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La banque conventionnelle et la banque islamique avec fonds propres

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Les déposants sont dotés d’un montant global D qu’ils peuvent déposer à <strong>la</strong> <strong>banque</strong>, ou investir dansl’actif court 1 . L’actif long ne leur est pas accessible directement 2 .En t=1, les déposants apprennent s’ils sont consommateurs « précoces » ou « tardifs », <strong>et</strong> c<strong>et</strong>teinformation est privée : ils peuvent alors r<strong>et</strong>irer les <strong>fonds</strong> déposés à <strong>la</strong> <strong>banque</strong>, les consommateurs« tardifs » pouvant être « impatients » ou patienter jusqu’en t=2. Le banquier rembourse les déposantsqui se présentent à <strong>la</strong> <strong>banque</strong> <strong>et</strong> consomment le montant de leur r<strong>et</strong>rait. On note U(c 1, c 2) <strong>la</strong> fonctiond’utilité d’un déposant, où c t désigne sa consommation de <strong>la</strong> période t, <strong>et</strong>, u( ) étant une fonctioncroissante <strong>et</strong> concave, on suppose :( , ) = ( ) si le consommateur est « précoce »( ) si le consommateur est « tardif »L’utilité attendue en t=0 s’écrit donc : ( ) + (1 − ) ( ).En t=2, le banquier collecte les fruits du portefeuille d’investissements, rembourse les consommateurs« tardifs » ayant patienté <strong>et</strong> garde les ressources n<strong>et</strong>tes de <strong>la</strong> <strong>banque</strong>.Nous étudierons deux types de banquiers différents : le banquier « conventionnel » <strong>et</strong> le banquier« is<strong>la</strong>mique ». Le banquier « conventionnel » propose des contrats de dépôts non contingents, au sensoù les montants pouvant être r<strong>et</strong>irés en t=1 <strong>et</strong> en t=2 sont déterminés en t=0. Le banquier« is<strong>la</strong>mique » propose des dépôts dont le montant est garanti, <strong>et</strong> <strong>la</strong> rémunération est contingente, selondes modalités de partage des résultats du portefeuille d’investissements définies en t=0.2. <strong>La</strong> <strong>banque</strong> <strong>conventionnelle</strong> :Le banquier « conventionnel » propose un contrat de dépôt qui donne droit, pour chaque unitédéposée en t=0, à d 1 en t=1 <strong>et</strong> d 2 en t=2. Puisque le banquier connaît <strong>la</strong> proportion de déposants« précoces », il anticipe, en t=0, que ses contraintes budgétaires seront :(2) 1 ≤ (contrainte de liquidité de <strong>la</strong> <strong>banque</strong>)(3) ( − 1 ) + ( − (1 − ) 1 ) ≥ 0 (condition de faisabilité du contrat de dépôt)L’équation (2) est <strong>la</strong> contrainte budgétaire en t=1 : le montant d’actif court disponible (y) doit être aumoins égal au montant r<strong>et</strong>iré par les déposants, d . En eff<strong>et</strong>, le banquier ne liquide pas d’actif longprématurément, car il anticipe parfaitement les r<strong>et</strong>raits en t=1, <strong>et</strong> <strong>la</strong> liquidation prématurée de l’actiflong rapporte moins que l’actif court (r < 1). C<strong>et</strong>te équation peut s’interpréter comme une contraintede liquidité de <strong>la</strong> <strong>banque</strong>. L’équation (3) est <strong>la</strong> contrainte budgétaire en t=2 dans l’état L : le montantdisponible en t=2 dans le mauvais état, somme des montants non distribués en t=1 <strong>et</strong> en t=2, doit êtrepositif ou nul. Il s’agit d’une condition de faisabilité du contrat de dépôt : si le paiement 1 est possibledans le mauvais état, il l’est aussi dans le bon du monde en t=2.En outre, le banquier doit concevoir un contrat de dépôt dont les rémunérations satisfont les deuxcontraintes suivantes :(4) (1 ) + (1 − ) (1 ) ≥ (1) (contrainte de participation des déposants)(5) 1 ≥ 1 (contrainte d’incitation à <strong>la</strong> patience)1 Le plus simple consiste à supposer que <strong>la</strong> <strong>banque</strong> attire D déposants, dotés chacun d’un montant unitaire.2 <strong>La</strong> <strong>banque</strong> ne sert pas uniquement à fournir une assurance contre le besoin de liquidité.4


