t libéri<strong>en</strong> est inondé dedemandes pour [...] l’expansion des plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> pour la production debiocombustibles ». 148Bi<strong>en</strong> que le gouvernem<strong>en</strong>t reconnaisse que les forêts « risqu<strong>en</strong>t d’être affectées à d’autres utilisations dusol après la récolte » et que « les pressions pour cette conversion vont augm<strong>en</strong>ter lorsque les investisseurschercheront des zones où ils pourront obt<strong>en</strong>ir de nouvelles concessions pour la plantation d’hévéas et de<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> (et pour la production de biocombustibles) », 149 ces investissem<strong>en</strong>ts bénéfici<strong>en</strong>t d’un fortsouti<strong>en</strong> du gouvernem<strong>en</strong>t libéri<strong>en</strong>, ainsi que d’institutions influ<strong>en</strong>tes telles que l’USAID et le ministère del’Agriculture des États-Unis (USDA). 150La Banque mondiale aussi est impliquée dans la promotion du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> au Liberia. En 2008, laSociété financière internationale de la Banque (SFI) prés<strong>en</strong>ta au gouvernem<strong>en</strong>t les conclusions d’unerecherche où étai<strong>en</strong>t évalués la compétitivité du pays et les investissem<strong>en</strong>ts pot<strong>en</strong>tiels dans ce domaine.Un article de presse repr<strong>en</strong>ait les paroles du représ<strong>en</strong>tant perman<strong>en</strong>t de la SFI, Jumoke Jagun, qui avait ditque le secteur avait le pot<strong>en</strong>tiel « d’attirer des investissem<strong>en</strong>ts privés considérables, et d’être un facteurdéterminant de la croissance, le développem<strong>en</strong>t et la création d’emplois dans le pays ». 151Un événem<strong>en</strong>t important dans le processus de création des conditions nécessaires pour l’expansion desplantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> fut l’atelier de deux jours organisé à Monrovia <strong>en</strong> janvier 2010, et dont143 http://www.tabj.co.za/africa_in_action/may10_aia/liberating_liberia_how_equatorial_palm_oil_and_the_palm_oil_indu.html.144 http://www.usaid.gov/press/frontlines/fl_mar10/p12_liberia100318.html.145 Voir http://www.pahte.com/Liberia__Lofa.html, où la photo “Part of processing palm oil, Kolahun Lofa County” montre une partie duprocessus.146 http://www.youtube.com/watch?v=vLt0FTXg2KM.147 ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/009/ah213e/ah213e00.pdf.148 http://www.forestcarbonpartnership.org/fcp/sites/forestcarbonpartnership.org/files/Docum<strong>en</strong>ts/PDF/Liberia_FCPF_R-PIN.pdf.149 http://www.forestcarbonpartnership.org/fcp/sites/forestcarbonpartnership.org/files/Docum<strong>en</strong>ts/PDF/Liberia_FCPF_R-PIN.pdf.150 http://www.liberianobserver.com/node/4144.151 http://www.africa-agri.com/liberia-govt-secures-huge-investm<strong>en</strong>t-in-palm-oil-production/.42


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurl’objectif était de « mettre <strong>en</strong> rapport les principales parties pr<strong>en</strong>antes de l’industrie du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> [...]et de dresser un schéma directeur pour l’industrie libéri<strong>en</strong>ne du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> ». L’atelier était organisépar le ministère de l’Agriculture, <strong>en</strong> collaboration avec Mercy Corps, Sustainable Tree Crops Program(STCP) et Winrock International, et sponsorisé par l’USAID, l’USDA et l’OPAL (Oil Palm Associationof Liberia). 152<strong>Le</strong>s « principales parties pr<strong>en</strong>antes de l’industrie du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> » sont aujourd’hui les suivantes :1) Sime Darby, une société malaise qui, <strong>en</strong> 2009, signa un contrat avec le gouvernem<strong>en</strong>t libéri<strong>en</strong>pour une concession d’une durée de 63 ans. Aux termes de ce contrat, la société obtint uneconcession de 220 000 hectares (dans les comtés de Bomi, Gbarpolu, Grand Cape Mount et Bong)où elle fera des plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> et d’hévéa. Environ 80 % de cette surface – près de180 000 hectares – seront consacrés au <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. Au départ, 120 000 hectares du totalavai<strong>en</strong>t été alloués à une autre compagnie malaise (Guthrie) ; le réc<strong>en</strong>t accord fournit à SimeDarby les 100 000 hectares restants. 153 , 1542) Equatorial Palm Oil, une compagnie dont le siège est au Royaume-Uni, occupe au total 169 000hectares (dans les comtés de Grand Bassa, River Cess et Sinoe), dont 89 000 hectares aux termesd’un contrat de concession passé avec le gouvernem<strong>en</strong>t libéri<strong>en</strong> et le reste grâce à un protocoled’accord antérieur passé avec un groupe libéri<strong>en</strong>. À prés<strong>en</strong>t, la compagnie a 10 000 hectaresplantés de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. 1553) Gold<strong>en</strong> Agri Resources, une compagnie inscrite à Singapour et qui apparti<strong>en</strong>t au groupeindonési<strong>en</strong> Sinar Mas. Elle <strong>en</strong> est aux dernières étapes de la négociation d’un contrat deconcession avec le gouvernem<strong>en</strong>t libéri<strong>en</strong>. La compagnie prévoit de cultiver des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>sur 240 000 hectares (dont 40 000 ha <strong>en</strong> sous-traitance) dans le Sud-Est du Liberia, plusprécisém<strong>en</strong>t dans les comtés de Sinoe, Grand Kru et Maryland, afin de produire plus d’un millionde tonnes d’<strong>huile</strong> de palme par an. 156Au total, ces trois <strong>en</strong>treprises étrangères aurai<strong>en</strong>t 629 000 hectares de plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, cequi est énorme pour un pays comme le Liberia, dont la superficie est d’<strong>en</strong>viron 11 millions d’hectares.<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> à MadagascarÀ l’opposé de son énorme utilité sociale dans le contin<strong>en</strong>t africain, le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> africain est d’uneimportance limitée à Madagascar. 157 Cela est probablem<strong>en</strong>t dû au fait que ce <strong>palmier</strong> semble avoir étéintroduit dans l’île avec la traite des esclaves. 158 Il ne fait donc pas partie de la culture de ses peuples. <strong>Le</strong><strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> qui pousse sur l’île est tout à fait unique, ayant un tronc court et de petits fruits. 159Vers les années 1967-1968, le Ministère chargé de l’Agriculture a déployé une politique agricoledénommée “les grandes opérations agricoles” visant à stimuler la relance des industries agricoles par lacréation de grandes cultures à l’échelle industrielle pour approvisionner sur place <strong>en</strong> matières premièresles agro-industries prioritaires afin de fournir à l’économie nationale, d’une part, des produits desubstitution à l’importation, et d’autre part, de produits nouveaux pour l’exportation. Dans ce cadre, le152 http://www.liberianobserver.com/node/4144.153 http://allafrica.com/stories/200905050726.html.154 http://www.afriqueav<strong>en</strong>ir.org/<strong>en</strong>/2010/04/05/new-rubber-company-comm<strong>en</strong>ces-oil-palm-plantation-in-liberia/.155 http://www.tabj.co.za/africa_in_action/may10_aia/liberating_liberia_how_equatorial_palm_oil_and_the_palm_oil_indu.html.156 http://farmlandgrab.org/10208.157 http://www.fao.org/docrep/x0451e/x0451e09.htm158 http://library.wur.nl/ojs/index.php/njas/article/viewFile/506/220159 http://www.ias.ac.in/jg<strong>en</strong>et/Vol89No2/temp/jg235.pdf43


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurgouvernem<strong>en</strong>t a mis <strong>en</strong> place l’opération <strong>palmier</strong>s à l’<strong>huile</strong> à Tamatave pour approvisionner une <strong>huile</strong>rie,la Société Malgache du Palmier à Huile (SOMAPALM). 160Dans le but d’améliorer l’autosuffisance de Madagascar <strong>en</strong> produits oléagineux comestibles, le Fondseuropé<strong>en</strong> de développem<strong>en</strong>t, a d’abord financé l’établissem<strong>en</strong>t et plus tard la réhabilitation (1985) deSOMAPALM. La société d’État a établi des plantations et des <strong>huile</strong>ries à deux sites (Toamasina etManakara). 161La filière <strong>huile</strong> a comm<strong>en</strong>cé sa mutation vers les années 1990. Plusieurs <strong>huile</strong>ries (Huilerie c<strong>en</strong>trale,SOMAPALM, INDOSUMA) ont fermé, 162 tandis que le gouvernem<strong>en</strong>t a accepté d’<strong>en</strong>gager un processusde privatisation (sous la pression de la Banque mondiale). SOMAPALM a été classée parmi les<strong>en</strong>treprises d’Etat à être v<strong>en</strong>dus au secteur privé. 163 Toutefois, le processus a été plus compliquée queprévu et au final, la société qui l’a achetée a dû le faire <strong>en</strong> sachant qu’elle ne pouvait acheter que l’usineet la plantation, mais pas la terre. 164La situation dans le secteur du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> a semblé changer de façon spectaculaire lorsque la sociétéMadagascar Future Enterprise (propriété de la sud-coré<strong>en</strong>ne Daewoo) a annoncé ses plans pourl’établissem<strong>en</strong>t de 300.000 hectares de plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> dans le pays.Toutefois, le projet Daewoo a provoqué l’opposition généralisée. En novembre 2008, Madagascar estpropulsé à la une de l’actualité internationale suite aux informations publiées par le Financial Times 165 :la société sud-coré<strong>en</strong>ne, Daewoo Logistics, serait <strong>en</strong> pourparlers avec le gouvernem<strong>en</strong>t malgache pourdisposer de 1.300.000 hectares de terres cultivables dans quatre régions côtières. Daewoo <strong>en</strong>visageait deproduire 500.000 tonnes d’<strong>huile</strong> de palme dans les régions de l’Est (300.000 hectares de plantations) et4.000.000 de tonnes de maïs dans la partie occid<strong>en</strong>tale de l’île (1.000.000 hectares), dont l’ess<strong>en</strong>tieldevait être exporté vers le marché coré<strong>en</strong>. 166Ce projet de grande ampleur a immédiatem<strong>en</strong>t été dénoncé par les mouvem<strong>en</strong>ts d’opposition au régimedu présid<strong>en</strong>t Ravalomanana, accusé de brader le patrimoine national à des étrangers. Cette accusations’est r<strong>en</strong>forcée avec la révélation par le journal <strong>Le</strong> Monde d’un autre projet agro-industriel m<strong>en</strong>é par lasociété indi<strong>en</strong>ne Varun International dans la région de Sofia sur plus de 200 000 hectares. La contestationa <strong>en</strong> partie été orchestrée par des relais internationaux, qui ont mobilisé l’opinion publique des paysoccid<strong>en</strong>taux. A Madagascar, elle s’est ajoutée aux rev<strong>en</strong>dications nationales, et a contribué à la chute dugouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> mars 2009. Ces deux projets sont aujourd’hui susp<strong>en</strong>dus et leurs principaux promoteursont quitté le pays. 167Deux autres projets de plantation à grande échelle de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> sont <strong>en</strong> att<strong>en</strong>te d’approbation :1) Sithe Global (compagnie d’énergie des États-Unis) : 60.000 hectares destinés à la production debiodiesel ;2) <strong>Le</strong>s Cultures du Cap Est (société malgache, financé par un groupe indi<strong>en</strong>) : 9.100 hectares, y comprisl’ext<strong>en</strong>sion d’une plantation déjà établie de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> (1.000 ha). 168160 http://www.fao.org/docrep/004/ab597f/AB597F01.htm161 http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?refer<strong>en</strong>ce=IP/85/545&format=HTML&aged=1&language=EN&guiLanguage=<strong>en</strong>162 http://www.madadoc.mg/9349_SectorReviewPart<strong>en</strong>ariat.pdf163 http://www.fdi.net/docum<strong>en</strong>ts/<strong>World</strong>Bank/databases/plink/factsheets/madagascar.htm164 http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PDABI538.pdf165 http://us.ft.com/ftgateway/superpage.ft?news_id=fto111820081356372891166 http://www.observatoire-foncier.mg/index.php?mode=download&type=list (Après Daewoo ?)167 http://www.observatoire-foncier.mg/index.php?mode=download&type=list (Après Daewoo ?)168 http://www2.gtz.de/wbf/4tDx9kw63gma/gtz2010-0063<strong>en</strong>-foreign-direct-investm<strong>en</strong>t-madagascar.pdf44


