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Document (PDF - 135.5 ko) - Sens Public

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CARLOS CASTÁN ADOLZEl huérfano – L'orphelinhaute et intérieure de la cuisse féminine, juste où se trouve la frontière entre le bas et la chair,entre le tissu et la peau pure et terrible, là où termine la soie et commence la femme, ce qui est lafemme femme, avec cette autre façon d'être douce, douce avec tremblement et réponse, pasdouce soie mais douce chaleur. Et il avait pensé à tout ça cette fois-là, dans une des raresoccasions où il l'avait vue, à une noce, dansant seule après le dîner, une brillante coupe dechampagne à la main, zigzaguant parmi les tables et les regards, amante, faisant tourner sa jupeentre tous les regards, amante, et rejetant d'un mouvement de la tête sa chevelure en arrière,brebis noire, petit chocolat noir, fatal chocolat à la liqueur. Et maintenant Tante Marta, enpantoufles et douce dans le silence de la nuit, Tante Marta, dont il avait entendu tant de fois qu'onla taxait de "cette cochonne", se faisait du souci pour lui qui était supposé dormir à l'étage,comme personne jusqu'à présent ne l'avait fait. Elle essayait de convaincre son père qu'au villageon ne s'occuperait pas bien de lui, que ce serait bien pour lui de quitter pour un bon bout detemps cette maison qui ne lui apporterait que des souvenirs et encore des souvenirs et pas un dejoyeux parce qu'à son âge ces choses sont encore plus terribles, quoique terribles elles le sontpour tout le monde, bien sûr, et il fallait voir pour ses études, se dominer et penser aux études dupauvre garçon, et près de chez moi se trouve l'école où va Inesita, par exemple, s'ils ne sont pasdans la même classe il ne doit pas y avoir grande différence, et c'est une école mixte, et lui, de lapièce du haut, a lu mixte, des filles de la ville, des filles pas comme Susana, pendant que la tanteMarta continuait à parler au salon, il commençait à griffer les murs de son étroit cachot, et côtéfinances en ce moment on dirait qu'elle va bien et l'appartement est grand et des choses commeça, monde qui s'effondre, se distraire un peu, l'esprit en déroute, surtout que le petit se distraieun peu.Tante Marta, l'amante qui dansait seule avec ses longs gants et le verre à la main, venue de laville immorale et lointaine, surgie du cinéma comme une déesse des eaux, opinait que le mieuxpour le gosse allait être pour le moment de partir avec elle et avec la cousine Inés, celle qui avaitété même si nul ne le savait, sa fiancée préférée de l'enfance, princesse du grenier, espièglecomme personne à l'heure de la sieste jusqu'à ce qu'elle cesse de venir l'été à partir du divorce deses parents et de tous ces ragots dont il fallait la protéger. Elle ne doit plus être l'enfant quidévorait des bandes dessinées et déchirait ses robes en grimpant dans les granges ni l'infirmièremalicieuse avec sa coiffe en papier à croix coloriée avec de la peinture Alpino qui menaçait demoucharder à quoi ils avaient joué, soutirant ainsi des images et des promesses, des billes et derougissants baisers. Aujourd'hui, sûr et certain, elle doit traverser la ville, rapide sur samotocyclette, illuminée par tous les réverbères et les néons du bord de la mer.La conversation terminée au rez de chaussée, le garçon resterait plusieurs heures les yeuxouverts dans le noir. Inés, dans son imagination, continuait à parcourir sans fin les rues nocturnesArtículo publicado en línea: 2007/07http://www.sens-public.org/article.php3?id_article=439© <strong>Sens</strong> <strong>Public</strong> | 9

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