12.07.2015 Views

PDF - 1.9MB - Veolia Environnement en France

PDF - 1.9MB - Veolia Environnement en France

PDF - 1.9MB - Veolia Environnement en France

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Avant-proposLES ENTRETIENS DU GRAND PARIS, UN ESPACE DE DIALOGUE<strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>, EDF et l’Université Paris-Dauphine ont pris l’initiativedes Entreti<strong>en</strong>s du Grand Paris pour contribuer, auprès des pouvoirspublics, à faire de ce projet l’œuvre d’une mobilisation collective.L’esprit de cette manifestation est d’offrir un espace de dialogue original<strong>en</strong>tre des acteurs d’horizons différ<strong>en</strong>ts : les collectivités locales, l’administration,le monde économique et les experts de la ville.Au mom<strong>en</strong>t où il s’agit de concevoir les modalités de mise <strong>en</strong> œuvre du projet,les 200 participants de ces <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ont débattu dans un esprit constructif,sur les sujets de l’attractivité et de la sout<strong>en</strong>abilité du Grand Paris.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012QUELS SERVICES URBAINS POUR LE GRAND PARIS ?La question du rapport <strong>en</strong>tre l’attractivité et la sout<strong>en</strong>abilité du Grand Parisr<strong>en</strong>voie vers la vision nécessairem<strong>en</strong>t globale de la métropole et de la compétitionavec les autres villes monde. Mais elle interroge égalem<strong>en</strong>t sur lamanière dont nous souhaitons faire évoluer nos territoires, au service de laqualité de vie au quotidi<strong>en</strong> de leurs habitants.Le développem<strong>en</strong>t des territoires qui compos<strong>en</strong>t le Grand Paris, dans unedynamique à la fois économique et sociale requiert différ<strong>en</strong>tes formes d’attractivité,parmi lesquelles la qualité des services urbains constitue une composanteess<strong>en</strong>tielle.1


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?Des services urbains adaptés au contexte du Grand Paris suppos<strong>en</strong>t de mettre<strong>en</strong> place un usage sout<strong>en</strong>able des ressources qui les fond<strong>en</strong>t et de les ajustersur la gamme des échelles de l’espace métropolitain.Quelles sont les ressources nécessaires aux besoins prés<strong>en</strong>ts et futurs de lapopulation et des activités économiques du Grand Paris ? Quel rôle à jouerpar les services urbains pour créer de la valeur sur ces territoires ?Ces thèmes qui ont animé les débats, qui sont repris dans le prés<strong>en</strong>t docum<strong>en</strong>t,vis<strong>en</strong>t à restituer la richesse de ces mom<strong>en</strong>ts de partage d’idées, d’expéri<strong>en</strong>ceset de visions.Retrouvez les Entreti<strong>en</strong>s du Grand Paris sur internet :www.villemondeviedequartier.comSommaireENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?Accueil p. 4Ouverture p. 7I - Le developpem<strong>en</strong>t du Grand Paris :quelles ressources, quelle créationde valeur ? p. 10Échanges avec la salle p. 25LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012II - Quels <strong>en</strong>jeux pour les services urbainsdu Grand Paris p. 32Conclusion p. 50Échanges avec la salle p. 54Des personnalités att<strong>en</strong>tives2 3


“Sylvain BOUCHERDélégué <strong>France</strong>, <strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>Mesdames et Messieurs, bonjour,J’ai l’honneur et le plaisir de vous accueilliraujourd’hui pour ces troisièmes <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>sdu Grand Paris, organisés dans le cadred’un part<strong>en</strong>ariat <strong>en</strong>tre EDF, l’universitéParis-Dauphine et <strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>.Je vous remercie pour votre prés<strong>en</strong>ce, etje salue la prés<strong>en</strong>ce d’une délégation de 25cadres marocains, accompagnés par l’ES-SEC, qui participera à nos débats. Merciaux différ<strong>en</strong>ts interv<strong>en</strong>ants de s’être mobiliséspour partager leur expertise. Merci àvous tous d’être v<strong>en</strong>us nombreux. Noussommes réunis aujourd’hui dans un lieuemblématique, la Cité du cinéma, qui afait l’objet d’une opération de réhabilitation.Cette opération illustre la dynamiquedes territoires du Grand Paris. C’est unexemple concret du rayonnem<strong>en</strong>t internationalde notre capitale.Le Grand Paris nous amène à de nouvellesréflexions sur les problématiques d’aménagem<strong>en</strong>tdu territoire, à la recherche d<strong>en</strong>ouvelles cohér<strong>en</strong>ces, à la fois multipolaireset multi-échelles. Le Grand Paris apermis la conception de projets de territoirequi s’articul<strong>en</strong>t à l’échelle de la région,et au-delà. Il s’organise <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec d’autresrégions françaises, <strong>en</strong> particulier le long del’axe Seine, pour faire émerger le territoireParis – Seine – Normandie, porteur d’unevolonté de r<strong>en</strong>ouveau industriel.Demain, la compétitivité du Grand Parisau sein du club des villes monde se joueraprobablem<strong>en</strong>t à l’échelle europé<strong>en</strong>ne,voire au-delà. Nous parlons déjà d’organiserun pôle métropolitain <strong>en</strong>tre Paris,Londres, Rotterdam… Mais comme vousle savez, cette vision de la ville à grandeéchelle ne doit pas se faire sans t<strong>en</strong>ircompte de la qualité de vie de ses habitants,élém<strong>en</strong>t indisp<strong>en</strong>sable pour pér<strong>en</strong>niserl’attractivité de nos territoires et surtoutleur développem<strong>en</strong>t durable. C’est danscette perspective d’articulation <strong>en</strong>tre lesambitions globales et locales que nousavons souhaité voir ces troisièmes <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>sdu Grand Paris porter sur les servicesurbains, afin d’échanger avec vous sur leurrôle et leur contribution pour l’attractivitéet la sout<strong>en</strong>abilité des territoires.Je souhaite ici réaffirmer la volonté de<strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong> de participer activem<strong>en</strong>taux réflexions <strong>en</strong> cours. Soyezassurés de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de <strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>à vos côtés. Cet <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>test porté par nos valeurs d’acteur impliquédans nos métiers, au service de l’intérêtpublic : valeurs d’une <strong>en</strong>treprise<strong>en</strong>gagée auprès de ses cli<strong>en</strong>ts, au servicede ses cli<strong>en</strong>ts, pour le développem<strong>en</strong>téquilibré et durable de leurs territoires.À travers la mission Métropole GrandParis que nous avons créée il y a deux ans,nous sommes contributeurs des travauxm<strong>en</strong>és au sein des groupes de travail pilotéspar la préfecture de région sur la sout<strong>en</strong>abilitédu Grand Paris, <strong>en</strong> particulier« Cette vision de la ville à grande échell<strong>en</strong>e doit pas se faire sans t<strong>en</strong>ir compte de laqualité de vie de ses habitants. »dans le cadre du Grand Paris de l’eau. Jeremercie M. Bernard DOROSZCZUKd’avoir accepté de v<strong>en</strong>ir ici <strong>en</strong> partager les<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. Nous sommes égalem<strong>en</strong>tactifs au sein du Comité des part<strong>en</strong>airesde Paris Métropole, que le vice-présid<strong>en</strong>tFrançois KOSCIUSKO-MORIZET nousfait l’honneur de représ<strong>en</strong>ter aujourd’hui.Cette année, avec EDF, nous avons initiéau sein du comité des part<strong>en</strong>aires ungroupe de travail sur la transition énergétiquemétropolitaine. Ce groupe detravail regroupe une tr<strong>en</strong>taine d’acteursmobilisés pour émettre des propositionsd’actions concrètes. Nous interv<strong>en</strong>onsaussi sur le terrain des territoires de projet,et nous nous mettons à dispositionpour accompagner les pouvoirs publicsdans leur volonté d’innover, à la fois surle volet d’aménagem<strong>en</strong>t urbain, maisaussi sur le plan du développem<strong>en</strong>t économiqueet de la création d’emplois. Lesacteurs socioéconomiques sont bi<strong>en</strong>consci<strong>en</strong>ts des <strong>en</strong>jeux du Grand Paris etde la symbiose nécessaire <strong>en</strong>tre territoireset <strong>en</strong>treprises. Notre prés<strong>en</strong>ce témoignede cette volonté collective de s’impliquerdans un projet significatif, de partagerdes expertises et de susciter de nouveauxtypes de part<strong>en</strong>ariat. C’est dans cet espritde co-construction que cette matinée dedébat se déroulera. Je m’associe à l’universitéParis Dauphine et à EDF pour vousremercier d’avoir accepté d’y contribuer.Je remercie <strong>en</strong>fin l’<strong>en</strong>semble de l’équipeorganisatrice de cette manifestation,qui n’a pas ménagé ses efforts pour nousaccueillir aujourd’hui.COLLOQUE DU 11 OCTOBRE LES 2012, ENTRETIENS GRAND PARIS DU VILLE GRAND MONDE PARIS - VIE 11 OCTOBRE DE QUARTIER 2012« Les acteurs socioéconomiques sont bi<strong>en</strong>consci<strong>en</strong>ts des <strong>en</strong>jeux du Grand Paris et dela symbiose nécessaire <strong>en</strong>tre territoires et<strong>en</strong>treprises. »Accueil4 5


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?“François BUTTETDélégué régional Ile-de-<strong>France</strong>, EDF.Lorsque j’étais jeune ingénieur, j’ai vutourner la turbine colorée de ce lieu magnifique.C’est donc avec une certaine émotionque je vous salue, dans ce lieu que j’aifréqu<strong>en</strong>té il y a plus de 30 ans, lorsque lacité du cinéma n’était <strong>en</strong>core qu’une installationindustrielle qui produisait del’électricité. Construite <strong>en</strong> 1906, inauguréepar le baron belge Édouard LouisJoseph EMPAIN, cette c<strong>en</strong>trale a fonctionnéjusqu’<strong>en</strong> 1981. Avec quatre petitsgroupes de production, cette usine avaitpour fonction d’alim<strong>en</strong>ter le métro parisi<strong>en</strong>,alors <strong>en</strong> construction. Les chaudièresfonctionnai<strong>en</strong>t grâce à du charbon am<strong>en</strong>épar la Seine. À l’époque, il était déchargéà la pelle et à la main. L’usine s’est progressivem<strong>en</strong>tagrandie, pour compter jusqu’à24 cheminées.Aujourd’hui, nous parlons d’attractivité,de sout<strong>en</strong>abilité, de développem<strong>en</strong>t, deressources et de services urbains. En celieu, l’Histoire nous offre un symbole auxfacettes multiples d’une époque où pourfaçonner et construire le métropolitain,il fallait une ressource : l’énergie électrique.Facette d’une époque non révolueoù cette ressource contribue à r<strong>en</strong>dre possible,viable et sout<strong>en</strong>able la mobilité desFrancili<strong>en</strong>s. Facette d’un fleuve, la Seine,qui approvisionne <strong>en</strong> ressources et permetd’évacuer les déchets. Facette du prodigieuxessor des services urbains qui ontaccompagné la croissance tout au long dessiècles passés, avec une adaptation perman<strong>en</strong>teaux défis de chaque époque.L’Histoire ne se répète pas, dit-on, maiselle nous éclaire. Que serait aujourd’huiune métropole de rang mondial sansinfrastructures de qualité ? Comm<strong>en</strong>t cesinfrastructures pourrai<strong>en</strong>t-elles fonctionnersans ressources énergétiques ? Queserait le Grand Paris sans les opérateursde services urbains ? Comme le soulignaitSylvain BOUCHER, nous sommes dansun lieu idéal pour débattre de ces questions.Vous pouvez compter sur l’énergiede tous les métiers du groupe EDF pourfaire avancer ce projet.François KOSCIUSKO-MORIZETMaire de Sèvres, vice-présid<strong>en</strong>t duconseil général des Hauts-de-Seine<strong>en</strong> charge de l’urbanisme, de l’eau etl’assainissem<strong>en</strong>t, vice-présid<strong>en</strong>t dusyndicat interdépartem<strong>en</strong>tal pourl’assainissem<strong>en</strong>t de l’agglomérationparisi<strong>en</strong>ne, vice-présid<strong>en</strong>t du syndicatParis Métropole.“Bonjour à toutes et à tous.Les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s du Grand Paris sont nés dela volonté des organisateurs d’offrir unespace de dialogue original à des acteursd’horizons tout à fait différ<strong>en</strong>ts : les collectivitéslocales, l’administration, le mondeéconomique, les experts de la ville. Noussommes réunis aujourd’hui pour débattredu sujet de la sout<strong>en</strong>abilité du Grand Paris.Les interv<strong>en</strong>tions des uns et des autres vontpermettre d’aborder toutes les facettes del’interrogation « attractivité et sout<strong>en</strong>abilitédu modèle urbain de la métropole et deses ambitions ». Nous allons pouvoir analyserles conséqu<strong>en</strong>ces sur les ressourcesnaturelles des ambitions du Grand Paris <strong>en</strong>termes de développem<strong>en</strong>t de la populationet des emplois. J’espère que ce débat seral’occasion d’évoquer une question fondam<strong>en</strong>tale: comm<strong>en</strong>t ce projet métropolitaininteragit-il avec le reste du territoirefrançais et europé<strong>en</strong> ? Pourquoi est-ce laconc<strong>en</strong>tration quantitative dans la métropolede toujours plus de population etd’emploi, qui a finalem<strong>en</strong>t conduit à stabiliserles ambitions de ce projet à un niveauaussi élevé ? Il me semble que le projet duGrand Paris doit s’appuyer sur une visionplus qualitative, car l’attractivité de demainréside dans la qualité de vie. Le rattrapagedes infrastructures de transport est indisp<strong>en</strong>sable,et je salue le travail remarquablequ’accomplit la Société du Grand Paris.Je m’interroge égalem<strong>en</strong>t sur le caractèreréaliste de toutes ces applications volontaristes.Ne peut-on pas craindre qu’ellesne guid<strong>en</strong>t plus l’action, mais risqu<strong>en</strong>t, aucontraire, de la brouiller ?Je crois qu’un certain nombre d’ori<strong>en</strong>tations<strong>en</strong> matière d’aménagem<strong>en</strong>t sonttotalem<strong>en</strong>t irréalistes. Le projet du schémadirecteur régional de la région Île-de-<strong>France</strong>, <strong>en</strong> fin de mise au point, prévoit parexemple que 75 % de l’augm<strong>en</strong>tation deslogem<strong>en</strong>ts dans les 20 prochaines annéesdoit se faire dans les zones agglomérées.Pour pr<strong>en</strong>dre les Hauts-de-Seine que jeconnais de près, ce programme prescritLES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Que serait aujourd’hui une métropole derang mondial sans infrastructures de qualité ? »Ouverture6 7


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?que nous devrions à la fois diviser par troisle rythme actuel de création d’emplois, etdoubler dans le même temps le rythmede création de logem<strong>en</strong>ts. Or, les Hautsde-Seinesont le seul départem<strong>en</strong>t à avoirréalisé plus de logem<strong>en</strong>ts que les objectifsdu SDRIF de 1994. Si nous avons pu lefaire, c’est parce que nous avons accueilliplus d’emploi. L’un ne va pas sans l’autre,et les opposer est une erreur. Ces chiffresmontr<strong>en</strong>t au passage que, quelle que soitla qualité de l’analyse intellectuelle quiconduit aux ori<strong>en</strong>tations du projet deSDRIF, ces ori<strong>en</strong>tations sont <strong>en</strong> décalageprofond avec la dynamique des territoires.De ce fait, elles n’ont aucune chance de seréaliser sur les 15 ans du projet.Au fond, le critère ess<strong>en</strong>tiel et élém<strong>en</strong>tairede sout<strong>en</strong>abilité ne serait-il pas tout simplem<strong>en</strong>tcelui de la viabilité du systèmeurbain ? C’est un terme peu usité, souslequel je regrouperai tout ce qui toucheà l’ess<strong>en</strong>tiel du fait urbain : la capacité decelui-ci à être supporté, apprécié et vécupositivem<strong>en</strong>t au quotidi<strong>en</strong>. Il serait erronéd’imaginer un modèle urbain standard. Aucontraire, c’est la diversité de la mosaïqueurbaine qui contribue à ram<strong>en</strong>er la métropoleà l’échelle humaine.Paris Métropole, qui prés<strong>en</strong>te l’avantagede réunir près de 200 maires, est très att<strong>en</strong>tifà cette question. Certes, la métropolepeut mieux véhiculer un projet collectif.Certes, il faut r<strong>en</strong>forcer le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’appart<strong>en</strong>anceà une dynamique collective.« Une ville sout<strong>en</strong>able,c’est d’abord une ville vivable. »Mais cela ne peut pas se faire sans quel’échelle locale ait sa particularité, sa morphologieet son type d’équilibre. Une villesout<strong>en</strong>able, c’est d’abord une ville vivable.Et pour y parv<strong>en</strong>ir, elle doit aussi être uneville diverse. J’ai utilisé à plusieurs reprisesle mot « échelle ». Car c’est bi<strong>en</strong> la questionde l’articulation des échelles de territoirequi me semble être l’une des clés de nosréflexions. Il faut que l’on puisse, dansnotre agglomération parisi<strong>en</strong>ne, habiterune commune, lui être rattachée, <strong>en</strong> préserverles particularités, et dans le mêmetemps, savoir que le périmètre le plus pertin<strong>en</strong>tpour traiter certains grands <strong>en</strong>jeuxest celui de l’agglomération ou de la région.En marge de ce propos, je souhaiteraisajouter que Paris Métropole vi<strong>en</strong>t d’ouvrirun grand débat public sur des propositionsd’organisation du Grand Paris de demain.Un livre vert a été diffusé aux élus et auxcercles de part<strong>en</strong>aires. Il s’intitule « Pourune métropole durable, quelle gouvernance? » Il est consultable sur le site internetde Paris Métropole. Vous y trouverezdes analyses et des propositions variées desuns et des autres. Il s’agit de points de vuediffér<strong>en</strong>ts, parfois opposés, pour ouvrir ledébat. Une tr<strong>en</strong>taine de débats publics seraorganisée <strong>en</strong>tre octobre et novembre. Unsite Internet servira de relais d’opinion, etj’espère que vous n’hésiterez pas à l’utiliser.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 20128 9