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> au Nigeria<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurL’<strong>Afrique</strong> occid<strong>en</strong>tale était autrefois le c<strong>en</strong>tre de l’industrie de l’<strong>huile</strong> de palme. L’exportation de noyauxde <strong>palmier</strong> avait comm<strong>en</strong>cé <strong>en</strong> 1832 et, <strong>en</strong> 1911, l’<strong>Afrique</strong> occid<strong>en</strong>tale « britannique » <strong>en</strong> exportait, à elleseule, 157 000 tonnes, dont près de 75 % v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t du Nigeria. Dans les années 1870, les administrateursbritanniques introduisir<strong>en</strong>t la plante <strong>en</strong> Malaisie et, <strong>en</strong> 1934, ce pays dépassa le Nigeria et devint lepremier exportateur du produit. Avec le Nigeria et le Zaïre <strong>en</strong> tête, l’<strong>Afrique</strong> resta le premier producteuret exportateur mondial d’<strong>huile</strong> de palme p<strong>en</strong>dant la première moitié du 20 e siècle mais, <strong>en</strong> 1966, laproduction d’<strong>huile</strong> de palme de la Malaisie et de l’Indonésie avait surpassé celle de tout le contin<strong>en</strong>tafricain. 169 , 170Au Nigeria, le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est originaire de la plaine côtière et il a migré vers l’intérieur où il estdev<strong>en</strong>u le principal produit agricole. Pour des millions de Nigérians, le <strong>palmier</strong> fait partie de leur mode devie, et même de leur culture. Pourtant, depuis quelques déc<strong>en</strong>nies le pays importe de l’<strong>huile</strong> de palme.Tandis qu’au début des années 1960 la production d’<strong>huile</strong> de palme du Nigeria représ<strong>en</strong>tait 43 % de laproduction mondiale, aujourd’hui elle n’<strong>en</strong> représ<strong>en</strong>te plus que 7 %. 171Quatre-vingts pour c<strong>en</strong>t de la production provi<strong>en</strong>t de petits propriétaires épars qui exploit<strong>en</strong>t des plantessemi-sauvages et emploi<strong>en</strong>t des techniques de traitem<strong>en</strong>t artisanales. Ils sont plusieurs millions, disperséssur une surface qui, suivant les estimations, est de 1,65 millions d’hectares 172 , de 2,4 millionsd’hectares 173 ou de 3 millions d’hectares. 174Comme on l’a constaté dans le cas de l’État d’Akwa Ibom, les femmes jou<strong>en</strong>t un rôle important dans laproduction, dans le stockage et dans la commercialisation de l’<strong>huile</strong> de palme rouge (pour plusd’information voir plus loin l’annexe 1).En ce qui concerne les plantations, elles occup<strong>en</strong>t, suivant les estimations, <strong>en</strong>tre 169 000 hectares (dont72 000 ha apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à l’État et 97 000 ha à des petits propriétaires) 175 et 360 000 hectares. 176 , 177 , 178Bi<strong>en</strong> de ces plantations sont le résultat des t<strong>en</strong>tatives passées du gouvernem<strong>en</strong>t d’établir de grandesplantations qui, pour la plupart, se soldèr<strong>en</strong>t par un échec total. Ce fut le cas du projet de l’État de CrossRiver dans les années 1960, et du « Programme de développem<strong>en</strong>t rural de la ceinture de <strong>palmier</strong> à<strong>huile</strong> » financé par l’Union europé<strong>en</strong>ne dans les années 1990. Ce projet comportait de planter 6 750hectares de <strong>palmier</strong>s dans une zone considérée comme une des plus grandes forêts tropicales humides quirestai<strong>en</strong>t au Nigeria. L’<strong>en</strong>treprise chargée de la mise <strong>en</strong> œuvre était Risonpalm Ltd., qui appart<strong>en</strong>ait <strong>en</strong>partie à l’État. Malgré l’opposition locale, le projet fut exécuté et le financem<strong>en</strong>t de l’UE ne cessa qu’<strong>en</strong>1995, sept ans après son approbation. 179 La plantation fut abandonnée <strong>en</strong> 1999 et réactivée <strong>en</strong> 2003. 180 En2010, le gouverneur local annonça son int<strong>en</strong>tion de la privatiser, déclarant que « nous n’allons plusinvestir de l’arg<strong>en</strong>t dans Risonpalm » et que « nous allons faire v<strong>en</strong>ir des g<strong>en</strong>s qui y mettront leur arg<strong>en</strong>tet qui gèreront très bi<strong>en</strong> l’<strong>en</strong>treprise ». 181169 http://news.bbc.co.uk/2/shared/spl/hi/picture_gallery/08/africa_nigerian_palm_oil/html/1.stm.170 http://www.fao.org/DOCREP/005/y4355e/y4355e03.htm.171 http://www.wrm.org.uy/bulletin/47.html#Nigeria.172 http://ageconsearch.umn.edu/bitstream/11483/1/sp97-05.pdf.173 http://www.cambridge.org/us/books/kiple/palmoil.htm.174 http://www.wrm.org.uy/plantations/material/OilPalm.pdf.175 http://www.cambridge.org/us/books/kiple/palmoil.htm.176 http://www.wrm.org.uy/plantations/material/OilPalm.pdf.177 http://www.nigerianmuse.com/20080819050044zg/projects/sci<strong>en</strong>ce-technology/the-mirage-of-palm-oil-availability-by-mattheweshalomi/.178 http://www.stocknewsline.com/regions/africa/how-to-resuscitate-oil-palm-industry-by-stakeholders/.179 http://www.wrm.org.uy/bulletin/47/Nigeria.html.180 http://news.biafranigeriaworld.com/archive/2003/apr/07/0264.html.181 http://www.facebook.com/note.php?note_id=309809493976.45


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurLa Banque mondiale a joué un rôle important dans la promotion de l’industrie du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> auNigeria. D’après un docum<strong>en</strong>t réc<strong>en</strong>t de la Banque, le Nigeria a été « le deuxième bénéficiaire des projetsde la Banque mondiale dans le secteur de l’<strong>huile</strong> de palme, avec six projets <strong>en</strong>trepris dans la période allantde 1975 à 2009. Un projet est <strong>en</strong>core <strong>en</strong> cours d’exécution ». <strong>Le</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us inclu<strong>en</strong>t la plantationde 42 658 ha de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, l’amélioration des routes et l’augm<strong>en</strong>tation de la capacité detraitem<strong>en</strong>t. 182La gestion gouvernem<strong>en</strong>tale des plantations étatiques s’est avérée désastreuse. <strong>Le</strong> gouverneur de l’État deRivers a dit il y a peu de temps : « <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t a mis tant d’arg<strong>en</strong>t dans Risonpalm, et tant depersonnes se sont <strong>en</strong>richies <strong>en</strong> le volant que, maint<strong>en</strong>ant, nous n’y mettrons plus d’arg<strong>en</strong>t pour quepersonne ne puisse nous le voler ». 183Ainsi, beaucoup de producteurs de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> ont fini par hériter des plantations que le gouvernem<strong>en</strong>tavait abandonnées, qui ont été subdivisées et louées à des privés. Certains ont constitué des sociétés àresponsabilité limitée, et ils ont des plantes plus jeunes, dont certaines n’ont pas <strong>en</strong>core fructifié, alors quela plupart des plantations ont plus de 30 ans. 184<strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t fédéral semble disposé maint<strong>en</strong>ant à revitaliser la production de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. Enavril 2010, il a lancé, avec l’Organisation pour le développem<strong>en</strong>t industriel de l’ONU (ONUDI) et legouvernem<strong>en</strong>t du Cameroun, un projet dans le cadre du Common Fund for Commodities « afind’améliorer le pot<strong>en</strong>tiel de génération de rev<strong>en</strong>us du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> occid<strong>en</strong>tale et c<strong>en</strong>trale ».L’initiative est développée par l’ONUDI et le financem<strong>en</strong>t est apporté par le Nigeria, le Cameroun,l’ONUDI et le secteur privé. 185Dans ce même s<strong>en</strong>s, des fonctionnaires de l’Institut nigérian de recherche <strong>en</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> (NIFORd’après l’anglais) ont récemm<strong>en</strong>t déclaré que « la participation du secteur privé dans la plantation de<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> est fondam<strong>en</strong>tale pour relancer cette affaire dans le pays ». <strong>Le</strong> directeur du NIFOR, DereOkiy, a déclaré que « le système foncier du pays » est un « facteur limitant qui conspire contre laproduction massive d’<strong>huile</strong> de palme par des particuliers » et il a « appelé les gouvernem<strong>en</strong>ts locaux etétatiques à fournir des terres aux agriculteurs pour les <strong>en</strong>courager à produire de l’<strong>huile</strong> de palme <strong>en</strong>quantité ». 186L’augm<strong>en</strong>tation des importations d’<strong>huile</strong> de palme – que la plupart des Nigérians emploi<strong>en</strong>t comme <strong>huile</strong>comestible – expliquerait pourquoi le gouvernem<strong>en</strong>t a comm<strong>en</strong>cé à s’intéresser à la produire. Tel pourraitêtre le cas de Presco, une filiale de l’<strong>en</strong>treprise belge Siat S.A. qui a des plantations de <strong>palmier</strong>s dans deuxconcessions situées à Edo (la propriété Obaretin, de 7 000 hectares, et la propriété Ologbo, de 6 000hectares), et une autre dans l’État du Delta (la propriété Cowan, de 3 000 hectares). L’<strong>en</strong>treprisetransforme le fruit du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> pour <strong>en</strong> tirer plusieurs produits. 187Néanmoins, l’actuelle poussée mondiale pour l’utilisation de l’<strong>huile</strong> de palme comme matière premièrepour la production de biodiesel est probablem<strong>en</strong>t une meilleure explication.La société itali<strong>en</strong>ne Fri-El Gre<strong>en</strong> Power <strong>en</strong> est un bon exemple. Elle comm<strong>en</strong>ça par évaluer <strong>en</strong> 2005 lepot<strong>en</strong>tiel du Nigeria pour la production d’<strong>huile</strong> de palme et, <strong>en</strong> 2007, le premier accord de privatisationfut signé : il s’agissait de la plantation Abia-Palm (une plantation étatique située dans le Sud du pays). Enjuillet 2008, la Fri-El Abia Palm Ltd. fut inaugurée officiellem<strong>en</strong>t par le gouverneur de l’État d’Abia, au182 http://www.ifc.org/ifcext/agriconsultation.nsf/Attachm<strong>en</strong>tsByTitle/Discussion+Paper/$FILE/Discussion+Paper_FINAL.pdf.183 http://www.facebook.com/note.php?note_id=309809493976.184 http://www.insipub.com/jasr/2009/827-832.pdf.185 http://allafrica.com/stories/201004290225.html.186 http://www.nigerianbestforum.com/g<strong>en</strong>eraltopics/?p=52105.187 http://www.presco-plc.com/index.cfm/page:company-profile.46


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurcours d’une cérémonie qui eut lieu à Ohambele. Peu après comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t les travaux de réhabilitation dela plantation et, <strong>en</strong> même temps, la vieille <strong>huile</strong>rie de Mbwasi était réparée et mise <strong>en</strong> production. 188L’<strong>en</strong>treprise itali<strong>en</strong>ne prévoit d’utiliser plus tard l’<strong>huile</strong> de palme fabriquée au Nigeria pour fairefonctionner à la biomasse liquide des c<strong>en</strong>trales électriques europé<strong>en</strong>nes. Fri-El Gre<strong>en</strong> Power possède80 % des parts du projet, tandis que les 20 % restants sont au gouvernem<strong>en</strong>t de l’État d’Abia, qui al’obligation d’<strong>en</strong> transférer 10 % à la communauté locale. L’<strong>en</strong>treprise a une concession de 11 292hectares qui inclut l’anci<strong>en</strong>ne plantation d’Abia Palm, et elle a le droit de l’élargir jusqu’à 100 000 ha. 189Malgré la pénurie d’électricité dont souffre le Nigeria, Fri-El Gre<strong>en</strong> Power ne prévoit pas de fournir del’électricité au pays. D’après le présid<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>treprise, Thomas Gostner, « nous avons le projetd’investir dans la plantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, de traiter les fruits et de les transformer <strong>en</strong> électricité <strong>en</strong>Europe ». Dans le meilleur des cas, « les <strong>huile</strong>ries pourront produire aussi un peu d’électricité à usagelocal, à partir des déchets ». 190Tout semble indiquer que les plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> vont se multiplier au Nigeria, que ce soit <strong>en</strong>réactivant les anci<strong>en</strong>nes ou <strong>en</strong> <strong>en</strong> créant de nouvelles. Dans les deux cas, l’objectif est le marché nationalet international. <strong>Le</strong>s populations locales doiv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte que les gouvernem<strong>en</strong>ts locaux etétatiques pourrai<strong>en</strong>t à l’av<strong>en</strong>ir – comme le demande le NIFOR – « fournir des terres aux agriculteurs pourles <strong>en</strong>courager à produire de l’<strong>huile</strong> de palme <strong>en</strong> quantité ». 191Annexe 1 : <strong>Le</strong>s femmes huilières de l’État d’Akwa IbomL’<strong>huile</strong> de palme rouge est un ingrédi<strong>en</strong>t courant dans la préparation de presque tous les plats nigérians.L’État d’Akwa Ibom, situé sur la côte sud-ori<strong>en</strong>tale du Nigeria, est une des régions où cette <strong>huile</strong> estproduite <strong>en</strong> grandes quantités, surtout par des femmes.En effet, ce sont presque toujours les femmes qui se charg<strong>en</strong>t de la transformation des fruits <strong>en</strong> <strong>huile</strong>végétale. Cela comm<strong>en</strong>ce par la récolte des fruits mûrs, qui pouss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> régimes de 20 à 30 kilos. <strong>Le</strong>sfemmes travaill<strong>en</strong>t <strong>en</strong> groupes de 2 ou 3. On coupe <strong>en</strong>tre 10 et 20 régimes de fruits mûrs, on les sépare <strong>en</strong>petits rameaux et on les asperge d’eau. Ensuite, on les couvre de sacs de toile de jute épaisse ou defeuilles de bananier pour favoriser la ferm<strong>en</strong>tation et faciliter la séparation des fruits de leurs tigesépineuses.Deux ou trois jours plus tard, les fruits sont lavés et mis dans des bidons de fer où on les fait bouillir. Ils’agit d’un processus fastidieux. <strong>Le</strong> feu de bois est souv<strong>en</strong>t allumé la nuit précéd<strong>en</strong>te et attisérégulièrem<strong>en</strong>t pour maint<strong>en</strong>ir la température de cuisson. Vers 4 ou 5 heures du matin, on sort de l’eau lesfruits bouillis, dont le péricarpe charnu est dev<strong>en</strong>u mou et t<strong>en</strong>dre, à l’aide d’un panier ou d’une passoire,pour les mettre dans un mortier fait d’un bidon métallique placé dans un creux dans le sol. Là ils sontécrasés avec un pilon <strong>en</strong> bois pour séparer les noyaux durs du péricarpe charnu.L’étape suivante consiste à mettre ce mélange dans un récipi<strong>en</strong>t plat ou sur le sol préalablem<strong>en</strong>t recouvertde feuilles de bananier. Là, les noyaux sont séparés de la pulpe fibreuse. Ensuite, on les fait passer dansune presse cylindrique. Il faut tourner la manivelle l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t et peu à peu ; l’<strong>huile</strong> ainsi extraite passe parles trous de la presse, elle est recueillie dans un tuyau qui est au fond et déversée dans un grand bol ouautre récipi<strong>en</strong>t. Cette manœuvre est répétée plusieurs fois pour extraire toute l’<strong>huile</strong> du mélange fibreux.188 http://www.tradeinvestnigeria.com/feature_articles/964299.htm.189 http://www.tradeinvestnigeria.com/feature_articles/964299.htm.190 http://www.tradeinvestnigeria.com/feature_articles/964299.htm.191 http://www.nigerianbestforum.com/g<strong>en</strong>eraltopics/?p=52105.47


