12.07.2015 Views

le centenaire de l'arbitraire - Daaraykamil.com

le centenaire de l'arbitraire - Daaraykamil.com

le centenaire de l'arbitraire - Daaraykamil.com

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

www.daaraykamil.<strong>com</strong> Pr. Seye P a g e | 1L’itinéraire du Mouridisme : <strong>le</strong> <strong>centenaire</strong> <strong>de</strong> l’arbitraireSuite au rappel à Dieu <strong>de</strong> l’éminent érudit et homme <strong>de</strong> Dieu Serigne Momar AntaSally en 1883, par ail<strong>le</strong>urs vénéré père <strong>de</strong> Cheikh Ahmadou Bamba, celui-ci fut pressentipour lui succé<strong>de</strong>r en qualité <strong>de</strong> juge du tribunal islamique dans la cour roya<strong>le</strong> <strong>de</strong> Lat DiorDiop. Le futur fondateur du Mouridisme déclina courtoisement l’offre et <strong>com</strong>posa cesfameux vers en guise <strong>de</strong> réponse : « ils m’ont conseillé d’accourir vers <strong>le</strong>s portes <strong>de</strong>sroite<strong>le</strong>ts, ainsi obtiendrai-je en permanence <strong>de</strong>s faveurs et <strong>de</strong>s privilèges immenses. Et je<strong>le</strong>ur rétorque que Dieu me suffit et je me contente exclusivement <strong>de</strong> Sa Provi<strong>de</strong>nce et <strong>de</strong>Son Assistance. Au <strong>de</strong>meurant, rien ne m’enchante en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la Science (savoir) et <strong>de</strong>la religion [l’Islam] ». La hauteur <strong>de</strong> cette réaction mis en relief la gran<strong>de</strong>ur du Cheikh etfit découvrir en lui une très forte personnalité dont <strong>le</strong> <strong>de</strong>stin allait être exceptionnel !Cheikh Ahmadou Bamba, faudrait-il <strong>le</strong> rappe<strong>le</strong>r, enseignait auparavant <strong>le</strong>ssciences religieuses dans la « daara » (centre d’enseignement et d’éducation) <strong>de</strong> sonvénéré père. Celui-ci eut même l’occasion d’enseigner <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> théologie et <strong>de</strong>jurispru<strong>de</strong>nce écrits par son illustre fils. Peu <strong>de</strong> temps après la disparition <strong>de</strong> SerigneMomar Anta Sally, <strong>le</strong> Prophète (PSL) intima l’ordre à son futur Serviteur d’éduquerspirituel<strong>le</strong>ment chacun <strong>de</strong> ses discip<strong>le</strong>s suivant son idiosyncrasie et <strong>de</strong> ne pas uniquementse limiter à la transmission du savoir livresque : « Rabbi ashaabaka bil ghimmati ; walaaturabbighim bid-darsi faqat. Wa rabbi kulla waahidin minghum bimaa yaliiqu bighii»,lui dit <strong>le</strong> Prophète (PSL). Il faut préciser que <strong>le</strong> Cheikh n’abandonna pas pour autantl’enseignement. Il confia en effet l’instruction coranique à Serigne NdameAbdourahmane Lô et l’enseignement <strong>de</strong>s sciences religieuses à Mame Thierno BirahimMbacké et à Serigne Mbacké Bousso. On assista alors à l’avènement du Mouridisme, uneVoie qui prend sa source dans <strong>le</strong> Soufisme et repose sur <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> du Coran et <strong>de</strong> laSounnah (Tradition du Prophète).C’est l’acte d’allégeance (Jebbëlu en wolof) à un gui<strong>de</strong> attitré mouri<strong>de</strong> quiconsacre l’appartenance du discip<strong>le</strong> au Mouridisme. Le Pacte d’Allégeance participe <strong>de</strong>la Tradition prophétique (ou Sounnah) qui remonte à Qoudaybia où <strong>le</strong>s «Sahâba »(Compagnons du Prophète) prêtèrent <strong>le</strong> serment d’allégeance à l’Envoyé <strong>de</strong> DIEU(Coran, sourate 48, versets 10 et 18). Toujours dans <strong>le</strong> Livre Saint, <strong>le</strong> TOUT-PUISSANTdonne cette injonction aux croyants: « O vous qui croyez, faites preuve <strong>de</strong> crainterévérenciel<strong>le</strong> envers Allah puis cherchez un moyen pour vous rapprocher <strong>de</strong> Lui » (S5,V35). Et Serigne Touba <strong>de</strong> renchérir : «celui qui veut parvenir à proximité <strong>de</strong> Dieu doitavoir un gui<strong>de</strong> spirituel et s’atte<strong>le</strong>r à la <strong>le</strong>cture du Coran» : « Wa man araadal qurbamin rabbil waraa / Fal yathluban chaykhan, wa yatlus-suwaraa ».En effet, <strong>le</strong> Coran et la Sounnah constituent l’héritage que Le Prophète (PSL) nousa légué : « je vous ai, dit-il, légué <strong>de</strong>ux choses qui vous préserveront <strong>de</strong> l’égarement aussilongtemps que vous vous y cramponnerez, à savoir <strong>le</strong> Livre <strong>de</strong> DIEU et la Sounnah ».


