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Processus d'élaboration des tests - CPASS - Université de Montréal

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Vol. 50, n° 1, 2004 AUTO-ÉVALUATION DES INTERNES EN NEUROCHIRURGIE 69d’un questionnaire anonyme portant sur les besoinsressentis par les internes, le Collège <strong><strong>de</strong>s</strong> Enseignants<strong>de</strong> Neurochirurgie a proposé la mise enplace d’une auto-évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants aucours <strong>de</strong> leur cursus [10]. En effet, il est apparu, àla lecture <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats <strong>de</strong> ce questionnaire, queles internes ressentaient, du fait <strong>de</strong> leur petit nombreet <strong>de</strong> leur éloignement géographique, le besoin<strong>de</strong> mesurer au cours <strong>de</strong> leur formation leurniveau d’expertise, tant par rapport aux autres internesque par rapport au niveau <strong>de</strong> connaissancesrequis en fin d’internat.L’intérêt d’une évaluation formative, c’est-à-direune évaluation qui vise à donner aux étudiants <strong><strong>de</strong>s</strong>informations quant à leur progression en cours <strong>de</strong>cursus est aujourd’hui largement reconnu [7, 12] :l’étudiant peut (sous la supervision <strong>de</strong> son tuteurdans le cas <strong>de</strong> la Neurochirurgie) reconnaître sespoints forts, mais aussi ses faiblesses, et recentrer sinécessaire ses apprentissages. En Neurochirurgie, leTCS est utilisé comme outil d’une évaluation formative,et non sanctionnelle. Par ailleurs, l’architecturedu test permet son utilisation dans le cadred’une auto-évaluation donnée sur Internet.En Neurochirurgie, il a été décidé, pour <strong><strong>de</strong>s</strong>questions <strong>de</strong> faisabilité, <strong>de</strong> limiter la taille <strong>de</strong> chaquetest <strong>de</strong> concordance <strong>de</strong> script à 30 unités, soit 90items, auxquelles l’interne doit répondre en uneheure au maximum. Le passage du test se fait parInternet, à partir du site du campus numérique <strong>de</strong>Neurochirurgie (www.campus-neurochirurgie.org).Un logiciel a été développé au préalable par le départementcommunication, audiovisuel et multimédia(DCAM) <strong>de</strong> l’Université Bor<strong>de</strong>aux-2. Leresponsable du test choisit initialement, dans la banque<strong>de</strong> questions, les 30 unités qu’il retiendra pour letest. Ce choix peut se faire par présentation clinique,par domaine <strong>de</strong> la spécialité, ou <strong>de</strong> façon aléatoire.L’étudiant accè<strong>de</strong> au site Internet en utilisantun i<strong>de</strong>ntifiant propre. Le score obtenu lui estindiqué à l’issue du test. Le test <strong>de</strong>vant être passépar l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> internes, le site reste accessiblependant une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps donnée (une semaine).Chacun peut se connecter, quand il le souhaite,pendant cette pério<strong>de</strong>. Cette possibilité <strong>de</strong>passer le test sur une pério<strong>de</strong> d’une semaine seulementa été décidée afin <strong>de</strong> permettre <strong>de</strong> présenterles résultats <strong>de</strong> chaque interne par rapport à l’ensembledu groupe, ainsi qu’à ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> autres internesplus ou moins avancés dans leur formation.LES ÉTAPES DE LA RÉALISATIONPREMIÈRE ÉTAPE : DÉFINITION DES DIFFÉRENTSDOMAINES DE LA SPÉCIALITÉLa population-cible et le domaine à évaluerétant connus, la première étape consistait en laTABLEAU I. — Liste <strong><strong>de</strong>s</strong> 18 domaines<strong>de</strong> Neurochirurgie.TABLE I. — The 18 domains of neurosurgery.1. Traumatologie : crâne2. Traumatologie : rachis3. Tumoral :crâne4. Tumoral :rachis5. Vasculaire : crâne6. Vasculaire : rachis7. Dégénératif8. Fonctionnel9. Pédiatrie10. Pathologie nerveuse périphérique11. Malformatif12. Hydrocéphalie13. Infections et