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Les disparités <strong>de</strong> revenus<strong>de</strong>s ménages franciliensAnalyse <strong>de</strong> l’évolution 1990­1999­2007Jean­Christophe François, Antonine RibardièreetAntoine Fleury, Hélène Mathian,Antonin Pavard, Thérèse Saint­JulienMars 2012Avant proposL’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s ménages franciliens en 2007 réalisée par les chercheurs du <strong>la</strong>boratoireGéographie­Cités en partenariat avec <strong>la</strong> <strong>Driea</strong> souligne <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s territoires franciliens du point<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur fonction rési<strong>de</strong>ntielle.L’indicateur <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> vie mobilisé (revenu par Unité <strong>de</strong> Consommation, qui intègre les effets <strong>de</strong>composition <strong>de</strong>s ménages, est particulièrement pertinent dans le cas <strong>de</strong> l’Ile <strong>de</strong> France ; en effet,compte tenu du prix au m 2 <strong>de</strong>s logements, <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s ménages progresse régulièrement du centrevers <strong>la</strong> périphérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> région. Ce niveau <strong>de</strong> vie étant connu <strong>de</strong> manière fine, l’analyse peut êtremenée à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s ménages dans les nivaux <strong>de</strong> revenu, ce qui permet d’abor<strong>de</strong>r lesquestions <strong>de</strong> mixité.Le cœur <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> est <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s changements dans <strong>la</strong> structuration régionale et locale, auregard <strong>de</strong> <strong>la</strong> disparité <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s ménages.L’équipe <strong>de</strong> géographie­cités a privilégié l’évaluation <strong>de</strong>s situations en 1990 et 2007 par comparaisonavec celle <strong>de</strong> 1999 pour bénéficier d’un recul sur longue pério<strong>de</strong>. C’est l’approche qui est présentéeen synthèse. Cependant le rapport comporte aussi <strong>la</strong> nouvelle typologie communale en 2007, donc unnouveau référentiel ; les profils <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> 2007 sont différents <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> 1999, ce qui n’autorisepas une comparaison immédiate. Cependant, les <strong>de</strong>ux exercices se complètent, <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong>situation actuelle <strong>de</strong>vient plus précise à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>s dynamiques récentes ou plus anciennes.La cartographie <strong>de</strong> cette typologie en 2007 (voir carte page suivante), et le profil <strong>de</strong> chaque type,confirment l’opposition dans <strong>la</strong> zone centrale entre un espace très spécialisé dans les plus hautsrevenus, et un pôle <strong>de</strong> pauvreté moins spécialisé mais plus compact qui se resserre au nord <strong>de</strong>Paris ; Entre ces <strong>de</strong>ux types extrêmes <strong>de</strong> nombreuses communes représentant près <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>sménages présentent <strong>de</strong>s profils plus divers, même si le type réellement mixte est assez limité en<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> quelques arrondissement <strong>de</strong> l’est parisien. La plupart <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> <strong>la</strong> périphérie <strong>de</strong> <strong>la</strong>Seine­et­Marne appartiennent au type « c<strong>la</strong>sse moyennes inférieures », mais l’approche dynamiquesouligne une certaine hausse du niveau <strong>de</strong> vie dans ces territoires, comparés à leur situation en1999… La complémentarité <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux approches est essentielle. Enfin, dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong>nse, lecroisement <strong>de</strong>s approches communales et infracommunales permet également <strong>de</strong> préciser lesdynamiques locales.Pascale Rohaut