Cas n°2 : < 9 :9 ;9 ; >J9 L6ML @ :<strong>La</strong> droite représentant (3’) est en position « basse ». Son point d’intersection <strong>avec</strong> <strong>la</strong> droitereprésentant (6’) se situe au-dessous de <strong>la</strong> première bissectrice. Un contrat de dépôt faisable <strong>et</strong>respectant <strong>la</strong> contrainte d’incitation à <strong>la</strong> patience est suffisamment rentable pour rémunérer lebanquier au-delà de <strong>la</strong> rentabilité moyenne de l’actif long.Le dépôt optimal précédent n’est pas faisable (cf. graphique n°3) : il ne respecte pas <strong>la</strong> contrainte (3’),dans le mauvais état, <strong>la</strong> rentabilité de l’actif long est insuffisante pour perm<strong>et</strong>tre les r<strong>et</strong>raits tardifspromis.1 Graphique n°3 : Cas < 9 :9 ;9 ; >J9 L6ML @(1 − )1 + 1 − 1 ∗Contrainte d’incitation à<strong>la</strong> patience (1 = 1 )Conditiond’existence (6’)1NCondition defaisabilité (3’)11 ∗1N11 + 1 <strong>La</strong> pente de <strong>la</strong> contrainte de faisabilité (3’), qui vaut :< , est inférieure au taux marginal desubstitution le long de <strong>la</strong> première bissectrice, qui vaut


<strong>La</strong> condition (10) <strong>avec</strong> 1 = 1N montre qu’en proposant le contrat {1N, 1N}, <strong>la</strong> <strong>banque</strong> est soumise auxruées autoréalisatrices des déposants si : < :J9 L6ML @ < < 9 :9 ;<strong>La</strong> droite représentant (3’) est en position « moyenne ». Son point d’intersection <strong>avec</strong> <strong>la</strong> droitereprésentant (6’) se situe au-dessus de <strong>la</strong> première bissectrice (cf. graphique n°4) :RP 1 N = − (1 + ) ( − )QP1N =O (1 − )( − )En ce point, le taux marginal de substitution est donc supérieur à <strong>la</strong> pente de <strong>la</strong> droite représentant <strong>la</strong>contrainte de faisabilité (3’).1 Graphique n°4 : Cas9:9 ;< < 9 :9 ;9 ; >J9 L6ML @ 9 ;(1 − )1 + 1 − 1 ∗Contrainte d’incitation à<strong>la</strong> patience (1 = 1 )Condition defaisabilité (3’)selon valeur de 1N Conditiond’existence (6’)11 ∗1N 11 + 1 Deux sous-cas sont possibles :- Cas n°3.1 : Soit le contrat précédent, 41 ∗ , 1 ∗ 8 défini à l’équation (11), est faisable, à droite dupoint d’intersection des droites représentant (3’) <strong>et</strong> (6’), ce qui nous ramène au cas n°1.- Cas n°3.2 : Soit le contrat 41 ∗ , 1 ∗ 8 n’est pas faisable, <strong>et</strong> le contrat optimal correspond à unoptimum en coin, au point d’intersection des droites représentant (3’) <strong>et</strong> (6’) : S1N , 1N T (cf.graphique n°4).Avec () = :6 = A >1 − @,41 ? ∗ , 1 ∗ 8 défini à l’équation (11), est faisable si <strong>et</strong> seulement si :9


≥ 9 9 ;U(:


Le paramètre g est <strong>la</strong> fraction du revenu de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> versée aux déposants (le coefficient de partage).Il est annoncé par le banquier en t=0. WZ désigne <strong>la</strong> part du banquier en t=2. Le revenu de <strong>la</strong> <strong>banque</strong>en t=2 est égal à <strong>la</strong> somme des montants non r<strong>et</strong>irés en t=1, ( − ), <strong>et</strong> du rendement des actifslongs, () :(15) Y WZ = ( − ) + Une proportion g du revenu de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> est distribuée aux déposants restant en t=2, de sorte que lebanquier conserve (1 − g) Y WZ , sous condition de garantie du montant des dépôts : <strong>la</strong> convention departage ne s’applique que si le revenu de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> est suffisant, de sorte que les déposants reçoiventau moins le montant déposé. Si le revenu de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> est insuffisant pour appliquer <strong>la</strong> convention departage, alors le banquier rembourse (1 − ) aux déposants <strong>et</strong> conserve le solde. <strong>La</strong> convention departage ne s’applique qu’aux déposants « tardifs » ayant patienté jusqu’en t=2.Ainsi, une condition de faisabilité du contrat de dépôt apparaît : le revenu de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> dans le mauvaisétat doit couvrir le montant des dépôts des consommateurs « tardifs » :(16) ( − ) + ≥ (1 − ) condition de faisabilitéPour garantir 1 = 1 aux consommateurs « précoces », le banquier is<strong>la</strong>mique investit = dansl’actif court, <strong>et</strong> par conséquent = + (1 − ) dans l’actif long. Le revenu de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> en t=2 estalors :(16) Y WZ = <strong>La</strong> condition de faisabilité du contrat devient : ≥ (1 − ) <strong>avec</strong> = + (1 − ), soit :(17) ≥ (1 − ) :9 ;9 ;<strong>La</strong> <strong>banque</strong> is<strong>la</strong>mique ne peut respecter <strong>la</strong> garantie de remboursement des dépôts dans le mauvais étatdu monde qu’à condition d’être suffisamment dotée en <strong>fonds</strong> <strong>propres</strong>.Les caractéristiques du contrat de dépôt, <strong>et</strong> <strong>la</strong> rémunération du banquier sont alors données par :(18) h1 = 11i = \] ^1, _9 j d WZ = \ef4(1 − g), − (1 − )8<strong>avec</strong>1i = 1 kF = k dans l’état s, l ∈ 4n, o8 WZ = WZkLorsque le partage du revenu n’est pas contraint par <strong>la</strong> condition de garantie des dépôts, les déposantsreçoivent en t=2 une rémunération unitaire 1i = g/p où p ≡(:


• Si le banquier fixe un coefficient de partage compris entre les deux seuils (ĝ > ĝ), alors lesdéposants tardifs ne reçoivent une rémunération en t=2 que dans l’état H : 1 = 1 <strong>et</strong>1 ≡ _9 sj .Graphique n°5 : rémunération des dépôts par <strong>la</strong> <strong>banque</strong> is<strong>la</strong>mique1 k1 k = 1 ≡ g p1 k = 1 ≡ g k10ĝ ĝ 1g<strong>La</strong> concurrence entre <strong>banque</strong>s is<strong>la</strong>miques les pousse à proposer des contrats de rémunération desdépôts <strong>avec</strong> des coefficients de partage aussi favorables que possible aux déposants (g élevé). Or,comme pour <strong>la</strong> <strong>banque</strong> <strong>conventionnelle</strong> étudiée précédemment, on peut considérer que c<strong>et</strong>te pressionsur g est limitée par une condition d’existence de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> : le banquier is<strong>la</strong>mique constitue <strong>la</strong> <strong>banque</strong>à condition de recevoir au moins autant qu’en investissant directement dans l’actif long. A l’équilibreconcurrentiel, le banquier is<strong>la</strong>mique propose un coefficient de partage qui lui assure le même revenumoyen qu’en investissant directement dans l’actif long :(19) u D WZ E = condition d’existence de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> is<strong>la</strong>miqueC<strong>et</strong>te condition d’existence empêche le banquier is<strong>la</strong>mique de proposer un coefficient de partage gsupérieur ou égal au deuxième seuil ĝ ≡ j 9 ;.En eff<strong>et</strong>, pour g > ĝ, en t=2 :• les déposants recevraient g k ,• le banquier recevrait WZk = (1 − g) k , soit en moyenne uD WZ E = (1 − g) < , c’està-diremoins qu’en investissant directement dans l’actif long.Le partage du revenu serait « trop » favorable aux déposants.Le coefficient de partage du revenu est, à l’équilibre concurrentiel, compris entre les deux seuilsĝ ≡ j 9 s<strong>et</strong> ĝ ≡ j 9 ;.En eff<strong>et</strong>, dans ce cas, en t=2 :12


