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ONCLE VANIA - Compagnie Roland furieux

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UNE NOUVELLE TRADUCTION DEARNAUD LE GLANICL'idée d'ajouter une nouvelle traduction d'Oncle Vania à la nombreuse liste desversions déjà existantes ne m'avait jamais effleuré. Je suis avant tout comédien,et mon « second métier » de traducteur de russe s'était spécialisé depuisquelques années dans le travail sur les œuvres théâtrales de l'auteurcontemporain Evguéni Grichkovets. Et quand Patrick Haggiag me fit l'honneur, ily a quelques semaines, de me proposer le rôle de Vania dans le spectacle qu'ilallait mettre en scène à l'initiative de Laëtitia Pitz, il n'en était pas question.Mais le problème du choix de la traduction n'était pas pour lui, à ce moment-là,résolu. Il avait bien sûr envisagé la possibilité de faire appel, après d'autres, à laversion d'André Markowicz et Françoise Morvan, références contemporainesmajeures, grands traducteurs ayant tout simplement ouvert une nouvelleépoque de la traduction des auteurs classiques russes. (..). En même temps, lesautres traductions intéressantes, comme celle d'Elsa Triolet dans la Pléiade,avaient indéniablement vieilli par plusieurs aspects (…).J'ai mieux pris conscience, à l'occasion de cette expérience, nouvelle pour moi,de traduction d'un texte déjà traduit par beaucoup d'autres, des effets de laconception que chaque traducteur se fait de l'acte de création de l'auteur danssa langue, ainsi que du rapport entre deux langues. En particulier, quant àl'ordre des mots.L'exigence contemporaine de rigueur dans le rapport au texte d'origine, en soiévidemment tout-à-fait louable, peut par exemple conduire à transposer telquel, le plus souvent possible, l'ordre des mots des phrases d'origine dans lalangue « d'arrivée », ici le français, au risque de produire des effets différentssur les auditeurs et lecteurs des deux langues, puisque les habitudessyntaxiques dans ces deux langues sont différentes (…).Ces questions peuvent sans doute recevoir des réponses différentes selon lesauteurs, et le type d'élaboration formelle de leur écriture.Mais sans me lancer dans des développements qui n'ont pas leur place ici, jedirais que le pari de cette traduction aura été de « tenir les deux bouts » de larigueur dans la référence au texte d'origine, et de la recherche d'une languefrançaise à la fois cohérente et « réellement » parlée, comme il me semble queTchekhov a voulu mettre sur le théâtre, à sa manière et en son temps, unelangue russe réellement parlée.Il est vrai que j'avais déjà été orienté dans cette voie de travail sur le françaispar un auteur russe vivant, Evguéni Grichkovets, dont les rapports à l'héritagede Tchekhov me semblent à la fois complexes et profonds (…).Enfin, je fais partie, grâce à l'histoire de ce projet, des traducteurs ayantbénéficié, en cours de travail, de la mise à l'épreuve de l'appropriation par les(autres) acteurs, et de leurs réactions, comme j'ai bénéficié de l'aide de l'actricede langue maternelle russe Irina Vavilova lorsque j'avais des doutes sur le texteoriginal, et comme j'ai bénéficié de l'accompagnement permanent et précieux dePatrick Haggiag et de Laëtitia Pitz, que je remercie d'avoir à la fois suscité,encouragé et aidé ce travail par leurs réactions et suggestions.Ce sera finalement au public français que nous rencontrerons, évidemmentdestinataire ultime et raison d'être de la traduction, de l'apprécier comme unélément du spectacle à venir.Arnaud Le GlanicOctobre 2008<strong>Roland</strong> <strong>furieux</strong>5

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