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurEnsuite, il faut faire couler soigneusem<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong> dans des récipi<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> veillant à éviter le passage detoute fibre, saleté ou autre substance étrangère. Si la production est abondante, le produit fini est stockédans de grands bidons métalliques <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant que les cli<strong>en</strong>ts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les acheter à ces femmes et lestransporter dans leurs villes. Si la quantité n’est pas aussi importante, l’<strong>huile</strong> est v<strong>en</strong>due au marché local.Dans les deux cas, ce sont les femmes d’Akwa Ibom qui gard<strong>en</strong>t l’arg<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> travail est assommant, maisl’<strong>huile</strong> est de première qualité si le producteur a de l’expéri<strong>en</strong>ce.Extrait de “Oil Wom<strong>en</strong> of Akwa Ibom State”, de Patrick B. Akpan, http://akwaibomstate.com/?p=209.Annexe 2: <strong>Le</strong> foulage du fruit du <strong>palmier</strong> pour la fabrication d’<strong>huile</strong> de palmeUne série de diapositives de la BBC décrit <strong>en</strong> images la fabrication de l’<strong>huile</strong> de palme. 192<strong>Le</strong> processus est le suivant :« Une fois que les fruits ont été récoltés et apportés à la maison, les femmes s’occup<strong>en</strong>t de la productionde l’<strong>huile</strong>. Elles mett<strong>en</strong>t les fruits chauds dans un tronc évidé, placé à l’ombre. Une femme monte dessuset marche d’un bout à l’autre dans les deux s<strong>en</strong>s. Quand on y ajoute de l’eau, la pulpe comm<strong>en</strong>ce à sedétacher du noyau, dégageant un jus gras et jaune. Quand la femme le foule aux pieds, le mélange fait desbruits de succion et des clapotem<strong>en</strong>ts. Il colle à ses orteils et tache ses pieds d’un jaune vif jusqu’auxchevilles.Dans cet État il y a deux <strong>en</strong>droits qui ont des machines pour faire cela, mais les g<strong>en</strong>s n’y port<strong>en</strong>t plus leurrécolte parce que la police demande des pots-de-vin à ceux qui transport<strong>en</strong>t des marchandises, de sortequ’ils n’y gagn<strong>en</strong>t plus ri<strong>en</strong>.Il a fallu 48 heures pour traiter la production d’une poignée d’arbres. Cette quantité de fruits va nousdonner un jerrycan d’<strong>huile</strong>, à peu près 20 litres, dit une femme. Cela leur rapportera 3 000 nairas (20USD, ou 14 £). P<strong>en</strong>dant la saison humide elles peuv<strong>en</strong>t faire davantage d’<strong>huile</strong>, mais le prix baisse.<strong>Le</strong>s commerçants vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t acheter les noyaux pour les transformer à leur tour. <strong>Le</strong>s noyaux sont d’abordgrillés, puis cassés. L’amande blanche et translucide qu’ils conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t peut être mangée, mais elle aussiest riche <strong>en</strong> <strong>huile</strong>. On l’extrait par un processus plus compliqué et on <strong>en</strong> fait une sorte d’<strong>huile</strong> toniqueavec laquelle les g<strong>en</strong>s frott<strong>en</strong>t le corps de leurs <strong>en</strong>fants. Ils dis<strong>en</strong>t que cela prévi<strong>en</strong>t les rhumes et lagrippe.Source : “In pictures: Nigerian palm oil”, Andrew Walker<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> OugandaDans le cas de l’Ouganda, le Fonds international de développem<strong>en</strong>t agricole des Nations unies (FIDA) aété à l’avant-garde – et il l’est <strong>en</strong>core – de la facilitation et du souti<strong>en</strong> de l’investissem<strong>en</strong>t étranger dansl’industrie de l’<strong>huile</strong> de palme.Cet investissem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>ça <strong>en</strong> 2003, lorsque le gouvernem<strong>en</strong>t du pays, le FIDA et des investisseursprivés étrangers fir<strong>en</strong>t équipe pour mettre <strong>en</strong> oeuvre un projet dans l’île de Buggala du district deKalangala (qui est composé de plusieurs îles dans le lac Victoria). <strong>Le</strong> projet consiste à planter dans l’île10 000 ha de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, dont 6 500 ha correspondront à la plantation-mère et 3 500 ha à des petitspropriétaires <strong>en</strong> régime de sous-traitance. 193192 http://news.bbc.co.uk/2/shared/spl/hi/picture_gallery/08/africa_nigerian_palm_oil/html/4.stm.193 http://www.wrm.org.uy/countries/Uganda/Kalangala.pdf.48


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurCe projet est un élém<strong>en</strong>t du Projet de développem<strong>en</strong>t de l’<strong>huile</strong> végétale, que le gouvernem<strong>en</strong>t a mis <strong>en</strong>oeuvre pour <strong>en</strong> accroître la production. <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t, le FIDA, la Banque mondiale et la société OilPalm Uganda Limited y particip<strong>en</strong>t. Cette dernière est composée de Wilmar, un conglomérat deSingapour spécialisé dans l’<strong>huile</strong> de palme, et de BIDCO, une <strong>en</strong>treprise huilière. <strong>Le</strong> projet a reçu duFIDA un prêt de 19,9 millions USD, tandis que le gouvernem<strong>en</strong>t y a contribué avec 12 millions USDpour l’achat de terres, l’électrification et les routes. 194 En juillet 2010, le gouvernem<strong>en</strong>t cherchait à faireapprouver par le parlem<strong>en</strong>t un prêt de 52 millions USD du FIDA, destiné à développer la production de<strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> dans le pays. 195À ce jour, 10 000 hectares ont été affectés au <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> dans l’île de Buggala. Il y a des recherches<strong>en</strong> cours pour ét<strong>en</strong>dre la plantation de <strong>palmier</strong>s sur le contin<strong>en</strong>t, mais 2 000 hectares ont déjà été prévus àcette fin sur l’île de Buvuma. <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t a accepté de fournir 30 000 hectares supplém<strong>en</strong>taires surle contin<strong>en</strong>t, dont 20 000 ha pour la plantation-mère et 10 000 ha pour des sous-traitants et des petitsagriculteurs. 196<strong>Le</strong> ministre de l’Agriculture, Aggrey Bagire, a dit que des essais avai<strong>en</strong>t démarré à Buvuma, Kibaale,Kabarole, Hoima, Masindi, Bundibugyo, Bugiri, Jinja, Iganga et Masaka, où il serait possible que le<strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> prospère. 197 En outre, une étude réc<strong>en</strong>te a signalé que le <strong>palmier</strong> peut croître aussi dans lesdistricts de Mukono, Mayuge, Oyam, Amolatar, Dokolo et Bungibugyo. 198<strong>Le</strong>s plantations de l’île de Buggala ont déjà suscité des problèmes écologiques et sociaux, qui ont étérépertoriés dans une étude commandée par le Forum d’ONG du district de Kalangala 199 et que l’on peutrésumer comme suit :Effets socio-économiques– Violation des droits territoriaux des peuples autochtones et des communautés locales– Perte du filet de sauvetage que représ<strong>en</strong>te la terre– Violations des droits de l’homme– Impossibilité d’accès aux ressources et conflits qui <strong>en</strong> résult<strong>en</strong>t– Augm<strong>en</strong>tation soudaine du prix de la terre– Destruction de l’économie villageoise– Exposition à des risques pour la santé– Insécurité alim<strong>en</strong>taire– Perte du patrimoine culturel et de ses valeurs– InsécuritéEffets sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t– Impact sur la diversité biologique– Pressions accrues sur les Réserves de la forêt c<strong>en</strong>trale– Diminution des produits forestiers– Déboisem<strong>en</strong>t– Érosion du sol– Assèchem<strong>en</strong>t des zones humides– Perturbation du microclimat– Emploi de produits chimiques pour l’agriculture194 http://www.newvision.co.ug/D/8/220/710786.195 http://www.soyatech.com/news_story.php?id=19297.196 http://www.wrm.org.uy/countries/Uganda/Kalangala.pdf.197 http://www.soyatech.com/news_story.php?id=19297.198 http://www.landcoalition.org/cpl-blog/?p=4420.199 “A study to id<strong>en</strong>tify key issues for <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t about the oil palm project in Ssese Islands Kalangala district: a case study of Buggala andBunyama Island in Kalangala District”, mars 2009,http://www.wrm.org.uy/countries/Uganda/Kalangala.pdf.49


– Diminution des brise-v<strong>en</strong>t<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurEn ce qui concerne les forêts, il est important de noter que l’usine de traitem<strong>en</strong>t de l’<strong>huile</strong> utilise le boiscomme source d’énergie, <strong>en</strong> dépit du fait que plus de 40 % des forêts ont été détruites pour faire place auxplantations. Cela veut dire que les réserves forestières qui rest<strong>en</strong>t sont la prochaine cible pourl’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> biomasse, puisque l’<strong>en</strong>treprise ne possède aucune parcelle boisée pour alim<strong>en</strong>terl’usine. 200Or, le gouvernem<strong>en</strong>t a décidé d’ignorer ces réclamations et le présid<strong>en</strong>t du pays, Yoweri Musev<strong>en</strong>i, acritiqué les écologistes <strong>en</strong> disant que « ... certaines personnes voulai<strong>en</strong>t y faire obstacle parce qu’ellesvoulai<strong>en</strong>t protéger les papillons au lieu du développem<strong>en</strong>t. Mais les papillons peuv<strong>en</strong>t aller vivreailleurs ». 201Tandis que le présid<strong>en</strong>t élude la question <strong>en</strong> parlant des papillons, la directrice du programme du FIDA,Marian Bradley, apporte un argum<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t hors de propos : celui des orangs-outangs. Elle a dit que« les ONG n’ont pas été capables de reconnaître les efforts que l’industrie a faits pour remettre de l’ordredans ce qu’elle fait. Par ext<strong>en</strong>sion, cela a été appliqué à l’Ouganda. Si une <strong>en</strong>treprise porte atteinte àl’habitat des orangs-outangs <strong>en</strong> Malaisie, alors l’industrie du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> doit porter atteinte à l’habitat<strong>en</strong> Ouganda ». 202Or, le fait est que les plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> sont <strong>en</strong> train d’<strong>en</strong>dommager l’habitat <strong>en</strong> Ouganda etqu’elle aurait dû parler des singes plutôt que des orangs-outangs. Harriet Saawo, responsable desressources naturelles du district, a dit que BIDCO avait détruit 40 % du couvert forestier naturel deBuggala. Paul Drichi, directeur des plantations du Service forestier national, a déclaré que la destructiondes forêts naturelles de Buggala avait mis <strong>en</strong> danger les animaux sauvages qui <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, comme parexemple les singes. D’après ce que le journaliste de l’IPS, Wambi Michael, a vu <strong>en</strong> novembre 2009, « onvoyait les singes vagabonder partout. <strong>Le</strong>s habitants de la zone se plaignai<strong>en</strong>t que les singes détruisai<strong>en</strong>tles cultures plus souv<strong>en</strong>t qu’autrefois, sans doute pour chercher de nouvelles sources de nourrituremaint<strong>en</strong>ant que la forêt originelle avait disparu ». 203 En avril 2010, les autorités du district de Kalangalaont pris une mesure drastique : elles ont ordonné de tuer tous les singes pour protéger les <strong>palmier</strong>s à<strong>huile</strong>, 204 parce que les singes mang<strong>en</strong>t les fruits mûrs du <strong>palmier</strong> et représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une grave m<strong>en</strong>ace pour leprojet. 205De ce fait, non seulem<strong>en</strong>t les singes mais aussi le secteur du tourisme feront les frais de la destruction del’habitat. Une tr<strong>en</strong>taine de touristes vont chaque jour à Kalangala, où les singes sont une des attractionsprincipales. Dans son Camping touristique de Hornbill, Dicker Whitmann a dit : « Ils veul<strong>en</strong>t nous obligerà fermer, parce que la plupart des touristes qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t veul<strong>en</strong>t voir les singes. L’autre jour, j’ai reçu ungroupe d’étudiants d’une université britannique qui étai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us uniquem<strong>en</strong>t pour cela. Donc, si on tuetous les singes, quelle raison auront les touristes pour continuer de v<strong>en</strong>ir ici ? ». 206Pourtant, le principal problème associé à l’expansion des plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> (et d’autrescultures pour la fabrication d’agrocombustibles, comme la canne à sucre) est l’impact que cela risqued’avoir sur la sécurité alim<strong>en</strong>taire de la population. Morrison Rwakakamba, secrétaire général de laChambre ougandaise de commerce, a déclaré que « nous considérons que l’alim<strong>en</strong>tation passe <strong>en</strong> premier200 Kureeba David, NAPE – Uganda, communication personnelle, 2010.201 http://ipsnews.net/news.asp?idnews=49113.202 http://ipsnews.net/news.asp?idnews=50881.203 http://ipsnews.net/news.asp?idnews=49113.204 Tous ceux qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la queue d’un singe reçoiv<strong>en</strong>t une récomp<strong>en</strong>se de 2 000 shillings ougandais. L’administration de Kalangala avaitcomm<strong>en</strong>cé par ordonner de tuer les chi<strong>en</strong>s de l’île parce qu’ils essayai<strong>en</strong>t aussi de goûter aux fruits (Kureeba David, NAPE – Ouganda,communication personnelle, 2010).205 http://www.observer.ug/index.php?option=com_cont<strong>en</strong>t&task=view&id=8034&Itemid=59.206 http://observer.ug/index.php?option=com_cont<strong>en</strong>t&view=article&id=8034:kalangala-decides-to-exterminatemonkeys&catid=78:topstories&Itemid=59.50


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>en</strong> matière de sécurité, pour nos membres et pour le pays, et, <strong>en</strong> ce qui concerne les biocombustibles,notre principale demande est que le gouvernem<strong>en</strong>t accélère la définition de sa politique et desréglem<strong>en</strong>tations pertin<strong>en</strong>tes ». À propos du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, il a ajouté que « nous considérons qu’il s’agitde mesures non durables, qui impliqu<strong>en</strong>t d’ouvrir les forêts à la destruction pour planter des <strong>palmier</strong>s à<strong>huile</strong> ou de la canne à sucre ». 207À partir de son analyse des conséqu<strong>en</strong>ces sociales et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales des plantations de BIDCO et dela m<strong>en</strong>ace de destruction de 30 000 hectares supplém<strong>en</strong>taires de forêt tropicale, le rapport du Forum desONG du district de Kalangala conclut que « tout cela met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce qu’il est nécessaire de fairequelque chose contre la prolifération des plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Ouganda ». 208<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> au République C<strong>en</strong>trafricaineLa palmeraie naturelle de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> couvre <strong>en</strong>viron 18 000 hectares dans la zone forestière et préforestièredu pays et est exploitée <strong>en</strong> cueillette traditionnelle pour la consommation domestique. 209En 1953, une expéri<strong>en</strong>ce de paysannat avait été lancée à Kembé (Basse-Kotto) pour « valoriser lapalmeraie naturelle et mettre <strong>en</strong> place 1 400 hectares supplém<strong>en</strong>taires de <strong>palmier</strong>s sélectionnés. » Ce futun échec à peu près total. Vers 1967 il n’y avait que 800 hectares de plantations de <strong>palmier</strong>s sélectionnés,médiocrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ues. 210En 1986, l’État a inaugurée l’usine de la C<strong>en</strong>trafricaine des <strong>palmier</strong>s (CENTRAPALM) à Bossongo, avecune superficie totale de 2500 hectares plantés 211 . Cette société publique avait le monopole de productiond’<strong>huile</strong> de palme 212 . La production moy<strong>en</strong>ne des années 1988 à 1992 a été de l’ordre de 3 000 tonnes 213 .Vers 2003, c’était de 2 500 tonnes d’<strong>huile</strong>. 214<strong>Le</strong> plan était d’installer un total de 5 000 hectares dans la même région pour une production de 16 000tonnes d’<strong>huile</strong> à l’horizon 2000. Il était prévu de créer des plantations villageoises de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>dans un rayon de 50 km autour du complexe industriel de Bossongo. 215D’autres palmeraies villageoises se retrouvai<strong>en</strong>t dans la zone forestière de l’Ouest et de l’Est du pays etservai<strong>en</strong>t à la production d’<strong>huile</strong> destinée à l’autoconsommation. 216Dans le cadre de la privatisation des <strong>en</strong>treprises publiques impulsées par le FMI et la Banque mondiale, ilest intéressant de noter les difficultés r<strong>en</strong>contrées dans le processus de privatisation de CENTRAPALM.C’est ainsi qu’un docum<strong>en</strong>t de l’OMC a rapporté <strong>en</strong> 2007 que « L’État déti<strong>en</strong>t toujours 100 pour c<strong>en</strong>t dela C<strong>en</strong>trafricaine des <strong>palmier</strong>s (CENTRAPALM), l’<strong>en</strong>treprise publique de production d’<strong>huile</strong> de palme,inscrite au programme de privatisation. Cette <strong>en</strong>treprise connaît des difficultés financières récurr<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>raison de la vieillesse de ses plantations de <strong>palmier</strong>s (<strong>en</strong>viron 2 500 hectares, dont 400 hectares sont souseau), de la vétusté de son matériel et équipem<strong>en</strong>t et de sa capacité de transformation limitée. Cesdifficultés min<strong>en</strong>t sa compétitivité, fortem<strong>en</strong>t éprouvée par les produits importés des pays voisins. … <strong>Le</strong>s207 http://256news.com/page.php?aid=1280.208 http://www.wrm.org.uy/countries/Uganda/Kalangala.pdf.209 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113x_1967_num_42_4_2622#210 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113x_1967_num_42_4_2622#211 http://www.leconfid<strong>en</strong>t.net/CENTRAPALM-UN-JOYAU-QUI-SE-MEURT_a4741.html212 http://mahamat-alhafiz.over-blog.com/article-11463074.html213 http://bch-cbd.naturalsci<strong>en</strong>ces.be/rca/contributions/monographies/magemarapport.pdf214 http://www.unep.org/biosafety/Docum<strong>en</strong>ts/C<strong>en</strong>tral_%20African%20_Republic_NBF.pdf215 http://bch-cbd.naturalsci<strong>en</strong>ces.be/rca/contributions/monographies/magemarapport.pdf216 http://bch-cbd.naturalsci<strong>en</strong>ces.be/rca/contributions/monographies/magemarapport.pdf51