parasitoses : crâne14. Infections et parasitoses : rachis15. Complications <strong>de</strong> la chirurgie16. Diagnostics non chirurgicaux17. Investigation18. Localisationdéfinition <strong><strong>de</strong>s</strong> différents domaines <strong>de</strong> la spécialité,c’est-à-dire <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> catégories diagnostiquesqui permettent <strong>de</strong> classer les items par étiologie(nosographie). Ce travail a été effectué par le bureaudu Collège, en janvier 2002. Quinze domainesont initialement été retenus. Nous avons étéamenés, dans un second temps, à ajouter troisnouveaux domaines (tableau I), ne rentrant dansaucun domaine <strong>de</strong> la spécialité mais fréquemmentretrouvés en clinique :— diagnostics non chirurgicaux (n° 16) : neurologiquesou rhumatologiques, la plupart dutemps,— investigation (n° 17) : il s’agit <strong>de</strong> questionsportant sur la stratégie d’investigation permettantd’arriver au diagnostic,— localisation (n° 18) : la localisation d’unelésion peut ne faire référence à aucun diagnostic.DEUXIÈME ÉTAPE : DÉFINITIONDES PRÉSENTATIONS CLINIQUESNous nous sommes attachés à définir les présentationscliniques considérées comme les plusreprésentatives <strong>de</strong> la Neurochirurgie.Les présentations cliniques qui <strong>de</strong>vaient êtreretenues ont été sélectionnées selon la métho<strong>de</strong>« PUIGE » : prévalence — urgence — interventionthérapeutique possible — gravité — exemplarité(c’est-à-dire valeur didactique).Trente-<strong>de</strong>ux présentations ont été retenues initialement; <strong>de</strong>ux ont été ajoutées secondairement(tableau II).


70 F. CAIRE et al. NeurochirurgieTABLEAU II. — Liste <strong><strong>de</strong>s</strong> présentations cliniques retenues.TABLE II. — Clinical presentations retained.1. Mouvements anormaux2. Troubles cognitifs3. Syndrome confusionnel4. Troubles <strong>de</strong> la vigilance et coma5. Main douloureuse insomniante6. Lombalgies et dorsalgies chroniques7. Lombo-radiculalgies8. Névralgie cervico-brachiale9. Algie faciale10. Céphalées11. Syndrome méningé12. Traumatisme crânien <strong>de</strong> l’enfant13. Traumatisme crânien <strong>de</strong> l’adulte14. Traumatisme rachidien15. Complications post-opératoires chez un opéré crânien ourachidien16. Paralysie faciale17. Hémiplégie18. Monoplégie19. Paraplégie et tétraplégie (hors traumatismes)20. Suivi d’une tumeur cérébrale21. Découverte fortuite d’une image au scanner22. Crise convulsive inaugurale23. « Un signe, une image » : corrélation radio-clinique24. Troubles <strong>de</strong> la vision et exophtalmie25. Surdité unilatérale et acouphènes26. Déformation crânio-faciale27. Anomalie du périmètre crânien28. Écoulement liquidien par le nez ou les oreilles29. Déformation rachidienne douloureuse30. Dysraphisme et anomalie <strong>de</strong> charnière31. Troubles sphinctériens32. Troubles <strong>de</strong> la marche et <strong>de</strong> la statique33. Tumeurs <strong>de</strong> la voûte du crâne34. AnosmieLes 4 à 5 hypothèses diagnostiques les pluspertinentes pour chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> présentations cliniquesont ensuite été définies. La définition <strong><strong>de</strong>s</strong>gestes cliniques, <strong>de</strong> la stratégie d’investigation et<strong>de</strong> la stratégie thérapeutique pour chaque présentationa été réalisée ultérieurement.TROISIÈME ÉTAPE : RÉDACTION DES TCSLa rédaction <strong><strong>de</strong>s</strong> vignettes cliniques et <strong><strong>de</strong>s</strong>items correspondants a été réalisée par <strong>de</strong>ux <strong><strong>de</strong>s</strong>auteurs entre mai et octobre 2002. Ce travail a étéréalisé au cours d’un préceptorat <strong>de</strong> pédagogie àl’Unité <strong>de</strong> Recherche et <strong>de</strong> Développement enÉducation <strong><strong>de</strong>s</strong> Sciences <strong>de</strong> la Santé (URDESS) <strong>de</strong>l’Université <strong>de</strong> Montréal.Pour chaque présentation clinique, ont été