Les disparités <strong>de</strong> revenus <strong>de</strong>s ménages franciliens | Février 2012Les inégalités <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s ménages dans les communes franciliennes en 2007DRIEA-IF / Service <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospective et Géographie - Cités


SynthèseDepuis <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 1990, le constat d’une accentuation <strong>de</strong>s contrastes sociaux dans les villes fait consensus enFrance. Les termes <strong>de</strong> « ségrégation », <strong>de</strong> « dualisation », voire <strong>de</strong> « sécession », et <strong>de</strong> « ghetto » sont désormais utilisésassez couramment. S’il existe <strong>de</strong>s divergences, celles­ci portent sur l’analyse <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> ces processus et <strong>de</strong>smoyens pour y remédier. Le débat national et international s’est notamment cristallisé autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong> « villeglobale » et <strong>de</strong> son corol<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> « dualisation », à <strong>la</strong> fois sociale et spatiale, et aussi autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong> gentrificationd’une part, <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécession urbaine <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses moyennes d’autre part. En s’appuyant sur une étu<strong>de</strong> empiriqueportant sur l’ensemble <strong>de</strong> l’Île­<strong>de</strong>­France, cette recherche prend non seulement part à ces débats scientifiques nationauxet internationaux, mais fournit aussi <strong>de</strong> nouveaux éléments susceptibles d’alimenter le débat public et <strong>de</strong> serviraux politiques publiques en France et en Île­<strong>de</strong>­France.Cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s changements récents <strong>de</strong> <strong>la</strong> division sociale <strong>de</strong> l’espace francilien est centrée sur les inégalités <strong>de</strong> revenu<strong>de</strong>s ménages. Ce n’est que subsidiairement que nous nous pencherons sur les liens observés en Île­<strong>de</strong>­France entreles changements <strong>de</strong> ces inégalités <strong>de</strong> revenus et ceux liés aux autres indicateurs socio­démographiques caractérisant <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion rési<strong>de</strong>nte. Par sa capacité englobante, l’indicateur <strong>de</strong> revenu est non seulement en mesure d’internaliser lesdimensions structurelles auxquelles renvoient les catégories sociales, mais aussi d’autres vecteurs <strong>de</strong> différenciation sociale(précarité du travail, genre, statut d’occupation du logement, etc.) De plus, l’indicateur <strong>de</strong> revenu, du fait <strong>de</strong> sa fluiditémême, est re<strong>la</strong>tivement apte à rendre compte <strong>de</strong>s glissements internes <strong>de</strong> position sociale opérés au fil du temps dansun contexte <strong>de</strong> transformation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s contenus <strong>de</strong>s catégories professionnelles.Deux échelons d’analyse ont été choisis. Le premier est l’échelon communal, particulièrement pertinent au regard <strong>de</strong>smissions sociales conférées en France aux collectivités locales. Cet échelon permet d’appréhen<strong>de</strong>r assez bien ce qui,dans les bassins <strong>de</strong> vie, relève <strong>de</strong> <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong>s voisinages (cadre <strong>de</strong> vie, réseaux sociaux, activités éducatives, sportiveset culturelles, etc.). Sur le p<strong>la</strong>n méthodologique, cet échelon est un bon compromis non seulement pour appréhen<strong>de</strong>rles disparités d’échelon local (intercommunales), mais aussi pour dégager les tendances spatiales <strong>de</strong> ces disparités àl’échelle <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> région. Le <strong>de</strong>uxième échelon d’observation est celui <strong>de</strong>s IRIS, division statistique infra­communale.Cet échelon permet <strong>de</strong> donner une image <strong>de</strong>s discontinuités socio­rési<strong>de</strong>ntielles entre