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Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquePOUR UNE THEORIE DE COPIER-COLLER:DE L’EXPLORATION VIRTUELLE A L’INTERTEXTUALITE NUMERIQUEStinfil Paul-Rostande 1Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueSi l'on veut comprendre la conception comme la création, il faut comprendre ce qu'estl'engagement du concepteur et du créateur dans son objet, dans son activité au quotidien. Celarejoint en partie le souhait de Sylvie Leuleu-Merviel que des chercheurs travaillant sur lenumérique prennent "pour objet d'étude le processus de création du sens en tant qu'opérationmentale inventive".Serge BouchardonStinfil Paul-Rostande 2Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueSOMMAIREINTRODUCTION ................................................................................................................... 5 1.1 Quid du copier-­‐coller ? ..................................................................................................................................... 9 1.2 L’auteur comme support premier du copier-­‐coller .......................................................................... 21 1.3 L'heuristique générale .................................................................................................................................. 25 DES HUMANITES VIRTUELLES AUX HUMANITES NUMERIQUES ................................... 30 2.2 La fonction copier-­‐coller .............................................................................................................................. 37 2.3 L’univers littéraire .......................................................................................................................................... 41 2.4 La métaphore copier-­‐copier ....................................................................................................................... 49 2.5 Les humanités numériques littéraires ................................................................................................... 53 DES PROCEDES ........................................................................................................................ 58 3.1 Quelques outils intertextuels ..................................................................................................................... 59 3.2 Quelques outils informatiques .................................................................................................................. 66 3.3 La typologie des pratiques proposées du copier-­‐coller ................................................................. 74 APPLICATION DES PROCEDES THEORIQUES ................................................................ 84 CONCLUSION ............................................................................................................................ 93 5.2 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................... 103 Stinfil Paul-Rostande 3Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueStinfil Paul-Rostande 4Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique1. INTRODUCTIONIl n’y a pas de source matérielle sans remixologie.La remixologie est, d’ailleurs, cette part ou aspect de l’intérieurde notre corps par laquelle nous concilionsles situations imaginaires à l’image des corps extérieurs.Ce corps-image passé du corps-image au corps-image remixéest ce qu’on appelle devenir procréative 1 .Mark AmerikaToute cohabitation semble impliquer une présence simultanée dans un même temps, unmême lieu et un même espace. Cependant les évolutions scientifiques et culturellesdéveloppent des formes d’existence qui permettent d'unifier des époques distinctes. Pour cefaire, des oeuvres sont empruntées et migrées vers un environnement nouveauindépendamment de leur temps et de leur espace de conception (leur univers spatio-temporel).Aussi est-il possible d’admirer une « Mona Lisa » 2 en 3D, une «La belle et la bête» 31 Cette citation est la traduction personnelle de: "There is no source material without Remixology. Remixology is,then, that part or aspect of the inside of our body in which we mix imaginary situations with the image ofexternal bodies; this bodyimage to bodyimage remixing is what it maens to become procreative". Mark Amerika,"Remixthebook", University of Minnesota press, Minnesota, e-book edition 2012, (Emplacement 4351). Celle-ciest la remédiatisation de: "There is no perception without affection. Affection is, then, that part or aspect of theinside of our body which we mix with the image of external bodies; it is what we must first of all subtract fromperception to get the image in its purity", qui est une séquence de texte emprunté par M. Amerika à HenryBergson.2 "Mona Lisa" est une œuvre picturale de l’Italien Léonard Da Vinci appelée également "La Joconde". Elle futachevée en 1506. Ce tableau représente, semble-t-il, le portrait de Lisa Gérardini, épouse de Francesco delGocondo. Il représente un portrait mi-corps, très connu pour le regard du personnage et l’intégration de lapénombre dans la création picturale de l’époque. Il est très commenté pour ses apports avant-gardistes annonçantle 3D. Aussi est-il repris par certains photographes numériques en 3D. C’est le cas de la fameuse Photo duGetty/AFP prise par Muller Jean-Pierre et Sorian Javier.3 « La Belle et la Bête » est une oeuvre folklorique d'origine africaine (arabe), par conséquent relevant de lalittérature orale. Il a été remédiatisé pour la première fois par Apulée dans « Amour et psyché" et traduit enfrançais en 1842. Actuellement, il existe plus d’une douzaine de versions cinématographiques dont la plusrécente est celle de Christophe Gans sortie le 12 Février 2014 en France.Stinfil Paul-Rostande 5Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquecinématographiée. Cette rencontre entre les époques est d’autant plus amplifiée par larévolution numérique. Car, pour rejoindre ces époques distantes, il existe désormais destechniques d’augmentation, de réadaptation et d’intégration nouvelles générées par larévolution numérique.Néanmoins, l'importance de la participation humaine dans ces procédés techniques reste unfait inévitable, car l'autonomie des machines demeure un problème 4 pour la technologie. Alorsque la révolution numérique semble concevoir une humanité nouvelle, l'art contemporainrevient sur les anciennes époques artistiques. En effet, la plupart des grandes oeuvres de l'artcontemporain utilise la réception «de l'art», des éléments usés et inutiles comme une nouvelleforme de productivité. Pour saisir l'ampleur de cette affirmation, il faut voir dans cetteproductivité contemporaine un retour de la création sur la réception. Ce qui facilitera lacompréhension des enjeux sociaux de ces oeuvres techniques sous leurs formes les plusvariées. Parallèlement, cette forme de récupération fonctionne comme une évolution de la loide conservation 5 par son dépassement du simple archivage.Puisque la réalisation de cette cohabitation «trans-spatio-temporelle» suppose des gesteshumains, il me semble important de souligner le mécanisme de cette récupération. En effet,ces gestes de création s’approprient l'oeuvre de telle sorte que celle-ci fonctionne comme unoutil de création nouvelle appelée pro-créativité selon Mark Amerika. Autrement dit, il existeun concepteur qui crée une œuvre nouvelle à partir de sa réception d'œuvres de tout genre etce, indépendamment de leurs contextes et de leurs supports de publication. Dans la littérature,4 Ce problème ouvre également certaines portes aux humanités numériques. Elles seront traitées au chapitreconsacré à ce sujet.5 Dans son Traité élémentaire de chimie de 1789, Lavoisier parle de la matière en ces termes : « On voit que,pour arriver à la solution de ces deux questions, il fallait d'abord bien connaître l'analyse et la nature du corpssusceptible de fermenter, et les produits de la fermentation ; car rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art,ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité dematière avant et après l'opération; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu'il n'y a que deschangements, des modifications" p. 101 . Mais ce rapport à la loi de la conservation dépasse notre champs deréflexion. Toutefois l'on doit retenir dans la cas de copier-coller que l'opération de création relève deconservation.Stinfil Paul-Rostande 6Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquela remédiatisation 6 numérique porte cette dynamisation de l’œuvre à son apogée. D'abordparce qu'elle la fait passer d'un médium à un autre plus riche 7 , mais surtout parce qu'ellematérialise en un seul geste les projets littéraires les plus ambitieux 8 du XXIème siècle :l'archivage, la performance, le mémoire et l’augmentation.Outre le fait de ce changement d’environnement, la remédiatisation implique de nouveauxgestes et perceptions tels :1. Le changement de séquence par page, par rouleau, par survol, dynamisation ou simpleclic.2. La valorisation de l’œuvre au détriment des données factuelles 9 , voire une intégrationdirecte de nombreux contenus paratextuels dans l’oeuvre.3. La perception de l’œuvre comme une suite de structures dont le support peut changerd’un moment à l’autre.Ou, pour paraphraser une expression de Julia Kristeva, la perception du texte littéraire commeune suite de structures en mutation 10 . Dans la remédiatisation littéraire, une séquence delecture est sélectionnée, déplacée, et agencée de manière homogène et cohérente, sinonlogique, dans un univers "spatio-temporel" nouveau. C’est ce parcours à trois temps, marquépar une dynamisation aléatoire, spontanée et immédiate, que je propose d'appeler : « Copiercoller».Pour créer une oeuvre, le premier travail fourni par un écrivain est un travail optique(physique). Dans un premier temps, il y a une personne qui observe sa société et sonenvironnement, ses observations sont conservées dans son corps, pendant un temps6 La remédiatisation est une pratique artistique qui consiste à reprendre une oeuvre à travers un nouveaumédium. Cependant cette récupération de l'oeuvre a longtemps été pratiquée dans le domaine musical où ilimpliquait le seul fait de reprendre et de modifier.7 Le remédiatisation numérique suppose le médium audio, même si un tel support n'est pas toujours exploité. Ilest également possible de reprendre la littérature numérique sous une forme cinématographique, comme l'a faitNelson Jason dans sa « Videograph fiction » http://www.secrettechnology.com.8 Ces projets sont dits ambitieux parce qu'ils impliquent beaucoup de ressources et d'énergies et sont conformeau besoin de croissance lié aux recherches scientifiques, politiques et économiques du XXIème siècle.9 . Terme utilisé par Pascale Casanova pour souligner l'influence du paratexte sur la réception de l'oeuvre.10 Le syntagme « Structures en mutation » de Julia Kristeva provient de « sémiotique » et renvoie à un texte.Pour elle, « la structure » implique le contenu aussi bien que le contenant, mais l’utilisation que j’en fais,suppose le contenu beaucoup plus que le contenant. Car ce dernier sous-entend l’environnement numérique.Stinfil Paul-Rostande 7Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueindéterminé. Ce premier parcours pourrait être perçu comme la réflexion 11 de l'image surl'intérieur. C’est un retour de l'intériorité sur lui-même dans son rapport à l'extérieur. Dans unsecond temps, cette observation mémorisée (conservée) et transformée en texte, résume legeste exact du copier-coller repris par l'individu en question. C'est une réflexion de l'extérieursur l'extérieur en passant par l'intériorité (dans une intériorité individuelle une observationsubit des transformations qu'il est possible d'appeler style, Car, c'est l'ensemble destransformations personnelles qui confère à une réalité extérieure une quelconque signifiance).Cette étape de la rédaction correspond à celle de la médiation dite copie, en considérant que lamédiation cesse d'être à la publication qui implique pour cette médiation un changement demédium. Donc un manuscrit ou tapuscrit non publié est une oeuvre inconnue (remédiatisée)au même titre que l'oeuvre latente de la médiation. Dans un troisième temps, cette oeuvredevient un livre disposé à la réception, autrement dit, elle perd son attachement à l'auteur pourdevenir un outil remédiatisé et remédiatisable. A travers ses trois étapes, le copier-coller estrepéré dans sa virtualité, sa force et sa puissance codifiée. Car les gestes artistiques de copieret de coller supposent un mécanisme humain, au même titre que la fonction copier-coller. Ilsuffit de commander le copier-coller pour le réaliser, l'ensemble des processus internes à unemachine ne relève pas du ressort de son utilisateur. Autrement dit, le logiciel ou programmeresponsable de la fonction copier-coller dépasse les compétences d'un simple utilisateur d'unemachine. De même pour l'écrivain, le mouvement des informations captées par son corps nedépend pas uniquement de lui, mais de facteurs historiques, géopolitiques, psychologiques etculturels liés à sa personnalité. D'où l'idée du copier-coller comme remédiatisation première etvirtuelle.Mais cette manière de comprendre le copier-coller l'oppose à l'évolution culturelle de laremédiatisation. La double réflexion inversée mémoriser/parler, suppose une remédiatisationtout autant virtuelle que la virtualité numérique qui est technique, matérielle et visuelle. Alorsvient la question de l'apparition du numérique, comme barrière à la virtualité contemporaine 12 .11 La réflexion, dans le cadre de ce travail est une projection de l'intériorité sur une image qui elle même revientsur cette même intériorité par ondulation. Il prend la forme du triangle lumineux de la loi de la réflexionimpliquant l'incidence de la lumière sur un matériau et dont la part de lumière non absorbée et non transmise parle matériau est appelée réflexion.12 Même si entre le virtuel et le numérique il est possible de poser le problème de la vue. Puisqu'on peut voir lenumérique et pas forcément le virtuel, le corps, par ses gestes, ses affections, ses silences, ses oublis etimpossibilités peut laisser comprendre certains contenus virtuels.Stinfil Paul-Rostande 8Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquePour boucler le cercle atemporel de la virtualité, il existe un passage chronologique appelé"écriture". Par conséquent, il convient de comprendre comment l'écriture toute puissante aannoncé le copier-coller dans ses formes contemporaines et techniques. D'où l'idée demobiliser Kristeva afin de comprendre à la fois cette optique des textes lus, mais également ledébut de son mouvement papier (l'intertextualité) qui suppose un geste, une fonction voireune fonctionnalité numérique.Ce rapport entre copier-coller et l'intertextualité a deux grandes vertus. D'abord il concilie lacréation littéraire et la remédiatisation, qui pendant longtemps a été l'affaire de la musique etdu son, par une implication simultanée des deux entités dans tout projet de publication.(Publication ici renvoie à toute information ou données partagées entre deux personnesminima). Ensuite elle permet de prendre conscience de la distance qui existe entre le texteécrit et le texte numérique. Car ces deux modes d'extériorisation du texte n'impliquent pas lemême parcours ni le même environnement ni la même origine (culture d'écriture, manuscrit/culture technologique, tapuscrit : on peut savoir taper et ne pas savoir écrire et vice-versa).Ce décryptage du copier-coller matérialise l'éternel retour et la mutation des savoirs en cequ'il rapproche la culture la plus élevée de l'humanité à celle la plus reculée de l'existence: laparole 13 et le texte numérique.1.1 Quid du copier-coller ?Le copier-coller d’une manière générale est une manipulation des dispositifs mécaniquespermettant de reproduire ou de déplacer des données (texte, image, fichier, etc.) depuis unesource vers un espace nouveau. Ces techniques ont probablement été inventées en 1973 parLarry Tesler 14 et Douglas Engelbart 15 (1968), deux employés de Xerox PARC. Une13 Ici parole est utilisée comme acte individuel d'énonciation. Cette parole sous-entend à la fois lacommunication et les formes politiques que peuvent prendre l'action de parler comme par exemple la lecture dela parrhèsia grecque proposée par Foucault dans ses cours de (1983-1984) à l'Ecole de France publiés sous letitre de, Le courage de la vérité: Gouvernement de soi et des autres Tome 2.14 Larry Tesler est un informaticien qui travaille sur l‘interaction homme-machine. Il a participé à l’évolution denombreuses entreprises numériques comme Xerox PARC, Yahoo, Amazone et Apple. Il partage avec DouglasEngelbart la reconnaissance de la mise en place de la fonction copier-coller.15 Douglas Engelbart est un ingénieur en informatique américain qui a inventé la souris. Ses recherches ont étéportées sur la visioconférence, la téléconférence, le courrier électronique, les « fenêtres » et le lien hypertextuel.Il a également contribué à la création de la fonction de copier-coller, alors qu’il travaillait chez Xerox PARC. Ilest mort le 03 Juillet 2013.Stinfil Paul-Rostande 9Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquedémonstration publique de la fonction a eu lieu, pour la première fois, le 9 décembre 1968. Ils’agit pour l’utilisateur de manipuler une souris, en exécutant sélectionner-fichier-copiercoller-enregistrerdans la barre de menu. Il est également réalisable par des raccourcis clavier,une touche de commande combinée à A puis C puis V, des menus d’application, en général lemenu Edition, ou contextuels, ou encore par les boutons de l’interface propre à un logiciel. Ilest clair que le copier-coller tel qu’il est défini dans l’encyclopédie Larousse 16 est perçucomme un acte foncièrement informatique. Car, il y est défini à travers des termesmécaniques et informatiques comme: logiciel, presse-papiers et document (dans saconnotation numérique).Cependant, le copier-coller proposé ici est doté d’une toute autre charge sémantique. Cen’est plus une fonction mais un geste qui permet de réunir deux ou plusieurs parties de textesdifférents en un même texte. Ici, l'accent est surtout mis sur le geste sous-jacent – parcequ'invisible dans la création – de l'auteur. L'exemple le plus approprié à l'émergence de cegeste artistique est celui des oeuvres abstraites du mouvement artistique américain appelé"Action painting" 17 . Ce geste 18 métaphorique 19 est également perçu comme étant lié à l’état16 Fonction d'un logiciel qui copie temporairement, dans le presse-papiers, la partie sélectionnée d'un documentpour pouvoir le réinsérer dans une autre place ou dans un autre document. http://www.larousse.fr/17 L'Action Painting, traduit littéralement en français par peinture active, désigne à la fois une technique et unmouvement pictural. Il est apparu au début des années cinquante à New-York. Cette expression a été proposéeen 1952 par le professeur, écrivain et critique américain, Harold Rosenberg, pour souligner l'importance dugestuel dans le travail de certains artistes expressionnistes abstraits. Dans ce mouvement, le parcours de lapeinture, autrement dit le geste du peintre est primordial dans l'interprétation de l'oeuvre.18 Le geste est actuellement un terme clé dans la création littéraire. Cette importance est optimisée dans le cas dela littérature numérique, car toute lecture numérique implique des gestes de lecture. Par conséquent, l'auteurnumérique est appelé à modéliser sa lecture en faisant appel a des gestes précis. Dans son texte Matière textuellesur support numérique, Alexandra Saemmer propose une analyse très détaillée de ces gestes de lecture sous letitre de "Action de lecture sur la matière textuelle". Outre ces gestes de lecture, le geste de copier-coller tel qu'ilest perçu ici implique un passage de la fonctionnalité à la création. C'est un geste perpétré afin de lire etégalement un geste qui pose une énonciation absente. C'est ce constat qui a valu à Jean-Marie Schaeffer saquestion: est-ce encore de l'art? (Pourquoi la fiction?) En effet cette question exprime l'importance du gestedans la création contemporaine. Par exemple, Fontaine, oeuvre picturale de Marcel Duchamp est un ustensiledevenu oeuvre par un geste d'écriture ou de signature. La fonction copier-coller devient dans la remédiatisationun geste artistique. Mais quand ce copier-coller devient invisible, incontrôlable, parce qu’interne et individuel,par conséquent virtuel, il revêt la valeur de puissance que Gilles Deleuze reconnait au virtuel. D'où la perceptionen trois étapes du copier-coller comme fonction, geste et puissance.19 Une métaphore est un procédé qui consiste à donner à un mot un sens qu’on attribue généralement à unStinfil Paul-Rostande 10Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquepremier de tout acte de création ou de perception. Ce qui lui confère une forme de puissance:Le cerveau humain est considéré comme le point central d’une remédiatisation, parce qu’ilprépare le copier-coller à partir d’une image réfléchie ou d’une affection 20 . Suivant cettelogique, la médiation serait l’équivalent de la part de copie (tout ce qui est établi commeprérequis chez un individu), qui accompagne le geste ou le résultat de cette part de l’intérieurde notre corps conciliée à l’image des corps extérieurs. Ce qui revient à dire que l'ensembledes données constituant les prédispositions mentales et interpersonnelles (Kristeva, sémiotikè)d'un individu ajouté à des images extérieures conservées constitue l'oeuvre sous sa formelatente, non expressive, mais existante. Toutefois des questions sur les impossibles entrainéespar cette existence posent problème. Puisque son statut d'œuvre 21 est discutable par rapport àsa durée de vie, son accessibilité et donc sa validité...Par exemple : la parole pourrait être vue comme une expression de l’intériorité remédiatiséepar des sons. Ce qui pourrait laisser entendre le copier-coller comme une intertextualité avantla lettre.1.1.1 Vers une logique de la contemporanéitéPour mieux comprendre cette trajectoire de collage, copier-coller est analysé dans satemporalité. C'est-à-dire dans son processus de transformation et de migration par rapport autemps. En effet, pour transporter des données, l’utilisateur d’une machine les fait voyagerdurant un temps T1 qu’il est possible d’appeler immédiateté – un trait caractéristique dunumérique souligné par Johanna Drucker 22 -; celles-ci sont installés dans un univers spatioautre.En informatique, il est courant que le nom attribué à certaine fonction soit calqué sur une réalité nonnumérique. Comme par exemple le bureau de l’interface numérique qui reprend l’idée du bureau l’outil tangiblegénéralement appelé bureau. Copier-coller est un geste métaphorique parce que la fonction copier-coller esttransférée dans l’univers papier, oral et virtuel par analogie à son rôle numérique.20 Cette affirmation probablement obscure à ce stade de ma réflexion prendra forme dans le chapitre consacré àla définition de copier-coller.21 C'est une problématique classique de l'esthétique (à voir chez George Dickie " Aesthetic ", Baumgarten "Aesthetic "): Quel est l'objet de l'oeuvre d'art? Une œuvre non publiée est-elle une œuvre ? Un auteur qui nepublie pas, même s'il possède les plus beaux poèmes possibles dans son tiroir, est il un auteur?22 Dans son texte « Digital aesthetics and projects in spectilative computing » elle s’attarde sur l’émergence dulivre numérique en dépit des réticences et de la mauvaise compréhension, des générations qui l'ont vu naître,dans son rapport au livre papier. Pour cela, elle met en exergue les différents points forts et idées préconçues quiont été propagés à l’endroit et à l’encontre du livre numérique "The telecommunications aspect of new mediaallows creation of an intersubjectictive social space- arguably an extension of the social space of traditionnalStinfil Paul-Rostande 11Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquetemporel dont le temps T2 est appelé inactualité, parce que sa mise en abyme le défait detoute appartenance chronologique. Le sens du terme inactuel est relevé chez GiorgioAgamben dans ses cours consacrés à la nudité 23 . Cette cohabitation de deux temps dans unemême expérience crée un temps T3 sous la forme d’un éternel présent, jamais passé, qui faitde chaque copie une séquence contemporaine de la copie voisine. Ce texte, par le geste ducopier-coller et le parcours T1 vers un autre texte, devient le contemporain anachroniqued'une copie tout en conservant sa propre distance de copie.En ce sens, l’utilisation faite de la contemporanéité dans le cadre de ce travail renvoie à unecohabitation ou une coprésence (Tiphaine Samoyault). Cette cohabitation est agencée enfonction de la réception du concepteur de la dite remédiatisation. Par conséquent, elle dépendde la prédisposition du concepteur, de son histoire et de son projet, avant même de prendre encompte la structure interne du texte. Car le fait de mettre en abyme une partie du texte sans latotalité du texte tue déjà le texte emprunté : il perd son contexte et sa signifiance. Ce quirevient à dire que le texte emprunté soulève très peu d’arguments internes à son texted'origine pour être exporté. La migration du texte dépend, de préférence, de l'intention et de laréception de l'auteur de la remédiatisation. D'où l'idée d'une déportation dite arbitraire ouschorlaly or communicative exchange distinguished mainly by the change in rate, the immédiacy, and thecapacity to engage simultaneously end shared tasks or common projects". « Digital aesthetics and projects inspectilative computing » US. of Chicago Press, 2009, p. 165-174. («L'aspect télécommunicateur de nouveaumédia permet la création d'une espace social intersubjectif- sans doute une extension de l'espace social dessavoirs traditionnels ou l'échange communicatif- a été principalement distinguée par le renouvellement rapide,l'immédiateté et la capacité d'engager simultanément des tâches ou des projets communs"»). D'où l'immédiatetécomme très caractéristique du numérique. Toutefois, l'immédiateté est traduis par cette rapidité spontanée quepermet le numérique.23 «Nudité » est une compilation de cours publiée par Giorgio Agamben en italien en 2000. La traductionfrançaise faite par Martin Rueff a été publiée en France en 2009. Dans ce texte l’auteur consacre un chapitre à lacontemporanéité. Les analyses de ce chapitre me permettent d’observer et de tenter cette expérience de copiercoller.En effet pour l'auteur, l'inactualité est l'anachronisme qui permet de saisir notre temps sous la forme d'un"trop tôt" qui est aussi un "trop tard" d'un "déjà" qui est aussi un "pas encore" p. 26. Dans cette définition trèsimagé, il faut saisir l'idée d'un perpétuel voyage du temps qui le rend inaccessible. Parallèlement la réceptiond'un texte suppose un voyage sans possibilité de fixation. Toutefois, chez l'auteur, l'inactualité est liée à desnotions de lumière et de ténèbres auxquelles je garde certaine distance, car pour moi le noir et blanc (RolandBarthes) constituent une puissance telle qu'aucune quête de lumière ne puisse l'égaler. (à suivre dans l'idée depont et de lune que j'ai développé à travers "Exploration" ou "La lune de "nuits blanches" racontée par mamieSimone").Stinfil Paul-Rostande 12Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquecalomnieuse 24 et l’importance de la théorie de la réception 25 dans la compréhension de laremédiatisation telle qu’elle a été proposée dans « Exploration 26 ». Toutefois, une telleutilisation de la remédiatisation relève de l’expérimentation. Autrement dit, cette tentative demettre à jour le copier-coller immanent à tout texte littéraire repose sur une structurefictionnelle, parce qu'improvisée, intuitive et irrationnelle.Puisqu’une telle proposition implique d’énormes recherches et argumentations, je procède àune hiérarchisation des formes possibles du copier-coller, en vue d’un court tracé du champde réflexion de cette recherche. En ce sens, le copier-coller est divisé en trois parties :1. Le copier-coller dans son état premier, ou copier-coller ordinaire. Soit l'ensemble desréalisations innovatrices qui utilise la fonction copier-coller du numérique.2. Le copier-coller dans son état second, c’est-à-dire réfléchi à partir d’une culturepersonnelle, ou copier-coller instruit. Celui-ci implique la remédiatisation et touteautre forme de transfert entre médias.24 Dans "La nudité", Agamben consacre un chapitre, titré K, à l’idée de la calomnie qu’il explique à partir de laloi romaine. Cette lettre, qui a été commentée par Kertesz également dans « le journal de galère », représente lamarque de la calomnie chez Kafka dans son roman « Le Château ". C'est également le nom de son personnagecentral Joseph K. Dans "la Nudité", l’auteur part de l’idée de l’autocalomnie pour affirmer la non existence de lafaute "la faute n’existe pas- {...