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Troubles de la marche et de l'équilibre

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CHAPITRE XI : TROUBLES DE LA MARCHE ET DE L’EQUILIBRE.CHUTES CHEZ LE SUJET AGEI- Sémiologie <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong>A- AnamnèseB- Analyse catégorielleC- Analyse sémiologiqueII- Epidémiologie <strong>de</strong>s chutesIII- Les conséquences <strong>de</strong>s chutesA- Le décèsB- Les traumatismes <strong>et</strong> les fracturesC- L’impossibilité <strong>de</strong> se releverD- Le syndrome post-chute <strong>et</strong> <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> tomberE- La perte d’autonomieIV- Les principaux facteurs associés au risque <strong>de</strong> chuteA- Les facteurs liés à l’âgeB- Les conditions intrinsèquesC- Les causes environnementalesV- Caractéristiques <strong>de</strong>s chutes survenant chez les personnes âgéesA- Les personnes âgées en bon état <strong>de</strong> santéB- Les personnes âgées fragilesC- Les personnes âgées dépendantes vivant en institutionVI- Evaluation <strong>de</strong>s facteurs prédictifs <strong>de</strong> récidive <strong>de</strong> <strong>la</strong> chuteVII- Traitement du suj<strong>et</strong> âgé après une chuteItem 62 : Objectifs terminauxDiagnostiquer les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’équilibre chez le suj<strong>et</strong> âgéArgumenter le caractère <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong>s chutes <strong>et</strong> décrire <strong>la</strong> prise en chargeDernière remise à jour : juin 2005133


CHAPITRE XI : TROUBLES DE LA MARCHE ET DE L’EQUILIBRE.CHUTES CHEZ LE SUJET AGELa <strong>marche</strong> est une modalité particulière du mouvement qui nécessite l’intégrité <strong>de</strong>s voies motrices,cérébelleuses, vestibu<strong>la</strong>ires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s afférences proprioceptives. Trois systèmes sont impliqués dans <strong>la</strong><strong>marche</strong> :- Le système anti-gravitaire : sous <strong>la</strong> dépendance <strong>de</strong>s muscles anti-gravitaires qui chez l’hommecorrespon<strong>de</strong>nt aux muscles extenseurs <strong>de</strong>s membres inférieurs <strong>et</strong> les muscles paravertébraux.- Le système <strong>de</strong> production du pas : <strong>la</strong> production <strong>de</strong> pas est une activité rythmique au cours <strong>de</strong><strong>la</strong>quelle le poids du corps alterne d’un membre inférieur à l’autre, par l’intermédiaire d’unappui monopodal.- Le système d’équilibre <strong>et</strong> d’adaptation posturale : <strong>la</strong> station <strong>de</strong>bout définit <strong>la</strong> posture. Lafonction d’équilibration vise au maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> posture. Ce système complexe intègre lesinformations <strong>de</strong> 4 mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> perception : <strong>la</strong> vue, le système vestibu<strong>la</strong>ire, les voies sensitivesafférentes proprioceptives <strong>et</strong> les voies sensitives afférentes tactiles épicritiques.I- Sémiologie <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong>Le clinicien est souvent confronté à <strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong>, particulièrementdans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion âgée. Les causes neurologiques <strong>et</strong> non neurologiques sont très variées.Malgré les progrès technologiques, l’anamnèse <strong>et</strong> l’examen clinique <strong>de</strong>meurent les outils essentiels pourétablir un diagnostic précis. Les mécanismes <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> chez le suj<strong>et</strong> âgé ne sont pas trèsdifférents <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s adultes plus jeunes. En pratique, le trouble <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> peut être renducomplexe par <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong> plusieurs atteintes élémentaires ou <strong>de</strong> plusieurs mécanismes.Schématiquement, on peut avoir trois approches <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> : <strong>la</strong> première basée surl’anamnèse, <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> sur une analyse catégorielle <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> troisième surl’analyse sémiologique proprement dite <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong>.A- AnamnèseTout d’abord, une anamnèse dirigée peut ainsi souvent ai<strong>de</strong>r à localiser le site lésionnel. Une difficultéà effectuer certains mouvements comme relever le pied, monter les escaliers ou se relever <strong>de</strong> <strong>la</strong> positionassise peuvent orienter vers une ma<strong>la</strong>die muscu<strong>la</strong>ire ou du système nerveux périphérique. Unesensation <strong>de</strong> rai<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s membres inférieurs évoquera une atteinte motrice pyramidale ou134