les quartiers et donc à unéchelon micro­local, dont <strong>la</strong> connaissance a toute sa pertinence dans <strong>la</strong> gestion territoriale <strong>de</strong>s inégalités sociales.C’est à travers une catégorisation en dix tranches <strong>de</strong> revenus, correspondant aux déciles franciliens <strong>de</strong> revenus, queles disparités <strong>de</strong> revenus <strong>de</strong>s ménages franciliens sont appréciées. Cette étu<strong>de</strong> repose donc sur un référentiel propre à <strong>la</strong>région francilienne, justifié par <strong>la</strong> spécificité <strong>de</strong>s niveaux et <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> revenus, re<strong>la</strong>tivement à <strong>la</strong> structure moyenne<strong>de</strong>s autres régions françaises. La mise en re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’indicateur <strong>de</strong> revenu et <strong>de</strong>s statuts socioprofessionnels d’une partet <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> logement d’autre part, vali<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> puissance englobante <strong>de</strong> cet indicateur, tout en suggérant <strong>la</strong> réalitédu cumul <strong>de</strong>s difficultés synthétisée dans un faible niveau <strong>de</strong> revenu ou encore l’ampleur <strong>de</strong>s écarts en termes <strong>de</strong> conditions<strong>de</strong> vie contenue dans <strong>de</strong>s différentiels <strong>de</strong> revenus.L’objectif étant <strong>de</strong> construire une image <strong>de</strong>s disparités intercommunales <strong>de</strong> revenus en 2007, que l’on puisse confronteravec celles établies pour 1999 et 1990, c’est l’année 1999 qui a été retenue comme référence pour <strong>la</strong> comparaison. Lescommunes décrites par <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s ménages rési<strong>de</strong>nts dans chaque décile francilien <strong>de</strong> revenu en 2007 ont ainsi été répartiesdans sept types communaux définis en 1999, types qui se rapprochent dans trois sous­ensembles. Le premiersous­ensemble regroupe les communes où étaient re<strong>la</strong>tivement surconcentrés dans le 10e décile les ménages très aisés(type 1) et aisés (type 2 ). A l’opposé, le <strong>de</strong>uxième correspond aux communes marquées par <strong>de</strong>s surconcentrations re<strong>la</strong>tives<strong>de</strong>s ménages pauvres (types 6) et très pauvres (type 7). Entre ces situations extrêmes, les trois autres types communauxi<strong>de</strong>ntifiés relèvent <strong>de</strong> diverses combinaisons <strong>de</strong>s surreprésentations <strong>de</strong>s ménages dans les déciles intermédiaires<strong>de</strong> revenus (types 3, 4), ou <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> spécialisation (type 5 proche du profil régional).Le maintien <strong>de</strong>s grands clivagessocio­spatiauxCette analyse permet <strong>de</strong> construire pour 2007 une premièreimage <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s disparités <strong>de</strong> revenus dans l’espacefrancilien, qui renvoie globalement à une organisationradioconcentrique <strong>de</strong> l’espace métropolitain. Elle vientconfirmer non seulement – et <strong>de</strong> manière très c<strong>la</strong>ssique –le maintien d’une opposition entre les espaces <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses supérieures et ceux <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses popu<strong>la</strong>ires,mais aussi l’existence d’une <strong>la</strong>rge palette <strong>de</strong> situationscommunales intermédiaires entre ces situations extrêmes.Les espaces <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses supérieures et ceux <strong>de</strong>s catégoriespopu<strong>la</strong>ires sont très marqués, avec <strong>de</strong>s noyaux trèscompacts <strong>de</strong> communes (à l’ouest pour les premières, aunord pour les secon<strong>de</strong>s), accompagnés <strong>de</strong> formes pluséparses dans le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> région. Il faut cependant soulignerune forte dissymétrie territoriale : à l’ouest, unegran<strong>de</strong> radiale s’épanouit en un <strong>la</strong>rge éventail qui va ducentre <strong>de</strong> Paris vers <strong>la</strong> périphérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> région, alors que lenoyau <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> pauvreté est cantonné au nord dans3


