Entretien avec le docteur de Medeiros

l'anthropologie et la communication. J'ai assuré cette coordination jusqu’au transfert duprogramme en Afrique. Le défi pour moi était de réussir le transfert d'un programme montéen Occident dans un contexte très favorable et de voir comment il allait se greffer dans uneuniversité africaine, en l'occurrence à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Je suis rentréen Afrique en 1995. En 1996, l'OMS m'a demandé de renforcer le curriculum des centres desanté publique de Lomé et de Cotonou. J'ai ensuite obtenu une position de conseillerrégional en communication pour les programmes à l'UNICEF.Vous êtes devenu membre du Groupe Consultatif de Projet ("PAG") en 2004. Etiez-voussurpris que l'on vous propose de joindre le PAG ?Surpris? Non, parce que je connais la scène africaine en matière de communication et jecrois que mes compétences sont reconnues dans ce domaine. Quand on m'a dit que monnom avait été proposé, cela m'a intéressé parce que depuis 1997 j'avais beaucoup travaillé àmonter la plupart des équipes qui travaillent dans le domaine de la vaccination. Le regainpour le PEV [ndlr: Programme Élargi de Vaccination] et la polio date de cette époque-là eton a beaucoup formé les gens en communication, donc cela ne m'a pas du tout surpris.Que pouvez-vous apporter au projet en tant que membre du PAG ?Le PAG est un panel de conseillers devant lequel MVP ou ses collaborateurs viennentprésenter les résultats de ce qu'ils font. Les membres du panel donnent leur avis et lesinterpellent. Je pense que c'est à l'honneur du MVP parce que ce n'est pas habituel desoumettre ce que l'on fait à l'attention d'un panel d'experts qui est souvent très critique – caron n'est pas des plaisantins. On questionne comme devant un parlement pour comprendre,pour conseiller et dire : « Faites attention à ceci et à cela. » Dans le groupe, je suis le seulen matière de communication et je pense que mon rôle consiste à m'assurer que dans lesapproches qui sont adoptées et dans la façon dont les choses sont faites, les dispositionssont prises pour faciliter l'atteinte des résultats attendus par le projet dans le respect ducontexte culturel. Le respect du contexte culturel permet d'assurer une certainepérennisation qui peut, à long terme, renforcer l'acceptation des services santé.Est-il arrivé que des collègues médecins et des scientifiques « purs et durs » vous prennentpour un hurluberlu, un fanfaron à cause de l'importance que vous accordez à lacommunication ?Au début, oui. Mais quand j'étais en 6 e année de médecine, mes émissions étaient devenuestrès populaires, j'étais devenu une sorte de vedette au Bénin et les professeurs qui résistaientau tout début me faisaient la cour pour venir sur le plateau des émissions que j'animais. À lafin, quand ils avaient de grands messages à faire passer au public, ils passaient par moi.J'étais devenu un homme de pouvoir qui pouvait marchander, négocier pour dire : « Oui, jefais passer le message » ou « Non, je ne le fais pas passer. » J'étais devenu plutôt trèsrespecté dans ce monde-là. Beaucoup de gens de la santé à partir de cet instant ont pensé às'approcher un peu plus des médias et le dialogue a été un peu plus facile. Cela a été un deseffets non planifiés de mon passage dans les médias.Comment est-ce que cela se traduit sur le terrain, quand on est à mi-chemin entre lesscientifiques et le grand public – des personnes qui n'ont pas nécessairement reçu uneéducation ?Les gens rendent témoignage quotidiennement. Faire ce virage-là [de la médecine à lacommunication] est peut-être la plus grande expérience de ma vie. D'abord parce que je suisle 17 e médecin de ma famille et dans la formation que l'on nous donne, c'est juste si on nenous dit pas que nous sommes des demi-dieux… On se prend vraiment pour le nombril duEntretien MVP avec le docteur de Medeiros – Juillet 2006 – Page 3 sur 8