INTERVENANTSFRANÇOISKOSCIUSKO-MORIZETmaire de Sèvres, viceprésid<strong>en</strong>tdu conseilgénéral des Hauts-de-Seine <strong>en</strong> charge del’urbanisme, de l’eau etl’assainissem<strong>en</strong>t, viceprésid<strong>en</strong>tdu syndicatinterdépartem<strong>en</strong>talpour l’assainissem<strong>en</strong>tde l’agglomérationparisi<strong>en</strong>ne, vice-présid<strong>en</strong>tdu syndicat ParisMétropoleBERNARDDOROSZCZUKdirecteur régional etinterdépartem<strong>en</strong>tal del’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et del’énergie de la région Îlede-<strong>France</strong>(DRIEE)CHRISTIANEGENHOFERs<strong>en</strong>ior fellow, head of the<strong>en</strong>ergy and climate programme,CEPS (C<strong>en</strong>trefor European PolicyStudies)ALAINMAUGARDprésid<strong>en</strong>t d’EUROPAN(Programme ArchitectureNouvelle), présid<strong>en</strong>t deQualibatBERTRANDLEMOINEdirecteur général del’Atelier International duGrand ParisGAELLMAINGUYdirecteur à l’institut<strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>JEAN-LUCASCHARDdirecteur régional Île-de-<strong>France</strong>, ERDFCOLLOQUE DU 11 OCTOBRE LES 2012, ENTRETIENS GRAND PARIS DU VILLE GRAND MONDE PARIS - VIE 11 OCTOBRE DE QUARTIER 2012I Le développem<strong>en</strong>tdu Grand Paris :quelles ressources,quelle créationde valeur ?GRANDS TÉMOINSROBERTFITZPATRICKVIRGINIEPICON-LEFEBVRE,architecte urbanisteJEAN-FRANÇOISSAGLIO,présid<strong>en</strong>t d’AIRPARIF,association de surveillance dela pollution atmosphérique10 11


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?“Bernard DOROSZCZUKBonjour à tous. Le préfet de régiona confié à la direction régionale etinterdépartem<strong>en</strong>tale de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tet de l’énergie l’honneur de diriger uneréflexion d’<strong>en</strong>semble sur la sout<strong>en</strong>abilité<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale du Grand Paris. Nousavons abordé cette question avec uncertain nombre de part<strong>en</strong>aires, à partirde l’analyse des ressources et des moy<strong>en</strong>snécessaires pour réaliser le Grand Paris,notamm<strong>en</strong>t sur les sujets de l’énergie, del’eau, de l’assainissem<strong>en</strong>t, des matériaux.Les contrats de développem<strong>en</strong>t territorialexamin<strong>en</strong>t ces points, mais sur uneéchelle territoriale réduite, et sans dégagerune vision d’<strong>en</strong>semble. Or, dans notrerégion, ces problématiques sont d’ores etdéjà gérées à des échelles beaucoup pluslarges que celles des territoires de CDT. Ilnous est donc apparu que la sout<strong>en</strong>abilité<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale du Grand Parisnécessitait une analyse sur une échelleplus large, avec une vision à moy<strong>en</strong>-longterme. Cette analyse doit intégrer lesdynamiques <strong>en</strong> cours, liées aux politiquespubliques <strong>en</strong>gagées ces dernières années<strong>en</strong> matière d’économie des ressourcesnaturelles consommées, d’améliorationdes qualités des milieux et de transitionénergétique. Il faut que nous nousprojetions à l’horizon 2020 – 2030 <strong>en</strong>intégrant ces grandes politiques publiques.Pour illustrer concrètem<strong>en</strong>t les travauxque nous avons m<strong>en</strong>és, je m’appuierai surdeux exemples qui tourn<strong>en</strong>t autour dela même problématique : l’analyse localedoit être confortée par une analyseglobale de la sout<strong>en</strong>abilité à l’échelle duGrand Paris. C’est une condition sinequa non d’accompagnem<strong>en</strong>t du projetdu Grand Paris.Mon premier exemple est celui des besoins<strong>en</strong> matériaux. Aujourd’hui, nos travauxnous conduis<strong>en</strong>t à p<strong>en</strong>ser que la constructionde 70 000 logem<strong>en</strong>ts par an sur 10 à15 ans, à travers le besoin <strong>en</strong> matériauxet l’<strong>en</strong>semble des services requis, devraitnécessiter une augm<strong>en</strong>tation de 20 % desgranulats acheminés vers l’Île-de-<strong>France</strong>.L’Île-de-<strong>France</strong> importe déjà 45 % de sesgranulats des régions voisines, voire del’étranger. Si l’Île-de-<strong>France</strong> dispose deressources, nous savons que dans les 10ans à v<strong>en</strong>ir, près d’un tiers des carrièresautorisées arrivera <strong>en</strong> fin de vie. C’est doncun effort global de production de 50 % degranulat qu’il nous faut mettre <strong>en</strong> œuvrepour réaliser les ambitions du Grand Paris.Cette question de sout<strong>en</strong>abilité du GrandParis <strong>en</strong> termes de matériaux dépasse trèslargem<strong>en</strong>t l’échelle des territoires de CDTou de région, elle implique une approcheglobalisée sur une échelle interrégionale.Elle pose par ailleurs d’autres problèmesque celui de l’accès à la ressource et à laproduction de matériaux : des problèmesde logistique, d’acheminem<strong>en</strong>t (notamm<strong>en</strong>tpar la voie fluviale), de réductiondes consommations de matériaux, dediversification des ressources de granulats(granulats marins) et d’augm<strong>en</strong>tationdu recyclage. Nous voyons bi<strong>en</strong> que l’analyselocale est insuffisante pour sout<strong>en</strong>ir leGrand Paris. Il nous faut m<strong>en</strong>er une analyseglobale sur une échelle interrégionale.Mon deuxième exemple porte sur lestravaux que nous avons m<strong>en</strong>és sur l’eaupotable. Ces travaux t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à conclureque la réduction t<strong>en</strong>dancielle constatée cesdernières années <strong>en</strong> matière de consommationd’eau potable des Francili<strong>en</strong>s serainfléchie par l’accroissem<strong>en</strong>t de la populationet des activités liées au Grand Paris. Enpremière approximation et au vu de leurdim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t, les infrastructuresactuelles de production et de distributiond’eau potable resteront suffisantes pourcouvrir les besoins. Toutefois, la ressourceutilisée pour la production d’eau potable<strong>en</strong> Île-de-<strong>France</strong> (eaux de surface et eau <strong>en</strong>sous-sol) reste extrêmem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>due, tantdu point de vue qualitatif que du point devue quantitatif. Par ailleurs, il nous fautanticiper le risque lié aux changem<strong>en</strong>tsclimatiques, avec des situations d’étiageprolongées et plus sévères que celles qu<strong>en</strong>ous connaissions jusqu’à prés<strong>en</strong>t. La ressourcesuperficielle nous permet de satisfaireà peu près la moitié des besoins <strong>en</strong> eaupotable d’Île-de-<strong>France</strong>. C’est le souti<strong>en</strong>d’étiage des Grands Lacs de Seine, situéshors Île-de-<strong>France</strong>, qui le permett<strong>en</strong>t.Ces ouvrages nécessit<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>set des développem<strong>en</strong>ts. L’une des solutionspossibles <strong>en</strong> termes d’eau potablesuperficielle repose donc sur des infrastructuresqui se trouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dehors de larégion. De la même manière, la ressourcesouterraine, qui produit l’autre moitié desbesoins, dép<strong>en</strong>d de l’utilisation des sols <strong>en</strong>surface, et reste très fragilisée par les pollutionsd’origine agricole. La sout<strong>en</strong>abilitédu Grand Paris <strong>en</strong> eau potable n’est pas unsujet majeur d’investissem<strong>en</strong>t, ce n’est pasune problématique comparable à celle de lasout<strong>en</strong>abilité électrique, mais c’est un sujetqui dépasse l’échelle des territoires, et quinécessite une gestion mutualisée de la ressource,vraisemblablem<strong>en</strong>t dans le cadred’un schéma prospectif d’alim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong>eau potable de l’Île-de-<strong>France</strong>.Ces deux exemples illustr<strong>en</strong>t la nécessitéde tirer une vision globale dynamique duGrand Paris pour pouvoir répondre auxbesoins locaux. Pour être utile et créatricede valeur, cette vision globale doit rétroagirsur l’élaboration des contrats de développem<strong>en</strong>tterritorial. Le diagnostic qu<strong>en</strong>ous portons ne trouve son s<strong>en</strong>s que si lesprojets <strong>en</strong> émerg<strong>en</strong>ce (qui doiv<strong>en</strong>t figurerdans les CDT) permett<strong>en</strong>t de répondreà ces <strong>en</strong>jeux globaux. Si nous cumulonsl’<strong>en</strong>semble des projets de territoire de CDT,et au vu des travaux m<strong>en</strong>és dans le cadredu Grand Paris électrique, nous estimonsle besoin supplém<strong>en</strong>taire de puissance à3 000 MW pour satisfaire les besoins liésau réseau de transport, au développem<strong>en</strong>td’activités de service et aux populations.Cela intègre les perspectives d’une réductionde consommation post-Gr<strong>en</strong>elle.Il s’agit donc d’une problématique desouti<strong>en</strong> du réseau. Face à ce constat, nousLES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« L’analyse locale doit être confortée par uneanalyse globale de la sout<strong>en</strong>abilité à l’échelledu Grand Paris. »« Cette vision globale doit rétroagirsur l’élaboration des contrats dedéveloppem<strong>en</strong>t territorial. »12 13


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?devons trouver des solutions localisées,qui permett<strong>en</strong>t de satisfaire la demande depointe de l’énergie électrique. Un certainnombre de CDT, notamm<strong>en</strong>t celui desArdoines, sont ori<strong>en</strong>tés vers la recherchede solutions nouvelles pour mieux insérerles installations de RTE ou les futursc<strong>en</strong>tres électriques de pointe d’EDF dansle tissu urbain d<strong>en</strong>se. C’est fondam<strong>en</strong>talpour assurer localem<strong>en</strong>t une productiond’électricité permettant de sout<strong>en</strong>ir leréseau. Mais une autre approche est possible.Elle nécessite d’être expertisée etd’être développée. Cette approche estévoquée dans le contrat de développem<strong>en</strong>tterritorial de GPSO (Grand ParisSeine-Ouest), qui a id<strong>en</strong>tifié le projet IssyGrid (sur Issy-les-Moulineaux), et prévoitd’incorporer à l’échelle d’un territoiretoute une série de systèmes intellig<strong>en</strong>tspermettant de gérer l’énergie, avec del’électricité r<strong>en</strong>ouvelable, des smart grid,et des possibilités de compteur intellig<strong>en</strong>tpermettant de réaliser des coupures<strong>en</strong> cas de situation de pointe. Ces projets,qui développ<strong>en</strong>t de nouveaux businessmodel, doiv<strong>en</strong>t être expertisés et développéss’ils sont productifs. Ils sont sourced’innovation et repos<strong>en</strong>t sur le numérique.Ici, nous voyons une rétroaction du globalvers le local, source de développem<strong>en</strong>ttechnologique et d’emploi. L’interactionest constante et continue <strong>en</strong>tre les besoinslocaux et les besoins globaux. La rétroactionde l’analyse globale vers le local doitêtre porteuse d’innovation, de valeurs etassurer la sout<strong>en</strong>abilité du Grand Paris.“Alain MAUGARDCette question sur les innovations, surce que nous devons faire pour r<strong>en</strong>drela ville sout<strong>en</strong>able est une question degrande <strong>en</strong>vergure. Lorsque l’on observel’empreinte écologique des villes, nousconstatons que le développem<strong>en</strong>t mondialde l’urbanisation sur le modèle dela ville des pays développés conduit à« consommer » 3 à 5 fois les ressources dela planète. Si l’indicateur de l’empreinteécologique est discutable dans sa précision,l’ordre de grandeur, lui, ne l’est pas :la civilisation urbaine, avec ses modesde vie actuels, est hors de portée des ressourcesde la planète. Nous sommes doncconfrontés à une problématique simple,celle du changem<strong>en</strong>t de la civilisationurbaine. La réponse ne repose pas surl’arrêt de la civilisation urbaine, mais surson changem<strong>en</strong>t : A-t-on les capacités dechanger fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t l’empreinteécologique de la civilisation urbaine ?Pour répondre à ces questions, je vaisme baser sur mon cœur de métier, celuidu bâtim<strong>en</strong>t. À mon s<strong>en</strong>s, le bâtim<strong>en</strong>t àénergie positive est une révolution quiest susceptible d’<strong>en</strong> <strong>en</strong>traîner d’autres.Lorsqu’un bâtim<strong>en</strong>t se met à produirede l’énergie, c’est une solution et non unobstacle. La question est d’une extrêmesimplicité : peut-on réaliser à l’échelle dela ville ce que nous avons fait sur le bâtim<strong>en</strong>t? Peut-on changer l’empreinte écologiquede la ville dans des proportionscomparables à celles du bâtim<strong>en</strong>t ? Nousvoyons que les <strong>en</strong>jeux vont se situer auniveau des transports, des services, de lalogistique, sur nos modes de vie de façongénérale. Qu’est-ce qui va changer ? Laplupart des urbanistes raisonn<strong>en</strong>t sur ledesign de la ville. Mais la ville est déjàdessinée et la question de sa morphologi<strong>en</strong>’est pas c<strong>en</strong>trale. En creusant les choses,nous nous apercevons que ce qui caractérisel’empreinte écologique, c’est le métabolismede la ville, son fonctionnem<strong>en</strong>t,la façon dont nous vivons dedans, dontnous l’exploitons et dont nous la gérons.Nous n’allons pas être obligés de raser lesvilles pour <strong>en</strong> construire de nouvelles,mais nous serons am<strong>en</strong>és à modifier lemétabolisme de la ville. Le métabolisme,c’est simplem<strong>en</strong>t la gestion des flux, l’organisationdes services, des transports. C’estl’exploitation et la gestion intellig<strong>en</strong>te dela ville. Nous sommes ici au cœur d’unetransformation profonde. La question qu<strong>en</strong>ous devons nous poser est celle de la possibilitéde cette transformation. En tantque citoy<strong>en</strong>s urbains, avons-nous <strong>en</strong>vie devivre cette transformation ? La questionsociologique du « va-t-on et veut-on modifiernotre mode de vie ? » est posée avecplus de subtilité que nous le croyons. Aulieu de la prés<strong>en</strong>ter comme une nouvellecontrainte, comme un nouveau diktat desécologistes, nous devons la p<strong>en</strong>ser commece que nous allons vouloir faire. Lorsquevous regardez les signaux faibles de transformationde la ville, vous constatez quede nombreuses initiatives d’innovationssociales exist<strong>en</strong>t. Nous ne pouvons pasdire que nous sommes au point mort.Certains maires ici le sav<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> :la capacité de changem<strong>en</strong>t est beaucoupplus forte que nous le croyons. Je fais partiede ceux qui p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que notre ambitionde sout<strong>en</strong>abilité ne revi<strong>en</strong>t pas à « passerjuste », mais à réaliser d’importants progrès.Les villes qui feront ces progrès seront<strong>en</strong> avance. Il ne faut pas oublier que c’est làle chall<strong>en</strong>ge de toutes les villes du monde.Si nous voulons être dans l’innovation,et si nous voulons être modernes dans leXXI e siècle, ce sont les agglomérations etles villes les plus <strong>en</strong> avances qui s’inscrirontdans le champ de l’innovation. C’estle terrain du redressem<strong>en</strong>t productif.Ce que je vi<strong>en</strong>s de dire pourrait s’appliquerà n’importe quelle ville. Le Grand Parisest une ville spéciale <strong>en</strong> ce qu’elle se placedans la catégorie des grandes métropoles.Dans le cadre d’un programme d’architectur<strong>en</strong>ouvelle à l’échelle de l’Europe(EUROPAN), nous avons dégagé troisthèmes moteurs de transformation de laville métropole.L’économie du savoir : Jadis construitesur le commerce et l’industrie, les villesse construis<strong>en</strong>t aujourd’hui sur l’économiedu savoir, et la compétition mondialese jouera sur la capacité des grandes agglomérationsà être force de proposition dansl’économie du savoir.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« A-t-on les capacités de changerfondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t l’empreinte écologiquede la civilisation urbaine ? »« La capacité de changem<strong>en</strong>t est beaucoupplus forte que nous le croyons. »14 15


