CHÈNEVIÈRE — CHENIL 310commencement de la troisième année ; glands à maturation annuelle, un oudeux ensemble, portés par des pédoncules très courts.Le chêne yeuse est tantôt un buisson, tantôt un arbre qui, en bon sol, peutatteindre 15 18 mètres de hauteur et 2 à 3 métres de tour. Il couvre soitseul, soit en mélange avec le chêne pubescent et le pin d'Alep, des étenduesconsidérables de la France méridionale, où il croit encore à des altitudesde.700 à 800 mètres. Il se développe davantage en Corse et en Algérie,où la variété ballote constitue des massifs réguliers importants. Son couvertest assez épais ; il est très robuste et résiste aux plus grandes ardeurs dusoleil. Avec un enracinement essentiellement pivotant, il possède des racineslatérales drageonnantes. Il repousse abondamment de souche jusqu'à unâge très avancé. Aussi est-il énéralement exploité en taillis à courte révolution.Il se contente des sols les plus médiocres, semblant se plaire particulièrementsur les sols calcaires. La fructification est précoce et se produitdès huit à dix ans. Les glands mûrissent en octobre.Usages. — Le bois est d'une teinte claire, brune au coeur. Les rayonsmédullaires, très nombreux, lui donnent des maillures fort belles. Les accroissementsannuels sont peu distincts et l'aubier peu tranché. La densitédépasse 0,9. Le bois d'yeuse est sujet à se déjeter et à se gercer en se desséchant.On y remédie en le laissant séjourner quelque temps sous l'eau. Ilpeut recevoir un poli comparable à celui du marbre et est d'un emploiprécieux dans l'ébénisterie. Il n'a point d'égal comme combustible et produitun charbon d'excellente qualité. L'écorce donne un tan très estimé,supérieur à celui des chênes à feuilles caduques. Les glands, lorsqu'ils sontdoux, servent à la nourriture de l'homme. En Algérie et en Espagne, lavariété ballote est même cultivée pour cet usage ;Jhêne-liége, suro , sioure, super (fig. 1021 et 1022). — Il présente lescaractères suivants : feuilles ovales-oblongues, fermes, coriaces, un peuluisantes en dessus, grises ou blanchâtres en dessous, persistantes jusqu'àla fin de la deuxième année et quelquefois jusqu'à la troisième ; glands àmaturation annuelle au nombre de un ou deux, sur de courts pédonculesgris, velus. La fructification se produit dès l'âge de quinze ans, la maturationd'octobre à fin décembre.C'est un arbre trapu, d'une longévité très prolongée, s'élevant à 10 ou12 métres et pouvant atteindre 4 à 5 mètres de circonférence. C'est uneessence caracte'risti ue de la région du littoral méditerranéen, dont elles'écarte peu et où elle occupe les coteaux ou montagnes ne dépassant pas500 mètres d'altitude en France et 1 000 mètres en Algérie. Dans cettecolonie, elle forme des massifs d'une grande étendue. Le feuillage est grêleet rare, la ramification peu serrée, le couvert léger. L'enracinement est pivotantau début, mais ensuite s'accroche aux sols les plus rocheux par de puissantesramifications latérales. La reproduction par rejets est abondante et,quand la souche a été détruite par un incendie, les racines ont la propriétéde drageonner quelque peu.Ecorce . — L'écorce se caractérise par la formation sous l'épiderme d'unecouche subéreuse (liège) qui prend un grand développement dès l'âge decinq ans. L'arbre étant abandonné à lui-même, cette couche se crevasse fortementet est impropre à tout usage. L'opération du démasclage, qui a lieudès que l'arbre a atteint 0m,25 à 0",30 de circonférence, a pour objet d'enleverce premier liée appelé liège male et de provoquer la formation denouvelles couches d un liege dit liège femelle, homogène, souple, exemptde cavités et de fortes crevasses et dont on opère la levée tous les huit ansenviron. V. LINGE.Bois ; usages. — Le bois du chêne-liège présente une coloration variantdu gris an brun rougeâtre. Il est extrêmement lourd et compact. Densité :0,803 à 1,029. On l'utilise pour la menuiserie, les pièces de machines ; ilfournit un chauffage très estime et un excellent charbon.Chêne occidental ou corsier .