définis,dans la continuité <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux du Collège<strong><strong>de</strong>s</strong> Enseignants, les signes cliniques (confirmantou infirmant le diagnostic) qui doivent être recherchésà l’interrogatoire et à l’examen clinique,la stratégie d’investigation ainsi que les résultatsattendus <strong><strong>de</strong>s</strong> examens complémentaires, enfin lesschémas thérapeutiques envisageables.Le test <strong>de</strong> concordance <strong>de</strong> script est un outil en<strong>de</strong>venir ; il est donc apparu nécessaire <strong>de</strong> formaliserautant que possible les règles à suivre pour larédaction <strong><strong>de</strong>s</strong> unités. Ainsi, il a été décidé <strong>de</strong> travaillerexclusivement sur la base <strong><strong>de</strong>s</strong> trois formatsprésentés plus haut (vignettes diagnostiques, vignettesd’investigation, vignettes <strong>de</strong> traitement).Le nombre d’items a également été fixé à troispour les différentes unités, alors que la plupart<strong><strong>de</strong>s</strong> travaux réalisés jusqu’alors utilisaient unnombre variable d’items. En <strong>de</strong>hors d’un souciévi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> lisibilité, nous espérions ainsi faciliterle travail d’interprétation <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats du test.Nous avons relevé quatre difficultés particulièresau cours <strong>de</strong> la rédaction <strong><strong>de</strong>s</strong> vignettes et <strong><strong>de</strong>s</strong>items :1) Le TCS est utilisable pour l’exploration <strong>de</strong>problèmes cliniques mal définis. Il est intéressantdans <strong><strong>de</strong>s</strong> cas où existe un certain <strong>de</strong>gré d’incertitu<strong>de</strong>,c’est-à-dire lorsque les données à la dispositiondu clinicien sont incomplètes ou ambiguës.Cela exclut toutes les questions (notamment cliniques)auxquelles on peut répondre par « oui » ou« non ». De telles questions sont du ressortd’autres mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d’évaluation, notamment lesQCM. Tous les cas pour lesquels il existait une solutionobjective et consensuelle ont donc été éliminés.2) Le TCS ne permet pas d’explorer <strong><strong>de</strong>s</strong> présentationscliniques très inhabituelles ou atypiques :le clinicien, n’ayant pas rencontré auparavant <strong><strong>de</strong>s</strong>ituation similaire, ne peut pas faire appel à <strong><strong>de</strong>s</strong>scripts, c’est-à-dire à <strong><strong>de</strong>s</strong> réseaux <strong>de</strong> connaissancesdéjà organisées [4]. On sait d’ailleurs que, quelque soit le mo<strong>de</strong> d’évaluation, les questions lesplus difficiles ne sont pas les plus discriminantes.3) Nous avons relevé une relative difficultéd’écriture <strong><strong>de</strong>s</strong> vignettes diagnostiques faisant appelà <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments cliniques strictement neurochirurgicaux.En effet, ces vignettes font intervenir trèslargement <strong><strong>de</strong>s</strong> diagnostics différentiels neurologiqueset rhumatologiques. Un diagnostic n’estqu’exceptionnellement neurochirurgical d’emblée,et une vignette d’orientation diagnostiquepeut très facilement ne comporter que <strong><strong>de</strong>s</strong> diagnosticsneurologiques. Ce problème est toutefoisprobablement spécifique <strong>de</strong> la Neurochirurgie, etnon transposable à d’autres spécialités.4) L’estimation du niveau <strong>de</strong> difficulté <strong><strong>de</strong>s</strong>items au cours <strong>de</strong> leur rédaction reste un <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmesmajeurs. Il est en effet délicat d’estimer apriori quel est le <strong>de</strong>gré d’expertise requis pour résoudretel ou tel item. Le risque récurrent est <strong>de</strong>rédiger un item non discriminant parce que tropfacile ou trop difficile. Seule l’analyse docimologiquea posteriori permet d’éliminer <strong>de</strong> tels items.