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?L’autosuffisance : les villes sont dép<strong>en</strong>dantesdes réseaux pour l’énergie, l’eau,pour un certain nombre de matières nonr<strong>en</strong>ouvelables et pour l’agriculture. Lesvilles sont très loin de l’autosuffisance.Or, nous voyons poindre la recherched’une plus grande autonomie sur tous ceschamps. Qui dit autonomie dit égalem<strong>en</strong>trésili<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> cas de problème.La nature, le vivant et la ville : cette questionest d’autant plus vraie lorsque la villeest éloignée de la nature. La question del’imprégnation de ce vivant dans la ville sepose aujourd’hui avec davantage d’acuité.Sur ces trois thèmes, je p<strong>en</strong>se que Parispeut repr<strong>en</strong>dre de l’avance. Je concluraimon propos sur le fait qu’<strong>en</strong> termes d’empreinteécologique, à l’heure actuelle, laville europé<strong>en</strong>ne est la plus raisonnable.Une ville américaine a <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne uneempreinte écologique deux fois plus élevéequ’une ville europé<strong>en</strong>ne. Reste à savoirsi les modèles chinois et indi<strong>en</strong>s copierontle modèle américain ou le modèle europé<strong>en</strong>.Sur ce point, je p<strong>en</strong>se que la villeeuropé<strong>en</strong>ne a un très grand av<strong>en</strong>ir.“Christian EGENHOFERBonjour à tous. Je voudrais rev<strong>en</strong>ir sur lesdiscussions que nous m<strong>en</strong>ons <strong>en</strong> Europe,notamm<strong>en</strong>t dans le domaine de l’eau. Lec<strong>en</strong>tre dont je m’occupe se conc<strong>en</strong>tre surl’énergie, le carbone, et l’eau, depuis peu.Ce qui relie ces sujets est la fixation d’unprix aux ressources pour favoriser les incitationsdu marché. Nous avons travaillésur le sujet de l’eau il y a plus d’un an, dansle cadre du Blue print, une nouvelle stratégieeuropé<strong>en</strong>ne, qui sera prête dans peude temps. Ce sujet concerne les infrastructures,les réseaux, les financem<strong>en</strong>ts,ainsi que les pratiques non durables <strong>en</strong>termes d’exploitation d’eau. À notre s<strong>en</strong>s,tout est lié à la productivité de l’eau, soitla valeur nette sociale de la ressource.Permettez-moi d’insister sur la notionde valeur sociale et non ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tmonétaire de la ressource. Pourquoi a-tonbesoin de cette conception théorique ?Pour deux raisons :• Il nous faut définir le mom<strong>en</strong>t où l’eaudevi<strong>en</strong>t rare et travailler à la réallocationde cette ressource d’une manièreplus efficace.Dans certaines régions, la relocalisationde la ressource porte sur l’agriculture ousur le tourisme. Sur quoi doit être baséecette réallocation ?• Il nous faut lier ce sujet à la croissanceverte et à la meilleure façon de gérer lesinvestissem<strong>en</strong>ts.Le secteur de l’eau est riche de pot<strong>en</strong>tield’amélioration <strong>en</strong> termes de productivité,à travers l’évolution des technologies, lechangem<strong>en</strong>t de modèle économique etle changem<strong>en</strong>t des processus et de produits.Notre agriculture europé<strong>en</strong>ne utilisebeaucoup d’eau pour sa production.Mais la question de la compétitivité decette agriculture au niveau internationalse pose dès lors que des contraintes pès<strong>en</strong>tsur l’utilisation de la ressource <strong>en</strong> eau.Pour répondre à la question de la sout<strong>en</strong>abilitéde l’utilisation de cette ressourcedans les villes, il nous faut observer etanalyser la productivité des processusdiffér<strong>en</strong>ts.Pour ce faire, le prix apparaît commeun signal très important. Dans nos travauxsur l’eau, nous voyons que le marchépourrait fixer un prix indicatif auxvaleurs d’usage de ces ressources.Cette conception n’est pas toujours prés<strong>en</strong>teet gagnerait à être développée.“Jean-Luc ASCHARDAu même titre que les infrastructures routièresou ferroviaires, les infrastructuresélectriques font partie des équipem<strong>en</strong>tsindisp<strong>en</strong>sables au développem<strong>en</strong>t économiqued’une région.Le Grand Paris, projet majeur d’aménagem<strong>en</strong>tdu territoire, va faire de l’Île-de-<strong>France</strong> une grande métropole de niveaumondial. Dans ce contexte, les réseauxpublics de distribution d’électricité, propriétédes collectivités, sont de véritables« artères stratégiques » et vont devoir s’adapterà cette ambition.Il apparti<strong>en</strong>t donc à ERDF, service publicqui exploite, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t et modernise cesréseaux sur 95 % du territoire national<strong>en</strong> tant que concessionnaire des collectivités,de s’y préparer, <strong>en</strong> anticipant l’évolutiondes consommations électriques etles appels de puissance de la région Ile-de-<strong>France</strong>.Pour favoriser le développem<strong>en</strong>t économique,le réseau de distribution d’électricitédoit répondre à un double défi d’attractivitéet de disponibilité.L’attractivité se conjugue dans le coût etdans la qualité. En <strong>France</strong>, grâce au systèmede la péréquation tarifaire, le coût del’acheminem<strong>en</strong>t de l’électricité est le mêmepour tous, où que vous vous trouviez surle territoire. La comparaison avec nos voisinseuropé<strong>en</strong>s montre que ce coût est toutà fait attractif puisqu’il est, par exemple,23 % moins élevé que la moy<strong>en</strong>ne des coûts<strong>en</strong> Allemagne. L’Île-de-<strong>France</strong> <strong>en</strong> retire unindéniable avantage <strong>en</strong> termes de compétitivitéet d’attractivité.Quant à la qualité, nous raisonnons <strong>en</strong>temps de coupure moy<strong>en</strong> annuel vu par uncli<strong>en</strong>t sur un territoire donné. Grâce à unréseau robuste et très étroitem<strong>en</strong>t maillé, letemps de coupure moy<strong>en</strong> <strong>en</strong> Île-de-<strong>France</strong>était l’an dernier de 32 minutes.L’Île-de-<strong>France</strong> bénéficie ainsi d’une desmeilleures qualités mondiales, du mêmeordre que celle des grandes métropolescomme Tokyo ou Hong Kong. En résumél’attractivité des réseaux électriques estdonc d’un très bon niveau.À l’horizon 2025, l’ambition d’ERDF pourl’Île-de-<strong>France</strong> est de desc<strong>en</strong>dre durable-LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Qui dit autonomie dit égalem<strong>en</strong>t résili<strong>en</strong>ce<strong>en</strong> cas de problème. »« Le marché pourrait fixer un prix indicatifaux valeurs d’usage de ces ressources. »16 17


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?m<strong>en</strong>t sous les 30 minutes de temps de coupuremoy<strong>en</strong> annuel.L’autre point important, c’est la disponibilitédes installations de distribution électrique: un sujet que nous pouvons aborderpar le biais de la demande (c’est-à-dire laconsommation et les besoins de puissance)comme par le biais de l’offre (c’est-à-direla production d’électricité c<strong>en</strong>tralisée etdéc<strong>en</strong>tralisée).Du côté de la demande, si nous nous projetonsà l’horizon 2025, la question qui sepose est : quels besoins <strong>en</strong> énergie et <strong>en</strong>puissance pour les différ<strong>en</strong>tes catégoriesd’utilisateurs du réseau de distribution ?L’Île-de-<strong>France</strong> est une région tout à faitspécifique, avec une croissance économiqueplus importante que celle constatéedans les autres régions.La demande <strong>en</strong> puissance électrique ycroît d’<strong>en</strong>viron 1,5 % par an. Pour ERDF,cela signifie que chaque année, nous investissonspour installer <strong>en</strong>viron 250 MW <strong>en</strong>équipem<strong>en</strong>ts supplém<strong>en</strong>taires de transformationd’électricité pour répondre auxnouveaux besoins <strong>en</strong> électricité de la régionfrancili<strong>en</strong>ne.Si nous pr<strong>en</strong>ons <strong>en</strong> compte les ambitionsde développem<strong>en</strong>t du Grand Paris, nousp<strong>en</strong>sons que les besoins <strong>en</strong> puissance vontprogressivem<strong>en</strong>t évoluer pour passer à300 MW, voire 400 MW supplém<strong>en</strong>taireschaque année.Certains territoires vont voir leur consommationdiminuer du fait des avancées etdes innovations <strong>en</strong> matière de maîtrisede la demande d’énergie ; mais d’autresterritoires vont voir leurs besoins croître,notamm<strong>en</strong>t dans les nouvelles zones decompétitivité, avec les nouvelles garesdu Grand Paris Express et les aménagem<strong>en</strong>tsimmobiliers autour de ces gares,les data c<strong>en</strong>ters… Le parc de logem<strong>en</strong>t vaaussi connaître une forte croissance, avecla perspective des 70 000 nouveaux logem<strong>en</strong>tsà raccorder chaque année, contre40 000 actuellem<strong>en</strong>t.Pour répondre à cette demande et adapternos équipes et nos moy<strong>en</strong>s <strong>en</strong> amont,il nous faut anticiper, et cibler les développem<strong>en</strong>tsd’infrastructures au plus près desnouveaux lieux de consommation.Nous travaillons pour cela dès aujourd’hui<strong>en</strong> étroite collaboration avec toutes les partiespr<strong>en</strong>antes : les aménageurs, les collectivitéslocales, les promoteurs, les bailleurs, laSociété du Grand Paris, le STIF…Cette concertation étroite nourrit nosschémas d’investissem<strong>en</strong>ts, de sorte que,à l’horizon 2025, nous estimons nécessairede mettre <strong>en</strong> place de l’ordre de 3 500 MWde puissance supplém<strong>en</strong>taire. Cela représ<strong>en</strong>tel’équival<strong>en</strong>t des besoins <strong>en</strong> puissancede Paris intra-muros, qui vi<strong>en</strong>dront s’ajouterà la puissance installée actuelle <strong>en</strong> Ilede-<strong>France</strong>de 22 000 MW.Nous allons, pour cela, r<strong>en</strong>forcer etmoderniser les installations existantes, etaugm<strong>en</strong>ter la puissance de transformationd’<strong>en</strong>viron 40 « postes-sources » sur les160 existants <strong>en</strong> Île-de-<strong>France</strong> (les postessourcessont des installations qui transform<strong>en</strong>tle courant très haute t<strong>en</strong>sion duréseau de transport <strong>en</strong> courant moy<strong>en</strong>net<strong>en</strong>sion, pour permettre <strong>en</strong>suite le répartirvers les cli<strong>en</strong>ts finaux). Nous allons égalem<strong>en</strong>tinvestir dans neuf nouveaux postessources, au plus près des territoires deconsommation.Si l’on se place maint<strong>en</strong>ant du côté del’offre, le développem<strong>en</strong>t du Grand Parissuppose l’intégration de schémas énergétiquesnouveaux.Aujourd’hui, la région Île-de-<strong>France</strong> produit<strong>en</strong>viron 10 % de ce qu’elle consommeet 90 % de sa consommation est importée.Demain, l’énergie produite localem<strong>en</strong>tpar des moy<strong>en</strong>s de production déc<strong>en</strong>tralisés,comme par exemple les panneauxsolaires ou les éoli<strong>en</strong>nes, jouera un rôleplus important. Mais le réseau électriquedoit être capable de s’adapter lorsque cesénergies intermitt<strong>en</strong>tes font subitem<strong>en</strong>tdéfaut, car sur le réseau, l’offre doit <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>cecoller à la demande. En outre,le réseau de demain devra aussi compteravec les systèmes de stockage d’électricitéqui sont am<strong>en</strong>és à se développer. Tout celanous amène naturellem<strong>en</strong>t à innover dansl’exploitation du réseau et à revisiter lesschémas de conduite.Et à la croisée de l’offre et de la demande,il y a <strong>en</strong> particulier les véhicules électriques.Les Pouvoirs publics ont formuléune ambition : 2 millions de véhiculesélectriques <strong>en</strong> <strong>France</strong> d’ici 2020-2025, cequi implique <strong>en</strong>viron quatre c<strong>en</strong>t millebornes de recharge <strong>en</strong> Île-de-<strong>France</strong>. Cesvéhicules vont consommer de l’électricitépour se recharger… et pourrai<strong>en</strong>t aussi <strong>en</strong>injecter sur le réseau au mom<strong>en</strong>t des picsde demande. Le réseau de demain devra« jongler » avec tous ces paramètres. C’estla vocation des « smart grids » que de pouvoir,à terme, être ainsi capables d’optimiser<strong>en</strong> temps réel la distribution d’électricité àl’échelle de tout un quartier, <strong>en</strong> fonction deses différ<strong>en</strong>ts usages : résid<strong>en</strong>tiel, tertiaire,voitures électriques, éclairage public, etc.Enfin, les compteurs communicants Linkyjoueront bi<strong>en</strong> sûr un rôle-clé dans cett<strong>en</strong>ouvelle fonction d’optimisation.“Gaell MAINGUYLes travaux que nous m<strong>en</strong>ons à l’Institut<strong>Veolia</strong> sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>trés surla ville et sur la façon dont la ville, considéréecomme réacteur économique d’unterritoire, est confrontée à de profondesmodifications structurelles : nous changeonsde civilisation, d’espace, de temps,d’interaction, de qualité d’interaction.Aujourd’hui, personne ne sait ce quesera le monde de demain. Cela dépass<strong>en</strong>os capacités de calcul. Par contre, nouspouvons dresser de grandes t<strong>en</strong>dances ets<strong>en</strong>tir des signaux de ce monde <strong>en</strong> émerg<strong>en</strong>ce,de ce monde de l’émerg<strong>en</strong>ce r<strong>en</strong>dupossible grâce à la puissance numérique,qui réorganise les communautés. Pouraborder la question de la sout<strong>en</strong>abilité,LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Pour favoriser le développem<strong>en</strong>téconomique, le réseau de distributiond’électricité doit répondre à un double défid’attractivité et de disponibilité. »« Le développem<strong>en</strong>t du Grand Parissuppose l’intégration de schémasénergétiques nouveaux. »18 19


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?des instances planificatrices de Moscou,cette consultation apporte un nouvel intérêt: celui de travailler à partir de projets etde propositions émis assez librem<strong>en</strong>t. Sixgrands traits ressort<strong>en</strong>t comme socle commun<strong>en</strong>tre les équipes qui ont travaillé àcette consultation sur le Grand Moscou :• la nécessité de p<strong>en</strong>ser globalem<strong>en</strong>t lamétropole simultaném<strong>en</strong>t dans toutesses échelles ;• la nécessité de poser la question de lamobilité et celle du transport collectif,sachant que le métropolitain moscoviteest construit sur un modèle radial.Il s’agit donc de rep<strong>en</strong>ser les transportspublics et de proposer une nouvelle offrede transport pour répondre à la questionde la métropole de son échelle ;• utiliser les capacités de recyclage de laville sur elle-même (friches industriellessusceptibles d’être réintégrées au territoiremétropolitain) pour répondreaux questions de déconc<strong>en</strong>tration desorganes du pouvoir ;• réfléchir à la multipolarité, et r<strong>en</strong>forcerles dynamiques de c<strong>en</strong>tralités nouvelles.• appuyer ces nouvelles c<strong>en</strong>tralités sur lagéographie, les paysages et les aménités(notamm<strong>en</strong>t l’eau)• réviser la consommation d’énergie <strong>en</strong>dégageant des marges d’investissem<strong>en</strong>tpour l’av<strong>en</strong>ir, sachant qu’une majoritédu parc immobilier de la ville date desannées 30 à 70, et pâtit d’une efficacitéénergétique extrêmem<strong>en</strong>t faible.Cette consultation internationale sur leGrand Moscou montre que les problématiquessont assez similaires d’une métropoleà l’autre, même si les situations localessont singulièrem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes. Cela nouséclaire sur la manière de travailler sur leGrand Paris et inversem<strong>en</strong>t.Nous réfléchissons d’ailleurs à la questionde la gouvernance urbaine au s<strong>en</strong>s large :quels sont les outils pour transformer laville et l’inscrire dans une optique de développem<strong>en</strong>tvertueuse et participative (à traversle débat public, notamm<strong>en</strong>t) ? Quelssont nos outils pour concilier l’intérêtpublic avec l’intérêt privé, porteur des capacitésd’investissem<strong>en</strong>t ? Sur ces questions,je p<strong>en</strong>se que nous avons quelques atouts àfaire valoir auprès de nos amis russes.ÉCHANGES AVEC LA SALLE“François KOSCIUSKO-MORIZETDepuis 15 ans, nous voyons poindre unes<strong>en</strong>sibilité extrêmem<strong>en</strong>t forte vis-à-vis detout ce qui a trait aux nuisances, notamm<strong>en</strong>tcelles affér<strong>en</strong>tes à la construction.Les g<strong>en</strong>s sont intéressés par l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,tant que celui-ci ne les gêne pas dansleur vie quotidi<strong>en</strong>ne. Ils sont moins favorablesdès lors que des spécifications leursont imposées.Nous avons donc besoin de réaliser untravail perman<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> nous gardant desextrêmes, réfractaires au développem<strong>en</strong>tdurable ou partisans de toutes les interdictionsau nom de ce développem<strong>en</strong>t. Toutle monde est consci<strong>en</strong>t du fait qu’il nousfaut faire beaucoup de logem<strong>en</strong>ts. Noussommes actuellem<strong>en</strong>t à une production demoins de 40000 logem<strong>en</strong>ts par an. La loisur le Grand Paris <strong>en</strong> prévoit 70000. Maisce que la loi ne nous précise pas, c’est où etcomm<strong>en</strong>t.Une fois <strong>en</strong>core, certaines voix s’élèv<strong>en</strong>tpour demander le moins de circulationpossible et l’intégration de la majorité deslogem<strong>en</strong>ts sur la première couronne. C’estoublier que la conception d’un réseau detransport rapide du Grand Paris va consister<strong>en</strong> la création d’un certain nombre degares, plutôt situées sur la première partiede la première couronne. Ces garespourrai<strong>en</strong>t être utilisées comme autantde points de rabattem<strong>en</strong>t intellig<strong>en</strong>t, permettantd’aller plus loin dans les zones dela seconde couronne, qui sont <strong>en</strong> coursde développem<strong>en</strong>t. Là, nous aurons unechance de réaliser ces 70 000 logem<strong>en</strong>ts.Mais nous n’y parvi<strong>en</strong>drons pas sans untravail de terrain.C’est un travail difficile, car comme jel’ai souligné, nos concitoy<strong>en</strong>s sont défavorablesà la construction de nouveauxlogem<strong>en</strong>ts dans leur quartier, surtout s’ils’agit de logem<strong>en</strong>ts sociaux. Nous sommeslà pour faire le travail, mais il ne faut pasque nous pr<strong>en</strong>ions des décisions théoriquesprises sans t<strong>en</strong>ir compte du terrain“Robert FITZPATRICKJ’ai été frappé par le « not in my backyard »,de Gaell MAINGUY. Il me semble que c’estla question la plus ess<strong>en</strong>tielle et la plusdifficile. Tout ce qui a été évoqué dép<strong>en</strong>dde l’acceptation par la population. FrançoisKOSCIUSKO-MORIZET évoquaitle fait d’imposer aux populations certaineschoses obligatoires. Cela devi<strong>en</strong>tde plus <strong>en</strong> plus difficile, car les g<strong>en</strong>s nesouhait<strong>en</strong>t pas que nous leur imposionssans qu’ils particip<strong>en</strong>t. Je souhaiteraisque Gaell MAINGUY revi<strong>en</strong>ne sur cepoint.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Cette consultation internationale sur le GrandMoscou montre que les problématiques sontassez similaires d’une métropole à l’autre. »« Nos concitoy<strong>en</strong>s sont défavorables à laconstruction de nouveaux logem<strong>en</strong>ts dans leurquartier, surtout s’il s’agit de logem<strong>en</strong>ts sociaux. »22 23