extrapyramidale. Un trouble <strong>de</strong> l’équilibre <strong>de</strong>vra faire rechercher une atteinte cérébelleuse, sensitive,vestibu<strong>la</strong>ire ou frontale. Les chutes sont fréquentes dans les atteintes frontales, les syndromesparkinsoniens <strong>et</strong> les ataxies sensitives. Elles sont plus rares dans les atteintes cérébelleuses. L’existence<strong>de</strong> douleurs pourra orienter vers une lombosciatique, une arthrose <strong>de</strong> hanche ou <strong>de</strong> genou …B- Analyse catégorielleOn peut schématiquement distinguer quatre gran<strong>de</strong>s situations, selon l’existence ou non <strong>de</strong> douleurs,sur le caractère permanent ou non <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong>, <strong>et</strong> sur le caractère provoqué ou non parl’effort. La première situation correspond à une impotence fonctionnelle avec douleurs permanentes(sciatique L5 ou S1, phlébite surale, artérite sta<strong>de</strong> IV, arthrite ou arthrose, …). La <strong>de</strong>uxième situationcorrespond à une impotence fonctionnelle avec douleurs à l’effort (sciatique L5 ou S1, artérite sta<strong>de</strong>II-III, canal lombaire étroit, …). La troisième situation correspond à une impotence fonctionnellesans douleur mais à l’effort (ischémie médul<strong>la</strong>ire, compression médul<strong>la</strong>ire, myasthénie, syndromemyogène …). La quatrième situation correspond à une impotence fonctionnelle sans douleur maispermanente (troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> d’origine neurologique : syndrome parkinsonien, ataxie, …).C- Analyse sémiologiqueOn peut ensuite sur une analyse sémiologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> basée sur <strong>de</strong>s caractéristiques dominantes(polygone <strong>de</strong> sustentation, vitesse <strong>et</strong> amplitu<strong>de</strong> du pas, position <strong>de</strong>s bras par rapport au tronc, bal<strong>la</strong>nt<strong>de</strong>s bras, fréquence <strong>de</strong>s chutes, aggravation <strong>de</strong> <strong>la</strong> station <strong>de</strong>bout à <strong>la</strong> ferm<strong>et</strong>ure <strong>de</strong>s yeux, …) s’orienterdans les différents mécanismes impliqués.On pourra ainsi différencier les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> d’origine frontale ou fronto-sous-corticale, <strong>la</strong><strong>marche</strong> précautionneuse, <strong>la</strong> <strong>marche</strong> parkinsonienne, les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> provoqués par lesmouvements anormaux, <strong>la</strong> <strong>marche</strong> cérébelleuse, <strong>la</strong> <strong>marche</strong> talonnante, <strong>la</strong> <strong>marche</strong> vestibu<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong><strong>marche</strong> spastique, <strong>la</strong> <strong>marche</strong> parétique, <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> douloureuse.Une bonne connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> sémiologie <strong>de</strong>s différents troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’équilibre perm<strong>et</strong><strong>de</strong> poser un diagnostic clinique <strong>et</strong> d’orienter les investigations. Les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> mériteraientd’être mieux analysés par le clinicien, en particulier chez <strong>la</strong> personne âgée. Ces troubles sont souvent àl’origine <strong>de</strong> chutes aux conséquences lour<strong>de</strong>s.Nous allons tenter dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ce chapitre <strong>de</strong> développer les caractéristiques les plus communes <strong>et</strong>les plus fréquentes <strong>de</strong>s chutes chez <strong>la</strong> personne âgée. Nous n’abor<strong>de</strong>rons volontairement pas les chutessyncopales <strong>et</strong> celles liées aux acci<strong>de</strong>nts vascu<strong>la</strong>ires cérébraux ou encore les épilepsies, traitées parailleurs.135


