Valvulopathies et plongéeL'insuffisance mitrale peut avoir <strong>de</strong>s étiologies multiples dont <strong>la</strong> plus fréqu<strong>en</strong>te est l'insuffisance mitraledystrophique par pro<strong>la</strong>psus valvu<strong>la</strong>ire, mais elle peut être rhumatismale, infectieuse, ischémique ou liée à unema<strong>la</strong>die <strong>de</strong> système, une ma<strong>la</strong>die du tissu é<strong>la</strong>stique ou une myocardiopathie di<strong>la</strong>tée ou hypertrophique.Évaluation : L'étiologie aura une importance particulière pour <strong>la</strong> décision <strong>de</strong> non contre-indication.Les insuffisances mitrales ischémiques ou secondaires à une myocardiopathie di<strong>la</strong>tée ou hypertrophique nepeuv<strong>en</strong>t être compatibles avec <strong>la</strong> plongée car elles sign<strong>en</strong>t <strong>la</strong> sévérité <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die.En cas <strong>de</strong> dystrophie du tissu é<strong>la</strong>stique, l'état <strong>de</strong>s autres valves et <strong>de</strong> l'aorte asc<strong>en</strong>dante sera à considérerpour pouvoir discuter l'aptitu<strong>de</strong>.Dans les autres cas, l'évaluation reposera sur <strong>la</strong> clinique (abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> symptômes, abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> signe d'insuffisancecardiaque) et surtout l'exam<strong>en</strong> échodoppler et <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> pro<strong>la</strong>psus mitral, <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> troubles du rythme(Holter, test d'effort). En cas d'IM moy<strong>en</strong>ne, un test d'effort (ou si possible un échodoppler cardiaque d'effort)est nécessaire pour évaluer <strong>la</strong> capacité fonctionnelle (et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t les pressions pulmonaires d'effort (16) ).Les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'évaluation échographique sont : <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> l'orifice régurgitant (SOR) mesurée par <strong>la</strong>métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> PISA (Proximal Isovelocity Surface Area), le volume régurgité par battem<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> fraction <strong>de</strong>régurgitation le volume et <strong>la</strong> fonction v<strong>en</strong>tricu<strong>la</strong>ire gauches (diamètre télédiastolique du v<strong>en</strong>tricule gauche -DTDVG, Fraction d'éjection - FEVG), les pressions pulmonaires (PAPS) <strong>de</strong> repos et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t d'effort(Tableau 1).Tableau 1 : C<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société Française <strong>de</strong> Cardiologie <strong>de</strong>s IM (11) :Degré <strong>de</strong> l'IM SOR Volume régurgité Fraction <strong>de</strong> régurgitationIM minime: < 20 mm 2 , < 30 ml, < 30 %IM moy<strong>en</strong>ne : 20-40 mm 2 , 30-60 ml, 30-50 %IM sévère : > 40 mm 2 , > 60 ml, > 50 %Proposition : Le sujet doit être asymptomatique.- IM minime à moy<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> rythme sinusal, avec v<strong>en</strong>tricule gauche (VG) <strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sions et <strong>de</strong> fonctionsystolique normale (FEVG > 60 %) : Tous sports - Plongée : Oui- IM minime à moy<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> rythme sinusal avec di<strong>la</strong>tation légère du VG (DTDVG < 60 mm ou 35 mm/m2)et fonction systolique <strong>de</strong> repos normale : Sports IA à IIB (10) ou IA à IIC (9) - Plongée : Non ou limitée par<strong>de</strong>s Conditions Particulières <strong>de</strong> <strong>Pratique</strong> si test d'effort normal.