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?“Gaell MAINGUYC’est une question extrêmem<strong>en</strong>t compliquée,qui dép<strong>en</strong>d de situations au caspar cas. Comme le soulignait FrançoisKOSCIUSKO-MORIZET, les g<strong>en</strong>s sontconcernés par de plus <strong>en</strong> plus de choses,sont au courant de plus <strong>en</strong> plus de choses, etmontr<strong>en</strong>t leur volonté de participer. Pourle non, comme pour le oui. Auparavant, ilss’exprimai<strong>en</strong>t surtout de façon négative.Le fait qu’ils puiss<strong>en</strong>t aujourd’hui s’exprimerautrem<strong>en</strong>t, pas nécessairem<strong>en</strong>t sur lesmêmes <strong>en</strong>jeux, fait que nous ouvrons d<strong>en</strong>ouveaux champs. Ce point a été discutéà la confér<strong>en</strong>ce « Rethinking cities/ Rep<strong>en</strong>serles villes » organisée par la banque mondialeà Barcelone.Il a été observé que la mise à dispositionmassive de données publiques et la participationgrandissante des habitants, sollicitéeou spontanée, posai<strong>en</strong>t des problèmesaux élus.À cette observation, la responsable op<strong>en</strong>data de la banque mondiale a souligné qu<strong>en</strong>ous étions dans un changem<strong>en</strong>t institutionnel.La participation des g<strong>en</strong>s impliqu<strong>en</strong>écessairem<strong>en</strong>t le fait d’<strong>en</strong>dosser une partiedes problèmes. Ils ne peuv<strong>en</strong>t pas êtredans le rejet ou le déni sans proposer de coconceptionde la solution. Théoriquem<strong>en</strong>t,cela r<strong>en</strong>d l’acceptabilité plus facile. À partirdu mom<strong>en</strong>t où vous avez une distributionde la possibilité d’action, vous avez aussiune distribution de l’acceptabilité et de laresponsabilité.“Alain MAUGARDLe thème est celui de la création de valeur.Dans le débat que nous avons se pos<strong>en</strong>tplusieurs visions de la ville : une vision classique,d’ingénieur des ponts qui fabriqu<strong>en</strong>tla ville.Ici, les habitants sont des usagers de la villeou des consommateurs d’énergie. Ce quiest peut-être <strong>en</strong> train de naître – c’est sujetà débat, nous pouvons nous tromper – c’estune société « bottom-up », qui démarre dubas, dans laquelle nous donnons aux individusles capacités de produire quelquechose.L’idée que nous allons produire de l’énergie,même <strong>en</strong> faible quantité, change lasociété vers laquelle nous nous dirigeons.Cette idée de création de valeur par lesindividus peut construire une démocratieet des discussions locales.Étant partie pr<strong>en</strong>ante comme producteurs,les g<strong>en</strong>s auront une autre attitude d’usagers.C’est peut-être une utopie de changem<strong>en</strong>tde société, mais il faut des utopies.C’est ici que l’arrivée du numérique joue : l<strong>en</strong>umérique et l’eau, le numérique et l’énergie,le numérique et les échanges d’informations.C’est une construction de société quirepose sur l’échange des acteurs, et nonsur la consommation passive.“Virginie PICON-LEFEBVREL’interv<strong>en</strong>tion de Gaell MAINGUY mesemble très importante. Lorsque vous allezdans des villes, notamm<strong>en</strong>t celle de Paris,de Nanterre, ou de Sèvres, l’espace du débatà travers des outils numériques n’existepratiquem<strong>en</strong>t pas. Il n’y a pas de lieu oùnous posons la question de l’interactivitéet de la possibilité de coopérer, y comprissur des questions de base. Le débat numériqu<strong>en</strong>’existe pratiquem<strong>en</strong>t pas. Ce débatapparti<strong>en</strong>t aux associations, mais sans lesgaranties d’un minimum de démocratie. Jep<strong>en</strong>se que ce sujet n’a pas <strong>en</strong>core été mesuréà sa juste valeur par les communes.“François KOSCIUSKO-MORIZETJe crois que c’est à la fois vrai et faux. Il n’estpas facile d’organiser un débat sur Internet.Nous avons d’autres méthodes : les réunionsde quartier, par exemple. Lorsque lesg<strong>en</strong>s vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à ces réunions et qu’ils nesont pas cont<strong>en</strong>ts, ils s’exprim<strong>en</strong>t rigoureusem<strong>en</strong>t.Il y a de véritables débats.Internet sert surtout de véhicules auxpétitions. C’est extrêmem<strong>en</strong>t simple, iln’y a pas de débat. Il faut signer, les g<strong>en</strong>s neregard<strong>en</strong>t pas le cont<strong>en</strong>u, et sign<strong>en</strong>t. Nousavons donc un outil, mais son usage peutêtre assez facilem<strong>en</strong>t perverti. Nous allonsde plus <strong>en</strong> plus vers cette interactivitédont vous parlez. Certes, nous n’y allonspas assez, mais dans le même temps, nousvoyons que les systèmes facilit<strong>en</strong>t certainesperversions. Il faut trouver la bonne voie etles bonnes méthodes.“Bertrand LEMOINEIl faut rappeler que nous avons une commissionnationale de débat public, quiorganise des débats pour les grands projetsd’investissem<strong>en</strong>t. Lors du débat qui s’estt<strong>en</strong>u <strong>en</strong>tre octobre 2010 et janvier 2011 surles projets de nouveaux transports publics,20000 questions ont été posées sur le siteInternet. Nous avons donc des outils collaboratifs,mais nous n’<strong>en</strong> sommes qu’àla naissance de ces outils. Nous savonsqu’il s’agit d’un <strong>en</strong>jeu qui va induire unemanière nouvelle de p<strong>en</strong>ser la ville.Pour répondre au « not in my backyard »,j’ajouterai qu’une recherche expérim<strong>en</strong>talea été m<strong>en</strong>ée sur son p<strong>en</strong>dant (BIMBY=« build in my backyard ») dans plusieurscommunes. Cette recherche consiste àdemander aux habitants ce qu’ils souhait<strong>en</strong>tconstruire. À travers cette expérim<strong>en</strong>tation,vous pouvez construire le planlocal d’urbanisation, et définir la stratégiede la commune à partir de ce que les g<strong>en</strong>sont <strong>en</strong>vie de construire.Cela devi<strong>en</strong>t du bottom-up et non plusdu top-down. Lorsque cela a été testé surdeux communes <strong>en</strong> Ile-de-<strong>France</strong>, celanous a conduit à p<strong>en</strong>ser que le pot<strong>en</strong>tielconstructible était du même ordre de grandeurque ce que la commune souhaitaitfaire, sous forme d’ext<strong>en</strong>sion de lotissem<strong>en</strong>tspériphériques consommant de laterre agricole et agrandissant le périmètrede la commune. Cela n’est ni applicableLES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« C’est une construction de société quirepose sur l’échange des acteurs, et non sur laconsommation passive. »« L’espace du débat à travers des outilsnumériques n’existe pratiquem<strong>en</strong>t pas. »24 25


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?partout, ni généralisable, mais sur le tissupavillonnaire, il y a un pot<strong>en</strong>tiel foncier quipeut, sans compromettre la nature pavillonnairedu territoire, trouver une formede croissance qui va alim<strong>en</strong>ter les objectifsambitieux de 70 000 logem<strong>en</strong>ts par an. Enrégion parisi<strong>en</strong>ne, nous avons de fortesambitions sur le desserrem<strong>en</strong>t de l’offreimmobilière.Le « build in my backyard » est une pistepossible, qui rejoint des principes plusque participatifs, puisque la planificationde l’av<strong>en</strong>ir de la commune est construiteavec les habitants. Je p<strong>en</strong>se qu’il faut inv<strong>en</strong>terd’autres modes de ce type pour compr<strong>en</strong>dreque l’av<strong>en</strong>ir de nos villes doit passerpar ce type de processus.“Jean-François SAGLIO,présid<strong>en</strong>t d’AIRPARIF, associationde surveillance de la pollution atmosphériqueNous n’avons dit aucun mot sur l’air. L’eauet les matériaux ont été évoqués pourexprimer à quel point leur transport et leurmise à disposition pourrai<strong>en</strong>t impliquerles Parisi<strong>en</strong>s et tout ce qui se passe à l’extérieurde Paris. Il <strong>en</strong> va de même pour l’air.Depuis une vingtaine d’années, les chosesse sont considérablem<strong>en</strong>t améliorées : lesémissions des véhicules ont été diviséespar 20. Mais dans le même temps, la circulationa augm<strong>en</strong>té et Paris s’est d<strong>en</strong>sifié.Nous pouvons estimer que depuis cinq ans,le niveau de pollution à Paris reste à peuprès stable. Ceci nous conduit au dépassem<strong>en</strong>tdes normes communautaires. Noussommes <strong>en</strong> cours de justice au tribunal deLa Haye, et nous allons être sanctionnés,notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne la pollutionpar les poussières. C’est la même chosepour la pollution par les oxydes d’azote.Nous devons nous occuper de ce problèmed’autant plus que le niveau de pollution ades effets notables sur la morbidité et sur lamortalité des Parisi<strong>en</strong>s. Il n’y a pas de solutionmiracle, il faut tout mettre <strong>en</strong> œuvrepour essayer de réduire la pollution, tantcelle qui provi<strong>en</strong>t des véhicules que cellequi provi<strong>en</strong>t des chauffages ou de l’activitéagricole.Tout doit être mis <strong>en</strong> œuvre <strong>en</strong> mêmetemps. Nous avons beaucoup parlé deszones d’aménagem<strong>en</strong>t de lutte contre lapollution atmosphérique (ZAPPA), quisont actuellem<strong>en</strong>t repoussées. La ZAPPAde Paris, même avec des contraintessévères, conduirait à une diminution del’ordre de 30 % de la pollution atmosphériquedans Paris. C’est considérable. Celasignifie que la population affectée pourraitêtre divisée par 5. Mais la ZAPPA n’est passuffisante.Je voudrais égalem<strong>en</strong>t insister sur le faitque la pollution est égalem<strong>en</strong>t très prés<strong>en</strong>teautour de Paris : 40 % de la pollutionpar les poussières provi<strong>en</strong>t de zones extérieuresà la région parisi<strong>en</strong>ne. Elles sontess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t le fait des pratiques culturales,des zones industrielles, et des zoneshabitées. Cela signifie que nous avons, iciaussi, un travail de longue haleine à m<strong>en</strong>erpour obt<strong>en</strong>ir des réductions significatives.Mon dernier point concerne les architecteset les aménageurs d’espace : aujourd’hui, <strong>en</strong>bordure de voie rapide, la pollution atmosphériqueest très supérieure à ce qu’elledevrait être. Parallèlem<strong>en</strong>t, à 150 m d’unevoie rapide, nous ne constatons plus grandchose.Je p<strong>en</strong>se que l’urbanisation par deshabitations ou par des zones d’habitationperman<strong>en</strong>te ou d’utilisation perman<strong>en</strong>te àmoins de 150 m des voies rapides n’est pasrecommandable tant que la circulation desvoitures électriques n’aura pas remplacé lacirculation des voitures classiques.“Bernard DOROSZCZUKJe partage totalem<strong>en</strong>t ce que vi<strong>en</strong>t dedire Jean-François SAGLIO sur l’importancede la problématique de la qualitéde l’air <strong>en</strong> Île-de-<strong>France</strong> au regard de sesconséqu<strong>en</strong>ces sanitaires. Nous faisonsface à un problème de pollution diffuse.Il ne s’agit plus de réduire les émissionsde quelques c<strong>en</strong>tres industriels. Le sujet,ici, est une pollution de fond. Celle-ci adeux origines principales : la circulationet la combustion. Sur la circulation, nousvoyons bi<strong>en</strong> que l’organisation et la mise<strong>en</strong> place d’un grand réseau de transportsexpress, l’organisation de mobilité douce,et la conc<strong>en</strong>tration de la ville sur la villesont des élém<strong>en</strong>ts de réponse. En ce quiconcerne la consommation d’énergie fossile,je p<strong>en</strong>se qu’il y a un véritable sujet. Cesujet pourrait d’ailleurs conduire à uneaction territoriale au niveau des CDT.L’Île-de-<strong>France</strong> n’est pas la région où nouspouvons le plus escompter de développem<strong>en</strong>tsd’énergie électrique r<strong>en</strong>ouvelable.Certes, il y aura des éoli<strong>en</strong>nes, et un peude photovoltaïque. Mais le véritable sujetest celui de la chaleur r<strong>en</strong>ouvelable. Nousavons la chance d’avoir de la d<strong>en</strong>sité <strong>en</strong>surface. Nous allons donc construire desimmeubles qui consommeront de moins<strong>en</strong> moins. Par ailleurs, nous avons desressources spécifiques : les géothermies,la valorisation de la chaleur (nous produisonsdes déchets, nous avons égalem<strong>en</strong>tparlé des data c<strong>en</strong>ter).Tout cela seraau cœur des CDT. Enfin, nous avons labiomasse, qui n’est pas négligeable, maispose un problème <strong>en</strong> termes d’émissionsde particules.En Île-de-<strong>France</strong>, les particules prés<strong>en</strong>tesdans l’air sont autant liées à lacombustion du bois qu’à la circulation.Il est important que nous nousfocalisions sur la circulation, mais il ya autant de particules liées à la valorisationde la biomasse. Je dis que tout cecipeut se faire grâce à un effet structurantqui doit être intégré dans les projets : ilfaut absolum<strong>en</strong>t développer les réseauxde chaleur pour valoriser localem<strong>en</strong>t,<strong>en</strong> plus des systèmes intellig<strong>en</strong>ts permettantde réduire les consommationsélectriques. Il faut avoir des productionslocalisées et de la chaleur r<strong>en</strong>ouvelableintégrée aux projets.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« 40 % de la pollution par les poussièresprovi<strong>en</strong>t de zones extérieures à la régionparisi<strong>en</strong>ne. »« L’élaboration des CDT : comm<strong>en</strong>t ét<strong>en</strong>dre,développer et interconnecter les réseaux dechaleur pour valoriser les énergies r<strong>en</strong>ouvelables ? »26 27


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?Je souhaiterais que cette question fondam<strong>en</strong>talesoit systématiquem<strong>en</strong>t poséeau niveau de l’élaboration des CDT :comm<strong>en</strong>t ét<strong>en</strong>dre, développer et interconnecterles réseaux de chaleur pourvaloriser les énergies r<strong>en</strong>ouvelables ?Cela aura une influ<strong>en</strong>ce considérablesur la qualité de l’air.“François KOSCIUSKO-MORIZETJe rejoins tout à fait ce que vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dedire Jean-François SAGLIO et BernardDOROSZCZUK, mais je voudrais citerdes exemples de terrain. Nous sommes<strong>en</strong> train de soumettre à l’avis des communesle plan de protection de l’atmosphère.Que voyons-nous apparaître ?Une série de réglem<strong>en</strong>tations quitomb<strong>en</strong>t du ciel. Ces réglem<strong>en</strong>tationsdonneront lieu à des avis négatifs, ou neseront tout simplem<strong>en</strong>t pas appliquées.Lorsque l’on nous dit qu’il n’est plusquestion de brûler les mauvaises herbes,les déchets verts, etc., c’est applicable sinous le faisons sur une certaine durée,car il existe des déchetteries. Encorefaut-il convaincre les g<strong>en</strong>s de mettre cesdéchets dans des sacs plutôt que de lesbrûler dans leur jardin. Ce n’est qu’unpetit aspect des choses. Une fois par an,au passage de l’élagueur tout le mondetrouvera normal de brûler ces déchets.Personne ne pourra l’empêcher. Onnous explique aussi qu’il doit y avoirdes inserts dans les cheminées d’agrém<strong>en</strong>t.Qui va aller vérifier, dans chaquemaison, que les travaux ont été faits ?Je suis dubitatif sur certains excès derèglem<strong>en</strong>t.Pour <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ir sur la question desZAPPA, <strong>en</strong> soi, il s’agit d’une bonneidée. Mais <strong>en</strong> région parisi<strong>en</strong>ne, nousavons <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire que la Ville de Paris,<strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec l’Administration, proposeraitune ZAPPA qui s’ét<strong>en</strong>drait jusqu’àl’A 86. Cela a provoqué une véritableémeute : tous les artisans, souv<strong>en</strong>t équipésde vieilles camionnettes, ont fulminé.Cela ne me gêne pas que nousinterdisions les 4x4, qui relèv<strong>en</strong>t véritablem<strong>en</strong>tdu domaine de l’agrém<strong>en</strong>t.Mais dans le fonctionnem<strong>en</strong>t réel dela vie quotidi<strong>en</strong>ne, cette mesure n’estpas possible. Elle a d’ailleurs fait l’objetde nombreux votes négatifs et n’est paspassée. Bi<strong>en</strong> sûr, il s’agit d’une bonneidée et nous y revi<strong>en</strong>drons sous uneforme ou une autre, mais elle est <strong>en</strong>panne, car nous sommes <strong>en</strong>core dansun système top-down, ou des directivessont balancées d’<strong>en</strong> haut sans connaissancedu terrain.Au passage, cette directive vi<strong>en</strong>t deBruxelles. Les normes europé<strong>en</strong>nes,notamm<strong>en</strong>t celles relatives à la qualitéde l’eau, sont de bonnes normes <strong>en</strong>soi. Encore faut-il pr<strong>en</strong>dre le temps deles faire valoir et de les faire avancer.Ici, nous sommes confrontés à un systèmeoù le citoy<strong>en</strong> moy<strong>en</strong> acceptera demoins <strong>en</strong> moins que des décisions de cetype lui tomb<strong>en</strong>t dessus. De son côté,le maire n’est pas complètem<strong>en</strong>t fou, ilsait rester à l’écoute de ses habitants.Il a égalem<strong>en</strong>t des réflexes de citoy<strong>en</strong>moy<strong>en</strong>. J’attire donc votre att<strong>en</strong>tionsur le fait qu’au niveau administratif,il y a une façon de procéder qui n’estpas <strong>en</strong>core totalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trée dans lesmœurs.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Je suis dubitatif sur certains excèsde règlem<strong>en</strong>t »28 29