— Il présente les caractères suivants : feuillesovales ou elliptiques, dentées ou un peu épineuses, coriaces, luisantes endessus, d'un vert grisâtreet tomenteuses en dessous,persistantes jusqu'à l'entierdéveloppement decelles de l'année suivante ;glands à maturation bisannuelleportés par des pédonculescourts sur les rameauxdéfeuillés de l'annéeprécédente.C'est un arbre de taillemédiocre, commun dansle sud-ouest de la France,on il se plait dans les terrainsargilo-siliceux desLandes, aux expositionschaudes et abritées. On apu le propager avec succèsjusqu'au sud de laBretagne. Sa croissanceest lente, mais sa longévitépeut atteindre troissiècles et plus.Bois et écorce. — I1fournit un liège semblableà celui du chêne-liège etest traité de la même façonpour cette production. Sonbois, un peu moins lourd,est aussi un excellent combustible.Autres espèces. —En dehors de ces six espècesprincipales, on peutciter encore :Le chéne zéen (quercusMirbeckii), considéré sou-Phot. Faideau .FIG. 1022. — Rameaux de chêne-liège.vent comme variété du rouvre et qui rappelle cette essence par les dimensions,le port, les qualités de son bois. Il forme de vastes forêts en Algérie ;Le chéne chevelu (quercus terris), caractérisé par ses glands à maturationbisannuelle, dont la cupule est hérissée de longues lanières molles etpubescentes. Il est abondamment répandu dans tout le sud-est de l'Europeet dans une partie de l'Asie. En France, il n'existe qu'à l'état disséminé. Ilatteint les dimensions et la longévité des chênes rouvre et pédonculé.Le chéne kermès (quercus coccifera) [chêne à cochenille], qui rappelle lechêne yeuse par ses feuilles dentées, épineuses, persistantes et par les qualitésde son bois. Il ne forme en France que des broussailles, mais devientdans les contrées plus chaudes un arbre de moyenne taille. Sur ses rameauxon recueillait autrefois un insecte voisin des cochenilles, le kermès du chênevert, dont le corps desséché et pulvérisé produisait une belle teinture écarlate.Parmi les especes exotiques, on peut citer : le chéne blanc de l'Amériquedu Nord, à feuilles très duveteuses dans le jeune âge ; le chêne de laCaroline(quercus virens), qui se rattache au chêne vert ; le chéne d la noix degalle (quercus infectoria) du Levant , . sur les feuilles duquel la piqûre d'uncynips provoque la formation de grosses excroissances riches en tanin ; levelani (quercus ægilops) de Grèce et d'Asie Mineure, dont les cupules trèsriches en tanin sont employées sous le nom de gallons du Levant; le chénetinctorial (quercus tinctoria) de l'Amérique du Nord, dont l'écorce, ditequercitron, fournit une matière colorante jaune.Maladies et ennemis. —Le chêne, comme beaucoup d'autres arbres, nourritune grande quantité de mousses, de lichens, d'ailleurs peu redoutables ;mais il peut etre envahi par des champignons nuisibles comme le blanc(oïdium), les' sphéria , les rosellinia , exoasques , etc., qui attaquent son feuillage,son bois ou ses racines ; les arbres morts sont envahis fréquemmentpar des champignons comme l'armillaire, les hydnes, polypores, etc. ; lemycélium de ces espèces vit aux dépens du bois, dont il hâte la décompo ;sition. D'autre part les insectes qui attaquent le chêne sont assez nombreux ;nous citerons parmi les plus communs : le hanneton, l'orcheste , les bombyx(processionnaire, livrée, disparate), l'orgye , la phalène défeuillante, quirongent le feuillage ; le scolyte et le bostryche velu, qui creusent leurs galeriesentre l'écorce et le bois; le bupreste, le cerf-volant, le cossusgäte-bois ,le grand capricorne, dont les larves attaquent le bois lui-même ; le balanindes glands, qui attaqueles fruits ; les cynips, quioccasionnent les entomocécidiesdes feuilles(galles).Chènevière. — Terrain,champ où l'on cultivele chanvre. V. cemot.Chènevis. — Grainede chanvre. La graineemployée doit provenirautant que possible de semistrès clairs, avoir unebelle couleur grise, êtrebrillante, ce qui indiquequ'elle a été bien récoltée,et n'avoir pas plusde deux ans.V. CHANVRE.La graine de chanvres'emploie pour la nourrituredes volailles et desoiseaux de volière.Chènevotte . — Partieligneuse du chanvreaprès qu'on en a retiréla filasse et qui servaitautrefois à la fabricationdes allumettes soufrées.Chenil. — Réduit servantà enfermer et abriterles chiens (fig. 1023 à1025).Pour le chien isolé(chien de garde à laferme ou à la maison),le chenil se réduit à uneniche, fixe ou démontable(fig : proportionneeà la taille del'animal, construite enplanches et recouverted'un toit à double penteavec faita$e en zinc pouréviter les infiltrations dela pluie. L'entrée en estordinairement percéedans l'un des petits côtés ;mais on peut aussi pratiquercette ouverturelatéralement,demanièreque le chien ne soit passous l'action directe del'air. Le plancher de laniche est éloigné du solde quelques centimètreset recouvert d'une paillasseou d'une couche depaille. Tous les jointsdoivent être étanches etla surface extérieure dela niche recouverte d'unecouche protectrice depeinture. Périodiquement,on nettoie la nicheet on la désinfecte intérieurementpour enchasser la vermine. OnF'G .1023. — Plan d'un chenil.Faîtière en zincFIG. 1024. — Niche individuelle à chien (démontable).peut aussi utiliser comme niche un tonneau dans lequel on dispose unplancher. OR construit aussi des niches individuelles en ciment armé.Lorsqu'il s'agit de loger plusieurs animaux (chiens de chasse par exemple),le chenil doit etre un abri spacieux ; on construit alors un petit édifice (enbriques, en ciment armé) sur un terrain sec. Le sol de cette habitation esten ciment; les murs reçoivent un badigeon à la chaux. On pratique lesouvertures d'aération à l'orientation du sud, du sud-est ou de l'est.L'aménagement intérieur, très simple, comporte des niches individuelles
311ou des bancs mobiles ne reposant pas directement sur le sol. Devant lechenil, on réserve un préau dont le sol est cimenté également et qu'entoureun grillage (fig. 1025) ; c'est là que s'ébattent les chiens (on y peut dispo-FIG. 1025. — Vue extérieure d'un chenil de luxe.ser aussi des banquettes de repos). C'est là aussi que l'on distribue laboisson et la nourriture.Le chenil doit être tenu très propre lavage quotidien à grande eau légèrementcresylée ; et, périodiquement, badigeonnage des murs à la chaux.Une ou deux fois l'an, désinfection complète. V. CHIEN.Chenille. — Larve de lépidoptère (fig. 1026), depuis son éclosion jusqu'àsa transformation en chrysalide.Les chenilles sont des larves vermiformes molles, à corps formé de douzeanneaux, avec une tête ronde. Elles sont souvent ornées de brillantes cou-CHENILLE —CHENINport avec une glande en cul-de-sac sécrétant un liquide corrosif, commeles chenilles processionnaires (ainsi appelées parce qu'elles se déplacent enlongues files). Six ocelles, à droite et à gauche, sont les organes de la vue.Les trois premiers anneaux portent chacun une paire de pattes