www.daaraykamil.<strong>com</strong> Pr. Seye P a g e | 2Par ail<strong>le</strong>urs, dans une sentence qu’on pourrait assimi<strong>le</strong>r à une Profession <strong>de</strong> Foi, CheikhAhmadou Bamba affirme : «j’ai, par considération pour <strong>le</strong> Prophète choisi <strong>de</strong> Dieu,<strong>com</strong>me intention et vocation la rénovation <strong>de</strong> sa Sainte Sounnah» : « Lil Mouçtaphaanawaytu maa yujaddidu / Sunnataghul gharraa, wa innii Ahmadu ».Ainsi, <strong>le</strong> Cheikh se livra en tout temps et en tout lieu à une adoration <strong>de</strong> Dieu inimitab<strong>le</strong>et se mit au service sacerdotal <strong>de</strong> Seyyidinâ Mouhammad (PSL).Par diverses et origina<strong>le</strong>s métho<strong>de</strong>s didactiques, il inculqua la quintessence dumessage coranique aux nombreux discip<strong>le</strong>s adultes et vieux qui avaient dépassé l’âge <strong>de</strong>scolarité. Serigne Touba enseigna, par écrit et par la pédagogie <strong>de</strong> l’exemp<strong>le</strong> et duparadigme, la finalité du « Taçawwouf » (Soufisme) que sont, entre autres, la piété,l’intégrité, l’humilité, la rectitu<strong>de</strong>, l’attachement au Coran ( en <strong>le</strong> lisant régulièrement touten obtempérant à ses re<strong>com</strong>mandations et en évitant ses interdits), <strong>le</strong> détachement <strong>de</strong>schoses mondaines, la serviabilité et <strong>le</strong> service uti<strong>le</strong> à sa <strong>com</strong>munauté par <strong>le</strong> travaillibérateur.Ainsi, au terme <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur éducation spirituel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s se seront affranchis <strong>de</strong>s tares ducœur tels que <strong>le</strong> mensonge, l’ostentation, la médisance, la calomnie, la fatuité, l’emprise<strong>de</strong> l’âme charnel<strong>le</strong> (« bakkan ») et <strong>de</strong> la passion profane (« banneex») etc, gage duBonheur ici-bas et <strong>de</strong> la Félicité dans l’au-<strong>de</strong>là.A ce sujet, l’Envoyé <strong>de</strong> Dieu (PSL) déclare : « <strong>le</strong> Paradis est entouré <strong>de</strong> désagréments etl’Enfer <strong>de</strong> voluptés » : « Huffatil jannatu bil makaarighi / Wa huffatin-naaru bichchaghawaati». Autrement dit, la voie menant au Paradis est jalonnée <strong>de</strong> difficultés etd’écueils tandis que cel<strong>le</strong> qui aboutit à l’Enfer est ornée <strong>de</strong> plaisirs.L’aura spirituel<strong>le</strong> du Cheikh attira <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> personnes qui vinrent <strong>de</strong>squatre coins du pays pour s’imprégner <strong>de</strong> cette nouvel<strong>le</strong> Lumière. La ruée <strong>de</strong>s gens vers<strong>le</strong> Saint-Homme l’amena à fon<strong>de</strong>r en 1886 une localité dans <strong>le</strong> Baol qu’il nomma DarouSalam (qui signifie « <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> la paix »). En 1888, suivant sa logique d’esseu<strong>le</strong>mentpour mieux adorer Allah et servir son Elu (cf son poème Mathlabul Fawzayni).Boroom Touba fonda Touba mais n’y séjourna que durant sept ans. En effet, assailli <strong>de</strong>toutes parts par un nombre considérab<strong>le</strong> <strong>de</strong> discip<strong>le</strong>s qui l’empêchèrent <strong>de</strong> se livrer entoute quiétu<strong>de</strong> à ses retraites spirituel<strong>le</strong>s, il quitta sa vil<strong>le</strong> bien-aimée, contre mauvaisefortune, bon cœur pour rallier Mbacké Bâry (une localité située dans <strong>le</strong> Djolof).Le type d’éducation que nous évoquions plus haut – et qui, évi<strong>de</strong>mment, juraitd’avec <strong>le</strong>s objectifs anti-islamiques que <strong>le</strong>s colonisateurs français s’étaient assignés –suscita chez ces <strong>de</strong>rniers une vive jalousie et une inimitié viscéra<strong>le</strong>. Des intrigues furentourdies contre <strong>le</strong> Saint-Homme qui eut mail<strong>le</strong> à partir avec <strong>le</strong>s autorités qui lui prêtèrent<strong>de</strong>s intentions bellicistes. Naturel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s multip<strong>le</strong>s agitations <strong>de</strong>s discip<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>ursoumission indéfectib<strong>le</strong> au Cheikh furent tel<strong>le</strong>s que l’administration colonia<strong>le</strong> envoya sesacolytes chez lui aux fins <strong>de</strong> suivre <strong>de</strong> près <strong>le</strong>s activités en cours dans son entourage.Cette démarche donna lieu à <strong>de</strong>s rapports administratifs erronés qui firent état <strong>de</strong> velléités<strong>de</strong> préparation <strong>de</strong> la Jihâd (Guerre sainte) par <strong>le</strong> Cheikh ; Cette machination aboutit à la