INTERVENANTSDOMINIQUEBRAYEprésid<strong>en</strong>t de lacommunautéd’agglomération deMantes-<strong>en</strong>-Yvelines(CAMY), présid<strong>en</strong>tde l’ANAH (ag<strong>en</strong>c<strong>en</strong>ationale pour l’habitat)STEPHANEDE FAYdirecteur généraladjoint <strong>en</strong> charge desfinances de l’EPADESA(établissem<strong>en</strong>t publicd’aménagem<strong>en</strong>t de ladéf<strong>en</strong>se Seine-Arche)MICHÈLEDEBONNEUILCaisse des dépôts etconsignations, chargéepar le Premier ministre dela mission quaternaireLOUISBAGILISHYAdirecteur de cabinetreprés<strong>en</strong>tant ChristianSAUTTER, adjointau maire de Parischargé de l’emploi,du développem<strong>en</strong>téconomique et del’attractivité territorialeOLIVIERCOUTARDdirecteur du LATTS(laboratoire technique,territoires et sociétés del’École des Ponts ParisTech)FRANCKVALLERUGOprofesseur titulaire dela Chaire d’ÉconomieUrbaine de l’ESSECJEAN-PHILIPPEBUISSONdirecteur régional Île-de-<strong>France</strong>, DalkiaFABRICEFOURCADEdirecteur commercialÎle-de-<strong>France</strong>, EDFCOLLOQUE DU 11 OCTOBRE LES 2012, ENTRETIENS GRAND PARIS DU VILLE GRAND MONDE PARIS - VIE 11 OCTOBRE DE QUARTIER 2012II Quels <strong>en</strong>jeuxpour les servicesurbains duGrand Paris ?GRANDS TÉMOINSZUBAIRI IDRISSIMaster piloté <strong>en</strong>tre l’ESSECet l’institut supérieur decommerce et d’administrationde CasablancaJEAN ROBERT MAZAUD,coauteur de la propositionParis-Rou<strong>en</strong>-Le Havre30 31


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?“Olivier COUTARDAu cours de la première table ronde, nousavons constaté l’impérieuse nécessité d’agirsur le métabolisme urbain, soit les flux dematériaux, de matière et d’énergie. C’est unequestion très importante, qui a des implicationsdirectes sur l’organisation des services<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux urbains. Les évolutionss’organis<strong>en</strong>t autour de trois mots d’ordre :la sobriété, l’intellig<strong>en</strong>ce et l’autonomie.Ces mots d’ordre sont c<strong>en</strong>sés caractériserla période nouvelle par rapport à la périodeantérieure, considérée comme non sobreet non autonome <strong>en</strong> termes d’organisationdes services urbains. Dans ce nouveau paysage,nous devons nous demander si ces troistermes sont toujours cohér<strong>en</strong>ts et surtout,compatibles <strong>en</strong>tre eux. Est-ce que faire preuvede plus d’intellig<strong>en</strong>ce et plus d’autonomie vade pair avec plus de sobriété, tant <strong>en</strong> termes derejet qu’<strong>en</strong> termes d’infrastructures ?La t<strong>en</strong>dance que nous observons pousseà des investissem<strong>en</strong>ts importants dans lesinfrastructures, notamm<strong>en</strong>t locales, à toutesles échelles : du bâtim<strong>en</strong>t à la région. Maisdans une période caractérisée par la raretédes ressources naturelles et des ressourcesfinancières, nous pouvons nous poser laquestion des arbitrages à réaliser. Cetterecherche de la sobriété est donc effectuéesous contrainte de ressources. Pour illustrermon propos, je voudrais échanger avec voussur une expéri<strong>en</strong>ce londoni<strong>en</strong>ne, qui n’estpas arrivée à terme du fait de la crise financière: la rénovation du quartier d’Elephantand Castle, au sud de Londres. Après s’êtreinterrogés sur l’opportunité d’une réhabilitationthermique des bâtim<strong>en</strong>ts existants,véritables passoires énergétiques, lesaménageurs de Londres ont considéré quel’option la plus r<strong>en</strong>table était de développerun nouveau réseau de chaleur, alim<strong>en</strong>tantl’<strong>en</strong>semble de ces bâtim<strong>en</strong>ts, produit àpartir de ressources à bas coûts et à bas carbone.Ce type d’arbitrage montre que nousne pouvons pas jouer sur tous les tableauxet qu’il nous faut réfléchir aux meilleuresconfigurations possibles, compte t<strong>en</strong>u de larareté des ressources. Ces arbitrages doiv<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t être m<strong>en</strong>és <strong>en</strong>tre les infrastructureslocales régionales et interrégionales,mais égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre différ<strong>en</strong>ts critères desobriété : économie sur le carbone, économiesur les émissions de particules, sans compterles aspects de sobriété financière évoquésprécédemm<strong>en</strong>t.Je voudrais conclure <strong>en</strong> deux mots surla question des grandes infrastructures :notre manière d’appréh<strong>en</strong>der les chosesaujourd’hui se focalise sur les investissem<strong>en</strong>tsdans les infrastructures locales. Elleest év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t accompagnée d’un discoursde délégitimation des grands réseaux(l’anci<strong>en</strong> maire de Londres évoquait ladéc<strong>en</strong>tralisation énergétique). Ce discoursest plus ou moins fortem<strong>en</strong>t exprimé et desarbitrages sont m<strong>en</strong>és <strong>en</strong> termes d’allocationde ressources. Je p<strong>en</strong>se qu’il ne faut pas« jeter la grand-mère infrastructurelle avec l’eaudu bain » et sous-estimer les solidarités techniqueset inter-territoires que permett<strong>en</strong>t cesgrandes infrastructures.“Louis BAGILISHYADans la période actuelle de grandes transformationséconomiques, notre attractivitéinternationale, nos capacités à attirer desinvestisseurs et créer des emplois se port<strong>en</strong>tplutôt bi<strong>en</strong>. Au mois de mars dernier, TheEconomist publiait une étude. Cette Étudeclasse la métropole parisi<strong>en</strong>ne (ex aequoavec Hong Kong) parmi les quatre métropolesles plus attractives au monde, avecNew York, Londres, Singapour. Bi<strong>en</strong> sûr, lesfondam<strong>en</strong>taux de l’attractivité de la régionÎle-de-<strong>France</strong> sont principalem<strong>en</strong>t la qualitédes ressources humaines, l’offre d’infrastructurede transport, la qualité d’offre deservices urbains, le positionnem<strong>en</strong>t géographique.En 2011, avec Paris Développem<strong>en</strong>t,l’Ag<strong>en</strong>ce de la Ville de Paris pour l’attractivitéinternationale, nous avons accompagnéet accueilli plus de 60 implantations d’<strong>en</strong>treprisesqui ont créé plus de 3000 emplois. Lafaçon dont nous travaillons collectivem<strong>en</strong>test très importante. Avec l’Ag<strong>en</strong>ce régionalede développem<strong>en</strong>t (l’ARD), nos équipes opérationnellesde Paris Développem<strong>en</strong>t fontun point sur les dossiers très régulièrem<strong>en</strong>t.Avec l’Ag<strong>en</strong>ce Française des Investissem<strong>en</strong>tsinternationaux avec qui nous travaillonstrès bi<strong>en</strong>, nous nous voyons au moins tousles trois mois. Nous devons travailler dansun esprit d’équipe ! Il nous faut aussi affirmerde nouvelles formes d’attractivité internationale.Les investisseurs étrangers sonttrès s<strong>en</strong>sibles aux ambitions urbanistiques etarchitecturales portées par la ville de Paris.Nous attachons une importance toute particulièreà la démarche plan-climat de cetteambition. Pour la ville de Paris, cela signifiecomme objectifs sur le territoire, d’ici 2020par rapport à 2004, une réduction de 25 % dela consommation énergétique ; une réductionde 25 % des émissions de GES ; 25 % dela consommation énergétique prov<strong>en</strong>ant desénergies r<strong>en</strong>ouvelables. Nous disposons depot<strong>en</strong>tiels pour parv<strong>en</strong>ir à ces objectifs. Lesinvestisseurs sont très s<strong>en</strong>sibles à la dim<strong>en</strong>sionqualité de nos ambitions urbanistiqueset architecturales. Lorsque nous avonsaccompagné l’<strong>en</strong>treprise Google, qui a choiside s’implanter au cœur de Paris pour y réunir500 ingénieurs v<strong>en</strong>us du monde <strong>en</strong>tier,créer un institut culturel europé<strong>en</strong> et développerses projets, les responsables de l’<strong>en</strong>trepris<strong>en</strong>ous ont exprimé le désir de s’implanterà Paris, car leurs équipes « y trouveront unequalité de vie exceptionnelle et une vie de quartierparisi<strong>en</strong>. » Bi<strong>en</strong> sûr, les responsables deGoogle souhait<strong>en</strong>t capitaliser sur le tal<strong>en</strong>tcréatif et sci<strong>en</strong>tifique qu’ils connaiss<strong>en</strong>tdéjà : l’INRIA, l’université d’Orsay… L’ambitiondu Grand Paris dans le cadre du r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>tde l’attractivité internationale estnotre capacité à fédérer et à mutualiser tousles atouts, tous les tal<strong>en</strong>ts. C’est égalem<strong>en</strong>tnotre capacité à promouvoir et réinv<strong>en</strong>ter laville avec une insistance accordée à la notionde mixité fonctionnelle pour que nous produisionsdes quartiers où il fait bon vivre etoù il fait bon travailler.Je rappelle que la ville de Paris, sur un territoirede 105 km², c’est aussi 900 ha <strong>en</strong> chantier,pour accueillir de l’activité, produire deLES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Est-ce que faire preuve de plusd’intellig<strong>en</strong>ce et plus d’autonomie vade pair avec plus de sobriété. »« La façon dont nous travaillonscollectivem<strong>en</strong>t est très importante. »32 33


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?l’habitat et des espaces verts. En 2012-2013,nous créerons 16 ha d’espaces verts ; nousaurons créé 40 ha <strong>en</strong>tre 2008 et 2014. Ladim<strong>en</strong>sion qualitative de notre démarcheest importante. Le plan-climat n’est pas unecontrainte, au contraire : les investisseurs leperçoiv<strong>en</strong>t comme un facteur d’attractivité.“Michèle DEBONNEUILMon propos va s’inscrire dans le contextedes nouvelles pot<strong>en</strong>tialités à l’œuvre dansl’économie numérique. De plus <strong>en</strong> plus, lesappareils vont être munis de capteurs permettantde connaître, de façon automatique età distance, les états des objets. Nous voyonsque les marchés vont produire de nouveauxproduits, susceptibles de mieux satisfaire nosbesoins. La croissance que nous recherchonssous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d la satisfaction des besoins.Pouvoir les satisfaire autrem<strong>en</strong>t ouvre donc àde nouveaux gisem<strong>en</strong>ts de croissance. Cettecroissance a toutes les qualités d’une croissancedurable. Toute nouvelle économiea ses infrastructures, et celle-là n’échappepas à la règle. Cette infrastructure n’existepas <strong>en</strong>core : faire circuler tous les messagesmétiers fabriqués à partir de ces données captées,qui vont permettre de gérer les flux debi<strong>en</strong>s et de personnes. Nous n’avons jamaissu produire cette infrastructure sur des lieuxde vie, nous l’avons toujours produite <strong>en</strong> usineou dans des lieux dédiés. Désormais, noussavons la produire sur les lieux de vie. Cetteinfrastructure est nécessaire et doit, pourrepr<strong>en</strong>dre les propos de SAINT SIMON,être partagée par tous. Elle n’a pas intérêt àêtre diversifiée, mais doit servir à produirede la diversité.Nous savons qu’une infrastructure passe toujourspar une destruction créatrice. Chacunréinv<strong>en</strong>te alors l’eau tiède et « bricole » uneplate-forme qui lui permet d’avancer. C’estce qui se passe actuellem<strong>en</strong>t, et nous pouvonsfaire mieux.Comm<strong>en</strong>t les pouvoirs publics peuv<strong>en</strong>t-ilsconstruire une stratégie pour aller plus vitevers la construction de cette nouvelle infrastructure? Les services publics, sociaux eturbains étant complètem<strong>en</strong>t impactés parcette nouvelle façon de vivre, l’idée est decatalyser ces coordinations d’acteur autourdu lancem<strong>en</strong>t de cette nouvelle infrastructurepour réformer les services publics, sociaux eturbains.Évidemm<strong>en</strong>t, nous compr<strong>en</strong>ons qu’il fautprocéder à des expérim<strong>en</strong>tations dans lescollectivités territoriales, à partir d’uneinfrastructure qui peut être ét<strong>en</strong>due à l’<strong>en</strong>sembledu territoire et à l’Europe. Dès lors,cette infrastructure sera accessible à tous lesacteurs privés qui le souhaiteront, pour satisfairel’<strong>en</strong>semble des autres besoins.“Franck VALLERUGOL’ESSEC est une école de commerce quin’est jamais att<strong>en</strong>due dans les débats sur laville durable. Nous sommes ici, car nousconsidérons que les <strong>en</strong>treprises exist<strong>en</strong>t etcré<strong>en</strong>t de la valeur parce qu’elles sont localiséesdans des territoires, parce qu’ellescontribu<strong>en</strong>t au développem<strong>en</strong>t de ces territoires,et parce qu’elles produis<strong>en</strong>t l’emploi,première ressource de ce développem<strong>en</strong>t. Ilest donc naturel pour une école comme lanôtre de s’intéresser à ces sujets.Nous nous y intéressons à travers le prismede la croissance et de la dynamique desvilles. Je vous ferai grâce de nos travaux économétriquesqui montr<strong>en</strong>t qu’à partir desvariables habituelles de croissance, notamm<strong>en</strong>tcelles de transports, de services à lapersonne, de services aux <strong>en</strong>treprises, nousn’expliquons que 60 % de la croissance desvilles. Il convi<strong>en</strong>t donc de chercher d’autresvariables susceptibles d’expliquer la croissanceou le déclin des territoires.Nous formons l’hypothèse que la gouvernancea un rôle tout à fait ess<strong>en</strong>tiel danscette croissance. Lorsque nous évoquonsle terme de gouvernance dans les instancespubliques, nous p<strong>en</strong>sons souv<strong>en</strong>t à la gouvernanceinstitutionnelle, celle qui a trait àl’organisation des territoires. Nous parlonsrarem<strong>en</strong>t de gouvernance économique, soitle rôle que les acteurs économiques doiv<strong>en</strong>tjouer dans cette gouvernance. C’est ce sujetque j’aimerais aborder.Cette contribution des acteurs économiquesau développem<strong>en</strong>t territorial peut pr<strong>en</strong>drediverses formes : le mécénat d’<strong>en</strong>treprise, lefait d’aller au-delà de ses obligations légales<strong>en</strong> matière d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, le fait decontribuer à des plans stratégiques de développem<strong>en</strong>t,etc. Nous avons réussi à montrerdes corrélations statistiques <strong>en</strong>tre des profilsde croissance urbains et des comportem<strong>en</strong>tsterritoriaux, que nous qualifions de « responsabilitéterritoriale de l’<strong>en</strong>treprise ». Cetteresponsabilité va au-delà de la qualificationsociale, et elle influ<strong>en</strong>ce la croissance.Au-delà des résultats économétriques, une<strong>en</strong>treprise qui, dans un territoire donné,va produire des services à la personne dequalité augm<strong>en</strong>tera l’utilité des ag<strong>en</strong>ts quiviv<strong>en</strong>t sur ce territoire, à comm<strong>en</strong>cer parses propres salariés, qui amélioreront ainsileur productivité au travail et créeront dela valeur ajoutée. Nous voyons ici un cyclevertueux de création de valeur par l’interv<strong>en</strong>tionvolontaire de l’<strong>en</strong>treprise sur le territoire.Ceci se fait dans le cadre d’un statuquo fiscal et salarial.Une autre forme de production intéressebeaucoup le Grand Paris : celle des clusters,du développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>dogène, des servicesproductifs locaux. Un système productiflocal est construit autour de la prés<strong>en</strong>ced’<strong>en</strong>treprises intimem<strong>en</strong>t inscrites dansle territoire, générant une agglomérationde savoir-faire, et bénéficiant d’un capitalrelationnel très fort avec ce territoire. Or,ce capital relationnel relève d’une dim<strong>en</strong>sionculturelle et je ne suis pas sûr que nousLES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Des nouvelles pot<strong>en</strong>tialités à l’œuvre dansl’économie numérique. »« Nous parlons rarem<strong>en</strong>tde gouvernance économique. »34 35


