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Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.Marc GjidaraProfesseur émérite de l’Université Panthéon-Assas (Paris-2)LE CONTRÔLE DES ACTES DES AUTORITÉS LOCALESPAR LES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS EN FRANCEUDK: 35 (44)Primljeno: 22.11.2010.Izvorni znanstveni radPrispitivanje načina djelovanja države i obnavljanje javne politike su, izazvali napetost na poljuprimjene javnog prava i na području nad<strong>le</strong>žnosti upravnog suca ili su, jednostavno, izazvali povećanjebroja upravnih sporova. Ova promjena osjeća se i na području jedinica lokalne samouprave (regije,de<strong>par</strong>tmani, općine, prekomorske jedinice lokalne samouprave ili jedinica s posebnim statusom...)čije se nad<strong>le</strong>žnosti i ovlasti odlučivanja stalno povećavaju.Ključne riječi: Kontrola akata lokalnih vlasti, upravni sudoviLe mouvement de décentralisation qui s’est développé en France au cours <strong>des</strong>dernières décennies est allé de pair avec la réaffirmation de la nécessité de l’Etatde droit. La proclamation de la libre administration <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>ss’est aussi accompagnée du rappel du principe selon <strong>le</strong>quel il n’y a pas de libertésans contrô<strong>le</strong>. La promotion de la libre administration loca<strong>le</strong> ne peut se faire sanscontre<strong>par</strong>tie, au nom <strong>des</strong> autres principes fondamentaux que sont : l’unité nationa<strong>le</strong>,l’indivisibilité de la République, la continuité de l’Etat et <strong>des</strong> services publics,l’égalité dans l’accès aux fonctions publiques et devant <strong>le</strong>s services publics, laneutralité politique <strong>des</strong> fonctions publiques y compris au plan local.Toutefois, la loi du 2 mars 1982 sur <strong>le</strong>s droits et libertés <strong>des</strong> communes, <strong>des</strong>dé<strong>par</strong>tements et <strong>des</strong> régions, a opéré une mutation du contrô<strong>le</strong> en supprimantla tutel<strong>le</strong> exercée jusque là a priori <strong>par</strong> <strong>le</strong>s autorités de l’Etat sur <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> <strong>des</strong>col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s 1 . La décentralisation s’est traduite <strong>par</strong> un transfert croissantd’attributions de l’Etat à <strong>des</strong> entités juridiquement distinctes et disposantd’une réel<strong>le</strong> autonomie de gestion. L’autre innovation réside dans <strong>le</strong> caractèreimmédiatement exécutoire <strong>des</strong> <strong>actes</strong> émanant <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s. Compte tenudu réel pouvoir conféré aux élus locaux, certains ont <strong>par</strong>fois surestimé la portéedu principe constitutionnel de libre administration loca<strong>le</strong>, l’invoquant même pour1Dans <strong>le</strong> système antérieur, <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités décentralisées n’étaient exécutoires qu’après undélai de 15 jours suivant <strong>le</strong>ur transmission au représentant de l’Etat qui, selon <strong>le</strong>s cas, exerçait un pouvoird’annulation, de substitution ou d’approbation préalab<strong>le</strong>. Ce contrô<strong>le</strong> de tutel<strong>le</strong>, qui devait se fonder surun texte, était aussi strictement interprété <strong>par</strong> <strong>le</strong> juge administratif saisi d’un recours pour excès de pouvoircontre <strong>le</strong>s décisions de l’autorité de tutel<strong>le</strong>, qui pouvait même voir sa responsabilité engagée en cas defaute lourde dans l’exercice du contrô<strong>le</strong> (sur ces points : CE, 18 avril 1902, Commune de Néris-<strong>le</strong>s-Bainset C.E., 29 mars 1946, Caisse dé<strong>par</strong>tementa<strong>le</strong> d’assurances de Meurthe-et-Mosel<strong>le</strong>).551


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.tenter de s’affranchir <strong>des</strong> règ<strong>le</strong>s définies <strong>par</strong> l’Etat et son législateur 2 . Le contrô<strong>le</strong>étant <strong>le</strong> complément indispensab<strong>le</strong> <strong>des</strong> responsabilités confiées aux élus locaux, laloi du 2 mars 1982 a posé quelques garde-fous en prévoyant un contrô<strong>le</strong> exercé aposteriori 3 , car la libre administration loca<strong>le</strong> ne doit pas porter atteinte au principede primauté de l’Etat 4 . Il ap<strong>par</strong>tient aux juges et notamment au juge administratif,d’éviter que l’Etat de droit soit « dilué » dans la décentralisation 5 . En application del’artic<strong>le</strong> 72 de la constitution, la loi du 2 mars 1982 confie aux préfets l’exercice ducontrô<strong>le</strong> de légalité <strong>des</strong> <strong>actes</strong> locaux, en <strong>le</strong>ur donnant compétence pour déférer aux<strong>tribunaux</strong> administratifs <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s qu’ils estiment illégaux 6 .Le contrô<strong>le</strong> de légalité se fonde donc sur trois grands principes :- il s’exerce sur <strong>des</strong> <strong>actes</strong> ayant déjà force exécutoire ;- il ne porte que sur la légalité et non sur l’opportunité <strong>des</strong> <strong>actes</strong> ;- si <strong>le</strong> préfet invoque l’illégalité, seul <strong>le</strong> juge a <strong>le</strong> pouvoir d’annu<strong>le</strong>r.Désormais, seu<strong>le</strong> une autorité juridictionnel<strong>le</strong> exerce <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de légalité, tant<strong>des</strong> <strong>actes</strong> locaux que <strong>des</strong> mesures prises au nom de l’Etat pour engager <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong>de légalité. La volonté du législateur a été de remplacer un contrô<strong>le</strong> a priori exercé<strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet <strong>par</strong> un contrô<strong>le</strong> a posteriori exercé <strong>par</strong> <strong>le</strong> juge administratif 7 .Sans être au cśur de la décentralisation, <strong>le</strong> juge administratif n’en est pas moinsl’un <strong>des</strong> principaux régulateurs. Cela se confirme à travers l’étude d’une <strong>par</strong>t <strong>des</strong>mécanismes procéduraux du contrô<strong>le</strong> (I) et d’autre <strong>par</strong>t de sa pratique effective(II).2Voir <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s Rapports du Médiateur de la République pour <strong>le</strong>s années 1991 et 1992.3La loi du 2 mars 1982 n’a donc pas supprimé <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s mais <strong>le</strong>s a organisés autrement. L’artic<strong>le</strong>72 de la constitution dispose, que <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s « s’administrent librement … dans <strong>le</strong>s conditionsprévues <strong>par</strong> la loi ». C’est donc la loi – et el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> – qui fixe <strong>le</strong>s modalités selon <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l’Etat peutexercer son contrô<strong>le</strong>.4Dans sa décision du 25 février 1982, sur la loi relative aux droits et libertés <strong>des</strong> communes, <strong>des</strong>dé<strong>par</strong>tements et <strong>des</strong> régions, <strong>le</strong> Conseil Constitutionnel déclare : « Si la loi peut fixer <strong>le</strong>s conditions dela libre administration <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s, c’est sous réserve qu’el<strong>le</strong> respecte <strong>le</strong>s prérogatives del’Etat ». Ce principe a été réaffirmé <strong>par</strong> <strong>le</strong> Conseil d’Etat : ex. C.E., 18 novembre 2005, Société fermièrede Campoloro et autres.5Expression utilisée dans un artic<strong>le</strong> du journal Le Monde du 13 avril 1996.6L’artic<strong>le</strong> 72 de la Constitution dispose, que « Dans <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s de la République,<strong>le</strong> représentant de l’Etat, représentant de chacun <strong>des</strong> membres du gouvernement, a la charge <strong>des</strong> intérêtsnationaux, du contrô<strong>le</strong> administratif et du respect <strong>des</strong> lois ». Des textes de lois (notamment cel<strong>le</strong> du 13 août2004 sur <strong>le</strong>s libertés et <strong>le</strong>s responsabilités loca<strong>le</strong>s) codifiées au Code Général <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s,complètent <strong>le</strong>s dispositions constitutionnel<strong>le</strong>s. Une jurisprudence fournie s’ajoute au cadre juridique dans<strong>le</strong>quel s’exerce <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de légalité : ex. C.E., 28 février 1997, Commune du Port, qui rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong>fondement constitutionnel du déféré préfectoral.7Le contrô<strong>le</strong> de légalité s’exerce en <strong>par</strong>allè<strong>le</strong> avec d’autres contrô<strong>le</strong>s : celui <strong>des</strong> Chambres régiona<strong>le</strong>s<strong>des</strong> Comptes et celui du juge répressif. La loi du 2 mars 1982, complétée <strong>par</strong> cel<strong>le</strong> du 22 juil<strong>le</strong>t 1982,unifie <strong>le</strong> régime <strong>des</strong> contrô<strong>le</strong>s. Alors que dans <strong>le</strong> système antérieur, celui de la tutel<strong>le</strong>, la décision fina<strong>le</strong>ap<strong>par</strong>tenait à une autorité administrative (préfet ou trésorier payeur général dans <strong>le</strong> domaine financier),seu<strong>le</strong> une autorité juridictionnel<strong>le</strong> peut annu<strong>le</strong>r une décision loca<strong>le</strong> en matière administrative.552


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.I - LES MÉCANISMES PROCÉDURAUX MIS EN PLACE POUR LECONTRÔLE DE LÉGALITÉ DES ACTES LOCAUXL’édiction d’un acte juridique est la marque <strong>des</strong> pouvoirs détenus <strong>par</strong> <strong>le</strong>s éluslocaux. Mais cet acte reste soumis au contrô<strong>le</strong> du représentant de l’Etat, qui enapprécie la conformité à la loi et peut en provoquer l’annulation <strong>par</strong> <strong>le</strong> juge.Le contrô<strong>le</strong> de légalité s’applique à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>set de <strong>le</strong>urs établissements publics 8 , ainsi qu’à l’ensemb<strong>le</strong> de <strong>le</strong>urs <strong>actes</strong> ayantun caractère de droit public 9 , et pris dans l’exercice <strong>des</strong> compétences propres del’autorité loca<strong>le</strong> et n’agissant pas au nom de l’Etat 10 .§ 1. La distinction entre <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> soumis à transmission obligatoire et <strong>le</strong>s<strong>actes</strong> non soumis à cette obligationL’entrée en vigueur <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités décentralisées sont exécutoires dep<strong>le</strong>in droit, mais dans <strong>des</strong> conditions qui varient, en fonction d’une distinctionopérée <strong>par</strong> la loi du 22 juil<strong>le</strong>t 1982, reprise <strong>par</strong> <strong>le</strong> CGCT. Celui-ci précise en effet(dans ses artic<strong>le</strong>s L 2131-1, L 3131-1 et L 4141-1, à propos <strong>des</strong> communes, <strong>des</strong>dé<strong>par</strong>tements et <strong>des</strong> régions), que <strong>le</strong>urs <strong>actes</strong> sont exécutoires de p<strong>le</strong>in droit :- s’ils ont été publiés dans <strong>le</strong> cas d’<strong>actes</strong> de portée généra<strong>le</strong>,- s’ils ont été notifiés lorsqu’il s’agit d’<strong>actes</strong> individuels,- et s’ils ont été transmis au représentant de l’Etat.Les <strong>actes</strong> qui ne sont soumis qu’aux formalités de publication ou de notificationet exécutoires de p<strong>le</strong>in droit, concernent la gestion courante <strong>des</strong> services oul’administration interne de la col<strong>le</strong>ctivité.8Ainsi <strong>le</strong>s établissements publics de coopération intercommuna<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s établissements publics locauxd’enseignement ou de santé. Certaines personnes mora<strong>le</strong>s sont exclues du contrô<strong>le</strong> de légalité. Les Sociétésd’Economie Mixte sont soumises à un contrô<strong>le</strong> spécifique (loi du 7 juil<strong>le</strong>t 1983 et art. L 1521-1, L 1522-1,L. 1523-2 et - 4, L. 1524-1 et - 2 du CGCT), <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de légalité s’exerçant cependant de manièreindirecte (en vertu de la théorie <strong>des</strong> <strong>actes</strong> détachab<strong>le</strong>s) sur <strong>le</strong>s délibérations <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>sprocédant à <strong>le</strong>ur création, fixant <strong>le</strong> montant de la <strong>par</strong>ticipation au capital social, approuvant <strong>le</strong>s statuts,ainsi que sur <strong>le</strong>s conventions, marchés et contrats passés entre col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s et SEML. Toutesces décisions devant être transmises en préfecture sont susceptib<strong>le</strong>s d’être déférées au juge administratif.Il en va de même <strong>des</strong> décisions prises <strong>par</strong> <strong>le</strong>s SEML dans l’exercice de prérogatives de puissance publique.Sont éga<strong>le</strong>ment exclues du champ d’application du contrô<strong>le</strong> de légalité, <strong>le</strong>s associations syndica<strong>le</strong>s depropriétaires, y compris lorsqu’une col<strong>le</strong>ctivité loca<strong>le</strong> en fait <strong>par</strong>tie, ainsi que <strong>le</strong>s associations foncièresde remembrement.9Sont donc exlus du contrô<strong>le</strong> de légalité <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> (notamment <strong>le</strong>s contrats) de droit privé, commeceux pris pour la gestion <strong>des</strong> biens re<strong>le</strong>vant du domaine privé de la col<strong>le</strong>ctivité, et qui ne sont affectés nià l’usage du public, ni à un service public. Mais <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> détachab<strong>le</strong>s comme la délibération acceptant ourefusant de louer ou vendre, ou encore <strong>le</strong> procès-verbal d’adjudication d’un bien du domaine privé, sontsoumis au contrô<strong>le</strong> de légalité, car ils constituent <strong>des</strong> <strong>actes</strong> administratifs (C.E., 19 décembre 1994, Sociétéde chasse en forêt de Seil<strong>le</strong> et Mosel<strong>le</strong> ; C.E., 6 avril 1998, Communauté urbaine de Lyon ; C.E., 12 juin1998, M. Grein). Il en va de même <strong>des</strong> <strong>actes</strong> pris pour la gestion <strong>des</strong> services publics placés sous un régimede droit privé (à caractère industriel et commercial), ou concédés ou affermés.10Sont éga<strong>le</strong>ment exclus du contrô<strong>le</strong> de légalité, mais soumis au contrô<strong>le</strong> hiérarchique impliquant unpouvoir de substitution (art. L 2122-34 du CGCT), <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> pris <strong>par</strong> <strong>le</strong> maire au nom de l’Etat (en vertu<strong>des</strong> artic<strong>le</strong>s L 2131-4, L 3131-5 et L 4141-5 du CGCT), ou pris en sa qualité d’officier de police judiciaire(art. L 2122-31 du CGCT), ou comme officier d’état-civil (art. L 2122-32 du CGCT), ou à divers autrestitres (art. L 2122-28 et 2122-30 du CGCT).553


terena compendium of research and education networking in europe/contentsContentsIntroduction 6Summary of key findings 81. Basic Information 111.1 NRENS that have responded to the questionnaire 111.2 Legal form of NRENs 142. Users/clients 192.1 Overview 192.2 Connection policies 252.3 Acceptab<strong>le</strong> Use Policies 272.4 Uptake of IPv6 302.5 Number of connected Universities and bandwidth 332.6 Number of connected secondary schools and bandwidth 372.7 Number of connected primary schools and bandwidth 392.8 Percentage of schools connected to the NREN 403. Network 433.1 Overview 433.2 Core capacity on the network 453.3 Exptected change in the core capacity in two years’ time 493.4 Core network size 513.5 Total external links 523.6 Dark fi bre 544. Traffic 574.1 Overview 574.2 Incoming and outgoing external traffi c 614.3 Traffi c load 624.4 Congestion 654