Les disparités <strong>de</strong> revenus <strong>de</strong>s ménages franciliens | Février 2012un périmètre plus restreint <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite couronne, centrésur l’ouest <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine­Saint­Denis, limité au sud par leboulevard périphérique et au nord par les limites <strong>de</strong> l’habitatcollectif <strong>de</strong>nse. Il faut également remarquer l’existenced’une <strong>la</strong>rge palette d’espaces intermédiaires, que ce soitdans le cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> région – avec un continuum entre lesespaces correspondant à <strong>de</strong>s situations extrêmes – oudans ses périphéries caractérisées par une re<strong>la</strong>tive spécialisationdans <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong> ménages aux revenusmoyens.Des évolutions sensiblesà l’échelon communalL’adoption d’un référentiel commun pour observer les différenciationsintercommunales <strong>de</strong> revenus <strong>de</strong>s ménages autoriseune lecture <strong>de</strong>s évolutions sur près <strong>de</strong> 20 ans, c'està­dire<strong>de</strong>puis 1990. Certes, <strong>la</strong> structure d’ensemble <strong>de</strong> l’espacefrancilien apparaît, pour une part, assez stable. Eneffet, cette structure conserve globalement sa forme radioconcentrique.Mais au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>, elle se trouvesimplifiée, du fait en particulier <strong>de</strong> l’érosion <strong>de</strong>s types extrêmes,pauvres en particulier, qui apparaissaient encoreen 1999 caractériser <strong>de</strong>s communes dispersées dans <strong>la</strong>gran<strong>de</strong> périphérie. Cette érosion fonctionne par ailleurscomme le signe d’un renforcement global <strong>de</strong> <strong>la</strong> division sociale<strong>de</strong> l’espace à l’échelon régional. Ce résultat est d’autantplus net que, globalement, le modèle <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionentre types communaux <strong>de</strong> profils <strong>de</strong> revenus et variablessociodémographiques se trouve confirmé : il existe en effetun lien encore plus étroit en 2007 qu’il ne l’était en1999 entre déciles <strong>de</strong> revenus et composition sociale<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, singu<strong>la</strong>risant davantage les communesles plus pauvres d’une part, et communes les plus aiséesd’autre part.Figure 1. : Les inégalités <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s ménages dans les communes franciliennes :évolution 1990­1999 et 1999­2007Un modèle confirmé à l’écheloninfra­communalA l’échelon infra­communal, le modèle sectoriel <strong>de</strong> divisionsociale <strong>de</strong> l’espace francilien, perçu au travers <strong>de</strong>s revenus<strong>de</strong>s ménages, est encore plus lisible. La po<strong>la</strong>risationsociale apparaît d’autant plus nette que l’on constate uneréciprocité dans l’exclusion mutuelle <strong>de</strong>s quartiers spécialisésdans <strong>la</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s ménages aisés et dans celle<strong>de</strong>s ménages pauvres. Fait important, cette exclusion mutuelle<strong>de</strong>s types extrêmes s’est renforcée entre 1999 et2007, sans pour autant rendre compte à elle seule <strong>de</strong> toute<strong>la</strong> complexité <strong>de</strong>s configurations infra­communales. DeuxDRIEA-IF / Service <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospective et Géographie - Cités