Exemples simplifiés <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong>Posture Occlusion<strong>de</strong>s yeuxPolygone Vitesse Amplitu<strong>de</strong> Initiation du pas Bras/troncFrontaleInstable/ + - - -- +ChutesPrécautionneuse Instable / + - - - +Parkinsonnienne Instable / / ou - - - -- -Cérébelleuse Instable +++ / ++ - +/- / +Talonnante Instable +++ChutesAggravation + - +/- / /Vestibu<strong>la</strong>ire Instable +++ChutesAggravation / - / / /+ : augmenté ; - : diminué ; / : normal.II- Epidémiologie <strong>de</strong>s chutesLa chute est un événement particulièrement fréquent chez le suj<strong>et</strong> âgé. On estime qu’environ 30% <strong>de</strong>spersonnes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 65 ans <strong>et</strong> 50% <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong> 85 ans chutent chaque année. Parmi les « chuteurs », <strong>la</strong>moitié présentera <strong>de</strong>s chutes à répétition.Il est important <strong>de</strong> rappeler que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion âgée est une popu<strong>la</strong>tion extrêmement hétérogène. Ainsi,<strong>la</strong> fréquence <strong>et</strong> les conséquences <strong>de</strong>s chutes ne sont pas les mêmes selon qu’il s’agit d’une personne enbon état <strong>de</strong> santé, fragile ou institutionnalisée. On estime que chaque année, plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>ssuj<strong>et</strong>s résidant en maison <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite présente une chute.III- Les conséquences <strong>de</strong>s chutesA- Le décèsAu-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 65 ans, environ 2 décès sur 1000 sont directement liés à <strong>la</strong> survenue <strong>de</strong> chute. C<strong>et</strong>teproportion est bien sûr plus élevée chez les suj<strong>et</strong>s institutionnalisés. La moitié <strong>de</strong>s décès surviennent audécours d’une fracture du col du fémur.136


B- Les traumatismes <strong>et</strong> les fracturesDans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, il s’agit <strong>de</strong> traumatismes mineurs. Dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion non institutionnalisée,les chutes entraînent 5% <strong>de</strong> fractures (1 à 2% <strong>de</strong> fracture du col <strong>de</strong> fémur en particulier). C<strong>et</strong>tefréquence est bien sur plus élevée lorsque l’on s’adresse à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion institutionnalisée.C- L’impossibilité <strong>de</strong> se releverMême en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> traumatismes graves, il arrive que certaines personnes n’arrivent pas à se releverseules. La durée pendant <strong>la</strong>quelle le suj<strong>et</strong> reste au sol peut être particulièrement longue chez ceuxvivant seuls à domicile (d’où l’intérêt <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> télé-a<strong>la</strong>rme). Ces suj<strong>et</strong>s sont d’autant plus àrisque <strong>de</strong> complications que c<strong>et</strong>te durée est longue: déshydratation, pneumopathie, rhabdomyolyse,escarres <strong>et</strong>c.D- Le syndrome post-chute <strong>et</strong> <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> tomberLe syndrome post-chute est un trouble <strong>de</strong> <strong>la</strong> statique surtout en position <strong>de</strong>bout se caractérisant parune projection du tronc en arrière (rétro pulsion) <strong>et</strong> un appui podal postérieur. S’y associe biensouvent une composante psychologique <strong>de</strong> type anxieux. Ce syndrome doit pouvoir être pris en chargerapi<strong>de</strong>ment par <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> rééducation <strong>de</strong> l’équilibre <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> avant le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> régressionpsychomotrice.Environ un tiers <strong>de</strong>s `chuteurs’ rapporte une peur <strong>de</strong> rechuter. C<strong>et</strong>te peur est dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s casen rapport avec <strong>de</strong> réels problèmes organiques (troubles <strong>de</strong> l’équilibre par exemple). Il peut égalements’agir <strong>de</strong>s conséquences psychologiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> chute (anxiété, sentiments <strong>de</strong> dévalorisation, dépression).Mais dans tous les cas, c<strong>et</strong>te peur nécessite d’être recherchée par <strong>de</strong>s questions spécifiques car elle peutbénéficier d’une prise en charge adaptée (rééducation par exemple) avant qu’il ne soit trop tard.E- La perte d’autonomieLa chute peut être à l’origine d’une perte d’autonomie <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne âgée à cause <strong>de</strong> ses conséquencestraumatiques (fractures, douleurs…) ou psychologiques.Par exemple, une personne active peut, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> tomber, restreindre progressivement sesactivités (voyages, sorties…) <strong>et</strong> rentrer dans <strong>la</strong> spirale <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépendance : diminution <strong>de</strong>s activitésphysiques <strong>et</strong> par conséquent, perte progressive <strong>de</strong> ses capacités, diminution <strong>de</strong>s participations sociales,isolement, dépression <strong>et</strong>c…137


