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Les manuels d'arithmétique pour les marchands dans la France - Ens

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Maryvonne Spiesser, <strong>Les</strong> <strong>manuels</strong> d’arithmétique <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>marchands</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> du XV e siècle, Bulletin del’APMEP n°444, 2003, p. 32-50. Version intégrale avec quelques corrections : CultureMATH (site expertENS/DESCO) - 29/09/2006.Pour plus tost savoir et entendreLe compte d’or et de monnoye 9 . »Et Garin ajoute, un peu plus loin <strong>dans</strong> sa comp<strong>la</strong>inte, qu’il n’est pasrecommandé au marchand de se disperser en étudiant plusieurs ars 10 ni de lire« ystoyres et beaulx livres », car « trop <strong>les</strong> aymer n’est <strong>pour</strong> le mieulx », surtout <strong>pour</strong>ceux qui « suyvent marchandise ». En bref, un bon marchand doit resterpragmatique.À cette époque, Lyon, avec ses foires qui durent plusieurs semaines etconcurrencent cel<strong>les</strong> de Genève, voit passer des popu<strong>la</strong>tions cosmopolites (Italiens,Espagnols, Suisses) al<strong>la</strong>nt des petits commerçants aux gros négociants. Lyon est unep<strong>la</strong>ce économique et financière importante, bien située sur deux voies fluvia<strong>les</strong>, aucarrefour de deux axes trans-européens de communication : nord-sud (Mer du Nord-Méditerranée) et est-ouest. À Lyon, on assiste, vers 1465, à l’arrivée massive de<strong>marchands</strong> et de banquiers italiens. En 1466, on compte quinze succursa<strong>les</strong> demaisons florentines 11 .<strong>Les</strong> influencesIl est certain que l’Italie voisine a joué un rôle <strong>dans</strong> le développement destraités commerciaux français, au moins de ceux qui sont originaires du Midi. Onconnaît deux maîtres florentins venus enseigner leur art à Montpellier (Jacopo daFirenze – vers 1307 – et Paolo Gherardi – vers 1327). Le siège de <strong>la</strong> papauté àAvignon durant une bonne partie du XIV e siècle avait favorisé <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion deshommes et accru <strong>les</strong> communications entre l’Italie et <strong>la</strong> <strong>France</strong>. À cette époque, 25%environ de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d’Avignon, 10 à 15% de celle de Montpellier, est toscane 12 .Autre témoignage des liens avec l’Italie <strong>dans</strong> le domaine mathématique, unearithmétique anonyme, l’Arte dell’abbaco, conservée à <strong>la</strong> Bibliothèque Riccardianade Florence (manuscrit 2511) a été écrite en toscan <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région d’Avignon vers1330.Ce<strong>la</strong> ne ferme pas <strong>la</strong> porte à d’autres sources d’influences, que l’on ne peut queprésumer à l’heure actuelle, en particulier des influences venues d’Espagne. Lapremière arithmétique marchande occitane connue, dite « arithmétique de Pamiers »a été écrite <strong>dans</strong> une ville située sur l’axe Barcelone-Toulouse 13 . <strong>Les</strong> Pyrénées nesont pas une barrière et beaucoup de voyageurs venant d’Espagne passent par le9 « Après avoir étudié à l’école, il te faut prendre un parti ; alors ne sois pas embarrassé ; <strong>pour</strong>devenir marchand, tu dois d’abord apprendre à bien calculer, car c’est <strong>la</strong> voie <strong>pour</strong> connaître etcomprendre au plus vite le compte de l’or et de <strong>la</strong> monnaie ». La Comp<strong>la</strong>inte de François Garin,marchand de Lyon (1460), Lyon, Centre d’études et de recherches médiéva<strong>les</strong>, 1978, v. 1073-1080.10 « D’acquerir science nouvelle / ne vueille estre curieulx : / souffise toy de savoir celle / que[choisi] auras <strong>pour</strong> le mieulx ; / en peu de temps on devient vieulx : / une souffira <strong>pour</strong> ta vie ; / <strong>les</strong>trop soubtilz sont dangereux, / de plusieurs ars n’ayes envie ». La comp<strong>la</strong>inte de François Garin, op.cit. n. 11, v. 1089-1096.11 Anne-C<strong>la</strong>ude Gelé Seautereau, « L’appendice au Triparty de N. Chuquet et <strong>les</strong> traditionsmathématiques du Sud de <strong>la</strong> <strong>France</strong> », <strong>dans</strong> Commerce et mathématiques du Moyen Age à <strong>la</strong>Renaissance autour de <strong>la</strong> Méditerranée occidentale, actes du colloque international de Beaumont deLomagne, 13-16 Mai 1999, Toulouse, 2001.12 Yves Renouard, <strong>Les</strong> hommes d’affaires italiens au Moyen Âge, Paris, 1972 ; 1 e éd. 1949.13 Compendi del art del algorisme, Bibl. nat. <strong>France</strong>, ms fr. 4140.

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