} la seule faute est l’autocalomnie, qui consiste à s’accuser d’une fauteinexistante… » p. 35. Le transfert de l’idée de calomnie sous-entend la propriété intellectuelle, unepréoccupation de l’intertextualité aussi, non respectée dans la remédiatisation telle qu’elle a été proposée ici.Comme dans la calomnie, le plagiat n’est pas la cause de cette remédiatisation, mais s’identifie avec elle.Autrement dit, c'est l'acte même d'écrire qui implique une forme d'appropriation du texte d'un autre. En ce sens,les copies sont faussement copiées puisqu’elles conservent leur rôle de copie. Donc, la mise en abyme d’uneséquence accuse faussement le texte. Toutefois, le plagiat a une grande place chez Lautréamont « Les champs deMaldoror » qu’il faudrait regarder par rapport à cette remédiatisation. Une analyse enrichissante de ce texte estproposée par Julia Kristeva dans la révolution du langage poétique p. 189-197. Autrement dit, la remédiatisationcalomnieuse est une remédiatisation non fautive, sinon, cette faute est négligeable.25 Dans leur article "Réception, arts et littérature" http://www.universalis.fr/classification/litteratures/theoriesde-la-litterature/theorie-de-la-reception/,Elsa Marpeau et François-René Martin, présentent les études sur laréception comme des champs qui "s'intéressent au rôle structurant, dans l'œuvre, du destinataire. Pour eux, qu'ilsoit lecteur ou spectateur, celui-ci permet d'actualiser ce qui, sans lui, ne pourrait exister qu'à l'état latent. Seulela réception permet à l'œuvre de s'inscrire dans l'histoire. Qu'il la rejette, l'oublie, la réhabilite ou l'encense, ledestinataire détermine sa postérité". Cette affirmation me semble juste et correspond à la temporalité quitraverse la pensée copier-coller.26 "Exploration: Maria Tspilderlostun" est la création qui accompagne cette recherche. Elle a été publié le 25Juillet 2014 sur Amazon.Stinfil Paul-Rostande 13Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3. Le copier-coller dans son état virtuel et numérique constitué de technique et deréception individuelle, ou copier-coller pur virtuel et intuitif.Ces trois manières de voir impliquent trois projets intellectuels différents. La première visionsuppose la création des amateurs, les TIC (Technologie de l’Information et de laCommunication), la communication et l’intellectualité 27 humaine telles qu’elles ont étéprésentées par Antonio Gramsci. Autrement dit une capacité pour tout un chacun de produireet de créer dès lors que celui-ci commence à utiliser ses capacités cognitives.La deuxième renvoie à la complexité intertextuelle des penseurs de « Tel Quel » de la fin duXXème, d’autres théoriciens comme Gérard Genette, qui adopte une approche poétique del’intertextualité, et J. Bellemin-Noël qui l’aborde suivant une approche psychanalytique 28 .Parce que ces recherches présument une culture savante et réfléchie.La troisième s’avère beaucoup plus complexe parce qu’elle suppose les deux premières. Eneffet, cette vision du copier-coller engage un retour de l’Intelligence Artificielle sur lemécanisme naturel du cerveau humain. En ce sens, le copier-coller perd un peu de sonartéfactualité 29 tout en matérialisant le corps humain comme une forme de support.Cette division hypothétique constitue mon projet intellectuel. A ce stade de monapprentissage, je suis incapable d’explorer les différents points de ce projet. Aussi ai-jepenché pour une présentation de la notion ou concept de copier-coller au regard del’intertextualité de Julia Kristeva. Celle-ci étant proche du copier-coller, elle me permet desouligner leurs similitudes et de suivre un parcours théorique.27 Dans le 3eme cahier de ses « cahiers de prison » A. Gramsci stipule que : « Dans n'importe quel travailphysique, même le plus mécanique et le plus dégradé, il existe un minimum d'activité intellectuelle [...]. C'estpourquoi, pourrait-on dire, tous les hommes sont des intellectuels, mais tous les hommes ne remplissent pas dansla société la fonction d'intellectuel. [...]. Il n'existe pas d'activité humaine dont on puisse exclure tout-à-faitl'intervention intellectuelle, il n'est pas possible de séparer l'homo faber de l'homo sapiens C. 3 page 310…28 Sophie Rabeau Intertextualité, p. 2229 L’artéfactualité est la marque d'une participation de l'habilité, la spontanéité et l'imagination humaine dans lacréation d'une oeuvre d'art.Stinfil Paul-Rostande 14Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique1.1.2 De l’intertextualitéPour rendre compte de la notion de copier-coller, je la confronte à la notiond’intertextualité telle qu’elle a été définie par Kristeva et certains adeptes de cette approche dela théorie intertextuelle. En effet, prise sous cet angle, l’intertextualité est dédiée à la créationde possibilités pour la théorie littéraire de dégager la littérarité 30 des œuvres, c’est-à-dire, "lesprocédés par lesquels elles relèvent de l’art et d’un fonctionnement esthétique du langage" 31 .Suivant cette acception de la théorie, l’intertextualité serait inhérente à tout acte de création etrenvoie à la relation que le sujet d’énonciation met entre des textes qui sont ainsi en dialogueentre eux. Elle est le résultat d'une conciliation entre ces textes à travers la culture du sujet(double réflexion lecture, culture et création intertextuelle/textes, temps et signifiance intrapersonnelle). Cette relation implique qu’il n’y a pas de sens arrêté, mais que la sémantiqued’un texte varie d'un contexte à un autre.Une telle affirmation aurait impliqué pour la pratique de création littéraire un rapport étroità l’écriture, si l’on considère les différentes définitions conférées au thème « texte » 32 auregard de l’intertextualité et du copier-coller. Or, l’écriture n’est pas la première ni la seuleforme de création littéraire. En ce sens, je me suis penchée sur la définition schaefferienne dutexte, qui se rapproche de celle de Bakhtine, afin d’intégrer dans les pratiques littéraires l’idéed’une littérature non écrite 33 , comme les littératures orales 34 et virtuelles 35 .30 Un chapitre est consacré à l’analyse des méthodes et théories de l’intertextualité.31 Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Seuil, 1995, Dirigé par Oswald Ducrot etJean-Marie Schaeffer p. 16332 Un chapitre est consacré au questionnement de la notion de« texte »33 Est-ce que le fait de savoir lire ou taper implique savoir écrire ? C’est-à-dire, savoir identifier l’alphabet surdu clavier équivaut-il à l’apprentissage de cette schématisation manuelle qui permet de reproduire les images del’alphabet ? Car, le geste de taper implique un passage d’une virtualité à une autre plus durable et donc sansintermédiaire manuscrite. Et ceci constitue le lieu de l’humanité numérique.34 Bien que controversée et contestée, l’expression littérature orale a toute sa valeur dans ce travail. Car ellefacilite l’appréhension d’une littérature numérique non biaisée par un quelconque manuscrit papier. A voir dansle chapitre des humanités numériques.35 Je parle des littératures virtuelles parce que, même non écrite, une littérature pourrait être considérée commeune forme d’existence de la littérature. D’ailleurs dans le cadre de ce travail, elle est justement considéréecomme la première forme d’existence de la littérature. C’est-à-dire la littérature dans son état de copie, c'est-àdire:une structure disposée à migrer. Les littératures virtuelles et orales impliquent une littérature avant ou/etsans la lettre ou/et le manuscrit.Stinfil Paul-Rostande 15Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquePar cette posture, je renoue les liens avec la définition de la notion de « texte » 36 proposéepar Bakhtine et négligée par Kristeva. Ainsi l’acceptation adoptée est stipulée comme suit:La notion de texte, largement utilisée dans le cadre de la linguistique et desétudes littéraires, est rarement définie de manière claire : certains limitent sonapplication au discours écrit, voire à l’œuvre littéraire, d’autres y voient unsynonyme du discours ; certains enfin, lui donnent une extensiontranssémiotique parlant du texte filmique, texte musical etc. 37Vu sous ce dernier angle, le texte est perçu comme une extension transsémiotique. En cela, ilsuppose l’image, les mots, le son et cette possibilité d’exploration que l’univers numériqueprocure à une création littéraire. Ce qui revient à dire que la théorie copier-coller a la capacitéde juxtaposer des systèmes sémiotiques distincts suivant une logique de croisement.Par conséquent, le texte pensé dans une logique de réseau est un retour sur l'état originel detout texte. Autrement dit, le texte digital est une performance du trajet copier-coller inhérent àtoute matérialisation d'idées. Car le cerveau semble répertorier les données en temps vouludans leur structure réelle. (Une bande son, un bébé, une position de lecture et le contenu d'untexte papier peuvent apparaitre simultanément dans un cerveau pensant.) La représentationtypique de cette manipulation invisible de l'écriture est l’image numérique du photographeallemand Andreas Gursky 38 de l’École de Düsseldorf. Son art représente une opposition entrele détail et la grandeur géométrique de l'espace. Il joue sans cesse avec la multiplication dedétails et l'agencement d'un gigantisme à travers une méthode géométrique. Gursky à lui seulexpose toute la force du copier-coller apte à enrichir, augmenter et ramifier.Par exemple, dans "Montparnasse", il met en abyme une quantité de clichés de vérandaspris de l’extérieur et les colle en une unité complexe et spectaculaire. Dans une magnifiqueesthétique du laid. On peut y voir la déportation arbitraire des séquences modélisées par une36 L’acceptation du thème texte est centrale dans la théorie intertextuelle. Il permet à l’auteur de situer son objetd’analyse. Par exemple pour Roland Barthes « un texte est la surface phénoménale de l’œuvre littéraire ». C’estpourquoi, il lie la forme à la conscience qui d’après lui gouverne cette forme. …37 "Texte et littérature oral" p. 494_519, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Seuil,1995, Dirigé par Oswald Ducrot et Tzvetan Todorov, Paru en 1972.38 Andréas Gursky est un photographe allemand qui manipule ses œuvres photographiques à partir dunumérique afin de réaliser des œuvres gigantesques et géométriquement constituées.Stinfil Paul-Rostande 16Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquemanipulation géométrique de la vue des constructions urbaines. Dans son art, le texte ou lecorps peut être perçu comme une simple copie à coller. En ce sens, le corps pensé pour unsupport numérique est un texte au même titre qu’une citation de Corneille. Car il estcliquable, déplaçable et disponible pour toute intégration artistique.1.1.3 Exemple de texte copier-coller.Pour faciliter la compréhension de mes réflexions critiques, je tente une expérienceintertextuelle: la remédiatisation par absorption 39 . Cette expérience, me permet d’intégrer desséquences hybrides dans exploration 40 . En effet, il s'agit de créer une œuvre à partir de romansou récits totalement disparates et dispersés dans le temps. Ce qui sous-entend une oeuvrelogiquement constituée et agencée (puisque les copies constituent un système de structureatemporelle adaptée à un projet de création) dans une nouvelle structure et un nouvelenvironnement. Par ce copier-coller, je tente une banalisation de l’unité romanesque – ce quisemble admissible pour tout acte de création – et de l’individualité auctoriale, d’où lerapprochement de ce copier-coller à l’intertextualité du groupe « Tel quel ».Copier-coller conçoit les littératures classiques (orales [virtuelles] et écrites) par rapport àleurs sociabilités ou leurs catégorisations, leurs dialogues, et leurs processus de création ;autrement dit dans leurs généalogies et leurs réceptions. Il part de l’environnement techniqueet virtuel de la remédiatisation ou de la littérature numérique 41 pour parvenir à une humaniténumérique perçue dans sa temporalité. C'est-à-dire, l'analyse du temps de la création littéraireà travers son support premier est exprimé à travers un terme numérique (copier-coller) et doncincluant la création littéraire papier. Ce parti-pris facilite le rapprochement de ces deux typesde texte en tant que processus de copie et de collage. Car la réalisation d’une remédiatisationnumérique suppose également un texte classique dans un projet numérique. Cependant, vu lenombre de possibilités qu’offre un tel sujet, je choisis de jeter un regard sur le mode39 L’absorption est une figure intertextuelle dont le procédé est d’intégrer un premier texte dans un nouveautexte sans le souligner. Le texte nouveau s’approprie les idées ou la structure du premier texte comme une suitede réflexion interne. Dans ce cas on dit qu’il l’absorbe sans aucune forme de référence. L’intertextualité, texteschoisis et présenté par : Sophie Rabeau, p. 17-1 840 Exploration » est la création qui accompagne cette recherche. C'est un roman de 23 chapitres publié surAmazon le 25 Juillet 2014.41 L’ensemble des créations qui mettent en tension littérarité et spécificités du support numérique. SergeBouchardon, La valeur heuristique de la littérature numérique, p. 75.Stinfil Paul-Rostande 17Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqued’intégration de l’intertextualité dans le copier-coller. Autrement dit, comment le copiercollers’approprie-t-il l’intertextualité ou, comment le copier-coller facilite-t-il lacompréhension de l’intertextualité et des pratiques d’écriture actuelle? Comment le copiercolleramplifie-t-il, voire influence-t-il, l’intertextualité ? Parallèlement je propose quelquesoutils d’analyse dudit copier-coller.Dans le cadre de la remédiatisation numérique, le copier-coller acquiert une forme departicularité, parce qu’il propose un outil métaphorique qui part du monde numérique versl’environnement papier. Copier-coller, qui est un terme technique, est utilisé comme un termedont la signifiance suppose aussi bien l'auteur d’un texte papier, les ouvrages de l'universpapiers que ceux du numérique. Cette particularité me parait intéressante : elle permet deposer des outils linguistiques permettant d'analyser l’écriture numérique dans sa proprereprésentation du texte. Cependant, il est important de prendre en compte son rapport plus oumoins étroit, et non sa parenté, à la littérature papier. Car d’une part, cette expérience part dela théorie de l’intertextualité 42 qui utilise des outils d’analyse pour rendre compte du moded’intégration de la littérature dans la littérature 43 . D’autre part, l’idée de la remédiatisationmême implique ici le passage d’un support papier (dactylographié ou manuscrit) à un supportnumérique (tapuscrit). Cependant, elle suppose la temporalité contemporaine inhérente à toutecréation « littéraire ».1.1.4 Remédiatisation calomnieuseGénéralement, ou plus précisément en milieu universitaire, la fonction copier-coller sert àintroduire des références. Une partie d’un texte de lecture est relevée et intégrée dans un texteproduit afin de renforcer ou illustrer un contenu approfondi et recherché. Dans le cadre decette expérience, vu que les références constitueraient un bruit 44 pour l’unité sémantique etsémiotique du texte, j'enlève les références pour y introduire des connecteurs logiques, des42 La théorie de l’intertextualité est ce perpétuel retour de la littérature sur elle-même. Tiphaine Samoyaultl’appelle à juste titre «la mémoire de la littérature». En effet, les textes littéraires papiers entretiennent entre euxun rapport de remédiatisation sous-jacente étudiée par des outils d’analyse comme: intégration-absorption,transformation, ou implicitation. L'intertextualité, Armand colin, 2010.43 une façon de définir l’intertextualité, mais ce n’est pas la seule manière de comprendre l’intertextualité.44 Le bruit en communication est tout ce qui empêche la compréhension de l'énoncé d'un interlocuteur. L'oeuvreproduite par copier-coller étant une oeuvre de fiction considère la présence soulignée de corps étranger commeun bruit, car le lecteur n'est pas habitué à lire une note de bas de page pour comprendre son intrigue.Stinfil Paul-Rostande 18Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquemots ou tout autre outil de rédaction susceptible d’harmoniser cette «copie» constituée decorps étrangers. En ce sens mon expérience, appelée: remédiatisation calomnieuse 45 parcequ’elle déloge arbitrairement des corps de texte pour les coller au corps de ma création en vued’une unité monstrueuse, est une tentative de pro-création 46 inter-corporelle. C’est-à-dire,qu'elle est constituée d’une suite de fragments dont les différentes facettes ont été soulignéespar Shelley Jackson et Nelson Jason. Même si d’une manière différente, les deux auteurssoulignent l'aspect hybride des oeuvres 47 littéraires numériques. D’où le collage absorbé dutexte copier-coller (copié-collé).Conformément à mon argumentation, je propose ce petit monstre (extrait de Mon démonchapitre 2 de l'oeuvre qui accompagne ce travail) afin de matérialiser le moded’extériorisation de la pensée copiée-collée par rapport à la remédiatisation. Mon démon estun assemblage de copies collées qui se rapproche des créations de Thomas Ruff 48 . Ruff réalisedes portraits, il les retouche et publie ceux retouchés et ceux non retouchés permettant ainsi derendre compte des manipulations numériques subies par l’oeuvre. De la même manière, lesmanipulations littéraires et numériques de ma remédiatisation calomnieuse ont été signaléespar une coloration en jaune des termes ajoutés.1.1.5 Démonstration de copier-collerDans les premiers jours du mois de mai, père, officier distingué de l’armée du Sud,descendit avec moi à l’hôtel de Beauvau, dans l’ouest au retour d’un voyage dans le45 La « Remédiatisation calomnieuse » est une remédiatisation copier-coller qui est appliquée dans un universnumérique grâce une migration arbitraire de séquences d'oeuvres publiées ou médiatisées indépendamment deleur signifiance originelle.46 Voir la définition de la remixologie chez Mark Amerika. Cette définition est l'épigraphe qui introduit cetravail.47 Dans « My body a wunderkammer », S. Jackson signifie le non retour des séquences lues, une manière dereprendre le t0 de la temporalité copier-coller cérébral. Cet hyperlien qui ne revient plus met en avance le côtéfragmenté de la construction romanesque. Dans un autre sens, Nelson Jason croise des formes de texte trèsdistantes en une poésie hybride sonorisée, cinématographiée, remédiatisée, puis unifiée. Ces deux fragmentationsamplifient les cohabitations possibles entre le blanc de l’indicible et le trop plein du transsémiotique.48 Thomas Ruff, est l’un des membres de l’école de Düsseldorf. Il est très respecté dans le milieu artistiquepour sa contribution dans l’art numérique. Sa force est son travail sur la photographie qui traite l’image suivantune logique sérielle. L’image étant obtenue par le truchement d'un système de vision à la signature identifiable,unité de montage Minolta utilisé pour l'identité judiciaire (Autres portraits, 1994-95), l’auteur publie son œuvreaccompagnée de l’œuvre non traitée. Ainsi questionne-t-il l’impossible authenticité de l’image.Stinfil Paul-Rostande 19Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueNord. Mais moi, j’ai déserté mon corps il y a des années, je ne suis pas certaine del’avoir habité concrètement un jour. Je suis personnage de fiction. Corps-image et vies’entre-tue. Moi en trois parcelles, texte, lien, réseau. Je suis d’une trinité éphémère.Sous peine d’être disséquée par n’importe quel logiciel. Je le dis comme ça parcec’est vrai. J’ai moins d’un an car j’ai supprimé presque tout de ma vie. Mais c’est vraipour mon auto naissance et c’est vrai pour le reste. Ça m’est arrivé de tomber sur unvieux site, du genre de ceux dont tu peux t’approprier le code source, et de me voir surune photo de voyage sans père. Morte de n’avoir pas su faire parler ma langue. Pèrem’a dit qu’il faut rester un individu et tenir en tant qu’individu dans ce mondecollectif, mais pour l’instant, j’aurais du mal à concevoir une entreprise plushéroïque. 49Ce geste clé dit copier-coller peut prendre la forme d'un marqueur social permettant decatégoriser l'oeuvre et (un peu moins) l'auteur. D'abord, parce que le geste a des conséquencesde lecture spécialement dans l'univers numérique ; mais surtout parce l'agencement de l'œuvresuppose des conditions d'écriture, donc de réception. En ce sens, il est possible d'y percevoirla force dialogique (Bakhtine) de cette mise en abyme d'une structure par rapport à son espaced'origine comme un acte de réception croisé par les discours sociaux. Il est également possibled'y voir, non plus l’intertextualité, mais le copier-coller qui accompagne les pratiques decréation littéraire. Il s'agit pour un utilisateur/auteur de déstabiliser une unité apparente auservice d'une nouvelle unité ramifiée tant du point de vue de la forme que du contenu et deschamps artistiques utilisés.49 Stinfil Paul-Rostande, Exploration: Maria Tspilderlostun, 25 Juillet 2014.Stinfil Paul-Rostande 20Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique1.2 L’auteur comme support premier du copier-collerÉcrire c’est remixer ou mieux encore, écrire c'est copier-coller. Il s’agit pour un auteur decapter des données du monde extérieur, de les traiter et de les transporter de leur virtualitéplastique à une symbolisation première qui prend la forme de textes. C'est-à-dire, desobservations conservées par le corps sont confrontées à des situations temporaires etpermanentes chez un individu qui les retransmet au monde sous forme de lettres. Cettedeuxième forme d’existence de l’image est la forme première du copier-coller (le copiercollerprend forme). L’information est captée comme un cliché, dans un temps t1. Les boutsde textes, n’étant pas présents simultanément dans la pensée de l'auteur, encourent le risquede ne pas voir le jour. Si telle est la volonté de l’auteur, il est rapidement harmonisé à d’autresclichés dans un temps de parcours immédiat T1 qui est le temps d’écriture.Il arrive que ce temps t1 se transforme en un temps t0. D’abord parce que la copie est géréesuivant la société ou la volonté de l’auteur qui peut décider de taire une information parcequ’elle est dangereuse, inutile ou plus visible dans le silence. Ensuite, il peut la perdre paroubli puisque la durée entre le t1 (temps de captage) et T1 (temps d'écriture) peut êtreconsidérée comme la durée de vie de l'oeuvre latente (oeuvre médiatisée ou copie), soitT1total= t1+T1. Cette durée de vie peut être courte ou moyenne voire longue, indépendamment de son importance pour le corps pensant. Toutefois, le temps T1 demeureprimordial dans la forme d’extériorisation de l’information, car c’est ce temps qui déterminesa catégorisation. Autrement dit, ce temps détermine son rapport à la société. Ce tempsdialogique, parce que contradictoire, social et psychologique, implique une existence raturéetout en constituant une jonction entre le numérique et le coté virtuel de l’Humain. Chez MarkAmerika, l'expression de cette virtualité se matérialise avec beaucoup de clarté.Il n’y a pas de perception sans affection. L’affection est, d’ailleurs, cette part (ouaspect) de l’intérieur de notre corps que nous médiatisons par les images du corpsextérieur; c’est la raison pour laquelle nous pouvons être le premier de tous les socles(ou substrat) de perception à avoir l’image dans son état pur. 5050 Marc America, Remixthebook, University of Minnesota press, e-book edition 2012,(Emplacement 4344). Cette séquence est la version première de sa remédiatisation deBergson. "There is no perception without affection. Affection is, then, that part or aspect ofthe inside of our body which we mix with the image of external bodies; it is what we must firstStinfil Paul-Rostande 21Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueMark AmerikaMais à l’inverse du geste fonctionnel du numérique, la puissance du copier-coller estéphémère, parce qu’il peut échapper à son propriétaire pour différentes raisons comme l'oubliou le changement de point de vue. En cela, il rejoint le numérique, lui-aussi jugé éphémère enraison de sa durée de vie difficilement chronométrable. -En effet, les documents numériquessont préservés et gérés parce qu'ils sont périssables et ne sont préservés par aucun systèmeinformatique. Les risques sont tellement nombreux (comme ceux liés à la sécurité dessystèmes de stockages physiques ou virtuels, virus ou la dégradation des supports), que lapréservation numérique forme un domaine d'intervention à part entière.