La prise en charge d’une chute ne se résume pas à <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> sa gravité immédiate. Il est toutaussi important <strong>de</strong> connaître les conséquences possibles à long terme, <strong>de</strong> les dépister à temps <strong>et</strong> <strong>de</strong> lesprévenir.IV- Les principaux facteurs associés au risque <strong>de</strong> chuteDans un souci <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté, on distinguera : les facteurs liés à l’âge, les diverses conditions intrinsèques <strong>et</strong>les causes environnementales.A- Les facteurs liés à l’âgeLa fonction d’équilibration <strong>de</strong> <strong>la</strong> posture (station <strong>de</strong>bout) est particulièrement complexe chez l’êtrehumain <strong>et</strong> contrôlée par différents systèmes : <strong>la</strong> vue, le système vestibu<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> sensibilité épicritique <strong>et</strong>proprioceptive, <strong>et</strong> bien sur le système nerveux central. Les diverses contractions muscu<strong>la</strong>irescommandées par le système nerveux central tentent en permanence d’ajuster l’équilibre du suj<strong>et</strong>.Les modifications liées à l’âge sont très difficiles à étudier <strong>de</strong> façon spécifique. En eff<strong>et</strong>, <strong>de</strong> nombreusespersonnes âgées sont atteintes <strong>de</strong> pathologies diverses pouvant affecter l’équilibre. Il semble cependantque les réactions posturales se maintiennent au cours du vieillissement physiologique mais que <strong>la</strong>vitesse <strong>de</strong>s réactions <strong>et</strong> les capacités d’adaptation aux situations extrêmes soient moindres.Les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’équilibre peuvent être évalués par l’échelle <strong>de</strong> Tin<strong>et</strong>ti (Annexe 1). Unscore total < 26 indique habituellement un problème. Plus le score est bas, plus le problème est sévère.L’impossibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> station unipodale c’est à dire l’incapacité <strong>de</strong> tenir 5 secon<strong>de</strong>s sur une jambeindique un risque <strong>de</strong> chute grave multiplié par 2,5.B- Les conditions intrinsèquesDifférentes conditions pathologiques concourent à rendre le suj<strong>et</strong> âgé à risque <strong>de</strong> chute. Il s’agit enmajorité <strong>de</strong>s pathologies neurologiques, cardiovascu<strong>la</strong>ires, visuelles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s atteintes <strong>de</strong> l’appareillocomoteur. Nous ne détaillerons pas chacune <strong>de</strong> ces diverses pathologies traitées par ailleurs.Les diverses médications peuvent parfois aggraver une situation déjà fragile. Parmi elles, citons :- les traitements psychotropes dépresseurs du système nerveux central,- les traitements pouvant être à l’origine d’une hypotension (les antihypertenseurs, lesantiparkinsoniens, certains psychotropes…),- les myore<strong>la</strong>xants en général,- les hypoglycemiants.138


Les chutes sont 3 fois plus fréquentes chez les suj<strong>et</strong>s atteints <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> type Alzheimer parrapport aux suj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> même âge. A chute égale, les fractures sont 2 fois plus fréquentes chez cespatients. Les raisons sont multiples :- <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die d’Alzheimer peut s’accompagner d’une atteinte centrale <strong>de</strong>s systèmes régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong>l’équilibre, parfois dès les premières années d’évolution,- <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die s’accompagne fréquemment d’une perte <strong>de</strong> poids <strong>et</strong> d’une sarcopénie (diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong>masse muscu<strong>la</strong>ire),- l’intégration <strong>de</strong> l’environnement peut être plus difficile,- les diverses médications en particulier les psychotropes peuvent avoir un eff<strong>et</strong> aggravant.Il est important <strong>de</strong> souligner que n’importe quelle situation aiguë comme une pneumopathie ou uneinfection urinaire peut être responsable <strong>de</strong> chute. Ainsi, chez <strong>la</strong> personne âgée, <strong>la</strong> chute peut être uneprésentation non spécifique