14 /ZoomLes Jeannettesretrouvent l’appétitAprès un an d’occupation de l’usine, la poignée d’ouvriers qui continuaientà résister sont sur le point de l’emporter : la biscuiterie pourrait prochainementredémarrer, et réembaucher une partie de leurs collègues licenciés.Par Fiona Degrave, Marine Arnould--Demogeot et Sofiya BoumezaouedRassemblés dans la permanencede l’usine, des ouvriersse réchauffent autourd’un café. Sur les murs, desaffiches de la CGT et desarticles relatent la liquidation judiciairede l’entreprise, en décembre 2013. Lesmachines se sont tues, mais il flottetoujours dans l’air l’odeur vanillée desmadeleines, fabriquées ici depuis plus decent soixante ans.Nous sommes au siège de la biscuiterieJeannette, avenue Charlotte-Corday, àCaen. Depuis plus d’un an, une poignéede salariés refuse la disparition de l’usine.Après s’être opposés à la vente aux enchèresdes équipements, ces jusqu’auboutistesont eu l’idée, à la mi-juillet 2014,de produire à nouveau des madeleinespour les vendre directement. En quelquesheures, le stock était écoulé. Les médiasse sont emparés de l’affaire.Portés par un vaste mouvement de solidarité,ceux que l’on appelle désormais«Eles JeannettesE» n’ont plus jamais quittéles lieux. Les communes avoisinantesleur livrent tous les jours de la nourriture,tandis que les charges de l’usine sontpayées par la CGT et par des dons departiculiers. «ENous nous relayons tousles jours, témoigne Ginette, qui travailledepuis quarante ans dans l’usine. L’été,ça allait, mais là, avec la pluie et le vent,ça devient morose. On en a un peu marrede regarder la télé.E»Peut-être cette occupation ne sera-t-ellebientôt plus qu’un mauvais souvenir. Carles fours pourraient bien se remettre àchauffer. C’est, du moins, le souhait d’unhommeE: Georges Viana. Le 24 novembredernier, le tribunal de commerce de CaenUSINE Georges Viana (à g.) a l’appuidu personnel pour son projet de reprise.a validé l’offre de reprise de cet hommed’affaires franco-portugais. Pourquoi a-t-il été choisi, parmi les 7 projets qui avaientété déposés? «EJe suis le seul qui ait prévudes embauchesE», répond cet entrepreneur,diplômé de l’Ena et de Harvard.C’est certainement le milieu ouvrierdans lequel il a grandi qui a motivé ce«Esérial-repreneurE» d’entreprises en difficultéà s’intéresser à la cause des Jeannettes.Peut-être aussi son «Ecôté proustienE»?«EPetit, je mangeais souvent cesmadeleinesE», confie-t-il. Grâce au financementparticipatif, il a récolté plus de100000Eeuros. Et les chèques continuentd’affluer.«EÇa nous fait chaud au cœur de voirque nous ne sommes pas seulsE», commenteFranck Mérouze, secrétaire del’union locale CGT. Aujourd’hui, ilmanque encore 700000Eeuros pour quele projet de Georges Viana se concrétiseE:investir dans une nouvelle ligne de productionet réembaucher, d’ici au mois dejuin, une quinzaine de Jeannettes. Rienn’est joué, mais Georges Viana, qui bénéficied’un appui total des ouvriers, veuty croire. A terme, la marque serait positionnéedans le «Ehaut de gamme artisanalE»,et la production pourrait atteindre200 tonnes annuelles.Mais l’homme d’affaires ne veut pasattendre l’été. Il vient d’acquérir un localà Courseulles-sur-Mer pour relancer laproduction. La raison? «ELa contrefaçonE»,répond-il. Il semblerait en effet, qu’un«EconcurrentE», installé dans la Manche,fabrique en toute impunité des madeleinesJeannette. «ESans doute pense-t-ilque la marque a été liquidée? N’empêchequ’il réalise 2,7 millions de chiffre d’affairessur notre dos! », se désole GeorgesViana. Plus qu’un roman de MarcelProust, un vrai polar… •P. RESBEUTN° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>