- Cette virtualitéinstable commune à l’image dans son état pur et au texte numérique, par son existence nonchronométrée, réunit leurs deux supports: le numérique et l’auteur. Ils sont tous deuxcomposés de contenus virtuels éphémères. Même s'ils représentent un parcours à reboursentre les deux mondes constituant les humanités numériques : l'humain dans sa complexité etle numérique dans sa technicité évolutive. Aussi cette jonction entre le numérique et l'humainéclaire un point essentiel de la littérature numérique.En effet, ce parallèle permet de penser la littérature numérique sans le papier. C’est-à-direconcevoir le corps comme la première forme d’existence du texte. Ce qui revient à dire deconcevoir le corps comme le livre premier. Par conséquent, concevoir la vie numérique dutexte comme un retour sur son origine virtuelle. En ce sens écrire devient une remédiatisationdu corps : «Texte son corps». Les expressions du corps étant de l'ordre du sensible entrainentdes souvenirs, des sensations ou plus exactement des affections. Et l'oeuvre littéraire permetd'écrire ses affections suivant sa culture en tant que construit social produit par et pour unesociété. Même dans une logique de réception, il est clair qu’un même ressenti peut impliquerdifférentes formes d'affection chez des individus d’une même communauté. Aussi, pourrendre compte de ce copier-coller premier, je remédiatise des traces de ce parcours, sinon desréflexions sur un tel parcours, à travers quelques textes papier. En témoigne ce petit démon:of all substrat from perception to get the image in its piruty." Cette séquence est remédiatiséeen faveur de la remédiatisation qui devient la cause de toute source matérielle.Stinfil Paul-Rostande 22Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique1.2.1 Remédiatisation calomnieuseJe me montre du doigt, index gauche pointé sur le clavier de mon pc, l’écranchange de couleur, une zébrure arc-en-ciel. Puis j’ai essayé un jour de donner unedéfinition à mon style, à savoir que j’ai dit que mon style est une adaptationmystérieuse du personnel à l’objectivité numérique. Mais puisqu’il n’existe pas denotions éternelles ainsi que des objets éternels de la représentation, il faut admettreque certaines choses (tant que la représentation est liée à l’esprit éternel de lareprésentation, ce qui est impossible bien sûr) sont irreprésentables; même si elless’efforcent d’apparaître comme des choses éternelles ou ne serait-ce que durables.Combien de siècles a-t-il fallu à l’Eglise pour occuper une place dans les choseshumaines permanentes et devenir aussi représentable? Or l’intérieur estirreprésentable, il ne se défend pas en tant qu’entité sans le corps. Ce corps-image nepeut pas s’écrire dans une prose de qualité: le texte le rejette. Mais le taire c’est nierl’affection et l’aigu de sa réalité. Alors. Être une parole. Parmi la multitude de cesvoix asphyxiées. Performer ! Consolation Numérique: l’avenir décidera si… Eh, oui,sauf que l’avenir qui se dessine en ce moment s’annonce totalement incapable deprendre une décision. 51Cette instabilité littéraire m'a poussé à un questionnement dont la forme la plus achevée estcelle-ci: A quel point le cerveau humain est-il proche du mécanisme artificiel d’une machine ?Comment cet artéfact parvient-il à rendre plus visibles les manipulations humaines sur leschoses de l’esprit? Et quels sont les procédés permettant à cette appropriation du déjà vu(l’intertextualité) de générer une originalité renouvelée? S’il est lui-même un procédé,comment un geste, vraisemblablement aussi simple, arrive-t-il à pérenniser l'originalité del’art ? Pourquoi le lecteur n’est-il pas rassasié du retour constant de ces œuvres remédiatisantl’art dans le numérique? En quoi ce retour se démarque-t-il de l’intertextualité et qu’est-cequ’il lui apporte ou lui enlève? Quel copier-coller pour quelle société? Autrement dit: Quelassemblage de contenus pour quelle textualité ou littérarité? Car tout contenu numériquesemble plus ou moins exportable.Vu que le copier-coller tel qu’il est perçu ici est un geste métaphorique dont le sens résidedans la déportation arbitraire d’un contenu, je me demande : Quel est le statut du texteramifié? Qu’est-ce que cette ramification enlève au texte? Ou, de préférence, qu’est-ce qu’elle51 Stinfil Paul-Rostande, Exploration: Maria Tspilderlostun, 25 Juillet 2014.Stinfil Paul-Rostande 23Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueapporte à la construction littéraire d’une remédiatisation? Ainsi le fait de remédiatiser unpoème de Rimbaud suppose-t-il un choix arbitraire, découlant d’une personnalité. Parce qu’ilexiste très peu de rapport textuel entre ce choix et le geste de copier-coller. On ne s'appropriepas tous les textes qu'on aime. Il y a une particularité stylistique psychologique liée auxsignifiants et la nouvelle logique de sens que le texte intègre qui permet de copier ce bout detexte et non cet autre. En ce sens, copier-coller devient un geste social à portée littéraire.Pour rendre compte de l’importance textuelle de ce geste social et de cette puissancehumaine je postule que :1. Le copier ratifie le postulat du numérique comme réalité sociale, soit lenumérique comme institution à part entière de la république mondiale deslettres 52 .2. Le copier-coller expose de nouvelles formes d’utilisation du corps et unenouvelle intégration sociale de la culture. Il suppose une société raccommodéeparce que la multiplicité constitue l’individu perçu comme unité existentielle.3. Le virtuel est le point de rencontre entre le numérique et les pratiques decréation littéraire. Soit le virtuel comme humanité numérique littéraire. Il estégalement le lieu où l’unité imparfaite et aléatoire de toute remédiatisation oucréation est démontrée.4. J’ai également la conviction que le copier-coller, vu en tant que gestehumain, est une forme d’assemblage tellement influente que, à elle seule,elle implique l’intertextualité, la source, la référence, la personnalité,l’auteur dans sa complexité individuelle, l’humanité numérique et lalittérature avant les Lettres.52 La république mondiale des lettres est le titre d’un livre de Pascale Casanova. Dans ce texte, l’auteur s’attardesur le mode de valorisation de l’auteur par la reconnaissance accordée ou transmise par adoption ou par lègue etpar traduction. Elle souligne l’existence d’instances de sacralisations notamment, les traducteurs, les universitéset donneurs de prix.Stinfil Paul-Rostande 24Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique1.3 L'heuristique généraleCe n'est pas la méthode qu'il faut combattre,mais les disciplines, en s'appuyant sur la méthode.Lucien DodinAfin de mieux étudier les questions précitées, la méthode heuristique 53 sembleproposée les outils les plus efficaces à l'élaboration des propositions de cetterecherche. Aussi est-elle mobilisée pour une analyse démonstrative et inventive decopier-coller aussi bien dans sa participation à la création que dans l'application desoutils techniques qu'il suppose (dans l'univers numérique). Parallèlement, elle facilitele rapprochement entre la partie expérimentale du travail et sa partie fictionnelle.Une telle analyse prend la forme d'une science expérimentale à trois étapes:• D'abord, la proposition d’une théorie,• Ensuite, la mise au point d’outils d’analyse,• Et enfin l’application des outils mis en place à l’analyse copier-coller (Ce quirevient à dire que copier-coller sera théorisé, matérialisé et démontré.)En ce sens, il est important de souligner que la méthodologie littéraire ne propose pas d'outilde réflexion capable de rendre compte avec exactitude des oeuvres fictionnellesaccompagnées d'une théorie. Ces oeuvres étant du domaine de la feintise, donc basée sur unpacte de fiction sans aucune prétention de vérité. Or l'utilisation de ce procédé d'analyserapproche mon travail des sciences naturelles alors même que cette exactitude ne s'adapte tantà la fiction, qui constitue le point de départ de cette analyse, qu’à la pratique d'écriturefictionnelle des recherches-créations. Donc, cette dernière suppose un travail de technicienne,d'artiste ou de praticien-ne et de chercheur-e. C'est cette difficulté interdisciplinaire qui est53 Suivant la définition de Baumgarten de l'esthétique, Michel Leter définit l'heuristique comme la science de laconnaissance sensible. Pour Baumgarten, l'esthétique (théorie des arts libéraux), est la doctrine de laconnaissance inférieure, art de la belle pensée, art de l'analogue de la raison est la science de la connaissancesensible. Dans cette même logique, mais avec des termes différents, M. Leter réunit l'ensemble des principes quipermet d'étudier de manière objective les connaissances Irrationnelles ou sensibles. Cette démarche facilitel'analyse de copier-coller dont le point de départ est un texte fictif: "Exploration".Stinfil Paul-Rostande 25Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquesoulignée par Lucien Dodin, dans son ouvrage "A la poursuite d'une méthode: systèmeheuristique", en ces termes:La Nature est, par essence, tellement compliquée que la vérité rigoureuse estrarement à la portée des hommes qui n'ont pas d'autres instructions qu'un peude culture. Pour se passer des systèmes il faut être hautement spécialisé, alorson se spécialise avec rage. J'entends bien que c'est une nécessité inévitablepour pouvoir employer avec fruit la méthode expérimentale, mais quand unchercheur ou une équipe de chercheurs hautement spécialisés, veulent rendrecompte de leur résultats aux techniciens seuls habilités à en tirer profit, quellecatastrophe.( p. 2)En effet, pour contourner cette difficulté de la théorie dans la pratique propre à larecherche-création, la méthode heuristique propose une méthode particulièreappelée méthode des inventions. C'est cette particularité de l'heuristique généralequi est utilisée dans le cadre de ce travail.1.3.1 La méthode des inventionsLa méthode des inventions est dite particulière parce qu'elle suppose aussi bien laméthode intuitive (dite méthode esthétique) que la méthode analytique (dite méthodelogique). Cette méthode relève d'un processus en cinq étapes qui permet de donner uneréponse inventive à un problème réel ou à une problématique. Par exemple, depuis leprécédent, le monde littéraire français connait une vague de publications de littératurejeunesse sur la problématique du genre, comme: "Marre du rose" 54 , "A quoi tu joues" 55 ou54 Marre du rose est un roman de 34 pages publié chez Michel Albin. Il pose le problème de l'expression garçonmanqué par rapport aux clichés et stéréotypes qu'entraine cette expression. Le roman propose une comparaisonentre les gestes liés au comportement de garçon manqué et ceux qui chez les garçons auraient du engendrerl'expression de "fille manquée". Mais, les gestes des garçons, sur ce point, sont perçus comme des gestessimples sans connotation sociale, sinon le disfonctionnement comportemental appelé femmelette.55 A quoi tu joues, prix sorcier 2010, pose le problème de l'avenir économique et professionnel de la femme enprenant en compte le déterminisme des jouets et des termes consacrés aux filles et aux femmes. Pour ce faire, ilmet des actions ludiques face à leurs conséquences professionnelles dans la vie des femmes. Par exemple, Kévinet Alison jouent ensemble. Alison confie à Kévin qu’elle aimerait devenir un aviateur plus tard. Kévin lui répond: « Hein ! Une fille devenir aviateur ! Ça n’existe même pas le mot aviateur au féminin ».Stinfil Paul-Rostande 26Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique"Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi" 56 etc. Ces publications sont destinées à solutionner desproblèmes de sexisme chez les tous petits. La méthode heuristique mise beaucoup surl'éducation et l'action. Les actions féministes ont conduit à une prise de conscience surl'importance de l'éducation dans la pérennisation des stéréotypes. Ainsi, afin de les combattreune contre éducation est-elle instituée à travers les mêmes outils (la littérature jeunesse, lapeinture et la musique) que celle établissant la domination patriarcale. Par conséquent, desréponses inventives ont été créées afin de poser les jalons d'une nouvelle vision de la relationhomme/femme. Suivant cette même logique de réponse inventive, copier-coller propose desoutils techniques-numériques pour analyser une oeuvre numérique. Pour ce faire, les cinqétapes de la méthode des inventions sont utilisées:1. déterminer le problème"Exploration" formule le problème en mettant en scène une pratique de la littératurenumérique nécessitant des nouveaux outils de réflexions.2. envisager toutes les solutions probablesDes figures de l'intertextualité, des termes informatiques et numériques sont analysés auregard des besoins copier-coller. La recherche en comparaison avec l'intertextualité ellemêmesuppose cette quête de solution proposée par Dodin.3. Trier parmi toutes ces solutions probables, les solutions belles et bonnes (méthodeesthétique ou traitement de données).4. les essayer successivement.5. Inscrire les solutions reconnues réelles (conception d'esthétiques définitives)Un tableau final est établi afin de présenter les figures intertextuelles, susceptibles demettre en lumière les procédés copier-coller dans l'univers numérique aussi bien quedes outils de l'univers numérique proposée à copier-coller.En ce sens, ce travail implique une étude appliquée des mécanismes du copier-collerd’Exploration.Toutefois, les nord-américains, et notamment Louis-Claude Paquin, professeur à l'universitéde Québec, divisent la méthode heuristique en quatre étapes:1. préparation56 "Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi?" est un récit court, de 29 pages illustrées, publié par Thierry Lenain etDelphyne Durant en 2011 chez Nathan dans la collection "premier roman". En raison de son public, cet ouvragepeut-être considéré comme un premier pas vers le roman et la fiction. Le récit raconte le bouleversement de lavision du monde d'un petit garçon appelé Max.Stinfil Paul-Rostande 27Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2. incubation3. illumination4. vérification.Pour entamer un processus de théorisation de littérature numérique, la méthode d'inventionheuristique mise en place par L. Dodin est mobilisée étape par étape.La démarche consiste dans un premier temps à présenter la "théorie" copier-coller, Ensuitevisiter quelques travaux informatiques sur l’interactivité homme-machine et les humanitésnumériques. Dans un second temps, l'intertextualité de Julia Kristeva sera analysée afinsurtout de suivre l'évolution de la mise en place de sa théorie et de présenter des figures quis'y trouve. Pour cela, "Les mots 57 " de Jean-Paul Sartre servira de source aux exemples defigures intertextuelles.Parallèlement des figures soulignées par Genette et quelques critiques comme T. Samoyaultferont l'objet d'une révision qui permettra d'établir un état des lieux (non exhaustif) des figuresintertextuelles. A partir des différents points communs retenus entre ces figures et les besoinsdu copier-coller, un tableau final des procédés adoptés par copier-coller sera proposé.Enfin, je vais tenter une démonstration du copier-coller par une décomposition d'Exploration 58afin de matérialiser l’idée d’unité imparfaite et aléatoire de toute remédiatisation. Cemémoire, étant consacré à la recherche et à la création, prend "Exploration" comme référence.Toutefois, certains chapitres comme "Mon corps" ou "Mon ton " seront utilisés pour unemeilleure interprétation du corps perçu comme texte ou du texte fait corps. Aussi en vued'éviter un travail exégétique, car une analyse de l'oeuvre impliquerait une autocritique, cellecisera décomposée en séquences démonstratives sans commentaire approfondi (l’applicationdes figures) et non analysées. C’est également une proposition peut-être téméraire, mais nonprétentieuse, car elle est surtout participative.57 Autobiographie publiée par Jean-Paul Sartre en 1964 chez Gallimard.58 Exploration » est la création qui accompagne cette recherche. C'est un roman de 23 chapitres publié le 25Juillet sur Amazon.Stinfil Paul-Rostande 28Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueStinfil Paul-Rostande 29Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2 DES HUMANITES VIRTUELLES AUX HUMANITES NUMERIQUESStinfil Paul-Rostande 30Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2.1.1 L’univers homme-machineEn quoi le rapprochement entre l'approche de la théorie intertextuelle de Julia Kristeva et lecopier-coller serait-il pertinent ? Dans leur ouvrage, "Safe and sound: Artificial intelligence inharzadous application" 59 consacré aux intelligences naturelles et artificielles au regard deleurs raisonnements, leurs mode de résolutions de problèmes et leurs prises de décisions,Jhon Fox and Subrata Das postulent que l'étude de l'intelligence artificielle aurait beaucoup àapprendre des études consacrées à l'intelligence naturelle:Tout en acceptant que l'humain a des limites, nous croyons que son jugement s’appuiesur des bases relationnelles et que la manière de penser de l'humain aconsidérablement de vertus. Malgré nos limites l'intelligence artificielle a beaucoup àapprendre des études consacrées à l'intelligence naturelle. En effet, si la machine peutémuler quelques habilités humaines sans les défauts nous persistons à croire que leroi de l'intelligence artificielle est notre objectif. 60Par là, il faut comprendre que le rapprochement entre certaines sciences traitant lefonctionnement, le comportement ou les anomalies du mental chez les humains, comme lapsychanalyse, la médecine, la neurologie, la psychologie... et les recherches dédiées à l'I. A.,entre autres, constituerait une source d'information très riche pour l'évolution du mondeinformatique. Ce parti pris optimiste, comme ils le soulignent, me parait d'autant plus justeque les trois grands champs de l'intertextualité (le travail de la langue, la science des procédéset la version psychanalytique de l'intertexte) semblent pouvoir éclaircir des zones restéesencore sombres dans cette démarche du copier-coller, même si le copier-coller semble richeen possibilités et efficacités. Toutefois, l'inverse est tout autant vrai, car vu sous certainsangles, la théorie du copier-coller comporte des traits caractéristiques beaucoup plus"naturels" que les pratiques d'écritures intertextuelles jugées "artificielles" par Jean-MarieSchaeffer. Car en admettant que le texte dans son état latent, c'est-à-dire, le texte non59 AAAI Press/ The MIT Press, 200060 Jhon Fox abd Subrata Das, Safe and sound : Artificial intelligence in harzadous applications, AAAI Press/The MIT Press, 2000, p13: "While we accept that poeple have limitations, we beleive that there is a relationalbasis to judgement and that human way of thinking have considerable virtues. Despite our limitations artificialintelligence has much to learn from studies of natural intelligence. Indeed, if computer could emulate somehuman habilities without the short comings we might get closer to the king of artificial intelligence that is ouraim."Stinfil Paul-Rostande 31Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueremédiatisé, soit une copie bien que difficilement accessible; on admet une existence virtuellede la première forme de l'oeuvre. Or, cette existence ne peut être que naturelle. Alors, copiercollerest par essence naturelle. Tandis que, l'intertextualité souligne de manière particulière lamémoire de l'oeuvre littéraire (dans sa définition bourgeoise. Elle est symbolisée par labibliothèque: représentation matériel du livre papier) dans la création littéraire. Mais, pardessus tout, l'oeuvre littéraire numérique, en plus de la double virtualité 61 soulignée par Jean-Marie Schaeffer, à une virtualité propre qui suppose la mémoire du cerveau. Celle-cifonctionne comme un objet visible, mais intangible. Ce qui revient à dire qu'unrapprochement avec les études consacrées aux littératures orales serait très fructueux à copiercoller.Puisque le support premier du copier-coller est le corps dans ces impossibilités etcomplexités. Cependant, l'intertextualité de Kristeva permet au copier-coller de suivre unethéorie naissante dans son parcours, c'est-à-dire la suivre en tant que projet dans seshésitations, ses refus et ses erreurs.En effet, le copier-coller de l'intelligence artificielle qu'on tente de "théoriser" icipourrait être, de manière très minimale, l'équivalent du "croisement" intertextuel del'intelligence naturelle. Car, les traitements que subissent le ressenti dans le support premier(l'auteur) semble impliquer les mêmes procédés de conservation, de pérennisation et decontemporanéité que cette mémoire intertextuelle accordée aux oeuvres littéraires. Puisque lamémoire de la littérature reste avant tout des lectures littéraires mémorisées, et utilisées endehors de leurs contextes de publication. Cette sorte remédiatisation papier (intertextuelle),suppose une expérience littéraire susceptible de faciliter la compréhension de cette approchede la théorie copier-coller. Toutefois, au cours de cette réflexion je souligne une distance entrele copier-coller et l’intertextualité susceptible de troubler cet ordre artificiel/naturel. Carcopier-coller dans son rapport au virtuel se rapproche beaucoup plus de l'intelligence naturelleque de l'intelligence artificielle. Parce que sa puissance, son inaccessibilité et enfin sonrapport au corps image (la copie et/ ou médiation ou l'oeuvre à l'état latent) suppose un61 L'oeuvre fictionnelle est selon lui doublement virtuelle parce qu'elle utilise le langage qui est en luimêmeune réalité virtuelle, mais également la fiction qui est autrement virtuelle. "Les réalitésvirtuelles" naissent avec les systèmes biologiques de représentations: toute représentation mentale estune réalité virtuelle. Il y a bien un lien entre le virtuel et la fiction : étant une modalité particulière dela représentation, celle-ci est du même coup une forme spécifique du virtuel." Pourquoi la fiction? p.10. Par fait biologique de représentation, l'auteur fait référence à la naissance du langage telle qu'elle aété soulignée par Pierre Levy.Stinfil Paul-Rostande 32Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquesupport naturel. Et ensuite, parce que le copier-coller la plus artificielle et donc mécanique ettechnique suppose aussi bien une activité humaine que l'ensemble des étapes de conservation,pérennisation et contemporanéité utilisées par les pratiques d'écriture intertextuelles.En ce sens, les pratiques intertextuelles, suivant un regard anachronique, semblent traiter lesformes de remédiatisation, plus ou moins conscientes, à partir desquelles certains procédéslittéraires manipulent la lecture ou la réception des littératures. C'est dans ce contexte que deschercheurs-res, dont J. Kristeva et G. Genette 62après elle, effectuent un travailépistémologique (parce que les outils d'analyse intertextuelle dérivent des critiques desconnaissances littéraires) et rhétorique à travers lequel ils soulignent des pratiques d'écriture,mais également des traces de lecture. Ces recherches par leurs quêtes dialogiques de labibliothèque dans une oeuvre impliquent un travail linguistique où la langue est vue commeune institution liée à un système sociale. D'où l'utilisation de "Les mots" de Jean-Paul Sartrecomme un lieu d'interconnexion entre des textes et des moments de lecture de l'auteur. Aussi,dans cette quête des traces de lecture, il y règne un discours social où le créateur est pris dansun conteste de partage. Or le créateur du copier-coller est lui aussi compris comme sensible àson environnement social ou même comme réceptacle d'image. Par conséquent, il est possiblede déduire que copier-coller est un travail de la langue 63 beaucoup plus complexe quel'intertextualité. Car en plus de cette intimité humaine liée à la langue (chaque personne à sapropre utilisation de la langue) copier-coller exige un créateur, une décision humaine, unchoix personnel et un savoir informatique (le code comme complexité {et réalité} virtuelle).Aussi, pour réaliser le copier-coller, existe-t-il des problèmes à affronter comme:• La mort annoncée de l’auteur 64 : une lecture (un texte A) n’a pas d’avenir sans unauteur’ (prime). Parce que celui-ci est à la fois lecteur, technicien et concepteur et que62 Gérard Genette, palimpseste La littérature au second degré, vient de la collection poétique de Seuil et a étépublié pour la première fois en 1982. Ce texte marque un tournant dans l'évolution de la théorie intertextuelle.Avec les outils proposés par Gérard Genette dans Palimpseste, les champs d’action des approchesintertextuelles, s'annoncent plus ou moins précis. Pourtant celles-ci n’en demeurent pas moinslinguistiques, car ces outils typologiques supposent une application de la linguistique au mécanismelittéraire.63 En parlant de la langue dans "sémiotikè: Recherches pour une sème analyse", Kristeva semble se référer à unsystème signifiant d'une époque et d'une société précises. Cependant, elle parle du langage aussi comme systèmede signifiant.64 Roland Barthes annonce la mort de l’auteur dans un article du même titre publier en 1968. "Il sera à toutjamais impossible de le savoir, pour la bonne raison que l'écriture est destruction de toute voix, de toute origine.L'écriture, c'est ce neutre, ce composite, cet oblique où fuit notre sujet, le noir-et-blanc où vient se perdre touteidentité, à commencer par celle-là même du corps qui écrit".Stinfil Paul-Rostande 33Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquele numérique suppose une valeur, ou une dimension ajoutée. En ce sens, copier-collern'est pas considérée comme une pratique d'écriture de deuxième main, mais comme ungeste esthétique d'appropriation (de numérisation, d'augmentation) de l'art.