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?puissions créer ex nihilo de la culture de coopérationdans un territoire donné. Ce sujetdoit interpeller le Grand Paris et les clustersà partir desquels nous souhaitons créer cedéveloppem<strong>en</strong>t économique.Le fait que les <strong>en</strong>treprises « participatives »constitu<strong>en</strong>t un facteur d’attractivité etde compétitivité n’est pas évid<strong>en</strong>t <strong>en</strong> soi.Bi<strong>en</strong> sûr, les <strong>en</strong>treprises sont consci<strong>en</strong>tesde la nécessité de cette contribution : BrunoBONDUELLE, qui a présidé l’ag<strong>en</strong>ce dedéveloppem<strong>en</strong>t économique de Lille a toujoursestimé que le temps consacré à cetteinitiative publique était du temps gagnépour le territoire et pour son <strong>en</strong>treprise.<strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>, qui nous accueilleaujourd’hui, travaille sur ces questionsdepuis des années. Sans doute ces posturesde départ sont-elles extra-contractuelleset vis<strong>en</strong>t à accompagner socialem<strong>en</strong>t et<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t les territoires.Sans doute ces logiques s’inscriv<strong>en</strong>t-elleségalem<strong>en</strong>t dans l’anticipation des appelsd’offres. Quelles qu’<strong>en</strong> soi<strong>en</strong>t les raisons,cette approche extra-contractuelle finit pardev<strong>en</strong>ir contractuelle. C’est une conditionnécessaire à la prise <strong>en</strong> compte du nouveaumodèle économique des <strong>en</strong>treprises de servicesurbains.Hier, la marge était réalisée sur la quantité.Demain, elle sera réalisée sur du service dansune économie de sobriété. Les <strong>en</strong>treprisescontribu<strong>en</strong>t à cette dim<strong>en</strong>sion sans difficulté.Mais lorsque nous nous intéressonsà un niveau plus local, celui des CDT, nousconstatons que l’article 22 de la loi du GrandParis, qui propose aux <strong>en</strong>treprises de contribuer<strong>en</strong> amont à la conception d’infrastructuresde services, est vécu avec une certaineprud<strong>en</strong>ce. Car derrière cette assistance àmaîtrise d’ouvrage, il y a de la productionde réseaux, de gares, de logem<strong>en</strong>ts et d’év<strong>en</strong>tuelsproblèmes de conflits d’intérêts.Nous avons réalisé un sondage il y aquelques années, et avons demandé à deschefs d’<strong>en</strong>treprise quels étai<strong>en</strong>t pour euxles facteurs d’attractivité pour un territoire.Ces chefs d’<strong>en</strong>treprise ont cité les ressourceshumaines, les infrastructures, la fiscalité…Nous avons <strong>en</strong>suite posé la même questionà des élus, qui nous ont donné la liste de leursvariables ess<strong>en</strong>tielles <strong>en</strong> termes d’attractivité.Or, la corrélation <strong>en</strong>tre ces deux listesétait proche de zéro. En somme, le niveau decommunication <strong>en</strong>tre ces deux mondes s’estrévélé extrêmem<strong>en</strong>t faible, du point de vuede l’appréciation de ce que chacun fait <strong>en</strong>termes d’attractivité du territoire. Lorsqu’ondemande aux <strong>en</strong>treprises de participer à cegrand projet du Grand Paris, on leur proposede v<strong>en</strong>ir à titre consultatif dans des comités.Il ne s’agit pas d’une participation décisionnaire,au mieux s’agit-il d’une participationfinancière.Pour finir sur une note positive, je p<strong>en</strong>se qu<strong>en</strong>ous avons les moy<strong>en</strong>s de réduire ce hiatus,ce gap <strong>en</strong>tre les deux mondes, <strong>en</strong> formant desjeunes et des cadres à la gestion urbaine, <strong>en</strong>leur faisant découvrir la ville et la stratégiedes villes. Je p<strong>en</strong>se que c’est à travers ces voiesde progrès que nous parvi<strong>en</strong>drons à comblerce différ<strong>en</strong>tiel, construire une gouvernanceéconomique et contribuer ainsi à l’attractivitédes territoires.“Jean-Philippe BUISSONLa chaleur est un élém<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel pourla transition énergétique : plus de 40 % desémissions de gaz à effet de serre <strong>en</strong> Île-de-<strong>France</strong> provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des bâtim<strong>en</strong>ts, majoritairem<strong>en</strong>tdes installations de chauffage,d’eau chaude sanitaire, sans oublier la climatisationdans le tertiaire. Les réseauxurbains, de chaleur comme de froid, sontles réponses vertueuses d’aujourd’hui et dedemain à ce constat. Ce matin, vous avez<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du Bernard DOROSZCZUCK aborderla question à l’échelon métropolitain.En Île-de-<strong>France</strong> s’est finalisé un schémarégional climat-air-énergie, qui a largem<strong>en</strong>tdéveloppé la question de la transitionénergétique, <strong>en</strong> procurant une feuille deroute claire pour les 20 prochaines années,notamm<strong>en</strong>t sur le domaine de la productionde chaleur. Cette politique régionaleest particulièrem<strong>en</strong>t ambitieuse. On l’apprécieranotamm<strong>en</strong>t à travers quelques chiffresreprés<strong>en</strong>tatifs.1 million de logem<strong>en</strong>ts sont désormaisconnectés à des réseaux de chauffage collectif<strong>en</strong> région parisi<strong>en</strong>ne. Pour 2020, l’objectifest d’<strong>en</strong> avoir 400000 de plus. La partd’énergie r<strong>en</strong>ouvelable et de récupérationdans la chaleur véhiculée par ces réseauxdoit doubler de 20 % à 40 % d’ici 2020. Pouratteindre cet objectif, on récupérera de lachaleur grâce aux usines d’incinérationd’ordures ménagères, aux process industrielset techniques, ainsi qu’aux sourcesd’énergie r<strong>en</strong>ouvelables : géothermie, biomasseprincipalem<strong>en</strong>t.L’action va véritablem<strong>en</strong>t se mettre <strong>en</strong> placeau niveau local. Alain MAUGARD rappelaitque nous étions au cœur d’une révolutiondans le domaine du bâtim<strong>en</strong>t. Le bâtim<strong>en</strong>tà énergie positive (BEPOS), ou tout aumoins le bâtim<strong>en</strong>t à basse consommation(BBC) s’impose progressivem<strong>en</strong>t. L’échelonsuivant sera celui du quartier, du territoire,de la commune, celui d’une zone urbained<strong>en</strong>se, mais délimitée. C’est un échelon surlequel la transition énergétique est <strong>en</strong> trainde se produire vers un régime de type BBCà faible empreinte <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale etdemain BEPOS avec production déc<strong>en</strong>traliséed’énergie. Nous ne sommes plus dans ledomaine de la sci<strong>en</strong>ce-fiction : il se construitaujourd’hui <strong>en</strong> Île-de-<strong>France</strong> des quartiersalim<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> chaud et <strong>en</strong> froid par de lagéothermie basse profondeur, par exempleau Fort d’Issy-les-Moulineaux. À Val d’Europe(Marne-la-Vallée), Dalkia a construitun réseau de chauffage qui desservira unezone d’activité de 600 000 m², dont un stad<strong>en</strong>autique, par récupération de la chaleur produitepar un data c<strong>en</strong>ter voisin.Nous avons tout à l’heure évoqué la biomasse,et je voudrais modérer certains propost<strong>en</strong>us plus tôt aujourd’hui au sujet desrejets polluants de cette énergie. Les poussièreset les particules issues de la combustionde la biomasse sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tproduites par les foyers ouverts des petitesLES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« je ne suis pas sûr que nous puissions créerex nihilo de la culture de coopérationdans un territoire donné. »« En Île-de-<strong>France</strong> s’est finalisé un schémarégional climat-air-énergie, qui a largem<strong>en</strong>tdéveloppé la question de la transitionénergétique. »36 37


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?installations et des cheminées individuelles.Quant à nous, nous construisons des installationsindustrielles avec des traitem<strong>en</strong>ts defumée parfaitem<strong>en</strong>t contrôlés, obéissant aucadre réglem<strong>en</strong>taire très strict qui est celui<strong>en</strong> vigueur <strong>en</strong> Ile-de -rance. Les émissions depoussières et de particules sont donc extrêmem<strong>en</strong>trestreintes.Lorsque nous parlons de bois-énergie, nousnous référons à une économie circulaire,tirant parti de toutes les ressources disponiblesau plan local. Une quinzaine dechaufferies biomasse sur des installationsde chauffage collectif, des réseaux locaux,des éco-quartiers sont aujourd’hui installées<strong>en</strong> Ile-de-<strong>France</strong>. Ces chaufferies s’approvisionn<strong>en</strong>t<strong>en</strong> biomasse dans un rayonde 100 km, à partir de bois d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> desforêts, de bois d’élagage, <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t desusages industriels de la forêt. Nous sommesdonc dans une logique d’indép<strong>en</strong>danceénergétique locale, de boucle circulaire vertueuseet créatrice d’emploi.Ces dispositifs sont performants et les projetssont multiples, mais ils ont un coût d’investissem<strong>en</strong>tsignificatif : le forage d’un puitsde géothermie dans le dogger (~2 000 mètresde profondeur) représ<strong>en</strong>te 10 à 15 millionsd’euros d’investissem<strong>en</strong>ts ; la constructiond’un réseau collectif pour plusieurs milliersde logem<strong>en</strong>ts, basé sur une chaufferiebiomasse représ<strong>en</strong>te quant à lui 10 jusqu’à30 millions d’euros d’investissem<strong>en</strong>ts. Aussi,les ambitions du schéma régional climat-airénergieimpliqu<strong>en</strong>t-elles plus d’un milliardd’euros d’investissem<strong>en</strong>t dans les 10 ans àv<strong>en</strong>ir. Il va nous falloir réaliser un montagede financem<strong>en</strong>t mixte <strong>en</strong>tre ressourcespubliques et privées. Attirer des investisseursprivés sur d’aussi beaux projets est toutà fait possible, mais suppose quelques préalableset garanties, et surtout une visibilité àlong terme, qui autorise une durée longuede retour sur investissem<strong>en</strong>t, de 20 à 30 ans.En premier lieu, souv<strong>en</strong>ons-nous qu’il s’agitd’une phase de transition. L’équilibre financierdes projets y est fragile, précaire. C’est làque les dispositifs incitatifs sont indisp<strong>en</strong>sables.Il existe par exemple un système deTVA à taux réduit à 5,5 % sur l’énergie r<strong>en</strong>ouvelablequi permet de justifier des capacitésd’investissem<strong>en</strong>t tout <strong>en</strong> restant attractifsur le prix final proposé à l’utilisateur.M<strong>en</strong>tionnons aussi le Fonds Chaleur, dotépar l’ADEME et accompagné par le conseilrégional, qui permet de sout<strong>en</strong>ir les projetsde la transition énergétique. La viabilité dece Fonds Chaleur n’est pas garantie au-delàde 2013, mais nous devons le maint<strong>en</strong>ir sinous voulons m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> le plan d’actionjusqu’<strong>en</strong> 2020.En second lieu, ces projets complexes nécessit<strong>en</strong>tdes modèles contractuels élaborés :nous travaillons dans le cadre de délégationsde service public, de part<strong>en</strong>ariats publicprivé,mais égalem<strong>en</strong>t de projets purem<strong>en</strong>tprivés. Lorsque nous raisonnons à l’échelled’un éco-quartier ou d’un réseau local, desquestions de droits sur la propriété des installations,de multiplicité des décisionnaires,de modèles de gouvernance se pos<strong>en</strong>t. Parminos part<strong>en</strong>aires se compt<strong>en</strong>t la commune,l’agglomération, l’aménageur, les promoteurs,les financeurs… Tous ont besoin d’unprocessus de prise de décision et de partagedes rôles ; il faut le développer et l’expérim<strong>en</strong>ter.Nous avons lancé un groupe de travaildans le cadre du club des <strong>en</strong>treprises de ParisMétropole pour mettre au point des expérim<strong>en</strong>tationset trouver des solutions pourdépasser ces obstacles. C’est un chantier passionnantet prometteur pour le Grand Paris.“Fabrice FOURCADEL’énergie assure un service urbain ess<strong>en</strong>tielqui mérite d’être pris <strong>en</strong> compte dès l’amontdes grands projets. J’illustrerai mon propos<strong>en</strong> développant deux thèmes qui nousti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à cœur chez EDF : la précarité énergétiqueet le développem<strong>en</strong>t économique.Vous savez tous que les prix de l’énergie sontori<strong>en</strong>tés à la hausse. Cette t<strong>en</strong>dance haussièreest un facteur d’aggravation des inégalitéssur nos territoires <strong>en</strong> général, et <strong>en</strong>l’Île-de-<strong>France</strong> <strong>en</strong> particulier. Entre 2001et 2006, les ménages les plus modestes ont vula part consacrée à l’énergie passer de 10 % à15 %. Dans le même temps, les ménages lesplus aisés ont vu cette même part de l’énergiebaisser de 6,5 % à 6 %. Sur un territoirecomme celui de l’Île-de-<strong>France</strong> où 2,4 millionsde logem<strong>en</strong>ts sont inadéquats et peuperformants sur le plan énergétique, cesaugm<strong>en</strong>tations à v<strong>en</strong>ir du prix de l’énergiesont un facteur d’aggravation des inégalités.Il faut donc agir. Les tarifs sociaux sontune première réponse, mais elle reste insuffisante.Il faut que nous nous attaquionsau bâti précaire. Sur ce point, une initiativecomme « habitez mieux », conduite parl’ANAH et à laquelle EDF est fortem<strong>en</strong>tassociée, est une deuxième réponse. Maisici <strong>en</strong>core, la rénovation du bâti coûte cher,et la question du financem<strong>en</strong>t de la rénovationénergétique est posée. Le troisièmesujet est celui du bâti neuf. Nous sommes aucœur du projet du Grand Paris. À l’évid<strong>en</strong>ce,il faut que ces logem<strong>en</strong>ts soi<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sés dès àprés<strong>en</strong>t de la manière la plus efficace possiblesur le plan énergétique. Il nous faut sipossible raisonner <strong>en</strong> coût complet, et éviterde minimiser seulem<strong>en</strong>t les coûts d’investissem<strong>en</strong>t.Raisonner <strong>en</strong> coût complet nécessitede t<strong>en</strong>ir compte des coûts de l’énergie.Le deuxième point qui nous est cher et celuidu développem<strong>en</strong>t économique. Pour rappel,la <strong>France</strong> bénéficie de prix d’électricitéparticulièrem<strong>en</strong>t compétitifs. Tout compris,ce prix est <strong>en</strong>viron 30 % inférieur au reste del’Union europé<strong>en</strong>ne. Par ailleurs, le cont<strong>en</strong>u<strong>en</strong> carbone du kilowattheure est quatre foismoins important dans le reste de l’Union.Cette compétitivité est un facteur d’attractivitépour nos territoires. Un exemple :20 % de l’énergie des data c<strong>en</strong>ter provi<strong>en</strong>tde l’électricité. Grâce à la compétitivité dukilowatt-heure français, le pays se situe auquatrième rang mondial du secteur des datac<strong>en</strong>ter. Par ailleurs, le territoire francili<strong>en</strong>bénéficie de cet avantage au premier chef,puisque 40 % des installations des data c<strong>en</strong>terfrançais se trouv<strong>en</strong>t sur le territoire francili<strong>en</strong>.Si nous p<strong>en</strong>sons le développem<strong>en</strong>t desdata c<strong>en</strong>ter dans le cadre des CDT <strong>en</strong> conju-LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Lorsque nous parlons de bois-énergie, nousnous référons à une économie circulaire »« Entre 2001 et 2006, les ménages les plusmodestes ont vu la part consacrée à l’énergiepasser de 10 % à 15 %. »38 39