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.- pour <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> d’urbanisme (permis de construire et autres <strong>actes</strong> relatifs àl’utilisation du sol, certificats d’urbanisme ou de conformité) ;- pour <strong>le</strong>s conventions relatives aux marchés, aux emprunts, aux délégationsde services publics, et aux contrats de <strong>par</strong>tenariats (loi du 20 décembre 2007,art. 3).Des dispositions spécia<strong>le</strong>s concernent <strong>le</strong>s régions 13 , l’Outre-Mer 14 , <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s àstatut <strong>par</strong>ticulier (Paris-Lyon-Marseil<strong>le</strong>) 15 , la Corse 16 , <strong>le</strong>s Etablissements Publicslocaux 17 , <strong>le</strong>s Etablissements d’enseignement 18 . Les groupements d’intérêt publicconnaissent éga<strong>le</strong>ment un régime spécifique : en l’absence d’un statut uniforme,l’obligation de transmission et <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de légalité <strong>le</strong>s concernant sont prévusdans l’acte constitutif ou dans <strong>des</strong> textes <strong>par</strong>ticuliers 19 . Les établissements publicsde santé sont soumis au contrô<strong>le</strong> de légalité selon <strong>des</strong> modalités <strong>par</strong>ticulièresdéfinies <strong>par</strong> <strong>le</strong> Code de la Santé Publique (art. L 6141-1 et suivants). En vertude l’artic<strong>le</strong> L 6143-4 (modifié <strong>par</strong> la loi du 21 juil<strong>le</strong>t 2009) <strong>le</strong> directeur généralde l’Agence Régiona<strong>le</strong> de Santé exerce <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de légalité (à l’exception <strong>des</strong>marchés publics qui y sont soustaits, mais <strong>le</strong>s baux emphytéotiques et <strong>le</strong>s contratsde <strong>par</strong>tenariat y restent soumis).Des mesures d’allègement du nombre d’<strong>actes</strong> soumis à transmission sontintervenues, permettant aux préfectures de se concentrer sur <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> <strong>le</strong>s plusimportants, dans un contexte de comp<strong>le</strong>xité croissante du droit. Mais <strong>le</strong> transfertde nouveaux domaines d’action vient contrarier cet effort de simplification etd’allègement 20 . Cela exige de nouveaux efforts de rationalisation et d’améliorationdu contrô<strong>le</strong> de légalité qui seront évoqués ultérieurement (transmission <strong>des</strong> <strong>actes</strong>sous forme dématérialisée, intervention en amont et fixation de priorités).2°/ Les modalités de la transmissionLes <strong>actes</strong> soumis à la transmission obligatoire ne sont pas exécutoires avantl’accomplissement de cette opération 21 . Si <strong>le</strong> défaut de transmission n’entache pasforcément l’acte local d’irrégularité, on a vu que son entrée en vigueur prématurée13Leur budget est adopté selon la procédure prévue à l’art. L 4311-1-1 du CGCT.14Art. 68-21 et 68-22 du Code minier et art. L 4433-15-1 du CGCT.15Art. L 2511-23 du CGCT.16Art. L 4142-1 à L 4142-4 du CGCT.17Art. L 2131-12, L 3241-1 et L 4261-1 du CGCT, ainsi que <strong>le</strong>s art. L 2122-22, L 3211-2, L 5211-2du même Code.18Art. L 421-11 à L 421-14 du Code de l’Education.19Art. L 6115-4 et L 6115-5 du Code de la Santé Publique pour <strong>le</strong>s Agences Régiona<strong>le</strong>s d’Hospitalisation ;art. L 2131-1 et suivants du CGCT pour <strong>le</strong>s Groupements d’Intérêt Public de Développement Local (art.22 de la loi d’orientation pour l’Aménagement et <strong>le</strong> Développement du Territoire du 4 Février 1995).20Le nombre d’<strong>actes</strong> transmis est passé de 5.182.000 en 1993 à 7.735.473 en 2003. Le pourcentage<strong>des</strong> <strong>actes</strong> transmis varie de 38,20 % (2001) et 35,60 % (en 2003) pour <strong>le</strong>s délibérations, à 6,28 % (2001)et 6,34 % (en 2003) pour <strong>le</strong>s comman<strong>des</strong> publiques, et 9,65 % (en 2001) à 10,40 % (en 2003) en matièred’urbanisme.21C.E., 10 janvier 1992, Association <strong>des</strong> usagers de l’eau de Peyre<strong>le</strong>au.555


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.faire communiquer à tout moment <strong>des</strong> <strong>actes</strong> ne figurant pas dans la liste <strong>des</strong> <strong>actes</strong>soumis à transmission, a été reconnu <strong>par</strong> la loi du 13 août 2004 sur <strong>le</strong>s libertés et<strong>le</strong>s responsabilités loca<strong>le</strong>s 29 .Ce pouvoir peut donc s’exercer à l’égard <strong>des</strong> <strong>actes</strong> exclus de la transmissionobligatoire : qu’il s’agisse de décisions ayant une portée généra<strong>le</strong> ou individuel<strong>le</strong>30, d’une convention relative à un marché 31 , d’un contrat administratif 32 , ou mêmed’une décision implicite 33 . Plus généra<strong>le</strong>ment encore, <strong>le</strong> préfet peut exercer cetteprérogative pour toute décision « révélée », déduite d’un comportement 34 , oud’une mesure d’exécution anorma<strong>le</strong>ment tardive éloignée de la décision initia<strong>le</strong>,alors que <strong>des</strong> changements de circonstances de fait ou de droit sont intervenus dansl’interval<strong>le</strong> et que <strong>le</strong> retard à exécuter est imputab<strong>le</strong> à l’auteur de l’acte 35 . Cela vautéga<strong>le</strong>ment pour tous <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> à caractère administratif émanant d’établissementspublics.§ 2. Le dérou<strong>le</strong>ment de la procédure et <strong>le</strong> <strong>par</strong>tage <strong>des</strong> rô<strong>le</strong>sLe contrô<strong>le</strong> de légalité sur <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> locaux s’exerce dans <strong>le</strong> cadre de la législationet du droit existants. L’objet de ce contrô<strong>le</strong> est donc d’assurer d’une <strong>par</strong>t <strong>le</strong> respectde la légalité <strong>par</strong> <strong>le</strong>s administrations loca<strong>le</strong>s et d’autre <strong>par</strong>t la sécurité juridique <strong>des</strong>citoyens. C’est pourquoi, <strong>le</strong> législateur a organisé ce contrô<strong>le</strong> de manière à tenterd’abord d’obtenir la réformation ou <strong>le</strong> retrait de l’acte entaché d’illégalité, et c’estseu<strong>le</strong>ment si l’autorité loca<strong>le</strong> ne prend pas <strong>le</strong>s mesures nécessaires pou y remédierque <strong>le</strong> préfet « défère » au juge l’acte litigieux. Pour sa <strong>par</strong>t, <strong>le</strong> juge ne peutqu’annu<strong>le</strong>r l’acte illégal, qui dis<strong>par</strong>aît, ses effets éventuels étant rétroactivementeffacés. Le juge rétablit ainsi l’ordre légal, en se plaçant à la date où l’acte illégal estintervenu. Cela exclut que <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> soient censurés pour inopportunité, et il revientà l’administration loca<strong>le</strong> concernée de tirer <strong>le</strong>s conséquences de l’annulation, et <strong>des</strong>ubstituer un acte légal à celui qui a été déclaré illégal.La fonction pédagogique qui consiste à dire <strong>le</strong> droit revenant essentiel<strong>le</strong>mentau Conseil d’Etat, c’est aussi à lui qu’il ap<strong>par</strong>tient d’unifier <strong>le</strong> régime du contrô<strong>le</strong>,notamment en définissant <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> respectif du représentant de l’Etat et du tribunaladministratif dans <strong>le</strong> fonctionnement du système.29Art. 140 de la loi et art. L 2131-3, L 3131-4 et L 4141-4 du CGCT.30Par exemp<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s sanctions disciplinaires mineures (avertissements, blâmes, etc…), <strong>le</strong>s avancementsd’échelon, <strong>le</strong>s mesures concernant <strong>le</strong>s agents saisonniers ou occasionnels, <strong>le</strong>s mesures de policeadministrative relatives à la circulation et au stationnement, <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> intéressant la gestion courante <strong>des</strong>services.31C.E., 26 juil<strong>le</strong>t 1991, Commune de Sainte-Marie de la Réunion.32C.E., 4 novembre 1994, Dé<strong>par</strong>tement de la Sarthe ; C.E., 14 mars 1997, Dé<strong>par</strong>tement <strong>des</strong> Alpes-Maritimes.33C.E., 28 février 1997, Commune du Port (précité).34C.E., 20 mars 1974, Association de sauvegarde <strong>des</strong> intérêts de Saint-Martin du Touch : lorsqu’uneautorité administrative passe un contrat, il faut supposer qu’une décision préalab<strong>le</strong> a dû être prise en vuede contracter.35En ce cas, <strong>le</strong> juge ne retient pas la décision initia<strong>le</strong> (même devenue définitive) et considère qu’unedécision nouvel<strong>le</strong> est constituée (substituée à la décision initia<strong>le</strong>) et révélée <strong>par</strong> la mise à exécution : pourune illustration jurisprudentiel<strong>le</strong> récente, C.E., 19 avril 1998, Mme Nsondé.557


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.A - La phase préliminaire : <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du représentant de l’étatLe représentant de l’Etat, à <strong>par</strong>tir du moment où un acte lui a été transmis,dispose d’un délai de 2 mois pour en examiner la légalité. Il n’a lui-même, en cecas, aucun pouvoir d’annulation, d’approbation ou de substitution 36 . Plusieurssituations peuvent se présenter.1°/ L’acte examiné n’est pas entaché d’illégalitéSi après examen, l’acte n’ap<strong>par</strong>aît entaché d’aucune illégalité, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong>prend fin. Si l’auteur de l’acte lui en fait la demande, <strong>le</strong> représentant de l’Etatpeut l’informer de son intention de ne pas saisir <strong>le</strong> tribunal administratif 37 . Maisce « certificat de non recours », pour <strong>le</strong>quel aucun délai ni aucune sanction nesont prévus, n’équivaut pas à un « brevet de légalité » et n’interdit pas une actioncontentieuse ultérieure 38 . Le préfet peut toujours, dans <strong>le</strong> délai de deux moisreconsidérer sa position, procéder à un nouvel examen et saisir <strong>le</strong> tribunal.Lorsqu’un « certificat de non recours » est établi, il doit être motivé <strong>par</strong>référence aux éléments communiqués et réserver <strong>le</strong> cas où un recours pourraitintervenir à la demande d’une personne lésée.2°/ L’acte est entaché d’une illégalité que son auteur accepte de corrigerSi <strong>le</strong> représentant de l’Etat relève une irrégularité , il peut se contenter d’adresserses observations à l’autorité loca<strong>le</strong>, en lui indiquant <strong>le</strong>s moyens d’y remédier. Cette« <strong>le</strong>ttre d’observation » s’analyse comme un recours gracieux, tendant à obtenir -selon que l’acte est <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>ment ou tota<strong>le</strong>ment illégal - soit sa modification, soitson retrait 39 . Si l’autorité <strong>des</strong>tinataire accepte de corriger l’illégalité, il y a lieu àune nouvel<strong>le</strong> transmission de l’acte modifié.3°/ L’acte illégal n’est pas régularisé : l’exercice du déféré préfectoralSi l’acte illégal n’a été ni modifié, ni retiré, ni abrogé, <strong>le</strong> déféré peut être exercésoit d’office <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet, soit à la demande de toute personne lésée. Mais dans <strong>le</strong>sdeux cas la procédure est la même.a) Le déféré préfectoral spontané36Sauf dans <strong>des</strong> cas <strong>par</strong>ticuliers, pour <strong>le</strong>s pouvoirs exercés <strong>par</strong> l’autorité loca<strong>le</strong> au nom de l’Etat etdans certaines conditions pour <strong>le</strong>s pouvoirs de police administrative: ces situations sont réglées <strong>par</strong> <strong>le</strong>s art.L 2215 - 1, L 2131-5, L 3221-4 et L 3221-5 du CGCT.37Conformément aux art. L 2131-6, L 3132-1 et L 4142 du CGCT, un certificat dans ce sens peut êtredélivré selon <strong>le</strong> cas, au maire, au président du Conseil Général, au président du Conseil régional.38Le préfet peut <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> être amené, à la demande d’une personne lésée, à reconsidérer sa positionet saisir <strong>le</strong> tribunal. En outre, rien n’empêche un <strong>par</strong>ticulier d’exercer, lui-même et directement, un recourspour excès de pouvoir conformément aux règ<strong>le</strong>s de droit commun.39C.E., 31 mars 1989, Commune de Septèmes-<strong>le</strong>s-Vallons.558


