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Emploi atypique et précarité chez les jeunes - Secrétariat à la ...

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Avant-propos5Le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se (CPJ) est le seul organismegouvernemental dirigé par des <strong>jeunes</strong>. Il regroupe quinzemembres âgés de 15 à 30 ans, qui ont à cœur l’améliorationdes conditions de vie des <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> leur participation à <strong>la</strong> sociétéquébécoise. Ces personnes proviennent de différentes régions duQuébec <strong>et</strong> sont en poste pour trois ans.Le Conseil relève du ministre d’État à l’Éducation <strong>et</strong> à <strong>la</strong> Jeunesse <strong>et</strong>son mandat est de conseiller le gouvernement du Québec sur toutequestion touchant <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se. Pour y arriver, il mène des enquêtes <strong>et</strong>des consultations, sollicite des opinions, organise des événementsrassembleurs, s’associe à divers partenaires <strong>et</strong> publie des avis, desmémoires ainsi que des rapports sur des questions qui concernent <strong>les</strong><strong>jeunes</strong>. Le CPJ cherche donc à connaître <strong>les</strong> points de vue des <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong>à <strong>les</strong> faire valoir. Le Conseil suit aussi l’actualité de très près <strong>et</strong> réagitpubliquement quand il croit que <strong>les</strong> intérêts des <strong>jeunes</strong> le commandent.EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESUne main-d’œuvre à bas prix, compétente <strong>et</strong> j<strong>et</strong>able!CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEAu cours des dernières années, il s’est penché sur <strong>les</strong> questions suivantes 1 :l’accès des <strong>jeunes</strong> à une citoyenn<strong>et</strong>é pleine <strong>et</strong> active, une politique<strong>jeunes</strong>se, l’accès des <strong>jeunes</strong> à <strong>la</strong> fonction publique québécoise, <strong>les</strong>c<strong>la</strong>uses « orphelin », l’exode des <strong>jeunes</strong> vers <strong>les</strong> milieux urbains, <strong>la</strong>délinquance, le suicide, l’éducation, <strong>la</strong> formation professionnelle, <strong>la</strong>sécurité du revenu, <strong>et</strong>c. L’organisme participe également aux commissionsparlementaires lorsque <strong>les</strong> proj<strong>et</strong>s de lois étudiés concernent<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>.1 Une liste complète des publications est disponible au Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.On peut également <strong>la</strong> consulter dans Intern<strong>et</strong> : http://www.cpj.gouv.qc.ca


6 IntroductionEMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESUne main-d’œuvre à bas prix, compétente <strong>et</strong> j<strong>et</strong>able!CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEalimente <strong>les</strong> discussions des <strong>jeunes</strong>. Personne ne s’enétonne : il est normal de parler de ce qu’on fait ou souhaiteL’emploifaire, de ce qui meuble nos journées. Mais tendons un peul’oreille : <strong>les</strong> propos des <strong>jeunes</strong> sur <strong>la</strong> promotion ou l’augmentationde sa<strong>la</strong>ire à venir sont rares. Ils s’inquiètent plutôt de leur contratde travail qui s’achève <strong>et</strong> des possibilités plus ou moins grandesqu’il soit renouvelé. Ils évoquent avec espoir <strong>les</strong> curriculum vitæexpédiés pour trouver une vraie « job », permanente. Ils racontent<strong>les</strong> tracas que leur cause leur nouvel emploi à temps partiel, qu’ilsdoivent concilier avec leur autre emploi, qui est temporaire.La discussion peut ensuite s’orienter vers <strong>les</strong> enfants qu’ils aimeraient avoir, lorsqu’aumoins un des deux conjoints occupera un emploi stable; vers <strong>la</strong> maison dont ils rêventou simplement vers l’appartement qu’ils souhaiteraient se payer, sans avoir à le partageravec des « colocs » qui ne font jamais <strong>la</strong> vaisselle… Ils parlent aussi des vacances qu’ilsprendront peut-être un jour, quand il leur sera permis de souffler un peu. Car il n’y apas de vacances pour <strong>les</strong> précaires, seulement des périodes sans emploi.À écouter <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>, on comprend bien que l’emploi est au cœur de leur vie, qu’il <strong>les</strong>préoccupe au plus haut point. Pourtant, <strong>la</strong> conjoncture économique en ce début devingt-<strong>et</strong>-unième siècle est plutôt favorable. Le chômage est en baisse <strong>et</strong> le nombre de<strong>jeunes</strong> assistés sociaux régresse, tout en demeurant inacceptable. Néanmoins, derrièreces données encourageantes se profile une tendance qui ne se dément pas, depuis plusd’une décennie : <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se n’est plus <strong>la</strong> relève, mais l’armée de réserve pour le mondedu travail.Bien sûr, tout le monde a commencé au bas de l’échelle. Bien sûr, <strong>la</strong> jeune générationest <strong>la</strong> plus instruite de l’histoire du Québec. Mais bien souvent, l’expérience du travai<strong>la</strong>cquise par <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> leur <strong>la</strong>isse l’impression d’habiter une p<strong>la</strong>nète différente de celleoù vivent ceux qui leur tiennent ces propos rassurants. Une p<strong>la</strong>nète où l’emploi quiperm<strong>et</strong> d’ébaucher des proj<strong>et</strong>s d’avenir semble de plus en plus inaccessible.


7Lorsqu’on enlève à <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se <strong>la</strong> possibilité de faire des proj<strong>et</strong>s, c’est <strong>la</strong> société touteentière qui en souffre. Comment devenir autonome, s’engager socialement ou fonderune famille quand on survit, d’un contrat à l’autre, qu’on travaille à temps partiel ouqu’on tente de « partir à son compte »?EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESUne main-d’œuvre à bas prix, compétente <strong>et</strong> j<strong>et</strong>able!CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEDevant l’ampleur du phénomène <strong>et</strong> l’importance de <strong>la</strong> question, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se a décidé de se pencher sur <strong>la</strong> problématique de <strong>la</strong> précarité <strong>et</strong> desnouveaux statuts d’emplois <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>, afin de mieux comprendre ses impacts<strong>et</strong> de proposer des solutions. Le Conseil avance d’abord une définition des termes <strong>et</strong>situe le travail <strong>atypique</strong> dans le contexte économique actuel. Ces thèmes font l’obj<strong>et</strong>du premier chapitre alors que le deuxième dévoile un portrait statistique inédit, quitraduit l’importance <strong>et</strong> <strong>les</strong> caractéristiques du travail <strong>atypique</strong> <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> de 15à 29 ans au Québec.Les troisième <strong>et</strong> quatrième chapitres occupent une position centrale <strong>et</strong> visent à éc<strong>la</strong>irer<strong>la</strong> façon dont <strong>les</strong> emplois <strong>atypique</strong>s influent sur <strong>les</strong> conditions <strong>et</strong> <strong>les</strong> choix de vie des<strong>jeunes</strong>. Ainsi, le chapitre 3 offre une synthèse des études publiées sur le suj<strong>et</strong>, tandis quele chapitre 4 présente <strong>les</strong> résultats d’une enquête qualitative (groupes de discussion)menée spécialement pour le présent avis.Les cinquième <strong>et</strong> sixième chapitres explorent des voies de solution en indiquant aumonde du travail <strong>et</strong> au gouvernement <strong>la</strong> marche à suivre pour améliorer <strong>la</strong> situationdes <strong>jeunes</strong> sur le marché du travail. À c<strong>et</strong> égard, <strong>les</strong> principaux incitatifs à l’utilisationd’une main-d’œuvre <strong>atypique</strong>, ainsi que <strong>les</strong> <strong>la</strong>cunes criantes des lois sur le travail <strong>et</strong>des programmes sociaux seront relevés.


7EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


9Une main-d’œuvrej<strong>et</strong>able?Définition <strong>et</strong> mise en contexte de l’emploi <strong>atypique</strong>Dans le cadre de c<strong>et</strong> avis, le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se étudiera <strong>la</strong>re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> croissance des emplois <strong>atypique</strong>s, souvent considéréscomme précaires, <strong>et</strong> ses eff<strong>et</strong>s sur <strong>la</strong> précarisation des conditions de viedes <strong>jeunes</strong> de 15 à 29 ans.EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELe premier chapitre vise à définir quelquesnotions qui seront fréquemment utilisées aucours des chapitres suivants. Les définitionsre<strong>la</strong>tives à l’emploi <strong>atypique</strong> <strong>et</strong> à <strong>la</strong> précarité sontprimordia<strong>les</strong> dans l’étude. Il apparaît égalementessentiel de rattacher quelques explications à<strong>la</strong> croissance des « nouveaux » statuts d’emploi.1.1 La notion d’emploi <strong>atypique</strong>L’emploi <strong>atypique</strong> est délimité par le biais d<strong>et</strong>rois statuts d’emploi. Il s’agit des emplois àtemps partiel, temporaires <strong>et</strong> autonomes. Lesformes d’emploi <strong>atypique</strong>s r<strong>et</strong>enues sont cel<strong>les</strong>dont il est le plus souvent question dans <strong>la</strong>littérature <strong>et</strong>, de plus, <strong>les</strong> données statistiquessur ces réalités du travail sont re<strong>la</strong>tivementaccessib<strong>les</strong>.La détermination de ces trois statuts d’emploiest approximative. En eff<strong>et</strong>, l’emploi <strong>atypique</strong>ou non standard, est celui qui ne peut êtreidentifié ou c<strong>la</strong>ssé. Bref, l’emploi <strong>atypique</strong> est« hors-norme ». Ainsi, il ne se définit pas parce qu’il est, mais plutôt par ce qu’il n’est pas,c’est-à-dire par opposition à l’emploi type. Ladéfinition de l’emploi type apparaît donc icidéterminante : c’est celui qui est à <strong>la</strong> fois sa<strong>la</strong>rié,permanent <strong>et</strong> à temps plein 2 .L’emploi <strong>atypique</strong> estdélimité par le biais d<strong>et</strong>rois statuts d’emploi.Il s’agit des emploisà temps partiel,temporaires<strong>et</strong> autonomes.2 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, « L’évolution de l’emploi <strong>atypique</strong> au Québec »,encart dans Le Marché du travail, vol. 19, n o 5, Les Publications du Québec, 1998, p. 17.


10EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETout travail qui ne répond pas à c<strong>et</strong>te définitionest donc <strong>atypique</strong>. À titre d’exemple, mentionnons<strong>les</strong> travailleurs à temps partiel, temporaires,autonomes ou recrutés par <strong>les</strong> agences dep<strong>la</strong>cement. À c<strong>et</strong>te liste, on peut ajouter <strong>les</strong> travailleursdont <strong>les</strong> journées <strong>et</strong> <strong>les</strong> semaines sontparticulièrement longues, ceux qui cumulentplusieurs emplois, <strong>et</strong>c. L’emploi <strong>atypique</strong> estdonc une catégorie fourre-tout.Le présent avis se limite à l’exploration del’emploi à temps partiel, de l’emploi temporaire<strong>et</strong> de l’emploi du travail autonome. Ces statutssont identifiés comme <strong>atypique</strong>s.1.2 La notion de précaritéDans le <strong>la</strong>ngage popu<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> notion de précaritérenvoie à l’instabilité, à ce qui est incertain, fragile<strong>et</strong> éphémère. L’emploi <strong>atypique</strong> est souventassocié à <strong>la</strong> notion de précarité.L’emploi <strong>atypique</strong> précaireL’augmentation du nombre d’emplois <strong>atypique</strong>spréoccupe en raison de <strong>la</strong> fragilisation del’emploi qu’elle suscite. Néanmoins, l’emploi<strong>atypique</strong> n’est pas pour autant synonyme deprécarité.Dans le <strong>la</strong>ngage popu<strong>la</strong>ire,<strong>la</strong> notion de précaritérenvoie à l’instabilité, àce qui est incertain, fragile<strong>et</strong> éphémère. L’emploi<strong>atypique</strong> est souventassocié à <strong>la</strong> notionde précarité.La notion de précarité enemploi évoque spontanémentle faible revenu, <strong>la</strong> protectionsociale limitée <strong>et</strong> l’inquiétudequant à <strong>la</strong> durée du liend’emploi. Ces caractéristiques,si el<strong>les</strong> traduisent bien <strong>la</strong>situation de plusieurs emplois<strong>atypique</strong>s, seraient tout aussiapplicab<strong>les</strong> à de nombreuxemplois typiques. L’emploi<strong>atypique</strong> n’a donc pas lemonopole de <strong>la</strong> précarité.Toutefois, il s’accompagne bien souvent destraits essentiels à <strong>la</strong> précarité. Pensons, entreautres, à <strong>la</strong> durée déterminée (plutôt qu’indéterminée)ou incertaine de l’emploi ou encore àl’accès limité, voire inexistant, aux avantagessociaux. À ce<strong>la</strong> s’ajoutent fréquemment <strong>la</strong>faib<strong>les</strong>se <strong>et</strong> l’irrégu<strong>la</strong>rité des revenus d’emploi.Enfin, le contexte ou <strong>les</strong> conditions dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><strong>la</strong> personne fait le choix de son statutd’emploi apparaît comme une dimensionimportante. En eff<strong>et</strong>, le « choix involontaire 3 »d’un travail à temps partiel, même régulier <strong>et</strong>assorti d’avantages sociaux, conduit à unstatut précaire.Pour résumer le propos, disons que le modèled’emploi <strong>atypique</strong> cumu<strong>la</strong>nt tous <strong>les</strong> critèresde <strong>la</strong> précarité se situe, d’abord <strong>et</strong> avant tout,dans un contexte où le travailleur est forcé defaire le choix d’un emploi <strong>atypique</strong>. C<strong>et</strong> emploiimplique une durée déterminée <strong>et</strong> l’absenced’avantages sociaux. Enfin, <strong>les</strong> revenus dutravailleur sont faib<strong>les</strong> <strong>et</strong> instab<strong>les</strong>.La précarisation des conditions<strong>et</strong> des choix de vieIl commence à devenir c<strong>la</strong>ir queprécarisation de l’emploi <strong>et</strong> chômagese sont inscrits dans <strong>la</strong> dynamiqueactuelle de <strong>la</strong> modernisation. Ils sont<strong>les</strong> conséquences nécessaires desnouveaux modes de structurationde l’emploi, l’ombre portée desrestructurations industriel<strong>les</strong> <strong>et</strong>de <strong>la</strong> lutte pour <strong>la</strong> compétitivité –qui effectivement font de l’ombreà beaucoup de monde 4 .3 On parle de « choix involontaire » si le travailleur n’a d’autres choix que celui de l’emploi <strong>atypique</strong>. Le chapitre 2fera mention de pourcentages importants de <strong>jeunes</strong> optant pour l’emploi à temps partiel à défaut de trouver del’emploi à temps plein.4 CASTEL, Robert, Les métamorphoses de <strong>la</strong> question sociale, Paris, Gallimard, 1999, p. 649.


L’emploi <strong>atypique</strong> précaire, en raison du statutqu’il confère <strong>et</strong> des revenus qu’il rapporte autravailleur, risque fort de j<strong>et</strong>er de l’ombre, pourreprendre le terme de Castel, sur <strong>les</strong> conditions<strong>et</strong> <strong>les</strong> choix de vie. Au sein de l’organisationsociale, l’emploi occupe une p<strong>la</strong>ce centrale. Parconséquent, le constat d’une précarisation del’emploi ne peut que porter à une réflexion sur<strong>les</strong> conséquences individuel<strong>les</strong> <strong>et</strong> collectivesqu’elle entraîne.D’une part, plusieurs indices confirment <strong>la</strong>croissance des formes d’emploi <strong>atypique</strong>s,notamment <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. D’autre part, onconstate une détérioration des conditionssocioéconomiques des <strong>jeunes</strong>. Ce<strong>la</strong> étant posé,on ne peut tout de même pas conclure troprapidement à une re<strong>la</strong>tion de cause à eff<strong>et</strong>. Laquestion des conséquences socioéconomiquesde <strong>la</strong> précarisation de l’emploi est complexe <strong>et</strong>s’inscrit plus justement dans un système dere<strong>la</strong>tions. Les études sur le suj<strong>et</strong> représententd’ailleurs un nouveau champ d’exploration.La recherche sur différents suj<strong>et</strong>s traduitl’impact de <strong>la</strong> précarisation de l’emploi <strong>chez</strong><strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Certains font état d’un processusd’insertion professionnelle désormais plus long<strong>et</strong> plus complexe. Par exemple, l’emploi àdurée déterminée implique nécessairement despériodes d’intermittence plus ou moins longues.En eff<strong>et</strong>, pour plusieurs <strong>jeunes</strong> travailleurs,l’insertion professionnelle est faite d’allers <strong>et</strong>r<strong>et</strong>ours entre des périodes de travail rémunéré<strong>et</strong> des périodes de chômage involontaire. Onconstate même c<strong>et</strong>te alternance en emploi <strong>chez</strong><strong>les</strong> plus sco<strong>la</strong>risés. La transition étude – emploitypique ne va donc plus de soi.L’emploi <strong>atypique</strong> affecte également le revenu.Certains auteurs avancent même que le faiblerevenu est une caractéristique de l’emploi <strong>atypique</strong>.Les statistiques démontrent c<strong>la</strong>irement que<strong>les</strong> revenus des employés temporaires sontplus bas que ceux des employés permanents,que <strong>les</strong> travailleurs ayant <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>revenus sont ceux qui cumulent le plus d’emplois,<strong>et</strong>c. Ce suj<strong>et</strong> sera abordé au cours du secondchapitre.Les données confirment l’appauvrissementdes <strong>jeunes</strong> au cours des dernières décennies.On ne peut démontrer que <strong>la</strong> croissance desemplois <strong>atypique</strong>s explique, à elle seule, l’augmentationde <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>.Cependant, <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> revenus associés à cesemplois représentent une explication vraisemb<strong>la</strong>blede l’appauvrissement des <strong>jeunes</strong>.D’autres données indiquent c<strong>la</strong>irement que <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> éprouvent de plus en plus de difficultésà accéder au logement ou encore r<strong>et</strong>ardent <strong>la</strong>formation d’une famille. La re<strong>la</strong>tion entre cesdeux dernières tendances <strong>et</strong> <strong>la</strong> précarisation del’emploi est appuyée par le témoignage des<strong>jeunes</strong> rencontrés dans <strong>les</strong> groupes de discussion.Ces témoignages sont présentés au chapitre 4.11EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELes faib<strong>les</strong> revenus associésà ces emplois représententune explication vraisemb<strong>la</strong>blede l’appauvrissementdes <strong>jeunes</strong>.


12EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE1.3 Explications à <strong>la</strong> haussedes emplois <strong>atypique</strong>sLe Conseil croit qu’il est trop facile d’expliquer <strong>les</strong>transformations du monde du travail uniquementpar le choix personnel des travailleurs ou <strong>la</strong>force irrésistible du marché. Une telle attitudeéquivaudrait à promouvoir l’inaction <strong>et</strong> le <strong>la</strong>isserfairepar rapport aux transformations qui affectentdirectement <strong>les</strong> conditions de travail <strong>et</strong> <strong>les</strong> conditionsde vie de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se en particulier.Les changements économiquesLes mots « mondialisation », « globalisation »,« tertiarisation » ou « flexibilisation » résonnentsouvent comme autant de formu<strong>les</strong> magiquesexpliquant l’inévitable <strong>et</strong> irréversible essor du« nouveau travail ». L’impact de ces phénomènessur l’emploi est indiscutable 5 . Le passage d’uneéconomie basée sur l’industrie manufacturièreà une économie de services a considérablementmodifié <strong>la</strong> structure de l’emploi. Le siècle quivient de s’achever a été marqué par une croissancephénoménale du secteur tertiaire qui, demoins de <strong>la</strong> moitié des emplois qu’il comptaiten 1931, est passé à près desLa hausse dramatiqu<strong>et</strong>rois quarts aujourd’hui 6 .du taux de chômage Or, <strong>la</strong> tertiarisation de l’économieest souvent associéea suscité un rapportà <strong>la</strong> précarisation des emplois,de forces favorable dont le travail à temps partie<strong>la</strong>ux employeurs, qui est <strong>la</strong> principale manifestation7 .exigèrent davantage deperformance de <strong>la</strong> part deleurs employés tout enleur offrant des conditionsde travail moindres .À l’origine de l’essor des formes <strong>atypique</strong>sd’emploi se trouvent <strong>les</strong> récessions des années1974-1975 <strong>et</strong> du début des années 80. En eff<strong>et</strong>,<strong>la</strong> hausse dramatique du taux de chômage <strong>et</strong><strong>la</strong> compétition croissante pour le peu d’emploisstab<strong>les</strong> <strong>et</strong> disponib<strong>les</strong> a eu pour eff<strong>et</strong> de créerune demande d’emplois plus grande que l’offre.Ce contexte a suscité un rapport de forces favorableaux employeurs, qui exigèrent davantagede performance de <strong>la</strong> part de leurs employéstout en leur offrant des conditions de travailmoindres 8 .En conséquence, <strong>les</strong> demandeurs d’emploisn’eurent souvent d’autre choix que de s’adapteraux conditions de travail <strong>et</strong> aux statuts d’emplois« flexib<strong>les</strong> » proposés par <strong>les</strong> employeurs. Lesdéficits <strong>et</strong> <strong>les</strong> restrictions budgétaires, de pair avec<strong>la</strong> pression financière exercée par <strong>la</strong> croissancedes besoins dans <strong>les</strong> services de santé, ontentraîné des conséquences simi<strong>la</strong>ires pour <strong>les</strong>employés de l’État 9 .Depuis, ce mouvement vers l’éc<strong>la</strong>tement del’emploi standard, sa<strong>la</strong>rié, régulier, à temps plein<strong>et</strong> avec protection sociale a été accentué par <strong>la</strong>mondialisation <strong>et</strong> <strong>la</strong> déréglementation des marchés.Au Québec, comme ailleurs en Occident, <strong>les</strong>entreprises ont dû composer avec des coûts demain-d’œuvre élevés comparativement à ceuxdes pays moins développés. Dans le but dedemeurer compétitives <strong>et</strong> de maximiser leursprofits, ces entreprises eurent tendance à diminuerleurs coûts de fonctionnement, notamment <strong>les</strong>coûts de main-d’œuvre.5 Gouvernement du Québec, CONSEIL CONSULTATIF DU TRAVAIL ET DE LA MAIN-D’ŒUVRE,Document de réflexion sur une nouvelle organisation du travail, 1996, p. 4.6 TREMBLAY, Diane-Gabrielle, Travail <strong>et</strong> emploi : nouvel<strong>les</strong> réalités, nouvel<strong>les</strong> problématiques,Musée de <strong>la</strong> civilisation, 1995, p. 53-54.7 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DES FINANCES, Fiscalité <strong>et</strong> financement des services publics,L’économie du Québec : revue des changements structurels, Les Publications du Québec, 1996, p. 41.8 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DE L’EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ,Les obstac<strong>les</strong> à l’intégration des <strong>jeunes</strong> en emploi, 1998, p. 17.9 Gouvernement du Québec, CONSEIL CONSULTATIF DU TRAVAIL ET DE LA MAIN-D’ŒUVRE, op. cit.


Selon <strong>la</strong> théorie économique en vogue dans <strong>les</strong>années 80, <strong>les</strong> divers règlements sur l’emploiétaient autant de contraintes nuisib<strong>les</strong> au bonfonctionnement du marché du travail. L’heureétait dès lors à <strong>la</strong> flexibilité. L’emploi « rigide »(à temps plein, permanent) devait céder sap<strong>la</strong>ce à l’emploi « flexible » (à temps partiel,temporaire ou autonome), favorisant ainsi <strong>la</strong>hausse des emplois désignés ma<strong>la</strong>droitementcomme <strong>atypique</strong>s car hors-norme.Un choix des travailleurs?Les nouvel<strong>les</strong> caractéristiques de l’emploi peuvent,dans certains cas, accommoder <strong>les</strong> travailleurs.Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> femmes, notamment,sont effectivement à même de choisir unemploi <strong>atypique</strong> afin de concilier le travail <strong>et</strong><strong>les</strong> études, ou encore le travail <strong>et</strong> <strong>les</strong> obligationsfamilia<strong>les</strong>. D’une façon plus générale, <strong>les</strong>divers arrangements peuvent correspondre àde nouvel<strong>les</strong> valeurs en matière de travail.Mais on ne peut affirmer que <strong>la</strong> hausse dunombre d’emplois <strong>atypique</strong>s ne correspondqu’à un choix personnel de <strong>la</strong> part de <strong>la</strong> maind’œuvre.Suivant une logique qui nous semble abusive,certains poussent l’optimisme jusqu’à soutenirque <strong>la</strong> recherche de flexibilité de <strong>la</strong> part denombre d’organisations privées <strong>et</strong> publiques,dans tous <strong>les</strong> secteurs d’activité, perm<strong>et</strong> uneconciliation des intérêts des entreprises avecceux des travailleurs. Le Conseil ne croit pasque c<strong>et</strong>te vision corresponde à <strong>la</strong> situationactuelle du monde du travail. Par contre, ils’agit certainement d’un objectif à atteindre.Mais avant de traiter, dans le chapitre 5, desdifférentes pratiques de gestion flexible ayantune incidence directe sur le travail <strong>atypique</strong>, ilparaît primordial au Conseil de m<strong>et</strong>tre cespratiques en contexte.1.4 La flexibilité : une stratégiede gestion des entreprisesJe ne sais pas ce que signifie le mot« flexibilité ». Rarement, dans lediscours international, un mot ne serapassé si directement de l’obscurité àl’absence de signification, sans qu’ily ait eu une période intermédiairede cohérence 10 .Robert Reich,ANCIEN SECRÉTAIRE D’ÉTAT AMÉRICAIN AU TRAVAILLa flexibilité est un terme qui perm<strong>et</strong> de nommerdes stratégies de gestion utilisées par des entreprises,stratégies qui favorisent le recours auxemplois <strong>atypique</strong>s. La littérature nous offre différentestypologies, parfois conflictuel<strong>les</strong>, de <strong>la</strong>flexibilité. Celle qui sera adoptée dans le présentavis s’inspire directement des travaux deDiane-Gabrielle Tremb<strong>la</strong>y sur le suj<strong>et</strong>.D’après c<strong>et</strong>te économiste, il y a deux principauxtypes de flexibilité, soit <strong>la</strong> flexibilité interne <strong>et</strong><strong>la</strong> flexibilité externe. La première désigne <strong>la</strong>capacité d’une organisation à fonctionnerdifféremment. Il s’agit donc de sa capacité às’adapter aux changements économiques,sans que tout le poids de c<strong>et</strong>te adaptationrepose sur <strong>les</strong> épau<strong>les</strong> des travailleurs.La flexibilité est un terme13EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEqui perm<strong>et</strong> de nommer desstratégies de gestion utiliséespar des entreprises, stratégiesqui favorisent le recours auxemplois <strong>atypique</strong>s.10 COMMISSION SYNDICALE CONSULTATIVE auprès de l’OCDE. Adaptability Versus Flexibility,Paris, mars 1995, p. 7 cité <strong>et</strong> traduit dans : Canada, COMITÉ CONSULTATIF SUR LE MILIEU DETRAVAIL EN ÉVOLUTION, Réflexion collective sur le milieu de travail en évolution. Rapport, Ottawa,Développement des ressources humaines Canada, 1997, p. 23.


14EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEÉtant donné que ce type de réorganisation n’apas nécessairement d’influence directe sur l<strong>et</strong>ravail <strong>atypique</strong>, <strong>la</strong> notion de flexibilité internene sera pas développée pour l’instant. Il ensera indirectement question dans le chapitre 5,en tant qu’alternative aux pratiques de gestioncausant un recours accru au travail <strong>atypique</strong>,<strong>et</strong> donc au travail précaire.La flexibilité externe, quant à elle, s’applique àtrois aspects principaux de <strong>la</strong> gestion de <strong>la</strong>main-d’œuvre : <strong>les</strong> coûts, le temps de travail <strong>et</strong><strong>les</strong> statuts d’emploi. Ces trois formes de flexibilitésont dites externes car el<strong>les</strong> impliquent deschangements aux conditions de travail desemployés sans nécessairement rem<strong>et</strong>tre en causele fonctionnement interne de l’organisation 11 .C<strong>et</strong>te flexibilité externe est d’intérêt pour notrepropos, <strong>et</strong> plus particulièrement celle des statutsd’emploi. Les prochaines sections décriront plusprécisément <strong>les</strong> trois catégories de flexibilitéexterne.La flexibilité des coûtsde main-d’œuvreL’objectif théorique visé par <strong>la</strong> flexibilité des coûtsde main-d’œuvre est d’ajuster plus fidèlement<strong>la</strong> rémunération aux variations de <strong>la</strong> production<strong>et</strong> à <strong>la</strong> concurrence des marchés. Mais en règlegénérale, <strong>la</strong> flexibilité desLa flexibilité des coûtscoûts de main-d’œuvre estde main-d’œuvre est une une belle expression quidissimule mal une réalitébelle expression quibeaucoup plus simple. Dansdissimule mal une réalité <strong>la</strong> majorité des cas, il s’agitbeaucoup plus simple : tout simplement de réduire<strong>la</strong> masse sa<strong>la</strong>riale de l’entrepriseen ayant recours àil s’agit tout simplementde réduire <strong>la</strong> masse certains procédés.sa<strong>la</strong>riale de l’entreprise.En voici quelques exemp<strong>les</strong> :●●●Réduction des effectifs(mises à pied ou attrition),Réduction des sa<strong>la</strong>ires,Réduction des avantages sociaux,● Introduction de c<strong>la</strong>uses « orphelin »(doub<strong>les</strong> échelons sa<strong>la</strong>riaux, rajoutd’échelons vers le bas).La flexibilité du temps de travailLa flexibilité du temps de travail a des eff<strong>et</strong>strès contrastés pour <strong>les</strong> travailleurs, selon lecontrôle qu’ils exercent sur leurs heures de travail.Ce contrôle conditionne leur possibilité deconcilier le travail avec <strong>les</strong> autres activités <strong>et</strong>responsabilités, tant socia<strong>les</strong> que familia<strong>les</strong>.La semaine régulière de travail - quarante heuresréparties sur cinq jours, du lundi au vendredi -est de moins en moins répandue. On trouve deplus en plus d’horaires variab<strong>les</strong>, de travail parquarts <strong>et</strong> autres formes de flexibilité temporelle dutravail. Ces horaires perm<strong>et</strong>tent, dans certainscas, une utilisation optimale de l’équipementde production, ou encore d’offrir des servicesen dehors des heures habituel<strong>les</strong>.La flexibilité du temps de travail affecte nonseulement <strong>la</strong> semaine de travail, mais aussi sarépartition sur une base annuelle. Par exemple,l’annualisation perm<strong>et</strong> de faire varier le tempsde travail selon <strong>la</strong> période de l’année <strong>et</strong>d’assurer une rémunération mensuelle constante.C<strong>et</strong>te mesure a été <strong>la</strong>rgement appliquée auRoyaume-Uni ainsi qu’en France, en Italie <strong>et</strong> auxPays-Bas. Il en résulte habituellement une réductionglobale du temps de travail. L’employeuren r<strong>et</strong>ire d’autres avantages, notamment uneréduction importante des heures supplémentaires12 .11 TREMBLAY, Diane-Gabrielle, « Chômage, flexibilité <strong>et</strong> précarité d’emploi »,dans DUMONT, F., S. LANGLOIS <strong>et</strong> Y. MARTIN (dir.), Traité des problèmes sociaux, Québec,Institut québécois de recherche sur <strong>la</strong> culture, 1994, p. 626.12 OZAKI, Mun<strong>et</strong>o (dir), Négocier <strong>la</strong> flexibilité : Le rôle des partenaires sociaux <strong>et</strong> de l’État, Genève,Bureau international du travail, 2000, p. 27-29.


Somme toute, rendre <strong>les</strong> horaires plus flexib<strong>les</strong>perm<strong>et</strong> d’adapter le marché du travail sans tropaffecter <strong>la</strong> rémunération ni le type de re<strong>la</strong>tionentre employeurs <strong>et</strong> employés. Il y a cependantle danger de voir apparaître une répartitioninéquitable des heures de travail. Depuis <strong>les</strong> vingtdernières années, on observe une bipo<strong>la</strong>risationinquiétante du temps de travail. D’un côté, onassiste à une augmentation des heures supplémentaires<strong>et</strong> de l’autre côté, à une augmentationdu temps partiel 13 . Ainsi, de plus en plus de gensfont de longues semaines alors qu’un nombregrandissant de travailleurs à temps partielvoudraient travailler plus.Contrairement à ce que <strong>les</strong> apôtres de <strong>la</strong> « sociétédes loisirs » prévoyaient dans <strong>les</strong> années 60 <strong>et</strong>70, <strong>la</strong> semaine normale de travail a été remp<strong>la</strong>cée,dans bien des cas, par différents types desemaines « anorma<strong>les</strong> » plutôt que de diminuerde façon uniforme. Depuis trente ans, <strong>la</strong> tendanceest effectivement plus à <strong>la</strong> flexibilité qu’à <strong>la</strong>réduction du temps de travail.La flexibilité des statuts d’emploiAu Québec, comme ailleurs en Amérique du Nord,le recours à de nouvel<strong>les</strong> formes d’emploi est<strong>la</strong> principale expression de <strong>la</strong> flexibilité. Enthéorie, <strong>la</strong> flexibilité des statuts d’emplois viseà éliminer <strong>les</strong> « rigidités » liées à <strong>la</strong> nature ducontrat de travail sur deux p<strong>la</strong>ns, soit <strong>la</strong> durée<strong>et</strong> le lien d’emploi 14 .La durée fait référence aux emplois à temps partiel,temporaires, occasionnels ou saisonniers. Flexibiliser<strong>la</strong> durée de l’emploi perm<strong>et</strong> à l’employeur de fairecoïncider <strong>les</strong> périodes de travail avec <strong>les</strong> besoinsde <strong>la</strong> production, en plus d’éviter de défrayer le coûtdes avantages sociaux accordés aux employésdits réguliers ou permanents à temps plein.Pour ce qui est du lien d’emploi, il est possibled’embaucher des travailleurs autonomes ou desemployés temporaires par l’intermédiaire d’uneagence de p<strong>la</strong>cement, ou encore de sous-traiter <strong>les</strong>travaux. Du point de vue juridique, l’organisationqui a recours à ces pratiques a beaucoup moinsde responsabilités à assumer. La figure suivanteschématise l’entreprise flexible.15EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSESchéma 1 : L’entreprise flexiblePlein tempsNoyau demain-d’œuvrerégulièreTempspartielEmployéspériphériquesTélétravailleursTemporairesOccasionnelsTravailleursautonomesindépendantsAgencesde p<strong>la</strong>cementtemporaireSource : Adapté de Andrew Templer <strong>et</strong> Tupper Cawsey,« The HRM Response to Global Change in Employment Re<strong>la</strong>tionships »,14 th Research Unit Conference, Cardiff University, Wa<strong>les</strong>, September 1999.Compagniessous-traitantesContrairement à ce que<strong>les</strong> apôtres de <strong>la</strong> « sociétédes loisirs » prévoyaientdans <strong>les</strong> années 60 <strong>et</strong> 70,<strong>la</strong> semaine normale de travai<strong>la</strong> été remp<strong>la</strong>cée dans biendes cas par différents typesde semaines « anorma<strong>les</strong> »plutôt que de diminuerde façon uniforme.13 HALL Karen, « La bipo<strong>la</strong>risation des horaires à <strong>la</strong> fin des années 90 », L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective, vol. 11 n o 2, été 1999, p. 33.14 TREMBLAY, Diane-Gabrielle, op. cit., p. 623-652.


16EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEComme le montre le schéma, l’entreprise flexiblene conserve plus qu’un noyau dur d’employéspermanents à temps plein. Autour de ce noyaugravitent, d’une part, des employés à temps partiel,temporaires, à contrat ou dont <strong>les</strong> services sontloués par l’intermédiaire d’une agence de p<strong>la</strong>cement,<strong>et</strong> d’autre part, des prestataires de servicesqui peuvent être des travailleurs autonomes oudes entreprises sous-traitantes. Le recours à ces« travailleurs <strong>atypique</strong>s flexib<strong>les</strong> » comporte desavantages certains pour l’entreprise.Travail à temps partielÀ cause du maintien du lien d’emploi <strong>et</strong> de sadurée, le travail à temps partiel régulier resteassez proche de l’emploi à plein temps régulier.Mais le travailleur à temps partiel bénéficierarement des mêmes avantages sociaux <strong>et</strong>protections que celui à plein temps. On peut citerpar exemple <strong>la</strong> participation aux assurancescollectives <strong>et</strong> le droit aux congés de ma<strong>la</strong>die. Quantaux travailleurs à temps partiel occasionnels ouirréguliers, ils sont <strong>la</strong> plupart du temps considéréscomme des travailleurs de seconde c<strong>la</strong>sse <strong>et</strong> leursituation est n<strong>et</strong>tement plus précaire.Un contingent de plusen plus important d<strong>et</strong>ravailleurs temporaires,Travail temporaireAutrefois, <strong>la</strong> durée du contrat de travail étaithabituellement indéterminée. Il y a bien sûrtoujours eu des travailleurs saisonniers, maisl’avènement des contrats de travail à duréedéterminée est re<strong>la</strong>tivement récent. Un contingentde plus en plus important de travailleurs temporaires,occasionnels ou sur appel perm<strong>et</strong> auxemployeurs d’avoir accès, seulement quand ilsen ont besoin, à une main-d’œuvre souvent trèsqualifiée 15 .Dans le cas plus précis des entreprises delouage de services, le travailleur entr<strong>et</strong>ient unlien d’emploi avec l’agence de p<strong>la</strong>cement <strong>et</strong> nonpas avec l’entreprise pour <strong>la</strong>quelle il travaille dans<strong>les</strong> faits. Évidemment, on ne peut s’attendre à ceque ces travailleurs profitent du même traitementque <strong>les</strong> employés réguliers, puisqu’en théorie,ils n’ont pas le même employeur.Travail autonomeLe travail autonome, contrairement aux autresstatuts d’emploi, se situe à l’extérieur de <strong>la</strong>re<strong>la</strong>tion employeur - sa<strong>la</strong>rié. Ce<strong>la</strong> signifie quele travailleur autonome qui remplit un contratpour un client est régi par <strong>les</strong> mêmes règ<strong>les</strong>de droit qu’une entreprise. Le droit commercials’applique intégralement, peu importe si lefournisseur ou le contractant soit un individuou une compagnie transnationale 16 .occasionnels ou sur appelperm<strong>et</strong> aux employeursd’avoir accès, seulementquand ils en ont besoin,à une main-d’œuvresouvent très qualifiée.15 TREMBLAY, Diane-Gabrielle, loc. cit., p. 626-627. La littérature anglophone fait souvent référenceà ce type de travailleurs en <strong>les</strong> qualifiant de “just-in-time worforce” ou main-d’œuvre juste à temps.16 MORIN, Fernand <strong>et</strong> Jean-Yves BRIÈRE, Le droit de l’emploi au Québec,Montréal, Wilson & Lafleur, 1998, p.1318-1319.


18 DéfinitionsEMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE■ Dans c<strong>et</strong> avis, l’emploi <strong>atypique</strong> est défini à partir de trois statuts :l’emploi à temps partiel, l’emploi temporaire <strong>et</strong> le travail autonome.■ La précarité d’un emploi se caractérise par :- une durée déterminée ou incertaine,- un caractère involontaire,- un accès limité aux avantages sociaux,- des revenus faib<strong>les</strong> ou instab<strong>les</strong>.■ Les emplois <strong>atypique</strong>s affichent souvent <strong>les</strong> traits essentiels de <strong>la</strong>précarité, bien qu’emploi <strong>atypique</strong> ne rime pas nécessairement avecemploi précaire.Mise en contexte■ Le contexte socioéconomique a suscité un rapport de forces favorableaux employeurs. En conséquence, <strong>les</strong> demandeurs d’emplois n’ont eud’autre choix que de s’adapter aux nouvel<strong>les</strong> conditions de travail <strong>et</strong> àl’émergence de nouveaux statuts d’emploi.■ La croissance des emplois <strong>atypique</strong>s ne correspond pas tant au choixpersonnel des travailleurs qu’à des stratégies de gestion visant àréduire <strong>les</strong> coûts de main-d’œuvre.■ La flexibilité des statuts d’emploi est très courante au Québec <strong>et</strong> ailleursen Amérique du Nord. Elle se caractérise à <strong>la</strong> fois par <strong>la</strong> durée <strong>et</strong> par lelien d’emploi :- une modification de <strong>la</strong> durée perm<strong>et</strong> de faire coïncider <strong>les</strong> périodesd’emploi avec <strong>les</strong> besoins de <strong>la</strong> production;- une modification du lien d’emploi perm<strong>et</strong> à une organisation d’éviter<strong>les</strong> responsabilités habituel<strong>les</strong> de l’employeur auprès de ses employésréguliers.■ Le travail <strong>atypique</strong> n’est pas qu’une mode passagère, il exprime plutôtune tendance lourde du marché de l’emploi.


19EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 1 ] Une main-d’œuvre j<strong>et</strong>able ?CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


19EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


21Des chiffres qui parlentPortrait statistique de l’emploi <strong>atypique</strong> <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>Habituellement, <strong>les</strong> études qui dressent un portrait de <strong>la</strong> situation des<strong>jeunes</strong> en emploi se limitent aux principaux indicateurs macroéconomiques,soit le taux de chômage, le taux d’activité <strong>et</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionactive, mais passent cependant sous silence le type d’emploi occupé. Dansle but de remédier à c<strong>et</strong>te <strong>la</strong>cune, ce portrait statistique traite, entre autres,de ces deux aspects.EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEDans une première étape, le taux de chômage<strong>et</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active r<strong>et</strong>iendront notre attention.Ensuite, afin d’avoir une bonne image del’importance du type d’emploi occupé, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des<strong>jeunes</strong> en emploi <strong>atypique</strong> sera étudiée. D’autresdonnées porteront sur <strong>les</strong> revenus moyensassociés aux emplois <strong>atypique</strong>s. Enfin, l’importancedu cumul d’emplois sera mise enlumière.2.1 Le taux de chômage<strong>et</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion activeLe taux de chômage 20 est un indicateur essentielpour évaluer <strong>la</strong> situation des <strong>jeunes</strong> sur le marchédu travail. La part importante de <strong>jeunes</strong> parmi<strong>les</strong> chômeurs est particulièrement évidentelorsqu’on <strong>la</strong> compare à celle que r<strong>et</strong>ient leurgroupe d’âge dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active 21 .Tableau 1 Popu<strong>la</strong>tion active <strong>et</strong> taux de chômage, Québec, 1999Pourcentage de <strong>la</strong> Pourcentage desÂge popu<strong>la</strong>tion active personnes en chômage Taux de chômage15-29 ans 26,5 36,3 12,7 %15-19 5,7 13,0 21,3 %20-24 10,1 13,7 12,7 %25-29 10,8 9,6 8,3 %30 <strong>et</strong> plus 73,5 63,7 8,1 %Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.Compi<strong>la</strong>tion spéciale de l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.20 Les chômeurs (15 ans <strong>et</strong> plus) sont <strong>les</strong> personnes aptes au travail, ou qui étaient à <strong>la</strong> recherche d’un emploi au cours des quatre dernièressemaines de l’enquête, ou qui devront commencer un emploi au cours des quatre prochaines semaines. Le taux de chômage est obtenu endivisant le nombre de chômeurs par le nombre de personnes faisant partie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active. Quant à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, elle désigne<strong>les</strong> personnes de 15 ans <strong>et</strong> plus qui occupent un emploi ou qui sont en chômage. Voir : STATISTIQUE CANADA, Guide de l’Enquête sur <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion active, (71-543-GIF), Ottawa, 1999, p. 5.21 La popu<strong>la</strong>tion active désigne <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile de 15 ans <strong>et</strong> plus (à l’exclusion des pensionnaires d’établissements) qui, durant <strong>la</strong> semainede référence, était occupée ou en chômage. Voir Ibid. p. 13.


22EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELa proportion des <strong>jeunes</strong> de 15 à 29 ans parmi<strong>les</strong> personnes en chômage est n<strong>et</strong>tement plusélevée que dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active. Alorsqu’une personne sur quatre (26,5 %) dans <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion active est âgée de 15 à 29 ans, ondénombre, pour ce même groupe d’âge, prèsde quatre chômeurs sur dix (36,3 %).Il ne s’agit pas d’une situation temporaire, maisd’une tendance structurelle. Le graphique suivantprésente l’évolution comparée du taux de chômagedes <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> de celui des 30 ans <strong>et</strong> plus,pour <strong>la</strong> période al<strong>la</strong>nt de 1976 à 1999.Sur une période de plus de vingt ans, on noteune constante : plus <strong>la</strong> catégorie de popu<strong>la</strong>tionétudiée est jeune, plus le taux de chômage estélevé. De plus, <strong>les</strong> taux de chômage <strong>chez</strong> <strong>les</strong>plus <strong>jeunes</strong> sont plus étroitement liés à <strong>la</strong>conjoncture économique. En eff<strong>et</strong>, on remarqueune hausse marquée du taux de chômage <strong>chez</strong><strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> en 1982 <strong>et</strong> en 1997. Les <strong>jeunes</strong>ont toujours été touchés par le chômage enplus grande proportion que leurs aînés. Lasituation actuelle n’est donc pas nouvelle. Ilssont également plus vulnérab<strong>les</strong> aux aléas del’économie 22 .La sensibilité accrue des <strong>jeunes</strong> au contexteéconomique <strong>la</strong>isse supposer qu’ils serontparticulièrement affectés par <strong>la</strong> montée des emplois<strong>atypique</strong>s, puisque ceux-ci correspondent à unchangement structurel de l’économie du travail.La prochaine section sera consacrée à l’étudede ce suj<strong>et</strong>.2.2 Les <strong>jeunes</strong><strong>et</strong> <strong>les</strong> emplois <strong>atypique</strong>sLa progression des emplois <strong>atypique</strong>s, tels qu’ilsont été définis au chapitre précédent, est un<strong>et</strong>endance lourde qui transforme <strong>la</strong> structure dumarché du travail. Au Québec, le nombre d’emplois<strong>atypique</strong>s a grimpé de 135 % entre 1976 <strong>et</strong> 1995alors que l’emploi typique ne croissait que de6,6 % 23 . Tout indique qu’avec une même vitessede croisière, <strong>la</strong> part de l’emploi <strong>atypique</strong> seraitsupérieure à l’emploi typique en l’an 2017 24 .On r<strong>et</strong>rouve de plus en plus de personnes quioccupent des emplois <strong>atypique</strong>s au Québec.Cel<strong>les</strong> qui intègrent ou réintègrent le marchédu travail sont plus particulièrement touchées par<strong>la</strong> multiplication de ces emplois. On pense, entreautres, aux femmes, aux personnes immigrantesLes <strong>jeunes</strong> ont toujoursété touchés par leGraphique 1 Évolution du taux de chômage de 1976 à 1999, Québec30 %chômage en plus25 %grande proportion queleurs aînés. La situationactuelle n’est donc pasnouvelle. Ils sontégalement plusvulnérab<strong>les</strong> aux aléasde l’économie.197620 %15 %10 %5 %0 %1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000■ 15-19 ans■ 20-24 ans■ 25-29 ans■ 30 ans <strong>et</strong> plusSource : StatistiqueCanada, Enquête sur<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.Compi<strong>la</strong>tion : Institutde <strong>la</strong> statistique duQuébec.22 GRENIER, André, Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> le marché du travail : tendances <strong>et</strong> situation récente, Québec, <strong>Emploi</strong>-Québec, 1998, p. 8.23 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, « L’évolution du marché du travail <strong>atypique</strong> au Québec »,encart dans Le Marché du travail, vol. 19, n o 5, p. 25.24 Ibid.


non qualifiées <strong>et</strong> aux derniers arrivés sur le marchédu travail, soit <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Ces catégories socia<strong>les</strong>sont plus vulnérab<strong>les</strong> en raison des caractéristiquessocia<strong>les</strong> généralement attribuées àleur rapport au travail 25 .Les <strong>jeunes</strong> sont particulièrement affectés par cephénomène. La première partie du présent portraitstatistique consistera à évaluer l’importance dutravail <strong>atypique</strong> selon l’âge <strong>et</strong> le sexe, au Québec.C<strong>et</strong>te analyse perm<strong>et</strong>tra aussi de constater quele travail <strong>atypique</strong> des <strong>jeunes</strong> n’est pas lemême que celui des travailleurs plus âgés. De<strong>la</strong> même façon, des distinctions importantesdevront être faites en fonction du sexe.Les travailleurs <strong>atypique</strong>sau Québec : portrait de familleLe tableau 2 montre le pourcentage de travailleursautonomes, temporaires <strong>et</strong> à temps partiel,selon des catégories mutuellement exclusives.C<strong>et</strong>te méthode perm<strong>et</strong>, par exemple, de ne pascomptabiliser deux fois une personne qui travailleraità temps partiel de façon temporaire.Le pourcentage total de l’emploi <strong>atypique</strong>, établisur <strong>la</strong> base de l’ensemble des travailleurs, est reprispar le graphique 2 qui illustre l’importance dutravail <strong>atypique</strong> selon l’âge <strong>et</strong> le sexe.Graphique 2 Proportion de l’emploi<strong>atypique</strong> selon le groupe d’âge<strong>et</strong> le sexe, Québec, 199940,85346,5■ Hommes■ Femmes■ Total30,835,915-29 ans 30 ans <strong>et</strong> plus33,150 %40 %30 %20 %10 %0 %Sources : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.Compi<strong>la</strong>tion spéciale par l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.Une proportion de 46,5 % de <strong>jeunes</strong> occupentun emploi <strong>atypique</strong> contre 33,1 % des travailleursde plus de 30 ans. Chez <strong>les</strong> femmesde 15 à 29 ans, <strong>la</strong> proportion grimpe à 53 %!De tel<strong>les</strong> statistiques impliquent qu’on ne peutplus aborder <strong>la</strong> question de l’emploi des <strong>jeunes</strong>sans s’intéresser à l’emploi <strong>atypique</strong>.23EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETableau 2 Composantes de l’emploi <strong>atypique</strong> totalselon l’âge <strong>et</strong> le sexe, Québec, 1999Âge sexe Âge sexe15-29 H F 30+ H F% % % % % %Temps partiel permanent 16,6 11,6 22,2 7,4 2,3 13,8Temps partiel temporaire 11,2 9,1 13,7 2,3 1,3 3,6Temporaire temps plein 11,7 12,6 10,8 5,3 5,3 5,0Travailleurs autonomes(temps partiel <strong>et</strong> temps plein) 6,7 7,3 6,1 17,9 21,8 13,2Total <strong>atypique</strong> 46,5 40,8 53,0 33,1 30,8 35,9(Le total peut être différent de <strong>la</strong> somme des parties,en raison de l’arrondissement à <strong>la</strong> première décimale.)Une proportion de 46,5 %de <strong>jeunes</strong> occupent un emploi<strong>atypique</strong> contre 33,1 %des travailleurs de plusde 30 ans. Chez <strong>les</strong> femmesde 15 à 29 ans, <strong>la</strong> proportiongrimpe à 53 %!25 DAGENAIS, Lucie France, « La question des <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> stratégie d’emploi <strong>jeunes</strong>se,Éléments de réflexion », Cahiers de recherche sociologique, n o 31, 1998, p. 70.


24EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELe tableau précédent perm<strong>et</strong> en outre d’observerplus finement <strong>la</strong> nature différente du travail<strong>atypique</strong> selon l’âge <strong>et</strong> le sexe. Par exemple, <strong>les</strong>travailleurs autonomes représentent plus d’untravailleur <strong>atypique</strong> sur deux <strong>chez</strong> <strong>les</strong> 30 ans<strong>et</strong> plus, contrairement à moins de un sur sept<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Les différences entre <strong>les</strong> sexessont également remarquab<strong>les</strong>, peu importe l’âge :une proportion beaucoup plus élevée de femmesoccupent des emplois à temps partiel.Les prochaines étapes de l’analyse porteront demanière plus précise sur l’évolution <strong>et</strong> sur certainescaractéristiques du travail à temps partiel, dutravail temporaire <strong>et</strong> du travail autonome <strong>chez</strong><strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> de 15 à 29 ans.2.2.1 Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> l’emploià temps partielPar emploi à temps partiel, ondésigne tous <strong>les</strong> emplois dont <strong>la</strong>semaine de travail est inférieureà 30 heures 26 .L’évolution du travailà temps partiel <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>Le nombre de <strong>jeunes</strong> qui occupent des emploisà temps partiel s’est accru de façon importantedepuis 1976. Le tableau suivant présente l’emploià temps partiel en pourcentage de l’emploitotal pour <strong>les</strong> années 1976, 1987 <strong>et</strong> 1999.De 1976 à 1999, <strong>la</strong> progression de l’emploi àtemps partiel a été spectacu<strong>la</strong>ire <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>Québécois. Le cas des 20 à 24 ans est particulièrementintéressant. La proportion de travailleursà temps partiel dans ce groupe d’âge apratiquement quadruplé au cours de c<strong>et</strong>tepériode, passant de 7,6 % à 30,3 %. Le travailà temps partiel des autres <strong>jeunes</strong> a aussiaugmenté de façon notable, <strong>la</strong> proportionayant presque triplé <strong>chez</strong> <strong>les</strong> 15 à 29 ans alorsqu’elle n’a pas tout à fait doublé <strong>chez</strong> <strong>les</strong>30 ans <strong>et</strong> plus.Un dép<strong>la</strong>cementde l’emploi à temps pleinvers l’emploi à temps partielLa progression du nombre d’emplois à tempspartiel peut également s’expliquer par un reculdu travail à temps plein <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. L<strong>et</strong>ableau suivant dresse le bi<strong>la</strong>n du nombre d<strong>et</strong>ravailleurs à temps partiel <strong>et</strong> à temps pleinentre 1976 <strong>et</strong> 1999, ainsi que <strong>les</strong> variationsdans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.De 1976 à 1999, <strong>la</strong>progression de l’emploià temps partiel a étéspectacu<strong>la</strong>ire <strong>chez</strong> <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> Québécois.Tableau 3 Progression de l’emploi à temps partielselon le groupe d’âge, Québec, 1976, 1987 <strong>et</strong> 19991976 1987 1999% % %15-29 ans 11,6 22,3 30,215-19 27,2 54,0 67,120-24 7,6 18,6 30,325-29 6,2 12,4 14,230 ans <strong>et</strong> plus 7,5 11,1 12,3Sources : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.Compi<strong>la</strong>tion spéciale par l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.26 Il s’agit du critère utilisé par Statistique Canada dans son Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.


Tableau 4 Variation de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active<strong>et</strong> du nombre de travailleurs à temps plein <strong>et</strong> à temps partiel,Québec, 1976 - 1999Popu<strong>la</strong>tion active Temps plein Temps partiel15-29 ans - 228 100 -334 800 +135 90030 ans <strong>et</strong> plus + 1 139 100 +807 000 +199 900En outre, il est primordial de mentionner quele déclin de l’emploi à temps plein ne sauraitêtre attribuable à <strong>la</strong> seule baisse de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionactive des <strong>jeunes</strong>. En eff<strong>et</strong>, le nombred’emplois de ce type pour <strong>les</strong> 15 à 29 ans achuté de 35,9 %, alors que le recul de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionactive de ce groupe d’âge n’a été que de18,9 %. Comparativement, <strong>chez</strong> <strong>les</strong> plus de 30ans, l’augmentation de l’emploi à temps pleina presque suivi celle de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, soit58,1%, alors que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion s’est accrue de 72 %.Sources : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.Compi<strong>la</strong>tion spéciale par l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.Raisons invoquéespour travailler à temps partielL’essor spectacu<strong>la</strong>ire du travail à temps partiels’explique en partie par <strong>la</strong> hausse du nombred’étudiants. Mais on ne peut expliquer tout l<strong>et</strong>ravail à temps partiel par <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation accruedes <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> le nombre grandissant d’étudiantsqui travaillent.Le tableau suivant présente <strong>la</strong> fréquence desraisons invoquées par <strong>les</strong> travailleurs à tempspartiel pour expliquer leur forme d’emploi, en1999 27 .25EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETableau 5 Répartition des travailleurs à temps partielpar rapport au total des travailleurs,selon <strong>la</strong> raison <strong>et</strong> l’âge, Québec, 1999Raison 15-29 ans 30 ans <strong>et</strong> +% %Famille, invalidité : 1,0 2,1École : 18,3 0,3Autres raisons « volontaires » : 2,6 5,6Involontaire (définition <strong>la</strong>rge) * : 8,2 4,3Total temps partiel : 30,2 12,3(La somme des réponses peut être différente du total en raison des arrondissements.)(*) La définition <strong>la</strong>rge inclut ceux qui n’ont pas trouvé de travail à temps pleinou qui travaillent à temps partiel à cause de <strong>la</strong> « conjoncture économique »,qu’ils aient cherché un emploi à temps plein ou non, au cours des 4 dernières semaines.Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.Compi<strong>la</strong>tion spéciale par l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.27 La définition du temps partiel involontaire de Statistique Canada a changé en 1997. Les raisons recueillies au cours de l’Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionactive sont <strong>les</strong> suivantes : ma<strong>la</strong>die ou incapacité, soin des enfants, autres obligations personnel<strong>les</strong> ou familia<strong>les</strong>, va à l’école, par choix,autres raisons volontaires, <strong>la</strong> conjoncture économique, n’a pu trouver du travail à temps plein. Dans ce tableau, le taux de « temps partielinvolontaire » (définition <strong>la</strong>rge) est obtenu en divisant le nombre de personnes ayant repondu oui à une des deux dernières questions par lenombre total des travailleurs. Statistique Canada demande ensuite aux personnes de c<strong>et</strong>te première catégorie si el<strong>les</strong> ont cherché du travail àtemps plein au cours des quatre dernières semaines. Les personnes qui ont répondu positivement à c<strong>et</strong>te dernière question nous perm<strong>et</strong>traientd’établir le nombre de travailleurs à temps partiel involontaire, selon une définition stricte. Le taux est obtenu de <strong>la</strong> même façon, en divisant parle nombre total des personnes travail<strong>la</strong>nt à temps partiel.


26EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELes données indiquent c<strong>la</strong>irement que si <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> travaillent majoritairement à temps partielen raison de leurs études, <strong>les</strong> autres travailleursinvoquent quant à eux des raisons familia<strong>les</strong>,ou d’autres raisons volontaires deux fois plussouvent que <strong>les</strong> 15 à 29 ans. Mais surtout,malgré l’importance de l’école dans le choixd’un statut d’emploi <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>, <strong>les</strong> 15 à29 ans travaillent à temps partiel de façoninvolontaire deux fois plus souvent que <strong>les</strong> 30ans <strong>et</strong> plus, toutes proportions gardées.L’EMPLOI À TEMPS PARTIELPENDANT LA PÉRIODE SCOLAIREProgression de l’emploi à tempspartiel <strong>chez</strong> <strong>les</strong> « non-étudiants »seulementLes données que nous venons d’étudier perm<strong>et</strong>tentde nuancer l’idée selon <strong>la</strong>quelle le travailà temps partiel <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> est toujours« volontaire ». Malheureusement, il est impossiblede comparer <strong>les</strong> données récentes sur le tempspartiel involontaire avec <strong>les</strong> données plusanciennes, le questionnaire de l’Enquête sur <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion active ayant été profondémentmodifié à c<strong>et</strong> égard. Par contre, d’autres donnéesperm<strong>et</strong>tent de confirmer l’évolution dutravail à temps partiel, <strong>chez</strong> <strong>les</strong> « non-étudiants »Les données de Statistique Canada re<strong>la</strong>tives aux« non-étudiants » sont obtenues en se basantuniquement sur <strong>les</strong> huit mois de <strong>la</strong> périodesco<strong>la</strong>ire, ce qui perm<strong>et</strong> d’éliminer <strong>les</strong> emploisd’été.Selon ces données, <strong>la</strong> proportion de <strong>jeunes</strong> estpassée de 10,9 à 15,9 % entre 1990 <strong>et</strong> 1998,soit une progression de 45,9 %. Ainsi, même enexcluant le travail d’été, le travail à temps partie<strong>les</strong>t en croissance rapide <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> 28 .Raisons invoquées par <strong>les</strong>« non-étudiants » pourtravailler à temps partielLes mêmes statistiques perm<strong>et</strong>tent égalementd’évaluer le caractère volontaire ou non dutravail à temps partiel. Le tableau 6 présente <strong>la</strong>p<strong>la</strong>ce du temps partiel involontaire dans l<strong>et</strong>emps partiel total, pendant <strong>la</strong> période sco<strong>la</strong>ire,en 1998.On pourrait croire que <strong>la</strong> majorité des <strong>jeunes</strong>travaillent à temps partiel pendant <strong>la</strong> périodesco<strong>la</strong>ire à cause de leur statut d’étudiant. Pourtant,si l’on examine <strong>la</strong> situation de ceux qui étaientâgés de 20 à 24 ans <strong>et</strong> de 25 à 29 ans en1998, <strong>la</strong> proportion de travailleurs à tempspartiel involontaire atteint respectivement72,9 % <strong>et</strong> 59,3 %. Au total, 65,4 % de <strong>la</strong> jeunegénération des 15 à 29 ans qui travaille à tempspartiel pendant <strong>la</strong> période sco<strong>la</strong>ire souhait<strong>et</strong>ravailler à temps plein. C<strong>et</strong>te proportion est deTableau 6 <strong>Emploi</strong> à temps partiel involontaire,période sco<strong>la</strong>ire, Québec, 1998Nombre d’emplois Temps partiel Temps partielâge à temps partiel involontaire, involontaire(définition <strong>la</strong>rge) * %15-29 ans 91 400 59 800 65,415-19 13 000 6 600 50,120-24 36 900 26 900 72,925-29 41 500 24 600 59,330 ans <strong>et</strong> plus 302 200 11 5900 38,4(Le total peut être différent de <strong>la</strong> somme des parties, en raison de <strong>la</strong> marge d’erreur de 1500.)(*) La définition <strong>la</strong>rge inclut ceux qui n’ont pas trouvé de travail à temps plein ouqui travaillent à temps partiel à cause de <strong>la</strong> « conjoncture économique », qu’ils aient cherchéun emploi à temps plein ou non, au cours des quatre dernières semaines.Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.28 Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale.


38,4 % pour le groupe des plus de 30 ans. Parconséquent, il y a un fort pourcentage de<strong>jeunes</strong> qui travaillent à temps partiel, faute d<strong>et</strong>rouver mieux, <strong>et</strong> qui aspirent à se trouver dutravail à temps plein.2.2.2 Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong>l’emploi temporaireUn emploi temporaire est unemploi dont <strong>la</strong> date de cessationest prédéterminée ou qui s<strong>et</strong>erminera dès qu’un proj<strong>et</strong>déterminé aura pris fin 29 .En théorie, <strong>les</strong> employés dits temporaires sontengagés pour des proj<strong>et</strong>s particuliers ou pourrépondre à un besoin passager de main-d’œuvreen raison d’un surplus de travail.En tout, 22,9 % des <strong>jeunes</strong> travailleurs occupaientun emploi temporaire en 1999 (selon <strong>les</strong>données présentées dans le tableau 2). Parmiceux-ci, un certain nombre ont des emploisd’été. Or, en considérant seulement <strong>la</strong> périodesco<strong>la</strong>ire, il est possible de ne pas tenir comptede ces emplois 30 .LES JEUNES EN EMPLOI TEMPORAIREPENDANT LA PÉRIODE SCOLAIREL’emploi temporaire sera traité en re<strong>la</strong>tion avecl’emploi permanent, afin de mesurer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>cere<strong>la</strong>tive des <strong>jeunes</strong> dans ces deux types d’emplois.L’analyse se limitera à l’année 1998 <strong>et</strong> nepourra aborder <strong>les</strong> raisons invoquées par <strong>les</strong>travailleurs puisque ces données ne sont pasdisponib<strong>les</strong> 31 .Graphique 3 Proportion de l’emploitemporaire par groupe d’âge,période sco<strong>la</strong>ire, Québec, 199923,915-19 ans18,920-24 ans1425-29 ans16,525 %20 %15 %10 %5 %0 %Sources : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.Compi<strong>la</strong>tion spéciale par l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.Dès le premier coup d’œil, on remarque que cesont <strong>les</strong> 15 à 19 ans qui, proportionnellement,occupent le plus d’emplois temporaires, soitdans 23,3 % des cas. Quant à <strong>la</strong> part r<strong>et</strong>enuepar <strong>les</strong> 20 à 24 ans <strong>et</strong> <strong>les</strong> 25 à 29 ans, ellereprésente respectivement 18,9 <strong>et</strong> 14 %.La proportion d’employés temporaires pendantle période sco<strong>la</strong>ire est presque deux fois plusélevée <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> que <strong>chez</strong> <strong>les</strong> travailleursplus âgés. En fait, 16,5 % des 15 à 29 ansoccupent un emploi temporaire par rapport àseulement 9,1 % des 30 ans <strong>et</strong> plus. Toutesproportions gardées, il y a donc 1,8 fois plusde <strong>jeunes</strong> que de plus de 30 ans dans <strong>les</strong>emplois temporaires lorsque l’on ne tient pascompte de <strong>la</strong> période estivale.15-29 ans9,130 ans <strong>et</strong> plus27EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEIl y a 1,8 fois plus de<strong>jeunes</strong> que de plus de 30 ansdans <strong>les</strong> emplois temporaires29 STATISTIQUE CANADA, Guide de l’enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, Ottawa, 1999, p. 13.30 Le CPJ évalue qu’environ <strong>la</strong> moitié des emplois temporaires <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> sont occupés pendant <strong>la</strong>période estivale. Si l’on tient compte de <strong>la</strong> période sco<strong>la</strong>ire, on peut également exclure bon nombred’emplois saisonniers, en plus des emplois étudiants.31 La distinction entre <strong>les</strong> employés permanents <strong>et</strong> <strong>les</strong> employés temporaires est réalisée par StatistiqueCanada depuis 1997 seulement. De plus, l’Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active ne prévoit pas de questionssur <strong>les</strong> raisons qui incitent <strong>les</strong> travailleurs à occuper un emploi temporaire.lorsque l’on ne tient pas comptede <strong>la</strong> période estivale.


28EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE2.2.3 Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> l<strong>et</strong>ravail autonomeTravailleur, constitué ou nonen société, qui n’a pas recoursà une aide sa<strong>la</strong>riée, c’est-à-direqui est son propre employeur<strong>et</strong> qui travaille seul 32 .La notion de travailleur autonome peut désignerplusieurs réalités différentes sur le marché dutravail. D’ailleurs, Statistique Canada n’utilise pasce terme, mais celui de travailleur indépendant 33 .Au sens de Statistique Canada, c<strong>et</strong>te catégorieregroupe des employeurs autant que des travailleurssans aide sa<strong>la</strong>riée.Parmi tous <strong>les</strong> types d’emploi, le travail indépendanta marqué <strong>la</strong> plus forte croissance de1980 à 1998, soit 42,2 % au Québec.D’ailleurs, sa part dans l’emploi total estpassée de 10 à 15,7 % au cours de <strong>la</strong> mêmepériode 34 . L’emploi indépendant, au sens <strong>la</strong>rge,a donc fait un bond remarquable.Chez <strong>les</strong> 15 à 29 ans, <strong>la</strong> proportion de <strong>jeunes</strong>travailleurs indépendants, qui était de 5,3 %en 1980, a augmenté à 7,4 % en 1998. Pour<strong>les</strong> plus de 30 ans, elle est passée de 13,8 à18,4 % pendant <strong>la</strong> même période. Le taux decroissance du travail indépendant <strong>chez</strong> <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> a donc dépassé quelque peu celui des30 ans <strong>et</strong> plus, entre 1980 <strong>et</strong> 1998 35 .Toutefois, dans c<strong>et</strong> avis, ce sont <strong>les</strong> formes<strong>atypique</strong>s d’emploi qui r<strong>et</strong>iennent notre attention.Ainsi, parmi <strong>les</strong> travailleurs indépendants, cesont <strong>les</strong> personnes qui ont créé leur propreemploi qui présentent un intérêt <strong>et</strong> non pas <strong>les</strong>employeurs. Par conséquent, <strong>la</strong> catégorie destravailleurs indépendants sans aide sa<strong>la</strong>riée estcelle qui se situe dans notre angle d’analyse <strong>et</strong>qui sera r<strong>et</strong>enue pour notre propos 36 .Les <strong>jeunes</strong> travailleursautonomes sans aide sa<strong>la</strong>riéeEn 1998, 75,7 % des <strong>jeunes</strong> travailleurs indépendants(15 à 29) n’avaient pas d’aide sa<strong>la</strong>riée,comparativement à 58,8 % des 30 ans <strong>et</strong> plus.Entre 1980 <strong>et</strong> 1998, le nombre de <strong>jeunes</strong>travailleurs indépendants sans aide sa<strong>la</strong>riéeest resté stable, passant de 46 000 à 46 400.Cependant, <strong>la</strong> baisse démographique expliqueque <strong>la</strong> proportion de travailleurs autonomesparmi ce groupe d’âge a augmenté de 4,2 à 5,6 %.Chez <strong>les</strong> 30 ans <strong>et</strong> plus, <strong>la</strong> même proportion estpassée de 6,6 à 10,8 %.En fait, au cours de c<strong>et</strong>te période, des travailleursplus âgés ont été davantage « attirés » par c<strong>et</strong>teforme d’emploi. En eff<strong>et</strong>, près des trois quartsdes travailleurs autonomes sont âgés de 40 ans<strong>et</strong> plus 37 . Dans leur cas, il s’agit souvent d’uneseconde carrière, dont <strong>la</strong> nature est bien différentede celle des <strong>jeunes</strong> qui débutent à leurcompte. C<strong>et</strong>te prédominance des travailleursautonomes plus âgés apparaît c<strong>la</strong>irement dansle tableau 7.32 Définition inspirée de <strong>la</strong> catégorie de travailleur indépendant de Statistique Canada.33 Ces travailleurs sont ensuite divisés en trois catégories. Il y a ceux qui sont constitués en société, ceux qui ne le sont pas <strong>et</strong> <strong>les</strong> travailleursfamiliaux non rémunérés. Les deux premières catégories se subdivisent également en deux, c’est-à-dire ceux qui ont recours à l’aide desa<strong>la</strong>riés (employeurs) <strong>et</strong> ceux qui travaillent sans aide sa<strong>la</strong>riée. Quant aux travailleurs familiaux, ce sont des personnes qui travaillent sansrémunération pour un parent propriétaire <strong>et</strong> qui occupent le même logement.34 Popu<strong>la</strong>tion de 15 ans <strong>et</strong> plus, Statistique Canada. Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale, calcul effectué par le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.35 Il s’agit du taux de croissance des travailleurs indépendants par rapport à tous <strong>les</strong> travailleurs d’une catégorie d’âge. Ce taux était de 39,6 %pour <strong>les</strong> 15 à 29 contre 33,3 % pour <strong>les</strong> 30 <strong>et</strong> plus. Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale, calculeffectué par le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.36 Voir : SCHETAGNE, Sylvain, Le travail autonome <strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> au Québec : Une voie de contournement au marché du travail? Conseil canadiende développement social, 1999. Voir aussi : ROY, Gil<strong>les</strong>, Diagnostic sur le travail autonome, version synthèse réalisée pour <strong>la</strong> Société québécoisede développement de <strong>la</strong> main-d’œuvre, 1997.37 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, « L’évolution du marché du travail <strong>atypique</strong> au Québec », encart dans Le Marché du travail,vol. 19, n o 5, p. 62.


Tableau 7 Proportion <strong>et</strong> croissance des travailleurs autonomes(indépendants sans aide sa<strong>la</strong>riée), Québec, 1980 <strong>et</strong> 19981980 1998 Taux de croissance% % 1980-199815-29 ans 4,2 5,6 33,3 %15-19 8,0 8,7 8,8 %20-24 2,2 3,5 59,1 %25-29 4,0 6,0 50,0 %30 ans <strong>et</strong> plus 6,6 10,8 63,6 %Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale.Ainsi, bien que le travail autonome soit plusfréquent <strong>chez</strong> <strong>les</strong> travailleurs plus âgés, le tauxde croissance de c<strong>et</strong>te forme d’emploi <strong>chez</strong> <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> dans <strong>la</strong> vingtaine s’approche de celuiobservé <strong>chez</strong> <strong>les</strong> 30 ans <strong>et</strong> plus, depuis 1980.2.3 Les revenus moyens associésaux emplois <strong>atypique</strong>sParmi <strong>les</strong> caractéristiques des emplois <strong>atypique</strong>s,on note leur durée limitée, c’est-à-diremoins d’heures de travail chaque semaine ouencore moins de semaines de travail. Le travailleur<strong>atypique</strong> doit donc se contenter d’unrevenu annuel plus faible, même lorsque <strong>les</strong>a<strong>la</strong>ire horaire <strong>et</strong> <strong>les</strong> avantages sociaux qui luisont accordés sont semb<strong>la</strong>b<strong>les</strong> à ceux d’unemployé régulier occupant un emploi simi<strong>la</strong>ire.Le Conseil se propose de comparer, dans c<strong>et</strong>tesection, <strong>les</strong> revenus tirés du travail à tempspartiel avec ceux du travail à temps plein,ceux des employés temporaires avec ceux desemployés permanents, <strong>et</strong> finalement, <strong>les</strong>revenus moyens des travailleurs autonomes,sans aide sa<strong>la</strong>riée, avec ceux des sa<strong>la</strong>riés dansleur ensemble.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.Dans le cas des travailleurs temporaires <strong>et</strong> à tempspartiel, <strong>les</strong> revenus moyens ont été calculés sanstenir compte des travailleurs qui ont occupé unemploi uniquement durant <strong>la</strong> période estivale.Enfin, on doit considérer que ces deux catégoriesse recoupent, puisque <strong>les</strong> travailleurs temporaires<strong>et</strong> à temps partiel sont inclus dans chacuned’el<strong>les</strong>.2.3.1 Les revenus annuels moyens desemployés à temps partiel pendant<strong>la</strong> période sco<strong>la</strong>ireLe tableau suivant compare <strong>les</strong> revenusmoyens des travailleurs à temps partiel avecceux des travailleurs à temps plein ainsi que lepourcentage du revenu moyen d’un employé àtemps plein gagné par un employé à tempspartiel.Dans ce cas, <strong>la</strong> différence de revenus s’expliqueaisément par le nombre d’heures hebdomadairestravaillées. Malgré ce<strong>la</strong>, une constatation s’impose: dans l’ensemble, le revenu annuel moyendes employés à temps partiel est deux fois plusfaible que celui des travailleurs à temps plein.29EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETableau 8 Les revenus annuels moyens des employés à tempspartiel <strong>et</strong> à temps plein, période sco<strong>la</strong>ire, 1997Temps plein Temps partiel Revenus temps partiel÷ revenus temps plein15-29 ans 22 800 $ 11 600 $ 50,9 %15-24 17 600 $ 9 600 $ 54,5 %25-29 26 000 $ 14 200 $ 54,6 %30 ans <strong>et</strong> plus 34 800 $ 16 000 $ 46,0 %Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.Le revenu annuel moyendes employés à temps partie<strong>les</strong>t deux fois plus faible quecelui des travailleursà temps plein.


30EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE2.3.2 Les revenus annuels moyensdes travailleurs temporaires<strong>et</strong> permanents, période sco<strong>la</strong>ireLa proportion élevée de travailleurs temporaires<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> influe sur leur situation économique.Le tableau 9 montre <strong>les</strong> écarts entre <strong>les</strong>revenus annuels moyens, selon qu’ils aientoccupé un emploi permanent ou temporaire.Peu importe le groupe d’âge, <strong>les</strong> revenusmoyens des employés temporaires sont toujoursplus bas que ceux des employés permanents.Parmi <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> employés, l’écart de revenuse fait particulièrement sentir <strong>chez</strong> <strong>les</strong> 15 à 19 ansqui gagnent 45,4 % de moins que <strong>les</strong> permanentsdu même âge. L’écart de revenu se réduitconsidérablement pour <strong>les</strong> 20 à 24 ans <strong>et</strong> <strong>les</strong>25 à 29 ans, soit 28,8 <strong>et</strong> 18,2 % respectivement.Le nombre d’heures travaillées joue un rôleimportant dans <strong>la</strong> disparité observée entre <strong>les</strong>revenus, ceux-ci étant calculés sur une baseannuelle. Mais il y a plus : <strong>les</strong> employés temporairesne font que passer dans <strong>les</strong> organisations<strong>et</strong> restent donc souvent au bas de l’échelle sa<strong>la</strong>riale.Les permanents peuvent quant à eux accumulerde l’expérience <strong>et</strong> gravir <strong>les</strong> échelons, ce quiexpliquerait <strong>la</strong> différence grandissante entre <strong>les</strong>revenus des permanents <strong>et</strong> ceux des temporaires,<strong>chez</strong> <strong>les</strong> travailleurs plus âgés.Mais d’autres facteurs peuvent expliquer <strong>la</strong>disparité des revenus. Parfois, <strong>les</strong> employéstemporaires ne sont pas rémunérés en fonctionde <strong>la</strong> même échelle sa<strong>la</strong>riale, ou encore sontcongédiés puis réengagés, afin d’empêcher qu’ilsaccumulent de l’ancienn<strong>et</strong>é.2.3.3 Les revenus annuels moyensdes travailleurs autonomes(indépendants, sans aide sa<strong>la</strong>riée)Le tableau 10 est particulièrement intéressantpuisqu’il présente deux types d’emploi qui impliquentun nombre d’heures travaillées assezsimi<strong>la</strong>ire. En fait, le nombre hebdomadaire moyenpour <strong>les</strong> travailleurs autonomes sans aidesa<strong>la</strong>riée, de 15 à 29 ans, est même supérieur àcelui des sa<strong>la</strong>riés du même âge, soit 40,4 heurescontre 36,0 heures 38 .Les revenus moyens des <strong>jeunes</strong> travailleursautonomes, des sa<strong>la</strong>riés du même âge <strong>et</strong> destravailleurs autonomes plus âgés sont comparab<strong>les</strong>entre eux. Mais ce qui ressort de c<strong>et</strong>tesituation est surtout <strong>la</strong> faib<strong>les</strong>se des revenusmoyens des <strong>jeunes</strong> par rapport à ceux destravailleurs plus âgés, ainsi que des revenusdes travailleurs autonomes par rapport à ceuxdes sa<strong>la</strong>riés, peu importe l’âge.Les employés temporairesne font que passer dans<strong>les</strong> organisations <strong>et</strong>restent donc souventau bas de l’échel<strong>les</strong>a<strong>la</strong>riale.Tableau 9 Les revenus annuels moyens des employés permanents<strong>et</strong> temporaires, période sco<strong>la</strong>ire, en 1997Employés Employés Revenus temporairespermanents temporaires ÷ revenus permanents15-29 ans 20 942 $ 15 440 $ 73,7 %15-19 10 303 $ 5 626 $ 54,6 %20-24 17 167 $ 12 222 $ 71,2 %25-29 24 538 $ 20 079 $ 81,8 %30 ans <strong>et</strong> plus 34 257 $ 23 340 $ 68,1 %Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale.Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.38 Source : Statistique Canada. Enquête sur <strong>les</strong> finances des consommateurs (EFC), compi<strong>la</strong>tion spéciale de l’Institut de <strong>la</strong> statistique duQuébec à partir des fichiers de microdonnées.


Tableau 10 Les revenus annuels moyens destravailleurs autonomes <strong>et</strong> des sa<strong>la</strong>riés en 199731Sa<strong>la</strong>riés Travailleurs Revenusautonomes travailleurs autonomes÷ revenus sa<strong>la</strong>riés15-29 ans 20 100 $ 19 200 $ 94,5 %15-24 15 200 $ 13 200 $ 86,8 %25-29 23 900 $ 22 500 $ 94,1 %30 ans <strong>et</strong> plus 33 400 $ 21 100 $ 63,2 %Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale.C<strong>et</strong>te dernière constatation porte à réflexion.Les travailleurs autonomes travaillent enmoyenne plus d’heures que <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés, maisencaissent des revenus inférieurs à ceux-ci.Tout semble indiquer qu’à moins de réaliser lerêve américain, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs autonomesne doivent pas s’attendre à voir leurrevenu augmenter au même rythme que celuides sa<strong>la</strong>riés.2.4 Le cumul d’emplois<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>Les heures de travail inférieures <strong>et</strong> <strong>les</strong> revenusmoindres, associés au travail <strong>atypique</strong>, amènentun nombre grandissant de travailleurs àcumuler plusieurs emplois. Les travailleursautonomes <strong>et</strong> ceux à temps partiel sont <strong>les</strong>plus affectés par ce phénomène. Au Canada, <strong>la</strong>proportion de travailleurs autonomes dansc<strong>et</strong>te situation a progressé de 42 à 51 % entre1977 <strong>et</strong> 1997 39 . Les travailleurs à temps partielcumulent plus souvent des emplois que <strong>les</strong>travailleurs à temps plein <strong>et</strong> l’emploi à tempspartiel était l’emploi principal dans 35 % des casen 1997, comparativement à 20 % en 1977 40 .Compi<strong>la</strong>tion supplémentaire : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.Ce phénomène de plus en plus important toucheparticulièrement <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Selon Denis Matte,chercheur au ministère du Travail du Québec,il semble bien que <strong>les</strong> conditions diffici<strong>les</strong> dumarché de l’emploi obligent <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleursà occuper simultanément plusieurspostes à temps partiel 41 . En 1996, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>Canadiens de 15 à 24 ans représentaient 20 %des personnes cumu<strong>la</strong>nt des emplois alorsqu’ils ne constituaient que 15 % de <strong>la</strong> maind’œuvr<strong>et</strong>otale 42 . Parmi tous <strong>les</strong> groupes d’âge,ce sont <strong>les</strong> 20 à 24 ans qui avaient le taux decumul d’emplois le plus élevé en 1997; 7,1 %d’entre eux se trouvaient dans c<strong>et</strong>te situation,comparativement à 5,2 % dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionen général 43 .EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEParmi tous <strong>les</strong> groupes d’âge,ce sont <strong>les</strong> 20 à 24 ans quiavaient le taux de cumuld’emplois le plus élevé en 1997.39 Pendant <strong>la</strong> même période, le cumul d’emplois de tous <strong>les</strong> travailleurs passa de 2,4 à 5,2 % Voir : SUSSMAN, Deborah,« Cumuler des emplois : une habitude bien ancrée », L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective, vol. 10, n˚ 2, été 1998, p. 26.40 SUSSMAN, Deborah, « Cumuler des emplois : une habitude bien ancrée », L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective, vol. 10, n˚ 2, été 1998, p. 27.41 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, « L’évolution du marché du travail <strong>atypique</strong> au Québec »,encart dans Le Marché du travail, vol. 19, no 5, 1998, p. 8042 Ibid.43 SUSSMAN, Deborah, loc. cit., p. 26.


32EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSESelon une enquête de Statistique Canada, <strong>la</strong>raison <strong>la</strong> plus souvent invoquée pour expliquerc<strong>et</strong>te situation (28 % des cas 44 ) était de payer<strong>les</strong> dépenses norma<strong>les</strong> du ménage. D’ailleurs,le corol<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> faible rémunération est généralementun taux élevé de cumul d’emplois.Plus précisément, <strong>les</strong> travailleurs qui gagnaientmoins de 10 $ l’heure dans leur emploi principalont enregistré en 1997 le taux de cumul d’emploile plus fort (6 %) <strong>et</strong> ceux qui gagnaient 20 $l’heure ou plus, le taux le plus faible 45 . Ce<strong>la</strong><strong>la</strong>isse supposer qu’une bonne partie des <strong>jeunes</strong>occupent plus d’un emploi afin de remédier àune situation financière précaire.* **La p<strong>la</strong>ce de plus en plus importante du travail<strong>atypique</strong> entraîne des conséquences significatives<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. La transformation du marché dutravail au profit de ces emplois a pu contribuer,dans une certaine mesure, à <strong>la</strong> tendance à <strong>la</strong>baisse des revenus réels observée <strong>chez</strong> <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> depuis <strong>les</strong> années 80 46 . Cependant, <strong>les</strong>données re<strong>la</strong>tives aux revenus moyens des<strong>jeunes</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s indiquent c<strong>la</strong>irementque ces emplois contribuent à rendre précaire <strong>la</strong>situation économique de ceux qui <strong>les</strong> occupent<strong>et</strong> pousse bon nombre d’entre eux à rechercherdes sources complémentaires de revenu. L’eff<strong>et</strong>de <strong>la</strong> hausse des emplois <strong>atypique</strong>s sur <strong>les</strong>données re<strong>la</strong>tives au cumul d’emplois ad’ailleurs été mesuré.Par contre, de nombreuses conséquences desemplois <strong>atypique</strong>s ne peuvent être évaluées enadoptant une approche statistique. Il est fort difficilede quantifier <strong>la</strong> précarité. C’est pourquoi lechapitre suivant sera fondé sur une approchedifférente, plus qualitative, afin d’explorer lelien qui unit l’emploi <strong>atypique</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> précarité<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. ●44 Ibid., p. 27, données de l’Enquête sur <strong>les</strong> horaires<strong>et</strong> <strong>les</strong> conditions de travail de 1995.45 Ibid., p. 31.46 Voir PICOT, Garn<strong>et</strong> <strong>et</strong> Andrew HEISZ,Le marché du travail des années 1990, Ottawa,Statistique Canada (11F0019MPE Nº148), 2000, p. 21.


■ Le nombre d’emplois <strong>atypique</strong>s a grimpé de 135 % entre 1976 <strong>et</strong>1995. Si c<strong>et</strong>te croissance se maintient, l’emploi <strong>atypique</strong> deviendramajoritaire au Québec en 2017.Portrait du travail <strong>atypique</strong> au Québec, en 199915 – 29 ans 30 ans <strong>et</strong> +% %Travailleurs autonomes 6,7 % 17,9 %Temps partiel (régulier) 16,6 % 7,4 %Temps partiel (temporaire) 11,2 % 2,3 %Temporaire (temps plein) 11,7 % 5,3 %Total 46,5 % 33,1 %■ En 1999, près d’un jeune travailleur de 15 à 29 ans sur deux (46,5 %)occupait un emploi <strong>atypique</strong>. Dans le cas des 30 ans <strong>et</strong> plus, c<strong>et</strong>teproportion était de un sur trois (33,1 %), tandis que pour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>femmes, elle s’élevait à 53 %.33EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 2 ] Des chiffres qui parlentCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE■ Au total, <strong>les</strong> 15 à 29 ans occupaient 62,3 % de tous <strong>les</strong> emplois àtemps partiel temporaires alors qu’ils ne représentaient que 25,5 %des travailleurs.■ Les <strong>jeunes</strong> occupaient un emploi à temps partiel de façon involontairedeux fois plus souvent que <strong>les</strong> travailleurs de 30 ans <strong>et</strong> plus.■ Pendant <strong>la</strong> période sco<strong>la</strong>ire, 65,4 % des travailleurs à temps partiel de15 à 29 ans auraient préféré travailler à temps plein, comparativementà 38,4 % des 30 ans <strong>et</strong> plus.■ Plus de <strong>la</strong> moitié (54,1 %) des travailleurs <strong>atypique</strong>s de 30 ans <strong>et</strong>plus étaient des travailleurs autonomes, alors que seulement unseptième (14,4 %) de ceux âgés de 15 à 29 ans étaient leurs propresemployeurs. Les <strong>jeunes</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s occupaient doncmassivement des emplois temporaires <strong>et</strong> à temps partiel.Revenus annuels moyens■ En 1997, <strong>les</strong> 15 à 29 ans qui occupaient un emploi temporairependant <strong>la</strong> période sco<strong>la</strong>ire touchaient en moyenne 73,7 % du revenuannuel des employés permanents du même âge.■ En 1997, <strong>les</strong> employés de 15 à 29 ans, à temps partiel pendant <strong>la</strong>période sco<strong>la</strong>ire, gagnaient en moyenne 50,9 % du revenu annueldes employés à temps plein du même groupe d’âge.


33EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


Conséquencesdes emplois <strong>atypique</strong>s<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>Les <strong>jeunes</strong> accaparent plus que leur part des emplois <strong>atypique</strong>s. Cesemplois, bien souvent caractérisés par <strong>la</strong> précarité, risquent fortd’affecter leurs conditions <strong>et</strong> leurs choix de vie.En se fondant sur <strong>les</strong> écrits re<strong>la</strong>tifs à ce suj<strong>et</strong>,ce chapitre fera état de <strong>la</strong> détérioration de <strong>la</strong>situation des <strong>jeunes</strong> au Québec, à plusieurségards. Difficultés d’insertion professionnelle,end<strong>et</strong>tement étudiant, diminution des revenus,appauvrissement, accessibilité moindre au logement<strong>et</strong> maternité plus tardive seront <strong>les</strong> thèmesabordés au cours de ce troisième chapitre.3.1 L’insertion sur le marchédu travail : un chemin tortueuxAlors que <strong>les</strong> emplois <strong>atypique</strong>s sont en pleinecroissance, il semble primordial de s’intéresserà l’influence de ce contexte sur l’insertionprofessionnelle des <strong>jeunes</strong>. À première vue, onpeut remarquer que l’insertion professionnelledes <strong>jeunes</strong> Québécois est de plus en plus complexe.Survol de <strong>la</strong> littératureEn fait, elle désigne désormais un processusd’accès à l’emploi <strong>et</strong> non plus un moment précis 47 .Le passage de <strong>la</strong> formation à l’emploi permanentà temps plein, relié à son domaine d’études,est moins facile qu’auparavant. Par exemple,<strong>les</strong> taux d’obtention d’emplois permanents <strong>et</strong> àtemps plein par <strong>les</strong> détenteursd’un bacca<strong>la</strong>uréatont chuté de 75,2 à d’emplois permanentsLes taux d’obtention50,5 % entre 1982 <strong>et</strong><strong>et</strong> à temps plein1997 48 .par <strong>les</strong> détenteurs d’unbacca<strong>la</strong>uréat ont chutéde 75,2 à 50,5 % entre1982 <strong>et</strong> 1997 .35EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE47 « Transitions au Québec- étude de cas », chapitre 3 dans Canada, DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES,Rapport canadien pour un examen thématique de l’OCDE, (http://www.hrdc-drhc.gc.ca/arb/publications/books/working/three-f.pdf)Voir également : Gouvernement du Québec, CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’ÉDUCATION, L’insertion sociale <strong>et</strong> professionnelle,une responsabilité à partager, Rapport annuel 1996-1997 sur l’état <strong>et</strong> <strong>les</strong> besoins de l’éducation, Québec,1997.48 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, La Re<strong>la</strong>nce à l’université. 1998.Voir : http://www.meq.gouv.qc.ca/Re<strong>la</strong>nce/Re<strong>la</strong>nce.htm


36EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSESi d’avoir plus d’années d’études accroît<strong>les</strong> possibilités d’obtenir un meilleuremploi, en revanche on constate que <strong>les</strong>bons emplois disponib<strong>les</strong> n’augmententpas automatiquement avec le nombrede diplômés… Ajoutons que le fait deposséder un diplôme ne garantit pastoujours un bon emploi, ni mêmesimplement un emploi 49 .À défaut d’obtenir un emploi permanent <strong>et</strong> àtemps plein, <strong>les</strong> diplômés universitaires doiventbien souvent se rabattre sur des emplois <strong>atypique</strong>s.Ce phénomène est d’ailleurs confirmé dansune étude du ministère de l’Éducation. Étantdonné <strong>la</strong> croissance des emplois à temps partiel<strong>et</strong> des emplois temporaires au cours de <strong>la</strong> périodede 1990-1997 (…) <strong>les</strong> diplômées <strong>et</strong> <strong>les</strong> diplômésde 1995 ont moins chômé parce qu’ils se sontcontentés d’emplois plus précaires 50 . Ainsi,l’insertion en emploi pour <strong>les</strong> diplômés du bacca<strong>la</strong>uréatse traduit souvent par des emplois<strong>atypique</strong>s, habituellement précaires. Si <strong>les</strong> titu<strong>la</strong>iresd’un bacca<strong>la</strong>uréat se contentent souventd’emplois <strong>atypique</strong>s, le Conseil se questionnesur <strong>les</strong> problèmes d’insertion sur le marché dutravail auxquels <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> moins sco<strong>la</strong>risésdoivent faire face.Au début des années 80,<strong>la</strong> transition définitiveen emploi prenait environsix ans <strong>et</strong> au milieu desannées 90, elle étaitpassée à huit ans.Comme l’énonce Lucie France Dagenais, <strong>les</strong>processus de transitions professionnel<strong>les</strong> sontcomplexes <strong>et</strong> faits d’éléments imbriqués, regroupantune variété de conditions (employé, chômeur,stagiaire, étudiant, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> possiblement leurcumul 51 . L’instabilité actuelle de l’emploi va ausside pair avec une alternance fréquente entre l<strong>et</strong>ravail <strong>et</strong> <strong>les</strong> études, ainsi qu’entre différentesformes d’emploi, c’est-à-dire l’intermittence 52 .Ainsi, le problème de l’insertion professionnelledépasse le seul passage difficile de <strong>la</strong> formationà l’emploi.De plus, <strong>la</strong> période d’insertion professionnel<strong>les</strong>’allonge. Au début des années 80, <strong>la</strong> transitiondéfinitive en emploi prenait environ sixans <strong>et</strong> au milieu des années 90, elle étaitpassée à huit ans 53 . Un rapport du gouvernementdu Canada mentionne même que pourbeaucoup de personnes, <strong>la</strong> période de transitiondurera une décennie ou davantage… 54 . Ce<strong>la</strong><strong>la</strong>isse fortement supposer l’existence d’un lienentre <strong>la</strong> croissance des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>et</strong> unallongement de <strong>la</strong> période d’insertion professionnelle.L’entrée définitive dans le monde dutravail s’effectuerait plus tard, en raison del’instabilité associée aux emplois <strong>atypique</strong>s.La difficulté de l’insertion professionnelle à<strong>la</strong>quelle s’ajoutent <strong>la</strong> variété des formes d’emploiconduisent à des périodes plus ou moinslongues d’inactivité. Une situation dont <strong>les</strong>conséquences étaient déjà dénoncées par leConseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se en 1993 : <strong>les</strong>va-<strong>et</strong>-vient entre l’activité <strong>et</strong> l’inactivité, entrele chômage <strong>et</strong> le travail, de même que <strong>la</strong>baisse des revenus qui accompagne ces49 DAGENAIS, Lucie France, « La question des <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> stratégie d’emploi <strong>jeunes</strong>se. Éléments de réflexion »,Cahiers de recherche sociologique, n˚31, 1998, p. 59.50 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, La re<strong>la</strong>nce à l’université, 1998. (http ://www.meq.gouv.qc.ca/Re<strong>la</strong>nce/Re<strong>la</strong>nce.htm)51 DAGENAIS, Lucie France, loc. cit., p. 61.52 Expression qui désigne le fait d’effectuer un passage entre des périodes d’activité <strong>et</strong> de chômage, ou encore entre différentes formes d’emploi.53 Statistique Canada a choisi <strong>la</strong> définition de transition de l’OCDE. Selon c<strong>et</strong>te définition, <strong>la</strong> période de transition va de l’âge où <strong>la</strong> plupartdes <strong>jeunes</strong> ont cessé d’étudier sans travailler à l’âge auquel <strong>la</strong> majorité d’entre eux travaillent sans étudier. Voir à ce suj<strong>et</strong> <strong>la</strong> publicationsuivante : STATISTIQUE CANADA, Le point sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> le marché du travail, printemps 1997, catalogueno17-005-XPB, p. 34.54 « Transitions au Québec- étude de cas », chapitre 3 dans : Canada, DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES, op.cit.


mouvements rendent l’insertion stable aumarché du travail difficile <strong>et</strong> peuvent provoquer,non seulement le r<strong>et</strong>rait momentané, maisparfois même le r<strong>et</strong>rait permanent du marché dutravail. Plusieurs <strong>jeunes</strong> sont donc confrontésà un risque élevé d’exclusion professionnelle<strong>et</strong> sociale 55 .Ces transitions entre l’emploi <strong>et</strong> <strong>les</strong> périodesd’activité <strong>et</strong> d’inactivité sont <strong>la</strong>rgement conditionnéespar le réseau de contacts dont jouissent<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. La réussite dans l’insertion sur lemarché du travail tient souvent à l’existence d’unréseau de re<strong>la</strong>tions qui ne joue pas seulementen tant que filière de recommandations auprèsdes employeurs (…) mais en tant que moyend’information sur <strong>les</strong> emplois disponib<strong>les</strong> 56 .Par conséquent, ce sont surtout <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> quin’ont pas encore de réseau étendu <strong>et</strong> solide ouqui sont obligés de le quitter qui sont <strong>les</strong> plusà risque d’exclusion 57 . À ce suj<strong>et</strong>, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> quidoivent s’exiler de leur région sont particulièrementplus vulnérab<strong>les</strong>.Lorsqu’el<strong>les</strong> sont choisies, ces transitions sontprobablement bénéfiques pour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> quidésirent vivre de nouvel<strong>les</strong> expériences d<strong>et</strong>ravail. Un changement de travail en vued’améliorer sa situation ou pour relever denouveaux défis est l’occasion de développer denouvel<strong>les</strong> compétences <strong>et</strong> d’é<strong>la</strong>rgir son réseaude re<strong>la</strong>tions. Mais lorsque <strong>les</strong> transitions sont <strong>la</strong>conséquence d’un marché de l’emploi instable,l’insertion définitive en emploi est très difficile.De plus, on peut imaginer qu’un tel contexte,source de frustrations individuel<strong>les</strong>, est peufavorable au maintien de <strong>la</strong> motivation à intégrerle marché de l’emploi.En somme, il apparaît que <strong>la</strong> transition desétudes au marché du travail est sans douteplus complexe que jamais. Beaucoup de <strong>jeunes</strong>travaillent en même temps qu’ils étudient.D’autres, une fois diplômés, r<strong>et</strong>ournent auxétudes en tant qu’adultes. Ainsi, <strong>la</strong> marge quisépare ces deux activités est donc loin d’êtredéfinie 58 . Il y a donc une interaction entre leprocessus d’insertion <strong>et</strong> <strong>la</strong> durée de <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Ce point sera abordé dans <strong>la</strong>prochaine section.3.2 La prolongation de <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité<strong>et</strong> l’end<strong>et</strong>tement étudiantJusqu’au milieu des années 80, <strong>la</strong> prolongationde <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation s’expliquait principalementpar une plus grande accessibilité aux études.Le Québec a réussi un rattrapage importanten matière d’accès à l’éducation au cours desdernières décennies 59 . Or, depuis ce temps, <strong>la</strong>prolongation de <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité s’explique égalementpar l’instabilité de l’emploi, l’intermittence, <strong>et</strong>par une plus forte compétition sur le marchédu travail.Dans l’attente d’opportunités d’emplois plusintéressantes, l’instabilité du marché du travailconduit <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> à demeurer aux études. Dansce contexte, poursuivre des études apparaîtsouvent comme une stratégie de « moratoire »pour de plus en plus de <strong>jeunes</strong> incapab<strong>les</strong> d<strong>et</strong>rouver un emploi stable ou d’entrer sur lemarché du travail 60 .37EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE55 Gouvernement du Québec, CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE, Dites à tout le monde qu’on existe… .Avis sur <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é des <strong>jeunes</strong>, Québec, 1993, p. 44.56 GAUTHIER, Madeleine <strong>et</strong> Lucie MERCIER, La pauvr<strong>et</strong>é <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Précarité économique <strong>et</strong> fragilité sociale.Un bi<strong>la</strong>n, Québec, IQRC, 1994, p. 103.57 CASTEL, Robert, Les métamorphoses de <strong>la</strong> question sociale. Une chronique du sa<strong>la</strong>riat, Paris, Gallimard, 1999, p. 668-675.58 BOWLBY, Geoff, « La transition des études au marché du travail », L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective,vol.12, nº1, printemps 2000, p. 50.59 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, Les États généraux sur l’éducation 1995-1996.Exposé de <strong>la</strong> situation, 1996, p. 34.60 DAGENAIS, Lucie France, loc. cit., p. 56.


38EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEDe plus, <strong>la</strong> forte compétition sur le marché dutravail pour <strong>les</strong> emplois permanents <strong>et</strong> stab<strong>les</strong>crée un rapport de forces favorable aux employeurs.En eff<strong>et</strong>, bien que des sa<strong>la</strong>ires plusélevés <strong>et</strong> de meilleures conditions de travai<strong>la</strong>ient longtemps été associés à des niveaux desco<strong>la</strong>rité plus élevés, il est évident que <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> qui tentent d’entrer dans presque toutsecteur d’activités de nos jours doivent posséderdes qualifications professionnel<strong>les</strong> de beaucoupsupérieures à cel<strong>les</strong> de leurs parents il y a 20ans 61 . La jeune génération se doit d’être plussco<strong>la</strong>risée afin d’intégrer un marché caractérisépar une croissance des emplois <strong>atypique</strong>s.Malheureusement, le peu d’emplois permanents<strong>et</strong> stab<strong>les</strong> rend difficile, pour <strong>la</strong> jeune génération,le remboursement des d<strong>et</strong>tes d’étude. Une réalitédéjà soulevée par le Conseil en 1995 : <strong>la</strong> précarité<strong>et</strong> <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>ires modestes rattachés à <strong>la</strong> plupartdes emplois disponib<strong>les</strong>, combinés à <strong>la</strong> hausseimportante des droits de sco<strong>la</strong>rité à l’université,font en sorte qu’un nombre important de<strong>jeunes</strong> diplômés connaissent des difficultés àrembourser leurs d<strong>et</strong>tes d’étude 62 .Une fois diplômés,faute de mieux <strong>et</strong>afin de rembourserleurs d<strong>et</strong>tes d’étude,<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> se cantonnentL’end<strong>et</strong>tement moyen décou<strong>la</strong>nt du programmede prêts <strong>et</strong> bourses est élevé <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>qui ont fait des études universitaires. Selon <strong>les</strong>sources du ministère de l’Éducation, en 1998-1999,l’end<strong>et</strong>tement moyen des étudiants qui onttouché des prêts depuis le collégial (ayant pris leurprêt en charge à <strong>la</strong> fin de leurs études) était de15 552 $ au premier cycle <strong>et</strong> de 22 378 $ audeuxième cycle 63 .Les <strong>jeunes</strong> qui sont p<strong>la</strong>cés dans c<strong>et</strong>te situationse trouvent pris dans un engrenage de précarité.La sco<strong>la</strong>risation, utilisée parfois comme stratégiede moratoire, amène <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> à contracter delourdes d<strong>et</strong>tes. Une fois diplômés, faute de mieux<strong>et</strong> afin de rembourser leurs d<strong>et</strong>tes d’études, <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> se cantonnent dans des emplois précaires.Paradoxalement, <strong>les</strong> revenus de ces emploisperm<strong>et</strong>tent difficilement le remboursement desd<strong>et</strong>tes d’études. De nos jours, l’adage selon lequelqui s’instruit s’enrichit, <strong>la</strong>isse pour le moinssongeur, du moins en ce qui concerne <strong>les</strong> revenus.Les efforts de plusieurs <strong>jeunes</strong> pour se sortir de<strong>la</strong> précarité ont parfois l’eff<strong>et</strong> contraire.3.3 Des revenus en déclinLes revenus de <strong>la</strong> jeune génération ont diminuéde façon substantielle <strong>et</strong> <strong>la</strong> mutation de l’emploien est en partie responsable. En fait, le reculdes revenus des <strong>jeunes</strong> peut être expliquéessentiellement à partir de deux facteurs, soitune réduction du nombre d’heures de travail <strong>et</strong>un taux horaire inférieur 64 .dans des emploisprécaires. Paradoxalement,<strong>les</strong> revenus de ces emploisperm<strong>et</strong>tent difficilementle remboursement desd<strong>et</strong>tes d’études.61 STATISTIQUE CANADA, Le point sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> le marché du travail,n o 71-005-XPB, printemps 1997, p. 15.62 Gouvernement du Québec, CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE, Le régime d’aide financière aux étudiants :Maintenir le cap malgré <strong>la</strong> tourmente, mémoire présenté au Groupe de travail sur le régime d’aide financièreaux étudiants du ministère de l’Éducation, Québec, février 1995, p. 15.63 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, Les indicateurs de l’éducation, édition 1999,(http://www.meq.gouv.qc.ca). Une proportion significative de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se a recours au programme de prêts <strong>et</strong>bourses du ministère de l’Éducation afin de poursuivre leurs études. À ce suj<strong>et</strong>, en 1998-1999, au collégial, c<strong>et</strong>teproportion était de 29,5 % <strong>et</strong> de 41,5 % à l’université. D’ailleurs, parmi <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> universitaires qui bénéficiaientdu programme de prêts <strong>et</strong> bourses en 1998-1999, 57,5 % touchaient seulement un prêt <strong>et</strong> 42,5 % avaient à <strong>la</strong> foisun prêt <strong>et</strong> une bourse. Pour ces personnes, plus <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation est longue, plus <strong>les</strong> d<strong>et</strong>tes augmentent.64 STATISTIQUE CANADA, op. cit., p. 31-32.


Disons d’entrée de jeu que <strong>la</strong> situation des<strong>jeunes</strong> est fort différente de celle qu’ont véculeurs parents au même âge. La tendancegénérale des années 1945 à 1975 se traduisaitpar un accroissement du niveau de vie. La situationest désormais inversée. C’est ce que démontrentc<strong>la</strong>irement des données provenant duBureau de <strong>la</strong> statistique du Québec.Le revenu total des générations1969-1974 aux âges de 20-24 ans(15 800 $), en dol<strong>la</strong>rs constants de1994, est bien en deçà de celui desgénérations précédentes : c’est même20 % de moins que cel<strong>les</strong> nées20 ans plus tôt. 65Certains croient qu’il s’agit là d’une situationtemporaire, <strong>et</strong> qu’en vieillissant, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> finirontpar rattraper <strong>les</strong> revenus de leurs aînés. C<strong>et</strong>teexplication a été récemment anéantie par <strong>les</strong>résultats d’une étude canadienne 66 . En eff<strong>et</strong>, avecle temps, <strong>les</strong> écarts de revenus entre <strong>les</strong> générationspersistent.Par exemple, lorsqu’ils ont atteintl’âge de 32 ans, <strong>les</strong> travailleurs entréssur le marché du travail en 1986gagnaient toujours 20 % de moins que<strong>les</strong> travailleurs arrivés sur le marchéde l’emploi en 1964 lorsqu’ils avaienteux-mêmes 32 ans. Selon <strong>les</strong> extrapo<strong>la</strong>tionsdes chercheurs, rendus à <strong>la</strong> cinquantaine,<strong>les</strong> travailleurs qui avaient 25 ans en1990 gagneront quelque 200 $ demoins par semaine que ceux quiont eu 50 ans en 1990 67 .C<strong>et</strong>te tendance à <strong>la</strong> diminution des revenuspour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> (15 à 24 ans) semble devoirrester. Pour l’ensemble du Canada, en 1989,pour chaque tranche de 100 $ gagnée par <strong>les</strong>adultes, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> en gagnaient 63 $, <strong>et</strong> cinq ansplus tard, en 1994, <strong>la</strong> part des <strong>jeunes</strong> n’étaitplus que de 54 $. Toujours pour le Canada, onobserve que le niveau de revenus moyens des<strong>jeunes</strong> (15 à 24 ans) qui avaient quitté l’écoleen 1990 était de 11 000 $ alors qu’en 1995, ilétait de 9 400 $ 68 . La réduction des taux horaires<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> explique en partie c<strong>et</strong>te diminutiondes revenus.Il faut aussi regarder du coté du nombre d’heurestravaillées. En 1980, 7,1 % des <strong>jeunes</strong> de 15 à24 ans « non-étudiants » 69 travail<strong>la</strong>ient moinsde 30 heures par semaine, alors qu’en 1996,c’était le cas de 17,7 % d’entre eux. En 1980,76,5 % des <strong>jeunes</strong> non-étudiants travail<strong>la</strong>iententre 30 <strong>et</strong> 40 heures, alors qu’ils n’étaient plusque 65,1 % en 1996. Quant à ceux qui accumu<strong>la</strong>ientplus de 40 heures, <strong>les</strong> proportions sontdemeurées stab<strong>les</strong> 70 . Le marché de l’emploi semb<strong>les</strong>e scinder en deux groupes, celui des travailleursà temps partiel tend à augmenter tandis que <strong>la</strong>main-d’œuvre à temps plein diminue. La croissancedes emplois <strong>atypique</strong>s joue un rôle importantdans <strong>la</strong> diminution des revenus des <strong>jeunes</strong> auQuébec. Le précédent chapitre a d’ailleurs fortbien démontré que <strong>les</strong> revenus associés auxemplois <strong>atypique</strong>s étaient généralement inférieursà ceux des emplois réguliers à plein temps.Le niveau de revenusmoyens des <strong>jeunes</strong>39EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE(15 à 24 ans) qui avaient65 Gouvernement du Québec, BUREAU DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC,D’une génération à l’autre : évolution des conditions de vie, vol. 1, 1997, p. 126.66 BEAUDRY, P. <strong>et</strong> D.A. GREEN, « Cohort patterns in Canadian earnings : assessing the role of skillpremia in inequality trends », Revue canadienne d’économique, vol. 33, n o 4, novembre 2000.67 PRATTE, André, « Un fossé permanent. Les <strong>jeunes</strong> ne rattraperont jamais <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>iresde leurs parents » La Presse, mercredi 28 février 2001, p. A24.68 STATISTIQUE CANADA, Le point sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> le marché du travail,printemps 1997, n o 71-005-XPB, p. 31.69 C<strong>et</strong>te catégorie est établie par Statistique Canada en excluant <strong>les</strong> quatre mois de <strong>la</strong> période estivale.Voir chapitre 2.70 Ibid., p. 33.quitté l’école en 1990était de 11 000 $ alorsqu’en 1995, il étaitde 9 400 $.


40EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEEn résumé, <strong>la</strong> diminution des taux horairesdes <strong>jeunes</strong> employés ainsi que <strong>la</strong> progressionde l’emploi à temps partiel sont en causelorsqu’on traite de <strong>la</strong> diminution des revenusde <strong>la</strong> jeune génération. Sans prétendre que <strong>la</strong>détérioration des revenus des <strong>jeunes</strong> soit due à<strong>la</strong> seule croissance de l’emploi <strong>atypique</strong>, leConseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se constate que<strong>la</strong> diminution des revenus des <strong>jeunes</strong> estattribuable, en partie, à <strong>la</strong> mutation de l’emploi.3.4 Les <strong>jeunes</strong> s’appauvrissentOn a pu constater jusqu’à maintenant que <strong>la</strong>croissance des emplois <strong>atypique</strong>s est en causelorsqu’on tente d’expliquer <strong>la</strong> prolongation de <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>rité, le processus d’insertion professionnelleplus complexe ainsi que <strong>la</strong> diminution desrevenus. Bien que l’on ne soit pas en mesured’évaluer l’influence de <strong>la</strong> croissance des emplois<strong>atypique</strong>s sur <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é 71 des <strong>jeunes</strong>, on peutcertes établir une corré<strong>la</strong>tion entre <strong>les</strong> deuxphénomènes : le travail <strong>atypique</strong> ne procurantpas nécessairement un niveau de vie décent.Selon le Conseil canadien de développementsocial, en 1995, 23 % de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion québécoisevivait sous le seuil de faible revenu établipar Statistique Canada 72 . Mais <strong>chez</strong> <strong>les</strong> moins de30 ans, entre 1990 <strong>et</strong> 1994, toutes catégoriesde ménages confondues, le taux de pauvr<strong>et</strong>é estpassé de 27,6 à 41 % 73 . Au cours de <strong>la</strong> mêmepériode, <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> personnes seu<strong>les</strong>, le tauxde faible revenu est passé de 39,2 à 57,2 % 74 .Les <strong>jeunes</strong> sont donc touchés par <strong>la</strong> progressionde <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é.De plus, <strong>la</strong> situation des <strong>jeunes</strong> famil<strong>les</strong> estparticulièrement a<strong>la</strong>rmante. En 1995, 30,2 %des <strong>jeunes</strong> famil<strong>les</strong> biparenta<strong>les</strong> avec enfant(s)de moins de 18 ans vivaient sous le seuil defaible revenu alors que 20,8 % étaient dansc<strong>et</strong>te situation en 1990 75 . Parmi l’ensemble desfamil<strong>les</strong> monoparenta<strong>les</strong>, toujours avec enfant(s)de moins de 18 ans, 56 % étaient touchées par <strong>la</strong>pauvr<strong>et</strong>é en 1995. Dans le cas des <strong>jeunes</strong> famil<strong>les</strong>monoparenta<strong>les</strong>, <strong>la</strong> proportion atteignait 87 % 76 .Ces données démontrent une progression considérablede <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é pour <strong>la</strong> jeune générationquébécoise.Chez <strong>les</strong> moinsde 30 ans, entre 1990<strong>et</strong> 1994, toutes catégoriesde ménages confondues,le taux de pauvr<strong>et</strong>é estC<strong>et</strong>te situation ne peut être prise à <strong>la</strong> légère. Eneff<strong>et</strong>, comme le mentionnait le Conseil dansl’avis préparé pour le Somm<strong>et</strong> du Québec <strong>et</strong> de<strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se, il faut considérer que l’appauvrissementpeut avoir de graves conséquencessur le bien-être de <strong>la</strong> jeune génération <strong>et</strong> del’ensemble de <strong>la</strong> société 77 .passé de 27,6 à 41 %.71 La pauvr<strong>et</strong>é est une réalité complexe à appréhender <strong>et</strong> donc difficile à définir <strong>et</strong> à mesurer. Il est possible de remarquer que <strong>les</strong> définitions <strong>et</strong><strong>les</strong> mesures de <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é dépendent le plus souvent de <strong>la</strong> position idéologique <strong>et</strong> des différentes approches en recherche. Il s’agit ici demesurer l’ampleur du phénomène de <strong>la</strong> façon <strong>la</strong> plus objective possible. On se limitera à <strong>la</strong> dimension économique même si, pour le Conseil, <strong>la</strong>pauvr<strong>et</strong>é est une réalité plus complexe (pour plus de détails voir l’avis du CPJ sur <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é). Au Québec <strong>et</strong> au Canada, il n’existe pas de seuilofficiel de pauvr<strong>et</strong>é, ce qui explique que l’on doit se tourner vers <strong>les</strong> seuils de faib<strong>les</strong> revenus de Statistique Canada. Toutefois, le Conseil canadiende développement social (CCDS) utilise <strong>les</strong> seuils de faib<strong>les</strong> revenus de Statistique Canada comme étant une mesure de <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é. Bienqu’étant imparfaits en raison de <strong>la</strong> complexité du phénomène de <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é, le CPJ considère <strong>les</strong> seuils de faib<strong>les</strong> revenus <strong>et</strong> <strong>les</strong> seuils depauvr<strong>et</strong>é comme étant des outils de travail intéressants afin d’étudier <strong>la</strong> répartition des revenus.72 SCHETAGNE, Sylvain, La pauvr<strong>et</strong>é dans <strong>les</strong> régions métropolitaines du Québec, Ottawa, Conseil canadien de développement social, 1999, p. 3.Données du recensement de 1996.73 Gouvernement du Québec, CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE, La réforme de <strong>la</strong> sécurité de revenu. Un parcours semé d’embûchespour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>, Québec, 1997, p. 19. Données de l’Enquête sur <strong>les</strong> finances des consommateurs de Statistique Canada.74 Ibid.75 SCHETAGNE, Sylvain, op.cit., p. 3.76 Ibid.77 Gouvernement du Québec, CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE, Pour l’accès des <strong>jeunes</strong> à une citoyenn<strong>et</strong>é pleine <strong>et</strong> active, Québec, 1999, p. 32.


3.5 Une accessibilité plus ardueau logementDans un autre ordre d’idée, on peut constaterque l’accessibilité des <strong>jeunes</strong> au logement s’estdétériorée, tant au p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> location que de <strong>la</strong>propriété. On peut cerner l’ampleur du phénomèneen utilisant, entre autres, <strong>la</strong> proportion du revenuallouée aux dépenses de loyer ou d’hypothèque 78 .L’accès au logement est considéré comme problématiquelorsque <strong>les</strong> ménages y consacrentplus de 30 % de leurs revenus. Or, <strong>la</strong> proportiondu revenu allouée au loyer ou aux paiementsd’hypothèque est en hausse. Il en ressort que deplus en plus de <strong>jeunes</strong> (15 à 29 ans) éprouventdes difficultés d’accès au logement, car en 1981,25 % d’entre eux dépensaient plus de 30 % deleurs revenus pour se loger alors que c’était lecas de 40 % des <strong>jeunes</strong> en 1996 79 . Il s’agit d’uneaugmentation considérable qui s’est surtoutfait sentir entre 1991 <strong>et</strong> 1996. Une venti<strong>la</strong>tion plusraffinée par groupe d’âge s’avère intéressante.Ainsi, <strong>la</strong> proportion de <strong>jeunes</strong> de 15 à 24 ansqui devait débourser plus de 30 % de leurrevenu pour leur logement était de 42,7 % en1991 <strong>et</strong> passait à 55 % en 1996 80 . Chez <strong>les</strong> 25 à29 ans, ce taux d’effort grimpait de 25,7 à32,4 % pour <strong>la</strong> même période 81 .coup<strong>les</strong> s’explique surtout par <strong>la</strong> détériorationde <strong>la</strong> situation économique qui affecte particulièrement<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. D’ailleurs, <strong>la</strong> proportionde <strong>jeunes</strong> hommes de 20 à 24 ans qui vivaient<strong>chez</strong> leurs parents en 1981 était de 57 % <strong>et</strong> elleest passée à 63,4 % en 1996. Du côté des <strong>jeunes</strong>femmes, pour <strong>la</strong> même période, le pourcentageest passé de 37,1 à 46,3 % 82 . Ces données <strong>la</strong>issentsous-entendre que l’âge moyen du jeune au départdu foyer familial a augmenté. En eff<strong>et</strong>, si le départse produit encore au cours de <strong>la</strong> vingtaine pourune grande majorité de <strong>jeunes</strong> Québécois, <strong>la</strong>moyenne d’âge au moment du départ a augmentésensiblement 83 . Il est possible de penserque c<strong>et</strong>te situation est attribuable, en partie, àl’instabilité du marché du travail.La colocation : un choix qui n’estpas le fait des seuls étudiantsLorsqu’ils quittent <strong>la</strong> résidence familiale, certains<strong>jeunes</strong> décident de vivre seuls alors que d’autrespréfèrent vivre en colocation. La colocation alongtemps été associée au statut d’étudiant.Cependant, <strong>la</strong> colocation servirait aujourd’huià protéger aussi <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> qui ne sont pasétudiants face à <strong>la</strong> précarité du travail 84 .41EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEDépart du foyer familialà un âge plus tardifL’augmentation de <strong>la</strong> proportion du revenuallouée aux dépenses du loyer expliquerait enbonne partie <strong>la</strong> prolongation de <strong>la</strong> cohabitationavec <strong>les</strong> parents. Selon Molgat, le report dudépart du foyer familial <strong>et</strong> de <strong>la</strong> formation desLa proportionde <strong>jeunes</strong> hommes de20 à 24 ans qui vivaient<strong>chez</strong> leurs parents en 1981était de 57 % <strong>et</strong> elle estpassée à 63,4 % en 1996.78 C’est ce que l’on nomme taux d’effort. Ce taux comprend également <strong>les</strong> coûts de chauffage,d’électricité <strong>et</strong> d’eau.79 MOLGAT, Marc, Les difficultés de l’insertion résidentielle <strong>et</strong> <strong>la</strong> détérioration des conditionsde logement des <strong>jeunes</strong> ménages au Québec, Québec, INRS-Culture <strong>et</strong> société, novembre 1999, p. 33.80 Ibid., p. 34.81 Ibid., p. 33. Ce bond s’est surtout fait sentir <strong>chez</strong> <strong>les</strong> locataires, car <strong>les</strong> propriétaires ont généralementdes revenus plus élevés. Le taux de faible revenu n’était que de 13,7 % <strong>chez</strong> <strong>les</strong> propriétaires alorsqu’il était de 49 % <strong>chez</strong> <strong>les</strong> locataires.82 Ibid., p. 15.83 Ibid., p. 18.84 Ibid., p. 66.Du côté des <strong>jeunes</strong> femmes,pour <strong>la</strong> même période,le pourcentage est passéde 37,1 à 46,3 % .


42EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEC<strong>et</strong>te stratégie, de nature plutôt temporaire,perm<strong>et</strong> aux <strong>jeunes</strong> d’obtenir une plus grandeautonomie financière. Il est également permisde penser que <strong>la</strong> colocation contribue à é<strong>la</strong>rgirle réseau social des <strong>jeunes</strong>. Dans le cas de ceuxqui choisissent de vivre seuls, on peut présumerqu’ils préfèrent un compromis de nature économiqueplutôt que de restreindre leur intimité.Un accès plus difficile à <strong>la</strong> propriétéDans <strong>la</strong> même lignée, on sera guère étonné deconstater que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> ont une plus grandedifficulté d’accès à <strong>la</strong> propriété. La part des<strong>jeunes</strong> ménages qui sont propriétaires de leurlogement est passée de 27,2 % en 1981 à 26,1 %en 1991, puis a baissé à 23,5 % en 1996 85 .L’accès à <strong>la</strong> propriété est tout de même plusélevé si l’on ne considère que <strong>la</strong> tranche des25 à 29 ans, dont le taux était de 37,5 %. Enguise de comparaison, pour <strong>les</strong> 30 à 64 ans, c<strong>et</strong>aux s’est maintenu autour de 62 % entre 1981<strong>et</strong> 1996. L’accès à <strong>la</strong> propriété est souvent associéau fait de fonder une famille. En eff<strong>et</strong>, selonMolgat, en 1996, 84 % des <strong>jeunes</strong> ménages de15 à 29 ans qui étaient propriétaires avaientau moins un enfant 86 .Les <strong>jeunes</strong> coup<strong>les</strong> mentionnent souventl’instabilité de l’emploi comme un élément quiinfluence leur choix d’ach<strong>et</strong>er ou non unepropriété. Plusieurs <strong>jeunes</strong> cherchent à trouverun emploi permanent […]. Le travail autonome,<strong>les</strong> postes à temps partiel, <strong>les</strong> contrats ou <strong>les</strong>emplois de type « pigiste » font de plus enplus partie de <strong>la</strong> réalité du marché du travail,particulièrement <strong>chez</strong> <strong>les</strong> plus <strong>jeunes</strong>. Unemploi permanent <strong>et</strong> stable est souvent unpré-requis (sic) pour l’accès à un mode definancement 87 ».Certains préfèrent attendre de décrocher unemploi stable avant de contracter un engagementaussi important, alors que d’autres seraientintéressés à le faire, mais se voient sans douterefuser l’accès à un financement en raison deleur situation d’emploi.3.6Des berceaux en attente ?L’évolution de <strong>la</strong> fécondité dans <strong>les</strong> sociétésoccidenta<strong>les</strong> s’explique en partie par l’industrialisationqui a entraîné des transformations commel’urbanisation, <strong>la</strong> généralisation de l’instruction,<strong>la</strong> montée de l’individualisme, le recul des valeursreligieuses <strong>et</strong> l’utilisation des mécanismes derégu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> fécondité 88 .85 Ibid., p. 26.86 Ibid., p. 25.87 LAM, Kim-Anh, SOCIÉTÉ CANADIENNE D’HYPOTHÈQUE ET DE LOGEMENT,Préférence <strong>et</strong> intentions de <strong>la</strong> génération X en matière de logement, Montréal, 1998, p. 6.88 LAPIERRE-ADAMCYK, Évelyne, « Les causes de <strong>la</strong> sous-fécondité des sociétés industrialisées »,La popu<strong>la</strong>tion du Québec d’hier à demain, sous <strong>la</strong> direction de Jacques Henripin <strong>et</strong> Yves Martin,Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1991, p. 35-43.


Au-delà des grandes tendances socia<strong>les</strong>,plusieurs facteurs, dont le contexte de l’emploi,influent sur <strong>la</strong> décision des <strong>jeunes</strong> d’avoir desenfants. En fait, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> anticipent unajustement de leur fécondité en fonction del’âge, de l’évolution de <strong>la</strong> situation conjugale<strong>et</strong> de l’expérience de <strong>la</strong> maternité ou de <strong>la</strong>paternité, mais aussi en fonction des perspectivesd’emploi 89 . Les emplois <strong>atypique</strong>s sont souventporteurs d’instabilité, ce qui a pour conséquencede fragiliser <strong>la</strong> situation économique des <strong>jeunes</strong>famil<strong>les</strong> <strong>et</strong> de <strong>les</strong> p<strong>la</strong>cer dans l’insécurité. Lamutation de l’emploi est donc susceptible d’avoirun impact sur <strong>la</strong> formation des famil<strong>les</strong>.Au Québec, on observe depuis plusieursdécennies que l’âge moyen de <strong>la</strong> mère est deplus en plus élevé au moment de <strong>la</strong> premièrenaissance. En eff<strong>et</strong>, celui-ci est passé de 26,00années en 1990 pour se situer à 26,83 annéesen 1999 90 .De plus, selon <strong>les</strong> données de l’Institut de <strong>la</strong>statistique du Québec, après une légère hausse,l’indice synthétique de fécondité, soit le nombremoyen d’enfant par femme en âge de procréer,est à nouveau en baisse depuis quelques années.En eff<strong>et</strong>, l’indice synthétique de fécondité, quiavait augmenté de 1,36 en 1987 à 1,66 en 1992,diminue à 1,60 en 1996 <strong>et</strong> descend encore à1,53 en 1997 <strong>et</strong> à 1,48 en 1998 91 .On constate que l’âge moyen de <strong>la</strong> mère à <strong>la</strong>première naissance a augmenté <strong>et</strong> que l’indicede fécondité a diminué. Sans être en mesured’établir un lien de cause à eff<strong>et</strong> entre ces indicateurs<strong>et</strong> <strong>la</strong> croissance des emplois <strong>atypique</strong>s, i<strong>les</strong>t fort probable qu’en l’absence d’une stabilitéd’emploi <strong>et</strong> devant des conditions financièresincertaines, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> précaires révisent à <strong>la</strong>baisse le nombre d’enfants désirés <strong>et</strong> songentà partager <strong>les</strong> responsabilités financières avecle conjoint ou <strong>la</strong> conjointe 92 .La conciliation travail - familleMalgré <strong>la</strong> précarité d’emploi <strong>et</strong> <strong>les</strong> difficultésd’insertion professionnelle, beaucoup de <strong>jeunes</strong>font tout de même le choix d’avoir des enfants.Pour ces <strong>jeunes</strong> parents, <strong>les</strong> emplois <strong>atypique</strong>scompliquent vraisemb<strong>la</strong>blement <strong>la</strong> conciliationà faire entre <strong>la</strong> vie familiale <strong>et</strong> <strong>la</strong> vie professionnelle.En eff<strong>et</strong>, l’instabilité des horaires d<strong>et</strong>ravail, l’accès plus limité aux congés parentaux <strong>et</strong>l’inadéquation des services de garde par rapportaux nouvel<strong>les</strong> réalités de l’emploi représententquelques-uns des problèmes rencontrés parplusieurs <strong>jeunes</strong> parents.L’âge moyen de <strong>la</strong>43EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEmère est de plus en plusélevé au moment de <strong>la</strong>première naissance.En eff<strong>et</strong>, celui-ci est passéde 26,00 années en 1990pour se situer à 26,83années en 1999.89 DUVAL, Luce, Aspects économiques <strong>et</strong> de <strong>la</strong> vie des <strong>jeunes</strong> famil<strong>les</strong> biparenta<strong>les</strong>,État de <strong>la</strong> question, INRS-Culture <strong>et</strong> société, 1997, p. 60.90 Voir « Naissances <strong>et</strong> taux de fécondité selon le rang <strong>et</strong> le groupe d’âge de <strong>la</strong> mère, Québec, 1975-1999 »sur le site de l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec à l’adresse suivante :http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/demograp/naissance/407.htm.91 Gouvernement du Québec, INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC, La situation démographique au Québec,bi<strong>la</strong>n 1999, Québec, Les Publications du Québec, 2000, p. 15.92 DUVAL, Luce, Les conditions de vie des <strong>jeunes</strong> famil<strong>les</strong> biparenta<strong>les</strong>, Observatoire <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> société de l’INRS.Voir : http://obs-<strong>jeunes</strong>.inrs-culture.uquebec.ca/DuvalSom.htm


44EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELe monde du travail est loin de s’êtreadapté à <strong>la</strong> nouvelle réalité des famil<strong>les</strong>.Au contraire, tout se passe comme si <strong>les</strong>changements actuels qui le traversentavaient pour eff<strong>et</strong> de compliquerdavantage <strong>la</strong> conciliation desresponsabilités familia<strong>les</strong> <strong>et</strong>professionnel<strong>les</strong> 93 .93 Gouvernement du Québec, CONSEIL DE LA FAMILLEET DE L’ENFANCE, Famille <strong>et</strong> travail, deux mondes à concilier,avis, Québec, 1999, p. 7.* **Un champ d’étude à explorerDans ce chapitre, le Conseil permanent de <strong>la</strong><strong>jeunes</strong>se a tenté de circonscrire l’influence de<strong>la</strong> mutation de l’emploi sur <strong>les</strong> choix <strong>et</strong> <strong>les</strong>conditions de vie de <strong>la</strong> jeune génération. Larecherche doit se poursuivre afin de développernos connaissances sur ce phénomène re<strong>la</strong>tivementnouveau. Néanmoins, il est possible de suggérerque <strong>la</strong> croissance des emplois <strong>atypique</strong>s est encause dans plusieurs situations diffici<strong>les</strong> quevivent <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Afin d’approfondir <strong>la</strong> question,le Conseil a jugé nécessaire de rencontrer des<strong>jeunes</strong> qui vivent une situation de précarité enraison de l’emploi. Présentés dans le prochainchapitre, leurs témoignages en disent long sur<strong>les</strong> répercussions de l’emploi <strong>atypique</strong> sur leursconditions <strong>et</strong> sur leurs choix de vie. ●


■ Le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se croit que <strong>la</strong> montée spectacu<strong>la</strong>iredes emplois <strong>atypique</strong>s est une cause importante des difficultésd’insertion professionnelle, d’appauvrissement des <strong>jeunes</strong>, <strong>et</strong> dereport des proj<strong>et</strong>s de vie tels que le départ du foyer parental <strong>et</strong> <strong>la</strong>formation d’une famille.Transition école – travail■ Les taux de p<strong>la</strong>cement des titu<strong>la</strong>ires d’un bacca<strong>la</strong>uréat dans le cadred’emplois permanents <strong>et</strong> à temps plein ont chuté de 75,2 à 50,5 %entre 1982 <strong>et</strong> 1997.■ Le processus d’insertion professionnelle s’allonge. Au début desannées 80, <strong>la</strong> transition définitive en emploi prenait environ six ans<strong>et</strong> au milieu des années 90, elle était passée à huit ans.■ De plus en plus de <strong>jeunes</strong>, incapab<strong>les</strong> de trouver un emploi stable oud’entrer sur le marché du travail, décident de poursuivre des études« en attendant ».Appauvrissement des <strong>jeunes</strong>■ Au Canada, pour chaque tranche de 100 $ gagnée par <strong>les</strong> adultes,<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> ne recevaient que 54 $ en 1994. Cinq ans plus tôt, <strong>la</strong> partdes <strong>jeunes</strong> était de 63 $.■ Les écarts de revenus entre <strong>les</strong> générations persistent : selon une étudecanadienne, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs, qui gagnent moins aujourd’hui que<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> d’il y a vingt-cinq ans, seront dans <strong>la</strong> même situation rendusà <strong>la</strong> cinquantaine. Ils toucheront alors en moyenne 200 $ de moins parsemaine que ceux qui avaient cinquante ans en 1990.■ En 1994, 57,2 % des personnes âgées de moins de 30 ans vivantseu<strong>les</strong> se situaient sous le seuil de faible revenu au Québec,comparativement à 39,2 % en 1990.■ En 1995, 87 % des <strong>jeunes</strong> famil<strong>les</strong> monoparenta<strong>les</strong> québécoisesvivaient sous le seuil de faible revenu.45EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 3 ] Conséquences des emplois <strong>atypique</strong>s <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELogement <strong>et</strong> famille■ En 1996, 40 % des <strong>jeunes</strong> Québécois dépensaient plus de 30 %de leurs revenus pour se loger, alors que c’était le cas de 25 %des <strong>jeunes</strong> en 1981.■ La part des <strong>jeunes</strong> ménages propriétaires de leur logement est passéede 27,2 % en 1981 à 23,5 % en 1996.■ L’âge moyen de <strong>la</strong> mère à <strong>la</strong> première naissance a augmenté :de 26,00 années qu’il était en 1990, il est passé à 26,83 annéesen 1999.


45EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


47Vivre à l’ère précaire...Rapport des groupes de discussionLe Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se a voulu compléter <strong>la</strong> recherchestatistique <strong>et</strong> documentaire présentée dans <strong>les</strong> pages précédentes parune enquête portant sur <strong>les</strong> conditions de vie des <strong>jeunes</strong> qui occupentdes emplois <strong>atypique</strong>s. Les grandes tendances observées lors des entrevuesde groupes structureront le contenu de ce chapitre 94 .EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELa collecte d’informations s’est déroulée auprèsde huit groupes de discussion semi-dirigés, formésdans quatre vil<strong>les</strong> différentes du Québec soit :Chicoutimi, Trois-Rivières, Montréal <strong>et</strong> Québec.Au total, 63 personnes ont été rencontrées.Dans chacune des vil<strong>les</strong>, un des groupes étaitcomposé de travailleurs <strong>atypique</strong>s (autonomes,temporaires, temps partiel) âgés de 20 à 29 ans.Le deuxième groupe était composé soit d’<strong>atypique</strong>sde 15 à 19 ans (Trois-Rivières <strong>et</strong> Chicoutimi)ou uniquement de travailleurs autonomes (Montréal<strong>et</strong> Québec) 95 .Le même guide de discussion a servi pour <strong>les</strong>groupes de 20 à 29 ans faits de travailleursautonomes ou de travailleurs <strong>atypique</strong>s. Unguide légèrement différent a été utilisé pour <strong>les</strong>15 à 19 ans, mais <strong>les</strong> mêmes questions yétaient soulevées, soit :■ Comment perçoivent-ils le marchédu travail ?■ Considèrent-ils leur emploi comme précaire ?■ Quels eff<strong>et</strong>s l’emploi précaire a-t-ilsur leur vie ?■ Qu’est-ce qui pourrait être fait pouraméliorer <strong>la</strong> situation ?Ce chapitre suivra en grande partie <strong>la</strong> structuredu guide de discussion. Ainsi, <strong>les</strong> trois premièressections correspondront aux trois premiers thèmesabordés.Par <strong>la</strong> suite, <strong>les</strong> cas plus spécifiques des travailleursautonomes <strong>et</strong> des <strong>jeunes</strong> de 15 à 19 ans seronttraités. Ces deux sections ne reprendront pasl’ensemble des observations qui ont été faites parces groupes, mais uniquement <strong>les</strong> particu<strong>la</strong>ritésre<strong>la</strong>tives à leur nature.Finalement, <strong>les</strong> pistes de solution recherchéespar l’entremise du quatrième suj<strong>et</strong> de discussionserviront de conclusion.94 Ces tendances ont été relevées par l’équipe de recherche du CPJ, ainsi que par <strong>la</strong> firme Léger Mark<strong>et</strong>ingqui a organisé <strong>les</strong> rencontres <strong>et</strong> produit un rapport de recherche.95 Pour <strong>la</strong> méthodologie de l’enquête, voir l’annexe.


48EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE4.1 Le marché du travail :quelle p<strong>la</strong>ce est faite aux <strong>jeunes</strong> ?La quasi-totalité des <strong>jeunes</strong> avaient un emploiau moment où ils ont participé aux groupes dediscussion. Une infime minorité était entre deuxemplois, mais ces personnes ne se considéraientpas pour autant comme chômeurs. On peut ainsibien comprendre que <strong>la</strong> grande majorité des<strong>jeunes</strong> interrogés ont été très affirmatifs : ils ontbel <strong>et</strong> bien leur p<strong>la</strong>ce dans le marché de l’emploi,puisqu’ils y participent eux-mêmes.Ils croient qu’avec de <strong>la</strong> volonté, il est re<strong>la</strong>tivementfacile pour un jeune de se trouver un emploi.Mais <strong>la</strong> plupart de ces emplois sont instab<strong>les</strong>,payés au sa<strong>la</strong>ire minimum, temporaires <strong>et</strong> <strong>les</strong>horaires sont irréguliers. Bref, il s’agit d’emplois<strong>atypique</strong>s.Selon <strong>les</strong> participants, <strong>les</strong> emplois stab<strong>les</strong>, intéressants<strong>et</strong> bien rémunérés sont rares. Il fauttravailler dur <strong>et</strong> être persévérants pour endénicher un. Ils ont été presque unanimes àidentifier trois facteurs influençant directement<strong>la</strong> capacité de se trouver un emploi stable : leniveau de sco<strong>la</strong>rité, le secteur d’activité <strong>et</strong> leréseau de « contacts ».Les <strong>jeunes</strong> croientqu’avec de <strong>la</strong> volonté,il est re<strong>la</strong>tivement facilede se trouver un emploi.Mais <strong>la</strong> plupart de cesemplois sont instab<strong>les</strong>,payés au sa<strong>la</strong>ireminimum, temporaires<strong>et</strong> <strong>les</strong> horaires sontirréguliers.En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> sont bien conscients qu’i<strong>les</strong>t plus facile d’obtenir un bon emploi quand ona fait des études. De plus, <strong>la</strong> majorité d’entreeux estiment que certains secteurs d’emploi, telsque l’informatique ou <strong>les</strong> hautes technologies,sont plus propices à offrir en grand nombre desemplois intéressants <strong>et</strong> réguliers. Les <strong>jeunes</strong> quivivent hors des grands centres ont mis l’accentsur l’importance des contacts personnels. Les<strong>jeunes</strong> des vil<strong>les</strong> partagent c<strong>et</strong>te opinion, de façonplus nuancée, mais tous croient que le « pushing »joue un rôle important dans <strong>la</strong> démarche derecherche d’emploi.En par<strong>la</strong>nt des « chanceux » qui font ce qu’ilsaiment <strong>et</strong> qui, en plus, ont un emploi stable <strong>et</strong>bien rémunéré, un participant de Chicoutimi a dit :« Faut que tu te battes pour avoir ce statut-là,le combat est féroce, <strong>la</strong> concurrence est féroce! »4.1.1 Du temps de leurs parents,on était moins exigeant !Les <strong>jeunes</strong> considèrent que, comparativementaux années 60 ou 70, le marché de l’emploiest beaucoup plus exigeant, tant au p<strong>la</strong>n del’expérience que de <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité. La plupart ontl’impression qu’auparavant, il était plus simplede trouver un emploi stable <strong>et</strong> bien rémunéré<strong>et</strong> ce, peu importe le niveau de sco<strong>la</strong>rité.« Ma mère, elle n’a même pas pu finir sesétudes, ils sont allés <strong>la</strong> chercher dans sa c<strong>la</strong>sse.Et puis moi, il faut que je me démarque! Fautque j’en fasse plus, <strong>et</strong> puis même plus quechus capable, juste pour dire : "Youhou! Je suislà!" Oui, il y a une p<strong>la</strong>ce pour ceux qui veulent,mais il faut que tu veuil<strong>les</strong> en tabarou<strong>et</strong>te! »« Dans le temps, ils étaient une grosse gangqui travail<strong>la</strong>ient. Tout le monde avait pleinde cash <strong>et</strong> puis ils étaient bien! Mais là, c’estplutôt une p<strong>et</strong>ite gang qui travaillent dans cequ’ils aiment… »


De nos jours, <strong>les</strong> employeurs ont des exigencesde plus en plus élevées, spécialement en ce quiconcerne le niveau de sco<strong>la</strong>rité. Le témoignagede c<strong>et</strong>te participante, qui garde des enfants à <strong>la</strong>maison <strong>et</strong> qui aimerait bien ouvrir une « vraie »garderie, est significatif : « Aujourd’hui, ils tedemandent d’avoir des études. Moi je n’ai pasmon cours, je n’ai pas <strong>les</strong> moyens d’aller <strong>les</strong>uivre, parce que si je vais suivre mon cours,je perds ma job. Je n’aurai pas le temps degarder des enfants, <strong>et</strong> puis en plus, j’ai mafille à m’occuper…»Un autre participant a fait <strong>la</strong> comparaison entreson père, qui est allé à une école commerciale,<strong>et</strong> lui-même : « Moi, pour faire ma comptabilité,il faut que j’aille à l’Université. […] Çalui [son père] a pris un an son cours; moi çava m’en prendre dix! »Beaucoup de participants n’envient pas pourautant l’époque de leurs parents. En eff<strong>et</strong>,même si <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> croient que <strong>les</strong> conditionssont plus diffici<strong>les</strong> <strong>et</strong> que <strong>la</strong> concurrence est plusforte aujourd’hui, ils estiment en contrepartiequ’en matière d’emploi, <strong>les</strong> choix qui s’offrentà eux sont beaucoup plus diversifiés qu’avant.Ils reconnaissent que le développement dusystème d’éducation leur perm<strong>et</strong> de suivre denombreuses formations spécialisées qui n’existaientpas auparavant. Un participant a égalementsouligné l’amélioration de <strong>la</strong> situation professionnelledes femmes : « Pour <strong>les</strong> femmes, dans l<strong>et</strong>emps c’était " à <strong>la</strong> maison, occupe-toi desenfants, pas de ta carrière! " »Beaucoup de <strong>jeunes</strong>, particulièrement en milieuindustriel, ont aussi fait remarquer que <strong>les</strong> emploisstab<strong>les</strong> d’autrefois comportaient des désavantages.Ces emplois étaient souvent ennuyeux,plus diffici<strong>les</strong> physiquement : « Les jobs étaientpas mal plus "rough". Les conditions d<strong>et</strong>ravail n’étaient pas terrib<strong>les</strong>… ». De plus, ilspouvaient comporter des risques importantspour <strong>la</strong> santé : « Regarde <strong>les</strong> vieux qui sortentde l’Alcan : ils sont finis raide! »4.1.2 Connaissez-vous <strong>les</strong> agencesde p<strong>la</strong>cement temporaire ?Parmi <strong>les</strong> 63 personnes rencontrées, 10 déc<strong>la</strong>rentavoir déjà utilisé <strong>les</strong> services d’une agencede p<strong>la</strong>cement temporaire de personnel. Les<strong>jeunes</strong> de Québec <strong>et</strong> de Montréal connaissentmieux le rôle <strong>et</strong> le fonctionnement des agencesde p<strong>la</strong>cement que <strong>les</strong> autres. Il s’agirait doncd’une problématique urbaine, étant donné <strong>la</strong>rar<strong>et</strong>é de ces agences dans <strong>les</strong> régions.Les <strong>jeunes</strong> ont une opinion assez négative deces agences. Selon eux, el<strong>les</strong> peuvent être uti<strong>les</strong>,mais comportent des désavantages majeurs.Nombre de participants croient que <strong>les</strong> agencesdevraient perm<strong>et</strong>tre de combler des postespermanents lorsque <strong>les</strong> besoins sont tels, aulieu de ne pourvoir que des postes temporaires.La nature des postes offerts ainsi que l’absenced’ouverture vers des postes permanents ontégalement été déplorées : « Souvent, des entreprisesfont juste affaire avec des agences. »D’autres ont mentionné qu’il était difficile desavoir qui était leur véritable patron : l’agenceou le donneur d’ouvrage ? Mais surtout, <strong>la</strong>majorité de ceux, nombreux, qui savent quel’agence conserve une bonne part du sa<strong>la</strong>ireversé par le donneur d’ouvrage jugent c<strong>et</strong>tepratique abusive. Une telle situation entraînede nombreux désagréments, en plus des tracasfinanciers : « Quand tu arrives dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce,tu es un moins que rien parce que tu viensd’une agence. Tu fais le même travail que legars à côté, qui est payé 15 $ de l’heure, saufque tu te fais payer 8 ou 9 $. »49EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE« Quand tu arrives dans <strong>la</strong>p<strong>la</strong>ce, tu es un moins que rienparce que tu viens d’une agence.Tu fais le même travail que legars à côté, qui est payé 15 $de l’heure, sauf que tu te faispayer 8 ou 9 $. »


50EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELes sa<strong>la</strong>ires inéquitab<strong>les</strong>, le caractère intermittentdes engagements <strong>et</strong> le peu de considérationaccordée aux travailleurs sont autant deraisons qui expliquent <strong>la</strong> perception négativequ’ont <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> des agences de p<strong>la</strong>cementtemporaire. Plusieurs estiment qu’el<strong>les</strong> aidentbeaucoup moins <strong>les</strong> travailleurs que <strong>les</strong> entreprises,<strong>et</strong> certains <strong>les</strong> qualifient même d’arnaqueurs.Un participant a bien résumé l’opiniongénérale : « Avec <strong>les</strong> agences, quand tu as finita job, c’est " va-t-en <strong>chez</strong> vous, on n’a plusbesoin de toi! " »4.2 Un emploi <strong>atypique</strong>est-il précaire ?Dès <strong>les</strong> premières pages de c<strong>et</strong> avis, il a étéexpliqué que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre emploi <strong>atypique</strong><strong>et</strong> emploi précaire n’est pas automatique. Il estégalement apparu que le contexte, volontaireou non, dans lequel s’inscrit l’emploi <strong>atypique</strong>peut déterminer, dans une <strong>la</strong>rge mesure, <strong>la</strong>précarité de ce type d’emploi.Pourquoi <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> occupent-ils des emplois<strong>atypique</strong>s? C<strong>et</strong>te question tient une p<strong>la</strong>ce centraledans <strong>la</strong> problématique soulevée par le Conseil.Les statistiques présentées au chapitre 2 ontmontré que le statut d’étudiant ne pouvait toutexpliquer. D’ailleurs, <strong>les</strong> statistiques el<strong>les</strong>-mêmessont d’une utilité toute re<strong>la</strong>tive pour déterminer<strong>les</strong> causes du travail <strong>atypique</strong>. Il a donc semblécapital de poser <strong>la</strong> question directement auxprincipaux intéressés.« Ça marche plus parcontrats, je pense, cestemps-ci. Tu travail<strong>les</strong>deux ans, ils te reprennent,ils te reprennent pas, ilst’envoient à une autrep<strong>la</strong>ce… T’es un pion! »4.2.1 Un choix involontaireLa majorité des participants ont affirmé ne pasavoir délibérément choisi d’occuper un emploi<strong>atypique</strong>. Ils avaient plutôt l’impression queleur situation professionnelle était imposée parle marché du travail : « … aujourd’hui, fautse plier à ce qu’ils offrent ». Plusieurs ontsouligné que <strong>la</strong> loi de l’offre <strong>et</strong> de <strong>la</strong> demandepenchait plutôt du côté des employeurs : « onn’est pas amanchés pour dire non! »Un participant a résumé son sentiment d’impuissanceface au marché du travail : « Çamarche plus par contrats, je pense, ces tempsci.Tu travail<strong>les</strong> deux ans, ils te reprennent,ils te reprennent pas, ils t’envoient à uneautre p<strong>la</strong>ce… T’es un pion! » Beaucoup ontaffiché une attitude pragmatique par rapport àl’évolution de <strong>la</strong> nature des emplois : « Il vafalloir évoluer en même temps que le marchéde l’emploi évolue. »Bien que minoritaires, bon nombre de participantsont par ailleurs soutenu avoir choisid’occuper un emploi <strong>atypique</strong>. La plupart dutemps, ces emplois ont été acceptés afin depoursuivre des études, ou encore de fonderleur propre entreprise. Aussi, <strong>les</strong> étudiants <strong>et</strong><strong>les</strong> travailleurs autonomes, majoritairement dansc<strong>et</strong>te situation, semb<strong>la</strong>ient plutôt satisfaits deleur choix. Un jeune travailleur autonome araconté avec humour pourquoi il a décidé dese <strong>la</strong>ncer « à son compte » : « J’ai lâché monemploi pour ça (devenir travailleur autonome).J’ai lâché ça, je suis parti, pour l’autonomie…<strong>et</strong> pour devenir riche! » Le travailleur autonomeen question a néanmoins décidé récemmentd’accepter un emploi sa<strong>la</strong>rié, à temps partiel,en attendant que son rêve se réalise… Et parceque sa conjointe attend un enfant!


4.2.2 Une situation transitoireEn majorité, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> rencontrés n’ont paschoisi leur situation. Malgré ce<strong>la</strong>, presque tousl’acceptent avec philosophie, <strong>la</strong> qualifiant d<strong>et</strong>ransitoire.Presque tous, à plus ou moins brève échéance,cherchent quelque chose de plus stable afind’améliorer leur situation. Certains ont desobjectifs bien précis en tête : poursuivre desétudes, r<strong>et</strong>ourner aux études, rechercher unmeilleur emploi ou développer leur entreprise,dans le cas des travailleurs autonomes. D’autresont des proj<strong>et</strong>s plus vagues.Ils se disent très confiants de trouver, d’ici cinqà dix ans, un emploi stable, régulier <strong>et</strong> lié àleur domaine d’études. Seuls <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> deChicoutimi affichaient une confiance plus limitéequant à <strong>la</strong> possibilité d’améliorer leur situationprofessionnelle tout en demeurant dans leurrégion. Une jeune enseignante, qui songe às’expatrier pour accéder à un emploi stable, aexprimé c<strong>et</strong>te attitude : « Moi, je vais avoir mac<strong>la</strong>sse, mes élèves. C’est sûr, parce que si je ne<strong>la</strong> trouve pas ici, je vais aller ailleurs. »4.3 Les eff<strong>et</strong>s variab<strong>les</strong> dessituations d’emploi <strong>atypique</strong>sLa plupart des participants considéraient occuperun emploi précaire, instable. Cependant, ilssemb<strong>la</strong>ient préoccupés par leur situationprofessionnelle à des degrés très variab<strong>les</strong>.Pour un emploi équivalent, l’optimisme sembledécroître avec l’âge <strong>et</strong> <strong>les</strong> responsabilités. Ainsi,<strong>les</strong> plus <strong>jeunes</strong> étaient majoritairement optimistes,alors que <strong>les</strong> plus vieux démontraient une plusgrande inquiétude. L’accumu<strong>la</strong>tion des responsabilités– dépenses courantes, loyer, hypothèque,enfants – représentait fort probablementl’élément déterminant dans c<strong>et</strong>te évolution. Eneff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> revenus faib<strong>les</strong> ou incertains ainsique <strong>la</strong> précarité de l’emploi se conjuguentplutôt mal avec ces responsabilités. Une participantedans c<strong>et</strong>te situation a manifesté sonimpatience : « J’ai comme hâte que <strong>les</strong> affairesse p<strong>la</strong>cent, à un moment donné (…) On diraitque c’est plus long pour nous autres d’êtrestab<strong>les</strong>. »De plus, tant qu’un participant affirmait pouvoir<strong>et</strong> vouloir r<strong>et</strong>ourner à l’école, il ne s’inquiétaitpas trop de sa situation. Par contre, plusieurscontextes pouvaient rendre très difficile, voireimpossible, tout r<strong>et</strong>our aux études. Les participantsvivant une telle situation croyaient engénéral beaucoup moins au caractère transitoirede leur situation.C’est pourquoi il est quelque peu délicat dedresser <strong>la</strong> liste des eff<strong>et</strong>s positifs <strong>et</strong> négatifs quiont été relevés. Sur certains points, <strong>les</strong> débats ontmême été re<strong>la</strong>tivement virulents <strong>et</strong> <strong>les</strong> participantsétaient bien loin de l’unanimité.4.3.1 Des points positifsLes participants ont été nombreux à signalerdes avantages à leur situation. Parmi ceux-ci,<strong>la</strong> variété dans <strong>les</strong> emplois a souvent étéévoquée. Pour beaucoup, occuper un seulemploi pendant une longue période pourraitêtre ennuyant <strong>et</strong> manquer de diversité. Unephrase est revenue souvent, véhicu<strong>la</strong>nt c<strong>et</strong>teopinion : « pas de routine! » Plusieurs <strong>jeunes</strong>ont aussi mentionné que leur emploi étaitfacilement conciliable avec <strong>les</strong> études : « Tantque t’es aux études, <strong>les</strong> deux ensemble vontbien. »51EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE« J’ai comme hâte que <strong>les</strong>affaires se p<strong>la</strong>cent, à unmoment donné (…) On diraitque c’est plus long pournous autres d’être stab<strong>les</strong>. »


52EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEIl faut aussi noter que beaucoup de <strong>jeunes</strong>apprécient <strong>la</strong> liberté que leur donne un p<strong>et</strong>itemploi, particulièrement lorsqu'ils habitent encore<strong>chez</strong> leurs parents. Un emploi à temps partiel outemporaire leur perm<strong>et</strong> d’acquérir une certaineautonomie financière, une indépendance vis-à-visleurs parents. Mais il leur <strong>la</strong>isse aussi du tempspour d'autres activités, pour « vivre leur <strong>jeunes</strong>se ».Parmi <strong>les</strong> plus <strong>jeunes</strong> participants, beaucoupne veulent pas d’un emploi stable tout desuite, ne se sentent pas prêts : « C’est le fun <strong>la</strong>sécurité, mais au bout de quelques années, jevais faire un burnout ! »4.3.2 Insécurité financière<strong>et</strong> end<strong>et</strong>tementDans <strong>la</strong> grande majorité des cas, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>travailleurs <strong>atypique</strong>s interrogés ressententtout d’abord <strong>les</strong> désavantages de leur situationd’emploi au p<strong>la</strong>n financier. Ceux qui n’ont pasencore de responsabilités s’en accommodentplutôt bien, mais pour <strong>les</strong> autres, <strong>la</strong> partie estplus difficile. Les revenus irréguliers obligent<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> à prévoir à long terme <strong>et</strong> <strong>les</strong> limitentdans leurs proj<strong>et</strong>s d’avenir.Un participant ayant <strong>la</strong> chance de bénéficierd’avantages sociaux a livré ce témoignage :« Dans <strong>la</strong> dernière année, j’ai vu <strong>les</strong> deux : là,je suis syndiqué, j’ai <strong>les</strong> avantages sociaux <strong>et</strong>tout ce qui s’y rattache. J’aime mieux <strong>la</strong> sécuritéd’emploi, parce que là, je ne me casse pas <strong>la</strong>tête, je peux voir à long terme… ». Ce dernierextrait montre bien comment ces avantagessont souvent assimilés à un emploi stable,syndiqué, assuré.« Tu t’en vas aurestaurant, le téléphonesonne : je ne suis pas sûrque tu te dis que tu nerépondras pas… »Sans c<strong>et</strong>te stabilité, une diminution des heuresde travail ou une baisse des contrats est possibleà tout moment. Il est impératif, dans ces situations,de gérer ses finances, de p<strong>la</strong>nifier sesdépenses <strong>et</strong> sa vie sociale de façon très stricte.C<strong>et</strong>te p<strong>la</strong>nification plus serrée est nécessaireafin de conserver un coussin de sécurité poursubvenir aux besoins de base advenant unepériode creuse.Certains ont souligné qu’ils avaient accumulébeaucoup de d<strong>et</strong>tes d’études qu’ils devaientmaintenant rembourser. D’autres devaientutiliser fréquemment leur carte de crédit pourcertaines dépenses. L’end<strong>et</strong>tement, peu importeson niveau, fait partie de <strong>la</strong> vie pour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>travailleurs <strong>atypique</strong>s qui ont été rencontrés :« Je pense qu’on n’a plus le choix de s’end<strong>et</strong>terpantoutte, si on veut faire de quoi… surtoutpour <strong>les</strong> études. »4.3.3 Instabilité des horairesEn second lieu, tout de suite après le niveau derevenu insuffisant ou aléatoire, le manque destabilité des heures de travail est perçu commeun désavantage majeur des emplois <strong>atypique</strong>s.Certains ont carrément l’impression de perdrele contrôle de leur horaire, particulièrement ceuxqui travaillent sur appel ou qui cumulent plusieursemplois. Les participants ont déploré le fait dedevoir toujours être sur le qui-vive : « Tu t’envas au restaurant, le téléphone sonne : je nesuis pas sûr que tu te dis que tu ne répondraspas… »Par ailleurs, plusieurs ont dénoncé <strong>la</strong> grandedisponibilité demandée par certains employeursalors que peu d’heures étaient effectivement offertes.De plus, <strong>les</strong> horaires variab<strong>les</strong> ou instab<strong>les</strong> <strong>et</strong> lemanque de vacances causent, <strong>chez</strong> beaucoup de<strong>jeunes</strong>, un état d’anxiété <strong>et</strong> d’irritabilité. Un tel étatmental est parfois difficile à vivre pour <strong>les</strong> proches,ce qui peut causer des conflits avec l’entourageimmédiat. Les <strong>jeunes</strong> mères ont de plus mentionnéque leur situation crée parfois un climat familialtendu <strong>et</strong> stressant pour leurs enfants.


4.3.4 Des proj<strong>et</strong>s en suspensCe ne sont pas seulement <strong>les</strong> conditions de vieimmédiates qui sont affectées par une situationd’emploi précaire. Pour toutes <strong>les</strong> générations, ledébut de <strong>la</strong> vie professionnelle a presque toujoursimpliqué un certain nombre de sacrifices, financiersou autres. Mais aujourd’hui, il ne suffit plus dese serrer <strong>la</strong> ceinture. Il faut aussi rem<strong>et</strong>tre à plustard l’entrée dans le monde adulte.Les grandes étapes marquant ce passage sontainsi bousculées : le départ du foyer familial,l’achat d’une maison, d’une voiture, <strong>la</strong> formationde <strong>la</strong> famille ou <strong>la</strong> conception de tout autre proj<strong>et</strong>de vie s’inscrivant dans le long terme doiventattendre. Presque tous <strong>les</strong> participants ayantcommencé à échafauder de tels proj<strong>et</strong>s ontaffirmé que leur situation d’emploi devait d’abordse stabiliser avant qu’ils ne puissent <strong>les</strong> réaliser.Non seulement le départ du foyer familialpeut-il être r<strong>et</strong>ardé par une situation d’emploiinstable, mais il n’est plus nécessairementdéfinitif. Une participante a dû r<strong>et</strong>ourner <strong>chez</strong>ses parents après avoir vécu seule quelqu<strong>et</strong>emps : « Je suis déjà partie… Je suis revenueparce que j’en avais plus <strong>les</strong> moyens. À 27 ans<strong>chez</strong> maman, ce n’est vraiment pas facile… »De plus, environ <strong>la</strong> moitié des participants disentdevoir r<strong>et</strong>arder <strong>la</strong> décision de fonder une familleou d’ach<strong>et</strong>er une maison à cause de leur situationd’emploi. « Je commence à penser à fonderune famille. Mais quand tu arrives à 10 h ou11 h tous <strong>les</strong> soirs… »Pour l’achat d’une maison, ou pour tout autreinvestissement important, <strong>la</strong> difficulté d’accéderau crédit a été notamment soulignée :« Ce n’est pas facile quand t’arrives à <strong>la</strong> banquepour t’ach<strong>et</strong>er quelque chose :- Ben là je suis à contrat à telle p<strong>la</strong>ce.- Quand est-ce qu’il finit ton contrat ?- Ben, à telle date…Là, c’est comme si tu venais de dire…- Tabarou<strong>et</strong>te, as-tu vu le gars pas safe !Pourtant, tout le monde est à contrat ! C’estcomme une mode… »Une autre participante a soulevé le problèmede façon plus humoristique : « Si je m’achète unemaison, avec le sa<strong>la</strong>ire que je fais, je vais êtrecapable de m’ach<strong>et</strong>er une niche ! »Bien que <strong>la</strong> plupart des <strong>jeunes</strong> travailleurs<strong>atypique</strong>s que nous avons rencontrés disents’accommoder de leur situation financière, le reportdes proj<strong>et</strong>s de vie <strong>les</strong> préoccupe grandement :« Je ne fais pas pitié, j’arrive très bien, saufque je ne peux pas prévoir. Je ne peux pas medire : "Ben là, je vais avoir des enfants". »Beaucoup ont l’impression de vivre au ralenti,que leur situation <strong>les</strong> empêche d’avancer <strong>et</strong> defaire des proj<strong>et</strong>s : « T’en viens à ne plus penserà des proj<strong>et</strong>s, tu penses juste à l’argent que tupourrais faire. »« T’en viens à ne53EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEplus penser à des proj<strong>et</strong>s,tu penses juste à l’argentque tu pourrais faire. »


54EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE4.4 Le travail autonome,un cas particulierDans l’ensemble, <strong>les</strong> travailleurs autonomessemblent percevoir plus d’avantages à leur formed’emploi que <strong>les</strong> autres travailleurs <strong>atypique</strong>s.En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> travailleurs autonomes apprécientparticulièrement plusieurs des conditions queleur procure leur emploi : être son propre patron,avoir plus de liberté d’horaire, un rythme d<strong>et</strong>ravail moins routinier. Pouvoir rester à <strong>la</strong> maisonavec ses enfants <strong>et</strong> éviter ainsi de devoir payerune gardienne a aussi été souligné : « Ça nousfait économiser de l’argent d’être à <strong>la</strong> maison.Parce qu’on n’a pas de garderie à payer. Pison a nos enfants avec nous autres. »Si ce type d’emploi comporte des avantages particuliers,il implique en revanche des désavantagesqui lui sont propres. Si <strong>les</strong> horaires variab<strong>les</strong> sontintéressants lorsqu’on <strong>les</strong> contrôle, ils sont moinsappréciés lorsque ce n’est pas le cas : « Tu décidesplus de ton horaire, en tant que travailleur autonome.C’est tes clients qui décident pour toi ! »De plus, <strong>les</strong> revenus sont souvent totalementimprévisib<strong>les</strong> : « T’as des boum, t’as des bonnespériodes : tu fais de l’argent, tu fais de l’argent,pis après ça, …PAF ! »Enfin, le travail autonome exige beaucoup d’aptitudes,de polyvalence. Si ce<strong>la</strong> peut être trèsgratifiant, il reste que c’est un choix professionnelqui n’est pas à <strong>la</strong> portée de tous, particulièrementen début de carrière.« Faut que tu deviennes comptable, faut qu<strong>et</strong>u deviennes… mark<strong>et</strong>ing, publicitaire, fautque tu deviennes re<strong>la</strong>tionniste. Faut que tusois dans toutes <strong>les</strong> chambres de commerce.Faut que tu deviennes un homme-orchestre.Pis c’est pas donné à tout le monde d’êtrecapable. On peut pas bien jouer tous <strong>les</strong> rô<strong>les</strong>.On se p<strong>la</strong>nte à quelque part, c’est sûr. Là, onle prend personnel… »Enfin, le manque de protection sociale est souventun facteur d’incertitude très criant : « Tu te brisesle dos <strong>chez</strong> vous en travail<strong>la</strong>nt : t’as pas deCSST, t’es fini ! Tu peux pu rien faire ! » Uneautre participante renchérit : « Si je tombema<strong>la</strong>de le mois prochain, je suis faite ! »4.5 Entrer sur le marché du travail :<strong>les</strong> 15 à 19 ansLes <strong>jeunes</strong> de 15 à 19 ans qui ont été rencontrés,en groupes séparés, ont également été amenés àdiscuter de leur connaissance <strong>et</strong> de leur expériencedu marché du travail. Bien que leur présence surce marché soit souvent récente, nombre d’entreeux ont émis des commentaires fort pertinents,al<strong>la</strong>nt souvent dans le même sens que ceux destravailleurs plus âgés. Beaucoup de ces commentairesse r<strong>et</strong>rouvent d’ailleurs dans <strong>les</strong> citationsinsérées dans <strong>les</strong> sections précédentes. C<strong>et</strong>te partiea pour but d’indiquer en quoi leurs réactionsdiffèrent de cel<strong>les</strong> des autres.Les participants âgés de moins de 20 ans sonteux aussi tout à fait conscients qu’ils ne suivrontpas le même parcours professionnel que leursparents. Contrairement à ces derniers, ils pensentqu’ils devront changer d’emploi très souvent,<strong>et</strong> qu’ils leur sera plus difficile de trouver desemplois réguliers. Beaucoup ont même faitmontre d’un certain dédain à l’idée d’exercer lemême emploi au même endroit pendant desannées. Pour eux, il est normal <strong>et</strong> souhaitable dechanger d’emploi fréquemment. Ils estiment quele début de leur carrière sera surtout comblé pardes emplois contractuels ou temporaires.Étant donné leur jeune âge <strong>et</strong> leur statut d’étudiant,<strong>la</strong> grande majorité des participants de 15à 19 ans habitaient encore <strong>chez</strong> leurs parents.La plupart ont affirmé s’y sentir très à l’aise <strong>et</strong>ne souhaitent pas quitter le foyer familial. Touss’entendent pour dire qu’afin d’aller habiter enappartement, il est nécessaire d’avoir un emploi<strong>et</strong> un sa<strong>la</strong>ire suffisant.


Les participants de moins de 20 ans ont égalementété amenés à préciser <strong>les</strong> conditions idéa<strong>les</strong> qui,pour eux, perm<strong>et</strong>taient de fonder une famille.Évidemment, ce proj<strong>et</strong> ne se situe pas dansl’immédiat pour <strong>la</strong> grande majorité des participants.Certains ne l’envisagent pas encore <strong>et</strong> d’autresle reportent dans cinq ou six ans. Le fait d’avoirun emploi stable apparaît comme étant une desconditions essentiel<strong>les</strong>, aux yeux des <strong>jeunes</strong>, pouravoir des enfants. En plus, terminer ses études,avoir une stabilité financière <strong>et</strong> une stabilité danssa vie de couple ont également été mentionnés.Les plus <strong>jeunes</strong> participants se montrent doncen général très confiants par rapport à leuravenir professionnel. Ils finiront par faire cequ’ils aiment <strong>et</strong> par trouver des emplois plusstab<strong>les</strong>. Même s’ils rencontrent aujourd’huicertaines difficultés dans leur emploi, ils sontassez optimistes <strong>et</strong> sont certains que d’iciquelques années (5 à 10 ans), ils finiront paroccuper un emploi stable dans le domaine qui<strong>les</strong> intéresse.4.6 Comment améliorer le marchéde l’emploi <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> ?Lorsque vint le temps de proposer des solutionsaux nombreux problèmes qui ont été soulevésau cours des discussions, <strong>la</strong> réaction spontanée debeaucoup de <strong>jeunes</strong> ressemb<strong>la</strong>it à ceci : « C’estnotre game… Y’a personne qui peut nousaider… »L’opinion dominante exprimée par <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>était celle-ci : aucune entreprise, syndicat, gouvernementou institution quelconque ne joue le rôleprincipal dans <strong>la</strong> détermination des conditionsd’emploi des <strong>jeunes</strong>. L’acteur principal, c’estchacun d’entre nous!Beaucoup croient effectivement qu’il leur revientau premier chef d’améliorer leur situationd’emploi. Ils estiment qu’il est préférable de sefier à soi-même <strong>et</strong> à sa volonté, <strong>et</strong> accepterd’être patient : « Il faut que tu bûches pouravoir ce que tu veux. »Pourtant, lorsqu’on leur a demandé ce qu’ilsferaient eux-mêmes pour améliorer leur situation,ils ont répondu qu’ils stabiliseraient leur horaire,augmenteraient leur sa<strong>la</strong>ire, s’assureraient d<strong>et</strong>ravailler selon un horaire stable <strong>et</strong> garanti,augmenteraient le nombre de contrats ouengageraient un employé. Or, aucune de cessolutions, sauf <strong>la</strong> dernière, n’est directement deleur ressort. L’esprit de responsabilité individuel<strong>les</strong>emble donc se heurter à un certain manquede moyens.Ainsi, il ne faut pas croire que <strong>les</strong> suggestionsfaites aux entreprises, aux syndicats, au gouvernementainsi qu’au monde sco<strong>la</strong>ire traduisentune mise en accusation de ces différentes organisations,au contraire. Le Conseil a été étonnéde voir jusqu’à quel point <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> qui ont étérencontrés avaient adopté, en grande partie, <strong>la</strong>« culture de l’employabilité » qui s’est développéeces dernières années. En faisant porter toute <strong>la</strong>responsabilité re<strong>la</strong>tive à l’emploi sur <strong>les</strong> épau<strong>les</strong>des travailleurs, une telle façon de concevoir lemarché du travail occulte <strong>les</strong> causes collectivesdes problèmes 96 .Le fait d’avoir un emploi55EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEstable apparaît comme étantune des conditions essentiel<strong>les</strong>,aux yeux des <strong>jeunes</strong>,pour avoir des enfants.96 Le Conseil a déjà souligné <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s pervers d’une telle idéologie quiassimile <strong>les</strong> problèmes des <strong>jeunes</strong> à une pathologie en éliminant <strong>les</strong>causes structurel<strong>les</strong>. Gouvernement du Québec, CONSEIL PERMANENTDE LA JEUNESSE, Pour faire de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se une priorité! Avis surl’avant-proj<strong>et</strong> de politique <strong>jeunes</strong>se, Québec, 2000, p. 14.


56EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETout indique que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> font porter <strong>la</strong>responsabilité à chaque individu, mais ils proposentcependant des mesures collectives pour remédieraux problèmes. L’individualisme <strong>et</strong> <strong>la</strong> foi en sespropres moyens, ainsi mis en perspective, prennentune toute autre signification. Ils deviennentl’expression d’une volonté de régler soi-même<strong>les</strong> problèmes, mais d’une volonté qui doit s<strong>et</strong>raduire par des actions concrètes de <strong>la</strong> partdes entreprises <strong>et</strong> des gouvernements. C<strong>et</strong>teapparente contradiction pourrait ainsi êtreinterprétée comme un appel à <strong>la</strong> solidarité.4.6.1 Les entreprisesLes participants sont d’avis que <strong>les</strong> entreprisesdétiennent plusieurs cartes pour améliorer <strong>la</strong>situation des <strong>jeunes</strong> au p<strong>la</strong>n de l’emploi. Enplus des suggestions pour leur <strong>la</strong>isser une plusgrande p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> pour améliorer <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre<strong>les</strong> entreprises <strong>et</strong> le monde sco<strong>la</strong>ire, un grandnombre de <strong>jeunes</strong> ont exprimé le souhait que <strong>les</strong>entreprises modifient leurs modes de gestiondu personnel. Ils leur ont ainsi suggéré <strong>les</strong> mesuressuivantes :■ Investir temps <strong>et</strong> argent dans leursemployés au lieu de favoriser leroulement de personnel;■ Offrir davantage de formation en entreprise;■ S’impliquer davantage dans l’offre destages de formation afin de fournir aux<strong>jeunes</strong> de l’expérience;■ Faire des journées « portes ouvertes »afin que <strong>les</strong> élèves <strong>et</strong> <strong>les</strong> étudiants puissentdiscuter avec <strong>les</strong> employés <strong>et</strong> voir ce queces derniers font, concrètement, dans lecadre de leur travail;■ Donner <strong>la</strong> chance aux <strong>jeunes</strong> en diminuant<strong>les</strong> exigences re<strong>la</strong>tives à l’expérience, êtreplus soup<strong>les</strong> dans <strong>la</strong> reconnaissance desacquis;■ Miser sur le dynamisme des <strong>jeunes</strong>, fairemontre d’indulgence envers eux <strong>et</strong> leuraccorder de <strong>la</strong> crédibilité;■ Favoriser <strong>les</strong> mises à <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite <strong>et</strong> ouvrir<strong>les</strong> postes libérés aux <strong>jeunes</strong> travailleurs.4.6.2 Les syndicatsLa majorité des <strong>jeunes</strong> rencontrés connaissaientpeu le monde syndical. C<strong>et</strong>te constatation soulève<strong>la</strong> question du rôle du syndicalisme auprès des<strong>jeunes</strong> travailleurs, qui sera traitée au cours duprochain chapitre. À cause de c<strong>et</strong>te méconnaissance,<strong>la</strong> plupart ne savaient pas vraiment de quellefaçon <strong>les</strong> syndicats pourraient aider le marchéde l’emploi <strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> en général. Néanmoins,certains ont mentionné que <strong>les</strong> syndicats pourraient:■ Favoriser <strong>la</strong> formation <strong>et</strong> <strong>les</strong> stages;■ Éliminer <strong>la</strong> discrimination à l’endroit des<strong>jeunes</strong>;■ Valoriser <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> auprès des employeurs;■ Former des syndicats pour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>de 15 à 25 ans.4.6.3 Le gouvernementLes participants n’ont pas eu de difficulté àtrouver comment le gouvernement pourraitfaciliter leur situation d’emploi. Selon eux, desmesures légis<strong>la</strong>tives, des programmes ainsi quedes campagnes d’information sont autant demoyens à <strong>la</strong> disposition de l’État afin d’améliorer<strong>les</strong> possibilités <strong>et</strong> <strong>les</strong> conditions de travail des<strong>jeunes</strong>. Ainsi, le gouvernement pourrait :■ Augmenter le sa<strong>la</strong>ire minimum;■ Assurer une meilleure circu<strong>la</strong>tion del’information sur <strong>les</strong> programmes d’aideaux travailleurs autonomes;■ Fournir davantage d’information sur <strong>les</strong>domaines d’emploi en développement,<strong>les</strong> tendances du marché, <strong>les</strong> typesd’emploi <strong>et</strong> <strong>les</strong> diverses formationsdisponib<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> milieuxd’enseignement;■ Prendre des mesures contre le décrochagesco<strong>la</strong>ire avant <strong>la</strong> 5e secondaire;■ Accorder davantage de bourses d’études<strong>et</strong> diminuer <strong>les</strong> prêts;■ Créer une agence de p<strong>la</strong>cementgouvernementale;


■ Avancer l’âge de <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite;■ Promouvoir <strong>la</strong> ville pour attirer <strong>les</strong>investisseurs ( à Québec);■ Promouvoir tous <strong>les</strong> secteurs d’activité,(primaire, secondaire, tertiaire) ainsi que<strong>les</strong> métiers, sans se limiter aux professions.4.6.4 Le milieu sco<strong>la</strong>irePlusieurs ont également souligné le rôle importantdu milieu sco<strong>la</strong>ire. L’école devrait mieux aider<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> à s’orienter; elle devrait davantage <strong>les</strong>informer sur <strong>les</strong> diverses possibilités d’emploiqui s’offrent à eux, autrement que par le cours« choix de carrières » qui, selon <strong>la</strong> majorité, n’estpas efficace. L’école pourrait également consisterà tisser des liens plus étroits avec <strong>les</strong> employeurs,en offrant des stages, des programmes coopératifs<strong>et</strong> de <strong>la</strong> formation plus orientée vers <strong>les</strong> besoinsréels des entreprises. Certains participants de15 à 19 ans ont également indiqué que le milieusco<strong>la</strong>ire devait s’impliquer sur ce p<strong>la</strong>n en s’associantaux entreprises pour organiser des journées« portes ouvertes ».* **Le regard que portent <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs<strong>atypique</strong>s sur leur situation confirme <strong>les</strong> pointsprincipaux sur <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> spécialistes s’entendent.L’éc<strong>la</strong>tement de l’emploi sa<strong>la</strong>rié traditionnelrem<strong>et</strong> lourdement en cause le processus d’insertionsociale <strong>et</strong> professionnelle des <strong>jeunes</strong>.Ce constat étant posé, des actions s’imposent.La montée des nouvel<strong>les</strong> formes d’emploirépond certes à des besoins, tant de <strong>la</strong> part desemployeurs que de celle des travailleurs. Mais <strong>la</strong>tendance observée par le Conseil, notammentlors des groupes de discussion, donne à penserqu’il existe un déséquilibre profond entre <strong>les</strong>besoins des uns <strong>et</strong> des autres. Il faut agir contre<strong>la</strong> précarité. ●57EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 4 ] Vivre à l’ère précaire...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


57EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


59Des pratiques de gestionà courte vueÉliminer <strong>les</strong> incitatifs au travail <strong>atypique</strong>Ce chapitre explorera le monde du travail afin d’identifier certainespratiques de gestion inspirées non pas par le besoin de flexibilité desorganisations, mais plutôt par <strong>la</strong> recherche effrénée de réduction des coûts.Le Conseil croit qu’il est de son devoir de proposer certains changementsaux règ<strong>les</strong> du jeu, afin d’éviter que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs payent en précaritéce que d’autres gagnent en flexibilité.EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELa rémunération inférieure, souvent versée auxtravailleurs <strong>atypique</strong>s, n’est qu’un des incitatifsà l’embauche de ces travailleurs. L’imaginationde certains employeurs connaît peu de limiteslorsqu’il s’agit de réduire <strong>les</strong> coûts. Une tellevolonté d’économie n’a rien de mal en soi, maisnombre de pratiques ont pour eff<strong>et</strong> de précariser<strong>la</strong> situation des <strong>jeunes</strong> travailleurs.Dans un premier temps, l’importance des avantagessociaux dans plusieurs stratégies de gestiondes coûts de main-d’œuvre sera mise en évidence.Des économies re<strong>la</strong>tives aux avantages sociauxpeuvent être réalisées soit directement, soitindirectement, en ayant recours aux heuressupplémentaires, au travail temporaire, au tempspartiel ou au travail autonome. Par <strong>la</strong> suite, <strong>les</strong>inconvénients de ces pratiques de gestion serontdémontrés, puis des éléments de solution serontavancés.5.1 Objectif : réductiondes coûts de main-d’œuvreLe sa<strong>la</strong>ire est <strong>la</strong> composante <strong>la</strong> plus visible descoûts de main-d’œuvre, sans être <strong>la</strong> seule. Lesfrais d’embauche, de formation <strong>et</strong> d’administrationen font également partie. Ce sont cependant <strong>les</strong>charges socia<strong>les</strong> qui occupent le second rangdans ces coûts, après <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>ires.Les charges socia<strong>les</strong> : un portraitLes charges socia<strong>les</strong> représentent en moyenne35 % de <strong>la</strong> rémunération globale de <strong>la</strong> maind’œuvre,tel qu’on le voit dans le tableau suivant.C<strong>et</strong>te proportion, encore bien inférieure à <strong>la</strong>majorité des pays industrialisés 97 , a néanmoinstendance à s’accroître rapidement : en 1997 l<strong>et</strong>aux de croissance des charges socia<strong>les</strong> s’établissaitentre 8 <strong>et</strong> 10 % alors que celui des sa<strong>la</strong>iresétait entre 2 <strong>et</strong> 3 %.97 En 1996, <strong>les</strong> charges socia<strong>les</strong> ne comptaient que pour 6 % du P.I.B. canadien, ce qui représente le taux le plus faible de tous<strong>les</strong> pays du G7 ainsi que parmi <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> taux du monde industrialisé. Voir LIN, Zhengxi, « Charges socia<strong>les</strong> – tendances récentes »,L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective, vol.12, nº 3, automne 2000, p. 29-33.


60EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETableau 11 Pourcentage moyen de <strong>la</strong> rémunération accordée,selon <strong>les</strong> différents types d’avantages sociaux, Québec, 1997C<strong>et</strong>te hausse rapide s’explique par l’é<strong>la</strong>rgissementde <strong>la</strong> couverture sociale <strong>et</strong> par le vieillissementde <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion 98 .Les cotisations socia<strong>les</strong>, ou cotisations auxprogrammes sociaux, sont destinées au régimed’assurance-emploi, à <strong>la</strong> Régie des rentes (RRQ),à <strong>la</strong> Commission de <strong>la</strong> santé <strong>et</strong> de <strong>la</strong> sécurité dutravail (CSST), à <strong>la</strong> Commission des normes dutravail (CNT) <strong>et</strong> au Fonds des services de santé(FSS). Contrairement à l’impôt sur <strong>les</strong> sociétés ousur <strong>les</strong> gains de capitaux, <strong>les</strong> cotisations socia<strong>les</strong>sont directement liées à <strong>la</strong> masse sa<strong>la</strong>riale del’entreprise.Les employeurs ont souvent affirmé que ces« taxes sur <strong>la</strong> masse sa<strong>la</strong>riale » sont <strong>les</strong> piresobstac<strong>les</strong> à <strong>la</strong> création d’emplois. C<strong>et</strong>te opinionn’est pas du tout partagée par <strong>les</strong> syndicats, nipar <strong>la</strong> plupart des économistes, mais il resteque ces taxes, ou cotisations socia<strong>les</strong>, ont uneff<strong>et</strong> majeur sur <strong>la</strong> nature des emplois 99 . Il ensera question dans <strong>la</strong> suite du chapitre.Cotisations aux programmes sociaux 10 %Congés <strong>et</strong> vacances payés 15 %Assurances collectives 3 %Régimes de r<strong>et</strong>raite 7 %Total 35 %Source : St-Onge, Sylvie, <strong>et</strong> al.,Relever <strong>les</strong> défis de <strong>la</strong> gestion des ressources humaines,Montréal, Gaëtan Morin éditeur, 1998, p. 520.À ces cotisations socia<strong>les</strong> s’ajoutent <strong>les</strong> vacances<strong>et</strong> <strong>les</strong> congés, ainsi que <strong>les</strong> avantages sociauxcomplémentaires. Ceux-ci incluent principalement<strong>les</strong> régimes de r<strong>et</strong>raite complémentaires <strong>et</strong> <strong>les</strong>assurances collectives. Ces avantages sociauxreprésentent en moyenne 10 % de <strong>la</strong> rémunération,soit l’équivalent des sommes versées par l’employeuraux principaux programmes sociaux.5.1.1 Flexibiliser <strong>les</strong> avantagessociaux complémentairesDevant l’accroissement des dépenses re<strong>la</strong>tivesaux avantages sociaux, <strong>les</strong> employeurs peuventadopter différentes stratégies.La flexibilité des avantages sociaux prend deplus en plus de p<strong>la</strong>ce en tant que méthode decontrôle des coûts de main-d’œuvre. En offrantun montant déterminé aux employés afin qu’ilsse bâtissent une protection à <strong>la</strong> carte, il est possiblede réduire <strong>les</strong> coûts tout en leur <strong>la</strong>issant uncertain choix.98 PICARD, F, Régimes d’assurance collective : évolution <strong>et</strong> enjeux, texte non publié, 26 novembre 1997,26 p. cité dans ST-ONGE, Sylvie, <strong>et</strong> al., Relever <strong>les</strong> défis de <strong>la</strong> gestion des ressources humaines,Montréal, Gaëtan Morin, 1998, p. 520.99 En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> syndicats estiment habituellement que <strong>la</strong> répercussion de ces cotisations sur l’emploi estcontreba<strong>la</strong>ncée par l’eff<strong>et</strong> positif des avantages sociaux sur l’économie. Les économistes sont plutôtdu même avis, mais pour des raisons plus pragmatiques : <strong>les</strong> cotisations socia<strong>les</strong> n’ont qu’un eff<strong>et</strong> trèslimité à long terme sur le niveau global d’emploi parce que le coût de cel<strong>les</strong>-ci est reporté sur <strong>les</strong>travailleurs sous forme de sa<strong>la</strong>ires plus bas. Voir : BÉDARD, Marcel, Notions élémentaires sur <strong>les</strong>cotisations socia<strong>les</strong> au Canada, Ottawa, Développement des ressources humaines Canada, 1998, p. 26-27.


