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Aux Origines de la Féerie - Accueil

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ares grands récits féeriques <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition française, l'histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> fée Mélusine, aïeule et mèretuté<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> lignée <strong>de</strong>s seigneurs <strong>de</strong> Lusignan...Mais, le plus souvent, les récits <strong>de</strong> rencontre amoureuse entre une fée et un mortel suivent <strong>la</strong> voieinverse, et c'est l'amant mortel, séduit et enchanté par les charmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> belle damoiselle, qui suit sespas jusque dans l'Autre Mon<strong>de</strong>. Là, il découvre alors une vie <strong>de</strong> félicité perpétuelle et <strong>de</strong> jeunesseéternelle, jusqu'à ce qu'une sorte <strong>de</strong> "mal du pays" s'empare <strong>de</strong> lui et le pousse à repasser <strong>la</strong> porte pourretrouver notre mon<strong>de</strong>, en dépit <strong>de</strong>s avertissements <strong>de</strong> <strong>la</strong> fée... Ce retour est presque toujoursdouloureux : en revenant dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hommes, l'amant s'aperçoit que le temps ne s'est pasécoulé au même rythme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés du voile, et que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> ses amis, parents et êtres cherssont morts et oubliés <strong>de</strong>puis bien longtemps... L'histoire d'Oisin, rattachée au célèbre cycle ir<strong>la</strong>ndais<strong>de</strong>s Guerriers <strong>de</strong> Finn, présente une illustration particulièrement émouvante <strong>de</strong> ce thème.Oisin était le fils <strong>de</strong> Finn, le chef <strong>de</strong>s légendaires guerriers Fiana, qui parcouraient l'Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> en quête<strong>de</strong> gloire et d'aventures. Un jour que les Fiana étaient à <strong>la</strong> chasse, ils rencontrèrent une femme d'unegran<strong>de</strong> beauté, qui s'approcha d'eux sans <strong>la</strong> moindre crainte. C'était <strong>la</strong> fée Niamh à <strong>la</strong> Chevelured'Or, du peuple <strong>de</strong>s Tuatha dé Danan, fille du dieu Manannan. Niamh était à <strong>la</strong> recherche d'un amantparé <strong>de</strong>s qualités d'un roi et d'un héros; elle le trouva en <strong>la</strong> personne d'Oisin, qu'elle invita à montersur <strong>la</strong> croupe <strong>de</strong> son cheval. Ensemble, ils gagnèrent le rivage et chevauchèrent bientôt sur <strong>la</strong> crête<strong>de</strong>s vagues, vers l'île enchantée <strong>de</strong> Tir Nan Og, <strong>la</strong> Terre <strong>de</strong>s Jeunes. Au cours <strong>de</strong> leur étrange voyage,ils connurent bien <strong>de</strong>s prodiges et bien <strong>de</strong>s aventures, qui donnèrent à Oisin l'occasion <strong>de</strong> prouver soncourage : ainsi délivra-t-il une jeune damoiselle <strong>de</strong>s Tuatha dé Danan <strong>de</strong>s griffes d'un démonfomorien qui <strong>la</strong> retenait captive dans son royaume du fond <strong>de</strong>s mers... Niamh et Oisin atteignirentbientôt <strong>la</strong> Terre <strong>de</strong>s Jeunes. Là, Oisin vécut auprès <strong>de</strong> son amante une vie <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isirs et <strong>de</strong> félicité,durant trois siècles, sans vieillir d'une semaine. Le souvenir <strong>de</strong> ses anciens compagnons disparut bienvite <strong>de</strong> son esprit et une éternité d'enchantements semb<strong>la</strong>it s'offrir à lui... Mais, un jour, <strong>la</strong> mémoire luirevint, et il fut soudain saisi d'une profon<strong>de</strong> mé<strong>la</strong>ncolie, songeant à ses vieux amis et à sa chère terrenatale. Il décida alors <strong>de</strong> retourner en Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>; Niamh lui donna pour son voyage un cheval fabuleux,capable <strong>de</strong> galoper sur <strong>la</strong> mer mais dont les sabots ne <strong>de</strong>vaient jamais, à aucun prix, fouler <strong>la</strong> terreferme. Oisin promit d'y veiller et partit bientôt vers les rivages d'Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>... Lorsqu'il arriva, il futfrappé <strong>de</strong> l'étrange spectacle qui s'offrait à ses yeux, et, oubliant les recommandations <strong>de</strong> Niamh,s'engagea sur <strong>la</strong> terre ferme avec sa monture. Autour <strong>de</strong> lui, tout avait changé : trois siècles avaientpassé, et le temps avait emporté tout ce qu'il avait connu et tous ceux qu'il avait aimés. Finn et lesFiana n'étaient plus qu'une lointaine légen<strong>de</strong>, et l'Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> avait connu bien <strong>de</strong>s guerres après eux. Lepeuple avait oublié ses anciennes croyances et suivait désormais les enseignements <strong>de</strong> Saint Patrick...Quant aux hommes qu'il croisait sur sa route, ils semb<strong>la</strong>ient à Oisin étrangement chétifs et faibles,comparés aux guerriers d'autrefois. Il rencontra bientôt trois <strong>de</strong> ces hommes, qui tentaient sans succès<strong>de</strong> soulever une grosse pierre. Se penchant pour les ai<strong>de</strong>r, il glissa <strong>de</strong> sa selle et tomba à terre. Dèsqu'il eut touché le sol, il se mit à vieillir, <strong>de</strong>venant en quelques instants un vieil<strong>la</strong>rd aveugle et courbépar les ans. Il fut alors transporté auprès <strong>de</strong> Saint Patrick, qui lui offrit l'hospitalité et veil<strong>la</strong> sur lui,espérant le convertir à <strong>la</strong> nouvelle foi. Mais Oisin était un homme <strong>de</strong> l'ancien temps, un guerrier et unamant, et son âme n'aspirait guère à un Paradis d'où Finn et les siens étaient bannis, et où l'onignorait les p<strong>la</strong>isirs <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse, <strong>de</strong> <strong>la</strong> fête et <strong>de</strong> <strong>la</strong> courtise. Le vieux héros, <strong>de</strong>rnier survivant d'unpassé révolu, mourut ainsi auprès du saint homme, désormais seul gui<strong>de</strong> et gardien du peupled'Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>...Le Royaume InvisibleComme le montre le récit du voyage d'Oisin en Tir Na n'Og, l'existence <strong>de</strong>s fées est, chez les Celtes,indissociable <strong>de</strong> l'existence d'un Autre Mon<strong>de</strong>, situé au-<strong>de</strong>là ou en-<strong>de</strong>ça du nôtre... ou peut-être serait-ilplus judicieux <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> plusieurs Autres Mon<strong>de</strong>s, tant les légen<strong>de</strong>s sur ce sujet diffèrent les unes<strong>de</strong>s autres, comme en témoigne <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong>s noms donnés à cet "ailleurs" : <strong>la</strong> terre <strong>de</strong>s jeunes, <strong>la</strong>terre au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s vagues, <strong>la</strong> terre <strong>de</strong> promesse, le pays d'été, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine du bonheur, <strong>la</strong> terre <strong>de</strong>s vivants,<strong>la</strong> terre multicolore, le pays paisible, mais aussi, dans un registre plus inquiétant, <strong>la</strong> terre <strong>de</strong>s brumes,4

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