• La décision de remédiatiser au même titre que l'acte de copier-coller implique unchoix personnel. Parce que le texte ne peut pas décider, il faut un individu lecteursusceptible de remédiatiser. Et, toute sensée quelle soit, cette décision, implique unparcours social ou textuel, une réception et un savoir informatique.Toutefois, copier-coller ajoute à ce jeu de "pla(y)giarisme" 65 une dimension nouvelle quiest celle de copier sans plagiés. Car même si l'oeuvre numérique reste, d'une manière oud'un autre, déplaçable, elle semble maintenir son caractère de copie. D'où l'hibriditéassumé du copier-coller.Comme l'a si bien souligné Bruno Dufay 66 , l'intelligence artificielle n'est pas assezautonome pour parvenir au traitement sensible, artistique et distinctif de chaque texte. Ce quirevient à dire que copier-coller autant que l'intertextualité sous entend une manipulation etune appréciation humaine. Par conséquent, les écritures intertextuelles et le copier-collersupposent une interactivité lecteur-texte et une autre, plus complexe, qui est celle desdifférentes formes de virtualité mobilisées par une oeuvre. Car cette complexité met encommunication la fiction, le langage, les langues, le numérique et les affections dans leurmouvement de choc et de conciliation. C’est un dialogue entre divers univers représentationsdifféremment virtuels.Dans l’univers virtuel du numérique, l’intermédiaire entre le matériel et le virtuel est lelogiciel. Le logiciel est à l’ordinateur ce qu’est l’entendement 67 à l’esprit humain. C’est ce parquoi les instructions extérieures au numérique sont traitées et transformées en"matières textuelles" virtuelles ou "corps-images". Il est également l’instance premièred’exploration, même si celle-ci implique une main derrière la machine. Puisqu'un programme,toute efficace qu’il soit, ne traverse pas l’écran d'une machine. Ce lieu de partage procède par65 Mark Amerika dans "remixthebook" (emplacement 2736) prête à Lautréamont le titre du"pla(y)giarism" en référence à son écriture avant-gardiste annonçant la remédiatisation.66 Buno Dufay est un chercheur avéré qui apporte des réponses heuristiques à l'architecture et à l'archéologieurbaine en manifestant un intérêt particulier pour les sciences humaines et sociales. Il est actuellementconservateur du patrimoine au conseil général d’Indre-et-Loire.67 C'est la capacité de comprendre les problèmes et de proposer des solutions adaptées.Stinfil Paul-Rostande 34Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueune forme d’interactivité appelé : IHM Interaction Homme-Machine relevant des ressorts del'Intelligence Artificielle et de l'ergonomie 68 .Dans son ouvrage L’intelligence Artificielle, 69 Bruno Dufay consacre un chapitre : « A quoipeut servir l’intelligence artificielle ? », à la question de l’importance d’une telle intelligence.Pour formuler une réponse à sa question, il souligne des problèmes pour lesquels il n’a pasété possible de trouver des solutions algorithmiques ou mathématiques, alors que l’êtrehumain les résout de manière satisfaisante. Il divise ces problèmes en quatre types :• Les problèmes concernant l’action d’un système sur son environnement extérieur ;• Les problèmes concernant la perception de l’environnement par un système ;• Les problèmes concernant le traitement des langues naturelles;• Les problèmes de prise de décision.Tous ces problèmes supposent une intervention humaine dans la productivité d’unemachine. Cette sorte de manipulation de l’univers mécanique implique l’intervention del’utilisateur, de la même manière que celle du lecteur sur sa copie.Or, dès le départ, je postule que le copier-coller constitue un tout dont la remédiatisationfait partie, puisque le copier-coller est également médiatisation, 70 sans laquelle il n’y auraitpas de remédiatisation. Donc, les écritures intertextuelles se servent de la remédiatisation pourintégrer les lectures (la bibliothèque) dans l’œuvre intertextuelle. Par ailleurs, la positiond'Antoine Compagnon sur les pratiques d'écriture ce rapproche, d'une certaine manière ducopier-coller. En effet il stipule: "toute écriture est collage et glose citation et commentaire" 71 .Ce qui sous-entend une intertextualité latente à tout acte de création. Partant de cetteaffirmation, l'acte d'écriture serait le résultat de la remédiatisation latente ou du copier-collerimmanent à toute production "textuelle".En ce sens, les deux champs ont en commun :• L’exigence de l’intervention humaine : La manipulation de la réception68 L'ergonomie est une science qui s'occupe de la relation établie entre l'être humain et ses moyens (dont lesoutils informatiques), son travail et son milieu de fonctionnement.69 Le livre est publié en 1987, chez Le Rocher dans la collection Science et Découvertes.70 La médiation est l'image perçue dans son état premier. C'est l'information sous l'influence de la personneressentant ou lisant dans son état de copie. C'est-à-dire, c'est l'information traitée non publiée, mais conservée.71 Sophie Rabeau, L’intertextualité, Flammarion : Corpus, paru, éd. 2002, p. 20. La citation a été emprunté àCompagnon dans ouvrage "La seconde main ou le travail de la citation", Seuil, 1979, p. 32.Stinfil Paul-Rostande 35Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueo L’existence de procédés automatiques d’exploration et d’immersiono Leur retour sur la virtualité propre à l’homme. Toute lecture est traitée etutilisée à d'autres fins.• Une temporalité d’adaptation...En conséquence leur rapprochement est pertinent, voire important. D’abord, il permet demesurer l’impact de l’Intelligence Artificielle sur les littératures classiques. Ce qui signifiepour copier-coller l'observation d'une expérience, "artificielle" certes, mais attachée àl'intelligence naturelle. En cela, ce rapprochement institue un lieu de rencontre entre laproduction virtuelle naturelle et spontanée de la consommation et sa version réfléchie, traitéeet étudiée.Stinfil Paul-Rostande 36Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2.2 La fonction copier-collerPour mettre en place la métaphore du copier-coller, elle a été comparée à la fonction copiercollerdans sa temporalité. En effet, le transfert d'une donnée par une instance 72 de décisionimplique pour l'intéressée un processus de manipulation par étapes. L'ensemble de ces actionssollicite un temps d'action, souvent non-chronométrable, même s'il est relativement court. Parexemple, le temps de lecture impliquant la prise de décision d'un auteur prime estinsaisissable. Il peut-être très long ou très court selon le contexte, la personnalité et lesobjectifs visés. Par conséquent, la prise de décision n'est visible qu'à travers la mise en abymed'une structure sélectionnée. Cette mise à nu matérialise la fin du T0 et de la vie "virtuellenaturelle" d'une conception nouvelle de la structure choisie. Cette dernière, pour sa part,constitue la vie virtuelle originelle de ce morceau choisi dans sa nouvelle perception. Elle estla première étape de la migration copier-coller. Je propose de l'appeler : sélection.L'avantage du copier-coller est qu'il est modifiable et réalisable à la demande sans perte detemps. Le sélectionneur a droit à l'erreur parce qu'il n'y a ni rature ni de perte. L'universinformatique donne cette possibilité de conserver les parcours d'un travail informatique. En cesens, le temps T1: "immédiateté" 73 , qui pourrait faire défaut dans un univers papier ou dansl'unité spatio-temporelle virtuelle et spontanée de la parole non rectifiable ni remplaçable,constitue au contraire un temps de mémoire, car il permet de conserver le moment dans sonhésitation, ses défauts et surtout sa possibilité d'être récupéré. Cette étape de copie est ladeuxième marche vers l'innovation remédiatisée. Toutefois elle suppose une temporalité nondémontrable à travers laquelle elle migre d'un environnement premier vers celui qui lui est72 Parce qu'il est possible de transférer des données de manière automatique également.73 également une proposition soulignée à l'introduction.Stinfil Paul-Rostande 37Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueconféré. Ce temps de déplacement est une déportation, que je propose d'appeler "migration",dont l'aboutissement est appelé "copie" 74 .75Une fois la déportation effectuée, l'agencement de la copie est capital pour la cohabitation.La copie est "installée" en conformité à la logique de présence simultanée 76 de deux momentsde lecture dans un univers spatio-temporel dont le temps T2 est appelé inactualité 77 . Cetteinstallation est réalisée suivant un processus de collage 78 .74 Cette proposition a été commentée dans l'introduction.75 Les raccourcis clavier notés à l'introduction sont visibles sur les images de copier-coller dans le logiciel Wordutilisé pour cette démonstration. Ces images exposent la fonction la plus simple du copier-coller. Parce qu'il estégalement possible de copier-coller par exportation. L'utilisation du terme exportation charrie beaucoup plus deviolence dans sa déportation que le copier-coller. Toutefois l'exportation aussi bien que le copier-coller est uneuphémisme comparé au couper-coller.76 Cette simultanéité est appelée, à juste titre, coprésence par T. Samoyault.77 Comme annoncé dans l'introduction, l'inactualité est un terme très cher aux penseurs de la contemporanéité.Aussi a-t-il été longuement analysé par Giorgio Agamben dans ses cours consacrés à la nudité.78 Ce processus est également analysé dans l'introduction.Stinfil Paul-Rostande 38Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueEnfin, après le T0 de la sélection, le T1 de la copie et le T2 du collage, arrive le résultatescompté de la coprésence anachronique de plusieurs structures faites contemporaines. Touten conservant sa distance de copie aux voisines inactuelles ou atemporelles, le contemporainrécupère son temps d'action dans cette nouvelle structure. Ce temps d'action est la réunion desparcours de la structure par rapport à ses contemporains : (actualité(sélection+copie)/atemporalité = contemporanéité, soit: TI/T2= T3). Ce n'est plus le résultatd'un ajout, mais celui d’un dividende dont le résultat implique la réception. Tant qu'il y auraréception nouvelle, il y aura "actualisation", donc forme nouvelle de contemporanéité. D'où lecopier-coller comme expérience d’un éternel présent, jamais passé, qui fait de chaque copieune séquence contemporaine de la copie voisineStinfil Paul-Rostande 39Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueStinfil Paul-Rostande 40Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2.3 L’univers littéraireAlors que le monde littéraire occidental connaissait une grande vague de courants naissantde réflexions littéraires, tel que le structuralisme, les recherches de Bakhtine vinrent s'ajouterà celles du groupe "Tel quel" pour mettre au monde une version des études littéraires sevoulant scientifique :• La première version de la théorie intertextuelle suppose une étude de la littérature àtravers des procédés linguistiques. Pour Julia Kristeva, inventrice et pionnière de lanotion, l'intertexte reposerait sur le croisement de textes par un travail assumé de lalittérature sur la langue. Pour explorer ce travail de la langue, elle s'attarde sur lanotion de dialogisme proposée par Bakhtine dans son Esthétique et théorie duroman 79 . Mais, elle s'écarte de Bakhtine sur plusieurs points, notamment celui dedéfinition de la notion de "texte". Pour amener sa théorie au rang des sciences,Kristeva s'appuie sur la linguistique. Cependant, le rapport étroit d'un tel projet à lalinguistique intègre un biais très critiqué à l'époque : le problème de l'objet d'une tellethéorie.• En 1979, Gérard Genette par la publication de Palimpseste et plus tard par celle deSeuil propulse le champ et le rapproche de plus en plus des littératures et du projetscientifique à l'origine de la théorie. Si Genette marque un tournant dans l'évolution dela théorie intertextuelle, il reste que certains penseurs, continuent d’orienter le champvers d'autres horizons comme celui de la psychanalyse.• L'Approche psychanalytique de l'intertextualité est introduite par Michel Schneiderdans son ouvrage Voleurs de mots 80 . Outre cette vision de l'écriture au second degré,Michel Schneider signale l'existence du "rapport narcissique d'un individu à salangue maternelle", développé à travers l'intertextualité immanente à l'acte même79 Le texte a été publié pour la première fois par Mikhaïl Bakhtine en 1975 en langue russe. Il est traduit pour lapremière fois en France en 1978 chez Gallimard. La présente édition est une traduction de Diara Olivier, publiéeen 1987 chez Gallimard.80 Ce texte a été cité et traité par Anne Claire Gignoux dans son ouvrage "L'initiation à l'intertextualité" pourélaborer une approche théorique qui aborde l'intertextualité en termes psychanalytiques. Dans son oeuvre, ellesouligne que M. Schneider aurait assimilé au plagiat le transfert qui généralement s'opère, dans la curethérapeutique, entre le patient et son analyste...Stinfil Paul-Rostande 41Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqued'écrire.Actuellement, avec l'évolution des littératures numériques et des recherches effectuéessur la question, les approches intertextuelles augmentent. En 2007, Alexandra Saemmer,avec la publication de Matières textuelles sur support numérique 81 , a orienté cetteévolution dans le sens du numérique, qu'elle traite dans un rapport de parenté avec lalittérature papier classique. Cette position est d'autant plus convaincante quand onconsidère justement que la binarité de la littérature numérique suppose l'alphabet (SergeBouchardon). Ce qui constitue un point de rencontre entre cette position et copier-coller.Mais la force de ce parti pris réside dans sa valeur littéraire et sa richesse historique. Eneffet, cette parenté inscrit les littératures numériques dans la linéarité historique, ce quisous-entend une date de parution de la littérature numérique dans l'histoire littéraire: lalittérature numérique est un événement littéraire. Or les créations littéraires virtuelles sontles premières formes de littérature qu'a connue l'humanité. Puisqu'avant les tablettesd'argile, la parole (et donc la mémoire {le corps} comme support) étaient la seule formede communication permettant de remédiatiser les oeuvres. Toutefois cette question n'étantpas centrale pour ce travail sera probablement traitée ailleurs. Mais cette historicité courteet très limitée des intertextualités soulève deux problèmes :1. D'abord le problème de l'objet: le texte. comment le texte littéraire est-il capable deréunir autant de disciplines (linguistique, littérature, épistémologie, philologie...) surune durée aussi longue? Il me semble que le texte littéraire change de statut avec letemps et les perceptions et surtout qu'il est interdisciplinaire. Par conséquent, il met endialogue des disciplines ayant pour objet des faits de langage.2. Ensuite celui du mouvement : comment définir une théorie sans cesse réorientée,augmentée, améliorée et déséquilibrée? Comment rendre compte d'une unité dont lacomplexité fait encore problème? En ce sens, ce chapitre consacré à l'intertextualité etson objet, ne se donne pas la prétention de résoudre le problème ni même de tenter unedéfinition. Il tente seulement de rendre compte de l'intertextualité afin d'argumenterson rapport à copier-coller.81 Alexandra Saemmer, Matières textuelles sur support numérique, Publication de l’université de Saint-Étienne,2007.Stinfil Paul-Rostande 42Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueDepuis le fameux questionnement de Louis Trolle Hjelmslev 82 sur la définition du termetexte, l’épistémologie littéraire n’a cessé de s’étendre sur la question. Il va sans dire que cetexte en tant qu’objet d’étude implique un regard soutenu afin d’éviter les ambiguïtés. Enconséquence, un retour sur la question est déterminant pour la conceptualisation du copiercoller.Puisque, pour comprendre le copier-coller je propose son rapprochement à la démarchethéorie intertextuelle de Kristeva, un regard sur la notion de texte s'impose.82 Prolégomènes 1943 " http://www.revue-texto.net/Inedits/Kyheng/Kyheng_Hjelmslev.html". C'est unlinguiste danois qui est à la base de l'école de Copenhague.Stinfil Paul-Rostande 43Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueStinfil Paul-Rostande 44Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2.3.1 Le texteL'objet des différentes approches de la théorie intertextuelle comme celui du copiercollerest le texte. Cependant, ce terme ne renvoie pas toujours à un même contenu, une mêmedéfinition ni une même performance, suivant le domaine d'intervention et de réflexion. Parexemple : pour un grammairien un texte 83 est une succession de phrases, voire de groupes demots à décortiquer en fonction de la syntaxe et de l'orthographe. Cependant, plus ons'approche des domaines scientifiques, moins il est facile d'affirmer clairement ce qu'est untexte. Avant Hjelmslev, le contenu du terme relevait de l'évidence. En 1971, pour la premièrefois, le linguiste danois souligne le problème du texte en ces termes :La théorie du langage s'intéresse à des textes, et son but est d'indiquer un procédépermettant la reconnaissance d'un texte donné au moyen d'une description noncontradictoire et exhaustive de ce texte. Mais elle doit aussi montrer comment onpeut, de la même manière, reconnaître tout autre texte de la même nature supposéeen nous fournissant les instruments utilisables pour de tels textes. 84Ainsi soulevée, la question du texte n'a cessé d'inciter de nouvelles perceptions et assertions.D'où la nécessité d'une révision très schématisée, donc sélective et restrictive, de quelquesdéfinitions de la notion soumises par Kristeva.Pour Kristeva, Le texte est l’ensemble des énoncés linguistiques soumis à l’analyse:" Le texteest donc un échantillon de comportement linguistique qui peut-être écrit ou parlé (syncorpus 85 ). Elle reconnaît alors, deux types de texte qui peuvent se comprendre dans unethéorie de l'acte 86 . En attribuant à la parole et l'écrit des comportements elle embrasse avecsubtilité l'individu (l'énonciateur). Or le texte en lui-même peut signifié des comportements:83 A ce sujet, Julia Kristeva soutient que le texte n'est "ce langage communicatif que la grammaire codifie",Semiotikè: Recherche pour une sémanalyse, Seuil, 1969, p. 1184 . Hjelmslev, 1971, p. 26-27. "http://www.revuetexto.net/Inedits/Kyheng/Kyheng_Hjelmslev.html"85, Julia Kristeva, La révolution du langage poétique, Seuil, 1974 p. 1586 Pour Julia Kristeva, Le texte est doublement orienté : vers le système de signifiant dans lequel il se produit (lalangue et le langage d’une époque et d’une société précises) et vers le processus social auquel il participe en tantque discours. P. 12. Dans cette même logique de rapport au social et au signifiance, elle stipule que: "lalittérature/ le texte soustrait le sujet à son identification avec le discours communiqué et par le même mouvementbrise sa disposition de miroir réfléchissant « les structures » d’un dehors." p. 12-13, La révolution du langagepoétique, Seuil, 1974 p. 15.Stinfil Paul-Rostande 45Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquele ton de la parole, l'agencement des mots ou des connecteurs dans la rédaction. Mais le côtéencore flou de cette théorisation suppose un mélange des différentes approches qui suivront letravail de Kristeva. Quand à la page dix-neuf du même texte, il soutient:Le texte n’est pas un ensemble d’énoncés grammaticaux et agrammaticaux; ilest ce qui laisse lire à travers la particularité de cette mise ensemble desdifférentes strates de la signifiance ici présente dans la langue dont il éveille lamémoire : l’histoire. 87Part cette nouvelle définition, Kristeva fournit un alibi à Riffattere et aux psychanalystespour lire les créations intertextuelles à travers leurs agrammaticalités et le taux d'inconscientqui les accompagne. Cependant elle continue dans ses réflexions qui se présentent comme despropositions d'analyse. Je crois qu'il est possible de trouver dans chaque texte de Kristeva uneidée à explorer comme une nouvelle approche de cette théorie. Parce qu'elle l'aborde à traversdes refus soulignés et des choix. En témoigne cette nouvelle définition qui se rapproche de ladéfinition de Schaeffer du terme :Nous définissons le texte comme un appareil translinguistique qui redistribuel’ordre de la langue en mettant en relation une parole communicative visantl’information directe avec différents types d’énoncés antérieurs ousynchroniques. Le texte est donc une productivité, ce qui veut dire:1. Son rapport à la langue dans laquelle il se situe est distributif (destructivoconstructif),par conséquent, il est abordable par des catégories logiquesplutôt que purement linguistiques ;2. Il est une permutation de texte, une intertextualité : dans l’espace d’untexte, plusieurs énoncés, pris à d’autre textes, se croisent et se neutralisent. 88Je répète l'affirmation : l'intertextualité telle que conçue par Kristeva est au copier-coller ceque sont les créoles à la linguistique et à l'anthropologie : une possibilité de vivre la créationd'une théorie dès sa genèse. Elle permet d'explorer les différentes propositions encore floues,puisque l'évolution de sa théorie s'apparente à la matérialisation d'un projet théorique. Cette87 Julia Kristeva, La révolution du langage poétique, Seuil, 1974 p. 1988 Kristeva Ibid., p. 52Stinfil Paul-Rostande 46Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueimplication de la parole 89 annonce les approches psychanalytiques de la théorie autant qu'ellesemble ouvrir la porte à une réflexion sur le virtuel. Toutefois, un regard sur ses collègues,comme Roland Barthes 90 par exemple, serait intéressant pour la mise en place de copiercoller.Si les différentes définitions de Julia Kristeva du terme texte facilitent à copier-coller lamatérialisation de son objet et encouragent la recherche, il est pourtant important de prendreen compte des propositions d'autres penseurs comme Jean-Marie Schaeffer 91 et TzvetanTodorov, auteur du Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage 92 . Toutefois, depuisAlexandra Saemmer de nouveaux éléments intègrent la page 93 de l'oeuvre littéraire actuelle.Qu’est-ce qui rapproche le texte et copier-coller ? Le copier-coller numérique ayantimplicitement pour environnement spatio-temporel le numérique, suppose un espace clos, faitde réseau et de code. Cependant, l’intégration de ce réseau étant accessible et maitrisable partous, il sous-entend une liberté dont le propre est le contrôle limité. De même, le texte perçucomme corps est à la fois clos et ouvert. On a accès au texte mais la limite ou le pouvoird’immersion peut dépendre d’un réseau de texte. En ce sens, un utilisateur est toujours à lafois au dedans et au dehors de cet univers numérique. De même que le lecteur est toujours à la89 Acte individuel de l'utilisation de la langue.90 Par exemple si on oppose cette définition de Roland Barthes qui dans sa théorie du texte stipule qu’ «Untexte est la surface phénoménale de l’œuvre littéraire» à cette définition de Kristeva pour qui L'oeuvre littéraire,exhaustivement ou essentiellement, en un texte, c'est-à-dire (définition très minimale pour elle) en une suite plusou moins longue d'énoncés verbaux plus ou moins pourvus de signification. Il est facile de saisir une cohésiond'autant qu'il est clair qu'une forme de détachement se précise. Le texte de R. Barthes est restreint alors que celuide Kristeva demeure un sujet linguistique compliqué.91 Jean-Marie Schaeffer et Oswald Ducrot dans le nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences dulangage, Paris seuil, 1995, p 494 : «La notion de texte est largement utilisée dans le cadre de la linguistique etdes études littéraires. Toutefois, il est rarement défini de manière claire: certains limitent son application audiscours écrit, voire à l’œuvre littéraire, d’autres y voit un synonyme du discours ; certains enfin, lui donnentune extension transsémiotique parlant du texte filmique, texte musical etc. En accord avec l’usage répandu enpragmatique textuelle, on définira le texte ici comme une chaîne linguistique parlée ou écrite formant une unitécommunicationnelle.92 Le texte se définit par son autonomie et sa clôture Oswald. Ducrot et Tzetan Todorov, 1972 p.375-38293 La magie d’une nouvelle correspondance entre le mot et la chose, entre l’image et la chose, entre troiséléments qui, à travers les siècles, se « couraient après », sans se rejoindre, semble donc pouvoir s’opérer dansl’espace animé de la page numérique. Alexandra Saemmer, Matières textuelles sur support numérique, P 107.Stinfil Paul-Rostande 47Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquefois au dedans et au dehors de ce réseau du texte essentiellement migrant. Ce qui revient àdire que le texte et le copier-coller se rapprochent non seulement par leur virtualité 94 , maiségalement par une dualité entre le « clos et l’ouvert ». Ils ont également en commun leur viesans appartenance sûre. La matière textuelle 95 numérique subit des migrations multiples etincessantes.94 Ici il faut se référer au rapport entre le texte et la fiction.95 Alexandra SaemmerStinfil Paul-Rostande 48Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2.4 La métaphore copier-copierLa figure de métaphore au même titre que celle d'analogie est l'une des plus anciennesfigures littéraires connues. Aussi son évolution a suscité tant de réflexions que d'approchesthéoriques. J. Schaeffer, dans "Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage",consacre, à la métaphore et ses différentes approches un article titré: "Théorie contemporainede la métaphore" 96 . Cet article s’appuie sur l'opposition classique de la notion de métaphorerhétorique et analogique. La première, implique une construction lexicale axée sur laressemblance, terme cher au mimétisme ou à la feintise 97 , alors que la seconde se rapprochede la logique philosophique. Dans cet article, l'auteur souligne l'importance de la métaphoreen tant que figure dans sa conception traditionnelle. Pour ce faire, il cite des penseurs desannées cinquante dont Max Black 98 et Ivor Armstrong Richards 99 . Cependant, le procédé lemieux adapté au copier-coller relève de la formule de Searle:La métaphore n'a pas une fonction ornementale mais signifiante et cognitive. Dans laconception classique, les énonciations métaphoriques mettent en jeu une comparaisonabrégée ou une ressemblance entre deux objets; la similarité ou la ressemblance estdonnée pour la raison du transfert métaphorique, lequel reposerait sur une relationd'analogie entre le comparant et le comparé. 