De c<strong>et</strong>te façon, <strong>les</strong> gestionnaires de ressourceshumaines visent également à modifier <strong>la</strong> perceptionqu’ont <strong>les</strong> employés des avantages sociauxqui leur sont offerts. Selon Mme Julia Koe, gestionnaireà <strong>la</strong> Banque Royale, <strong>les</strong> employés nedoivent pas considérer ceux-ci comme des droitsacquis, mais comme des privilèges : « C’est donnemoi,donne-moi, sans reconnaître ce que l’onreçoit. Mais rien n’est gratuit. Il n’est pas réalistede s’attendre à ce que le gouvernement prennesoin de vous, alors pourquoi <strong>les</strong> employeursdevraient-ils le faire? » 100 [Notre traduction].Le message qu’envoie c<strong>et</strong>te gestionnaire estc<strong>la</strong>ir : <strong>la</strong> protection sociale des employés n’est pas<strong>la</strong> responsabilité des employeurs, mais celle dechacun. Les avantages sociaux doivent doncêtre plus flexib<strong>les</strong> 101 .Conséquemment, une nouvelle façon plutôtcontestable d’obtenir <strong>la</strong> loyauté des employésa fait son apparition. Il s’agit de favoriser lebien-être des travailleurs non pas grâce à desmesures traditionnel<strong>les</strong> de protection sociale,de plus en plus dispendieuses, mais en veil<strong>la</strong>ntà leur bien-être au travail. Il en coûte effectivementbeaucoup moins cher d’installer unbar à espresso, une table de bil<strong>la</strong>rd, d’offrir desservices de massothérapie ou de gardiennage desanimaux de compagnie en milieu de travail quede cotiser à des régimes d’assurance-ma<strong>la</strong>die <strong>et</strong>invalidité de même qu’à un régime de r<strong>et</strong>raite 102 .Il ne s’agit heureusement pas des seu<strong>les</strong> façonsde contrôler le coût des avantages sociaux complémentaires.Il est également possible d’adopterune approche préventive. Par exemple, unefaçon positive de réagir à <strong>la</strong> multiplication desdemandes de prestations d’invalidité prolongéepour cause de dépression serait d’instaurer desservices d’aide <strong>et</strong> de soutien aux employés.L’employeur peut également faciliter <strong>la</strong> vie deses employés en leur offrant <strong>la</strong> possibilité deconsacrer plus de temps à <strong>la</strong> famille <strong>et</strong> auxloisirs, en payant leurs heures supplémentairesen congés ou même en perm<strong>et</strong>tant de prendreun congé sabbatique 103 .5.1.2 Payer moins d’avantages sociauxgrâce au travail temporaire<strong>et</strong> au temps partielRevoir le contenu ou <strong>la</strong> philosophie de cesprogrammes n’est cependant pas <strong>la</strong> seulepossibilité offerte aux employeurs afin de réduirele coût des charges socia<strong>les</strong>. Des économies bienplus substantiel<strong>les</strong> peuvent être réalisées en jouantsur <strong>les</strong> critères d’admissibilité. Avoir recours à desemplois <strong>atypique</strong>s perm<strong>et</strong> de réduire ou d’éliminer<strong>les</strong> charges socia<strong>les</strong> normalement versées pour unemployé régulier à plein temps.Les emplois à temps partiel <strong>et</strong> temporaires, en plusd’être moins rémunérés, sont moins souventaccompagnés d’avantages sociaux.61EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSECe<strong>la</strong> coûte moins cher d’installerun bar à espresso, une tablede bil<strong>la</strong>rd, d’offrir des servicesde massothérapie ou degardiennage des animaux decompagnie en milieu de travailque de cotiser à des régimesd’assurance-ma<strong>la</strong>die <strong>et</strong>invalidité de même qu’àun régime de r<strong>et</strong>raite.100 « It’s give me, give me, without appreciating what you g<strong>et</strong>. But nothing is free. It’s not realisticto expect the government to take care of you, so why should you expect your employer ? »“ FELIX, Sonia. “Gimme gimme”, Benefits Canada, July 2000, 6 p.Voir : http://www.benefitscanada.com/Content/2000/07-00/01.html101 Ibid., p. 2.102 MARTEL, Geneviève <strong>et</strong> Karine ROUSSEAU, « Nouveaux environnements de travail;Oxygène, bil<strong>la</strong>rd <strong>et</strong> espresso », Jobboom, le magazine, vol. 1, nº 1, automne 2000, p. 41-46.103 ST-ONGE, Sylvie, <strong>et</strong> al., op. cit., p. 521-522.


62EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELes assurances collectives, traditionnellementnégociées ou offertes par <strong>les</strong> entreprisesà leurs employés réguliers, risquent dedevenir l’apanage d’un nombre de plusen plus restreint d’employés, au fur <strong>et</strong> àmesure que s’accroît <strong>la</strong> part re<strong>la</strong>tive desemplois <strong>atypique</strong>s, souvent précaires 104 .Une étude du gouvernement fédéral 105 confirmec<strong>et</strong> état de fait. Les auteurs ont comparé l’accèsaux avantages sociaux complémentaires selon <strong>la</strong>situation d’emploi en utilisant <strong>les</strong> données d’uneenquête de Statistique Canada. Les avantagescomplémentaires inclus dans l’étude sont <strong>les</strong>régimes de r<strong>et</strong>raite complémentaires, <strong>les</strong> p<strong>la</strong>nsd’assurance-ma<strong>la</strong>die complémentaires, <strong>les</strong> assurancesdentaires, <strong>les</strong> congés de ma<strong>la</strong>die ainsi que<strong>les</strong> vacances payées, en plus de cel<strong>les</strong> prescritespar <strong>la</strong> loi.Le graphique suivant montre que <strong>les</strong> employésà temps plein bénéficient beaucoup plus souventd’avantages sociaux complémentaires que <strong>les</strong>employés à temps partiel.Graphique 4 Avantages sociaux complémentaires selon le statut d’emploi(temps plein / temps partiel) Canada, 1995■ Temps plein■ Temps partiel58,418,7Régime de r<strong>et</strong>raitecomplémentaire68,117,8Assurance-ma<strong>la</strong>diecomplémentaire63,415,9Assurancedentaire65,717,8Congésde ma<strong>la</strong>die81,929,9Vacancespayées80 %60 %40 %20 %0 %Pourcentage d’employés bénéficiairesLes employés temporairesou à temps partiel peuventtrès rarement compter surdes avantages sociauxcomplémentaires, en plusde toucher des sa<strong>la</strong>iresmoindres <strong>et</strong> d’avoir àsupporter l’insécurité <strong>et</strong> <strong>la</strong>précarité économique.Graphique 5 Avantages sociaux complémentaires selon le statut d’emploi(permanent/ temporaire) Canada, 1995■ Permanent■ Temporaire55,519,9Régime de r<strong>et</strong>raitecomplémentaire64,419,3Assurance-ma<strong>la</strong>diecomplémentaire60,016,5Assurancedentaire62,219,3Congésde ma<strong>la</strong>die78,528,4Vacancespayées80 %60 %40 %20 %0 %Pourcentage d’employés bénéficiairesSource : Statistique Canada, Enquête sur <strong>les</strong> horaires <strong>et</strong> <strong>les</strong> conditions de travail (EHCT) 1995.Compi<strong>la</strong>tion : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se, d’après LIPSETT, Brenda <strong>et</strong> M. REESOR,Flexible Work Arrangements. Evidence from the 1991 and 1995 Survey of Work Arrangement,Ottawa, DRHC, 1997, p. 11, tableau 1.104 BRAULT, Serge, « chapitre 4 », dans : Canada, COMITÉ CONSULTATIF SUR LE MILIEU DE TRAVAIL EN ÉVOLUTION,Réflexion collective sur le milieu de travail en évolution. Rapport, Ottawa, Développement des ressources humaines Canada, 1997, p. 62.105 LIPSETT, Brenda <strong>et</strong> M. REESOR, Flexible Work Arrangements. Evidence from the 1991 and 1995 Survey of Work Arrangement,Ottawa, Développement des ressources humaines Canada, 1997, p. 11.


C<strong>et</strong> autre graphique illustre une distinction simi<strong>la</strong>ireentre <strong>les</strong> employés permanents <strong>et</strong> <strong>les</strong> employéstemporaires.Ces statistiques révèlent un problème généralisé.Les employés temporaires ou à temps partielpeuvent très rarement compter sur des avantagessociaux complémentaires, en plus de toucherdes sa<strong>la</strong>ires moindres <strong>et</strong> d’avoir à supporterl’insécurité <strong>et</strong> <strong>la</strong> précarité économique qui sontsouvent leur lot. Les <strong>jeunes</strong> qui occupent fréquemmentces emplois ne bénéficient pas d’unecouverture sociale adéquate. Ce<strong>la</strong> est d’autant vraique <strong>les</strong> moins de 30 ans travaillent souvent dansdes entreprises de p<strong>et</strong>ite taille <strong>et</strong> non syndiquées,deux facteurs limitant eux aussi l’accès auxavantages sociaux complémentaires 106 .Il est possible d’examiner <strong>la</strong> situation de plusprès en s’intéressant à deux secteurs d’activitéfort différents mais qui ont tous deux descaractéristiques communes, soit un fort tauxd’emplois <strong>atypique</strong>s <strong>et</strong> une main-d’œuvre comptantun important contingent de <strong>jeunes</strong>. Il s’agit ducommerce de détail <strong>et</strong> de <strong>la</strong> haute technologie.Le commerce de détailLe comité sectoriel de main-d’œuvre du commercede détail a publié, en mai 2000, un rapportd’enquête sur <strong>la</strong> rémunération dans leursecteur 107 . É<strong>la</strong>boré d’après c<strong>et</strong>te étude, le tableausuivant dresse le portrait de l’accessibilité auxassurances collectives selon le statut d’emploi,c’est-à-dire à temps plein ou à temps partiel. I<strong>les</strong>t à noter que contrairement aux critères deStatistique Canada, l’étude dans <strong>la</strong>quelle cesdonnées ont été tirées établit <strong>la</strong> frontière entr<strong>et</strong>emps plein <strong>et</strong> temps partiel à 20 heures/semaine.Dans tous <strong>les</strong> sous-secteurs du commerce dedétail, l’accès aux avantages sociaux dépend<strong>la</strong>rgement du statut d’emploi. Les détail<strong>la</strong>ntsde vêtements n’offrent des avantages complémentairesqu’à 10 ou 20 % de leurs employésà temps partiel, tandis que <strong>les</strong> mêmes avantagessont offerts à 60 % des employés depharmacie à temps partiel.63EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETableau 12 Admissibilité aux différents régimesd’assurance collective dans trois sous-secteurs du commercede détail, selon le statut d’emploi (temps plein/temps partiel)Admissibilité selonle sous-secteur Vêtement Meuble PharmacieTemps Temps Temps Temps Temps TempsRégime Plein partiel plein partiel plein partielAssurance-vie 50 % 10 % 63 % 18 % 90 % 60 %Invalidité courte durée 30 % 0 63 % 36 % 20 % 0Invalidité longue durée 60 % 10 % 73 % 9 % 90 % 60 %Soins dentaires 60 % 20 % 18 % 9 % 80 % 60 %Assurance médicaments<strong>et</strong> hospitalisation 60 % 20 % 64 % 18 % 90 % 60 %Soins visuels 20 % 10 % 0 0 10 % 0Source : Comité sectoriel de main-d’œuvre du commerce de détail.Compi<strong>la</strong>tion : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.106 LIPSETT, Brenda <strong>et</strong> M. REESOR, op. cit. p. 10.107 Étude réalisée par <strong>la</strong> Société Watson Wyatt Canada. COMITÉ SECTORIEL DE MAIN-D’ŒUVRE DU COMMERCE DE DÉTAIL,Abrégé du rapport d’enquête de rémunération. Secteur du commerce de détail, 2000, 16 p.(http://www.sectorield<strong>et</strong>ail.qc.ca/publications/fr/enqu<strong>et</strong>e/enqu<strong>et</strong>e.pdf).


64EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEÀ partir d’autres statistiques provenant de <strong>la</strong>même enquête, on peut ajouter qu’en plus d<strong>et</strong>oucher des sa<strong>la</strong>ires supérieurs à ceux desemployés à temps partiel, <strong>les</strong> employés à tempsplein sont ceux à qui <strong>les</strong> augmentations de sa<strong>la</strong>iresont <strong>la</strong> plupart du temps réservées. Pour ce quiest des régimes de r<strong>et</strong>raite complémentaires,on note que seulement 22 % des employeursayant participé à l’enquête <strong>les</strong> incluent auxavantages sociaux de leurs employés, tousstatuts d’emploi confondus 108 .La haute technologieOn pourrait s’attendre à ce que <strong>la</strong> situation soitbien différente dans un autre secteur des services,celui de <strong>la</strong> haute technologie. Il n’y a aucundoute, le niveau de rémunération dans ce secteurprospère est n<strong>et</strong>tement plus élevé que dans lecommerce de détail.Une étude de <strong>la</strong> Société conseil Mercer portantsur <strong>les</strong> régimes de r<strong>et</strong>raite <strong>et</strong> <strong>les</strong> avantagessociaux offerts par <strong>les</strong> entreprises de haut<strong>et</strong>echnologie 109 a révélé que <strong>les</strong> avantagesconférés dans ce secteur étaient n<strong>et</strong>tementsupérieurs à <strong>la</strong> moyenne. Selon c<strong>et</strong>te étude, <strong>la</strong>vive concurrence dans ce secteur en pleinecroissance explique c<strong>et</strong> état de fait. On chercheà attirer des employés compétents en leuroffrant une bonne protection sociale. L’étude neprésente pas de statistiques aussi détaillées quantà l’accès à ces avantages pour <strong>les</strong> travailleurs<strong>atypique</strong>s, mais elle note que :par ailleurs, <strong>les</strong> employés à contrat ouà temps partiel sont de plus en plusnombreux dans <strong>les</strong> entreprises de haut<strong>et</strong>echnologie. La moitié des employeursqui ont participé à l’enquête offrent desavantages sociaux à leurs employés àtemps partiel; (…) <strong>et</strong> environ 10 %consentent certains avantages sociauxà leurs employés contractuels 110 .Ainsi, même dans un secteur en développementrapide comme celui des entreprises de haut<strong>et</strong>echnologie, <strong>les</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s ne bénéficientpas d’un traitement équitable en ce quia trait aux avantages sociaux.L’attribution des avantages sociaux complémentairesrelève de <strong>la</strong> volonté des employeursou encore des conventions collectives négociéesentre ceux-ci <strong>et</strong> <strong>les</strong> syndicats. Or, il existe undéséquilibre important dans l’attribution de cesavantages, selon le statut d’emploi. Tout enreconnaissant que certains facteurs légitimespeuvent expliquer <strong>la</strong> situation, le Conseil estd’avis qu’il existe non seulement un déca<strong>la</strong>ge,mais une discrimination réelle dans l’accessibilitéà ces avantages.En conséquence, <strong>et</strong> dans l’esprit de l’article 19 de<strong>la</strong> Charte des droits <strong>et</strong> libertés de <strong>la</strong> personne 111<strong>et</strong> tel que précisé par <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use interprétative56.219. Tout employeur doit, sansdiscrimination, accorder un traitementou un sa<strong>la</strong>ire égal aux membres de sonpersonnel qui accomplissent un travailéquivalent au même endroit.56.2. Dans l'article 19, <strong>les</strong> mots« traitement » <strong>et</strong> « sa<strong>la</strong>ire » incluent<strong>les</strong> compensations ou avantages à valeurpécuniaire se rapportant à l'emploi.Le Conseil recommande aux employeurs :de s’assurer que leurs pratiquesde gestion respectent le principede l’égalité de sa<strong>la</strong>ire (incluant <strong>les</strong>avantages sociaux) pour un travailéquivalent, selon l’esprit de <strong>la</strong> Chartedes droits <strong>et</strong> libertés de <strong>la</strong> personne.108 Ibid., p. 7-13.109 SOCIÉTÉ CONSEIL MERCER, Benefits and Pension Survey of High Technology Companies, 1999.110 SOCIÉTÉ CONSEIL MERCER, Les entreprises de haute technologie offrent de généreux avantages sociaux à leur personnel,(communiqué de presse), 26 janvier 1999, 2 p. http://www.wmmercer.com/canada/francais/resource/resource_news_topic9.html111 L.R.Q., chapitre C-12, Charte des droits <strong>et</strong> libertés de <strong>la</strong> personne. On peut consulter <strong>la</strong> Charte dans Intern<strong>et</strong> à l’adresse suivante :http://www.cdpdj.qc.ca/htmfr/htm/4_4.htm


5.1.3 Augmenter le recoursau temps supplémentaireIl y a quelque chose d’irrationnel dansune société où beaucoup de gens pensentqu’ils ont trop de travail <strong>et</strong> sont à bout denerfs, tandis que beaucoup d’autres sontsous-employés ou sans emploi 112 .La semaine normale de travail est-elle en voie dedisparition ? D’un côté, un nombre grandissantde <strong>jeunes</strong> travaille à temps partiel. D’un autrecôté, de plus en plus de personnes travaillentrégulièrement plus de quarante heures parsemaine, comme l’indique le tableau 13.En plus des eff<strong>et</strong>s néfastes des heures supplémentairessur <strong>la</strong> santé 114 , <strong>la</strong> famille <strong>et</strong> <strong>la</strong> qualitéde vie, c<strong>et</strong>te situation cause un é<strong>la</strong>rgissementdu fossé entre riches <strong>et</strong> pauvres dans notresociété. En eff<strong>et</strong>, selon Statistique Canada, c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>endance à l’éc<strong>la</strong>tement de <strong>la</strong> semaine normale d<strong>et</strong>ravail est l’une des causes majeures de l’inégalitécroissante de <strong>la</strong> rémunération hebdomadairemoyenne.En premier lieu, le sa<strong>la</strong>ire horaire réeldes <strong>jeunes</strong> travailleurs a chuté de façonmarquée. Deuxièmement, le pourcentaged’employés qui travaillent 35-40 heurespar semaine a chuté, tandis que <strong>la</strong>proportion d’employés qui font dessemaines plus courtes <strong>et</strong> plus longuesa augmenté. Troisièmement, on aenregistré une tendance à <strong>la</strong> hausse<strong>chez</strong> <strong>les</strong> travailleurs qui touchent unsa<strong>la</strong>ire élevé à faire de longuessemaines de travail 115 .Comment expliquer ce phénomène? Principalementpar <strong>les</strong> frais fixes de main-d’œuvre. D’abord, <strong>les</strong>employés réguliers à qui <strong>les</strong> heures supplémentairessont allouées sont déjà formés <strong>et</strong> recrutés.Ensuite, attribuer un même nombre d’heuresmais réparties entre moins d’employés peutrésulter en d’importantes économies n<strong>et</strong>tes decharges socia<strong>les</strong> 116 . En eff<strong>et</strong>, lorsque <strong>les</strong> gainsd’un employé ont dépassé certains « p<strong>la</strong>fondsd’imposition », l’employeur n’a plus à contribuerni à l’assurance-emploi, ni au Régime de rentesdu Québec, non plus qu’à <strong>la</strong> CSST.65EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETableau 13 Pourcentage d’employéstravail<strong>la</strong>nt moins de 35 heures, de 35 à 40 heures<strong>et</strong> plus de 40 heures par semaine, Canada, 1980 <strong>et</strong> 199834 heures <strong>et</strong> moins De 35 à 40 heures 41 heures <strong>et</strong> plus1980 33,5 % 49,2 % 17,3 %1998 38,3 % 41,2 % 20,6 %Source : Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active 113 .Lorsque <strong>les</strong> gains d’unemployé ont dépassé certains« p<strong>la</strong>fonds d’imposition »,l’employeur n’a plus àcontribuer ni à l’assuranceemploi,ni au Régimede rentes du Québec,non plus qu’à <strong>la</strong> CSST.112 OSBERG, Lars, « Réflexions personnel<strong>les</strong> sur <strong>la</strong> réflexion collective », Canada,COMITÉ CONSULTATIF SUR LE MILIEU DE TRAVAIL EN ÉVOLUTION, op. cit., p. 178.113 HALL, Karen, « La bipo<strong>la</strong>risation des horaires à <strong>la</strong> fin des années 90 », L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective, vol. 11, no 3, été 1999, p. 33.114 Selon Statistique Canada, le fait de passer d’un horaire normal à de longues heures de travail augmente le risque d’adopter certainscomportements nuisib<strong>les</strong> pour <strong>la</strong> santé, dont <strong>la</strong> consommation d’alcool <strong>et</strong> de tabac, ainsi que de souffrir d’obésité <strong>et</strong> de dépression. VoirSHIELDS, Margot, « Les longues heures de travail <strong>et</strong> <strong>la</strong> santé ». L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective, vol. 12, n o 1, printemps 2000, p. 61.115 MORISSETTE, René, Pourquoi l’inégalité des gains hebdomadaires a-t-elle augmenté au Canada ? Ottawa, Statistique Canada,(11F0019MPF no 80), juill<strong>et</strong> 1995, p. 31.116 BETCHERMAN,Gordon <strong>et</strong> Richard CHAYKOWSKI, The Changing Workp<strong>la</strong>ce : Challenges for Public Policy, Ottawa,Développement des ressources humaines Canada, 1996, p. 30.


66EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETableau 14 Maxima assurab<strong>les</strong> <strong>et</strong> taux de cotisationdes employeurs <strong>et</strong> des employés aux principauxprogrammes sociaux, Québec, 2000Programmes Maximum assurable Taux employeur Taux employéRégie des rentes 37 600 $ 3,9 % 3,9 %Assurance-emploi 39 000 $ 3,36 % 2,40 %CSST 51 000 $ 2,07 % A 0Fonds des servicesde santé (FSS) B illimité 4 % A 0Commission des normesdu travail (CNT) illimité 0,08 % 0Dans le cas des programmes publics, le calcu<strong>les</strong>t re<strong>la</strong>tivement simple : employés <strong>et</strong> employeursdoivent cotiser à l’assurance-emploi pour chaquedol<strong>la</strong>r de sa<strong>la</strong>ire, jusqu’à 39 000 $. Même chosepour <strong>la</strong> Régie des rentes, soit jusqu’à concurrencede 37 500 $. Pour <strong>la</strong> CSST, <strong>les</strong> taux <strong>et</strong> p<strong>la</strong>fondsvarient selon <strong>les</strong> secteurs, mais en moyennel’employeur verse sa cotisation pour chaque dol<strong>la</strong>r,jusqu’à concurrence de 51 000 $. Au-dessusde ces différents niveaux, aucune cotisationn’est versée sauf cel<strong>les</strong> au FSS <strong>et</strong> à <strong>la</strong> CNT, quine sont pas p<strong>la</strong>fonnées.Source : Revenu Canada, ministère du Revenu du Québec, CSST, RRQ.(A : taux moyen; B : selon <strong>la</strong> masse sa<strong>la</strong>riale de l’entreprise)À partir de ces données, il est possible d’effectuerquelques simu<strong>la</strong>tions. Le graphique suivantillustre <strong>les</strong> différentes « taxes sur <strong>la</strong> masse sa<strong>la</strong>riale» payées par un employeur, dépendammentdu sa<strong>la</strong>ire déjà gagné pendant l’année par unsa<strong>la</strong>rié donné. Puisque le taux de cotisationdiminue selon le sa<strong>la</strong>ire gagné, on comprendpourquoi il est devenu pratique courante, danscertains cas, de réserver <strong>les</strong> heures supplémentairesaux employés ayant déjà atteint <strong>les</strong>différents p<strong>la</strong>fonds d’imposition du sa<strong>la</strong>ire 117 .Si aucune majoration de sa<strong>la</strong>ire n’est accordéepour <strong>les</strong> heures supplémentaires, l’eff<strong>et</strong> incitatif deces p<strong>la</strong>fonds peut jouer même lorsqu’un employéa dépassé <strong>la</strong> semaine normale de travail 118 .Graphique 6 Coût des cotisations socia<strong>les</strong> pour un employeur,selon le sa<strong>la</strong>ire déjà versé à un employé, Québec, 20000 $3500 $37 600 $39 000 $51 000 $10 %RÉGIE DES RENTES 3,9 %5 %ASSURANCE-EMPLOI 3,36 % (MOYENNE)0 %C.S.S.T 2,07 % (MOYENNE)Source : Revenu Canada, Ministère du revenu du Québec, CSST, RRQ.Compi<strong>la</strong>tion : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.117 OSBERG, Lars, op. cit., p. 176.118 Selon l’Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active de 1998, parmi <strong>les</strong> 18,9 % de Canadiens ayant fait des heures supplémentaires, seulement 8,8 %ont été rémunérés. Voir HALL, Karen, loc. cit., p. 39. De plus, seulement 55,2 % des heures supplémentaires rémunérées l’étaient avecmajoration de sa<strong>la</strong>ire (50%) en milieu non syndiqué en 1995, selon l’Enquête sur <strong>les</strong> horaires <strong>et</strong> <strong>les</strong> conditions de travail de 1995.Voir : LIPSETT, Brenda <strong>et</strong> Mark REESOR, op. cit. p. 14.


Les avantages sociaux accentuent davantagel’eff<strong>et</strong> illustré par le graphique. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> plupartdes régimes de r<strong>et</strong>raite complémentaires <strong>et</strong> desprogrammes d’assurances collectives ont eux aussides p<strong>la</strong>fonds de cotisation. Chose certaine, unemployeur économise au minimum 9 % decotisations socia<strong>les</strong> 119 lorsqu’il attribue desheures supplémentaires à un employé ayantdéjà gagné 60 000 $ plutôt qu’à un autre quin’a touché que 20 000 $.Une solution à ce problème consisterait àélever <strong>les</strong> p<strong>la</strong>fonds de cotisation à l’assuranceemploi<strong>et</strong> au régime de rentes du Québec. Un<strong>et</strong>elle solution est réaliste : <strong>la</strong> plupart des paysdéveloppés établissent des p<strong>la</strong>fonds de cotisationn<strong>et</strong>tement supérieurs aux nôtres 120 . EnFrance, il existe même une double échelle.L’employeur verse 3,70 % à <strong>la</strong> caisse d’assurancechômagejusqu’à concurrence d’un sa<strong>la</strong>ire annuelde 36 500 $. Au-dessus de ce niveau, <strong>et</strong> jusqu’à146 000 $, <strong>la</strong> cotisation patronale passe à 4,2 %,au lieu d’être abolie après 39 000 $, comme c’estle cas au Canada 121 .Le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se proposed’effectuer une révision de <strong>la</strong> structure fiscaledes cotisations à l’assurance-emploi <strong>et</strong> au Régimede rentes du Québec afin d’atténuer <strong>les</strong> incitatifsaux heures supplémentaires <strong>et</strong> de favoriser lepartage du travail.Plus précisément, une hausse du maximumassurable à l’assurance-emploi garantirait unmeilleur financement du régime, ce qui perm<strong>et</strong>traitde diminuer le taux de cotisation <strong>et</strong> d’améliorer<strong>la</strong> couverture offerte par le programme.En conséquence, le Conseil recommande augouvernement du Québec de faire pressionsur le gouvernement fédéral afin :d’élever le sa<strong>la</strong>ire maximum assurableà l’assurance-emploi pour dissuader lerecours aux heures supplémentairesdes haut sa<strong>la</strong>riés.Une hausse importante du maximumdes gains admissib<strong>les</strong> augmenterait leniveau de réserve de <strong>la</strong> caisse universellede r<strong>et</strong>raite des Québécois. Une haussesignifiante des revenus couverts par leRégime de rentes du Québec pourraitsimplifier de beaucoup <strong>la</strong> gestion de <strong>la</strong>r<strong>et</strong>raite, notamment pour <strong>les</strong> travailleurs<strong>atypique</strong>s, puisqu’il s’agit d’un régime liéà l’employé <strong>et</strong> non pas à l’employeur 122 .En conséquence, le Conseilpermanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommandeau gouvernement du Québec :d’augmenter le maximum assurableau Régime de rentes du Québec afind’atténuer <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s de po<strong>la</strong>risationdu temps de travail causés par <strong>les</strong>ystème de cotisation.Enfin, une autre façon de décourager lerecours aux heures supplémentaires seraitde procéder par voie de réglementation.Une telle approche est nécessaire <strong>et</strong> seradéveloppée dans le prochain chapitre. LeConseil croit toutefois que <strong>les</strong> mesuresproposées ci-dessus perm<strong>et</strong>traientd’éliminer certains incitatifs importantsaux heures supplémentaires <strong>et</strong> ainsid’augmenter l’efficacité de toutelégis<strong>la</strong>tion à ce suj<strong>et</strong>, présenteou future.67EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE119 C<strong>et</strong>te économie pourrait facilement être multipliée par deux <strong>et</strong> avoisiner <strong>les</strong> 20 % si l’on prenait en compte <strong>les</strong> avantagessociaux complémentaires.120 Aux États-Unis, le p<strong>la</strong>fond de cotisation à <strong>la</strong> Social Security vient d’être porté au-delà de 116 000 $ (canadiens), tandis qu’en France,le p<strong>la</strong>fond de cotisation pour le chômage approche <strong>les</strong> 150 000 $ (taux de change du 20 février 2001).Voir : http://www.heritage.org/library/cda/cda00-03.html <strong>et</strong> http://www.senat.fr/rap/r97-118/r97-1182.html121 C<strong>et</strong>te mesure qui avait notamment comme eff<strong>et</strong> de pénaliser <strong>les</strong> heures supplémentaires sera toutefois abolie le 1 er juill<strong>et</strong> 2001,dans <strong>la</strong> foulée des généreuses réductions de cotisations socia<strong>les</strong> octroyées afin de financer le passage à <strong>la</strong> semaine de 35 heures.Consulter le site du Ministère français du travail <strong>et</strong> de <strong>la</strong> solidarité : http://www.travail.gouv.fr/actualites/infos_rapides/infos_rapides.html122 OSBERG, Lars, op. cit., p. 177-178.


68EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE5.1.4 Lorsque le travail autonomedevient de l’évasion fiscaleParmi <strong>les</strong> stratégies de réorganisation du travail,on remarque une pratique qui, à elle seule,symbolise l’esprit de toutes <strong>les</strong> autres. Il s’agitde <strong>la</strong> sous-traitance.Dans c<strong>et</strong>te section, le Conseil se limitera auxpratiques de gestion consistant à utiliser destravailleurs autonomes afin d’accomplir destâches autrefois accomplies par des employés,ce qui est une forme de sous-traitance. Dansde nombreux cas, <strong>la</strong> manœuvre est tellementaberrante qu’elle semble relever de <strong>la</strong> comédieplutôt que de <strong>la</strong> gestion des ressources humaines.Par exemple :Lors d’une cause récente (…) lepropriétaire d’un bar a essayé (sanssuccès) de définir une serveuse commeune employée autonome dont <strong>la</strong> tâcheconsistait à livrer des boissons qui luiavaient été sous-traitées, en échange depourboires. La direction de certains hôtelsa envisagé de m<strong>et</strong>tre à pied du personnelchargé de n<strong>et</strong>toyage <strong>et</strong> de sous-traiterc<strong>et</strong>te tâche à des n<strong>et</strong>toyeurs autonomes enconcurrence <strong>les</strong> uns avec <strong>les</strong> autres pourqu’ils proposent le prix le plus bas parchambre 123 .De tels cas sont faci<strong>les</strong> à trancher. Il s’agit de« faux » travailleurs autonomes, tout simplement.D’autre cas sont plus délicats <strong>et</strong> ontnécessité de longues batail<strong>les</strong> juridiques <strong>et</strong>syndica<strong>les</strong>. L’histoire des camionneurs de Métro-Richelieu est probablement l’exemple le plusconnu au Québec, où Métro a demandé à sescamionneurs sa<strong>la</strong>riés de devenir des travailleursautonomes.L’affaire des permatemps de Microsoft <strong>chez</strong> nosvoisins du Sud a permis de constater que destactiques douteuses du genre peuvent prendredes dimensions gigantesques. L’entreprise deBill Gates employait plus de 6 000 contractuelstemporaires qui ont effectué du travail à longterme, simi<strong>la</strong>ire à celui du personnel permanent,dans le but de se débarrasser de <strong>la</strong> sécurité d’emploi,des avantages sociaux <strong>et</strong> des cotisations socia<strong>les</strong>.Étant donné <strong>les</strong> profits astronomiques de l’entreprise,on ne peut affirmer qu’une telle pratiquevisait à préserver <strong>les</strong> employés du chômage.Le fisc américain a décidé de porter <strong>la</strong> cause encour <strong>et</strong> Microsoft a dû dédommager une partiede ses faux temporaires autonomes 124 .Au Canada, <strong>les</strong> gouvernements sont égalementintéressés par c<strong>et</strong>te question, <strong>la</strong> hausse de <strong>la</strong> partde l’emploi autonome ayant des conséquencesfisca<strong>les</strong> directes. Le manque à gagner engendrépar c<strong>et</strong>te pratique étant important pour l’État,Revenu Canada <strong>et</strong> le ministère du Revenu du Québecont formé des équipes spécia<strong>les</strong> chargées dedémasquer <strong>les</strong> « faux travailleurs autonomes ».Ils vérifient <strong>les</strong> critères suivants : le lien desubordination, <strong>la</strong> dépendance économique <strong>et</strong>l’intégration à l’entreprise. Si l’une de ces caractéristiquesest présente, le gouvernement considèreavoir affaire à de faux travailleurs autonomes<strong>et</strong> réc<strong>la</strong>me <strong>les</strong> impôts <strong>et</strong> cotisations socia<strong>les</strong>impayées au travailleur ainsi qu’à son employeur125 .Les travailleurs autonomes gagnent un revenumoyen inférieur à celui des sa<strong>la</strong>riés. Ils payentaussi moins d’impôt, mais doivent cependantpayer <strong>la</strong> part de l’employeur en plus de cellede l’employé à <strong>la</strong> Régie des rentes. Un donneurd’ouvrage ayant recours à un travailleur autonomen’a donc aucune cotisation sociale à payer,123 DAGG, Alexandra, « Chapitre 5 : La représentation <strong>et</strong> <strong>la</strong> protection des travailleurs dans <strong>la</strong> "nouvelle économie" », dans Canada,COMITÉ CONSULTATIF SUR LE MILIEU DE TRAVAIL EN ÉVOLUTION, op. cit., p. 89.124 COHEN, Dian, « The "permatemp" dilemna », Benefits Canada, avril 1999. Consulté dans Intern<strong>et</strong>http://www.benefitscanada.com/Content/1999/04-99/ben049917.html125 GRENIER, Éric, « Oui le fisc a sorti sa loupe. La question : Êtes-vous un vrai travailleur autonome? »,Les Affaires PLUS, vol. 22, nº 3, mars 1999, p. 29-32.


ce qui peut l’inciter fortement à sous-traiterdes tâches à des travailleurs autonomes. Leséconomies sont substantiel<strong>les</strong> : un minimumde 10 % de cotisations socia<strong>les</strong> en moins, sanscompter <strong>les</strong> contributions patrona<strong>les</strong> aux programmesd’assurances collectives, de r<strong>et</strong>raitecomplémentaire, <strong>les</strong> vacances <strong>et</strong> <strong>les</strong> congéspayés.De plus, dans <strong>les</strong> métiers à risques élevés, <strong>les</strong>taux de cotisations à <strong>la</strong> CSST peuvent être fortélevés. Le taux de 2,07 % utilisé dans l<strong>et</strong>ableau 14 n’est vraiment qu’une moyenne.Dans <strong>la</strong> réalité, l’écart peut être considérable,al<strong>la</strong>nt de 0,60 % pour le travail de bureau à30,77 % pour le montage de structuresmétalliques 126 . Certains taux élevés de cotisationà <strong>la</strong> CSST sont responsab<strong>les</strong> à eux seulsdu recours aux travailleurs autonomes, dansdes métiers à hauts risques. Des entreprisesrefusent carrément d’engager des employéspour qui el<strong>les</strong> devraient cotiser à <strong>la</strong> CSST <strong>et</strong>n’utilisent que des travailleurs autonomes 127 .Pourtant, <strong>les</strong> taux de cotisations élevés visentà protéger <strong>les</strong> travailleurs de risques réels. Cesrisques continuent d’être assumés par destravailleurs, qu’ils soient autonomes ou pas 128 .Il importe de conscientiser davantage ceux quiont recours à de tel<strong>les</strong> pratiques de gestion. Enétablissant le lien qui <strong>les</strong> unit aux sous-traitantsen dehors du cadre légal de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> accidentsde travail <strong>et</strong> <strong>les</strong> ma<strong>la</strong>dies professionnel<strong>les</strong>, ilspénalisent d’abord <strong>les</strong> travailleurs vulnérab<strong>les</strong>.Mais ils prêtent f<strong>la</strong>nc, par <strong>la</strong> même occasion, àune recrudescence de poursuites léga<strong>les</strong> à leurencontre, dans <strong>les</strong> cas où leur responsabilité seraitmise en cause par un entrepreneur 129 .De plus, si le gouvernement considère que l<strong>et</strong>ravail au noir… c’est du vol, le Conseil croitqu’il n’est pas moins répréhensible de modifierle statut d’emploi de travailleurs afin de payermoins de charges socia<strong>les</strong>.En conséquence, le Conseil recommandeau gouvernement du Québec :de promouvoir <strong>la</strong> responsabilitéfiscale <strong>et</strong> sociale des entreprisesavec autant d’énergie <strong>et</strong> d’ardeurque celle des particuliers5.2 Pour le développement durabledes ressources humaines !Les différentes pratiques de gestion qui ont étéabordées dans <strong>les</strong> pages précédentes onttoutes pour objectif de réduire <strong>les</strong> coûts demain-d’œuvre. Cependant, ces pratiques degestion, qui visent des économies à courtterme, en font porter le poids aux travailleurs,en leur r<strong>et</strong>irant notamment <strong>la</strong> protectionsociale habituellement associée au travailsa<strong>la</strong>rié.Si le gouvernementconsidère que le travai<strong>la</strong>u noir… c’est du vol, le69EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEConseil croit qu’il n’est pasmoins répréhensible demodifier le statut d’emploide travailleurs afin de payermoins de charges socia<strong>les</strong>.126 CSST, Table des taux 2000. http://www.csst.qc.ca127 Selon <strong>les</strong> propos d’un analyste de KPMG à Montréal, une firme internationale de consultants en fiscalité d’entreprises.128 Le régime couvre toutefois <strong>les</strong> travailleurs dépendants. DAGENAIS, Lucie France, Travail éc<strong>la</strong>té protection sociale <strong>et</strong> égalité.Cowansville, Éditions Yvon B<strong>la</strong>is, 1998, p.156-158. Par ailleurs, un jugement récent de <strong>la</strong> Commission des lésions professionnel<strong>les</strong>a indemnisé un travailleur autonome sur <strong>la</strong> base du lien de subordination qu’il entr<strong>et</strong>enait avec une firme de courtage.Voir LECLERC, Yves, « Indemnisé même s’il ne cotisait pas à <strong>la</strong> CSST », Le journal de Québec, 7 décembre 2000. p. 4.129 OSBERG, Lars, op. cit. p. 174.


70EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE5.2.1 Le prix des économiesà court termeLes pratiques de gestion flexible des ressourceshumaines visent à réduire, directement ou indirectement,<strong>les</strong> coûts reliés plus particulièrementaux avantages sociaux. Pourquoi? Probablementparce que parmi <strong>les</strong> coûts de main-d’œuvre, <strong>les</strong>moins visib<strong>les</strong> à court terme sont ceux engendréspar <strong>les</strong> avantages sociaux. Mais <strong>les</strong> avantagessociaux ont leur utilité : en plus d’améliorer <strong>la</strong>situation du travailleur <strong>et</strong> celle de sa famille, ilsaident à instituer une certaine loyauté de sapart. Or, tout porte à croire que <strong>la</strong> loyauté desemployés <strong>atypique</strong>s n’est pas nécessaire, dupoint de vue des employeurs.Il en résulte donc une implication moindre, <strong>et</strong>par conséquent, une productivité diminuée.L’instabilité de <strong>la</strong> main-d’œuvre entraîne des<strong>la</strong>cunes dans <strong>la</strong> formation <strong>et</strong> <strong>la</strong> compétence desemployés. Mais ce n’est pas tout : il sembleraitaussi que le recours au travail <strong>atypique</strong> nuiseà <strong>la</strong> réorganisation du fonctionnement internede l’entreprise : Il est improbable que <strong>les</strong> organisationsemployant une grande part de travailleursà des postes <strong>atypique</strong>s réalisent <strong>les</strong> gains enproductivité qui découlent d’un dévouement à <strong>la</strong>tâche, d’investissements faits dans le capitalhumain <strong>et</strong> de gains en efficience attribuab<strong>les</strong>au savoir-faire organisationnel 130 . Une grandecompagnie comme Ford, aux États-Unis, a comprisque ce type d’emplois pouvait comprom<strong>et</strong>tre sap<strong>la</strong>ce dans le marché <strong>et</strong> a décidé, en 1996, delimiter <strong>la</strong> proportion de travailleurs occasionnelsà 10 ou 15 % du total de ses effectifs 131 .L’instabilité de <strong>la</strong>Le recours au travail <strong>atypique</strong> a une influencenégative sur <strong>la</strong> possibilité de réorganiser uneentreprise en utilisant <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies.Une analyse des données de l’Enquête socialegénérale de 1994, menée par le professeurGil<strong>les</strong> Simard de l’UQAM, a permis de constaterune corré<strong>la</strong>tion entre l’emploi <strong>atypique</strong> <strong>et</strong> l’utilisationplus limitée des nouvel<strong>les</strong> technologies,appuyant de ce fait l’hypothèse suivante : <strong>la</strong>flexibilité externe peut facilement nuire àl’augmentation des différentes formes deflexibilité interne. Pour expliquer c<strong>et</strong>te situation,<strong>les</strong> analystes invoquent notamment <strong>la</strong> diminutionde l’engagement organisationnel <strong>et</strong> <strong>la</strong> mobilisationmoins élevée des travailleurs <strong>atypique</strong>s 132 .L’auteur de l’étude conclut en ces termes : Pourle gestionnaire des ressources humaines, nosrésultats montrent que le choix de <strong>la</strong> flexibilitéstructurelle pourrait rendre plus difficile l’augmentationde <strong>la</strong> flexibilité technologique 133 .C<strong>et</strong>te flexibilité interne ou « technico-organisationnelle», selon Diane-Gabrielle Tremb<strong>la</strong>y, reposeen eff<strong>et</strong> sur l’articu<strong>la</strong>tion du travail <strong>et</strong> de <strong>la</strong>technologie ainsi que sur <strong>la</strong> polyvalence deséquipes de production. Ce type de gestionnécessite des re<strong>la</strong>tions de travail basées surle consensus <strong>et</strong> doit aussi s’appuyer sur unsystème efficace d’apprentissage, de formation<strong>et</strong> de recyc<strong>la</strong>ge. La France, l’Allemagne <strong>et</strong> <strong>les</strong>pays scandinaves ont majoritairement opté pource modèle. Dans ces pays, <strong>les</strong> besoins de changement<strong>et</strong> d’adaptation de l’entreprise ont été comblésprincipalement par <strong>la</strong> formation en entreprise,<strong>la</strong> réaffectation de personnel, <strong>la</strong> réduction dunombre de niveaux hiérarchiques de nouvel<strong>les</strong>méthodes de travail, dont le travail en équipe 134 .main-d’œuvre entraînedes <strong>la</strong>cunes dans <strong>la</strong>formation <strong>et</strong> <strong>la</strong>compétence desemployés.130 Canada, COMMISSION DE LA FONCTION PUBLIQUE, L’avenir du travail : l’emploi <strong>atypique</strong> dans <strong>la</strong>fonction publique du Canada, mars 1999. p. 8-9.131 OZAKI, Mun<strong>et</strong>o (dir), op. cit., p. 15.132 SIMARD, Gil<strong>les</strong>, Flexibilité organisationnelle <strong>et</strong> travail : bi<strong>la</strong>n sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active canadienne de 1994,Montréal, Centre de recherche en gestion de l’UQÀM, 2000, p. 9.133 Ibid. p. 23. L’étude prenait en compte l’eff<strong>et</strong> de différentes variab<strong>les</strong> sur <strong>la</strong> probabilité qu’un employé utiliseun ordinateur au travail ainsi que sur <strong>la</strong> durée moyenne de c<strong>et</strong>te utilisation. Lorsqu’on prend en compte <strong>la</strong>variable « travailleurs standards/<strong>atypique</strong>s », il ressort que <strong>les</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s utilisent moinsl’ordinateur que <strong>les</strong> employés « standards », <strong>la</strong> différence étant significative. (-36,4 %).134 TREMBLAY, Diane-Gabrielle, « Chômage, flexibilité <strong>et</strong> précarité d’emploi », dans DUMONT,F., S. Langlois <strong>et</strong> Y. Martin (dir.), Traité des problèmes sociaux, Québec, IQRC, 1994. p. 629.


5.2.2 La formation de <strong>la</strong> main-d’œuvreCes dernières années, le gouvernement ainsique <strong>les</strong> partenaires du marché du travail ontbeaucoup mis l’accent sur l’importance querevêt <strong>la</strong> formation de <strong>la</strong> main-d’œuvre. Les<strong>jeunes</strong> travailleurs sont nombreux à l’avoircompris. En plus de former <strong>la</strong> génération <strong>la</strong>plus instruite de l’histoire du Québec, ils sonthabituellement <strong>les</strong> premiers à rechercher de <strong>la</strong>formation supplémentaire dans le cadre de leurtravail 135 .Au Québec, l’adoption de <strong>la</strong> Loi favorisant ledéveloppement de <strong>la</strong> formation de <strong>la</strong> maind’œuvre,mise en vigueur en 1995, a amorcé unmouvement fort intéressant vers l’établissementd’une culture de <strong>la</strong> formation en entreprise.C<strong>et</strong>te loi exige que <strong>les</strong> entreprises ayant unemasse sa<strong>la</strong>riale supérieure à 250 000 $ investissentau moins 1 % de celle-ci dans <strong>la</strong> formationde leur personnel. Cel<strong>les</strong> qui n’atteignent pas ceniveau de dépense doivent verser <strong>la</strong> différencedans le Fonds national de développement de<strong>la</strong> main-d’œuvre, qui sert à financer des programmesde formation en entreprise ou encoreà promouvoir c<strong>et</strong>te formation.Cependant, il y a une ombre au tableau. Les<strong>jeunes</strong> ont beau vouloir recevoir de <strong>la</strong> formation,ceux qui occupent un emploi <strong>atypique</strong> voient leurschances d’y accéder fortement diminuées. À cesuj<strong>et</strong>, une enquête de l’OCDE sur <strong>la</strong> formationdes travailleurs adultes, menée dans sept paysindustrialisés 136 , a conclu que <strong>les</strong> travailleurstemporaires <strong>et</strong> à temps partiel ont une probabilitésignificativement moins grande de bénéficierd’une formation 137 . Or, parmi <strong>les</strong> sept paysétudiés, le Canada est de loin celui où <strong>la</strong> situationre<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> formation est <strong>la</strong> plus défavorablepour <strong>les</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s, lorsqu’on <strong>les</strong>compare aux autres travailleurs 138 .Une autre étude, de B<strong>et</strong>cherman <strong>et</strong> Chaykowski 139 ,a démontré que c<strong>et</strong>te statistique n’était pas lefruit du hasard. Il apparaît en eff<strong>et</strong> que <strong>les</strong>entreprises qui optent pour l’investissementmassif dans <strong>la</strong> formation de <strong>la</strong> main-d’œuvreconcentrent leurs efforts en ce sens sur le noyaudur de main-d’œuvre, composé essentiellementd’employés réguliers à temps plein 140 . C<strong>et</strong>te stratégieest certes efficace lorsque le seul objectif de <strong>la</strong>formation en entreprise est d’accroître <strong>la</strong> productivitéà court terme. Un employeur peut avoirde fortes réticences à former un employé à tempspartiel dont l’avenir au sein de l’entreprise estincertain, ou un contractuel qui travaille occasionnellementpour des concurrents.71EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELes entreprises qui optentpour l’investissement massifdans <strong>la</strong> formation de <strong>la</strong>main-d’œuvre concentrentleurs efforts en ce sens sur lenoyau dur de main-d’œuvre,composé essentiellementd’employés réguliers à135 Selon <strong>les</strong> propos de Mme Adèle Girard, directrice générale du CQRHT(Conseil québécois des ressources humaines en tourisme)136 L’enquête a été menée dans <strong>les</strong> pays suivants : Allemagne, Australie, Canada, France,Grande-Br<strong>et</strong>agne, Italie <strong>et</strong> Pays-Bas.137 ORGANISATION POUR LA COOPÉRATION ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE,Perspectives de l’emploi de l’OCDE, Paris, juin 1999, p. 177.138 Ibid., p. 178, tableau 3.12.139 BETCHERMAN, Gordon <strong>et</strong> Richard CHAYKOWSKI, The Changing Workp<strong>la</strong>ce :Challenges for Public Policy, Ottawa, Développement des ressources humaines Canada, 1996, p 42.140 « Where firms are taking the high road, training is an important activity; however, it is concentratedon core employees who already tend to have a strong skill base. Workers in firms pursuing low roadstrategies have little opportunity to formally acquire new skills that enhance their employability. »,ibid., p. 42.temps plein.


72EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSENon seulement <strong>les</strong> employés <strong>atypique</strong>s sontdéfavorisés à c<strong>et</strong> égard, mais d’une façon plusgénérale, le développement systématique de <strong>la</strong>formation en entreprise perm<strong>et</strong>trait d’augmenter<strong>la</strong> polyvalence des employés. Il faut considérer<strong>la</strong> formation non seulement comme une façond’augmenter <strong>la</strong> productivité des entreprisesainsi que <strong>les</strong> compétences des employés, maisaussi comme une solution de rechange auxpratiques de gestion parfois adoptées souscouvert de « flexibilité externe ».En eff<strong>et</strong>, plus une organisation investit en formation,plus ses employés pourront être réaffectésà l’intérieur de <strong>la</strong> structure de l’entreprise. Au lieud’avoir recours à des employés temporairesengagés spécifiquement pour accomplir un typede tâches, <strong>les</strong> employés pourraient effectuerdifférentes tâches selon <strong>les</strong> besoins du moment.C’est pourquoi le Conseilrecommande aux employeurs :d’inclure tous <strong>les</strong> travailleurs,qu’ils soient réguliers ou non,dans leurs p<strong>la</strong>ns de formation.La formation doit être pensée de façonplus globale, afin de développer <strong>les</strong>aptitudes <strong>et</strong> <strong>les</strong> habil<strong>et</strong>és de tous <strong>les</strong>travailleurs, peu importe leur statutd’emploi. Une façon intéressante d’arriverà c<strong>et</strong>te fin serait d’abord d’utiliser unepartie du Fonds national de développementde <strong>la</strong> main-d’œuvre alloué à <strong>la</strong> promotionde <strong>la</strong> formation afin de promouvoir <strong>la</strong>formation sectorielle 141 .Les formations offertes par desorganismes sectoriels porteraientnécessairement sur des habil<strong>et</strong>és plusgénéra<strong>les</strong> que cel<strong>les</strong> offertes par unemployeur, qui sont souvent trèsspécifiques. L’employé ayant reçu uneformation sectorielle plus générale,mais néanmoins particulière à un secteurd’activité, a plus de chances de pouvoirtransférer ses connaissances d’un emploià un autre 142 . Compte tenu de <strong>la</strong> quasidisparitionde « l’emploi à vie », <strong>la</strong>formation sectorielle est certainementune voie d’avenir.En conséquence, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :de favoriser le développementd’une offre de formation sectorielleen utilisant une partie du Fondsnational de développement de <strong>la</strong>main-d’œuvre afin de promouvoirce type de formation, mieux adaptéeaux travailleurs <strong>atypique</strong>s, <strong>et</strong>d’inscrire c<strong>et</strong>te orientation dansle prochain P<strong>la</strong>n d’affectationdes ressources du Fonds.Plus une organisationinvestit en formation,plus ses employéspourront être réaffectésà l’intérieur de <strong>la</strong>structure de l’entreprise.141 C<strong>et</strong>te orientation pourrait s’ajouter à l’orientation 4 du P<strong>la</strong>n d’affectation de 2000-2001, qui s’intitu<strong>la</strong>it :Soutenir <strong>la</strong> promotion de <strong>la</strong> formation de <strong>la</strong> main-d’œuvre <strong>et</strong> <strong>la</strong> recherche sur des pratiques décou<strong>la</strong>ntde <strong>la</strong> Loi favorisant le développement de <strong>la</strong> main-d’œuvre. Voir : EMPLOI-QUÉBEC, P<strong>la</strong>n d’affectation desressources du Fonds national de formation de <strong>la</strong> main-d’œuvre 2000-2001, adopté par <strong>la</strong> ministre d’Étatau Travail <strong>et</strong> à l’<strong>Emploi</strong>, madame Diane Lemieux, le 7 mars 2000, p. 9-10.142 INSTITUT CANADIEN D’ÉDUCATION DES ADULTES, Rapport-synthèse des échanges <strong>et</strong> des analysesprésentées par Louise Miller (FTQ) <strong>et</strong> Laurier Caron (CEQ) lors du 2 e séminaire du comité des politiquesd’éducation des adultes. Thème : Loi favorisant le développement de <strong>la</strong> main-d’œuvre (loi du 1 %), Loi sur<strong>la</strong> qualification professionnelle, Régime d’apprentissage. Montréal, UQÀM, 19 février 1998, p. 4.http://www.communautique.qc.ca/docicea/seminair/semin2.html


5.2.3 Changer <strong>les</strong> pratiques de gestionLe Conseil a avancé dans ce chapitre des recommandationsvisant principalement à changercertaines « règ<strong>les</strong> du jeu » favorisant des pratiquesde gestion qui font porter le poids de <strong>la</strong> flexibilitésur <strong>les</strong> épau<strong>les</strong> des travailleurs. Il faut toutefoisgarder à l’esprit qu’il est toujours possible decontourner <strong>la</strong> réglementation <strong>et</strong> de trouver denouvel<strong>les</strong> façons de faire. C’est pourquoi le Conseilconclut <strong>la</strong> partie de son avis sur <strong>les</strong> pratiques degestion en faisant appel au sens des responsabilitésdes employeurs, ainsi qu’à celui des autresacteurs du monde du travail.Les <strong>jeunes</strong> travailleurs sont prêts à faire certainscompromis quant à leurs conditions de travail.Ils savent qu’il faut partir au bas de l’échelle <strong>et</strong>qu’ils sont eux-mêmes responsab<strong>les</strong> de leurréussite professionnelle. Mais encore faut-il qu’onleur en donne <strong>les</strong> moyens. Il faut bien commencerquelque part, mais « ...de nombreux <strong>jeunes</strong>adultes aimeraient beaucoup avoir un "vraiemploi" <strong>et</strong> acceptent mal l’insécurité engendréepar <strong>la</strong> succession de contrats à court terme <strong>et</strong>ont besoin d’un bon sa<strong>la</strong>ire pour bâtir unefamille » 143 .C’est pourquoi le Conseilrecommande aux employeurs :d’investir dans le développement de <strong>la</strong>main-d’œuvre en adoptant une visionde développement à long terme plutôtque d’économie à court terme.5.2.4 Les pratiques de gestionen milieu syndiquéCependant, en milieu syndiqué, <strong>les</strong> pratiquesde gestion des employeurs sont encadrées par<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> déterminées lors de <strong>la</strong> négociationcollective. C<strong>et</strong> encadrement profite aux employéssyndiqués, qui bénéficient de conditions de travailn<strong>et</strong>tement supérieures à ceux qui ne le sont pas.L’accès à <strong>la</strong> protection offerte par une conventioncollective profite donc particulièrement aux employés<strong>atypique</strong>s. Le taux horaire offert aux sa<strong>la</strong>riésrésume <strong>la</strong> situation 144 .Les travailleurs syndiqués gagnent n<strong>et</strong>tementplus que <strong>les</strong> autres mais de plus, l’écart entrepermanents <strong>et</strong> non permanents est beaucoupmoindre qu’avec <strong>les</strong> autres travailleurs. Malgrétout, il arrive dans certains milieux de travailsyndiqués que des employés occasionnels puissentêtre rémunérés à un sa<strong>la</strong>ire inférieur à celuides employés réguliers, pour un même travail,uniquement en raison de leur statut d’emploi.Il arrive également qu’en milieu syndiqué, certainstravailleurs soient partiellement ou totalementexclus de <strong>la</strong> convention collective, en raison deleur seul statut d’emploi. On se r<strong>et</strong>rouve donc avecune convention collective à deux vitesses, unepour <strong>les</strong> employés permanents <strong>et</strong> une pour <strong>les</strong><strong>atypique</strong>s. Le Conseil ne peut que s’objecter àde tel<strong>les</strong> situations.73EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSETableau 15 Sa<strong>la</strong>ire horaire moyen des travailleurspermanents <strong>et</strong> non permanents, Canada, 1995Statut d’emploi Syndiqué Non syndiquéPermanent 18,02 $ 13,42 $Non permanent 17,08 $ 10,16 $Source : Statistique Canada, EHCT 1995, calcul de DRHC..Compi<strong>la</strong>tion : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se.143 OSBERG, Lars, op. cit. p. 182.144 LIPSETT, Brenda <strong>et</strong> Mark REESOR, op. cit., p. 43.


74EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELe Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande aux syndicats :de s’assurer que <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés<strong>atypique</strong>s d’une entreprise puissentêtre couverts par <strong>les</strong> conventionscollectives <strong>et</strong> bénéficier des mêmesconditions de travail que leurscollègues réguliers, ou encore qu’ilssoient compensés financièrementpour <strong>les</strong> avantages sociaux auxquelsils ne pourraient avoir accès.Faible proportion de <strong>jeunes</strong>dans <strong>les</strong> milieux syndiqués...Le taux de syndicalisation, encore re<strong>la</strong>tivementélevé au Québec, c’est à dire à 40,3 % 145 , estnéanmoins beaucoup plus faible <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>travailleurs : seulement 11 % des <strong>jeunes</strong> de 15à 19 ans étaient syndiqués en 1998, 22 % <strong>chez</strong> <strong>les</strong>20 à 24 ans <strong>et</strong> 34 % <strong>chez</strong> ceux de 25 à 29 ans 146 .Certains milieux de travail fortement syndiqués,le secteur public par exemple, seront appelésà se rajeunir considérablement au cours desprochaines années, en raison des départs à <strong>la</strong>r<strong>et</strong>raite. Dans plusieurs cas, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> entrerontpar <strong>la</strong> porte de côté, celle des emplois <strong>atypique</strong>s.Ce phénomène demandera des stratégies d’accueil<strong>et</strong> d’intégration des <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> des travailleurs<strong>atypique</strong>s dans le mouvement syndical.Les syndicats ont été <strong>et</strong> demeurent porteursd’avancées socia<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> travailleurs <strong>et</strong> <strong>les</strong>travailleuses. Ces derniers doivent s’attaquervigoureusement à <strong>la</strong> précarisation des emploisoccupés par <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Ils peuvent, <strong>et</strong> doivent,m<strong>et</strong>tre l’épaule à <strong>la</strong> roue pour combler <strong>les</strong>fossés qui séparent <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés <strong>atypique</strong>s destravailleurs réguliers, de façon à ce que tousleurs membres soient traités équitablement.Par conséquent, le Conseilpermanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande aux syndicats :de développer des stratégies afinde favoriser <strong>la</strong> syndicalisation <strong>et</strong> <strong>la</strong>mobilisation des <strong>jeunes</strong>, notammentceux qui sont temporaires, à tempspartiel <strong>et</strong> entrepreneurs dépendants.Les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s,parties prenantes des négociationsDans <strong>la</strong> même veine, le Conseil permanent de<strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se considère que <strong>les</strong> organisationssyndica<strong>les</strong> doivent faire des efforts particulierspour favoriser <strong>la</strong> participation des <strong>jeunes</strong> à leursinstances. Leurs réalités d’emplois sont souventtrès différentes de cel<strong>les</strong> des travailleurs plusâgés, ou encore des travailleurs permanents. Ilsapparaît primordial que <strong>les</strong> instances syndica<strong>les</strong>,<strong>et</strong> à plus forte raison <strong>les</strong> comités de négociation,puissent compter sur <strong>la</strong> présence de <strong>jeunes</strong>.Les syndicats peuvent,<strong>et</strong> doivent, m<strong>et</strong>tre l’épauleà <strong>la</strong> roue pour combler <strong>les</strong>fossés qui séparent <strong>les</strong>sa<strong>la</strong>riés <strong>atypique</strong>s destravailleurs réguliers.S’ils participent activement au processus denégociation collective, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> seront mieuxp<strong>la</strong>cés pour améliorer leur sort <strong>et</strong> contribuer àdiminuer <strong>la</strong> précarité d’emploi en milieu de travail.C<strong>et</strong>te présence dans <strong>les</strong> instances syndica<strong>les</strong> <strong>et</strong>aux comités de négociation pourrait d’ailleursêtre appuyée par le travail des comités <strong>jeunes</strong>au sein des syndicats. La présence des <strong>jeunes</strong>ne saurait qu’être bénéfique pour alimenter<strong>les</strong> débats dans le mouvement syndical, pouren assurer <strong>la</strong> diversité <strong>et</strong> <strong>la</strong> représentativité.145 Voir chapitre suivant, section 6.2.146 Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active,1998, compi<strong>la</strong>tions spécia<strong>les</strong> dans Branchés sur une mêmesolidarité, colloque sur <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> le syndicalisme,Montréal, Fédération des travailleurs <strong>et</strong> des travailleusesdu Québec, 2000, p. 14.


Dans c<strong>et</strong>te optique, le Conseilpermanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommandedonc aux syndicats :d’assurer <strong>la</strong> présence de <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong>d’employés <strong>atypique</strong>s aux comitésde négociation <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> instancessyndica<strong>les</strong>.Une mobilisation des partenairesdu marché du travail contre <strong>la</strong>précarité d’emploi <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>En conclusion, le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>seenjoint à l’ensemble des acteurs du marché dutravail de s’engager activement à poser desgestes concr<strong>et</strong>s pour réduire <strong>la</strong> précarité del’emploi <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>. Il faudrait, pour cefaire, améliorer <strong>les</strong> conditions de travail dessa<strong>la</strong>riés <strong>atypique</strong>s, mais aussi faciliter l’accèsdes <strong>jeunes</strong> à des postes permanents, réguliers.Les conventions collectives, tout comme l’ensembledes pratiques de gestion, doivent donc faciliterle passage des postes temporaires <strong>et</strong> à tempspartiel à des postes réguliers. Les partenaires dumarché du travail doivent également freiner <strong>la</strong>tendance à l’attrition, soit le non-remp<strong>la</strong>cementdes postes réguliers lors des départs à <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite.Très souvent, <strong>les</strong> postes réguliers ainsi abolis sontremp<strong>la</strong>cés par des postes temporaires, commele <strong>la</strong>issent supposer <strong>les</strong> statistiques sur <strong>les</strong> récentsprogrammes de départs à <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite dans <strong>la</strong>fonction publique 147 .Dans c<strong>et</strong>te optique, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se fait appel aux partenaires dumarché du travail <strong>et</strong> recommande à l’État,aux employeurs <strong>et</strong> aux syndicats :de s’engager activement à réduire<strong>la</strong> précarité de l’emploi <strong>chez</strong> <strong>les</strong><strong>jeunes</strong>, par le biais des négociationscollectives <strong>et</strong> dans l’ensembledes pratiques de gestion.75EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 5 ] Des pratiques de gestion à courte vueCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE147 Gouvernement du Québec, CONSEIL PERMANENT DE LAJEUNESSE, L’accès des <strong>jeunes</strong> à <strong>la</strong> fonction publique.P<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> relève !, avis, Québec, 1999. p. 14


75EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


77De l’ère jurassiqueà l’ère virtuelle...Rem<strong>et</strong>tre à jour <strong>les</strong> lois du travail <strong>et</strong> <strong>les</strong> programmes sociauxLe chapitre précédent a traité des pratiques de gestion qui prévalent ausein des entreprises <strong>et</strong> des incitatifs économiques au travail <strong>atypique</strong>.Or, <strong>les</strong> types de gestion des ressources humaines sont aussi réglementéspar <strong>les</strong> lois sur le travail. Dans ce dernier chapitre, il sera davantage questiondu rôle de légis<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> de régu<strong>la</strong>teur de l’État.EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEDevant <strong>la</strong> montée des nouvel<strong>les</strong> formes d’emploi,qui affecte grandement <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>, <strong>les</strong> lois surle travail ainsi que <strong>les</strong> programmes sociauxapparaissent complètement dépassés. En eff<strong>et</strong>,ils ont été conçus à une époque où l’emploipermanent à temps plein constituait <strong>la</strong> norme.Au Québec, plusieurs lois encadrent <strong>les</strong> conditionsde travail. Les principa<strong>les</strong> lois québécoisessont <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travail (LNT), quifixe des normes minima<strong>les</strong>, <strong>et</strong> le Code du travail,qui régit <strong>la</strong> négociation collective. Par ailleurs,<strong>les</strong> employés du gouvernement fédéral <strong>et</strong> ceuxdes entreprises des secteurs sous sa compétenceexclusive (transports <strong>et</strong> communications, parexemple) relèvent du Code canadien du travail.Ce dernier joue sensiblement le même rôle que<strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion québécoise.Afin de mieux protéger <strong>les</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s,le Conseil proposera des améliorations à <strong>la</strong> Loisur <strong>les</strong> normes du travail, au Code du travail,ainsi qu’aux mécanismes de protection sociale quesont l’assurance-emploi <strong>et</strong> l’assurance parentale.Il sera également question de <strong>la</strong> problématiqueparticulière des travailleurs autonomes, qui nesont pas des sa<strong>la</strong>riés <strong>et</strong> ne peuvent bénéficierde toute <strong>la</strong> protection qu’offrent <strong>les</strong> lois <strong>et</strong> <strong>les</strong>programmes sociaux.6.1 Loi sur <strong>les</strong> normes du travailLa Loi sur <strong>les</strong> normes du travail, adoptée en1979 148 , vise à protéger tous <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés <strong>et</strong> imposeaux employeurs le respect de normes minima<strong>les</strong>.Elle régit entre autres <strong>les</strong> normes re<strong>la</strong>tives ausa<strong>la</strong>ire, à <strong>la</strong> durée du travail, à <strong>la</strong> présence autravail, aux congés fériés <strong>et</strong> aux vacances annuel<strong>les</strong>,ainsi que l’avis de cessation d’emploiou de mise à pied.148 Elle venait alors remp<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> Loi sur le sa<strong>la</strong>ire minimum.


78EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELa loi prévoit également des recours pour <strong>les</strong>sa<strong>la</strong>riés. Ces recours sont de trois ordres : p<strong>la</strong>intespécuniaires (différends re<strong>la</strong>tifs à des questionsmonétaires), pratiques interdites <strong>et</strong> congédiementsans une cause juste <strong>et</strong> suffisante.La Loi sur <strong>les</strong> normes du travail a des eff<strong>et</strong>simportants sur <strong>les</strong> conditions de travail auQuébec, particulièrement lorsqu’il est questiondes <strong>jeunes</strong> travailleurs. Il s’agit en quelque sortede <strong>la</strong> convention collective des non-syndiqués,<strong>et</strong> 52,7 % des sa<strong>la</strong>riés admissib<strong>les</strong> 149 n’ont quec<strong>et</strong>te loi pour encadrer leurs conditions de travail.Son rôle est d’autant plus important pour <strong>les</strong><strong>jeunes</strong> travailleurs que le taux de syndicalisationest plus faible dans c<strong>et</strong>te catégorie d’âge. En 1998,81,4 % des <strong>jeunes</strong> de 15 à 24 ans n’étaient passyndiqués <strong>et</strong> n’avaient que <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normesdu travail pour fixer leurs conditions d’emploi 150 .La LNT comporte cependant des brèches majeureslorsqu’il est question des conditions de travaildes sa<strong>la</strong>riés <strong>atypique</strong>s. Le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se considère qu’elle doit donc fairel’obj<strong>et</strong> d’une réforme en profondeur afin deprotéger de façon juste <strong>et</strong> équitable <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>qui débutent sur le marché du travail. Une telleréforme implique une protection accrue pour<strong>les</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s parmi <strong>les</strong>quels s<strong>et</strong>rouvent de fortes proportions de <strong>jeunes</strong>.En 1998, 81,4 % des<strong>jeunes</strong> de 15 à 24 ans6.1.1 Mieux protéger <strong>les</strong>travailleurs <strong>atypique</strong>sD’entrée de jeu, le Conseil estime que <strong>les</strong> différentsstatuts d’emploi ne devraient pas justifierdes conditions de travail inférieures pour certainssa<strong>la</strong>riés. La Charte québécoise des droits <strong>et</strong> libertésde <strong>la</strong> personne va exactement dans ce sens enstipu<strong>la</strong>nt, à l’article 19, que tout employeur doit,sans discrimination, accorder un traitement ouun sa<strong>la</strong>ire égal aux membres de son personnelqui accomplissent un travail équivalent au mêmeendroit. Toujours dans l’esprit de <strong>la</strong> Charte, <strong>les</strong>conditions de travail ne peuvent différer que si <strong>la</strong>distinction est fondée sur l’ancienn<strong>et</strong>é, <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité<strong>et</strong> l’expérience, dans <strong>la</strong> mesure où ce<strong>la</strong> s’appliqueà tous <strong>les</strong> employés, peu importe leur statut 151 .Or, il arrive qu’un employé temporaire ou encoreun employé à temps partiel doive accepter desconditions de travail moindres que cel<strong>les</strong> accordéesaux permanents, uniquement en raisonde son statut d’emploi.É<strong>la</strong>rgir l’article 41.1aux employés temporairesLa Loi sur <strong>les</strong> normes du travail a été amendéeen 1990 pour corriger une partie du problème.On a alors introduit l’article 41.1 qui interditd’accorder un taux de sa<strong>la</strong>ire inférieur à unsa<strong>la</strong>rié sous prétexte qu’il travaille habituellementmoins d’heures par semaine. C<strong>et</strong>te modificationconstituait, à l’époque, un pas dans <strong>la</strong> bonnedirection afin d’interdire <strong>la</strong> discrimination enfonction du statut d’emploi 152 .n’étaient pas syndiqués<strong>et</strong> n’avaient que <strong>la</strong>Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail pour fixer leursconditions d’emploi.149 La LNT exclut un certain nombre de sa<strong>la</strong>riés, dont <strong>les</strong> cadres, certains employés agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> domestiques.Voir : gouvernement du Québec, COMMISSION DES NORMES DU TRAVAIL, Rapport annuel 1999-2000, Québec,2000, p. 8.150 Voir le site de l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec à l’adresse électronique suivante :(http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/conditions/marche_travail/pop_active/t17.htm )151 Voir l’article 19 de <strong>la</strong> Charte québécoise des droits <strong>et</strong> libertés de <strong>la</strong> personne, cité au chapitre 5 du présent avis.152 BRIÈRE, Jean, « Le Big Bang de l’emploi ou <strong>la</strong> confrontation… », dans <strong>Emploi</strong> précaire <strong>et</strong> non emploi : droitsrecherchés. Actes de <strong>la</strong> 5 e journée en droit social <strong>et</strong> du travail, UQÀM, Cowansville, Éditions Yvon B<strong>la</strong>is, 1994.


Le libellé actuel de l’artic<strong>les</strong>e présente comme suit :Un employeur ne peut accorder à unsa<strong>la</strong>rié un taux de sa<strong>la</strong>ire inférieur àcelui consenti aux autres sa<strong>la</strong>riés quieffectuent <strong>les</strong> mêmes tâches dans lemême établissement, pour le seul motifque ce sa<strong>la</strong>rié travaille habituellementmoins d’heures par semaine.Le premier alinéa ne s’applique pas àun sa<strong>la</strong>rié qui gagne un taux de plusde deux fois le sa<strong>la</strong>ire minimum.1990, c. 73, a. 13 153 .Tel que libellé, c<strong>et</strong> article ne protège que partiellement<strong>les</strong> employés à temps partiel puisqu’ilne couvre pas ceux qui gagnent un sa<strong>la</strong>iredeux fois supérieur au sa<strong>la</strong>ire minimum.De plus, il ne protège pas <strong>les</strong> travailleurs temporairesà temps plein, parmi <strong>les</strong>quels se trouventun bon nombre de <strong>jeunes</strong>. Il n’empêche aucunementde rémunérer un employé temporaire,embauché pour une période déterminée, à unsa<strong>la</strong>ire inférieur à celui applicable aux employéspermanents.Le Conseil considère donc que l’article 41.1,devrait être é<strong>la</strong>rgi <strong>et</strong> traiter également desemployés temporaires, afin d’éviter une disparitéde traitement fondée uniquement sur le statutd’un employé. Actuellement, c<strong>et</strong>te <strong>la</strong>cune del’article perm<strong>et</strong> aux employeurs d’embaucherdes employés temporaires dans le seul but deréduire leurs coûts sa<strong>la</strong>riaux. Si un employéne peut être moins bien rémunéré parce qu’iltravaille généralement moins d’heures parsemaine, il serait tout à fait logique que <strong>la</strong>même protection s’applique à un employétemporaire qui travaille un nombre limité desemaines!Dans <strong>la</strong> même lignée, <strong>les</strong> employés temporairesembauchés par l’entremise d’une agencede p<strong>la</strong>cement devraient également être couvertspar l’article 41.1 de <strong>la</strong> LNT. Il est extrêmementfréquent que c<strong>et</strong>te main-d’œuvre soit moinsbien rémunérée que <strong>les</strong> employés réguliersd’une entreprise. Toujours à titre indicatif, <strong>les</strong>employés temporaires recrutés par l’entremise desagences de p<strong>la</strong>cement gagnaient en moyenne20 % de moins que <strong>les</strong> employés réguliers en1993 154 . Des écarts maximums de 40 % ontmême été observés par le passé 155 . La Loi sur <strong>les</strong>normes du travail doit préciser que <strong>les</strong> employésrecrutés par <strong>les</strong> agences de p<strong>la</strong>cement ont droitau même traitement que <strong>les</strong> autres employésd’une entreprise 156 .Outre c<strong>et</strong> é<strong>la</strong>rgissement pour englober <strong>les</strong>employés temporaires <strong>et</strong> ceux embauchés par <strong>les</strong>agences de p<strong>la</strong>cement, des brèches importantesdoivent être colmatées dans l’article 41.1 afin que<strong>la</strong> protection prenne tout son sens. En premierlieu, le deuxième alinéa de l’article qui exclut <strong>les</strong>personnes gagnant le double du sa<strong>la</strong>ire minimumdevrait être aboli. Dans un souci d’équité <strong>et</strong> dejustice, tous <strong>les</strong> travailleurs, peu importe leur sa<strong>la</strong>ire,devraient être couverts par l’article 41.1.À l’heure actuelle, <strong>la</strong> loi79EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEn’empêche aucunement derémunérer un employétemporaire, embauché pourune période déterminée, àun sa<strong>la</strong>ire inférieur à celuiapplicable aux employéspermanents.153 L.R.Q., chapitre N-1.1, Loi sur <strong>les</strong> normes du travail. On peut consulter <strong>la</strong> loi en ligne, à l’adressesuivante : http://www.cnt.gouv.qc.ca/fr/index.htm154 TAPIN, Jean-Robert, Les agences de p<strong>la</strong>cement temporaires, Québec, Ministère de <strong>la</strong> Main-d’œuvre,de <strong>la</strong> Sécurité du revenu <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Formation professionnelle, 1993, 88 pages.155 Ibid.156 BRIÈRE, Jean, op. cit.


80EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEDe plus, l’article ne perm<strong>et</strong> pas de comparerdifférents établissements au sein d’une mêmeentreprise. Selon le Conseil, l’article devrait donctraiter de <strong>la</strong> notion d’entreprise plutôt que decelle d’établissement. Finalement, au lieu de viser<strong>les</strong> employés qui effectuent essentiellement <strong>les</strong>mêmes tâches, l’article devrait plutôt considérer<strong>les</strong> employés qui effectuent un travail équivalent.La notion de tâche n’est pas définie dans <strong>la</strong> loi.Un employé peut avoir le même titre ou le mêmeposte <strong>et</strong> exécuter des tâches différentes. Un<strong>et</strong>elle modification perm<strong>et</strong>trait une interprétationplus souple de l’article 157 .L’accès aux avantages sociauxpour <strong>les</strong> employés temporaires<strong>et</strong> à temps partielTel que libellé, l’article régit uniquement <strong>les</strong> tauxde sa<strong>la</strong>ire alors qu’il devrait traiter de l’ensembledu sa<strong>la</strong>ire. Il devrait donc être question de sa<strong>la</strong>ireen général plutôt que de taux de sa<strong>la</strong>ire afind’inclure l’ensemble de <strong>la</strong> rémunération, <strong>et</strong> donc<strong>les</strong> avantages sociaux. En eff<strong>et</strong>, même si <strong>les</strong>statistiques présentées au chapitre 2 ont révéléd’importants écarts de revenus moyens entre<strong>les</strong> employés temporaires <strong>et</strong> permanents, <strong>la</strong>question des avantages sociaux est encoreplus cruciale.La disparité sa<strong>la</strong>riale s’explique souvent par lenombre d’heures travaillées <strong>et</strong> par l’expériencedes travailleurs, du moins pour <strong>les</strong> employéstemporaires 158 . Au chapitre précédent, il a parcontre été montré c<strong>la</strong>irement que <strong>les</strong> avantagessociaux sont offerts environ trois fois plussouvent aux employés réguliers qu’aux employés<strong>atypique</strong>s 159 . Le Conseil estime que le moyen leplus efficace d’éliminer ce type de discriminationserait de modifier l’article 41.1, en précisant quele sa<strong>la</strong>ire inclut <strong>les</strong> avantages sociaux ou unecompensation financière, accordée au proratades heures travaillées.Ces différentes améliorations à l’article 41.1,<strong>et</strong> surtout son é<strong>la</strong>rgissement aux employéstemporaires <strong>et</strong> à ceux embauchés par le biaisd’agences de p<strong>la</strong>cement, perm<strong>et</strong>tront d’améliorerconsidérablement <strong>les</strong> conditions de travail dessa<strong>la</strong>riés <strong>atypique</strong>s. L’article 41.1 « version améliorée» constituerait un rempart efficace contre<strong>la</strong> discrimination sa<strong>la</strong>riale basée sur le statutd’emploi. Les sa<strong>la</strong>riés temporaires <strong>et</strong> à temps partielne doivent pas constituer une main-d’œuvrej<strong>et</strong>able <strong>et</strong> à bon marché pour <strong>les</strong> employeurs.Ainsi, dans un souci d’équité <strong>et</strong> ens’inspirant de l’article 19 de <strong>la</strong> Chartequébécoise des droits <strong>et</strong> libertés de <strong>la</strong>personne, le Conseil permanent de <strong>la</strong><strong>jeunes</strong>se recommande au gouvernementdu Québec :de réécrire l’article 41.1 de <strong>la</strong> Loisur <strong>les</strong> normes du travail de <strong>la</strong>façon suivante :« Un employeur ne peut accorderà un sa<strong>la</strong>rié un sa<strong>la</strong>ire inférieur àcelui consenti aux autres sa<strong>la</strong>riés quiaccomplissent un travail équivalentpour <strong>la</strong> même entreprise, pour le motifque ce sa<strong>la</strong>rié travaille habituellementmoins d’heures par semaine, qu’iltravaille sur une base temporaireou occasionnelle, ou encore que l<strong>et</strong>ravail effectué par ce sa<strong>la</strong>rié découled’un contrat conclu avec une agencede p<strong>la</strong>cement temporaire ».que le deuxième alinéa de l’article41.1, stipu<strong>la</strong>nt que <strong>la</strong> première partiede l’article ne s’applique pas à unsa<strong>la</strong>rié qui gagne un taux de plusde deux fois le sa<strong>la</strong>ire minimumsoit éliminé, car sa portée est troprestrictive.157 Ibid.158 GRENON, Lee <strong>et</strong> Barbara CHUN, « L’emploi rémunéré non-permanent »,L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective, vol. 9, nº 3, automne 1997, p. 22-33.159 Ces avantages représentent en moyenne 10 % de <strong>la</strong> rémunération totale. Voir <strong>la</strong> section 5.1 du présent avis.


Le Conseil recommande égalementau gouvernement du Québec :de préciser dans <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong>normes du travail que <strong>les</strong> travailleursà temps partiel <strong>et</strong> temporaires doiventbénéficier des avantages sociauxau prorata des heures travailléesou d’une compensation financièreéquivalente.6.1.2 Les agences de p<strong>la</strong>cement <strong>et</strong> <strong>la</strong>détermination de l’employeur :un cas problèmeToujours au chapitre de <strong>la</strong> protection des travailleurs<strong>atypique</strong>s, <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail apparaît complètement désuète lorsqu’i<strong>les</strong>t question des agences de p<strong>la</strong>cement. Eneff<strong>et</strong>, aucune disposition n’encadre ce moded’embauche dans <strong>la</strong> LNT 160 .Pourtant, le recours aux agences de p<strong>la</strong>cements’est <strong>la</strong>rgement répandu au Canada au coursdes dernières années <strong>et</strong> il affecte beaucoup de<strong>jeunes</strong> qui font leur entrée sur le marché dutravail. Quelque 10 000 personnes avaient étéembauchées par des agences de p<strong>la</strong>cement en1971 alors que ce nombre grimpait à 42 700 en1991, une hausse de 322 % 161 . Il est à noter que<strong>les</strong> agences de p<strong>la</strong>cement sont essentiellementconcentrées en Alberta, en Ontario <strong>et</strong> au Québec 162 .C<strong>et</strong>te forte croissance de l’embauche par l’entremised’agences de p<strong>la</strong>cement préoccupe grandementle Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se. Il devientextrêmement difficile de déterminer l’employeurvéritable lorsqu’une agence recrute <strong>et</strong> rémunèredu personnel qui devra travailler au sein d’uneentreprise qui, elle, régit le travail au quotidien.La LNT a été conçue de façon à encadrer <strong>les</strong>re<strong>la</strong>tions entre <strong>les</strong> employeurs <strong>et</strong> <strong>les</strong> employés.Un flou juridique entoure donc <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tionsentre <strong>les</strong> employés temporaires, <strong>les</strong> entreprises<strong>et</strong> <strong>les</strong> agences de p<strong>la</strong>cement, ce qui est communémentappelé <strong>les</strong> « re<strong>la</strong>tions triangu<strong>la</strong>ires ».Exercer ses droits : un casse-têteC<strong>et</strong>te situation devient un véritable casse-têtelorsqu’un travailleur temporaire embauché par uneagence est victime d’un traitement inéquitable,que ce soit de <strong>la</strong> part de l’agence de p<strong>la</strong>cement oude l’entreprise cliente. La jurisprudence re<strong>la</strong>tiveau Code du travail a tendance à reconnaître plussouvent l’entreprise cliente comme étant l’employeurvéritable. À l’opposé, celle qui a trait à<strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travail reconnaît plutôtl’agence de p<strong>la</strong>cement comme employeur. Parconséquent, il y a donc un problème d’identificationde l’employeur véritable lorsque survient unlitige en milieu de travail.Une solution à ce flou juridique consisterait àpouvoir reconnaître à <strong>la</strong> fois l’agence de p<strong>la</strong>cementde main-d’œuvre temporaire <strong>et</strong> son client(l’entreprise) comme étant des co-employeurs 163 .Il s’agit d’une solution proposée par le juge Lamerde <strong>la</strong> Cour suprême du Canada qui avançait …que<strong>les</strong> lois du travail, conçues pour réglementer<strong>les</strong> situations bipartites nécessitent certainsajustements 164 .81EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEQuelque 10 000 personnesavaient été embauchées160 GRANT, Michel <strong>et</strong> MARCOTTE, Ghys<strong>la</strong>ine, « Les Bureaux de main-d’œuvre (BMO) :une re<strong>la</strong>tion d’emploi précaire », dans Interventions économiques, n o 19, 1988, p. 109.161 SCHELLENBERG, Grant <strong>et</strong> Christopher CLARK, Temporary Employment in Canada: Profi<strong>les</strong>, Patternsand Policy Considerations. Ottawa, Conseil canadien de développement social, 1996, p. 4.162 STATISTIQUE CANADA, Catalogue 62-232 (SIC 7712), cité dans VOSKOVO, Leah F, « Regu<strong>la</strong>tingprécariousness?, The temporary Employment Re<strong>la</strong>tionship Under the NAFTA and the EC Treaty »,Re<strong>la</strong>tions Industriel<strong>les</strong>, vol. 53, n o 1, hiver 1998.163 Voir à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> le résumé du jugement « Pointe-C<strong>la</strong>ire (Ville) c.Québec (Tribunal du travail).Juges Lamer (juge en chef), Laforest, Gonthier <strong>et</strong> Cory; l’Heureux-Dubé (diss.) », dans Jurisprudenceexpress, n o 21, 1997, p.541-543. Selon ce jugement, dans le but de déterminer l’employeur véritabledans le cadre d’une re<strong>la</strong>tion tripartie, <strong>les</strong> tribunaux doivent analyser <strong>les</strong> causes dans une perspectiveglobale. En d’autres termes, ils doivent considérer le fait que l’agence de p<strong>la</strong>cement <strong>et</strong> son clientpartagent des responsabilités d’employeurs.164 Ibid., p. 542.par des agences de p<strong>la</strong>cementen 1971 alors que ce nombregrimpait à 42 700 en 1991,une hausse de 322 % .


82EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEL’identification de l’agence <strong>et</strong> de l’entreprise clientecomme étant des co-employeurs simplifierait<strong>les</strong> recours des employés victimes de pratiquesinterdites, au sens de l’article 122 de <strong>la</strong> LNT 165 .Ce<strong>la</strong> faciliterait donc l’application des dispositionsde <strong>la</strong> loi interdisant à l’employeur de congédier,de suspendre ou de dép<strong>la</strong>cer un sa<strong>la</strong>rié, ou encored’imposer des représail<strong>les</strong> à l’endroit de sesemployés lorsqu’ils exercent un droit prévu dans<strong>la</strong> LNT. Pour l’heure, il est difficile de déterminerqui, de l’agence de p<strong>la</strong>cement ou de l’entreprisecliente, doit être tenue responsable de l’applicationde <strong>la</strong> LNT.Dans <strong>les</strong> cas où l’agence de p<strong>la</strong>cement <strong>et</strong> l’entreprisecliente seraient co-employeurs, le servicecontinu devrait pouvoir être cumulé auprès del’agence. Ce<strong>la</strong> perm<strong>et</strong>trait de combiner <strong>les</strong>différentes expériences de travail dans plusieursentreprises clientes. Ainsi, lorsque des cas decongédiement sans une cause juste <strong>et</strong> suffisantesurviendraient, ce<strong>la</strong> perm<strong>et</strong>trait à plusieurs employésd’avoir accumulé suffisamment de servicecontinu pour se prévaloir de ce recours 166 .Ainsi, afin de faciliter <strong>les</strong> recoursdes employés temporaires embauchéspar des agences de p<strong>la</strong>cement en casde non-respect de <strong>la</strong> LNT, le Conseilpermanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande :que <strong>les</strong> agences de p<strong>la</strong>cement <strong>et</strong> leursentreprises clientes soient considéréescomme des co-employeurs au sens de<strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travail.Des agences qui incitentà <strong>la</strong> précarisation de l’emploiPar ailleurs, certaines agences de p<strong>la</strong>cement demain-d’œuvre temporaire contribuent grandementà précariser l’emploi, en recourant à despratiques fort douteuses. En eff<strong>et</strong>, plusieursd’entre el<strong>les</strong> exigent des frais supplémentaireslorsque l’entreprise cliente embauche sur unebase régulière ou permanente un employérecruté par l’agence, <strong>et</strong> ce, 12 à 18 mois après<strong>la</strong> fin du contrat.Le rapport Tapin, portant sur <strong>les</strong> agences dep<strong>la</strong>cement temporaire, dénonçait vivement c<strong>et</strong>tepratique. Les pénalités financières imposéespar <strong>les</strong> agences de p<strong>la</strong>cement aux entreprisesclientes pour contrer c<strong>et</strong>te conversion de postestemporaires en postes permanents, constituentune discrimination f<strong>la</strong>grante pour plusieurstravailleurs en <strong>les</strong> confinant dans <strong>les</strong> emploisprécaires, sans véritable chance de se trouverun emploi régulier 167 .Ces c<strong>la</strong>uses, qui se r<strong>et</strong>rouvent fréquemmentdans <strong>les</strong> contrats d’affaires entre <strong>les</strong> agences<strong>et</strong> <strong>les</strong> entreprises clientes, ne sont ni plus nimoins qu’une incitation à <strong>la</strong> précarisation del’emploi.Le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>seconsidère que cel<strong>les</strong>-ci doivent êtreabolies <strong>et</strong> recommande :que <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travailinterdise explicitement aux agencesde p<strong>la</strong>cement d’imposer des pénalitésfinancières lors de <strong>la</strong> conversion d’unposte temporaire en poste permanent.165 L’article 122 précise <strong>les</strong> circonstances où il est interdit pour un employeur de congédier un employé(recours à l’encontre d’une pratique interdite). Voir : L.R.Q., chapitre N-1.1, Loi sur <strong>les</strong> normes du travail.166 L’article 124 fixe <strong>les</strong> paramètres pour effectuer une p<strong>la</strong>inte pour congédiement fait sans une cause juste<strong>et</strong> suffisante. Voir : L.R.Q., chapitre N-1.1, Loi sur <strong>les</strong> normes du travail.167 TAPIN, Jean-Robert, op. cit., p.57.


6.1.3 La répartition du temps de travail<strong>et</strong> <strong>les</strong> heures supplémentairesLes dispositions de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail qui encadrent le temps de travail ont uneincidence sur l’organisation du travail <strong>et</strong> donc sur<strong>les</strong> différents statuts d’emploi. Actuellement, <strong>les</strong>lois sur le travail peuvent avoir pour eff<strong>et</strong> d’encouragerle recours aux heures supplémentairesplutôt que l’embauche de personnel régulier. Alorsque certains travaillent un nombre abusif d’heures,d’autres doivent se contenter d’emplois à tempspartiel qui <strong>les</strong> maintiennent dans <strong>la</strong> précarité.Il a été montré au chapitre 5 que l’on assistaità une séparation de plus en plus marquée desheures de travail entre deux groupes distincts, <strong>les</strong>travailleurs à temps partiel <strong>et</strong> ceux qui travaillentde longues semaines. Certains aménagementsà <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travail pourraientdécourager le recours aux heures supplémentaires<strong>et</strong> mieux dédommager <strong>les</strong> employés qui eneffectuent. De tel<strong>les</strong> dispositions auraient pourconséquence, par exemple, de transformer despostes à temps partiel en postes à temps plein,ce qui n’est pas sans intérêt dans le cadre dec<strong>et</strong> avis sur le travail <strong>atypique</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> précarité<strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>.La semaine de travailDe 1997 à 2000, <strong>la</strong> semaine normale de travailfixée par <strong>la</strong> LNT est passée de 44 à 40 heures. Ils’agissait là d’une mesure résultant du consensusdu Somm<strong>et</strong> de l’économie <strong>et</strong> de l’emploi.Lorsqu’un sa<strong>la</strong>rié effectue des heures supplémentaires,c’est-à-dire lorsqu’il travaille plus de40 heures dans une même semaine, son sa<strong>la</strong>irehoraire régulier est majoré de 50 %, c’est ce qu’onappelle communément « être payé à temps <strong>et</strong>demi ».La loi perm<strong>et</strong> également d’échanger le paiementdes heures supplémentaires contre un congééquivalent au total des heures travaillées avecmajoration. Chaque heure supplémentaire donnedroit à une heure <strong>et</strong> demie de congé. Il s’agit, auxyeux du Conseil, d’une disposition intéressante.Ce<strong>la</strong> peut favoriser l’embauche de <strong>jeunes</strong>, notammentd’étudiants, l’été, lorsque <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés réguliersreprennent en congé <strong>les</strong> heures supplémentairesaccumulées.D’autres provinces ont cependant adopté des formu<strong>les</strong>plus généreuses de compensation des heuressupplémentaires. Par exemple, en Colombie-Britannique, l’employeur doit majorer le tauxhoraire de 50 % (temps <strong>et</strong> demi) au-dessus de40 heures par semaine <strong>et</strong> de 100 % au-dessusde 48 heures (temps double) 168 .Le Conseil estime que le gouvernement duQuébec devrait s’inspirer de <strong>la</strong> Colombie-Britannique <strong>et</strong> bonifier <strong>la</strong> LNT en ce sens afinde favoriser le partage du temps de travail <strong>et</strong> <strong>la</strong>conciliation des responsabilités familia<strong>les</strong> <strong>et</strong>professionnel<strong>les</strong>. De tel<strong>les</strong> dispositions aurontcertainement pour eff<strong>et</strong> de limiter le recours auxheures supplémentaires, créant ainsi des postesà temps plein <strong>et</strong> améliorant <strong>les</strong> conditions devie des travailleurs.83EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEAlors que certains travaillentun nombre abusif d’heures,d’autres doivent se contenterd’emplois à temps partiel qui <strong>les</strong>maintiennent dans <strong>la</strong> précarité.168 Colombie-Britannique : Voir RSBC 1996, Chapter 113, Employment Standards Act,dans Intern<strong>et</strong> : http://www.qp.gov.bc.ca/bcstat/96113_01.htm


84EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEEn conséquence, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :de modifier <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normesdu travail afin que <strong>les</strong> heuressupplémentaires soient majoréesde 50 %, jusqu’à concurrence de48 heures par semaine, <strong>et</strong> de 100 %au-delà de c<strong>et</strong>te limite. Cesmajorations s’appliqueraientaussi lorsque le paiement seraitremp<strong>la</strong>cé par un congé équivalent.Échelonnement des heures de travailCes majorations peuvent cependant être contournéessi un employeur échelonne <strong>la</strong> semaine d<strong>et</strong>ravail de ses employés sur une base autrequ’hebdomadaire. En d’autres termes, un employeurpeut étaler <strong>les</strong> heures supplémentairessur plusieurs semaines sans payer de majoration,dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> moyenne s’établit à 40 heuresde travail. Pour se prévaloir de c<strong>et</strong>te disposition,l’employeur doit obtenir l’autorisation de <strong>la</strong>Commission des normes du travail 169 .Comme le mentionne une étude menée parDéveloppement des ressources humainesCanada, c<strong>et</strong>te disposition est particulièrementutile aux employeurs, car elle leur perm<strong>et</strong> deréduire le coût des primes re<strong>la</strong>tives aux heuressupplémentaires 170 . Elle a aussi pour conséquencedirecte de diminuerUn employé à temps partielle nombre d’heures majorées.qui travaille habituellement De plus, une telle mesure peutsept heures par jour peut entraîner une instabilité desheures de travail qui pourraitnuire à <strong>la</strong> qualité de vi<strong>et</strong>ravailler trois journées d<strong>et</strong>reize heures <strong>et</strong> ne toucher des employés <strong>et</strong> compliquer<strong>la</strong> conciliation entre le travail<strong>et</strong> <strong>la</strong> vie familiale.aucune compensationsupplémentaire.Le Conseil cherche à limiter <strong>les</strong> abus desemployeurs tout en perm<strong>et</strong>tant une certainesoup<strong>les</strong>se dans l’application de <strong>la</strong> loi. Celle-cidevrait <strong>la</strong>isser une <strong>la</strong>titude suffisante auxemployeurs <strong>et</strong> aux sa<strong>la</strong>riés qui conviennentd’une semaine de travail comprimée ou de toutautre arrangement du temps de travail, dans <strong>la</strong>mesure où de tel<strong>les</strong> mesures résultent d’unconsentement mutuel 171 .En conséquence, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :de modifier l’article 53 de <strong>la</strong> Loisur <strong>les</strong> normes du travail, qui traitede l’étalement des heures, afinque tout calcul sur une base autrequ’hebdomadaire ne soit permispar <strong>la</strong> Commission des normes dutravail que lorsqu’une conventioncollective le prévoit ou qu’unemployé y consent explicitement.La journée de travailLa légis<strong>la</strong>tion québécoise actuelle ne fixe pas dejournée normale de travail ou encore de journéemaximale de travail. Ainsi, un sa<strong>la</strong>rié à tempspartiel peut difficilement avoir accès à desprimes re<strong>la</strong>tives à des heures supplémentaires.Par exemple, un employé à temps partiel quitravaille habituellement sept heures par jourpeut travailler trois journées de treize heures <strong>et</strong>ne toucher aucune compensation supplémentaire172 .169 L.R.Q., chapitre N-1.1, Loi sur <strong>les</strong> normes du travail, article 53.170 Canada, DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES, La durée du travail <strong>et</strong> <strong>les</strong> taux applicab<strong>les</strong> aux heures supplémentaires,dans Intern<strong>et</strong> : http://www.<strong>la</strong>bour-travail.hrdc-drhc.gc.ca/policy/leg/f/index.html.171 On peut penser bien sûr à des c<strong>la</strong>uses de conventions collectives, mais aussi à un accord explicite entre employeur <strong>et</strong> employé.Dans ce cas, afin de s’assurer du réel consentement de chacun, il serait nécessaire d’inscrire dans <strong>la</strong> loi qu’un employé peut refuserun tel arrangement. De c<strong>et</strong>te façon, le congédiement d’un employé ayant refusé un arrangement de ce genre deviendrait une pratiqueinterdite en vertu de <strong>la</strong> LNT, article 122, alinéa 1.172 PAQUET, Esther, Une réforme en profondeur : c’est l’heure!, avis sur <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travail,Montréal, Au bas de l’échelle, 2000, 64p.


