12.07.2015 Views

Aux Origines de la Féerie - Accueil

Aux Origines de la Féerie - Accueil

Aux Origines de la Féerie - Accueil

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

attestent <strong>de</strong> cette improbable évolution linguistique, digne <strong>de</strong>s sortilèges les plus étranges <strong>de</strong> l'AutreMon<strong>de</strong>.Il serait tentant <strong>de</strong> ne voir dans le g<strong>la</strong>mour qu'un art magique constituant à travestir l'apparence <strong>de</strong>schoses, ou à créer <strong>de</strong>s illusions <strong>de</strong> toutes pièces, mais cette forme <strong>de</strong> magie typiquement féeriqueentretient <strong>de</strong>s rapports beaucoup plus subtils avec les notions <strong>de</strong> réel et d'imaginaire. Dans sonacception <strong>la</strong> plus générale, le terme g<strong>la</strong>mour désigne non seulement <strong>la</strong> technique magique proprementdite que <strong>la</strong> "matière première" que cette technique permet <strong>de</strong> manipuler, cette fameuse "étoffe dontsont faits les rêves" (Shakespeare, La Tempête), cette substance qui imprègne chaque être, chaque lieu,chaque objet issu <strong>de</strong> l'Autre Mon<strong>de</strong>, où tout est plus beau, plus fort, plus vif... plus vrai, serait-on tentéd'ajouter. Comme on le voit, l'art <strong>de</strong> tisser le g<strong>la</strong>mour consiste moins à créer <strong>de</strong>s illusions qu'à évoquerau sein <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong> un peu <strong>de</strong> l'éc<strong>la</strong>t et <strong>de</strong> <strong>la</strong> splen<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l'Autre...Les Fées et <strong>la</strong> FoiSi les croyances concernant les sidhe trouvent leurs racines dans le paganisme celtique, <strong>la</strong> chrétientémédiévale, loin <strong>de</strong> nier l'existence <strong>de</strong>s fées, chercha souvent à les intégrer <strong>de</strong> manière plus ou moinsheureuse au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> cosmogonie biblique. Cette démarche syncrétique, peu prisée <strong>de</strong>s autoritésecclésiastiques romaines, fut en revanche une <strong>de</strong>s grands caractéristiques <strong>de</strong>s diverses églisesceltiques, notamment au Pays <strong>de</strong> Galles, en Bretagne armoricaine, en Ecosse et, bien évi<strong>de</strong>mment, enIr<strong>la</strong>n<strong>de</strong> : le récit pathétique du retour d'Oisin et <strong>de</strong> son trépas témoigne ainsi <strong>de</strong> <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>s hommesd'Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> d'établir un passage, une transition harmonieuse entre leur nouvelle foi et les traditions <strong>de</strong>leurs ancêtres, <strong>de</strong> concilier en une seule histoire mythique le souvenir <strong>de</strong>s héros et <strong>de</strong>s fées <strong>de</strong> jadis, etles enseignements <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion chrétienne.Il est intéressant <strong>de</strong> noter qu'à partir du moment où <strong>la</strong> religion et <strong>la</strong> morale chrétiennes s'en mêlent, lesfrontières entre les différentes espèces d'êtres féeriques ont tendance à s'estomper et tous, qu'ils soientbeaux ou <strong>la</strong>ids, fascinants ou effrayants, bril<strong>la</strong>nts ou ténébreux, se trouvent jetés dans le même sac etfrappés du même anathème : pour <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s gens d'église du moyen-âge, fées, elfes et autres"hafelins" (littéralement "<strong>de</strong>mi-hommes") ne sont que <strong>de</strong>s démons déguisés, <strong>de</strong>s esprits infernaux dontle seul but est <strong>de</strong> perdre les hommes, <strong>de</strong> les éloigner <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule vraie foi en les soumettant à diversestentations.Certains théologiens firent toutefois preuve d'une plus gran<strong>de</strong> imagination et virent <strong>la</strong> confirmation <strong>de</strong>l'existence d'une race féerique à part dans l'allusion que fait le Livre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Genèse aux Nephilim, cesmystérieux "faiseurs <strong>de</strong> prodiges" qui arpentaient <strong>la</strong> Terre lorsque celle-ci était encore jeune. Selonune théorie fort répandue dans les traditions celtique et germanique christianisées, les êtres féeriquesseraient en fait <strong>de</strong>s anges exilés sur terre par Dieu : dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> révolte déclenchée par Luciferavant <strong>la</strong> Chute, ces anges n'auraient pris parti ni pour Dieu ni pour le futur souverain <strong>de</strong> l'Enfer. Dieuaurait donc banni dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hommes ces anges coupables d'être restés neutres, qui nepouvaient décemment <strong>de</strong>meurer au Paradis, mais qui ne méritaient pas pour autant d'être jetés dansl'Abîme. Selon d'autres sources, le royaume <strong>de</strong> Féerie verserait un tribut régulier aux Puissances <strong>de</strong>l'Enfer, afin <strong>de</strong> conserver son indépendance et <strong>de</strong> rester à l'écart <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> lutte entre les forces duBien et du Mal. Il est intéressant <strong>de</strong> noter que, même aux yeux <strong>de</strong> ces théoriciens pourtant chrétiens,sidhe, elfes et consorts ne sont ni bons ni mauvais, mais incarnent un compromis pour le moinsinhabituel dans un système <strong>de</strong> croyance et <strong>de</strong> pensée pourtant strictement codifié : le véritablecaractère <strong>de</strong>s fées <strong>de</strong>meure un mystère, même pour ceux qui préten<strong>de</strong>nt expliciter le mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> sacréation à sa fin.9

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!