100Chacun de ces points de vue a son intérêt et certaines possibilités moins adaptées au copiercoller.Néanmoins, le déplacement de mots, de structures et de situations, bref, la migration,est d'une importance capitale pour la notion de copier-coller, puisque le propre de la créationperçue comme copier-coller est la transformation de données captées. Certains mots sont96 Oswald Ducrot et Jean-Marie Schaeffer, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage,Seuil, 1995 2eme éditions, Paru en 1972. p. 489-51997 La feintise est un terme institué par Käte Hamburger en vue d'analyser la logique des genres littéraires parrapport au mimétisme classique.98 en 1954 M. Black "La métaphore n'est pas un déplacement de mot, mais "une transaction entre contexte."Elle met en jeu une interaction {...} ou une opposition verbale (M. C. Beardsley1958) entre deux contenussémantiques- celui de l'expression dans son emploi métaphorique et celui du contexte littéral environnant. "99 Ivor Armstrong Richards est un critique littéraire et théoricien anglais connu pour son influence dans le Newcritism.100 Jean-Marie Schaeffer, Ibid., p. 488 J. R. Searle "La métaphore" 1982.Stinfil Paul-Rostande 49Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquedéplacés de leur contexte pour signifier un nouveau contenu numérique prédisposé à laconfrontation et à la complémentarité. Il s'agit ici de mettre en place des outils de réflexionpermettant l'analyse des procédés copier-coller qui sont, en dépit d'un rapport très étroit auxdifférentes littératures papiers intertextuelles, porteurs de la parenté virtuelle du copier-collernumérique. Ainsi est-il question pour cette recherche de décrire des formes de littérarité horsbibliothèque. D'où l'utilisation de termes de plus en plus techniques et virtuels. Parconséquent, le procédé métaphorique du copier-coller se rapproche de la rhétorique par sonutilisation de terme rhétorique et informatique et de l'analogie par le transfert de sens accordéaux différentes figures.En informatique, la métaphore est le procédé qui permet de citer un comparant dans leterme d'un comparé. Par exemple: le bureau de l'ordinateur, la bibliothèque d'un logiciel ou ledocument de Word. Tous les trois renvois à des termes similaires, mais de sens différent. Lefonctionnement de ces outils est opposé à un comparant du monde tangible. Par conséquent,Les deux protagonistes de la comparaison métaphorique (comparant/comparé) partagent leurnom suivant une logique de ressemblance et de similarité. Ce procédé est le même utilisépour la mise en place des outils d'analyse du copier-coller. Sauf que le comparant relève del'environnement numérique. Autrement dit, c'est une comparaison qui a pour référencel'environnement numérique.Par exemple, le calque n'est compréhensible que si l'on a visité au moins une fois Photoshop.Stinfil Paul-Rostande 50Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2.5 Qu'est ce que le copier-coller?Copier-coller est un ensemble de procédés dont la réalisation implique un parcours de copieret de coller. Il existe trois types de copier-coller:2.5.1 Le copier-coller fonctionnelLe copier-coller fonctionnel est l'ensemble des procédés utilisant la fonction de copier-collercomme intervention interne à l'univers virtuel du numérique.Exemple: Pour rééditer numériquement un texte, le ré-éditeur procède, d'une manière oud'une autre, par copier-coller. Le texte est sélectionné et exhibé par hyperlien, parexportation ou par copier-coller classique. L'originalité est superflue pour ce texte, car savaleur réside dans sa capacité même d'être réédité. C'est une forme de partage dont laforce est la marque d'une présence sur le web. Les exemples les plus fragrants sont lesretweets. Les partages sur les réseaux sociaux tels que Facebook, Google et Instagram etc.En effet, retweeter une publication suppose un soutient ou un désaccord. Les deuxpositions exposent un même rapport de partage, de dialogue et de communication, carelles supposent, une lecture et une appréciation. Ce click de remédiation est un gestecritique. La valeur éditoriale de ces gestes est moindre par rapport à la réédition du texted'un auteur. Car ce partage la publication entière tout en augmentant son ses contextes depublication. Un tel acte n'implique pas de plagiat, mais au contraire procure au premieréditeur une E-réputation.Le copier-coller fonctionnel se réalise soit par hyperlien: Facebook et tweeter, soit parpublication d'amateur: Google ou par publication auctoriale libre. Je veux dire par là unepublication assurée par un simple individu sans notoriété ni ligne éditoriale ni codeprofessionnel de la publication : la première forme de publication de tous les réseauxsociaux du Web.2.5.2 Le copier-coller intermédiaireLe copier-coller intermédiaire est l'ensemble des procédés utilisant l'acte de copier et de collercomme médium entre l'environnement virtuel du numérique et un autre environnement.Exemple: Le "Gutenberg Project", dont le but le plus évident est d'archiver et de préserverles livres anglais papiers dans un environnement numérique, doit procéder parStinfil Paul-Rostande 51Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueremédiatisation. Il s'agit pour ce projet de prendre un livre dans son univers de création etde le faire passer au numérique. En ce sens, la portée sociale d'un tel procédé l'élève aurang d'action méditée et catégorisée. Par conséquent, la difficulté de ce copier-colleraugmente car il implique une temporalité beaucoup plus importante, et donc uninvestissement personnel et social de grande envergure. Il s'agit pour ce copier-coller derendre au virtuel une création archivée sous un autre format. Toutefois ici, il faitessentiellement le lien entre le livre palpable et le livre numérique.2.5.3 Le copier-coller pur ou immanent.Le copier-coller immanent est l'ensemble des procédés utilisant la puissance (capacité) decopier et de coller comme médium entre le monde et l'intériorité individuelle. Ce copier-collerrelève de l'affection, du rapport entre le sensible et les réalités virtuelles. Il est le plus difficileà explorer parce qu'il est à la fois implosif et dialogique. Et c'est uniquement dans sondialogue avec l'extérieur, première forme de remédiatisation possible, qu'on peut rendrecompte de son existence et de sa structure. C'est un passage du virtuel, de l'intériorité 101 àcelui du numérique. Par exemple: les TIC sont les premières formes d'utilisations du copiercollerimmanent. Cette sorte de création est très importante pour le renouvellement de lalangue, donc pour la linguistique contemporaine.101 L'intériorité est un ensemble constitué de pensées, de rêves, d'idées (Christine K. Duff), de corps-images etd'affections (M. Amerika) et probablement d'intuition.Stinfil Paul-Rostande 52Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2.6 Les humanités numériques littérairesCopier-coller du virtuel au corpsLe copier-coller immanent est une aptitude humaine, il constitue l'ensemble des donnéesenregistrées par les sens indépendamment de la conscience et de la volonté. En effet le corpsdans son rapport au monde et son intériorité capte, à travers ses sens, des images, des histoireset des informations qu'il revit et fait revivre à son esprit (ensemble des capacitésintellectuelles.). Par exemple, le rêve reprend souvent des séquences scéniques vécues par lecorps sans l'attention de l'esprit. Il arrive également, dans le cas de viol par exemple, que lecorps rappelle à l'esprit une scène oubliée ou totalement nouvelle pour lui. Il existe aussi desrefoulés qui sommeillent à l'intérieur d'un être humain. Ils constituent des clichés bannis de lasphère de la publication. Ce lieu premier de la vie virtuelle représente la forme de vie la plusancienne des données. Par conséquent, le comprendre implique pour le numérique lerapprochement humanité-numérique. Nombreuses sont les manifestations de cette "virtualité"ou de cette "intériorité" qui ont été exploitées par le numérique. Le changement de séquencepar page, par rouleau, par survole, par rellove, par dynamisation ou par simple click semblesupposer des gestes de la vie pratique humaine. Parce que ces mêmes gestes, de manièrevirtuelle, peuvent se reproduire (si ce n'est pas l'inverse) à travers des pratiques éloignées decelles de la lecture. Ces procédés à première vue semblent parvenir du monde littéraire papier.Cependant, je suis persuadée qu'ils impliquent les différentes formes d'apparition du clichédans son rapport à la personnalité d'un individu. Par là je veux dire que :o le changement par page implique un appel conscient d'un cliché (de données).C'est le cas de l'étudiant qui avant d'aller à son partiel révise les notes de soncours. L'étudiant re-connait l'existence de l'information et la consulte en cas debesoin et d'oubli. C'est un travail conscient de mémorisation. De même pour lechangement par page, l'utilisateur d'une machine (tablette ou téléphone) suit lecours le plus évident d'une lecture et participe de manière consciente à un jeu dedécouverte.o Le changement par rouleau est un appel condensé de clichés qui fonctionne comme ledéroulement d'un diapositif automatique à travers lequel les images s'enchainent. Cetappel concerne surtout les cas pratiques de la vie humaine. Un individu veut uriner, lecerveau lui donne l'information comme un acte complet, simple et unique, alors qu'enStinfil Paul-Rostande 53Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueréalité, il faut se déplacer par discrétion, enlever ses vêtements pour faire place àl'utilisation du corps, prendre une position adaptée à l'acte d'uriner et refaire lesmêmes gestes à rebours.o Le changement par survol suppose une conservation gardée par habitude. Cetteinformation est tellement utilisée ou tellement importante que sa révision estautomatique et négligée. On sait de quoi est fait ce cliché. Ou inversement, lanégligence peut impliquer son importance. Une telle information exige un tempsplus important que celui dont on dispose. C'est une préparation à la mémorisationconsciente.o Le changement rellover (changement d'état d'un bouton au survol de la souris)sous-entend une juxtaposition de refoulés ou de données utilisées par réflexe. Parexemple, il arrive qu'un individu débite des informations de manière inconscienteparce qu'il parle trop vite.o Le changement par dynamisation implique un dialogue entre clichés : on assiste àune scène qui nous rappelle une autre scène plus personnelle. Par exemple, unpassant apporte un chien: cette scène rappelle à un autre passant qu'il a oublié lamaquette importante pour la présentation de son projet au travail. Ce rappel nevient ni du chien ni de l'homme, mais de la couleur du vêtement porté parl'animal. Le lien entre ces deux événements est réalisé par le deuxième passant enraison du rapprochement des couleurs qui ont été utilisées pour la mise en placede la maquette et celles portées par le chien.o Le changement par click suppose une quête aléatoire de clichés : on cherche uneinformation sans être sûr de son contenu. Par exemple, l'oubli fonctionne commeun click sur une erreur algorithmique: une fausse signalisation d'encre, c'est-à-direune encre qui annonce un lien qui n'existe pas est une erreur algorithmique (oudans le cas de la fiction un jeu). Elle fonctionne comme l'oubli on sait quenormalement on doit avoir accès à cette information, mais pour des raisonsinexpliquées ou inexplicable, on n’y accède pas. de même pour le click,l'utilisateur reconnait à l'encre un signe de lien et donc de données, sauf qu’il n’y apas accès parce que le cliché ne fonctionne pas.Stinfil Paul-Rostande 54Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueAvant le numérique ces sources de perception fut également le support de conservation desoeuvres littéraires. Ce qui revient à dire que les informations les plus fondamentales onttoujours été sauvegardées par le virtuel. Avant les tablettes d'argile, les pierres, l'écriture etl'imprimerie, les littératures orales constituaient la forme la plus accomplie de l'extériorisationde l'intériorité. L'oralité étant elle-aussi une forme de vie virtuelle, elle permet non seulementla transformation, mais surtout le transfert des données de bouche à oreille. En cela, l'oralitéest la première forme de copier-coller. Soit une remédiatisation avant toute forme de lettre.Dans la logique de Montaigne 102 , le premier à s'intéresser aux recherches sur les culturesorales, les Lumières ont manifesté un intérêt théorique pour les littératures orales. D'abordparce que, semble-t-il, elles auraient impliqué une dimension esthétique élevée, et surtoutparce que ces savoirs risquaient de disparaître au fil des générations. C'est dans cette logiquede fixation que des projets de conservation et d'archivage comme les contes des frères Grinnet des recherches de l'Ecole finnoise 103 , des penseurs du XIXème siècle, les étudesfolkloriques, classiques et anthropologiques vont s'attarder sur cette forme de transmissiondes littératures. Cette culture de récupération et de conservation incitent à de nouvellesperceptions, d'où l'émergence d'une grande quantité de pratiques artistiques basées sur larécupération telles que:1. Le plagiat de Lautréamont.2. La Fontaine de Marcel Duchamp3. La belle et la bête de Gans4. La remédiatisation d'une manière générale5. Et "l'art déviant" 104 dont la Joconde en 3D représente assez bien dans ce travail.102 Essais, 1, 54), Littérature orale, p. 505-519103 Ce travail essentiel de l'école finnoise a consisté à rassembler autant de variantes que possible d'autant decontes que possibles, dans l'espoir d'abstraire de chaque ensemble un conte type originaire dont on pensait quedécoulait la totalité des variantes caractérisées par une similarité de l'intrigue fondamentale. Ce réductionniste del'école finnoise n'a pas manqué d'être critiqué pour son interprétation réificatrice du type originaire, mais on luidoit la mise au point de l'outil indispensable de toutes les recherches sur le conte: l'index des motifs d'AntiiAarne et Stith Tompson... p. 507P. (506).104 L'art déviant dit "deviant art" est un courant artistique d'origine américaine qui utilise le recyclage et ledétournement comme procédé artistique.Stinfil Paul-Rostande 55Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueCependant, c'est un commentaire des études du XIXème siècle français qui a fourni àcopier-coller la comparaison la plus fructueuse de sa quête de déconstruction d'un rapport deparenté, sinon d'adoption, entre les littératures papier et les littératures numériques. A la page505 du "Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage", Schaeffer présentel'ambition 105 orale des romantiques en ces termes:Il était ainsi avec un type d'interprétation{...} pendant tout le XIXème siècle l'étude de lalittérature orale, à savoir son identification à une activité "spontanée", "naturelle","collective", et "populaire" opposée à la littérature écrite supposée être "réfléchie","artificielle", "individuelle" et "savante". 106Ce qui sous-entend que les pratiques d'écriture littéraire ont été considérées commeartificielles depuis le XIXème siècle. Mais par-dessus tout, ce qu'implique une tellecomparaison est que le copier-coller a surtout besoin de ces dimensions élevées deslittératures orales pour étendre ses champs d'action. Toujours dans cette logique de retoursur le fonctionnement du naturel proposé par Das et Fox, je postule la rencontre entrel'oralité, la fiction et le numérique comme le lieu de l'humanité numérique littéraire.105 L'activité de collecte commence au XVIIIème siècle, elle prendra un essor considérable avec lasensibilisation du XIXème siècle sur la question de la fixation écrite des textes oraux. Cependant d'autres.106 Jean-Marie Schaeffer, Ducrot Oswald, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Seuil,1975.Stinfil Paul-Rostande 56Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2.6.1 Copier-coller ou démocratie auctorialeParlant des traits caractéristiques des littératures orales, les qualifications "collectives", et"populaires" supposent une banalisation de l'auteur, non pas au sens de sa mort, mais surtoutau sens de la multiplicité auctoriale libre et égalitaire. Quiconque a cette capacité de parole oud'action ou, pire, quiconque existe participe à la mise en place de cette fiction à laquelle lacollectivité s'identifie. Ce que Twitter, Facebook et WordPress semblent reprendre commecrédo, mais à un autre niveau. Quiconque possède un compte Twitter, Facebook ouWordPress peut éditer sa pensée, ses affections, ses images et ses lectures. Avec leslittératures orales l'auteur était multiple. Il impliquait la participation de toute une populationà travers des générations de supports humains. Avec la conservation, le produit populaire estcodifié, puis enfermé dans un texte dit clos. Le numérique rend son pouvoir aux peuples. Illeur donne cette possibilité de tisser ensemble, sinon à la vue de tous, ses affections ou toutsimplement son intériorité.Stinfil Paul-Rostande 57Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3 DES PROCEDESStinfil Paul-Rostande 58Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3.1 Quelques outils intertextuelsDans son chapitre intitulé "La typologie des pratiques intertextuelles", Tiphaine Samoyaultsouligne l'existence de deux types de pratiques intertextuelles :1. Une relation de coprésence2. Une relation de dérivationCette manière de bipolariser les figures permet de distinguer avec simplicité le moded'intégration basique des intertextes dans une œuvre seconde. Je pars de ce classement trèssynthétique mais efficace, pour présenter et adopter des procédés littéraires intertextuelsadaptés aux logiques du copier-coller:3.1.1 La relation de coprésence.Dans une relation de coprésence, il y a la présence effective de deux textes dans un mêmelieu au même moment. Tandis que, dans une relation de dérivation, le premier texte estprésent dans le second, mais de manière moins visible et parfois de manière très allusive.Même si le classement de Genette est largement plus long, par conséquent plus détaillé, jepense que la synthèse de Samoyault est pertinente sur beaucoup de points. Par exemple, il estpossible de réunir les cinq groupes de Genette en ces deux groupes signalés par l'auteure. Cesmanifestations de pratiques intertextuelles se révèlent importantes parce qu'elles mepermettent de suivre la mise en place des outils de réflexion intertextuelle. D'où mon choix deprésenter quelques procédés intertextuels pouvant servir à l'émergence du copier-coller sousforme de classement bi-relationnel. Toutefois, ce classement n'est pas exhaustif et caricatureun peu les démarches intertextuelles.1. Absorption: L'absorption est un procédé intertextuel auquel participent différentsmodes opératoires appelés phénomènes d'intégration et de collage par T. Samoyault.Ces pratiques strictement intertextuelles ont été adoptées par la théorie copier-collerparce qu'elles annoncent les pratiques "copier-coller" et représentent de manièrelittérale la fonction copier-coller. Toutes ces figures intègrent des emprunts dans unenvironnement nouveau par collage/ intégration (copier) et par installation (coller). Cemode opératoire est divisé en trois parties: intégration-installation (citation etréférence), intégration-suggestion (référence simple et allusion), intégrationabsorption(implicitation et plagiat). Ces figures évoquent des manières différentes deréaliser un copier-coller. En ce sens, l'absorption intertextuelle est adoptée par lecopier-coller, qui lui aussi est basé sur un rapport de coprésence, plus ou moinsStinfil Paul-Rostande 59Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueassumé, entre la création et sa bibliothèque. D'où la présence de l'épigraphe, de laréférence et de l’implicitation dans "Exploration".2. Allusion: Ce procédé renvoie à un texte antérieur sans en marquer l’hétérogénéité(…) elle est parfois exclusivement sémantique, sans à proprement parler êtreintertextuelle. D’autres fois, il renvoie à une constellation de textes plus qu’à un texteprécis. 107 Pour Annick Bouillaguet, c’est un emprunt non littéral non explicite 108 .Exemple d'allusionJ'ai laissé derrière moins un jeune mort qui n'eut pas le temps d'être mon pèreet qui pourrait être, aujourd'hui, mon fils. Fut-ce un mal ou un bien? Je nesais; mais je souscrit volontiers au verdict d'un éminent psychanalyste: Je n'aipas de Sur-moi." 109Voila comment Sartre renvoie son lecteur à Sigmund Freud sans citer son nom. Il utilisetrois mots sous lesquels cache la référence à l'auteur: un éminent psychanalyste.3. Citation: Une citation est une structure déportée de son contexte de création vers unnouveau lieu. Il est le seul procédé mettant en évidence son emprunt : "Il estimmédiatement repérable grâce à l’usage des marques typographiques spécifiques.Les guillemets, les italiques, l’éventuel décrochement du texte cité distinguent lesfragments empruntés" 110 Ce sont des matériaux étrangers, épars et fragmentés laissantde multiples traces dans les textes. Pour Annick Bouillaguet, c’est un emprunt littéralexplicite 111 .Exemple de citationA défaut d'enfant, qu'on prenne un caniche: au cimetière des chiens l'andernier, dans le discours tremblant qui se poursuit de tombe en tombe, j'aireconnu les maximes de mon grand-père : les chiens savent aimer, ils sont plustendre que les hommes, plus fidèles, ils ont du tact, un instinct sans défaut quileur permet de reconnaître le bien, de distinguer les bons des méchants.107 Tiphaine Samoyault, L'intertextualité: mémoire de la littérature, Nathan, 2001, Armand colin, 2013 p. 36.108 Ibid., p. 35 (p. 31)109 "Les mots" p. 19110 Ibid., L'intertextualité: mémoire de la littérature, p. 34111 Ibid., p. 35Stinfil Paul-Rostande 60Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique"Polonius112, disait une inconsolée, tu es meilleur que je ne suis: tu nem'aurais pas survécu; je te survis." p. 27Ce renvoi au texte de Shakespeare est manifesté par la mise en abyme d'une séquence delecture entourée de guillemets. Polonius est tellement fondu dans le texte que le lecteurpassif (un lecteur qui lit pour le plaisir sans aucune annotation) peut confondre cepersonnage fictif à un membre la famille Sartre. Le nom propre est intégré dans le textecomme un nom familier, un secret entre lecteur et auteur.4. Commentaire: pratique littéraire qui consiste à exposer des remarques qui"expliquent, interprètent et apprécient un texte ou une oeuvre d'art 113 .Exemple de commentairePlus tard, j'ai hérité des livres qui lui avaient appartenu: un ouvrage de le Dantec surl'avenir de la science, un autre de Weber, intitulé: Vers le positivisme par l'idéalismeabsolu114. Il avait de mauvaises lectures comme tous ses contemporains. 115L'auteur donne sa position sur les contemporains de son père et son père en même temps.Et ce, à travers un détachement tel que l'intertextualité de cette séquence devientobjective. Il est possible de prendre note et de mettre en place une bibliographie.5. Centon: Terme hérité du latin où il désignait un habit composite fait de pièces etmorceaux, un ouvrage entièrement composé de citations, comme celui d’Eluard"première vues anciennes " 116 . Le deuxième chapitre d' "Exploration" est un centon, ilest constitué uniquement de citations collées par des connecteurs logiques.6. Epigraphe: L'épigraphe est une séquence d'un texte A placée en tête d'un texte B.C'est également une citation généralement accompagnée de référence et de112 Polonius est un personnage de fiction que l'auteur relève de la tragédie d'Hamlet. Il est conseillé du roi etpère de Laërte et d'Ophélie.113 Définition du petit Larousse illustré, 2004114 C'est la seule référence mise en italique par l'auteur.115 Les mots p. 19116 L'intertextualité: mémoire de la littérature, p. 35 L'exemple de centon sera développé dans l'application desfigures à "Exploration".Stinfil Paul-Rostande 61Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquecommentaire. Ce dernier l'installe soit en l'assumant ou en le rejetant, ce qui est trèsrare. Par exemple: le cas intertextuellement très compliqué du "Ka" de Kertesz (parceque c'est à la fois, un titre, une implicitation et une épigraphe) dans Le journal deGalère. Au cours de la lecture, le lecteur va se rendre compte que le titre rejette letexte qu'il accompagne. Car en écrivant: "Je déteste les Ka", l'auteur se pose enopposition à l'héroïsme du héros du Château qu'il semble afficher avec le titre.7. Implicitation: L'implicitation 117 est un terme élaboré par les critiques de GeorgesPerec. Il désigne une citation entièrement fondue dans le texte d'accueil. Ce premiertexte étant masqué, il devient énigmatique en dépit des indices donnés par l'auteur del'œuvre seconde. Cette figure se rapproche du plagiat, sauf qu'il est intégré dans unecréation...8. Plagiat: L’absence totale de typographie. C’est une citation sans guillemets, unecitation non marquée. 118 C'est une reprise littérale, mais non marquée où ladésignation hétérogène est nulle. L’appropriation totale explique que des questionsjuridiques soient soulevées à son propos puisqu’il met en cause plus ou moinslégitimement la question de la propriété littéraire. 1199. Référence: La référence n’expose pas le texte cité, mais y renvoie par un titre, un nomd’auteur, de personnage ou l’exposé d’une situation spécifique. Pour AnnickBouillaguet, c’est un emprunt non littéral explicite 120 . Il arrive que la référenceaccompagne la citation en vue de préciser les sources du texte cité.En parlant de Louise Guillemin, l'épouse de Charles, le premier professeur d'Allemandde sa généalogie, Sartre écrit: "Louise aimait les mots couverts. Elle lisait beaucoupde romans lestes dont elle appréciait moins l'intrigue que les voiles transparents qui117 L'intertextualité: mémoire de la littérature p. 45118 L'intertextualité: mémoire de la littérature., p. 34119 Ibid., p. 36, On ne peut pas parler de plagiat dans "Les mots". Aussi, me passerais-je de cet exemple asseznégligeable dans la réflexion du copier-coller (En référence à la remédiatisation calomnieuse). Toutefois c'estune question importante et nécessaire.120 L'intertextualité: mémoire de la littérature, P. 35Stinfil Paul-Rostande 62Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquel’enveloppaient {...