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.C’est la situation la plus fréquente, dès lors que <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> opéré sur l’actelocal en constate l’illégalité 40 .Si <strong>le</strong> préfet envisage de saisir <strong>le</strong> tribunal, la loi prévoit qu’il doit en informerl’autorité loca<strong>le</strong> en lui précisant <strong>le</strong>s illégalités entachant l’acte concerné. Il acependant été jugé que <strong>le</strong> non-respect de cette information <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet, n’estpas un motif d’irrecevabilité du recours contentieux, (C.E., 24 avril 1985, Vil<strong>le</strong>d’Aix-en-Provence et C.A.A. Bordeaux, 1 er avril 2004, Mme Marie-HélèneLapin). Lorsque <strong>le</strong> préfet n’envisage pas de déférer l’acte en cause au tribunaladministratif, il doit en informer l’autorité concernée si el<strong>le</strong> en fait la demande.Le pouvoir conféré au préfet de déférer un acte administratif local au tribunal,présente un caractère discrétionnaire. Après quelques hésitations, <strong>le</strong> Conseil d’Etata en effet considéré que <strong>le</strong> déféré préfectoral avait un caractère facultatif, et que <strong>le</strong>préfet pouvait se désister même pour <strong>des</strong> motifs d’opportunité après avoir déféréun acte au tribunal (C.E., 25 février 1991, Brasseur).b) Le déféré préfectoral provoquéToute personne physique ou mora<strong>le</strong> lésée <strong>par</strong> un acte unilatéral ou contractueld’une col<strong>le</strong>ctivité, peut demander au préfet d’en examiner la légalité et de saisiréventuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> juge administratif 41 . Le représentant de l’Etat vérifiera lacapacité du demandeur et s’assurera qu’il est effectivement lésé <strong>par</strong> l’acte enquestion et qu’il a un intérêt personnel, légitime et direct à son annulation 42 .La demande doit cependant être présentée au préfet dans <strong>le</strong> délai de 2 moissuivant la date à laquel<strong>le</strong> l’acte est devenu exécutoire. S’agissant <strong>des</strong> <strong>actes</strong> soumisà transmission obligatoire, la demande doit donc être faite avant l’expiration dudélai de 2 mois à compter de la réception de l’acte local et durant <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> préfetpeut saisir <strong>le</strong> tribunal administratif. Pour <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> non soumis à transmissionobligatoire, <strong>le</strong> préfet dispose d’un délai de 2 mois à compter du jour où il a été40Ce contrô<strong>le</strong> administratif ne fait pas obstac<strong>le</strong> aux éventuel<strong>le</strong>s poursuites péna<strong>le</strong>s encourues <strong>par</strong> <strong>le</strong>sélus locaux ou <strong>le</strong>urs collaborateurs.41Cette possibilité décou<strong>le</strong> <strong>des</strong> art. L 2131-8, L 3132-3, L 4142-3 et L 5211-3 du CGCT. Lademande de la personne lésée doit être adressée au préfet du dé<strong>par</strong>tement pour <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> communaux oudé<strong>par</strong>tementaux, et au préfet de région pour <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités régiona<strong>le</strong>s.42La notion d’intérêt à agir est largement interprétée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s textes : ainsi en est-il, notamment depuisla loi n° 2000. 321 du 12 avril 2000 de la possibilité donnée à tout contribuab<strong>le</strong> inscrit au rô<strong>le</strong> d’unecommune, d’un dé<strong>par</strong>tement ou d’une région « d’exercer, tant en demande qu’en défense, à ses fraiset risques, avec l’autorisation du tribunal administratif, <strong>le</strong>s actions qu’il croit ap<strong>par</strong>tenir à la commune(ou au dé<strong>par</strong>tement, ou à la région) et que cel<strong>le</strong>-ci, préalab<strong>le</strong>ment appelée à en délibérer, a refusé ounégligé d’exercer ». (art. L 2132-5, L 3133-1 et L 4143-1 du CGCT). Il en va de même en jurisprudence :s’agissant d’assureurs de la victime d’un dommage (C.E., 20 décembre 2000, Compagnie d’AssuranceZurich International), du contribuab<strong>le</strong> d’une commune contre une délibération engageant <strong>le</strong>s financescommuna<strong>le</strong>s (C.E., 16 mars 2001, Commune de Rennes-<strong>le</strong>s-Bains), d’une association de riverains vouéeà la protection de l’environnement, contre un permis de construire affectant <strong>le</strong>s adhérents (C.E., 21décembre 2001, Société Fun Music Center), d’une association signataire d’une promesse de vente, contreune décision de préemption d’immeub<strong>le</strong> (C.E., 15 mai 2002, Vil<strong>le</strong> de Paris), du contribuab<strong>le</strong> d’une régioncontre <strong>le</strong>s agissements délictueux (prise illéga<strong>le</strong> d’intérêts) du président du Conseil régional (C.E., 29juil<strong>le</strong>t 2002, M. X… et M. Y…559


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.saisi <strong>par</strong> la personne lésée pour exercer son contrô<strong>le</strong> de légalité, à l’issue duquel<strong>le</strong> préfet donnera suite ou non à la demande.Sur <strong>le</strong> plan procédural, <strong>le</strong> « déféré provoqué » est avantageux pour l’auteur dela demande, car el<strong>le</strong> lui permet de bénéficier <strong>des</strong> avantages que présente <strong>le</strong> déférépréfectoral <strong>par</strong> rapport aux recours de droit commun 43 .Toutefois, <strong>le</strong> préfet saisi d’une tel<strong>le</strong> demande peut refuser d’exercer <strong>le</strong> déféré,puisque c’est pour lui une faculté re<strong>le</strong>vant de son appréciation discrétionnaire.Ce refus de déférer ne peut pas faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir.Mais la demande présentée au préfet, si el<strong>le</strong> a été adressée dans <strong>le</strong> délai de recourscontentieux ouvert contre l’acte local (2 mois), a pour effet de proroger ce délaijusqu’à la réponse (explicite ou implicite) du préfet. La personne lésée qui s’estvu refuser l’exercice du déféré préfectoral, peut saisir el<strong>le</strong>-même et directement<strong>le</strong> tribunal administratif d’une demande d’annulation, à condition d’être toujoursdans <strong>le</strong> délai de recours contentieux 44 .En réalité, la personne lésée a intérêt à former el<strong>le</strong>-même dans <strong>le</strong> délai requis et<strong>par</strong>allè<strong>le</strong>ment à la demande de déféré, un recours pour excès de pouvoir, sachantque <strong>le</strong> préfet peut avoir accepté de déférer l’acte dans un premier temps, puis sedésister ensuite, et ce désistement ne proroge pas <strong>le</strong> délai du recours contentieuxau profit de la personne s’estimant lésée.B - La nature juridique du déféré préfectoralLes <strong>actes</strong> locaux peuvent être contestés, soit dans l’exercice du recours pourexcès de pouvoir dans <strong>le</strong>s conditions ordinaires, soit dans l’exercice du déférépréfectoral spontané ou provoqué 45 . Ces deux voies de droit tendant à obtenirl’annulation d’un acte pour illégalité, sont de même nature. La loi du 2 mars 1982<strong>par</strong>lait du « recours » et <strong>le</strong> terme « déféré » utilisé en doctrine et en jurisprudencea été repris dans la loi du 9 février 1994 sur <strong>le</strong> contentieux de l’urbanisme et inséré43Ainsi la demande de suspension n’est pas soumise aux mêmes conditions que si <strong>le</strong> <strong>par</strong>ticulier laformulait lui-même directement. De même, il a la possibilité d’obtenir l’annulation d’un contrat, alorsque la requête présentée directement <strong>par</strong> quelqu’un qui n’est pas <strong>par</strong>tie au contrat serait irrecevab<strong>le</strong>,puisque (sauf exceptions) <strong>le</strong> recours pour excès de pouvoir n’est pas utilisab<strong>le</strong> à l’encontre d’un contrat enprincipe. L’arrêt du C.E., Assemblée, 16 juil<strong>le</strong>t 2007, Société Tropic Travaux et signalisation Guadeloupea opéré un important revirement jurisprudentiel en ouvrant aux concurrents évincés, un nouveau recoursde p<strong>le</strong>ine juridiction contre <strong>le</strong> contrat lui-même : une fois <strong>le</strong> contrat signé <strong>le</strong> concurrent évincé ne peut plusagir <strong>par</strong> la voie du recours pour excès de pouvoir contre <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> détachab<strong>le</strong>s, mais il dispose désormaisdu recours précité : Voir <strong>le</strong>s étu<strong>des</strong> publiées à la R.F.D.A, N° 5/2007, p. 917 et s. sur « Les recours contre<strong>le</strong>s contrats », et <strong>le</strong> texte de l’arrêt avec <strong>le</strong>s conclusions de D. Casas, in R.F.D.A., N°4/2007, p. 696 sous <strong>le</strong>titre « Un nouveau recours de p<strong>le</strong>ine juridiction contre <strong>le</strong>s contrats administratifs ».44Le délai de recours contentieux d’un <strong>par</strong>ticulier, qui est de 2 mois, s’interrompt <strong>le</strong> jour où il saisit <strong>le</strong>préfet, et recommence à courir à <strong>par</strong>tir de la réponse (négative) du préfet.45Il faut distinguer <strong>le</strong> déféré préfectoral, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> du recours dont dispose <strong>le</strong> préfet dans l’intérêt dela défense nationa<strong>le</strong>. Il faut aussi <strong>le</strong> distinguer du recours que peuvent exercer <strong>le</strong>s maires de Paris, Lyon etMarseil<strong>le</strong> (vil<strong>le</strong>s dotées d’un régime spécial) - comme peut <strong>le</strong> faire <strong>le</strong> préfet - contre certaines délibérations<strong>des</strong> Conseils d’arrondissement560


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.à l’artic<strong>le</strong> L 600-3 du Code de l’urbanisme. Le « déféré » est traité <strong>par</strong> <strong>le</strong> jugecomme tout recours pour excès de pouvoir.Néanmoins il faut noter quelques différences et spécificités. On a vu que <strong>le</strong>préfet peut soumettre au contrô<strong>le</strong> du juge administratif <strong>le</strong>s diverses activités <strong>des</strong>autorités décentralisées, quitte à déroger (en vertu de la loi du 2 mars 1982) audroit commun du contrô<strong>le</strong> de légalité notamment à propos <strong>des</strong> contrats. En effet,la marge de manśuvre donnée au préfet lui permet de déférer au juge tous <strong>le</strong>s <strong>actes</strong>locaux y compris <strong>le</strong>s contrats.S’agissant <strong>des</strong> <strong>actes</strong> administratifs unilatéraux, sont déférab<strong>le</strong>s au juge tousceux qui peuvent faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir 46 . Maiscertains <strong>actes</strong> ne produisant pas d’effets juridiques (ne faisant pas grief), et quisont insusceptib<strong>le</strong>s d’être attaqués <strong>par</strong> la voie du recours pour excès de pouvoir,peuvent faire l’objet d’un déféré préfectoral, dans <strong>le</strong> cadre du contrô<strong>le</strong> de légalité.Cela concerne <strong>des</strong> <strong>actes</strong> non décisionnels, comme <strong>le</strong>s mesures d’ordre intérieur, <strong>le</strong>srèg<strong>le</strong>ments intérieurs <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités, <strong>le</strong>s éléments pré<strong>par</strong>atoires d’une décisionfuture (qui n’interviendra peut-être jamais) 47 , <strong>le</strong>s mesures confirmatives d’unedécision prise antérieurement, <strong>le</strong>s propositions, <strong>le</strong>s recommandations, <strong>le</strong>s avis, <strong>le</strong>svśux 48 .La possibilité de faire annu<strong>le</strong>r <strong>des</strong> contrats administratifs est une autrespécificité du déféré préfectoral <strong>par</strong> rapport au recours pour excès de pouvoir 49 .Cela concerne tous <strong>le</strong>s contrats <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s 50 , et ceux passésen <strong>le</strong>ur nom et pour <strong>le</strong>ur compte <strong>par</strong> <strong>des</strong> organismes privés dès lors qu’ils ontun caractère administratif 51 . Peuvent donc faire l’objet d’un déféré préfectoral,<strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s contrats de concession et plus généra<strong>le</strong>ment tous <strong>le</strong>s contrats dedélégation de service public, <strong>le</strong>s contrats d’emprunt, ainsi que <strong>le</strong>s marchés publics52et <strong>le</strong>s contrats de <strong>par</strong>tenariat.46Cela exclut, comme cela a déjà été dit, <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> accomplis <strong>par</strong> l’autorité loca<strong>le</strong> agissant au nomet comme agent de l’Etat, ainsi que <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> de droit privé notamment contractuels (seuls <strong>le</strong>s <strong>actes</strong>détachab<strong>le</strong>s du contrat sont susceptib<strong>le</strong>s de faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir : ex. T.C. 14décembre 2000, Commune de Baie-Mahaut).47C.E., Ass. 15 avril 1996, Syndicat CGT <strong>des</strong> hospitaliers de Bédarieu.48C.E., Section, 29 décembre 1997, S.A.R.L. En<strong>le</strong>m.49Le recours pour excès de pouvoir n’est admis que contre certains types de contrats administratifs,comme <strong>le</strong>s contrats de recrutement d’agents publics (C.E., 30 octobre 1998, Vil<strong>le</strong> de Lisieux), ou contre<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s clauses règ<strong>le</strong>mentaires <strong>des</strong> contrats ou <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> administratifs qui en sont détachab<strong>le</strong>s. Voiréga<strong>le</strong>ment ce qui est dit à propos de la jurisprudence Société Tropic (note 43 supra).50Même lorsqu’ils ne sont pas soumis à transmission obligatoire : C.E., 14 mars 1997, Dé<strong>par</strong>tement<strong>des</strong> Alpes Maritimes.51C’est <strong>le</strong> cas lorsque la personne privée agit pour <strong>le</strong> compte et au nom d’une personne publique etlorsque <strong>le</strong> contrat lui-même, soit a pour objet d’associer <strong>le</strong> cocontractant à l’exécution même d’un servicepublic, soit comporte une clause inusuel<strong>le</strong> dans un contrat passé entre <strong>par</strong>ticuliers.52La transmission <strong>des</strong> marchés publics doit avoir lieu dans <strong>le</strong>s 15 jours de <strong>le</strong>ur signature et comportertoutes <strong>le</strong>s pièces nécessaires au contrô<strong>le</strong> : la copie <strong>des</strong> pièces constitutives du marché, la délibérationautorisant sa passation, la copie de l’avis d’appel public à la concurrence, la <strong>le</strong>ttre et <strong>le</strong> règ<strong>le</strong>ment deconsultation (s’il y a lieu), <strong>le</strong>s procès-verbaux et rapports de la commission d’appel d’offres, <strong>le</strong>s avis <strong>des</strong>jurys de concours avec <strong>le</strong>s noms et qualités <strong>des</strong> membres, <strong>le</strong> rapport du représentant légal de la col<strong>le</strong>ctivité,561