• dans l’état L, <strong>la</strong> <strong>banque</strong> a trop peu de revenu pour appliquer <strong>la</strong> convention de partage durevenu, <strong>et</strong> le banquier doit garantir le montant des dépôts : il reçoit − (1 − ), noussupposerons que ce montant est positif 5 ;• dans l’état H, <strong>la</strong> <strong>banque</strong> a suffisamment de revenu <strong>et</strong> <strong>la</strong> convention de partage du revenus’applique : le banquier reçoit (1 − g) ;• en moyenne, le banquier reçoit donc : uD WZ E = ( − (1 − )) + (1 − g) .Le revenu moyen du banquier satisfait <strong>la</strong> condition d’existence de <strong>la</strong> <strong>banque</strong> si : uD WZ E = . Soit :(20) g = p 9 :w ;=(: + ( + (1 − )) , soit < (1 − ) :~, c’est-à-dire si <strong>la</strong> <strong>banque</strong> is<strong>la</strong>mique est~« insuffisamment capitalisée ». Or, à l’équilibre concurrentiel, nous avons vu que WZ = (1 − ) :9 ;.9 ;Comme > , WZ est inférieur à (1 − ) :~~déposants.: <strong>la</strong> <strong>banque</strong> is<strong>la</strong>mique est exposée aux ruées des5 C’est <strong>la</strong> condition de faisabilité du contrat de dépôt : <strong>la</strong> <strong>banque</strong> is<strong>la</strong>mique est suffisamment dotée en <strong>fonds</strong> <strong>propres</strong>.13


4. Une comparaison entre les contrats de dépôts « conventionnels » <strong>et</strong> les contrats de dépôt« is<strong>la</strong>miques ».Dans le modèle que nous avons exposé, être « conventionnel » ou « is<strong>la</strong>mique » conduit au mêmerevenu attendu pour le banquier, . Mais ce revenu est atteint dans des conditions sensiblementdifférentes.On peut tenter de comparer plus en détail les résultats obtenus en spécifiant <strong>la</strong> fonction d’utilité desdéposants : () = :6 = A >1 − @ <strong>avec</strong> > 1.? ?D’abord, on peut constater que, dans le mauvais état du monde, le revenu du banquier est nul, qu’il soitconventionnel ou is<strong>la</strong>mique. <strong>La</strong> contrainte de faisabilité du contrat de dépôt, en univers concurrentiel,impose au banquier de « sacrifier » son apport initial pour remplir le contrat. <strong>La</strong> différence entre lesrevenus perçus dans le bon état du monde tient à <strong>la</strong> différence entre les niveaux de <strong>fonds</strong> <strong>propres</strong> (cf.tableau n°4 infra). Le revenu attendu est bien égal , soit WX pour le banquier conventionnel <strong>et</strong> WZ pour le banquier is<strong>la</strong>mique. Le tableau n°2 donne les revenus du banquier selon l’état dumonde.tableau n°2 : revenu du banquierBanque ConventionnelleBanque Is<strong>la</strong>miqueétat L WX = 0 WZ = 0état H WX = ( − ) =6 (1 − ) U(1 − )? + V WZ = (1 − )(1 − ) Le contrat de dépôt est conçu de manière radicalement différente (cf. tableau n°3). Ainsi, on constateles caractéristiques suivantes :- <strong>La</strong> garantie du montant dans le cas is<strong>la</strong>mique revient de fait à une interdiction derémunération des dépôts r<strong>et</strong>irés en t=1 D1 WZ= 1 < 1 WX E, qui correspond à l’interdiction del’intérêt.- <strong>La</strong> rémunération des déposants « patients » est contingente dans le cas is<strong>la</strong>miqueconformément au principe de partage des pertes <strong>et</strong> des profits, <strong>et</strong> prédéterminée dans le casconventionnel, ce qui est <strong>la</strong> différence <strong>la</strong> plus marquante entre les deux types de systèmes.- <strong>La</strong> détermination des caractéristiques des contrats de dépôt est essentiellement contraintedans le cas is<strong>la</strong>mique, mais fait appel à <strong>la</strong> maximisation de l’utilité des déposants dans le casconventionnel.- Les contrats de dépôts conduisent à des modalités différentes de partage des risques, <strong>avec</strong> unmeilleur lissage de <strong>la</strong> consommation des déposants dans le cas conventionnel.14