} Cette femme de neige pensa mourir de rire en lisant La fille defeu d'Aldoph Belot. 121 . Il cite le texte avec sa référence bibliographique.3.1.2 Relation de dérivationJ’entends par là (relation de dérivation) toute relation unissant un texte B (que j’appelleraihypertexte) à un texte antérieur A (que j’appellerai bien sûr hypotexte) sur lequel il se greffed’une manière qui n’est pas celle du commentaire. 1221. Anagramme le terme d’anagramme vient du grec anagramma, de ana indiquant lerenversement, et gramma qui veut dire lettre. C'est un procédé qui permet la compositiond'un mot ou d'une phrase à partir des termes d'un autre mot ou d'une autre phrase. Lanotion d'anagramme a été mise en avant par le linguiste Ferdinand de Saussure dans uneétude inachevée 123 .2. ParodieLa parodie est une transformation du texte antérieur que l’hypertexte évoque d’unemanière ou d’une autre sans le citer directement. 124Une parodie transforme une œuvre précédente soit pour la caricaturer soit pour laréutiliser en la transposant. Mais qu’elle soit transformation ou déformation, elleexhibe toujours un lien direct avec la littérature existante 125 .Exemple de parodie121 Les mots, p. 13, toutefois, le vrai titre du texte en question semble être "La femme de feu".http://www.youscribe.com/catalogue/livres/litterature/la-femme-de-feu-par-adolphe-belot-2232382122 L'intertextualité: mémoire de la littérature. G. Genette, palimpseste p. op. cit., 12123 Suivant une courte historicité de la notion d'anagramme, Sophie Rabeau, présentel'anagramme à travers les travaux de J. Starobinsky et Julia Kristeva. Le premier a, selon elle,publié une étude qui a vulgarisé ce travail inachevé de Saussure. Cependant, La seconde apour sa part trouvé une forme d'intertextualité dans le travail d'anagramme qui permet decomprendre qu'un texte est une suite de lettre. Item, p. 227. L'exemple d'anagrammes'applique avec exploration, il est traité de la chapitre d'application.124 L'intertextualité: mémoire de la littérature P. 37125 L'intertextualité: mémoire de la littérature, p. 38Stinfil Paul-Rostande 63Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueDans les réflexions de Sartre sur la mort de son père, qu'il commente avec beaucoupde légèreté et d’insouciance, l’auteur parodie, à certain degré, le complexe d'Oedipede S. Freud. En ces termes:En vérité, la prompte retraite de mon père m'avait gratifié d'un "Oedipe" fortincomplet: pas de Sur moi d'accord, mais point d'agressivité non plus. Mamère était à moi, personne ne m'en contestait la tranquille possession:J'ignorais la violence et la haine, on m'épargna ce dur apprentissage, lajalousie; faute de m'être heurté à ses angles, je ne connus d'abord la réalitéque part ses rieuses inconsistances. Contre qui, contre quoi me serais-jerévolté: jamais le caprice d'un autre ne s'était prétendu ma loi. 1263. PasticheUne imitation du texte antérieur que l’hypertexte évoque d’une manière ou d’uneautre sans le citer directement 127 . Le pastiche déforme par imitation. Dans l’écritureimitative Annick souligne deux types de pastiche : Le pastiche de style, Le pastiche degenre.126 "Les mots", p. 24.127 L'intertextualité: mémoire de la littérature, p. 37. Le pastiche n'est pas illustré en raison de son manqueimportance pour copier-coller.Stinfil Paul-Rostande 64Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3.1.3 Tableau de présentation de procédés intertextuels proches de copier-coller:dérivation Coprésence copier-coller résultatAbsorption V v F. I. V. U.Allusion V F. I. N. V. U.C.Anagramme v v F. I. V. U. C.citation V v F. I. V. U. C.Centon V v F. I. V. U. C.Commentaire V v F. I. V. U. C.Epigraphe v F. I. V. U. C.Implicitation V F. I. V. U. C.Parodie v F. I. N. V. U.C.Pastiche v F. I. N. V. U.C.Plagiat V F. I. N. V. U.C.Référence V v F. I. V. U. C.C. 128128 F. I. V. U. C. = Figure Intertextuelle Validée pour une Utilisation Copier-coller.Stinfil Paul-Rostande 65Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3.2 Quelques outils informatiques1) Ancre : L'ancre est une zone active de l'interface. Soit il annonce l'existence d'un liendans un nœud (ancre de départ du lien) soit il signale l'activation d'un lien (ancred'arrivée). En copier-coller, l'ancre est un signal permettant au lecteur de suivre lemode de lecture qui lui est proposé par l'auteur.Exemple d'ancreDans "Translation" Cayley presente des propositions de lecture constituée de code et detextes linguistiques différents. Cette ancre obscure, mais révélatrice, est une suite decalques dont le but est de changer la couleur, les figures et les messages de l'œuvre.Cependant, cette manière de représenter l'ancre est très technique, contrairement auclignotement de Jason Nelson, la trace introuvable de Shelley Jackson et les changementsde couleur de Xavier Malbriel. Pourtant elles composent les différentes manièresd'orienter le lecteur.Stinfil Paul-Rostande 66Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueDual: Il s’agit de deux signes non présents dans le même espace mais qui sont coupléstrès fortement par le processus d’exécution. C’est ce couplage qui donne à ces deux signesleur dimension indicielle (dans l’espace de l’utilisateur) et indexale (dans l’espace duprogrammeur) : les deux signes forment donc en réalité́ une seule et même entité́, quenous nommons dual 129 . Pour le copier-coller, le dual est l'exposition de plusieursdimensions du signe dans une même structure littéraire.Exemple de dualDans Translation 130 de John Cayley, la juxtaposition de différents systèmes de signes meten scène le jeu binaire déterminant pour la création littéraire numérique. Aussi, à traversune sonorité monotone et ponctuée, les différents alphabets parodient la complicité codetexte(linguistique) indissociable à tout texte numérique. En ce sens, le copier-coller dudual est la mise en évidence des deux systèmes sémiotiques (minima) qui participent à labinarité numérique.129 AARSETH Espen J. Cybertext, Perspectives on Ergodic literature. Baltimore : Johns Hopkin UniversityPress, 1997. Sémiotique des interfaces M – 2009 – T4 10 http://www.ciren.org/artifice/artifices_4/dallet.html130 Oeuvre de John Cayle publié en 2005 ...Stinfil Paul-Rostande 67Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2) L'Incorporation 131 : L'incorporation est un processus qui permet l'intégration d'uncorps sémiotiquement étranger dans un nouveau corps, de telle sorte qu'on soitincapable de s'en rendre compte. L'homogénéité intercorporelle implique desmodifications généralement appelées falsifications. Dans le contexte du copier-coller,l'incorporation suppose une hybridité assumée de toute création impliquantl'intériorité.Exemple d'incorporation"Acticacre" de Jason Nelson est une œuvre dont l'interactivité prend une forme ludique oùle jeu de la souris sur la surface de l'oeuvre évoque les gestes d'une corde à sauter etquelques autres figures géométriques. Le fait de provoquer ces figures par un mouvementde la main suppose une forme d'incorporation réelle de la personne dans l'hybridité de cetoeuvre fragmentée. Toutefois, l'oeuvre elle-même est composée de textes à plusieursdimensions.131 Certains mots sont définis sur les sites informatiques, mais ces définitions sont généralement minimalistes.Par exemple l'incorporation est réduite ici (http://dictionnaire.phpmyvisites.net) au seul intégration et traitementde photo.Stinfil Paul-Rostande 68Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3) L'incorporation indicielle 132 : Les indices sont des signes liées à la présence duréférent (l’existence du référent est leur signifié). On dit qu’ils sont « motivés(façonnés) par contiguïté́ avec le référent ». Ex : fumée, trace de feu. Les icônes : cesont des signes motivés par ressemblance. On reconnaît dans leur signifiant descaractéristiques du référent. Exemple d’icônes : le dessin, l’onomatopée. Ces signesmotivés mettent en place l'idée d'indice qui accompagne certaines incorporations. Ence sens, l'incorporation indicielle est une homogénéité constituée de signes motivés.Exemple d'incorporation indicielle132 Peirce distingue trois grandes familles de signes qui se différencient par la relation que le représentamenentretient avec son objet immédiat. La sémiotique moderne, et notamment celle de Klinkenberg, redéfinit cesfamilles à partir de la relation que le stimulus entretient avec les caractéristiques physiques du référent. Notonsqu’il existe des classifications des signes fondées sur d’autres considérations.Stinfil Paul-Rostande 69Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique"With love, from a failed planet" est une œuvre riche en images. C'est une oeuvre ferméequi fait appel aux prérequis culturel et social du lecteur. C'est une figure dont la lectureprésuppose une lecture sous-jacente: la lecture des objets de tous les jours (de la réalitésocial d'une communauté). Sur ce point, elle est à la fois ouverte et fermée. C'est-à-dire, lapossibilité pour un lecteur de ressentir une forme de familiarité aux images qui pourtantpeuvent lui échappées.4) Les symboles : ce sont des signes pour lesquels le signifiant ne présente aucun rapportavec le référent. On dit que le symbole est un signe « arbitraire ». Certains distinguentles véritables symboles (ex : code symbolique des couleurs dans une société́) dessignes vrais (ex signes linguistiques) selon le fait qu’on peut étudier séparément oupas le plan de l’expression et le plan du contenu (attention : on ne peut toutefoisjamais les dissocier lorsqu’on considère le signe). Le symbole facilite probablement lacompréhension des images de l'incorporation, mais je me garde de l'utiliser commefigure de copier-coller.5) Le code: Le code est un ensemble de règles qui permet de faire passer unereprésentation d'une forme à une autre. Il est généré par une grammaire sémiotique 133 .ex: le code HTML. Le code est la face cachée du dual.6) Le réseau: Le terme réseau vient du latin "retiolus', diminutif de retis qui signifie"filet". Au fil des ans, le terme a changé de connotation pour embrasser différentesdisciplines en sciences humaines et sociales. Chacun de ces champs l'utilise à des finsdistinctes. Toutefois il conserve un sens profond. un réseau désigne un ensemble delignes entrelacées ou un ensemble de relations. Cette relation peut changer de moded'opération d'une disciplines l'autre. Par exemple pour le réseau social, il désigne unensemble interconnecté de personnes sociales et physiques.Un réseau contient deux parties essentielles:• Le lien : Le lien est la relation qui existe entre deux nœuds. Ce lien peut êtrebidirectionnel ou unidirectionnel133 La grammaire d’une sémiotique est l’ensemble des règles intériorisées par la communauté́ pour produire oudécoder un signe. Dans ce sens, on l’appelle aussi « compétence » car elle est commune à tous les sujets. C’estégalement la description de ces règles (ex : grammaire française)Stinfil Paul-Rostande 70Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique• Le Nœud : Le nœud est l'unité́ minimale d'information. Elle est toujours présentéedans son intégralité́ par le concepteur.Pour le copier-coller, un réseau est une oeuvre constituée de lien et de nœuds.Stinfil Paul-Rostande 71Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique7) L'émulation: L'émulation consiste à substituer un élément informatique par unlogiciel. L'émulation imite le comportement physique d'une machine à l'aide d'unlogiciel. Il est généralement confondu avec la simulation, qui imite un modèle abstrait,alors qu'elle est une "simulation" matérielle qui reproduit le comportement d'unmodèle. exemple: l'image du codage est également une émulation. Parce que leterminal est utilisé pour reproduire le comportement de l'ordinateur. En copier-coller,l'émulation est le processus par lequel un texte feint le comportement physique d'unematière et d'un être animé. C'est une animation dont le parcours rappelle une réalitématérielle.Exemple d'émulationLe jeu entre le titre et l'animation qui accompagne le texte forme une émulation, car letexte tout entier se déplace doucement et surement, avec la grâce d'un tramway.L'oeuvre porte le comportement d'un tramway avec la même cohérence que son titre.Stinfil Paul-Rostande 72Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3.2.1 Tableau de procédés numériquesFigures Manifestation Apport origine Copier-collerAncre signalisation ouverture informatique F. I. V. U. C.Codedérivationclôture informatique F. I. N. V. U. C.Dualcoprésenceclôture informatique F. I. V. U. C.émulation substitue ouverture informatique F. I. V. U. C.Incorporation processus ouverture informatique F. I. V. U. C.Incorporation indicielle signalisation clôture sémiotique F. I. V. U. C.Lien dérivation clôture informatique F. I. V. U. C.Noeud coprésence clôture informatique F. I. V. U. C.Symbole dérivation clôture sémiotique F. I. N. V. U. C.réseau coprésence ouverture informatique F. I. V. U. C.Stinfil Paul-Rostande 73Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3.3 La typologie des pratiques proposées du copier-collerAlors que Schaeffer souligne l'artéfactualité de l'écriture signalée par les romantiques,certains penseurs conçoivent l'écriture intertextuelle comme une écriture de seconde main 134 .Il s'agit pour cette écriture de seconde main de reprendre une version artéfactuelle d'un fait delangage autrement artéfactuel. Autrement dit, il reproduit un texte littéraire sous une autreforme littéraire. Par conséquent, l'écriture intertextuelle serait le troisième degré d'imitation dela production littéraire. Pour comprendre cette affirmation, il faut considérer l'écriture dans undialogue objectif avec les littératures orales. En effet, les littératures orales traînent unespontanéité telle que le lecteur peut accéder à l'affection individuelle dans son état premier dit"corps-image". Par dessus tout, les littératures orales serviraient à une compréhension plusaigue de l'idée de copier-coller. Parce ce qu'elles permettent de comprendre l'écriture copiercollerdans son inaccessibilité, numérique et donc virtuelle, comme un retour de la pensée (dulangage) sur son état premier. Faute de pouvoir détailler cette affirmation, je vais essayer depenser des figures numériques à travers les fonctionnalités numériques et informatiques.La migration, En biologie, la migration renvoie au déplacement d'une substance ou d'unemolécule d'un lieu à un autre 135 . En observant la trajectoire du copier-coller fonctionnel, il estpossible de définir la migration comme un transfert de données d’une espace à une autre. Ence sens, la migration copier-coller implique le va-et-vient de l'altérité constante entrel'individu et son environnement. C'est-à-dire, tant que l'individu reçoit et donne à son tour, lecopier-coller est actif. Il peut être exprimé de manière littérale ou calquée. Il est généralementexprimé dans un discours indirect. La migration est la base de tout (copier-coller). Aucuneoeuvre n'est possible sans une forme de migration. Puisque le propre du copier-coller résidedans la déportation de texte. Toutefois, son importance ne fait pas d'elle une figure copiercoller.Car elle englobe la plupart les figures copier-coller.L'absorption est une figure copier-coller virtuelle qui permet de dissoudre une structuretextuelle dans un nouvel environnement. Elle provient des procédés typologiquesintertextuels.134 L'écriture intertextuelle au second degré, écriture de deuxième main. Antoine Compagnon en fait le titred'un ouvrage.135 Le petit Larousse illustré 2004Stinfil Paul-Rostande 74Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueL’applicationLe terme application a été utilisé pour la première fois au XIIIème siècle. Il vient du latin"aplicatio" qui signifie appliquer 136 . L'application est un programme informatique utilisantd’autres moyens informatiques pour la réalisation d’une activité. L'application est égalementune figure de rhétorique 137 . Elle facilite et augmente la productivité. Elle peut avoir une utilitéà la fois ludique et éducative, mais surtout elle permet la communication et la manipulation dedonnées numériques. Par exemple: il suffit de télécharger une application sur lecriveron.frpour générer une quatrième de couverture sous la forme d'un livre de quatre pages. Autrementdit, l'application est la possibilité d'utiliser une conception préétablie.Pour le copier-coller, il s'agit de générer un texte à partir d'un modèle ou d'un canevas. Encela, le calque peut-être perçu comme une d'application sérielle. C'est une série de textesprédéfinis. L'application est une figure du copier-coller qui permet d'intégrer dans oeuvre destextes d'univers sémiotique différents. Elle prédéfinit une unité sémantique pour lequel letexte importé n'est qu'une copie parmi d'autres. Elle provient des procédés typologiques de larhétorique.136 Ibid.,137 On appelle rhétorique, l'ensemble des procédés constituant l'art oratoire, l'art du bien dire La rhétoriquecomporte trois composantes essentielles: L'invention, (terme et arguments), la disposition (arrangement desparties) et surtout l'élocution choix et disposition des mots); on y ajoute parfois la prononciation (ou moded'énonciation) et la mémoire (ou mémorisation).Stinfil Paul-Rostande 75Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueLe bruitLe mot bruit vient du latin brugere qui signifie querelle et renommée 138 . En informatique, dumoins pour le design numérique, c’est un filtre qui permet la réalisation d’une distorsiond’image. Il permet de détériorer la qualité et la netteté de l’image. Il en existe deux types :• Le bruit de luminance, qui assombrit à l’aide de pixels gris et clairs.• Le bruit de chrominance, qui colorie à l’aide de points rouges verts et bleus.Il est possible d’intégrer du bruit rien qu’en modifiant l’ordre de l’œuvre. En cela, le bruit serapproche de l’anagramme.Le bruit peut être intégré soit par:• Atténuation : par exemple un passage intégré dans l'histoire racontée sans le citer.• Restriction : une information livrée dans un texte à demi-mot.• Gommage : le processus qui permet de raturer une information qui demeure dans letexte. C'est une figure qui s'approche de la spontanéité de la parole. La place et lemoment de la faute sont conservés. C'est une forme de représentation de la réflexion àhaute voix.En copier-coller, le bruit renvoie à un apport inattendu, il permet d'exprimer le non dit,les sujets tabous et les paroles non assumées. C'est également le processus par lequel unauteur intègre dans son texte une information non donnée ou un surplus d'information.C'est un jeu de rétention et de distorsion. Par exemple, dans Une femme avec personne138 Ibid.Stinfil Paul-Rostande 76Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquededans 139 , Chloé Delaume raconte son expérience avec une femme dont l'identité esttotalement calquée sur la sienne. Elle parle de plusieurs textes écrits par cette incunnue.Elle les lit dans le texte sans livrer au lecteur un commentaire ou une séquence, cetteinvisibilité de cette femme qu'elle fait d'elle la seule écrivaine du texte, avec une doublequi aurait pu être comme elle et qui rêve d'être "Chloé Delaume".En littérature numérique, Jason Nelson procède par bruit pour superposer des versions etdes registres de lecture. Par exemple, dans "With love in a failed planet", il dispose d'un globeà l'intérieur d'une surface plane. Et autour de ce globe tourne l'univers géopolitique etéconomique des puissances économiques du monde occidental. Et à chaque image, il proposeune courte histoire. L'oeuvre fonctionne comme un cerveau : à chaque image connue, ilassocie une histoire. Le bruit est une figure du copier-coller qui permet de dissoudre desséquences sémiotiques distinctes et disparates dans le temps et l'espace sur un supportnumérique. En cela il s'approche du centon. Sauf qu'il n'est pas nécessairement un emprunt.139 Chloé Delaume, Une femme avec personne dedans, Seuil, éd. 2012.Stinfil Paul-Rostande 77Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueLe Calque"Copier n’est pas créer" 140 . Cette affirmation très juste de Samoyault, outre le fait qu'ilsoit passible de poursuite juridique, met le plagiat de l’intertextualité hors du jeu decopier-coller. Le fait même de le citer comme un procédé intertextuel crée une ambiguïtésémantique chez le lecteur. Qu’est-ce qu'il y a de ludique à faire pour de vrai 141 ce qu’onn'a le droit de faire que pour de faux ? Puisque quand on copie, on plagie vraiment. En cesens copier-coller propose une solution à ce procédé : le calque 142 . Dans l’univers pictural,calquer consiste à reproduire, soit à partir d’un papier carbone, d’un patron (la couture),d’un canevas ou d’un canon etc. Ce procédé est surtout utile pour les artisans susceptiblesde reproduire de manière multipliée un même produit. Au cours de ces trois dernièresdécennies, on assisté à l’émergence de certains logiciels offrant la possibilité de calquer.Le calque du numérique est différent du calque précité. Il s’agit pour un utilisateur dePhotoshop 143 , par exemple, de juxtaposer des couleurs sur une image.Par conséquent, le calque du copier-coller est une juxtaposition des structures en un mêmetexte. Ce calque peut-être distant et incorporé. Les juxtapositions de couches peuvent seprésenter comme suit:• L'Arrière plan est la source, la copie principale à partie de laquelle le calquecommence.140 Intertextualité : mémoire de la littérature, Tiphaine Samoyault, p. 37.141 Dans la fiction Jean-Marie Schaeffer utilise les terme pour de vrai et pour de faux pour caractérisé le pactefictionnel affirme être de l’ordre de la feintise.142 Le calque vient du latin calcare qui signifie, fouler, presser. 1642 PAR Oudin143 Photoshop est un logiciel créé par Tomas Knoll en 1987.Stinfil Paul-Rostande 78Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique• Le Duplicata est la deuxième version de la source, une copie de la source et luiressemble dans sa structure, mais s'en écarte par l'environnement d'évolution.• L’échantillon est un précédé par défaut. L'échantillon suppose la version la plusrécente d'un duplicata. Tant qu'il y aura de réception, il y aura de couches possibles.Le calque est inépuisable. CONFUSUn exemple de calqueLes Fleurs du mal est un calque de la bible : la bible est à l’arrière plan quand il fautlire "Les Fleurs du mal". Mais il existe d’autres textes qui reprennent les mêmes idéesque "Les Fleurs du mal" de manière plus complexe comme Les Mots de Jean Paul-Sartre. Donc « les mots » est un duplicata de "Les fleurs du mal 144 ". Mais la distanceentre la Bible et "Les mots" est telle, contrairement à "Les Fleurs du mal" qui reprendles idées de manière beaucoup plus explicite, que l’idée de bibliothèque fonctionnecomme une présence par défaut. L’échantillon est l’idée, visible ou cachée, quiimplique le duplicata. Le calque est une figure copier-coller qui unifie différentesstructures textuelles dans une même unité spatio-temporelle en les juxtaposant.144 Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1857.Stinfil Paul-Rostande 79Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueLe CodageEncodage ou codage désigne un des éléments du processus de la communication. Le codeétant un système de transformation d'un message en une autre forme permettant satransmission entre un émetteur et un récepteur par l'intermédiaire d'un canal, l'encodage est leprocessus par lequel certains signaux du code sont sélectionnés (choisis) et introduits dans lecanal. C'est l'opération de transformation du message en une forme codée qui permet satransmission 145 .Le Codage: terme utilisé pour la première fois au XXe siècle (en 1960), dérive du latinjuridique où le terme codex renvoie tour à tour aux termes de tablette et de registre. 146 Lecodage est le processus par lequel on fait passer une représentation de données à une autreforme de représentation.En littérature numérique, le codage renvoie à un parcours permettant de suivre l'universcréatif de l'auteur. Par exemple, avec très peu d’indices, ou même avec des indices trompeurs,le lecteur doit explorer pour appréhender les "10 poèmes en 4 dimensions" de XavierMalbreil. Nage, le premier poème du recueil, présente une dynamisation non interactive, alorsque ce même jeu de dynamisation incite le lecteur à cliquer sur le point tricolore de la paged'accueil. Mais il existe des cas ou le lien est signalé. Ce sont ces marques qui constituent lecodage de lecture. Le codage est une figure copier-coller qui relie un texte à une réceptionprécise. Il crée une complicité entre les lecteurs d'un même texte et du même coup unecommunauté de réception numérique. Sa forme la plus connue est le pacte de narration. DansWith love, from a failed planet, Jason Nelson signale les traces de création (lecture) avec des145 DUBOIS Jean, GIACOMO Mathée Aliii..., Dictionnaire Linguistique Et Des Sciences Du Langage,Larousse Expression, 1994, ed. 1999.146 Albert Dauzat, Jean Dubois, Henry Mitterand, dictionnaire étymologique, Référence Larousse 1971.Stinfil Paul-Rostande 80Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquebonds. Les icones bougent et font des bonds vers les lecteurs comme une invitation.FocalisationProvenant du latin focus qui signifie foyer, le terme focalisation est récent. Il date duXIXème siècle 147 . Dans le monde informatique, pour lire un document le mode deFocalisation optimise la lecture. Ce mode activé masque les barres d'outils sauf celles quicontrôlent la lecture et l'écriture. Pour modifier le document, il faut basculer dans le modeécriture. Le mode écriture est optimisé pour écrire et inclut uniquement les outilsd'écriture les plus utilisés. Le texte de lecture une fois ouvert dans une page numériquedevient outil de travail. En ce sens, la focalisation est un croisement entre la lecture etl'écriture. Elle permet de zoomer, rétrécir ou de supprimer une lecture et d'appliquer uneécriture. Ce jeu zoomer rétrécir peut être opérer par différents moyens:• Par Inversion: L'inversion est le phénomène linguistique par lequel on substitue àun ordre attendu, habituel ou considéré comme normal. En français il y a inversiondu sujet par rapport à la place habituelle. C'est le processus par lequel l'auteurdonne son code en lecture. comme l'intégration d'une page HTML dans une œuvrede fiction. En ce sens, la focalisation inversée est un zoome appliqué sur le codequi accompagne un texte.