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurproductions d’<strong>huile</strong> de palme et de palmistes se sont respectivem<strong>en</strong>t établies à 1 846 et 214 tonnes <strong>en</strong>2005, contre respectivem<strong>en</strong>t 2400 et 300 tonnes <strong>en</strong> 2004. … Environ 70-80 pour c<strong>en</strong>t du chiffre d’affairesde la CENTRAPALM provi<strong>en</strong>t de v<strong>en</strong>tes d’<strong>huile</strong> aux <strong>en</strong>treprises de droit privé HUSACA et SAVEX pourla fabrication du savon. » 217Que ce soit par le feu, l’abs<strong>en</strong>ce de gestion ou le vieillissem<strong>en</strong>t des plantations, <strong>en</strong> 2009-2010 la218 219palmeraie de CENTRAPALM avait passée de 2500 à 1000 hectares.Compte t<strong>en</strong>u de la faible production d’<strong>huile</strong> comestible par CENTRAPALM, une grande partie de l’offreintérieure de l’<strong>huile</strong> de palme est faite par la contrebande (notamm<strong>en</strong>t du Congo-Kinshasa) 220 ou par laproduction artisanal, principalem<strong>en</strong>t à partir de palmeraies naturelles. 221Une exception est la ville de Bangassou, qui est l’une des rares du pays où la production artisanale d’<strong>huile</strong>de palme est très développée, à partir de plantations familiales. 222Un autre aspect à souligner est l’importance du marché local du vin de palme. En 1992, après un inc<strong>en</strong>diequi avait détruit plus de 30 ha de <strong>palmier</strong>s et <strong>en</strong>dommagé les superficies avoisinantes, la C<strong>en</strong>trapalm s’estdébarrassée de 114 ha de palmeraies trop dégradées. Ces portions de plantation ont été rachetées par desparticuliers qui les ont transformées <strong>en</strong> un gigantesque chantier de production de vin de palme, un produittrès apprécié de la population et dont l’écoulem<strong>en</strong>t ne r<strong>en</strong>contre aucune difficulté. 223En ce qui concerne le commerce de l’<strong>huile</strong> de palme <strong>en</strong> relation avec les femmes, il nous a été impossiblede trouver des informations docum<strong>en</strong>tées sur ce sujet <strong>en</strong> RCA, mais les deux exemples suivants serv<strong>en</strong>tau moins à illustrer son importance dans des situations de crise :Par exemple, lorsque Ange-Félix Patasse a assumé la présid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> 1993, de nombreux changem<strong>en</strong>ts sontsurv<strong>en</strong>us au niveau des fonctionnaires de l’Etat. Un résultat a été que « Du jour au l<strong>en</strong>demain, certainescompatriotes [<strong>en</strong>seignantes] se muèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> v<strong>en</strong>deuses d’<strong>huile</strong> de palme car elles seules pouvai<strong>en</strong>ts’approvisionner <strong>en</strong> cette matière première localem<strong>en</strong>t, à Bossongo. <strong>Le</strong>s autres devai<strong>en</strong>t traverserl’Oubangui pour s’approvisionner à Zongo, au Zaïre (R.D. Congo)… » 224<strong>Le</strong> deuxième exemple concerne les femmes victimes de viols : lors d’une r<strong>en</strong>contre pour discuter de leursituation, elles ont évoquée comme une de leurs principales requêtes “Obt<strong>en</strong>ir de l’aide afin d’améliorerleur commerce d’<strong>huile</strong> de palme ou de karité 225 ”. 226217 http://www.wto.org/fr<strong>en</strong>ch/tratop_f/tpr_f/s183-04_f.doc218 http://www.leconfid<strong>en</strong>t.net/CENTRAPALM-UN-JOYAU-QUI-SE-MEURT_a4741.html219 http://radiondekeluka.net/economie/item/1437-22-mois-d%E2%80%99arri%C3%A9r%C3%A9s-de-salaire-220 http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=1981221 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113x_1967_num_42_4_2622#222 http://www.cf.undp.org/Profil%20de%20pauvrete%20par%20ville/Urbain/Profil%20pauvret%C3%A9%20Bangassou.doc223 http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=1981224 http://www.sozoala.com/palabre/reflexions/devoirdememoire.PDF225 Butyrospermum parkii226 http://www.c<strong>en</strong>traf-sf.org/compte_r<strong>en</strong>du_mission_clem<strong>en</strong>tine2.pdf52


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futur<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> République démocratique du CongoAu début du 20ème siècle, la palmeraie naturelle couvrait au Congo plus d’un million d’hectares, dont250.000 avai<strong>en</strong>t été jugés exploitables d’une manière semi int<strong>en</strong>sive. <strong>Le</strong> district du Kwilu, dans leBandundu, avec ses imm<strong>en</strong>ses palmeraies naturelles, est resté durant de très nombreuses années le plusgros producteur d’<strong>huile</strong> de palme du pays. 227<strong>Le</strong>s sociétés de plantations comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t à s’établir au début du 20ème siècle mais leur production nedevint réellem<strong>en</strong>t significative qu’à partir de 1928. <strong>Le</strong>s plantations ont passé de 25 000 hectares <strong>en</strong> 1930 à147 000 <strong>en</strong> 1958. 228Parmi les principaux acteurs privés dans le secteur de l’<strong>huile</strong> de palme se trouv<strong>en</strong>t les frères William etJames <strong>Le</strong>ver, qui <strong>en</strong> 1911 ont signé un accord avec l’Etat Indép<strong>en</strong>dant du Congo 229 qui leur a accordé lalic<strong>en</strong>ce pour créer de vastes plantations de <strong>palmier</strong>s et pour construire des installations modernes detraitem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> monopole ainsi obt<strong>en</strong>u, couplé avec le souti<strong>en</strong> de l’Etat pour l’utilisation du travail forcé, afait qu’n 1930, la société <strong>Le</strong>ver Brothers est dev<strong>en</strong>ue l’une des sociétés les plus r<strong>en</strong>tables du monde et afusionné avec la néerlandaise Margarine Unie pour former Unilever, la première multinationale modernedu monde 230 (pour plus de détails, voir l’annexe « La hausse d’UNILEVER au Congo»).À l’époque de la colonisation, le roi <strong>Le</strong>opold II de Belgique avait imposé la plantation de <strong>palmier</strong>s autourdes villages; les premières cultures obligatoires ne dat<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant que de 1917. Entre 1927 et 1930,chaque agriculteur de la province de l’Equateur devait planter 10 <strong>palmier</strong>s par an, mais ce n’estfinalem<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> 1935 que les plantations familiales prir<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t un essor. Ainsi les surfacesplantées passèr<strong>en</strong>t de 18 524 ha <strong>en</strong> 1939 à plus de 40 000 ha 5 ans plus tard et à 92 000 vers 1958. 231Cela signifie que le pays avait 239 000 hectares de plantations <strong>en</strong> 1958 : 92 000 familiales et 147 000industrielles.<strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t de la filière <strong>huile</strong> de palme a eu de graves répercussions sociales, car une grande partiede ce processus a été fondée sur l’exploitation généralisée des populations locales et de leurs ressourcesnaturelles par le travail forcé. Pour avoir une idée de ce que cela signifiait à l’époque de l’EtatIndép<strong>en</strong>dant du Congo, il suffit de voir le modus operandi de ce qui était appelé la Force Publique (FP).232« La FP était une armée, mais son but n’était pas de déf<strong>en</strong>dre le pays, mais de terroriser la populationlocale afin de la r<strong>en</strong>dre conforme à leurs commandes. Équipés d’armes modernes et de la chicotte – unfouet <strong>en</strong> peau d’hippopotame – la Force Publique régulièrem<strong>en</strong>t a pris et torturé des otages(principalem<strong>en</strong>t des femmes), fouetté et violé d’innombrables villageois. Ils ont égalem<strong>en</strong>t brûlé desvillages récalcitrants et, surtout, prit des mains humaines comme des trophées sur les ordres d’officiersblancs pour montrer que les balles n’avai<strong>en</strong>t pas été gaspillées. (Comme les ag<strong>en</strong>ts craignai<strong>en</strong>t que leurssubordonnés ne gaspill<strong>en</strong>t leurs munitions sur des animaux de chasse pour le sport, ils demandai<strong>en</strong>t auxsoldats de prés<strong>en</strong>ter une main pour chaque balle utilisée ».227 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf228 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf229 Une colonie privée du roi belge Léopold II230 http://news.mongabay.com/bio<strong>en</strong>ergy/2006/09/recycling-past-rehabilitating-congos.html231 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf232 http://news.mongabay.com/bio<strong>en</strong>ergy/2006/09/recycling-past-rehabilitating-congos.html53


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurAprès que le Congo soit dev<strong>en</strong>u une colonie belge <strong>en</strong> 1908, le système des quotas a été officiellem<strong>en</strong>taboli, mais « la recherche historique montre que le travail forcé a été pratiqué sur une grande échelledepuis des déc<strong>en</strong>nies ». 233<strong>Le</strong> système sera de nouveau appliquée quelques années plus tard quand, p<strong>en</strong>dant la guerre, uneordonnance de 1942 imposa p<strong>en</strong>dant 60 jours par an la cueillette des produits agricoles reconnus comm<strong>en</strong>écessaires à l’effort de guerre ; parmi ces produits figurai<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong> de palme et les noix palmistes. 234En 1960, le pays est dev<strong>en</strong>u indép<strong>en</strong>dant, après quoi un certain nombre de confrontations <strong>en</strong>tre diversacteurs nationaux et étrangers a <strong>en</strong>traîné une longue période de viol<strong>en</strong>ce et de souffrance humaine ainsique des changem<strong>en</strong>ts dans le secteur productif.En ce qui concerne le secteur du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, les principaux changem<strong>en</strong>ts sont surv<strong>en</strong>us après 1973,lorsque la politique de “zaïrianisation” de Mobutu aboutit à la nationalisation des sociétés étrangères, saufles Plantations <strong>Le</strong>ver du Zaïre 235 et une autre société étrangère qui a aussi continué a fonctionner au Zaïre: le Groupe Blattner (Belgique / USA), comme décrit ci-dessous :« Au pic de la supposée désintégration du Zaïre (mi-1980 à mi-1990), la famille Blattner était <strong>en</strong> pleineexpansion de ses opérations et consolidation de son pouvoir. <strong>Le</strong> déjà très vaste empire au Zaïre a été créépar James Blattner sous le Group Agro Pastoral (GAP) et a <strong>en</strong>suite été répartis <strong>en</strong>tre les fils David etElwyn (le rôle de Daniel au Congo est incertain), qui ramassai<strong>en</strong>t plantation après plantation, concessionaprès concession, <strong>en</strong> s’impliquant aussi dans le transport, le transport maritime, l’aviation, lestélécommunications, l’agriculture, l’exploitation forestière et la construction. … Aujourd’hui [2008],l’empire Blattner continue à perpétuer la souffrance massive à l’intérieur, avec de l’esclavage et toutes lesabominations des fiefs paramilitaires se produisant sur les plantations des Blattner ». 236Vers la fin de la période de viol<strong>en</strong>ce qui a déferlé sur le pays p<strong>en</strong>dant près de quatre déc<strong>en</strong>nies, unegrande partie du secteur industriel de l’<strong>huile</strong> de palme était <strong>en</strong> ruines, avec des plantations abandonnéesou non gérées et des usines obsolètes ou détruites. Toutefois, les groupes principaux avai<strong>en</strong>t survécu et,<strong>en</strong> 2005, le secteur était dominé par deux grandes sociétés de plantations : 237PHC (Plantations et Huileries du Congo) appart<strong>en</strong>ant au groupe Unilever qui exploite deux grandesplantations dans la Province de l’Equateur (Boteka : 3.000 ha et Yaligimba : 6.220 ha) et une dans laProvince Ori<strong>en</strong>tale (Lokutu : 8.650 ha) soit un total de 17.870 ha.GAP (Groupe agro-pastoral), appart<strong>en</strong>ant au groupe Blattner, qui exploite quatre plantations dans laProvince de l’Equateur (Binga : 2.500 ha, Bosondjo : 2.540 ha, Lisafa : 2.000ha, Ndeke : 1.500 ha) et uneplantation dans la Province Ori<strong>en</strong>tale (Imbolo/Isangi : 1.680 ha) soit un total d’un peu plus de 10.000 ha<strong>en</strong> exploitation directe.Ces deux groupes sont les seuls qui dispos<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core d’<strong>en</strong>tités fonctionnelles, bi<strong>en</strong> que pour la plupartvieillissante et à la limite de l’arrêt. Seul le GAP a réalisé des investissem<strong>en</strong>ts dans les usines depuis les10 dernières années. PHC continue de fonctionner avec du vieux matériel et dont l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> est difficile.238Vers 2005, la production totale d’<strong>huile</strong> était évaluée à 225.000 tonnes, dont 25.000 prov<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t du secteuragroindustriel et 200.000 du secteur villageois. De ceci, approximativem<strong>en</strong>t un quart était constitué233 http://news.mongabay.com/bio<strong>en</strong>ergy/2006/09/recycling-past-rehabilitating-congos.html234 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf235 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf236 http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=7957237 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf238 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf54