- IM minime à moy<strong>en</strong>ne avec VG très di<strong>la</strong>té (DTDVG > 60 mm ou 35 mm/m2) ou dysfonction VG au repos(FEVG < 60 %) : Aucun sport <strong>de</strong> compétition (10) - Plongée : Non- IM sévère : Aucun sport <strong>de</strong> compétition - Plongée : Non- IM avec fibril<strong>la</strong>tion auricu<strong>la</strong>ire (FA) : Conditions particulières <strong>de</strong> pratique avec recommandations surles anticoagu<strong>la</strong>nts (15) .RÉTRÉCISSEMENT AORTIQUE (RA)Le rétrécissem<strong>en</strong>t aortique est <strong>la</strong> valvulopathie <strong>la</strong> plus fréqu<strong>en</strong>te dans les pays développés, mais sa fréqu<strong>en</strong>ceaugm<strong>en</strong>te surtout après l'âge <strong>de</strong> 60 ans (RA dégénératif). Les formes plus précoces correspon<strong>de</strong>nt aux RAcongénitaux ou aux bicuspidies aortiques évoluant précocem<strong>en</strong>t vers <strong>la</strong> sténose calcifiée.Il reste longtemps asymptomatique mais les symptômes peuv<strong>en</strong>t être sévères et survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t préfér<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tà l'effort (dyspnée, angor, syncope, voire mort subite).Évaluation : La clinique est le plus souv<strong>en</strong>t évi<strong>de</strong>nte avec un souffle éjectionnel.La recherche à l'interrogatoire <strong>de</strong> symptômes d'effort (dyspnée, angor, lipothymies, syncope) est ess<strong>en</strong>tielle.L'ECG doit rechercher une hypertrophie électrique.L'échodoppler cardiaque est l'élém<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> l'évaluation du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> sténose. Les critères <strong>de</strong> RA serréporteront sur le gradi<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>triculo-aortique moy<strong>en</strong> (Gmoy), le pic <strong>de</strong> vitesse du flux aortique (VmaxAo), <strong>la</strong>surface aortique (SAo).Chez les sujets asymptomatiques, l'épreuve d'effort ou l'échodoppler cardiaque d'effort (17) permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong>confirmer l'abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> symptome, d'évaluer <strong>la</strong> capacité d'effort l'élévation t<strong>en</strong>sionnelle à l'effort etév<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> préciser le gradi<strong>en</strong>t aortique et les pressions pulmonaires d'effort.À l'échodoppler au repos :- RA minime : SAo > 1,5 cm², Gmoy VG-Ao ≤ 20 mmHg (10) ou ≤ 25 mmHg (9) .- RA moy<strong>en</strong> : SAo 1,0-1,5 cm², Gmoy 21-49 mmHg (10) ou 25-40 mmHg (9) .- RA serré : SAo < 1,0 cm², Gmoy VG-Ao ≥ 50 mmHg (10) ou > 40 mmHg (9) .4
Valvulopathies et plongéePropositions : Seuls les sujets réellem<strong>en</strong>t asymptomatiques à l'épreuve d'effort peuv<strong>en</strong>t être autorisés àplonger.- RA minime, avec fonction VG normale et épreuve d'effort normale au niveau nécessité par le sport, sanstroubles du rythme : Sports IA à IIB (10) voire tous sports (9) - Plongée : Oui- RA moy<strong>en</strong> asymptomatique : Sports IA - Plongée : Non ou limitée par <strong>de</strong>s Conditions Particulières <strong>de</strong><strong>Pratique</strong> si test d'effort normal.- RA serré : Aucun sport <strong>de</strong> compétition - Plongée : Non.En cas <strong>de</strong> bicuspidie avec sténose légère, il faut t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong>s recommandations spécifiques au chapitreinsuffisance aortique.INSUFFISANCE AORTIQUE (IA) ET PATHOLOGIES DE LA RACINE AORTIQUEL'insuffisance aortique est le plus souv<strong>en</strong>t liée à une pathologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> racine aortique (dystrophie aortique,bicuspidie) pouvant <strong>en</strong>trer dans le cadre d'un syndrome malformatif comme le syndrome <strong>de</strong> Marfan