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.Si <strong>le</strong> déféré préfectoral, bien que soumis au régime du recours pour excèsde pouvoir 53 , peut tendre à l’annulation d’un contrat pour cause d’illégalité 54 ,il demeure qu’un déféré ne peut uti<strong>le</strong>ment être fondé sur un moyen tiré de laviolation d’un contrat, car <strong>le</strong>s stipulations contractuel<strong>le</strong>s ne font pas <strong>par</strong>tie de lalégalité 55 .Quoi qu’il en soit, dans <strong>le</strong> cadre du déféré préfectoral provoqué, <strong>le</strong>s <strong>par</strong>ticulierslésés peuvent obtenir <strong>des</strong> résultats inaccessib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> cadre du recours pourexcès de pouvoir.C - La saisine du tribunal administratif1°/ Le délai pour saisirIl est en principe de 2 mois, c’est-à-dire de la même durée que <strong>le</strong> délai norma<strong>le</strong>n matière de recours pour excès de pouvoir 56 . En ce qui concerne <strong>le</strong> point dedé<strong>par</strong>t du délai, il faut revenir à la doub<strong>le</strong> distinction, d’une <strong>par</strong>t entre <strong>le</strong>s <strong>actes</strong>soumis à transmission obligatoire et ceux qui n’y sont pas soumis, et d’autre <strong>par</strong>tentre <strong>le</strong> déféré exercé spontanément <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet et celui qui est provoqué surdemande d’une personne lésée.<strong>le</strong>s attestations et renseignements requis <strong>par</strong> <strong>le</strong> Code <strong>des</strong> Marchés Publics. La loi du 11 décembre 2001(MURCEF) prévoit que <strong>le</strong>s marchés publics passés selon la procédure dite « adaptée », pouvant êtreconclus quand <strong>le</strong> montant du contrat est inférieur à un certain seuil, ne sont plus soumis à transmissionobligatoire.53C.E., 29 mai 1987, Commune de Goult.54C.E., 26 mars 1991, Commune de Sainte-Marie, A.J.D.A., 1991, p. 693.55T.A. Strasbourg, 16 février 1996, Vil<strong>le</strong> de Bitche, R.F.D.A. 1997, p. 100.56En vertu de l’art. L 2131-6 du CGCT, et de l’art. R 421-1 du Code de justice administrative. Ce délaiest porté à 3 mois devant <strong>le</strong>s T.A de l’Outre-Mer (Mamoudzou-Papeete-Nouméa) pour <strong>le</strong>s personnes nedemeurant pas dans <strong>le</strong> territoire (art. L 421-6 et R 421-7 du Code de justice administrative).En droit local d’Alsace-Mosel<strong>le</strong>, <strong>des</strong> procédures et <strong>des</strong> délais différents sont prévus en vertu <strong>des</strong>art. L 2541-11 et L 2541-18 du CGCT, s’ajoutant aux dispositions de la loi loca<strong>le</strong> (Voir éga<strong>le</strong>ment, TAStrasbourg, 28 juin 1979, Commune d’Ingwil<strong>le</strong>r et TA Strasbourg, 20 décembre 1967, Schal<strong>le</strong>r).Quelques <strong>par</strong>ticularités décou<strong>le</strong>nt aussi en matière d’urbanisme, de l’art. 600-1 du Code del’Urbanisme, qui concerne l’obligation de notification pesant sur tout requérant, y compris <strong>le</strong> préfet. Celuicidoit donc transmettre au juge, <strong>le</strong>s pièces attestant l’accomplissement de ces formalités. En l’absencede communication, <strong>le</strong> juge invitera <strong>le</strong> préfet à régulariser son recours, faute de quoi <strong>le</strong> déféré sera rejetécomme irrecevab<strong>le</strong> (C.E., 9 mai 2005, Commune de Villard Reculas).Il y a éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s recours ouverts sans condition de délai, y compris au profit du préfet : c’est <strong>le</strong>cas de l’acte inexistant qui peut être attaqué à toute époque, notamment quand il émane d’une autoritémanifestement incompétente, et qui de ce fait est nul et de nul effet (C.E., 8 décembre 1982, Commune deDompierre sur Besbre). Le préfet fera constater <strong>par</strong> <strong>le</strong> tribunal l’inexistence de l’acte pris <strong>par</strong> la col<strong>le</strong>ctivité,<strong>le</strong> déféré n’étant alors soumis à aucun délai (C.E., 28 février 1986, Commissaire de la République <strong>des</strong>Lan<strong>des</strong>). Enfin, il convient de rappe<strong>le</strong>r que <strong>le</strong>s moyens d’ordre public sont invocab<strong>le</strong>s à tout stade de laprocédure.562


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.Pour <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> soumis à transmission obligatoire, <strong>le</strong> délai commence à courir dujour où ils sont <strong>par</strong>venus au préfet, tant pour <strong>le</strong> déféré spontané que pour <strong>le</strong> déféréprovoqué 57 .Pour <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> non soumis à transmission obligatoire, <strong>le</strong> délai commence àcourir, soit du jour de la communication de l’acte si <strong>le</strong> préfet décide spontanémentde <strong>le</strong> déférer au tribunal, soit du jour où <strong>le</strong> préfet est saisi <strong>par</strong> un <strong>par</strong>ticulier lésédans <strong>le</strong> cas d’un déféré provoqué.Cependant, <strong>le</strong> délai de 2 mois ne court que si la transmission de l’acte aupréfet a été complète, c’est-à-dire avec <strong>le</strong>s documents annexes nécessaires pouren apprécier la légalité. Si la transmission a été incomplète, empêchant <strong>le</strong> préfetd’exercer son contrô<strong>le</strong>, <strong>le</strong> délai ne commence à courir qu’à la date de réceptionde ces documents complémentaires, ou du jour où une décision explicite ouimplicite de refus de communiquer est intervenue 58 . Mais si aucune demandecomplémentaire n’émane du préfet et que l’autorité loca<strong>le</strong> adresse spontanémentcertaines pièces supplémentaires, <strong>le</strong> cours du délai n’en est aucunement affecté59. De même, <strong>le</strong> déc<strong>le</strong>nchement du délai n’est pas reporté si la demande de piècescomplémentaires ne se justifiait pas 60 .En matière de marchés publics, certaines <strong>par</strong>ticularités sont à noter, en raisondu phénomène de « saucissonnage » ou « tronçonnage ». Afin de respecter <strong>le</strong>sseuils (financiers) qui font intervenir <strong>le</strong>s formalités de publicité et de mise enconcurrence, il est admis en jurisprudence, que <strong>le</strong> point de dé<strong>par</strong>t du délai derecours contre un marché public soit reporté à la date de connaissance <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfetd’un marché ultérieur dans <strong>des</strong> conditions permettant de vérifier s’il s’agit d’unemême opération 61 .Le délai de deux mois peut aussi être prorogé lorsque <strong>le</strong> préfet forme un recoursgracieux auprès de l’auteur de l’acte 62 . Le rejet de ce recours gracieux ouvre unnouveau délai de 2 mois comme pour toute décision de rejet.57La non-transmission éventuel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s 15 jours n’a pas d’effet sur la légalité de l’acte, maisn’empêche pas <strong>le</strong> préfet de saisir <strong>le</strong> tribunal (C.E., 10 janvier 1992, Association <strong>des</strong> usagers de l’eau dePeyre<strong>le</strong>au). La preuve de la date de réception résulte de l’apposition du tampon dateur sur l’acte contrôlé.Rien n’interdit d’apporter la preuve contraire, mais cel<strong>le</strong>-ci est très diffici<strong>le</strong> à établir : C.A.A. Marseil<strong>le</strong>,17 juin 1999, Préfet du Gard. L’acte doit être transmis en préfecture ou en sous-préfecture : si l’acte a étéadressé à un service déconcentré de l’Etat (<strong>par</strong> ex : une Direction Dé<strong>par</strong>tementa<strong>le</strong> de l’Equipement), <strong>le</strong>délai ne courra que du jour où ce dernier l’aura fait suivre à la préfecture (C.E., 6 juil<strong>le</strong>t 2009, Communede Saint-Paul-Trois-Châteaux).58Voir <strong>le</strong>s arrêts précités : C.E., 13 janvier 1988, Mutuel<strong>le</strong> Généra<strong>le</strong> <strong>des</strong> personnels <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivitésloca<strong>le</strong>s, A.J.D.A. 1988, p. 143 et R.D.P, 1988, p. 852 ; éga<strong>le</strong>ment, C.E., 31 mars 1989, Commune deSeptèmes <strong>le</strong>s Vallons, A.J.D.A 1989, p. 547, et C.A.A. Paris, 5 juil<strong>le</strong>t 2000, Commune d’Etampes.59C.E., 31 mars 1989, Madame Alary, A.J.D.A, 1989, p. 538 et C.E., 23 février 2000, Commune deMende, A.J.D.A. 2000, p. 463 et R.F.D.A 2000, p. 460. Ega<strong>le</strong>ment : C.E., 17 octobre 2003, District deBastia.60C.E., 29 octobre 2008, Commune de Sainte-Marie-aux-Mines.61C.E., 26 juil<strong>le</strong>t 1991, Commune de Sainte-Marie de la Réunion.62C.E., 29 novembre 1996, Dé<strong>par</strong>tement <strong>des</strong> Alpes de Haute-Provence et C.A.A. Marseil<strong>le</strong>, 19 février2000, Commune d’Alès.563


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.Enfin, <strong>le</strong> report du délai (en cas de transmission incomplète) et sa prolongation(en cas de recours gracieux) peuvent être cumulés 63 .2°/ La recevabilité du recoursLa détermination de la juridiction matériel<strong>le</strong>ment compétente ne pose aucunproblème puisque la loi désigne <strong>le</strong> tribunal administratif. Quant à la compétenceterritoria<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> est régie <strong>par</strong> l’artic<strong>le</strong> R 312-15 du Code de Justice administrative,qui désigne <strong>le</strong> tribunal « dans <strong>le</strong> ressort duquel a son siége la col<strong>le</strong>ctivité oul’organisme objet <strong>des</strong> décisions attaquées » 64 .Le déféré préfectoral est soumis à toutes <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s régissant <strong>le</strong> recours pourexcès de pouvoir. Aussi, en vertu d’une jurisprudence bien établie, l’administrationen général (donc <strong>le</strong> préfet) n’est pas recevab<strong>le</strong> à saisir <strong>le</strong> juge si el<strong>le</strong> dispose el<strong>le</strong>mêmed’un pouvoir lui permettant d’arriver au même résultat que celui obtenu <strong>par</strong>jugement 65 . De même, en vertu de la théorie dite du recours <strong>par</strong>allè<strong>le</strong>, un recourspour excès de pouvoir - et cela vaut pour <strong>le</strong> déféré préfectoral - serait irrecevab<strong>le</strong>si son auteur dispose d’une autre voie permettant d’obtenir un résultat équiva<strong>le</strong>ntà celui qui résulterait du jugement d’annulation sollicité 66 .Cependant, contrairement aux <strong>par</strong>ticuliers, la condition d’irrecevabilité tiréedu défaut d’intérêt à agir du requérant n’est pas opposab<strong>le</strong> au préfet 67 . Celui-cipossédant un pouvoir propre 68 de déférer au juge <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> locaux qu’il estimeillégaux, cette matière ne relève pas <strong>des</strong> compétences du ministre de l’intérieur.Mais il peut donner délégation de signature aux sous-préfets pour <strong>le</strong>s <strong>actes</strong>locaux dans <strong>le</strong>ur arrondissement 69 , ainsi qu’au secrétaire général de préfecturepour <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s et de <strong>le</strong>urs établissements situés dans <strong>le</strong>dé<strong>par</strong>tement 70 .63C.E., 4 novembre 1996, Dé<strong>par</strong>tement de la Dordogne, A.J.D.A 1997, p. 185. Le délai est éga<strong>le</strong>mentprorogé au profit de l’administré, en ce qui concerne sa demande de déféré adressée au préfet : C.E., 16mai 1984, Commune de Vigneux-sur-Seine, 6 décembre 1995, Préfet <strong>des</strong> Deux-Sèvres, R.F.D.A 1996, p.328.64Un certain nombre de dérogations existent, prévues aux artic<strong>le</strong>s R 312-14 du Code de justiceadministrative.65C.E., 30 mai 1913, Préfet de l’Eure.66Ainsi, <strong>le</strong> C.E. a considéré irrecevab<strong>le</strong> un déféré préfectoral tendant à l’annulation d’une délibérationrefusant d’inscrire au budget communal <strong>des</strong> dépenses obligatoires, que <strong>le</strong> préfet pouvait faire inscrire envertu de l’artic<strong>le</strong> 11 de la loi du 2 mars 1982 : C.E., 13 mars 1989, Commune de Gardonne.67Le préfet tenant son pouvoir de la constitution et de la loi du 2 mars 1982, il n’a pas à justifier d’unintérêt à agir. C’est ainsi qu’il peut déférer <strong>le</strong>s permis de construire délivrés au nom de la commune, alorsmême que ce permis a été accordé sur son avis conforme : C.E., 30 décembre 2002, Rémi X…68C.A.A. Paris, 4 novembre 1999, Préfet de Seine et Marne c/Commune d’Ozoir-la-Ferrière.69C.E., 12 décembre 1997, Préfet du Tarn.70C.E., 16 décembre 1994, Office Public dé<strong>par</strong>temental d’habitations à loyer modéré du Var. Lesecrétaire général de préfecture peut signer un déféré préfectoral même s’il n’a pas reçu délégation <strong>des</strong>ignature du préfet, en cas d’absence ou d’empêchement de celui-ci, ou en cas de vacance momentanéed’une préfecture (C.E., 27 février 1995, Préfet de l’Essonne). L’artic<strong>le</strong> 17 du décret du 10 Mai 1982autorise <strong>le</strong> préfet à lui déléguer sa signature « en toute matière » (C.E., 3 décembre 1999, Dé<strong>par</strong>tement del’Allier). Le juge vérifie toujours <strong>le</strong> contenu de la délégation (C.E., 19 novembre 1999, Commune de Portla Nouvel<strong>le</strong> ; C.E., 17 janvier 2006, Société V… et autres). Mais la délégation de signature ne peut pas être564