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?guant cette réflexion au développem<strong>en</strong>t desquartiers qui vont les accueillir et aux nouvellessolutions énergétiques, nous pouvonsinnover et réaliser de la performance énergétique<strong>en</strong> récupérant par exemple de façonsignificative la chaleur dégagée par les datac<strong>en</strong>ter pour chauffer du bâti.Soyons imaginatifs <strong>en</strong> matière de solutionsénergétiques dès l’amont de nos projetsd’aménagem<strong>en</strong>t urbain. Pour illustrerl’action du groupe EDF <strong>en</strong> la matière, jevoudrais juste signaler que nous faisons,<strong>en</strong> association avec d’autres part<strong>en</strong>aires,des propositions à la Société du GrandParis pour concevoir au mieux les futuresgares emblématiques du réseau Grand ParisExpress.“Stéphane de FAYAvant d’<strong>en</strong>tamer le cœur de mon propos, jesouhaiterais rev<strong>en</strong>ir sur les deux dernièresconsultations d’architectes m<strong>en</strong>ées dans lecadre du Grand Paris.Lors de la première consultation, <strong>en</strong> 2008,les réponses qui ont été données par les 10équipes d’architectes du Grand Paris ontfait émerger dix visions du vivre <strong>en</strong>sembleurbain, dix utopies, non compatibles <strong>en</strong>treelles, voire contradictoires. Et ces dix visions,parce qu’elles proposai<strong>en</strong>t une ville rêvée,ont permis de mettre <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, defaçon très concrète, très réelle, la réflexionsur la métropole parisi<strong>en</strong>ne.Lors de la deuxième consultation, cetteannée, j’ai été frappé de voir que plusieursarchitectes mettai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant, non uneville rêvée, mais une vision de l’architecturepartant des réalités techniques et fonctionnellesdu territoire, par exemple les réseauxd’assainissem<strong>en</strong>t, les réseaux de distributiond’énergie, les réseaux de chaleur, etc.Ces deux approches radicalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes,mais complém<strong>en</strong>taires nous dis<strong>en</strong>tquelque chose sur la ville vécue et la manièredont un certain nombre de fonctionsurbaines particip<strong>en</strong>t à notre façon de vivrela ville.La ville vécue par chacun de nous se situe<strong>en</strong> effet à la conflu<strong>en</strong>ce d’une dim<strong>en</strong>sionsymbolique et d’une réalité fonctionnelle ;de la « ville image » et de la « ville cachée » quipermet que la ville fonctionne.Lors de la première table ronde, nous avonsbeaucoup parlé des questions d’échelle. Jevoudrais rev<strong>en</strong>ir sur ce point, et prés<strong>en</strong>ter,dans leurs dim<strong>en</strong>sions symboliques commefonctionnelle, quatre échelles indisp<strong>en</strong>sablespour planifier, aménager, et mettre<strong>en</strong> œuvre la métropole de demain :La première échelle, cruciale, est l’échellemondiale. On oublie trop souv<strong>en</strong>t que laconurbation parisi<strong>en</strong>ne, l’unité urbainede Paris (le continuum bâti de Paris), a lecinquième PIB mondial <strong>en</strong> termes d’unitéurbaine, pour la 20 e population mondiale.Cela signifie qu’elle est à la fois effici<strong>en</strong>te etattractive. Cette dim<strong>en</strong>sion mondiale estbi<strong>en</strong> sûr déclinée au niveau symbolique ;nous avons de ce point de vue des signifiantsurbains extrêmem<strong>en</strong>t puissants, parexemple : la tour Eiffel. La tour Eiffel participede façon concrète à l’attractivité deParis. Cet été, une étude itali<strong>en</strong>ne a valoriséà hauteur de 434 milliards d’euros la valeurde la tour Eiffel. Ce chiffre illustre que lesymbole a une valeur réelle, qui se traduitpar des retombées extrêmem<strong>en</strong>t concrètes,jusqu’au choix de grandes <strong>en</strong>treprises –citons Google, il y <strong>en</strong> a d’autres – de s’installerà Paris.Dans le même temps, cette échelle mondialerepose aussi sur des actifs fonctionnels cruciauxtels les aéroports. La question de l’accessibilitéet, plus fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t, de lamanière dont la ville p<strong>en</strong>se la place de sesaéroports est de ce point de vue absolum<strong>en</strong>tcruciale voir vitale, même si compliquée dufait des nuisances que représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t aussices infrastructures. C’est <strong>en</strong>core les ports :aujourd’hui, la façade maritime de Paris,Le Havre reste un <strong>en</strong>jeu autant qu’un défi.La deuxième échelle est l’échelle métropolitaine.Ici, je voudrais illustrer les <strong>en</strong>jeuxsymboliques et fonctionnels par un exemplesans doute moins flatteur que celui de la tourEiffel et de l’image qu’elle véhicule : celuide la banlieue. Chez nous, la banlieue, les« quartiers » ont toujours été perçus commede la « sous-ville », des territoires de relégation.Voyons simplem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t Clichy Montfermeila été perçu, avec l’aide des médiasinternationaux, lors des émeutes qui y onteu lieu. Si nous voulons reconquérir ces territoires,ce symbole, nous devons le retourneret le repositiver. La façon dont le GrandParis aborde ces territoires de relégation estun <strong>en</strong>jeu absolum<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel. Toutes lesfonctions urbaines doiv<strong>en</strong>t contribuer à ceretournem<strong>en</strong>t, le rêve doit précéder le réel.Du côté fonctionnel, cette même banlieueabrite aussi des outils vitaux au fonctionnem<strong>en</strong>tde la métropole. J’<strong>en</strong> citerai deuxà titre d’exemple : le marché internationalde Rungis et le port de G<strong>en</strong>nevilliers. Cesoutils sont fragiles, si des politiques localesv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à les fragiliser, c’est la métropoledans son <strong>en</strong>semble qui ne pourrait plusrépondre aux impératifs de son fonctionnem<strong>en</strong>t.Ici <strong>en</strong>core, nous faisons face à deséchelles métropolitaines dans lesquelles ladécision doit intégrer la dim<strong>en</strong>sion symboliqueet la dim<strong>en</strong>sion réelle. Nous pouvons<strong>en</strong> effet considérer le port de G<strong>en</strong>nevillierscomme une opportunité foncière oucomme un actif vital au fonctionnem<strong>en</strong>tde la métropole. Les arbitrages politiquesdoiv<strong>en</strong>t intégrer les différ<strong>en</strong>ts niveaux, leglobal et le local.La troisième échelle est celle des solidaritéslocales. Je ne développerai pas ce point quiest complexe, mais on peut constater que,concrètem<strong>en</strong>t, il est aujourd’hui possiblede trouver des territoires pertin<strong>en</strong>ts de 1 à2 millions d’habitants, cohér<strong>en</strong>ts à grandeéchelle <strong>en</strong> termes de distribution de larichesse, de ressources fiscales et d’<strong>en</strong>jeuxurbains.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Soyons imaginatifs <strong>en</strong> matière de solutionsénergétiques dès l’amont de nos projetsd’aménagem<strong>en</strong>t urbain. »« La ville vécue par chacun de nous se situe<strong>en</strong> effet à la conflu<strong>en</strong>ce d’une dim<strong>en</strong>sionsymbolique et d’une réalité fonctionnelle. »40 41


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?L’archétype d’un tel territoire est celui dela Ville de Paris. Nous oublions parfois queParis, immédiatem<strong>en</strong>t après la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is, a le second budget d’Ile-de-<strong>France</strong> <strong>en</strong>termes de dép<strong>en</strong>ses obligatoires à caractèresocial. C’est aussi un extraordinaire territoirede « péréquation horizontale », c’est-àdireun territoire dans lequel le partage dela richesse se fait au travers de projets et nonpar transfert financier.La dernière échelle est l’échelle locale. Nous<strong>en</strong> avons déjà beaucoup parlé. Elle poseune question fondam<strong>en</strong>tale : la manière dedévelopper de façon économe les quartiersde demain. Cette économie passe par la prise<strong>en</strong> compte des réalités physiques et fonctionnelleset leur intégration, voir leur sublimationdans le projet urbain.Un aménageur comme l’EPADESA – dontle modèle économique ne nécessite aucunesubv<strong>en</strong>tion publique – peut témoigner qu’ilest aujourd’hui possible de r<strong>en</strong>ouveler laville sur elle-même tout <strong>en</strong> résistant à lat<strong>en</strong>tation de la page blanche, <strong>en</strong> intégrantles contraintes que représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’existant,y compris les infrastructures les plus complexes,pour ne pas dire les plus hideuses,dans un projet qui ne les détruit pas, maisles transforme.Je terminerai mon propos sur un point qui àla fois synthétise les aspects évoqués précédemm<strong>en</strong>tet qui me semble absolum<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tralvis-à-vis de la manière dont nous vivonsla ville et intégrons tous ces <strong>en</strong>jeux : l’id<strong>en</strong>titédes territoires.Lors de la consultation des architectes duGrand Paris, Roland CASTRO proposaitcette idée très belle même si utopique der<strong>en</strong>ommer tous les territoires de banlieue<strong>en</strong> « Paris – Bobigny », « Paris – Aubervilliers »,« Paris – Nanterre », etc. Il y a dans cetteproposition la reconnaissance de quelquechose de très réel : l’exist<strong>en</strong>ce à la fois d’uneid<strong>en</strong>tité métropolitaine – surtout lorsque lesparisi<strong>en</strong>s et banlieusards que nous sommesse racont<strong>en</strong>t <strong>en</strong> province ou à l’étranger – etdans le même temps, un <strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t auterritoire. Or l’id<strong>en</strong>tité ne peut partir qued’une certaine réalité du territoire, réalitéqui doit être transformée et mise <strong>en</strong> scènepar le politique.Pr<strong>en</strong>ons un exemple, la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is,conc<strong>en</strong>tre 180 langues et dialectes parlés. Ily a deux façons d’aborder cette réalité :1- « C’est une horreur, comm<strong>en</strong>t intégrer cespopulations ? »2- « C’est une richesse. Comm<strong>en</strong>t capitaliserdessus ? »Le choix <strong>en</strong>tre ces deux façons d’abordercette réalité relève avant tout d’un acte politique.Cet acte nécessite toutefois une intellig<strong>en</strong>cedu territoire et de tous ses acteursqui doiv<strong>en</strong>t se mobiliser pour fédérer sesrichesses et les intégrer dans une filière créatricede valeur humaine, mais aussi – c’estune exig<strong>en</strong>ce de réalisme – économique.C’est un défi exigeant, mais ce n’est pas uneutopie.Pr<strong>en</strong>ons un second exemple toujours ici, <strong>en</strong>Seine-Saint-D<strong>en</strong>is. Ce territoire était un territoirede la création artistique bi<strong>en</strong> avant laconstruction de la Cité du Cinéma qui nousaccueille. Il compte nombre de musici<strong>en</strong>s,d’artistes de rue, de peintres qui bénéfici<strong>en</strong>tde rev<strong>en</strong>us extrêmem<strong>en</strong>t modestes, mais quiont fécondé certaines villes depuis de nombreusesannées comme l’ont été, <strong>en</strong> d’autrestemps des quartiers comme Montparnasseou Montmartre.Aujourd’hui, la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is se développerapidem<strong>en</strong>t, ce qui pose la question del’éviction de ce type de population, notamm<strong>en</strong>tpar rapport à une offre de logem<strong>en</strong>tsdont les prix sont <strong>en</strong> constante augm<strong>en</strong>tation.Si le choix politique est fait de valorisercette ori<strong>en</strong>tation artistique, comm<strong>en</strong>tdonnons-nous collectivem<strong>en</strong>t une réponseà ce type de situations ? D’autres villes,notamm<strong>en</strong>t Berlin, ont m<strong>en</strong>é des politiquesextrêmem<strong>en</strong>t fortes de séd<strong>en</strong>tarisation de lapopulation des artistes dans des quartiersdev<strong>en</strong>us à la mode, donc de plus <strong>en</strong> plus cher.C’est donc possible, même si difficile, <strong>en</strong>corefaut-il s’<strong>en</strong> donner les moy<strong>en</strong>s.Quand on parle de la métropole, nos actionsdoiv<strong>en</strong>t donc être évaluées à l’aune de leursimpacts symboliques et fonctionnels, et àtoutes les échelles de l’objet urbain.Et si nous souhaitons réellem<strong>en</strong>t faire évoluer,transformer, la ville vécue, il est indisp<strong>en</strong>sabled’agir à la fois sur la ville rêvée etsur la ville matérielle, avec ambition, passion,réalisme et utopie.“Dominique BRAYEJe souhaiterais rev<strong>en</strong>ir sur certains pointsabordés. Il est vrai qu’il y a quelquefois desappréciations très différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>tre lesmilieux économiques, la société civile et lesélus. Mais certains élus sont tout à fait au faitdes <strong>en</strong>jeux économiques et des contraintesdes <strong>en</strong>treprises. Pour notre part, la premièrechose que nous avons faite lorsque nousavons lancé notre projet d’agglomération,c’est d’interpeller la société civile sur les facteursd’attractivité de notre territoire. Nousdevons parler des problèmes de gouvernanceet de la pertin<strong>en</strong>ce des territoires qui doiv<strong>en</strong>tse constituer suite à la loi de décembre 2010.Comm<strong>en</strong>t pouvons-nous améliorer demainl’efficacité économique sur les territoires ?Nous parlons de l’acte 3 de la déc<strong>en</strong>tralisation,mais à quelles conditions cet acte 3 dela déc<strong>en</strong>tralisation sera pertin<strong>en</strong>t, quand onsait que son objectif majeur est de pouvoirproduire plus de richesses, plus d’emploi,et du bi<strong>en</strong>-vivre pour la population ? Comm<strong>en</strong>tpeut-on y arriver si, au niveau desterritoires, les élus ne sont pas capables demettre <strong>en</strong> place des périmètres pertin<strong>en</strong>ts ?Si cela n’est pas mis <strong>en</strong> œuvre, cet acte 3 dela déc<strong>en</strong>tralisation sera au mieux un coupd’épée dans l’eau. Alors, comm<strong>en</strong>t y arriver ?Nous n’allons pas repr<strong>en</strong>dre la formule « p<strong>en</strong>serglobal, agir local. » Il s’agit simplem<strong>en</strong>t demettre plus de cohér<strong>en</strong>ce dans nos actions.Pour rev<strong>en</strong>ir à l’Axe Seine, tous les acteurséconomiques ont été réunis il y a quelquessemaines, au palais des congrès de Ver-LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« L’exist<strong>en</strong>ce à la fois d’une id<strong>en</strong>titémétropolitaine et dans le même temps, un<strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t au territoire. »« Il est vrai qu’il y a quelquefois desappréciations très différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>tre les milieuxéconomiques, la société civile et les élus. »42 43


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?sailles, pour que chacun puisse s’exprimersur le sujet. La question de la cohér<strong>en</strong>ce desactions des élus et des territoires a été soulevéepar les acteurs économiques. C’estquelque chose que nous devons <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre.Mais nous ne pouvons pas non plus toutatt<strong>en</strong>dre des politiques. Pour la question desports, je suis le premier à espérer que demainle port du Havre soit le port de la capitale,d’autant que Mantes <strong>en</strong> Yvelines devi<strong>en</strong>dranaturellem<strong>en</strong>t le pôle de développem<strong>en</strong>téconomique incontournable <strong>en</strong>tre Paris etRou<strong>en</strong>. Mais déjà depuis que la réflexion aété lancée, cela nous a beaucoup apporté :<strong>en</strong> effet auparavant nous ne regardions quevers Paris, et jamais vers Le Havre. Depuis lacréation de l’axe Seine, des coopérations sesont mises <strong>en</strong> place notamm<strong>en</strong>t avec l’universitédu Havre, et les regards se port<strong>en</strong>tdésormais aussi vers l’ouest, vers Rou<strong>en</strong> etLe Havre. Mais il ne suffit pas d’espérer leschoses. Si vous écoutez les avis des acteurséconomiques qui souhait<strong>en</strong>t emprunter letransport fluvial, ils vous diront tous qu’ils’agit d’un véritable parcours du combattant.On doit donc impérativem<strong>en</strong>t gagner <strong>en</strong>simplicité et <strong>en</strong> efficacité, car Rotterdam etAmsterdam n’att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t qu’une seule chose :que le canal nord et le port d’Achères soi<strong>en</strong>tterminés pour inonder notre pays et le restede l’Europe avec les marchandises qu’ilsreçoiv<strong>en</strong>t du monde <strong>en</strong>tier. Nous avons doncune véritable responsabilité.En vallée de Seine nous sortons d’unepériode extrêmem<strong>en</strong>t difficile : le territoirea été complètem<strong>en</strong>t redressé <strong>en</strong> 12 ans, etdepuis 2007, nous <strong>en</strong>trons dans une phase dedéveloppem<strong>en</strong>t et de rayonnem<strong>en</strong>t, avec unehypothèque majeure, celle de la situation del’industrie automobile. Actuellem<strong>en</strong>t, nousterminons la carte de l’intercommunalité.L’<strong>en</strong>treprise R<strong>en</strong>ault est acteur majeur, àcheval sur deux communes : Flins et Auberg<strong>en</strong>villequi font partie d’une même intercommunalité.Or, le préfet propose de cassercette intercommunalité, la ville de Flinsallant dans une intercommunalité et celled’Auberg<strong>en</strong>ville dans une autre, et celapour faire plaisir à certains élus et ne pas <strong>en</strong>fâcher d’autres. Que l’État puisse proposerune chose comme celle-ci à un mom<strong>en</strong>t oùnotre principal constructeur affronte lesdifficultés que vous connaissez est totalem<strong>en</strong>tirresponsable. Cela est sûrem<strong>en</strong>t de laresponsabilité des élus mais l’État faillit <strong>en</strong>n’assumant pas ses responsabilités de garant.Pour aborder un autre point, celui des 70 000logem<strong>en</strong>ts à construire par an <strong>en</strong> Ile-de-<strong>France</strong>, je p<strong>en</strong>sais que là aussi l’État allaitagir <strong>en</strong> tant que garant de la solidarité, et territorialiserles obligations de construction delogem<strong>en</strong>ts de façon pertin<strong>en</strong>te. Il n’<strong>en</strong> a ri<strong>en</strong>été : il a défini de grands bassins, bi<strong>en</strong> supérieurà ceux de l’habitat, <strong>en</strong> laissant les éluss’arranger, ce qui va être très facile quandon connaît l’appét<strong>en</strong>ce des populations etdes élus pour la construction de logem<strong>en</strong>ts.Je propose simplem<strong>en</strong>t que la société civileet vous-mêmes vous <strong>en</strong>gagiez <strong>en</strong> politique,car force est de reconnaître que la classepolitique, tant au niveau local que national,ne bénéficie que d’une représ<strong>en</strong>tation trèsfaible des dirigeants d’<strong>en</strong>treprises et resteconstituée, <strong>en</strong> grande majorité d’élus, quine connaiss<strong>en</strong>t pas grand-chose au mondede l’<strong>en</strong>treprise. Investissez-vous pour allerconquérir les lieux de décision pour queceux-ci soi<strong>en</strong>t plus favorables au monde del’<strong>en</strong>treprise et donc à l’emploi.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Je p<strong>en</strong>sais que là aussi l’État allait agir <strong>en</strong> tantque garant de la solidarité, et territorialiser lesobligations de construction de logem<strong>en</strong>ts. »44 45