écailleuses ;. les autres, des tubercules en couronne, dits « pattes membraneuses », dontle nombre et la disposition varient suivant les groupes.A chaque mue, la peau se fend sur le dos, et la chenille sort de sadépouille, qu'elle abandonne. Certaines chenilles se fabriquent des abrisavec des brindilles, des morceaux de feuilles, etc., assemblés avec de la soie,et traînent partout avec elles ce fourreau protecteur. Tantôt les chenillesvivent isolées, tantôt en colonies nombreuses (nids de chenilles). Elles progressentpar des mouvements ondulatoires ; mais il en est, comme celles desgéomètres (V. ARPENTEUSES), qui avancent d'une façon particulière. Toutesles chenilles sont phytophages, c'est-à-dire mangent les plantes, sauf cellesde quelques teignes, qui se nourrissent de matières organiques ou viventmême sur la toison ou les cornes dg divers mammifères, dans les ruches,etc. Dévorant les feuilles (fig. 1027), les fleurs, les fruits, perçant desgaleries dans le bois, elles sont très nuisibles, suivant les espèces. Nousavons cependant quelques rares types de chenilles très utiles, comme lachenille du ver a soie (bombyx mori). Un certain nombre de chenillesse chrysalident à découvert ; mais beaucoup filent auparavant un coconavec la soie qui sort par leur lèvre inférieure de glandes spéciales, dites« glandes séricigènes ».Parmi les chenilles les plus communes, nous citerons celles des lépidoptèresou micolépidoptères suivants : vanesses, piérides, hépiale, cossus, zeuzère,sé sie, bombyx, machaon, li pari s,oryye,cnéthocampe , phalènes ougéomètres,harpyes, sphinx, noctuelles, agrotzs, plusie, pyrales, teignes, etc.Moyens de destruction. — Outre l'échenillage, que les arrêtés municipauxrendent obligatoire (V. ÉCHENILLAGE), les moyens de destruction des chenillesconsistent en pulvérisations de bouillies insecticides (V. BOUILLIES)FIG. 1027. — Chenilles attaquant une branche de pin.'FIG. 1026. — Quelques variétés de chenilles.1. Papillon machaon,; 2. Vanesse morio; 3. Grand mars; 4. Smerinthe demi-paon; 6. Grand paon;6. Orgye pudibonde; 7. Dicranure vinule ; 8. Cossus este-bois; 9. Harpye du hélio; 10. Acronyctede l'érable; il. Uraptéryx du sureau; 12. Boarmie livide.leurs, portent fréquemment des poils, des épines, des brosses, des tubercules,des caroncules rétractiles. Ces larves ne sont jamais venimeuses ;certaines, toutefois, possèdent des poils urticants dont la base est en rap-et emploi de ceintures pièges (V. ce mot). D'autre part, on ne saurait troprecommander de protéger les petits oiseaux passereaux, qui sont pour laplupart de grands destructeurs de chenilles, et de songer à multiplier lesinsectes parasites des chenilles ou leurs ennemis naturels.Chenin . — Cépage cultivé dans les vignobles du bassin de la Loire. Lechenin noir (fig. 1028) ou pinot d'Aunis ou plant d'Aunis est un cépagede deuxième époque, qui est très fertile, rustique et qui, quoique un peutardif, donne un vin de bonne qualité, figurant parmi les meilleurs vinsrouges des vignolles des bords de la Loire. Il se plaît dans les sols riches etprofonds des plaines et demande dans ces terrains une taille longue. Le cheninblanc (fig. 1029), appelé encore pinot blanc de la Loire, plant de Brézé,plant de Maillé, plant d'Anjou, est un cépage de deuxième époque, trèsrustique, vigoureux et fertile, surtout dans les sols argileux et profonds oùil se plaît le mieux. Il résiste bien à la coulure. Il donne les vins blancsd'Anjou bien connus, les vins de Vouvray. Les raisins de chenin blanc sontcueillis lorsque la pellicule est couverte de pourriture noble. V. BOTRYTIS.FIG. 1028. — Chenin noir.FIG. 1029. — Chenin blanc.