• Par emphase, dite amplification: L'emphase est une figure qui consiste à donnerà un terme une importance qu'il n'a pas d'ordinaire et à exagérer l'expressiond'une idée. 148 . Il s'agit pour un auteur de modéliser son texte de telle sorte que lelecteur prête attention à l'objet de son choix. Par exemple, le fait de mettre uneencre sur un texte implique une attention particulière dédiée à ce texte.La focalisation amplifiée est un procédé copier-coller qui permet de modéliser leparti-pris d'un auteur. Elle se rapproche du pacte de lecture, cependant, n'implique pasune complicité, mais un appel à adhésion.147 Dictionnaire étymologique, ip; cit; Référence Larousse 1971.148 Dictionnaire Linguistique Et Des Sciences Du Langage, Larousse Expression, 1994, ed. 1999Stinfil Paul-Rostande 81Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueLe plein-texteLe plein-texte est un procédé copier-coller qui utilise un texte intégral pour produire un textenouveau et original. Dans les champs de la conservation numérique, ce procédé implique unerecherche par indexation. Généralement, on se sert de programmes comme: MySQL, Zotero,Python pour y parvenir. En copier coller, il s'agit de reprendre les idées fondamentales d'untexte, d'une histoire ou d'une image personnelle pour créer une oeuvre de fiction.Le plein-texte peut-être effectué par:• hapax dans son contexte informatique, un hapax est un terme ayant une fréquenceunique dans un texte entier. il est recueilli par des fonctions éponymes 149 . Ici, il s'agitpour un auteur d'introduire une idée ou une image dans une par un terme unique. Leprocédé hapax débouche sur ce qu'on pourrait appeler la compression. Il expose uneversion condensée de l'idée ou l'image.• Par concordanceLa méthode de concordance permet d'évaluer et d'observer le contexte d'utilisation d'unterme. Elle permet, par exemple, de voir comment un mot-clé apparaît avec des termesdifférents. En copier-coller la méthode de concordance renvoie à une actualisation d'untexte par commentaire artistique. Le premier texte est présent dans le texte, mais nefonctionne plus comme un texte entier, encore moins comme un canevas, mais comme unoutil de travail.149 code python permettant de rechercher un hapaxe:from nltk.book import *tabdistri = FreqDist(text1)print tabdistri.hapaxes()Stinfil Paul-Rostande 82Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique3.3.1 Tableau des figures copier-collercontexteintégrationcopier-coller puissance origineoutilsAbsorption clos immanent fondre intertextuelleApplication homogène fonctionnel adapter rhétoriqueAnagramme homogène intermédiaire fondre intertextuelleAncre ouvert fonctionnel signaler InformatiqueAnimation ouvert fonctionnel signaler NumériqueBruit ouvert immanent fondre NumériqueCalques homogène immanent fondre NumériqueCenton hétérogène intermédiaire adapter intertextuellecitation ouvert intermédiaire adapter intertextuelleCodage clos fonctionnel fondre NumériqueCommentaire hétérogène intermédiaire signaler intertextuelleCode clos fonctionnel fondre InformatiqueDual hétérogène immanent fondre InformatiqueEpigraphe ouvert intermédiaire signaler /adapter intertextuelleFocalisation ouvert fonctionnel adapter intertextuelleImplicitation ouvert intermédiaire fondre intertextuelleIntégration homogène immanent fondre intertextuelleLien ouvert fonctionnel signaler InformatiqueMigration ouvert immanent signaler ConservationNœud hétérogène fonctionnel adapter InformatiquePlein-texte homogène immanent fondre ConservationRéférence ouvert fonctionnel signaler intertextuelleRéseau clos fonctionnel fondre InformatiqueStinfil Paul-Rostande 83Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique4 APPLICATION DES PROCEDES THEORIQUESStinfil Paul-Rostande 84Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueApplications à « Exploration »Ce travail n'étant pas un travail exégétique, aucun résumé d'Exploration n'y sera proposé. Jelaisse la possibilité à chaque lecteur de construire sa propre réception du texte. En revanche,une simple description du roman remplace le résumé qui normalement aurait dû accompagnercette analyse.Le roman est divisé en 23 chapitres, chaque chapitre implique un vers d'un poème titré "Moncorps" ce qui met en place la figure de réseau. Les chapitres ont un rapport étroit avec leterme corps et également avec le thème central du lien qui mène vers lui. Par conséquent,Exploration est un système constitué de liens HyperText suivant une logique de réseau. Encela, il serait une hyperfiction. Parallèlement, il propose un récit de vie qui suppose uneimplication de l'auteur. Sur ce point, il se rapproche d'une autofiction. Sauf que le personnagecentral n'est pas l'auteure mais un personnage créé par l'auteure. Ce qui revient à dire que ceroman n'est ni une hyperfiction, ni une autofiction, mais un roman copier-coller immanent.Un roman copier-coller immanent est un roman qui matérialise les clichés 150 d'uneintériorité en se servant de procédés littéraires permettant le passage d'un espace virtuel à unautre. Par conséquent, un roman copier-coller immanent est exigiblement un récit à lapremière personne, car personne d'autre que soi n'a accès à son intériorité. Comme convenuau début de la recherche, les outils proposés servent à saisir des procédés utilisés par un-eauteur-e pour réaliser du copier-coller.Le centon 151 est la première forme connue de copier-coller, pour ne pas dire la seule avantcette publication. Il est aussi la première forme de copier-coller observée. Le deuxièmechapitre d'Exploration est un centon. Ce chapitre essaie de reprendre un ressenti personnel aupersonnage central dans les termes d'auteurs connus à travers leurs textes, non dans leur vieprivée (une autre forme de dehors et de dedans en simultanéité):« Dans les premiers jours du mois de mai, père, officier distingué de l’armée du Sud,descendit avec moi et sa fille biologique à l’hôtel de Beauvau, dans l’ouest au retour d’unvoyage dans le Nord. Mais moi, j’ai déserté mon corps il y a des années, je ne suis pascertaine de l’avoir habité concrètement un jour. Je suis personnage de fiction. Corps-imageet vie s’entretuent. Moi en trois parcelles, texte, lien, réseau. Je suis d’une trinité éphémère.Sous peine d’être disséquée par n’importe quel logiciel. Je le dis comme ça parce c’est vrai.150 Ici cliché renvoie à l'ensemble des vécus qui seraient enregistrés par le corps. Il implique des images, dessons et tout autre forme d'information intériorisée par le corps à travers ses sens.151 Le centon est une figure copier-coller intertextuelle qui installe plusieurs textes en une unité hétérogèneassumée. Cette partie du roman a été présentée dans l'introduction du copier-coller.Stinfil Paul-Rostande 85Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueJ’ai moins d’un an car j’ai supprimé presque tout de ma vie. Mais, c’est vrai pour mon autonaissance et c’est vrai pour le reste. Ça m’est arrivé de tomber sur un vieux site, du genre deceux dont tu peux t’approprier le code source, et de me voir sur une photo de voyage sanspère ni sa fille, morte de n’avoir pas su faire parler sa langue. Père m’a dit qu’il faut resterun individu et tenir en tant qu’individu dans ce monde collectif, mais pour l’instant, j’auraisdu mal à concevoir une entreprise plus héroïque. »La première phrase est l’incipit de « Colomba » de Mérimée. La phrase qui suit est à la page15 d’Une femme avec personne dedans de Chloé Delaume. La seconde est également extraitede "Une femme avec personne dedans": la page 16. Les phrases 8, 9, 10 et 11 viennent de lapage 45 de Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part d’Anna Gavalda. La 12èmephrase est un mélange d’Anna Gavalda et d’une phrase copiée sur le site de Chloé Delaume le20 novembre 2013. La dernière est une séquence du Journal de galère d’Imre Kertesz relevéeà la page 117. La cohérence de cette séquence en tant que texte et en tant que lien dans unréseau de signifiance démontre la puissance copier-coller comme une capacité partagée avecéquité 152 .Le roman commence par une Intégration-réseau 153 en forme de poème où chaque versreprésente un titre de chapitre. Le jeu chapitre-poème est signalé par une encre 154 rouge situéesur chaque texte ou le noeud 155 relié à un autre texte. A titre d'exemple, "Mon corps": titre dechapitre répétitif, renvoie à plusieurs contenu différents. Tous les chapitres sont reliés aupoème par une structure encrée: "Retour au poème". Une encre peut solliciter une complicitéentre la rédaction et la lecture, ce qui se réalise souvent par animation (sens premier) d'iconeou de texte. Mais cette encre par sa redondance reflète une particularité, elle signale le lien 156par une coloration en rouge et également par le sens de l'injonction circulaire : "retour au152 Je veux dire que tout le monde a, plus ou moins, cette capacité de ressentir. Même si certaine capacité sontplus élevées chez d'autre et inexistant ou négligeable chez un autre, il n'en demeure pas moins que le ressenti soitune part importante dans la vie d'un individu.153 L'Intégration est un procédé copier-coller qui permet d'harmoniser par des connexions deux textesd'origines différentes en une unité quelconque.154 L'ancre est une figure copier-coller provenant du milieu informatique qui permet de modéliser la lecture auservice d'une focalisation souhaitée par l'auteur.155 Le noeud est un texte relié à un ou à plusieurs autres textes à travers un lien dont le plus utilisé est le lienhypertexte.156 Le lien est une pratique copier-coller qui permet de joindre deux textes différents en gardant leur unité.Stinfil Paul-Rostande 86Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquepoème". Cette phrase participe au texte avec la même intensité que les titres. A chaque fin detexte, elle est attendue. C'est à la fois une fin et l'annonce d'un commencement. Le jeu du lienet de l'anagramme suppose la création de "Maria": être une fin qui ne renvoie pas à la ligne,mais à la naissance (l'instant) infinie. Le "retour au poème" n'envoie pas à la ligne. Mais il estquand même une trinité de points. Car, tant qu'il y aura une fin, il y aura une possibilité deretour au poème par conséquent un nouveau commencement possible. Si le retour au poèmerenvoie toujours au poème, le poème n'envoie pas toujours au texte, il est finalement localisévers le web où la naissance infinie de "Maria" est installée (remorquée). De ce lieu, il estpossible de visiter l'instant ou une part de la vie virtuelle du personnage.Le premier chapitre présente les réflexions qui accompagnent la naissance de Mariapar une implication qui absorbe 157 les nom et prénom de l'auteure. Cette argumentation del'anagramme 158 met en compétition des scènes d'argumentation ou de commentaire 159 quijouent avec les différentes couches du calque 160 :Dans un premier temps, comme tout copier-coller, il y a la copie qui est une partie dutexte et non un emprunt comme l'exemple qui accompagne la définition du terme. Ce n'estpas une idée allusive (faisant allusion à), mais une partie du texte rentre en compétitionavec ses propres couches. En cela, ce calque fonctionne comme une hésitation desversions et les couches raturent la copie.Couche 1"J’ai un prénom. Veux dire un tampon, un sceau. Non un tatou, ou plutôt. J’hésite, un numérode condamné! P A U L – R O S T A N D E. Paul est prénom d’homme du Nord un nomd’homme Sud" 161• Ensuite l’Arrière plan 162 surplombe la copie pour placer une nouvelle version del'argumentation.157 L'absorption est une figure copier-coller virtuel qui permet de dissoudre une structure textuelle de manièretrès close dans un nouvel environnement. Elle provient des procédés typologiques intertextuels.158 L'anagramme est une figure intertextuelle adoptée par copier-coller dans le but de produire des structuresnouvelles à partir d'autres structures préexistantes.159 Le commentaire est une figure copier-coller qui permet d'analyser et d'apprécier un autre texte dans untexte nouveau. En numérique, il est souvent accompagné d'illustrations est d'animations (dans son sens littéral).160 Le calque est une figure copier-coller qui unifie différentes structures textuelles dans une même unitéspatio-temporelle en les juxtaposant.161 Stinfil Paul-Rostande, Exploration: Maria Tspilderlostun, 26 Juillet 2014, p. 6162 L’arrière plan est la sourceStinfil Paul-Rostande 87Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueCouche 2"Suis femme pont. Peut-être pas la seule ni la première. Mais jamais la même. Je me panse ledestin par instinct de superflus. Je me le prends décousu. Mon tatou de condamné conçu voilàvingt-six ans P A U L – R O S T A N D, après coup me va très mal." 163• Puis le Duplicata 164 se rapproche de termes prêts de l'arrière plan pour intégrer un sensnouveau à la disposition de la structure. La plupart des termes de l'arrière planconstituent le duplicata, le changement s'opèrant au fur et à mesure que l'on ajoute descouches de commentaire qui préparent la mise en place de l'autonomie de Maria. Quiest l'échantillon.Couche 3"Suis ce pont. Pas le seul, le premier. Mon prénom? Oublié...oh, M A R I A. Amnésique,non! Père dit que je suis trop jeune pour être amnésique. Je l’ai entendu raconter à MmeBeauvau, combien il était inquiet de m’entendre choisir entre mon nom et mon autre nomcomme je semble faire pour mes corps et cet autre corps." 165• L’échantillon 166 est le résultat accepté par la rédaction comme version souhaitée de lanaissance. Les autres versions ne font que préparer le lectorat à la venue de la jeunenée. En ce sens, l'échantillon est la version améliorée de la copie. Il fonctionne pardéfaut, c'est-à-dire en raturant la présence de son origine. C'est une matérialisation deson immortalité. Pour exister dans la durée il faut cette mort, ce dépassement del'appartenance pour accéder à son parcours personnel. Ainsi commence la fin de cetexte dont l'objectif premier est de donner vie à cette naissance incorporelle.Couche 4"Suis. Peut-être la première. Prénom déposé sur vie. Tampon, sceau. Non! Tatou ou plutôt,numéro des condamnés: M A R I A. Ni d’homme Nord ni de famille Sud. Ancienne profd’histoire des idées d’enfance en écriture. Parce que dit-on, ce sont toutes des pénombres.Prends ton envol." 167Cette juxtaposition de calque fonctionne comme une application 168 , mais elle diffère de163 Paul-Rostande Stinfil, Exploration, p. 36164 Le duplicata est un calque rapproché165 Paul-Rostande Stinfil, Exploration, p. 55166 L'échantillon qui est un comportement par défaut du duplicata par rapport au calque.167 Ibid., p. 73168 L'application est un procédé copier-coller qui permet d'unifier de manière subtile une structure textuelleStinfil Paul-Rostande 88Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquecette dernière par ses procédés. La rédaction ne peut pas devancer l'application alors quejustement le calque détourne et joue ses différentes couches comme des parodies ou descaricatures. Toutefois, toute l'essence de ce calque relève d'un besoin de codage 169 où l'auteuremet en place un nom pour identifier cette naissance virtuelle qu'elle tente de peindre. Dansune création numérique, il peut y avoir autant de couches que possible. C'est le cas de Cayley,qui réalise "Translation" avec une suite de couches d'origines sémiotiques différentes.Outre le fait que le programme à partir duquel le roman est créé est une application,impliquant (par conséquent) des contraintes, des moyens informatiques et une conception plusou moins limitée, le XXIIème chapitre du roman présente une application 170 très classique ettrès adaptée à l'idée de copier-coller. Si, dans l'univers musical, une partition fonctionnecomme un code, dans l'univers copier-coller, elle se rapproche beaucoup plus de l'application.Peu importe l'image à exprimer, la partition implique des points, des clés, et des espaces videsnumérotés. Peu importe l'idée à matérialiser, l'application se prépare à accueillir de lastructure (comme une partition). D'où l'acceptation du texte copier-coller comme unestructure disposée à être appliquée. Aussi le texte copier-coller peut-être filmique, animé,photographié, codifié...etc. Le chapitre XV (Mon tréfonds) aussi est une application.Pour intégrer une focalisation 171 dans un texte copier-coller, la rédaction peut se faire dedeux manières : soit par amplification (par emphase) ou par inversion 172 . Cette inversion estmobilisée dans la rédaction du chapitre précité. Normalement, le code 173 (html) est la facetransférée vers un milieu numérique sans modifier sa nature. En ce sens, l'application est à la fois close (parcequ'elle absorbe) et ouverte parce qu'elle intègre les unités indépendamment de leur nature).169 Le codage est une figure copier-coller qui relie un texte à une réception précise. Il crée une complicité entreles lecteurs d'un même texte et du même coup une communauté de réception numérique. Sa forme la plusconnue est le pacte de narration.170 L'application est un procédé copier-coller qui permet d'unifier de manière subtile une structure textuelletransférée vers un milieu numérique sans modifier sa nature. En ce sens, l'application est à la fois close (parcequ'elle absorbe) et ouverte parce qu'elle intègre les unités indépendamment de leur nature).171 La focalisation est un procédé copier-coller d'origine intertextuelle qui permet de modéliser un parti-pris parun auteur. Elle se rapproche du codage, cependant, n'implique pas une complicité, mais un appel à adhésion.172 L'inversion est le phénomène linguistique par lequel on substitue à un ordre attendu, habituel ou considérécomme normal, un autre ordre. En français il y a inversion du sujet par rapport à la place habituelle. C'est leprocessus par lequel, l'auteur donne son code en lecture. Comme l'intégration d'une page HTML.173 Le code173 est l'ensemble des informations lisibles par un logiciel afin de produire une intention humaine.Stinfil Paul-Rostande 89Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquecachée d'un site web. Pour copier-coller, ce code acquiert une valeur représentationnelle quipermet à Maria de symboliser son intériorité. Car la binarité code/texte suppose sonintérieur/extérieur fictif dont le secret est autant humain que numérique. Cette page impliquel'humanité numérique possible de Maria.La plupart des chapitres du roman sont introduits par une image photographique "textephotographique" avec des "bouts de corps" porteurs de sens. Si le chapitre VIII autant que leXII montre des modèles de signifiances conventionnelles, le chapitre VI pousse le jeu à unniveau plus textuel de l'incorporation:Ces bouts de corps sont juxtaposés de telle sortent qu'ils puissent reproduire le sens (presquepoétique) d'un texte long avec un jeu de connotation et de dénotation. Le premier doigt pointé,un index, implique soit une accusation soit une mise en valeur. Cette ambiguïté de départamplifie la charge sémantique du texte. Le du pousse pointé vers haut (j'aime) annoncel'accord total devenu redondant à travers la figure suivante. Car cette main qui applauditimplique également un encouragement. Mais le texte peut avoir deux sens: Soit il impliquedénonciation encouragée, et dans ce cas il devient : regardez, "j'aime ce que vous faite et jesuis avec toi!". Ce texte pourrait engager à trois personnes. Ou encore, il devient: "dénoncer lemal est bien, je t'y encourage". Dans ce cas, le texte implique une seule et même personnedonnant un directif. Ce qui n'implique pas forcément un dialogue.Cependant il existe une forme de dialogue entre le texte numérique et son lecteur. Il estgénéralement assuré par l’interactivité ou par l’animation 174 . Par exemple, le calque des174 L'animation est une figure copier-coller numérique qui permet de produire une performance à partir d'uneStinfil Paul-Rostande 90Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquedifférentes versions de "Mon corps" anime la naissance de Maria. En ce sens, l'animation danssa réactualisation constante évolue comme une intertextualité copier-coller. Mais le bruit 175aussi bien que le dual 176 implique une forme de mélange qui suppose l'animation. Ainsi cetextrait expose la ressemblance entre le bruit et le dual:Elle est partie sans moi. Loin loin loin très loin!Transitional//EN"Maria Tspilderlostun? who’s that girlExploration est composée de neuf citations 177 dont la première est un extrait de "Surveiller etPunir" de Michel Foucault sur l'emploi du temps:Un vieil héritage. Les communautés monastiques en avaient sans doute suggéré lemodèle strict. Il s’était vite diffusé. Ses trois grands procédés- Etablir des scansions,contraindre à des occupations déterminées, régler les cycles de répétition… 178Toutes les citations de ce copier-coller sont également des épigraphes, sinon c'est uneréplique fictive reprise par un personnage du texte.Neuf autres chapitres sont introduits par des Epigraphes 179 . Les textes cités sont des textesimage, d'un chef-d'oeuvre ou d'un texte utilisé comme canevas.175 Le bruit est une figure copier-coller qui permet de dissoudre des séquences de texte disparates dans le tempset dans l'espace dans un univers numérique.176 Le dual est la coexistence de deux système sémiotique ou deux système de sens qui fonctionne dans uneinterdépendance.177 La citation est une figure copier-coller d'origine intertextuelle qui place un texte emprunté dans un textenumérique. Comme d'habitude, elle est accompagnée de référence et de souvent de commentaire.178 Emplacement 112 sur 857 dans la version kindle publiée sur Amazon. " Surveiller et punir p. 175 "Stinfil Paul-Rostande 91Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériquethéoriques proposant une analyse adaptée aux sujets traités par Exploration. Ainsi, même sansle vouloir, la bibliothèque s'installe dans ce copier-coller qui refuse toute parentalité auxlittératures papiers.Il est également possible d'intégrer d'autres procédés à l'idée de copier-coller. Car le travailen est à son début.Toutefois, certaines figures se ressemblent. C'est le cas de figures telle que le bruit,l'application, l'inversion, la focalisation et le dual. Leurs définitions sont très proches.179 L'Epigraphe est une figure copier-coller d'origine intertextuelle qui installe une introduction dans un textenumérique. Son utilisation est la même en littératures classiques.Stinfil Paul-Rostande 92Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique5 CONCLUSIONStinfil Paul-Rostande 93Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueStinfil Paul-Rostande 94Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique5.1.1 RésuméSomme toute, pour réaliser ce travail, je pars de trois constats:1. D'abord, celui d'une observation des richesses de l'art contemporain basé sur laremédiatisation numérique. Ces richesses se matérialisent par le rassemblementd'oeuvres, d'époques et d'univers distincts en une unité cohérente ou logique.2. Ensuite, je constate une dépendance humaine des manipulations numériquesnécessaire à cet art. En effet les dispositifs numériques de remédiatisation dépendentde l'interactivité Homme-Machine parce que l'intelligence artificielle manqued'autonomie. En ce sens j'accepte que la participation humaine prenne la forme d'unretour sur la consommation de "l'art".3. Et enfin, dans le cadre ce travail, ce retour de la consommation implique lui-même despratiques artistiques et informatiques nouvelles disposées à assurer la pérennisationdes œuvres littéraires classiques (orales et papier). Par conséquent, je parviens à ladéduction qu'une théorisation du geste serait enrichissante. D'où l'idée du copier-collercomme théorie littéraire numérique.Le processus de conceptualisation d'un tel projet implique une révision ou encore undialogue entre l'intertextualité, la remédiatisation et le copier-coller. En effet ces troispratiques d'écriture sous-entendent trois pratiques d'actualisation de l'oeuvre littéraire. Il esttrès difficile de définir le copier-coller. Parce que, non seulement il relève d'un univers enconstante évolution, mais surtout il suppose un support insaisissable, complexe etinexplorable. Aussi, en guise de définition du concept, ce qui lui aurait figé dans unesignifiance statique, il est divisé en trois parties:1. Le copier-coller dans son état premier, ou copier-coller ordinaire. Soit l'ensembledes réalisations innovatrices qui utilisent la fonction copier-coller du numérique.Il ne s'agit plus de vérifier si le copier-coller présente le numérique comme une réalitésociale. Puisque les TIC ont données naissance aux fameux "textos", dits écriture SMS,mais de vérifier la valeur de cette institution pour les instances conservatrices telles lesuniversités, les personnes donatrices de prix, la république mondiale des lettres 180 .180 La république mondiale des lettres est le titre d’un livre de Pascale Casanova. Dans ce texte, l’auteurs’attarde sur le mode de valorisation de l’auteur par la reconnaissance accordée ou transmise par adoption ou parlègue et par traduction. Elle souligne l’existence d’instances de sacralisations notamment, les traducteurs, lesuniversités et donneurs de prix.Stinfil Paul-Rostande 95Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique2. Le copier-coller dans son état second, c’est-à-dire réfléchi à partir d’une culturepersonnelle, ou copier-coller instruit. Celui-ci implique la remédiatisation et touteautre forme de transfert entre médias.De même, il ne s'agit plus des nouvelles formes d’utilisation du corps ou d'une nouvelleintégration sociale de la culture. Ni non plus de l'hybridité assumée par Exploration dansson statut de pont. Mais de décider quel projet culturel qui doit accompagner ce corps etson intégration. Société raccommodée parce que la multiplicité constitue l’individu perçucomme unité existentielle.3. Le copier-coller dans son état virtuel et numérique, constitué de technique