57LECTURES PROFANES(suite)Nous sommes des vivants en quête de vivants.Mettons notre orgueil sur la paille.Tâchons d’apprendre l’humilité; qu’importent les mots,l’essentiel est bien au-delà des formules.Ce que je t’offre aujourd’hui,c’est quelque chose queni le temps,ni les rides,ni les infirmitésne pourront abîmer.C’est mon cadeau à moi,le seul que je puisse t’offrir,le seul que tu attendes peut-être.C’est le don de ceux qui ne peuvent vivre sans aimer.Le don des faibles,des vulnérables, des tout-nus,des sans cuirasses,des simples.Bienheureux les simples...C’est la compréhension qui dépasse la tolérance;les perce-neige au coeur froid;les frères à nouveau réunis;les amis retrouvés;les mains ouvertes, non pour quémandermais pour accueillir.Prends ma main.Apprenons en ce jour le cheminqui mène à la tendresse.VIIEXTRAIT DU LIVRE “DIEU DANS LE_METRO” (pp. 48-49)‘Il était presque midi.Dans la nouvelle rame où Dieu était monté, deux amoureux s’embrassaient. Comme tous lesamoureux, ils étaient seuls au monde. Et pourtant, Dieu sait s’il y en avait du monde à cetteheure-là dans le métro.Dieu se dit que ces deux-là une fois de plus allaient manquer leur station. Dans la fouleanonyme, ils avaient fait leur nid, trouvé leur petit coin de paradis. Tout à leur bonheur, ils enoubliaient l’heure.Pour eux, le temps n’existait plus, plus vraiment, plus du tout; il avait une étrange saveur unavant-goût d’éternité. Dieu sourit il aimait bien les amoureux.Un jour prochain, ces deux-là s’uniraient. Dieu serait de la noce, comme toujours.Car partout où l’on s’aime, il est là. Partout où l’on célèbre l’amour, il est de la fête.Dieu sourit à nouveau il pensait à Cana.Si le vin venait à manquer, ma foi, il était bien capable une fois encore de changer l’eau envin pour ces deux-là.Il aimait tant les amoureux.
58LECTURES PROFANESVIIIEXTRAIT DU LIVRE DE LA VIE(Martin Gray)L’autre quand on l’aime, est un univers que l’on n’a jamais fini d’explorer.Il est l’eau qui désaltère et la soif qui donne le désir de boire.L’amour n’est jamais contrainte.Il est joie, liberté et force.Et c’est l’amour qui tue l’angoisse.L’amour est emportement.L’amour est enthousiasme.L’amour est risque.N’aiment pas et ne sont pas aimés ceux qui veulent épargner, économiser leurssentiments.L’amour est générosité, l’amour est prodigalité mais l’amour est échange.Or, à l’amour, si l’on veut gagner, il faut d’abord se dépouiller, s’engager, êtreprêt à donner.Il y a toujours plusieurs chemins pour le fleuve qui va vers la mer.Mais, il faut que le fleuve aille vers la mer et ne se perde pas dans les sables.Il faut qu’un couple soit ouvert aux autres sinon il se perd.Il faut qu’un couple crée des enfants, des oeuvres ou le bonheur des autres.Il faut qu’un couple donne son amour.Car l’amour qui s’enferme, se dessèche et meurt, comme une plante sans lumière.Les enfants, les oeuvres, les autres, le monde,Voilà le soleil et l’eau qui font vivre l’amour.L’harmonie entre deux êtres, leur bonheur, c’est aussi le fruit de leur volonté commune deconstruire le bonheur et l’harmonie.L’amour n’est pas seulement un miracle né d’une rencontre,il est jour après jour ce que l’on veut qu’il soit. Et il faut décider de le réussir.IXLE MOT D’AMOUR(J. Rieux)Un mot, un seul, pour tout rassembler, pour tout résumer. Un mot qui n’en finit pas d’êtreprononcé, qui ne finira jamais de construire. Voici ce mot qui brûle les lèvres; il monte dufond du coeur, il éclate comme un bonheur. Par lui, toute la création s’est mise à chanter pourtransmettre d’âge en âge le sens de la vie, la véritable force qui fait grandir l’humanité.Un mot! Prononcez-le autour de vous, faites-le grandir au fond de vous, vivez-le les uns avecles autres. Soyez féconds de mille mains tendues, soyez joyeux d’un sourire qui efface lesrides; soyez lumineux de l’esprit qui rappelle à la vie. Ayez en vous le mouvement versl’autre; ayez pour vous la force des déracinements, ayez au-delà de vous la seule attitude quivous sauvera... Jetez vos vieilles habitudes à la brocante des bons sentiments; rejetez lesfantômes de vos trop vieilles coutumes, abandonnez toutes vos fausses pudeurs pour vivrel’esprit de vérité. Voici ce mot il est trop simple, pour qu’on le vive seul; il est trop pur pourque nous puissions nous y accrocher de notre propre force; il est trop doux pour la dureté denos coeurs, pour la complexité de nos tendresses. Alors, courage ! Par lui, le monde futvaincu. Il suffit de ce précepte AIMER.