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?L’un des <strong>en</strong>jeux est donc de simplifierla gouvernance, ne serait-ce que sur ledomaine des transports.Le troisième point qui me paraît importantest la logique de sout<strong>en</strong>abilité négociée,mais pilotée. Le débat public surle Grand Paris est utile sur le plan de laconcertation et sur le plan du principede précaution. Mais l’empilem<strong>en</strong>t desvolontés locales n’a jamais abouti à unevolonté générale. Si nous ne souhaitonspas terminer le Grand Paris dans le sable,nous devons trouver le bon mix <strong>en</strong>treun échelon stratégique de décision et lanécessaire concertation locale. Je p<strong>en</strong>sequ’il n’y a pas de sout<strong>en</strong>abilité sans cetteattractivité et sa capacité à maint<strong>en</strong>irdans un temps raisonnable la mise <strong>en</strong>œuvre des projets stratégiques. J’ai récemm<strong>en</strong>teffectué un voyage à Shanghai.Nous avons été très impressionnés par lepilotage d’un projet, qui a fait l’objet depeu de concertations. Du jour au l<strong>en</strong>demain,les autorités ont décidé de passerdu moteur atmosphérique au deux rouesélectriques. Il n’y a pas eu de débat publicsur le sujet et le problème a été réglé defaçon administrative. Je précise toutefoisqu’à Shanghai, les c<strong>en</strong>trales à charbonfourniss<strong>en</strong>t l’électricité, si bi<strong>en</strong> que lebilan carbone de ces nouveaux véhiculesne sera pas franchem<strong>en</strong>t efficace.Mais mon exemple porte sur le fait qu’àun mom<strong>en</strong>t donné, si nous voulons piloterune grande métropole, il nous fautconserver un échelon de pilotage stratégiqueet une certaine efficacité dansla conduite de projet car si nous diluonstrop la décision, si nous la partageonsde façon certes démocratique mais t<strong>en</strong>danciellem<strong>en</strong>tincompréh<strong>en</strong>sible alorsnous perdons <strong>en</strong> capacité à exécuter.Dans le mouvem<strong>en</strong>t que vous avez décritde bottom-up, sur les grands réseaux,qu’il s’agisse de traitem<strong>en</strong>t des eaux oud’énergie, vous allez pousser la puissancepublique à se saisir de ces <strong>en</strong>jeux, un peucomme l’a fait Paul DELOUVRIER <strong>en</strong>son temps avec la dynamique des villesnouvelles qui a donné <strong>en</strong> son temps à larégion capitale un souffle nouveau. Carpour agir de façon efficace, il faut aussipouvoir avancer tambour battant. Dansle contexte de la compétition mondiale,trop de concertation peut nous conduiredans le sable.Mon dernier point est l’<strong>en</strong>jeu de cohésionsociale. Une métropole, c’est « faireville <strong>en</strong>semble ». Je suis un élu de Seineet Marne, et le bénéficiaire ultime desresponsables politiques, ce sont les électeurs.Lorsque nous observons ce quise prés<strong>en</strong>te dans notre conurbation,nous voyons qu’il se dégage des <strong>en</strong>jeuxde cohésion sociale extrêmem<strong>en</strong>t forts.D’aucun se viv<strong>en</strong>t comme les gagnants dela mondialisation et sont confiants dansles c<strong>en</strong>tres urbains. Ils ont des problématiques<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales extrêmem<strong>en</strong>tavancées, quitte à – sans s’<strong>en</strong> apercevoir- dresser de nouveaux murs d’octroi auxhabitants périurbains, par la restrictionde circulation, le tout conjugué à des barrièresd’horaires des transports <strong>en</strong> communvoire des barrières tarifaires.Je p<strong>en</strong>se que nous passerions à côté des<strong>en</strong>jeux du Grand Paris si nous n’adressonspas ces questions sociales. J’ai observé lesprojets des urbanistes à la cité de l’architecture.Le gre<strong>en</strong> washing est partout.Pour Roland CASTRO au contraire, lepoint d’<strong>en</strong>trée du Grand Paris n’est pasle verdissem<strong>en</strong>t de la ville, c’est l’<strong>en</strong>jeu decohésion sociale c’est-à-dire de l’humain.Or si nous parlons de cohésion sociale etde vivre <strong>en</strong>semble, nous devons faire <strong>en</strong>sorte que les élém<strong>en</strong>ts de fragm<strong>en</strong>tationdu territoire francili<strong>en</strong> ne l’emport<strong>en</strong>tpas sur d’autres <strong>en</strong>jeux certes estimablesmais sans doute moins prioritaires. Il <strong>en</strong>va de notre responsabilité collective. Celadoit se traduire par une certaine forme desolidarité dans l’accès à l’énergie, dansl’accès aux transports. Nous avons beaucoupd’aménageurs, brillants ingénieursdes ponts, qui souhait<strong>en</strong>t la ville durable.Je p<strong>en</strong>se qu’il faut aussi questionner leschéma de la ville d<strong>en</strong>se d’après Kyoto.Certaines personnes viv<strong>en</strong>t à Marne-la-Vallée, deuxième zone d’emploi d’Îlede-<strong>France</strong>,elles travaill<strong>en</strong>t à Roissy, premièrezone d’emploi d’Île-de-<strong>France</strong>. Aunom d’une idéologie que je ne contestepas, ces g<strong>en</strong>s qui ne se situ<strong>en</strong>t pas danscette ville d<strong>en</strong>se post-Kyoto ne dispos<strong>en</strong>tpas des réponses à leurs besoins <strong>en</strong> termesde mobilité ou d’équilibre de leurs bassinsde vie. Cette vision de la ville – sans douteindisp<strong>en</strong>sable - ne doit pas justifier qu<strong>en</strong>ous choisissions de faire l’impasse surl’amélioration de leur vie quotidi<strong>en</strong>ne,leur cohésion et leur supportabilité à l’effortde vivre <strong>en</strong> ville. Car l’une des inégalitésles plus flagrantes d’Île-de-<strong>France</strong>est l’inégalité face au transport. Je p<strong>en</strong>seà celui qui vit à 10 minutes de son travailet à celui qui vit dans les territoiresde l’Est et travaille <strong>en</strong> horaire décalé à laDéf<strong>en</strong>se… Ces inégalités-là, il nous fautles traiter au même titre que les grands<strong>en</strong>jeux d’aménagem<strong>en</strong>ts. Car si nousoublions cet <strong>en</strong>jeu de cohésion sociale quiest aussi celui du logem<strong>en</strong>t, des servicespublics ou de l’accès à la santé dans desconditions équitables, alors nos grandsprojets, et nos grandes constructionsstratégiques tant <strong>en</strong> termes d’infrastructuresque de gouvernance se révélerontincapables de répondre à la fragm<strong>en</strong>tationurbaine ou à la dislocation du tissusocial. Il nous faut au contraire p<strong>en</strong>serd’emblée les grands <strong>en</strong>jeux à l’échellemétropolitaine pour que la richesse et ledynamisme francili<strong>en</strong> rejaillisse sur chacundes 11,5 millions d’habitants.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Nous devons trouver le bon mix <strong>en</strong>tre unéchelon stratégique de décision et la nécessaireconcertation locale. »48 49


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?ÉCHANGES AVEC LA SALLE“Zubairi IDRISSIJe suis interpellé par la question énergétiqueévoquée tout au long de ces deuxtables rondes. Vous avez évoqué la notiond’autonomie territoriale. Mais commevi<strong>en</strong>t de le souligner François KALFON,la problématique de la solidarité sembleipso facto se poser à vous. Lorsque l’onaccepte d’avoir l’attractivité et la sout<strong>en</strong>abilitécomme objectif stratégique de développem<strong>en</strong>td’un territoire, il faut nécessairem<strong>en</strong>taccepter les couts de la solidaritéinterrégionale. Si l’énergie disponible estailleurs, à quel coût sera-t-elle disponiblepour votre territoire ? Si elle est disponible,elle doit être accessible, car elle va concourirà l’attractivité de votre territoire vis-àvisdes <strong>en</strong>treprises. Est-ce que vous avezposé cet <strong>en</strong>jeu pour <strong>en</strong>tamer des négociationsavec les autres régions, qui accept<strong>en</strong>taujourd’hui de produire de l’énergie à uncoût <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal qu’elles n’inclu<strong>en</strong>tpas, ou au contraire, cette question serat-ellelaissée à l’arbitrage de la régulationc<strong>en</strong>trale ?“Fabrice FOURCADEC’est une excell<strong>en</strong>te question. Il y a un <strong>en</strong>jeumajeur à développer les ressources locales,notamm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>ouvelables, <strong>en</strong> régionÎle-de-<strong>France</strong> comme ailleurs. Commel’a souligné Bernard DOROSZUCK, cesressources locales vis<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tla production de chaleur. Si nous p<strong>en</strong>sonsà l’autre grand vecteur d’énergie, celuide l’électricité, je repr<strong>en</strong>drai l’expressiond’Olivier COUTARD : « il ne faut pas jeterla grand-mère infrastructurelle avec l’eau dubain. » Il est absolum<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel pour larégion de continuer à vivre et à bénéficierdes grands transports électriques et desc<strong>en</strong>trales de production extérieures à l’Îlede-<strong>France</strong>.Aujourd’hui, un cim<strong>en</strong>t très fortgarantit ce fonctionnem<strong>en</strong>t, c’est celui dela péréquation tarifaire. Dans les débatsactuels, qui pouss<strong>en</strong>t la déc<strong>en</strong>tralisationénergétique, nous ne voyons pas poindreune remise <strong>en</strong> question qui irait jusqu’à ladéc<strong>en</strong>tralisation totale. Je p<strong>en</strong>se donc quece cim<strong>en</strong>t sera préservé.“Louis BAGILISHYAPour la Ville de Paris, cette question dela solidarité territoriale se traduit, trèsconcrètem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> termes financiers, par300 millions d’euros… C’est les ressourcesmises <strong>en</strong> partage avec les autres collectivitésau titre du mécanisme de péréquation.Nous sommes <strong>en</strong>gagés dans une dynamiquemétropolitaine. Lorsque nous parlonsde logistique, la révolution est aussi lefait d’accepter que la Ville de Paris internalisedes services logistiques qui jusqu’à pré-s<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> « banlieues ». Nous avonsid<strong>en</strong>tifié 21 sites sur lesquels seront créésdes espaces de logistiques urbains. Celatraduit notre démarche d’innovationurbaine et d’intégration d’une solidaritémétropolitaine.“Jean Robert MAZAUDSi nous faisons aujourd’hui bilan de cequi a été créé pour répondre à la propositionParis-Rou<strong>en</strong>-Le Havre, nous avonsHAROPA, le regroupem<strong>en</strong>t des trois ports,le regroupem<strong>en</strong>t des ag<strong>en</strong>ces d’urbanismede la vallée de la Seine et le regroupem<strong>en</strong>tdes CCI. La dynamique globale s’exprime.Ceci dit, il va nous falloir de l’aide pour quel’éclosion de la voie rapide Paris – Le Havrese poursuive, de façon à développer le fretferroviaire, l’industrie touristique, et la réindustrialisationde la vallée de la Seine, quiprés<strong>en</strong>te de sérieux avantages <strong>en</strong> matière demaîtrise des risques.J’ajouterais que nous ne devons pas avoirpeur du canal Seine – Nord – Europe,car nous sommes les seuls à avoir le portle moins congestionné et le plus praticable<strong>en</strong> eaux profondes de tous les portsd’Europe du Nord. Ce port a par ailleursun pot<strong>en</strong>tiel quatre fois supérieur à cequ’il est aujourd’hui. Le seul port qui peutse développer aujourd’hui <strong>en</strong> Europe duNord dans les conditions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>talespréconisées est donc celui du Havre.Si nous appliquons ce réseau à grandeéchelle, nous aborderons la problématiquepost-Kyoto à grande échelle, ainsi que lesquestions de métabolisme évoquées parAlain MAUGARD, et celles de l’id<strong>en</strong>titéde la Seine. Cela signifie égalem<strong>en</strong>t qu<strong>en</strong>ous sommes d’accord pour aller chercherde la biomasse, <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer une économiecirculaire et arrêter de collecter le papierusagé <strong>en</strong> Île-de-<strong>France</strong> pour l’<strong>en</strong>voyer <strong>en</strong>Angleterre. Tous ces élém<strong>en</strong>ts sont autantde pot<strong>en</strong>tiels de développem<strong>en</strong>t économique,favorisés par le développem<strong>en</strong>tdu numérique. Il va falloir que chacun semobilise pour déf<strong>en</strong>dre les grands projets,la ligne à grande vitesse et le canal SeineNord Europe, qui ne se prés<strong>en</strong>tera pascomme une concurr<strong>en</strong>ce. Je construis desusines pour <strong>Veolia</strong> et Dalkia dans le monde<strong>en</strong>tier, et je vois comm<strong>en</strong>t se développ<strong>en</strong>tles Anglais, les Allemands, Belges et les Hollandais.Ils sont beaucoup moins frileuxque nous sur ces sujets.“Dominique BRAYEJe suis tout à fait d’accord sur ce qui vi<strong>en</strong>td’être dit vis-à-vis du canal Seine NordEurope. Il ne faut pas <strong>en</strong> avoir peur, à conditionde savoir nous organiser et optimisernotre fonctionnem<strong>en</strong>t. Vous nous ditesque le port du Havre est le seul qui puissese développer. Oui, parce qu’il est très <strong>en</strong>dessous de ce qu’il pourrait être. Mais c’estsur ce point que nous devons nous interroger: pourquoi ne s’est-il pas développéet est-il resté <strong>en</strong> dessous de ce qu’il devraitêtre ? S’il est aux trois quarts vides, c’estbi<strong>en</strong> parce qu’il y a des problèmes. Il n’estmême pas <strong>en</strong> continuité avec la Seine, carLES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Il faut nécessairem<strong>en</strong>t accepterles coûts de la solidarité interrégionale. »« Il va falloir que chacun se mobilise pourdéf<strong>en</strong>dre les grands projets. »50 51


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?les travaux n’ont jamais été faits alors qu<strong>en</strong>ous <strong>en</strong> parlons depuis de nombreusesannées. Vis-à-vis de la ligne nouvelle Paris– Normandie (LNPN), qui mettra Paris à1 h 15 du Havre, force est de reconnaîtreque les acteurs sont actuellem<strong>en</strong>t dansune grande incertitude. Les choses sontid<strong>en</strong>tiques pour le canal Seine – Nord. Etce n’est pas avec des incertitudes que noustrouverons des part<strong>en</strong>aires fiables et actifsprêts à s’<strong>en</strong>gager. Sur tous ces projets, il fautque les responsables se fix<strong>en</strong>t un objectif etune ligne de conduite et s’y ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, sanstergiverser de façon perman<strong>en</strong>te. En ce quiconcerne la continuité du port du Havreavec la Seine, il faut trouver des solutionssimples pour l’assurer sans quoi Le Havr<strong>en</strong>e pourra pas rivaliser avec la concurr<strong>en</strong>ceinternationale. Il nous faut agir et nousdonner les moy<strong>en</strong>s de nos ambitions.LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012« Ce n’est pas avec des incertitudesque nous trouverons des part<strong>en</strong>airesfiables et actifs prêts à s’<strong>en</strong>gager. »52 53


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?En savoir +sur le Grand Paris des services urbains et les Entreti<strong>en</strong>s du Grand Pariswww.villemondeviedequartier.comMMGP - tél. : 01 71 75 12 54Remerciem<strong>en</strong>tsAccueil, Introduction, tables rondes, conclusionSylvain Boucher, Délégué <strong>France</strong>, <strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>,François Buttet, Délégué régional Ile-de-<strong>France</strong>, EDF, François Kosciusko-Morizet, maire de Sèvres, vice-présid<strong>en</strong>tdu conseil général des Hauts-de-Seine <strong>en</strong> charge de l’urbanisme, de l’eau et l’assainissem<strong>en</strong>t, vice-présid<strong>en</strong>tdu syndicat interdépartem<strong>en</strong>tal pour l’assainissem<strong>en</strong>t de l’agglomération parisi<strong>en</strong>ne, vice-présid<strong>en</strong>t du syndicatParis Métropole, Bernard Doroszczuk, directeur régional et interdépartem<strong>en</strong>tal de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et del’énergie de la région Île-de-<strong>France</strong> (DRIEE), Christian Eg<strong>en</strong>hofer, s<strong>en</strong>ior fellow, head of the <strong>en</strong>ergy and climateprogramme, CEPS (c<strong>en</strong>tre for european policy studies), Alain Maugard, présid<strong>en</strong>t d’EUROPAN (ProgrammeArchitecture Nouvelle), présid<strong>en</strong>t de Qualibat, Bertrand Lemoine, Directeur Général de l’Atelier Internationaldu Grand Paris, Gaell Mainguy, directeur à l’institut <strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>, Jean-Luc Aschard, directeur régionalÎle-de-<strong>France</strong>, ERDF, Dominique Braye, présid<strong>en</strong>t de la communauté d’agglomération de Mantes-<strong>en</strong>-Yvelines(CAMY), présid<strong>en</strong>t de l’ANAH (ag<strong>en</strong>ce nationale pour l’habitat), Stéphane de Fay, directeur général adjoint <strong>en</strong>charge des finances de l’EPADESA (établissem<strong>en</strong>t public d’aménagem<strong>en</strong>t de la déf<strong>en</strong>se Seine-Arche), MichèleDebonneuil, Caisse des dépôts et consignations, chargée par le Premier ministre de la mission quaternaire, LouisBagilishya, directeur de cabinet représ<strong>en</strong>tant Christian Sautter, adjoint au maire de Paris chargé de l’emploi,du développem<strong>en</strong>t économique et de l’attractivité territoriale, Olivier Coutard, directeur du LATTS (laboratoiretechnique, territoires et sociétés de l’École des Ponts Paris Tech), Franck Vallerugo, professeur titulairede la Chaire d’Économie Urbaine de l’ESSEC, Jean-Philippe Buisson, directeur régional Île-de-<strong>France</strong>, Dalkia,Fabrice Fourcade, directeur commercial Île-de-<strong>France</strong>, EDF, François Kalfon, présid<strong>en</strong>t de la Commission destransports et des mobilités du Conseil régional d’île-de-<strong>France</strong>LES ENTRETIENS DU GRAND PARIS - 11 OCTOBRE 2012Organisation, animation :La Mission Métropole Grand Paris de <strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>, EDF, l’Université Paris Dauphine, Euro2C,les équipes régie, d’accueil et de logistique, Didier Serrat, animateur des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, p-dg de Rivoli Consulting.Les CARNETS DE SYNTHÈSE sont édités par la Mission Métropole du Grand Paris/<strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>, EDF,l’université Paris Dauphine // contact@villemondeviedequartier.com // Réalisation Euro2C – 122 rue de Prov<strong>en</strong>ce75008 Paris // Conception maquette JBA / Antoine Massari // Crédits photos Sébasti<strong>en</strong> Dolidon // RetranscriptionSup Rédac – 8 av<strong>en</strong>ue Elise Deroche-231 93350 Le Bourget // Tous droits réservés <strong>Veolia</strong> <strong>Environnem<strong>en</strong>t</strong>, EDF, Paris54 Dauphine et auteurs. Impression : Dejalink.55


LE GRAND PARIS VILLE MONDE VIE DE QUARTIER - ENTRE ATTRACTIVITÉ ET SOUTENABILITÉ ?56


MÉTROPOLEMONDIALISATIONCONTRAT DEDÉVELOPPEMENT TERRITORIALINTERCOMMUNALITÉGARE MÉTRO COMMUNESSERVICES URBAINSCONNEXIONS INTERMODALITÉVILLE DURABLE LOGEMENTMIXITÉ POST CARBONE EAUPÔLES DE COMPÉTITIVITÉTERRITOIRES DE PROJETVILLE INTELLIGENTE ÉNERGIETRANSPORT DÉCHETSASSAINISSEMENTRÉSEAUX SEINE ÎLOTCITÉ FRET MOBILITÉINNOVATION BIEN-ÊTREWWW.VILLEMONDEVIEDEQUARTIER.COM

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!