tableau n°3 : rappel des caractéristiques des contrats de dépôtBanque ConventionnelleBanque Is<strong>la</strong>mique1 WX =(11) F1 WX =9(: WZ ⁄ ).tableau n°5 : caractéristiques des portefeuilles d’actifs bancairesBanque ConventionnelleBanque Is<strong>la</strong>miqueRP WX (1 − ) =6= U(1 − )? + V QP WX =OF WZ = 1 − (1 − ) = + WZ = Enfin, du point de vue des déposants, le contrat de dépôt « conventionnel » est plus attractif que lecontrat de dépôt « is<strong>la</strong>mique » : l’utilité espérée du premier est plus élevée que l’utilité du second.6 à savoir 0 ≤ ≤ 1, 0 < H < 1, ≥ 1 > > 015


L’utilité espérée d’un dépôt dans <strong>la</strong> <strong>banque</strong> <strong>conventionnelle</strong> est donnée par :u WX = D1 WX E + (1 − ) D1 WX E =11 − ?U(1 − ) =M6 + V ⁄ ?L’utilité espérée d’un dépôt dans <strong>la</strong> <strong>banque</strong> is<strong>la</strong>mique est donnée par :u WZ = (1 WZ ) + (1 − )U (1 WZ ) + (1 WZ )V =11 − ?€ + (1 − ) + (1 − ) 6 =( − ) 6 = M6‚ ƒOn peut montrer (cf. annexe) que : u WX ≥ u WZ .5- ConclusionNous avons proposé un modèle théorique de l’activité de création de liquidité par une <strong>banque</strong> dans unsystème concurrentiel de type alternativement conventionnel ou is<strong>la</strong>mique. Il s’agit, à notreconnaissance, de <strong>la</strong> première tentative d’étendre un modèle maintenant usuel de microéconomiebancaire (Diamond <strong>et</strong> Dybvig 1983) aux spécificités de <strong>la</strong> finance is<strong>la</strong>mique : rémunération des dépôtsnon prédéfinie, mais distribuée selon un coefficient de partage préétabli, montant garanti. Nousconsidérons qu’il s’agit d’un premier pas vers <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion d’un modèle théorique plusvraisemb<strong>la</strong>ble.Notre modèle suppose qu’un banquier neutre au risque apporte des <strong>fonds</strong> pour constituer <strong>la</strong> <strong>banque</strong>,<strong>et</strong> fait des hypothèses implicites sur le fonctionnement concurrentiel du « marché bancaire ». Ceshypothèses sont habituelles dans les modèles sur lesquels nous nous sommes appuyés (Diamond <strong>et</strong>Dybvig 1983, Allen <strong>et</strong> Gale 2007, Dowd 2000, Marini 2003), mais mériteraient un traitement plusprécis. Le modèle suppose que les banquiers conventionnels <strong>et</strong> is<strong>la</strong>miques ont accès aux mêmespossibilités d’investissement <strong>et</strong> ne prend donc pas en compte les différences de sophisticationéventuellement observées, en particulier en matière de marché interbancaire.Parmi les pistes de prolongation de c<strong>et</strong>te modélisation, on peut envisager de modifier les possibilitésd’investissement (contraintes d’accès aux différents actifs, caractéristiques des actifs, éventail desactifs accessibles). Ainsi seraient prises en compte des différences entre les environnements d’exercicede l’activité bancaire dans les systèmes is<strong>la</strong>miques <strong>et</strong> conventionnels. Les questions de risque moraldans <strong>la</strong> délégation du choix de portefeuille par les déposants au banquiers pourraient aussi êtreexaminées.On peut aussi envisager d’étudier un système concurrentiel mixte. Dans le modèle, les banquiersobtiennent le même revenu espéré dans les deux environnements. Mais dans un environnement mixte,les pressions concurrentielles s’exerceraient différemment.Enfin, on pourrait introduire un aléa sur <strong>la</strong> proportion de consommateurs précoces, donc un risque deliquidité agrégé, afin d’étudier les différences de réaction du système en fonction de l’environnement.16