schémas coexistent ainsi dans l’espace francilien : d’unepart, aux <strong>de</strong>ux extrémités du spectre social, <strong>de</strong>s ensembles<strong>de</strong> communes admettant en leur sein peu <strong>de</strong> diversitéet, d’autre part, dans une position intermédiaire, <strong>la</strong>gran<strong>de</strong> masse <strong>de</strong>s communes franciliennes, composées<strong>de</strong> mé<strong>la</strong>nges variables <strong>de</strong> quartiers divers, dosés différemment,mais admettant généralement une forte hétérogénéitélocale.L’analyse infra­communale a également permis <strong>de</strong> révéler<strong>de</strong>s formes et limites spatiales qui n’étaient pas visibles àl’échelon communal. Localement, à l’échelon infra­communal,les contacts brutaux entre quartiers <strong>de</strong> types opposéssont fréquents, prenant souvent <strong>la</strong> forme d’iso<strong>la</strong>ts. Ces iso<strong>la</strong>tsconnaissent <strong>de</strong>s sorts variés, mais l’examen <strong>de</strong> l’évolution1999­2007 met en général en évi<strong>de</strong>nce leur re<strong>la</strong>tivefragilité. En revanche, les transitions entre grands secteursobservées à l’échelon <strong>de</strong>s IRIS révèlent <strong>de</strong>s discontinuitéslinéaires à <strong>la</strong> fois plus brutales qu’à l’échelon communal etplus fortes en 2007 qu’elles ne l’étaient en 1999. Toutefoisles fronts pionniers <strong>de</strong> l’embourgeoisement, très visibles àl’échelon <strong>de</strong>s IRIS, peuvent aussi, localement, brouillertemporairement les discontinuités préexistantes.Les principaux apports <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>Aux <strong>de</strong>ux échelons d’analyse, on peut conclure à un lienétroit, en Île­<strong>de</strong>­France, entre dynamiques sociales et dynamiquesterritoriales. Dans cette région riche mais où lesdisparités <strong>de</strong> revenus entre les ménages s’accroissent, lescontrastes entre territoires augmentent sensiblement à mesureque se simplifie le modèle <strong>de</strong> division sociale <strong>de</strong>l’espace.On observe ainsi une réduction globale <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité socio­spatiale,tant à l’échelon <strong>de</strong>s communes qu’à celui <strong>de</strong>squartiers. Entre 1999 et 2007, cette simplification du modèlerepose sur quatre tendances convergentes :• La diminution sensible du nombre <strong>de</strong> quartiersmixtes dont le profil <strong>de</strong>s revenus est voisin du profilrégional,• <strong>la</strong> raréfaction <strong>de</strong>s exceptions locales porteusesd’une diversité perceptible au quotidien par lesFranciliens,• <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s quartiers socialement intermédiaires,qui constituaient <strong>de</strong>s espaces tamponsentre secteurs socialement marqués, et enfin, corré<strong>la</strong>tivement,• l’émergence <strong>de</strong> discontinuités plus brutales, tant àl’échelon régional qu’à l’échelon local.À l’échelon régional, l’augmentation <strong>de</strong>s contrastes estprincipalement liée à une po<strong>la</strong>risation accrue entre <strong>de</strong>uxespaces <strong>de</strong> plus en plus différents socialement mais géographiquementplus proches, le secteur aisé <strong>de</strong> l’ouestd’une part, où se renforce le modèle rési<strong>de</strong>ntiel spécialisédans <strong>la</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s ménages aisés et très aisés, secteurdont l’homogénéité, déjà forte au centre <strong>de</strong> l’agglomérationen 1999, est accentuée en 2007 ; un secteur nordd’autre part, <strong>de</strong> plus en plus compact et homogène,presque exclusivement composé <strong>de</strong> quartiers très pauvreset qui concentre une proportion croissante <strong>de</strong> ces quartiers.À l’échelon local, l’augmentation <strong>de</strong>s contrastes estprincipalement liée à <strong>la</strong> présence d’iso<strong>la</strong>ts pauvres. Ceuxcisont plus rares en 2007 qu’en 1999, mais, là où ils résistent,contrastent plus violemment avec leur environnementimmédiat, qui, a contrario, s’embourgeoise et s’homogénéiserapi<strong>de</strong>ment.Figure 2 : Répartition <strong>de</strong>s types en 2007 à l’échelon infra­communal (Iris)5