et deréception individuelle, ou copier-coller pur virtuel et intuitif.S'il est vérifié que le virtuel est l'espace de partage entre le numérique et les littératures,il n'est est pas moins la forme d'existence la plus insaisissable, car aucun corps conscientne peut y accéder sans son autodestruction. Il n'est pas encore permis à l'homme de visiterl'intérieur d'une machine comme un astronaute visite la lune. De même qu'il n'est paspossible, sauf dans la fiction, de visiter le cerveau d'un être humain comme on s'y prendpour une galerie. Pourtant, c'est de ce parcours que l'avenir du copier-coller sembledépendre.Ce mode d'appréhension du copier-coller engage l'artéfactualité à un point tel que copiercollerest perçu à travers son support premier : l'auteur. D'où la méthode d'inventionpermettant une participation active de l'auteur à travers une création de remédiatisationautofictionnelle utilisant son propre corps. Cet espace étant évolutif, (in)transcendantal etcogéré, il a surtout été observé dans son utilisation du temps, ou encore dans sonappropriation du temps. Aussi ai-je compris que le corps du praticien littéraire, au même titreque les pratiques d'intertextualité et de remédiatisation, est soumis à une contemporanéitéexigée par les mouvement du temps. Car l'ensemble d'une oeuvre n'existe pas simultanémentdans le corps (cerveau) de l'auteur.Stinfil Paul-Rostande 96Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique5.1.2 ObjectifS'il est important de définir copier-coller, l'objectif premier de ce travail qui se veutheuristique a été d'essayer de donner une réponse inventive à un problème concret qui est lemanque d'outils linguistiques numériques facilitant la réflexion sur les créations littérairesnumériques. Car, en dépit de l'utilisation des termes comme le click, le survol ou ledynamisme dans l'analyse littéraire numérique, les termes destinés à matérialisé les procédéslittéraires numérique sont encore rares dans les analyses littéraires numériques. Parconséquent, d'une manière très schématisée donc incomplète, ce travail propose des outilsnumériques, informatiques et littéraires pouvant mener un discours soutenu sur une oeuvrenumérique. Même s'il est clair qu'un tel objectif suppose un travail incessant.5.1.3 Le virtuel comme lieu des humanités numériques littérairesPartant de son rapport à la virtualité, cette théorie devient de plus en plus fascinante. Parceque d'une part elle rejette et embrasse l'intertextualité qui semble la rapprocher de très prêt parces procédés et son rapport à la remédiatisation ; et que, d'autre part, elle maintient sonautonomie par rapport aux littératures virtuelles. Puisque copier-coller implique aussi cettecapacité humaine d'extérioriser sa propre intériorité. C'est-à-dire sa pensée, ses rêves, sesaffections et ses refoulés.Si le copier-coller est d'emblé comparée à l'intertextualité, comme théorie la plus récente surles pratiques d'écriture, la découverte de la part artificielle importante de celle-ci a orienté mesréflexions vers une nouvelle approche. En effet, une comparaison entre le copier-coller et uneétude des cultures orales serait centrale pour la compréhension de copier-coller. Parconséquent, la dite théorie copier-coller sollicite des recherches approfondies, tant du point devue de la création que du point de vue historique.Cette nouvelle perception du copier-coller impliquerait de nouvelles perspectives deréflexion autour de la question de mémoire, d'actualisation des oeuvres dans l'universnumérique et de la rencontre inattendue et riche entre le numérique et l'oralité.Parallèlement, cette découverte renforce ma conviction sur virtualité de la rencontre entrele numérique et les pratiques de création littéraire. Autrement dit, l'espace virtuelStinfil Paul-Rostande 97Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueconstitue le lieu des humanités numériques littéraires. Il est également le lieu où l’unitéimparfaite et aléatoire de toute remédiatisation ou création est démontrée. Car en plus dusymbolique, de l’inconscient, des discours sociaux, du mémoire littéraire et du croisement destextes, il permet le rapprochement de littératures non écrites et surtout, il constitue unedémonstration permanente de la performance et de la temporalité créatrice des arts dulangage.En ce sens, je suis persuadée que, partant des aptitudes humaines, le numérique parviendra àcréer une forme de littérature non encore connue jusqu’ici. Ainsi, copier-coller devient unenotion dont la représentation évolue avec les apports techniques aussi bien que les apportsintellectuels et artistiques. En ce sens, je souhaiterais me consacre à la recherche d’outilslinguistiques informatiques, scientifiques et littéraires, destinés à démontrer cette conviction.Par sa force d'exportation et d'importation, le copier-coller ratifie le numérique comme réalitévirtuelle et institution sociale. Le numérique n'est plus une simple révolution numérique àcaractère commerciale, mais une institution à part entière dont les biens faits atteindront larépublique mondiale des lettres 181 . Il adviendra un jour où le prix Goncourt sera décerné à unauteur numérique, non pas en tant que catégorie (le cas n'existant pas non plus), mais en tantque concurrent littéraire. Puisque la valeur économique d'une oeuvre littéraire numériquedépend justement de cette passation des consécrateurs.181 La république mondiale des lettres est le titre d’un livre de Pascale Casanova. Dans ce texte, l’auteurs’attarde sur le mode de valorisation de l’auteur par la reconnaissance accordée ou transmise par adoption ou parlègue et par traduction. Elle souligne l’existence d’instances de sacralisations notamment, les traducteurs, lesuniversités et donneurs de prix.Stinfil Paul-Rostande 98Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique5.1.4 Copier-coller comme représentation du numériqueLa force de la littérature copier-coller, relève essentiellement de son appropriation desthéories littéraires basées sur la réception. Dans son rapport à la bibliothèque et à lapersonnalisation de la lecture, l’intertextualité semble tenir la place la plus influente dans cejeu de création de deuxième main. La réflexion copier-coller (mémoriser) et sa forme inversée(extérioriser) renferment le double jeu de lecture et d'écriture composant "Les Mots" de Jean-Paul Sartre. Copier-coller matérialise, même par son signifiant, le trajet intertextuel. D'unemanière ou d'une autre, le texte intertextuel est le résultat d'une lecture copiée et adaptée à unesituation nouvelle. Par conséquent, ce geste informatique met en lumière une pratique internedu cerveau humain appliquée à intertextualité.Le copier-coller est incapable de donner à voir la motivation du collage, c'est-à-dire le lieu dela prise de décision de la mise en abime. Il facilite cependant la compréhension del’intertextualité et de certaines pratiques de remédiatisation laissant voir l'hybridité de lacréation littéraire. Ce qui revient à dire que copier-coller souligne la mémoire de lalittérature : des couches, des calques et des animations restés cachés dans l'universintertextuel.Ce parallèle pourrait laisser entendre une continuité entre le copier-coller et l’intertextualité.En effet, il y a une forme de passation entre les deux champs. Mais cette passation est avanttout historique, car la comparaison entre copier-coller et intertextualité reste insuffisante pourune bonne compréhension et élaboration de la théorie du copier-coller. La théorie copiercollerfonctionne comme une amplification de la théorie intertextuelle. Elle concrétisehybridité des créations littéraires tant soulignée par les théoriciens de l'intertextualité. Car enplus de la manifestation de cette hybridité, elle expose de nouvelles formes d’utilisation ducorps et de nouvelles modes d'intégration de la culture et de la connaissance sensible dans lesociale. Elle crée à la fois une accessibilité sensorielle à des univers impénétrables et lespectacle de la ramification d'une société essentiellement raccommodée. Parce que lamultiplicité constitue l’individu perçu comme unité existentielle.Stinfil Paul-Rostande 99Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique5.1.5 Le copier-coller comme prémisse littéraireLa contemporanéité immanente à la création littéraire, par conséquent au copier-coller,témoigne de son influence sur des figures intertextuelles comme la référence. La notion ducopier-coller en elle même suppose une existence humaine qui, dans le cas de la créationlittéraire, devient un ensemble constitué d'une personnalité dans son instabilité historique etd'un auteur dans sa complexité individuelle. Plus qu'un geste l'acte de créer lu à travers lecopier-coller devient une puissance. Donc, un acte insaisissable à un point tel qu'il souligneson statut d'oeuvre pré-littéraire (copie ou médiation), son existence poste théorique à traversla contradiction des impossibilités du numérique: à savoir, de rendre compte de l'intériorité demanière objective. Ce qui revient à dire la possibilité pour un lecteur d'accéder à une oeuvrenon médiatisée sans une remédiatisation de l'auteur.En analysant ce rapport entre le copier-coller et l'intertextualité, le parallèle naturel/artificiel s'impose. Ainsi, comme le pense Fox et Das, j’ai compris que la compréhension ducopier-coller exige un tout autre parcours, qui est celui d'un retour de cette forme d'écrituresur son origine. Car, comme prévu au départ, l'opposition entre l'intertextualité et le copiercollerne permet pas de penser la dichotomie nature/culture nécessaire à l'évolution de copiercoller.Ce qui revient à dire que l'opposition nécessaire à la compréhension du copier-collerest celle des littératures classiques orales face au copier-coller. Car les littératures ditesnaturelles, spontanées, populaires et accessibles à tous sont les littératures orales. Aussi, latentative de théorisation est-elle inachevée. Mais l'intertextualité offre des possibilitésénormes au copier-coller, notamment ce choc du "déjà vu" suscitant ainsi cette créativiténécessaire à l'art et à l'innovation. Cependant, d'une manière très fictive, le chapitre titréhumanité numérique ose une réflexion dans le sens de cette découverte. Toutefois j'ai perçuune première forme de cette interrogation à travers un clip musical.Stinfil Paul-Rostande 100Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique5.1.6 Des impossibilitésL'été 2012 a été marqué par le clip sud-coréen Gangnam style, qui a conquis une e-réputationd'un milliard de vues en une seule année. En avril 2013, suivant la même formule :autodérision, enfance et espiègleries chorégraphiées, l'auteur, Psy (Park Jae-Sang) publieGentleman. Mais le charisme de Gangnam style dépasse largement celui de Gentleman : plusd'un milliard de vues. Mais, il est très mal positionné dans la plupart des classements de hits,notamment en France où sa meilleure position est onzième. Cependant, c'est au début deGentleman que Psy pose "Le" geste artistique qui marque ces impossibilités. Il essaie dephotocopier son corps.Par ce simple geste, il soulève des interrogations pertinentes sur l'implication d'un-e artistedans sa création. Comment représenter un moment émotionnel passager, perceptibleuniquement par son corps (la peau ou le toucher), de telle sorte qu'on puisse l'apprécierinstantanément ? Comment rendre visible l'intériorité du corps (et non celle du cerveau) dansson instabilité temporelle ? Comment extérioriser, représenter et sauvegarder ces émotions sileur lisibilité dépend d'un support constamment en transformation ? Comment photocopierson corps en temps réel ? JE NE VOUS SUIS PAS ? C'est-à-dire, comment rendre compte ducorps dans sa pluralité chronologique ? Comment s'objectiver ou encore est-il possible defaire du corps "passant" un sujet digital ("présent")? Comment rendre compte de son corpsdans son accroissement temporelle et chronologique? Car plus le temps passe, plus on a deStinfil Paul-Rostande 101Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique"corps" à raconter. Comment copier l'abondance du corps? En bref, comment porter sontoucher à la vue en temps réel?Ces interrogations ont deux limites : d'une part, elles rapprochent le geste artistique de Psyde la photographie ; d'autre part, elles rapprochent celui-ci du cinéma. Mais cette doubleassociation permet de mettre en lumière leur point de rencontre : la fictionnalité. En effet, lerécit du texte photographique est non seulement fixé sur le fragment d'un moment éphémère àtravers un point de vue, mais il déforme également son sujet. Par exemple, Gursky pose leproblème de l'identification par le portrait photographié 182 .Le récit du texte filmique part du dehors : il faut un appareil ou un autre regard pour leretranscrire et filmer ; il implique un minimum de distance. Le corps apparaît dans ce qu'ildonne à voir aux autres. Ce type de représentation a deux grandes limites. D'une part, ilrepose sur l'extérieur et la distance et on ne peut saisir un corps uniquement par le sens de lavue. D'autre part, il repose sur l'altérité du regardant. Par conséquent, il n'est pas représentatif,mais interprétatif, même si on sait que l'observateur interprète ce qui lui est donné à voirsuivant son histoire, son vécu et ses propres chimères.Si une définition 183 étymologique de la photocopie permet de mettre la multiplicité enlumière, l'exercice de copie devient de plus en plus compliquer quand on se réfère à cette"théorie" dite copier-coller.182 cet exemple est traité dans l'introduction.183 Photocopieur (xx e siècle) vient de "photocopie", mot composé du préfixe "photo" issu dugrec ancien, "génitif" et "lumière" et de copie, issu du latin copia "abondance "; avec lesuffixe « -eur ».Stinfil Paul-Rostande 102Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique5.2 BIBLIOGRAPHIE5.2.1 CritiquesAGAMBEN Giorgio, Nudités, Rivage poche petite bibliothèque, traduit de l’italien parMartin Rueff, 2009 traductions françaises, p. 7-80.BAKHTINE Mikhaïl, Esthétique et théorie du roman (1975), Gallimard, traduit du russe parDaria Olivier, 1978 traductions françaises, p. 9-68.BARTHES Roland, « La mort de l’auteur », http://barthes.wordpress.com, Manteia p. 61-67vu le 31 01 2014BOUCHARDON Serge, La valeur heuristique de la littérature numérique, Paris, Hermann,2014 p. 7-75BOUILLAGUET Annick, L'écriture imitative pastiche, parodie, collage, Paris, Nathanuniversité, 1996.BUTLER Judith, Le récit de soi, traduit de l’anglais par Bruno Ambroise et ValérieAucouturier, PUF 2007, p. 85-137DETREZ Christine, Les constructions sociales du corps, Paris: seuil octobre 2002, p. 75-190.DODIN Lucien, A la poursuite d'une méthode: système heuristique, Montpellier, 1958.DUFAY Bruno, L’intelligence artificielle : question de langage, Le Rocher, Paris, 1987, p.21-58.DUFF Christine K., Univers intimes: Pour une poétique de l'intériorité au féminin dans lalittérature Caribéenne, Peter Lang, N-Y, 2008.DRUCKER Johanna: Digital aesthetics and projects in spectilative computing, Chicago,University of Chicago Press, 2009, P 165-174..FOX Jhon and DAS Subrata, Safe and sound : Artificial intelligence in harzadousapplications, Massachusetts, AAAI Press/ The MIT Press, 2000 p. 14-54.FOUCAULT Michel, Histoire de la sexualité 1: La volonté de savoir, Gallimard, Paris, 1976p. 25-49.FOUCAULT Michel, Histoire de la sexualité 3: Le souci de soi, Paris, Gallimard 1976 p.135-200FOUCAULT Michel, Surveiller et punir, Paris, Gallimard 1976 p. 200-264FOUCAULT Michel, Gouvernement de soi: Le courage de la vérité, Paris, Gallimard.JOLIEN Alexandre, La construction de soi: Un usage de la philosophie, Seuil Paris, 2006, p.15-39KRISTEVA Julia, La révolution du langage poétique, Paris, Seuil 1974.Stinfil Paul-Rostande 103Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueKRISTEVA Julia, Sémiotikè: Recherches pour une sémanalyse, Paris, Seuil, 1969.LECOURT Dominique, Humain post humain: La technique et la vie, Publication, 2003Quadrige/ PUF, Mars 2011, P. 11-28; p 87-98LETER Michel, Heuristique générale: Projet unité de recherche 1994, Presse de centre derecherche heuristique, 1998.RABEAU Sophie, L’intertextualité, Flammarion : Corpus, paru, éd. 2002, p. 13-46, 227 -246SAMOYAULT Tiphaine, L'intertextualité: mémoire de la littérature, Nathan, 2001, Armandcolin, 2013 p. 5-49.SCHAEFFER Jean-Marie, Pourquoi la fiction ? Seuil, 1999 p. 7-34.SCHAEFFER Jean-Marie, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage,Paris, Seuil, 1975, p. 505-519.SAEMMER Alexandra, Matières textuelles sur support numérique, Sainte-Etienne,Université de Saint-Étienne, 2007, p. 105-140.5.2.2 Fictions papierDELAUME Chloé, Une femme avec personne dedans, Seuil 2012GAVALDA Anna, Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, Le dilettante, 1999.JOYCE James, Portrait de l’artiste en jeune homme, Gallimard 1943, parution 1904KAFKA Franz, Journal intime, Payot 2008, parution 1945KAFKA Franz, Le château, Gallimard 1938.KERTESZ Imre, Journal de galère, Actes Sud 2012, parution 1992MERIMEE Prosper, Colomba, Larousse 1991, paru le 1 juillet 18405.2.3 Fictions numériquesAMERICA Marc, Remixthebook, University of Minnesota Press, Minneapolis, 2012.APULEE, http://www.mediterranees.net, Amour et psyché, 1842, 01 04 2014, vu 17 05 2014.BARREAU Anne Sophie, Retour Pôle Emploi, publie.net, temps réel, 2013BELOT Adolphe, http://www.youscribe.com/catalogue/livres/litterature/la-femme-de-feupar-adolphe-belot-2232382,1872, vu le 20 JuilletCHATONSKY Grégory « sous terre », http://chatonsky.net/, 29 01 2014DA VINCI Léonard, Mona Lisa, http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/portrait-de-lisagherardini-epouse-de-francesco-del-giocondo,1503, vu le 17, 04 2014Stinfil Paul-Rostande 104Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueGANS Christophe, http://www.pathefilms.com, La belle et la bête, sortie 12 02 2014, vu le 0405 2014GRAMSCI Antonio, http://agora.qc.ca, publié le 04 01 2012, vu le 15 05 2014GURSKY Andréas, Les nouvelles objectivités allemandes, http://www.artnet.com, vu le 2801 2014.GURSKY Andréas, Montparnasse, Photo publiée en, http://www.artnet.com, vu le 28, 012014JEANNERET Yves et LABELLE Sarah, http://www.academia.edu, Le texte comme réseau,30 01 2014.JACKSON Shelley, My body a Wunderkammer, http://collection.eliterature.org, publié en1997 par Alt-X online network, vu le 19 11 2013JOYCE Michael, Twelve Blue de Michel Joyce, publié en 1997, vu le 12 11 2013MALBRIEL Xavier, http://www.0m1.com, 10 poèmes en 4 dimensions, publié en 2008, vu le16 05 2014MULLER Jean-Pierre et SORIAN Javier, Mona Lisa 3D, AFP Getty Image,http://www.huffingtonpost.com, vu la 15 05 2014.NELSON Jason, Frankenstein 1910 Monsters, http://www.secrettechnology.com, 29 01 2014NELSON Jason, Videograph fictions, http://www.secrettechnology.com, vu le 29 01 2014NELSON Jason, Arcticacre, http://www.arcticacre.com, vu le 28 07 2014Ruff, Autre portrait, http://www.artnet.com, potos publié en 2012, vu le 28 01 2014PIOTTE Jean-Marie, http://www.scriptoblog.com, La pensée politique de Gramsci, articlepublié en, vu le 16 05 2014.SAEMMER Alexandra, http://revuebleuorange.org/bleuorange/02/saemmer/,, vu le 16 072014.STINFIL Paul-Rostande, Exploration: Maria Tspilderlostun, paru le 26 juillet 2014STINFIL Paul-Rostande, La lune de "nuits blanches" racontée par mamie Simone,http://paulrostande.wordpress.com/2014/07/31/la-lune-de-nuits-blanches-racontee-parmamie-simone-2/,publié, en décembre 2013.5.2.4 DictionnaireAlbert Dauzat, Jean Dubois, Henry Mitterand, dictionnaire étymologique, RéférenceLarousse 1971.DUBOIS Jean, GIACOMO Mathée Aliii..., Dictionnaire linguistique et des sciences dulangage, Larousse Expression, 1994, ed. 1999.Stinfil Paul-Rostande 105Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueSCHAEFFER Jean-Marie, DUCROT Oswald, Nouveau dictionnaire encyclopédique dessciences du langage, Seuil, 1975, Littérature orale p. 505-519.Le petit Larousse illustré 2004,Stinfil Paul-Rostande 106Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numériqueTable des matières 1. INTRODUCTION ......................................................................................................................... 5 1.1 Quid du copier-­‐coller ? ................................................................................................................. 9 1.1.1 Vers une logique de la contemporanéité ...................................................................................... 11 1.1.2 De l’intertextualité ................................................................................................................................. 15 1.1.3 Exemple de texte copier-­‐coller. ........................................................................................................ 17 1.1.4 Remédiatisation calomnieuse ........................................................................................................... 18 1.1.5 Démonstration de copier-­‐coller ....................................................................................................... 19 1.2 L’auteur comme support premier du copier-­‐coller .......................................................... 21 1.2.1 Remédiatisation calomnieuse ........................................................................................................... 23 1.3 L'heuristique générale ............................................................................................................... 25 1.3.1 La méthode des inventions ................................................................................................................ 26 2 DES HUMANITES VIRTUELLES AUX HUMANITES NUMERIQUES ............................ 30 2.1.1 L’univers homme-­‐machine ................................................................................................................ 31 2.2 La fonction copier-­‐coller ............................................................................................................ 37 2.3 L’univers littéraire ....................................................................................................................... 41 2.4 La métaphore copier-­‐copier ..................................................................................................... 49 2.4.1 Le copier-­‐coller fonctionnel ............................................................................................................... 51 2.4.2 Le copier-­‐coller intermédiaire .......................................................................................................... 51 2.4.3 Le copier-­‐coller pur ou immanent. ................................................................................................. 52 2.5 Les humanités numériques littéraires .................................................................................. 53 2.5.1 Copier-­‐coller ou démocratie auctoriale ........................................................................................ 57 3 DES PROCEDES ........................................................................................................................ 58 3.1 Quelques outils intertextuels ................................................................................................... 59 3.1.1 La relation de coprésence. .................................................................................................................. 59 3.1.2 Relation de dérivation .......................................................................................................................... 63 3.1.3 Tableau de présentation de procédés intertextuels proches de copier-­‐coller: ........... 65 3.2 Quelques outils informatiques ................................................................................................ 66 3.2.1 Tableau de procédés numériques ................................................................................................... 73 3.3 La typologie des pratiques proposées du copier-­‐coller .................................................. 74 3.3.1 Tableau des figures copier-­‐coller .................................................................................................... 83 4 APPLICATION DES PROCEDES THEORIQUES ................................................................ 84 Stinfil Paul-Rostande 107Mémoire Master 2 PTN 2013-2014


Mémoire master 2Copier coller : l’intertextualité virtuelle et numérique5 CONCLUSION ............................................................................................................................ 93 5.1.1 Résumé ....................................................................................................................................................... 95 5.1.2 Objectif ........................................................................................................................................................ 97 5.1.3 Le virtuel comme lieu des humanités numériques littéraires ............................................ 97 5.1.4 Copier-­‐coller comme représentation du numérique .............................................................. 99 5.1.5 Le copier-­‐coller comme prémisse littéraire ............................................................................ 100 5.1.6 Des impossibilités ............................................................................................................................... 101 5.2 BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 103 5.2.1 Critiques .................................................................................................................................................. 103 5.2.2 Fictions papier ...................................................................................................................................... 104 5.2.3 Fictions numériques .......................................................................................................................... 104 5.2.4 Dictionnaire ........................................................................................................................................... 105 5.2.5 Site libres ............................................................................................... Erreur ! Signet non défini. Stinfil Paul-Rostande 108Mémoire Master 2 PTN 2013-2014

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