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.La requête doit être présentée dans <strong>le</strong>s conditions habituel<strong>le</strong>s, tel<strong>le</strong>s que fixées àl’artic<strong>le</strong> R 411-1 du Code de Justice Administrative 71 , identifier clairement l’acteattaqué 72 et el<strong>le</strong> bénéficie de la dispense d’avocat (art. R 431-7 du C.J.A.).3°/ Les procédures d’urgence utilisab<strong>le</strong>sLes requêtes n’ayant pas en principe d’effet suspensif (art. L 4 du C.J.A), etcompte tenu du temps nécessaire au juge administratif pour se prononcer et <strong>par</strong>foisde sa <strong>le</strong>nteur, diverses procédures sont utilisab<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet pour éviter qu’unacte local ne produise <strong>des</strong> conséquences irré<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>s ou ne compromette un intérêtgénéral. Ces procédures renforcent <strong>le</strong> caractère dissuasif du contrô<strong>le</strong>. D’une <strong>par</strong>t,il est toujours possib<strong>le</strong> de solliciter l’avis du tribunal administratif s’agissant ducontrô<strong>le</strong> de légalité et de la chambre régiona<strong>le</strong> <strong>des</strong> comptes en matière financièreet de contrô<strong>le</strong> budgétaire 73 . D’autre <strong>par</strong>t, il existe <strong>des</strong> procédures d’urgencepermettant notamment d’obtenir du juge <strong>des</strong> mesures provisoires. Parallè<strong>le</strong>mentaux procédures d’urgence usuel<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong>s-mêmes améliorées <strong>par</strong> la loi du 30 juin2000 74 , <strong>des</strong> moyens nouveaux propres au déféré préfectoral ont été prévus <strong>par</strong> cemême texte.Il y a lieu de distinguer <strong>le</strong> référé en matière contractuel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s autres procéduresd’urgence.a) Les procédures de suspension sur déféré préfectoralAux termes de l’artic<strong>le</strong> L 2131-6 du CGCT, <strong>le</strong> préfet peut joindre à son recoursen annulation, une demande de suspension. Le juge peut - dans <strong>le</strong> délai d’un mois– prononcer la suspension de l’acte contesté, si l’un <strong>des</strong> moyens invoqués lui<strong>par</strong>aît de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité de l’acte 75 .donnée aux agents en fonction dans <strong>le</strong>s préfectures : C.E., 15 octobre 1999, Ministre de l’intérieur contreCommune de Savigny-<strong>le</strong>-Temp<strong>le</strong>.71Avec indication <strong>des</strong> nom et domici<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>par</strong>ties, l’exposé <strong>des</strong> faits et <strong>des</strong> moyens, l’énoncé <strong>des</strong>conclusions soumises au juge, et toutes <strong>le</strong>s pièces devant accompagner la requête. Si plusieurs <strong>actes</strong>émanant d’un même auteur sont visés, il y a lieu d’adresser une requête distincte pour chacun <strong>des</strong> <strong>actes</strong>attaqués. Quant aux moyens invocab<strong>le</strong>s, ils portent tant sur la légalité externe de l’acte (incompétence,vices de forme ou de procédure) que sur la légalité interne (violation de la loi, détournement de pouvoir,etc…). A cela s’ajoutent <strong>le</strong>s moyens d’ordre public invocab<strong>le</strong>s d’office, y compris <strong>par</strong> <strong>le</strong> juge, et à toutstade de la procédure. Mais si <strong>le</strong>s moyens invoqués sont inapplicab<strong>le</strong>s au litige, la requête sera rejetée(C.E., 13 janvier 1992, Association <strong>des</strong> amis de Saint-Palais-sur-mer).72C.E., 22 avril 1988, Ternon.73En vertu <strong>des</strong> artic<strong>le</strong> R 212-1 du Code de justice administrative et L 234-1 et L 234-2 du Code <strong>des</strong>juridictions financières.74L’ancienne procédure du « sursis », devenu « référé », a pour but <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> de priver d’effetexécutoire la décision contestée, jusqu’à ce que <strong>le</strong> juge se prononce au fond. Le juge statuant en référén’étant pas saisi du principal, il ne peut pas annu<strong>le</strong>r mais seu<strong>le</strong>ment suspendre l’exécution de l’acte.75Les conditions d’obtention de la suspension dans <strong>le</strong> cadre d’un référé préfectoral sont allégées<strong>par</strong> rapport à ce qui est exigé dans <strong>le</strong> recours pour excès de pouvoir exercé <strong>par</strong> un <strong>par</strong>ticulier, qui doit enplus faire la preuve de l’urgence (C.E., 16 décembre 1994, Préfet du Haut-Rhin). D’où l’intérêt, pour <strong>le</strong>spersonnes lésées, de provoquer un déféré préfectoral y compris contre <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> non soumis à transmissionobligatoire.565


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.La suspension peut aussi être automatique, en matière d’urbanisme, de marchéspublics ou de délégation de service public. La loi du 4 février 1995, prévoit quel’acte contesté est automatiquement suspendu pendant un mois <strong>par</strong> <strong>le</strong> président dutribunal administratif, que <strong>le</strong> préfet doit saisir d’une demande de suspension dans<strong>le</strong>s 10 jours suivant la réception de l’acte 76 .Quand l’acte d’une autorité loca<strong>le</strong> risque de porter une atteinte grave etmanifestement illéga<strong>le</strong> à une liberté fondamenta<strong>le</strong>, <strong>le</strong> juge saisi d’une demandepeut - dans <strong>le</strong> délai de 48 heures - ordonner toutes mesures nécessaires à lapréservation de la liberté publique ou individuel<strong>le</strong> ainsi compromise 77 . Le jugepeut obliger la col<strong>le</strong>ctivité à faire, ou l’empêcher d’agir.b) Le référé en matière contractuel<strong>le</strong>Le préfet peut obtenir <strong>par</strong> ce moyen, la suspension de la signature d’un contrat<strong>par</strong> une col<strong>le</strong>ctivité pour une durée de 20 jours, s’il estime que <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de publicitéou de mise en concurrence n’ont pas été respectées notamment à l’occasion de lapassation d’un marché public ou d’une convention de délégation de service public.Le juge peut être saisi <strong>par</strong> <strong>le</strong>s personnes susceptib<strong>le</strong>s d’avoir été lésées ainsi que<strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet, avant la conclusion du contrat 78 . Il peut suspendre la conclusiondu contrat ou <strong>le</strong>s décisions s’y rapportant, ou même supprimer <strong>le</strong>s clauses quiméconnaîtraient <strong>le</strong>s obligations de trans<strong>par</strong>ence et de mise en concurrence 79 .L’ordonnance du 19 mai 2009 relative aux procédures de recours applicab<strong>le</strong>s auxcontrats de la commande publique, transposant la directive « recours », corrige<strong>le</strong>s lacunes du référé précontractuel et institue <strong>le</strong> référé contractuel assorti depénalités financières. Ces dispositions nouvel<strong>le</strong>s s’appliqueront aux contrats pour76Art. L 554-2 du C.J.A. Si au terme du délai d’un mois <strong>le</strong> juge ne s’est pas prononcé sur cette demande,l’acte redevient exécutoire (art. L 2136-6 du CGCT). Cette procédure <strong>par</strong> son caractère automatique,déroge donc au principe selon <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> recours n’a pas d’effet suspensif.77Art. L 2131, L 3132-1 et L 4142-1 du CGCT. Les conditions d’obtention de cette mesure sontplus soup<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong>s exigées <strong>des</strong> <strong>par</strong>ticuliers (art. 521-2 du CJA). Le préfet n’a qu’à démontrer quel’acte contesté est « de nature » à compromettre l’exercice d’une liberté. Alors que dans <strong>le</strong> cas <strong>des</strong> autresrequérants, la preuve est plus diffici<strong>le</strong> à apporter. Le juge apprécie si <strong>le</strong>s conditions de la suspension sontréunies. La condition relative à l’urgence est remplie si l’acte contesté porte une atteinte grave et immédiateà un intérêt public, à la situation ou à l’intérêt d’une personne. Il doit s’agir d’une liberté fondamenta<strong>le</strong>comme cel<strong>le</strong> d’al<strong>le</strong>r et venir, la liberté d’entreprendre, <strong>le</strong> droit de propriété, <strong>le</strong> droit de mener une viefamilia<strong>le</strong> norma<strong>le</strong>, ou encore la libre administration <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s. Le juge apprécie l’urgenceen tenant compte de l’ensemb<strong>le</strong> <strong>des</strong> circonstances dans chaque cas. Il faut aussi que l’atteinte soit grave etmanifestement illéga<strong>le</strong> et qu’el<strong>le</strong> résulte de l’exercice d’un pouvoir détenu norma<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> la col<strong>le</strong>ctivité(si tel n’était pas <strong>le</strong> cas, il s’agirait d’une voie de fait). Ainsi, porte atteinte à une liberté l’acte <strong>par</strong> <strong>le</strong>quel unmaire règ<strong>le</strong>mente d’une manière excessivement restrictive l’activité <strong>des</strong> chauffeurs de taxi, ou interdisantabusivement la circulation automobi<strong>le</strong> (C.E., 3 juil<strong>le</strong>t 1998, Commune de la Bruguière).78C.E., 3 novembre 1995, Chambre de Commerce et d’Industrie de Tarbes. En outre, aucun recoursadministratif préalab<strong>le</strong> n’est imposé avant d’engager la procédure du référé-précontractuel.79Cette procédure ne peut plus être mise en śuvre après la signature du contrat. De même, el<strong>le</strong> n’estutilisab<strong>le</strong> qu’en cas de manquement aux obligations de publicité et de mise en concurrence, que <strong>le</strong> jugeapprécie restrictivement (ex : C.E., 24 octobre 2001, Col<strong>le</strong>ctivité territoria<strong>le</strong> de Corse). Le contrat une foissigné, <strong>le</strong> préfet peut toujours demander l’annulation d’un acte ayant conduit au contrat (ex : en exerçantun déféré contre une délibération) ou demander au juge la suspension automatique prévue aux artic<strong>le</strong>s L554-2 du C.J.A et L 2131-6 du CGCT et dont il a été question précédemment. Et s’il a laissé passer <strong>le</strong> délaide 10 jours imposé pour la demande de suspension automatique, il peut encore utiliser la procédure <strong>des</strong>uspension sur laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> juge statue dans <strong>le</strong> délai d’un mois.566


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.<strong>le</strong>squels une consultation est engagée à compter du 19 décembre 2009. Le référéprécontractuel est donc rénové, car <strong>le</strong> contrat ne peut plus être signé dès lors que<strong>le</strong> tribunal a été saisi et la suspension sera désormais automatique. Quant au référécontractuel, il permet au juge d’intervenir efficacement une fois <strong>le</strong> contrat signé(annulation, résiliation, réduction de la durée du contrat, pénalités financières) 80 .c) Les procédures spécifiques à divers <strong>actes</strong> ou col<strong>le</strong>ctivitésLa loi du 9 janvier 1986 (art. L 554.4 du C.J.A.) a institué un recours spécial dansl’intérêt de la défense nationa<strong>le</strong>. Au cas où un acte (soumis ou non à l’obligationde transmission) est de nature à compromettre gravement <strong>le</strong> fonctionnement d’uneinstallation ou d’un ouvrage intéressant la défense, <strong>le</strong> préfet peut en demanderl’annulation pour ce seul motif 81 . Il doit dans <strong>le</strong>s 2 mois de la transmission ou dela publication de l’acte, saisir <strong>le</strong> Conseil d’Etat compétent en premier et dernierressort 82 . Cette procédure représente une exception, dans la mesure où el<strong>le</strong> portesur tout acte, même ne présentant aucune illégalité, émanant d’une autorité loca<strong>le</strong>.Il suffit qu’il y ait une atteinte grave au fonctionnement ou à l’intégrité de l’ouvrageou de l’installation concernés 83 .Plusieurs autres procédures spécifiques ont concerné ou concernent :- la suspension <strong>des</strong> marchés <strong>des</strong> établissements publics de santé 84 , qui peut êtredemandée à l’occasion du déféré exercé <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet ;- la suspension de certaines délibérations <strong>des</strong> établissements publics de santé 85 ,qui peut accompagner <strong>le</strong> déféré exercé <strong>par</strong> <strong>le</strong> directeur de l’Agence Régiona<strong>le</strong>de l’Hospitalisation 86 ;- la suspension de certains <strong>actes</strong> <strong>des</strong> chefs d’établissement d’enseignement, prispour la passation ou l’exécution de conventions et notamment de marchés 87 ;- la suspension <strong>des</strong> délibérations <strong>des</strong> conseils d’arrondissement de Paris, Lyonet Marseil<strong>le</strong> 88 .80Voir J.D. DREYFUS, « L’amélioration de l’efficacité <strong>des</strong> procédures de recours en matière depassation <strong>des</strong> contrats de commande publique », in A.J.D.A., 2009, pp. 1145 et s.81Art. L 1111-7 du C.G.C.T.82Le recours peut être assorti d’une demande de suspension, sur laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> Président de la Section duContentieux (ou son délégué) statue dans un délai de 48 heures.83C.E., 15 novembre 1995, Commune de Segondigny.84Art. L 6145-6 du Code de la Santé Publique, prévoyant qu’il est fait droit à la demande de suspensionsi, en l’état de l’instruction, un <strong>des</strong> moyens invoqués est propre à créer un doute sérieux quant à la légalitéde l’acte. Cet artic<strong>le</strong> a été abrogé à compter du 23 juil<strong>le</strong>t 2009 <strong>par</strong> l’ordonnance du 2 mai 2005.85Art. L 6143-4-1 du Code de la Santé Publique.86Il peut assortir son recours en annulation d’une demande de sursis, à laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> juge peut faire droit,si l’un <strong>des</strong> moyens invoqués <strong>par</strong>aît sérieux et de nature à justifier l’annulation.87Les <strong>actes</strong> sont exécutoires 15 jours après <strong>le</strong>ur transmission, et peuvent faire l’objet d’une décisionde suspension, en vertu de l’art. L 421-14 du Code de l’éducation, et de l’art. L 2131-6 du CGCT. Outre <strong>le</strong>représentant de l’Etat, la col<strong>le</strong>ctivité à laquel<strong>le</strong> l’établissement est rattaché, ou l’autorité académique, peutassortir son recours d’une demande de suspension.88Art. L 554-9 du C.J.A. art. L 2511-23 et L 2511-36 à L 2511-45 du C.G.C.T. Outre <strong>le</strong> représentantde l’Etat, <strong>le</strong> maire peut déférer au tribunal administratif une délibération ayant donné lieu à une seconde<strong>le</strong>cture, dans <strong>le</strong>s 2 mois de la réception de l’acte. Si <strong>le</strong> recours est accompagné d’une demande de567