www.daaraykamil.<strong>com</strong> Pr. Seye P a g e | 3réunion du Conseil privé qui se tint <strong>le</strong> 5 septembre 1895 dans <strong>le</strong> bureau du gouverneur <strong>de</strong>Saint-Louis où l’on décida <strong>de</strong> son exil <strong>le</strong> 21 septembre <strong>de</strong> la même année.En vérité, tous <strong>le</strong>s griefs que <strong>le</strong>s colonialistes formulaient à l’encontre <strong>de</strong>Cheikhoul Khadîm et qui débouchèrent sur l’exil n’en furent que <strong>le</strong>s causesapparentes: « <strong>le</strong> motif <strong>de</strong> mon départ en exil procè<strong>de</strong> <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> DIEU <strong>de</strong> me faireaccé<strong>de</strong>r à un haut rang spirituel, <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> moi l’intercesseur <strong>de</strong> mon peup<strong>le</strong> et <strong>le</strong>Serviteur éternel du Prophète » (Cheikh Ahmadou Bamba dixit).A propos <strong>de</strong> ce statut privilégié d’Al Khadîm ou « Serviteur du Prophète », <strong>le</strong> Cheikh anotamment dit :« Quiconque refuse <strong>de</strong> reconnaître mon statut <strong>de</strong> Serviteur du Prophète, moi je mecontenterais alors d’être à son service, eu égard au [seul] fait qu’il ait été choisi [parDIEU] » ; « je me mettrai au service du Prophète jusqu’à mon entrée au Paradis, laDemeure éternel<strong>le</strong> et provi<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> ».Au terme d’un exil en Afrique équatoria<strong>le</strong> sous un climat torri<strong>de</strong> (dans <strong>le</strong>s paysactuel<strong>le</strong>ment connus sous <strong>le</strong> Gabon, <strong>le</strong> Cameroun et la Côte d’Ivoire) qui aura duré septans (1895-1902), Cheikh Ahmadou Bamba fut <strong>de</strong> nouveau déporté, cette fois-ci enMauritanie (1903-1907), avant d’être interné dans la petite localité <strong>de</strong> Thiëyêne dans <strong>le</strong>Djolof (1907-1912) où régnait une cha<strong>le</strong>ur caniculaire.Toutes <strong>le</strong>s tentatives <strong>de</strong>s colonisateurs pour se débarrasser du Cheikh furent vaines. C’estalors qu’ils décidèrent unilatéra<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> <strong>le</strong> placer en rési<strong>de</strong>nce surveillée à Diourbelassortie <strong>de</strong> restrictions et <strong>de</strong> privations draconiennes qui violaient, <strong>de</strong> façon flagrante,plusieurs dispositions <strong>de</strong> la Déclaration <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme et du Citoyen votée parl’Assemblée constituante française (<strong>le</strong>s ancêtres <strong>de</strong> ces colonialistes) <strong>le</strong> 26 août 1789.Cependant, cette assignation en rési<strong>de</strong>nce surveillée à Diourbel fut pour <strong>le</strong> Cheikh unfacteur d’élévation spirituel<strong>le</strong> et <strong>de</strong> grâces exclusives. Il écrit :«Raamuu masiirii ilaa Jurbel ladaa lasachi/Law ’aayanuu sirra maa fis-sayri, maa raamuu/Fas-sayru mawtun ’alaa man naaza’u wa azan / Wa innahuu liya ibqaa-un wa ikraamu » :« ils [<strong>le</strong>s colonisateurs français] ont décidé <strong>de</strong> m’assigner en rési<strong>de</strong>nce à Diourbel enl’an 1330H [1912]. S’ils en avaient pénétré <strong>le</strong>s secrets, ils ne l’auraient assurément pointsouhaité, car cette assignation signe la déchéance et la mort <strong>de</strong> mes adversairescependant qu’el<strong>le</strong> consacre mon éternité et pérennise mon Bonheur ».Ce transfert <strong>de</strong> Thiëyêne vers Diourbel eut lieu <strong>le</strong> 12 décembre 1912, ce quicorrespond au 12 décembre 2012, jour pour jour, au <strong>centenaire</strong> <strong>de</strong> cet arbitraire(12/12/12-12/12/12).Par Cheikh Amadou Bamba Seye, Professeur d’anglais et chercheur. Fulbrighter aux USA.E-mail : khadimulfadlu@hotmail.fr.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!