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurd’<strong>huile</strong> commerciale mise sur le marché de la consommation, le solde étant autoconsommé au niveau desproducteurs et de leur <strong>en</strong>tourage au s<strong>en</strong>s large du terme. 239Cela signifie que le secteur villageois a assuré <strong>en</strong> grande partie, p<strong>en</strong>dant les années de conflit,l’approvisionnem<strong>en</strong>t du marché intérieur. Il est donc intéressant de l’étudier un peu plus <strong>en</strong> détail.Dans le cas des producteurs paysans, toutes les familles dispos<strong>en</strong>t de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> et on note un fortdynamisme de la plantation villageoise. <strong>Le</strong> grand intérêt du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est sa capacité à procurer desrev<strong>en</strong>us tout au long de l’année, de manière régulière et récurr<strong>en</strong>te. La commercialisation est régulièretout au long de l’année et les acheteurs nombreux. <strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> a aidé de nombreuses familles à traverserles années difficiles de guerre des années 90. La commercialisation de l’<strong>huile</strong> permet de servir de caissede secours : paiem<strong>en</strong>t des frais scolaires, des frais médicaux, des dots, des <strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>ts. 240L’<strong>huile</strong> est utilisée quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t. La transformation est faisable au niveau villageois et la technologieest maîtrisée localem<strong>en</strong>t. La commercialisation est aisée partout dans le pays (fort taux decommercialisation locale). Par ailleurs, la valorisation des sous-produits est optimale : utilisation desfeuilles pour fabriquer les chaumes des toits, fabrication des paniers, fabrication des clôtures pour le petitbétail, noix palmistes utilisées comme combustible, <strong>huile</strong> palme utilisée pour la fabrication des bougiesartisanales, fabrication du vin de palme,….En fin de cycle d’exploitation, une vieille plantation que l’oncoupe et qui est exploitée pour faire du vin de palme permet au planteur de financer <strong>en</strong> partie lareplantation de nouveaux <strong>palmier</strong>s. 241Dans le groupe des producteurs villageois on peut distinguer trois catégories : 242- <strong>Le</strong>s producteurs-cueilleurs : la production d’<strong>huile</strong> de palme est assurée par l’exploitation de régimesissus de vieilles plantations industrielles abandonnées par leur propriétaire et laissées <strong>en</strong> usufruit auxvillageois ou bi<strong>en</strong> de palmeraies naturelles. Cette catégorie de producteurs est de loin la plus nombreuse.Ils ne sont pas forcém<strong>en</strong>t (et pas souv<strong>en</strong>t) propriétaires d’unité de transformation. Pour traiter les régimesou les fruits cueillis, les producteurs-cueilleurs s’adress<strong>en</strong>t à des propriétaires de presse artisanale toujoursprés<strong>en</strong>ts dans le village (contre paiem<strong>en</strong>t de 10 à 20% de la production d’<strong>huile</strong> au propriétaire de lapresse).- <strong>Le</strong>s métayers : Ils ne sont pas propriétaires des terres et des arbres qu’ils exploit<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s propriétairesfont toujours valoir leur droit et demand<strong>en</strong>t une rémunération pour l’exploitation de leur palmeraie par lesmétayers. Après la production d’<strong>huile</strong>, les métayers rétrocèd<strong>en</strong>t une partie de l’<strong>huile</strong> produite. La part del’<strong>huile</strong> rétrocédée varie <strong>en</strong>tre 30 et 50%.- les producteurs planteurs : une partie de la production d’<strong>huile</strong> de palme 243 est assurée par des <strong>palmier</strong>splantés par le producteur lui-même. Dans cette catégorie, on trouve plus souv<strong>en</strong>t des propriétaires depresses artisanales.Contrairem<strong>en</strong>t à ce qui se passe dans d’autres pays de la région, ici ce sont les hommes qui produis<strong>en</strong>tl’<strong>huile</strong> de palme. Mais le commerce au détail est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t contrôlé par les femmes, dont certainesont développé des capacités importantes d’achat. La commercialisation de l’<strong>huile</strong> de palme d’origineartisanale est quasi <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t au main du circuit informel dans lequel les femmes ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un rôledominant. L’<strong>huile</strong> est généralem<strong>en</strong>t commercialisée au niveau des marchés de gros, <strong>en</strong> bidons de 25 litres239 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf240 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf241 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf242 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf243 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf, voir photos page 3655


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurou de fûts de 200 litres ; au détail, l’<strong>huile</strong> est v<strong>en</strong>due <strong>en</strong> bidons de 5 litres, <strong>en</strong> bouteilles de 0,72 litre etparfois même dans des « mesurettes » équival<strong>en</strong>tes à une petite boîte de conc<strong>en</strong>tré de tomates. 244Toutefois, dans la région de Mweka, les femmes fabriqu<strong>en</strong>t artisanalem<strong>en</strong>t de la graisse à partir desamandes palmistes pour les cheveux. <strong>Le</strong> concassage des noix est réalisé manuellem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s amandes sontmises à tremper dans de l’eau p<strong>en</strong>dant 2 à 3 jours ; elles sont <strong>en</strong>suite écrasées au pilon. <strong>Le</strong> broyage estrecouvert d’eau afin de pouvoir, par la suite, récupérer la graisse qui remonte <strong>en</strong> surface. La graisse quisemble être de bonne qualité est très appréciée dans la région. 245La situation est <strong>en</strong> train de changer avec l’arrivée de nouveaux investisseurs étrangers. En septembre2009, la compagnie canadi<strong>en</strong>ne TriNorth Capital a annoncé que sa filiale Feronia -une société fondéepour s’<strong>en</strong>gager dans l’agro-industrie <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>- avait conclu l’achat de « Plantations et Huileries duCongo » à UNILEVER. Selon TriNorth, «des <strong>en</strong>viron 100.000 hectares de la plantation, 70.000 hectaressont propices à la plantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. Environ 15.000 hectares sont actuellem<strong>en</strong>t plantés, etFeronia s’att<strong>en</strong>d à ét<strong>en</strong>dre les plantations régulièrem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant de nombreuses années pour utiliserpleinem<strong>en</strong>t les terres disponibles. » 246En juillet 2009, ZTE Agribusiness Company Ltd, une <strong>en</strong>treprise chinoise, a annoncé son int<strong>en</strong>tiond’établir une plantation d’un million de hectares de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> République démocratique duCongo pour la production de biocarburants. Zhang P<strong>en</strong>g, directeur régional de ZTE, a déclaré que laplantation pourrait rapporter jusqu’à 5 millions de tonnes d’<strong>huile</strong> de palme par an, 90 pour c<strong>en</strong>t desquelspourrait être convertie <strong>en</strong> biodiesel, sans toutefois préciser si la production serait destinée à laconsommation locale ou à l’exportation. Un an plus tard, un ministre du gouvernem<strong>en</strong>t a confirmé que legouvernem<strong>en</strong>t de la RDC était <strong>en</strong> train «d’étudier une proposition visant à fournir des terres à la Chinepour y développer de grandes plantations de <strong>palmier</strong> pour la production d’<strong>huile</strong> de palme ». <strong>Le</strong> Ministrede l’Information Lambert M<strong>en</strong>de a déclaré que «Il y a une étude pour les exploitations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>à l’échelle industrielle, mais il n’a pas été prés<strong>en</strong>té au gouvernem<strong>en</strong>t et ri<strong>en</strong> n’a <strong>en</strong>core été signé. » 247Annexe: La hausse d’UNILEVER au Congo1) Extraits de “Recycling the past: rehabilitating Congo’s colonial palm and rubber plantations", parDr Fadjay Kindela, 2006. 248<strong>Le</strong> secteur du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> comm<strong>en</strong>ça à s’ét<strong>en</strong>dre [dans la colonie privée du roi belge Léopold II auCongo] lorsque le 29 avril 1911, l’Etat a signé un accord avec les fameux ‘<strong>Le</strong>ver [frères] Brothers’,William et James, <strong>en</strong> leur accordant la lic<strong>en</strong>ce pour créer de vastes plantations de <strong>palmier</strong>s et pourconstruire des usines modernes de transformation.<strong>Le</strong>s <strong>Le</strong>ver Brothers étai<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>u célèbres et riches à partir de leur production du savon “Sunlight”. Lamatière première utilisée dans sa fabrication était l’<strong>huile</strong> de palme prov<strong>en</strong>ant des colonies anglaises <strong>en</strong><strong>Afrique</strong> de l’Ouest (aujourd’hui Nigeria, Libéria et Sierra <strong>Le</strong>one). Cep<strong>en</strong>dant, quand ils ont voulu ét<strong>en</strong>dreleurs plantations afin de satisfaire la demande rapidem<strong>en</strong>t croissante, le gouvernem<strong>en</strong>t britannique arefusé de leur accorder de nouvelles concessions. <strong>Le</strong>s conditions dans les plantations des <strong>Le</strong>ver ont étéconsidérés comme «problématiques» et les critiques des missionnaires contre ces mauvaises conditions detravail le montai<strong>en</strong>t. Ainsi, les <strong>Le</strong>ver Brothers ont regardé ailleurs et, à leur grande satisfaction, ils onttrouvé le Congo.244 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf245 http://www.congoforum.be/upldocs/Etude%20<strong>huile</strong>%20caoutchouc.pdf246 http://www.flex-news-food.com/console/PageViewer.aspx?page=25752247 http://af.reuters.com/article/investingNews/idAFJOE66F01920100716248 http://news.mongabay.com/bio<strong>en</strong>ergy/2006/09/recycling-past-rehabilitating-congos.html56


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurGrâce à leur <strong>en</strong>treprise « Huileries du Congo Belge », les <strong>Le</strong>ver Brothers ont obt<strong>en</strong>u le monopole pourrécolter et traiter tous les fruits de palme au Congo inclus dans cinq « cercles » d’un rayon de 60kilomètres autour des villes de Bumba, Barumbu, Basongo, Lusanga et Ruki / Momboyo (la ville deLusanga -où le siège congolaise de la société était situé- a été <strong>en</strong> fait connue comme “<strong>Le</strong>verville”). Ainsi,ils ont obt<strong>en</strong>u une superficie de 67.800 kilomètres carrés (<strong>en</strong>viron deux fois la taille de la Belgique, outrois fois l’état du New Jersey) où ils ont créé une espèce « d’état au sein de l’État» : <strong>Le</strong>verland.L’utilisation de main-d’œuvre locale dans les plantations était jugée «libre», <strong>en</strong> affirmant qu’aucunecontrainte ne serait tolérée. Cep<strong>en</strong>dant, la recherche historique montre que le travail forcé y était pratiquéesur une grande échelle et p<strong>en</strong>dant des déc<strong>en</strong>nies.<strong>Le</strong>s résultats de cette accord <strong>en</strong>tre le Congo belge et <strong>Le</strong>ver Brothers ont été spectaculaires : à partir de1910 et jusqu’au 1920, les exportations d’<strong>huile</strong> de palme ont passé de 2.160 à 7.624 tonnes, et ceux d<strong>en</strong>oix de palmiste de 4.224 à 39.457 tonnes. Vers l’année 1922, plus de 50.000 hectares de <strong>palmier</strong>snaturels étai<strong>en</strong>t exploités. En 1930, la société <strong>Le</strong>ver Brothers est dev<strong>en</strong>ue l’une des sociétés les plusr<strong>en</strong>tables du monde et a fusionné avec la néerlandaise Margarine Unie pour former Unilever, la premièremultinationale moderne. Aujourd’hui, la compagnie anglo-néerlandaise contrôle de nombreuses marquesde produits alim<strong>en</strong>taires dans le monde, et le savon “Sunlight” est <strong>en</strong>core utilisé par beaucoup d’<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>ous …2) Extraits de “The Cambridge <strong>World</strong> History of Food – Palm Oil”, par K. G. Berger et S. M. Martín249Ainsi, quand <strong>en</strong> 1907 William <strong>Le</strong>ver a demandé des concessions de terres à grande échelle dans lescolonies britanniques d’<strong>Afrique</strong> occid<strong>en</strong>tale, afin de produire de l’<strong>huile</strong> de palme pour ses usines de savonà Lancashire, le Colonial Office était rétic<strong>en</strong>t à l’aider. Dans une région caractérisée par des fermespetites, fragm<strong>en</strong>tées, et souv<strong>en</strong>t appart<strong>en</strong>ant à la communauté, on a estimé que le régime de <strong>Le</strong>ver seraitdifficile à administrer, politiquem<strong>en</strong>t risquée, et commercialem<strong>en</strong>t mal fondée. <strong>Le</strong>ver n’avait plus qu’àpoursuivre ses rêves dans le Congo belge, où les niveaux commerciaux et démographiques étai<strong>en</strong>tbeaucoup moins élevés et où l’administration coloniale ouvrait les portes aux <strong>en</strong>treprises europé<strong>en</strong>nes.Au Congo, cep<strong>en</strong>dant, la concession de terres et d’achat de produits accordée à <strong>Le</strong>ver <strong>en</strong> 1911 s’est avéréêtre le fondem<strong>en</strong>t d’un long processus d’expérim<strong>en</strong>tation, qui a finalem<strong>en</strong>t révolutionné l’industriemondiale de l’<strong>huile</strong> de palme. L’introduction de nouvelles variétés de <strong>palmier</strong>s a conduit à uneaugm<strong>en</strong>tation spectaculaire des r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts, ce qui a réduit le coût de production, tandis que des machinesaméliorées ont conduit à la production d’<strong>huile</strong> de qualité à un prix compétitif. Parallèlem<strong>en</strong>t à l’évolutiondes techniques de transformation des alim<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> Europe et <strong>en</strong> Amérique, les innovations au Congo ontouvert la voie à l’<strong>en</strong>trée de l’<strong>huile</strong> de palme dans l’alim<strong>en</strong>tation occid<strong>en</strong>tale.<strong>Le</strong>ver a été originellem<strong>en</strong>t plus intéressés à l’établissem<strong>en</strong>t des usines qu’aux plantations, mais sesinvestissem<strong>en</strong>ts initiaux ont am<strong>en</strong>é de lourdes pertes. L’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fruits des <strong>palmier</strong>s naturelss’est avéré difficile à contrôler, tant dans le montant apporté à l’usine comme dans sa qualité à l’arrivée.L’<strong>huile</strong> produite à partir des fruits de <strong>palmier</strong>s trop mûrs ou <strong>en</strong>dommagés devi<strong>en</strong>t très acide et demauvaise qualité, tandis que les grappes vertes donn<strong>en</strong>t de faibles r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts. Pourtant, les <strong>Le</strong>verBrothers (et son successeur Unilever après 1929) étai<strong>en</strong>t peu <strong>en</strong>clins à supporter les lourdes dép<strong>en</strong>sesinitiales de la plantation d’arbres, sauf si le matériel de plantation était amélioré afin de réduire les coûtsinitiaux. Dès 1902 au Cameroun, les Allemands avai<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifié des fruits de <strong>palmier</strong> avec une carapaceexceptionnellem<strong>en</strong>t mince et une forte t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> <strong>huile</strong>. Mais leur palme “lisombe”, qui devi<strong>en</strong>dra plus tardconnue sous le nom de T<strong>en</strong>era, ne se trouvait que rarem<strong>en</strong>t dans la nature et la reproduction de sessem<strong>en</strong>ces n’a pas réussit pas a maint<strong>en</strong>ir les mêmes qualités.249 http://www.cambridge.org/us/books/kiple/palmoil.htm57