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.La notification aux <strong>par</strong>ties de la décision juridictionnel<strong>le</strong> rend cel<strong>le</strong>-ci exécutoire.Si l’acte local a été annulé, l’autorité décentralisée est conduite à refaire l’actecensuré <strong>par</strong> <strong>le</strong> juge. La vertu pédagogique du jugement est à la mesure de la façondont <strong>le</strong> juge aura motivé sa décision. Sa rédaction est essentiel<strong>le</strong>, aussi bien àl’égard <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s, que <strong>des</strong> représentants de l’Etat et <strong>des</strong> citoyens.Le préfet qui n’a pas obtenu gain de cause, ou la col<strong>le</strong>ctivité dont l’acte aété annulé, peuvent faire appel du jugement rendu, étant entendu qu’en vertu del’effet non suspensif <strong>des</strong> recours, l’appel ne fait pas obstac<strong>le</strong> à l’exécution dujugement 89 .Si l’on met à <strong>par</strong>t <strong>le</strong> cas où <strong>le</strong> Conseil d’Etat est compétent en premier et dernierressort comme pour la suspension en matière de défense nationa<strong>le</strong>, et si l’on faitexception <strong>des</strong> cas où <strong>le</strong> Conseil d’Etat est juge d’appel (pour <strong>le</strong> référé-liberté,la suspension <strong>des</strong> délibérations <strong>des</strong> conseils d’arrondissement de Paris, Lyon etMarseil<strong>le</strong>), et mis à <strong>par</strong>t <strong>le</strong> référé en matière contractuel<strong>le</strong> où seul est possib<strong>le</strong> unrecours en cassation devant <strong>le</strong> Conseil d’Etat, la compétence d’appel en matière dedéféré préfectoral relève en principe <strong>des</strong> Cours Administratives d’Appel.Le préfet reste seul compétent pour former appel contre un jugement rejetantson déféré ou sa demande de suspension 90 , alors que <strong>le</strong> ministre concerné est seulhabilité à représenter l’Etat en cassation pour faire trancher une question de droit91. En appel comme en cassation, <strong>le</strong> recours peut être accompagné d’une demandede sursis à exécution du jugement contesté.II - LA PRATIQUE DU CONTRÔLE DE LÉGALITÉDES ACTES LOCAUXLe contrô<strong>le</strong> de légalité <strong>par</strong> <strong>le</strong> juge est sé<strong>le</strong>ctif et n’a rien de systématique. Ledéféré préfectoral, rarement utilisé, n’intervient que si l’autorité loca<strong>le</strong> refuse de sesoumettre à la loi. Les mécanismes mis en place voulaient opérer un changementradical. Or, <strong>le</strong> système de contrô<strong>le</strong>, tout en ayant pour objet la protection de lalégalité, a privilégié l’arrangement. Cela provient du fait qu’en 1982 <strong>le</strong> législateura institué un contrô<strong>le</strong> de légalité en deux temps : c’est d’abord <strong>le</strong> préfet et sessuspension, et si un doute sérieux existe quant à la légalité de l’acte, <strong>le</strong> président du tribunal (ou sondélégué) prononce la suspension dans <strong>le</strong>s 48 heures.89En application de l’art. R 811-14 du C.J.A. Mais en vertu de l’art.811-15, <strong>le</strong> juge d’appel saisi d’unedemande de sursis à exécution du jugement, peut faire droit à une tel<strong>le</strong> demande si <strong>le</strong>s moyens invoqués<strong>par</strong> l’appelant sont sérieux et de nature à justifier l’annulation ou la réformation du jugement et <strong>le</strong> rejet <strong>des</strong>conclusions accueillies <strong>par</strong> ce jugement. Depuis la loi du 8 février 1995, <strong>le</strong> juge administratif a <strong>le</strong> pouvoirde prononcer <strong>des</strong> injonctions à l’appui de sa décision.90Art. L 2131-6, L 3132-1 et L 4142-1 du CGCT.91C.E., Section, 28 janvier 1998, Préfet du Var ; C.E., 6 avril 2007, Ministre d’Etat, ministre del’intérieur et de l’aménagement du territoire c/Centre de Gestion de la fonction publique territoria<strong>le</strong> <strong>des</strong>Hautes-Alpes ; et art. R 811-19 du C.J.A. Le Conseil d’Etat contrô<strong>le</strong> cependant la matérialité <strong>des</strong> faits quiont été retenus <strong>par</strong> <strong>le</strong> juge du fond, ainsi que la qualification juridique <strong>des</strong> faits.568


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.services qui exercent un contrô<strong>le</strong> concomitamment à l’édiction de l’acte concerné,et ensuite seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de légalité exercé a posteriori faitintervenir <strong>le</strong> juge, qui a seul <strong>le</strong> pouvoir de <strong>par</strong>alyser <strong>le</strong>s décisions illéga<strong>le</strong>s.Mais dans <strong>le</strong>s faits, la dimension administrative du contrô<strong>le</strong> l’a emporté sur sadimension juridictionnel<strong>le</strong>. La réticence observée à l’égard du recours au juge estdue peut-être à la <strong>le</strong>nteur redoutée de la justice, mais plus sûrement à la crainte <strong>des</strong>élus locaux devant une éventuel<strong>le</strong> tutel<strong>le</strong> <strong>des</strong> juges 92 .§ 1. Le faib<strong>le</strong> bilan statistique du recours au jugeLe gouvernement présente chaque année au Par<strong>le</strong>ment un rapport surl’utilisation du déféré préfectoral. Or, dès <strong>le</strong>s premières années, la faib<strong>le</strong>sse dunombre de déférés préfectoraux et l’importance de la régulation administrativepré-contentieuse ont constitué une tendance lourde en matière de contrô<strong>le</strong> delégalité.A - Les données chiffrées : interpretations et conséquencesLes recours représentent entre 0,02 et 0,03 % de l’ensemb<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> transmis,dont <strong>le</strong> nombre a beaucoup augmenté au fil <strong>des</strong> ans 93 . Les col<strong>le</strong>ctivités <strong>le</strong>s plusvisées sont <strong>le</strong>s communes, puisque 80 % environ <strong>des</strong> déférés <strong>le</strong>s concernent, alorsque <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> <strong>des</strong> dé<strong>par</strong>tements sont en cause dans 10 % <strong>des</strong> cas, ceux <strong>des</strong> régionsne représentant qu’entre 1 et 2 % <strong>des</strong> recours.Trois domaines principaux sont concernés : la fonction publique territoria<strong>le</strong> quireprésente environ un tiers <strong>des</strong> déférés préfectoraux, <strong>le</strong> reste concernant à peu prèsà égalité l’urbanisme, ainsi que <strong>le</strong>s marchés publics et <strong>le</strong>s délégations de servicepublic. Quant au taux de succès assez é<strong>le</strong>vé, il se situe sur la durée autour de 80 %tant en première instance qu’en appel. Si <strong>le</strong>s deman<strong>des</strong> de suspension représentent50 % <strong>des</strong> recours, el<strong>le</strong>s n’aboutissent cependant qu’une fois sur trois environ 94 .Cette situation a donné lieu à <strong>des</strong> interprétations très diverses, <strong>le</strong>s unesoptimistes et <strong>le</strong>s autres plus réalistes. Certes, l’identification <strong>des</strong> illégalitésn’est pas facilitée <strong>par</strong> la brièveté <strong>des</strong> délais im<strong>par</strong>tis aux services du contrô<strong>le</strong>,compte tenu de <strong>le</strong>ur impré<strong>par</strong>ation initia<strong>le</strong>, de la faib<strong>le</strong>sse <strong>des</strong> moyens notammenthumains, et de l’insuffisante documentation juridique disponib<strong>le</strong> à tous <strong>le</strong>sniveaux. Il serait quelque peu naïf d’attribuer <strong>le</strong> petit nombre d’<strong>actes</strong> déférés, aucaractère juridiquement irréprochab<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> locaux ou au bon fonctionnementde l’information préalab<strong>le</strong> délivrée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s services préfectoraux 95 .92J.C. HELIN, « Les contrô<strong>le</strong>s sont-ils efficaces ? » in revue Pouvoirs, n° 60/1992, pp. 115 et 124. Dumême auteur « Le contrô<strong>le</strong> de légalité <strong>des</strong> <strong>actes</strong> locaux en France », A.J.D.A. 1999, pp. 767 et s., et encore,« La régulation administrative du contrô<strong>le</strong> de légalité et <strong>le</strong> droit », R.F.D.A., 1987, pp. 765 et s.93Le nombre d’<strong>actes</strong> transmis est passé de 2.718.295 (1982-1983) à 3.780.276 (1985-1986), puis4.618.177 (1988), 5.543.261 (1990), 7.736.756 (2000) et 8.311.681 (2004).94N. DANTONEL-COR, Droit <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s, ed. Bréal, 2007, pp. 260 et 266.95Le nombre <strong>des</strong> déférés, <strong>des</strong> <strong>le</strong>ttres d’observation, <strong>des</strong> désistements, n’est pas indicatif du degré derespect de la légalité <strong>par</strong> <strong>le</strong>s autorités loca<strong>le</strong>s.569


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.Ces explications ne rendent pas compte <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> dis<strong>par</strong>ités constatées selon<strong>le</strong>s endroits, <strong>le</strong>s domaines et même selon <strong>le</strong>s personnes. En vérité, ce sont <strong>le</strong>spratiques qui différent, révélant <strong>des</strong> inégalités de traitements 96 , une conceptiontrès hétérogène du contrô<strong>le</strong> à exercer. Le malaise ap<strong>par</strong>u après une quinzained’années de pratique a conduit <strong>le</strong>s uns à proposer de restaurer l’ancien contrô<strong>le</strong>administratif a priori, et <strong>le</strong>s autres à retirer au préfet la saisine du tribunal enaugmentant l’emprise du juge sur la procédure. Le rapport du Conseil d’Etat surl’urbanisme avait dès 1992 et pour la première fois dans un document officiel,stigmatisé <strong>le</strong>s carences du contrô<strong>le</strong> de légalité 97 .Outre la faib<strong>le</strong> utilisation <strong>des</strong> possibilités de sursis, <strong>le</strong>s délais dans <strong>le</strong>squels<strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs se prononçaient ne contribuaient pas à donner de lacrédibilité à la procédure du déféré 98 . De même, <strong>le</strong> faib<strong>le</strong> nombre de déféréspréfectoraux provoqués <strong>par</strong> <strong>le</strong>s personnes lésées, qui contraste avec <strong>le</strong> flux <strong>des</strong>recours à l’initiative <strong>des</strong> <strong>par</strong>ticuliers ou <strong>des</strong> associations, renforçait <strong>le</strong>s doutes surl’efficacité du contrô<strong>le</strong> de légalité 99 . A la décharge <strong>des</strong> préfets on peut observer,que <strong>le</strong> choix est <strong>par</strong>fois entre faire appliquer un droit lui-même im<strong>par</strong>fait outolérer une illégalité. Enfin, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s dont <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> sont censurés nese plient pas de bonne grâce aux décisions de justice.Cette situation insatisfaisante peut s’expliquer <strong>par</strong> <strong>des</strong> raisons objectivescertes, mais <strong>le</strong>s différences de comportements de la <strong>par</strong>t <strong>des</strong> responsab<strong>le</strong>s ducontrô<strong>le</strong> et <strong>le</strong> souci de préserver <strong>le</strong>urs rapports avec <strong>le</strong>s élus locaux (surtout ceux<strong>des</strong> gran<strong>des</strong> vil<strong>le</strong>s et col<strong>le</strong>ctivités), sont aussi en cause. Il demeure que la diversitédans l’exercice du contrô<strong>le</strong> et l’hétérogénéité <strong>des</strong> conceptions mêmes du contrô<strong>le</strong>,nuisent au principe d’égalité <strong>des</strong> citoyens devant la loi 100 .Ces constatations ne sont pas étrangères à la multiplication <strong>des</strong> mises en causede la responsabilité péna<strong>le</strong>, tant <strong>des</strong> élus locaux que <strong>des</strong> préfets. Cette irruptiondu juge pénal a accru <strong>le</strong> sentiment d’insécurité éprouvé <strong>par</strong> <strong>le</strong>s divers décideurs.La pénalisation croissante de la vie politique choque encore plus <strong>le</strong>s élus locaux,lorsqu’ils sont mis en cause à propos d’<strong>actes</strong> antérieurement soumis au contrô<strong>le</strong>de légalité, sans que cela conduise à <strong>des</strong> observations de la <strong>par</strong>t <strong>des</strong> autorités decontrô<strong>le</strong>.96Ainsi d’après <strong>le</strong> rapport de la Direction Généra<strong>le</strong> <strong>des</strong> Col<strong>le</strong>ctivités Loca<strong>le</strong>s, en 2000, huit dé<strong>par</strong>tementsn’ont connu aucun déféré, 52 en ont connu entre 1 et 10, et 40 autres en ont connu dix et plus.97Conseil d’Etat, L’urbanisme : pour un droit plus efficace, La Documentation française, coll. « LesEtu<strong>des</strong> du Conseil d’Etat », Paris 1992. Voir éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> Rapport public du Conseil d’Etat concernantl’année 1993 (N° 45), notamment <strong>le</strong>s pages 15 et suivantes (Décentralisation et ordre juridique).98Par conséquent, ou bien <strong>le</strong> jugement est trop tardif pour éviter <strong>le</strong>s effets de l’illégalité, quitte à devoirverser <strong>des</strong> dommages et intérêts, ou bien l’annulation se révè<strong>le</strong> inefficace en raison de la comp<strong>le</strong>xité <strong>des</strong>situations créées.99Surtout si l’on observe que <strong>le</strong> juge administratif annu<strong>le</strong> de nombreux <strong>actes</strong> à <strong>le</strong>ur demande, sansavoir été <strong>par</strong>allè<strong>le</strong>ment saisi <strong>par</strong> <strong>le</strong>s préfets.100Par exemp<strong>le</strong>, sur la période 1986 - 1996, <strong>le</strong> nombre d’<strong>actes</strong> transmis a augmenté de plus de50%, alors que <strong>le</strong> nombre <strong>des</strong> <strong>le</strong>ttres d’observations s’est accru de 91 %, mais <strong>le</strong>s recours déposés n’ontaugmenté que de 11,5 %.570