Bibliographie :Allen, F. <strong>et</strong> D. Gale (2007), Understanding Financial Crises, C<strong>la</strong>rendon Lecture Series in Finance, OxfordUniversity Press.Diamond, D. <strong>et</strong> P. Dybvig (1983), “Bank Runs, Deposit Insurance, and Liquidity”, Journal of PoliticalEconomy, Vol. 91, June 1983, pp. 401-419Dowd, K. (2000), “Bank capital adequacy versus deposit insurance”, Journal of Financial ServicesResearch, vol. 17, pp. 7-15.Ernst & young (2011), World Is<strong>la</strong>mic Banking Comp<strong>et</strong>itiveness Report 2011-12.Gangopadhyay S. & Singh (2000), “Avoiding bank run in transition economies: The role of risk neutralcapital”, Journal of Banking and Finance, vol. 24, pp. 625-642IFSB (2008), Technical note on issues in strengthening liquidity management of institutions offeringis<strong>la</strong>mic financial services: the development of is<strong>la</strong>mic money mark<strong>et</strong>s.IFSB-IRTI-IDB (2010), Is<strong>la</strong>mic Finance and Global Stability ReportMarini F. (2003), “Bank insolvency, deposit insurance and capital adequacy”, Journal of FinancialServices Research, vol. 24, pp. 67-78.Standard & Poor’s (2010), Is<strong>la</strong>mic Finance Outlook.17


Annexe : démonstration de u WX ≥ u WZ .On a : u WX =: 6 =U(1 − ) =M6 + V ⁄ ?<strong>et</strong> u WZ =: 6 ‰ + (1 − ) Š + (:w ; )6 ==(9:w ; ) 6 M6‹ Œ=<strong>avec</strong> 0 ≤ ≤ 1, 0 < H < 1, ≥ 1 <strong>et</strong> 0 < < 1.On réécrit D1 − 6 Eu WX <strong>et</strong> D1 − 6 Eu WZ comme des fonctions de dont les paramètres dépendent de= = (<strong>et</strong> de mais ceci n’est pas utile pour <strong>la</strong> démonstration) :D1 − 6 Eu WZ = „ + (1 − „) ≡ †() où „ = = + (:w ; )6 =(9:w ; ) 6 ≡ „( )= M6D1 − 6 Eu WX = U… + (1 − …)V ⁄ ? ≡ ˆ() où … = =M6 .=Lemme 1 : 0 < … < 1Démonstration : immédiate, puisque 0 < H < 1 <strong>et</strong> ≥ 1.Lemme 2 : … 6 = < „( ) < 1.6@9:w ;Démonstration : 5 5w ;≡ „′( ) = 1 + ? >:w ;„′( ) > 0 car 0 < H < 1, ≥ 1 <strong>et</strong> 0 < < 1.6@= .9:w ;= : + > ? − 1@ >:w ;Donc <strong>la</strong> fonction „( ) est croissante, <strong>et</strong> „(0) < „( ) < „(1). Or : „(0) = 6M6 = = … 6 =. Et „(1) = 1.Lemme 3 : <strong>La</strong> fonction †() est affine croissante, <strong>et</strong> „( ) < †() < 1.Démonstration : Il est évident que †() est affine. Elle est croissante car 0 < „ < 1, d’après les lemmes1 <strong>et</strong> 2. Il est immédiat que †(0) = „ <strong>et</strong> †(1) = 1.Lemme 4 : <strong>La</strong> fonction ˆ() est croissante <strong>et</strong> convexe, <strong>et</strong> … 6 = < ˆ() < 1.Démonstration : sans difficulté particulière.Proposition : u WX ≥ u WZ .Démonstration : d’après les lemmes 1 à 4, les fonctions †() <strong>et</strong> ˆ() se représentent ainsi :†(λ), ˆ(λ)1†()Ainsi : ∀ ∈ U0,1V, †() ≥ ˆ().Donc : D1 − 6 = Eu WZ ≥ D1 − 6 = Eu WX .Or 0 < H < 1 ⇒ 1 − ? < 0.„( )… 6 =0ˆ()1λIl s’ensuit : u WX ≥ u WZ .CQFD.18

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