72 F. CAIRE et al. NeurochirurgieSIXIÈME ÉTAPE : CONSTRUCTION DES GRILLESDE RÉPONSECette <strong>de</strong>rnière étape a pu être réalisée lors ducolloque annuel du Collège <strong><strong>de</strong>s</strong> Enseignants <strong>de</strong>Neurochirurgie, en janvier 2003. Dix-neuf expertsont été répartis en trois groupes, chacun ayant encharge la cotation <strong>de</strong> 78 unités. Les experts ontpassé les <strong>tests</strong> dans les mêmes conditions que lesétudiants, leurs réponses permettant d’établir lagrille <strong>de</strong> correction selon le modèle décrit plus haut.CONCLUSIONLe test <strong>de</strong> concordance <strong>de</strong> script est un outildocimologique novateur, permettant d’évaluerle raisonnement clinique en contexte d’incertitu<strong>de</strong>,c’est-à-dire lorsque le clinicien ne disposepas <strong>de</strong> toutes les données permettant la résolutiondu problème. En Neurochirurgie, le TCSest utilisé comme instrument d’évaluation formative,<strong><strong>de</strong>s</strong>tiné aux internes DES et DIS. Il permetà l’étudiant <strong>de</strong> se situer par rapport à laréférence que constitue le panel d’experts, maisaussi par rapport aux autres étudiants, <strong>de</strong> mêmeniveau ou <strong>de</strong> niveaux différents. Il permet surtoutà chacun <strong>de</strong> suivre sa propre évolution aucours <strong>de</strong> son cursus, pour les différents domaines<strong>de</strong> la spécialité. Son informatisation sur lesite du campus numérique <strong>de</strong> Neurochirurgie luiconfère, par ailleurs, une gran<strong>de</strong> souplesse <strong>de</strong>mise en œuvre et d’utilisation.Le travail qui a été réalisé a permis la mise enplace du cadre <strong>de</strong> cette nouvelle évaluation, ainsique la rédaction d’une première série d’unités. Unpremier test <strong>de</strong> concordance <strong>de</strong> script composé <strong>de</strong>30 unités portant sur trois domaines différents aainsi pu être organisé au cours d’une Journée Nationaled’Enseignement.L’implication <strong>de</strong> la communauté neurochirurgicaledans ce projet est indispensable, pour en assurerla pérennité et la diffusion, mais aussi laqualité, en permettant la rédaction <strong>de</strong> nouvellesquestions.Remerciements. — Deux <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs ont bénéficié <strong>de</strong>bourses du Collège <strong>de</strong> Enseignants <strong>de</strong> Neurochirurgiepour réaliser ce travail.RÉFÉRENCES[1] BORDAGE G. Elaborated knowledge : a key to successfuldiagnostic thinking. Acad Med 1994 ; 69 : 883-5.[2] BRAILOVSKI C, CHARLIN B, BEAUSOLEIL S, COTE S,VAN DER VLEUTEN C. Measurement of clinical reflectivecapacity early in training as a predictor of clinicalreasoning performance at the end of resi<strong>de</strong>ncy : anexperimental study on the script concordance test. MedEduc 2001 ; 35 : 430-6.[3] CHARLIN B, BORDAGE G, VAN DER VLEUTEN C. L’évaluationdu raisonnement clinique. Pédagogie Médicale2003 ; 4 : 42-52.[4] CHARLIN B, TARDIF J, BOSHUIZEN HP. Scripts andmedical diagnostic knowledge : theory and applicationsfor clinical reasoning instruction and research. AcadMed 2000 ; 75 : 182-90.[5] CHARLIN B, VAN DER VLEUTEN C. Standardized assessementin context of uncertainty : the script concordanceapproach. Evaluation and the health professions.Submitted, July 2003.[6] CHARLIN B, GAGNON R, SIBERT L, VAN DER VLEUTENC. Le test <strong>de</strong> concordance <strong>de</strong> script, un instrumentd’évaluation <strong>de</strong> raisonnement clinique. PédagogieMédicale 2002 ; 3(3) : 136-144.[7] CROSSLEY J, HUMPHRIS G, JOLLY B. Assessing healthprofessionals. Med Educ 2002 ; 36 : 800-5.[8] LEGENDRE R. Dictionnaire actuel <strong>de</strong> l’éducation.1 re édition. Paris : Larousse, 1988.[9] LLORCA G, ROY P, RICHE B. Evaluation <strong>de</strong> la résolution<strong>de</strong> problèmes cliniques mal définis en éthique clinique: variation <strong><strong>de</strong>s</strong> scores selon les métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>correction et les caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> jurys. PédagogieMédicale 2003 ; 4(2) : 80-88.[10] MOREAU JJ. Améliorer la formation en Neurochirurgie.Neurochirurgie 2002 ; 48 : 307-8.[11] SCHMIDT HG, NORMAN GR, BOSHUIZEN HP. A cognitiveperspective on medical expertise : theory andimplication. Acad Med 1990 ; 65 : 611-21.[12] WASS V, VAN DER VLEUTEN C, SHATZER J, JONES R.Assessment of clinical competence. Lancet 2001 ; 357 :945-9.

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