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.B - L’importance du contrô<strong>le</strong> administratif pré-contentieuxEu égard à l’encombrement de la juridiction administrative, l’accroissementdu contentieux ne saurait constituer un objectif en soi. Le nombre réduit <strong>des</strong>déférés préfectoraux s’explique non seu<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> <strong>le</strong> peu d’empressement à saisir<strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong>, mais encore et surtout <strong>par</strong> la possibilité de prévenir ou corriger <strong>le</strong>sillégalités dans la phase préalab<strong>le</strong> de l’examen <strong>des</strong> <strong>actes</strong> locaux en préfecture.1°/ L’évitement du contentieux et la fonction de conseil exercée <strong>par</strong> <strong>le</strong>préfetEn cas d’incertitude sur la légalité de son acte, l’autorité loca<strong>le</strong> peut consulter<strong>le</strong>s services de la préfecture. Les gran<strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités peuvent aussi disposer <strong>des</strong>ervices juridiques étoffés, ou recourir aux services d’avocats ou de consultants. Cesont surtout <strong>le</strong>s « <strong>le</strong>ttres d’observation » adressées <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet après transmission<strong>des</strong> <strong>actes</strong> locaux, qui servent à désamorcer <strong>le</strong> contentieux éventuel 101 . Le dialoguequi s’établit permet de revenir à une situation de légalité, et plus de neuf fois surdix <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres d’observation sont suivies d’effet 102 . Le travail effectué à ce stadeconsiste en conseils délivrés avant même l’édiction de l’acte, en négociation ouen recours gracieux 103 . Mais pour que <strong>le</strong>s observations puissent valoir recoursgracieux, il faut que la <strong>le</strong>ttre du préfet mentionne <strong>le</strong>s irrégularités constatées etcomporte expressément une demande de retrait, d’abrogation ou de réformation 104 .Le Conseil d’Etat a précisé quel<strong>le</strong>s étaient <strong>le</strong>s personnes compétentes pour signer<strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres d’observation 105 .On assiste donc à un déplacement du contrô<strong>le</strong> du juge vers <strong>le</strong> préfet, etl’équilibre ainsi instauré privilégie la phase pré-contentieuse dans <strong>le</strong> processusde régulation, favorisant ainsi la négociation et la dimension administrative du101Ainsi en 2006, c’est 1 à 2 % <strong>des</strong> <strong>actes</strong> transmis qui ont fait l’objet de 81.803 <strong>le</strong>ttres d’observations.Ce chiffre a pu au<strong>par</strong>avant atteindre 3 %, comme en 1996 (176.420 <strong>le</strong>ttres d’observation). L’activitéprécontentieuse <strong>des</strong> préfets au début en 1983-1984 était 54 fois plus importante que l’activité contentieuse.El<strong>le</strong> l’a été 80 fois plus en 1989, 100 fois plus en 1990 et 150 fois plus au cours <strong>des</strong> dernières années.102En 2004, c’est 95 % <strong>des</strong> 100.000 <strong>le</strong>ttres d’observation qui ont été suivies d’effet.103Depuis l’arrêt du C.E., 18 avril 1986, Commissaire de la République du dé<strong>par</strong>tement d’Il<strong>le</strong>-et-Vilaine,<strong>le</strong>s observations adressées <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet à un élu local sur la légalité d’un acte va<strong>le</strong>nt recours gracieux, cequi a une influence sur <strong>le</strong>s délais de recours (comme pour la demande de pièces complémentaires).104Mais une simp<strong>le</strong> demande de réexamen de l’acte, sans en demander expressément <strong>le</strong> retrait, doitaussi être regardée comme un recours gracieux : C.E., 8 mars 1996, Dé<strong>par</strong>tement <strong>des</strong> Alpes maritimes.Il convient de noter que <strong>le</strong>s correspondances échangées entre <strong>le</strong> préfet et l’autorité loca<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cadred’un contrô<strong>le</strong> de légalité, présentent <strong>le</strong>s caractères de documents administratifs au sens de la loi du 17juil<strong>le</strong>t 1978, et qu’en vertu de la loi du 12 avril 2000 (art.7) ils sont communicab<strong>le</strong>s à quiconque en faitla demande.105En ce qui concerne <strong>le</strong>s signataires habilités, <strong>le</strong> Conseil d’Etat a opéré une distinction entre la phasecontentieuse et la phase pré-contentieuse du contrô<strong>le</strong> de légalité (C.E., Section, 15 octobre 1999, Ministrede l’intérieur c/Commune de Savigny-<strong>le</strong>-Temp<strong>le</strong>). Un décret du 29 avril 2004 relatif aux pouvoirs <strong>des</strong>préfets, à l’organisation et à l’action <strong>des</strong> services de l’Etat dans <strong>le</strong>s régions et dé<strong>par</strong>tements, a précisé cepoint de droit. Ainsi <strong>le</strong>s préfets de région et de dé<strong>par</strong>tement peuvent déléguer <strong>le</strong>ur signature aux chefs <strong>des</strong>services <strong>des</strong> administrations civi<strong>le</strong>s de l’Etat ou à <strong>le</strong>urs subordonnés pour signer <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres d’observationsvalant recours gracieux, et aux agents en fonction dans <strong>le</strong>s préfectures pour <strong>le</strong>s matières re<strong>le</strong>vant <strong>des</strong>attributions du Ministre de l’intérieur, s’agissant <strong>des</strong> <strong>le</strong>ttres d’observations valant recours gracieux.571


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.contrô<strong>le</strong> <strong>par</strong> rapport à la dimension juridictionnel<strong>le</strong>. On peut voir là une preuve deretenue et de sagesse de la <strong>par</strong>t <strong>des</strong> préfets et <strong>des</strong> élus locaux. Ce glissement opéréau sein du processus de contrô<strong>le</strong>, implique un changement de culture privilégiantla recherche du compromis. Le fait que <strong>le</strong> juge administratif donne raison aupréfet neuf fois sur dix lorsqu’il est saisi d’un recours, contribue à privilégier cetteméthode de travail, où <strong>le</strong> déféré préfectoral ne représente que <strong>le</strong> maillon ultime ducontrô<strong>le</strong>, rarement mis en śuvre, et agissant plutôt comme une arme dissuasive,contribuant à remettre en conformité <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> litigieux. Cette évolution a d’ail<strong>le</strong>ursété encouragée <strong>par</strong> la jurisprudence.2°/ La régulation compréhensive <strong>des</strong> prérogatives préfectora<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>Conseil d’EtatL’appréciation discrétionnaire du préfet dans l’exercice de son pouvoir dedéférer <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> locaux au tribunal administratif, a été validée <strong>par</strong> <strong>le</strong> Conseild’Etat. Cette marge d’opportunité laissée au préfet est l’élément de soup<strong>le</strong>sse quipermet de préserver la viabilité du système de contrô<strong>le</strong>. En même temps, c’est <strong>le</strong>préfet qui ap<strong>par</strong>aît comme <strong>le</strong> contrepoids réel au principe de libre administration<strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s. Ce rô<strong>le</strong> d’arbitre dévolu au représentant de l’Etatlui impose une nécessaire prudence, face à <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités qui sont aussi <strong>des</strong><strong>par</strong>tenaires en matière de politiques publiques. Il lui ap<strong>par</strong>tient donc, sous <strong>le</strong> regarddu juge, de situer cette appréciation de la légalité dans la perspective de l’intérêtgénéral, en évitant que s’instaure dans <strong>le</strong> pays un sentiment d’arbitraire, et surtouten évitant toute impression d’instrumentalisation du déféré préfectoral à d’autresfins que la seu<strong>le</strong> légalité. Il y va de la réussite à long terme de la décentralisation, car<strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> doit rester crédib<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s élus locaux supporteraient mal <strong>le</strong>s différencesde traitement.C’est en ayant conscience de ces enjeux que <strong>le</strong> Conseil d’Etat a modulé <strong>le</strong>périmètre et <strong>le</strong>s conditions d’exercice du contrô<strong>le</strong> <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet. C’est ainsi qu’il ainterprété <strong>le</strong>s textes de manière à cantonner <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> proprement juridictionnel,tout en posant un certain nombre de règ<strong>le</strong>s encadrant l’activité du représentantde l’Etat. Il est vrai que <strong>le</strong>s rédacteurs de la loi du 2 mars 1982 avaient conçu <strong>le</strong>déféré préfectoral comme un recours contentieux n’ayant vocation à intervenirqu’en dernier lieu, et en cas d’échec <strong>des</strong> tentatives de modification de l’acte loca<strong>le</strong>stimé illégal 106 .Plusieurs décisions illustrent l’attitude compréhensive du Conseil d’Etat. Ainsi,la compétence discrétionnaire du préfet pour saisir <strong>le</strong> tribunal administratif a étéréaffirmée, alors que <strong>le</strong> même préfet n’exerce qu’une compétence liée pour saisirla Chambre régiona<strong>le</strong> <strong>des</strong> Comptes en matière de contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> budgétaires.Mais c’est la loi qui dans ce dernier cas impose au préfet de saisir la juridictionfinancière. Pour sa <strong>par</strong>t, <strong>le</strong> Conseil Constitutionnel, se fondant sur <strong>le</strong>s termes de106Les termes de la circulaire du 22 juil<strong>le</strong>t 1982 adressée aux préfets, commissaires de la république,étaient assez clairs à cet égard : « ce n’est que si l’autorité loca<strong>le</strong> intéressée ne prend pas <strong>le</strong>s mesuresnécessaires, qu’il vous ap<strong>par</strong>tient de saisir <strong>le</strong> juge administratif et d’informer alors l’autorité de cettesaisine ».572


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.l’artic<strong>le</strong> 72 alinéa 3 (précité), a considéré que <strong>le</strong> préfet est « tenu d’assurer » <strong>le</strong>contrô<strong>le</strong> de légalité <strong>des</strong> <strong>actes</strong>, et qu’il « doit exercer » <strong>le</strong>s attributions conférées107. Le Conseil d’Etat a estimé que cette mission du préfet impliquait une certainemarge de manśuvre, et qu’il avait « la faculté » de former un recours pour excèsde pouvoir contre tous <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s 108 .De plusieurs manières aussi, <strong>le</strong> Conseil d’Etat a encouragé l’activité précontentieusedu représentant de l’Etat. Il a étendu son contrô<strong>le</strong> aux <strong>actes</strong> nonsoumis à transmission obligatoire, adressés spontanément ou qui sont <strong>par</strong>venus àsa connaissance <strong>par</strong> l’intermédiaire d’une personne lésée 109 . Le préfet a éga<strong>le</strong>menteu la possibilité d’allonger la phase de la négociation administrative, du faitde l’assimilation <strong>des</strong> observations à un recours gracieux 110 , et en bénéficiantd’une prorogation du délai en cas de demande de transmission de documentscomplémentaires 111 . De même, l’obligation léga<strong>le</strong> d’informer <strong>le</strong>s élus del’existence d’un recours et <strong>des</strong> illégalités reprochées n’est pas considérée commeun motif d’irrecevabilité du déféré préfectoral 112 . Poursuivant dans cette voie,<strong>le</strong> Conseil d’Etat est même revenu sur sa jurisprudence qui faisait du refus dedéférer un acte local à la demande d’une personne lésée une décision susceptib<strong>le</strong>de recours 113 , pour finir <strong>par</strong> admettre que <strong>le</strong> refus de déférer un acte local surdemande d’un tiers n’est pas une décision faisant grief susceptib<strong>le</strong> de faire l’objetd’un recours pour excès de pouvoir 114 , au motif que la personne lésée pouvait el<strong>le</strong>mêmeexercer un recours direct. La Haute-Assemblée s’est encore montrée trèsfavorab<strong>le</strong> au représentant de l’Etat et à son pouvoir discrétionnaire, en lui donnantla possibilité de se désister en cours d’instance et jusqu’à l’audience du tribunal 115 .107C.C. décision du 21 janvier 1994, Urbanisme et construction. Voir éga<strong>le</strong>ment sa décision antérieuredu 25 février 1982, et sa décision ultérieure du 9 avril 1996. Ce choix du Conseil d’Etat est à la foisconforme à l’intention du législateur (qui certes impose au préfet d’exercer ses pouvoirs de contrô<strong>le</strong> maissans l’obliger à déférer systématiquement au juge), et cohérent avec une jurisprudence établie, voulantqu’une autorité administrative (préfet inclus) n’est norma<strong>le</strong>ment jamais tenue de saisir <strong>le</strong> juge en vertu duprincipe de l’opportunité <strong>des</strong> poursuites, qui s’applique à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>des</strong> actions en justice, y compris aupénal : C.E., Ass., 20 mars 1974, Ministre de l’aménagement du territoire, de l’équipement, du logementet du tourisme c/Navarra. On peut cependant re<strong>le</strong>ver, que la loi s’exprime au présent de l’indicatif (art. L2131-6, 3132-1 et 4142-1 : « <strong>le</strong> représentant de l’Etat défère au tribunal <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> qu’il estime contrairesà la légalité », l’indicatif valant impératif en droit, on pourrait tout aussi bien concevoir <strong>le</strong> déféré commeune compétence liée.108C.E., Section, 28 février 1997, Commune du Port. Cet arrêt s’est voulu explicite, venant après celuidu 16 juin 1989, Commune de Belcodène, où <strong>le</strong> Conseil d’Etat s’était déjà implicitement prononcé dansce sens.109C.E., 4 novembre 1994, Dé<strong>par</strong>tement de la Sarthe.110C.E., 18 avril 1986, Commissaire de la République d’Il<strong>le</strong>-et-Vilaine, R.F.D.A. 1987, p. 2006.111C.E., 13 janvier 1988, Mutuel<strong>le</strong> Généra<strong>le</strong> <strong>des</strong> personnels <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s, R.F.D.A. 1988,p. 282.112C.E., 24 avril 1985, Vil<strong>le</strong> d’Aix-en-Provence, R.F.D.A. 1985, p. 527.113C.E., 18 novembre 1987, Marcy.114C.E., Section, 25 janvier 1991, Brasseur, R.F.D.A. 1991, p. 593.115C.E., 6 décembre 1999, Société Aubettes S.A.573


