Proc<strong>la</strong>mation du commandant <strong>de</strong> <strong>la</strong> garnison alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Beaune</strong>-<strong>la</strong>-Ro<strong>la</strong>n<strong>de</strong>1 er AvisPar ordre <strong>de</strong>s autorités alleman<strong>de</strong>s, les rassemblements sont interditsCouvre-feu <strong>à</strong> 21 heuresLe camouf<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s lumières doit être strictement observé. Dans le cas contraire, lessentinelles ont ordre <strong>de</strong> tirer.Ce soir, <strong>de</strong> 20 heures <strong>à</strong> 21 heures, ceux qui veulent évacuer peuvent quitter <strong>la</strong> ville.Passé ce dé<strong>la</strong>i, toute entrée ou sortie est interdite.Les portes <strong>de</strong> toutes les maisons et <strong>de</strong> tous les garages doivent rester ouvertes aussibien les maisons occupées que celles <strong>la</strong>issées par les personnes quittant <strong>la</strong> ville. Lesfenêtres doivent être fermées2 ème AvisLes autorités alleman<strong>de</strong>s informent <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qu’au premier acte <strong>de</strong> sabotage,<strong>de</strong>s otages seront pris et fusillés immédiatement.3 ème AvisLes autorités d’occupation informent <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion que :1° il est interdit <strong>de</strong> circuler <strong>à</strong> bicyclette2° il est interdit d’entrer dans <strong>la</strong> ville et d’en sortir3° <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion sur les petits chemins ou sentie rs est formellement interdite4° quiconque essayera d’entrer ou <strong>de</strong> sortir par ces petits chemins ou sentierssera abattu par les sentinelles.4 ème AvisLes habitants sont informés que s’ils n’ont pas d’abri, ils pourront en cas <strong>de</strong>bombar<strong>de</strong>ments trouver refuge dans <strong>la</strong> crypte <strong>de</strong> l’église qui peut contenir 300personnes.Le lundi 21 août, après une nuit sans inci<strong>de</strong>nt, vers 9h00, <strong>la</strong> rumeur couraitque le commandant <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce retranchée <strong>de</strong> <strong>Beaune</strong>-<strong>la</strong>-Ro<strong>la</strong>n<strong>de</strong> venait <strong>de</strong> recevoirun ultimatum <strong>de</strong>s américains lui ordonnant <strong>de</strong> se rendre ou d’évacuer les lieux sansdé<strong>la</strong>i afin d’épargner <strong>la</strong> ville.<strong>La</strong> popu<strong>la</strong>tion prêtait l’oreille <strong>à</strong> un gron<strong>de</strong>ment sourd <strong>de</strong> <strong>la</strong> 3 ème armée alliéecommandée par le général Patton, survolée par <strong>de</strong>s avions <strong>de</strong> reconnaissance quidéfi<strong>la</strong>ient en <strong>de</strong>mi-cercles au sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et qui progressaient par Boiscommun,Saint Loup, le Pavé-<strong>de</strong>-Mézières et Juranville.Vers 10h30, tous les postes <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce ennemis abandonnèrent leurspositions, y compris <strong>la</strong> sentinelle postée dans <strong>la</strong> tourelle du clocher, et se replièrentvers les mails où étaient dissimulés les camions et les voitures. Puis <strong>la</strong> colonnealleman<strong>de</strong> s’engagea sur <strong>la</strong> route d’Egry, qui était pratiquement <strong>la</strong> seule voie <strong>de</strong> repliencore libre vers le Nord.Les chars d’assaut ennemis passèrent dans <strong>la</strong> rue du général Crouzat, en fin<strong>de</strong> colonne, <strong>de</strong>rrière les voitures d’Etat-major. A peine sortis <strong>de</strong> <strong>Beaune</strong>-<strong>la</strong>-Ro<strong>la</strong>n<strong>de</strong>,quatre hommes se détachèrent du groupe <strong>de</strong> revinrent sur leurs pas en manifestantl‘intention <strong>de</strong> se rendre aux soldats américains. Ils furent remis aux gendarmesfrançais qui les conduisirent dans <strong>de</strong>s baraques <strong>de</strong> l’ancien camp.4
Vers 11h30, <strong>la</strong> municipalité <strong>de</strong> <strong>Beaune</strong>-<strong>la</strong>-Ro<strong>la</strong>n<strong>de</strong> faisait pavoiser le clocherpour signaler aux américains, déj<strong>à</strong> alertés, du départ <strong>de</strong>s troupes alleman<strong>de</strong>s. <strong>La</strong>colonne américaine détacha aussitôt un groupe <strong>de</strong> reconnaissance qui fit son entréedans <strong>la</strong> ville vers 12h00 pendant que les cloches sonnaient <strong>à</strong> toutes volées. <strong>La</strong>libération <strong>de</strong> <strong>Beaune</strong>-<strong>la</strong>-Ro<strong>la</strong>n<strong>de</strong> venait d’avoir lieu. Tous les habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> villepavoisaient les fenêtres <strong>de</strong> drapeaux tricolores ho combien cachés !, dans l’attente<strong>de</strong> ce grand jour.Conclusion :Tant <strong>de</strong> souvenirs, <strong>de</strong> tourmente et <strong>de</strong> sacrifice restent bien ancrés dans lecœur <strong>de</strong> tous ceux qui, par leur courage leur abnégation et le don <strong>de</strong> soi, participèrent<strong>à</strong> <strong>la</strong> libération du sol <strong>de</strong> France. Pendant les années d’occupation les <strong>communes</strong> ducanton <strong>de</strong> <strong>Beaune</strong>-<strong>la</strong>-Ro<strong>la</strong>n<strong>de</strong> ont connu les souffrances, <strong>la</strong> peur ; mais aussi lecourage pour braver l’occupant.Par ce qu’ils ont vécu dans leur chair et au plus profond <strong>de</strong> leur être ce récit estdédiée <strong>à</strong> tous les habitants qui ont connu <strong>la</strong> joie <strong>de</strong> <strong>la</strong> délivrance ainsi qu’auxgénérations d’après guerre pour qu’elles retiennent avec fierté qu’elles sont le fruitd’indépendance d’espoir, et <strong>de</strong> liberté.Documentation :Jeep <strong>de</strong>s alliés <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> gendarmerie <strong>de</strong> <strong>Beaune</strong>-<strong>la</strong>-Ro<strong>la</strong>n<strong>de</strong>.21 août 1944. Col : J. Richard5