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurDans un nouvel élan pour <strong>en</strong>courager les investissem<strong>en</strong>ts europé<strong>en</strong>s dans leur colonie et, <strong>en</strong> particulier,dans les plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, les Belges ont comm<strong>en</strong>cé <strong>en</strong> 1922 à <strong>en</strong>quêter sur cette découverteallemande. Une plantation expérim<strong>en</strong>tale de <strong>palmier</strong>s T<strong>en</strong>era a été créé à la station de rechercheYangambi au Congo, et dans les années 1930, ces <strong>palmier</strong>s ont été soumis à un programme d’essai detrois ans par M. Beirnaert. P<strong>en</strong>dant ce temps, les plantations privées de T<strong>en</strong>era avait été faite par Unileveret sa filiale, la United Africa Company, au Cameroun britannique et au Congo belge lui-même.Unilever, l’investisseur le plus important <strong>en</strong> 1960 avec 47.000 ha de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, est resté fidèle auZaïre nouvellem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dant par le biais de deux déc<strong>en</strong>nies de pertes intermitt<strong>en</strong>tes et d’incertitudepolitique. Ainsi, les gestionnaires Unilever sont resté <strong>en</strong> place après la nationalisation <strong>en</strong> 1975, et lasociété a été autorisée à repr<strong>en</strong>dre le contrôle complet des concessions deux ans plus tard.<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> République du Congo<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> pousse naturellem<strong>en</strong>t dans les zones forestières, principalem<strong>en</strong>t au Nord du Congodans les départem<strong>en</strong>ts de Sangha, les Cuvettes et Likouala. Il existe des preuves d’une longue tradition deplantation du <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> par les populations locales, comme on peut le constater dans les sitesarchéologiques de villages abandonnés « qui sont caractérisés par la prés<strong>en</strong>ce d’arbres tels que lemanguier et les <strong>palmier</strong>s… » 250L’un des principaux acteurs dans le secteur du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> a été la Compagnie Française du Haut et duBas Congo (C.F.H.B.C.), qui à l’époque coloniale a reçu une concession de 75 000 km2 de terres.Incapables de trouver des informations spécifiques sur le sujet, nous supposons que son installation àEtoumbi (Sangha) était due à l’exist<strong>en</strong>ce de palmeraies naturelles dans la région. La société a établi 1000ha de plantations dans les années 1968-72 et 1 072 ha <strong>en</strong>tre 1986 et 1987 251 .Après l’indép<strong>en</strong>dance du pays, la société passe aux mains de l’État sous le nom de Sangha Palm (créée <strong>en</strong>1983) 252 . A l’époque, 33.000 ha de superficie totale avai<strong>en</strong>t été cédés à la Sangha Palm par l’Etatcongolais. Cep<strong>en</strong>dant, dans le Départem<strong>en</strong>t de la Likouala les villageois ont été incités à travailler sur despalmeraies villageoises et à rev<strong>en</strong>dre leur production aux sociétés industrielles qui s’installai<strong>en</strong>t dans lacontrée 253 .Lors de la fermeture de l’<strong>huile</strong>rie <strong>en</strong> 1990, les plantations ont été abandonnées. Depuis quelques années,les paysans, <strong>en</strong> dépit des difficultés r<strong>en</strong>contrées, pratiqu<strong>en</strong>t la cueillette de façon anarchique et produis<strong>en</strong>tartisanalem<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong>. Celle-ci est leur principale source de rev<strong>en</strong>us 254 .<strong>Le</strong>s femmes jou<strong>en</strong>t un rôle important, tant <strong>en</strong> termes de production comme de v<strong>en</strong>te de l’<strong>huile</strong> de palme.Une paysanne qui produit traditionnellem<strong>en</strong>t l’<strong>huile</strong> de palme dit que « à Etoumbi nous avons toujoursextrait de l’<strong>huile</strong> de palme. Avec la v<strong>en</strong>te de notre <strong>huile</strong> nous achetons des médicam<strong>en</strong>ts et des caleçonspour nos <strong>en</strong>fants ». <strong>Le</strong>s femmes ont aussi l’habitude d’utiliser la noix de palme pour préparer lamouambé, une sauce issue de l’extraction traditionnelle des noix 255 .<strong>Le</strong>s femmes sont impliquées dans le commerce interne de l’<strong>huile</strong> de palme. Par exemple, un producteurde savon situé à Pointe-Noire rapporte que “l’<strong>en</strong>treprise fabrique et v<strong>en</strong>d des savons de ménage à base250 Geerling, Chris, N’Sosso, Dominique and Kitemo, Gaston (1991).- Plan d’Aménagem<strong>en</strong>t Environnem<strong>en</strong>tal. Congolaise deDéveloppem<strong>en</strong>t Forestier, Pointe Noire: CDF251 http://tiny.cc/egwyl252 http://www.congopage.com/30-des-palmeraies-de-la-Sangha253 http://www.congobrazzainvest.com/page.php?id<strong>en</strong>t=74254 http://tiny.cc/egwyl255 http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=348458


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurd’<strong>huile</strong> de palme achetée à des groupem<strong>en</strong>ts de femmes qui livr<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t SAVON PLUS depuisl’arrière pays » 256 .Vers 2007, Sangha Palm avait 5 000 ha de plantations, dont 1.000 ha à Mokéko et 4.000 ha à Kandéko257. Mais ces plantations avait déjà été décrites <strong>en</strong> 2002 comme suit : “<strong>Le</strong>s palmeraies abandonnées setrouv<strong>en</strong>t ainsi <strong>en</strong>vahies totalem<strong>en</strong>t par le recru forestier, livrés aux inc<strong>en</strong>dies et aux dégradations de toutg<strong>en</strong>re”, <strong>en</strong> soulignant que le risque de manque d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> était <strong>en</strong> train de transformer l’<strong>huile</strong>rie deMokéko <strong>en</strong> un simple dépôt de ferraille 258 . Fermée <strong>en</strong> 1990 avant de réouvrir <strong>en</strong> 1994, la Sangha Palm acessé <strong>en</strong>core ses activités <strong>en</strong> 1997 259 .La deuxième <strong>en</strong>treprise d’Etat importante a été la Régie Nationale des Palmeraies du Congo (RNPC),situé à Owando 260 , avec <strong>en</strong>virons 5.000 – 8.000 ha à Lébango et 1.325 ha à Etoumbi (La Cuvette Ouest)et 450 ha à Kunda (La Cuvette) 261 .La ville d’Owando a été fortem<strong>en</strong>t affectés par la faillite, au début des années 90, de la Régie nationaledes palmeraies du Congo, qui assurait une certaine prospérité à la région dans les années 70-80 262 .<strong>Le</strong> Congo-Brazzaville est actuellem<strong>en</strong>t un petit producteur d’<strong>huile</strong> de palme 263 . Toutefois, à partir de2006 comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se produire des changem<strong>en</strong>ts significatifs lorsque deux <strong>en</strong>treprises itali<strong>en</strong>nes et uneespagnole se sont <strong>en</strong>gagées dans la culture du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, dans le but de fabriquer des agrocarburants264.En mars 2007, la société espagnole Aurantia a annoncé son int<strong>en</strong>tion d’investir dans des plantations de<strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> République du Congo dans le but de produire du biodiesel. Après une visite avec leprésid<strong>en</strong>t D<strong>en</strong>is Sassou-Nguesso, le directeur Rafael Naranjo a annoncé que Aurantia allait construirequatre usines d’<strong>huile</strong> de palme pour le traitem<strong>en</strong>t des fruits frais d’une plantation qui couvrirait plusieursmilliers d’hectares. <strong>Le</strong>s études de faisabilité sont déjà <strong>en</strong> cours, dans le but d’analyser différ<strong>en</strong>ts sites pourles plantations et les usines, et pour évaluer l’état de l’infrastructure logistique existante dans le pays. Lataille réelle de l’investissem<strong>en</strong>t n’a pas été divulguée 265 .En mai 2008, la compagnie énergétique itali<strong>en</strong>ne Eni a annoncé un investissem<strong>en</strong>t de 3 milliards dedollars au Congo <strong>en</strong> trois projects : des sables bitumineux, de l’<strong>huile</strong> de palme et une c<strong>en</strong>trale électriquealim<strong>en</strong>tée au gaz 266 .Dans ce contexte, Eni et le gouvernem<strong>en</strong>t ont signé un protocole d’accord pour la culture du <strong>palmier</strong> à<strong>huile</strong> sur « <strong>en</strong>viron 70 000 hectares inexploités dans la région du Niari au nord-ouest du pays ». Cetinvestissem<strong>en</strong>t va produire « <strong>en</strong>viron 340 000 tonnes par an d’<strong>huile</strong> de palme brute, assez pour couvrir lademande alim<strong>en</strong>taire intérieure et produire 250 000 tonnes par an de biodiesel. » L’excéd<strong>en</strong>t « seradestiné à la production de biodiesel à l’aide d’une technologie spécifique élaborée par Eni dite Ultra-Bio-Diesel. Après une première phase pilote, la faisabilité de la construction d’une bio-raffinerie au Congosera <strong>en</strong>visagée » 267 .256 http://www.tech-dev.org/fonds-afrique/images/savon-plus.pdf257 http://www.congobrazzainvest.com/page.php?id<strong>en</strong>t=74258 http://www.congopage.com/30-des-palmeraies-de-la-Sangha259 http://www.congopage.com/30-des-palmeraies-de-la-Sangha260 http://www.netnewspublisher.com/italian-fri-el-gre<strong>en</strong>power-to-produce-biofuel-in-congo/261 http://www.congobrazzainvest.com/page.php?id<strong>en</strong>t=74262 http://tiny.cc/qaasv263 http://news.mongabay.com/bio<strong>en</strong>ergy/2007/03/spanish-company-aurantia-to-invest-in.html264 http://www.congobrazzainvest.com/page.php?id<strong>en</strong>t=74265 http://news.mongabay.com/bio<strong>en</strong>ergy/2007/03/spanish-company-aurantia-to-invest-in.html266 http://www.foeeurope.org/corporates/Extractives/Congo%20Report%20FRa.pdf267 http://www.foeeurope.org/corporates/Extractives/Congo%20Report%20FRa.pdf59


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurIl existe des doutes sur l’emplacem<strong>en</strong>t exact de cette imm<strong>en</strong>se plantation. Eni a affirmé que la plantationserait localisée « dans la région du Niari dans le nord-ouest », mais le Niari se trouve dans le sud duCongo 268 .Eni souligne que le projet est dirigé par le ministère congolais de l’Agriculture et sera exécuté par unconsortium agricole formé par le ministère congolais de l’Agriculture et des organisations / institutionsinternationales « telles que la FAO, le FIDA, le BAI, la BM, l’UE 269 ». Bi<strong>en</strong> qu’il n’y ait pas de précisionsur les organisations internationales qui ont été contactées pour ce projet, nous savons au moins que leFIDA 270 est <strong>en</strong> train d’<strong>en</strong>courager la plantation de palmeraies villageoises au Congo, et qu’il a un projetqui : (i) financera la production de plants améliorés de <strong>palmier</strong> à travers des pépiniéristes ; (ii) id<strong>en</strong>tifierades zones d’installation des palmeraies <strong>en</strong> donnant la priorités aux zones possédant des vieilles palmeraies; (iii) organisera la v<strong>en</strong>te des plants de <strong>palmier</strong> aux bénéficiaires à des prix modérés ; un nombremaximum de <strong>palmier</strong>s achetés par bénéficiaire ne devrait pas dépasser tr<strong>en</strong>te ; une att<strong>en</strong>tion particulièresera portée aux femmes et aux jeunes dans le choix des bénéficiaires pour l’installation des palmeraiesvillageoises ; et, (iv) organisera l’appui technique à l’installation et conduite des plantations ; (v)introduira des prototypes de presses à <strong>huile</strong> adaptées et <strong>en</strong> évaluera la r<strong>en</strong>tabilité avant de les diffuser 271 .En juillet 2008, la société itali<strong>en</strong>ne d’énergie r<strong>en</strong>ouvelable Fri-El Gre<strong>en</strong> a signé un projet d’accord à 30ans avec la République du Congo pour la plantation de 40.000 hectares de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> pour produiredes biocarburants 272 à Sangha (30.000 ha), Cuvette (5.000 ha) et Cuvette Ouest (5.000 ha <strong>en</strong> zone surtoutde savane) 273 .En vertu de cet accord, la société Fri-El Gre<strong>en</strong> (associée à la compagnie allemande d’énergie RWE) auraitle contrôle des <strong>en</strong>treprises d’Etat Sangha Palm et Régie Nationale des Palmeraies du Congo (RNPC) 274 .<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> à São Tomé e Príncipe<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> (connu localem<strong>en</strong>t comme palmeira-andim) pousse naturellem<strong>en</strong>t sur les deux îlesprincipales qui form<strong>en</strong>t ce pays, et se trouve aujourd’hui surtout dans les forêts secondaires. 275 Malgrél’abs<strong>en</strong>ce d’habitants sur les îles quand y arrivèr<strong>en</strong>t les portugais <strong>en</strong>tre 1469 et 1472, le processuspostérieur de culture de la canne à sucre, basé sur le travail d’esclaves 276 , impliqua l’arrivée forcéed’Africains du B<strong>en</strong>in, du Congo et d’Angola 277 , qui connaissai<strong>en</strong>t les utilisations traditionnelles de ce<strong>palmier</strong>.C’est pour cela que, à l’heure actuelle, on <strong>en</strong> utilise les feuilles pour tresser des paniers, des sacs, desbalais, mais il est fréqu<strong>en</strong>t aussi de l’utiliser pour produire du vin de palme que l’on extrait de cet arbredans tout le pays. Selon des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts recueillis lors de visites de terrain, les régions de Bombaim,Nova Ceilão et Claudino Faro compt<strong>en</strong>t aujourd’hui plus de 500 personnes qui travaill<strong>en</strong>t à extraire levin. <strong>Le</strong> produit génère des recettes considérables pour les extracteurs et les v<strong>en</strong>deurs de vin. 278 Dansl’intérieur, le vin de palme s’achète pour pas cher à des v<strong>en</strong>deurs tout au long des chemins. 279 L’<strong>huile</strong> depalme est d’une grande importance pour l’économie locale. Elle est extraite par les locaux pour un usage268 http://www.foeeurope.org/corporates/Extractives/Congo%20Report%20FRa.pdf269 http://www.foeeurope.org/corporates/Extractives/Congo%20Report%20FRa.pdf270 Fonds International pour le Développem<strong>en</strong>t Agricole271 http://www.fidafrique.net/article1366.html272 http://in.reuters.com/article/idINL23101125320080723273 http://www.congobrazzainvest.com/page.php?id<strong>en</strong>t=74274 http://in.reuters.com/article/idINL23101125320080723275 http://www.cbd.int/doc/world/st/st-nr-03-<strong>en</strong>.pdf.276 http://es.wikipedia.org/wiki/Santo_Tom%C3%A9_y_Pr%C3%ADncipe.277 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1986_num_26_101_2168.278 http://www.cbd.int/doc/world/st/st-nr-03-<strong>en</strong>.pdf.279 http://wikitravel.org/<strong>en</strong>/Sao_Tome_and_Principe.60