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.Les tentatives de certains <strong>tribunaux</strong> administratifs en vue de limiter la marge deliberté du préfet, au nom du respect de la légalité, ont été vouées à l’échec. 116Cette jurisprudence a évidemment été bien accueillie <strong>par</strong> <strong>le</strong> corps préfectoral,soucieux de la qualité <strong>des</strong> relations avec <strong>le</strong>s élus locaux, et plus porté à l’arrangementet à l’action qu’au conflit et aux recours.§ 2. Le renforcement de la qualité du contrô<strong>le</strong>Nul ne conteste l’aspect positif d’un système qui évite <strong>le</strong>s contentieux, alorsque la juridiction administrative est déjà encombrée <strong>par</strong> ail<strong>le</strong>urs. Mais l’enjeu ducontrô<strong>le</strong> de légalité <strong>des</strong> <strong>actes</strong> locaux n’est ni plus ni moins que l’égalité devant laloi, donc l’Etat de droit qui doit être aussi au cśur de la décentralisation. Tout aété dit sur <strong>le</strong>s déficiences du contrô<strong>le</strong> et sur <strong>le</strong>s risques que représente pour l’unitéde la République, une trop grande dis<strong>par</strong>ité <strong>des</strong> comportements dans la mise enśuvre de ce contrô<strong>le</strong> 117 . Le Conseil d’Etat a mis l’accent sur <strong>le</strong> danger qu’il yaurait à créer un sentiment d’impunité, susceptib<strong>le</strong> de « favoriser <strong>le</strong>s tentationsde comportements délictueux, notamment dans <strong>des</strong> secteurs sensib<strong>le</strong>s commel’urbanisme, <strong>le</strong>s marchés publics et <strong>le</strong>s délégations de services publics » 118 . Les<strong>par</strong><strong>le</strong>mentaires aussi sont soucieux de voir <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de légalité jouer efficacementson rô<strong>le</strong> au service de l’Etat de droit. Les nouvel<strong>le</strong>s étapes franchies depuis 1982dans la décentralisation, notamment avec la loi du 13 août 2004 accroissant <strong>le</strong>sresponsabilités et <strong>le</strong>s compétences transférées aux col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s, exigentque soit mieux garantie l’application uniforme du droit sur l’ensemb<strong>le</strong> du territoirenational.A - La modernisation du contrô<strong>le</strong> dans sa phase administrativeLes techniques du juge administratif en matière de contrô<strong>le</strong> de légalité, depuislongtemps éprouvées, sont considérées comme satisfaisantes. C’est donc sur <strong>le</strong>contrô<strong>le</strong> exercé en amont qu’il a fallu agir.Les services de l’Etat ont dû re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> défi représenté <strong>par</strong> l’organisation <strong>des</strong>flux et de la gestion <strong>des</strong> stocks de documents qui <strong>le</strong>ur étaient transmis. Pour que<strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> à ce stade soit efficace, il a fallu renforcer <strong>le</strong>s personnels en préfectureet améliorer la formation <strong>des</strong> fonctionnaires, pour satisfaire <strong>le</strong> besoin de sécuritéjuridique <strong>des</strong> élus locaux et pour rassurer <strong>le</strong>s administrés qui hésitent de moins en116La volonté manifestée était de limiter la marge de manśuvre du préfet, en n’acceptant de luidonner acte de son désistement que si celui-ci était réel<strong>le</strong>ment provoqué <strong>par</strong> la correction juridique dela réformation ou <strong>par</strong> une erreur d’appréciation sur la légalité : voir T.A. Lyon, 6 février 1984, Syndicat<strong>des</strong> transports en commun de la région lyonnaise et T.A. Lyon, 10 juil<strong>le</strong>t 1984, Commune de Fons. Sereporter aux observations de D. CHABANOL à l’A.J.D.A. 1984, p. 570 et à l’étude de M. LEVY, sur « Ledésistement du déféré du commissaire de la République », A.J.D.A. 1985, p. 136.117Se reporter au Rapport du Commissariat Général du Plan intitulé « Décentralisation, l’âge deraison ».118Conseil d’Etat, Rapport Public, N° 45/1993 (précité) p. 77.574


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.moins à s’adresser au juge administratif. Les contrô<strong>le</strong>urs et <strong>le</strong>s contrôlés aspirentà agir dans un cadre normatif clair et stab<strong>le</strong>.De nombreuses circulaires ou directives sont intervenues pour commenter<strong>le</strong>s dispositions léga<strong>le</strong>s et la jurisprudence relatives au contrô<strong>le</strong> de légalité. El<strong>le</strong>sconcernent <strong>le</strong>s domaines prioritaires à contrô<strong>le</strong>r, la maîtrise <strong>des</strong> nouveaux textes,l’organisation <strong>des</strong> services du contrô<strong>le</strong> en préfecture, et <strong>le</strong>s personnes habilitées àsaisir <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs. Il a fallu aussi prendre en considération <strong>le</strong> faitqu’à côté de l’activité de contrô<strong>le</strong>, la fonction de conseil a pris une importancenouvel<strong>le</strong> puisqu’el<strong>le</strong> représente jusqu’à la moitié de la charge de travail <strong>des</strong>services.C’est cet accroissement nécessaire <strong>des</strong> capacités d’expertise juridique, qui aconduit à prendre certaines initiatives en vue d’améliorer <strong>le</strong> fonctionnement dusystème. Ainsi, un <strong>par</strong>tenariat a été établi entre <strong>le</strong> ministère de l’intérieur et <strong>le</strong>conseil national <strong>des</strong> avocats, qui a débouché sur une Charte prévoyant l’accueil<strong>des</strong> élèves avocats au sein <strong>des</strong> préfectures et du pô<strong>le</strong> interrégional d’appui aucontrô<strong>le</strong> de légalité installé à Lyon, et la <strong>par</strong>ticipation de la Direction généra<strong>le</strong> <strong>des</strong>col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s à la formation de ces élèves.En effet, depuis 2002 <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> d’appui précité apportait aux services préfectorauxde cinq régions une expertise dont la qualité était reconnue, et qui visait àrenforcer la professionnalisation <strong>des</strong> agents chargés du contrô<strong>le</strong> au plan local.Ce pô<strong>le</strong> d’appui a pris <strong>par</strong> la suite et depuis <strong>le</strong> 1 er janvier 2007 une compétencenationa<strong>le</strong> à l’exception <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités d’Outre-mer et de la région I<strong>le</strong>-de-France119. La circulaire du 17 janvier 2006, dans <strong>le</strong> prolongement du mouvement dedécentralisation, a tendu à donner au contrô<strong>le</strong> de légalité une nouvel<strong>le</strong> dimensionnécessitant un accroissement <strong>des</strong> moyens juridiques et une définition <strong>des</strong> stratégiesde contrô<strong>le</strong>. Ces stratégies de contrô<strong>le</strong> sont arrêtées <strong>par</strong> <strong>le</strong>s préfets en fonction <strong>des</strong>contextes locaux. L’objectif est certes de contrô<strong>le</strong>r la bonne application <strong>des</strong> lois,mais aussi de prévenir <strong>le</strong>s mises en cause juridiques, péna<strong>le</strong>s et financières <strong>des</strong> éluslocaux. La circulaire précitée du 17 janvier 2006 relative à la modernisation ducontrô<strong>le</strong> de légalité, a aussi voulu recentrer <strong>le</strong> déféré préfectoral sur <strong>le</strong>s quelquesdomaines prioritaires suivants :l’intercommunalité : en ce domaine, <strong>le</strong>s préfets doivent veil<strong>le</strong>r à la mise enśuvre d’une politique globa<strong>le</strong> cohérente et efficace, à la définition de l’intérêtintercommunal, au transfert effectif <strong>des</strong> moyens et <strong>des</strong> personnels affectés auxcompétences transférées, au contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> sociétés d’économie mixte ;la commande publique : <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> doit ici porter sur <strong>le</strong> respect <strong>des</strong> règ<strong>le</strong>sde concurrence, sur <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> dont la transmission n’est plus obligatoire 120 , surla surveillance <strong>des</strong> coûts mentionnés afin de garantir un bon usage <strong>des</strong> deniers119Les missions du Pô<strong>le</strong> d’appui de Lyon sont : l’assistance juridique, l’information, la formation. Lafaculté de saisir <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>tient aux préfets et aux sous-préfets. Les services déconcentrés de l’Etat et<strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s n’y ont pas directement accès.120Cela concerne notamment <strong>le</strong>s marchés conclus suivant la « procédure adaptée », inférieurs à 230.000€ hors taxes, qui représentent une bonne <strong>par</strong>t de la commande publique <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s.575


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.en jeu la responsabilité de l’Etat 123 . Cette exigence de la faute lourde est justifiée<strong>par</strong> <strong>le</strong> fait qu’il s’agit d’un contrô<strong>le</strong> délicat, qui doit respecter un certain équilibreentre la libre administration loca<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s intérêts de l’Etat.Si la liberté d’appréciation du préfet demeure entière, son refus prolongé dedéférer au juge <strong>des</strong> décisions loca<strong>le</strong>s importantes dont <strong>le</strong>s illégalités sont aisémentdécelab<strong>le</strong>s, constitue une faute lourde 124 . La responsabilité de l’Etat ne sauraitêtre exclue en cas de comportement illégal de la col<strong>le</strong>ctivité loca<strong>le</strong>, car il fauttenir compte du fait que cel<strong>le</strong>-ci ne dispose ni <strong>des</strong> mêmes personnels ni <strong>des</strong>mêmes compétences que <strong>le</strong>s services du contrô<strong>le</strong> en préfecture. Cela n’exclut pasl’éventuel <strong>par</strong>tage de responsabilité, si l’illégalité est commise en connaissance decause <strong>par</strong> la col<strong>le</strong>ctivité loca<strong>le</strong>.La jurisprudence la plus récente confirme cette responsabilité pour fautelourde dans l’exercice déficient du contrô<strong>le</strong> de légalité <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet, même si <strong>le</strong>préjudice subi <strong>par</strong> la col<strong>le</strong>ctivité loca<strong>le</strong> ou l’établissement public résulte de <strong>le</strong>urcomportement fautif 125 .CONCLUSION:Le système du contrô<strong>le</strong> de légalité <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s mis en placeen 1982 est comp<strong>le</strong>xe à bien <strong>des</strong> égards, notamment à cause de la distinction entre<strong>le</strong>s <strong>actes</strong> soumis à transmission obligatoire et <strong>le</strong>s autres, de la ré<strong>par</strong>tition <strong>des</strong> rô<strong>le</strong>sentre <strong>le</strong> préfet et <strong>le</strong> juge, et du large pouvoir discrétionnaire laissé aux préfets.Mais <strong>des</strong> améliorations, notamment techniques, sont mises en place pour renforcerla cohérence du système, et pour doter <strong>le</strong>s services du contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> compétencesnécessaires et d’une stratégie claire. L’avenir dira si <strong>le</strong>s bons équilibres ont ététrouvés.Il est cependant évident, que l’on n’est pas passé en matière de décentralisationà une régulation <strong>par</strong> <strong>le</strong> juge, dont <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> n’est pas <strong>le</strong> plus valorisé. L’accent n’a pasété mis sur ses rapports avec <strong>le</strong>s élus locaux et cela n’est pas forcément négatif.Pour l’essentiel, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> concerne <strong>le</strong>s rapports <strong>des</strong> préfets avec <strong>le</strong>s élus ; etcela est conforme au souhait <strong>des</strong> uns et <strong>des</strong> autres. La « tutel<strong>le</strong> <strong>des</strong> juges » agit123C.E., 21 janvier 2000, Ministre de l’équipement, <strong>des</strong> transports et du logement c/Commune deRoquebrune-Cap-Martin : « La circonstance que <strong>le</strong> préfet <strong>des</strong> Alpes Maritimes s’est abstenu de déférerau tribunal administratif <strong>le</strong> plan d’occupation <strong>des</strong> sols de la commune… sur <strong>le</strong> fondement duquel a étédélivré <strong>le</strong> permis de construire litigieux, ne revêt pas <strong>le</strong> caractère d’une faute lourde, seu<strong>le</strong> de nature àengager en <strong>par</strong>eil cas la responsabilité de l’Etat envers la commune », R.D.P., 2000, p. 1257 et R.F.D.A.2000, p. 1096.124Le Conseil d’Etat a considéré que <strong>le</strong> préfet qui s’abstient de déférer <strong>des</strong> <strong>actes</strong> dont « l’illégalitéressortait avec évidence <strong>des</strong> pièces qui lui étaient transmises et dont <strong>le</strong>s conséquences financièresétaient graves pour <strong>le</strong>s communes concernées », commet une faute lourde de nature à faire engager laresponsabilité de l’Etat : T.A. Bastia, 3 juil<strong>le</strong>t 1997, Commune de Saint-Florent, puis C.A.A. Marseil<strong>le</strong>, 21juil<strong>le</strong>t 1999, Ministre de l’intérieur c/Commune de Saint-Florent et autres, et fina<strong>le</strong>ment C.E., 6 octobre2000, Commune de Saint-Florent, A.J.D.A. 2001, p. 201 et R.F.D.A. 2000, p. 1356.125C.A.A. Marseil<strong>le</strong>, 15 avril 2009, Sivom Cinarca Liamone, A.J.D.A. 2009, p. 1546.577


Marc Gjidara: Le contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> <strong>actes</strong> <strong>des</strong> autorités loca<strong>le</strong>s <strong>par</strong> <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs en FranceZbornik radova Pravnog fakulteta u Splitu, god. 47, 3/2010., str. 551.-578.toujours comme un repoussoir. C’est pourquoi <strong>le</strong>s <strong>tribunaux</strong> administratifs, quisont impliqués dans <strong>le</strong> mouvement de décentralisation, ne sont pas placés aucentre du processus.Le recours au juge était peut-être dans la logique de la loi, mais il fonctionneplutôt comme un instrument de dissuasion dans une négociation qui a plus pourobjectif la réformation <strong>des</strong> <strong>actes</strong> que <strong>le</strong>ur annulation. Le recours au juge exerceune fonction pédagogique et renforce la fonction dissuasive du contrô<strong>le</strong>.Quoi qu’il en soit, <strong>le</strong> système mis en place en 1982 ne doit pas masquer <strong>le</strong>s autresmodalités du contrô<strong>le</strong> <strong>des</strong> col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s : <strong>par</strong> <strong>le</strong>s Chambres régiona<strong>le</strong>s <strong>des</strong>comptes en matière budgétaire et de gestion, <strong>par</strong> <strong>le</strong> préfet qui conserve un pouvoirde substitution dans certaines hypothèses où l’autorité loca<strong>le</strong> est défaillante 126 . Latutel<strong>le</strong> technique quant à el<strong>le</strong> n’a pas été supprimée mais simp<strong>le</strong>ment allégée 127 .De plus, la tendance est aujourd’hui à privilégier <strong>le</strong>s rapports contractuels (entrecol<strong>le</strong>ctivités étatiques ou décentralisées), et l’Etat est souvent <strong>par</strong>tie aux contratspassés, exerçant forcément un contrô<strong>le</strong>, qui n’entre pas toujours dans <strong>le</strong> cadrejuridique <strong>des</strong> lois de décentralisation.CONTROL OF LOCAL GOVERNMENT ACTS ON THEPART OF ADMINISTRATIVE COURTS IN FRANCEReappraisal of state activity and the renewal of public politics have caused tension in the areaof the application of public law and in the area of administrative judge authority, or have caused anincreased number of administrative disputes. This change can be felt at the local government <strong>le</strong>vel,(region, de<strong>par</strong>tment, municipality, overseas units of local self government, or special status units....)the authority and decision making powers of which are constantly increasing.Key words: control of local government Acts, administrative courts126Par exemp<strong>le</strong>, lorsque <strong>le</strong>s maires n’utilisent pas <strong>le</strong>urs pouvoirs en matière de préservation del’ordre public (re<strong>le</strong>vant de <strong>le</strong>ur police administrative), ou d’octroi de permissions d’utilisation de la voiepublique.127La loi de 1982 dispose que sont opposab<strong>le</strong>s aux col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s normes techniques prévues<strong>par</strong> une loi ou un décret d’application. De même <strong>le</strong>s <strong>actes</strong> types (règ<strong>le</strong>ments-types ou cahiers <strong>des</strong> chargestypes),sans être obligatoires, sont <strong>des</strong> modè<strong>le</strong>s auxquels <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s peuvent se référer.578

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