Les BrèvesL’EXPRESS / 15DRP. RESBEUTBIÈRE Une idée normande,un brassage belge,coucou c’est Kékette.Kéketteà la conquêtedu mondeCe n’était qu’une blague potache,c’est maintenant uneentreprise. Après une viréearrosée en Belgique, Pierre etRoss, deux amis normands,ont eu l’idée de lancer leurbière, Kékette. Brassée outre-Quiévrain, cette blonde artisanaleaux arômes de coriandreest commercialiséeen Normandie et en Bretagne.Les deux compèrespartent maintenantà la conquête de Paris.A noter que deux autresboissons font fureur àCaen. D’abord, L’Embuscadequi, derrière sonapparence de grenadine,porte bien son nom : vinblanc, calvados, bière etsirop de cassis. Effet« coup de bambou » garanti.Ensuite, la MeuhCola, fabriquée par SébastienBellétoile : unsoda équitable au goûtcitronné avec des ingrédientsissus de l’agriculturebiologique. •HAUTE COUTUREFaille spatiotemporelleChaque année, le tempsd’un week-end, les habitantsde Touques remontentle temps et se retrouventen plein Moyen Age. Cracheursde feu, représentationsmusicales, ateliersde création… Ces deuxjournées exceptionnelles,Les Médiévales de Touques,offrent un bon aperçu de la vieau temps des chevaliers. •Les 27 et 28 juin,à Touques.www.mairiedetouques.frGranville rend hommage à DiorIl y a cent dix ans naissait Christian Dior, au cœur de la Manche. Le muséed’art moderne Richard-Anacréon lui rend hommage avec l’expositionChristian Dior. Premiers dess(e) ins. A noter que le musée Christian-Dior,à Granville, actuellement fermé pour travaux, rouvrira ses portes le 6 juin,avec une exposition initulée Dior, la révolution du new look. •Jusqu’au 24 mai au musée Richard-Anacréon, à Granville.De 2 à 4 €. www.ville-granville.frDRTchaikovskyensorcelleEn 1875,le GrandThéâtrede Moscoucommandeun ballet àPiotr IlitchTchaikovsky.Ce sera Le Lac des cygnes,aujourd’hui le plus joué aumonde. Il raconte l’amourimmortel du PrinceSiegfried pour la PrincesseOdette qui, ensorcelée, setransforme en cygne la nuittombée. Le Bolchoï deMinsk fera prochainementvivre, à Caen, ce balletromantique en trois actes. •Le 31 mars, à 20 heures,au Zénith. De 39 à 62 €.www.zenith-caen.frR. HALFAOUI/CULTURA<strong>CAEN</strong>.FRAjustezvos perruques23000 étudiants en 2014,combien cette année?Créé en 1894 sous le nom deCavalcade de bienfaisance,interrompu en 1963, leCarnaval étudiant de Caenrenaît de ses cendresen 1996. A plusieursreprises, il a pris une teintecontestataire, notammentcontre le Contrat premièreembauche (CPE) en 2006.Aussi attendu que décriépour ses excès,il revient !Ce jour-là, déguisez-vous…ou filez à la plage. •Jeudi 2 avril,http://carnaval-caen.frUn concertpour oublierle handicapUn orgue pour leshandicapés? C’est le défirelevé par le centrede ressources régionalHandicap musique-dansethéâtredu conservatoirede Caen. Il organiseun concert de jazz,avec un orgue sensorieladapté aux personneshandicapées, qui réunirades élèves du centrede ressources et duconservatoire. Caen estla 3 e ville la plus accessibleaux handicapés, derrièreNantes et Grenoble.Le 25 mars, à 20 heures,au conservatoire de Caen.www.conservatoiredecaen.frN° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>