Plusieurs provinces ont fait le choix de limiter<strong>la</strong> journée normale de travail à huit heures. C’estle cas de l’Alberta, de <strong>la</strong> Colombie-Britannique,de l’Ontario ainsi que de <strong>la</strong> Saskatchewan 173 .L’Alberta <strong>et</strong> <strong>la</strong> Colombie-Britannique ont égalementopté pour une journée maximale de travail 174(au-delà de <strong>la</strong>quelle même <strong>les</strong> heures supplémentairessont interdites). Du coté du gouvernementfédéral, le Code canadien du travail précise que<strong>la</strong> durée normale du travail est de 8 heures parjour 175 .Le Québec ainsi que <strong>les</strong> provinces maritimes nefixent aucune journée normale de travail. La Loisur <strong>les</strong> normes du travail <strong>la</strong>isse <strong>la</strong> possibilitéaux employeurs d’exiger de leurs employés àtemps partiel, un nombre élevé d’heures supplémentaires,<strong>et</strong> ce, sans majorer leur sa<strong>la</strong>ire.Le Conseil considère important que le gouvernementdu Québec établisse une journée normalede huit heures de travail au même titre que legouvernement fédéral <strong>et</strong> que quatre autres gouvernementsprovinciaux. Une telle dispositionperm<strong>et</strong>trait aux sa<strong>la</strong>riés d’avoir droit à untraitement supplémentaire lorsqu’ils effectuentde longues journées de travail. Les employés àtemps partiel pourraient ainsi, dans certainscas, avoir droit à des heures supplémentaires.En conséquence, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :de fixer, dans <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong>normes du travail, <strong>la</strong> journéenormale de travail à huit heures, cequi perm<strong>et</strong>trait à tous <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés,y compris <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés <strong>atypique</strong>s,d’avoir accès à <strong>la</strong> prime pour <strong>les</strong>heures supplémentaires, sauf dans<strong>les</strong> cas négociés ou lorsqu’unemployé y consent explicitement;de modifier <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail afin d’y ajouter une journéemaximale de travail de douze heures.Le droit de refuser<strong>les</strong> heures supplémentairesÀ l’heure actuelle, un sa<strong>la</strong>rié peut refuserd’effectuer des heures supplémentaires uniquementpour des motifs reliés à <strong>la</strong> garde, à <strong>la</strong> santéou à l’éducation de son enfant mineur, dans<strong>la</strong> mesure où celui-ci a pris tous <strong>les</strong> moyensraisonnab<strong>les</strong> à sa disposition pour assumerautrement ces obligations 176 . Les sa<strong>la</strong>riés sontdonc, en règle générale, contraints d’accepter defaire le travail demandé par l’employeur. Ilspeuvent d’ailleurs être congédiés en cas derefus, sans qu’il n’y ait de recours possible.Certaines provinces canadiennes ont opté pourdes dispositions plus soup<strong>les</strong> en <strong>la</strong> matière. Parexemple, en Saskatchewan, un sa<strong>la</strong>rié peut refuserd’effectuer des heures supplémentaires après44 heures de travail dans une semaine 177 .85EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE173 Voir en bibliographie <strong>les</strong> Lois officiel<strong>les</strong> de chacun des gouvernements.174 Colombie-Britannique, voir: RSBC 1996, Chapter 113, Employment Standards Act, dans Intern<strong>et</strong> :http://www.qp.gov.bc.ca/bcstat/96113_01.htmManitoba, voir : L.M. 1998, c. 29, - Chap. E110. Code des normes d’emploi du Manitoba.175 L.R.C. (1985), chapitre, L-2, Code canadien du travail, partie III, article 169.176 L.R.Q., chapitre N-1.1, Loi sur <strong>les</strong> normes du travail, article 122, alinéa 6.177 Voir à l’adresse électronique suivante : http://www.<strong>la</strong>bour.gov.sk.ca/standards/guide/schedu<strong>les</strong>.htm


86EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELe Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se estimequ’un sa<strong>la</strong>rié devrait avoir un droit de refus,passé un certain nombre d’heures, <strong>et</strong> ce, sansavoir à fournir de motif. L’article 122 de <strong>la</strong>LNT devrait être amendé en ce sens.C<strong>et</strong>te mesure aiderait à freiner <strong>les</strong> abus potentielsde certains employeurs <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>trait unemeilleure répartition des heures de travailentre <strong>les</strong> travailleurs. Ce<strong>la</strong> pourrait d’ailleursavoir un impact positif sur <strong>la</strong> répartition desheures de travail entre <strong>les</strong> employés, freinantainsi <strong>la</strong> po<strong>la</strong>risation des heures de travail entre<strong>les</strong> employés à temps partiel <strong>et</strong> ceux qui travaillentplus de 40 heures par semaine.En conséquence, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :de modifier <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normesdu travail afin que <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés aient ledroit de refuser d’effectuer des heuressupplémentaires au-delà de 44 heuresde travail dans une semaine, ou dixheures dans une journée.La stabilité des heures de travailToujours au chapitre de <strong>la</strong> répartition du tempsde travail, il arrive que, pour diverses raisons, unemployeur décide de modifier le nombre d’heuresde travail d’un employé, transformant mêmeun poste à temps plein en un poste à tempspartiel. Ce<strong>la</strong> n’est pas sans conséquence pourl’employé en question qui risque de voir sonemploi devenir de plus en plus précaire. D<strong>et</strong>el<strong>les</strong> situations engendrent une instabilité desrevenus <strong>et</strong> rendent particulièrement difficile <strong>la</strong>p<strong>la</strong>nification financière. Les choses peuvent secompliquer davantage lorsqu’un sa<strong>la</strong>rié cumuleplusieurs emplois. Ces situations affectent particulièrement<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>, souvent <strong>les</strong> derniersentrés dans une entreprise.Actuellement, <strong>la</strong> LNT perm<strong>et</strong> à un employeur demodifier uni<strong>la</strong>téralement <strong>les</strong> heures de travaildes employés 178 . Ainsi un employé à tempsplein peut devenir un employé à temps partiel,<strong>et</strong> ce, sans préavis. Dans certains cas, ce<strong>la</strong>équivaut en pratique à une mise à pied.C’est pourquoi le Conseil juge que l’employeurdevrait être tenu d’aviser par écrit un employéavant de diminuer ses heures de travail. LaLNT devrait donc prévoir un avis de naturesemb<strong>la</strong>ble à celui prévu dans le cas de cessationd’emploi ou de mise à pied 179 . Ce dé<strong>la</strong>i ne règlepas le problème du jeune sa<strong>la</strong>rié aux prisesavec une diminution de ses heures de travail,mais il perm<strong>et</strong> d’anticiper quelque peu <strong>les</strong>eff<strong>et</strong>s d’une telle diminution des revenus.En conséquence, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :d’amender <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail afin que <strong>les</strong> employeurs soienttenus de donner un avis écrit à unsa<strong>la</strong>rié avant de diminuer ses heuresde travail. Le dé<strong>la</strong>i requis pour c<strong>et</strong> avisserait semb<strong>la</strong>ble à ce qui prévaut encas de mise à pied. Dans l’éventualitéoù un employeur ne respecterait cepréavis, il devrait verser au sa<strong>la</strong>rié <strong>la</strong>rémunération à <strong>la</strong>quelle il aurait eudroit pour <strong>la</strong> même période.178 BRIÈRE, Jean, op. cit.179 L’article 82 prévoit <strong>les</strong> dé<strong>la</strong>is suivants pour un avis de cessation d’emploi, selon le nombre d’années de service continu :1 an <strong>et</strong> moins = une semaine; 1 à 5 ans = 2 semaines; 5 à 10 ans = 4 semaines; 10 ans <strong>et</strong> plus = 8 semaines.


6.1.4 Le travail autonome <strong>et</strong> <strong>la</strong> Loisur <strong>les</strong> normes du travailTel qu’il a été expliqué au chapitre précédent,plusieurs entreprises ont recours aux servicesde travailleurs autonomes pour diminuer leurscoûts de main-d’œuvre <strong>et</strong> échapper, entre autres,aux différentes charges socia<strong>les</strong>. Ce faisant, el<strong>les</strong>se soustraient également à l’application de <strong>la</strong>LNT, puisque c<strong>et</strong>te dernière régit <strong>les</strong> contratsde travail <strong>et</strong> non <strong>les</strong> contrats d’entreprise oucontrats de service des travailleurs autonomes,qui eux sont régis par <strong>les</strong> dispositions du Codecivil du Québec 180 . Ces pratiques frôlent mêmeparfois l’évasion fiscale.La Loi sur <strong>les</strong> normes du travail peut cependants’appliquer si le statut du travailleur autonomecorrespond, dans <strong>les</strong> faits, au statut de sa<strong>la</strong>rié :on parle alors d’un entrepreneur dépendant 181 .Ce statut, communément appelé « faux travailleurautonome », n’est malheureusement pas définic<strong>la</strong>irement dans <strong>la</strong> LNT <strong>et</strong> mériterait de l’êtrepour faciliter <strong>les</strong> recours. La LNT pourrait comprendreune définition c<strong>la</strong>ire de l’entrepreneurdépendant qui s’apparenterait à celle proposéedans le proj<strong>et</strong> de réforme du Code du travail 182 .Une telle définition perm<strong>et</strong>trait de déterminer plusfacilement <strong>les</strong> travailleurs autonomes qui doiventêtre couverts par <strong>la</strong> loi, soit <strong>les</strong> entrepreneursdépendants.Pour échapper aux conventions collectives <strong>et</strong> àcertaines cotisations socia<strong>les</strong>, il arrive que desentreprises forcent des travailleurs à devenirautonomes. Le plus souvent, ils deviennent alorsde faux travailleurs autonomes, puisqu’ils continuentd’accomplir sensiblement <strong>les</strong> mêmestâches que lorsqu’ils étaient sa<strong>la</strong>riés. Une tellepratique n’est pas actuellement interdite par <strong>la</strong>LNT. Ainsi, un employeur peut, à l’heureactuelle, congédier un employé ou lui imposerdes sanctions disciplinaires uniquement parcequ’il refuse de devenir travailleur autonome.Devenir un travailleur autonome doit être unedécision volontaire de <strong>la</strong> part d’un employé.Le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>seestime qu’une telle pratique doitêtre c<strong>la</strong>irement interdite par <strong>la</strong> loi <strong>et</strong>recommande au gouvernement du Québec :de modifier <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normesdu travail en ajoutant un alinéa àl’article 122 selon lequel il est interditde congédier ou d’appliquer dessanctions disciplinaires à l’endroitd’un « sa<strong>la</strong>rié » qui refuse de devenirun « entrepreneur dépendant »87EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE180 BRIÈRE, Jean-Yves, op. cit.181 Voir L.R.Q., chapitre N-1.1, Loi sur <strong>les</strong> normes du travail, définitions, alinéa 10 : « sa<strong>la</strong>rié » : une personne qui travaille pour un employeur<strong>et</strong> qui a droit à un sa<strong>la</strong>ire; ce mot comprend en outre le travailleur partie à un contrat en vertu duquel :i) il s’oblige envers une personne à exécuter un travail déterminé dans le cadre <strong>et</strong> selon <strong>les</strong> méthodes <strong>et</strong> <strong>les</strong> moyens que c<strong>et</strong>te personnedétermine;ii ) il s’oblige à fournir, pour l’appropriation du contrat, le matériel, l’équipement, <strong>les</strong> matières premières ou <strong>la</strong> marchandise choisis parc<strong>et</strong>te personne, <strong>et</strong> à <strong>les</strong> utiliser de <strong>la</strong> façon qu’elle <strong>les</strong> indique;iii) il conserve à titre de rémunération, le montant qui lui reste de <strong>la</strong> somme reçue conformément au contrat, après déduction des fraisd’exécution de ce contrat.182 Voir : Proj<strong>et</strong> de loi 182. Loi modifiant le Code du travail, instituant <strong>la</strong> Commission des re<strong>la</strong>tions de travail <strong>et</strong> modifiant d’autres dispositionslégis<strong>la</strong>tives, Québec, Éditeur officiel du Québec, 2000, p. 4. Article 1, alinéa 4. Disponible dans Intern<strong>et</strong> à l’adresse :http://www.assnat.qc.ca/fra/Publications/proj<strong>et</strong>s-loi/publics/00-f182.htm. « "entrepreneur ou prestataire de services dépendants" –une personne qui réalise un ouvrage matériel ou intellectuel pour une autre personne ou lui fournit un service dans un cadre <strong>et</strong> selon <strong>les</strong>méthodes <strong>et</strong> <strong>les</strong> moyens que c<strong>et</strong>te autre personne détermine <strong>et</strong> qui, de l’avis de <strong>la</strong> Commission :1º sont assimi<strong>la</strong>b<strong>les</strong> à ceux qui, en matière de direction <strong>et</strong> de contrôle, sont généralement applicab<strong>les</strong> à un sa<strong>la</strong>rié;2º sont tels qu’elle est p<strong>la</strong>cée dans un état de dépendance économique envers c<strong>et</strong>te autre personne. »


88EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEDe plus, afin de faciliter l’applicationde c<strong>et</strong>te nouvelle disposition <strong>et</strong> de mieuxdéfinir <strong>les</strong> travailleurs couverts par <strong>la</strong>LNT, le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande également :que <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travailcomprenne une définition c<strong>la</strong>ire de<strong>la</strong> notion d’entrepreneur dépendant,ceux-ci étant considérés comme dessa<strong>la</strong>riés.Toujours pour faciliter le traitement des p<strong>la</strong>intes,notamment des recours pour modifier le liend’emploi, <strong>la</strong> LNT devrait confier le fardeau de <strong>la</strong>preuve à l’employeur. Ainsi, le p<strong>la</strong>ignant devraitêtre présumé sa<strong>la</strong>rié jusqu’à ce que l’employeurprouve le contraire.Il semble que dans <strong>la</strong> pratique, <strong>la</strong> Commissiondes normes du travail analyse toutes <strong>les</strong> p<strong>la</strong>intesdéposées comme si el<strong>les</strong> provenaient de sa<strong>la</strong>riés 183 .Cependant, à l’instar du Conseil du statut de <strong>la</strong>femme, le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>seconsidère que c<strong>et</strong>te présomption devrait êtreintroduite plus directement dans <strong>la</strong> loi. Ainsi,une personne qui porte p<strong>la</strong>inte en vertu de <strong>la</strong>LNT devrait être présumée sa<strong>la</strong>riée, à moinsque l’employeur ne prouve le contraire.En conséquence, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :de mentionner dans <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong>normes du travail que l’individuqui porte p<strong>la</strong>inte à <strong>la</strong> Commissiondes normes du travail, est présumé« sa<strong>la</strong>rié ». De plus, lorsque ce statutfait l’obj<strong>et</strong> de contestations, que lefardeau de <strong>la</strong> preuve soit de <strong>la</strong>responsabilité de l’employeur.6.1.5 Protection contre <strong>les</strong>congédiements sans unecause juste <strong>et</strong> suffisanteLes <strong>jeunes</strong> sont particulièrement touchés par l<strong>et</strong>ravail temporaire; nombre d’entre eux transitentd’un emploi à un autre au gré des contrats d<strong>et</strong>ravail, comme en font foi <strong>les</strong> statistiques présentéesau chapitre 2. Ainsi, <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> necumulent généralement pas de longues périodesde service continu auprès d’un même employeur,ne serait-ce qu’en raison de leur entrée récentesur le marché du travail. Ce peu d’expérienceacquise auprès d’un même employeur <strong>les</strong> rendparticulièrement vulnérab<strong>les</strong> à des congédiementsarbitraires.Un sa<strong>la</strong>rié ne peutporter p<strong>la</strong>inte contreun congédiement sansune cause juste <strong>et</strong>suffisante avant d’avoircumulé trois années deEn eff<strong>et</strong>, un sa<strong>la</strong>rié ne peut porter p<strong>la</strong>inte contreun congédiement sans une cause juste <strong>et</strong> suffisanteavant d’avoir cumulé trois années deservice continu dans <strong>la</strong> même entreprise,comme le prévoit l’article 124 de <strong>la</strong> LNT. Untel dé<strong>la</strong>i prive bon nombre de <strong>jeunes</strong> derecours contre des congédiements abusifs. I<strong>les</strong>t d’ailleurs important de noter que le Codecanadien du travail prévoit, quant à lui, undé<strong>la</strong>i de seulement un an pour qu’un sa<strong>la</strong>riépuisse être protégé contre de tels congédiements184 .service continu dans <strong>la</strong>même entreprise.183 Gouvernement du Québec. CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME,<strong>Emploi</strong> <strong>atypique</strong> cherche normes équitab<strong>les</strong>, avis, Québec, 2000.184 L.R.C. (1985), chapitre L-2, Code canadien du travail, partie III, section XIV, 242 (3.1).


De façon générale, <strong>les</strong> autres recours prévusdans <strong>la</strong> LNT, en cas de pratique interdite ou denon-paiement du sa<strong>la</strong>ire dû (p<strong>la</strong>intes denature pécuniaire), peuvent être entrepris dèsl’embauche 185 . C’est par exemple le cas pour unsa<strong>la</strong>rié congédié après avoir refusé de travailleren raison d’obligations familia<strong>les</strong> pressantes, oucelui d’une jeune femme remerciée parce qu’elleétait enceinte. Ces deux cas sont interdits envertu de l’article 122 de <strong>la</strong> LNT.Les <strong>jeunes</strong> particulièrement vulnérab<strong>les</strong>aux congédiements abusifsSelon une étude de Statistique Canada, 50 %des employés non syndiqués avaient moins d<strong>et</strong>rois ans de service continu en mars 1999 186 , cequi <strong>les</strong> empêchait d’avoir droit à une protectioncontre un congédiement sans une cause juste<strong>et</strong> suffisante. Le graphique suivant illustre <strong>la</strong>progression du nombre de p<strong>la</strong>intes pour <strong>les</strong> 15à 29 ans au cours des dernières années.À <strong>la</strong> lecture du graphique, on constate que lenombre de p<strong>la</strong>intes de <strong>la</strong> part des 15 à 29 ans aplus que triplé entre 1990 <strong>et</strong> 1992. C<strong>et</strong>te importanteaugmentation peut, entre autres, s’expliquerpar une modification à <strong>la</strong> LNT survenue en 1990.En eff<strong>et</strong>, le nombre d’années de service continurequis pour se prévaloir du recours contre uncongédiement sans une cause juste <strong>et</strong> suffisante estpassé de cinq ans à trois ans. L’augmentationdu nombre de p<strong>la</strong>intes indique que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>sont mieux protégés lorsque l’on abaisse lenombre d’années de service continu requispour porter p<strong>la</strong>inte.Or, entre 1992 <strong>et</strong> 1999, on remarque une diminutiongraduelle du nombre de p<strong>la</strong>intes. Outre<strong>les</strong> variations économiques <strong>et</strong> démographiques,on peut supposer que c<strong>et</strong>te diminution estattribuable en partie aux changements decomportement de <strong>la</strong> part des employeurs. À <strong>la</strong>suite de <strong>la</strong> modification légis<strong>la</strong>tive de 1990, ilsont vraisemb<strong>la</strong>blement pris soin de mieuxévaluer <strong>la</strong> situation avant de congédier unemployé qui compte trois ans de service.89EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEGraphique 7 P<strong>la</strong>intes pour congédiementssans une cause juste <strong>et</strong> suffisante647584700600404501483447411500400300217 213 2072001988-19891989-19901990-19911991-19921992-19931993-19941996-19971997-19981998-1999■ Nombre de p<strong>la</strong>intes des 15-29 ansSource : Commission des normes du travail.Les années 1994-1995 <strong>et</strong> 1995-1996 ne sont pas disponib<strong>les</strong>.1999-20001000185 Sauf dans le cas d’une absence pour cause de ma<strong>la</strong>die, le sa<strong>la</strong>rié doit justifier trois mois de service continu, LNT art 122.2186 Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active cité dans : PAQUET, Esther, Une réforme en profondeur c’est l’heure !avis sur <strong>les</strong> normes du travail, Montréal, Au bas de l’échelle, 2000, p. 19.


90EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEÀ <strong>la</strong> lumière de ces statistiques, le Conseil considèreque le gouvernement devrait réduire d<strong>et</strong>rois à un an le dé<strong>la</strong>i requis pour pouvoir porterp<strong>la</strong>inte contre un congédiement sans une causejuste <strong>et</strong> suffisante. En plus d’harmoniser <strong>la</strong>légis<strong>la</strong>tion québécoise avec le Code canadien dutravail, une telle mesure réduirait probablementle nombre de congédiements abusifs dont peuventêtre victimes <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> protégerait mieuxceux qui subissent effectivement un tel traitement.C<strong>et</strong>te mesure ne contreviendrait pas audroit légitime d’un employeur de congédier unemployé, en tout temps, lorsque des raisonsdisciplinaires ou économiques le justifient.Par conséquent, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :d’amender l’article 124 de <strong>la</strong>Loi sur <strong>les</strong> normes du travail pourramener de trois à un an le dé<strong>la</strong>irequis pour avoir droit à un recourscontre un congédiement sans unecause juste <strong>et</strong> suffisante, tel quele prévoit déjà le Code canadiendu travail.Les deux tiers destravailleurs rémunérés6.1.6 Pour un sa<strong>la</strong>ire minimumjuste <strong>et</strong> équitableSa<strong>la</strong>ire minimum rime nécessairement avec emploides <strong>jeunes</strong>. Les deux tiers des travailleurs rémunérésau sa<strong>la</strong>ire minimum étaient âgés demoins de 30 ans en 2000 (66,2 %) <strong>et</strong> 38,7 %avaient moins de 20 ans 187 . De plus, 62 %d'entre eux travail<strong>la</strong>ient à temps partiel 188 . Lesa<strong>la</strong>ire minimum est donc une caractéristiquede l’emploi des <strong>jeunes</strong> en particulier, <strong>et</strong> toutspécialement de ceux qui sont embauchés àtemps partiel.Auparavant considéré comme un passage obligépour l’étudiant qui travaille à temps partiel, l’emploiau sa<strong>la</strong>ire minimum (ou à très faible sa<strong>la</strong>irehoraire) perdure maintenant durant plusieursannées pour beaucoup de <strong>jeunes</strong> dont <strong>la</strong> périoded’insertion professionnelle s’allonge. Certainsd’entre eux sont aux prises avec des responsabilitésfamilia<strong>les</strong> <strong>et</strong> doivent se contenter d’emploisprécaires sous-rémunérés pour joindre <strong>les</strong> deuxbouts.Alors que le seuil de faible revenu de StatistiqueCanada pour une personne seule vivantdans une ville de 500 000 habitants <strong>et</strong> plus estétabli, en 2001, à 17 409 $ 189 , une personne quitravaille à temps plein au sa<strong>la</strong>ire minimumobtient un revenu annuel de 14 560 $ seulement 190 .Les heures supplémentaires ou le cumul deplusieurs emplois deviennent le seul moyen pources <strong>jeunes</strong> d’atteindre le seuil de faible revenu.Le travail ne prémunit donc plus contre <strong>la</strong> précarité<strong>et</strong> <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é lorsqu’on touche le sa<strong>la</strong>ireminimum.au sa<strong>la</strong>ire minimumétaient âgés de moinsde 30 ans en 2000.187 LEDOUX, Denis <strong>et</strong> B<strong>la</strong>ise POULIOT, Paramètres généralement examinés lors d’une révision du sa<strong>la</strong>ire minimum,Commission des normes du travail du Québec, 2000.188 STATISTIQUE CANADA. Le point sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active : une nouvelle perspective sur <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>ires, août 1998.Voir à l’adresse suivante : http://www.statcan.ca/Daily/Français/980825/q980825.htm .189 Les seuils de faib<strong>les</strong> revenus (base de 1992) varient selon <strong>la</strong> taille de <strong>la</strong> région de résidence <strong>et</strong> le nombre depersonnes dans un ménage. Dans le cas d’une personne seule en région urbaine, le seuil de faible revenu estétabli à 15 070 $ annuellement pour <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> de 100 000 à 400 000 habitants <strong>et</strong> de 13 924 $ dans une ville demoins de 30 000 habitants. Il augmente jusqu’à 17 409 $ pour <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> de plus de 500 000 habitants. Dans <strong>les</strong>régions rura<strong>les</strong>, ce seuil est établi à 12 030 $. Voir <strong>la</strong> publication « Seuils de faible revenu » de StatistiqueCanada dans le catalogue 13-551.190 7,00 $ x 40 heures x 52 semaines = 14 560 $ par année. Le sa<strong>la</strong>ire minimum était de 6,90 $ pour l’année 1999.


Une augmentationdu sa<strong>la</strong>ire minimumSelon une étude de l’OCDE, une hausse dusa<strong>la</strong>ire minimum peut abaisser le taux de pauvr<strong>et</strong>é,perm<strong>et</strong>tre de réduire <strong>les</strong> inégalités de rémunérationentre <strong>les</strong> générations <strong>et</strong> entre <strong>les</strong> hommes<strong>et</strong> <strong>les</strong> femmes 191 . Le Conseil permanent de <strong>la</strong><strong>jeunes</strong>se s’inscrivait déjà dans c<strong>et</strong>te lignéedans un avis sur <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é en 1993. Il estdémontré que toute augmentation du sa<strong>la</strong>ireminimum améliore le niveau de vie de plusieursmilliers de personnes actives sur le marché dutravail, notamment des <strong>jeunes</strong>, sans affecter <strong>la</strong>compétitivité des entreprises 192 .Au Québec, le sa<strong>la</strong>ire minimum est fixé à 7 $l’heure depuis février 2001; il avait alors étéaugmenté de seulement 1,4 %, soit de 10 cents.Bien que comparable au sa<strong>la</strong>ire minimumontarien (6,85 $ depuis 1995), le sa<strong>la</strong>ire minimumquébécois est de loin inférieur à celui qui estversé en Colombie-Britannique, soit 7,60 $. Ilfaut de plus noter que c<strong>et</strong>te province compteporter le sa<strong>la</strong>ire minimum à 8 $ en novembre2001 193 .Au Québec, le sa<strong>la</strong>ire minimum ne perm<strong>et</strong> mêmepas à un travailleur d’avoir un revenu annue<strong>la</strong>u-dessus du seuil de faible revenu, ni deconserver son pouvoir d’achat, puisque cesa<strong>la</strong>ire n’est pas indexé au coût de <strong>la</strong> vie. Déjàen 1985, <strong>la</strong> Commission Beaudry recommandait auministère du Travail d’instaurer une politique àl’eff<strong>et</strong> de réviser annuellement ce taux 194 . Untel mécanisme de révision annuel du sa<strong>la</strong>ireminimum se fait toujours attendre.Dans un souci d’équité à l’égard des<strong>jeunes</strong> travailleurs, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se réitère <strong>et</strong> actualise deuxrecommandations déjà émises dans sonavis sur <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é des <strong>jeunes</strong> en 1993 195 :que le sa<strong>la</strong>ire minimum soitgraduellement augmenté sur unepériode de deux ans, de façon à cequ’un employé qui travaille à tempsplein 40 heures par semaine puisseobtenir un revenu décent, équiva<strong>la</strong>ntau seuil de faible revenu de StatistiqueCanada, pour une ville de plus de500 000 habitants, soit 8,40 $de l’heure;que <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travailcomporte une disposition selon<strong>la</strong>quelle le sa<strong>la</strong>ire minimum devraêtre indexé annuellement au coûtde <strong>la</strong> vie, c’est-à-dire par rapportau taux d’inf<strong>la</strong>tion.6.1.7 Connaissance des normesdu travail par <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>Outre ces importantes modifications à apporterà <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travail, une améliorationsignificative des conditions de travail des<strong>jeunes</strong> passe nécessairement par une bonneconnaissance de <strong>la</strong> loi <strong>et</strong> des recours qu’elleperm<strong>et</strong>. S’ils connaissent mieux leurs droits,<strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>les</strong> feront davantage respecter enmilieu de travail. Un citoyen averti en vautdeux!Au Québec, le sa<strong>la</strong>ireminimum ne perm<strong>et</strong>91EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEmême pas à un travailleur191 ORGANISATION DE DÉVELOPPEMENT ET DE COOPÉRATION ÉCONOMIQUE ,Perspectives de l’emploi, juin 1998, p. 34.192 Gouvernement du Québec. CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE, Dites à tout le monde qu’onexiste…, Avis sur <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é des <strong>jeunes</strong>, Québec, 1993, p. 79.193 Pour <strong>la</strong> Colombie-Britannique, voir dans Intern<strong>et</strong>: http://www.<strong>la</strong>bour.gov.bc.ca/minimumwage.Dans le cas de l’Ontario, voir: http://www.gov.on.ca/LAB/es/minwagef.htm. Au Québec, voir le siteIntern<strong>et</strong> de <strong>la</strong> Commission des normes du travail: http://cnt.gouv.qc.ca/fr/salmin.htm194 Gouvernement du Québec. COMMISSION CONSULTATIVE SUR LE TRAVAIL ET LA RÉVISIONDU CODE DU TRAVAIL, Le travail : une responsabilité collective, rapport final, Québec,Les publications du Québec, 1985, p.145.195 Gouvernement du Québec. CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE, op. cit., p. 79-80.d’avoir un revenu annue<strong>la</strong>u-dessus du seuil defaible revenu.


92EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEUne récente étude menée auprès de <strong>jeunes</strong> de15 à 24 ans par <strong>la</strong> Commission des normes dutravail 196 a permis de constater que bon nombrede normes <strong>et</strong> de recours prévus par <strong>la</strong> LNTsont mal connus <strong>et</strong> que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> sont peuenclins à s’informer de leurs conditions de travail.La majorité d’entre eux est d’avis qu’il estmal perçu <strong>et</strong> risqué de s’informer de ses conditionsde travail. Ils s’adressent surtout à leurscollègues de travail plutôt qu’à leur patronpour obtenir l’information 197 .Afin de prévenir <strong>les</strong> abus dont <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> pourraientêtre victimes, le Conseil estime que desmoyens énergiques doivent être mis en œuvrepour mieux publiciser <strong>les</strong> normes <strong>et</strong> <strong>les</strong> recours.Une telle démarche ne doit pas être limitée à unecampagne ponctuelle d’affichage publicitaire.Elle doit perm<strong>et</strong>tre une action durable, nonseulement de <strong>la</strong> part de <strong>la</strong> Commission desnormes du travail, mais aussi des employeurs,du monde de l’éducation ainsi que d’autresmilieux fréquentés par <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>.C<strong>et</strong>te sensibilisation doit commencer à l’école,au secondaire, alors que bon nombre de <strong>jeunes</strong>font leur entrée sur le marché du travail. De plus,<strong>les</strong> employeurs devraient être tenus d’afficher <strong>les</strong>normes bien en vue <strong>et</strong> de rem<strong>et</strong>tre à l’employé,dès l’embauche, un dépliant d’information produitpar <strong>la</strong> Commission des normes du travail.Par conséquent, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :d’organiser davantage d’activitésd’information <strong>et</strong> de préventionconcernant <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normesdu travail. De tel<strong>les</strong> activitésdevraient notamment être intégréesaux programmes d’études dusecondaire <strong>et</strong> du collégial, alorsque <strong>la</strong> plupart des <strong>jeunes</strong> entrentpour <strong>la</strong> première fois en contactavec le marché du travail.Le Conseil recommande également :que <strong>les</strong> employeurs soient tenusd’exposer <strong>les</strong> conditions de travailprévues par <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail dès l’embauche <strong>et</strong> lors d’unrenouvellement de contrat. Undépliant à c<strong>et</strong>te fin devrait êtreproduit par <strong>la</strong> Commission desnormes du travail;que <strong>les</strong> employeurs affichent bien envue sur <strong>les</strong> lieux de travail <strong>les</strong> normesprévues dans <strong>la</strong> LNT.Les employeurs devraientêtre tenus d’afficher <strong>les</strong>normes bien en vue <strong>et</strong> derem<strong>et</strong>tre à l’employé, dèsl’embauche, un dépliantd’information produitpar <strong>la</strong> Commission desnormes du travail.196 GROUPE LÉGER ET LÉGER, Étude qualitative auprès des 15-24 ans re<strong>la</strong>tivement à leur connaissancede <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travail <strong>et</strong> à leurs besoins <strong>et</strong> attentes en matière d’information,Commission des normes du travail du Québec, février 1997, 34 p.197 Ibid., p. 14


6.1.8 La réforme de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong>normes du travail : une priorité!Devant <strong>la</strong> vétusté de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail, le Conseil entend presser le gouvernementà procéder rapidement à <strong>la</strong> vaste réforme promisedepuis plusieurs années. Déjà en 1999, le premierministre du Québec annonçait dans son discoursinaugural :« La ministre a aussi le mandat dereconfigurer <strong>les</strong> lois du travail en fonctiondu nouvel environnement économique. Il y alà une responsabilité gouvernementale, maiségalement un défi <strong>la</strong>ncé aux partenaires dumarché du travail qui devront savoir proposer,innover, changer. L’encadrement légis<strong>la</strong>tif del’emploi doit notamment prendre en compte<strong>les</strong> diverses réalités des sa<strong>la</strong>riés pour mieux<strong>les</strong> soutenir <strong>et</strong> <strong>les</strong> défendre… » 198 .Les amendements à <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail présentés dans <strong>les</strong> dernières pagess’avèrent essentiels aux yeux du Conseil pourprotéger réellement <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs, <strong>et</strong> toutparticulièrement <strong>les</strong> travailleurs qui occupentdes emplois précaires.La Loi sur <strong>les</strong> normes du travail présentementen vigueur ressemble à un parapluie troué quiexpose <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> à des abus <strong>et</strong> qui <strong>les</strong> soum<strong>et</strong>à des conditions de travail inéquitab<strong>les</strong>. L’Étatse doit d’entreprendre <strong>la</strong> réforme de c<strong>et</strong>te loi,afin d’assurer l’équité entre <strong>les</strong> différentescatégories d’employeurs. La solidarité entre <strong>les</strong>générations doit aussi se traduire par une loiqui n’adm<strong>et</strong> pas <strong>les</strong> écarts entre <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs<strong>et</strong> l’ensemble de <strong>la</strong> société.6.2 Un Code du travailen redéfinitionLa négociation collective libre <strong>et</strong>volontaire doit demeurer, dans unesociété démocratique, <strong>la</strong> voie privilégiéede détermination des conditions d<strong>et</strong>ravail 199 .L’importance de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travailpour <strong>la</strong> défense des droits des sa<strong>la</strong>riés ne doitpas faire perdre de vue que ces normes visentà établir un p<strong>la</strong>ncher, <strong>et</strong> non pas déterminer <strong>les</strong>conditions de travail du plus grand nombre. Cesconditions, idéalement, devraient être décidéespar une négociation entre <strong>les</strong> employeurs <strong>et</strong> <strong>les</strong>employés. La légis<strong>la</strong>tion favorise le regroupementdes employés en « associations de sa<strong>la</strong>riés », <strong>la</strong>plupart du temps des syndicats, afin de contreba<strong>la</strong>ncerl’influence excessive qu’aurait l’employeurs’il n’avait qu’à négocier individuellement avecchacun de ses employés.Au Québec, <strong>la</strong> loi encadrant ce processus denégociation collective est le Code du travail. Lessecteurs de compétence fédérale sont quant àeux régis par le Code canadien du travail. Àl’heure où le Conseil prépare le présent avis, legouvernement québécois a déposé le proj<strong>et</strong> deloi 182, (Loi modifiant le Code du travail, instituant<strong>la</strong> Commission des re<strong>la</strong>tions de travail <strong>et</strong>modifiant d’autres dispositions légis<strong>la</strong>tives).C’est donc dans le contexte d’un Code du travailen pleine redéfinition que le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se aborde c<strong>et</strong>te loi 200 .93EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE198 GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, Discours inaugural du premier ministre du Québec, monsieur Lucien Bouchard lors de <strong>la</strong> 36 e légis<strong>la</strong>ture àl’Assemblée nationale, Québec, le mercredi 3 mars 1999, p. 10.199 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, Pour un Code du travail renouvelé, orientations ministériel<strong>les</strong>, 2000, p. 12.200 Le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se a soumis à <strong>la</strong> Commission du travail <strong>et</strong> de l’économie des commentaires sur le proj<strong>et</strong> de réforme.Gouvernement du Québec, CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE, La réforme du Code du travail d’un point de vue <strong>jeunes</strong>se,commentaires sur le Proj<strong>et</strong> de loi 182, Québec, février 2001, 13 p.


94EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE6.2.1 Ap<strong>la</strong>nir <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong>à <strong>la</strong> syndicalisationdes travailleurs <strong>atypique</strong>sLe développement, en milieu le plussouvent non syndiqué, de l’emploi àtemps partiel, du travail temporaire, dutravail dit autonome <strong>et</strong> du télétravaildémontre l’incapacité actuelle duCode du travail <strong>et</strong> de <strong>la</strong> jurisprudenceaccumulée à ce jour à rendre comptede certains phénomènes, <strong>et</strong> de ce fait,à reconnaître le statut de sa<strong>la</strong>rié àplusieurs de ces travailleurs outravailleuses 201 .Le diagnostic du ministère du Travail quantaux défis particuliers que posent <strong>les</strong> emplois<strong>atypique</strong>s à <strong>la</strong> syndicalisation est des plusexacts. Pourtant, il semble que seul le cas desentrepreneurs dépendants ait fait son cheminjusqu’au proj<strong>et</strong> de loi 182, Loi modifiant leCode du travail, instituant <strong>la</strong> Commission desre<strong>la</strong>tions de travail <strong>et</strong> modifiant d’autres dispositionslégis<strong>la</strong>tives, déposé en décembre 2000à l’Assemblée nationale.Le Ministère propose d’ajouter une définitiondu statut d’entrepreneur dépendant, ou « fauxtravailleurs autonomes » au Code du travail, cestatut étant assimi<strong>la</strong>ble à celui de sa<strong>la</strong>rié, au sensde c<strong>et</strong>te loi. Mais le problème des re<strong>la</strong>tionsd’emploi « triangu<strong>la</strong>ires » reste entier. Le proj<strong>et</strong>de loi actuel ne c<strong>la</strong>rifie pas <strong>la</strong> question desavoir qui est l’employeur lorsqu’un employéest embauché par une agence de p<strong>la</strong>cementtemporaire 202 . Peut-il exercer son droit d’association<strong>et</strong> faire partie du syndicat dans l’entreprisequi requiert ses services ? Doit-il, pour exercerson droit, se syndiquer avec <strong>les</strong> autres sa<strong>la</strong>riésembauchés par l’agence de p<strong>la</strong>cement, qu’il neconnaît pas nécessairement ?Le Conseil recommande doncau gouvernement du Québec :d’inclure <strong>la</strong> définition d’entrepreneurdépendant au Code du travail <strong>et</strong> deperm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> syndicalisation de cespersonnes;de préciser dans le Code dutravail que <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés d’agencesde p<strong>la</strong>cement temporaire peuventavoir accès à <strong>la</strong> négociation collective,selon <strong>les</strong> paramètres qui serontdéterminés par <strong>la</strong> future Commissiondes re<strong>la</strong>tions de travail.6.2.2 É<strong>la</strong>rgir l’accès à <strong>la</strong>négociation collectiveC’est au Québec que l’on r<strong>et</strong>rouve le plus haut tauxde présence syndicale en Amérique du Nord.Cependant, <strong>la</strong> proportion de travailleurs québécoissyndiqués ou assuj<strong>et</strong>tis à une convention collectiveest en baisse rapide. Entre 1991 <strong>et</strong> 1999,le taux de syndicalisation a chuté au Québec de48,5 à 40,3 % 203 .Le mouvement syndical s’est imp<strong>la</strong>nté à une époqueoù <strong>les</strong> entreprises de service <strong>et</strong> <strong>les</strong> emplois<strong>atypique</strong>s occupaient une p<strong>la</strong>ce marginale parrapport aux industries manufacturières <strong>et</strong> auxemplois réguliers à temps plein. Ce<strong>la</strong> a bienchangé, <strong>et</strong> <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> caractéristiques dumonde du travail sont moins favorab<strong>les</strong> ausyndicalisme tel qu’il a été défini. Le secteur desservices se caractérise par l’éclosion d’unemultitude de p<strong>et</strong>ites entreprises, alors quel’emploi sa<strong>la</strong>rié permanent à temps plein,archétype de l’emploi syndiqué, s’effrite auprofit du travail autonome <strong>et</strong> des emplois àtemps partiel <strong>et</strong> occasionnels 204 . Or, <strong>la</strong> taille del’entreprise influe directement sur <strong>la</strong> probabilitéde syndicalisation, de même que <strong>la</strong> durée <strong>et</strong> <strong>les</strong>tatut d’emploi. C’est ce qu’illustre le tableausuivant.201 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, op. cit.202 Les orientations ministériel<strong>les</strong> publiées plus tôt en 2000 avaient pourtant suggéré des c<strong>la</strong>rifications en ce sens.Voir Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, op. cit., p. 16-17.203 INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC, Profil des 15 ans <strong>et</strong> plus (valeur re<strong>la</strong>tive) sur le marché du travail,Québec, 1990 <strong>et</strong> 1998. Voir : http://stat.gouv.qc.ca/donstat/marche_travail/pop_active/t13.htm204 Gouvernement du Québec, CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME, op. cit., p. 49.


Tableau 16 Effectifs syndicaux selon <strong>la</strong> taille de l’entreprise,<strong>la</strong> durée <strong>et</strong> le statut de l’emploi, Québec, 199895Caractéristiques Employés Syndiqués Non syndiqués * Taux desyndicalisationTaille de l'entrepriseMoins de 20 employés 920 000 148 000 772 000 16,1 %20-99 employés 867 000 347 000 520 000 40,0 %100 employés <strong>et</strong> plus 1 006 000 623 000 383 000 61,9 %Durée de l'emploi1-12 mois 639 000 133 000 506 000 20,8 %1-4 ans 759 000 220 000 539 000 29,0 %5-13 ans 746 000 344 000 402 000 46,1 %14 ans <strong>et</strong> plus 647 000 420 000 227 000 64,9 %Régime de travailtemps plein 2 308 000 972 000 1 336 000 42,1 %temps partiel 484 000 145 000 339 000 30,0 %Situation d'emploipermanent 2 409 000 989 000 1 420 000 41,1 %non-permanent 382 000 128 000 254 000 33,5 %(* : inclut <strong>les</strong> employés non syndiqués assuj<strong>et</strong>tis à une convention collective).Source : Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active.Compi<strong>la</strong>tion : Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se d’après : AKYEAMPONG, Ernest B, « Le point sur <strong>la</strong> syndicalisation»,L’emploi <strong>et</strong> le revenu en perspective, Statistique Canada, automne 1999, p. 62.EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELes <strong>jeunes</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s se r<strong>et</strong>rouventfréquemment au sein de p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> de moyennesentreprises, notamment dans le secteur des services.La syndicalisation y est non seulement difficile,mais le soutien de p<strong>et</strong>ites unités d’accréditationsyndicale demande des ressources importantes,en comparaison des cotisations versées. Les statistiquesprésentées dans le tableau ci-dessusindiquent c<strong>la</strong>irement que <strong>les</strong> travailleurs temporaires<strong>et</strong> à temps partiel connaissent des tauxde syndicalisation beaucoup plus faib<strong>les</strong> que<strong>les</strong> employés réguliers.Le Conseil croit qu’il est nécessaire de poursuivre<strong>la</strong> réforme du Code du travail afin de corrigerc<strong>et</strong>te situation. La légis<strong>la</strong>tion doit être adaptéeafin que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs, ceux occupant unemploi précaire tout particulièrement, puissentplus facilement se regrouper <strong>et</strong> négocier collectivementleurs conditions de travail. Une telle actions’impose, pour que l’accès à <strong>la</strong> négociation collectivene soit pas réservé, dans un avenir rapproché,à une minorité de travailleurs privilégiés.6.2.3 Favoriser <strong>la</strong> négociation regroupéeParmi <strong>les</strong> voies de solution, il pourrait être avantageuxque plusieurs unités d’accréditation, ausein d’entreprises différentes d’un même secteur,puissent se regrouper pour négocier une mêmeconvention collective, qui s’appliquerait à plusieursmilieux de travail. Dans ce contexte, <strong>les</strong> employeursdevraient également se regrouper pour siéger àune table unique de négociation. Le Conseil considèredonc que le Code du travail devrait faciliterl’exercice de <strong>la</strong> négociation regroupée 205 .La légis<strong>la</strong>tion doit êtreadaptée afin que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>travailleurs, ceux occupantun emploi précaire toutparticulièrement, puissentplus facilement se regrouper<strong>et</strong> négocier collectivementleurs conditions de travail.205 Ces propositions s’inspirent de cel<strong>les</strong> fournies dans le document produit par <strong>la</strong> CSQ, <strong>la</strong> CSD, <strong>la</strong> CSN <strong>et</strong> <strong>la</strong> FTQ :Réforme du Code du travail, demandes de <strong>la</strong> partie syndicale, Conférence sur <strong>la</strong> réforme du Code du travail, mai 2000, p. 13.


96EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEEn ayant une même convention collectiveapplicable à un secteur, <strong>la</strong> compétition entre<strong>les</strong> entreprises porterait sur d’autres facteursque sur celui des sa<strong>la</strong>ires <strong>et</strong> des conditions d<strong>et</strong>ravail. De plus, ce regroupement perm<strong>et</strong>trait,en raison du plus grand volume de membres, dedoter <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés de régimes d’avantages sociaux<strong>et</strong> de programmes de formation difficilementenvisageab<strong>les</strong> autrement. Ainsi, <strong>les</strong> conditions d<strong>et</strong>ravail de nombreux <strong>jeunes</strong> sa<strong>la</strong>riés auraientde bonnes chances de s’en trouver améliorées.Ce<strong>la</strong> aiderait certainement à syndiquer certainssecteurs où l’on r<strong>et</strong>rouve de fortes proportionsde <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> de travailleurs <strong>atypique</strong>s.En conséquence, le Conseil recommandeau gouvernement du Québec :de poursuivre l’effort de révisiondu Code du travail dans le but defavoriser l’accès à <strong>la</strong> négociationcollective pour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs,notamment <strong>les</strong> <strong>atypique</strong>s, enconsidérant <strong>la</strong> possibilité deperm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> négociation regroupée.6.3 Favoriser le regroupementdes travailleurs autonomesBien que le gouvernement semble fort conscient 206de l’ampleur des mutations des statuts d’emploisurvenues au cours des dernières années, <strong>la</strong>réforme du Code du travail proposée résout uniquementune partie de <strong>la</strong> problématique destravailleurs autonomes. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> entrepreneursdépendants (<strong>les</strong> faux travailleurs autonomes)seront reconnus comme sa<strong>la</strong>riés <strong>et</strong> pourrontdonc faire partie d’un syndicat.Par contre, ce<strong>la</strong> ne règle pas le problème des « vraistravailleurs autonomes », qui souhaitent se regrouper.Les travailleurs autonomes, presque entièrementexclus des mécanismes de protection sociale publics,doivent débourser des sommes considérab<strong>les</strong>s’ils souhaitent se doter d’avantages sociauxprivés, sans compter <strong>les</strong> coûts inhérents auxcotisations en matière de santé <strong>et</strong> sécurité autravail qu’ils doivent défrayer pour eux-mêmes.Les <strong>jeunes</strong> travailleurs autonomes, moins nombreuxque leurs aînés, doivent de plus composeravec un réseau de contacts plus restreint que celuides travailleurs autonomes plus expérimentésqui, souvent, mènent une deuxième carrière.Au cours des dernières années, le gouvernementa adopté à <strong>la</strong> pièce des lois pour faciliter leregroupement de travailleurs autonomes, dansl’industrie du taxi <strong>et</strong> dans celle du camionnage.Ces lois ont cependant fait suite à des moyensde pression <strong>et</strong> à des débats interminab<strong>les</strong>, qui ontmême affecté, dans certains cas, l’économierégionale. De tel<strong>les</strong> démarches auraient pu êtreévitées s’il existait au Québec un cadre globalpour faciliter <strong>et</strong> reconnaître <strong>les</strong> regroupementsde travailleurs autonomes.Le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande donc au gouvernementdu Québec :d’adopter une loi-cadre quibaliserait <strong>les</strong> regroupementsde travailleurs autonomes <strong>et</strong>en faciliterait <strong>la</strong> reconnaissance.C<strong>et</strong>te loi, qui pourrait s’inspirer de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong>tatut de l’artiste, perm<strong>et</strong>trait à <strong>la</strong> Commission desre<strong>la</strong>tions de travail de reconnaître un regroupementde travailleurs autonomes jugé représentatif(ex : un nombre significatif d’infographesou de journalistes pigistes). Ce dernier pourraitdonc fixer des balises pour l’é<strong>la</strong>boration decontrats types, de tarifs p<strong>la</strong>nchers, <strong>et</strong>c.206 Voir Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, op. cit., p.12.


Une telle proposition irait tout à fait dans <strong>les</strong>ens d’une recommandation du Chantier surl’emploi lors du Somm<strong>et</strong> du Québec <strong>et</strong> de <strong>la</strong><strong>jeunes</strong>se ainsi que du Comité aviseur-<strong>jeunes</strong>d’<strong>Emploi</strong> - Québec 207 .Une loi-cadre perm<strong>et</strong>trait de renforcer <strong>les</strong> rapportsde forces issus de <strong>la</strong> solidarité des membres d’uneprofession autonome. Les regroupements offriraientdes services aux travailleurs afin de mutualisercertains risques en offrant des régimes d’assurancescollectives ou d’épargne r<strong>et</strong>raite adaptés.C<strong>et</strong>te loi assurerait le respect de l’action syndicaledes travailleurs autonomes en interdisant <strong>la</strong> ruptureou <strong>la</strong> modification du contrat par le donneurd’ouvrage 208 . L’application de c<strong>et</strong>te nouvelle loipourrait être confiée à <strong>la</strong> future Commission desre<strong>la</strong>tions de travail.Le CPJ croit que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs autonomesprofiteraient grandement de tels regroupements.Ces associations, réunies sur une base sectorielle,pourraient améliorer <strong>les</strong> conditions de travaildes travailleurs, tout en leur offrant de meilleursrégimes de protection contre <strong>les</strong> risques.El<strong>les</strong> pourraient aussi m<strong>et</strong>tre au point des programmesde formation continue adaptés auxbesoins de leurs membres. Et, pourquoi pas,offrir également des activités de formation,dans un secteur particulier d’activité, à tous <strong>les</strong>autres travailleurs qui le désirent dans le cadrede <strong>la</strong> Loi sur le développement de <strong>la</strong> formationde <strong>la</strong> main-d’œuvre (loi du 1 %).On peut aussi imaginer que de tels regroupementsperm<strong>et</strong>traient de développer des solidarités <strong>et</strong>un esprit d’appartenance qui irait en quelquesorte remp<strong>la</strong>cer ce qui a disparu avec le travailsa<strong>la</strong>rié traditionnel <strong>et</strong> qui al<strong>la</strong>it beaucoup plusloin que le chèque de paie. En plus de fournirun sa<strong>la</strong>ire, l’emploi sa<strong>la</strong>rié traditionnel étaitun <strong>la</strong>issez-passer pour <strong>la</strong> sécurité financière,l’avancement de <strong>la</strong> carrière <strong>et</strong> jouait un rôleimportant dans <strong>la</strong> formation de l’identité dutravailleur » [notre traduction] 209 .Les <strong>jeunes</strong> travailleurs autonomes profiteraientainsi du réseautage qu’offre ce genre de regroupement.L’expérience des travailleurs autonomesplus âgés pourrait être davantage mise à contributionafin d’aider <strong>les</strong> plus <strong>jeunes</strong> par le biais demail<strong>la</strong>ge, mais aussi par l’é<strong>la</strong>boration de contratstypes<strong>et</strong> par une meilleure représentation auprèsdu gouvernement ou d’employeurs éventuels.Cependant, le regroupement des travailleursautonomes ne peut être envisageable dans tous<strong>les</strong> cas. Il restera toujours des travailleurs autonomesisolés. Pour ces personnes particulièrementvulnérab<strong>les</strong> ainsi que pour toutes <strong>les</strong> autres, lefil<strong>et</strong> de protection sociale est d’un secours fortlimité. El<strong>les</strong> doivent notamment contribuerdeux fois plus que <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés au régime derentes du Québec 210 , mais r<strong>et</strong>irent <strong>les</strong> mêmesrentes à <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite. De plus, <strong>les</strong> travailleursautonomes sont exclus des régimes d’assuranceemploi<strong>et</strong> n’ont pas droit aux congés parentauxactuels.97EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELes associations de travailleursautonomes, réunies sur unebase sectorielle, pourraient207 Gouvernement du Québec, BUREAU DU SOMMET DU QUÉBEC ET DE LA JEUNESSE, Relever <strong>les</strong> défis del’emploi, Rapport du chantier, 1999, p. 55 <strong>et</strong> EMPLOI-QUÉBEC. Comité aviseur-<strong>jeunes</strong>, Le Travai<strong>la</strong>utonome <strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>, avis, novembre 2000, p. 10.208 CSQ, CSD, CSN <strong>et</strong> FTQ, op. cit.209 « … which extended far beyond the paycheck. As well as providing wages, the job has served as atick<strong>et</strong> to economic security and career advancement and p<strong>la</strong>yed a <strong>la</strong>rge part in establishing workers’sense of identity”. Robert J. LAUBACHER <strong>et</strong> Thomas W. MALONE, Flexible Work Arrangement and 21 stCentury Worker’s Guilds, Massachus<strong>et</strong>ts Institute of Technology, 1997, p. 8. Voir dans Intern<strong>et</strong> :http://ccs.mit.edu/21c/21CWP004.html210 C’est-à-dire <strong>la</strong> cotisation de l’employé <strong>et</strong> celle de l’employeur.améliorer <strong>les</strong> conditions d<strong>et</strong>ravail, tout en offrant demeilleurs régimes de protectioncontre <strong>les</strong> risques.


98EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE6.4 Une protection de moinsen moins universelle :l’assurance-emploiTout comme <strong>les</strong> lois du travail, le régimed’assurance-emploi a été é<strong>la</strong>boré dans uncontexte où le travail sa<strong>la</strong>rié, régulier <strong>et</strong> à tempsplein dominait <strong>la</strong>rgement le marché. L’origine duprogramme remonte aux années 40. Ce régime,instauré par le gouvernement fédéral, avait étéconçu afin de protéger <strong>les</strong> travailleurs contre <strong>la</strong>perte de revenus en cas de chômage. Un sérieuxproblème d’admissibilité aux prestations se faitdonc sentir avec <strong>la</strong> montée du travail <strong>atypique</strong>.Les travailleurs autonomesne sont pas admissib<strong>les</strong>…Le cas des travailleurs autonomes en est l’exemplele plus éloquent. Les seu<strong>les</strong> personnes qui peuventrecourir à l’assurance-emploi sont cel<strong>les</strong> quicumulent, en plus de leur travail autonome, unemploi sa<strong>la</strong>rié. De fait, si <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés ont eu recoursà l’assurance-emploi dans une proportion de26,2 %, ce ne fut le cas que pour 8,2 % desautonomes. Inversement, seulement 2,8 % dessa<strong>la</strong>riés ont dû bénéficier de <strong>la</strong> sécurité du revenu,alors que <strong>les</strong> autonomes y sont contraints dans4,5 % des cas 211 .Le régimed’assurance-emploiEt <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs<strong>atypique</strong>s le sont difficilement!Le programme d’assurance-chômage a été réforméen 1997 pour devenir le programme d’assuranceemploi.Avant c<strong>et</strong>te date, il fal<strong>la</strong>it avoir travailléun minimum de quinze heures au cours d’unesemaine pour cotiser <strong>et</strong> être admissible. Ceux quitravail<strong>la</strong>ient moins de quinze heures n’étaientpas assurab<strong>les</strong>, mais ne cotisaient pas non plus.L’ancien régime a été remp<strong>la</strong>cé par le systèmedes heures. Dorénavant, toute heure travailléeest assurable.Ces modifications ont fait en sorte que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>travailleurs à temps partiel doivent maintenantcotiser à l’assurance-emploi. Cependant, ils ensont toujours pratiquement exclus. Une étudecommandée par le gouvernement fédéral aconclu :[qu’] il existe d’importants sous-groupesde <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion des travailleurs à tempspartiel qui ont affiché une perte financièren<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> dont le sort peut préoccuperparticulièrement <strong>les</strong> décideurs. Ces groupessont ceux des travailleurs de moins de25 ans ou de plus de 64 ans. Pour cestravailleurs à temps partiel, le principaleff<strong>et</strong> de l’assurance-emploi a surtout étéun fardeau fiscal plus lourd, même sil’on tient compte du remboursement descotisations pour <strong>les</strong> travailleurs à faiblerevenu 212 .a été é<strong>la</strong>boré dans uncontexte où le travailsa<strong>la</strong>rié, régulier <strong>et</strong>à temps plein dominait<strong>la</strong>rgement le marché.211 Gouvernement du Québec, MINISTÈRE DU TRAVAIL, « L’évolution de l’emploi <strong>atypique</strong> au Québec »,encart dans Le marché du travail, Les Publications du Québec,vol. 19, n o 5, 1998, p. 68, données de 1993.212 KUHN, P<strong>et</strong>er, La Loi sur l’assurance-emploi : incidence financière n<strong>et</strong>te sur <strong>les</strong> travailleurs à temps plein <strong>et</strong> <strong>les</strong> travailleurs à temps partiel,rapport final, Développement des ressources humaines Canada, novembre 2000. p. 44.


Les nouveaux venus sur le marché du travail<strong>et</strong> ceux qui le réintègrent doivent avoir cumulé910 heures au cours d’une année pour êtreadmissib<strong>les</strong> à une demande de prestationsd’assurance-emploi 213 . Ceux ayant déjà touchédes prestations, ou ayant travaillé un minimumde 490 heures l’année précédant <strong>la</strong>demande, n’ont besoin de cumuler qu’entre420 <strong>et</strong> 700 heures, selon <strong>la</strong> région, pour êtreadmissib<strong>les</strong>. C<strong>et</strong>te mesure est n<strong>et</strong>tementinjuste envers <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> ou <strong>les</strong> nouveauxemployés, <strong>et</strong> à l’égard des sa<strong>la</strong>riés temporaires<strong>et</strong> à temps partiel, qui doivent cotiser autantmais pour qui 910 heures est une limite fortdifficile à atteindre.La mauvaise protection du régime actuel offerteaux travailleurs <strong>atypique</strong>s explique en partie lefait que, parmi <strong>les</strong> 32 % de <strong>jeunes</strong> chômeurs (de15 à 24 ans) potentiellement admissib<strong>les</strong> 214à l’assurance-emploi, seulement 56 % avaientaccumulé assez d’heures pour toucher desprestations. Moins de 18 % des <strong>jeunes</strong> sans emploiétaient donc admissib<strong>les</strong> aux prestations en1998. Seulement 10 % ont effectivement reçudes prestations, <strong>les</strong> autres 8 % n’en ayant pasfait <strong>la</strong> demande 215 .Force est d’adm<strong>et</strong>tre que si <strong>la</strong> couverture généraledu régime soi-disant universel d’assurance-emploiporte à réflexion, celui des <strong>jeunes</strong> est carrémentinacceptable. Nous voici effectivement en présenced’un système dont l’universalité ne réside plusque dans son système de cotisation <strong>et</strong> non pas dans<strong>la</strong> protection du revenu en cas d’interruptiond’emploi!C’est pourquoi le Conseil recommande augouvernement du Québec de faire pressionsur le gouvernement du Canada afin de :changer <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> d’admissibilitéaux prestations d’assurance-emploipour en faciliter l’accès aux <strong>jeunes</strong>travailleurs, particulièrement ceuxà temps partiel <strong>et</strong> temporaires, quicotisent au même niveau que <strong>les</strong>autres travailleurs, mais ne bénéficientde prestations qu’exceptionnellement.De plus, pour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> travailleurs,<strong>les</strong> problèmes d’accessibilité liés au statutd’emploi s’additionnent à <strong>la</strong> règle des 910heures, pour une première demande. LeConseil recommande donc également :d’abolir le double standardd’admissibilité aux prestationsd’assurance-emploi pour <strong>les</strong>nouveaux venus sur le marchédu travail <strong>et</strong> pour ceux qui leréintègrent.6.4 Pour un programmequébécois universeld’assurance parentale !À l’heure actuelle, le régime de remp<strong>la</strong>cementde revenu pour cause de maternité ainsi que <strong>les</strong>congés parentaux font toujours partie intégrantedu régime d’assurance-emploi. Ainsi, le tauxde remp<strong>la</strong>cement du revenu reste à 55 %, pourun maximum assurable de 39 000 $. Le nombred’heures nécessaires pour être admissible vientpar ailleurs d’être diminué à 600, comparativementaux 700 heures requises auparavant. Lerégime fédéral, amélioré récemment à grandsrenforts de publicité, comporte désormais un congéde maternité d’une durée de 15 semaines <strong>et</strong> uncongé parental ou d’adoption de 35 semaines,à partager selon le choix des deux parents.99EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE213 Canada, COMMISSION DE L’ASSURANCE-EMPLOI, Rapport de contrôle <strong>et</strong> d’évaluation, 1998, p. 22.214 C<strong>et</strong>te notion regroupe <strong>les</strong> chômeurs ayant occupé un emploi sa<strong>la</strong>rié assurable au cours des 12 derniers mois <strong>et</strong> exclut donc ceux qui n’ontjamais travaillé, <strong>les</strong> anciens travailleurs autonomes <strong>et</strong> ceux qui ont abandonné leur dernier emploi, y compris pour r<strong>et</strong>ourner aux études.215 STATISTIQUE CANADA, Rapport des principaux résultats de l’Enquête sur <strong>la</strong> couverture de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion par le régimed’assurance-emploi, 1998, (73F0008-XIF), Ottawa, 1999, p. 15.


100EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEDans un mémoire publié récemment, le Conseildu statut de <strong>la</strong> femme résumait <strong>les</strong> limites duprogramme fédéral : Couverture des seuls employéssa<strong>la</strong>riés, imposition d’un dé<strong>la</strong>i de carence dedeux semaines, revenu maximum assurable<strong>et</strong> taux de prestation re<strong>la</strong>tivement peu élevés,obligation pour <strong>les</strong> haut sa<strong>la</strong>riés de rembourserune partie de <strong>la</strong> prestation perçue, <strong>et</strong>c. 216 . Leproblème d’accessibilité est particulièrementcriant : malgré le fait que 82,2 % des femmesde 25 à 54 ans étaient sur le marché du travail auQuébec en 1998, seulement 50,8 % des femmesayant donné naissance à un enfant durant <strong>la</strong>même année ont eu droit à des prestations dematernité en vertu du régime d’assuranceemploi217 .Au Québec, le gouvernement a amorcé il y aquelques années un virage important dans lebut de favoriser <strong>la</strong> conciliation travail-familleavec l’instauration du programme de garderiesà 5 $. Ce programme, qui a certes besoin d’êtreaméliorer ne fait pas moins l’envie des autresprovinces canadiennes <strong>et</strong> est un acquis majeur.Cependant, <strong>la</strong> deuxième pièce maîtresse de <strong>la</strong>politique familiale québécoise, soit <strong>la</strong> mise surpied d’une caisse d’assurance parentale, rest<strong>et</strong>oujours en suspens. Le gouvernement du Québeca déposé en juin 2000 le proj<strong>et</strong> de loi 140, Loi surl’assurance parentale. Le programme québécoisd’assurance parentale vise à corriger plusieurs<strong>la</strong>cunes du programme fédéral actuel, en leremp<strong>la</strong>çant. Le programme québécois seraitaccessible aux travailleurs autonomes, couvriraitmieux <strong>les</strong> employés <strong>atypique</strong>s, offrirait descotisations plus généreuses ainsi que des congésattribués spécifiquement au père.Le régime donnerait également le choix entredes congés plus courts, mais selon un taux deremp<strong>la</strong>cement du revenu plus élevé, <strong>et</strong> descongés plus longs 218 . Les travailleurs autonomescotiseraient eux aussi à <strong>la</strong> caisse d’assuranceparentale <strong>et</strong> seraient donc admissib<strong>les</strong>. En fait, tous<strong>les</strong> travailleurs ayant gagné au moins 2000 $au cours de l’année précédente seraient admissib<strong>les</strong>.En abandonnant complètement <strong>les</strong> critèresd’admissibilité de l’assurance-emploi, c<strong>et</strong>te mesureaurait un impact important sur <strong>les</strong> travailleuses<strong>et</strong> <strong>les</strong> travailleurs à temps partiel <strong>et</strong> temporairesqui ne peuvent accumuler 600 heures.Une telle mesure perm<strong>et</strong>tra de contrer en partie<strong>la</strong> perte de revenus que subissent <strong>les</strong> travailleusesautonomes qui doivent cesser ou réduire leuractivités professionnel<strong>les</strong> pour avoir un enfant.Les revenus moyens des <strong>jeunes</strong> travailleursautonomes sans aide, âgés de 15 à 29 ans,n’étaient en moyenne que de 19 200 $ en1997 219 . Pour ceux-ci plus que pour tous <strong>les</strong>autres, l’instauration des prestations parenta<strong>les</strong>pourra faire <strong>la</strong> différence entre <strong>la</strong> possibilité <strong>et</strong>l’impossibilité de fonder une famille.Malheureusement, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une caissed’assurance parentale affiche un r<strong>et</strong>ard attribuableen partie à l’échec des négociations avec le gouvernementfédéral. Le désaccord persiste entrele gouvernement fédéral <strong>et</strong> le gouvernementquébécois à propos du transfert des cotisationsversées au régime actuel d’assurance-emploifédéral vers <strong>la</strong> future caisse québécoise d’assuranceparentale.216 Gouvernement du Québec, CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME, Mémoire sur le proj<strong>et</strong> de loi 140 d’assurance parentale,<strong>et</strong> sur le proj<strong>et</strong> de règlement, Québec, septembre 2000, p. 6.217 ROSE, Ruth <strong>et</strong> Catia CORRIVEAU-DIGNARD, Le coût de <strong>la</strong> maternité des femmes au Québec, Montréal, NaissanceRenaissance , 1999, tableau 5.3, p. 64, cité dans : Gouvernement du Québec. CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME,op. cit., p. 5.218 Les deux options se détaillent comme suit : Option A : 18 semaines maternité à 70 % + 5 semaines paternité à 70 %+ 7 semaines parental à 70 % <strong>et</strong> 25 semaines à 55 % (total 55 semaines) Option B : 15 semaines maternité à 75 %+ 3 semaines paternité à 75 % + 26 semaines parental à 75% ( total 44 semaines), Gouvernement du Québec.CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME, op. cit., p. 10, tableau 1.219 Statistique Canada, Enquête sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active, compi<strong>la</strong>tion spéciale de l’Institut de <strong>la</strong> statistique du Québec.


La position du gouvernement québécois est deréc<strong>la</strong>mer l’ensemble des cotisations ouvrières<strong>et</strong> patrona<strong>les</strong> versées à l’assurance-emploi envertu du programme de congés parentaux. Legouvernement canadien a pour sa part <strong>la</strong> volontéde verser au gouvernement québécois le montantdes prestations versées aux parents. À causedu taux de natalité inférieur à <strong>la</strong> moyennecanadienne, en acceptant <strong>la</strong> position fédérale,le Québec perdrait près de 60 millions de dol<strong>la</strong>rsannuellement, une somme qui irait en quelquesorte financer <strong>les</strong> programmes de congés parentauxdes provinces plus riches où le taux denatalité est plus élevé 221 . Il s’agirait d’un genrebien étrange de péréquation!À l’instar du Conseil de <strong>la</strong> famille<strong>et</strong> du Conseil du statut de <strong>la</strong> femme 222 ,le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande conséquemment augouvernement du Québec :de persévérer dans sa démarche denégociation avec le gouvernementfédéral dans le but d’instaurer sonpropre régime d’assurance parentale,tel que prévu par <strong>la</strong> Loi surl’assurance-parentale;cependant, en cas de refus catégoriquede négocier une telle entente, le Conseilrecommande au gouvernement deprocéder de façon uni<strong>la</strong>térale, ens’appuyant sur le consensus québécoisre<strong>la</strong>tif au proj<strong>et</strong> d’assurance-parentale.220 BERNIER, André G., « Assurance parentale : Les positions d’Ottawa <strong>et</strong> de Québec évaluées au mérite »,Le Devoir, 19 septembre 2000.221 Gouvernement du Québec, CONSEIL DE LA FAMILLE ET DE L’ENFANCE, Famille <strong>et</strong> travail, deux mondes àconcilier, avis, 1999, p.18 : « Au gouvernement de concrétiser rapidement le régime d’assurance parentaleannoncé, en faisant aboutir <strong>les</strong> négociations avec le gouvernement fédéral <strong>et</strong> en s’appuyant sur leconsensus québécois en <strong>la</strong> matière »; Gouvernement du Québec, CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME,Mémoire sur le proj<strong>et</strong> de loi 140 d’assurance parentale, <strong>et</strong> sur le proj<strong>et</strong> de règlement, septembre 2000, p.14 : « Que le gouvernement du Québec donne suite à son intention d’instaurer son propre régimed’assurance parentale <strong>et</strong> se prévale des dispositions touchant <strong>la</strong> réduction des cotisationspatrona<strong>les</strong> <strong>et</strong> ouvrières prévues à l’article 69 (2) de <strong>la</strong> Loi sur l’assurance-emploi ».101EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNES[ chapitre 6 ] De l’ère jurassique à l’ère virtuelle...CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


101EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESConclusionCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


102 ConclusionEMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESConclusionCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEEn 2017, l’emploi <strong>atypique</strong> dépassera l’emploi régulieren nombre absolu, selon <strong>les</strong> projections du ministèredu Travail. Mais pour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> Québécois, c<strong>et</strong> horizonapproche à grands pas. Aujourd’hui, ils sont déjà presque<strong>la</strong> moitié à occuper un emploi à temps partiel ou temporaire,<strong>et</strong> à se tourner vers le travail autonome.Le travail a toujours été au cœur de <strong>la</strong> vie sociale de l’individu. Dans <strong>les</strong>années suivant <strong>la</strong> Seconde Guerre mondiale, il est également devenusynonyme de sécurité. Avec l’emploi venait <strong>la</strong> protection sociale, maisaussi l’assurance nécessaire pour bâtir sa vie sur des bases solides. Aucours des deux dernières décennies, ce modèle a volé en éc<strong>la</strong>ts.Aujourd’hui, il ne suffit plus de travailler pour s’en sortir. Les <strong>jeunes</strong>doivent savoir naviguer sur une mer de risques, avec comme seule bouéede sauv<strong>et</strong>age leurs propres ressources. S’ils sont assez performants, ousimplement chanceux, ils pourront avoir accès à un vrai emploi stable,avec avantages sociaux, sa<strong>la</strong>ire intéressant, possibilités d’avancement <strong>et</strong>peut-être même avec sécurité d’emploi.Les pratiques de gestion doivent être revues dans certains milieux de travail.Considérer <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong> employés comme des « ressources humaines »,sous-payées dans le but d’augmenter <strong>les</strong> marges de profit, ne peut êtrerentable à long terme.Le gouvernement doit également agir. D’abord en tant qu’employeur, leplus important au Québec, mais surtout en tant que légis<strong>la</strong>teur. Dans c<strong>et</strong>avis, le Conseil joint sa voix à celle d’autres groupes, nombreux, qui ontréc<strong>la</strong>mé au cours des dernières années une révision majeure des lois dutravail. La Loi sur <strong>les</strong> normes du travail <strong>et</strong> le Code du travail doivent êtreréformés afin de mieux appréhender <strong>les</strong> réalités nouvel<strong>les</strong> du monde dutravail, <strong>la</strong> montée spectacu<strong>la</strong>ire du travail <strong>atypique</strong>, plus particulièrement.Le fil<strong>et</strong> de protection sociale ne se limite pas aux lois. Les programmes deprotection du revenu en cas de chômage, de maternité <strong>et</strong> de paternité,d’accidents de travail <strong>et</strong> de ma<strong>la</strong>dies professionnel<strong>les</strong> ainsi que <strong>les</strong> programmesde r<strong>et</strong>raite doivent être é<strong>la</strong>rgis <strong>et</strong> mieux couvrir <strong>les</strong> travailleursqui n’occupent pas un emploi sa<strong>la</strong>rié régulier, à temps plein.


103Ces changements sont nécessaires si l’on ne veut pas que le fossé entre<strong>les</strong> travailleurs continue de s’é<strong>la</strong>rgir. Le monde du travail semble se scinderen deux. D’un côté, des employés qui ont encore <strong>la</strong> chance d’avoir desemplois de qualité, <strong>et</strong> de l’autre, une main-d’œuvre précaire, formée engrande partie de <strong>jeunes</strong>.Les <strong>jeunes</strong> ne peuvent pas atteindre leur plein potentiel sans l’appui dureste de <strong>la</strong> société. On ne peut pas leur demander d’insuffler à <strong>la</strong> sociétél’énergie <strong>et</strong> l’imagination de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se en exigeant toujours plus decompromis de leur part. Ils ne peuvent accepter des emplois précaires, deshoraires aléatoires, des sa<strong>la</strong>ires de misère ou s’exiler pour trouver mieuxailleurs <strong>et</strong>, en même temps, s’impliquer auprès de leurs proches, dans leurmilieu <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> vie publique.Le Conseil a constaté, dans le cadre de ses consultations, que <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>étaient prêts à faire leur part <strong>et</strong> qu’ils <strong>la</strong> faisaient déjà. Mais tout l’effortd’adaptation ne doit pas venir d’eux : <strong>les</strong> employeurs <strong>et</strong> le gouvernementdoivent eux aussi s’adapter à <strong>la</strong> situation.De nos jours, attendre d’avoir <strong>la</strong> stabilité pour entreprendre des proj<strong>et</strong>s àlong terme peut vouloir dire <strong>les</strong> abandonner. Avec <strong>la</strong> précarité d’emploi,le rêve se ramène tout simplement à avoir un travail qui perm<strong>et</strong>trait enfinde voir plus loin que le bout de chaque chèque de paie.Les <strong>jeunes</strong> aspirent à des emplois de qualité, à des emplois sur <strong>les</strong>quelsils pourront s’appuyer pour échafauder des proj<strong>et</strong>s d’avenir <strong>et</strong> réaliserleurs rêves. Mais pour ce<strong>la</strong>, il faudra cesser de <strong>les</strong> voir comme une maind’œuvreà bas prix, compétente <strong>et</strong> j<strong>et</strong>able !EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESConclusionCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


104 Liste des recommandationsEMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESListe des recommandationsCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEAfin d’éliminer <strong>les</strong> incitatifs à<strong>la</strong> précarité <strong>et</strong> de favoriser ledéveloppement durable de <strong>la</strong>main-d’œuvre, le Conseilpermanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande :… au gouvernement du Québec :● de faire pression sur le gouvernementfédéral afin d’élever le sa<strong>la</strong>ire maximumassurable à l’assurance-emploi pourdissuader le recours aux heuressupplémentaires des haut sa<strong>la</strong>riés●●●d’augmenter le maximum assurableau Régime de rentes du Québec afind’atténuer <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s de po<strong>la</strong>risation dutemps de travail causés par le systèmede cotisationde promouvoir <strong>la</strong> responsabilité fiscale<strong>et</strong> sociale des entreprises avec autantd’énergie <strong>et</strong> d’ardeur que celle desparticuliersde favoriser le développement d’uneoffre de formation sectorielle enutilisant une partie du Fonds nationalde développement de <strong>la</strong> main-d’œuvreafin de promouvoir ce type de formation,mieux adaptée aux travailleurs <strong>atypique</strong>s,<strong>et</strong> d’inscrire c<strong>et</strong>te orientation dans leprochain P<strong>la</strong>n d’affectation desressources du Fonds…aux employeurs :●de s’assurer que leurs pratiques degestion respectent le principe de l’égalitéde sa<strong>la</strong>ire (incluant <strong>les</strong> avantages sociaux)pour un travail équivalent, selon l’espritde <strong>la</strong> Charte des droits <strong>et</strong> libertés de <strong>la</strong>personne●●d’inclure tous <strong>les</strong> travailleurs, qu’ilssoient réguliers ou non, dans leursp<strong>la</strong>ns de formationd’investir dans le développement de <strong>la</strong>main-d’œuvre en adoptant une vision dedéveloppement à long terme plutôt qued’économie à court terme…aux syndicats :● de s’assurer que <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés <strong>atypique</strong>sd’une entreprise puissent être couvertspar <strong>les</strong> conventions collectives <strong>et</strong> bénéficierdes mêmes conditions de travail que leurscollègues réguliers, ou encore qu’ils soientcompensés financièrement pour <strong>les</strong>avantages sociaux auxquels ils nepourraient avoir accès●●de développer des stratégies afinde favoriser <strong>la</strong> syndicalisation <strong>et</strong> <strong>la</strong>mobilisation des <strong>jeunes</strong>, notammentceux qui sont temporaires, à tempspartiel <strong>et</strong> entrepreneurs dépendantsd’assurer <strong>la</strong> présence de <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong>d’employés <strong>atypique</strong>s aux comitésde négociation <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> instancessyndica<strong>les</strong>… à l’État, aux employeurs<strong>et</strong> aux syndicats :● de s’engager activement à réduire <strong>la</strong>précarité de l’emploi <strong>chez</strong> <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>,par le biais des négociations collectives <strong>et</strong>dans l’ensemble des pratiques de gestion


Afin d’interdire <strong>la</strong> discriminationenvers <strong>les</strong> travailleurs <strong>atypique</strong>s, leConseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande au gouvernementdu Québec :● de réécrire l’article 41.1 de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong>normes du travail de <strong>la</strong> façon suivante :« Un employeur ne peut accorder àun sa<strong>la</strong>rié un sa<strong>la</strong>ire inférieur à celuiconsenti aux autres sa<strong>la</strong>riés quiaccomplissent un travail équivalentpour <strong>la</strong> même entreprise, pour le motifque ce sa<strong>la</strong>rié travaille habituellementmoins d’heures par semaine, qu’il travail<strong>les</strong>ur une base temporaire ou occasionnelle,ou encore que le travail effectué par cesa<strong>la</strong>rié découle d’un contrat conclu avecune agence de p<strong>la</strong>cement temporaire »● que le deuxième alinéa de l’article 41.1stipu<strong>la</strong>nt que <strong>la</strong> première partie de l’articlene s’applique pas à un sa<strong>la</strong>rié qui gagneun taux de plus de deux fois le sa<strong>la</strong>ireminimum soit éliminé, car sa portée esttrop restrictive●●●de préciser dans <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail que <strong>les</strong> travailleurs à temps partiel<strong>et</strong> temporaires doivent bénéficier desavantages sociaux au prorata des heurestravaillées ou d’une compensationfinancière équivalenteque <strong>les</strong> agences de p<strong>la</strong>cement <strong>et</strong> leursentreprises clientes soient considéréescomme des co-employeurs au sens de <strong>la</strong>Loi sur <strong>les</strong> normes du travail.que <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travailinterdise explicitement aux agencesde p<strong>la</strong>cement d’imposer des pénalitésfinancières lors de <strong>la</strong> conversion d’unposte temporaire en poste permanentAfin de favoriser une meilleurerépartition du temps de travail, leConseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande au gouvernementdu Québec :● de modifier <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail afin que <strong>les</strong> heures supplémentairessoient majorées de 50 %, jusqu’à concurrencede 48 heures par semaine, <strong>et</strong> de 100 %au-delà de c<strong>et</strong>te limite. Ces majorationss’appliqueraient aussi lorsque le paiementserait remp<strong>la</strong>cé par un congé équivalent●●●●de modifier l’article 53 de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong>normes du travail, qui traite de l’étalementdes heures, afin que tout calcul sur unebase autre qu’hebdomadaire ne soit permispar <strong>la</strong> Commission des normes du travailque lorsqu’une convention collective leprévoit ou qu’un employé y consentexplicitementde fixer, dans <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail, <strong>la</strong> journée normale de travail àhuit heures, ce qui perm<strong>et</strong>trait à tous <strong>les</strong>sa<strong>la</strong>riés, y compris <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés <strong>atypique</strong>s,d’avoir accès à <strong>la</strong> prime pour <strong>les</strong> heuressupplémentaires, sauf dans <strong>les</strong> casnégociés ou lorsqu’un employé yconsent explicitementde modifier <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail afin d’y ajouter une journéemaximale de travail de douze heuresde modifier <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail afin que <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés aient ledroit de refuser d’effectuer des heuressupplémentaires au-delà de 44 heuresde travail dans une semaine, ou dixheures dans une journée105EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESListe des recommandationsCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE


106EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESListe des recommandationsCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE●d’amender <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail afin que <strong>les</strong> employeurs soienttenus de donner un avis écrit à un sa<strong>la</strong>riéavant de diminuer ses heures de travail.Le dé<strong>la</strong>i requis pour c<strong>et</strong> avis seraitsemb<strong>la</strong>ble à ce qui prévaut en cas demise à pied. Dans l’éventualité où unemployeur ne respecterait ce préavis,il devrait verser au sa<strong>la</strong>rié <strong>la</strong> rémunérationà <strong>la</strong>quelle il aurait eu droit pour <strong>la</strong> mêmepériodeAfin d’é<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> protectionofferte par <strong>les</strong> lois sur l<strong>et</strong>ravail aux travailleurs <strong>atypique</strong>s,le Conseil permanent de <strong>la</strong><strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :● de modifier <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes dutravail en ajoutant un alinéa à l’article122 selon lequel il est interdit de congédierou d’appliquer des sanctions disciplinairesà l’endroit d’un « sa<strong>la</strong>rié » qui refuse dedevenir un « entrepreneur dépendant »●●●que <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travailcomprenne une définition c<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong>notion d’entrepreneur dépendant, ceux-ciétant considérés comme des sa<strong>la</strong>riésde mentionner dans <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normesdu travail que l’individu qui porte p<strong>la</strong>inteà <strong>la</strong> Commission des normes du travail,est présumé « sa<strong>la</strong>rié ». De plus, lorsquece statut fait l’obj<strong>et</strong> de contestations,que le fardeau de <strong>la</strong> preuve soit de <strong>la</strong>responsabilité de l’employeurd’amender l’article 124 de <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong>normes du travail pour ramener de trois àun an le dé<strong>la</strong>i requis pour avoir droit à unrecours contre un congédiement sans unecause juste <strong>et</strong> suffisante, tel que le prévoitdéjà le Code canadien du travailAfin de lutter contre <strong>la</strong> précarité,le Conseil permanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande au gouvernementdu Québec :● que le sa<strong>la</strong>ire minimum soit graduellementaugmenté sur une période de deux ans,de façon à ce qu’un employé qui travaille àtemps plein 40 heures par semaine puisseobtenir un revenu décent, équiva<strong>la</strong>ntau seuil de faible revenu de StatistiqueCanada, pour une ville de plus de 500 000habitants; soit 8,40 $ de l’heure●que <strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travailcomporte une disposition selon <strong>la</strong>quellele sa<strong>la</strong>ire minimum devra être indexéannuellement au coût de <strong>la</strong> vie,c’est-à-dire par rapport au tauxd’inf<strong>la</strong>tionAfin de mieux faire connaître<strong>les</strong> droits des travailleurs,le Conseil permanent de <strong>la</strong><strong>jeunes</strong>se recommande augouvernement du Québec :● d’organiser davantage d’activitésd’information <strong>et</strong> de prévention concernant<strong>la</strong> Loi sur <strong>les</strong> normes du travail. D<strong>et</strong>el<strong>les</strong> activités devraient notammentêtre intégrées aux programmes d’étudesdu secondaire <strong>et</strong> du collégial, alors que <strong>la</strong>plupart des <strong>jeunes</strong> entrent pour <strong>la</strong> premièrefois en contact avec le marché du travail●●que <strong>les</strong> employeurs soient tenus d’exposer<strong>les</strong> conditions de travail prévues par <strong>la</strong> Loisur <strong>les</strong> normes du travail dès l’embauche<strong>et</strong> lors d’un renouvellement de contrat. Undépliant à c<strong>et</strong>te fin devrait être produit par<strong>la</strong> Commission des normes du travailque <strong>les</strong> employeurs affichent bien en vuesur <strong>les</strong> lieux de travail <strong>les</strong> normes prévuesdans <strong>la</strong> LNT


Afin de m<strong>et</strong>tre à jour <strong>les</strong>mécanismes de négociationcollective, le Conseil permanentde <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>se recommandeau gouvernement du Québec :● d’inclure <strong>la</strong> définition d’entrepreneurdépendant au Code du travail <strong>et</strong> deperm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> syndicalisation de cespersonnes●●●de préciser dans le Code du travailque <strong>les</strong> sa<strong>la</strong>riés d’agences de p<strong>la</strong>cementtemporaire peuvent avoir accès à <strong>la</strong>négociation collective, selon <strong>les</strong>paramètres qui seront déterminéspar <strong>la</strong> future Commission des re<strong>la</strong>tionsde travailde poursuivre l’effort de révision du Codedu travail dans le but de favoriser l’accèsà <strong>la</strong> négociation collective pour <strong>les</strong> <strong>jeunes</strong>travailleurs, notamment <strong>les</strong> <strong>atypique</strong>s, enconsidérant <strong>la</strong> possibilité de perm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong>négociation regroupéed’adopter une loi-cadre qui baliserait <strong>les</strong>regroupements de travailleurs autonomes<strong>et</strong> en faciliterait <strong>la</strong> reconnaissancePour adapter <strong>les</strong> programmessociaux aux nouvel<strong>les</strong> réalitésdu monde du travail, le Conseilpermanent de <strong>la</strong> <strong>jeunes</strong>serecommande au gouvernementdu Québec :● de faire pression sur le gouvernementfédéral afin de changer <strong>les</strong> règ<strong>les</strong>d’admissibilité aux prestationsd’assurance-emploi pour en faciliter l’accèsaux <strong>jeunes</strong> travailleurs, particulièrementceux à temps partiel <strong>et</strong> temporaires,qui cotisent au même niveau que <strong>les</strong>autres travailleurs, mais ne bénéficientde prestations qu’exceptionnellement●●de faire pression sur le gouvernementfédéral afin d’abolir le double standardd’admissibilité aux prestations d’assuranceemploipour <strong>les</strong> nouveaux venus sur lemarché du travail <strong>et</strong> pour ceux qui leréintègrentde persévérer dans sa démarche denégociation avec le gouvernement fédéraldans le but d’instaurer son propre régimed’assurance parentale, tel que prévu par <strong>la</strong>Loi sur l’assurance-parentale107EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESListe des recommandationsCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSE●cependant, en cas de refus catégoriquede négocier une telle entente, le Conseilrecommande au gouvernement du Québecde procéder de façon uni<strong>la</strong>térale, ens’appuyant sur le consensus québécoisre<strong>la</strong>tif au proj<strong>et</strong> d’assurance-parentale


108EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESAnnexeCONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSEAnnexe Méthodologie des groupes de discussionLe CPJ a mandaté <strong>la</strong> firme Léger Mark<strong>et</strong>ing afin de menerune étude qualitative auprès de <strong>jeunes</strong> travailleurs autonomes,temporaires <strong>et</strong> à temps partiel.La sélection <strong>et</strong> le recrutement des participants ont été effectués par l’équipe derecruteurs de Léger Mark<strong>et</strong>ing de façon aléatoire <strong>et</strong> suivant des critères de sélectionspécifiques. Ces critères visaient à obtenir une répartition équitable des participantsselon le sexe, <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité, <strong>la</strong> situation familiale, le revenu familial <strong>et</strong> le secteurd’emploi. Également, en ce qui concerne <strong>les</strong> groupes des 20 à 29 ans, le nombred’étudiants était limité à trois.La durée moyenne de chaque entr<strong>et</strong>ien était de près d’une heure trente <strong>et</strong> l’animationa été effectuée par un des responsab<strong>les</strong> du proj<strong>et</strong> <strong>chez</strong> Léger Mark<strong>et</strong>ing.Malgré des objectifs globaux semb<strong>la</strong>b<strong>les</strong> pour tous <strong>les</strong> groupes faisant partie del’étude, soulignons que certains points spécifiques ont été abordés uniquementavec <strong>les</strong> groupes composés des <strong>jeunes</strong> de 15 à 19 ans, ceux-ci faisant face à desréalités différentes de cel<strong>les</strong> des autres participants plus âgés. Les aspects abordésavec ces groupes de participants impliquaient que ces derniers fassent davantageétat de leur perception de leur avenir <strong>et</strong> abordent moins <strong>les</strong> impacts actuels re<strong>la</strong>tifs à<strong>la</strong> précarité de leur emploi actuel. Ainsi, deux guides de discussion différents ontété utilisés.Précisons finalement que, compte tenu de <strong>la</strong> nature qualitative <strong>et</strong> exploratoirede l’approche méthodologique qui a été r<strong>et</strong>enue pour c<strong>et</strong>te étude, on ne peutattribuer aux tendances observées <strong>la</strong> même valeur statistique que dans le casd’un sondage, par exemple.


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114EMPLOI ATYPIQUE ET PRÉCARITÉ CHEZ LES JEUNESLes membres du Conseil en 1998-2001CONSEIL PERMANENT DE LA JEUNESSELes membres duConseil en 1998-2001Philippe Bouzaglou,PierrefondsAlexis Boyer-Lafontaine,MontréalC<strong>la</strong>irandrée Cauchy,MontréalLouise-Marie Cé<strong>les</strong>tin,MontréalMarie-Chantal Gagné,CharnySylvain Gendron,La SarreDominic Mailloux,Sorel-TracyMarie-C<strong>la</strong>ude Ménard,Sorel-TracyHélène Rhéaume,St-Valérien-sur-MerMichel Rouleau,Rivière-du-LoupEmma Savard,St-Octave-de-MétisAnnie Simard,Baie-St-Paul

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