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futuragricole, 280 bi<strong>en</strong> qu’elle soit aussi commercialisée – de la même manière que le vin – par les marchandesde poisson appelées palayes. 281Après l’indép<strong>en</strong>dance <strong>en</strong> 1975, la Communauté europé<strong>en</strong>ne finança la plantation de 650 hectares de<strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> à Ribeira Peixe, au sud de l’île de São Tomé. Un prêt de la Banque europé<strong>en</strong>ned’investissem<strong>en</strong>t permit l’établissem<strong>en</strong>t d’une fabrique d’<strong>huile</strong> de palme (Entreprise d’<strong>huile</strong>s végétales –EMOLVE) avec une capacité suffisante pour satisfaire les nécessités alim<strong>en</strong>taires <strong>en</strong> <strong>huile</strong> comestible detoute la population. 282 Jusqu’<strong>en</strong> 1990, l’usine d’EMOLVE produisait quelque 2 000 tonnes d’<strong>huile</strong> par an,ce qui permettait de couvrir les besoins du pays. P<strong>en</strong>dant les années 80, EMOLVE continua à agrandir lasurface des plantations, mais la chute du gouvernem<strong>en</strong>t de Pinto da Costa <strong>en</strong> 1990 provoqua la chute de laproduction qui tomba à moins de 100 tonnes annuelles, 283 jusqu’à <strong>en</strong>traîner la paralysie du système <strong>en</strong>2007. Plusieurs facteurs <strong>en</strong> fur<strong>en</strong>t la cause : d’un côté, les arbres des palmeraies avai<strong>en</strong>t vieilli, et del’autre les équipem<strong>en</strong>ts et les installations de la compagnie s’étai<strong>en</strong>t détériorés. 284 En 2008, l’équipem<strong>en</strong>tfut amélioré <strong>en</strong> partie grâce à une contribution de Taiwan, 285 mais cela ne suffit pas à résoudre leproblème.On arrive ainsi <strong>en</strong> 2009, quand un nouvel acteur <strong>en</strong>tre <strong>en</strong> scène : l’<strong>en</strong>treprise belge-française Socfinco(localem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>registrée comme Agripalma 286 ), qui fait partie du puissant Groupe Bolloré, dont le siègeest <strong>en</strong> France. 287 <strong>Le</strong> projet de Socfinco vise à produire <strong>en</strong>viron 20 000 tonnes d’<strong>huile</strong> destinées à lafabrication de biocombustible <strong>en</strong> Belgique. 288 La compagnie espère comm<strong>en</strong>cer à exporter sa premièreproduction d’<strong>huile</strong> de palme dans un délai de cinq ans. 289<strong>Le</strong> projet se développera sur <strong>en</strong>viron 5 000 hectares de terres à propos desquelles l’<strong>en</strong>treprise belge asigné un accord de concession avec le gouvernem<strong>en</strong>t, pour une période de 25 ans (r<strong>en</strong>ouvelable). 290 <strong>Le</strong>projet prévoit la réhabilitation et l’agrandissem<strong>en</strong>t des plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> dans la zone nord del’île de Príncipe et dans le Sud de São Tomé, outre la construction d’une fabrique d’<strong>huile</strong> de palme àRoca Sundy, sur l’île de Príncipe, et la réhabilitation des installations de Ribeira Peixe, à São Tomé. 291<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Sénégal<strong>Le</strong>s peuplem<strong>en</strong>ts de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, estimés à 50 000 hectares, sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t localisés sur les rivesdu fleuve Casamance, dans le sud du pays. 292 <strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est très répandu <strong>en</strong> Basse et Moy<strong>en</strong>neCasamance, soit à l’état isolé, soit <strong>en</strong> bouquets assez serrés. Ce <strong>palmier</strong> se reproduit partout, dans lespeuplem<strong>en</strong>ts forestiers fermés et dans la savane secondaire, à la limite des zones marécageuses, le longdes vallées des cours d’eau pér<strong>en</strong>nes, et à l’abri des dunes littorales. <strong>Le</strong> vif intérêt porté au <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>par les populations locales, pour les fruits (<strong>huile</strong>s et noix) et le vin, expliqu<strong>en</strong>t sa prés<strong>en</strong>ce à proximité desvillages et son ext<strong>en</strong>sion dans les terrains de cultures. 293La récolte de l’<strong>huile</strong> et du vin de palme sont des activités agricoles qui ont fait la réputation de laCasamance. P<strong>en</strong>dant la saison sèche, les hommes récolt<strong>en</strong>t les fruits et la sève des nombreux <strong>palmier</strong>s à280 http://www.cbd.int/doc/world/st/st-nr-03-<strong>en</strong>.pdf.281 http://www.ifad.org/g<strong>en</strong>der/learning/sector/agriculture/26.htm.282 http://www.euforic.org/courier/168e_cor.htm.283 http://www.contin<strong>en</strong>talmag.com/site/index.php?option=com_cont<strong>en</strong>t&task=view&id=1291.284 http://www.cbd.int/doc/world/st/st-nr-03-<strong>en</strong>.pdf.285 http://www.correiodasemana.info/IMG/_article_PDF/article_422.pdf.286 http://www.ipim.gov.mo/worldwide_partner_detail.php?tid=13115&type_id=1277&lang=<strong>en</strong>-us.287 http://www.socfinal.lu/Public/.288 http://www.contin<strong>en</strong>talmag.com/site/index.php?option=com_cont<strong>en</strong>t&task=view&id=1291.289 http://www.ipim.gov.mo/worldwide_partner_detail.php?tid=13115&type_id=1277&lang=<strong>en</strong>-us.290 http://www.siged-diplomatique.com/spip.php?breve562.291 http://tiny.cc/gtwb9.292 http://www.ceps.gouv.sn/doc_publication/planification/PAER/paer_ziguinchor.pdf293 http://www.fao.org/docrep/004/x6815f/X6815F06.htm61


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurhectares ou plus ». En outre, la SLIEPA « a une équipe chargée d’aider les investisseurs agro-industriels às’occuper des sols, de l’infrastructure et d’autres questions ». 309À prés<strong>en</strong>t, il y a au moins trois <strong>en</strong>treprises europé<strong>en</strong>nes qui cherch<strong>en</strong>t à louer dans le pays 40 000 hectareschacune dans le but de produire de l’<strong>huile</strong> de palme <strong>en</strong> tant qu’agrocombustible pour l’exportation. 310Sierra <strong>Le</strong>one Agriculture (un groupe du Royaume-Uni) a signé un bail pour 41 000 hectares et prévoit deplanter du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> sur 30 000 ha dans le Nord-Est du pays, <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çant par une plantation de10 000 ha plus 5 000 ha chez de petits propriétaires. <strong>Le</strong> groupe portugais Ouifel, qui opère au Portugal, <strong>en</strong>Espagne, au Brésil, <strong>en</strong> Angola et au Mozambique, a passé des contrats avec les populations deLokomasama et de Masimera pour planter du riz, des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> et de la canne à sucre. <strong>Le</strong> groupebritannique Gold Tree (qui vi<strong>en</strong>t de passer un accord de 19 millions USD avec FinnFund pour laproduction d’<strong>huile</strong> de palme dans le pays) prévoit d’installer une <strong>huile</strong>rie pour traiter sa propre productionet celle de petits agriculteurs ; <strong>en</strong> outre, il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d replanter et élargir de vieilles plantations à Daru, dans ledistrict de Kailahun, et sous-traiter aussi avec les petits propriétaires de la région. 311 , 312<strong>Le</strong>s incitations proposées par le gouvernem<strong>en</strong>t sont extrêmem<strong>en</strong>t généreuses. D’après la SLIEPA 313 :– les <strong>en</strong>treprises étrangères peuv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre des baux de 71 ans, et on travaille à améliorer lestermes du contrat ;– les terres de bonne qualité sont louées de 5 à 20 USD l’hectare par an ;– la main d’œuvre de base coûte de 2 à 3 dollars par jour ;– la réglem<strong>en</strong>tation du travail est flexible et permet des systèmes de paiem<strong>en</strong>t liés à la productivité ;– les impôts sont attrayants, et peuv<strong>en</strong>t être de 0 % pour les investisseurs qualifiés.Deux facteurs additionnels – toujours d’après la SLIEPA 314 – r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l’investissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core plusattractif :– le présid<strong>en</strong>t et le Cabinet ont décidé que l’agro-industrie était ess<strong>en</strong>tielle pour le développem<strong>en</strong>tdu pays et ils sont prêts à travailler avec les investisseurs pour les aider dans la location de terreset dans d’autres domaines ;– les ag<strong>en</strong>ces internationales sont empressées de sout<strong>en</strong>ir le développem<strong>en</strong>t rural et peuv<strong>en</strong>tcontribuer à financer des projets, à former les petits propriétaires, à améliorer les infrastructures etainsi de suite.Un fonctionnaire gouvernem<strong>en</strong>tal a reconnu que « les avis sont très partagés : on se demande s’il estjudicieux d’inviter les investisseurs, et même de se mettre <strong>en</strong> quatre pour leur faire plaisir, afin qu’ilslou<strong>en</strong>t d’énormes ét<strong>en</strong>dues de terre agricole pour produire des agrocombustibles pour l’exportation, alorsque le pays s’efforce <strong>en</strong>core de récupérer sa propre sécurité alim<strong>en</strong>taire après une longue guerrecivile ». 315 Néanmoins, le gouvernem<strong>en</strong>t avance très vite sur cette voie, de sorte que les grandes<strong>en</strong>treprises comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à affluer dans le pays, <strong>en</strong> un processus d’accaparem<strong>en</strong>t de terres que les termes« développem<strong>en</strong>t » et « emploi » essai<strong>en</strong>t de dissimuler.309 http://www.sliepa.org/sites/default/files/docum<strong>en</strong>ts/SL_OilPalm_Investm<strong>en</strong>t_Opp.pdf.310 http://allafrica.com/stories/201005061088.html?page=3.311 http://www.sliepa.org/sites/default/files/docum<strong>en</strong>ts/SL_OilPalm_Investm<strong>en</strong>t_Opp.pdf.312 http://www.visitsierraleone.org/Sierra-<strong>Le</strong>one-News/Daily/The-Sierra-<strong>Le</strong>one-Investm<strong>en</strong>t-Forum-An-Overview.html.313 http://www.sliepa.org/sites/default/files/docum<strong>en</strong>ts/SL_OilPalm_Investm<strong>en</strong>t_Opp.pdf.314 http://www.sliepa.org/sites/default/files/docum<strong>en</strong>ts/SL_OilPalm_Investm<strong>en</strong>t_Opp.pdf.315 http://allafrica.com/stories/201005061088.html?page=2.64


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Tanzanie<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurLa Tanzanie n’est pas (<strong>en</strong>core) un pays producteur d’<strong>huile</strong> de palme. Cep<strong>en</strong>dant, le gouvernem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong>train de créer les conditions nécessaires pour s’embarquer dans l’affaire des agrocombustibles, <strong>en</strong> visantsurtout la canne à sucre, le jatropha et le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>.En 2006, le gouvernem<strong>en</strong>t de Tanzanie créa le Groupe spécial national pour les biocombustibles, chargéd’<strong>en</strong>courager le développem<strong>en</strong>t du secteur. Ses tâches sont les suivantes :– formuler des politiques et des réglem<strong>en</strong>tations adaptées à la situation du pays (concernant, parexemple, les objectifs, les obligations, les avantages fiscaux, les normes) ;– veiller à ce que les ministères concernés coopèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre eux ;– assurer la transmission d’information <strong>en</strong>tre le gouvernem<strong>en</strong>t et les parties concernées par lesbiocombustibles ;– formuler des options financières (déductions fiscales pour investissem<strong>en</strong>ts, réduction d’impôts) etdéfinir des incitations pour les investisseurs étrangers et locaux ;– obt<strong>en</strong>ir du financem<strong>en</strong>t international pour le développem<strong>en</strong>t des biocombustibles, auprès du Fondsde dialogue et de coopération de l’UE (PDF), du Programme international pour la bioénergie de laFAO ou de l’Association mondiale pour la bioénergie (Global Bio<strong>en</strong>ergy Partnership) du G8. 316Un an après la création du Groupe de travail spécial, le directeur de la promotion des investissem<strong>en</strong>ts duC<strong>en</strong>tre d’investissem<strong>en</strong>t de la Tanzanie 317 a fait savoir qu’on avait déjà id<strong>en</strong>tifié plus de 160 000 hectaresqui conv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à la production de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> et de jatropha. 318En 2009, un rapport de l’IIED avait conclu que plus de 4 millions d’hectares avai<strong>en</strong>t été demandés pour yfaire des investissem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> biocombustibles, <strong>en</strong> particulier pour planter du jatropha, de la canne à sucreet des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> ; de ce total, 640 000 ha avai<strong>en</strong>t déjà été alloués, dont 100 000 avec droitsd’occupation officiels. 319En ce qui concerne le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, il s’agit d’une culture répandue uniquem<strong>en</strong>t dans l’Ouest du pays,et surtout dans le district de Kogoma, où les agriculteurs le cultiv<strong>en</strong>t pour la production d’<strong>huile</strong>comestible depuis le début des années 1920. Ces derniers temps, on y a ajouté la production d’autresdérivés de l’<strong>huile</strong> de palme, comme le savon. <strong>Le</strong>s producteurs de <strong>palmier</strong>s sont surtout de petitsagriculteurs de la région de Kigoma (district rural de Kigoma), de la région de Mbeya (principalem<strong>en</strong>t dudistrict de Kyela) et de quelques zones de la région de Tanga. 320 Dans le cas de Kigoma, la coopérativelocale réunit chaque année <strong>en</strong>viron 150 000 litres d’<strong>huile</strong> de palme et les v<strong>en</strong>d aux raffineries locales etaux producteurs de savon de Dar es Salam. Au niveau local, les femmes se charg<strong>en</strong>t de la fabrication del’<strong>huile</strong> de palme et de la v<strong>en</strong>te des produits dérivés (<strong>huile</strong>, savon). 321<strong>Le</strong>s choses ont comm<strong>en</strong>cé à changer à Kigoma <strong>en</strong> 2005, lorsque FELISA Ltd. a planté dans la région sespremiers <strong>palmier</strong>s hybrides. L’<strong>en</strong>treprise a 24 actionnaires (belges surtout) et elle a comm<strong>en</strong>cé àfonctionner à partir d’une plantation de 100 hectares située à 75 km de la ville de Kigoma. Plus tard, ellea obt<strong>en</strong>u 4 250 hectares à 150 km de la ville, où elle prévoit de planter des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. FELISA<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d aussi acheter des fruits aux petits producteurs locaux, dans le cadre d’un projet de soustraitance.322 L’<strong>en</strong>treprise a l’objectif d’exploiter 10 000 ha de <strong>palmier</strong>s dans la région ; près de la moitié316 http://www.zjfdi.com/UploadFiles/aaf001200751195949_2.pdf.317 <strong>Le</strong> C<strong>en</strong>tre d’investissem<strong>en</strong>t de la Tanzanie (TIC) joue un rôle clé dans l’id<strong>en</strong>tification des terres disponibles ; il a organisé une « banquede terres » où figur<strong>en</strong>t plus de 2,5 millions d’hectares disponibles pour les investisseurs (http://www.iied.org/pubs/pdfs/12560IIED.pdf).318 http://allafrica.com/stories/200707250465.html.319 http://www.iied.org/pubs/pdfs/12560IIED.pdf.320 http://www.iied.org/pubs/pdfs/12560IIED.pdf.321 http://www.iied.org/pubs/pdfs/12560IIED.pdf.322 http://www.thebio<strong>en</strong>ergysite.com/articles/309/tanzania-palm-oil.65


