La clef des champs - www5.ac-lille.fr

1-Période historique : XXe siècle 2- Domaine artistique : Arts du visuelTitre : « La clé des champs »Présentation généraleArtiste, Auteur, Réalisateur ou autre :Magritte (1898-1967)Date : 1936Document visuel en relation avec l’œuvre :3-Nature : huile sur toileMouvement artistique : surréalismeContexte (historique, culturel, politique) : Lesurréalisme est un mouvement artistique fondépar le poète André Breton en 1924. Il fait suite audadaïsme, créé par Tristan Tzara et caractérisépar la volonté de détruire toutes les règles. Ilrepose sur le refus de toute construction logiquede l’esprit et sur les valeurs de l’irrationnel, del’absurde, du rêve.Lié dès 1919 au mouvement dada, Magritte, né àBruxelles, s’affirme d’abord comme undessinateur et un affichiste. C’est vers 1922 queson art va se tourner vers les images mentales.Dès lors, Magritte va multiplier les collaborationsavec le mouvement surréaliste avec lequel ilpartage l’intérêt pour le monde intérieur, le rêve etl’inconscient. Il est un adepte du renversementdes valeurs et de la défamiliarisation du quotidien.Ses tableaux mêlent les contraires et bouleversentles hiérarchies.Présentation détaillée4-Description (Forme, technique, signification, usage)Le tableau représente un champ vu à travers une fenêtre brisée. La fenêtre est à un seul pan fixe et ne s’ouvre pas.Les éclats de verre se trouvent à l’intérieur de la maison. Il s comportent des fragments de l’image de cette naturesur laquelle ils ouvrent. Les fragments sont en train de tomber au premier plan. L’effraction se passe sous nosyeux, comme si la fenêtre venait de voler en éclats. Ainsi, quelques petits morceaux de verre ne sont pas encore àterre sous l’appui de fenêtre.La nature est représentée à l’arrière-plan sous la forme d’un petit bosquet d’arbres bleu-vert aux formes arrondies,dominant une plaine bleutée dans le lointain. Le ciel est bleu pâle, sans aucun relief. Les couleurs sont froides, lelieu banal.La fenêtre est aussi un théâtre : par son rideau rouge sombre, l’encadrement souligne la théâtralité délibérée dutableau.

5-Présentation, thématique (joindre dans la pochette plastifiée les documents complémentaires)LE TITRE : Le tableau représente bien un champ vu à travers une fenêtre brisée. Mais « prendre la clé deschamps » est une expression qui signifie « s’évader ». L’évasion n’est-elle pas justement une des prémisses de cetart onirique ? Magritte ne mettrait-il pas en image ici l’acte poétique de peindre ou d’écrire, pour lui assezproches ?Le mot « clé » renvoie directement à l’idée d’une signification secrète à déchiffrer.« La clé des champs » évoque l’idée de liberté : la clé liée à l’univers clos de la maison s’oppose par définition àl’espace ouvert du champ.LE THEME DE LA FENETRE : la fenêtre permet l’ouverture, la profondeur de champ, la fuite, l’envol. L’évasionest fortement soulignée par le trou béant de la fenêtre brisée vers le champ libre : le spectateur a du mal à imaginerque cette effraction se soit faite vers l’intérieur (comme pour un cambriolage) tant le regard est appelé par laprofondeur de l’espace. C’est alors que le tableau se fait impossible : pourquoi ces éclats de verre à l’intérieur de lamaison ? Et pourquoi comportent-ils des fragments de l’image de cette nature sur laquelle ils ouvrent ? Il sembleici que Magritte, loin de nous inviter à passer du dedans au dehors, préfère provoquer un malaise dans le regard,façon de nous faire réfléchir sur la représentation.BRIS DE GLACE : La fenêtre ne s’ouvre pas, elle ne peut être que close ou brisée. Dans cette image terriblementfigée, Magritte saisit un moment de panique : les éclats sont en train de tomber. Et comme ils tombent versl’intérieur, force est de constater que l’agression vient de l’extérieur, vers l’œil du spectateur.Ces fragments tombés à l’intérieur réfutent l’idée d’évasion, de fuite vers l’extérieur, d’envol pur et simple. Et pourembarrasser encore davantage le regard, tout se passe comme si l’auteur voulait souligner que ce qui est tombén’est qu’une représentation peinte d’un paysage et non l’illusion de transparence du verre réel.Conclusion : L’artiste entend nous faire réfléchir sur le fait que la peinture n’est qu’une image, un simulacre duréel et que ce paysage en perspective n’a pas de profondeur réelle mais qu’il a été peint en deux dimensions parMagritte. D’où le rideau, dénonciation de l’illusion théâtrale.Ce qui intéresse Magritte semble être l’idée de déranger notre regard quotidien sur les images.La lecture du tableau correspond au processus de lecture d’une nouvelle à chute : le spectateur a sous les yeux uneimage qui semble vouloir dire une chose (l’évasion) et qui en réalité parle d’un autre sujet (l’illusion du réel).