d’une situation aiguë.C- Les causes environnementalesUne gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s chutes est acci<strong>de</strong>ntelle. L’interrogatoire du patient <strong>et</strong> <strong>de</strong> son entourage estfondamental. Il convient donc <strong>de</strong> rechercher les facteurs environnementaux avec soin : sols glissants,mauvais éc<strong>la</strong>irages, hauteur du mobilier (lit ou fauteuil) inadaptée, absence <strong>de</strong> rampe, fils électriquesou autres. Une <strong>de</strong>s raisons les plus fréquentes concerne les chaussures inadaptées ou les vêtements troplongs.V- Caractéristiques <strong>de</strong>s chutes survenant chez les personnes âgéesComme vu précé<strong>de</strong>mment, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion âgée est extrêmement hétérogène. Les raisons <strong>de</strong>s chutes sontdonc différentes en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion concernée.A- Les personnes âgées en bon état <strong>de</strong> santéLes chutes sont très fréquentes dans c<strong>et</strong>te popu<strong>la</strong>tion. Il s’agit en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> personnes qui continuent àavoir une activité physique <strong>et</strong> sociale. Parmi elles, certaines améliorent même leurs capacités physiques<strong>et</strong> cognitives avec l’avance en âge (successful aging <strong>de</strong>s anglo-saxons). Compte tenu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te activité, lescirconstances pouvant engendrer <strong>de</strong>s chutes sont nombreuses. Toutefois, les chutes se font dans <strong>la</strong>plupart <strong>de</strong>s cas vers l’avant. Les réflexes <strong>de</strong> protection sont en général conservés car ces suj<strong>et</strong>s arrivent àse r<strong>et</strong>enir avec <strong>la</strong> main ou le bras. C’est pourquoi, malgré <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> fréquence <strong>de</strong>s chutes, les fracturesdu col du fémur sont rares. Il convient <strong>de</strong> dépister les suj<strong>et</strong>s à risque <strong>de</strong> récidive <strong>de</strong> chute (anomalie <strong>de</strong><strong>la</strong> station uni-podale, <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> tomber…) <strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre les stratégies préventives nécessaires.139


Il faut surtout savoir dédramatiser <strong>la</strong> situation car dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, il ne s’agit que d’unacci<strong>de</strong>nt. Dans le cas contraire, <strong>la</strong> chute peut être l’occasion pour <strong>la</strong> personne d’une dévalorisation <strong>et</strong>d’une perte <strong>de</strong> confiance. La réduction d’activité qui en résulte peut faire basculer le suj<strong>et</strong> dans l’état <strong>de</strong>fragilité puis dans <strong>la</strong> dépendance.B- Les personnes âgées fragilesLa fragilité est définie comme une réduction <strong>de</strong>s capacités physiologiques <strong>et</strong> fonctionnelles <strong>de</strong> <strong>la</strong>personne âgée sans que ces réductions ne soient dues à une ma<strong>la</strong>die précise. Il s’agit d’un état instable.La survenue d’une chute ou <strong>de</strong> n’importe quel événement stressant peut faire basculer le suj<strong>et</strong> dans un<strong>et</strong>rajectoire <strong>de</strong> vieillissement pathologique. C<strong>et</strong>te popu<strong>la</strong>tion doit être une <strong>de</strong>s cibles privilégiées <strong>de</strong>l’intervention gérontologique. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong>s fractures du col du fémur dans c<strong>et</strong>te popu<strong>la</strong>tionn’est possible que si l’on agit conjointement sur l’ostéoporose, sur les facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> chute <strong>et</strong> lesdifférentes composantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> fragilité (<strong>la</strong> fonction muscu<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> fonction aérobie, les fonctionscognitives <strong>et</strong> le statut nutritionnel).Selon <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s en particulier <strong>la</strong> SOF (Study of Osteoporotic Fracture), une perte <strong>de</strong> poidssignificative <strong>et</strong> involontaire augmente <strong>de</strong> façon importante <strong>la</strong> survenue <strong>de</strong> fracture du col du fémur.En l’absence <strong>de</strong> conséquences traumatiques graves, <strong>la</strong> <strong>marche</strong> doit pouvoir être reprise très rapi<strong>de</strong>ment.En eff<strong>et</strong>, plus le dé<strong>la</strong>i entre <strong>la</strong> chute <strong>et</strong> <strong>la</strong> reprise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>marche</strong> est long, plus <strong>la</strong> récupération estdifficile. Il est donc très utile d’expliquer ce<strong>la</strong> au patient <strong>et</strong> surtout à sa famille qui trop souvent, <strong>et</strong> àtort, a tendance à sur-protéger le patient <strong>et</strong> à s’opposer au lever rapi<strong>de</strong>.C- Les personnes âgées dépendantes vivant en institutionOn estime qu’en France, 5% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion âgée est institutionnalisée. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s chutes chezces personnes est particulièrement élevée. La cause <strong>de</strong> ces chutes est souvent très difficile à établir. Ellessont en général <strong>la</strong> traduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> polypathologie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’affaiblissement <strong>de</strong> l’état général. Par ailleurs,une gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> ces suj<strong>et</strong>s est atteinte <strong>de</strong> démence majoritairement <strong>de</strong> type Alzheimer. Lesdifférents traitements peuvent également aggraver une situation déjà précaire.Outre l’évaluation <strong>et</strong> <strong>la</strong> prise en charge globale du patient, l’aménagement architectural (espace <strong>de</strong>déambu<strong>la</strong>tion) a ici un rôle très important.Les protecteurs <strong>de</strong> hanche semblent également un <strong>de</strong>s moyens perm<strong>et</strong>tant <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s fracturesdu col du fémur dans c<strong>et</strong>te popu<strong>la</strong>tion. Il s’agit en général <strong>de</strong> culottes rembourrées sur les hanches,perm<strong>et</strong>tant une atténuation du choc lié à <strong>la</strong> chute.Une <strong>de</strong>s questions délicates qui reste posée est celles <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s contentions. Il est actuellementdémontré que les contentions (en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> quelques indications particulières) non seulement ne140


préviennent pas le risque <strong>de</strong> chute mais au contraire les aggravent. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> non-utilisation <strong>de</strong>scapacités entraîne peu à peu une perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction.VI- Evaluation <strong>de</strong>s facteurs prédictifs <strong>de</strong> récidive <strong>de</strong> <strong>la</strong> chuteDe façon évi<strong>de</strong>nte, certaines pathologies non curables représentent <strong>de</strong>s facteurs étiologiques <strong>de</strong> récidive<strong>de</strong> chute. D’autres éléments doivent être recherchés :- le nombre <strong>de</strong> chutes antérieures : en particulier dans les 3 mois précé<strong>de</strong>nts- l’impossibilité d’un relever du sol spontané après une chute ; par ailleurs, plus le temps passéau sol est long <strong>et</strong> plus le risque <strong>de</strong> mortalité est importantEnfin, il faut évaluer objectivement <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> l’équilibre. Une station unipodaleanormale (impossibilité <strong>de</strong> tenir moins <strong>de</strong> 5 secon<strong>de</strong> sur une jambe) augmente le risque <strong>de</strong> chute.L’épreuve <strong>de</strong> Tin<strong>et</strong>ti perm<strong>et</strong> une évaluation <strong>de</strong> l’équimibre statique <strong>et</strong> dynamique. Pour certains auteurs,le walking talking test est un outil intéressant. Ce test consiste à faire parler le suj<strong>et</strong> en marchant. Lespersonnes atteints d’une fragilité posturale s’arrêtent <strong>de</strong> <strong>marche</strong>r quand ils parlent.VII- Traitement du suj<strong>et</strong> âgé après une chuteLa prise en charge doit être précoce <strong>et</strong> globale. Il convient <strong>de</strong> traiter en premier lieu les conséquencesimmédiates en particulier traumatologiques. Il faut essayer dans <strong>la</strong> mesure du possible une prise encharge simultanée <strong>de</strong>s facteurs précipitants <strong>et</strong> une verticalisation précoce. La chute est en générall’occasion <strong>de</strong> faire une évaluation médico-sociale <strong>et</strong> en fonction une adaptation voir un aménagementdu domicile.L’impossibilité du patient <strong>de</strong> se relever du sol <strong>de</strong> façon spontanée peut être à l’origine d’anxiété <strong>et</strong> d’unsentiment d’insécurité. L’aspect psychologique ne doit pas être négligé.141


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