ou d'unedystrophie aortique familiale. Les IA rhumatismales, ou post <strong>en</strong>docarditique sont plus rares. Il faudra doncconsidérer d'une part <strong>la</strong> fuite elle-même et ses conséqu<strong>en</strong>ces hémodynamiques, son étiologie et lesdim<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> <strong>la</strong> racine aortique (18) .L'insuffisance aortique est longtemps bi<strong>en</strong> tolérée, représ<strong>en</strong>tant une surcharge volumique v<strong>en</strong>tricu<strong>la</strong>ire gaucheprogressive.Le risque d'insuffisance cardiaque est proportionnel à <strong>la</strong> di<strong>la</strong>tation v<strong>en</strong>tricu<strong>la</strong>ire gauche. Il existe un risque <strong>de</strong>rupture ou <strong>de</strong> dissection aortique lorsque l'IA est liée à une pathologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> racine aortique et ce risque estmajoré par l'effort.Évaluation : La clinique recherchera <strong>de</strong>s signes périphériques d'IA importante (hyperpulsatilité, TA diastoliquebasse) et d'insuffisance cardiaque.L'échodoppler cardiaque évalue <strong>la</strong> fuite sur <strong>de</strong>s critères directs et indirects. Les dim<strong>en</strong>sions et <strong>la</strong> fonctionv<strong>en</strong>tricu<strong>la</strong>ire gauches sont <strong>de</strong>s critères ess<strong>en</strong>tiels (Tableau 2).Tableau 2 : C<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société Française <strong>de</strong> Cardiologie <strong>de</strong>s IA (11) :IA modéréeIA sévèreParamètres semi-quantitatifsDiamètre v<strong>en</strong>a contracta < 3 mm > 6 mmVitesse télédiastolique isthme aortique Abs<strong>en</strong>t ou < 10 cm/s > 20 cm/sDébit aortique < 6 l/mn > 10 l/mnTemps <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-pression IA > 500 ms < 300 msParamètres quantitatifsSurface orifice régurgitant (SOR) < 10 mm 2 > 30 mm 2Volume régurgité/bt (VR) < 30 ml > 60 mlFraction <strong>de</strong> régurgitation (FR) < 30 % > 50 %Les c<strong>la</strong>ssifications <strong>de</strong> l'ESC (10) et <strong>de</strong> Bethesda (9) pour l'aptitu<strong>de</strong> aux sports associ<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s signes cliniques etéchographiques :- IA minime : abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> signes périphériques d'IA, dim<strong>en</strong>sions normales du VG, Fonction VG normale (10) , OGnon di<strong>la</strong>tée (10) , petites dim<strong>en</strong>sions du flux <strong>de</strong> régurgitation diastolique <strong>en</strong> échodoppler (10) .- IA moy<strong>en</strong>ne : signes périphériques d'IA avec di<strong>la</strong>tation modérée du VG et fonction systolique VG normale.Dim<strong>en</strong>sion modérée du flux <strong>de</strong> régurgitation aortique (10) .- IA sévère : signes périphériques d'IA, di<strong>la</strong>tation importante du VG et/ou dysfonction VG, di<strong>la</strong>tation auricu<strong>la</strong>iregauche (10) et <strong>la</strong>rge jet <strong>de</strong> régurgitation aortique (10) .Proposition : Le sujet doit être asymptomatique.- IA légère avec diamètre télédiastolique du v<strong>en</strong>tricule gauche(DTDVG) et fonction systolique (FEVG)normale : Tous sports - Plongée : Oui- IA modérée avec DTDVG et FEVG normale : Tous sports (9) - Plongée : Oui- IA modérée asymptomatique avec di<strong>la</strong>tation VG modérée (DTDVG 60-65 mm) et FEVG normale :sports IA (10) . Si épreuve d'effort permet d'atteindre <strong>la</strong> puissance nécessitée par le sport sans symptômes nitroubles du rythme v<strong>en</strong>tricu<strong>la</strong>ires : Sports IA à IIC (9) - Plongée : Non ou limitée par <strong>de</strong>s ConditionsParticulières <strong>de</strong> <strong>Pratique</strong> si test d'effort normal.5