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurde cette surface correspondrait aux producteurs extérieurs et le reste à ses 5 000 ha de plantationspropres. 323Plus récemm<strong>en</strong>t, la société African Gre<strong>en</strong> Oil Limited s’est prés<strong>en</strong>tée au TIC pour louer 10 000 hectaresdans le delta du fleuve Rufiji, dans le Sud-Est du pays, où elle fera des plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. Onlui a accordé 250 hectares pour un investissem<strong>en</strong>t à l’essai, et cette surface sera augm<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> fonctiondes résultats. L’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d produire de l’<strong>huile</strong> de palme pour la v<strong>en</strong>dre à des acheteurs divers, ycompris à des producteurs de biocombustible. 324 D’après son site web, son objectif est d’établir « uneplantation de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> de 20 000 ha d’ici à 2020. À l’heure actuelle, AGO plante 800 ha chaqueannée, dans le but d’atteindre 2 500 ha <strong>en</strong> 2013. Au 31 mai 2012, AGO avait déjà acquis 5 000 ha etplanté 435 ha ». 325Deux autres projets qui figur<strong>en</strong>t dans le rapport de l’IIED sont celui de la Tanzania Biodiesel Plant Ltd,qui a obt<strong>en</strong>u 16 000 hectares à Bagamoyo, et celui d’InfEnergy Co. Ltd, qui a acquis 5 818 hectares àKilombero. 326 En plus, un rapport commandé par Oxfam (2008) m<strong>en</strong>tionne d’autres projets <strong>en</strong>core : celuide TM Plantations Ltd, une <strong>en</strong>treprise malaise qui fera des plantations à Kigoma ; celui de Sithe globalPower LLC (USA), qui prévoit de faire des plantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> sur 50 000 hectares etd’installer des raffineries <strong>en</strong> Tanzanie ; celui d’InfEnergy (Royaume-Uni), qui a pris une option sur10 000 hectares pour une plantation de <strong>palmier</strong>s irriguée, et celui d’un « groupe de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> »malais dont on ne connaît pas le nom, qui prévoit de planter 40 000 ha dans la zone de Kigoma. 327Selon un docum<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> 2009 à Nairobi par le ministre de l’Agriculture, de la Sécurité alim<strong>en</strong>taireet des Coopératives (Perspective du gouvernem<strong>en</strong>t tanzani<strong>en</strong> sur les biocombustibles) les « zonesréservées aux cultures pour la production de biocombustibles » sont Kigoma et Ruvuma, près de lafrontière du Mozambique. 328 Néanmoins, les projets m<strong>en</strong>tionnés plus haut montr<strong>en</strong>t qu’on fera desplantations de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> dans un grand nombre de régions de tout le pays.La multiplication des investissem<strong>en</strong>ts dans la production d’agrocombustibles (canne à sucre, jatropha,tournesol et <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>) peut avoir de graves conséqu<strong>en</strong>ces pour la société et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, dontles suivantes : 329– l’augm<strong>en</strong>tation de la demande de produits agricoles au détrim<strong>en</strong>t de la souveraineté alim<strong>en</strong>taire ;– la montée des prix des alim<strong>en</strong>ts, qui provoque la famine et la malnutrition ;– l’expulsion des petits agriculteurs ;– l’expulsion des communautés agricoles de leurs territoires ;– l’expulsion des éleveurs de leurs terres ;– des conflits autour de l’utilisation de l’eau ;– des violations des droits de l’homme associées à l’expansion de la monoculture ;– la pollution de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.Malgré tous ces dangers, le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>courage fortem<strong>en</strong>t le développem<strong>en</strong>t des agrocombustibles,avec le souti<strong>en</strong> d’organismes tels que l’ag<strong>en</strong>ce suédoise SIDA (qui a financé les réunions initiales duGroupe de travail spécial sur les biocombustibles) et l’ag<strong>en</strong>ce allemande GTZ (qui a commandé la323 http://www.iied.org/pubs/pdfs/12560IIED.pdf.324 http://snrecmitigation.wordpress.com/2009/04/22/in-search-for-the-silver-bullet-mitigating-climate-change-through-oil-palmagroforestry/.325 http://www.africagre<strong>en</strong>oils.com/.326 http://www.iied.org/pubs/pdfs/12560IIED.pdf.327 http://www.coet.udsm.ac.tz/biofuel%20docum<strong>en</strong>ts/July08%20-%20(Oxfam)%20BIOFUELS.doc.328http://<strong>en</strong>ergyc<strong>en</strong>ter.epfl.ch/webdav/site/cgse/shared/Biofuels/Regional%20Outreaches%20&%20Meetings/2009/East%20Africa/Govt%20Tanzania.pdf.329 Abdallah Mkindi (2007) : The socio-economic and <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>tal impacts of a biofuel industry in Tanzania,http://www.biofuelwatch.org.uk/UKFG/<strong>en</strong>virocare.pps.66


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurpremière étude détaillée des perspectives de la Tanzanie <strong>en</strong> matière de biocarburants pour le secteur destransports). 330 Dans ces circonstances, il est très important que les organisations de la société civile et lescommunautés locales s’impliqu<strong>en</strong>t dans la question pour influer positivem<strong>en</strong>t sur les activités des<strong>en</strong>treprises et sur les politiques gouvernem<strong>en</strong>tales.Comme l’explique Abdallah Mkindee, d’Envirocare Tanzanie : « Maint<strong>en</strong>ant que la Tanzanie dép<strong>en</strong>d <strong>en</strong>perman<strong>en</strong>ce de l’aide alim<strong>en</strong>taire extérieure parce que les sécheresses sont de plus <strong>en</strong> plus fréqu<strong>en</strong>tes, lapolitique qui consiste à produire du combustible pour l’exportation au lieu de produire des alim<strong>en</strong>ts pourles Tanzani<strong>en</strong>s ne fera qu’aggraver la pauvreté et l’insécurité alim<strong>en</strong>taire du pays dans les années àv<strong>en</strong>ir ». 331<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> au TogoLa palmeraie naturelle togolaise prés<strong>en</strong>te les aspects les plus divers selon son lieu d’implantation. Au sud,du pays on trouve des palmeraies exploitées à de très multiples fins (<strong>huile</strong>, vin, alcool, etc.). Au nord, lapalmeraie n’est exploitée que très partiellem<strong>en</strong>t. 332La production nationale est estimée à plus de 130.000 tonnes/an. Sur une superficie totale de 600.000 hade palmeraie naturelle, 70% se trouv<strong>en</strong>t au sud dans les régions maritimes et des plateaux. Dans le norddu pays, la principale conc<strong>en</strong>tration se trouve dans la région de la Kara et plus précisém<strong>en</strong>t dans lapréfecture de Doufelgou. 333<strong>Le</strong>s utilisations du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> expliqu<strong>en</strong>t le nom de “plante miracle ” utilisé par les paysans 334 :- <strong>Le</strong>s noix de palme serv<strong>en</strong>t à la préparation des sauces, de l’<strong>huile</strong> de palme et de palmiste ;- la sève est utilisée pour la préparation du vin de palme et de l’alcool “sodabi ” ;- les coques de palmiste serv<strong>en</strong>t comme énergie dans les préparations culinaires ;- les c<strong>en</strong>dres qui <strong>en</strong> résult<strong>en</strong>t serv<strong>en</strong>t à la préparation de la potasse égalem<strong>en</strong>t utilisée <strong>en</strong> cuisine maisaussi pour la saponification dans la préparation des savons indigènes ;- les feuilles serv<strong>en</strong>t à la fabrication des balais et rameaux ;- les branches sont utilisées pour la confection des claies, des paniers ;- le tronc, divisé, est utilisé pour la construction des maisons ;- les racines sont utilisées dans la pharmacopée…<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> joue donc un rôle important dans l’économie paysanne dans la mesure où cette culturecontribue, d’une part, à satisfaire les besoins domestiques des paysans-planteurs, et d’autre part, à assurerà ces derniers des rev<strong>en</strong>us monétaires supplém<strong>en</strong>taires prov<strong>en</strong>ant de la v<strong>en</strong>te d’une partie des produitsdérivés des <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>. La palmeraie naturelle assure <strong>en</strong>core l’ess<strong>en</strong>tiel (90%) de la production derégimes de palmes contre 10% pour la palmeraie sélectionnée. La palmeraie naturelle, <strong>en</strong> raison del’ét<strong>en</strong>due très limitée des zones propices au développem<strong>en</strong>t de la palmeraie sélectionnée, est la principale330 http://www.coet.udsm.ac.tz/biofuel%20docum<strong>en</strong>ts/July08%20-%20(Oxfam)%20BIOFUELS.doc.331 http://www.africanbiodiversity.org/media/1210585739.pdf.332 http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-4739.html333 http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-4739.html334 http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-4739.html67


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futursource d’approvisionnem<strong>en</strong>t du pays <strong>en</strong> régimes de palme. Elle demeure une culture de r<strong>en</strong>te importantepour le paysan malgré son caractère de “produit de cueillette” avec des r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts faibles (1,5 à 2,5tonnes/ha contre 7 tonnes/ha pour la palmeraie sélectionnée). 335Dans plusieurs zones de palmeraies, ce sont des groupes de femmes qui font l’extraction artisanaled’<strong>huile</strong> de palme au niveau du village. Comme elles n’<strong>en</strong> dispos<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> palmeraies personnelles, ellesne sont pas <strong>en</strong> mesure d’interv<strong>en</strong>ir pour réguler leur approvisionnem<strong>en</strong>t tant qualitatif que quantitatif. Dece fait, ces groupem<strong>en</strong>ts de femmes sont positionnés habituellem<strong>en</strong>t au troisième échelon des interv<strong>en</strong>ants: planteurs, négociants, transformatrices. 336Comme dans d’autres pays de la région, l’Etat togolais dans le passé a fait d’importants investissem<strong>en</strong>tsdans le secteur <strong>palmier</strong>, tant <strong>en</strong> termes de plantations industrielles quedans des installations industrielles.Tel était le cas de la région d’Agou où l’<strong>en</strong>treprise étatique Société nationale pour la promotion des<strong>huile</strong>ries et des palmeraies (Sonaph), a créé plusieurs milliers d’hectares de plantations et une grandeusine pour la production d’<strong>huile</strong> de palme. 337En outre, comme dans de nombreux autres pays, des institutions financières multilatérales (la BanqueMondiale et le Fonds Monétaire International) ont imposé des processus de privatisation. Dans cecontexte, l’<strong>huile</strong>rie d’Agou fut privatisée <strong>en</strong> 1998 et achetée par l’Industrie togolaise des corps gras (Itcg).Pour alim<strong>en</strong>ter l’<strong>huile</strong>rie, il existait vers l’année 2000 quelques 1800 ha de plantations industrielles dontl’exploitation avait été confiée par l’Etat à des groupem<strong>en</strong>ts paysans. En outre, les privés togolaispossédai<strong>en</strong>t 1500 ha de palmeraies améliorées et 60 000 ha de palmeraies naturelles. L’usine ne tournait338 339qu’à 8 % de sa capacité de production parce qu’elle souffre d’un manque de matières premières.Pour t<strong>en</strong>ter de solutionner ce problème, le Togo a obt<strong>en</strong>u de l’Union europé<strong>en</strong>ne 200 millions de F cfa,dans le cadre du Stabex, pour la création de pépinières privées de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, destinées à créer 2000ha de plantations améliorées. 340Actuellem<strong>en</strong>t, la situation est décrite par une <strong>en</strong>treprise oléagineuse (Nioto ) de la façon suivante : « ledéficit pluviométrique 341 , le vieillissem<strong>en</strong>t des plantations, la faible r<strong>en</strong>tabilité des productions ontcontribué à la réduction drastique du <strong>palmier</strong> à usage industriel de sorte que l’usine d’Agou n’a plusqu’une activité marginale <strong>en</strong> palme et que Nioto, pour fabriquer de l’<strong>huile</strong> de palmiste, doits’approvisionner dans les zones de production naturelle et au Bénin.” 342La même source continue <strong>en</strong> disant que « le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> naturel est <strong>en</strong>core prés<strong>en</strong>t dans les régionsMaritime, des Plateaux et de Kara. Et “l’<strong>huile</strong> rouge”, l’<strong>huile</strong> de palme traditionnelle, y reste d’usagecourant ; de même, surtout dans le Mono, les noix de palmiste sont-ils concassés et triturésartisanalem<strong>en</strong>t. » 343<strong>Le</strong>s changem<strong>en</strong>ts dans la politique du gouvernem<strong>en</strong>t ont eu plusieurs conséqu<strong>en</strong>ces. D’une part, l’Etat acessé d’investir dans la création de nouvelles plantations et d’autre part les paysans, déçus par les prix quileur étai<strong>en</strong>t proposés, ont comm<strong>en</strong>cé par abattre les <strong>palmier</strong>s naturels pour fabriquer du sodabi, un alcoollocal à base de sève. En même temps, dans les palmeraies industrielles, les paysans ont rev<strong>en</strong>diqué les335 http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-4739.html336 http://www.codeart.org/pdf/dossier/essai-de-mecanisation-de-l-extraction-de-l-<strong>huile</strong>-de-palme-au-niveau-des-communautesvillageoises.pdf337 http://base.afrique-gouvernance.net/fr/corpus_dph/fiche-dph-219.html338 http://base.afrique-gouvernance.net/fr/corpus_dph/fiche-dph-219.html339 http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=1072340 http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=1072341 à partir des années 80, les précipitations ont chuté de plus de 1500 mm à moins de 1200 mm par an.http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=1072342 http://www.nioto-togo.com/spip.php?rubrique4343 http://www.nioto-togo.com/spip.php?rubrique468


<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurterres spoliées, expropriées ou louées par l’Etat depuis plusieurs déc<strong>en</strong>nies dans le cadre de la création desplantations industrielles. Estimant insuffisantes les primes et ristournes qui leur étai<strong>en</strong>t versées, ils ontabattu des <strong>palmier</strong>s et inc<strong>en</strong>dié des palmeraies. La Sonaph, l’<strong>en</strong>treprise étatique qui gérait l’usine et lesplantations, a perdu, dans ce mouvem<strong>en</strong>t, près de la moitié de ses palmeraies améliorées qui couvrai<strong>en</strong>t3600 hectares. 344344 http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=1072<strong>Le</strong> contrat prévoit la plantation de quelques 200 000 hectares de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong> d’ici à 2014, pour une production annuelle d’un million detonnes d’<strong>huile</strong> de palme.69

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