Ce modèle simplifié <strong>de</strong> <strong>la</strong> différenciation sociale <strong>de</strong> l’espaceest aussi un modèle renouvelé :• avec <strong>de</strong>s types socio­spatiaux mieux définis et pluscontrastés. Le renouvellement du modèle tient en premierlieu aux changements survenus entre 1999 et2007 quant au lien entre composition sociodémographique<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s communes franciliennes etdistribution <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s ménages. D’une part, celien s’est renforcé entre 1999 et 2007, dénotant unesimplification <strong>de</strong> <strong>la</strong> géographie sociale. D’autre part, lescontrastes sociaux entre types communaux ont sensiblementaugmenté, ce qui renforce l’image renvoyéepar <strong>la</strong> cartographie d’une po<strong>la</strong>risation sociale accrueaux échelons communal et infra­communal. Le bloc <strong>de</strong>scommunes les plus pauvres, en particulier, a vu sa singu<strong>la</strong>ritéet son homogénéité renforcée au regard <strong>de</strong>quatre indicateurs particulièrement discriminants : chômage,absence <strong>de</strong> diplôme, proportions d’employés etd’ouvriers ; tandis que, <strong>de</strong> façon symétrique, les communesles plus aisées voyaient elles aussi leur singu<strong>la</strong>rités’accroître.• avec un affaiblissement du modèle radial. Du point<strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s configurations spatiales, le modèle <strong>de</strong> 2007est en second lieu <strong>de</strong>venu moins radial et plus concentrique­nucléaireque celui <strong>de</strong> 1999. Ainsi, l’expansion dusecteur aisé <strong>de</strong> l’ouest, <strong>la</strong> rétraction du secteur pauvredu nord et <strong>la</strong> forte expansion du modèle rési<strong>de</strong>ntiel <strong>de</strong>squartiers moyens­aisés – qui se diffusant <strong>de</strong>puis lesmarges du secteur favorisé aux dépens <strong>de</strong>s quartiersmixtes dont le nombre diminue sensiblement entre1999 et 2007 – affaiblissent <strong>de</strong> façon significative <strong>la</strong> divisionsectorielle <strong>de</strong> l’espace régional. De fait, le pôle<strong>de</strong> pauvreté du nord s’inscrit <strong>de</strong> moins en moins dansune logique sectorielle : il s’agit d’un noyau, particulièrementcompact, contenu dans les limites internes et externes<strong>de</strong> <strong>la</strong> petite couronne. En gran<strong>de</strong> couronne, dèsque l’on quitte <strong>la</strong> zone <strong>de</strong>nsément urbanisée, il <strong>la</strong>isse <strong>la</strong>p<strong>la</strong>ce à un modèle rési<strong>de</strong>ntiel plus moyen. Au sud, lesecteur pauvre secondaire s’affaiblit notablement luiaussi, <strong>de</strong> plus en plus menacé par le front d’embourgeoisementvenu <strong>de</strong> l’ouest et du centre. Il est probableque cette perte du caractère sectoriel <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong>pauvreté soit liée à <strong>la</strong> disparition, en voie d’achèvement,<strong>de</strong> l’industrie – qui avait joué un rôle historiquedans <strong>la</strong> fixation géographique <strong>de</strong> ces secteurs et aumaintien d’une assez gran<strong>de</strong> dispersion <strong>de</strong>s ménagespauvres dans le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> région – voire à leur rejetau­<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s limites régionales.Sans remettre en cause <strong>la</strong> légitimité d’une recherche inscritedans les limites administratives <strong>de</strong> <strong>la</strong> région Île­<strong>de</strong>­France, on peut s’interroger sur <strong>la</strong> pertinence du strictcadre francilien pour analyser <strong>la</strong> division sociale <strong>de</strong>l’espace métropolitain : dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> métropoletelle qu’elle fonctionne, et telle que ses habitants se <strong>la</strong> représentent,débor<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus en plus du cadre régional, ilest possible que certaines formes d’organisation spatiale,formes concentriques notamment, se soient reportées àl’extérieur <strong>de</strong> ces limites régionales.Finalement, dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> l’espacerégional affiche une spécialisation sociale plutôt modérée,on peut conclure à une accentuation <strong>de</strong> <strong>la</strong> po<strong>la</strong>risationspatiale <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s franciliens, mais pasà <strong>la</strong> formation d’un espace régional strictement dual.

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